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823. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

La nuit du 4 août racontée par elle est d’une vivacité pittoresque ; quelques jours après, elle écrit ; « Samedi au soir, il a été décidé que l’on porterait au roi l’arrêté du 4 août, pour qu’il y campât sa sanction. » Les journées des 5 et 6 octobre sous sa plume se dessinent en traits d’une exacte et parlante réalité : ce qu’elles ont d’atroce y est montré, mais sans rien de chargé ; ce qu’il y a eu de bien s’y entremêle ; tout se succède et court. […] C’est ce diadème doublé d’épines que, dans tout portrait fidèle, il faut lui voir nuit et jour attaché au front.

824. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

On a vu, on veut voir encore, toujours ; la nuit se fait, on continue à regarder, on croit voir, on rêve. […] On lit dans le Journal de Galand, l’auteur des Mille et une Nuits, un curieux passage que M. 

825. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Je vins au point du jour rendre compte de son évacuation complète : l’évêque et le prince avaient passé une fort mauvaise nuit, et tout le monde se coucha au soleil levant avec une grande satisfaction. » Me trompé-je ? […] Lœwendal à pied, braquant sa lunette, lui répondit : « Vous savez les ordres de M. le maréchal ; nous les avons remplis ; il faut attendre l’effet des attaques de la gauche. » — « Mais si notre gauche n’attaque pas, répliqua le comte d’Estrées, nous manquons une occasion unique ; le jour s’avance, nous donnons à l’ennemi tout le temps de se rassurer, et la nuit couvrira sa retraite. » — « Voilà de beaux raisonnements, dit Lœwendal ; mais vous êtes aux ordres du prince, et je suis votre ancien. » — « Oui, dit le comte d’Estrées, je suis le cadet, dont j’enrage, mais je suis Français », en se retirant furieux de colère.

826. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

le temps se passe, des difficultés surviennent, des troubles à l’intérieur du pays ; et puis, la diffusion de l’esprit nuit à l’œuvre, la science opprime un peu le nerf de l’art. […] Moi-même, dans un exemple assez rapproché, je trouve que, quand la jeune Angélique entreprit sa réforme à Port-Royal, elle commença par rejeter le linge conformément à la règle, et par garder jour et nuit des vêtements de laine qui eurent bientôt mille inconvénients.

827. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

La nuit vint : tout se tut ; les flambeaux s’éteignirent : Dans les bois assombris les ruisseaux se plaignirent. […] Mais cela ne suffit pas : si elle ne contenait rien de plus, elle serait inutile, et dans tous les arts, ce qui ne sert pas nuit ; ce qui n’est pas bon est mauvais.

828. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Nuit et jour, en face de notre opprobre, nous en sommes accablés jusqu’au découragement, jusqu’à désespérer de nos propres forces. […] Voulant du lourd secret dont je me sentais las Me soulager au sein d’un bon dépositaire, J’ai, pour trouver la nuit fait un trou dans la terre, Et là j’ai confessé ma faute à Dieu, tout bas.

829. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Delécluze avait creusé davantage dans son sujet, il se serait demandé par quel procédé de style l’auteur du Roi Lear et du Songe d’une nuit d’été fait ainsi travailler l’imagination de ses lecteurs. […] Après le jour, la nuit livide.

830. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Comme il ne s’agit point ici d’un mariage d’amour, mais d’un arrangement entre personnes mûres et sérieuses, une entrevue, selon le père Maurice, suffira pour tout éclaircir : « C’est demain samedi, dit-il à Germain ; tu feras ta journée de labour un peu courte, tu partiras vers les deux heures après-dîner, tu seras là-bas à la nuit ; la lune est grande dans ce moment-ci, les chemins sont bons, et il n’y a pas plus de trois lieues de pays. » Tout l’intérêt et toute l’action du roman se passent dans ce voyage. […] Un épais brouillard s’élève avec la nuit.

831. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Quoi qu’il en soit, un peu d’exclusion en critique ne nuit pas au succès, quand ce côté tranchant tombe juste et porte dans le sens de l’opinion. […] Tourmenté la nuit par l’insomnie, il lisait sans cesse, et, doué d’une vaste mémoire, il n’oubliait rien de ce qu’il avait lu une fois.

832. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Le bruit, ce n’est pas la nuit qu’il l’incommode, à ce qu’elle m’a dit, mais le jour, au fort de son travail ; cela dérange ses idées. […] Elle préfère le bon air de cette occupation à tout amusement, et persiste à ne se montrer qu’à la nuit close.

833. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

La nuit vient, nous allons demander l’hospitalité à un château. […] Quand il était de loisir (et il trouvait souvent moyen de l’être, livrant ses journées à la fantaisie, consumant ses nuits au travail), il aimait à aller à la chasse de ce qu’il appelait les beaux morceaux.

834. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Il n’était question d’abord que de m’exercer à la lecture par des livres amusants ; mais bientôt l’intérêt devint si vif, que nous lisions tour à tour sans relâche, et passions les nuits à cette occupation. […] Qu’on se rappelle cette nuit qu’il passe à la belle étoile au bord du Rhône ou de la Saône, dans un chemin creux près de Lyon : Je me couchai voluptueusement sur la tablette d’une espèce de niche ou de fausse porte enfoncée dans un mur de terrasse ; le ciel de mon lit était formé par les têtes des arbres ; un rossignol était précisément au-dessus de moi, je m’endormis à son chant ; mon sommeil fut doux, mon réveil le fut davantage.

835. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

C’est de sa prison qu’il adressait une certaine Épître à Zélis, qu’on nous donne pour la première en date de ses compositions poétiques ; il finissait en invoquant la nuit pour remède à ses maux et en appelant quelque songe consolateur ; Ô Zélis, tu ne m’entends pas, Mais j’oublierai mon infortune En la pleurant entre tes bras ! […] Il faut pourtant avouer que la lettre de La Harpe, insérée dans le Courrier de l’Europe du 27 octobre (une lettre d’injures en réponse à d’autres injures), lui a fait un tort irréparable, et lui nuit beaucoup plus que tous les libelles dont il est assailli.

836. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Mais que l’on ne puisse jamais espérer de plaire et de mériter la moindre part dans l’amitié de quelqu’un à qui vous êtes attaché uniquement, que vous servez avec dévouement, auprès duquel vous passez votre vie entière dans un abandon total de vous-même, et occupé jour et nuit de ce qui peut lui être plus agréable ; en vérité, c’est un état trop douloureux pour les gens qui ont le malheur d’avoir le cœur sensible. […] L’allée entière avait disparu la nuit, sans bruit aucun, et comme par enchantement : « Sire, comment vouliez-vous qu’elle osât encore paraître devant Votre Majesté ?

837. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Ce premier commis impérial, laborieux, infatigable, donnait chaque nuit, après les représentations du jour, un certain nombre d’heures au travail, mais il trouvait là des veilleurs encore plus infatigables et plus intrépides que lui : Lorsque vers deux heures du matin, dit Mme Gay, après en avoir donné trois ou quatre au travail, il entendait parler encore dans mon salon, nous voyions s’entrouvrir la porte de son cabinet, et il nous demandait s’il n’était pas trop tard pour qu’il vînt causer avec nous. […] Un jour, ou plutôt une nuit, comme les bougies s’étaient plusieurs fois renouvelées et qu’elle sonnait pour en demander d’autres, le valet de chambre qui était à son service, familier comme les anciens domestiques, alla à la fenêtre, ouvrit brusquement les volets, et le soleil du matin entrant : « Vous voulez des lumières, dit-il, en voilà ! 

838. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Il vivait dans une sorte de solitude, avec ses confidents ; il dormait peu ; et, dans ses nuits sans sommeil, avec cette organisation que nous lui savons, toute desséchée par l’ardeur intérieure et comme amincie par la souffrance, il n’avait pour contentement austère, ainsi qu’il l’a dit quelque part d’une manière sublime, que de voir tant d’honnêtes gens dormir sans crainte à l’ombre de ses veilles. […] Sur ces entrefaites, la reine s’est évadée la nuit du château de Blois (février 1619) ; elle s’est réfugiée auprès du duc d’Épernon, et Luynes, qui gouverne, craint qu’en obéissant à l’influence de ce vieux seigneur et aux brouillons dont elle va être entourée, elle ne devienne un grave danger.

839. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Les derniers moments Ainsi que nous le faisions prévoir hier, Émile Augier, s’est éteint, l’avant-dernière nuit, à deux heures cinquante du matin, sans avoir un seul instant repris connaissance. […] C’est que c’est un véritable voyage que celui que l’on fait pour parvenir à la villa d’Augier et, la nuit, les routes qui y conduisent, complètement dépourvues de lumière, sont presque impraticables !

840. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Levez-vous aussi, quand l’astre de la nuit couronne de lumière le sommet de l’Œta. […] La nuit cache les voleurs, que toi, dans ton retour, tu surprends les mêmes sous un autre nom.

841. (1875) Premiers lundis. Tome III «  La Diana  »

. ; mais il n’y a rien de complet en ce genre ; la dispersion, la dissémination est toujours ce qui nuit aux études provinciales.

842. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

Vous, monsieur Vicq-d’Azyr, vous ne vous ouvrirez pas les veines vous-même, mais vous les ferez ouvrir six fois dans un jour, au milieu d’un accès de goutte, pour être plus sûr de votre fait, et vous mourrez dans la nuit.

843. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Et Lamartine ? »

Les Châtiments paraîtront toujours un fort beau livre, mais non plus beau, j’imagine, que les Contemplations, les Nuits ou les Harmonies.

844. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les derniers rois »

Un prince, qui fut un grand artiste décadent et qui eût été un excellent rédacteur de la Revue indépendante, s’est noyé une nuit, dans un lac des Niebelungen, parmi ses cygnes.

845. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

Et c’est pour nous un allégement de constater que ces extases, ces tortures, ces cris, ces sanglots de George et d’Alfred, et ce mirifique essai d’amour à trois, tout cela, aussitôt « vécu », et avant même d’être fini, s’est sagement transformé en « copie », et en copie de premier ordre, puisque ce fut celle de Jacques et des Lettres d’un voyageur, des Nuits et de On ne badine pas avec l’amour, en attendant la Confession d’un Enfant du siècle.

846. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Merrill, Stuart (1863-1915) »

Ses vers, un peu dorés, un peu bruyants, éclatent et sonnent vraiment pour des jours de fête et de fastueuses parades, et quand les jeux du soleil s’éteignent, voici des torches allumées dans la nuit pour éclairer le somptueux cortège des femmes surnaturelles… Après de si éclatantes trompettes, les Petits Poèmes d’automne, le bruit du rouet, un son de cloche, un air de flûte dans un ton de clair de lune : c’est l’assoupissement et le rêve attristé par le silence des choses et l’incertitude des heures… M. 

847. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

Un souffle de désespérance, d’épouvante et de deuil passe sur les chapitres de cette œuvre comme un grand envol d’oiseaux de nuit.

848. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

Dans tout cela, pas le plus petit mot drôle : un lyrisme soutenu, soutenu très haut, des images grandioses, de vagues effusions panthéistiques, un sublime voyage sur la croupe d’une chimère, des aurores aux couchants, l’héroïque chevauchée d’un rêveur sur le cheval ailé des Mille et Une nuits.

849. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 439-450

Le seul défaut qu’on puisse reprocher à ces Mémoires [nous n’entendons parler que de la premiere édition], est une partialité qui nuit à l’autorité des jugemens, d’ailleurs justes pour la plupart.

850. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

Toutes les nuits le champ héroïque rejetait ses morts qui recommençaient la bataille ; la campagne retentissait du fracas des lances et du ronflement des chevaux.

851. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de l’édition originale »

Et puis, pourquoi n’en serait-il pas d’une littérature dans son ensemble, et en particulier de l’œuvre d’un poëte, comme de ces belles vieilles villes d’Espagne, par exemple, où vous trouvez tout : fraîches promenades d’orangers le long d’une rivière ; larges places ouvertes au grand soleil pour les fêtes ; rues étroites, tortueuses, quelquefois obscures, où se lient les unes aux autres mille maisons de toute forme, de tout âge, hautes, basses, noires, blanches, peintes, sculptées ; labyrinthes d’édifices dressés côte à côte, pêle-mêle, palais, hospices, couvents, casernes, tous divers, tous portant leur destination écrite dans leur architecture ; marchés pleins de peuple et de bruit ; cimetières où les vivants se taisent comme les morts ; ici, le théâtre avec ses clinquants, sa fanfare et ses oripeaux ; là-bas, le vieux gibet permanent, dont la pierre est vermoulue, dont le fer est rouillé, avec quelque squelette qui craque au vent ; au centre, la grande cathédrale gothique avec ses hautes flèches tailladées en scies, sa large tour du bourdon, ses cinq portails brodés de bas-reliefs, sa frise à jour comme une collerette, ses solides arcs-boutants si frêles à l’œil ; et puis, ses cavités profondes, sa forêt de piliers a chapiteaux bizarres, ses chapelles ardentes, ses myriades de saints et de châsses, ses colonnettes en gerbes, ses rosaces, ses ogives, ses lancettes qui se touchent à l’abside et en font comme une cage de vitraux, son maître-autel aux mille cierges ; merveilleux édifice, imposant par sa masse, curieux par ses détails, beau à deux lieues et beau à deux pas ; — et enfin, à l’autre bout de la ville, cachée dans les sycomores et les palmiers, la mosquée orientale, aux dômes de cuivre et d’étain, aux portes peintes, aux parois vernissées, avec son jour d’en haut, ses grêles arcades, ses cassolettes qui fument jour et nuit, ses versets du Koran sur chaque porte, ses sanctuaires éblouissants, et la mosaïque de son pavé et la mosaïque de ses murailles ; épanouie au soleil comme une large fleur pleine de parfums ?

852. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Virgile, et Bavius, Mœvius, Bathille, &c. &c. » pp. 53-62

Virgile avoit attaché de nuit, à la porte du palais d’Auguste, ce distique* où il le fait égal à Jupiter.

853. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Jean-Jacques Rousseau »

À côté et en comparaison, Gulliver et les Mille et une nuits sont des monuments de haute évidence.

854. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Dans cette petite maison, dont Pausanias marque la place sur le bord de la fontaine Dircé, et d’où le poëte entendait, la nuit, les prières chantées tout auprès dans le temple de Cybèle, Pindare passa des jours paisibles et purs, comme l’affirme plus d’un témoignage exprimé dans ses vers.

855. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Charitable, il leur conseille d’aller finir leur nuit chez Salabacca, la bonne hétaïre, puis il frappe à la porte de Lysistrata. […] Tout simplement chez elle, la première nuit de ses noces. […] Le troisième acte, c’est la nuit de noces de Laurent et de Thérèse. […] Et plus tard, quand tu as eu la scarlatine, c’est moi qui me levais la nuit pour te donner à boire ! […] Perdu pour perdu, tant pis, mécontenter une fois… La nuit dernière, une folie m’a pris, un besoin de la voir.

856. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Pour parodier un mot d’épigramme, le parisianisme ne fait rien et nuit à qui veut faire. […] Mais voici que cette ombre commence à sortir de sa nuit. […] Évoquant la tranquillité de la nuit au bord d’un lac, il dit : « L’azur du lac veillait derrière les feuillages. […]  » Quelle nuit j’ai passée… Les cheveux trempés de la vapeur de la nuit, je croyais voir une femme qui se jetait dans mes bras ; elle me disait : « Viens échanger des feux avec moi et perdre la vie ! […] Pour s’attacher à la réalité, il lui fallait un décor des Mille et une Nuits.

857. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Tant de nuit pèse sur ce monde, soi-disant civilisé, mais qui n’a fait qu’épaissir ses ténèbres en éteignant les vieilles lumières ! […] L’Ormuzd et l’Ahriman des anciens Perses lui sont apparus dans leur immortel combat, et, à la clarté de cette apparition, la nuit douloureuse de notre société s’est illuminée. […] Dors sept heures toutes les nuits. […] C’est une métempsycose à rebours, qui nous repose des lassitudes de la pensée réfléchie en nous ramenant à la nuit, déjà traversée, de l’inconscience. […] C’est bien plutôt le frémissement tragique et douloureux de l’homme qui sent que notre univers est un miracle continu, que toute réalité plonge dans une nuit ténébreuse.

858. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

… conclut cet homme passionné qui, avec sa canne, traça un vaste cercle aérien, dans le mauve de la nuit ! […] … Et, très grand, très beau, sublime enfin, parmi les prestiges de la nuit, il ajouta : — Joseph Reinach ! […] Puis, l’ayant quitté, je rentrai par la falaise… La nuit n’avait pas changé. C’était toujours la même nuit douce, lumineuse et sereinement mauve. […] Et mes nuits furent hantées de cauchemars.

859. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Ecrire, chanter, sculpter, ce sont des actes ; penser, même dans le silence de la nuit et au fond d’un cachot, c’est un acte. […] Une immortalité honteuse est-elle préférable à la nuit ? […] Il la poussait la nuit, « Cataut, ! […] Tantale, toutes les nuits, sent la caresse vaine d’un plaisir ironique. […] Délégué par l’enfer pour tenter et affliger le saint, ce démon, pendant vingt ans, obséda ses courtes nuits.

860. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Naturellement nous doutons en face d’une action atroce ; nous devinons que les fers rougis qui vont brûler les yeux du petit Arthur sont des bâtons peints, et que les six drôles qui font le siége de Rome sont des figurants loués à trente sous par nuit. […] Vous savez bien qu’elle n’est pas accoutumée aux nuits solitaires731. » Voilà justement le bon moyen de rendre Antoine jaloux, et le ramener furieux à Cléopatre. […] » — « Vous y pensez trop. » — « Ici, ici, le poids est ici, bloc de plomb pendant le jour ; et la nuit, pendant mes courts assoupissements fiévreux, c’est la sorcière qui chevauche mes rêves. » — Enfin, voici de nouveau des armes et des hommes, et une aurore d’espérance. « Combattrons-nous ?  […] On sent que son temps lui nuit, qu’il émousse lui-même l’âpreté et la vérité de son émotion, que le mot propre et hardi ne lui arrive plus, que tout autour de lui le style oratoire, les phrases d’auteur, la déclamation classique, les antithèses bien faites viennent bourdonner, étouffer son accent sous leur ronflement tendu et monotone. […] Et comme là-haut, —  ces feux roulants ne découvrent que la voûte céleste — sans nous éclairer ici-bas ; tel le rayon vacillant de la raison — nous fut prêté, non pour assurer notre route incertaine, —  mais pour nous guider là-haut vers un jour meilleur. —  Et comme ces cierges de la nuit disparaissent — quand l’éclatant seigneur du jour gravit notre hémisphère, —  ainsi pâlit la raison quand la religion se montre ; —  ainsi la raison meurt et s’évanouit dans la lumière surnaturelle789.

861. (1924) Critiques et romanciers

Pareillement, plusieurs célébrités du jour, ou de la nuit, que Banville saluait ou vilipendait. […] Et chaque matin, quand la nuit remonte, des loques s’en détachent, accrochées au hasard. […] Et la phrase n’a-t-elle pas la fraîcheur, l’odeur, l’inquiétude aussi de la nuit ? […] Il y a, dans la nuit, de l’incertitude. […] Une nuit, comme Tito allait à ses quatorze ans, le palais brûle.

862. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Ils s’en vont, à travers l’espace, de monde en monde, de ciel en ciel, chercher quelque amour pour s’y poser et y passer la nuit. […] Ils évoquent devant nous de belles visions, pardonnons-leur de n’avoir pas le halètement fiévreux des Nuits. […] La nuit tombe. […] » Ne vous y trompez pas, celui qui écrit ces lignes — cette nuit même ou le lendemain — a, certes, le cœur serré. […] Que c’est près, cette aurore, et voici la nuit noire !

863. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Duncan vient lui demander l’hospitalité pour une nuit. […] Maurice, a trouvé moyen de rejoindre, la nuit, la jolie Mme Caussade dans le salon où elle a eu la complaisance de s’endormir. […] D’autre part, Caussade, toute la nuit, a rôdé dans le jardin, et nous le retrouvons, le lendemain matin, étrangement sombre et préoccupé. […] On ne pouvait cependant pas exiger qu’il introduisît, dans cette histoire de juillet 1794, un tableau du Serment du Jeu de paume ou de la Nuit du 4 août ! […] Vingt cadavres par nuit, c’est le compte à Venise.

864. (1925) Portraits et souvenirs

Il rôde, la nuit, dans les corridors, en déshabillé, furtif et hardi, ombre redoutable, Eros nocturne qui a pris la lampe de Psyché pour s’en faire une lanterne sourde. […] Lisez, en effet, les nouvelles qui composent le Danger et la Nuit. […] Justement on venait de clore les grilles des guichets du Carrousel, que l’on fermait pour la nuit à cette époque. […] Cependant, la nuit est venue et avec elle la fatigue. […] Le retour eut lieu sans incidents, seulement comme elles n’étaient point trop rassurées la nuit, dans les auberges, les voyageuses couchaient dans le même lit et y faisaient coucher aussi, entre elles deux, leur petit garde du corps.

865. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Pour bien achever un jour si saintement commencé, les vieillards de la paroisse viennent, à l’entrée de la nuit, converser avec le curé, qui prend son repas du soir sous les peupliers de sa cour. […] Le voyageur s’assied sur le tronc d’un chêne pour attendre le jour ; il regarde tour à tour l’astre des nuits, les ténèbres, le fleuve. […] À la nuit qu’il fallut passer en présence des ennemis, comme un vigilant capitaine il reposa le dernier ; mais jamais il ne reposa plus paisiblement. […] … » Il est malheureux que ce passage rappelle un peu trop ce fameux mouvement : Ô nuit désastreuse ! Ô nuit effrayante, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette effrayante nouvelle !

866. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Donwald, pendant ce temps, avait eu soin de se tenir parmi ceux qui faisaient la garde, et qu’il ne quitta pas pendant le reste de la nuit. […] Le Songe d’une nuit d’été peut être regardé comme le pendant de la Tempête. […] On préfère généralement la Tempête au Songe d’une nuit d’été. […] Cette tirade contient quelques boutades de misanthropie qui ont sans doute été mises à profit par l’auteur des Nuits. […] Le dénouement seul diffère ; dans la nouvelle, le More et l’enseigne assomment ensemble Desdémona pendant la nuit, font écrouler ensuite sur le lit où elle dormait le plafond de la chambre, et disent qu’elle a été écrasée par cet accident.

867. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Il contait à Drummond qu’il était demeuré une nuit entière, « s’imaginant qu’il voyait les Carthaginois et les Romains combattre sur son orteil110. » Non que de fond il soit mélancolique ; au contraire, il aime à sortir de lui-même par la large et bruyante gaieté débridée, par la conversation abondante et variée, avec l’aide du bon vin des Canaries, dont il s’abreuve, et qui a fini par devenir pour lui une nécessité ; ces gros corps de bouchers flegmatiques ont besoin de la généreuse liqueur qui leur rend du ton, et leur tient lieu du soleil qui leur manque. […] Une preuve de force encore plus grande, c’est que son érudition ne nuit point à sa verve ; si lourde que soit la masse dont il se charge, il la porte sans fléchir. […] Morose s’enfuit au grenier, met vingt bonnets de nuit sur sa tête, se bouche les oreilles. […] Le critique en lui nuit à l’artiste ; ses calculs littéraires lui ôtent l’invention spontanée ; il est trop écrivain et moraliste ; il n’est pas assez mime et acteur.

868. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

C’est une dégradation de teintes, une poussière de rais, un mica de sons, qui se meurent avec le dernier écho du cantique perdu au loin ; — et la nuit tombe sur cette immatérielle nature, créée par le génie d’un homme, maintenant repliée sur elle-même dans une inquiète attente. […] Le petit nocturne à deux voix, traité dans la manière de Gounod : Ô nuit sereine, ô nuit profonde, a certainement de la grâce, de même que la cavatine du ténor qui suit : Si dans tes bras, exauçant mon désir. […] Lorsqu’une troupe allemande vint jouer la Tétralogie à Bruxelles, le jour où l’on donna Siegfried, un grand nombre d’auditeurs rentrèrent chez eux avec des maux de dents ou des maux de tête qui furent suivis, pendant la nuit, de saignements de nez prolongés.

869. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

En ce qui est de l’harmonie, je ferai remarquer ce que d’autres ont déjà remarqué avant moi : il y a de temps en temps chez Bernis, et par exemple dès la fin de cette première pièce, ou encore dans celle du Soir ou dans celle de La Nuit, quatre ou cinq vers de suite qui, à l’oreille, donnent déjà le sentiment de la stance de Lamartine : L’ombre descend, le jour s’efface ; Le char du soleil qui s’enfuit Se joue en vain sur la surface De l’onde qui le reproduit. […] Pendant cette année si occupée, durant laquelle il met la main aux grandes affaires et qui précède son entrée au ministère (1756-1757), il n’est plus cet homme maladif et languissant de Venise qui a la goutte au genou, et dont la vie se traîne de fluxion en fluxion : il veille, il se prodigue dans le monde, il passe une partie des nuits à jouer, faisant semblant de s’y plaire, pour mieux cacher son autre jeu ; car il n’est pas ministre encore ; la négociation secrète qu’il mène se conduit en dehors du cabinet, et ceux qui sont en place le surveillent : au milieu de tous ces soins, il ne s’est jamais mieux porté.

870. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Quand l’heure sera venue, il contribuera avec lui, et à côté de lui, à détrôner ce pouvoir directorial usé, qui était bien véritablement l’anarchie, rien que l’anarchie ; et il pourra, après le 18 Brumaire, dire avec orgueil ce mot qui résume les deux grands moments de sa vie historique : « J’ai passé auprès de Louis XVI la dernière nuit de son règne, j’ai passé auprès de Bonaparte la première nuit du sien. » 47.

871. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

On lit tout haut ces autres mots d’une lettre de Jean-Jacques à Hume : Vous êtes un traître… Ces deux mots, traître et scélérat, dans un temps où ils n’étaient pas prodigués comme ils l’ont été depuis (c’est Garat qui parle), retentissent dans ce souper, et la nuit même dans une partie de la capitale, comme deux coups de tocsin. » Hume, quoiqu’ayant eu pour but d’informer le monde de Paris, ne s’était pas douté du retentissement soudain qu’aurait une lettre, vive, il est vrai, et non confidentielle, mais qui, d’après les probabilités ordinaires, devait mettre quelque temps à s’ébruiter ; il n’avait pas compté sur l’atmosphère inflammable de ce Paris oisif et passionné. […] Le silence auquel nous sommes forcés vous nuit plus que toute chose. » Ainsi à chaque ami elle a dit sa vérité avec franchise, la vérité entière et la moins agréable à entendre ; à chacun elle a bien parlé de l’absent ; elle l’a défendu ; elle a blâmé en face, elle loue en arrière.

872. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Une nuit du mois de juin présente un coup d’œil différent et plus brillant peut-être, quoique moins animé ; c’est alors que les luciole ou mouches luisantes sont plus abondantes ; leur vol irrégulier et l’éclair passager qu’elles lancent et cachent tour à tour frappent et éblouissent presque les yeux. […] C’est ainsi qu’une nuit, en Italie, il rêva qu’il était à Genève, en tiers avec sa sœur et une autre dame genevoise ; celle-ci se mit à lui parler avec franchise de ses qualités et défauts, et, entre autres vérités un peu dures, elle lui dit : « J’ai encore un reproche impardonnable à vous faire : c’est d’avoir abandonné votre patrie, et d’avoir voulu renoncer au caractère de citoyen genevois. » — Je me défendis d’abord, nous dit Sismondi, qui a pris soin de relater par écrit ce songe, en représentant que la société n’était formée que pour l’utilité commune des citoyens ; que, dès qu’elle cessait d’avoir cette utilité pour but et qu’elle faisait succéder l’oppression et la tyrannie au règne de la justice, le lien social était brisé, et chaque homme avait droit de se choisir une nouvelle patrie.

873. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Un jour à Bagneux, maison de campagne de Mme Davillier, après une longue discussion sur l’opéra de Fernand Cortez, sur lequel on avait pris plaisir à le chicaner : « Vous avez beau dire, s’écria Jouy en ne plaisantant qu’à demi, il y a dans cette pièce un acte excellent que vous n’êtes pas assez forts pour découvrir. » Béranger, qui avait retenu le mot, se lève au milieu de la nuit, appelle deux des interlocuteurs qui étaient ses voisins, et ils s’en vont frapper à la porte de la chambre de Jouy qui s’éveille en sursaut. […] M. de Montmorency y attrape son éclaboussure : « Une nuit on vient annoncer que Constant s’était empoisonné de désespoir.

874. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Le campagnard croit de tout son cœur aux revenants, et, la nuit de la Toussaint, il met le couvert pour les morts. — En Auvergne, au commencement de la Révolution, une fièvre contagieuse s’étant déclarée, il est clair que M. de Montlosier, sorcier avéré, en est la cause, et deux cents hommes se mettent en marche pour démolir sa maison. […] De province en province, on les suit à la trace : quatre mois plus tard, aux environs d’Étampes, quinze brigands forcent trois fermes avant la nuit, et les fermiers, menacés d’incendie, sont obligés de donner, l’un trois cents francs, l’autre cent cinquante, probablement tout l’argent qu’ils ont en coffre774. « Voleurs, galériens, mauvais sujets de toute espèce », ce sont eux qui, dans les insurrections, feront l’avant-garde, « et pousseront le paysan aux dernières violences775 ».

875. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

La nuit, il saute par-dessus les murs de son collège et, s’étant procuré un uniforme et un bonnet à poil, il rejoint la compagnie de la garde nationale dont son père était capitaine. […] Tels ces citoyens de foi opiniâtre qui après Cannes, refusèrent de désespérer de Rome (car cette vie d’un bon Français éveille aisément des souvenirs romains), ou tel Condorcet, traqué, écrivant son Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, — ainsi, une nuit du tragique hiver, dans sa casemate, Victor Duruy crayonna pour lui-même, sur un carnet, cette profession de foi, admirable en cet excès de détresse : « À cette heure funèbre, quelle est ma foi et mon espérance ?

876. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Prie en ton âme forte : Que t’importe nuit ou jour ? Car tu sauras des rêves vastes Si tu sais l’unique loi : Il n’est pas de nuit sous les astres Et toute l’ombre est en toi.

877. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Nul n’a parcouru d’une marche aussi sûre les cercles de la nature élémentaire ; votre vie scientifique est comme une traînée lumineuse dans la grande nuit de l’infiniment petit, dans ces derniers abîmes de l’être où naît la vie. […] Le but de la nature a été atteint ; un puissant effort a été tenté ; une vie admirable a été réalisée, et alors, avec cette insouciance qui la caractérise, l’enchanteresse nous abandonne, et nous laisse en proie aux tristes oiseaux de nuit.

878. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Il arma d’un poignard chacune de ses filles et leur ordonna d’égorger leurs époux dans la nuit des noces. […] Les derniers mots de la seconde tragédie prédisent la troisième et sa nuit sanglante, où les vierges timides, transformées en furies haineuses, massacraient leurs époux d’Égypte pris au piège du lit nuptial.

879. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

M. de Maurepas écrivit au lieutenant de police que l’intention du cardinal de Fleury n’était point d’entrer dans cette affaire de la sépulture ecclésiastique, mais de s’en rapporter à ce que feraient l’archevêque de Paris et le curé de Saint-Sulpice : « S’ils persistent à la lui refuser comme il y a apparence, écrivait-il, il faudra la faire enlever la nuit et enterrer avec le moins de scandale que faire se pourra. » Le corps fut donc enlevé de nuit dans un fiacre ; deux portefaix guidés par un seul ami, M. de Laubinière, allèrent l’enterrer dans un chantier désert du faubourg Saint-Germain, vers l’angle sud-est actuel des rues de Grenelle et de Bourgogne.

880. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Ce qui manqua donc à Le Brun pour aider son génie lyrique naturel et pour le nourrir dignement, nous le voyons, ce fut une vie chaste et pure au sens poétique, une vie studieuse et recueillie au sein de laquelle il aurait invoqué dans le silence des nuits, non les Furies, mais les Muses. […]  » Jusqu’au terme de sa vieillesse, il conserva une fermeté rare ; la cécité, quand il en fut totalement menacé, ne l’affligeait pas, et il en a parlé avec sérénité et presque avec magnificence dans son ode sur La Vieillesse : La nuit jalouse et passagère Dont le voile ombrage mes yeux, N’est qu’une éclipse mensongère D’où l’esprit sort plus radieux.

881. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

L’Empereur, qui a fait sa nuit depuis six ou sept heures du soir, n’est point pressé ; il garde avec lui son lieutenant jusqu’après l’heure du déjeuner qui a lieu à six heures du matin. […] Marmont envoie le colonel Fabvier pour dire au roi Joseph que, si les choses ne vont pas plus mal sur le reste de la ligne, rien ne presse encore ; il avait l’espérance de pousser la défense jusqu’à la nuit.

882. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

C’est un office modeste ; les ministres ne sauraient en être jaloux… On ne dit pas d’un réverbère qui brille dans la nuit, qu’il exerce son influence sur la marche des passants. » La situation d’un homme d’esprit aussi libre que M.  […] nous combattions dans la mêlée et dans les ténèbres ; je n’ai pas la fatuité de me comparer à l’un des héros de l’Iliade, il m’est pourtant arrivé le même malheur qu’à Diomède, j’ai blessé dans la nuit une déesse. » Mme de Staël sourit, et, ce que n’eût pas fait une déesse, elle pardonna.

883. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Ne voyez-vous pas qu’elle nuit à l’effet et qu’il fallait l’éteindre ou l’étendre ? […] Allez voir le tableau de Doyen, le soir en été, et voyez-le de loin ; allez voir celui de Vien, le même dans la même saison, et voyez-le de près ou de loin, comme il vous plaira ; restez-y jusqu’à la nuit close, et vous verrez la dégradation de toutes les parties suivre exactement la dégradation de la lumière naturelle, et la scène entière s’affaiblir comme la scène de l’univers, lorsque l’astre qui l’éclairait a disparu.

884. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Dans une telle position, c’est pour moi un grand soulagement d’avoir quelqu’un dans le ciel à qui je puisse adresser mes gémissements pendant la nuit, après que ma femme est couchée. […] Il y avait bien plus loin de l’athéisme de Hegel au déisme, à ce quelqu’un dans le ciel auquel on adresse ses gémissements pendant la nuit, que du déisme au Dieu compatissant de la croix !

885. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Dans le livre de moraliste chrétien intitulé : l’Homme, où la pénétration allait à fond, d’un trait souvent éblouissant comme une étoile filant dans la nuit, Hello est monté jusqu’à l’hagiographe. […] Dieu, « qui voit dans la nuit une fourmi noire sur une table noire », y voit le resplendissement des Saints dans les ténèbres de leurs vies les plus cachées ; mais le monde imbécile et distrait ne voit rien, si on ne lui montre pas tout… Voilà pourquoi il faut lui montrer les Saints dans des histoires dignes de leurs vies et de leurs âmes.

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