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1060. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Lui si Français d’esprit, il a excédé par ce bout peut-être notre mesure française, laquelle est restée très-discrète et très-rebelle, nonobstant le régime oriental et symbolique qu’on a essayé de nous inculquer. […] Mais est-il rigoureusement exact de dire que « les progrès ou les défaites de l’hérédité souveraine, essayée par les empereurs romains, étaient devenus la véritable mesure de la destinée des chrétiens ; que, sitôt que le sénat et l’empire non héréditaire emportaient la balance, le christianisme était persécuté ; que, sitôt que l’idée orientale ou royale recommençait à prévaloir, les persécutions s’arrêtaient ; que le caractère personnel des princes n’avait aucune part à ces oscillations ? 

1061. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

En se rappelant les éloquents, les généreux récits du fils, on aime à y associer par comparaison les mérites qui recommandent ceux du père, la mesure insensible du ton, ce style d’un choix si épuré, d’une aristocratie si légitime, et toute cette physionomie, si rare de nos jours, qui caractérise dans les lettres la postérité, prête à s’éteindre, des Chesterfield, des Nivernais, des Bouflers173. » Prête à s’éteindre ! […] , et soit qu’il jugeât les affaires du dehors, soit qu’il déroulât les crises révolutionnaires du dedans, il usait d’une équitable mesure.

1062. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Budé avait renouvelé le droit en 1508 par ses notes sur les Pandectes ; son traité des Monnaies et Mesures anciennes (1544) tournait l’humanisme vers l’exacte érudition. […] Il clarifia, affina, allégea le vieil esprit de Renart et de Rutebeuf ; il l’enrichit de finesse, de mesure, de grâce, pour le mettre d’accord avec la forme nouvelle des âmes, et même avec l’aspect des choses.

1063. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Mais, à mesure que M.  […] Il est certain que la foi religieuse apporte à certaines âmes un surcroît de force et de sécurité ; mais à quelles âmes et dans quelle mesure ?

1064. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Ce qui n’empêche point M. le duc d’Aumale d’attribuer pieusement à ce gouverneur de dix-sept ans tout le mérite des mesures qu’il prend et des rapports qu’il signe. […] Mais, à mesure qu’on vit, on acquiert un sens plus exact des réalités.

1065. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

On a souvent observé que si tous les corps de l’Univers venaient à se dilater simultanément et dans la même proportion, nous n’aurions aucun moyen de nous en apercevoir, puisque tous nos instruments de mesure grandiraient en même temps que les objets mêmes qu’ils servent à mesurer. […] Ce continu possède un certain nombre de propriétés, exemptes de toute idée de mesure.

1066. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Elle soupèse et mesure. […] Peu à peu l’opinion se forma, parmi les jeunes écrivains d’il y a quinze ans, qu’on pourrait peut-être bien se délivrer de cette servitude, que le vers, après tout, n’est qu’une conséquence et qu’un résultat, qu’il doit naître à mesure, se subordonner et se proportionner à ce qu’il veut dire ou suggérer, qu’il n’est rien en lui-même et ne doit être que ce qu’on le fait.

1067. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Une pendule devenait « la mesure du temps » ; la terre, « ce bas élément », etc. […] Faut-il rappeler ces traductions qu’on appelait « les belles infidèles » ; la Bible pomponnée, attifée, presque enrubannée ; les formules superbes prêtées aux orateurs des républiques antiques : Messieurs les Athéniens, j’ai l’honneur de vous proposer telle mesure. ; les hommes des siècles passés, qu’ils s’appelassent Achille ou Pharamond, dotés de cette majesté dont Louis XIV ne se départait pas, « même en jouant au billard » ; tel poète d’autrefois, à commencer par Homère, honni par les uns, parce qu’il a manqué aux convenances, en mettant aux prises des héros qui se traitent de cœur de cerf et d’œil de chien, défendu par les autres, au nombre desquels est Boileau, sous prétexte que le mot âne, trivial en français, est parfaitement noble en grec.

1068. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

C’est trop, beaucoup trop, et la mesure est forcée. […] En vérité, l’impudence de ce d’Estrigaud passe toute mesure, et l’ineptie de ses procédés refuse absolument d’entrer dans l’esprit.

1069. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Le Diable boiteux, pour le titre, le cadre et les personnages, est pris de l’espagnol ; mais Lesage ramena le tout au point de vue de Paris ; il savait notre mesure ; il mania son original à son gré, avec aisance, avec à-propos ; il y sema les allusions à notre usage ; il fondit ce qu’il gardait et ce qu’il ajoutait dans un amusant tableau de mœurs, qui parut à la fois neuf et facile, imprévu et reconnaissable. […] « C’était commencer le métier d’intendant par où l’on devrait le finir. » Le troisième volume, publié en 1724, et qui est le plus distingué de tous, nous montre Gil Blas montant par degrés d’étage en étage ; et, à mesure que la sphère s’élève, les leçons peuvent sembler plus vives et plus hardies.

1070. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Cependant le pauvre abbé vieillit et plus vite qu’un autre, comme si chez lui, avec cette vivacité de feu, tout était dans une mesure plus rapide, comme si l’étoffe plus mince devait être plus vite dévorée. […] Ce n’est pas l’absence ; ce n’est pas que mon cœur ait changé ou qu’il se soit endurci : c’est qu’on n’a d’attachement à la vie d’autrui que dans la mesure de l’attachement qu’on a à la sienne, et on n’est attaché à la vie qu’en proportion des plaisirs qu’elle nous procure.

1071. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Elle y vécut à demi retirée du monde, voyant ses amis et le duc de Villeroi jusqu’à la fin ; ayant souvent auprès d’elle son fils le comte de Caylus, original et philosophe, donnant à souper à des gens du monde et à des savants, et mêlant ensemble la dévotion, les bienséances, la liberté d’esprit et les grâces de la société, dans cette parfaite et un peu confuse mesure qui était celle du siècle précédent. […] Il est vrai que Mme de Caylus est si parfaite, si respectueuse à la fois et si familière ; elle sait si bien la mesure qu’il faut garder en lui écrivant, le degré d’information qu’il faut tenir, les tristes nouvelles du monde, les vérités fâcheuses qu’il ne faut pas lui cacher, et celles sur lesquelles il est inutile de s’étendre ; elle sait si bien être sérieuse en courant : « Je ne vous dis rien de la beauté de vos lettres, lui écrivait Mme de Maintenon(1716) ; je vous paraîtrais flatteuse, et, à mon âge, il ne faut pas changer de caractère. » On prendrait pourtant de Mme de Caylus, si l’on s’en tenait à ses lettres, une idée un peu trop sérieuse.

1072. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Tel défaut qui, dans le chef, était balancé et tenu en échec par une haute qualité, se démasque tout à coup chez les descendants, et apparaît hors de mesure. […] Les philosophes, quelques philosophes du moins, ont imaginé que si l’homme, après sa naissance et dans ses premiers mouvements, n’éprouvait pas de résistance dans le contact des choses d’alentour, il arriverait à ne pas se distinguer d’avec le monde extérieur, à croire que ce monde fait partie de lui-même et de son corps, à mesure qu’il s’y étendrait de son geste ou de ses pas.

1073. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

L’originalité propre à Turgot et aussi à Condorcet est dans la nature et la mesure de progrès extrême et indéfini dont ils croient cette maturité du genre humain susceptible. […] Son opposition, du reste, est cauteleuse et ne se démasque qu’avec mesure et par degrés.

1074. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Basset prêche sur le vaisseau et lui fait l’effet d’un Bourdaloue : Il y a un peu de miracle à son affaire, dit Choisy ; et, à mesure qu’il approche du lieu de sa mission, Dieu lui fait de nouvelles grâces et lui donne de nouveaux talents. […] Mazarin une fois mort, ces quatre hommes qui s’étaient contenus sous lui, et qui avaient masqué leurs prétentions ou leurs faiblesses pour mieux pousser leur fortune, crurent n’avoir plus les mêmes mesures à garder, et chacun se déclara : « L’ambitieux (Fouquet) se distilla en projets et eut l’insolence de dire : Où ne monterai-je point ?

1075. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

L’honneur est tendre et se blesse de peu : tel est le goût ; et, tandis que le jugement se mesure avec son objet, ou le pèse dans la balance, il ne faut au goût qu’un coup d’œil pour décider son suffrage ou sa répugnance, je dirais presque son amour ou sa haine, son enthousiasme ou son indignation, tant il est sensible, exquis et prompt ! […] Il raconte ce qui s’est passé aux États généraux avant la réunion des ordres, et il suit ce récit à mesure que les événements se développent.

1076. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Un jour que Voltaire, causant avec le président, se plaignait de manquer de bois de chauffage, le président lui indiqua Charlot comme pouvant lui en procurer sur place, et il se chargea lui-même d’en parler à l’homme : de là livraison à Voltaire par ledit Charlot de quatorze moules de bois, mesure du pays. […] Nous nous flattons de valoir beaucoup mieux à cet égard que les chefs de l’école encyclopédique ; je crains fort pourtant que dans toutes les coalitions et confédérations d’école, de secte et de parti, les hommes ne se ressemblent aujourd’hui comme alors, et qu’ils ne se permettent, à leur manière et dans leur mesure, autant qu’ils le peuvent et autant qu’ils l’osent, ce que se refusaient si peu Voltaire et d’Alembert.

1077. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Mais, pour compenser ce qu’il y a d’insuffisant dans la représentation du réel, l’art est obligé, dans une juste mesure, d’augmenter l’intensité de cette représentation ; c’est là, en somme, un moyen de la rendre vraisemblable. […] L’art moderne doit être fondé sur la notion de l’imparfait, comme la métaphysique moderne sur celle du relatif. » Le progrès de l’art se mesure en partie, selon Guyau. à l’intérêt sympathique qu’il porte aux côtés misérables de la vie, à tous les êtres infimes, aux petitesses et aux difformités : « C’est une extension de la sociabilité esthétique. » Sous ce rapport, l’art suit nécessairement le développement de la science « pour laquelle il n’y a rien de petit, de négligeable, et qui étend sur toute la nature l’immense nivellement de ses lois ».

1078. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Coleridge parle de Mesure pour mesure : — « Comédie pénible », insinue-t-il. — Révoltante, dit M. 

1079. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Avec plus de fougue que de mesure, avec plus d’enthousiasme que de sens critique, l’auteur du Sang des races, glorifiait le culte de la Tradition, de la terre et des morts, l’Âme, la Race, l’Épée. […] Stéphane Mallarmé, sur lequel on s’est si généralement mépris fut le théoricien d’un classicisme rigoureux, et ceux qui l’écoutèrent savent quelle clairvoyance saine, quel sens infiniment averti de la mesure et des limites de l’art, il possédait.

1080. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Ainsi ces vers reciproques et liez ensemble par une rime commune perdront toute la cadence qui pourroit naître de l’égalité de leur mesure. […] La difference essentielle qui étoit entre la prose et les vers, ne venoit plus de ce que les vers fussent astreints à une certaine mesure, quand la prose en étoit affranchie ; mais de ce que le métre de la prose étoit different du métre des vers.

1081. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Un pas de plus dans le sens de cette poésie, qui est l’extrémité du rayon dont l’âme est le centre ; un pas de plus vers la circonférence des choses, et on trouverait la matière sèche, — sourde-muette inféconde, — la chinoiserie ; et le vers oubliant bientôt sa profonde destinée d’harmonie, ne demanderait plus sa mesure à l’oreille, mais aux yeux ! […] Le livre que voici et dans lequel la langue poétique, non pas déchaînée, mais comme parée des entraves de sa prosodie, danse dans toutes les mesures du rythme et du mètre, au bruit de la double cymbale de ses rimes, en des vers ardents, fourmillants, mouvementés, sensuels d’éclat, de lignes courbes, de torsions charmantes, d’allures folles, un pareil livre rappelle la kermesse de Rubens, mais comprenez-le bien et ne l’oubliez pas !

1082. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Il atrophie, déforme et paralyse, pour que ses élèves soient en mesure de capter le monde, non point par la pitié, mais par la singulière autorité morale que semble leur conférer une existence hors nature. […] Et la prétention de l’anti-humain, qui se croit en mesure de diriger l’humanité, ne peut plus que nous faire sourire.

1083. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

On mesure d’ordinaire la densité d’une société par le rapport qui unit la surface qu’elle recouvre aux éléments qu’elle contient : mesure singulièrement imparfaite pour notre objet.

1084. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Le style se débarrassa de ses entraves ; la pensée fut libre, la marche rapide, et le langage put se prêter avec souplesse à suivre tous les mouvements de l’âme, comme un danseur qui accompagne la mesure et suit l’instrument sans que rien le gêne, au gré de son oreille ralentit ou précipite ses pas. […] Outre que l’éloquence n’influe en rien sur l’État, et qu’il n’y a presque jamais de grands talents sans de grands objets, les esprits, les âmes, les caractères, tout y est assujetti à une certaine mesure.

1085. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Avec ceux que nous avions déjà énumérés, il représente un ensemble de traits communs, signes non équivoques d’un siècle et d’une civilisation dans leurs plus subtils raffinements ; il donne une mesure de notre vie intellectuelle, mais surtout sensorielle et sentimentale à son degré suprême d’intensité. […] Songes innombrablement multiformes, issus à la fois d’une intelligence négatrice et incrédule et d’une imagination essentiellement poétique, il fallait, pour les comprendre avoir participé dans une mesure quelconque aux états d’esprit qui les ont produits et que nous avons essayé de dépeindre. […] A-t-il dépassé la mesure, comme l’ont prétendu ses détracteurs ? […] Si un ensemble de formules et un corps de théories peuvent, dans une mesure appréciable, peser sur le développement intellectuel d’un artiste, même génial, il est beaucoup moins évident qu’elles aient jamais modifié toute une génération d’écrivains, même secondaires. […] Surtout en matière d’art, la valeur intrinsèque d’un système ne se mesure pas à la valeur des ouvrages qui en paraissent issus, et s’il est fondé sur des bases douteuses, mal équilibré et mal déduit, le nombre ou l’autorité des citations ne changeraient pas en qualités ces imprescriptibles défauts.

1086. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

Dans les premières années qui suivirent, il semblait que, sauf un peu plus de vivacité dans ce qui concernait les droits du poëte au théâtre, il fût resté dans cette même mesure.

1087. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

Sous le fer et le soc, il rend, outre mesure, Des moissons de bienfaits pour le mal qu’il endure.

1088. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Mignet : Histoire de la Révolution française, depuis 1789 jusqu’en 1814. 3e édition. »

Lui aussi ne voit dans une révolution qu’un acte unique et fatal régulièrement accompli en plusieurs temps marqués ; seulement, au lieu d’en mesurer la durée d’après la succession naturelle des passions humaines, il la mesure d’après la succession supposée des pensées divines.

1089. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Mais, dès son retour, ayant mission formelle pour agir, elle répond de ses œuvres, et, dans les déterminations qu’elle fait prendre, donne la vraie mesure de ses intentions et de ses talents.

1090. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Une sorte de pudeur nous défendra d’insister outre mesure, et cette fois, comme précédemment, il nous suffira presque d’extraire et de citer pour réfuter.

1091. (1874) Premiers lundis. Tome II « Adam Mickiewicz. Le Livre des pèlerins polonais. »

A la plupart de nos catholiques, le Livre des Pèlerins polonais doit paraître démocratique et insurrectionnel outre mesure.

1092. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

On ne trouve donc point, dans les écrits de ce temps, le caractère qu’imprime toujours l’espoir d’être utile, cette juste mesure qui a pour but de déterminer une action, d’amener par la parole un résultat actuel et positif.

1093. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

Tous les sentiments auxquels il leur est permis, de se livrer, la crainte de la mort, le regret de la vie, le dévouement sans bornes, l’indignation sans mesure, enrichissent la littérature d’expressions nouvelles.

1094. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Les hommes de la première classe de la société, en France, aspiraient souvent au pouvoir ; mais ils ne couraient dans cette carrière aucun hasard dangereux ; ils jouaient sans jamais risquer de beaucoup perdre ; l’incertitude ne roulait que sur la mesure du gain ; l’espoir seul animait donc les efforts : de grands périls ajoutent à l’énergie de l’âme et de la pensée, la sécurité donne à l’esprit tout le charme de l’aisance et de la facilité.

1095. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

On mesure dans cette déclaration la valeur des idées que lentement, sourdement, sur le regard indulgent des puissances séculière et religieuse, par les soins des plus inoffensifs régents, la culture classique fera couler pendant deux | siècles au fond des âmes, y préparant la forme que les circonstances historiques appelleront au jour.

1096. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

Quant à apprécier le mouvement des croyances, la crue ou le décours de la foi, ce n’est point dans de courts espaces ni d’une génération à l’autre que cela se mesure : ces changements se marquent par siècles, et les divers états d’incrédulité et de croyance, à divers degrés, coexistent à la fois ; il n’est pas toujours aisé de les bien démêler.

1097. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Cependant, dans la position indépendante, désintéressée et laborieuse où l’auteur a voulu rester, dégagé de toute haine comme de toute reconnaissance politique, ne devant rien à aucun de ceux qui sont puissants aujourd’hui, prêt à se laisser reprendre tout ce qu’on aurait pu lui laisser par indifférence ou par oubli, il croit avoir le droit de dire d’avance que ses vers seront ceux d’un homme honnête, simple et sérieux, qui veut toute liberté, toute amélioration, tout progrès, et en même temps toute précaution, tout ménagement et toute mesure ; qui n’a plus, il est vrai, la même opinion qu’il y a dix ans sur ces choses variables qui constituent les questions politiques, mais qui, dans ses changements de conviction, s’est toujours laissé conseiller par sa conscience, jamais par son intérêt.

1098. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

Quand on a toute liberté, il sied de garder toute mesure.

1099. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Ces deux petits faits mis ainsi à côté l’un de l’autre, racontés dans le même nombre de vers et dans la même mesure, font un effet très-piquant.

1100. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Mais je ne saurais dire dans quelle mesure Taine a pu subir son influence.

1101. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

Leur dépréciation mesure la vôtre.

1102. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

Nous pensions qu’en une certaine mesure l’instinct politique ne manquait pas à un homme que Mazarin, qui aimait les heureux, aurait employé pour cette raison-là, et nous n’avions pas prévu cette nouvelle physionomie qu’il vient de prendre.

1103. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Inspiration personnelle ou sociale, regret du cœur, perspective de la vie revue en se retournant de l’autre bord de l’horizon, sentiment de l’irréparable, d’abord amer et devenant plus triste à mesure qu’il est plus résigné, oui !

1104. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

Si Erckmann-Chatrian avait eu la moindre puissance fantastique, il l’aurait prouvé dans cette histoire si bien commencée, entre cet homme atteint d’une maladie sans nom, qui hurle comme un loup blessé au fond de son château féodal, et dont les crises deviennent de plus en plus épouvantables à mesure que s’avance dans la plaine, à travers les neiges, la vieille sorcière, ou plutôt la vieille inconnue, que la terreur de tout le pays a surnommée la Peste Noire.

1105. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

Leur esprit précisait, particularisait toujours, de sorte qu’à chaque changement dans la physionomie ils croyaient voir un nouveau visage, à chaque nouvelle passion un autre cœur, une autre âme ; de là ces expressions poétiques, commandées par une nécessité naturelle plus que par celle de la mesure, ora, vultus, animi, pectora, corda, employées pour leurs singuliers.

1106. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

Je te le dis, dors, petit enfant ; dorme aussi la mer, dorme la calamité sans mesure !

1107. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

L’Égyptien arpenteur et tailleur de pierres a des procédés géométriques pour empiler ses moellons et pour retrouver la mesure de son champ, couvert chaque année par l’inondation du Nil. […] D’autre part, avec l’instrument l’œuvre s’est compliquée, et au-delà de toute mesure. […] On ajoute le pentamètre à l’hexamètre ; on invente le trochée, l’ïambe, l’anapeste ; on combine les pieds nouveaux et les pieds anciens en distiques, en strophes, en mesures de toutes espèces. […] On voit par les commentateurs et les scoliastes que le son et la mesure y tenaient une place aussi grande que l’idée et l’image. […] Il est clair que ces Grecs, si sobres et si lucides dans leur prose, sont enivrés, jetés hors de toute mesure par l’inspiration et la folie lyriques.

1108. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Il vient de lui-même et dans la mesure juste, disant précisément ce que l’on croit, après l’avoir entendu, qu’on allait dire. […] Lui se réserve la réalité. — Notez encore qu’à mesure que le roman avance, ces épisodes sont moins nombreux. […] Dès que vous n’êtes plus au-dessus de la commune mesure, vous êtes infiniment au-dessous. […] A mesure que le livre avance, le ton s’élève, les questions graves sont touchées, l’Esprit des lois s’annonce. […] Ici la création est la mesure juste du sens critique, et l’invention juge la théorie.

1109. (1890) Dramaturges et romanciers

Chaque circonstance nous est expliquée à mesure qu’elle se présente, chaque secret de l’âme élucidé ; l’auteur nous fait compter anneau par anneau toute la chaîne des faits. […] Jusqu’alors on l’avait connu subtil et gracieux, et voilà que, sans rien perdre de sa mesure ordinaire, il se révélait énergique et passionné. […] Son art de composition a de l’aisance et souvent presque de l’ampleur ; mais cette aisance sait arrêter à point les développements et les tenir à la mesure de ses sujets modestes. […] On peut en toute vérité appliquer à l’aimable auteur ce qu’il dit quelque part de la danse d’une de ses héroïnes, qui ne demandait à son valseur qu’un bras robuste et le sentiment de la mesure. […] Dumas : son indignation ignore l’emportement hors de mesure, et sa justice connaît la limite où elle cesserait d’être légitime.

1110. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Quel étalon de mesure trouvera-t-on pour la sensation ? […] En outre Wundt a montré que sans mesure, il n’y avait pas de science possible. […] À mesure que le système nerveux se perfectionne, l’intelligence augmente, s’élève, grandit. […] Il semble qu’à mesure se fait le progrès, le désaccord est de plus en plus grand entre les esprits. […] Les faits perdent de leur autorité à mesure qu’ils s’éloignent.

1111. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

De tout cela est née une douzaine de poèmes courts, d’une mesure parfaite de ton, en un genre où il est presque impossible de ne point être au-delà ou en deçà de la mesure. […] Où il sent trop vivement, au contraire, à dépasser la mesure, qui est l’art même, et qu’ailleurs il connaît si bien, quoi qu’il en dise, c’est dans les emportements de la colère. […] A peine (cardans ces modernes, il semble impossible que la mesure exquise ne soit pas toujours un peu dépassée,) à peine quelques traits un peu puérils (« Oh ! […] Je ne sais pourquoi il trouve moins belle et moins chrétienne la seconde, qui est aussi touchante, et qui exprime précisément dans une admirable mesure la plainte « soumise » et humble, telle qu’il me semble qu’elle est permise au croyant. […] Cinq sensations successives, à mesure que dormeur a la perception de plus en plus nette de ce qu’il entend : jusque invasion de quelque chose d’inattendu — réveil joyeux et chantant — un oiseau qui sautille — vibration forte et prolongée — une fée qui danse dans un clocher.

1112. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Il y a, dans Manon Lescaut, un mérite indépendant du style, indépendant de la moralité, le mérite de la mesure. […] Cette mesure, cette sobriété dans l’invention, est d’autant plus remarquable qu’elle semble ne pouvoir se concilier avec l’imprévoyance. […] L’étude attentive de Manon Lescaut pourra corriger cette prolixité contagieuse, car la mesure a joué certainement un grand rôle dans le succès de cet admirable roman. […] Il a subi la commune destinée ; à mesure qu’il avançait dans la vie, il a vu se ternir ou s’écrouler les idoles qu’il avait adorées avec ferveur. […] Si la loi est mauvaise, c’est la loi qu’il faut attaquer et non la magistrature, qui ne l’a pas faite, et qui l’applique selon la mesure de ses lumières.

1113. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Pour nous, à mesure que nous lisions les pages les plus heureuses de l’auteur genevois, il nous semblait retrouver, au sortir d’une vie étouffée, quelque chose de l’air vif et frais des montagnes ; une douce et saine saveur nous revenait au goût, en jouissant des fruits d’un talent naturel que n’ont atteint ni l’industrie ni la vanité. […] Une certaine légèreté d’agrément qui est, à proprement parler, l’honneur poétique et littéraire, manqua donc à la culture genevoise ; Senebier le reconnaît lui-même et en recherche les raisons : « La plupart des écrivains genevois, profonds dans l’invention et la déduction de leurs idées, sont faibles pour le coloris et pesants dans le style ; ces défauts ne naîtraient-ils pas de la gravité et de la réflexion que le sentiment de la liberté inspire, que le goût de prononcer sur les objets importants du gouvernement nourrit109… » Cela me paraît venir surtout de ce qu’en écrivant, les auteurs genevois, même ceux qui ont le sentiment du style, ne se sentent pas complétement chez eux dans leur langue ; la vraie mesure, le vrai niveau si mobile de cette langue, n’est pas au bord du Léman, mais au bord de la Seine ; ils le savent bien, ils s’efforcent, ils se contraignent de loin pour y atteindre, et l’on s’en aperçoit. […] « Pour qui observe, il est facile de remarquer que ce trait va s’effaçant à mesure que l’on monte des classes pauvres, laborieuses, aisées, aux classes riches, et qu’il s’efface entièrement au milieu du luxe et de l’oisiveté des hommes inutiles.

1114. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

À mesure que tous avancez dans le pays houiller, l’air s’obscurcit de fumée ; les cheminées, hautes comme des obélisques, s’entassent par centaines et couvrent la plaine à perte de vue ; les files multipliées, entre-croisées, de hauts bâtiments en briques rouges et monotones, passent devant les yeux, comme des rangées de ruches économiques et affairées. […] Point de pays où l’on soit plus exigeant à cet endroit. « Notre vice, me disait un d’eux, c’est la passion exagérée de toutes les choses bonnes et commodes ; nous avons trop de besoins, nous dépensons trop ; nos paysans, sitôt qu’ils ont un peu d’argent, au lieu d’acquérir un bout de terre, achètent le meilleur sherry, les meilleurs habits1328. » À mesure qu’on monte vers les hautes classes, ce goût devient plus fort. […] À mesure que le wagon avance, vous apercevez, parmi les fermes et les cultures, le long mur d’un parc, la façade d’un château, plus souvent quelque vaste maison ornée, sorte d’hôtel campagnard, de médiocre architecture, avec des prétentions gothiques ou italiennes, mais entouré de belles pelouses, de grands arbres soigneusement conservés ; là vivent les bourgeois riches ; je me trompe, le mot est faux, c’est gentlemen qu’il faut dire ; bourgeois est un mot français et désigne ces enrichis oisifs qui s’occupent à se reposer et ne prennent point part à la vie publique ; ici, c’est tout le contraire ; les cent ou cent vingt mille familles qui dépensent par an mille livres sterling et davantage gouvernent effectivement le pays.

1115. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Voyez par quel gracieux prélude descriptif Horace prépare Sextius à ses conseils de sage jouissance de ses amis : « L’âpre hiver se détend à la douce vicissitude du retour du printemps et des vents tièdes du midi ; les cabestans traînent à la mer les navires longtemps à sec sous le sable du rivage ; le troupeau ne se réjouit plus de la chaleur de son étable ni le laboureur de la flamme de son foyer ; les prairies ne blanchissent plus des givres du matin ; Cythérée, à la clarté de la lune suspendue dans l’éther, recommence à mener ses chœurs de nymphes qui se tiennent par la main et de grâces pudiques ; elles frappent la terre en mesure dans leurs rondes, d’un pied cadencé, tandis que le divin forgeron rallume la flamme dans les noirs ateliers des Cyclopes. […] Vous ne pourriez pas déplacer un mot ni mettre une mesure longue ou brève dans la strophe sans produire un faux ton dans cette musique de l’oreille et de l’âme. […] Soit que le ciel nous destine de nombreuses saisons, soit que cet hiver tempétueux, qui épuise en ce moment contre ses écueils la fureur des flots de la mer tyrrhénienne, doive être pour nous le dernier de nos hivers, sois en paix ; clarifie tes vins, et au court espace de temps qui nous est mesuré mesure tes courtes espérances.

1116. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Il s’en est acquitté avec sa loyauté et sa mesure ordinaires. […] L’éloquence de Bourdaloue était juste à sa mesure. […] On goûte des parleurs académiques, élégants, descriptifs, satiriques, sensibles, qui prêcheront dans le goût des vers de Saint-Lambert ou de Delille, de plus en plus fades et édulcorés à mesure que le siècle avance.

1117. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Ce type, rare chez les classiques, déformation accidentelle de la forme pure du vers, fut l’alexandrin romantique : il est composé de trois éléments égaux (4 + 4 + 4), qui sont remplacés par des éléments inégaux, de façon que la mesure ternaire subsiste747. […] Hugo s’achèvera, s’épanouira précisément à l’heure où le naturalisme recueillera la succession du romantisme : c’est alors qu’il donnera la mesure de son génie, et que nous essaierons de le définir tout entier. […] En un mot, la mesure de Béranger, c’est cette moyenne assez vulgaire de l’esprit français qu’on appelle l’esprit bourgeois : esprit positif, jouisseur, gausseur.

1118. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Combien peu qui, en venant au monde, ont, selon le mot de Montaigne, où planter leur pied, et auxquels suffit une certaine mesure de sagesse mondaine, pour ne pas gâter la bonne condition qu’ils n’ont pas eu à se faire ! […] L’art de Pascal est de ne jamais dépasser la mesure ; il fait une comédie qui n’a pas besoin du théâtre, sans machine et sans décors, dans ce juste degré de dramatique et d’illusion auquel nous pouvons nous prêter hors de la scène. […] Après sa mort, on trouva ce parchemin cousu à la doublure de son pourpoint, « Il le gardait très soigneusement, dit une note du père Guerrier, pour conserver le souvenir d’une chose qu’il voulait avoir toujours présente à ses yeux et à son esprit, puisque depuis huit ans il prenait soin de le coudre et découdre à mesure qu’il changeait d’habit. » Édition des Pensées, de M. 

1119. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

À mesure que la forteresse des purs se dépeuple, le château de perdition se remplit. […] Elle s’enflamme à mesure que Parsifal se refroidit en s’affermissant dans sa résolution. […] Wagner est allé en croissant à mesure que les concerts du dimanche lui en ont fait connaître des fragments plus considérables.

1120. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Réciproquement, l’expression volontaire d’un sentiment qu’on n’éprouve pas encore le fait naître, en faisant naître les sensations qui lui sont liées et qui, de leur côté, s’associent aux sentiments analogues : l’acteur qui exprime et simule la colère finit par ressentir, en une certaine mesure, de la colère. […] Et pourquoi cette sonorité devient-elle plus forte à mesure que l’être a plus d’intelligence ? […] elle rampe et se brise comme en agonie, si on crispe une feuille de métal, bien que le son soit alors si faible que nous l’entendons à peine ; elle danse en cadence une valse jouée par un instrument ; enfin elle bat la mesure au tic-tac d’une montre.

1121. (1914) Boulevard et coulisses

À la plupart d’entre nous, l’ambition n’est venue que très tard et à mesure que la vie se mettait pour ainsi dire à portée de leur main. […] Ce fléau venait d’apparaître, et Mirbeau, au lieu de réclamer des mesures prophylactiques comme on le ferait aujourd’hui, lui souhaitait, au contraire, la bienvenue. […] Et, par une étrange fatalité, ou plutôt par la logique de notre situation précaire, à mesure que nous avancions, tous les problèmes de la vie sociale et de la vie nationale se levaient sous nos pas.

1122. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Le souvenir d’une sensation est chose capable de suggérer cette sensation, je veux dire de la faire renaître, faible d’abord, plus forte ensuite, de plus en plus forte à mesure que l’attention se fixe davantage sur elle. […] D’une manière générale, en droit, le passé ne revient à la conscience que dans la mesure où il peut aider à comprendre le présent et à prévoir l’avenir : c’est un éclaireur de l’action. […] À mesure que ces deux émotions se compénètrent, la réalité perd de sa solidité et notre perception du présent tend aussi à se doubler de quelque autre chose, qui serait derrière.

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