C’est d’ailleurs, ainsi que l’agriculture, le sujet de deux discours faciles à faire.
Enfin il n’y a personne qui n’ait eu l’occasion de remarquer plusieurs fois dans sa vie combien il étoit plus facile de faire concevoir aux hommes tout ce qu’on veut leur faire comprendre ou imaginer, par le moïen des yeux que par le moïen des oreilles.
D’ailleurs ceux des auteurs anciens qui ont écrit sur la musique et dont les ouvrages nous sont demeurez, ont très-peu parlé de la mécanique des arts subordonnez à la science de la musique qu’ils ont regardez comme des pratiques faciles et communes, dont l’explication n’étoit bonne qu’à exercer les talens de quelque maître à gages.
Esprit essentiellement moderne, sensible, ouvert, trop ouvert, facile à tous les entraînements, depuis les dévergondages d’une générosité sans raison jusqu’à ce fait d’une défection qui n’a épouvanté ni son esprit ni sa conscience, le duc de Raguse a cru qu’en s’y prenant adroitement et de loin il ferait aisément illusion à un temps éclectique en toutes choses, qui aime à se payer de phrases, et pour qui le manque d’étendue est le fond de toute sévérité, fit que disons-nous ?
Il pose l’ongle là où la Critique doit enfoncer son scalpel… Eh bien, la Critique sera tout étonnée un jour de ne trouver dans le Caliban du socialisme, dans cette espèce de mastodonte dont les énormités n’épouvantent déjà plus, qu’un talent incontestable, mais facile à apprécier et qui n’étonnera et ne désespérera personne !
n’a pas toujours été de près ce qu’il paraissait à distance, à travers ses livres faciles et légers.
Il est trop facile d’avoir des succès d’un moment, pour chercher à obtenir des succès plus pénibles.
Les arts et les plaisirs d’Athènes, un peuple facile, un caractère brillant, les grâces jointes à la valeur, la volupté mêlée quelquefois à l’héroïsme, de grands hommes populaires, des lois qui dirigeaient plus la nature qu’elles ne la forçaient, enfin des vertus douces et des vices même tempérés par l’agrément, devaient plaire bien davantage à un genre d’esprit qui ordonnait tout, et préférait la grâce à la force.
Ce style gracieux, mais inégal, ces mètres faciles et simples, nous rendent-ils la poésie hardie et savante de celui que les anciens avaient rangé parmi leurs grands lyriques ?
Ainsi se passèrent pour lui, trop au hasard sans doute, les années faciles et fécondes. […] Fontanes, comme Racine, comme beaucoup d’écrivains d’un talent doux, affectueux, tendre, avait tout à côté l’épigramme facile, acérée. […] Demain peut-être, en cet asile, Au chant de l’oiseau matinal, Mon vers coulera plus facile Que les flots purs de ce canal. […] On comprend maintenant ce que veut dire cette paresse de Fontanes, laquelle n’était souvent qu’un prêt facile et une dispersion active. […] Son esprit facile et brillant, peu propre au détail de l’administration, saisissait très-vite les masses, les résultats ; et c’était justement, dans la discussion, ce qui allait à l’Empereur.
Il était si facile, à ce moment du discours, de se souvenir du mot de l’Evangile sur la joie que cause au ciel la venue au bien d’un pécheur. […] L’heure est aux Jésuites, à leur morale facile, et on les chasse ! […] Le P. de Condren, un oratorien qui ne passait pas pour un ami de la morale facile, a établi très dignement ce qu’on pourrait appeler le droit au mensonge. […] — Rien de plus agréable qu’une lecture facile et intéressante. […] n’aura-t-il pas eu quelque liaison, n’aura-t-il pas fait quelques visites aux amours faciles ?
Il est admirable, ce monologue ; il serait facile, je crois, de s’y tailler un grand succès, en le détaillant. […] Pourquoi hésite-t-il à faire l’achat d’une souquenille neuve pour ses valets, quand il lui serait si facile de se passer de ces fainéants ? […] Mais c’est aussi le plus facile à jouer de tous les rôles, car il fait toujours de l’effet, joué n’importe comment. […] Rien ne lui était plus facile que de lui mettre dans la bouche des façons de parler qui prêtassent à rire et en fissent un pitre de galanterie. […] Le public rit beaucoup, et jamais les Toinette ne se font faute de ce comique, qui est si facile.
C’est là une progression qui s’impose et dont le dernier terme est facile à prévoir dès aujourd’hui. […] Toute la jeunesse s’y abandonnait comme elle s’abandonne aux plaisirs faciles. […] La conclusion sera ensuite facile. […] Il me serait facile de continuer les exemples. […] Il explique comment un homme du peuple est plus facile à étudier et à peindre qu’un gentilhomme.
» Que manque-t-il à ce tableau du bonheur facile d’un paysan d’Ustica, si ce n’est le contraste tacite avec l’opulence inquiète de Mécène ? […] Les discours en vers de Voltaire sont ce qui ressemble le plus, dans nos littératures modernes, aux épîtres du poète latin : une morale prodigue de préceptes merveilleusement alignés dans ces vers faciles, et des retours personnels sur sa propre vie privée qui font le charme des confidences poétiques. […] Mais si vous êtes seulement un homme de bon sens et de goût exquis, un amateur des délicatesses de l’esprit et des grâces de la poésie ; si vous ne sentez plus dans votre cœur ou si votre nature tempérée n’a jamais senti les brûlures sacrées ni les stigmates toujours saignants des fortes passions : amour, dévouement, religion, soif de l’infini ; si une félicité facile et constante vous a servi à souhait dans les différents âges de votre vie ; si vous avez passé l’âge des tempêtes, l’équinoxe de cette vie ; si vous êtes détrompé des hommes et de leurs vains efforts pour se retourner sur leur lit de chimères ; si vous avez vu dix révolutions et cent batailles soulever pendant soixante ans la poussière des places publiques et des champs de mort sans rien changer dans le sort des peuples que le nom de leur servitude et de leurs déceptions ; si vous avez vu les prétendus sages de la veille déclarés fous le lendemain, et les philosophies et les systèmes qui avaient fanatisé les pères devenir la dérision de leurs fils ; si la pensée humaine, toujours active et toujours trompée, vous a attristé d’abord par ce perpétuel enfantement du néant ; si, après avoir pleuré sur ce tonneau retentissant des Danaïdes qu’on appelle Vérité, vous avez fini par en rire ; si, sans chercher plus longtemps cette impénétrable moquerie du destin qui pousse le genre humain à tâtons de la vie à la mort, vous avez pris le parti de douter de tout, de laisser son secret à la Providence, qui, décidément, ne veut le dire à aucun mortel, à aucun peuple et à aucun siècle ; si vous vous laissez glisser ainsi sur la pente, comme l’eau de l’Anio qui glisse en gazouillant sous le verger d’Horace ; si vous n’avez ni femme ni enfant qui doublent et qui perpétuent pour vous les soucis de la vie ; si votre cœur, un peu rétréci par cet égoïsme qui se replie uniquement sur lui-même, a besoin d’amusement plus que de sentiment ; si vous possédez cet Hoc erat in votis , ce vœu d’Horace, un joli domaine aux champs pour l’été, une maison chaude l’hiver, tapissée de bons vieux livres ( nunc veterum libri ) ; si votre fortune est suffisante pour votre bien-être borné ; si vous avez pour amis quelques amis puissants, amis eux-mêmes des maîtres du monde, avec lesquels vous soupez gaiement en regardant combattre Pompée et mourir Cicéron pour cette vertu que Brutus appelle un vain nom en mourant lui-même ; enfin, si vous n’avez pas grand souci des dieux, et si les étoiles vous semblent trop haut pour élever vos courtes mains vers les choses célestes ; oh !
L’esprit et la langue en sont si conformes au génie de notre pays, que la lecture en est encore facile après tant de changements survenus dans la syntaxe et le vocabulaire de notre langue depuis plus de cinq cents ans. […] Cette curiosité sans confusion cette imagination facile et heureuse, cet arrangement naturel et sans effort, sont les seules qualités du genre, et Froissart les possède en perfection. […] S’il préférait les bons, c’est moins parce qu’ils honorent et légitiment le succès, que parce qu’ils le rendent plus certain et plus facile.
L’auteur écrit agréablement, & il seme ses anecdotes de divers morceaux de poésie, qui montrent communément une Muse facile & un heureux naturel. […] Parmi les éleves de ces Poëtes négligés, il faut compter Chapelle, génie heureux, génie facile ; mais qui à son voyage de Provence près, où même tout n’est pas bon, n’a fait que des choses médiocres. […] Dans ses Epîtres légeres, on voit un Poëte facile qui orne la raison & qui égaie la morale.
Il est si doux, si facile, si commode de marcher sans peine sur des routes frayées, de vivre dans des idées toutes faites, de recevoir sa croyance avec l’héritage de son père, et de repousser indifféremment toute chose nouvelle dans la crainte d’avoir un effort à faire. […] Cela est aussi triste à dire que facile à prouver. […] Elle parle encore une langue étrange, barbare ; elle est hérissée de termes singuliers comme une forteresse est hérissée de canons : il faut lui enseigner notre langage sonore, imagé, facile et à la portée de tous ; il faut la désarmer et lui mettre les diaphanes vêtements de la paix.
Le lieu commun s’amplifiait et se magnifiait sous cette main puissante et facile. […] C’était peu facile, étant donné le degré d’exaltation et de fureur du parti vainqueur. […] Car, pour aller vite, on la bâtissait en briques et elle était facile à ruer par terre ; ou en bois, et elle était facile à incendier. […] C’est là la question et qui, naturellement, n’est pas facile à résoudre. […] Si elle en était le contraire, pardieu, il serait trop facile de la trouver.
Placé entre Holman Hunt et Rossetti, Millais, plus qu’eux en possession de son talent, mais d’un esprit moins philosophique et plus facile, rempli du reste, comme eux, d’ardeur et de noble ambition, devait facilement accepter leurs enthousiasmes. […] Ce coloris légendaire que revêt un événement purement humain, possède de plus un avantage essentiel entre tous, c’est qu’il rend extrêmement facile au poète le rôle que je lui ai imposé il y a un instant, de prévenir et de résoudre la question du pourquoi. […] L’ennemi qui nous poursuivait sur la mer, avec la rapidité que donne une facile victoire, et la perspective d’aborder sur une côte où seraient sans doute d’autres et nombreux ennemis, non seulement des Autrichiens, mais des papistes alors en violente réaction. […] si le mariage eût été un simple engagement facile à dénouer ! […] « Mais les générations ainsi unies se rappelleront, pieuses et respectueuses, les massacres énormes, le sang, la valeur auxquels elles devront leur vie plus facile.
Tout lui est trop facile, l’ivresse, la bonté, l’amour, la générosité : il est trop riche, trop beau, trop grand, trop large. […] et qu’il est facile à la comédienne Lechy de le fasciner en passant, de s’en offrir la fantaisie ! […] La facilité facile de M. […] Car, n’en doutez pas, ils se soumettraient à la plus facile ; classique ? […] Une forme neuve est d’abord difficile, pour devenir facile — et trop facile un jour.
Ce mot de décadents lui fut commode, elle s’en servit pour écarter une bonne fois tous les poètes qui ne se prêtaient pas aux faciles jugements de la vieille esthétique traditionnelle. […] Il est facile, d’ailleurs, de vérifier les sympathies qu’éprouvaient les Parnassiens pour les doctrines positivistes. […] On se demande si le blasphème ne va pas aboutir à de facile et médiocre anticléricalisme. […] Et même si l’on a parfaitement réussi ce que l’on se proposait, un art si complexe et concis doit imposer au lecteur une attention plus vigilante que la facile poésie de MM. […] Nul enfantillage, d’ailleurs, dans ces « Premières poésies » ; pas de lyrisme facile, ni d’exubérance.
Mais la forme habituelle et facile pour lui, celle à laquelle il revient de préférence et qui se présente d’elle-même, c’est la chanson. […] La tâche des publicistes en devient plus facile ; il ne s’agit plus pour eux de deviner, mais d’entendre ; ils ne provoquent plus, ils répondent. » Il fallait être doué à la fois d’une grande puissance de discernement et d’abstraction pour voir ainsi à la fin de 1819. […] Thiers dans le cabinet du 1er mars (1840), il est sorti de là de cet air de bonne grâce et d’aisance qui ne surprend personne, et on n’a pas même l’idée de louer en lui le désintéressement, tant cette élévation de cœur lui semble facile. […] Facile de talent, difficile de goût, il se disait que, pour les œuvres d’imagination, il ne faut produire que de l’excellent.
Il est plus facile de comprendre le sens exact du mot poésie que de l’exprimer. […] Là encore, il sera facile de montrer en deux mots que l’esthétique symboliste., mieux que toute autre, permet au poète d’exprimer ses passions dans toute leur vérité, sans rien leur ôter de leur intensité intérieure, et d’atteindre jusqu’aux nappes profondes de la Vie. Des deux moi qui résument nos activités psychiques, l’un superficiel, et, pour ainsi dire, abstrait, où se condense et s’immobilise le résidu de nos émotions, en sorte que nos états d’âme n’apparaissent plus au regard de la conscience que comme dépouillés de leur vie, de leur complexité originelle, à la manière, un peu, des schèmes mathématiques ; l’autre fondamental et concret, difficile à saisir dans la représentation, car en ses couches inférieures s’agitent confusément tous les courants de vie, toutes nos virtualités ; — de ces deux moi, dis-je, le parnassien ne saisit que le premier en surface, le plus facile à immobiliser, à clicher sur des concepts, le plus impersonnel aussi et le plus général. […] Pour combattre par une naïveté l’ironie facile, je me hâte d’ajouter que la grandeur du cadre n’a rien à voir avec la grandeur de l’œuvre.
Sa curiosité est vaste, mais elle se satisfait d’explications faciles ou obscures. […] Il faut un point de départ plus extraordinaire et moins facile à comprendre. […] Ce point de vue n’est pas facile à admettre pour plusieurs raisons, purement physiques. […] Ce n’est peut-être qu’un jeu, et trop facile. […] La philosophie de Stendhal est plus facile à goûter qu’à déduire.
Denne-Baron s’annonçait comme un facile et brillant amateur dans le groupe des traducteurs élégants, harmonieux, ou des jeunes élégiaques pleins de sentiment ; il s’essayait avec succès entre Baour-Lormian et Millevoye.
On s’est souvent demandé comment ces jumeaux de Marseille (Barthélemy et Méry) pouvaient composer leurs vers à deux : rien n’est plus facile à concevoir quand on les lit.
Il y a beaucoup d’exemples de braver la première en respectant la seconde ; alors le caractère prend une sorte d’amertume et de misanthropie, qui exclut beaucoup des bonnes actions que l’on fait pour être regardé, sans anéantir toutefois les sentiments honnêtes qui décident de l’accomplissement des principaux devoirs : mais dès qu’on a rompu tout ce qui mettait de la conséquence dans sa conduite, dès qu’on ne peut plus rattacher sa vie à aucun principe, quelque facile qu’il soit, la réflexion, le raisonnement étant alors impossible à supporter, il passe dans le sang une sorte de fièvre qui donne le besoin du crime.
Les anciens avaient une idée exaltée de l’amitié, qu’ils peignaient sous les traits de Thésée et de Pirithoüs, d’Oreste et de Pilade, de Castor et de Pollux ; mais, sans s’arrêter à ce qu’il y a de mythologique dans ces histoires, c’est à des compagnons d’armes que l’on supposait de tels sentiments, et les dangers que l’on affronte ensemble, en apprenant à braver la mort, rendent plus facile le dévouement de soi-même à un autre.
Cependant il est certain que l’étude de l’histoire, la connaissance de tous les malheurs qui ont été éprouvés avant nous, livre l’âme à des contemplations philosophiques, dont la mélancolie est plus facile à supporter que le tourment de ses propres peines.
Il est facile de voir, dans ce simple exposé, le sens et la portée du débat.
Marcel Prévost a su nous peindre tout cela (ce qui n’était point facile) avec beaucoup de pénétration et de sûreté, une intelligence subtile des mystères du sentiment et un accent de pitié contagieuse.
Or, cette règle préside à la transformation des langues ; nos ancêtres, au moyen âge, adoucissent pigmentum en piment, axilla en aisselle, spiritum en esprit ; qu’est-ce autre chose qu’un procédé inconscient pour rendre la prononciation plus facile ?
Il n’est pas très facile de concilier ces assertions.
Il est bien plus naturel & plus juste de les considérer comme autant de préceptes mis en action, comme autant de préceptes mis en action, comme autant d’Apologues dont il est facile de tirer le sens moral ; & l’Apologue a toujours été regardé comme la tournure la plus propre à inculquer les leçons.
C’est qu’un tel élève a compris le secret des hautes études, ce secret que nous cherchons à vous faire entendre et qu’il vous est trop facile d’oublier.
Mais je crains bien que les peintres pusillanimes ne soient partis de là pour restreindre pauvrement les limites de l’art, et se faire un petit technique facile et borné ; ce que nous appelons entre nous un protocole.
Du reste l’air facile et dégagé d’un abbé grand seigneur et paillard.
Or il est aussi facile de concerter differens rolles qui doivent être recitez alternativement en redigeant par écrit la declamation, qu’il est difficile de la rediger quand on ne l’a point mise sur le papier.
Depuis Pascal et madame de Sévigné, il fut encore des succès faciles et des livres dont on peut expliquer la tranquille possession d’état parmi les œuvres qu’on ne discute plus, sans avoir recours au phénomène du génie.
I Je ne crois pas que par ce livre, d’un titre écrasant : De l’Intelligence, Taine, ce Paradol de la philosophie, à qui la renommée a été tout de suite facile, comme à Paradol, force l’attention et la prenne… Ce n’est plus ici que la critique, animée, superficielle, mais épigrammatique, des Philosophes classiques du xixe siècle en France.
Or, la France depuis Clovis, c’est-à-dire depuis qu’elle est, la France est constituée d’une certaine manière qu’il est aisé d’analyser, quoique les historiens, dupes des formes que revêt l’histoire à sa superficie, n’aient pas souvent pénétré jusqu’à cette facile profondeur.
Dupont méritait bien ce buste, car il a trop souvent infligé au talent sincère et facile dont il était doué la physionomie forcée et grimaçante que son sculpteur a donnée à ce marbre affreux.
II Et cette explication légère, facile, impertinente pour le Saint-Esprit, Paul Meurice, qui en a conscience, finit par en avoir un peu honte, et, redevenu modeste tout à coup : « Nous n’avons nulle prétention — dit-il agréablement — de fonder notre petite religion les pieds sur nos chenets. » Malheureusement, ce n’est pas bien long, cette modestie ; il reprend presque aussitôt le ton de sa maison, l’insupportable ton hugolâtre : « Dieu !
« Telle est la faiblesse humaine, disait-il ; partout les remèdes sont plus lents que les maux, et il est bien plus facile d’étouffer le génie que de le ranimer. » Malgré ces remarques générales, il y a dans le panégyrique de Pline plusieurs endroits d’une véritable éloquence, et où l’on remarque de l’élévation et de la force.
Il est facile d’examiner l’effet que cet esprit général dut, au bout de trois siècles, produire sur la poésie, l’éloquence et le goût.
La grande idée de la science économique fut réalisée dès l’origine, savoir : qu’il faut que les pères, par leur travail et leur industrie, laissent à leurs fils un patrimoine où ils trouvent une subsistance facile, commode et sûre, quand même ils n’auraient plus aucun rapport avec les étrangers, quand même toutes les ressources de l’état social viendraient à leur manquer, quand même il n’y aurait plus de cités ; de sorte qu’en supposant les dernières calamités les familles subsistent, comme origine de nouvelles nations.
Mais, renseignements pris, j’en avais pour trois quarts d’heure à peine d’une marche facile, à travers les bois. […] Il me semble qu’il ne fut jamais si doux de vivre ni si facile de penser. […] C’est l’effet ordinaire des connaissances diverses chez un esprit facile. […] Il y a, dans l’esprit de Pompilius, des antinomies qu’il est facile de concilier. […] J’ai là, sous les yeux, nombre de pages heureuses et faciles, d’une clarté à la fois géométrique et poétique.
Croyons-le, parce que tout cela est aisé à croire ; croyons-le, parce que tout cela est bon à pratiquer ; et croyons-le enfin parce que tout cela est maintenant court, simple, et facile à prouver. […] Car, après tout, il n’y a rien de plus facile que d’écrire inintelligiblement, mais, sous cet inintelligible, s’il y a par hasard quelque chose, le difficile serait précisément de réussir à l’en dégager. […] Paul Margueritte, plus facile et plus faible, n’a pas encore le degré de consistance que l’on voudrait : il est disparate et un peu décousu. […] Pour la rendre plus facile, plus humaine, M. […] Voyez plutôt, partout où l’on a essayé de mêler l’un à l’autre ces deux éléments disparates ou contradictoires, comme il serait facile d’en ôter l’un ou l’autre.
Que le lecteur regarde en lui et autour de lui ; les exemples sont si faciles à trouver qu’il est inutile d’insister. […] Celle qui vient des hommes est la plus facile à montrer, mais n’est pas la seule. […] Il est facile d’établir qu’avant la civilisation, l’attention volontaire n’existait pas ou n’apparaissait que par éclairs, pour ne pas durer. […] * Jusqu’ici nous n’avons pris la question que par son côté le plus facile. […] Le travail de concentration devient plus facile : la conscience n’a plus besoin de l’appui matériel des mots articulés ou entendus, pour ne pas dévier ; il lui suffit d’images vagues de signes se déroulant en série.
La tâche du lecteur, celle de l’auteur surtout, en est beaucoup simplifiée : il est plus facile de composer un certain nombre de fragments que de dérouler un plan fortement conçu, plus facile aussi de lire des morceaux détachés que l’on peut laisser ou reprendre à son gré. […] Nous accordons que parler de la sorte était plus facile alors qu’aujourd’hui. […] Lorsqu’on aime, le sacrifice est facile. […] Il est facile de le constater. […] L’amour débordait de mon cœur, la mort ne m’inspirait plus d’inquiétude, le martyre m’eût paru facile.
Ce sera très facile dans la civilisation phalanstérienne, et Fourier fonde le phalanstère. […] Il y a un trou entre les deux faits, mais il est facile de le combler. […] Ce n’est pas très facile à comprendre. […] Il est bien plus facile de troubler la raison humaine que les lois de la pesanteur. […] Rien de plus facile.
Le potier lui reproche amicalement ses rimes frêles et trop faciles, son rythme fuyant, ses mélodies promptes. […] Griffin, Régnier, Verhaeren ont également assuré le triomphe du symbolisme, sans qu’il soit facile d’enfermer ces maîtres dans une petite école poétique ; ou plutôt, si école il y a, celle-ci n’englobe pas seulement les poètes mais les « intellectuels » du moment : un air de famille relie les penseurs de chaque époque. […] De part et d’autre nous assistons, sans qu’il soit bien facile de préciser, à une transposition du mode lyrique au mode épique. […] Pour deux ou trois poètes qui ont en effet tenté sur le vocabulaire de notre langue des expériences un peu hardies et qui voulurent traiter le substantif comme une « fin en soi », nous eûmes à supporter un poids fort lourd de récriminations, d’injures faciles ou de sales plaisanteries. […] Guidés par les nécessités de la vie qui, de plus en plus orientent nos actes vers la pratique, nous avons besoin de classifications faciles et de jugements bien ordonnés.
Il m’est, disait-elle, facile D’élever des poulets autour de ma maison. […] S’il avait la verve facile d’un poëte, il avait le travail assidu d’un écrivain ; il corrigeait, épurait, ajoutait, choisissait, et ses compositions, sous une apparente négligence, étaient aussi bien liées que celles des plus fameux raisonneurs. […] Le cas est proposé : « C’était chose facile ; Fallait-il pour cela, dit-elle, m’appeler ?
« On se demande maintenant quels ont été les motifs de cette terrible action, et je crois facile de les démêler. […] On le trouvait clément quand il laissait vivre ; on avait si bien vu comme il lui était facile de faire mourir ! […] Il est facile de dire ce qui n’est pas de la poésie ; mais si l’on veut comprendre ce qu’elle est, il faut appeler à son secours les impressions qu’excitent une belle contrée, une musique harmonieuse, le regard d’un objet chéri, et par-dessus tout un sentiment religieux qui nous fait éprouver en nous-mêmes la présence de la divinité.
C’est un style tout formé, plus franc que la pensée, facile parmi ces embarras du plan et ce pêle-mêle d’incidents ; quelque chose de sec, mais de spirituel et de vigoureux ; un grand poète qui pointe sous l’imitateur de Hardy. […] Ce vers ferme, facile, naïf, où la périphrase elle-même ne semble pas une des servitudes de la rime, mais un tour ingénieux, Molière le prit à Corneille comme la moitié d’une trouvaille commune, et en revêtit cet excellent français de Paris, tel qu’il l’avait appris au comptoir de son père, et tel qu’on le parlait dans la rue Saint-Honoré, sa rue natale. […] Sans être sentencieux, ils sont penseurs ; ou plutôt c’est l’expérience des gens d’esprit qui coule de leurs lèvres sans effort, et qui donne de la profondeur, sous une forme facile, à toutes leurs pensées.
Aujourd’hui, le « gallophobisme » de Wagner n’étant plus un thème proprement développable, on a trouvé ce grief : Wagner fut un monstre de vanité, d’outrecuidance, de prétentieuse sottise… — Le thème est riche, et, surtout, facile ; chaque jour c’en est de nouvelles variations. […] Cette question, facile à résoudre, lorsqu’il s’agit d’un peintre ou d’un poète, est, au contraire, presque insoluble, au propos d’un musicien. […] Les austères séquences du contre-point pur s’étaient retirées, devant le goût nouveau d’une Eurythmie stable, dont le schème facile semblait répondre à la direction exclusive de la musique vers l’euphonie italienne.
Il est pourtant facile de se rendre compte de l’admiration, de l’enthousiasme toujours croissant que causent, depuis bientôt vingt ans, les œuvres naguère les plus discutées, même en Allemagne : on les y joue de plus en plus, et elles triomphent non seulement à Vienne, à Munich, à Berlin, mais encore dans quantité de petites villes possédant de vrais théâtres d’opéras, où elles sont aujourd’hui interprétées dans la perfection. […] L’Association, d’abord, est largement ouverte ; les conditions d’admission ont été rendues aussi faciles que possible ; les membres de l’association paient une cotisation annuelle de cinq francs. […] Emerich Kastner en a publié la bibliographie ; comme la plupart d’entre elles ont été imprimées en des journaux ou en des revues, il est facile, maintenant, avec l’aide de cette bibliographie, de les retrouver : c’était, d’ailleurs, un indispensable travail qu’il ne fallait point reculer, sous peine de perdre avec le temps quelques-uns des renseignements que nous avons encore aujourd’hui.
Le mouvement peut avoir la vitesse d’un éclair, et il se manifeste toujours par une impression immédiate, facile à reconnaître quand on l’a connue une première fois. […] La surface leur paraît plus facile à expliquer que les trois dimensions, tandis qu’en réalité elle est elle-même un abstrait de la perception primitive et massive. […] Tous ces mouvements d’accommodation ont pour objet de rendre la perception plus distincte, la localisation et la projection plus facile.
Cette réponse n’est pas toujours facile, et, même lorsqu’on croit savoir à quoi s’en tenir, il n’est pas bon toujours de trahir de tristes et arides vérités. […] Il professait en un latin facile, élégant.
S’il avait cru, en changeant de camp, trouver la partie plus belle et le jeu plus facile, il aurait vite été détrompé. […] Ce fut vers ce temps, et d’après l’expérience qu’il acquit à cette nouvelle école, que quelques-unes de ses opinions antérieures en vinrent à se modifier : il avait cru jusque-là avec le monde entier que Napoléon était le seul obstacle à la paix, il commença à entrevoir que cette paix, eût-elle été sincèrement voulue par lui, n’aurait pas été si facile à obtenir en présence d’une telle coalition de haines.
Il ne fut jamais conscrit ni jaloux de l’être, et il lui suffit de son obscurité, de son existence naturellement peu saisissable, et aussi de son air facile et non embarrassé, de ce dos bon et ronddont parle Diderot, dans les circonstances qui l’eussent pu trahir, pour gagner l’amnistie du mariage de Marie-Louise. […] Ainsi, sans guide et vers des buts lointains, Chemin faisant, accosté de Lisette, Entre Clovis et les amours mutins, Par complaisance égayant la musette, Génie heureux, facile aux contre-temps, Tu te cherchais encore après trente ans ; Tu te cherchais… quand la France foulée Te laissa voir deux fois dans la mêlée Ce sein de feu que Thersite conquit !
Cette indifférence du fond, il faut bien le dire, cette tolérance prompte, facile, aiguisée de plaisir, est une des conditions essentielles du génie critique, dont le propre, quand il est complet, consiste à courir au premier signe sur le terrain d’un chacun, à s’y trouver à l’aise, à s’y jouer en maître et à connaître de toutes choses. […] Le bon et savant Dugas-Montbel, dans les derniers mois de sa vie, avouait ne plus supporter que cette lecture d’érudition digérée et facile.
Les gouvernants dans un petit pays sont beaucoup plus multipliés par rapport aux gouvernés, et la part de chacun, à une action quelconque, est plus grande et plus facile : enfin, si l’on répétait d’une manière vague, qu’on n’a jamais vu une constitution fondée sur de telles bases, qu’il vaut mieux adopter celles qui ont existé pendant des siècles ; on pourrait demander de s’arrêter à une réflexion qui mérite, je crois, une attention particulière. […] Dans l’analyse des diverses affections morales de l’homme, il se rencontrera quelquefois des allusions à la révolution de France ; nos souvenirs sont tous empreints de ce terrible événement : d’ailleurs, j’ai voulu que cette première partie fut utile à la seconde, que l’examen des hommes un à un put préparer au calcul, des effets de leur réunion en masse ; j’ai espéré, je le répète, qu’en travaillant à l’indépendance morale de l’homme, on rendrait sa liberté politique plus facile, puisque chaque restriction qu’il faut imposer à cette liberté, est toujours commandée par l’effervescence de telle ou telle passion.