L’un (Gustave Planche) est un sec aux os épais qui a du muscle, l’autre (Mérimée) est un sec maigre qui a du nerf, mais tous deux, l’un comme critique et l’autre comme écrivain de roman et de drame, sont dépourvus également d’imagination créatrice, plantureuse et féconde, et, encore une fois, c’est dans cette identique absence de la même faculté que probablement ils sympathisèrent, Mérimée, il est vrai, n’a laissé dans ses écrits à ma connaissance aucun témoignage d’admiration ou de reconnaissance pour le critique auquel il doit tout, mais s’il a été ingrat, ce sec d’esprit qui pouvait bien l’être de cœur, il l’aura beaucoup été, car il doit tout à Gustave Planche, qui l’a presque inventé tant il l’a vanté ! […] Cette tête de conteur d’histoires, qui n’a jamais fait véritablement grand dans ses romans et dans ses drames, avait la tête trop petite pour contenir une idée générale ou une philosophie quelconque.
Son livre est un drame anonyme dont il est l’auteur universel, et voilà pourquoi il ne chicane ni avec l’horreur, ni avec le dégoût, ni avec rien de ce que peut produire de plus hideux la nature humaine corrompue. […] Comptez-le donc aussi, et mettez-le avec tous les aphorismes, tranquillement impudents, de ce sybarite plein de calme : « toute débauche parfaite a besoin d’un parfait loisir », etc., et confessez qu’il y a là une somme de comique à défrayer une pièce de théâtre, et souhaitons même que L’Ivrogne, qui sera le prochain drame de Baudelaire, soit aussi gai, sous couleur noire, que ses Paradis artificiels.
La pièce d’Adolphe Dumas (Mademoiselle de La Vallière), jouée à la Porte Saint-Martin, rentre dans le genre échevelé et dans le drame à orgie.
Presque autant vaudrait, dans un drame, nous donner la biographie détaillée, passée et future, de chacun des comparses.
Le monde est plein de détails plus ou moins piquants à noter, à relever entre soi, mais qui ne sont matière à drame ni à comédie.
On vit qu’elle s’évanouissait, et on la mena à la sacristie. » Il a donc ses drames, ce joyeux couvent, où sans doute la moitié des religieuses ont à peu près autant de vocation que Mlle de Rastignac.
Mais Servaise, lui, n’en revient pas : cette aventure si unie se transforme en un drame physiologique, sentimental et intellectuel, plein de stupéfaction et de mystère, et qui ne se peut traduire à moins de soixante pages ténébreuses et convulsionnées.
Les dissensions intestines de la plus puissante maison qui soit au monde, les discords tragiques d’un père et d’un fils, mêlés au plus effroyable drame de douleur et de mort, ont rempli pendant des mois nos gazettes bourgeoises.
Ses Lettres nous révélaient en effet ou nous laissaient deviner le plus poignant et le plus singulier des drames intimes.
On avait représenté de lui un drame en un acte, en vers, La Rencontre, se résumant en trois scènes d’une donnée amère, mais laissant l’impression d’une très pure poésie.
Le défaut de ce drame prodromique, c’est son excessive clarté ; on lui a, je crois, reproché le contraire et de n’être pas assez « direct ».
Sous prétexte de littérature indépendante et de dédain des genres tout classés, on composera les mixtures troubles, roman scientifique, drame philosophique, critique anecdotique, histoire artistique.
Le moyen d’estimer en effet un Auteur qui s’estime assez peu lui-même pour écrire indifféremment le pour & le contre ; qui n’est ni pour Baal, ni pour le Dieu d’Israël ; qui combat les Philosophes, & qui se déchaîne avec fureur contre leurs adversaires ; qui proscrit les Drames, & fait le panégyrique des Dramaturges ; qui s’érige en vengeur de la Religion & des mœurs, & qui loue la Pucelle & fait l’apologie des Romans de Crébillon ; un Auteur qui s’éleve contre le charlatanisme philosophique, & qui ne cesse de parler de lui-même, & qui se loue tantôt sous le masque d’Editeur, tantôt à visage découvert, & qui recueille & qui fait religieusement imprimer tous les Vers, tous les petits Billets où l’on dit quelque bien de lui ; un Auteur enfin qui mendie bassement des éloges, & qui se déchaîne ensuite contre ceux qui l’ont le plus loué, croyant, par cette odieuse manœuvre, donner du poids à la louange, & persuader qu’il ne l’a point sollicitée !
Qu’est-ce que la tragi-comédie, par exemple, sinon l’hésitation du drame entre le roman et la tragédie ?
L’auteur de la Fête votive de saint Bartholomée Porte-glaive — un nom de tableau bien plus que de livre — n’est, à exactement parler, ni un inventeur dans l’ordre du roman ou du drame, ni un esprit d’aperçu qui voit les idées par-dessus les images, ni un écrivain… littéraire.
Biré n’avait pas oublié de noter que l’Henri III de Dumas et l’Othello de Vigny avaient précédé le drame de Victor Hugo. […] Il n’ose pas affirmer que Victor Hugo ait « démarqué » le drame de Bulwer, mais il l’insinue seulement. […] Supposé qu’il ait emprunté à Bulwer le sujet de son drame, le coup de génie a été justement de le dépayser ou de le transporter. […] Elie tend d’elle-même à la rapidité, mais surtout à l’unité du drame. […] Sans doute, j’entends bien qu’il n’y aurait pas de drame, ni de roman même, à vrai dire, s’il n’y avait pas l’enfant.
Cette Comédie humaine comme il la nomme, ce drame à cent actes divers , souvent au-dessous du médiocre, n’en a pas moins des richesses inouïes, des peintures du plus grand prix, des études de caractère comme on n’en trouve point ailleurs. […] Au milieu du drame est placé Lucien, non pas comme un moteur, mais comme une idole ; c’est une sorte de jeune premier auquel on ne prend guère d’intérêt, tant il est inerte et adoré, et lorsque de conséquences en conséquences, l’amour effréné, et du reste parfaitement dépeint, du baron de Nucingen pour Esther finit par envoyer M. de Rubempré à la Force avec M. […] Pourtant si ces inventions n’avaient animé qu’un livre ou deux, traversé qu’un drame, on pourrait les accepter, cela ne fait pas de doute ; il serait injuste de les dépouiller de toute valeur et leur premier aspect fait certainement naître de l’intérêt. […] Nous ne trouvons rien à redire au principe épisodique qui a présidé à la composition du drame. […] Le sujet disparaît sous les accessoires, et au lieu d’un drame politique émouvant par les faits importants qu’il représente et par la grandeur des personnages qu’il met en scène, Lorenzaccio n’est plus qu’une pièce fort amusante et très spirituellement écrite.
, un poète lyrique, jamais ; et d’après ce que m’ont dit des amis que j’ai le plaisir de compter parmi les félibres, Mistral, dans ses longs poèmes et même dans ses drames, est surtout lyrique. […] De l’élégant, aimable et parnassien auteur de l’Âme nue, Seul (poésies en livres), de Shylock, la Passion, Héro et Léandre (pièce, mystère et drame en poésies) cette lettre d’un croyant-sceptique : Contrexéville, juillet 95. […] Je fais très peu de vers en dehors des œuvres dramatiques, et, en ce moment, je suis absorbé par la répétition de mon drame, le Fils de l’Arétin, au Théâtre-Français. […] Alfred Bruneau, le savant et probe critique musical, l’auteur justement applaudi des Lieds de France et de l’Attaque du Moulin, qui — l’un des premiers — tenta la prose musicale, le drame lyrique humain et moderne. […] Ce qui manquait, voyez-vous, c’est la prose en musique, qui est, à mon sens, la véritable expression du drame lyrique.
Le sacrifice, que nous trouvons dès le principe inhérent au culte, constituait le fond du drame religieux exécuté dans la vaste enceinte architecturale, au sein de laquelle tous les arts existaient ainsi à l’état rudimentaire. […] La tragédie grecque, quoique portant déjà une atteinte au génie de l’épopée, est encore, au drame moderne, ce que la statuaire est à la peinture. […] Enfin, l’art, devenu ainsi tout humain, mais héroïque, de divin qu’il était d’abord, subit sa dernière transformation en se faisant démocratique et vulgaire par la peinture et par le drame. […] L’esprit n’est plus l’auteur du drame confus qui se joue en lui ; il n’en est que le théâtre. […] La poésie lyrique, l’épopée, le drame héroïque, c’est-à-dire la poésie elle-même, ont donc pris naissance au sein des classes patriciennes.
C’était donc des tragédies ou drames en prose qu’il appelait de tous ses vœux. […] Nous avons eu, depuis, ce qui était alors l’idéal pour Beyle, ces drames ou tragédies en prose « qui durent plusieurs mois, et dont les événements se passent en des lieux divers » ; et pourtant ni Corneille ni Racine n’ont encore été surpassés.
A le bien voir, il ne compte nullement alors comme acteur dans le grand drame de la Révolution. […] Depuis que les preuves du contraire ont abondé et qu’on a eu les papiers du comte de La Marck, ce passage de l’Histoire de la Révolution n’a pas été modifié : l’illustre historien revoit peu ses ouvrages, il aime à les laisser dans leur première improvisation ; il est douteux qu’il ait jamais relu son Histoire de la Révolution, pleine d’inexactitudes pour les détails (c’était inévitable au moment où il l’écrivit), mais qui reste vraie dans les ensembles et par la touche juste et large qu’il a su donner des principaux moments de ce grand drame.
Ceux qui ont inventé le langage n’ont point noté les objets par des signes abstraits à la façon des algébristes ; ils ont joué en leur présence et pour les exprimer un drame figuratif et une pantomime ; ils ont imité les événements avec leurs attitudes, avec leurs cris, avec leurs regards, avec leurs gestes ; il les ont dansés et chantés. […] Qu’on réserve l’alexandrin pour le drame et la tragédie, à la bonne heure : les personnages parlent d’un ton sérieux et soutenu.
Je ne dis pas, sans doute, qu’il soit toujours aisé ni même possible de décider la question de préséance entre des œuvres supérieures appartenant à des époques ou à des races diverses ; il est permis d’hésiter entre le Parthénon et une belle cathédrale gothique, entre un drame de Shakespeare et une tragédie de Sophocle, entre le Faust de Gœthe et la Divine Comédie du Dante. […] Les drames de Victor Hugo sont moins concentrés, moins élégants, moins simples, moins psychologiques que les tragédies de Racine ; ils ont, en revanche, plus de couleur, de mouvement, de vie extérieure.
Le drame se recueillait dans son attente et dans sa douleur, il se retournait des maux passés vers les calamités à venir. […] Pélasgos, le roi de son drame, protecteur et défenseur de ses hôtes, représente, par son nom même, l’ancêtre le plus lointain de l’Hellade.
Le drame de M. […] Mais combien les filles séduites du drame ordinaire, avec leur désespoir factice et leurs invectives, paraîtraient fausses auprès de cette pécheresse sans le savoir, qui ne joue point la passion et ne feint pas le remords !
C’est la lutte de ces deux passions, l’une expirante, mais puissante encore, l’autre envahissante et bientôt souveraine, c’est ce combat violent et acharné qui constitue le drame déchirant auquel nous a initiés la publication des lettres. […] Le mérite inappréciable des lettres de Mlle de Lespinasse, c’est qu’on n’y trouve point ce qu’on trouve dans les livres ni dans les romans ; on y a le drame pur au naturel, tel qu’il se révèle çà et là chez quelques êtres doués : la surface de la vie tout à coup se déchire, et on lit à nu.
M. de Vigny a une imagination de poète, et c’est une arrangeuse systématique à sa manière que l’imagination ; elle symétrise en se jouant, et de la vie elle a bientôt fait un drame.
Hugo, une ample pièce n’est qu’une antithèse amplifiée ; et les caractères des personnages de ses drames tiennent presque tous dans une antithèse, qui en est la formule.
La Porte Saint-Martin va reprendre les Beaux Messieurs de Bois-Doré, cette délicieuse comédie romanesque ; et l’Odéon promet de nous rendre bientôt Claudie, ce drame rustique dont le premier acte, au moins, est un chef-d’œuvre, une géorgique émouvante et grandiose.
Je ne pense pas que personne, dans aucun temps, ait pris plus sérieusement la vie que ce petit Breton de vingt-cinq ans dont l’enfance avait été si pure, l’adolescence si grave et si studieuse, et qui, au sortir du plus tragique drame de conscience, seul dans sa petite chambre de savant pauvre, continuait à s’interroger sur le sens de l’univers, — et cela, dans un tel détachement des vanités humaines, que ces pensées devaient rester quarante ans inédites par la volonté de leur auteur.
D’où vient que l’on regarde comme une occupation sérieuse de lire Corneille, Goethe, Byron, et que l’on ne se permet de lire tel roman, tel drame moderne qu’à titre de passe-temps ?
Il était admis que l’apparition de « deux témoins fidèles », vêtus d’habits de pénitence, serait le préambule du grand drame qui allait se dérouler, à la stupéfaction de l’univers 568.
Non contente d’augmenter le jeu des passions dans le drame et dans l’épopée, la religion chrétienne est elle-même une sorte de passion qui a ses transports, ses ardeurs, ses soupirs, ses joies, ses larmes, ses amours du monde et du désert.
Dessins du temps et des époques qui ont suivi, gravures noires, gravures coloriées, portraits, éclaircissements sur la géographie et le costume de la guerre en 1430, théâtre des événements, histoire littéraire où l’on passe en revue les livres et les poèmes inspirés par Jeanne d’Arc, tout est là de ce qui se rattache à sa gloire, depuis le mystère du siège d’Orléans jusqu’au drame de Jules Barbier et de Gounod.
On veut y voir, pour l’ordinaire, un drame de la conscience, une de ces tragédies intérieures qui mirent, certain soir, le pauvre Jouffroy dans un état si propre à la composition littéraire.
L’inattendu des situations, le contraste des mœurs, le pathétique de l’amour, l’éloquence de la passion et de la religion en lutte dans le drame lui valurent un de ces succès qui se prolongent à travers tout un siècle. […] Le drame en est terrible, le style inspiré, le vers oriental comme le site et le soleil d’Arabie. […] Il y passait les hivers, il y faisait jouer la tragédie et la comédie sur des théâtres domestiques, il y rassemblait la société élégante et lettrée de Lausanne, il y représentait lui-même avec un remarquable talent les rôles de vieillard dans les grands drames anciens ou nouveaux.
C’était le trompe-l’œil d’une facture matérielle que l’on croit supérieure parce qu’elle est très compliquée et dont le procédé fondamental, j’oserai dire le procédé maniaque, soit en vers, soit en prose, soit en poésie lyrique, soit dans le drame, soit dans le roman, n’est rien de plus cependant qu’une antithèse, — l’opposition de deux images ! […] Hugo, introduisait tout à coup dans ses drames en prose, lorsque l’âme de ses personnages semblait s’élever au-dessus des vulgarités de la vie, le vers n’a jamais chez le poète d’Hernani et des Burgraves cette destination grandiose. […] Pour ces raisons, il est essentiellement Moyen Age, comme l’ont prouvé d’ailleurs ses œuvres les plus énergiques, Hernani, ce drame féodal, Notre-Dame de Paris, Les Burgraves, etc., et comme La Légende des siècles vient de le prouver avec plus d’éclat que jamais.
Il serait peut-être curieux de rechercher, et peut-être facile de trouver, comment des écrivains de cette valeur et de celle élégance, qui, par le fait de leurs études, ont vécu dans la société du xviiie siècle, et qui ont montré presque de l’enthousiasme pour cette société artificielle et raffinée, aient pu pencher de ce côté inférieur qui aurait dû leur être si antipathique, et même y verser un jour tout à fait… Vous vous rappelez ce fameux drame d’Henriette Maréchal, joué au Théâtre-Français, et dans lequel les deux auteurs abordèrent si audacieusement la langue la plus verte des bals masqués les plus pourris de Paris, que le public en fut révolté et la pièce outrageusement sifflée… Ceci n’est réellement explicable que par le besoin de nouveauté qui saisit les esprits hardis, quand les vieilles formes littéraires expirent. […] La matérialité y étouffe tout : la pensée, l’émotion, la passion, le drame et la vie ! […] Malheureusement, en comparaison de ce qu’il pouvait faire, M. de Goncourt (c’est le cas de le dire) s’est arrêté aux bagatelles de la porte, — et, pourtant, l’analyse, le drame prolongé, la splendeur tragique du dénouement, étaient dans cette fournaise allumée, éblouissante et joyeuse, du Cirque, devenu, pour le clown frappé d’impuissance, un enfer.
Dans cette grande représentation ou mise en scène de l’entrée de la reine Isabeau à Paris, on peut donc retrouver la trace, peut-être même l’origine, du drame proprement dit, du drame avec musique ou opéra, du drame avec mise en scène, machines, trucs ou pièce féerique. […] Son drame embrassait souvent la vie d’un homme. […] Louis XVIII la fit encore rebâtir et annexa la troupe qui en exploitait le privilège à la Comédie-Française, l’autorisant à y représenter les tragédies, les drames et les comédies données sur la scène française. […] Dans ses belles et suaves compositions, Racine intéresse et fait passer l’âme du spectateur ou du lecteur par toutes les péripéties du drame intime. […] Écrire une œuvre dramatique en enlevant du drame le sentiment le plus dramatique, parut d’abord à Racine un tour de force dont il ne se sentait pas capable.
Vu de cette façon, le passé s’anime comme un drame. […] Dans le drame d’une grande existence, rien n’est plus intéressant à observer que la première démarche, l’entrée en scène. […] Il a voulu voir, de ses yeux, le théâtre du drame qu’il nous raconte. […] C’est ce drame muet, cette torture intime de l’armée silencieuse, qui fait la beauté de ce livre. […] C’était là le point central de son sujet, le nœud du drame.
Sans doute, la barbarie de Shakespeare monte quelquefois plus haut dans ses drames tragiques, et y atteint à des hauteurs philosophiques au-delà desquelles il n’y a rien à éprouver qu’un frisson de chair de poule et une angoisse d’admiration ; là, on ne peut le comparer à rien, il dépasse tout et efface tout ; il est Shakespeare, le synonyme du sublime, l’entre ciel et terre du génie ; mais il ne semble s’être élevé si haut dans l’Empyrée de l’idéal que pour vous précipiter dans la boue et pour vous étourdir par la chute. […] Il en eut un fils, qui écrivait plus tard à lord Rochester : « Sachez ce qui fait honneur à ma mère : je suis le fils de Shakespeare. » À partir de 1613, il ne quitta plus sa maison de Stratford, occupé de la culture de son jardin, et oubliant ses drames. […] XXIII Le Misanthrope, le meilleur de ses drames, et dont le seul défaut est que le dénouement ne sort pas du caractère, mais de l’autorité, tomba ; le sujet était trop triste pour un parterre de Français. […] Une manie amuse un moment, mais ne fournit pas un long drame. […] Arnolphe se retire en gémissant, et le drame finit par le mariage.
Sa biographie serait un long drame douloureux ; sa vie un mélange inouï de scepticisme aigu et « d’écarts de chair » qui se résolvent en intermittents sadismes, en remords pénitents et en chutes profondes dans les griseries de l’oubli factice. […] Ô le Drame, expression capitale de la Poésie ! […] Suivez plutôt cette progression du réel, depuis l’épopée, à travers le drame, jusqu’au roman moderne, de l’Iliade aux Oiseaux, de la Divine Comédie à Hamlet, du Gargantua à l’Éducation sentimentale. […] oui, quels plans de romans, de drames, d’articles, qui restent en plan… — Que pensez-vous des formules émises, de l’esthétique projetée ? […] — Je crois que cette tentative servira surtout au drame lyrique.
Nous retrouvons l’écho d’Eschyle jusque dans la sonorité superbe du drame de Nana-Sahib. […] Trouvant dans un ouvrage de Burnouf la légende de Kounâla, il l’a librement modifiée et il en a tiré le drame le plus poignant, la leçon de bonté la plus émouvante. […] Mais est-il rien de poétique, en vérité, comme le pathétique étrange, intime, indéfinissable, de ses drames en prose ? […] Y eut-il jamais, à vrai dire, drame intime ou roman de cœur comparable à l’existence de Pauline de Saint-Hérem, fille de M. de Montmorin ? […] C’était, comme le dit dans sa forte simplicité le titre du drame norvégien, supporter « plus qu’homme ne peut ».
En ce sens, les petits drames de M. […] Voit-on sur quelque théâtre libre un drame joué entre des êtres qui se nomment Cœur, Haine, Joie, Silence, Souci, Soupir, Peur, Colère et Pudeur ! […] Il sait observer, combiner, déduire ; ses romans, ses drames, ses poèmes sont des constructions solides dont l’architecture pondérée plaît par la savante symétrie des courbes, toutes dirigées vers un dôme central où l’œil est sévèrement ramené. […] Georges Eekhoud Il y a peu de dramaturges parmi les nouveaux venus, j’entends d’observateurs fervents du drame humain, doués de cette large sympathie qui engage un écrivain à fraterniser avec tous les modes et toutes les formes de la vie. […] Un caractère, puis la vie pèse et le caractère fléchit ; une nouvelle pesée le redresse et le dresse selon sa vérité originelle : c’est l’essence même du drame psychologique, et si le décor participe aux modifications humaines, l’œuvre prend un air d’achèvement, de plénitude, donne une impression d’art inattendu par la logique acceptée des simplicités naturelles.
Que pouvons-nous raconter, nous autres, acteurs partiels de ce long drame ? […] Cet acteur qui ne voit qu’un coin du grand drame, jusque dans sa circonspection et son extrême réserve de jugement, apprend ou confirme bien des faits qui jettent du jour sur les vraies causes de notre désastre.
Ensuite je me procurai Wilhelm Meister, et sa Vie, ensuite ses drames. […] Celui-ci avait gardé des premières ferveurs révolutionnaires et antisociales de sa jeunesse et de son drame des Brigands un certain goût de cruauté.
Tel était, vu de près et selon des témoins venus d’Allemagne, d’Italie et de France, le héros de roman et de drame poétisé et platonisé à distance par Schiller, celui dont il a voulu faire, en plein XVIe siècle, le Cid et le Rodrigue des idées libérales du XVIIIe. […] Shakespeare, dont le drame a parfois égalé ou ressuscité l’histoire, a paru à la limite des âges modernes et des âges nébuleux.
Tandis que dans la pièce française les premières scènes se passent en confidence, dans le drame espagnol tout est en tableau. […] Dans le drame espagnol, cette même infante qui a commencé par chausser à Rodrigue les éperons de chevalier, cette princesse tant respectée et admirée de lui, et qui lui voudrait un peu moins de respect avec un peu plus de tendresse, a une existence bien distincte, bien définie ; elle passe par des péripéties frappantes et qui intéressent ; elle sauve Rodrigue et le protège quand on le poursuit après la mort du comte ; elle a le temps de renaître à l’espérance lorsque lui-même, partant pour combattre les Maures à la tête de ses cinq cents amis, il la salue galamment à ce balcon de sa maison de plaisance, d’où elle l’a reconnu.
Voici dans tout ce petit drame une grande chose qui apparaît, et qui sera l’une des qualités éminentes, peut-être la plus incontestable supériorité de notre génie et de notre littérature. […] C’est toujours la même absence, si complète qu’elle en devient étrange, du sentiment de la nature, en faisant de toute la nature, des bois, des prés, des eaux, la scène multiple et changeante du drame.
Il devait les écrire, car l’avènement du christianisme forme, pour les peuples d’Occident, le nœud du grand drame humain. […] Voilà bien le drame qui a dû, dans les trois premiers siècles, troubler d’innombrables familles.
Dans son beau drame poétique d’Axël, Axël est grand jusqu’au jour où il consent une minute à ce qu’existe une réalité en dehors de celles qu’il se crée à lui-même. […] Maurice Maeterlinck construisait ses drames mystérieux et tragiques où meurt Maleine, où aiment Mélisande et Pelléas.
C’était une idylle de la vie intime : ils en ont presque fait un drame ; c’était la fable du Savetier et du Financier, de la Fontaine, chantée sur la flûte de Werther : ils l’ont grossie et renforcée à plaisir. […] Heureusement que le drame s’indigne à son tour, et qu’il élève enfin la voix pour maudire et exécrer son triste héros.
Je dis première manière, car Mme de Girardin a déjà eu trois manières, s’il vous plaît, trois formes poétiques distinctes : la première forme, régulière, classique, brillante et sonore, qu’on peut rapporter à Soumet ; la seconde forme, qui date de Napoline, plus libre, plus fringante, avec la coupe moderne, et où Musset intervient ; la troisième forme enfin, qu’elle a déployée dans Cléopâtre, et où elle ose au besoin tout ce que se permet en versification le drame moderne. […] On finit par croire qu’avec de l’esprit, beaucoup d’esprit, et un tour de main extrêmement habile, on peut tout faire, tout contrefaire : contrefaire, je ne le nie pas ; mais avec de l’esprit seul, on ne fera jamais ni du sentiment, ni de la passion, ni de la nature, ni du drame, ni de la religion.
Les premiers poèmes et les premiers romans ont conté les aventures des dieux ou des rois ; dans ce temps-là, le héros marquant de tout drame devait nécessairement avoir la tête de plus que les autres hommes […] Le vrai roman réunit donc en lui tout l’essentiel de la poésie et du drame, de la psychologie et de la science sociale ; c’est « de l’histoire condensée et systématisée, dans laquelle on a restreint au strict nécessaire la part des événements de hasard, aboutissant à stériliser la volonté humaine ; c’est de l’histoire humanisée en quelque sorte, où l’individu est transplanté dans un milieu plus favorable à l’essor de ses tendances intérieures.
Si de tels hommes, — et toutes les sociétés antiques primitives, tout le moyen âge en étaient formés — sont amenés graduellement à prendre plaisir aux arts graphiques, au poème épique, au drame, au roman, à la musique, à tout ce qui fait frémir l’âme de douleurs fictives, de compassion et d’admiration pour des semblables, ces sentiments se développeront en eux et modifieront leur conduite. […] Qui ne mesure, à l’énoncé seul de ce caractère de vérité, la supériorité des figures humaines montrées ainsi, sur les meilleurs dessins de personnages fictifs, dans les romans et dans les drames ?
Chaque année, Monleau écrit un drame — qu’il fait représenter sur le théâtre de la ville pour flatter les instincts décentralisateurs de la population. […] Minoret s’y prend-il pour écrire à *** des appréciations sur les opéras et les drames qu’on joue à Paris ?
La voix du moteur peut être réglée en plein ou réduite, hachée en éclats brusques et impérieux, ou modulée en gammes hautes et basses, et qui constitue une expression musicale et bruitiste qui complétera le drame aérien. […] Elle est également l’auteur de deux drames.
Il lui demande de faire des drames. C’est dans les drames que l’on peint les vices opposés aux vertus et que l’on inspire l’horreur des uns et le culte des autres. C’est dans les drames que l’on part en guerre contre les grands criminels et qu’on les écrase sous les mépris de la foule. […] Plus tard, en élargissant la définition de la comédie, on arrivera tout naturellement au drame. […] La Chaussée, c’est le drame naissant et encore maladroit.
Un auteur espagnol, disciple de l’illustre Lope de Vega, fit de cette femme enragée l’héroïne d’un drame en trois journées, souvent applaudi. […] Taine a répété que nous sommes des patients en qui se joue un drame intérieur, féerie brève et macabre. […] Paul Bourget, fort expert à choisir ses décors, ait encadré son drame dans cette magnificence de lumière, de luxe, de femmes et de fleurs ? […] Voici, maintenant, les autres personnages mis en scène dans ce drame : Olivier Du Prat, deuxième secrétaire d’ambassade. […] Henri de Régnier, dont le génie avait été jusqu’alors plutôt, selon la tradition classique, rhétoricien et formiste, vient d’unir dans les strophes de ce drame la splendeur latine à la méditation du Nord, la beauté extérieure à la magnificence de la pensée spéculative.
Je suis resté, jusqu’à la fin, plus fidèle à sa poésie qu’à sa prose et à ses romans ou à ses drames.
André Fontainas L’action, sans surcharges d’inutiles ornements, court rapide et noble, en vers énergiques ou assouplis selon l’hymne qu’ils chantent ; de brutale fureur, de dédain hautain ou d’amour qui s’éveille, le drame est puissant et fort beau, en dépit d’un défaut d’unité trop apparent : de Swanhilde renonciatrice et superbe, de Swanhilde que l’amour attendrit, s’est, brusquement après l’épisode, déplacé l’intérêt pour se fixer au deuil et aux seules douleurs d’une mère.
Un grand poète a dit dans un drame : L’Espagne est un lion mangé par la vermine.
Après le couronnement de la victoire, l’Empire eut le couronnement des catastrophes, pour que tout fût complet dans sa destinée ; car la grandeur humaine ne s’achève que par le malheur, et les larmes des choses (lacrymæ rerum) ne doivent pas plus manquer à l’Épopée que les larmes des hommes au Drame… deux espèces de larmes différentes, que l’Empire, tour à tour Épopée et Tragédie, a su faire également couler !