/ 2978
651. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Il n’est pas d’expression pittoresque qui puisse articuler, pour ainsi dire, les paroles du vieil Horace, quand il répond à celui qui lui demandoit ce que son fils pouvoit faire seul contre trois combattans : qu’il mourût. […] Dès qu’ils y paroissent touchez, on ne demande plus ce qu’ils y font. […] On ne demande point ce que devient un mort, on l’enterre. […] Quelque esprit malin envoïe lui demander la liste de ses morts.

652. (1875) Premiers lundis. Tome III « Lafon-Labatut : Poésies »

C’est là qu’isolé, tout à fait aveugle, après avoir passé par les horreurs d’une tentation sinistre de mort, un matin de printemps, il s’avisa de demander à la poésie, au chant, quelque chose de ce qu’il avait demandé vainement au pinceau et à la lumière, un haut refuge du moins, une patrie idéale où se reposer.

653. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Si l’on demande ce qui vaut mieux d’un ouvrage avec de grands défauts et de grandes beautés, ou d’un ouvrage médiocre et correct, je répondrai, sans hésiter, qu’il faut préférer l’ouvrage où il existe, ne fût-ce qu’un seul trait de génie. […] Le mérite négatif ne peut donner aucune jouissance ; mais beaucoup de gens ne demandent à la vie que l’absence de peines, aux écrits que l’absence de fautes, à tout que des absences.

654. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre IV. De l’analogie. — Comparaisons et contrastes. — Allégories »

. — Allégories Un autre ressort de l’invention, dont l’usage est fréquent, consiste à chercher des analogies ou des différences : on se demandera à quoi l’objet ressemble le plus, à quoi il est le plus opposé. […] Enfin lasse d’aller sans finir sa carrière,            D’aller sans user son chemin, De pétrir l’univers, et comme une poussière,            De soulever le genre humain, Les jarrets épuisés, haletante, et sans force,            Prête à fléchir à chaque pas, Elle demanda grâce à son cavalier corse :            Mais, bourreau, tu n’écoutas pas !

655. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Objections d’un moraliste contre l’exposition de 1900. » pp. 162-167

L’offre grandit avec la demande… Puis, la demande décroît subitement.

656. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XI. Le Guerrier. — Définition du beau idéal. »

Les siècles héroïques sont favorables à la poésie, parce qu’ils ont cette vieillesse et cette incertitude de tradition que demandent les Muses, naturellement un peu menteuses. […] Or, nous demandons pourquoi le Tasse, en peignant des chevaliers, a tracé le modèle du parfait guerrier, tandis qu’Homère, en représentant les hommes des temps héroïques, n’a fait que des espèces de monstres ?

657. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

Un jour que Daouda chassait l’éléphant, un bouvier se présenta à la porte de la case et demanda à boire. […] » Le roi demanda à Daouda si Aïssata disait la vérité.

658. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

ittré ne rentre pas dans l’ordre d’idées plus expressément littéraires que nous recherchons), on peut se demander quelle œuvre s’est produite en France qui mette l’antiquité grecque de pair avec le mouvement moderne et qui la fasse circuler. […] Sans même tant prétendre désormais, sans tant demander à nos curiosités depuis trop longtemps sorties d’enfance, il est bien certain pour moi qu’une traduction d’Homère, par exemple, qui serait ce qu’elle n’a pu être jusqu’à ce jour, et telle qu’on peut l’oser avec goût aujourd’hui, aurait son action encore et sa nouveauté vive. […] Arroser le langage et le vivifier avec fraîcheur, cela demande des sources perpétuelles et pures ; ces sources, je le sais, on doit les chercher surtout en soi, dans son propre passé aux divers âges ; mais, du moment qu’on en demande au dehors, de quel côté se tourner de préférence à celui-là ? […] Je demande donc excuse une fois pour toutes, dans la nécessité où je me mets ici de traduire ces choses si légères ; de telles épigrammes sont comme des gouttes de miel cachées par l’abeille dans les fentes des vieux chênes ; on ne sait comment les en arracher, et souvent il y faut employer les ongles, ce qui gâte la grâce. […] Et si l’on me demande à mon tour pourquoi ce souci perpétuel du nouveau, et à quoi bon Méléagre à cette heure plutôt que tant d’autres, je répondrai avec Ulysse en son récit chez Alcinoüs : « Je ne puis souffrir de venir répéter aujourd’hui ce qui a été dit (par moi ou par d’autres) assez clairement hier. » 15 décembre 1845.

659. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Si vous montez l’escalier sans marches du Vatican, comme une colline aplanie pour laisser les vieux pontifes monter sans perdre haleine au sanctuaire de leurs oracles ; si vous entrez dans la chapelle Sixtine pour contempler sur ses murs et sur ses voûtes le tableau du Jugement dernier, ce poëme dantesque du pinceau, peint par un géant, où l’imagination, le mouvement, l’expression, la forme, la couleur semblent défier la création par son image, et si vous demandez quelle main de Prométhée moderne a jeté derrière lui ces gouttes d’huile pour en faire des hommes, des anges, des démons, des dieux ? […] Laurent de Médicis ayant demandé un jour au grand peintre quelques jeunes gens capables de raviver la sculpture qui dépérissait en Toscane depuis la mort de Donato, Ghirlandaïo lui offrit Michel-Ange. […] Les Romains étonnés se demandaient quelles mains pouvaient mouvoir et quelle pensée ordonner ces débris de montagnes de marbre jonchant le sol, sous l’ombre du môle d’Adrien ! […] La description du tombeau de Jules II, tel que Michel-Ange l’avait conçu, serait tout un poëme funéraire et demanderait des pages sans nombre. […] Nous demandons à M. de Circourt la permission de le citer.

660. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

demanda Candide  Ou bien vieux ? demanda Martin. […] Je ne pense donc pas qu’il soit besoin de demander la permission d’admirer les tragédies de Racine. […] Néron même, Néron jeune, amoureux et jaloux, sans le meurtre du cinquième acte, on se demande si l’on pourrait le prendre en haine. […] Cela semble peu ; mais ce peu, je me demande s’il s’est rencontré une autre fois.

661. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Mais je me demande quel plaisir a cherché l’inconnu facétieux qui nous a trompés, M.  […] Un beau jour, il confia à l’excellente Mme Lagut son amour naissant pour Ondine et le projet qu’il avait formé de demander sa main. Mme Valmore et Ondine, pressenties, se montrèrent disposées à accueillir la demande ; et sans doute, peu après, il se déclara à Ondine elle-même, puisque, le premier mai 1843, Marceline écrit à sa fille : « M.  […] On peut, quand on a à la fois l’âme délicate et les mœurs cyniques, estimer répugnant de demander à une jeune fille intacte précisément ce qu’on a accoutumé de demander à de tout autres personnes ; on peut très bien, dis-je, rester célibataire toute sa vie par respect des jeunes filles : je parle très sérieusement. […] » On se promène à âne et on rentre bien vite pour demander : « Va-t-on dîner ? 

662. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Masabatès, l’eunuque favori du roi, se vantait d’avoir coupé la tête du jeune prince : elle propose à son fils une partie de dés, perd du premier coup mille dariques, demande sa revanche. […] Darius demandait, après l’incendie de Sardes, ce que c’était qu’Athènes ; sa veuve peut donc faire la même question aux Fidèles. […] En revanche, l’énergie barbare reparaît par traits véhéments, dans le chant de nécromancie que le Chœur entonne à la demande d’Atossa. […] Le Grand Roi se fait petit maintenant devant ses sujets, il se rend à leur merci, s’offre à leurs reproches ; il les exhorte à lui demander compte des légions qu’il a perdues, des flottes qu’il a submergées. […] » — Xerxès demande grâce ; il se débat sous l’interrogatoire qui le presse, comme sous l’étreinte d’une torture : — « Ah !

663. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Je me suis même demandé si cette biographie, je la ferais. […] Aussi je me suis demandé si je vous dirais la vie de La Fontaine. […] Comme nous nous sommes demandé ce que La Fontaine a gardé de souvenirs relativement à sa vie de collège, nous pouvons nous demander quels sentiments ou quels ressentiments il a gardés de sa femme. […] Remarquez que c’était grave, d’abord parce que le jeune roi s’annonçait comme un homme qui savait peu pardonner et qui n’aimait pas beaucoup qu’on lui demandât la grâce de quelqu’un. […] On demandera pourquoi La Fontaine s’est exposé à de pareils affronts, car ce sont des affronts, et pourquoi il a tenu tellement à être de l’Académie française après la carrière si glorieuse qu’il avait parcourue.

664. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Demandez-vous, en effet, ce qu’il est, cet enragé descripteur, qui ne cesse jamais d’exister en dehors de cette description incessante ? […] Fatigué, blasé, flétri, vieilli, éreinté de cœur, de corps et d’esprit, Frédéric Moreau, qui a demandé le bonheur de sa vie à l’amour, comme son meilleur ami l’a demandé à l’ambition, repasse un jour avec cet ami leurs deux vies d’hommes à sentiment, et après avoir fait le compte de leurs illusions, souillées dans les malpropretés de l’ambition et de l’amour, ils avisent tout à coup dans leurs souvenirs le petit tableautin du lupanar (pardon !) […] On comprend parfaitement tout cela, mais ce qu’on ne comprend qu’à la condition de mettre Flaubert au-dessous de lui-même, ce sont les gamineries accumulées de ce singe, qui tient la queue de la longue robe de la reine et « qui la soulève de temps en temps » (je demande pourquoi ?) […] Demandons-le à saint Antoine ! […] Dans le vide de ce qui lui manquait, il versa, pour le remplir, des impressions qu’il alla demander aux voyages.

665. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Je veux seulement vous consulter, vous demander conseil… Je suis très troublée en ce moment. […] Marat croyait à la justice : il demandait deux cent mille têtes. […] Elle se le demandait. […] me demanda, tout en écrivant, le secrétaire du commissaire ; je répondis : non, naturellement. — Eh bien ! […] demanda Hermès.

666. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Que lui demanderais-je ? […] Mais en fait, on peut se demander comment cette littérature a si vite abouti à de si extrêmes conséquences. […] qu’irais-je lui demander ? […] demande un des interlocuteurs. […] Vous demandez quel mal a fait la littérature ?

667. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Le brave commandant de la place, qui vient de contresigner cet ordre du jour triomphal et pompeux, avait une fille charmante qu’il désirait faire admettre dans une des maisons de la Légion d’honneur ; il avait tous les titres par ses excellents services, et il recommandait sa demande à Horace Vernet, qui, toujours serviable et bon, l’appuyait vivement auprès du maréchal Gérard. […] Château, expédie un courrier à ce sous-gouverneur pour lui demander, de la part de voyageurs de distinction, la faveur de lui être présentés : on a la réponse huit heures après : les chevaux n’ont pas de jambes dans ce pays, mais des ailes. […] Il fit appeler un aide de camp et demanda ce que c’était : il lui fut répondu que ce n’était rien, quelques polissons qu’on dissipait. […] Les qualités morales d’Horace Vernet pourraient gagner à être observées à ce demi-jour des dernières années et du déclin ; mais le public, en général, demande moins à l’artiste des vertus que des preuves de talent, et l’instant est venu d’ailleurs de nous séparer de lui. […] Ne lui demandez pas un fil logique continu, il en était incapable ; mais du pittoresque, mais du trait et du malin, cela lui sortait de toutes parts.

668. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Certainement tout étranger de distinction qui parle le français comme sa langue, arrivant dans la capitale, après les curiosités les plus voyantes et les visites les plus pressées, quand il en viendra au fin des choses, quand, son gros appétit apaisé, il n’aura plus à songer qu’aux friandises du dessert, demandera : « À quand une séance de l’Académie française ? […] Beaucoup d’hommes, élevés dans un respect religieux pour d’antiques doctrines, consacrées par d’innombrables chefs-d’œuvre, s’inquiètent, s’effrayent des projets de la secte naissante, et semblent demander qu’on les rassure, L’Académie française restera-t-elle indifférente à leurs alarmes ? […] C’était un défi jeté aux Romantiques : l’Académie demandait la glorification du xviie  siècle et de nos grands poètes classiques qu’on accusait les novateurs d’insulter et de vouloir détrôner. […] Sitôt que tel membre prenait la parole, tel autre membre la demandait immanquablement pour lui répondre et le contrecarrer, quel que fût le cas, souvent même avant de bien savoir de quoi il s’agissait et uniquement pour n’en pas perdre l’habitude. […] La nouvelle Académie, sans doute, se soucie assez peu de ces questions d’origine : si on lui demandait son avis, elle aimerait à dater principalement de l’élection de Royer-Collard, de ce choix mémorable par lequel, en 1827, elle arbora le signal du libéralisme parlementaire.

669. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Le marquis de Mirabeau, apprenant que son fils veut être son propre avocat, ne se console qu’en voyant d’autres, et de plus grands, faire pis encore570. « Quoique ayant de la peine à avaler l’idée que le petit-fils de notre grand-père, tel que nous l’avons vu passer sur le Cours, toute la foule, petits et grands, ôtant de loin le chapeau, va maintenant figurer à la barre de l’avant-cour, disputant la pratique aux aboyeurs de chicane, je me suis dit ensuite que Louis XIV serait un peu plus étonné s’il voyait la femme de son arrière-successeur, en habit de paysanne et en tablier, sans suite, sans pages ni personne, courant le palais et les terrasses, demander au premier polisson en frac de lui donner la main que celui-ci lui prête seulement jusqu’au bas de l’escalier. » — En effet, le nivellement des façons et des dehors ne fait que manifester le nivellement des esprits et des âmes. […] Jusqu’à la fin du règne, la désaffection va croissant. « En 1744, dit le libraire Hardy, pendant la maladie du roi à Metz, des particuliers font dire et payent à la sacristie de Notre-Dame six mille messes pour sa guérison ; en 1757, après l’attentat de Damiens, le nombre des messes demandées n’est plus que de six cents ; en 1774, pendant la maladie dont il meurt, ce nombre tombe à trois. » — Discrédit complet du gouvernement, succès immense de Rousseau, de ces deux événements simultanés on peut dater la conversion du Tiers à la philosophie579  Au commencement du règne de Louis XVI, un voyageur qui rentrait après quelques années d’absence, et à qui l’on demandait quel changement il remarquait dans la nation, répondit : « Rien autre chose, sinon que ce qui se disait dans les salons se répète dans les rues 580 »  Et ce qu’on répète dans les rues, c’est la doctrine de Rousseau, le Discours sur l’inégalité, le Contrat social amplifié, vulgarisé et répété par les disciples sur tous les tons et sous toutes les formes. […] » — Mettons fin « à ce crime social, à ce long parricide qu’une classe s’honore de commettre journellement contre les autres… Ne demandez plus quelle place enfin les privilégiés doivent occuper dans l’ordre social ; c’est demander quelle place on veut assigner dans le corps d’un malade à l’humeur maligne qui le mine et le tourmente, … à la maladie affreuse qui dévore sa chair vive ». — La conséquence sort d’elle-même : extirpons l’ulcère, ou tout au moins balayons la vermine. […] Que demande-t-il ?

670. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

En même temps, d’autre part, nous voyons le Conseil d’administration de l’École polytechnique demander qu’on rétablisse, pour les élèves ayant fait leur éducation classique, les points d’avance qu’on avait abolis au cours de ces dernières années. […] Georges Delaw Vous me demandez « si je pense que l’on peut désirer que soit rétabli l’enseignement du latin ». […] Nous ne demandons pas à l’Université de fabriquer des latinistes, mais de former, grâce à l’indispensable étude du latin, des jeunes gens aptes à jouir du magnifique patrimoine littéraire de leur pays, et à s’exprimer, sinon avec élégance, du moins avec précision et correction. […] Dernièrement encore, interrogeant un élève, d’ailleurs studieux, et voyant avec étonnement qu’il ne comprenait pas le sens de l’expression employée par moi, je lui demandais : Vous ne savez donc pas le latin ? […] Je me demande quel rapport ceci peut avoir avec la politique.

671. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Hippolyte Fortoul (aujourd’hui ministre de l’Instruction publique et l’un de nos anciens amis), et qu’il préparait, avec ces matériaux de première main, une histoire complète de Sieyès, nous lui avons demandé de nous initier à l’avance à quelque portion de ce travail. […] La suite de ces réflexions écrites de 1772 à 1775 sur toutes les matières et sur tous les livres dont il s’occupe, qu’il réfute ou qu’il refait, sur Condillac, sur Bonnet, sur Helvétius, sur les économistes, demanderait une suite de chapitres, et je ne puis ici donner qu’un aperçu général. […] Il a bien plus erré lorsqu’il s’est figuré que le bonheur du monde allait tenir à telle ou telle forme de constitution qu’il ne cessait de méditer dans ses veilles législatrices, et qu’il demandait à la mécanique sociale la plus rationnelle et la plus compliquée. […] Mais il dit seulement à Bonaparte, qui lui demandait pourquoi il ne voulait pas rester consul avec lui, et qui insistait à lui offrir cette seconde place : « Il ne s’agit pas de consuls, et je ne veux pas être votre aide de camp. » Il niait aussi avoir prononcé, dans le jugement de Louis XVI, ce fameux mot : « La mort sans phrase. » Il dit seulement, ce qui est beaucoup trop : La mort. […] [NdA] Remarquez comme Sieyès a compris, présagé tous les temps principaux de la Révolution, et les a marqués par des mots qui restent : À la veille de la convocation des États généraux, il demande : Qu’est-ce que le tiers état ?

672. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Son père sorti, moi qui ne comprenais pas, je lui demandai : « Mais pour qui diable fais-tu ce travail-là ? […] À dix heures il est réveillé par la bonne qui lui demande s’il veut déjeuner avec ses maîtresses, deux vieilles governess. […] Et après des gros mots des uns et des autres contre l’Église, il arrive que quelqu’un cite cette parole de Montrond, le viveur, l’ami de Talleyrand, auquel un prêtre demandait à son lit de mort, s’il avait blasphémé l’Église : « Monsieur le curé, j’ai toujours vécu dans la bonne compagnie !  […] Villemessant blaguant l’appétit de celui-ci, les fours de celui-là, criant à sa femme : « Bois du bordeaux, ça te fera vivre quinze jours de plus », appelant « Fouyou » sa fille, qu’il traite en vrai gamin, et nous disant : « On m’a demandé à Blois qui vous êtes, j’ai répondu que vous étiez les frères Lionnet, des chanteurs de chansonnettes, et que vous alliez chanter quelque chose aux fêtes. » Il y a parmi les convives un dur à cuire de 76 ans, qui en paraît 40, et qui est en pantalon blanc, en redingote de lasting, en chaussettes de soie dans fins escarpins. […] — Mais, Monsieur, vous me demandez… — Vois-tu, j’ai connu une personne qui m’a donné tous les détails !

673. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

L’importance de ces premiers âges du Christianisme demande, dit l’Abbé Lenglet, que des Ecrivains modernes qui ont traité l’Histoire Ecclésiastique, on passe aux auteurs originaux. […] Malgré cela, tout le monde dit du mal de cet historien ; mais dans le fond, que lui reproche-t’on, demande M. l’Abbé de la Porte ? […] Amsterdam 1734. deux vol., a demandé encore plus de recherches que l’Histoire des Variations. […] Cet ouvrage renferme beaucoup de recherches ; mais il n’est pas écrit avec cette simplicité & cette impartialité que demande l’histoire. […] Ignace se borna à demander à Dieu autant de vie, qu’il en falloit à ce misérable pour se confesser.

674. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Les sujets qu’il choisit, et sur lesquels sa verve le plus souvent s’exerce, ne lui arrivent point par le bruit du dehors et comme un écho de l’opinion populaire ; ils tiennent plutôt à quelque fibre de son cœur, ou il ne les demande qu’à l’écho des bois. […] Il ne vint s’établir à Paris qu’au commencement de la Restauration, et, pendant ces années politiques ardentes, il n’aurait point fallu demander à cette imagination si vive le calme souriant où nous l’avons vu depuis. […] Il aimait le sommeil, comme La Fontaine, et il l’a chanté en des vers délicieux, peu connus et que nous demandons à citer, comme exemple du jeu facile et habituel de cette fantaisie sensible : LE SOMMEIL.

675. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

demande le catéchisme romain  J’ai été créé et mis au monde pour aimer Dieu, le servir et, par là, mériter la vie éternelle. » M.  […] Sans doute il se demande si la vie en commun ne leur ménage pas des surprises, s’ils ne vont point faire l’un chez l’autre des découvertes fâcheuses. […] Le père souffre parce que cette petite fille, qui n’avait pas demandé à vivre, est sans doute vouée, comme lui, à la douleur.

676. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Souvent il n’exécute ses miracles qu’après s’être fait prier, avec une sorte de mauvaise humeur et en reprochant à ceux qui les lui demandent la grossièreté de leur esprit 756. […] Il semble que le disciple qui a fourni les renseignements fondamentaux de cet évangile importunait Jésus de son admiration pour les prodiges, et que le maître, ennuyé d’une réputation qui lui pesait, lui ait souvent dit : « N’en parle point. » Une fois, cette discordance aboutit à un éclat singulier 759, à un accès d’impatience, où perce la fatigue que causaient à Jésus ces perpétuelles demandes d’esprits faibles. […] Quand ses ennemis lui demandent un miracle, surtout un miracle céleste, un météore, il refuse obstinément 760.

677. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Cependant un scrupule le prit, il convoqua les juges royaux et leur demanda si c’était permis. […] Il se repent en effet, il est content d’apprendre que Crésus vit encore ; mais il punit de mort les exécuteurs qui ont osé discuter son ordre. — Plus tard, Xerxès, après Salamine, surpris par une tempête dans sa fuite, demande au pilote s’il reste une chance de salut : l’homme lui répond que le vaisseau sombrera, s’il n’est déchargé de la moitié de ses passagers. […] Quoi qu’il en soit, Darius, apprenant l’incendie de Sardes, demanda d’abord : « Qu’est-ce donc qu’Athènes ? 

678. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

C’est ainsi que, dans quelques pièces, si l’idée de Dieu se lève tout à coup au milieu de tous ces vers de voluptueux, comme, par exemple, dans ses Victimes, ce n’est pas notre Dieu à nous, c’est celui des lâches rêveurs qui demandent un paradis sur la terre, et auquel le poète crie : Et suspends le travail du mal et du malheur ; Fais qu’à la loi d’amour l’humanité réponde ! […] On a dit qu’au lieu de demander simplement au poète ce qu’il a fait, et surtout ce qu’il a voulu faire, elle lui demande, préférence insidieuse, ce qu’il n’a voulu faire ni fait, et qu’ainsi on n’est jamais jugé sur son œuvre réelle, et que la Justice (la Justice qui n’est pas aveugle, car elle serait infirme, mais qui ferme les yeux pour mieux voir,) étrangle tout, et l’œuvre et l’auteur, et elle-même, avec son bandeau !

679. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

et qu’il est plus que temps, pour l’honneur de tous, d’en finir avec ce capitonnage dérisoire du même mot qu’on répète contre la Critique, surtout quand il s’agit d’un homme qui ne demande pas quartier, lui, et qui a bien assez de talent pour entendre une fois la vérité, — ce qui le changera ! […] Gautier dans un sujet comme Mademoiselle de Maupin, je demande ce qu’il devait en être dans un sujet de roman d’une réalité plus saine, et où il ne s’agirait que de sentiments naturels ? […] Un soir, une troupe de comédiens embourbée à quelques pas des quatre tourelles de Sigognac, vient frapper à l’huis de ce château délabré pour demander l’hospitalité à la faim et à la soif qui l’habitent.

680. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

La précision du langage demandait y irez-vous ? […] Alors il a demandé congé et veut s’en aller en son pays. […] Lors le soudan commence à demander ce que cela signifie. […] Puis il se demande en quelle langue Dieu a parlé à l’homme. […] Il se demande ensuite si cette division est définitive.

681. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Nul n’a besoin avec elle de longues préparations et d’éducation profonde et sévère, car elle ne demande pas pédantesquement à être comprise, elle ne demande qu’à être sentie et à être aimée. […] Il parlera d’un pauvre honorable et se hâtera de demander si un pauvre peut avoir de l’honneur. […] sont comme les infinitifs d’un verbe qui demande à être conjugué. […] C’est en vain que vous demanderiez secours contre ce passé qui vous étreint à un passé plus ancien. […] demande le bouddhiste.

682. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

mon ami, accepte mes offres ; je ne te demande en retour que l’impunité du service que je te rends. […] Un autre, paralysé d’une main, également inspiré par le dieu, lui demandait de la presser de son pied.. […] Lettre CXVI : « Un jeune fou demandait à Panétius si le sage pouvait être amoureux. […] nous vous demandons grâce. […] Je me jette à vos pieds, j’embrasse vos genoux, et je vous demande grâce pour tous ces malheureux.

683. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Ne pas chanter parce qu’il n’apercevrait pas autour de lui un besoin évident qui demande un organe, ce serait de sa part une défiance puérile. […] En effet, il n’y a pas un voyageur qui, en visitant l’abbaye de Westminster, n’ait demandé à voir le tombeau de Byron. […] La foule était lasse de l’adultère et de l’échafaud, et demandait impérieusement des émotions d’un ordre plus élevé. […] Ils partagent notre avis et n’osent l’avouer ; ils demandent s’il est utile de dire tout haut ce qu’on pense tout bas. […] Dans ces occasions, qui se représentent fréquemment, le critique ne demande au poète aucune reconnaissance.

684. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

demandez-vous. […] écrit merveilleusement, et il lui demande plus de descriptions que de baisers. […] Dans Mme Flammarion, on demande à une paysanne qui vit atterrir un ballon ce que sont devenus les aéronautes. […] Ne demandez rien, prenez tout. » Cela est encore féminin, si l’on veut, puisque raccrocheur. […] En face d’un événement de l’histoire, elle se demande souvent ce qui serait advenu de tout un peuple, cet événement supprimé.

685. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Si vous dites que c’est le même phénomène, mais avec quelque chose de plus, je demande d’où vient ce surplus. […] Elle demanderait ce que c’est qu’un corps, soit à la physique, soit à la chimie, soit à la physiologie. […] Je demande à l’école positiviste une définition de l’âme. […] Si l’on se demande sur quoi M.  […] On demandera comment on peut faire la science d’un objet qui n’existe pas.

686. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Philbert se l’est demandé et n’a rien répondu du tout. […] N’en demandons pas davantage. […] Au moins on demande la permission. […] Elle a quelque chose à lui demander. […] Elle demande à Eschine sa fille, comme Chrysis la sienne à Agamemnon.

687. (1903) La pensée et le mouvant

Ce serait lui demander encore de s’en tenir à une manipulation de concepts. […] On vint un jour me demander comment je me le représentais. […] Ravaisson, le genre de vision que nous devons demander à la métaphysique. […] À qui allait-il demander le rapport sur les progrès de la philosophie ? […] On ne lui en demandait probablement pas davantage.

688. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

C’est l’opinion, le jugement motivé d’un savant que nous demandons ici. […] ont demandé les uns. […] Tel qu’il avait paru en 1715, le livre ne semblait pas demander de suite. […] Encore faudrait-il bien savoir ce que lui demandait le frère de Prévost, et d’où La Place lui-même tenait ses renseignements. […] Je demande s’il en est un qui diffère davantage de celui de Voltaire.

689. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Ne demandez point à cette histoire les formes, les allures nouvelles, ces surprises de vues et de couleurs, ce paradoxe des conclusions, ni tout cet imprévu auquel maintenant l’on est fait et auquel on s’attend. […] Il n’a point cherché de ces effets qui renversent d’abord ; les choses neuves qu’il a à nous apprendre sur le règne de Henri IV, il ne les a demandées qu’à des séries de faits soigneusement assemblés et rapprochés avec méthode, avec force. […] Il demanda à ses alliés protestants, Suisses, Allemands, Anglais, Hollandais, des auxiliaires en nombre. […] Poirson a dressé (page 134 de son premier volume) une sorte de tableau synoptique de toutes ces prétentions et demandes de gouvernements et de provinces, dont quelques-unes en toute souveraineté. […] Si on demande d’où venait cet extrême regret, la réponse est prompte : De l’amour… Ces torrents de larmes inondèrent toute la campagne.

690. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Était-il possible, je le demande, qu’Horace Vernet vivant à Rome au sein d’une splendide nature, d’une belle race, de toutes les merveilles de l’art classique, en face des magnificences de Saint-Pierre et des pompes du Vatican, n’en fût pas touché, excité à se mesurer à sa manière avec ses nouveaux modèles, à s’exercer dans un genre plus noble et a y transporter ses qualités si, françaises ? […] Sa couleur était vraie, et telle qu’elle se voyait naturellement aux objets représentés ; il savait ce qu’il faisait, il faisait ce qu’il avait sous les yeux : que lui demandait-on de plus ? […] Il le demande à Horace qui lui fait un coup de canon vrai, tel qu’il en avait vu. […] Il revint donc à moi, me fit passer dans une pièce voisine, et me demanda si j’avais du temps à perdre. « J’ai là, ajouta-t-il, une toile toute tendue et toute prête à servir ; j’y veux peindre votre portrait que vous conserverez en souvenir de cette journée. […] La comtesse E… lui avait demandé de pouvoir assister à l’ébauche de son portrait ; lorsqu’elle le vit tomber sur la besogne comme un affamé sur du pain, elle resta toute stupéfaite.

691. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Elle connaît la route du n° 5817, où nous nous embrasserons comme des pauvres. » À Malte, qu’il croque en deux traits et qu’il définit « un rocher imprenable gâté par des fortifications qui demandent quarante mille hommes pour les défendre », ou encore « une belle maison encombrée de meubles dans laquelle on ne peut pas entier », — à Malte, Horace a un crève-cœur : « Les Anglais font la pluie et le beau temps, et exercent de ce point une influence effroyable. […] C’était un Napolitain, agent sanitaire remplissant les fonctions de médecin et venant nous demander de guérir son enfant qui avait mal aux yeux. […] Il ne songe point à se le demander. […] Cette formidable armée demandera un jour à combattre autre chose que des Russes ; plus elle fera de conquêtes, plus elle prendra son pays en horreur. […] … » Et comme Horace lui exprimait son désir de faire une visite en France : « L’empereur m’a dit alors, les larmes dans les yeux : « Allez, vous ferez ce qu’un galant homme doit faire ; si vous voyez le roi des Français, dites-lui bien que je partage tout son malheur ; que personne plus que moi ne peut le comprendre davantage, car je lui dois de connaître le bonheur dont vous me voyez jouir chaque jour : dites-lui tout ce qui pourra le convaincre de l’estime que j’ai pour ses grandes vertus et pour la fermeté de son caractère. » — « L’empereur me tenait la main ; nous sommes restés quelques minutes sans prononcer une parole, en proie à la plus vive émotion, et lorsque j’ai pu parler, je lui ai demandé s’il m’autorisait à répéter textuellement cette conversation.

692. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Viollet-Le-Duc, est certes conforme à l’idée qu’on en doit prendre, et rentre bien aussi dans le programme qu’avait tracé Virgile lui-même dans le beau temps : « D’autres sauront demander à l’airain ou au marbre de mieux exprimer la vie ; d’autres seront plus éloquents aux harangues, ou excelleront à décrire les astres et à embrasser du compas les révolutions des cieux ; mais à toi, Romain, il appartient de régir le monde et de gouverner les peuples : ce sont là tes arts, à toi… » Tel était aussi le Romain en architecture, dans cet art qui faisait comme partie intégrante de son administration et de son établissement politique en tout lieu ; tel il se montra dans la construction de son Panthéon, de ses thermes, de ses aqueducs, de ses amphithéâtres et de son gigantesque Colisée, dans tout ce qu’il n’empruntait pas directement des Grecs, se souciant bien plus du grandiose et de l’imposant que du fin et du délicat ; mais aussi, en ce genre d’installation souveraine, de glorification conquérante et historique, quand il lui arriva d’y réussir, il eut son originalité sans pareille et il y mit la marque insigne de son génie. […] La société, telle qu’elle se formait alors, toute féodale et religieuse, demandait aux constructeurs d’élever force monastères, force églises, des palais aussi, des châteaux surtout et des remparts. […] Certes, si je l’osais dire, Madame va bien exciter l’envie. » Et moi je demande : N’est-ce pas comme aujourd’hui ? […] Ce que demande M.  […] Delécluze, et lui demanda si on ne faisait pas courir un trop grand risque à son neveu en lui confiant une restauration si difficile et si dangereuse.

693. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Faugère nous dit : « On raconte qu’au pied de l’échafaud, en ces derniers instants où, entrevoyant les ombres redoutables de l’Éternité, les cœurs les plus fermes se troublent, les plus incrédules commencent à douter, Mme Roland demanda qu’il lui fût permis d’écrire des pensées extraordinaires qu’elle avait eues dans le trajet de la Conciergerie à la place de la Révolution. […] Faugère, d’accepter cette variante de la tradition, non plus que ce surcroît d’interprétation qu’il y joint, et puisqu’il faut revenir sur cette mort, l’une des plus belles qui existent, je demande à retracer les faits sans surcharge et dans leur simplicité. […] Faugère, de vouloir écrire ses dernières pensées, conçues pendant le trajet même ; qu’elle ait demandé du papier, une plume et de l’encre au pied de l’échafaud, qu’elle se soit exposée à ce refus, c’est impossible, c’est contradictoire, c’est petit, c’est puéril. […] mon ami, dit-elle à un autre prisonnier, je vais mourir pour la patrie et la liberté : n’est-ce pas ce que nous avons toujours demandé ?  […] Et ici, je demanderai à MM. les éditeurs et biographes de vouloir bien se mettre d’accord.

694. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Cette armée connaissait son avantage et ne demandait qu’à combattre. […] Je lui ai répondu qu’il fallait se laisser juger ; que les campagnes heureuses sautaient aux yeux, que les autres demandaient trop de discours en public pour en faire connaître le mérite. […] Demandez à La Rochefoucauld, à La Bruyère ! […] Quand le roi est mécontent de Gênes ou d’Alger et qu’il abîme leur ville pour les punir de leur mauvaise conduite, c’est une dépense et une vengeance de grand seigneur qui peut convenir au roi à l’égard de ses inférieurs ; mais que M. de Savoie prenne avec le roi, pour une ville qu’il ne peut pas assiéger, les mêmes airs que le roi prend avec une république, c’est ce que Son Altesse doit croire que Sa Majesté ne lui pardonnera peut-être jamais… » En même temps le duc, pour mieux en venir à ses fins, faisait demander à Tessé de prier Catinat « de sauver son honneur en s’avançant dans la vallée de Suse, de façon à lui permettre de partir honorablement de devant Pignerol sous prétexte de le combattre. ». On était au 23 septembre ; il promettait, pour donner de la marge, que le bombardement serait différé jusqu’au 26 inclusivement ; mais Catinat informé par Tessé ne put ni ne voulut faire ce mouvement qu’on lui demandait.

695. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Doué d’ailleurs des talents littéraires les plus éminents, il n’en avait tiré nul parti, n’avait entrepris aucun ouvrage, avait projeté toujours et s’était répandu, et véritablement épuisé, comme un Coleridge ou un Diderot chrétien l’eût pu faire, dans les charmes et les fatigues d’une conversation multiple qu’on lui demandait sans cesse et à laquelle il ne savait pas résister. […] Je lui avais envoyé sur sa demande les deux volumes que M.  […] Dans cet énoncé général, la proposition paraît si simple qu’on se demande peut-être ce qu’elle a de nouveau. […] On lui a opposé, d’une part, qu’il disait des choses trop évidentes et qui étaient tout accordées, et de l’autre, qu’il en demandait d’impossibles, en croyant pouvoir saisir et dérober le secret du génie, et en voulant suppléer au sens indéfinissable du goût. […] et que rien n’y ressemble moins que d’être toujours sur les épines comme aujourd’hui en lisant, que de prendre garde à chaque pas, de se questionner sans cesse, de se demander si c’est le bon texte, s’il n’y a pas altération, si l’auteur qu’on goûte n’a pas pris cela ailleurs, s’il a copié la réalité ou s’il a inventé, s’il est bien original et comment, s’il a été fidèle à sa nature, à sa race… et mille autres questions qui gâtent le plaisir, engendrent le doute, vous font gratter votre front, vous obligent à monter à votre bibliothèque, à grimper aux plus hauts rayons, à remuer tous vos livres, à consulter, à compulser, à redevenir un travailleur et un ouvrier enfin, au lieu d’un voluptueux et d’un délicat qui respirait l’esprit des choses et n’en prenait que ce qu’il en faut pour s’y délecter et s’y complaire !

696. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

La demande solennelle de mariage, faite à Dresde le 7 janvier 1747 par les deux ambassadeurs extraordinaire et ordinaire, le duc de Richelieu et le marquis des Issarts, fut suivie du mariage par procuration le 10, et de fêtes, feux d’artifice, concerts et galas, dont le détail nous est donné dans ce volume. […] Dans un charmant portrait, terre cuite, du sculpteur Le Moine, appartenant à notre excellent peintre Jadin, il m’est permis de voir, d’examiner en tous sens cet agréable et piquant visage : tout est riant, animé ; l’éclat du teint devait achever la grâce ; mais il y a ce nez dont il a déjà été plus d’une fois question, et qui inquiète ; on se demande comment il était : c’est un nez assez prononcé et qui, selon la remarque d’un fin physionomiste, promet déjà celui de Louis XVI. […] En en lisant le narré exact, on se demande où et comment était née cette longue et assommante torture morale et physique, à quelle époque elle s’était ainsi régularisée, réglementée avec un faste pédantesque, composée qu’elle était en partie d’anciens us et coutumes féodales et, en dernier lieu, d’idolâtrie asiatique, singulier mélange de magnificence, de luxe, de grossièreté et, pour tout dire, de barbarie. […] Le bon Dieu a voulu que je survive à celui pour lequel j’aurais donné mille vies ; j’espère qu’il me fera la grâce d’employer le reste de mon pèlerinage à me préparer, par une sincère pénitence, à rejoindre son âme dans le Ciel, où je ne doute pas qu’il demande la même grâce pour moi. » Elle mourut quinze mois après son époux (12 mars 1767). […] Après cet avantage célébré comme une brillante victoire, on se demanda ce qu’on ferait : le siège de Maëstricht, qui était le but indiqué, n’était pas encore devenu possible, les alliés couvrant la place.

697. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Présent à Austerlitz avec ses escadrons diminués, l’Empereur apercevant cette faible troupe demande quelle est cette cavalerie. […] « Le maréchal Soult demandait au roi d’Espagne de manœuvrer avec ses forces réunies devant lord Wellington, de manière à le tenir en échec, mais sans hasarder une action sérieuse, jusqu’à ce que l’armée du maréchal fût en mesure d’attaquer l’armée anglaise par son flanc gauche et ses derrières, sur la rive droite du Tage, et de lui couper toute retraite. […] Faite prisonnière des Anglais à la retraite de Porto, où son cheval fut blessé, elle demanda à être conduite à Wellington, qui lui offrit de suivre l’armée anglaise jusqu’à ce qu’elle pût rejoindre le régiment de son colonel. […] Le futur lord Wellington fit placer notre général à sa droite, et, en présence du commandant des guérillas et des officiers de notre escorte qui s’étaient mis à table, le traita avec la plus grande distinction. » C’est alors que Wellington adressa au général Franceschi les paroles d’éloge que j’ai citées plus haut ; mais il n’osa faire davantage ni accéder à la demande du général d’être considéré comme prisonnier des Anglais et envoyé en Angleterre. […] Une immense population couvrait l’Alhambra et la vaste promenade de l’Alameda, qui la sépare de Grenade ; hommes, femmes, enfants nous demandaient avec acharnement.

698. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Elle demanda pour toute grâce un prêtre fidèle à sa foi pour sceller sa mort du pardon divin. […] Il était glorieux à la famille royale d’offrir cette victime sans tache, impie au peuple de la demander. […] Fières de mourir avec l’innocence, elles s’approchèrent toutes humblement de la princesse avant de monter, une à une, sur l’échafaud, et lui demandèrent la consolation de l’embrasser. […] XIII « Une intention droite au commencement ; un dévouement volontaire au peuple représentant à ses yeux la portion opprimée de l’humanité ; un attrait passionné pour une révolution qui devait rendre la liberté aux opprimés, l’égalité aux humiliés, la fraternité à la famille humaine ; des travaux infatigables consacrés à se rendre digne d’être un des premiers ouvriers de cette régénération ; des humiliations cruelles patiemment subies dans son nom, dans son talent, dans ses idées, dans sa renommée, pour sortir de l’obscurité où le confinaient les noms, les talents, les supériorités des Mirabeau, des Barnave, des La Fayette ; sa popularité conquise pièce à pièce et toujours déchirée par la calomnie ; sa retraite volontaire dans les rangs les plus obscurs du peuple ; sa vie usée dans toutes les privations ; son indigence, qui ne lui laissait partager avec sa famille, plus indigente encore, que le morceau de pain que la nation donnait à ses représentants ; son désintéressement appelé hypocrisie par ceux qui étaient incapables de le comprendre ; son triomphe enfin : un trône écroulé ; le peuple affranchi ; son nom associé à la victoire et aux enthousiasmes de la multitude ; mais l’anarchie déchirant à l’instant le règne du peuple ; d’indignes rivaux, tels que les Hébert et les Marat, lui disputant la direction de la Révolution et la poussant à sa ruine ; une lutte criminelle de vengeances et de cruautés s’établissant entre ces rivaux et lui pour se disputer l’empire de l’opinion ; des sacrifices coupables, faits, pendant trois ans, à cette popularité qui avait voulu être nourrie de sang ; la tête du roi demandée et obtenue ; celle de la reine ; celle de la princesse Élisabeth ; celles de milliers de vaincus immolés après le combat ; les Girondins sacrifiés malgré l’estime qu’il portait à leurs principaux orateurs ; Danton lui-même, son plus fier émule, Camille Desmoulins, son jeune disciple, jetés au peuple sur un soupçon, pour qu’il n’y eût plus d’autre nom que le sien dans la bouche des patriotes ; la toute-puissance enfin obtenue dans l’opinion, mais à la condition de la maintenir sans cesse par de nouveaux crimes ; le peuple ne voulant plus dans son législateur suprême qu’un accusateur ; des aspirations à la clémence refoulées par la prétendue nécessité d’immoler encore ; une tête demandée ou livrée au besoin de chaque jour ; la victoire espérée pour le lendemain, mais rien d’arrêté dans l’esprit pour consolider et utiliser cette victoire ; des idées confuses, contradictoires ; l’horreur de la tyrannie, et la nécessité de la dictature ; des plans imaginaires pleins de l’âme de la Révolution, mais sans organisation pour les contenir, sans appui, sans force pour les faire durer ; des mots pour institutions ; la vertu sur les lèvres et l’arrêt de mort dans la main ; un peuple fiévreux ; une Convention servile ; des comités corrompus ; la république reposant sur une seule tête ; une vie odieuse ; une mort sans fruit ; une mémoire souillée, un nom néfaste ; le cri du sang qu’on n’apaise plus, s’élevant dans la postérité contre lui : toutes ces pensées assaillirent sans doute l’âme de Robespierre pendant cet examen de son ambition.

699. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Ne demandons pas à Boileau l’alexandrin de V.  […] Ne lui demandons pas non plus les procédés de style créés par Chateaubriand ou perfectionnés de nos jours, l’expression intense, violente, l’idée étouffée sous l’image, la phrase tronquée et pittoresque, débarrassée de ses appuis grammaticaux, réduite à ses éléments « sensationnels », et toute en « notes extrêmes ». […] n’en revenait-il pas toujours, pour faire admirer un passage de la Genèse, à « la douceur majestueuse des paroles », et ne demandait-il pas seulement, pour que tous les esprits en reconnussent la beauté, « une bouche qui les sût prononcer », et « des oreilles qui les sussent entendre » ? […] Mais surtout ces jouissances étaient des jouissances égoïstes ; il portait son moi au milieu de la nature, et ne demandait à l’exquise douceur des choses champêtres que le délassement, le rafraîchissement de son moi, et certaines commodités propres à faciliter l’exercice de sa pensée. […] Et de plus, un jardin bien dessiné, un potager bien planté, des melons et des fleurs, un jardinier qui porte ses arrosoirs, tous ces objets nettement découpés, tous ces détails sans ensemble, qui ne demandaient point d’adoration mystique, étaient bien plus dans ses moyens que les vastes campagnes pleines d’air où les contours se noient et les couleurs se fondent dans des harmonies d’une infinie délicatesse.

700. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

C’est le mètre de « l’offre et de la demande » caractéristique, selon la remarque de Nietzsche, d’une culture de commerçants. […] Il emploie donc dès lors, instinctivement et sans cesse, ce type de la taxation : à propos de tout ; donc aussi à propos des productions des arts et des sciences, des penseurs, des savants, des artistes, des hommes d’État, des peuples, des partis et même d’époques tout entières : il s’informe à propos de tout ce qui se crée, de l’offre et de la demande, afin de fixer, pour lui-même, la valeur d’une chose. […] Ces valeurs seules valent qui sont demandées, qui plaisent à la généralité, qui, par suite, sont déjà banalisées, qui sont cotées à la Bourse, qui répondent à des besoins très répandus ou susceptibles de se répandre largement. […] Le règne de l’offre et de la demande est donc le règne de l’Argent. […] On pourrait se demander si le portrait que M. 

701. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Ce misérable lui demanda cinquante francs ; madame Gros les donna. […] La Société des Sauveteurs de la Méditerranée, ne croyant pas pouvoir présenter deux candidats à la fois, demandait la récompense pour Édouard, ajoutant qu’une telle récompense serait considérée par son frère comme s’appliquant à lui-même. […] C’est toute la commune de Saint-François, à la Guadeloupe, qui vous demande de couronner Francilie. […] À son arrivée à Château-l’Évêque, ce monsieur, qui est médecin, demande immédiatement des renseignements sur cette jeune fille qui l’a frappée, et, après qu’on lui a dit ce qu’elle est, ce qu’elle fait : — Mais cette jeune fille, dit-il, mérite le prix Montyon ; je la signalerai à l’Académie. » Je ne sais si la signature de cet admirateur d’Emmeline figure parmi les innombrables attestations qui montrent l’estimé que l’on professe pour elle à Chancelade et à Château-l’Évêque ; mais ce qui est bien honorable pour cette jeune fille, c’est la notice qu’a faite sur elle M. le curé de Château-l’Évêque, notice composée avec un sentiment des plus justes, un tact parfait, et une pleine inconscience littéraire. […] Nous lui demandons trop de certificats ; nous voulons trop savoir ses origines.

702. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

C’est celle où Césarine, tombant aux pieds de son mari, lui demande grâce, pardon, indulgence plénière sur tous ses péchés, jusqu’à la minute où elle parle. […] Elle demande quatre millions, il en offre deux qu’elle accepte. […] Il va donc droit à M. de Montaiglin, lui conte, en l’arrangeant, son histoire, et lui demande l’hospitalité pour sa fille. […] Raymonde laisse enfin la virago noyer sa fureur dans un verre de bière qu’elle a demandé. […] Il demande à Octave s’il veut se déclarer le père d’Adrienne.

703. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

À ce ton dont Mme de Caylus raconte des choses réputées si importantes, on se demande ce qu’au fond elle en pense. […] Elle n’avait pas été élevée à Saint-Cyr, elle était venue trop tôt pour cela ; mais elle en vit les commencements ; et, un jour que Racine récitait à Mme de Maintenondes scènes d’Esther qu’il était en train de composer pour cette maison, Mme de Caylus se mit à les déclamer si bien et d’une voix si touchante, que Racine supplia Mme de Maintenonde demander à sa nièce d’y jouer. […] Ne lui demandez qu’une suite rapide de portraits et d’esquisses, elle y excelle. […] En ce sens complet et charmant, l’urbanité demande un caractère de bonté ou de douceur, même dans la malice. […] Mais là où je demande qu’on me permette de la suivre encore, c’est dans sa correspondance avec Mme de Maintenon.

704. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

On pourrait se demander peut-être à quelle lanterne on a affaire avec Camille : ne serait-ce pas à la simple lanterne de Sosie ou de Diogène, à celle dont lui-même, à la fin de sa Réclamation en faveur du marquis de Saint-Huruge (1789), il a dit : Pour moi, messieurs, rien ne pourra m’empêcher de vous suivre avec ma lanterne et d’éclairer tous vos pas. […] Target avait demandé un sursis pour l’abolition du droit de pêche, et il reçoit une adresse de remerciements de la part des anguilles de Melun : « Français, s’écrie là-dessus Camille Desmoulins, vous êtes toujours le même peuple, gai, aimable et fin-moqueur. […] Il ne s’en tient pas là, il demande ce qui serait arrivé si, au sortir de l’Assemblée, les membres qui avaient voté pour le décret avaient été assaillis par le peuple, qui leur aurait dit : « Vous venez de nous retrancher de la société, parce que vous étiez les plus forts dans la salle ; nous vous retranchons à notre tour du nombre des vivants, parce que nous sommes les plus forts dans la rue ; vous nous avez tués civilement, nous vous tuons physiquement. » Il est vrai que Camille ajoute que si le peuple avait voulu passer de la menace à l’effet, « si le peuple avait ramassé des pierres, il se serait opposé de toutes ses forces à la lapidation ». […] Je consultai ensuite mes amis, et leur demandai si je devais lui répondre pour confondre ses inepties, le faire rougir de son insigne mauvaise foi, et détruire, autant que je pourrais, le venin dont son nouvel écrit est rempli : ils m’observèrent tout d’une voix que lorsqu’un auteur tronque ou falsifie tout ce qu’il cite, en dénature le sens, vous prête des intentions qu’il est évident que vous n’avez point eues, un homme d’honneur ne doit point lui répondre, parce qu’il est au-dessous d’un homme d’honneur de prendre la plume contre un homme à qui l’on ne peut répondre que par des démentis ; que vouloir le faire rougir est une entreprise folle qui passe tout pouvoir humain ; que détruire ses discours, est inutile, parce que cet homme est trop connu pour être dangereux ; que, même dans ce qu’il appelle son parti, il ne passe que pour un bouffon, quelquefois assez divertissant, et qu’il serait difficilement méprisé par personne plus qu’il ne l’est par ses amis, car ses amis le connaissent mieux que personne. […] Après cela ne demandez à Camille, dans ces numéros, ni goût ni ton soutenu.

705. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Quand on aborde M. de Maistre, il ne faut point lui demander un système politique à proprement parler, ni des conseils pratiques, ni rien qui ressemble à de l’action. […] Il prit donc sur lui d’adresser un mémoire et une lettre à l’Empereur par Savary qui s’en chargea : il demandait à être appelé à Paris et admis à plaider confidentiellement devant l’arbitre des puissances. Cette demande ne fut point agréée ; mais tout prouve que Napoléon ne lui sut pas mauvais gré de sa tentative. […] Je me demande si je dois un jour la connaître. […] et combien y en a-t-il sur mille qui puissent se demander sans terreur : Qu’est-ce que j’ai fait en ce monde ?

706. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Les affaires secrètes auxquelles il avait été initié depuis son entrée dans l’empire musulman, et qui « ne se pouvaient révéler sans crime et sans péril », auraient seules demandé un gros volume. […] Craignant d’être arrêté dans l’armée, il demanda un congé au duc de Vendôme et voyagea en Italie pendant quelques mois (1705-1706) ; il fut à Venise, où il espérait peut-être que quelques ouvertures lui seraient faites, par lesquelles il pourrait rentrer décemment au service. […] Elle se réduit à lui demander bien peu dans ses alarmes pendant la campagne ; tout le monde écrit, excepté lui : Je vous prie seulement de dire une fois tous les huit jours à votre valet de chambre que vous avez une femme qui vous aime et qui demande qu’on lui apprenne que vous êtes en bonne santé. […] Parvenu à sa soixante-dixième année, il écrivait au marquis de Bonneval, son frère, avec qui il avait eu souvent contestation, mais sans jamais rompre : « Je suis souvent bien loin de moi par des réflexions fatigantes ; de fréquentes attaques de goutte, d’autres infirmités réelles, me forcent à vous demander conseil, comme au chef de la maison, sur un parti à prendre. » Le marquis lui répondit cette fois en frère, l’engageant à prendre le parti le meilleur et lui promettant de tout son pouvoir de lui aider.

707. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Voici un échantillon de la scène : s’étant écarté seul un moment de sa chaise de poste, et, étant entré dans une forêt de sapins assez claire, il si trouva en face d’un homme armé d’un long coutelas, qui lui demanda, en allemand, la bourse ou la vie, Beaumarchais, au lieu de sa bourse, tire de son gousset un pistolet, et, de l’autre main, il tient sa canne pour parer les coups. […] Après trente-deux représentations du Barbier, Beaumarchais, qui ne croyait pas que « l’esprit des lettres fût incompatible avec l’esprit des affaires », s’avisa de demander son compte aux comédiens. […] Recevoir, prendre et demander, voilà le secret en trois mots. […] Quelques jours après, c’était une lettre de lui qui courait et qu’on disait adressée à un duc et pair qui lui aurait demandé une petite loge grillée, d’où quelques femmes de la Cour voulaient voir la pièce sans être vues : Je n’ai nulle considération, monsieur le duc (disait Beaumarchais dans la lettre qui courait le monde), pour des femmes qui se permettent de voir un spectacle qu’elles jugent malhonnête, pourvu qu’elles le voient en secret ; je ne me prête point à de pareilles fantaisies. […] Dans une réponse pourtant qu’il fit à l’un d’eux (juin 1785), on lit : Vous me demandez s’il est vrai que le roi m’ait accordé des secours puissants dans ma détresse actuelle ; je n’ai pas plus de raisons de dissimuler les traits de sa justice, que je n’en eus de cacher l’affliction profonde où me plongea sa colère inopinée.

708. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VII. Suite du précédent. — Paul et Virginie. »

les rayons de soleil au matin, au haut de ces rochers, me donnent moins de joie que ta présence… …………………………………………………………………………………………… Tu me demandes pourquoi tu m’aimes. […] Je demande si instamment à Dieu qu’il ne t’arrive pas de mal !

709. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 31, de la disposition du plan. Qu’il faut diviser l’ordonnance des tableaux en composition poëtique et en composition pittoresque » pp. 266-272

Elle demande que tous les personnages soient liez par une action principale, car un tableau peut contenir plusieurs incidens, à condition que toutes ces actions particulieres se réunissent en une action principale, et qu’elles ne fassent toutes qu’un seul et même sujet. […] Un soldat ne doit pas être vêtu aussi richement que son general, à moins qu’une circonstance particuliere ne demande que cela soit ainsi.

710. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVII »

Albalat rejette « s’enquérir de l’heure » et préfère « demander l’heure qu’il est ». Eh bien, non : « Il demanda quelle heure il était », je trouve cela affreusement lourd et inharmonique, et je préfère, moi : « Il s’enquit de l’heure ». — Les larmes amères, les magnifiques ombrages, une douce extase, une activité dévorante, une impatience fiévreuse, etc., etc.

711. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Racine lui demande des conseils et reçoit des preuves de sa générosité. […] Il se refuse à une suppression demandée par Madame. […] Il lui demanda comment il avait appris la déclamation. […] Ce fut chez M. de Guénégaud, qui demanda L’Étourdi et Les Précieuses. […] » demanda aussitôt la duchesse.

712. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

sont-ce des découpures et des silhouettes géométriquement cadencées qu’on demande ? […] La sculpture est l’art silhouette par excellence, on lui demande à chaque instant des lignes heureuses. […] Le Réalisme ne veut pas d’école, il demande l’entière liberté dans l’art. […] » Ce que le sultan demandait, à propos de Phèdre, je le demanderai à propos des pièces de théâtre actuelles. […] il nous aurait pris nos romans ; mais ce banquier, quelle littérature va-t-il nous demander ?

713. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

» demanderez-vous. […] On me parle politique, et l’on me demande aux tables de whist. […] demande Spark. — Qui ? […] Je demande : « Comment sait-on ces choses-là ? […] nous demanderons-nous encore.

/ 2978