Du Chatelard, traité en enfant par l’indulgence et par le badinage de Marie Stuart, avait conçu pour sa maîtresse une passion qui allait jusqu’à la démence ; la reine l’encourageait trop pour avoir le droit de la punir.
Sublime et incalculable association de toutes les pensées dont les résultats ne peuvent être appréciés que par celui qui a permis à l’homme de la concevoir et de la réaliser !
Un Discours au roi, en tête du poème, prenait Louis XIV à témoin « qu’il n’y avait pas de présomption à un chrétien de croire que, par une supériorité dont il rendait honneur à Dieu, il faisait de la poésie mieux conçue, mieux conduite et plus sensée que celle des païens. » Boileau ne crut pas offenser Dieu ni déplaire au roi en ne ratifiant pas la bonne opinion que Desmarets avait de ses vers.
Et Wagner, sitôt cette question soulevée, y répond avec une certitude absolue : « Au contraire, la mélodie et sa forme comportent, grâce à ce procédé, une richesse de développement inépuisable et dont on ne pouvait, avant d’y avoir recours, se faire une idée. » Il l’affirmait, et l’on pouvait déjà s’en fier à lui ; mais l’audition de son œuvre apporte une telle preuve à l’appui de son affirmation qu’on reste confondu, non seulement du génie du compositeur, mais de la puissance et de la lucidité d’esprit de l’homme qui a conçu cette nouvelle « œuvre d’art », ainsi qu’il l’appelle.
Le Festpielhaus de Bayreuth, conçu par Wagner lui-même, a été inauguré en 1876.
Leurs œuvres furent toujours l’équivoque d’un visage dont ils ne concevaient pas la déterminante architecturale.
II On conçoit bien, quand on vient de le lire et qu’on s’est rendu compte de ses facultés, que son imagination ait été entraînée sans parti pris vers ces figures historiques d’une si puissante séduction ; car c’est la séduction, l’irrésistible séduction, qui est le caractère des Guise dans l’Histoire, et qui les y fait même plus grands qu’ils ne le furent en réalité.
… Proudhon et Bonald, les deux esprits philosophiquement les plus éloignés l’un de l’autre, et qui se rencontrent sur le terrain de la Famille telle que le Christianisme l’a conçue et l’a constituée.
Hugo travaille, la plus réussie comme il réussit, dans tous les cas, la plus profondément arrangée… et on le conçoit.
Conçue dans le système objectif de Renan, cette conscience momie, aux procédés froids, Madame Gervaisais n’est pas une étude plus vraie de la conversion d’une âme devenue chrétienne que l’histoire de Jésus-Christ, par Renan, n’est son histoire.
Mais si l’esprit consiste en général à voir les choses sub specie theatri, on conçoit qu’il puisse être plus particulièrement tourné vers une certaine variété de l’art dramatique, la comédie.
Le jeune homme pousse en avant avec la verve d’un poète qui conçoit un roman et sur-le-champ passe la nuit à l’écrire.
L’énoncé du problème à résoudre était ainsi conçu : Où s’instruisent et comment se forment, de l’autre côté de la Manche, les classes supérieures ou moyennes, où la politique recrute-t-elle ses parlementaires et ses diplomates, l’administration ses fonctionnaires, la guerre et la marine leurs officiers, l’industrie ses directeurs techniques, le commerce ses agents, la philosophie de si profonds penseurs, la littérature, l’histoire, la science tant de talents originaux ? […] Ernest Renan n’a conçu, pendant sa longue vie de méditation, qu’une seule idée : « l’élégance des contradictoires ». […] La suscription est ainsi conçue : À Monsieur, Monsieur le duc de Longueville. […] On conçoit que quelques-uns d’entre nous aient éprouvé le besoin de fuir cette atmosphère et cette compagnie. […] Il envoya au tsar, déjà campé sur les pentes des Balkans et séparé de Constantinople par une plaine ouverte, un commissaire impérial, porteur d’un message ainsi conçu : « Tsar, mon prédécesseur Nicéphore, de glorieuse mémoire, t’avait fait venir dans ces contrées afin de réprimer, avec l’aide de tes mercenaires, l’insurrection des Bulgares.
Il y a quelque part un petit discours sur l’astrologie qui est tout plein de bon sens spirituel, si bien qu’en vérité on le dirait dirigé contre la médecine : « Madame, tous les esprits ne sont pas nés avec les qualités qu’il faut pour la délicatesse de ces belles sciences qu’on nomme curieuses, et il y en a de si matériels, qu’ils ne peuvent aucunement comprendre ce que d’autres conçoivent le plus facilement du monde. […] Transformer tout en or, faire vivre éternellement, guérir par des paroles, se faire aimer de qui l’on veut, savoir tous les secrets de l’avenir, faire descendre, comme on veut, du ciel sur des métaux des impressions de bonheur, commander aux démons, se faire des armées invisibles et des soldats invulnérables : tout cela est charmant, sans doute ; et il y a des gens qui n’ont aucune peine à en comprendre la possibilité, cela leur est le plus aisé du monde à concevoir. […] Toutes ces belles raisons de sympathie, de force magnétique et de vertu occulte sont si subtiles et délicates, qu’elles échappent à mon sens matériel, et, sans parler du reste, jamais il n’a été en ma puissance de concevoir comme on trouve écrit dans le ciel jusqu’aux plus petites particularités de la fortune du moindre homme. […] Les vers suivants — éloge du Roi et de Colbert — sont généralement pénibles à considérer, et il est désagréable de rencontrer des lignes rimées, comme celles-ci : La grandeur y paraît, l’équité, la sagesse, La bonté, la puissance ; enfin ces traits font voir Ce que l’esprit de l’homme a peine à concevoir. […] Eh bien, donnons-lui monnaie de sa pièce et servons-lui une mercuriale un peu cuisante : C’est un étrange fait, qu’avec tant de lumières, Vous vous effarouchiez toujours sur ces matières, Qu’en cela vous mettiez le souverain bonheur, Et ne conceviez point au monde d’autre honneur.
J’y vois d’abord une situation dramatique très vraie, très bien conçue et très clairement composée ; il s’agit, comme dans Bajazet, comme dans Bérénice, d’un homme, un peu faible, mais bon et tendre, placé entre son ambition et son amour. […] Seulement, cette tragédie, le jeune Hugo ne l’a que conçue ; il ne l’a pas faite. […] La marquise, qui a passé la nuit au bal, veut expliquer au président pourquoi elle a les yeux battus — ou « abattus », comme dit George Sand dans sa correspondance avec Musset : ……..Enfin je me faufile au lit ; Mais concevez l’étonnement qui me remplit. […] Il a conçu un drame violent., c’est évident, et il l’a adouci en l’écrivant, obéissant à des préoccupations qui restent son secret. […] Seulement cette femme ainsi conçue, M.
Par bonheur, le roman est enfin libre, et pour dire plus, le roman, ainsi que le conçoivent encore M. […] Huysmans est de ceux-là : il ne fait plus de romans, il fait des livres, et il les conçoit selon un agencement original ; je crois que c’est une des causes pour quoi quelques-uns contestent encore sa littérature et la trouvent immorale.
L’Amour artificiel n’a rien de commun avec les livres sucrés, parfumés et obscènes, les romans grossiers, brutaux, également obscènes, conçus par des gens à qui de petites églises accordent, entre deux absinthes, ou le talent ou le génie ; c’est un livre écrit avec la conviction d’un cœur jeune, avec les sincères élans d’une conscience littéraire que n’ont pas amoindrie les compromissions avec telle ou telle sous-école ; pas de convention acceptée, pas de mot d’ordre reçu d’une coterie, pas de cette servilité du jour qui domestique un écrivain et le déshonore en lui infligeant une forme qui n’est pas la sienne : la sincérité, l’amour de la vérité, une rare facilité à saisir, un ensemble dont les détails sont en juste relation, telles sont les qualités maîtresses de l’amour artificiel. […] — Sais-tu comment je conçois Dieu ? […] Le un conçoit le personnage à créer, ou plutôt, car la conception appartient à l’auteur, il le voit tel que l’auteur l’a posé : c’est Tartuffe, c’est Hamlet, c’est Arnolphe, c’est Roméo ; et ce modèle, le deux le réalise. […] Dans quelles conditions fut conçu cet éternel chef-d’œuvre, M.
Bobèche se voyant le seul homme qui osât faire de l’opposition sous l’Empereur, conçut l’idée de se faire tout de bon un comédien, et de changer ses planches en plein vent contre un théâtre. […] J’ai conçu un rôle grandement, il me faudra descendre de ces hauteurs rêvées, si je veux être au niveau du pauvre diable avec qui je suis en scène. — Art étrange ! […] Tout ce personnage de l’affranchie amoureuse est ainsi conçu avec une grâce, une décence, une réserve inconnues aux Romains. […] … Mais véritablement cette tête s’égare, … Je ne la conçois plus ! Concevoir une tête !
Nous nous transportons en Corse avec les hautes idées que nous avons conçues du personnage, et c’est de l’admiration même que nous lui portons que naît la sévérité de notre jugement… » Cela est fortement pensé, mais il ne faut pas oublier que le plus grand homme est un homme. […] On ne comprend guère ni comment des hommes célèbres chez les Anciens ont avancé d’aussi étranges paradoxes, ni comment ils ont été renouvelés de nos jours par des hommes non moins célèbres ; mais, à la honte de la raison humaine, ce qu’on ne conçoit point du tout, c’est comment ces sophistes n’ont jamais été solidement réfutés. […] Je ne conçois pas comment un être sensible peut agir sans passion. […] Le traité de Sénèque n’ayant pas corrigé Néron, celui-ci dut concevoir secrètement une haine d’autant plus profonde contre un peintre hardi, qui mettait d’avance sous ses yeux le hideux portrait qui lui ressemblerait un jour. […] Je n’ai jamais conçu comment, au milieu de tant de colosses dont la hauteur nous humilie, on osait s’estimer quelque chose.
XVII Ici s’ouvre une des plus belles angoisses de conscience qu’il ait jamais été donné à l’homme de concevoir et d’écrire.
En vain la pensée se plongerait dans la méditation du problème de cette première origine ; l’homme est si étroitement lié à son espèce et au temps, que l’on ne saurait concevoir un être humain venant au monde sans une famille déjà existante…… Cette question donc ne pouvant être résolue ni par la voie du raisonnement ni par celle de l’expérience, faut-il penser que l’état primitif, tel que nous le décrit une prétendue tradition, est réellement historique, ou bien que l’espèce humaine, dès son principe, couvrit la terre en forme de peuplades ?
il n’y a ni cœur ni langue qui puisse te concevoir ou t’exprimer.
Mais ce que l’imagination du poète pouvait concevoir de plus grand, Pascal seul l’a surpassé par cette lutte sublime de la nature immatérielle qui, dans le temps de son union intime avec le corps, veut néanmoins s’en tenir séparée, et, dans la cohabitation même, se défend du contact.
Mais le cardinal devenant pressant, il fallut céder à l’homme à qui tout cédait ; ils finirent par lui adresser une lettre où ils développaient le plan qu’il avait conçu.
Il n’est pas impossible de concevoir quelles tendances, en règle générale, il faudrait encourager, quelles autres il faudrait réprimer, et dans quelle mesure ces deux opérations seraient à pratiquer.
Ce qu’il savait de contes, de proverbes, d’histoires à faire mourir de rire ne peut se concevoir.
Lamoureux, je conçois de véritables doutes sur la sincérité de leur patriotisme et je ne croirai jamais que les mêmes notes de musique insultent la France place Favart et la respectent dans un autre théâtre ou amphithéâtre !
Si même il est assez intelligent pour concevoir l’idée de l’univers il vit de la vie universelle.
« Ma mère m’avait conçue dans le malheur, raconte la bâtarde de la Louisiane ; elle me mit au monde avec de grands déchirements d’entrailles, on désespéra de ma vie.
On conçoit qu’un pareil concours de circonstances ne peut se présenter que rarement ; mais il suffit que ce concours soit possible pour que, si le fait de la réapparition d’une espèce perdue était quelque jour bien constaté, il ne puisse fournir une objection valable contre la théorie de descendance modifiée.
On conçoit que ces divers types ne purent sortir les uns des autres, mais se développèrent parallèlement en divergeant de plus en plus d’un type primordial commun, mal fixé, mal déterminé et très variable, étant sans lois héréditaires ; toutes les parties de cet être primitif, d’abord fonctionnellement identique, comme aujourd’hui encore chez les hydres, ayant pu successivement se localiser pour les mêmes fonctions dans un ordre différent et souvent inverse.
L’Anglais, naturellement sérieux, méditatif et triste, n’est point porté à regarder la vie comme un jeu ou comme un plaisir ; il a les yeux habituellement tournés non vers le dehors et la nature riante, mais vers le dedans et vers les événements de l’âme ; il s’examine lui-même, il descend incessamment dans son intérieur, il se confine dans le monde moral et finit par ne plus voir d’autre beauté que celle qui peut y luire ; il pose la justice en reine unique et absolue de la vie humaine, et conçoit le projet d’ordonner toutes ses actions d’après un code rigide. […] D’autre part, il se délivre de l’ennui, son ennemi capital, et contente son besoin d’action ; le devoir conçu donne un emploi aux facultés et un but à la vie, provoque les associations, les fondations, les prédications, et, rencontrant des âmes et des nerfs plus endurcis, les lance, sans trop les faire souffrir, dans les longues luttes, à travers le ridicule et le danger.
C’est de rectifier des faits d’abord — et ensuite d’élucider un peu la disposition, à mon sens, mal littéraire, mais conçue dans un but tellement respectable ! […] Tels vers de Kahn, conçus dans les formes jusqu’ici reconnues (il remarquera que je dis : Jusqu’ici reconnues, ne voulant rien préjuger, me rangeant au nombre des purs spectateurs bien plutôt sympathiques) me plaisent et plairont à d’aucuns davantage par ce fait même ; et je me vois, et vous vous voyez peut-être tentés de regretter que toute la pièce intitulée Eventails, qui est sa dernière production lyrique, ne soit pas écrite comme ceci : La nuit a des douceurs de brise dans les voiles Et sur les rois perdus de douceurs inconnues La blondeur de la nuit défaille en flot d’étoiles.
Pendant toute cette première partie de l’expédition, le maréchal Saint-Arnaud, on le conçoit, pétille d’impatience ; il voudrait tout hâter, tout concentrer dans sa main pour une exécution rapide ; il se sent pressé, il l’est plus qu’un autre, et ce n’est, en effet, qu’au prix de cette activité dévorante, de ce cri continuel d’appel, qu’à de telles distances et avec des éléments si nombreux et si disparates à concerter, on parvient à être en mesure pour l’occasion.
C’est le bon villageois, doux, humble, reconnaissant, simple de cœur et droit d’esprit, facile à conduire, conçu d’après Rousseau et les idylles qui se jouent en ce moment même sur tous les théâtres de société86.
On conçoit que des esprits sains, exercés par de longues années de vie publique, écrivent dans leur maturité des tables de la loi, des codes sociaux, des commentaires sur les gouvernements des nations, appropriés aux caractères, aux mœurs, aux traditions, aux âges, à la situation géographique des États, aux circonstances, même politiques, des peuples dont ils éclairent les pas dans la route de leur civilisation.
Il lui communiqua ensuite l’idée qu’il avait conçue d’agir auprès des deux premiers compétiteurs et des cardinaux de son parti pour l’exaltation du cardinal Chiaramonti, dès qu’il compterait avec certitude sur l’actif appui de ceux du parti Bellisomi.
Il annonçait ainsi qu’une nouvelle façon de concevoir la beauté réclamait son droit à la vie et à la lumière.
Prud’homme, on ne se l’imagine pas, n’est-ce pas, arrivant en lunettes d’or devant Dieu, auquel elle dirait : Architecte des mondes… » Gautier reprend tranquillement : « Nous admettons parfaitement l’inconscience avant la vie, ce n’est pas difficile de la concevoir après.
Mardi 22 juin Renan, qui pendant tout le dîner, a gardé un silence comme maladif, se met au dessert, à manger du Bossuet, sa bête noire, Bossuet chez lequel il ne trouve que de la faconde, et auquel il reproche de n’avoir pas conçu son Histoire universelle, à l’allemande.
Mais un tel argument n’a rien d’absolu, on le conçoit, quand on voit, à l’état sauvage, tant d’autres oiseaux huppés et même pattus, et d’autres qui revêtent les caractères les plus étranges et les plus inexplicables, sauf peut-être par les caprices de la sélection sexuelle, caractères qui parfois semblent, en une certaine mesure, mal adaptés, sinon complétement incompatibles, avec les habitudes de ces espèces.
L’enseignement d’une science, quelle qu’elle soit, pouvant être fait dans la langue de la nation, je conçois bien l’inconvénient, mais je suis encore à sentir l’avantage d’ajouter à la difficulté des choses celle d’un idiome étranger, dans lequel il est souvent difficile, quelquefois impossible, de s’expliquer sans employer des tours et des expressions barbares.
On assure que le poème cosmogonique d’Eureka est conçu en dehors des idées du xixe siècle, et rien n’est plus croyable, La prison du Cosmos écrase la vigueur d’Edgar Poe, qui n’a trouvé de délivrance ni dans Humboldt, ni dans Arago, ni dans les travaux des Académies ; car cet esprit ardent, qui a dévoré et digéré si vite les sciences humaines, a faim d’un aliment inconnu que les sciences humaines ne donnent pas, et il meurt de cette faim-là comme il est mort de l’autre, Ugolin deux fois !
Les hommes jugent de nous par l’attente qu’ils en ont conçue ; et le moindre défaut d’un auteur célèbre, joint avec les malignités du public, suffit pour faire tomber un bon ouvrage.
Cet empressement nous fait concevoir l’espérance — plus que l’espérance, — la certitude d’un relèvement littéraire pour l’Espagne, qui a déjà une littérature en pleine maturité, celle des chanteurs catalans, et à qui il ne manquait plus que de redorer, définitivement, le vieux blason intellectuel de Castille et de Léon. […] » La prose rythmée, telle que la conçoit maintenant Louis Tridon, partage la plupart des règles du vers blanc ; mais, en 1877, cherchant encore et tâtonnant, il avait déjà dépassé les conquêtes de Baudelaire, et les petits poèmes qu’il plaçait dans Chardons et Myosotis, presque tout à fait privés d’hiatus, composés d’une phrase soigneusement rythmée, d’un rythme accentué par des effets de répétitions, étaient remarqués par la critique comme d’heureuses trouvailles, et aussi par des imitateurs plus ou moins adroits qui s’essayèrent à s’en emparer. […] On discuta toute une soirée, chez les Sanchez, s’il convenait, malgré la crainte qu’on en pouvait concevoir d’un accueil froid, d’aller offrir leurs respects et leurs services aux arrivants.
Est-il contre la nature et contre l’âge de Romulus qu’il conçoive de l’amour pour elle ? […] Le premier que la rivalité sembleroit intéresser à la mort du prince, prend sa défense avec chaleur, et ne conçoit pas même qu’on puisse hésiter à lui faire grace. […] Conçoit-on que sur un pareil discours, Achile, qui vient exprès, pour épouser Iphigenie, la laisse aller, et qu’il s’amuse à interroger Eriphile, qui doit être la moins instruite ?
On conçoit, à la rigueur, que des talents fins, ingénieux, délicats, peu charmés de tous ces gros rouages qui grincent et crient sous des mains révolutionnaires, se détournent de l’arène bruyante et se consolent des brutalités du nouveau régime avec les gracieuses images de l’ancien. […] On conçoit aisément qu’un esprit supérieur, habitué à ne se contenter ni des vulgarités ni des surfaces, épris de ce travail attrayant et difficile qui consiste à extraire d’une masse de faits une essence d’idées, se soit passionné pour cette analyse et l’ait poursuivie, pendant vingt années, avec une patience infatigable, dans les cahiers des États, dans les archives des administrations publiques, dans les Mémoires inédits des intendances de province, dans les pièces originales, partout où il retrouvait ces mille fils plus ou moins visibles qui lient la Révolution à l’ancien régime. […] Assurément non ; mais il s’agit de démêler, pour le paysan comme pour le bourgeois et le noble, ce qu’il y a de vrai et ce qu’il y a de faux dans l’opinion générale ; et c’est un des principaux mérites du livre de M. de Tocqueville, que, conçu et écrit sans parti pris, il puisse redresser les erreurs sans irriter les passions, rectifier les idées sans froisser les sentiments. […] Pourtant ne chicanons pas trop l’éminent écrivain, et ne nous plaignons pas de voir les penseurs rester attachés à ce que la pensée humaine peut concevoir, dans l’ordre politique, de plus généreux et de plus grand. […] Je conçois très bien qu’un ouvrage didactique suspende ses considérations générales pour me raconter une histoire ; mais je comprendrais moins bien qu’une histoire générale s’interrompît pour me raconter une histoire personnelle : il y aurait là, par suite même du voisinage des genres, une chance de confusion qui contrarierait l’œil et altérerait l’effet de l’ensemble.
Voltaire dut accueillir aussi un disciple de cette poésie facile, spirituelle et brillante, qu’il ne concevait guère, pour son compte, plus profonde et plus sévère.
Il a arraché avec désespoir de ses entrailles l’idée qu’il avait conçue, et l’a montrée aux yeux de tous sanglante, mais vivante.
Ce fut alors aussi qu’il conçut et qu’il écrivit son poème épique, plus romain qu’italien, sur les victoires de Scipion en Afrique ; entreprise ingrate et malheureuse.
Personne ne le voit, l’âme des mortels le conçoit par la pensée ; il fait rapidement, chez les hommes, succéder au bonheur l’infortune.
En recevant le volume de poésies, Goethe reconnut vite un de ses disciples et de ses amis comme le génie en a à tous les degrés ; non content de faire à l’auteur une réponse de sa main, il exprima tout haut la bonne opinion qu’il avait conçue de lui.
Ces petits poëmes sont variés, parce que les incidents sont des faits réels, fidèlement observés et naïvement sentis ; et la langue en est relativement riche, parce qu’elle suffit à exprimer tout ce que pouvaient concevoir les esprits les plus ingénieux de l’époque.
Buffon conçoit le phénomène comme une supposition, mais il le raconte comme un spectacle dont il est témoin.
Cependant une certaine force de pensée et de style vous fait revenir au livre, et tel est l’attrait de la vérité, que ce poète sans oreille, ce Crébillon de la comédie, finit par se rendre maître de vous et vous force à marcher à travers les impropriétés d’un style rocailleux et barbare, jusqu’au dénoûment naturel d’une pièce bien conçue et, aux bons endroits, bien écrite.
Quand Rousseau conçut l’idée de son roman, il était, dit-il, sans amour et sans amitié, et, dans l’impuissance d’avoir ces deux choses, il les rêvait.
L’architecture ainsi a peut-être aidé parfois les littérateurs à concevoir leur œuvre comme un ensemble touffu, complexe et ordonné quand même, dont les différentes parties s’agencent en vue d’un effet harmonieux.
17 mai On ne conçoit que dans le repos et comme dans le sommeil de l’activité morale.
Autrefois ça m’aurait été égal, je me serais dit : je m’arrangerai pour être dans un autre compartiment, puis à la rigueur si je n’avais pu éviter mon monsieur désagréable, je me serais soulagé en l’engueulant, maintenant ce n’est plus cela, rien que l’appréhension de la chose, ça me donne un battement de cœur… Tenez, entrons dans un café, je vais écrire à mon domestique, que je reviens demain. » Et là, devant la paille d’un Soyer : « Non, je ne suis plus susceptible de supporter un embêtement quelconque… Les notaires de Rouen me regardent comme un toqué… vous concevez, pour les affaires de partage, je leur disais : Qu’ils prennent tout ce qu’ils veulent ; mais qu’on ne me parle de rien, j’aime mieux être volé qu’être agacé, et c’est comme cela pour tout, pour les éditeurs… L’action, maintenant, j’ai pour l’action une paresse qui n’a pas de nom, il n’y a absolument que l’action du travail qui me reste. » La lettre écrite et cachetée, il s’écrie : « Je suis heureux comme un homme qui a fait une couillonnade !
C’est d’abord le récit du projet conçu par les voleurs : Quand on est pègre 304, on peut passer partout.
On ne conçoit pas comment un homme d’esprit, sans entendre un seul mot de grec, a pu former le projet de mettre l’Iliade en notre langue ; comment, dans l’idée de réduire ce poëme, d’en retrancher le gigantesque, le puérile & le superflu, il l’a rendu plus long & plus chargé d’inutilités ; comment, d’un corps plein d’embonpoint & de vie, il n’en a fait qu’un squelette aride & désagréable.
Si j’avais été Italien de sang comme je le suis de cœur, aurais-je pu concevoir pour l’Italie une pensée plus filiale ?
Ce n’est que juste un siècle après sa mort que la France conçut de l’esprit nouveau de nouveaux germes poétiques, et qu’elle redevint capable d’enfanter ce que nos neveux verront naître et grandir, une poésie à grand foyer dans l’âme, à grand souffle et à grandes ailes, pour emporter aux siècles le nom propre et non le nom latin de notre patrie.