Jésus vivait avec ses disciples presque toujours en plein air. […] Tantôt, il s’asseyait sur les montagnes qui bordent le lac, où l’air est si pur et l’horizon si lumineux.
Quatrième faculté d’une Université Faculté de théologie99 Le prêtre, bon ou mauvais, est toujours un sujet équivoque, un être suspendu entre le ciel et la terre, semblable à cette figure100 que le physicien fait monter ou descendre à discrétion, selon que la bulle d’air qu’elle contient est plus ou moins dilatée. […] Chaque état a sa pantomime ; le maintien du prêtre doit être grave, son air réservé, sa figure imposante, ses mœurs austères.
Mais, fonctionnaire trop vivant pour s’encadrer exactement dans sa fonction sans la dépasser jamais, et s’endormir quand elle est remplie, c’est en courant des Archives d’un département aux Archives d’un autre département qu’il nous a écrit son Dick Moon, ce Guide des voyageurs comme on n’en avait pas encore vu, ce livre de poste intellectuel dans lequel, à travers tant de choses, l’Érudition trotte et galope, légère, court vêtue, en petite veste, les houppes rouges au fouet qui claque et qui cingle, et ne s’était point vue en pareil costume et à pareille course, cette formidable cul-de-jatte d’Érudition, décente Callipyge qui d’ordinaire reste assise et qui n’a jamais enlevé sa base de plomb dans les airs ! […] Il regarde le dedans et le dehors, le dessous comme le dessus des choses, l’envers et l’endroit, la ville en ruines, la ville bâtie, la ville partie, la ville qui reste, la grande tournure des monuments, le profil des maisons, la rue, le visage des passants, le paysage, et jusqu’à l’air ambiant et la lumière dans lesquels tout vit, se tient ou se meut !
Martin, avec son air posé et doux (je ne dirai pas son air de colombe, mais de bon gros pigeon pattu et pas trop rengorgé dans son jabot dormant), est plus résolu et tranche plus net que M.
, mais Musset sous un jour nouveau, abordant, avec l’air cavalier du dandy moderne, le monde antique si imposant et si grandiose, même alors qu’il va s’écrouler. […] et avec laquelle l’homme qui plaisante, s’il n’est pas Tacite, — un plaisant grave, — a toujours l’air de gaminer ?
Le Romantisme, l’échevelé Romantisme commence dans l’histoire littéraire par des accents d’une douceur, d’une retenue, d’une pureté infinies, en cela ressemblant à ces Grecs, ses ennemis, qui commençaient la bataille par un air de flûte. […] Quelle douleur que celle de cette Fonction, trop près de Dieu, où l’air n’est plus respirable pour une créature humaine, et quel amour de la mort, et quelle simplicité auguste dans la plainte !
Écrite en provençal, dans ce langage qui semble l’écho de tous les dialectes du monde italique, cette longue bucolique, où l’air qui vient de Grèce sur les flots de la Méditerranée a déferlé et se maintient grec sur les larges pipeaux de ce singulier pâtre du pays des Troubadours, peut soulever plus d’une question, mais non celle du talent. […] Il y a aussi un autre chant, intitulé Les Prétendants, où les trois rivaux du pauvre Vincent le vannier sont dépeints avec un détail si prodigieux et si vaste, qu’on dirait trois rois de contrées différentes qu’Alari, le berger, Veran, le gardien de cavales, et Ourrias, le loucheur, Ourrias, toute la tragédie de ce poème, qui se lève et que l’on pressent dès les premières strophes que lui consacre le poète… : « Ourrias, né dans le troupeau, élevé avec les bœufs, — des bœufs il avait la structure et l’œil sauvage, et la noirceur, et l’air revêche et l’âme dure !
C’étaient celles de tous les hommes qui peuvent faire des vers plus ou moins agréablement attendris et nous répéter, en y glissant leur faiblesse d’organe, des airs connus qu’on avait entendu mieux chanter ! […] — On dirait que la chanson caresse Et couvre de langueur le perfide instrument, Tandis que l’air moqueur de l’accompagnement Tourne en dérision la chanson elle-même !
Il est trop long pour que nous puissions le citer dans la variété de toutes ses modulations, mais dites si depuis les roucoulements des chœurs d’Esther ou d’Athalie vous avez vu des strophes de cette transparence tomber, avec ce mouvement de vapeur, dans un air léger : Une Vierge de Galilée Du nom de Marie appelée En ses deux lianes vous portera, Et dans une étable naîtra Le roi de la sphère étoilée ! […] au temps De sa royauté naissante, Tourbillonnait d’un pied sûr À mille pieds en l’air, sur Une corde frémissante !
Intellectuellement, l’auteur des Amours d’Italie ne s’est pas italianisé… Sa nature forte, mais épaisse, a résisté et ne s’est pas fondue à l’air transparent que ne respirèrent jamais impunément, même les Barbares… Il a été moins heureux que Beyle, Beyle l’esprit sec et cruellement positif, le Voltairien, l’Américain, l’anti-poétique, et dont cette magicienne d’Italie avait fini par faire… l’auteur de La Chartreuse de Parme, avec le droit d’écrire sur son tombeau : Ci-gît Henri Beyle, le Milanais. […] Fleur intarissable de fraîcheur et de parfum, dont La Fontaine fut l’abeille, Boccace est une imagination d’une telle légèreté, dans le sens de l’air et de la lumière, que La Fontaine, son imitateur, le buveur en cette coupe diaphane, que notre incomparable La Fontaine, malgré ses dons souverains de grâce et de langage, semble grossier dans sa gaieté charmante, quand on entend son rire gaulois et qu’on le compare au sourire éthéré de la fantaisie de Boccace !
Vous souvenez-vous de son Polisson du dernier Salon, de sa chevelure ébouriffée, de son chapeau clabaud, et de son air espiègle ?
Et parmi les rayons se balance un moment : Mais l’homme l’a frappé d’une atteinte trop sûre ; Il sent le plomb chasseur fondre dans sa blessure ; Son aile se dépouille, et son royal manteau Vole comme un duvet qu’arrache le couteau ; Dépossédé des airs, son poids le précipite ; Dans la neige du mont il s’enfonce et palpite, Et la glace terrestre a d’un pesant sommeil Fermé cet œil puissant respecté du soleil. […] Qui ne leur a envié la liberté de leurs voyages au milieu des airs, soit lorsque, roulés en masse par les vents et colorés par le soleil, ils s’avancent paisiblement comme une flotte de sombres navires dont la proue serait dorée, soit lorsque, parsemés en légers groupes, ils glissent avec vitesse, sveltes et allongés, comme des oiseaux de passage ? […] 2° Il était le poète monarchique né à la vie sociale avec 1814 et rien qu’avec 1814 ; il avait servi, chanté même la légitimité ; il aurait aimé par les dehors du moins, par la noblesse de ses goûts, à rester fidèle à l’antique tradition, à toutes les vieilles religions de race et d’honneur : et il en était venu, par l’expérience et en respirant l’air du siècle, à ne croire que bien peu aux dynasties et aux chefs d’État, et à concevoir même un sentiment de répugnance ou d’hostilité secrète contre tout ce qui est proprement politique, contre ce qui n’est pas de l’ordre pur de l’esprit. […] Je me rappelle que, quelques instants avant la séance, M. de Vigny en costume, mais ayant gardé la cravate noire, « par un reste d’habitude militaire », disait-il, rencontra dans la galerie de la Bibliothèque de l’Institut, et au milieu de la foule des académiciens, Spontini, également en grand costume et affublé de tous ses ordres et cordons74 ; il alla à lui les bras ouverts et lui dit d’un air rayonnant : « Spontini, caro amico, décidément l’uniforme est dans la nature. » Ce mot, qui de la part d’un autre eût été une plaisanterie, n’en était pas une pour lui et eût pu s’appliquer à lui-même. […] Leur voyage est sans grâces, Puisqu’il est aussi prompt, sur ses lignes de fer, Que la flèche lancée à travers les espaces Qui va de l’arc au but en faisant siffler l’air.
La réverbération du soleil contre les parois de marbre de la vallée incendiait l’air respirable ; nous cherchâmes, vers le milieu du jour, un abri sous un vaste caroubier, espèce d’oranger sauvage et gigantesque qui affecte la régularité immobile de l’oranger taillé par la main de l’homme, qui porte des fèves succulentes pour les chevaux du désert, et qui verse, de son dôme touffu et toujours vert, une ombre imperméable au soleil de midi. […] Une indescriptible impression de bien-être, de paix, d’existence, de sécurité, de plénitude des sens et du cœur, pénètre l’âme avec les rayons, avec l’air, avec le son, avec l’horizon sans bornes de la campagne de Rome ; on se sent noyé dans la béatitude du soleil d’été ; la vie surabondante écume et murmure, comme une cascade de Terni, dans la poitrine ; on craindrait de troubler par une parole, par le bruit même d’une respiration, l’extase qui vous soulève d’ici-bas on ne sait où ; on se tait, et ce silence est l’hymne inarticulé de la saison où l’homme fructifie avec l’herbe des champs. […] Les deux larges têtes des buffles, dans lesquelles on distingue l’obéissance affectionnée dans l’indépendance naturelle, tendent vers le marais leurs naseaux relevés ; on voit qu’ils aspirent de là l’air salin et marin de leurs mares habituelles, dans le marais au-delà du champ qu’on moissonne ; leurs yeux sont doux et résignés. […] XXII À gauche du timon, deux pfifferari, joueurs de cornemuse des Calabres, dansent lourdement aux sons de leur musette devant les buffles, comme pour célébrer la bienvenue du maître de la maison sur son champ ; leurs pas pesants et malhabiles touchent au grotesque sans dépasser le sourire ; l’ivresse de la récolte respire dans leurs pieds ; leurs coudes pressent l’outre musicale pleine d’air modulé ; l’ébriété est dans leurs épaules, dans leurs genoux. […] XXIV C’est là tout le tableau ; c’est-à-dire ce sont là tous les personnages ; mais l’expression profonde, variée, naïve, et pourtant auguste, de toutes ces figures ; mais les attitudes, ces physionomies du corps ; mais les costumes, ces draperies de la statue animée de l’homme et de la femme ; mais le geste, cette langue du silence ; mais l’ombre, cette contre-épreuve de la réalité des personnages ; mais le jour, cet élément de la couleur ; mais l’horizon, cet infini de la toile ; mais l’air, cet élément impalpable qu’en ne doit voir qu’on ne le voyant pas, quelle plume pourrait donner l’impression d’un tel pinceau ?
« Il dirige les vents au milieu des airs, comme sur les courants des ondes, et fait étinceler l’éclair de feu né dans l’espace. […] Il me dit que son frère était venu le chercher à Paris pour le mener en Normandie, dans sa famille, où le bon air des champs et les jeux de ses enfants lui rafraîchiraient la tête et lui rendraient les forces. […] Agitez un mouchoir, le blanc c’est son symbole, Elle décrit dans l’air la même parabole, Et vient chanter sur votre main. […] Vous savez que sur les hauteurs, où l’air trop raréfié et trop pur ne retentit pas, il n’y a pas d’écho. […] Le hasard me rendit témoin des tendresses vraiment paternelles de son frère et de ses amis, quand ils vinrent eux-mêmes à Paris le chercher, Benjamin de la famille, dans sa retraite de la rue Neuve-Coquenard, pour l’emmener sous le bras respirer chez eux, en Normandie, l’air vivifiant de l’été, et des loisirs, et du jardin de famille.
Les bombes éclatant en l’air, ne tombaient pas et demeuraient éternellement éclatantes. […] Grande femme échevelée, l’air poitrinaire et fou, valsant la taille presque entièrement ployée, la tête renversée, les cheveux balayant l’air, pâmée et défaillante, et qui faisait tournoyer indéfiniment sous vos regards, ainsi que sur un oreiller, le visage d’une convalescente, aux yeux demi-fermés, ne laissant voir que le petit point noir de sa pupille, à la bouche ouverte comme un cœur de fleur, où il y aurait de l’ombre. […] — À la campagne il semble que le matin, il y ait de l’air neuf. […] Elle porte rebroussés et relevés très haut, des cheveux bouffants et pommadés qu’on sent gros, et qui lui donnent l’air de ces femmes coloriées dans de petits cadres peints couleur d’or, et qu’on gagne aux macarons. […] Fin novembre On me parle aujourd’hui d’un homme sortant de Mazas, après une longue incarcération, et qui ne voulut pas se coucher, lorsque la nuit fut venue, ayant la peur de son petit appartement qui lui rappelait sa cellule, et emmenant avec lui, en plein air, en plein champ, des femmes qu’il fit promener avec lui, une partie de la nuit ; — puis soudain, sans raison, l’homme se mit à fondre en larmes, et demanda qu’on le laissât… pour pleurer à son aise.
Poète de talent à encourager si sa grisaille est voulue — et elle peut l’être si l’on « n’y souffle pas trop dessus » — et qui a eu quelques trouvailles : La fumée… Se tord d’un air diabolique Et va se corder dans les bois. […] La Route, aux arbres de pilotis, avant vêpres : Les cloches sont dans l’air, plus loin, derrière ces arbres. […] Des Néo-impressionnistes : l’Air du Soir de Cross ; — des Signac ; de la Rochefoucault, le portrait d’Erik Satie. — Des Luce. […] Point de louanges pour Filiger, la meilleure étant pour lui celle des paysans qui, après l’admiration des Georgin : ou Notre-Dame des Ermites en sa baraque-salon drapassementée de toiles rouges — ou saint Claude crossé et mitré, marchant au-dessus des églises — où le Christ aux évangélistes, fleuri parmi les palmiers — ou saint Biaisé et saint Guérin, symétriques alexis des épizooties — et tous les Christs sur tous les fonds d’aurore, de crépuscule, d’air et de mer ou de crêpe, — disent : Ce que vous faites est encore plus beau. […] Contrairement aux déductions de la rudimentaire et imparfaite logique, en ces pays solaires il n’y a pas d’ombre nette, et en Egypte, sous le tropique du Cancer, il n’y a presque plus de duvet d’ombre sur les visages, la lumière était verticalement reflétée comme par la face de la lune et diffusée et par le sable du sol et par le sable en suspens dans l’air.
À quelqu’un qui lui parlait de ses Sermons prêchés à la Cour, Massillon répondait : « Quand on approche de cette avenue de Versailles, on sent un air amollissant. » Il ne paraît rien de cet amollissement dans aucun des premiers discours de Massillon (1699-1715). […] C’est par cette ouverture pénétrante que Massillon s’attaquait au vif à l’incrédulité de son temps, à celle qui était le propre des hommes de plaisir, qui était encore de bel air et de prétention bien plus que de doctrine, et qui pouvait s’appeler du libertinage en réalité. […] Le recueil de chansons satiriques dit Recueil de Maurepas (Bibliothèque impériale) contient, en quatre ou cinq endroits, de grossiers couplets injurieux à Massillon ; et il importe, non de discuter, mais de repousser, et par la bouche de Massillon lui-même, ces accusations diffamantes, qui ne manqueraient pas de sortir tôt ou tard et que l’on viendrait produire d’un air de découverte et de triomphe11.
Cependant il montrait dans l’examen de la question autant de sérieux que La Motte y avait mis de légèreté et d’air mondain. […] À cette date de 1715, il célébrait déjà dans les Français une nation philosophe, une nation chez qui l’illusion pouvait prendre, mais durait moins que chez tout autre peuple : « La philosophie fait, pour ainsi dire, l’esprit général répandu dans l’air, auquel tout le monde participe sans même s’en apercevoir. » S’il avait écrit cinquante ans plus tard, l’abbé Terrasson n’eût pas dit autrement. […] Sa physionomie se prête peu aux nuances ; mais en tout il y respire un air de noblesse, d’ardeur sérieuse et de bonté.
Ce rêve qu’il décrit en détail et dont il nous donne toute la sensation et l’image, ce serait de passer tout un hiver seul cantonné sur ce haut mont, d’y avoir, sous un rocher capable de résister aux avalanches, une hutte assez solide et assez bien approvisionnée pour y vivre, et, là, spectateur curieux, observateur attentif, d’assister à des phénomènes qui n’ont jamais eu de témoin, de soumettre à des calculs, d’assujettir à des mesures le combat des éléments, la vitesse des vents, la puissance des neiges déplacées, les convulsions de l’air et de la terre : Non, s’écrie-t-il en se voyant à la place de l’observateur favorisé, non, ses jours ne seraient point livrés à l’ennui. […] On croyait avoir vu le Mont-Perdu, on ne le connaissait pas ; on n’avait nulle idée de l’éclat incomparable qu’il recevait d’un beau jour : Aujourd’hui, rien de voilé, dit Ramond, rien que le soleil n’éclairât de sa lumière la plus vive ; le lac complètement dégelé réfléchissait un ciel tout d’azur ; les glaciers étincelaient, et la cime du Mont-Perdu, toute resplendissante de célestes clartés, semblait ne plus appartenir à la terre… Tout était d’accord, l’air, le ciel, la terre et les eaux : tout semblait se recueillir en présence du soleil et recevait son regard dans un immobile respect. […] Ce n’était plus la lourde masse du Cylindre qui fixait exclusivement les regards : la transparence de l’air rectifiait les apparences qu’avait brouillées l’interposition de la nue ; la cime principale était rentrée dans ses droits ; elle ramenait à l’unité toutes les parties de cet immense chaos.
L’esprit et la grâce qui animaient ce petit corps, l’étincelle qui en jaillissait à la première rencontre, la hardiesse et l’aisance, le don de l’à-propos, un soin vif entrecoupé parfois d’un air de rêverie et rehaussé d’un grain de caprice, faisaient de lui la personne la plus agréable et la mieux accueillie, et en particulier, auprès des femmes et des grands. […] Il n’en témoigne rien toutefois, et n’en a pas moins l’air de marcher sur des roses. […] Voiture, en écrivant à son familier Costar, a pu d’ailleurs se donner les airs de parler une fois avec aisance sur un sujet qui d’ordinaire lui plaisait moins.
Dans une lettre à Mme de Senfft, au plus fort des luttes (19 décembre 1827) : « Je prends un plaisir extrême à voir cette vie passer comme l’oiseau qu’on entrevoit à peine, et qui ne laisse point de trace dans les airs. […] J’ai besoin d’air, de mouvement, defoi, d’amour, de tout ce qu’on cherche vainement au milieude ces vieilles ruines… Le Pape est pieux et voudrait lebien ; mais, étranger au monde, il ignore complètement etl’état de l’Église et l’état de la société. » Ses lettres de cette date sont tout entières à lire dans le volume ; elles exhalent des cris d’aigle et de prophète. […] « Vous êtes chargé, me dit-il, de l’impression d’un écrit de M. de Lamennais qui va faire bien du bruit ; mes ouvriers eux-mêmes ne peuvent le composer sans être comme soulevés et transportés ; l’imprimerie est toute en l’air.
M. le Duc, l’élève de La Bruyère, est peint par Saint-Simon avec des airs terribles, et par M. de Lassay sous un aspect tout simplement méprisable. […] Cette idée, jetée en l’air et à l’étourdie par un homme de grand talent, qui sait sans doute autant et mieux que personne son xviie siècle, mais dont le premier jugement est rarement juste et précis, a été soigneusement ramassée et amplifiée par les disciples et les esprits à la suite. […] La Bruyère a évité tout ce qui aurait donné à son recueil l’air d’un traité.
La liane y suspend dans l’air ses belles cloches Où les frelons, gorgés de miel, dorment blottis ; Un rideau d’aloès en défend les approches ; Et l’eau vive qui germe aux fissures des roches Y fait tinter l’écho de son clair cliquetis. […] Ce sont des chœurs soudains, des chansons infinies, Un long gazouillement, d’appels joyeux mêlé, Ou des plaintes d’amour à des rires unies ; Et si douces, pourtant, flottent ces harmonies, Que le repos de l’air n’en est jamais troublé. […] Les cigales dans l’air jettent leur note aride ; Les champs sont embrasés.
Israël et le Magnificat ; que tout ce qu’il y a de poésie dans le culte chrétien, l’encens, les chasubles brodées d’or, les longues processions avec des fleurs, léchant, le chant surtout aux fêtes solennelles, grave ou lugubre, tendre ou triomphant, l’a vivement exalté ; qu’il a respiré cet air, vécu de cette vie, et que, par conséquent, il a dû pénétrer plus avant dans le sens et l’intelligence de la musique chrétienne que beaucoup de jeunes gens qui, nourris des traditions de collège et ne voyant dans la messe qu’une corvée hebdomadaire, ne se seraient jamais avisés d’aller chercher de l’art et de la poésie dans les cris inhumains d’un chantre à la bouche de travers. » Et plus loin, insistant, sur le caractère propre, à ces chants grandioses ou tendres, et qu’il importe de leur conserver sans les travestir par trop de mondanité ou d’élégance, devançant ce que MM. d’Ortigue et Félix Clément ont depuis plaidé et victorieusement démontré, il dira (qu’on me pardonne la longueur de la citation, mais, lorsque je parle d’un écrivain, j’aime toujours à le montrer à son heure de talent la plus éclairée, la plus favorable, et, s’il se peut, sous le rayon) : « J’ai dit tout à l’heure, en parlant du Dies iræ, que je ne connaissais rien de plus beau ; j’ai besoin d’y revenir et de m’expliquer. […] mais, peu à peu, le retour de ces mélodies monotones vous pénètre et vous imprègne en quelque sorte, et pour peu que des souvenirs personnels un peu tristes s’y ajoutent, vous vous sentirez pleurer sans songer seulement à juger, à apprécier ou à apprendre les airs que vous entendez. […] Si je suis homme d’industrie ou de commerce, que j’habite une rue du centre, que j’aie une famille, des enfants qui aient besoin d’air et de soleil, je puis, sous le plus beau gouvernement de discussion et de discours pour ou contre, n’avoir pas la liberté de leur procurer un jardin, une promenade salubre à portée de chez moi ; j’ai au contraire cette liberté, si j’habite en 1863 près de la Tour-Saint-Jacques où l’on a créé pour les habitants du quartier un commode et riant jardin déjà plein d’ombrage.
Le second ami, qui est, lui, un pur sceptique, et de ceux qui sous ce nom modeste savent très-bien au fond ce qu’ils pensent, est entré brusquement, m’a abordé d’un air contrarié et presque irrité, comme si j’y étais pour quelque chose, et m’a dit, — vous remarquerez que je n’avais pas encore ouvert la bouche : « Tu me diras tout ce que tu voudras (j’oubliais encore d’ajouter que ce second ami est un camarade de collège et qu’il me tutoie), ce livre est une reculade. […] Gustave d’Eichthal, une intelligence élevée, consciencieuse, tenace, imbue d’une religiosité forte et sincère, en quête, dès la jeunesse, de la solution du grand problème théologique moderne sous toutes ses formes, s’était appliqué avec une incroyable patience à une comparaison textuelle des Évangiles et en avait tiré des conséquences ingénieuses qui ont, à la fois, un air d’exacte et rigoureuse, vérité2. […] Là où il y a excès dans le précepte et un air de folie, ce délire qui est un délire de tendresse pour les hommes, est un des plus beaux qui soient jamais sortis d’une âme exaltée et compatissante.
Le dernier donne à l’autre un air de confiance, de certitude absolue, et laisse jour cependant à bien de l’habileté et même de la prudence. […] Chacun, dans les résumés et les récapitulations qu’il donne de sa vie passée, s’arrange sans doute pour faire le moins de mea culpa possible et pour se rendre justice par les meilleurs côtés ; mais, quand on y regarde avec lui, on ne peut s’empêcher d’être en cela de l’avis de M. de Girardin sur lui-même : parmi les députés de la Chambre de 1846, il fut l’un de ceux qui se laissèrent le moins abuser par le spectacle des luttes oratoires, et qui, ne se réglant en rien sur le thermomètre intérieur de la Chambre, restèrent le plus exactement en rapport avec l’air extérieur : il fut, de tous les conservateurs de la veille, celui qui, avec M. […] Tout dépendait de la bonne contenance ; un faux pas, un air d’indécision eut tout perdu.
Je donnerai de ce Portrait peu connu les principaux endroits ; et le physique d’abord, — ayez soin seulement de le rajeunir un peu en idée pour voir Louis XV dans ce premier éclat de beauté dont chacun a été ébloui : « La figure de Louis XV était véritablement belle ; il avait les cheveux noirs et bien plantés, le front majestueux et serein ; ses yeux étaient grands, son nez bien formé ; sa bouche était petite et agréable ; il n’avait pas les dents belles, mais elles n’étaient pas assez mal pour défigurer son sourire, qui était charmant, Un air de grandeur très remarquable était empreint sur sa physionomie, qui était encore rehaussée par la manière dont il s’était fait l’habitude de porter sa tète. […] Cependant un désir sourd de ne pas paraître toujours dominé lui faisait prendre quelquefois des airs glacés et des regards de maître, qui imprimaient la terreur aux plus audacieux et déconcertaient ceux qui se croyaient le plus avant dans sa confiance : dans ces moments, sa faiblesse semblait vouloir s’étayer de tout ce que le pouvoir a d’imposant ; mais les ministres qui le connaissaient bien savaient qu’il ne fallait que gagner du temps et qu’en multipliant les intrigues, la persévérance les ferait toujours venir à bout de leurs desseins. […] » — Le crédit et la considération ; de la reine parurent tomber dès ce moment ; d’autres observateurs encore que ; Voltaire, et très attentifs à tous les changements d’air de la Cour, en ont fait la remarque.
Chose plus piquante, irritante même, cette méthode exclusive avait l’air de tomber d’un air de rapidité et d’aisance. […] Quand on lui en sert au théâtre ou en roman d’un air d’ogre, il hausse les épaules et tourne la tête de dégoût. […] Cette miss Nevil, avec sa grâce de jeune fille pourtant audacieuse, adoucit à point la couleur sans l’amollir ; un air de décence et de pureté virginale circule.
Ils n’ont plus l’air, dirait Verlaine, de croire à leur bonheur. […] Le voici prisonnier d’un lycée, voué à la solitude de l’âme, frileusement replié sur lui-même, s’étiolant dans l’ombre des dortoirs et des cours, comme une plante privée d’air et de soleil. […] La jeunesse n’était pas instruite de ces choses, mais elle les respirait dans l’air du temps et en recevait, à son insu, une fièvre de spiritualité et tous se sentaient aussi aspirés par un besoin effréné d’affranchissement qui leur vient d’une autre source, du fond des doctrines libertaires.
Quoi qu’il en soit, Lebonnard, qui a écouté, de son air narquois, cette palinodie, approuve fort M. de Cygneroi d’enterrer si lestement son amour défunt. […] Il fallait un exorcisme à cette scène démoniaque ; l’air avait besoin d’être purifié. […] Elle a besoin de luxe, comme on a besoin d’air.
Cette forme est plus frêle que l’aile d’un papillon, plus prompte à s’évanouir que la goutte de rosée suspendue à un brin d’herbe au soleil ; un peu d’air agité par votre main, un souffle, un son deviennent ici des agents puissants qui peuvent anéantir en une seconde ce que dix-sept siècles, peut-être, de destruction ont épargné. […] Je ne veux pas, censeur trop difficile, Blâmer un jeu que permet le salon, Mais je vous dis que, sous un air futile, Ce jeu vous donne une grave leçon. […] [NdA] L’auteur a indiqué l’air : Le Fil de la Vierge (par Scudo).
Voyez, après les luttes des arminiens et des gomaristes, de quel air superbe Sparanus Buyter, la poche pleine des florins de Maurice de Nassau, dénonce Josse Vondel, et prouve, de par Aristote, que le Palamède de la tragédie de Vondel n’est autre que Barneveldt ; rhétorique utile, d’où Buyter extrait contre Vondel trois cents écus d’amende et pour lui une bonne prébende à Dordrecht. […] Les autres piétinèrent dessus pour lui ôter son air de terre fraîchement remuée, un des assistants prit pour sa peine le sac comme le bourreau prend la défroque, on sortit de l’enclos ; on referma la porte, on remonta en fiacre, et sans se dire une parole, en hâte, avant que le soleil fut levé, ces hommes s’en allèrent. […] Il ne va plus à l’air de notre époque.
On dirait aussi qu’elles tentent d’attirer les désirs épars dans l’air : leur poésie me semble souvent une nudité aguichante. […] Mais mon rêve est empli d’air, d’ombre, de soleil. […] Enfin, c’est l’enivrement du soleil d’Afrique, de la vie au grand air. […] Près des sources dont se gorgèrent les ciguës, La violente odeur des foins imprègne l’air. […] Elle lui reproche « de ne pas mourir à cause d’elle, inviolable, de respirer l’air de sa vie et de sa maison sans qu’il en fût bouleversé à l’image de Werther ou de Dominique ».
Charles Frémine, le plus connu des deux, a, dans ses recueils (Floréal ; Vieux airs et jeunes chansons), consacré çà et là d’excellents vers à son pays.
ne sçauroit mentir. cette ironie a pourtant bien de l’air d’un démenti. […] On me les allegue encore avec un air victorieux, comme si elles devoient avoir une nouvelle force dans la répétition. […] J’ai tout l’air d’un sçavant, et je m’enorgueillis presque de cet assemblage d’autoritez ; mais il ne faut point se donner pour ce qu’on n’est pas. […] Il envelope la maxime sous un sentiment direct ; ce qui sans rien faire perdre au lecteur de la vérité générale, à l’air plus naturel et plus animé. […] Il y a là un air trop sententieux, et de plus, une petite énumeration qui ne convient point du tout dans un moment si pathétique.
Son sang rougissait à l’air et présentait ses propriétés physiologiques normales. […] Tous les éléments organiques du corps vont alors être atteints, parce qu’un élément indispensable à tous, l’air ou l’oxygène, va manquer dans le sang, leur milieu organique. […] La vie suspendue revint : l’ânesse leva la tête et regarda autour d’elle ; mais, l’introduction de l’air ayant été interrompue, elle retomba dans la mort apparente. […] Nous trouvons dans ce milieu liquide les conditions de température, l’air et les aliments dissous dans l’eau, car, ainsi que nous l’avons dit ailleurs7, tous les éléments organiques actifs qui composent notre organisme sont nécessairement aquatiques, et ce n’est que par un artifice de construction que notre corps peut exister et se mouvoir dans l’air sec. […] Priestley, Expériences et observations sur différentes espèces d’airs, t.
Il est à remarquer que si l’élégance a toûjours l’air facile, tout ce qui a cet air facile & naturel, n’est cependant pas élégant. […] Ainsi les tableaux de Paul Veronese ont un air plus facile & moins fini que ceux de Michel-Ange. […] Il n’y a que la fierté dans l’air & dans les manieres qui choque ; elle déplaît dans les rois mêmes. […] L’air décent est nécessaire par-tout : mais l’air grave n’est convenable que dans les fonctions d’un ministere important, dans un conseil. […] On ne pardonne pas à qui veut en imposer par cet air d’autorité & de suffisance.
Des parfums vertigineux se dégageaient des fleurs ; l’air grisait, on était fou de lyrisme et d’art. […] Cela donnait l’air fatal, byronien, giaour, dévoré par les passions et les remords. […] Il ne portait pas son Romantisme arboré comme un panache et n’affectait pas de ces airs truculents si fort à la mode dans l’école. […] Tous les souffles orageux qui traversaient l’air faisaient tressaillir et vibrer son organisation nerveuse. […] Le cavalier supraterrestre, tout en causant, se tourne vers Faust d’un air léger et négligent ; l’air qui fouette à sa rencontre n’existe pas pour lui ; il ne sent rien, son cheval non plus ; ni un cheveu ni un crin ne bougent.
Celui du Belier sur-tout est recommandable par des critiques pleines de finesse, & par un précepte donné, sans air de prétention, aux Gens de Lettres : Belier, mon ami, je t’en prie, commence par le commencement, On lui attribue les Mémoires du Comte de Grammont, qui sont très-bien écrits, & qu’on peut proposer comme un modèle à suivre dans ces sortes de Productions.
L’air de sincérité qui regne dans toute sa narration, les sages réflexions dont elle entremêle ses récits, font trouver grace à son style quelquefois prolixe & languissant, mais simple, naturel.
Celui-ci est placé vis-à-vis du mauvais tableau de Pierre, sur lequel vous jureriez à son air moqueur et au coin de sa lèvre relevé, qu’il fait une épigramme.
Je ne sais quel goût de distinction native : se sent toujours chez ceux qui, jeunes, ont eu de ces religions secrètes ; même quand l’heure de l’érudition est venue, on se dit en les lisant, et on devine à un certain air, que la poésie a passé par là. […] Ce même matin sur les onze heures, l’abbé Tallemant (que l’on appelait le père Tallemant pour le distinguer d’un autre abbé Tallemant son neveu, tous deux de l’Académie française), l’abbé Tallemant vint donc sur les onze heures du matin, et d’un air fort empressé apporta à ma mère une copie de ce sonnet qu’il avait copié lui-même pour elle. […] Lord Chesterfield écrivait, en janvier 1750, à son fils, qu’il voulait former au parfait bon ton, et dont l’étoffe était si rebelle : Lorsque vous voyez qu’un homme est universellement reconnu pour agréable, bien élevé, aimable, en un mot pour un parfait gentilhomme, tel, par exemple, que le duc de Nivernais, examinez-le, suivez-le avec soin, remarquez de quel air il s’adresse à ses supérieurs, sur quel ton il est avec ses égaux et comment il traite ses inférieurs. […] — Messieurs de la Régence et des années qui ont suivi, nous en avons trop fait, et plus encore par genre et par bel air que par tempérament et par nature, et c’est ce qui tue ; nous ne sommes plus gaillards et drus d’humeur, comme l’était, par exemple, un Vivonne aux belles années de Louis XIV. […] D’ailleurs, des vers faciles, ce qu’on appelait alors des vers aimables, qu’il semait partout sur les albums de Moulin-Joli, d’Ermenonville, quand Ermenonville fut à la mode, comme il avait fait à Strawberry Hill ; des chansons-romances dont quelques-unes valent celles du président Hénault, par exemple, la chanson intitulée Mes souhaits, sur l’air de la romance du Barbier de Séville : D’aimer jamais si je fais la folie, Et que je sois le maître de mon choix, etc.
« Le cygne : Ma vie tranquille se passe dans les ondes, elle n’y trace que de légers sillons qui se perdent au loin, et les flots à peine agités répètent comme un miroir pur mon image sans l’altérer. » « L’aigle : Les rochers escarpés sont ma demeure, je plane dans les airs au milieu de l’orage ; à la chasse, dans les combats, dans les dangers, je me fie à mon vol audacieux. » « Le cygne : L’azur du ciel serein me réjouit, le parfum des plantes m’attire doucement vers le rivage, quand, au coucher du soleil, je balance mes ailes blanches sur les vagues pourprées. » « L’aigle : Je triomphe dans la tempête quand elle déracine les chênes des forêts, et je demande au tonnerre si c’est avec plaisir qu’il anéantit. » « Le cygne : Invité par le regard d’Apollon, j’ose me baigner dans les flots de l’harmonie ; et reposant à ses pieds, j’écoute les chants qui retentissent dans la vallée de Tempé. » « L’aigle : Je réside sur le trône même de Jupiter : il me fait signe et je vais lui chercher la foudre ; et pendant mon sommeil, mes ailes appesanties couvrent le sceptre du souverain de l’univers. » « Le cygne : Mes regards prophétiques contemplent souvent les étoiles et la voûte azurée qui se réfléchit dans les flots, et le regret le plus intime m’appelle vers ma patrie, dans le pays des cieux. » « L’aigle : Dès mes jeunes années, c’est avec délices que dans mon vol j’ai fixé le soleil immortel ; je ne puis m’abaisser à la poussière terrestre, je me sens l’allié des dieux. » « Le cygne : Une douce vie cède volontiers à la mort : quand elle viendra me dégager de mes liens et rendre à ma voix sa mélodie, mes chants jusqu’à mon dernier souffle célébreront l’instant solennel. » « L’aigle : L’âme, comme un phénix brillant, s’élève du bûcher, libre et dévoilée ; elle salue sa destinée future, le flambeau de la mort la rajeunit en la consumant. » XLVIII Mais rien ne surpasse son analyse et sa traduction du drame de Faust, par Gœthe, et cette scène à laquelle ni l’antiquité ni Shakespeare n’ont de scène tragique à opposer. […] Si seulement nous avions déjà passé la montagne… L’air est si froid près de la fontaine. […] Enfin, dans ses rêveries, n’a-t-il pas joui de l’air comme l’oiseau, des ondes comme un chasseur altéré, des fleurs comme un amant qui croit respirer encore les parfums dont sa maîtresse est environnée ? […] L’air du Midi les a-t-il enivrés de sa suave langueur ? […] Je t’envoie quelques vers que j’écrivis tristement le soir, en remontant à travers une forêt de châtaigniers, au château de V***, où l’on se moqua un peu de ma ferveur et de ma déception ; mais je me suis bien gardé de les envoyer à madame de Staël, etc., etc. » LVII La rencontre que je racontais ainsi à mon ami avait lieu précisément le jour et à l’heure où le canon de Waterloo foudroyait du dernier coup la fortune de Napoléon et rendait l’air libre à madame de Staël.
Après cela, j’ai examiné quels étaient les premiers et les plus ordinaires effets qu’on pouvait déduire de ces causes ; et il me semble que par là j’ai trouvé des deux, des astres, une terre, et même sur la terre de l’eau, de l’air, du feu, des minéraux, et quelques autres telles choses, qui sont les plus communes de toutes et les plus simples, et par conséquent les plus aisées à connaître. […] Il croit qu’il a déduit de l’eau, de l’air, du feu, des minéraux et quelques autres telles choses. […] Nous qui avons vu tout le progrès et les développements de la physique depuis Descartes et qui les voyons tous les jours, que pouvons-nous penser d’une telle qualification et, par suite, d’une telle affirmation que les cieux, les astres, une terre, et même sur la terre de l’eau, de l’air, du feu, des minéraux et quelques autres telles choses seraient les plus communes de toutes et les plus simples, et par conséquent les plus aisées à connaître. […] Cette proposition de Descartes que les cieux, les astres, une terre, de l’eau, de l’air, du feu, des minéraux et quelques autres telles choses seraient les plus communes de toutes et les plus simples, et par conséquent les plus aisées à connaître nous paraît aussitôt saugrenue. […] Quand au lieu de regarder une idée en l’air, tout à coup elle est prise au sérieux, c’est cela qui est, et qui fait, une révolution.
On ne vit jamais un isolement plus complet de l’air ambiant. […] La peur de sembler un pharisien, l’idée, tout évangélique du reste, que l’immaculé a le droit d’être indulgent, la crainte de me tromper si, par hasard, tout ce que disent les professeurs de philosophie n’était pas vrai, ont donné à ma morale un air chancelant. […] De même, en politique, je tiens des propos réactionnaires pour n’avoir pas l’air d’un sectaire libéral. […] Les sonneries pieuses de l’Angélus du soir, se répondant de paroisse en paroisse, versaient dans l’air quelque chose de calme, de doux et de mélancolique, image de la vie que j’allais quitter pour toujours. […] Mes vieux prêtres de Bretagne savaient bien mieux les mathématiques et le latin que mes nouveaux maîtres, mais ils vivaient dans des catacombes sans lumière et sans air.
« Comme le morceau capital dans l’ancien Opéra était l’air monologué, et que le chanteur avait coutume de le chanter en plein visage du spectateur, il s’ensuivait que les duos, trios, ensembles, se chantaient de la même façon. » Qui ne comprend qu’il est absurde, et contre toute vérité, qu’un chanteur vienne chanter, la face tournée vers le public, surtout quand il doit s’adresser à un personnage en scène ? […] C’est, en effet, de l’importance donnée, contre toute vraisemblance, à l’air monologué qu’est résultée cette habitude de se tourner vers le public pour chanter, même dans les ensembles. […] Après avoir chanté son air, l’acteur remonte un peu vers le fond de la scène et finit de parler à quelques seigneurs sans importance ; lorsque c’est un duo, les deux acteurs chantent, faisant face au public, toujours avec des mouvements alternés des bras ; pendant la ritournelle, ils font une sorte de chassé-croisé, l’un passant derrière l’autre, et se retrouvent en place pour chanter le second couplet. […] Du fond, à droite, surgit un groupe marchant lentement et d’un air accablé. […] Pendant que Gurnemanz et Parsifal ne font plus attention à elle, elle se débat, dans une lutte ardente, contre la fatalité qui l’entraîne, tremble violemment, puis laisse tomber ses bras d’un air découragé, et semble s’abîmer dans la forêt.
Entre un jeune homme à l’air innocent, qui pose sur le comptoir des gravures, et demande ce qu’on veut lui en donner. […] Il disait encore : « La musique, je crois encore que j’étais né pour en faire, c’est étonnant comme les airs m’arrivent naturellement, et il chantonnait un air qui était une réminiscence de : Au clair de la lune… » Seulement chez lui, aucune bêtise administrative… Il a été toujours charmant pour moi, ne me demandant que de me faire couper les cheveux… Ce qu’il y a de curieux, c’est par quoi je l’ai séduit. […] ……………………………………………………………………………………………………… Tourguéneff. — Moi, pour travailler, il me faut l’hiver, une gelée comme nous en avons en Russie, un froid astringent, avec des arbres chargés de cristaux, alors… Je travaille cependant encore mieux en automne, vous savez, par ces temps où il n’y a pas de vent, pas de vent du tout, où le sol est élastique, où l’air a comme un goût vineux… Mon chez moi, c’est une petite maison en bois, avec un jardin planté d’acacias jaunes, — nous n’avons pas d’acacias blancs. — À l’automne, la terre est toute couverte de gousses, qui crépitent, quand on marche dessus, et l’air est tout rempli de ces oiseaux qui imitent les autres… oui, des pies grièches.
Parmi les hasards de la toute-puissante nature, dans ce grand roulis incertain, un Français, un homme élevé comme nous, se croiserait les bras d’un air morne, en stoïcien, ou attendrait en épicurien le retour de la gaieté physique. […] Voyez de quel air il rassure un pauvre domestique inquiet de lui avoir livré Clarisse : « Mon cher Joseph, ne vous tourmentez pas. […] D’un côté une prairie et de l’autre une pelouse… Elle n’était que d’un étage et couverte de chaume, ce qui lui donnait un air de simplicité et d’agrément. […] On voyait entrer un homme énorme, à carrure de taureau, grand à proportion, l’air sombre et rude, l’œil clignotant, la figure profondément cicatrisée par des scrofules, avec un habit brun et une chemise sale, mélancolique de naissance et maniaque par surcroît. […] He received the letters, standing up, bowing ; and kissed the papers with an air of gallantry that I thought greatly became him.
Si ses Sermons n’abondent pas en raisonnemens & en solidité, ils sont du moins bien supérieurs aux Discours légers de la plupart de nos Orateurs modernes, & n’ont point du tout l’air d’être plutôt l’Ouvrage d’un Moine Portugais que d’un Evêque François, comme l’a dit encore, avec son élégance ordinaire, le Gazetier Ecclésiastique.
Ce qui la rend plus estimable encore, c’est de ne s’être point laissé corrompre par le faux air du Bel-Esprit, ou le ton précieux de sentence, si fort en vogue aujourd’hui.
Au retour du printemps, quand Mai étale sur les champs sa robe bigarrée de fleurs nouvelles, Astrophel et Stella vont s’asseoir sous l’ombre d’un bois écarté, dans l’air chaud, plein de bruissements d’oiseaux et d’émanations suaves. […] » quel air résigné dans ces vieux arbres, ruisselants sous la pluie nocturne ! […] Comme les peintres contemporains d’Italie, ils imaginent volontiers un bel enfant nu, traîné sur un char d’or, au milieu de l’air limpide, ou une femme éclatante de jeunesse debout sur les vagues qui viennent baiser ses pieds de neige. […] Il n’a point l’air étonné des choses étonnantes ; il les rencontre si naturellement qu’il les rend naturelles ; il défait les mécréants comme si de sa vie il n’avait fait autre chose. […] Il explique la durée des bulles d’air qui flottent à la surface des liquides, en supposant que d’air n’a qu’un appétit médiocre ou nul pour les hauteurs.
L’air seul de stile et de phrases leur tient lieu de raisonnement et de preuves ; et il faut bien le pardonner à l’yvresse d’un âge sujet à la présomption, à proportion de sa vivacité et de son ignorance. […] Leur but est de briller, aux dépens d’un ouvrage qui vient d’avoir quelqu’éclat ; et de se donner tout à la fois un air de supériorité sur l’auteur qu’ils censurent, et sur le public qui s’en est laissé séduire. […] Un honnête homme n’est-il pas bien surpris d’avoir été amené jusqu’à cet air de mauvaise foi par l’intérêt mal entendu de soûtenir une fausse critique ? […] Je ne désavoüe pas que l’entreprise n’ait l’air de présomption : mais il faut avoüer aussi que ce peut n’en être que l’air ; et j’ose assurer que de ma part, cela ne va pas plus loin. […] On mesura des paroles aux airs ; et l’on ne faisoit point de vers qui ne se chantassent.
Quand les enfans viennent au monde, & que pour la premiere fois ils poussent l’air des poumons, on entend le son de différentes voyelles, selon qu’ils ouvrent plus ou moins la bouche. […] Air à chanter. […] Air indolent. Air modeste. […] Elément est donc le nom générique de quatre especes, qui sont le feu, l’air, l’eau, la terre : la terre se prend aussi pour le globe terrestre.
— Voilà une pièce qui, il y a six mois à peine, fait courir tout Paris et sans qu’on le convoque ; elle réussit par son honnêteté même et un certain air de simplicité noble auquel on n’était plus accoutumé et qui nous reprend.
Elles produisent sur moi l’effet de cet idiome grec, dont les sons charmaient le malheureux Philoctète dans son désert. » Son âme, son imagination étaient montées dans le tous-les-jours à un très haut ton ; ses lettres, sa conversation étaient d’un pittoresque inépuisable : il y versait son âme en images continuelles ; il poétisait tout à coup : « L’air de ce globe n’est pas bon ; ce soleil-ci n’est pas le véritable, je m’attends à mieux. » Quelquefois un peu de singularité, un geste grandiose qui faisait sourire, quand lui-même il était en robe de chambre et en bonnet de coton : « J’habite dans la lune, je crache sur la terre. » « Je rêve en ermite et en pauvre ermite, mes pieds appuyés sur mes vieux chenets du temps du roi Dagobert et du bon évêque saint Éloi. » Puis à côté de ces airs antiques, le plus souvent des nuances toutes fraîches et charmantes. […] Il y volait dans l’air d’heureux hémistiches, qu’il attrapait, disait-il, comme des mouches : « J’ai encore dans la tête des formes, des couleurs, des idées poétiques, originales, bizarres, flottantes, qui sont comme les rats de mon grenier, et les grains qui nous nourrissent. » « J’ai beaucoup d’idées assez singulières qui me roulent dans la tête et qui ne laissent pas que d’occuper encore mon cœur et mon imagination… Qu’on m’ôte la liberté et la joie de mon cœur, et l’on a coupé sur ma tête le cheveu fatal, et je suis un pauvre homme qui se meurt. » Ainsi parlait à toute heure ce beau vieillard reverdissant. […] Avec Ducis, l’enfant des montagnes, tout a changé : nous sommes dans un air pur, nous avons monté bien des degrés en honneur et en dignité morale comme en poésie.
Ici tout le mondé est pauvre ; mais, vu la similitude du costume, chacun se ressemble et a un air d’aisance que la chemise sale, qu’on ne voit pas, pourrait seule démentir. […] Nous avions mis de sales paletots et de mauvaises casquettes pour avoir bien l’air de méchants marchands de lorgnettes : les… s’y seraient mépris. […] vous avez bien des années de moins que moi, vous êtes dans la force de l’âge ; les succès vous abondent ; l’air qui nourrit l’imagination n’est pas dans un fromage, au fond d’une cave : c’est à ciel ouvert, et parmi les hommes, qu’on respire. […] À peine fut-il entré, que Gavarni courut à la porte, la referma, et lui dit de son air malin : « Ah !
Parfois la conscience de l’honnête homme reprenait sa respiration, tant il y avait de malaise dans cet air où les sophismes se mêlaient aux vérités. […] Elle ouvre les doigts et laisse tomber la pièce à terre, et, le regardant d’un air sombre : « Je ne veux pas de votre argent ! […] Les arbres s’étaient baissés vers les ronces, les ronces étaient montées vers les arbres, la plante avait grimpé, la branche avait fléchi, ce qui rampe sur la terre avait été trouver ce qui s’épanouit dans l’air, ce qui flotte au vent s’était penché vers ce qui traîne dans la mousse ; troncs, rameaux, feuilles, fibres, touffes, vrilles, sarments, épines, s’étaient mêlés, traversés, mariés, confondus ; la végétation, dans un embrassement étroit et profond, avait célébré et accompli là, sous l’œil satisfait du Créateur, en cet enclos de trois cents pieds carrés, le saint mystère de la fraternité humaine. […] « Cependant elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il avait de beaux cheveux, de beaux yeux, de belles dents, un charmant son de voix, quand elle l’entendait causer avec ses camarades, qu’il marchait en se tenant mal, si l’on veut, mais avec une grâce à lui, qui ne paraissait pas bête du tout, que toute sa personne était noble, douce, simple et fière, et qu’enfin il avait l’air pauvre, mais qu’il avait bon air.
Maintenant, en effet, une musique qui n’a de cet art que l’observance des lois très complexes qu’il se dicte, mais exprime d’abord le flottant et l’infus, confond les couleurs et les lignes du personnage avec les timbres et les thèmes en une ambiance plus riche de Rêverie que tout air d’ici-bas, déité costumée aux invisibles plis d’un tissu d’accords ; ou va l’enlever de sa vague de Passion, au déchaînement trop vaste pour un seul, le précipiter, le tordre : et le soustraire à sa notion, perdue devant cet afflux surhumain, pour la lui faire ressaisir quand il domptera tout par le chant, jailli dans un déchirement de la pensée inspiratrice. […] Puis, la petite ville apparut, avec son air vieillot. […] Dans la salle vaguement aperçue, tout à coup l’obscurité tombe, et un grand silence ; alors, en la nuit des yeux et des oreilles et de l’esprit, en la nuit vibrante des quinze cents âmes stupéfiées, un son naît, une résonnance voilée, une sonorité atténuée, emmêlée, dispersée, un mystique résonnement, — inlocalisable, — une intimement chaude mélodie, qui monte, qui s’enfle, et qui dans l’air invisible flotte, portant la pré-sensation des futurs tressaillements du Drame. — Ainsi le Drame se lève : — un rideau s’entrouvre, et, dans le fond, — saillant d’un cadre lointain, noir, obscur, vague, et indistinct, — un paysage apparaît, que nous attendions, et les hommes y sont, dont la vie, en nous inconsciemment vécue déjà, se va en nous revivre évidemment ; — tandis que, parmi l’angoisse des vivantes passions, des désespoirs, des joies, et des extases qui se poussent et s’appellent, parmi l’inéluctable empoignement des très réelles émotions, peu à peu nous descend, insensiblement et nécessairement, l’Explication, l’Idée, la Loi, le prodigieux troublement de l’Unité dernière, comprise. […] Soudainement, la flamme s’éteint ; une épaisse nuée fumeuse paraît seule, et plane dans l’air ; le Rhin s’enfle puissamment, et roule ses îlots sur le bûcher, jusque le seuil de la salle ; sur les vagues, les trois Filles-du-Rhin, Woglinde, Wellgunde, et Flosshilde, s’approchent, nageant.
Pour un homme qui n’a pas eu des voisinages par trop différents dans sa jeunesse, ce sont là des choses de milieu, sous-entendues et devinées ; c’est un peu comme l’air respirable, dont il n’est pas besoin de raconter que chacun des personnages prend sa part. […] Il parlera des allées d’un parc, en hiver, « imbibées d’air humide et pénétrées de silence » ; d’un ciel d’été « décoloré par l’éclat de midi » ; des enfants de Dominique, « dont la toilette de nuit se faisait, par indulgence, au salon, et que leur mère emportait, tout enveloppés de blanc, les bras morts de sommeil et les yeux clos » ; il aura de ces trouvailles : « dans l’air tranquille du soir, le son se déployait », et les larges tableaux de nature seront traités de la même manière, en vingt endroits du volume, avec des mots qui portent tous et dont aucun n’a l’air apprêté. […] Tous les sels irritants de la mer ont exaspéré ce que l’air saisit, avivé le sang, injecté la peau, gonflé les veines, couperosé la chair blanche, et les ont, en un mot, barbouillés de cinabre. » Et puis, quelquefois, les deux manières se fondent, l’ancienne et la nouvelle, et nous avons des tableaux à la fois doux et puissants, fouillés avec des coins d’incertitude par où s’échappe le rêve, mélange de critique technique et de poésie, qui comptent parmi les plus belles pages de la littérature française.
C’était le prince qui avait vraiment l’air heureux de me voir. […] Elle respirait avidement, dangereusement, l’air brumeux. […] » répond-il avec un air de mépris qui, dans le vide, toise Ibsen de pied en cap. […] Geffroy), qu’il se sentait gêné, inquiet, de respirer le grand air ? […] « L’excuse de la campagne, s’écrie-t-il, c’est l’air et le soleil » ; mais hélas !
Debout sur l’estrade improvisée, comme en une fête de village, le barde Léon Durocher, entre deux sonneurs de biniou, donnait le signal des chansons de Bretagne, et tandis qu’on chantait là quelque refrain d’Armorique, l’Angelus de la mer, ou le Gilet breton, de Durocher, la Ronde des Châtaigniers, de Théodore Botrel, ou la Boîte de Chine, de Yann Nibor, il me semblait, regardant les spectateurs attablés autour du cabaret en plein air, que j’assistais vraiment à quelque Pardon de Bretagne.
Tout ce qu’on peut en estimer, ce sont les notes vraiment instructives, genre de mérite toujours à la portée des Ecrivains laborieux ; mais qui facilite le travail des Traducteurs modernes, qui savent si bien s’approprier tout ce qui peut leur donner un air d’érudition, & leur épargner les recherches qu’exige la véritable.
Elle avait un air distrait et rêveur, qui faisait croire qu’elle méprisait ceux qu’elle regardait ; mais sa civilité et sa bonté raccommodaient en un instant de conversation ce que les distractions pouvaient avoir gâté. […] La crainte de respirer un air trop froid ou trop chaud, l’appréhension que le vent ne fût trop sec ou trop humide, étaient cause qu’elles s’écrivaient d’une chambre à l’autre.