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1405. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

On arrache la cocarde nationale, on la jette par terre, on l’insulte du pied.

1406. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

» Henri IV n’était pas l’hypocrite catholique qui jetait si légèrement son masque aux pieds de sa maîtresse.

1407. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Elle l’a flétrie dans ses plus belles pages, elle l’a foulée sous ce pied que Rivarol, toujours magnifique, même quand il s’abaissait jusqu’au calembour, appelait avec flatterie : un piédestal.

1408. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Il coupa sa forêt d’ennemis, et, quand il l’eut coupée, il posa la hache à ses pieds avec une hauteur et un calme que l’Histoire, malgré son horreur, admire encore.

1409. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Comme de certains portraits dont on dit : « Pas un trait vrai, et cependant cela ressemble », les portraits en pied de Pelletan semblent ressemblants sans avoir l’exactitude de la vérité, et, selon moi, ils sont par là pires que des mensonges.

1410. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Balzac, en effet, Balzac est tout entier, de pied en cap, de fond et de surface, dans cette Correspondance, publiée, avec raison, comme le dernier volume de ses Œuvres, — les éclairant par sa personne, — les closant par l’homme, — et démontrant la chose la plus oubliée dans ce temps où le talent voile si souvent la personne de son rayon et lui fait malheureusement tout pardonner, c’est que l’homme égalant l’artiste le rend plus grand et en explique mieux la grandeur.

1411. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Il est impossible de se tasser mieux, de s’aplatir plus complètement sous le pied qui vous écrase, — que dis-je, qui vous écrase ?

1412. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Mais ils furent poètes en dehors, à mille pieds de leur protestantisme, quand ils ne le furent pas contre lui.

1413. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Le récit du nouvel historien s’arrête au moment où Bossuet est nommé précepteur de Monseigneur le Dauphin et met son pied sur la première marche de l’escalier de Versailles.

1414. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

» Saint Vincent de Paul est le saint qui a baisé avec le plus ardent respect les haillons, splendides pour lui, de la misère, et mis plus bas une tête illuminée de pensées angéliques, de prévoyances, de génie et de plans célestes, aux pieds des pauvres, qui, le croira-t-on ?

1415. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

A cette époque d’anémie poétique où l’on s’épuise le tempérament à faire des sonnets et où, pour pouvoir dire quelque chose, on se met à décrire jusqu’aux brins d’herbe qu’on a sous les pieds, on est content de rencontrer une poitrine assez bien organisée pour souffler, d’une seule haleine, fût-ce une bulle de savon de cinq mille vers, sans s’y reprendre à deux fois avec son fuseau !

1416. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Dans l’introduction de son nouveau volume, écrite avec la distinction qui est le caractère de cette plume toujours à cent pieds de la chose ou de l’expression vulgaire, Gères ne nous raconte rien, mais nous laisse cependant entrevoir qu’il a passé par la douleur suprême que madame de Staël appelle « le mal de l’irréparable  ».

1417. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Ce sont des demeures à terre et plus bas que terre d’un esprit qui a eu parfois des ailes, comme le condor, de trente-deux pieds d’envergure… Ce qu’on pourrait dire des gaucheries sans nom, des maladresses, et, qu’on me passe le mot !

1418. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

S’il ne trouve pas un homme, dans son siècle, digne de lui commander, il va demander un maître aux siècles passés : il lui dit, règne sur moi : et aussitôt se prosterne et se courbe aux pieds de sa statue.

1419. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Aux animaux puissants, elle a donné des griffes et des cornes ; aux animaux plus faibles, la légèreté des pieds. […] Comme il y a une fourmilière en F, au pied d’un arbuste, on rencontre toute la journée des fourmis devant la maison. […] Aura-t-on pié ou lieu de pied ? […] Villon écrit pied. […] Une jettatrice passe et tous les fruits mûrissants d’un arbre choientà ses pieds.

1420. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Sur une corde d’or sautillent, il me semble, des notes aux pieds légers : cela pétille, bourdonne, gazouille… » D’un bout à l’autre, c’est un massacre. […] Il a prêché d’exemple, puisqu’il n’a jamais quitté que pour de brefs déplacements et qu’il habite encore, à quatre-vingt-deux ans, son village de Maillane, situé au pied des Alpilles, entre Arles et Avignon. […] Il se plaît à évoquer de grandes dames et des seigneurs splendidement parés, banquetant parmi les fleurs sous de luxuriantes architectures, ayant à leurs pieds de fins lévriers au profil héraldique et servis par de galants échansons, tandis que des musiciens jouent de la viole ou du rebec. […] Là, les prés s’étendent, tout piqués de fleurs, animés du vol des cailles et des perdrix ; le gave, en murmurant, passe au pied des collines ; les fines cloches du soir tintent sur les métairies. » M.  […] Louis Bertrand a-t-il écrit un livre de plus sur la Grèce, au lieu de donner des représentations foraines ou de s’établir marchand de pommes de terre frites au pied de l’Acropole ?

1421. (1881) Le naturalisme au théatre

Chaque lecteur, chez lui, les pieds sur les chenets, se fâche plus ou moins. […] Paris était à ses pieds. […] l’ennui sans espoir, l’ennui écrasant qui descend dans chaque membre, dont on sent le poids dans les mains et dans les pieds ! […] Grâce à eux, des légendes grotesques se sont formées, l’histoire apparaît aux ignorants comme une parade, avec des paillasses richement vêtus qui tapent des pieds et qui déclament. […] Et il a accouché de cette pleurnicheuse, dont ni la faute ni le repentir ne nous touchent, et qui se traîne aux pieds de son mari, sans que la salle soit émue.

1422. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Elles nous permettront de reprendre pied sur un terrain plus ferme ; elles nous apprendront à ne rien affirmer à la légère. […] Parfois de grands varechs filaient en longues branches, Nos pieds glissaient d’un pur et large mouvement. […] On serait tenté de sourire de l’écrivain qui se donne tant de mal pour mettre sur pied quelques phrases. […] Vers en assonances ; vers de neuf pieds, de onze ou de treize ; vers non scandés ; vers de longueur arbitrairement variable ; vers amorphes, etc. […] On vient de lire une pièce de vers écrite en octosyllabes ; quand on est encore accordé au rythme de ce vers, brusquement on tombe sur une pièce écrite en vers de neuf, de onze, ou de treize pieds.

1423. (1913) Poètes et critiques

Mais ceux qui s’indignent de ce qu’il a écrit là, et qui prennent certains mots au pied de la lettre, ne connaissent guère le tour d’esprit mystificateur de Richepin : c’est une de ses facéties ; il en a commis de pires, et de meilleures. […] Au printemps de 1833, dans le commencement d’avril, par des journées d’une exceptionnelle douceur, il s’était mis en marche, si faible qu’il fût encore, et, à pied, sans argent, quêtant en route un peu de pain et obtenant parfois, de village en hameau, une soupe pour son repas, il s’était, lentement, péniblement, acheminé vers les campagnes de la Brie. […] Et encore : « Sa mère lui mettait son cœur saignant sur son chemin, et il passait outre. » N’avons-nous pas ici comme un hommage à la chanson fameuse de La Glu, au symbole si émouvant de ce cœur maternel, que foule le pied du fils, sans pouvoir étouffer le cri miraculeux de la tendresse ? […] Il ne se trompa point, d’ailleurs, sur l’intérêt des innovations rythmiques de cette artiste « sans trop le savoir » : il lui prit ses courts ou longs vers aux syllabes de nombre impair, « celui de onze pieds entre autres. » Est-elle de Verlaine cette strophe charmante, d’un sentiment, d’une harmonie « inusités » ? […] Il se jeta, en sanglotant comme autrefois la pécheresse, aux pieds du Rédempteur.

1424. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Vous ne marchez pas en fait sur des fleurs : donc on ne saurait vous permettre de les fouler aux pieds sur un tapis. […] Si parfois les symbolistes perdent pied et s’en vont dans les nuages, ne les rappelons pas trop sévèrement à la réalité. […] L’art s’en allait à la dérive, il faut qu’il reprenne pied dans la ferme réalité. […] Sur une cretonne imprimée s’étaleront, comme pour braver toute vraisemblance, des lis martagons larges d’un pied. […] Aujourd’hui nous avons mis le pied dans ces régions inconnues, lointaines, merveilleuses, et nous y avons trouvé la nature toujours conforme à ses lois.

1425. (1908) Jean Racine pp. 1-325

D’une éternelle plainte Gémissent au pied des autels. […] Il était sur un bon pied et traité avec distinction chez les Luynes. […] Puis, le jeune héros dépose ses lauriers aux pieds de la reine Cléophile et lui demande son cœur en échange. […] (Car, détail bien curieux, Alexandre, dans sa hâte de se venir mettre aux pieds de Cléophile, a quitté la bataille avant la fin.) […] S’il débitait çà et là quelques versets du Coran et s’il émaillait ses propos de quelques métaphores incohérentes, je vous jure qu’il nous paraîtrait Turc avec intensité et de la tête aux pieds.

1426. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

En somme, rien de plus suggestif que ces obligations étroites des petits poèmes difficiles : ils contraignent l’imagination à se mettre en campagne et, tandis qu’elle cherche dans tout l’univers le pied qui peut seul chausser l’invraisemblable pantoufle de Cendrillon, elle fait, chemin faisant, de délicieuses découvertes. […] Il a même des rimes rares (par exemple, brèche et flèche, en foule et le pied foule) qui scandalisent La Harpe, je n’ai pu deviner pourquoi. […] Quand je courais à leur pied, je m’imaginais les entraîner avec moi dans des courses vertigineuses, au galop de mon cheval. […] Grand capitaine à vingt ans, fou d’orgueil après ses quatre victoires, fou de colère après seize mois de prison, ivre de haine jusqu’au crime et à la trahison, il revient, lion maté par le renard Mazarin, s’effondrer aux pieds du roi le plus roi qu’on ait jamais vu. […] En même temps il entend sous ses pieds des coups profonds, les coups des camarades tapant dans la mine : « Encore, encore, de plus en plus distinctement, comme s’ils se fussent rapprochés du sol, les camarades tapaient.

1427. (1923) Paul Valéry

Au vacarme des abeilles Je vous aurai par corbeilles, Et sur l’échelon tremblant De mon échelle dorée Ma prudence évaporée Déjà pose son pied blanc. […] de mes pieds nus qui trouvera la trace Cessera-t-il longtemps de ne songer qu’à soi ? Et toute la Jeune Parque n’est en effet qu’un songe de soi, — mais songer à soi, se songer, c’est poser le pied sur une terre trouble et inconsistante. […] La matière, le cimetière marin, la lumière massive et substantielle (comme celle de la Jeune Parque), — et tout le parti du stable — ils nient l’être, ils font l’être, quand nous les pensons, immobile et contradictoire, comme la tortue éléate nie le progrès d’Achille, lui défend de rattraper son avance, et déclare dialectiquement immobiles les pas de ses pieds légers. […] Valéry reproche donc ici aux philosophes d’observer leur technique propre, pareil à un philosophe qui reprocherait aux poètes d’attacher une importance bizarre à ce que leurs pensées aient douze pieds.

1428. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Dans une lettre de Rome, Janus Erythreus, c’est-à-dire Rossi, parlant d’un dernier voyage qu’y fit Naudé en 1643, pendant lequel le bibliothécaire infatigable achetait des livres à la toise pour le cardinal Mazarin et vidait tous les magasins de bouquinistes, nous le représente, au sortir de ces coups de main, tout poudreux lui-même de la tête aux pieds, tout rempli de toiles d’araignées à sa barbe, à ses cheveux, à ses habits, tellement que ni brosses ni époussettes semblaient n’y pouvoir suffire. […] Le chapitre VII, dans lequel il commente à sa guise le conseil d’Aristote, que celui qui veut se réjouir sans tristesse n’a qu’à recourir à la philosophie, nous le montre, au milieu de cette fougue du temps, savourant ce profond plaisir du sceptique qui consiste à voir se jouer à ses pieds l’erreur humaine, et laissant du premier jour échapper ce que, vingt-cinq ans plus tard, il exprimera si énergiquement dans le Mascurat  : « Car, à te dire vrai, Saint-Ange, l’une des plus grandes satisfactions que j’aie en ce monde, est de découvrir, soit par ma lecture, ou par un peu de jugement que Dieu m’a donné, la fausseté et l’absurdité de toutes ces opinions populaires qui entraînent de temps en temps les villes et les provinces entières en des abîmes de folie et d’extravagances. » Aussi quelle pitié pour lui que la Fronde, et que toutes les frondes ! […] Mais cette assez mauvaise prose poétique, cette flatterie plus que française, cette reconnaissance trop italienne, tous ces défauts du panégyrique composent, dans le cas présent, une très belle et très noble action, à savoir la défense et l’apologie, aux pieds du Saint-Siège, de la science et de la philosophie, hier encore persécutées240.

1429. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Sa politesse est compassée, et je le soupçonne fort d’avoir été de ceux qui sont frivoles dans le sérieux et pédants dans le frivole  ; mais c’était certainement un homme de beaucoup d’esprit, établi sur ce pied-là dans le monde, ayant commerce avec ce qu’il y avait de plus considérable dans les lettres et à la cour, désigné par l’opinion, à un certain moment (de 1649 à 1664), pour un arbitre ou du moins pour un maître d’élégance. […] Aujourd’hui, pour nous intéresser aux œuvres du chevalier, nous n’avons qu’à les remettre à leur vraie date, et à y étudier le goût et les prétentions des gens du monde qui étaient sur le pied de beaux-esprits aux environs de la Fronde, au temps de la jeunesse de Mme de Maintenon ou de Pascal. […] Il faut voir aussi comme l’honnête éditeur, se met en frais au nom du chevalier, et comme celui-ci, pour cette fois, nous apparaît tout d’un coup aux pieds de son écolière.

1430. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Augereau, atteint lui-même d’une blessure, plus touché au reste du désastre de son corps d’armée que du péril, fut porté dans le cimetière d’Eylau, aux pieds de Napoléon, auquel il se plaignit, non sans amertume, de n’avoir pas été secouru à temps ; une morne tristesse régnait sur les visages dans l’état-major impérial. […] Le moment était critique, car si l’infanterie russe n’était pas arrêtée, elle allait aborder le cimetière, centre de la position, et Napoléon n’avait pour le défendre que les six bataillons à pied de la garde impériale. […] Nul ne sait ce qu’il serait advenu de la France si le Directoire ou si les autres gouvernements nationaux que la France libre allait se donner sous d’autres formes n’avaient pas été sabrés par le général revenu du Caire à Paris ; mais, s’il est douteux que ces gouvernements eussent fait passer en triomphe la France de Rome et de Madrid à Vienne, à Berlin, à Moscou, par toutes les capitales de l’Europe, il est douteux aussi que ces gouvernements eussent anéanti sous les pieds des soldats tous les fruits si chèrement achetés de la révolution de 1789, et qu’ils eussent ramené deux fois sur leurs pas les invasions étrangères au cœur de Paris.

1431. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Mais, outre que M. de Talleyrand, quoique ayant servi la république par nécessité et par diplomatie alors, n’était pas républicain, quel gage à offrir à l’Europe monarchique armée, victorieuse, campée sur la place de la Révolution, autour des traces de l’échafaud de Louis XVI et de toute une famille royale, qu’une république le pied sur la tête d’un roi décapité ? […] Jamais je n’oublierai certaines matinées sombres du mois de novembre, où les brouillards froids et épais de Londres empêchaient de distinguer le jour de la nuit, et forçaient le diplomate matinal à écrire ses dépêches à la lampe, sur un petit guéridon au pied de son lit. […] Le roi Louis-Philippe sortit à pied de son palais, et vint recueillir en ce moment son avant-dernier mot.

1432. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

« On ne peut douter que l’État ne soit naturellement au-dessus de la famille et de chaque individu ; car le tout l’emporte nécessairement sur la partie, puisque, le tout une fois détruit, il n’y a plus de partie, plus de pieds, plus de mains, si ce n’est par une pure analogie de mots, comme on dit une main de pierre ; car la main, séparée du corps, est tout aussi peu une main réelle. […] Le peintre ne laissera point dans son tableau un pied qui dépasserait les proportions des autres parties de la figure, ce pied fût-il beaucoup plus beau que le reste ; le charpentier de marine ne recevra pas davantage une proue, ou telle autre pièce du bâtiment, si elle est disproportionnée ; et le choriste en chef n’admettra point, dans un concert, une voix plus forte et plus belle que toutes celles qui forment le reste du chœur.

1433. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

L’ascète est moins mal venu à mettre, sous ses pieds nos affections et nos plaisirs, quand nous le voyons traiter de la même manière les causes de nos souffrances. […] Relisez les pages sur les deux extrémités du vieil ordre social, le peuple et la cour (« L’on parle d’une région… » etc., et « L’on voit certains animaux farouches… » etc.), et sur la guerre (« Petits hommes, hauts de six pieds… » etc.). […] Il remarque que l’homme n’habite que sa tête et son cœur ; que la langue est une corde et la parole une flèche ; que l’âme est une vapeur allumée dont le corps est le falot ; que certaines âmes n’ont pas d’ailes, ni même de pieds pour la consistance, ni de mains pour les œuvres ; que l’esprit est l’atmosphère de l’âme, qu’il est un feu, dont la pensée est la flamme ; que l’imagination est l’œil de l’âme.

1434. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

combien doux et agréable, et aussi pour les pieds droitement commode ! […] Woglinde descend sur la pointe du rocher au pied duquel Alberich est arrivé. […] des mains et des pieds je ne saisis ni ne tiens la lèche-marche.

1435. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Comment se fait-il enfin que ce peuple, passionné d’ardeur funèbre, piétine si fortement cette cendre au cimetière, comme pour la sceller dans son sol sous les pieds d’un million et, s’il le fallait, de vingt millions de Français ? […] Il devinait tout parce qu’il sentait tout : une grandeur ou une douleur de la patrie, un tambour battant la charge à des grenadiers sur quelque champ de bataille de la République ou de l’Empire, un tocsin du 14 juillet appelant les citoyens à l’assaut de la Bastille, un coup de canon de Waterloo mutilant les débris des derniers bataillons décimés de Moscou ou de Leipsick, un adieu funèbre de César vaincu à ses légions anéanties dans une cour de Fontainebleau ; le déchirement d’un dernier drapeau tricolore qui déchirait, avec ce même lambeau, l’orgueil et le cœur d’un million de vétérans humiliés ; un soupir du Prométhée impérial enchaîné sur son rocher, apporté par le vent à travers l’Océan du rivage de Sainte-Hélène ; un bruit de pas des bataillons étrangers sur le sol de la patrie, un murmure encore sourd du peuple contre la moindre atteinte à sa révolution ; un gémissement de proscrit de 1815, le bruit d’un coup de feu d’un peloton de soldats dans l’allée de l’Observatoire, dans la plaine de Grenelle, à Toulouse, à Nîmes, à Lyon, balle sous laquelle tombait un maréchal, un colonel ou un sergent des vieilles bandes françaises ; une plainte de prisonnier dans le cachot, un cri de faim dans la chaumière, de souffrance dans la mansarde, une agonie du blessé dans un lit d’hôpital ; une mère pressant ses trois enfants contre sa mamelle épuisée près de son mari mort sur son grabat, sans suaire, dans un grenier ; un sanglot étouffé de veuve dont le fisc emporte la chèvre nourricière ; une voix d’enfant aux pieds nus sur la neige, collant ses mains roidies aux grilles du palais du riche pour y respirer de loin l’haleine du feu de ses festins : tout cela retentissait dans l’âme de Béranger, comme si un autre Asmodée avait découvert à ses yeux les toits des capitales ou le chaume des huttes. […] La sandale retentissante sur la dalle, chaussée au pied droit, le gant de combat à la main, le plastron sur le sein, l’épée mouchetée au poing, le masque de fil de fer sur le visage, treillis à travers lequel brillait l’ardeur des joues colorées par le jeu du combat, tout ce costume obligé d’un prévôt de salle d’armes devait faire, de la belle Judith, une Clorinde de quinze ans, plus facile à admirer qu’à combattre.

1436. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Après les Sabran et les Falaris, qui avaient au moins l’élégance, la seule vertu des courtisanes, il devait y avoir des femmes Tallien, qui allaient nues, avec des diamants aux doigts du pied, mais qui n’en avaient point aux lèvres ; car elles disaient : « Un homme cossu », et leur ton valait leur langage ! […] C’est à la lumière de sa conception du pouvoir qu’il en a accepté ou repoussé les titulaires ; car la République de 1848 a vécu, et, quoique dans son règne dévoré d’un moment il y ait eu la place et le temps pour d’immortelles bassesses, Cassagnac ne s’est pas mis, lui, à ses pieds. […] Devenu militant et journaliste, jeté par sa fonction — et aussi parle plus fort des instincts de sa pensée, qui l’emporte vers les choses actuelles comme tous les esprits politiques, — dans cette histoire de tous les jours qui se fait sous nos yeux, dont nous sommes une partie vivante et qui, tant on la voit et tant on la touche, empêche de rêver, Granier de Cassagnac remonta du fait qu’il avait sous les pieds et qu’il y foula longtemps à la tradition de ce fait, à son origine, et il écrivit les Causes de la Révolution française, laquelle est l’histoire, hélas !

1437. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

ce n’est pas cette tragédie, toute pathétique qu’elle soit, qui peut nous étonner dans ce père de tant de tragédies, dans ce remueur de choses terribles, qui les pousse pêle-mêle du pied de son génie, comme le fossoyeur qu’il a inventé dans Hamlet remue les têtes et les os de morts à la pelle ! […] Écoutez-le plutôt : « Il n’y a pas en l’homme — dit-il — de ces choses (things) qui soient distinctes et séparées et qui s’appellent intellect, imagination, fantaisie, etc., etc., comme il y a des pieds, des mains et des bras… Quand nous entendons dire d’un homme qu’il a une nature intellectuelle et une nature morale, et que ces natures existent à part l’une de l’autre, ce sont des nécessités de langage, et nous devons parler de cette manière si nous n’aimons mieux n’avoir pas à parler du tout. […] Les hommes qui attaquent journellement la famille, qui prétendent qu’il arrivera un moment dans les civilisations de l’avenir où elle sera définitivement supprimée, savent-ils bien qu’ils suppriment du coup, dans l’ordre seul de la pensée, toute une masse de choses sublimes, depuis Priam pleurant aux pieds d’Achille jusqu’au Roi Lear, et depuis le Roi Lear jusqu’au Père Goriot, qui n’est qu’un Roi Lear plus étonnant que l’autre, et qui fait (je le montrerai tout à l’heure) de notre Balzac l’égal de Shakespeare !

1438. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Les malins ou les indifférents ont pu prendre ensuite ces jeux d’imagination au pied de la lettre. […] Elle se présente à lui comme la fille d’Otrée, roi opulent de toute la Phrygie, et comme une fiancée qui lui est destinée : « C’est une femme troyenne qui a été ma nourrice, lui dit-elle par un ingénieux mensonge, et elle m’a appris, tout enfant, à bien parler ta langue. » Anchise, au premier regard, est pris du désir, et il lui répond : « S’il est bien vrai que tu sois une mortelle, que tu aies une femme pour mère, et qu’Otrée soit ton illustre père, comme tu le dis, si tu viens à moi par l’ordre de l’immortel messager, Mercure, et si tu dois être à jamais appelée du nom de mon épouse ; dans ce cas, nul des mortels ni des Dieux ne saurait m’empêcher ici de te parler d’amour à l’instant même ; non, quand Apollon, le grand archer en personne, au-devant de moi, me lancerait de son arc d’argent ses flèches gémissantes, même à ce prix, je voudrais, ô femme pareille aux déesses, toucher du pied ta couche, dussé-je n’en sortir que pour être plongé dans la demeure sombre de Pluton ! 

1439. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Le héros d’un festin est égal au héros qui, dans la guerre, dirige les mêlées terribles, là où si peu demeurent inébranlables et soutiennent de pied ferme le choc de Mars impétueux. […] Plante sacrée, tu crois au pied de l’Hymette, et tu communiques tes feux divins au poëte fatigué, lorsqu’après s’être oublié dans la plaine, et voulant remonter vers les cimes augustes, il ne retrouve plus son ancienne vigueur.

1440. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Quand soudain, se levant, un sage d’Italie, Maigre, pâle, pensif, qui n’avait point parlé, Pieds nus, la barbe noire, un sectateur zélé Du muet de Samos qu’admire Métaponte, Dit : « Locriens perdus, n’avez-vous pas de honte ? […] Je trouve ces quatre beaux vers inédits sur Bacchus : C’est le Dieu de Nisa, c’est le vainqueur du Gange, Au visage de vierge, au front ceint de vendange, Qui dompte et fait courber sous son char gémissant Du Lynx aux cent couleurs le front obéissant… J’en joindrai quelques autres sans suite, et dans le gracieux hasard de l’atelier qu’ils encombrent et qu’ils décorent : Bacchus, Hymen, ces dieux toujours adolescents… Vous, du blond Anio Naïade au pied fluide ; Vous, filles du Zéphire et de la Nuit humide, Fleurs… Syrinx parle et respire aux lèvres du berger… Et le dormir suave au bord d’une fontaine… Et la blanche brebis de laine appesantie..

1441. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

L’armée piémontaise est martiale, et ce pays est fécond en soldats ; mais cette armée et ce pays pourront-ils se mesurer longtemps à force égale avec une puissance toute militaire comme l’Autriche, qui met sur pied huit cent mille hommes, même après ses défaites ? […] Le salut de l’Italie n’est ni dans les convoitises de la maison de Savoie, ni dans l’abdication humiliante de toutes les nationalités italiennes au profit de la moins italienne de ces nationalités, ni dans les arrière-pensées de l’Angleterre, pressée de constituer en Italie une monarchie faible et dépendante de son pavillon, pour avoir pied sur cette monarchie contre la France au Midi !

1442. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Au pied de la tribune, c’est un homme sans pudeur et sans vertu ; à la tribune, c’est un honnête homme. […] On l’aimait familièrement au pied de la tribune.

1443. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

« Pourtant Napoléon du monde était le faîte, « Ses pieds éperonnés des rois pliaient la tête,         « Et leur tête gardait le pli. […] Jean Valjean est un voleur bien intentionné d’abord, puis un récidiviste bien conditionné, et bien près d’être un assassin, quand il répond à l’hospitalité confiante de l’évêque, son hôte, son sauveur et son bienfaiteur, par le vol domestique et par la forte tentation de l’égorger pendant son sommeil, et quand il met le pied sur la pièce de quarante sous du pauvre enfant son guide, en fermant le poing pour l’assommer.

1444. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Nous connaissons tous ces méchants propos par Mme de Sévigné, qui dépeint à son cousin Bussy « ces deux poètes historiens, suivant la cour, plus ébaubis que vous ne le sauriez penser, à pied, à cheval, dans la boue jusqu’aux oreilles ». […] Il aimait à disputer ; il était têtu, et ne lâchait jamais pied.

1445. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Aussi plus de critique, l’aplatissement général aux pieds de quiconque détient un suffrage. […] … Oui cela m’amuse, parce que je les vois, ces « indépendants », se pendre à tous les cordons de sonnettes, lécher tous les pieds — même les plus sales — pour obtenir un prix… Un prix !

1446. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Il a le pied dans tous les boudoirs et la main dans toutes les affaires. […] Il culbute, en tombant gauchement, aux pieds d’une marquise.

1447. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Il ne faudrait pas sourire si l’on prédisait que le mot pied quelque jour, signifiera tête. […] Pour autour et alentour, ce ne sont ni des adverbes, ni des prépositions, à moins que n’en soient aussi au pied, au fond, au cœur, au bas.

1448. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Quand verrons-nous déjà libres, hommes encor Notre chair ténébreuse en rayons se dissoudre Et nos pieds faits de nuit, éclore en ailes d’or ? […] Et ainsi délimité, l’arbre se sépare nettement de tout ce qui l’entoure, notamment du brin d’herbe à son pied.

1449. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Mais, au contraire, si la religion de Comte en est une, c’est précisément pour ne rien avoir de scientifique, et en fait comme en droit, sa conception de la science a ruiné dans son fondement même l’idée d’une « religion de la science. » M’objectera-t-on peut-être ici que cette expression de « religion de la science » n’est qu’une manière de parler, une métaphore, — comme « la religion de la souffrance humaine », — et que personne, pas même Renan, n’a commis cette erreur de la prendre au pied de la lettre ? […] Si nous la prenions au pied de la lettre, elle exclurait de l’art tout le naturalisme.

1450. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

La Loire à ses pieds, souveraine, et puis l’ondulation lointaine des coteaux et des collines à l’horizon. […] Celui-ci et ses compagnons ont rencontré, marchant à pied, comme il arrivait si souvent en ce temps-là, sans doute pour monter une côte, ils ont rencontré la singulière compagnie suivante : « Après avoir passé l’Indre, nous trouvâmes au bord trois hommes d’assez bonne mine, mais mal vêtus et fort délabrés.

1451. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Il croit, avec juste raison, que le règne se passe de ceux-là qui, depuis trente ans, débitaient de la rhétorique sur toutes choses, et qu’après la tribune qu’on leur a brisée sous le pied on pourrait bien descendre, au moins d’un degré, la chaire qui leur reste… et voilà le secret de ces plaintes de Josse en déconfiture, que l’on nous soupire aujourd’hui sur le chalumeau d’une fausse nationalité. […] Fox, c’est, dans la question de la régence lors de la démence du roi d’Angleterre, l’homme des soupers du prince de Galles et l’orateur des Communes qui fit le plus d’efforts pour mettre la vieille royauté anglaise sous les pieds de son Parlement.

1452. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Pourquoi devenir un impie aux pieds même de son idole et se faire historien, railleur ou pleurard, comme l’est M.  […] Ferrari ne commence-t-il pas l’histoire où il veut, et du pied des premiers faits qui lui conviennent ?

1453. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

La lenteur des esprits, la difficulté du langage, voilà ce qui dut le rendre spondaïque ; et il a conservé quelque chose de ce caractère, en exigeant invariablement un spondée à son dernier pied. […] Puis le nom de vers saturnien passa aux vers iambiques de six pieds, peut-être parce que ces derniers vers firent employés naturellement dans le langage, comme auparavant les vers saturniens-héroïques. — Les savants modernes sont aujourd’hui divisés sur la question de savoir si la poésie hébraïque a une mesure, ou simplement une sorte de rythme61 ; mais Josèphe, Philon, Origène et Eusèbe, tiennent pour la première opinion ; et ce qui la favorise principalement, c’est que, selon saint Jérôme, le livre de Job, plus ancien que ceux de Moïse, serait écrit en vers héroïques depuis la fin du second chapitre jusqu’au commencement du quarante-deuxième. — Si nous en croyons l’auteur anonyme de l’Incertitude des sciences, les Arabes, qui ne connaissaient point l’écriture, conservèrent leur ancienne langue, en retenant leurs poèmes nationaux jusqu’au temps où ils inondèrent les provinces orientales de l’empire grec.

1454. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

On a de la princesse Mathilde un grand portrait en pied et d’apparat, par Édouard Dubufe ; un beau profil au pastel, par Eugène Giraud ; un buste en marbre, par Carpeaux.

1455. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Il n’y a pas de danger qu’on se méprenne sur ce mot Éloge : il ne saurait s’appliquer qu’au grand écrivain toujours debout et subsistant ; l’homme et le caractère sont dorénavant trop connus, trop percés et mis à jour pour que l’éloge puisse y prendre pied décidément, et quoique les appréciations de ce genre soient sujettes à de perpétuelles vicissitudes, quoiqu’il semble qu’en littérature et en morale les choses ne se passent point comme dans la science proprement dite et que ce soit toujours à recommencer, je pense toutefois qu’il y a, dans cet ordre d’observations aussi, de certaines conclusions acquises et démontrées sur lesquelles il n’y a pas lieu pour les bons esprits à revenir.

1456. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Si, en le lisant, il verse des larmes d’admiration et de douleur, s’il rougit d’avoir été couronné, s’il jette, s’il dépose cette couronne aux pieds du vaincu, alors il donnera de hautes espérances ; s’il continue à se croire vainqueur, il restera, à peu près, aussi petit que son discours. » O Garat, Garat !

1457. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Le grand Byron en usait volontiers de la sorte dans ses liaisons si noblement menées ; et c’est sur ce pied de cordialité libre que Moore, Rogers, Shelley, pratiquaient l’amitié avec lui.

1458. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Une autre fois, nous aborderons la Vie même de Napoléon ; mais elle ne nous fournira malheureusement pas l’occasion de rétracter notre premier jugement et de faire amende honorable aux pieds du génie qui tant de fois reçut nos hommages sincères.

1459. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Ibrahim, qui ne croit guère à la vertu efficace des protocoles, a fait preuve de sens, en marchant de Konieh sur Scutari ; un pied dans le Bosphore, n’étant séparé du divan que par ce détroit que les amoureux et les poëtes traversent à la nage, il est plus certain de se faire entendre. — Aux États-Unis, tout espoir d’un accommodement entre la Caroline du Sud et le Congrès n’est pas évanoui ; on se prépare pourtant des deux côtés, comme pour une lutte sanglante, et les milices sont sous les armes.

1460. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

L’on n’entendait pas un cri, pas une plainte, même lorsque les bourreaux commencèrent à lui briser les os des pieds et des mains, lorsque leur terrible broiement fut entendu au milieu de cette foule muette par les spectateurs les plus éloignés, lorsque les jeunes filles détournèrent les yeux avec effroi.

1461. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Il s’agit dans un dernier chapitre de juger le meurtre de César et d’en apprécier la moralité : « Certes César, s’écrie l’historien comme s’il ne pouvait plus se contenir, avait trop bien mérité les vingt-trois coups de poignard qui l’étendirent sans vie aux pieds de la statue de Pompée et du Sénat asservi par lui.

1462. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Bientôt des cordons de lumière se sont allongés à perte de vue, et le flamboiement indistinct, fourmillant du Paris populeux a surgi vers l’ouest, tandis qu’au pied des arches, le long des quais, dans les remous, le fleuve, toujours froissé, continuait son chuchotement nocturne. » Chaque fois que j’ai relu cette page, une vision se formait en moi dès les premières lignes, qui allait sans cesse se précisant et s’agrandissant, jusqu’à ce qu’au milieu j’arrivais au mot plage : alors dans ce tableau parisien surgissait soudain, crevant, déchiquetant les premières images, un paysage maritime, comme les Flamands et les Hollandais en ont tant peint, une mer houleuse et jaune, une côte basse et large, presque du même ton que la mer, de lourds bateaux, des charrettes, des moulins, un clocher lointain.

1463. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

De ses dents ses ongles rognait ; Me semble point qu’elle ait de ventre… Les pieds avait crevés dessus, Dessous navres que plus ne put.

1464. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

La Russie se francise si bien sous Catherine II592, que de nos jours seulement la langue russe se mettra sur le pied d’égalité avec la langue française dans les cercles de l’aristocratie.

1465. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Couché dans l’herbe, au pied d’un arbre, vous lisez les strophes que je citais tout à l’heure, ou d’autres aussi belles ; et le soleil, à travers les branches, jette sur la page des taches lumineuses et mobiles.

1466. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Ibsen glorifie l’intelligence courageuse qui brise les vieux cadres des civilisations, qui foule aux pieds les préjugés surannés et qui dresse sur leurs ruines une vérité neuve et fraîche, destinée, il est vrai, elle aussi, à vieillir et à périr.

1467. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Tout à coup, elles s’arrêtent et se courbent, prises de honte, devant l’image d’un saint homme de mendiant qui passe, pieds nus ; elles s’agenouillent et baisent dévotement, d’un mouvement bien humble, le bas de sa tunique, comme pour lui faire hommage de leur personne et contrition de leur opulence… » Écoutez ce tonnerre d’applaudissements.

1468. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Jean, surtout, paraît avoir été avec Jésus sur le pied d’une certaine familiarité.

1469. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Il n’y a pas eu d’homme, Çakya-Mouni peut-être excepté, qui ait à ce point foulé aux pieds la famille, les joies de ce monde, tout soin temporel.

1470. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Chaque fois en effet que le vieillard se penche, l’eau fuit et tarit, et la terre noire, desséchée par un Démon, s’élargit autour de ses pieds.

1471. (1902) L’humanisme. Figaro

Vous y ferez l’impossible, vous les catéchiserez et elles se croiront convaincues ; seulement, lorsqu’elles se seront jetées, se mentant à elles-mêmes, dans votre réalisme, dans votre humanisme, comme un désespéré se jette du haut d’un pont dans le flot noir qui tourbillonne à ses pieds, l’instinct de la conservation, le besoin de survie reprendra le dessus et vous verrez vos néophytes nager vigoureusement vers ces rives inconnues que vous prétendiez leur interdire.

1472. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Le docteur Akakia se moque surtout de l’idée d’établir une ville latine, du beau projet de ne point payer les médecins, lorsqu’ils ne guérissent pas les malades ; de cette comète qui viendra voler notre lune, & porter ses attentats jusqu’au soleil  ; de ces observations nouvelles sur la génération ; de l’âge de maturité qui est la mort, & non l’âge viril ; de la démonstration, par algèbre, de l’existence de dieu ; du moyen de connoître & de prédire sûrement l’avenir ; du conseil de dissequer des cervaux de géans hauts de onze pieds, & d’hommes velus portant queue, afin de sonder la nature de l’intelligence humaine .

1473. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Nous sçavons, dit-il, que César, Alexandre, Annibal étoient des hommes comme nous, passionnés comme nous, ne valant pas mieux que nous, mais séduits dès l’enfance par l’expression outrée de la déclamation, nous prenons ces héros de l’antiquité sur le pied que les comédiens nous les donnent, c’est-à-dire pour des hommes d’une autre nature que la nôtre.

1474. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Encore aujourd’hui, les adieux d’Andromaque et d’Hector, la prière de Priam aux pieds d’Achille nous touchent profondément.

1475. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Un jour sur ses longs pieds….

1476. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

Aussi voïons-nous que les anciens ne vantent presque jamais les jambes et les pieds des saltatores ou de leurs danseurs.

1477. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Calino répond qu’il préfère rêver dans son lit « aux douces émanations de la rosée matinale » que d’aller tremper ses pieds dedans.

1478. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Le peu qui en a échappé aux ravages de la révolution, et qui pourrait se soutenir par sa propre masse, n’échappera point au bélier que les hommes amènent à l’envi au pied de ces hautes murailles.

1479. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Quand nous sommes éloignés de la patrie, nous nous rappelons toujours avec délices les jours où nous vivions sous les arbres qui ombragèrent notre berceau ; nous aimons à retracer à notre mémoire et la prairie et le ruisseau et la forêt qui étaient près du toit paternel : nous visitons mille contrées fameuses ; nous admirons les aspects les plus variés d’une nature tantôt belle, tantôt agreste et sauvage ; mais nulle part il ne sort de la terre que nous foulons sous nos pieds des souvenirs animés ; nulle part nous ne reconnaissons et le vent et la lumière et les ombres.

1480. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Ce n’est pas Mme Sand qui nous aurait fait accepter, avec ce talent qui est une magie, tous les écrivains de l’Allemagne sur le pied des plus hautes puissances intellectuelles, et nous les eût fait avaler, à nous autres railleurs français, pomme des hosties consacrées, alors que la plupart d’entre eux n’étaient guère que des pains à cacheter !

1481. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Robert Franz n’est pas, en pied, le blanchisseur de gros ou de fin de la Maison Lacroix et compagnie, mais simplement une invention, une forme littéraire, un procédé, employé pour faire mousser sans imprudence, ce livre-ci, je trouve, pour ma part, cette invention et ce procédé encore moins cosaques que le nom si tranquillement bourgeois et bon garçon de M. 

1482. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Le grand bas-bleu que fut Mme George Sand, a bien failli entrer dans les vieilles culottes de l’Académie, et si elle n’y est pas entrée, c’est qu’elle est morte ; — mais pour la venger d’un retard qui a mal tourné, on a respectueusement et pour une pièce qu’elle n’a pas toute faite, planté sa statue en marbre et en pied, dans le foyer du Théâtre-Français où Molière, Regnard et Caron de Beaumarchais n’ont qu’un buste30 !

1483. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Enfin, comme intelligence de la race, ils prennent la mesure du plus fort cerveau chinois qui ait jamais existé, ils nous peignent en pied ce Confucius (Koung-fou-Tseu) qu’ils comparent, on ne sait trop pourquoi, à notre glorieux cardinal de Richelieu, lequel n’a pas grand’chose, pourtant, de ce quaker Oriental, dont la haute philosophie ressemble à une Civilité puérile et honnête… Et c’est ainsi qu’ils confirment, au lieu de la détruire, cette grande accusation portée contre la Chine par des esprits sévères auxquels des potiches et des porcelaines, et une originalité grotesque dans les arts et dans la vie, n’ont pas tout fait pardonner !

1484. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

La Gloire, cette boiteuse plus boiteuse que la Prière, la Gloire, qui ne vint pas dans sa vie, arrivera un jour sur son tombeau, avec ses pieds tardifs.

1485. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Il y a un mot heureux de Guizot, et que je souligne parce que Guizot, que je voudrais entraîner, ne se permet guère l’imagination : « Comme un fanal, dans la nuit, brille au milieu des airs sans laisser apercevoir ce qui le soutient, même l’esprit de Shakespeare nous apparaît dans ses œuvres, isolé de sa personne. » Mais c’est justement à cause de la difficulté de saisir la vie de Shakespeare, d’empoigner le pied du fanal caché sous sa lumière, que la pensée la veut, cette vie, et qu’elle s’y obstine.

1486. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Qui en doute ne se rappelle donc pas comment elle est morte, avec Démosthène, aux pieds d’un des successeurs d’Alexandre ?

1487. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

C’est-à-dire qu’il possédait, jointe à des connaissances positives, la vue supérieure du Christianisme sans laquelle il est impossible de juger la société antique et même de la comprendre, l’homme ayant besoin pour juger une chose de valoir mieux qu’elle, de la tenir sous ses pieds, de la dominer !

1488. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Or, après l’erreur sur laquelle repose carrément l’Économie politique, comme une idole qui n’est pas d’or, sur des pieds d’argile, il y a l’erreur sur laquelle chez nous elle se meut, et cette erreur, c’est la préoccupation du développement industriel dans la tête d’une nation naturellement agricole.

1489. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Il a, lui, au pied levé, des idées, des aperçus, de ces rapports, soudainement saisis, qui sont l’esprit même, et, pour les exprimer, un style qui se joue du convenu, de la phrase classique, du poncif des Écoles Normales chères à sa maison… En cherchant bien, pour déterminer le genre de Blaze de Bury, quelle est la note juste ?

1490. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Ce Saint François d’Assise de la guerre, qui était de force à marcher, pieds nus, sur des baïonnettes, ne demandait des souliers que pour aller mieux à l’ennemi… Après Brumaire, le grand Connaisseur en mérite et en gloire qui régnait déjà sur la France, voulut en faire un sénateur.

1491. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

C’est toujours le même tourbillon d’activité, inépuisable malgré les années, roulant dans les espaces de la création et les quelques pieds des salons de Berlin, cette capitale petite ville, comme une toupie assagie rétrécit ses orbes dans la petite main d’un enfant !

1492. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Toutes ces titubations, ces chancellements, ces allées et venues d’une science éperdue et incertaine, n’empêcheront pas que ces Époques de la nature ne soient un monument littéraire, au pied duquel elle peut, s’il lui plaît, s’agiter !

1493. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Il est assez indifférent pour le quart d’heure de savoir si c’est le métaphysicien qui éveille en lui l’esprit politique ou si c’est l’esprit politique, effrayé des tempêtes qui dorment sous nos pieds à fleur de sol, qui a repoussé le métaphysicien sur lui — même ; mais ce qui est visible jusqu’à la splendeur, c’est que le métaphysicien et l’esprit politique, dont l’union fait un homme presque aussi merveilleux qu’une Chimère, forment en M. 

1494. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Mais sur ces pages qui restent là, qu’on peut reprendre et qu’on peut relire pour les juger, ce traître style écrit, qui n’a ni la voix, ni le geste, ni l’émotion de la chaire qu’on a sous les pieds, ni les mille yeux attentifs du public qu’on a devant soi, ce traître style écrit dénonce la médiocrité, ou le néant, ou les défauts de l’écrivain.

1495. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

C’est toujours le même tourbillon d’activité, inépuisable malgré les années, roulant dans les espaces de la création et les quelques pieds des salons de Berlin, cette capitale petite ville, comme une toupie assagie rétrécit ses orbes, dans la petite main d’un enfant !

1496. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

S’il n’ébranla pas en lui les robustes certitudes de sa foi, c’est que le Saint préservait l’homme des doutes du métaphysicien ; mais si le danger ne fut pas pour lui, il est pour d’autre, à cette heure, et dans un siècle ou l’obéissance en toutes choses cherche vainement des saint Anselme qui foulent aux pieds leur propre pensée, lorsqu’il s’agit d’obéir.

1497. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Le livre boite… et de la jambe qu’on voudrait la plus solide, parce que les sophistes sur lesquels il faudrait mettre durement le pied sont du côté de cette jambe-là… Ainsi, critique suprême !

1498. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Alexandre VI, par le pontificat duquel a fini le xve  siècle, est tiré présentement de dessous les pieds et la plume des imbéciles, des ignorants et des impies, qui croient lapider la papauté avec son cadavre.

1499. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Homme d’un grand sens et d’une érudition qu’il respecte trop pour la fouler aux pieds, l’abbé Gratry ne s’exagère pas les proportions de son mérite, parce qu’il n’a pas besoin de les exagérer.

1500. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Caro est un exercice éblouissant de révérences qui m’impatienterait, si je ne savais pas que son auteur est bien assez spirituel pour imaginer cette amusante manière de rendre ridicule un homme, qui consiste à le saluer trop… Sans cela, sans cette petite intention de politesse meurtrière, j’oserais dire que l’urbanité — l’urbanité à outrance — est le vice de ce livre, si brillant de clarté, où des hospitalités de roi sont faites à des faquins d’idées, et où l’auteur, l’ironique auteur, coiffe ces sots de bonnets d’âne, hauts de dix pieds, qui ressemblent à des mitres à longues oreilles, enrichies de diamants pour qu’on les voie mieux.

1501. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

L’autre part n’est plus si belle et si douce ; J’expie en ce jour les bonheurs passés ; Mes ramiers n’ont plus de pentes de mousse Où poser leurs pieds meurtris et glacés !

1502. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

En ce troisième volume, c’est tout Agrippa d’Aubigné ressuscité et mis debout de pied en cap, c’est l’Agrippa dont la Critique peut prendre exactement la mesure, l’Agrippa hors de ces ombres propices qui allongent les hommes et les statues en des contours tremblants et incertains, et replacé dans la lumière, la stricte lumière qui les raccourcit mais qui les dessine, qui les étreint, comme un collant, de sa clarté.

1503. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

J’erre et vais disparaître au sein des flots hurlant ; Le gouffre est à mes pieds, sur ma tête les nues            S’amoncellent, la foudre aux flancs.

1504. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Ce feu bien fait devait être le livre de Gourdon, dont la main naturellement était fort capable de bien le construire du pied à la cime, mais qui, justement, après l’avoir arrangé avec beaucoup de soin et d’aptitude dans son milieu et dans sa base, tout à coup, par la cime, l’a manqué !

1505. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Il a pris Le Sage sur le pied où le xviiie  siècle, le préjugé et la tradition littéraire, l’ont mis.

1506. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

… III Balzac, en effet, avec ses défauts, avec, ses vices de composition, s’il en a, et qu’il fallait nettement déterminer ; avec toutes les fautes qu’on serait en droit de lui reprocher, avec tous les desiderata que le bon sens pouvait formuler aux pieds de son génie, Balzac reste tellement colossal encore, que la Critique en est accablée, que l’Imagination en sourit, et que diminué, oui, réellement diminué dans sa stature, il ne nous paraît pas moins grand !

1507. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Pour ma part, j’ai vu le moment où il côtoyait un Christianisme suspect ; mais le pied est d’autant plus sûr qu’on rase l’abime sans y tomber.

1508. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

L’orateur ressemble à ces grands prêtres antiques qui, à la lueur du feu sacré, parlaient au peuple aux pieds de la statue de leur divinité.

1509. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

J’ouvre la brochure tout à fait au hasard, j’en donne ma parole d’honneur : Sous la cadence aussi d’un pied religieux Le sol rend un écho sonore ami des dieux. […] Ismenos, à tes rives chantantes Ils osent infliger l’opprobre de leurs tentes ; Ils foulent sous leurs pieds les tombeaux des aïeux. […] On avait répété : « Vous verrez ce que c’est qu’une ambassade antique avec les présents somptueux déposés aux pieds du roi visité, etc. ». […] Comme il l’a dit aussi d’Athalie, il ne faut pas prendre ces paroles tout à fait au pied de la lettre ; mais cela signifie au moins que pour Voltaire Iphigénie est un des deux ou trois premiers chefs-d’œuvre de notre scène. […] Engoncée, emmaillotée dans son pédantisme, entêtée de son Platon et de son Zénon, si elle voit des hommes dans la lune, elle méprise ceux dont les pieds foulent la terre.

1510. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Quel n’est pas son étonnement d’y découvrir les lignes suivantes qui prophétisent, avec une précision tragique, la détresse de la France actuelle : « Un prolétariat déshabitué de sentiments, sans autre dieu que l’envie, sans autre fanatisme que le désespoir de la faim, s’avancera et mettra le pied sur le cœur du pays. […] Auprès, le buis cher aux fidèles ‌ Trempe dans une assiette, et je vois sous les draps Le mort en long, pieds joints et croisant les deux bras !‌ […] Mme Jaubert nous l’a décrit, dans ses Souvenirs, immobile, les jambes desséchées, les pieds tordus, le corps et la face émaciés, ses paupières retombant inertes sur les globes voilés de ses yeux, et cette misérable chair était sans cesse parcourue, de la nuque aux talons, par le lancinement de ces douleurs auxquelles les médecins ont donné le nom, sinistrement expressif, de « térébrantes ». […] Il la déploie comme un hommage devant les pieds menus de celle qu’il aime. […] Ce grand théoricien de misanthropie était demeuré si naïf de sensations, qu’une terrasse de restaurant en plein air, aux Champs-Elysées, l’été, — une séance au Cirque, dont il était fanatique, — la vue d’un joli visage au bout de sa lorgnette et un retour à pied sous les étoiles, lui suffisaient pour qu’il se livrât avec délices à la vivacité de ses confidences.

1511. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Cette table est brune, longue, large et haute de trois pieds à l’œil : cela signifie qu’elle fait une petite tache dans le champ de la vision, en d’autres termes qu’elle produit une certaine sensation dans le nerf optique. […] De plus, l’expérience ne suit ces deux lignes que jusqu’à une distance bornée, dix, cent, mille pieds, et l’axiome est vrai pour mille, cent mille, un million de lieues, et à l’infini ; donc, à partir de l’endroit où l’expérience cesse, ce n’est plus elle qui établit l’axiome. […] Car nous sommes débordés de tous côtés par l’infinité du temps et de l’espace ; nous nous trouvons jetés dans ce monstrueux univers comme un coquillage au bord d’une grève, ou comme une fourmi au pied d’un talus. […] Si la fourmi était capable d’expérimenter, elle pourrait atteindre l’idée d’une loi physique, d’une forme vivante, d’une sensation représentative, d’une pensée abstraite ; car un pied de terre sur lequel se trouve un cerveau qui pense renferme tout cela ; donc, si limité que soit le champ d’un esprit, il contient des données générales, c’est-à-dire répandues sur des territoires extérieurs fort vastes, où sa limitation l’empêche de pénétrer.

1512. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Le graveur D…, qu’on vend en ce moment, a laissé sa fille, une grande fille de quinze ans, grandir dans son lit de petite fille de cinq ans : heureusement que c’était un lit de fer, et qu’elle pouvait passer les pieds et les jambes dehors. […] Vieil habitué de coulisses, honnête noctambule du boulevard, faisant lit commun avec sa femme, dans une coucherie patriarcale, qui a le grand fils au pied du ménage, en travers, sur un lit de sangle. […] Nous traînons nos pieds dans les feuilles mortes du jardin des Tuileries, sans vision des choses ni des gens, de l’amertume plein la bouche. […] Corriger les épreuves de la pièce pour L’Événement, faire les raccords, écrire vingt lettres par jour, remercier ici et là, lire tous les journaux, recevoir les gens qui viennent vous voir, rouler en coupé une partie de la journée, faire sa salle, distribuer son service, assister à toutes les représentations jusqu’au bout pour empêcher les acteurs de lâcher pied, emmener le soir des amis souper — et par là-dessus trouver le temps et le sang-froid d’écrire sa préface, par morceaux, par phrases crayonnées, en voiture, en mangeant, dans les cafés, dans les coulisses : c’est comme si on dépensait dix ans de sa vie, de son système nerveux, de son cerveau, en dix jours.

1513. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Cette table est brune, longue, large et haute de trois pieds à l’œil : cela signifie qu’elle fait une petite tache dans le champ de la vision, en d’autres termes qu’elle produit une certaine sensation dans le nerf optique. […] De plus, l’expérience ne suit ces deux lignes que jusqu’à une distance bornée, dix, cent, mille pieds, et l’axiome est vrai pour mille, cent mille, un million de lieues, et à l’infini ; donc, à partir de l’endroit où l’expérience cesse, ce n’est plus elle qui établit l’axiome. […] Car nous sommes débordés de tous côtés par l’infinité du temps et de l’espace ; nous nous trouvons jetés dans ce monstrueux univers comme un coquillage au bord d’une grève, ou comme une fourmi au pied d’un talus. […] Si la fourmi était capable d’expérimenter, elle pourrait atteindre l’idée d’une loi physique, d’une forme vivante, d’une sensation représentative, d’une pensée abstraite ; car un pied de terre sur lequel se trouve un cerveau qui pense renferme tout cela ; donc, si limité que soit le champ d’un esprit, il contient des données générales, c’est-à-dire répandues sur des territoires extérieurs fort vastes, où sa limitation l’empêche de pénétrer.

1514. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Quand ses pieds furent mis en mouvement : Ne crains pas, me dit-elle, que je m’éloigne. […] Il sermonne tous ceux qu’il rencontre, depuis le duc de Lauzun jusqu’au roi ; mais, comme il néglige de varier les formes de sa vertueuse indignation, l’attention lâche pied avant la fin de sa harangue. […] Or, pour l’accepter, il faut n’avoir jamais mis les pieds dans un atelier de sculpture. […] Michelet, en mettant le pied sur le terrain de l’histoire moderne, se trouve dépaysé. […] Augier avait senti le terrain se dérober sous ses pieds ; averti par cette épreuve, il est rentré dans le domaine de la fantaisie.

1515. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Sapho n’écrira pas ses adieux éternels à son amant, ni Médée ses reproches à Jason, ni, au pied des autels de son Dieu, la plaintive Héloïse ne déclarera l’impuissance des remords contre l’amour, du même style que Despréaux écrit son épître au Roi. […] S’il fallait un esprit aussi subtil que réglé, tel que celui d’Aristote, pour suivre pied à pied les opérations si fugaces de l’entendement humain, les saisir, et réduire, comme il le fit en sa logique, aux simples éléments du syllogisme tout l’art du raisonnement, il ne fallait pas une vue moins perçante et moins sûre pour pénétrer le caractère du vrai sublime. […] Alcide, brûlé des poisons de la robe trempée au sang du Centaure, et soupçonnant Déjanire de trahison, charge son fils de traîner sa mère à ses pieds, et de la déchirer en sa présence : cet ordre de commettre un parricide nous ferait horreur : mais c’est Hercule qui cède aux souffrances : ce commandement imprime l’idée de l’excès d’une douleur proportionnée à sa vigueur plus qu’humaine. […] Je représente le fils de Sophocle, nommé Jophon, abjurant son crime aux pieds du poète, et s’exprimant ainsi :                « Athéniens, qui m’écoutez ! […] l’immobilité des décorations nuit un peu aux illusions de la terrible scène où Néron, caché, surprend son frère Britannicus aux pieds de Junie épouvantée.

1516. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Il est donc possible que l’intelligence humaine, au lieu d’être un accident, une dérogation, ait été déterminée, dès l’origine, comme la main humaine, comme les pieds humains, comme les cheveux humains. […] Ceux qui défendent la religion avec le plus de force ne mettent jamais les pieds dans une église. […] On ne verrait pas bien au contraire par quel moyen rattacher Baltasar Gracian à l’esprit jésuite, s’il n’avait, lui aussi, étendu sous nos pieds un tapis fleuri et doux. […] Cela se passait sous leurs pieds, comme dans les galeries d’une fourmilière. […] Pendant ce temps-là, prosterné aux pieds du crucifix, il « s’abêtissait ».

1517. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

. —  Pareillement encore, pour entendre un Pourana indien, commencez par vous figurer le père de famille qui, « ayant vu un fils sur les genoux de son fils », se retire selon la loi, dans la solitude, avec une hache et un vase, sous un bananier au bord d’un ruisseau, cesse de parler, multiplie ses jeûnes, se tient nu entre quatre feux, et sous le cinquième feu, c’est-à-dire le terrible soleil dévorateur et rénovateur incessant de toutes les choses vivantes ; qui, tour à tour, et pendant des semaines entières, maintient son imagination fixée sur le pied de Brahma, puis sur le genou, puis sur la cuisse, puis sur le nombril, et ainsi de suite jusqu’à ce que, sous l’effort de cette méditation intense, les hallucinations paraissent, jusqu’à ce que toutes les formes de l’être, brouillées et transformées l’une dans l’autre, oscillent à travers cette tête emportée par le vertige, jusqu’à ce que l’homme immobile, reprenant sa respiration, les yeux fixes, voie l’univers s’évanouir comme une fumée au-dessus de l’Être universel et vide, dans lequel il aspire à s’abîmer. […] Voilà la conception maîtresse, qui consiste à ériger le devoir en roi absolu de la vie humaine, et à prosterner tous les modèles idéaux au pied du modèle moral.

1518. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Quel homme aurait été chercher son épouse, quel fils sa mère, au pied de ces tribunes tumultueuses, entre les applaudissements et les huées de la place publique ? […] Cette apologie au pied de l’échafaud était généreuse, mais sans péril.

1519. (1772) Éloge de Racine pp. -

C’est une admiration vraie et sentie qui m’amène après tant d’autres, non pas aux pieds de ta statue (car tu n’en as pas encore), mais sur ta tombe où j’ose apporter à tes cendres des hommages qu’une autre main peut-être devrait te présenter. […] Les moeurs, nouvelles pour nous, d’une nation avec qui nous avions eu long-temps aussi peu de commerce que si la nature l’eût placée à l’extrémité du globe ; la politique sanglante du sérail, la servile existence d’un peuple innombrable enfermé dans cette prison du despotisme ; les passions des sultanes qui s’expliquent le poignard à la main, et qui sont toujours près du crime et du meurtre, parce qu’elles sont toujours près du danger ; le caractère et les intérêts des visirs qui se hâtent d’être les instrumens d’une révolution, de peur d’en être les victimes ; l’inconstance ordinaire des orientaux, et cette servitude menaçante qui rampe aux pieds d’un despote, et s’élève tout à coup des marches du trône pour le frapper et le renverser : voilà le tableau absolument neuf qui s’offrait au pinceau de Racine, à ce même pinceau qui avait si supérieurement crayonné la cour de Néron ; qui dans Monime et dans Iphigénie traça depuis avec tant de vérité la modestie, la retenue, le respect filial que l’éducation inspirait aux filles grecques ; qui dans Athalie nous montra les effets de la théocratie sur ce peuple fanatique, toujours conduit par des prodiges, ou égaré par des superstitions.

1520. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Ici-bas, ce grand corps n’a que trois pieds détour ; Mais si je le voyais là-haut dans son séjour, Que serait-ce à mes yeux que l’œil de la nature ? […] Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où, Le héron au long bec emmanché d’un long cou : Il côtoyait une rivière.

1521. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Il est étonnant que M. de Bonald, qui a suivi pied à pied le système de Condillac pour le réfuter, n’ait pas également suivi celui que Rousseau a développé dans son Essai sur l’Origine des langues.

1522. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Ils prétendent que le meilleur service qu’on pût rendre à la République, c’est la publication de ces deux histoires, effrayantes comme exemples, et qui empêcheront la Révolution de recommencer… Mais l’expérience de toute la vie dit l’inutilité de l’expérience, et on voit souvent le vaisseau naufrager, au pied même du phare qui devait lui montrer l’écueil. […] Liberté, égalité, droits de l’homme, avènement de la raison, toutes ces vagues et sublimes images flottent devant leurs yeux quand ils gravissent sous la mitraille l’escarpement de Jemmapes, ou quand ils hivernent, pieds nus, dans la neige des Vosges.

1523. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Mais si je ne craignais de blesser quelques bonnes âmes restées peut-être encore jansénistes au pied de la lettre, je dirais tout simplement qu’après avoir bien considéré les incidents et les personnages de ce drame intérieur, je suis persuadé que la mère Agnès, livrée à elle-même et à sa propre nature, eût été plus soumise qu’elle ne l’a été, qu’elle était portée, comme elle l’a écrit un jour, à l’indifférence sur ces questions de controverse, mot très sage chez une religieuse et dont elle eut tort ensuite de se repentir ; je dirais que la manière indulgente dont elle continua de traiter une de ses nièces qui avait signé ce qu’exigeait l’archevêque et ce que conseillait Bossuet, que la parole tolérante qui lui échappa alors : « À Dieu ne plaise que je domine sur la foi d’autrui ! 

1524. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Mais si Bossuet pourtant s’oublie dans une oraison funèbre jusqu’à faire de l’ancien secrétaire d’État Le Tellier, de cet homme d’esprit doucereux et fin, une majestueuse figure de chef de justice et un pendant de L’Hôpital, on n’est pas fâché d’entendre l’abbé de Saint-Pierre réduire la figure à ses justes proportions, et mettant, comme on dit vulgairement, les pieds dans le plat, nous dire crûment : Il (Le Tellier) n’eut durant sa vie que le même but qu’ont les hommes du commun dans la leur, et ce but fut d’enrichir sa famille et d’augmenter son pouvoir tous les jours par des charges, par des emplois, par des alliances, par des richesses, par des dignités et surtout par la faveur du roi.

1525. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Bailly, sont en train de se répandre, de semer leurs primeurs de poésie en maint journal ; ils n’ont pas jusqu’ici recueilli leurs gerbes ; d’autres, qui les avaient rassemblées et accumulées en silence, nous les versent à nos pieds pêle-mêle, sous ce titre même : les Gerbes déliées, par Louis Goujon43.

1526. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Cousin, d’ailleurs, s’accoutuma de bonne heure à ne jamais séparer de la philosophie l’histoire, et par ce côté, du moins, on a un pied solide et l’on se sauve toujours.

1527. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Il recueille au fur et à mesure dans une corbeille préparée les fruits intérieurs des saisons diverses, les récoltes des années successives ; il ne les laisse pas mourir sur pied, ni se dessécher à la branche.

1528. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

La vigne, triste plante bossue, tord ses pieds entre les cailloux.

1529. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Mais il y a d’autres Gascons, de rudes hommes, fougueux et solides, qui ne lâchent jamais pied, ne sont jamais las, ne font la grimace à aucun péril, à aucune peine, et qui vont joyeusement à toutes les batailles, à toutes les besognes, ayant encore de la verve de reste à faire mousser dans les heures de relâche, et se reposant à des jeux qui seraient de la fatigue pour d’autres : il y a les Gascons de Montluc et de Henri IV.

1530. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Incapable de maîtriser son essor, il ne peut effleurer la terre du pied sans rebondir aussitôt jusqu’au ciel et se perdre dans la poussière dorée d’un rayon lumineux.

1531. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Si, en effet, on a reconnu dans les écrits d’un homme un style éclatant, riche en comparaisons et en métaphores, une grande fertilité de combinaisons dramatiques, une habileté remarquable à dresser en pied un être vivant ou à brosser un paysage à grands traits, déclarer après cela que cet homme est doué d’une forte imagination, c’est au fond répéter la même chose en d’autres termes.

1532. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Pour lui, la réflexion est un état contre nature ; il écrit cette phrase énergique : « L’homme qui médite est un animal dépravé. » Il se plaît à railler la raison, à l’humilier, à la fouler aux pieds ; il proclame la royauté, que dis-je ?

1533. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

La sauvagerie est toujours là à deux pas ; et, dès qu’on lâche pied, elle recommence.

1534. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

  Or, pour qu’il soit bien dit que drame et roman d’une part et d’autre part la poésie ont quelque chose d’essentiellement étranger, de foncièrement divergent, non seulement à l’état de santé, de puissance, mais aussi, mais surtout de maladie et d’amoindrissement, tandis que ceux-là perdant pied s’égareront dans l’empirisme, celle-ci au contraire, par respect de la tradition, s’attardera, s’enfoncera, et périra dans le formisme.

1535. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Mais les rayons ont aussi un bout central : tous, ont leur pied dans le centre de la sphère.

1536. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Les deux derniers vers : Quiconque en pareil cas se voit haï des cieux, Qu’il considère Hécube, il rendra grâce aux dieux ; sont excellens ; mais la moralité qu’ils enseignent est énoncée d’une manière bien plus frappante dans une fable de Sadi, fameux poète persan ; la voici : « Un pauvre entra dans une mosquée pour y faire sa prière : ses jambes et ses pieds étaient nus, tant sa misère était grande ; et il s’en plaignait au ciel avec amertume.

1537. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Ce jour-là, les femmes prirent, dans le monde de la publicité, une position et un pied qu’elles n’y avaient jamais pris.

1538. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Toujours est-il que cette substance de femme grasse et blonde faite pour la sieste et l’amour turc, que cette espèce d’indolente houri qui a peut-être posé pour la Dudu du Don Juan, de sa main languissante, lança un livre, qui n’était ni un éclair, ni une foudre… Il ne pouvait l’être, d’ailleurs, qu’à la condition de fouler aux pieds toutes les mesquines considérations de la femme et du bas-bleu et il ne les y foulait pas… Le bas-bleuisme, cette affectation enragée de la personnalité des femmes tue, en elles, plus ou moins l’amour, comme il tue plus ou moins le génie.

1539. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Quant à l’Italie en particulier, la maison de Savoie doit sentir maintenant sous son pied envahisseur bouillonner la République qui emportera sa royauté un de ces matins dans les flots du pétrole allumé si facilement par les peuples qui ne croient plus qu’à cet enfer-là, et qui en disposent.

1540. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Fustel de Coulanges n’en est jusqu’ici qu’au ras du sol, mais il va monter… Maître de Conférences à l’École normale supérieure quand il fit paraître ce livre, il n’a, pour moi, contre lui, que son titre d’universitaire ; mais c’est un esprit que je crois assez vigoureux pour secouer et mettre à ses pieds les préjugés traditionnels de l’Université et de son enseignement.

1541. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Theiner compte au nombre de ces intrigants ces pieuses filles des monastères d’Espagne, ces intrigantes du pied de la croix, auxquelles il reproche leurs prières, leurs ardeurs de zèle et de charité, et jusqu’à leurs prophéties sur les malheurs dont l’Église était menacée, on reste convaincu que la main qui signa le bref d’abolition était libre de toute amitié maladroite, et ne s’appesantit que sous celle des gouvernements qui la tinrent et qui la serrèrent.

1542. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Tu vins, et d’un ton compassé, Un pied sur l’avenir, l’autre sur le passé, Tu chantas à grands flots ces créations pures… Pour la beauté d’abord tu nous donnas Hélène, Forme terrible et pure, en son manteau de laine, Pour laquelle à jamais les hommes et les Dieux Se livrent sans relâche un combat odieux… Hélène qui, riant sur sa couche fatale, Tuait dans un baiser l’Asie orientale, Et serrant sur son sein l’enfant aux blonds cheveux, Étouffait un empire entre ses bras nerveux !

1543. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Il en a fait la fille d’un paysan dans l’aisance, qui lui a donné tout juste ce qu’il faut d’éducation à une fausse demoiselle pour mépriser son bonhomme de père, s’il a dans sa grosse main le calus du manche de la charrue ou du pied de frêne et s’il fait des fautes de français.

1544. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Qu’il descende donc de ses Pléiades, qu’il replace ses pieds sur le terrain de la réalité (cela ne lui sera pas difficile puisqu’il est diplomate !)

1545. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Nous avons pris au pied de la lettre, le joyeux paradoxe de Théophile Gautier : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. — L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines. » Et nous avons conformé notre jugement à ce précepte, d’après lequel il serait impossible à un meuble, à une habitation, à une étoffe, de satisfaire aux exigences de la beauté.

1546. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

L’idée que l’humanité rompt la file et repart du pied gauche, à un moment donné, sur un point de la planète, est puérile. […] cette remarque, que le premier vestige humain aperçu par Robinson dans son île, était un pied. « Quel symbole !  […] s’opposa un spiritualisme, bête et sommaire à pleurer, reflétant la débilité mentale de conservateurs, reculant pied à pied devant les prétendus innovateurs. […] Celui des localisations cérébrales et notamment de la localisation du langage articulé au pied de la troisième frontale gauche. […] Le catoblépas, qui se rongeait les pieds, sans s’en apercevoir, était un animal intelligent et éveillé, à côté de lui.

1547. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Un chevalier français, épris d’une princesse étrangère, se jette à ses pieds et parvient à l’émouvoir. […] Un jour que Camille des Horaces, après avoir lancé son imprécation contre Rome, fuyait vers la coulisse où elle doit être immolée, ses pieds s’embarrassèrent dans la queue traînante de sa robe et elle tomba. […] Le grand Baron n’eût pas manqué de tuer Camille tombée à ses pieds, dût-il ensuite lui offrir la main une fois la toile abaissée. […] Il applaudissait lui-même, trépignait des pieds et des mains, se levait dans sa loge, mettait la moitié du corps en dehors, imposait silence pour faire mieux goûter les endroits qu’il jugeait sublimes, enfin il témoignait la joie d’un enfant ! […] Le parasite, toujours affamé, dit à une servante avec laquelle il est seul : Que ton nez aussi bien n’est-il un pied de veau ?

1548. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Dumas possède le don de mettre sur pied des êtres indépendants de lui-même, bien qu’ils soient, ou plus ou moins, inventés à son image. […] C’est une vie religieuse qu’il lui faudrait, et les effusions au pied de l’autel. […] En 1849, partaient, le sac au dos, pour faire à pied un tour de France. […] Depuis Balzac, qui donna au monde des artistes l’exemple presque monstrueux de sa Comédie humaine, mise sur pied en vingt années, c’est à qui parmi nos hommes de lettres fera des débauches de volonté dans le travail. […] C’est à Paris, au pied d’une barricade, que tombe, pour ne plus se relever, l’éloquent et impuissant Dimitri Roudine, de la nouvelle de ce nom.

1549. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Couche-toi sans pudeur, Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte. […] Il faut qu’elle produise beaucoup d’enfants robustes et qu’elle mette sur pied beaucoup de braves soldats. […] Elle en arrivait à ne plus mettre sur pied de soldats nationaux. […] Il y avait, semble-t-il, deux façons de poser en pied cette sombre figure du prêtre assassin. […] Ses pieds pâles et mats, comme de l’albâtre lavé, dépassaient le bout du drap blanc qui l’enveloppait de cette forme indécise qu’ont tous les cadavres en costume.

1550. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Les poèmes de chevalerie tombent peu à peu dans le mépris ; bientôt on les mettra en prose, on mettra les chevaliers à pied. […] Pour nous, au contraire, quelle belle Ode, toute sincère et pleine de sens, de patriotisme, d’à-propos, — d’un à-propos qui se fait sentir encore aujourd’hui à ceux qui ont traversé des temps plus ou moins semblables, et qui comprennent qu’il est des moments où le salut de tous dépend d’un seul bras, d’une seule tête, — que cette Ode, Stances ou Prière pour le roi allant en Limousin (1605)127 : Ô Dieu, dont les bontés de nos larmes touchées Ont aux vaines fureurs les armes arrachées, Et rangé l’insolence aux pieds de la raison, Puisque à rien d’imparfait ta louange n’aspire, Achève ton ouvrage au bien de cet Empire, Et nous rends l’embonpoint comme la guérison. […] le scrupuleux et circonspect Daunou, qui ne met pas un pied devant l’autre sans s’être bien assuré du terrain.

1551. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Addison choisit souvent pour lieu de promenade la sombre abbaye de Westminster, pleine de tombes. « Il se plaît à regarder les fosses qu’on creuse et les fragments d’os et de crânes que roule chaque pelletée de terre », et considérant la multitude d’hommes de toute espèce qui maintenant confondus sous les pieds ne font plus qu’une poussière, il pense au grand jour où tous les mortels, contemporains, apparaîtront ensemble919 » devant le juge, pour entrer dans l’éternité heureuse ou malheureuse qui les attend. […] Comme je les comptais, le Génie me dit que ce pont était d’abord de mille arches, mais qu’une grande inondation avait balayé le reste, et l’avait laissé ruiné comme je le voyais maintenant. —  Dis-moi encore, reprit-il, ce que tu y découvres. —  Je vois, répondis-je, une multitude de gens qui le traversent, et un nuage noir suspendu sur chacune de ses deux issues. —  Puis, regardant plus attentivement, je vis plusieurs des voyageurs tomber au travers dans la grande marée qui conduit au-dessous, et je découvris bientôt qu’il y avait dans ce pont d’innombrables trappes cachées, où l’on ne mettait le pied que pour s’enfoncer et disparaître à l’instant. […] Il y avait des multitudes affairées à la poursuite de babioles qui brillaient et dansaient devant leurs yeux ; mais souvent, au moment où ils croyaient les saisir, le pied leur manquait, et ils étaient précipités… Je poussai un profond soupir, et le Génie, touché de compassion, me dit de regarder vers cet épais brouillard dans lequel le courant portait les diverses générations de mortels engloutis.

1552. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Vers neuf heures, les plus acharnés comprirent qu’ils poursuivaient une chimère, et se décidèrent à rentrer chez eux, désolés, les pieds mouillés. […] Pourvu que l’odeur n’en vienne. pas jusqu’à nous, qu’importe que le fumier s’élève et pourrisse à nos pieds ? […] … Ils me mangent les pieds !

1553. (1925) La fin de l’art

Je ne pense pas que l’on ait même tenté un commencement d’explication de la relation qui existe entre la plante des pieds et le siège du sens olfactif. […] Un Anglais parcourait alors l’Europe « à cheval, en charrette, en bateau, en chaise à porteurs, mais surtout à pieds ». […] Voyage en France J’espère que les délégués du tourisme, qui vont se réunir, sauront trouver un rôle et une place d’honneur pour notre grand touriste, pour Ardouin-Dumazet, qui a parcouru, et souvent à pied, le bâton à la main, la France entière, et qui a rédigé ses observations en cinquante-cinq ou soixante volumes, car l’œuvre continue.

1554. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

On lui redressait le pied douloureusement dans une machine de bois pendant qu’il prenait sa leçon de latin, et son maître le plaignait. « Ne faites pas attention si je souffre, monsieur Roger, dit l’enfant ; vous n’en verrez aucune marque sur ma figure1248. » Tel il était enfant, tel il demeura homme. […] Devant ses pieds de fer, —  le Meurtre s’est blotti pour compter les œuvres de mort. —  Car ce matin trois puissantes nations se rencontrent — pour verser devant son autel le sang qu’elle trouve le plus doux. […] Leur génie a beau monter haut, il a toujours les pieds plongés dans l’observation, et leurs plus folles comme leurs plus magnifiques peintures n’arrivent jamais qu’à offrir au monde l’image de leur siècle ou de leur propre cœur. […] Alp avance sur la grève, jusqu’au pied du bastion, sous le feu des sentinelles : il n’y songe guère

1555. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

De toute antiquité, la rime fut usitée chez les Orientaux ; mais si nous la trouvons dans le Cantique des cantiques, terminant des versets simplement rythmés, si les Arabes l’employaient dans leurs vers, rimés de trois à cinq pieds, plus lente fut l’évolution latine, et toute de décadence. […] Mais, trop souvent l’on en vint aux vers sans rimes, et, sous prétexte de rythme libre, l’on écrivit des vers de un à seize pieds — simple et naïf artifice typographique. — Puisque l’on veut mon avis personnel, je le donnerai d’après mon En Méthode à l’Œuvre, succinctement. […] monsieur Haraucourt, ne fîtes-vous pas un pied de nez en écrivant cette lettre ? […] Ce dont je l’accuse, c’est de n’avoir aucun antécédent au cours de notre poésie française, depuis les origines jusqu’à nos jours… quand a-t-on vu chez nos aïeux, à un moment quelconque, des vers de 14, de 15 et même de 17 pieds ?

1556. (1927) Des romantiques à nous

S’en abstenir, c’est infliger d’avance le plus grand tort aux plus grands auteurs, c’est mettre d’avance sur un pied d’égalité injurieuse les plus petites et les plus hautes inspirations, les plus troubles et les plus pures. […] Seulement, comme ils sont fort intelligents, ce « tout » qu’ils désirent, ils ne jugent pas que la société le leur doive ni qu’elle pèche contre Dieu en ne venant pas le déposer à leurs pieds. […] Mais, comme il arrive aux pieds du bastion, le bienveillant Eros en y remet de nouvelles. […] Nous traversâmes Paris à pied pour rentrer chez nous, remuant, comme entrée de jeu, toutes les idées. […] Ses pieds trottaient menu sous un corps énorme.

1557. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Ce héros, qui a si peu de passion, légèrement bizarre comme un original de La Bruyère, et qui rêve une nuit si plaisamment qu’il va en épouser quatre, devient tendre à la fin, quand il éclate en pleurs aux pieds d’Henriette93. […] Au reste, la raison de Mme Guizot, qui a pied dans le fait même, admet, pressent les cas d’insuffisance et en avertit : « Je le vois plus clairement chaque jour, dit Mme d’Attilly, la jeunesse est de tous les âges de la vie celui que l’enfance nous révèle le moins ; une influence indépendante du caractère la domine avec un empire contre lequel on peut d’avance lui donner des forces, mais sans prévoir de quelle manière elle aura à s’en servir. » Mme Guizot relève en un endroit une assertion de mistress Hannah More sur la nature déjà corrompue des enfants, et elle la combat.

1558. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Tout homme que je rencontre, et encore plus toute femme, croirait manquer au plus indispensable des devoirs, si elle ne m’adressait un long et ingénieux discours à ma gloire. » Présenté à Versailles, le futur Louis XVI âgé de dix ans, le futur Louis XVIII âgé de huit ans et le futur Charles X âgé de quatre ans, lui récitent chacun un compliment sur son livre  Je n’ai pas besoin de conter le retour de Voltaire, son triomphe, l’Académie en corps venant le recevoir, sa voiture arrêtée par la foule, les rues comblées, les fenêtres, les escaliers et les balcons chargés d’admirateurs, au théâtre une salle enivrée qui ne cesse de l’applaudir, au dehors un peuple entier qui le reconduit avec des vivats, dans ses salons une affluence aussi continue que chez le roi, de grands seigneurs pressés contre la porte et tendant l’oreille pour saisir un de ses mots, de grandes dames debout sur la pointe du pied épiant son moindre geste501. « Pour concevoir ce que j’éprouvais, dit un des assistants, il faudrait être dans l’atmosphère où je vivais : c’était celle de l’enthousiasme. » — « Je lui ai parlé », ce seul mot faisait alors du premier venu un personnage. […] Elle s’empare de tous les cœurs français, sape par le pied tout ce qui n’était fondé que sur les anciennes opinions et tire sa force d’elle-même. » Non seulement les privilégiés font les avances, mais ils les font sans effort ; ils parlent la même langue que les gens du Tiers, ils sont disciples des mêmes philosophes, ils semblent partir des mêmes principes.

1559. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Il s’approprie, en ouvrant les yeux, la lumière, sans laquelle ses mains et ses pieds deviennent inutiles à sa subsistance et à ses mouvements, et il languit dépossédé de sa part au jour. […] La famille en effet est une puissance, l’individu n’est qu’un néant ; l’État le foule aux pieds sans l’apercevoir ; la dynastie de la famille détruite par l’égalité et par la mobilité des héritages, la dynastie royale devient facilement tyrannique ; la conquête même devient plus facile dans un pays où l’esprit de la famille a été anéanti par la dissémination sans bornes de l’égalité des biens.

1560. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Ils signalèrent leur attachement à la cause du pape par le meurtre du calviniste Anne Dubourg, confesseur héroïque de la foi nouvelle. « Six pieds de terre pour mon corps et le ciel infini pour mon âme, voilà ce que j’aurai bientôt !  […] Il demanda s’il n’y avait pas encore de la besogne pour lui, et il enfonça dans ce pauvre cadavre le cinquante-sixième et dernier coup de poignard ; après quoi Rizzio fut lié aux pieds avec la corde apportée par l’un des conjurés, et il fut traîné ainsi et descendu le long de l’escalier du palais.

1561. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

la pastorale prend pied sur le sol de l’Espagne, et mêle des lieux, des noms connus à son impossible action. […] Antonio Perez ne l’établit pas, quoi qu’on ait dit : il ne dut jamais mettre les pieds à l’hôtel de Rambouillet276.

1562. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

On se rappelle ce M. de Montauron que la reconnaissance un peu gauche de Corneille, mettant, comme dit Montaigne, de grands souliers à de petits pieds, comparait pour sa libéralité à l’empereur Auguste. […] si à l’heure qu’il est, nous voyions arriver un chevalier armé de pied en cap, portant écu, haubert et gorgerin, et qui viendrait tranquillement lancer des javelots contre des batteries de canons.

1563. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Je pourrais, comme on dit, chercher la petite bête dans un livre qui en est plein, de petites bêtes… Mais je dédaigne cette manière taquine de critiquer un homme, et je la laisse à mes pieds, par respect pour l’ancien talent d’Hugo. […] dans Quatre-vingt-treize est plus monarchique que révolutionnaire, et l’on dirait, si on ne connaissait pas la versatilité de l’âme des poètes, que c’est là une espèce d’amende honorable faite, par un républicain dégoûté de ses républiques, aux pieds encore absents d’une monarchie qu’il sent venir !

1564. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

M. de Sacy est un des hommes les plus estimés de la presse tant littéraire que politique, et il y a vingt-cinq ans qu’il y est sur ce pied-là.

1565. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Quelques esprits prirent cette méthode au pied de la lettre et se mirent à la pratiquer, à l’appliquer en toute rigueur, ayant fait maison nette et table rase pour commencer ; cela menait droit et loin.

1566. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Mais à la première rencontre, on le sait, les deux amants se portèrent l’un vers l’autre, se tirèrent insensiblement à part dans l’embrasure d’une fenêtre, se parlèrent bas, pleurèrent, et, faisant une grande révérence aux graves témoins, matrones ou prélats fort ébahis et se regardant, ils passèrent dans une autre chambre : « Et il en advint Mme la duchesse d’Orléans, et ensuite M. le comte de Toulouse54. » C’est ce qu’on appelle vulgairement avoir un pied de nez.

1567. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Il s’était mis cependant à l’étude de l’Allemagne, et par l’Allemagne il s’était vu initié à ces sciences de formation moderne qui ont tant de peine à pénétrer chez nous et à y prendre pied, même après trente et quarante ans d’existence constatée et régulière.

1568. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Ils traversent la terre et sa boue et ses ombres D’un pied désormais sûr et d’un œil familier ; Du passé paternel ils foulent les décombres Comme une poudre sainte au sol de l’atelier.

1569. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Les Grecs et les Troyens acharnés qui se disputent la muraille du retranchement, les uns sans réussir à la forcer tout entière, les autres sans pouvoir décidément la ressaisir, ce sont « deux hommes qui disputent entre eux sur les confins d’une pièce de terre, tenant chacun la toise à la main, et ne pouvant, dans un petit espace, tomber d’accord sur l’égale mesure. » Les deux Ajax qui, ramassés l’un contre l’autre, soutiennent tout le poids de la défense, ce sont « deux bœufs noirâtres qui, dans une jachère, tirent d’un courage égal l’épaisse charrue : la sueur à flots leur ruisselle du front à la base des cornes, et le même joug poli les rassemble, creusant à fond et poussant à bout leur sillon. » Ailleurs, à un moment où les Troyens qui fuyaient s’arrêtent, se retournent soudainement à la voix d’Hector, et où les deux armées s’entre-choquent dans la poussière : « Comme quand les vents emportent çà et là les pailles à travers les aires sacrées où vannent les vanneurs, tandis que la blonde Cérès sépare, à leur souffle empressé, le grain d’avec sa dépouille légère, on voit tout alentour les paillers blanchir : de même en ce moment les Grecs deviennent tout blancs de la poussière que soulèvent du sol les pieds des chevaux et qui monte au dôme d’airain du ciel immense. » Voilà bien le contraste plein de fraîcheur au sein de la ressemblance la plus fidèle.

1570. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

C’eût été d’abord de vivre à part, loin des coteries et des salons patentés, dans le silence du cabinet ou des champs ; de travailler là, peu soucieux des succès du jour, pour soi, pour quelques amis de cœur et pour une postérité indéfinie ; c’eût été d’ignorer les tracasseries et les petites guerres jalouses qui fourmillaient aux pieds de trois ou quatre grands hommes, d’admirer sincèrement, et à leur prix, Montesquieu, Buffon, Jean-Jacques et Voltaire, sans épouser leurs arrière-pensées ni les antipathies de leurs sectateurs ; et puis, d’accepter le bien, de quelque part qu’il vînt, de garder ses amis, dans quelques rangs qu’ils fussent, et s’appelassent-ils Clément, Marmontel ou Palissot.

1571. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Comme un pasteur solitaire, mélancoliquement amoureux du désert et de la nuit, il demeure immobile et debout sur son tertre sans verdure ; mais du geste et de la voix il pousse le troupeau qui se presse à ses pieds et qui a besoin d’abri ; il le pousse à tout hasard au bercail, du seul côté où il peut y en avoir un2.

1572. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Il sortait de ces rêveries anéanti, brisé, presque moribond. » Cauchemars, insomnie : « Il craignit de s’endormir… il resta étendu sur son lit des heures entières, tantôt dans de persistantes insomnies et de fiévreuses agitations, tantôt dans d’abominables rêves que rompaient des sursauts d’homme perdant pied, dégringolant du haut en bas d’un escalier, dévalant sans pouvoir se retenir au fond d’un gouffre. » « Les couvertures le gênaient, il étouffait sous les draps et il avait des fourmillements par tout le corps, des cuissons de sang, des piqûres de puces le long des jambes. » Troubles de la sensibilité. — Hallucinations de l’odorat : « Sa chambre embauma la frangipane ; il vérifia si un flacon ne traînait pas débouché, il n’y avait pas de flacon dans la pièce ; il passa dans son cabinet de travail, dans sa salle à manger, l’odeur persista. » Puis, à la suite de la symphonie olfactive, « à nouveau la frangipane dont son odorat avait perçu les éléments… assaillit ses narines excédées, ébranlant encore ses nerfs rompus… » Perversions du goût : Il a le désir d’une « immonde tartine » mâchée par un « sordide gamin ».

1573. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Vis-à-vis des personnages réels, il se perdait dans l’admiration et dans la louange, élevait les gens jusqu’au ciel, les y installait à demeure. « Savez-vous bien que, pour peu que j’aime, je ne vois les défauts des personnes non plus qu’une taupe qui aurait cent pieds de terre sur elle ?

1574. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Elle est toute de convention, et elle n’a assurément pas plus de vérité que celle de l’Allemand naïf, à la tête carrée, aux grands pieds et à la longue pipe, buvant des chopes et dissertant sur l’idéal et l’infini, se gavant de choucroute et volant des pendules, pour être, en fin de compte, roué de coups par un sous-officier imberbe4. » On se tiendra donc en garde contre de pareilles tentations, et avant de faire aucune induction, avant de poser une loi ou une règle, avant de rien généraliser, on s’assurera qu’on travaille bien sur une réalité, et non sur un fantôme, que les faits d’abord existent ; on aura soin ensuite de ne rien négliger dans les faits qu’on aura reconnus, de tenir compte de tous les éléments qui les composent, de n’y rien ajouter ni retrancher arbitrairement.

1575. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Partout, on le voit, les Italiens sont mis sur le même pied que les anciens : tant il est vrai, comme on ne le redira jamais trop, que l’Italianisme a été le principe et la condition de notre Renaissance.

1576. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Il remet cet homme sur pied, en pleine réalité, il le rattache par tous les côtés à la terre, selon son expression ; il suit dans son origine, dans son éducation, dans ses fréquentations, dans toute sa vie intime et domestique, la formation, les agrandissements, les abaissements du caractère et de l’esprit.

1577. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Tout est petit, mignon, coquet et coquin ; et le cordonnier de Persépolis, faisant des brodequins pour sa maîtresse, qualifie ses pieds d’« espiègles » et de « gentils bourreaux ».

1578. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Mlle Alberte, qui sort du couvent, met, pendant le dîner, son pied sur celui de l’officier qui est en pension chez ses parents, de bons bourgeois de petite ville.

1579. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Swinburne Pour mettre une couronne au front d’une chanson, Il semblait qu’en passant son pied semât des roses, Et que sa main cueillît comme des fleurs écloses Les étoiles au fond du ciel en floraison.

1580. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Les flots de la tempête se brisent à ses pieds.

1581. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Descartes qui s’emprisonne trente années fondant la Terre & les Cieux ; Mallebranche loin de ce monde lorsqu’il médite ; Corneille dans l’enthousiasme jusqu’au lever de l’aurore ; la Fontaine assis un jour entier au pied d’un arbre, exposé à l’inclémence d’un Ciel pluvieux ; Archiméde qui n’apperçoit point la main qui va l’assassiner ; voilà le charme invincible & profond qui retient dans ses chaînes invisibles l’ame du Poëte, & du Philosophe ; qui la pénétre, la remplit sans la fatiguer, qui accroît sa force & lui découvre des régions nouvelles étincelantes de beautés neuves & sublimes.

1582. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Il se jeta aux pieds du roi ; mais, bien que la dame joignît ses supplications aux siennes, Auguste demeura inexorable.

1583. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Jésus s’envisageait depuis longtemps avec Dieu sur le pied d’un fils avec son père.

1584. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Souvent, assise aux pieds de Jésus, elle oubliait à l’écouter les devoirs de la vie réelle.

1585. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Que l’on remarque, d’ailleurs, que la force nerveuse ne peut être répandue également partout, et que les centres nerveux ne sont pas également chargés ; que l’état du fœtus ne ressemble pas à celui de l’âne de Buridan ; mais qu’il y a un état de vigueur nutritive ou constitutionnelle qui détermine le fœtus à remuer tel pied plutôt que tel autre.

1586. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

J’allais souvent de l’une à l’autre, à pied, déguisée, portant sous mon bras du linge, de la viande, et je passais quelquefois les nuits chez un de ces enfants malades dans une petite maison hors de Paris.

1587. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Le premier acte pose, de pied en cap, le brillant et séduisant personnage de ce père prodigue.

1588. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Il était venu un matin à l’Arsenal pour voir des canons ; elle sortait pour aller à la messe aux Célestins : Il me reconnut, dit-elle, à ma livrée, mit pied à terre et me mena à la messe, et l’entendit avec moi.

1589. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

À présent que la prétendue immoralité de ce drame est réduite a néant, à présent que tout l’échafaudage des mauvaises et honteuses raisons est la, gisant sous nos pieds, il serait temps de signaler le véritable motif de la mesure, le motif d’antichambre, le motif de cour, le motif secret, le motif qu’on ne dit pas, le motif qu’on n’ose s’avouer à soi-même, le motif qu’on avait si bien caché sous un prétexte.

1590. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Nous renonçons à notre droit de critiquer les pieds du paon, le cri du cygne, le plumage du rossignol, la chenille du papillon, l’épine de la rose, l’odeur du lion, la peau de l’éléphant, le bavardage de la cascade, le pépin de l’orange, l’immobilité de la voie lactée, l’amertume de l’océan, les taches du soleil, la nudité de Noé.

1591. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Il donne un mandement contre son livre, & fait faire, pour l’exposition du saint-sacrement, un soleil dont un des anges, qui en étoient les supports, fouloit aux pieds divers livres hérétiques, sur un desquels étoit le titre du sien.

1592. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Pour le positivisme, toute croyance religieuse et toute doctrine spiritualiste sont mises à l’écart comme hypothèses arbitraires et transitoires, qui ont pu servir au développement de l’humanité, mais que la raison humaine doit maintenant rejeter, comme on repousse du pied l’échelle à l’aide de laquelle on a atteint le sommet.

1593. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Les alexandrins à rime féminine n’ont-ils pas treize pieds, tandis que les mêmes vers à rime masculine n’en comptent que douze » ?

1594. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

« Ô toi, dit l’orateur, élève et disciple de ces êtres qui occupent le milieu entre la Divinité et l’homme ; toi dont la tombe n’occupe qu’une petite portion de terre, mais qui par ta gloire remplis le monde ; toi qui en commençant ta carrière, as surpassé tous les grands hommes qui ne sont pas Romains, qui en la finissant, as surpassé ceux même de Rome ; toi que les pères regrettent plus que leurs propres enfants, et que les enfants regrettent plus que leurs pères ; toi qui as exécuté de grandes choses, mais qui devais en exécuter encore de plus grandes ; toi qui foulais aux pieds tous les genres de voluptés, excepté celles qui naissent du charme inexprimable de la philosophie, protecteur et ami des dieux de l’empire ; ô prince !

1595. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Que de maux seront soufferts, que de ruines entassées, que de monuments et d’idées s’écrouleront dans le monde, pour que ces souvenirs soient expiés aux mêmes lieux qui les consacrent, que la pénitence épure cette terre de volupté, qu’une église de martyrs s’élève à la place d’un bocage sacré, et que la prière d’une humble vierge au pied de la croix ou le dévouement de quelque religieux dans un lazaret remplace, aux mêmes lieux, les hymnes chantés à Vénus !

1596. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Martinenche, paru un peu plus tôt, a un peu coupé l’herbe sous le pied à M.  […] Coup de théâtre, brusque revirement, baguette de fée ; il y fut reçu avec enthousiasme, fêté, nourri et habillé de pied en cap comme un gentilhomme ; et il se laissa faire et il résolut de rester à Vienne où, du reste, on lui promettait qu’il serait joué, je veux dire que ses pièces seraient représentées et avec tous les soins imaginables. […] « … La mode est aujourd’hui aux paysans comme elle était naguère aux barons du moyen âge, et Claudie ne pouvait venir plus à propos avec sa cornette bise, sa jupe rayée, ses bas bleus et ses petits pieds dans de gros souliers… George Sand paraît vouloir faire un théâtre rustique. […] Elle était vraiment gracieuse et toute « sympathique » de la tête aux pieds. […] J’étais sur l’Acropole Ce matin, méditant au pied du Parthénon, Songeant à ce débat, et me répétant : Non !

1597. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Que pensez-vous qu’il voulût fonder lorsqu’il alla faire la veillée des armes au pied des autels de la Vierge ? […] Le héros est un jeune homme nommé Eusebio, qui à sa naissance a été placé sous la protection de la Croix et abandonné sur une route au pied du symbole sacré. […] » Je tiens surtout à faire remarquer qu’Hamlet n’a absolument aucune sentimentalité, comme on l’imagine généralement ; personne ne foule mieux aux pieds, au contraire, tous les masques hypocrites de la passion. […] Chaque nouveau voyageur pose scrupuleusement son pied sur l’empreinte laissée par le pied de son prédécesseur, qui semble aussi sacrée pour lui que l’empreinte du pied de Bouddha pour les naturels de Ceylan. […] La légende y a mis le pied sur l’histoire, à peu près comme saint Georges sur la tête du dragon, et l’ancien monde y apparaît humilié, vaincu, dégradé, dans un état de vasselage et d’infériorité.

1598. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il s’habillait au hasard de ce qu’il trouvait sous sa main : se montrant souvent vêtu d’une veste d’enfant avec un mouchoir autour du cou, et aux pieds des bottines vernies. […] Cet homme qui faisait à pied le tour des États-Unis devait nécessairement vénérer les chemins de fer. […] Il marchait à pied, la tête couverte d’un large chapeau : son manteau gris était serré contre sa poitrine, mais relevé sur les deux épaules pour ne pas gêner les mouvements des bras. […] « Il lui fallait tant d’efforts pour mettre une phrase sur pied, rapporte M.  […] Il pâlit, abaissa un regard sur Valérie, toujours sanglotante à ses pieds.

1599. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Placez Joanna Southcote à Rome, elle y fonde un ordre de Carmélites aux pieds nus, prêtes à souffrir le martyre pour l’Église26. » Ou en d’autres termes, faute d’être un gouvernement, le protestantisme, dont on est convenu d’admirer la souplesse, perd à jamais ses moindres hérétiques, tandis que le catholicisme, dont on a si souvent méconnu la « plasticité », absorbe d’ordinaire, annule, et parfois réussit à utiliser les siens, parce qu’il est un gouvernement. […] La carmélite aux pieds nus qui pleure dans son cloître sur les péchés du mondain, les efface. […] C’est une preuve de plus qu’une question de ce genre ne se décide pas en quelque sorte au pied levé.

1600. (1925) Proses datées

  Nous revenions généralement à pied des « Talus », Mallarmé et moi, en suivant l’avenue du Bois. […] Vous ont-elles murmuré ces chants populaires que vous aimez presque autant en leur simplicité rustique et chevaleresque que les énigmes orientales et compliquées de la Reine Balkis aux pieds de bouc ? […] Hugo est le représentant du romantisme en son expression la plus éclatante, la plus puissante, la plus magistrale, et ce n’est pas aux pieds du dieu du Verbe que se prosterne le nouveau venu. […] Sous nos pieds, un plancher solide et poussiéreux. […] Je ne sais, mais mon pied foule la dalle d’un campo, je respire l’odeur marine de l’air vénitien, mes yeux reconnaissent telle église et tel palais.

1601. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

« Si vous avez jamais voyagé à pied, n’avez-vous point senti naître en vous et croître avec les journées et les services cette affection pour le sac qui préserve vos hardes, pour le bâton, si simple soit-il, qui a aidé vos marches et soutenu vos pas ? […] Genève et la Suisse sont la patrie moderne de l’idylle ; au pied des grands monts, dans ces petits jardin un peu pomponnés, on l’y pratique journellement, et cela même était une raison peut-être pour qu’on n’en écrivît point de distinguées.

1602. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

un masque dans tes mains, Des pieds de chèvre et le poil d’un satyre ? […] Car elles alors, toutes fâchées, s’en reviennent à la maison, pieds nus, en me reprochant grandement d’avoir fait un voyage stérile, et, craintives désormais, elles attendent là, assises sur le fond d’un coffre vide, tenant la tête basse entre leurs genoux glacés ; et ce banc de repos leur est bien dur, après qu’elles n’ont rien obtenu !

1603. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

À la fin, il s’élève de cette abjection au grade d’aboyeur, c’est-à-dire qu’il appelle les domestiques pour venir mettre le pied à l’étrier de leur maître. […] La voix est près de manquer au corbeau lui-même, dont les croassements annoncent l’entrée fatale de Duncan dans l’intérieur de mes murailles. — Venez, venez, esprits qui excitez les pensées homicides ; dépouillez-moi de mon sexe en cet instant, et remplissez-moi du sommet de la tête jusqu’à la plante des pieds, remplissez-moi de la plus atroce cruauté.

1604. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

V De retour en France, Montesquieu se confina, pendant deux ans, dans son château de la Brède, où l’on montre encore, au coin de la cheminée, l’empreinte du pied de ce profond penseur ; il écrivit sesConsidérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains, qu’il publia en 1734. […] Chaque monarque tient sur pied toutes les armées qu’il pourrait avoir si les peuples étaient en danger d’être exterminés, et on nomme paix cet état d’efforts de tous contre tous.

1605. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Quant aux exploits du capitaine, outre sa part dans tous les combats qui précédèrent ou suivirent l’occupation de Constantinople, quoi de plus héroïque que sa belle retraite devant les Bulgares, et ce combat offert par quatre cents chevaliers français à quarante mille cavaliers ; soutenus par des troupes de pied ! […] Quelques jours après il se confessa, ceignit l’écharpe et le bourdon de pèlerin, fit un pèlerinage pieds nus aux églises voisines et quand il fallut repasser devant le château de Joinville où il laissait sa femme et ses enfants, « Je ne vox (voulus), dit-il, onques retourner mes yex vers Joinville, pourceque le cuer ne me attendrist dubiau chastel que je lessoie, et de mes deux enfants. » Cette tendresse paternelle, ce regret pour le biau chastel, sont plus d’un homme pacifique que d’un guerrier ; voilà des sentiments délicats qu’il ne faut pas chercher dans les mémoires ni sous l’armure de fer, qui recouvrait le cœur de Villehardouin.

1606. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Jugée sur ce pied-là, Athéné serait au-dessus de toute rivalité. […] Quand on visite à pied le pays, une chose frappe au premier coup d’œil.

1607. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Quand son but est atteint, quand l’homme séduit est à ses pieds, elle le méprise et le quitte avec un rire de démon et de damnée. — Dans sa phase de repentir, elle éprouve un besoin fiévreux de s’humilier, de servir les bons. […] Tandis que Gurnémanz oint la tête de l’initié du Christ, Kundry en nouvelle Madeleine, s’agenouille, lui lave les pieds, les arrose d’une huile précieuse et les essuie de ses longs cheveux.

1608. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Ils pourraient même découvrir et démontrer que, quand Aristote avait la pensée de sa pensée, il sentait un mouvement jusque dans la plante des pieds, d’une part, et, de l’autre, jusque dans la plus petite pointe de ses cheveux. […] Ne pourrait-on soutenir que la somme des mouvements de réaction centrifuge est non moins incalculable que celle des mouvements centripètes ; qu’il y a des réponses et réactions, avec un ton affectif plus ou moins sourd, depuis la tête jusqu’aux pieds ; que le mouvement d’ensemble est une perpétuelle ondulation, un va-et-vient de la périphérie aux centres, des centres à la périphérie ; que ce mouvement est surtout marqué dans le cerveau, dont toutes les cellules, après avoir été actionnées, actionnent à leur tour, s’accommodent ou ne s’accommodent pas du mouvement imprimé, l’acceptent ou le repoussent, elles aussi, pour leur part ?

1609. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Duclos s’était mis sur le pied, en quelque lieu qu’il fût, soit à l’Académie, soit chez les ministres et les ambassadeurs, de ne jamais se refuser le plaisir d’une exécution publique quand il avait en face quelque personne qu’il détestait et qu’il déclarait peu estimable.

1610. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Je suis à pied ; tout est derrière moi.

1611. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Ô vous tous, amis de l’idéal, je ne me ferai pas de querelle avec vous ; j’accorde qu’il y a un idéal ; mais, admettez aussi qu’il y en a un vrai et un faux ; et si jamais vous rencontrez un idéal, ou soi-disant tel, froid, monotone, triste, incolore sous air de noblesse, vaporeux, compassé, insipide, non pas brillant et varié comme le marbre, mais blanc comme le plâtre, non pas puissant et chaud comme aux jours de la florissante Grèce, quand le sang à flots de pourpre enflait les veines des demi-dieux et des héros, quand les gouttes d’un sang ambrosien coulaient dans les veines même des déesses, mais pâle, exsangue, mortifié comme en carême, s’interdisant les sources fécondes, vivant d’abstractions pures, rhumatisant de la tête aux pieds, imprégné, imbibé d’ennui, oh !

1612. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Cessez donc, petite brutale, de vouloir souffleter un homme qui se jette à vos pieds, qui vous avoue sa faute, et qui vous prie de la lui pardonner… » « —  Levez-vous, Comte, lui répondit-elle : je ne veux point vous vous tuer à terre ; ou reprenez votre épée pour recommencer notre combat.

1613. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Perrault et Fontenelle, par dégoût et aversion de toute superstition pédantesque, veulent qu’en jugeant les Anciens on ne conserve aucun respect pour leurs grands noms, aucune indulgence pour leurs fautes, qu’on les traite en un mot sur le même pied que les Modernes.

1614. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

À son état mondain, il apparaît richement habillé, sur le pied de chevalier, son oiseau sur le poing, et Brunamont, son page, mène ses chiens après lui.

1615. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il va même si loin, il blesse tellement par une sortie misanthropique et irréligieuse les sentiments de Mme d’Ermel, que celle-ci lui signifie nettement qu’il n’ait plus à remettre les pieds chez elle, s’il ne demande pardon à genoux et à elle et, sans doute aussi, à Dieu.

1616. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Or, Mme la comtesse Agénor de Gasparin, — c’est elle en toutes lettres, — femme d’un homme de cœur et d’un homme de bien, Genevoise de famille et de naissance, de la haute bourgeoisie ou de l’aristocratie de cette république (c’est tout un), passant certaines saisons à Paris, mais établie et vivant plus ordinairement en son château ou manoir au pied du Jura suisse, dans le canton de Vaud, dans le pays de Glaire d’Orbe, a publié, en ces dernières années surtout, une série d’esquisses, d’impressions morales ou pittoresques, de tableaux paysanesques ou alpestres avec intention et inspiration chrétienne très-marquée46, toute une œuvre qu’il est naturel de rapprocher des Lettres et Journaux d’Eugénie de Guérin.

1617. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

C’est par lui et par sa lutte sérieuse que le poëte remettait son œuvre sur le pied tragique, et prétendait corriger ce que le reste de la pièce pouvait avoir de trop amollissant : « Ce n’est point une nécessité, disait-il en répondant aux chicanes des critiques d’alors, qu’il y ait du sang et des morts dans une tragédie : il suffit que l’action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. » Geoffroy, qui cite ce passage dans son feuilleton sur Bérénice, s’en fait une arme contre ceux qu’il appelle les voltairiens en tragédie, et qu’il représente comme altérés de sang et et de carnage dramatique.

1618. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Mais s’il est dans l’univers deux êtres qu’un sentiment parfait réunit, et que le mariage a lié l’un à l’autre, que tous les jours à genoux ils bénissent l’Être Suprême ; qu’ils voient à leurs pieds l’univers et ses grandeurs, qu’ils s’étonnent, qu’ils s’inquiètent même d’un bonheur qu’il a fallu tant de chances diverses pour assurer, d’un bonheur qui les place à une si grande distance du reste des hommes ; oui, qu’ils s’effrayent d’un tel sort.

1619. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Avec cette strophe et la pièce qui la contient ce sont les idées générales qui font leur entrée dans notre littérature : nous mettons le pied dans la voie qui mène à Malherbe.

1620. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

En l’un des bouts de la salle était élevé un grand théâtre de six pieds de hauteur, de huit toises de largeur et d’autant de profondeur ; en bas était une grande nuée qui cachait toute la scène, afin que les spectateurs ne vissent rien jusqu’au temps nécessaire. » Les principaux comédiens faisant partie de la troupe qui vint à Paris en 1645, étaient Tiberio Fiurelli jouant le personnage de Scaramouche ; Domenico Locatelli jouant le personnage de Trivelin ; Brigida Blanchi, fille du directeur, première amoureuse sous le nom d’Aurelia ; Marc Romagnesi, son mari, premier amoureux sous le nom d’Oratio.

1621. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Arlequin, devenu hardi, fait tapage et dit qu’il n’est pas honnête de conduire à pied devant un tribunal un seigneur qui a des chevaux et des carrosses.

1622. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Seulement — il faut bien mettre les pieds dans le plat, et prendre à notre tour l’offensive, — seulement pour l’ordinaire, on ne sait pas le français, mon cher confrère3.

1623. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Les pieds s’écorchent.

1624. (1890) L’avenir de la science « XII »

Il devait préférer la méthode plus commode de la « science orientale, libre, isolée, volant plus qu’elle ne marche, présentant dans toute sa personne quelque chose d’aérien et de surnaturel, livrant au vent ses cheveux qui s’échappent d’une mitre orientale, son pied dédaigneux ne semblant toucher la terre que pour la quitter ».

1625. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Jésus, selon son habitude, passa le val du Cédron, et se rendit, accompagné des disciples, dans le jardin de Gethsémani, au pied du mont des Oliviers 1093.

1626. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Soyez peu soucieux   Si le vent tourbillonne en hurlant dans les voiles : L’abîme est sous vos pieds ; mais, en levant les yeux, Vous verrez tout le grand firmament — plein d’étoiles.

1627. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

S’adressant au lac chéri qu’il revenait seul revoir après une année, le poète, encore ému, s’écriait : Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ; Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes              Sur ses pieds adorés !

1628. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Elle nous avait tous enchaînés aux pieds de sa statue avec une chaîne d’or.

1629. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Un journal vient de publier la réponse en vers que fit M. de Lamartine à M. de Musset, réponse qui date de 1840, et qui, en paraissant aujourd’hui, a presque un air d’injustice ; car M. de Musset n’est plus, il y a beau jour, sur ce pied de débutant en poésie où l’a voulu voir M. de Lamartine.

1630. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

En entrant il s’entendit appeler, et il alla s’asseoir aux pieds du roi.

1631. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Il sait l’adroit et caressant coup de main que donne une jeune fille sur la jupe de sa voisine, « l’allée et la venue d’un petit pied bête » d’une femme hésitant à dire une idée embarrassante et saugrenue, le rapide gigottement du coude d’une actrice éclatant d’un fou rire, et le geste de colère avec lequel, désespérant de trouver une intonation, elle tire les pointes de son corsage.

1632. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Vous souffrez volontiers que certains hommes conservent un culte de vénération pour vingt-cinq ans de notre histoire, parce qu’eux ont été plus ou moins mêlés aux événements de cette époque récente, parce qu’ils en ont plus ou moins adopté les résultats ; et vous vous irritez de ce que certains autres hommes, plus religieux dépositaires des mœurs anciennes, des vieilles habitudes, des illustrations consacrées par les siècles, se retirent quelquefois dans le silence de leurs foyers pour brûler un grain d’encens aux pieds de leurs premiers dieux domestiques, qui, après tout, furent assez longtemps les dieux de la patrie.

1633. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Serrer sa pensée autour des faits, qui est le grand mérite de l’historien, n’était pas possible à cette femme dont le moi a des pieds d’éléphant, qui se fourrent partout et qui écrasent tout… D’ailleurs l’Italie des Italiens n’était pas qu’un livre d’histoire ; c’était aussi un voyage où l’auteur avait le droit de parler de soi, et vous pensez si elle allait s’en servir, de ce droit, parfois insupportable !

1634. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Là même où l’induction perd pied, la déduction garde ses droits.

1635. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Je voudrais qu’on le représentât debout et désarmé, tel qu’il était dans sa vieillesse et peu de temps avant de mourir, foulant à ses pieds toutes les médailles de ses conquêtes : lui-même, au lieu d’esclaves, serait entouré de la plupart des grands hommes qui ont illustré son règne.

1636. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Comme, du haut des collines, la bacchante sans sommeil regarde au loin l’Hèbre, la Thrace blanchie sous les neiges et le Rhodope foulé d’un pied barbare, ainsi, qu’il m’est doux de m’égarer admirant les rivages et le bois solitaire !

1637. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Que ne se persuade-t-il plutôt qu’un Roi n’est pas toujours Roi, qu’il est homme par intervalles ; que le hisser perpétuellement sur le cothurne, c’est comme si on le couchoit dans son lit, le manteau royal à fleurs d’or sur le dos, les brodequins aux pieds & la couronne en tête ? […] Nous tirerons hardiment la conséquence des raisonnemens auxquels on n’a point répondu ; c’est qu’il faut en France recomposer l’Art, & ne plus citer Corneille, ni Racine ; il faut fouler aux pieds ces pitoyables règles(51) qui outragent le bon-sens, qui font un parloir de la scène, & fatiguent plus l’imagination dans le point où on la concentre, que si on lui laissoit son vôl étendu & rapide ; elle suffit seule à rapprocher les objets, à se transporter aux lieux où le Poète l’appellera ; à lier toutes les parties d’un grand évènement qu’elle peut embrasser sans peine & sans effort. […] Que diroit-on d’un statuaire qui, découvrant une statue de Praxitele, au-lieu d’en respecter tous les traits, la limeroit des pieds à la tête pour donner à cette figure grecque une taille élégante & françoise, & corriger ses prétendus défauts ? […] Nous sommes environnés de toutes les Sciences, de tous les Arts, miracles multipliés de l’industrie humaine ; nous habitons une capitale peuplée de huit-cent-mille âmes, où la prodigieuse inégalité des fortunes, la variété des états, des opinions, des caractères, forment les contrastes les plus énergiques ; & tandis que mille personnages nous environnent avec leurs traits caractéristiques, appellent la chaleur de nos pinceaux & nous commandent la vérité, nous quitterions aveuglément une Nature vivante, où tous les muscles sont enflés, saillans, pleins de vie & d’expression, pour aller dessiner un cadavre Grec ou Romain, colorer ses joues livides, habiller ses membres froids, le dresser sur ses pieds tout chancelant, & imprimer à cet œil terne, à cette langue glacée, à ces bras roidis, le regard, l’idiôme & les gestes qui sont de convenance sur les planches de nos tréteaux ! […] Dans les rues de la Bibliothèque du Roi, on trouve deux-cents pieds de Théologie mystique sur vingt de hauteur ; cent-cinquante de la plus fine Scholastique ; quarante toises de Droit Civil ; une muraille longue d’Histoires volumineuses qui ressemblent parfaitement à des pierres de taille ; & environ quatre-mille Poètes épiques, dramatiques, lyriques, &c. dans lesquels il n’y a pas dix traits de génie.

1638. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

« On dira peut-être qu’au pied des Alpes, et vis-à-vis des neiges éternelles où je me suis retiré, et où je devais n’être que philosophe, j’ai succombé à la vanité d’imprimer ; que ce qu’il y a eu de plus brillant sur les bords de la Seine ne m’a jamais oublié. […] Que Votre Sainteté m’accorde donc la permission de mettre à ses pieds le livre et l’auteur, et de demander humblement sa protection pour l’un et ses bénédictions pour l’autre. Je m’incline très profondément devant elle, et je baise ses pieds sacrés. » Cette lettre ingénieuse, pleine de petites antithèses agréables dans le goût de l’auteur, est un exemple frappant de ces contradictions de l’esprit humain qui ont leur source dans l’égoïsme : Voltaire aux pieds du pape est une caricature plaisante. […] À moins de supposer Aménaïde en démence, ce qui doit l’occuper en tombant aux pieds de son libérateur, c’est le soin d’effacer les funestes impressions que sa lettre a dû produire dans le cœur d’un amant. […] Voltaire avait travaillé d’après Shakespeare ; il était alors tout Anglais depuis les pieds jusqu’à la tête ; c’était un costume qu’il avait endossé pour se faire remarquer, comme J.

1639. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Deux grands écrivains furent les instigateurs de ce mouvement qui devait placer les beaux-arts sur un pied d’égalité avec la poésie. […] Est-ce le rêve de trancher avec éclat, au profit de la grandeur de Rome, la querelle de l’Europe et de l’Asie commencée au pied des murs d’Ilion ? […] Cependant, si après avoir déclaré : que nous sentons nous-mêmes jusqu’à la moelle des os le mystérieux frisson qui descend du haut des voûtes ogivales ; que nous entendons, comme un autre, les murmures de l’infini courir entre les piliers avec les soupirs de l’orgue, ainsi qu’ils courent à travers les sapins avec ces orages tant désirés qu’implorait la douleur de René ; qu’au pied de ces flèches gothiques, qui s’élancent dans le ciel comme la prière, notre âme aussi a souhaité les ailes de la colombe ou de l’aigle pour s’élancer d’un vol éperdu dans la sphère de l’idéal ; après cette énergique et sincère protestation, nous nous permettrons de dire : Que nous éprouvons aussi, en faisant le tour d’une cathédrale et en la considérant en plein soleil, à l’aspect de ces arcs boutants, de ces aiguilles, de ces terrasses d’inégale hauteur, de ces lignes droites et courbes qui se croisent et s’entrechoquent dans tous les sens, quelque chose qui nous gâte le sentiment de l’infini par celui de l’inachevé. […] L’homme plonge d’un côté dans la nature et de l’autre dans le pur esprit ; il est à la fois visible et invisible ; il touche à la fois au fini et à l’infini ; il a les pieds dans le réel et le front dans l’idéal ; il est obligé par les lois les plus impérieuses de son existence d’entretenir des rapports constants avec les deux mondes auxquels il participe.

1640. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Sa sensibilité ne lui permettait pas de s’égayer lui-même des imperfections du genre humain, dont il n’égayait le parterre que pour les corriger : son courage l’enhardissait à fouler aux pieds les préjugés du peuple et de la noblesse, à s’affranchir des petites considérations, et à mettre au nombre des hochets de Thalie l’épée, le rabat, la robe, et le manteau sacré, en dépit de M. le premier président, qui ne voulait pas qu’on le jouât . […] Suivez-les chez les gens en robes à manches couleur de roi, ayant les mains longues comme jambes de grue, les doigts à ongles crochus et les pieds de même ; visitez leurs larges bureaux tapissés de drap vert ; allez de leurs petits pressoirs jusques à leur grand et dernier pressoir, où ils font passer les châteaux, les parcs, les maisons, les bois tout entiers, dont ils retirent tant d’or potable ! […] et, sans compter ces gens qui se targuent d’une vieille amitié pour vous et s’inquiètent si tendrement de votre santé, dès que le prince vous accueille, et qui, s’il vous écarte, affectent à votre rencontre un regard distrait, glissent à vos côtés sans vous reconnaître, ou vous verraient mourir sans compassion ; sans compter ces partisans d’une égalité fatale aux privilèges nobiliaires qui vous punissent de méconnaître la récente valeur de leurs excellences imprévues ; sans compter ces grands défenseurs de leurs anciens maîtres, qui de la hauteur de leur opposition aux idées nouvelles n’ont attendu qu’un signe pour endosser les livrées des seigneurs révolutionnaires ; nous aurons ceux qui, la veille, promenant à pied leur roture dans les rues, ne sont pas surpris le lendemain que leur noblesse en carrosse éclabousse les passants qu’ils n’envisagent plus comme leurs semblables ; nous aurons ces faux philosophes, bonnes gens qui contrefont les mœurs patriarcales, disgraciés solitaires que ronge l’envie, qu’agite le tourment d’être oubliés, et qui visitent les grands pour leur vanter le goût qu’ils ont à planter des choux dans leur retraite champêtre. […] « Moquons-nous de cela ; méprisons les alarmes, « Et mettons sous nos pieds les soupirs et les larmes.

1641. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Seulement il s’agit de savoir si une puissance fatale ou vengeresse a voulu, pour humilier l’homme dans ses ouvrages, qu’il ne pût y atteindre au beau, y mettre de l’émotion et de la flamme, y exercer sur ses semblables le plus doux et le plus séduisant de tous les prestiges, qu’en foulant aux pieds les lois divines, en glorifiant le mal, en outrageant le bien. […] Il est temps d’en finir avec ce système pervers qui n’admet de poésie, d’émotion, de feu, d’éloquence, de richesse d’imagination et d’amour qu’en dehors des desseins de Dieu et de l’ordre des sociétés ; pour qui rien n’est beau, n’est grand, n’est passionné, s’il n’y sent le goût de la désobéissance et la saveur du fruit défendu. — « Un Juif n’a-t-il pas des pieds ? […] Ce terme expiré, la duchesse, ennuyée de ses redites, livra Dieu pieds et poings liés à M. de Montriveau… » — N’allons pas plus loin ! […] Il a pour chacun, en passant, un de ces traits caractéristiques qui prouvent une incroyable puissance d’analyse, et qui vous dessinent un homme de la tête aux pieds, sans qu’il soit possible de s’y tromper. […] Le théâtre est achevé ; le jour de l’ouverture fixé, des assemblées ont eu lieu dans les cercles ; les vrais patriotes, amis de la religion et du pays, s’engagent volontairement à n’y pas mettre les pieds ; ils vouent les comédiens à l’abandon et à la misère : on se roidit, on se prépare à lutter contre la tentation ; mais, hélas !

1642. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Vous savez que lorsqu’on se rosse un jour de vogue, surtout lorsqu’on est un peu gris, on ne sent pas les coups ; mais c’est le lendemain qu’on se trouve bleu par-ci et bleu par-là, qu’on se sent roide comme le manche d’une fourche, et qu’il n’y a pas moyen de mettre un pied devant l’autre. […] On perdrait soi-même la juste mesure si on le voulait juger sur le pied d’un philosophe impartial. […] Dans un sujet que j’ai étudié assez à fond et sur un terrain circonscrit où je me sens le pied solide, je ne crains pas d’affronter, de choquer M. de Maistre, qui y arrive avec quelque peu de cette légèreté et de ce bel air superficiel qu’il a reproché à tant d’autres. […] Et pour parler à sa manière, on ne craindrait pas de dire, dût-on faire regarder d’un certain côté, que le disciple qui s’attache aux termes mêmes de De Maistre et le suit au pied de la lettre est bête.

1643. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Sur ce pied-là, on voit à tout moment dans l’iliade, les attributs révoltés contre leur essence commune, et les passions ne portent pas plus de trouble dans le coeur de l’homme, que les qualités divines en causent dans l’ame de Jupiter. […] Agamemnon le conducteur des peuples parloit ainsi, et il alloit continuer, quand Achille aux pieds légers l’interrompit en ces termes : superbe fils d’Atrée, etc. ou bien, en laissant le discours d’Agamemnon suspendu, superbe fils d’Atrée, interrompit Achille . […] Il rappelle au héros les soins qu’il a pris de son enfance ; il le conjure par l’exemple des dieux de laisser désarmer sa colere, et il se jette à ses pieds pour achever de l’attendrir. […] Telles parurent alors, divin Ménélas, vos jambes, quand on les vit teintes de ce beau sang qui couloit jusques sur vos pieds.

1644. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Puis, n’allez pas prendre au pied de la lettre mon « Art poétique » de Jadis et Naguère, qui n’est qu’une chanson, après tout. — je n’aurai pas fait de théorie. […] Ma Bohême, la plus gentille sans doute de ces gentilles choses : Comme des lyres je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur... […] Ce fut un poète très jeune et très ardent, qui commença À peine au sortir de l’enfance à voyager à travers sa pittoresque contrée natale d’abord, puis parmi les paysages belges si compliqués, [et enfin gravita, au milieu des horreurs de la guerre, jusqu’à Paris, laissant derrière ses pieds infatigables la forêt de Villers-Coterets et les campagnes fortifiées, par l’ennemi, de l’Ile-de-France. […] En regard du vingtième siècle évoqué, de ses splendeurs et de ses vertus, le Poète traîne au plein jour de son étincelante ironie et de son indignation lumineuse les hontes actuelles où l’odieux se mêle au grotesque, et le lamentable à l’impayable. « … Au vingtième siècle, on sera froid pour les merveilleuses couleuvrines de treize pieds de long, en fonte frettée, pouvant tirer, au choix des personnes, le boulet creux et le boulet plein.

1645. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

L’intrigant marche sur les pieds du barbon qui feint la jeunesse, et entre eux tous se presse la jeunesse curieuse des rues, qui doit se trouver partout où « se passe quelque chose ». […] Ils voulaient que la fantaisie culbutât la raison et lui mit le pied sur la gorge, et ils proclamèrent le droit martial de la passion contre la procédure circonspecte de la discipline et de la morale. […] Verlaine parle aussi de pieds qui « glissaient d’un pur et large mouvement », d’une affection « étroite et vaste », d’un « paysage lent », de « jus flasque », de « parfum doré », de « galbe succinct », etc. […] C’est une guerre d’écoliers contre un livre détesté qui est solennellement mis en pièces, foulé aux pieds et brûlé. […] Mais quelques-uns de ses camarades prirent implacablement le sonnet au pied de la lettre, et en tirèrent une théorie d’art.

1646. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

C’est avec justice qu’il le méritait : il était tout comédien depuis les pieds jusqu’à la tête. […] Ayant un jour loué une brouette pour se faire rouler au spectacle, pressé d’arriver et contrarié de la marche du conducteur, trop lent pour son impatience, il mit pied à terre et vint l’aider à pousser la voiture. […] Il les remercia gracieusement et applaudit fort à leur profond savoir ; mais, avant que de sortir du bateau, il alla prendre, sous les pieds du batelier, la besace qu’il y avait mise en entrant. […] En effet, ajoute Tallemant, la pièce revint et plut. » La juste guerre de représailles que Molière avait déclarée aux marquis ridicules ne l’avait point privé de l’estime des hommes de la cour faits pour l’apprécier ; et une circonstance qui les honore, c’est qu’à l’exemple du Roi ils foulèrent aux pieds le préjugé qui faisait peser une sorte d’anathème social contre l’auteur. […] Le mari, repentant et toujours amoureux de sa femme, revient se jeter à ses pieds.

1647. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

La Bruyère a dit de Rabelais, qu’il trouve inexcusable d’avoir semé l’ordure dans ses écrits : « Son livre est une énigme, quoi qu’on veuille dire, inexplicable : c’est une chimère ; c’est le visage d’une belle femme avec des pieds et une queue de serpent, ou de quelque autre bête plus difforme ; c’est un monstrueux assemblage d’une morale fine et ingénieuse et d’une sale corruption. […] Apprenons à soustenir cet ennemy de pied ferme et à le combattre ; et pour commencer à luy oster son plus grand advantage contre nous, prenons voye toute contraire à la commune ; ostons luy l’estrangeté, practiquons le, accoustumons le, n’ayons rien si souvent en la teste que la mort, à touts instants représentons la à nostre imagination et en touts visages : au broncher d’un cheval, à la cheute d’une tuile, à la moindre picqueure d’espingle, remaschons soubdain : Eh bien ! […] C’était l’enveloppe du fruit qui se formait et grossissait sous l’écorce ; à mesure que le fruit se développait, la coque mûrissait ; elle a éclaté enfin, et ses fragments épars gisent à nos pieds. […] Il est des sujets auxquels s’applique avant tout la parole adressée à Moise : « Déchausse les souliers de tes pieds, car ce lieu-ci est saint134. » Le point de vue que je n’ai fait qu’indiquer en passant avait déjà rappelé ce mot à mon esprit ; vos bienveillantes observations m’en ont mieux encore signalé l’importance. […] Il est presque le seul à nous montrer cette portion de la nation, si supérieure en nombre, et qui échappait néanmoins aux regards des écrivains du temps : « L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible ; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine ; et en effet ils sont des hommes.

1648. (1890) Dramaturges et romanciers

Et, ce disant, il balance du bout de son pied un énorme quartier de roche. […] Il arriva au moment où la grande fête littéraire du xixe  siècle se terminait : en route, il put entendre les sons des derniers concerts, surprendre les conversations des convives qui revenaient fatigués et joyeux ; mais lorsqu’il posa le pied sur le seuil de la salle brillante, on éteignait les dernières lampes et on enlevait les dernières guirlandes. […] Voit-on en effet qu’on commence par attacher des poids aux pieds d’un aigle lorsqu’on veut qu’il prenne son vol, ou qu’on verse plusieurs charretées de terreau à l’endroit d’où une source doit s’élancer, lorsqu’on veut qu’elle jaillisse ? […] Combien Diderot est autrement dans la logique des passions et le sentiment du pathétique lorsqu’il nous représente Mlle d’Aisnon tombant aux pieds de son mari, le suppliant de la pardonner avec des torrents de larmes, et lui promettant d’être pour lui une épouse aimante et dévouée avec une éloquence qui ne peut tromper et qui est autrement convaincante que le plaidoyer de l’avocat Pomeyrol. […] Il en est dans le nombre de plus ou moins fortes, de plus ou moins heureuses, mais toutes également sont construites avec unité et se tiennent sur leurs pieds sans boiter ni trébucher.

1649. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

En même temps, il y eut des hamadryades dans la forêt, des sirènes dans la mer ; les diables tentateurs des ermites marquaient dans la roche des pieds fourchus de faunes ; et avant même que Pétrarque eût lu Cicéron, Stace, Aulu-Gelle et Macrobe, Dante s’était fait conduire par Virgile dans les Champs-Élysées de Jésus. […] Sans, doute, dans le fanatisme du premier zèle, elle s’en avisa : « Quant aux pieds et nombres qui nous manquent, s’écria Joachim Du Bellay en la cinquantième année du xvie  siècle, de telles choses ne se font pas par la nature des langues. Qui eût empêché nos ancêtres d’allonger une syllabe et accourcir l’autre, et en faire des pieds et des mains ?  […] Mais il préféra aller, tous les jours, à la même heure, à pied, au Rappel, pour faire son article, — à pied, marchant selon le rythme des vers qu’il avait rêvés le matin, — et c’était son plaisir de se remettre à son devoir de tous les jours, après avoir serré la main de Paul Meurice, ami fraternel. […] Devant un auditoire choisi, composé de colonels en retraite, traducteurs d’Horace, de diplomates ensevelis dans d’opulentes redingotes pareilles à des linceuls, de professeurs tournant le petit vers, de philosophes éclectiques, intimement liés avec Dieu, et de bas-bleus quinquagénaires rêvant tout bas, soit l’œillet de Clémence Isaure, soit l’opprobre d’un prix de vertu ; un jeune homme pâle, amaigri et se boutonnant avec désespoir, comme s’il eût collectionné dans sa poitrine tous les renards de Lacédémone, s’avançait hagard, s’adossait à la cheminée, et commençait d’une voix caverneuse la lecture d’un long poème où il était prouvé que le Ciel est une patrie et la terre un lieu d’exil, le tout en vers de douze ou quinze pieds ; ou bien encore, quelque vieillard chargé de crimes, usurier peut-être à ses heures, en tout cas ayant pignon sur rue, femme et maîtresse en ville, chantait les joies de la mansarde, les vingt ans, la misère heureuse, l’amour pur, le bouquet de violettes, le travail, Babel, Lisette, Frétillon, et, finalement, tutoyait le bon Dieu et lui tapait sur le ventre dans des couplets genre Béranger.

1650. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Tous les deux, Pascal et Molière, nous apparaissent aujourd’hui comme les plus formidables témoins de la société de leur temps ; Molière, dans un espace immense et jusqu’au pied de l’enceinte religieuse, battant, fourrageant de toutes parts avec sa troupe le champ de la vieille société, livrant pêle-mêle au rire la fatuité titrée, l’inégalité conjugale, l’hypocrisie captieuse, et allant souvent effrayer du même coup la grave subordination, la vraie piété et le mariage ; Pascal, lui, à l’intérieur et au cœur de l’orthodoxie, faisant trembler aussi à sa manière la voûte de l’édifice par les cris d’angoisse qu’il pousse et par la force de Samson avec laquelle il en embrasse le sacré pilier. […] Quant aux restrictions reprochées et reprochables à Boileau en cet endroit, son tort est d’avoir trop généralisé un jugement qui, appliqué à Scapin, pourrait sembler vrai au pied de la lettre. […] Accompagnée du curé d’Auteuil, elle courut à Versailles se jeter aux pieds du roi ; mais le bon curé saisit l’occasion pour se justifier lui-même du soupçon de jansénisme, et le roi le fit taire.

1651. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Je ne crois pas, comme je vous l’ai dit franchement, que vous soyez tout à fait dans la bonne voie, mais vous y tenez un pied, et vous marcherez gauchement jusqu’à ce qu’ils y soient tous les deux. […] Coëssin, l’homme d’une petite église, et qui avait intérêt pourtant à ne pas rompre avec la grande, se plaignait surtout de moi sous prétexte que, depuis que je l’avais qualifié de sectaire, on ne le recevait plus comme avant ni sur le même pied dans sa paroisse, et qu’il risquait de ne plus être admis à la sainte table en l’église des Petits-Pères, on comprendra toute l’énormité et le ridicule du procédé par lequel des hommes du parti politique avancé se faisaient les tenants de M.

1652. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

En Franche-Comté, la confrérie dont nous parlions tout à l’heure est un spectacle comique : « après la messe, ils s’en retournent chacun chez eux, les uns à pied, les autres sur leurs Rossinantes ». […] Dans vingt villages circonvoisins d’Oisy où il chasse, c’est à cheval et à travers les récoltes. « Ses gardes toujours armés ont tué plusieurs personnes, sous prétexte de veiller à la conservation des droits de leur maître… Le gibier, qui excède de beaucoup celui des capitaineries royales, mange chaque année l’espoir de la récolte, vingt mille razières de blé et autant d’autres grains. » Dans le bailliage d’Évreux, « le gibier vient tout détruire jusqu’au pied des maisons… À cause du gibier, le citoyen n’est pas même libre dans le cours de l’été d’aller retirer les mauvaises herbes qui étouffent le grain et qui gâtent les semences… Combien de femmes restées sans mari et d’enfants sans père pour un malheureux lièvre ou lapin ! 

1653. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Et, à pied, en essuyant la sueur de leurs fronts, pêle-mêle avec les dites Altesses et Majestés, tous graviront, fraternellement ma montagne ! […] (Siegfried, Troisième acte, première scène) Site sauvage, au pied d’une montagne de pierre ; nuit, orage et ouragan, éclairs et tonnerre. — Le Voyageur est debout, devant le trou d’une caverne).

1654. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Je la suivrai en détail, et, pour ainsi dire, pied à pied, dans les principaux monumens qui la renferment ; mais j’ai voulu d’abord signaler son caractère le plus général et son rapport avec l’esprit de la civilisation dont elle émane.

1655. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Cette année, il a envoyé de petits portraits en pied. […] Les draperies tombent bien, et non pas comme tombent en général les draperies des sculpteurs — les bras et les pieds sont d’un très-beau travail — la tête est peut-être un peu commune.

1656. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Quand il parlait comme lorsqu’il écrivait, Fénelon se tenait plus volontiers à mi-côte et sur les collines : « Son style noble et léger, a-t-il dit de Pellisson, ressemblait à la démarche des divinités fabuleuses qui coulaient dans les airs sans poser le pied sur la terre. » On peut le dire de lui-même et en supprimant l’image de fabuleuses ; sa parole avait quelque chose de noble et de léger qui rappelle ces figures angéliques, amies de l’homme, et se tenant toujours à sa portée, qui pourraient s’enlever plus haut, qui ne le veulent pas, et qui aiment mieux, dès qu’il le faut, redescendre.

1657. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

On a vu le roi d’Espagne s’inquiéter de la situation des catholiques dans les Provinces-Unies, et la vouloir remettre sur le pied où elle était primitivement ; mais il le faisait d’un ton d’ancien maître, et sa parole n’était capable que d’aigrir et d’ulcérer les dissentiments religieux.

1658. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Bailly a, ce me semble, une idée peu juste, en vertu de laquelle il juge très défavorablement de ces peuples anciens et les déclare incapables des inventions scientifiques, qu’il estime peut-être supérieures elles-mêmes à ce qu’elles étaient en effet : quand il voit chez eux des fables accréditées et prises au pied de la lettre, il croit que tout cela a dû commencer par être une poésie allégorique, et que ce n’est que par une sorte de corruption et de décadence qu’on en est venu à prêter graduellement à ces fables une consistance qu’elles n’avaient pas d’abord dans l’esprit des inventeurs : en un mot, il croit à une sorte d’analyse antérieure à une réflexion philosophique préexistante à l’enfance et à l’adolescence humaines si aisément riches de sensations et toutes fécondes en imagesj.

1659. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Sismondi, par son livre sur la Littérature du Midi, venait en aide, mais n’ajoutait pas à ce que disait Ginguené sur Dante, et d’ailleurs il n’avait qu’à demi un pied en France.

1660. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Par exemple il dira : « Ô bienheureux celui… Qui se soutient les bras d’un bâton appuyés, Parmi les champs où jeune alloit à quatre pieds !

1661. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

C’était une nature de guerrier, tout en dehors, tout d’une venue, donnant sa mesure de pied en cap et se dessinant de toute sa hauteur ; capable d’ailleurs de plus d’un emploi, et de négociations comme de batailles ; toujours actif, toujours insatiable, audacieux et fin, aimant les richesses, le faste, avide de grandeur, adorant la gloire ; ne songeant qu’à avancer, et en toute chose à tenir la tête.

1662. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Est-ce à dire, parce que Tite-Live est éloquent par nature et cherche des sujets riches et féconds, des sujets propices au développement des talents qu’il a en lui, qu’il soit orateur en tout et partout dans son histoire, orateur au pied de la lettre, et orateur en quelque sorte dépaysé quand il fait autre chose que des discours, tellement que lorsqu’il peint, par exemple, des caractères, Annibal, Fabius, Scipion, Caton, Paul-Émile, s’il les conçoit d’une façon un peu plus noble et un peu plus adoucie qu’un autre ne les eût présentés, tout ce qu’on peut louer ou blâmer dans cette manière de traiter les portraits soit l’effet de l’esprit oratoire, un effet rigoureux, nécessaire, découlant de là directement comme un corollaire d’un principe ?

1663. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Ce n’était qu’un abbé de qualité, amateur de science et de lecture, habile aux généalogies, et sur le meilleur pied à l’hôtel de Nevers.

1664. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Les fruits ont noué, ils aspirent l’énergie vitale et reproductrice qui doit mettre sur pied de nouveaux individus.

1665. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Ses débuts sont faits ; il est à cette cour, sur le pied où il a su s’y mettre en vertu de son propre caractère et de son mérite.

1666. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

» — Qu’était-ce que ce jeune homme (je crois bien qu’il a aujourd’hui un nom connu)11 qui, le 6 août, au pied de l’escalier du Palais-Royal, remettait à M. 

1667. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Le journal belge a commis une contravention en disant : « Les pluies tombées depuis dimanche ont fait subir à nos rivières une crue de plus de sept pieds », employant ainsi illégalement une dénomination ancienne pour déterminer la hauteur des eaux de la Meuse.

1668. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

La Notice, qu’il lut à l’Académie des Sciences en 1810, sur les travaux pour la mesure de la terre qu’il avait poursuivis en Espagne avec Arago, renferme des pages tout à fait littéraires et qui visent même au pittoresque, une entre autres qui pourrait se citer et se détacher : « Combien de fois, assis au pied de notre cabane, les yeux fixés sur la mer, n’avons-nous pas réfléchi… etc. ! 

1669. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Ce moyen, c’est, avec les États Généraux très réduits, se tenant de cinq en cinq ans, et la tenue chaque année d’États provinciaux particuliers, l’établissement de sept Conseils supérieurs remplaçant les secrétaires d’État et composés en grande partie de ducs et pairs ; l’abolition de la réforme militaire introduite par Louvois ; la remise en l’honneur et sur pied de l’ancienne et vraie noblesse, soigneusement distinguée de la bâtarde et de la fausse : enfin tout un gouvernement aristocratique, auquel la lecture de Saint-Simon nous a de longue main familiarisés sans nous y convertir.

1670. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Il est vrai que l’impression croissante et totale, la conclusion irrésistible résultant de la quantité de détails accumulés chemin faisant, est qu’il était impossible que Pierre III régnât, et bien difficile que Catherine, au contraire, ne devint point Impératrice de son chef ; ce qui avait été sa première pensée en mettant le pied en Russie et n’avait cessé d’être son secret désir.

1671. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Placé aux confins de l’école française, un des représentants de cette école, non plus chez elle et dans les douceurs du chez-soi, dans les grâces légères de l’insouciance et du loisir, mais en marche et comme en voie de conquête, lorsque, chargée déjà de butin étranger, elle a un pied par-delà le Rhin, il fait la chaîne d’Auber à Meyerbeer ; d’un genre un peu mixte sans doute, mais non pas hybride ; élevé, savant, harmonique, très-soigneux de bien écrire musicalement parlant, sachant plaire toutefois, ne négligeant pas la grâce, cherchant et trouvant agréablement ce qu’Auber trouve sans le chercher, mais enclin surtout et habile à exprimer dramatiquement la tendresse et la passion.

1672. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Je ne savais pas, je l’avoue, M. de Pontmartin en si piètre état et en si mauvaise posture ; je le croyais sur un meilleur pied dans tous ses mondes ; il me semblait qu’il avait, littérairement, une réputation assez en rapport avec ses mérites, qu’il n’avait pas grand-chose à demander de plus ; et quant à l’Académie, son désir ou son regret aujourd’hui avoué, j’estimais à vue de pays que, du train dont nous y allons et pour peu que nous mourions encore, il avait chance d’y arriver à son tour, — après M. 

1673. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Je saute donc à pieds joints sur ces dix-huit ou vingt jours d’indignes tripoteries et de pêche en eau trouble, racontés déjà d’ailleurs et exposés en détail par plusieurs historiens de mérite (M. 

1674. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Il y a, en un mot, tout un monde enchevêtré dans les bras et les pieds du vieux chêne.

1675. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Dans le dessin de Prud’hon, on voit Daphnis assis au sortir du bain, et Chloé également nue, debout, un pied dans le bassin de la fontaine, se penchant vers lui et le touchant au bras, à l’épaule, avec une sorte de curiosité : Daphnis la regarde avec douceur et tendresse Quoique tous deux soient un peu plus âgés dans le dessin que dans le roman, que Daphnis ait plus de quinze ans, et Chloé surtout plus de treize, rien n’est trop ni d’un sens douteux dans cette agréable composition.

1676. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Cette seconde partie de Don Quichotte, que l’auteur publia en 1615, à l’âge de soixante-huit ans, avait été devancée par l’œuvre d’un imitateur ou contrefacteur qui avait voulu, comme on dit, lui couper l’herbe sous le pied, lui pousser le coude avant qu’il eût fini de boire.

1677. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Il ne faut pas que le secrétaire se presse et empiète sur son chef, qu’il devance d’une minute son moment, qu’il commence par en faire à sa tête et par se poser en personnage, sur un pied à lui, comme Chateaubriand prétendit faire à Rome avec le cardinal Fesch ; il ne faut pas qu’il laisse soupçonner ni percer, comme on l’a vu récemment chez un secrétaire revêtu d’un nom illustre (Bellune), une inclination politique différente de celle de son ministre : cela est élémentaire ; il faut qu’il vive en parfaite harmonie et ne fasse qu’un avec lui, qu’il s’efface soigneusement et qu’il s’éclipse, et en même temps toutefois qu’il se tienne tout prêt, le cas échéant, à le remplacer, à le suppléer, à faire même, s’il y a urgence, un pas décisif sans lui ; il peut, sous ce titre secondaire, être chargé par intérim de missions délicates et d’une haute importance.

1678. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Il méritait un portrait en pied.

1679. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Cousin, dans un de ces éloquents discours funéraires, tels qu’il les savait prononcer, a très-bien défini Charles Loyson en ce peu de mots : noble esprit, âme tendre, jeune sage, et le pied sur cette tombe entrouverte, le bras solennellement étendu, il s’écriait en finissant : « Encore un mot, mon cher Loyson.

1680. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Impossible de parler à un homme sans se mettre à ses ordres, et à une femme sans se mettre à ses pieds.

1681. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

On fait de la peinture intransigeante, de la statuaire récalcitrante, de la musique insociable, des romans réfractaires, sans pieds ni tête, où les ateliers du haut de Montmartre et les capharnaüms du boulevard Saint-Michel reconnaissent avec exaltation la vie comme elle est, exactement, superbement comme elle est !

1682. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Dans la scène de la déclaration du troisième acte, il cachait ses pieds sous la jupe de Mme Préville, lui serrait les doigts, lui pressait le genou, et cela avec des attouchements si impudents, qu’exaspérée elle lui dit un jour, de façon à être entendue d’une partie de l’orchestre : « Si nous n’étions pas en scène, quel soufflet je vous appliquerais ! 

1683. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

., sur la rive, trempe sa ligne dans ce torrent sans même s’y mouiller les pieds.

1684. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Ces femmes sont à mille pieds au-dessus de ces hommes, du maniaque Colline, rat de bibliothèque, du raté Schaunard, grand fumeur de pipes, du barbouilleur Marcel, du rimailleur Rodolphe.

1685. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Cana 205 était une petite ville à deux heures ou deux heures et demie de Nazareth, au pied des montagnes qui bornent au nord la plaine d’Asochis 206.

1686. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Je dirai, avant tout, qu’autant je trouverais inconvenant et irréfléchi qu’un romancier mît le pied dans Port-Royal, ce lieu de vérité et de sérieuse grandeur, autant il lui est permis peut-être de se glisser dans la maison de Toulouse qui s’intitulait la congrégation des Filles de l’Enfance, et qui n’offre pas les mêmes caractères de vertu et d’austérité.

1687. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Aussi force est bientôt aux amoureux de passer au pied de la terrasse sous le feu des lorgnettes et des brocards.

1688. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

On eût dit qu’aussi bien que son âme, son esprit animait tout son corps ; elle en avait jusqu’aux pieds et dansait mieux que femme du monde.

1689. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

L’à-propos est si souverain dans ces choses de théâtre, que les pièces de Shakespeare, sentimentalisées par Ducis et rabaissées au ton des Nuits d’Young, réussirent et firent fureur en leur temps, tandis que, du nôtre, le vrai et grand Shakespeare, reproduit et calqué avec art par des hommes de talent et d’étude, n’a jamais pris pied qu’à demi.

1690. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Une petite fille distribuait des gros sous à des camarades de son âge : « Tu n’en auras plus pour toi », disaient celles-ci, mais la petite prodigue, pour répondre à l’argument, montrait son jardin et, entre une touffe de résédas et une bouture de géranium, désignait une place où elle avait semé des gros sous pour en avoir un pied.

1691. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Puis viennent, et nous n’en parlerons pas, les poètes qui sont un peu tous les autres, affadis, stérilisés : ou enfermés en la rigide manière parnassienne, ou, pour ce qu’ils crurent que la variété du Rythme consistait en plus ou moins de coupures très au hasard de l’alexandrin, fluents en soi-disant vers de deux à vingt et quelques pieds : disant de tout et rien, et se voulant tous Symbolistes.

1692. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Comment cela peut-il s’exécuter sur une scène étroite, au milieu d’une foule de jeunes gens qui laissent à peine dix pieds de place aux acteurs  ?

1693. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

À chaque âge il y a des rois qui gouvernent, des généraux qui gagnent de grandes batailles, des poètes et des philosophes qui laissent un nom, des savants qui étendent le domaine des sciences ; et, autour des rois, des générations obscures qui s’éteignent au pied du trône ; et, autour des grands capitaines, des soldats sans renommée qui ont acheté de leur vie la gloire de leur général ; et, autour des poètes, des philosophes, des savants, une multitude vaine et tumultueuse qui a honoré de ses suffrages le fruit de tant de veilles, sans laisser elle-même aucune trace dans la mémoire des hommes.

1694. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Les météores lui obéissent en quelque sorte, et le plus terrible de tous vient mourir à ses pieds.

1695. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Joli spectacle qu’il nous donne tout le temps de ses Lettres, écrites comme il découpe : au pied levé, à la main, à la plume levée.

1696. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Il est un peu poète : le danger est plus grand encore : il transformera la philosophie en une symphonie métaphysique, qui entraînera tous les esprits, qui l’entraînera lui-même, qui lui fera traverser le Rhin, au risque d’y perdre pied, avec la certitude de s’en souvenir et d’en souffrir toujours.

1697. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

La scène où Arnolphe soupire et se tord aux pieds d’Agnès a particulièrement déconcerté les contemporains. […] Les plus beaux sont de La Bruyère : « Il faut des saisies de terre », etc… « Il y a des misères qui saisissent le cœur », etc… « L’on voit certains animaux farouches », etc… « Petits hommes, hauts de six pieds », etc… « Faut-il opter ? […] (Mais Lucile se jette aux pieds de son père, avoue qu’elle aime Dorante. […] Mais que ce sera donc ennuyeux, la rentrée au cercle, le sourire des valets de pied, la poignée de main des amis, et les : « ma pauvre vieille !  […] Mais aussitôt, stupéfaite de sa propre action, elle tombe aux pieds de Socrate :                                          Misérable !

1698. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Presque tous ont renoncé à lutter et, perdant pied dans le torrent, impuissants à arrêter l’inondation, ils ont préféré se retrancher dans un dilettantisme dont ils ne sortent plus qu’avec répugnance. […] On s’explique donc très bien que, malgré les inclinations très modernes de son esprit classique, Sainte-Beuve ait perdu pied lorsqu’il a mentionné les œuvres originales de son temps. […] S’agit-il de réputations acquises, de talents consacrés, il a le pied solide, ses jugements sont sûrs. […] Aicard ne perd jamais pied ; le sens de la vie le domine. […] On a perdu pied dans le style ; le don d’écrire s’est corrompu.

1699. (1914) Une année de critique

À celui-ci, quand il sanglote au sein des apparences du bonheur, on offre des remèdes ; mais quel dictame apporter à des demi-dieux qui dès longtemps ont vu choir à leurs pieds tous les fruits mûrs de l’arbre de la vie ? […] Claire avait médité un beau discours à sa manière, mêlé de sentiment et de gaîté ; mais, en mettant le pied sur le seuil de la porte, le discours, la gaîté, tout fut oublié ; elle vole à son amie en s’écriant avec un emportement impossible à peindre : cousine, toujours, pour toujours, jusqu’à la mort ! […] On dirait qu’elle marche pieds nus. […] Et pourtant, qui aurait cru que, pour rendre mieux visible la démarche d’une poule, il faudrait comparer ses pattes légères à des pieds humains ? […] Sa pensée se trouve rarement de niveau avec notre esprit médiocre ; parce qu’elle passe sans cesse des régions sublimes où, comme fit Moïse, on contemple Dieu face à face, à ces bas-fonds pestilentiels où les démons s’occupent à tirer par les pieds notre humanité misérable.

1700. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

III Il est intéressant de signaler que cette analyse préalable du caractère, considérée comme le préliminaire indispensable à tout essai fructueux d’éducation, se trouve prescrite par plusieurs des grands philosophes de l’antiquité, notamment par Pythagore, dont Aulu-Gelle nous raconte qu’avant d’admettre un jeune homme dans son école, il l’examinait des pieds à la tête. […] Cette élection a lieu aux sons des cloches de la cathédrale où une procession se déroule pieds nus pour implorer Dieu et la Vierge, protectrice particulière de la ville. Le syndic s’y rend à son tour, pieds nus, lui aussi, en chemise. […] Alors, en venant ici, à pied, et ruminant mon idée, j’ai pensé : Mais si je les racontais dans leur langue ! […] Le temps de les regarder, et on me les enlève. » — Votre ami Dupré appelle cela des trésors, ces loques d’humanité », me répétait Poncet, en me rappelant cette conversation, « moi qui n’ai jamais pu mettre les pieds dans un asile, sans horreur ! 

1701. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

C’était l’usage des anciens chevaliers d’envoyer ainsi aux pieds de leur maîtresse l’ennemi qu’ils avaient terrassé. […] Les sophismes de la licence confondus par les principes de la liberté, les passions anarchiques enchaînées au pied du trône du premier empereur de Rome et du maître du monde, le fanatisme de la démagogie écrasé par l’esprit social et conservateur, tous les fantômes d’un patriotisme faux ou barbare disparaissant à l’aspect de la sagesse et des véritables vertus civiques, voilà les tableaux que nous présente cette sublime tragédie. […] Ceux qui ont dit qu’ils ne voudraient de Pauline ni pour femme ni pour maîtresse , ont dit, quoi qu’en dise Voltaire, un très méchant mot : ces gens-là étaient bien difficiles, ou plutôt bien peu délicats ; leur manière de penser prouvait qu’ils ne méritaient pas d’avoir une Pauline pour maîtresse ou pour femme ; il ne leur fallait que des folles, foulant aux pieds les bienséances, immolant tout à la passion. […] Auprès de ce géant, Voltaire lui-même est petit ; La Harpe, par conséquent, n’est qu’un atome ; mais Voltaire étant pris pour mesure de la grandeur poétique et théâtrale, La Harpe acquiert aussitôt plusieurs pieds de hauteur. […] L’auteur de Zaïre et d’Alzire, qui dans ses compositions ne songe qu’à frapper fort, et semble fouler aux pieds le bon sens, devient un partisan scrupuleux de la plus étroite vraisemblance, quand il examine le plan de Rodogune ; il se demande à lui-même : La proposition que fait Cléopâtre de donner le trône à qui assassinera Rodogune, est-elle raisonnable ?

1702. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Dumas ait perdu pied. […] Il n’est guère de roman où Feuillet ne nous ait montré un de ces ménages mondains vivant sur le pied réel d’un divorce amiable. […] En voici un portrait en pied : « La vraie et pure Parisienne, dans son développement complet, est un être extraordinaire. […] Maurice de Frémeuse, dans la Veuve, se tue au pied de la croix où il avait juré une éternelle fidélité à l’ami dont il vient de trahir la mémoire. […] — Mais je suppose qu’on me chatouille la plante des pieds jusqu’à ce que mort s’ensuive, c’est abominable.

1703. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

C’était déjà l’homme irréductible qui entrait de plein pied dans la vie en poussant la franchise jusqu’au scandale et prêt à défendre à la pointe de l’épée ses opinions royalistes et batailleuses. […] Ce genre d’hésitation choquait infiniment moins que le bégaiement de Marieton, qui se butait, fermait les yeux, frappait du pied. […] Ainsi il savait que je faisais tous les jours, par n’importe quel temps, une dizaine de kilomètres à pied. […] Aucun exercice ne vaut la marche à pied. […] La fatalité a ses caprices  : cet éternel parleur était affecté d’un bégaiement terrible, dont il riait lui-même, frappant du pied, enlevant de force les syllabes, les yeux fermés, la tête haute.

1704. (1924) Critiques et romanciers

Quel chrétien ne préférerait la part de ces humbles athlètes frappés aux pieds de Jésus-Christ à toutes les couronnes de leurs vainqueurs ?  […] Mais il n’a aucune pitié de l’erreur où se trouvent ces pauvres gens ; il ne leur attribue aucune bonne foi et les livre pieds et poings liés à la vengeance du Seigneur : voire, il exerce lui-même la représaille divine. […] Mais je n’y suis jamais entré ; j’ai eu peur de poser le pied sur cette base qui engloutit tout ce qu’on y met. […] Puis il y faut mettre le pied, les genoux, les épaules, toutes les forces. […] Ce très saint homme avait passé quarante années dans une petite chambre de dix pieds carrés à méditer sur les attributs et la gloire de Dieu.

1705. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Il en a qui avoisinent, et de tout près, l’ignoble : telle cette description du « lèchement de pieds » qu’on ne peut lire sans ressentir les troubles, nullement métaphoriques, de la nausée. […] Il continue sa route à pied ; au milieu de quels obstacles, aux prises avec quels dangers, au prix de quelles souffrances, on le devine. […] Il a dressé en pied le portrait, étudié la psychologie, écrit l’histoire naturelle et sociale du viveur moderne, du « fêtard nouveau jeu ». […] Tout de suite on perd pied. […] Il en voile la nudité ; il tresse en nattes la masse des cheveux ; il charge les doigts de bagues, il chausse les pieds de sandales.

1706. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Vous avez vu, dans le premier tome de ce dépouillement, les premiers essais de cette muse à pied qu’on appelle la muse du feuilleton ! […] » Plus loin, l’évêque de Meaux prend la peine d’expliquer à ce malheureux théatin, qui n’y a jamais mis les pieds, l’espèce de plaisir que l’on trouve au théâtre, et jamais commentaire n’a été mieux fait à l’éloge de ce grand plaisir, le premier de tous, peut-être, quand il est complet. […] L’amoureux Sganarelle, qui la trouve belle, et qui n’a jamais été à pareille fête, s’extasie sur son bonheur, et même en termes assez burlesques ; elle ne daigne ni l’écouter, ni l’interrompre : « Vous allez être à moi de la tête aux pieds, et je serai maître de tout, de vos petits yeux éveillés, de votre petit nez fripon, de vos lèvres appétissantes, de vos oreilles amoureuses, de votre petit menton joli… » Imbécile ! […] » Ce qu’il y a de plus étrange dans la pièce de Beaumarchais, c’est la façon dont Figaro, le valet du comte, ose parler de Rosine à Rosine elle-même : « Figurez-vous la plus jolie petite mignonne, douce, tendre, accorte et fraîche, agaçant l’appétit, pied furtif, etc. » — De bonne foi, est-ce donc ainsi qu’un messager d’amour oserait parler à une honnête fille que son maître veut épouser ? […] Alceste l’honnête homme, perdu au milieu de ces jeunes fats, aux pieds de cette coquette, se sera trompé de porte.

1707. (1881) Le roman expérimental

Ce savant aura eu beau se tromper dans ses hypothèses, il demeure sur un pied d’égalité avec le poète, qui à coup sûr s’est trompé également. […] Un roman qu’on lit seul chez soi, les pieds sur les chenets, n’est pas une pièce qui se joue devant deux mille spectateurs. […] Comment vivaient-ils, de quel argent, et sur quel pied ? […] Au début, tous partent du même pied, avec une égale foi et une égale ambition. […] Les milieux qu’il décrit sont exacts, et les personnages qu’il plante debout ont les pieds par terre.

1708. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Mais il n’y était point d’abord sur le pied auquel il aurait pu prétendre. […] Littré fut amené à s’occuper avec suite des origines de notre langue ; il passa décidément de l’antiquité grecque et latine à cette autre demi-antiquité si ingrate et si confuse d’apparence, à celle du moyen âge, et il y prit goût, il y prit pied au point de penser déjà à ce Dictionnaire de la Langue qu’il exécute aujourd’hui, qui s’élève chaque jour à vue d’œil, et qui devient le monument de la seconde moitié de sa carrière.

1709. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

« Ainsi habillé, dit l’histoire traduite par le Père Amyot, on le mit dans un cercueil de toung-mou, dont les planches avaient quatre pouces d’épaisseur du pied d’alors, divisé comme celui d’aujourd’hui en douze pouces ; et ce premier cercueil fut emboîté dans un second, fait de bois de pe-mou, dont les planches avaient cinq pouces d’épaisseur. […] Dans les commencements, on s’était contenté de mettre devant le tombeau une simple pierre sans sculpture, de six pieds en carré, sur laquelle on faisait les cérémonies d’usage, et que, pour cette raison, on appelait Tsée-tan, c’est-à-dire élévation ou autel des cérémonies.

1710. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

V Il était né en 1749 à Asti, jolie petite ville piémontaise, élégante, et riche par ses bons vins, au pied des Alpes, dans la grande plaine du Piémont. […] Cependant je ne pus me faire au maintien superbe de ce roi Louis XV, qui, mesurant de la tête aux pieds la personne qu’on lui présentait, ne témoignait par aucun signe l’impression qu’il en recevait.

1711. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Les pieds et les ailes de l’embryon de l’abeille se produisent pendant qu’il est enfermé : lorsqu’il a acquis sa perfection, il rompt la membrane qui l’enfermait et s’envole. […] Quant à moi, je n’ai jamais foulé d’un pied indifférent le moindre insecte visible, sans croire que la vie que je sauvais ainsi emporterait ma mémoire dans l’éternité, et que je me préparais des amis dans l’inconnu.

1712. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Le cardinal Erskine, très souffrant depuis longtemps, s’était rendu à Saint-Cloud la veille, ayant un pied dans la tombe, comme on a l’habitude de le dire. […] La fonction consistait à entrer lentement un à un, à s’arrêter au pied du trône, à faire une profonde inclination et à sortir par la porte de la salle suivante.

1713. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Là-dessus, et d’après ce qu’on lui en rapporta, Eckermann prit courage, adressa son traité critique manuscrit à Goethe, et se mit lui-même en route à pied et en pèlerin pour Weimar, sans autre dessein d’abord que de faire connaissance avec le grand poète, son idole. […] Il revint le 15 septembre de Marienbad, si bien portant, si vigoureux, qu’il pouvait faire plusieurs lieues à pied.

1714. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Contemplez ce que souffre un homme qui a tous les membres brisés et rompus par une suspension violente, qui, ayant les mains et les pieds percés, ne se soutient plus que sur ses blessures, et tire ses mains déchirées de tout le poids de son corps antérieurement abattu par la perte du sang ; qui, parmi cet excès de peine, ne semble élevé si haut que pour découvrir de loin un peuple infini qui se moque, qui remue la tête, qui fait un sujet de risée d’une extrémité si déplorable67 !  […] Qu’on imagine l’émotion de l’auditoire quand il frappait, comme dit Mme de Sévigné, sur ces vices assis au pied de sa chaire, qui, s’étaient introduits dans le temple sous le dehors de la piété et du recueillement.

1715. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Il ne paraissait en public qu’au milieu d’un cortège de serviteurs — la couronne sacrée sur la tête, les pieds ornés de crépides d’airain retentissantes, les cheveux flottant sur les épaules, une branche de laurier à la main. […] Ces deux phases dans la création légendaire correspondent aux deux âges de toute religion : l’âge primitif, où elle sort belle et pure de la conscience humaine, comme le rayon de soleil, âge de foi simple et naïve, sans retour, sans objection, ni réfutation ; et l’âge réfléchi, où l’objection et l’apologétique se sont produites ; âge subtil, où la réflexion devient exigeante, sans pouvoir se satisfaire ; où le merveilleux, autrefois si facile, si bien imaginé, si suavement conçu, reflet si pur des instincts moraux de l’humanité, devient timide, mesquin, parfois immoral, surnaturel au petit pied, miracles de coterie et de confréries, etc.

1716. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Et on a peut-être rarement dit de la musique de Wagner un mot plus vrai que celui qu’écrivait, déjà en 1838, Dorn : « … Ses pieds sont enracinés dans les œuvres de Beethoven, la tête oscille entre Bach et Bellini » (Glasenapp, Biogr. […] Il se repose, avant de continuer sa-route, et la nature, « qui attend sa délivrance de l’homme » resplendit autour de lui — c’est le miracle du vendredi-saint, — « Toute créature, dit Gurnemar, se réjouit aujourd’hui : elle regarde vers l’homme délivré (nun freut sich aile Kreatur…) La femme pécheresse aux pieds de Parsifal a retrouvé enfin les larmes (ich sah sie welken, die mir lachten) : « je les vis pleurer elles qui autrefois riaient : aujourd’hui aspirent-elles enfin à la délivrance ? 

1717. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Elle s’est jetée à ses pieds, a imploré son pardon, cette gueuse-là ! […] * * * — Dans un sentier, sous de grands noyers, sur une route, au bord de laquelle chantent les sources, les torrents aux filets d’eaux brisés par les pierres, marche devant nous un couple étrange : une espèce de petite naine à la grosse caboche, coiffée d’un bonnet de femme, et habillée d’un camail qui lui tombe à la hauteur des jarrets, une petite fille comme rognée en bas, et ayant au bras un immense panier, et aux pieds des sabots, faisant flic flac dans les ruisselets, filtrant sur le chemin.

1718. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

III Madame Hugo n’aimait pas Napoléon, elle choisissait pour amis ses ennemis ; après la défaite de Waterloo, afin de fouler aux pieds la couleur de l’Empire, elle se chaussa de bottines vertes, ce simple fait caractérise la nature violente de ses sentiments9. […] Et cependant une foi ardente s’éveille subitement dans son âme, le jour même que le trône et l’autel, l’un supportant l’autre, sont replacés sur leurs pieds.

1719. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Dante lui-même était ce qu’on était déjà à Florence à cette époque, et ce qu’on fut bien davantage, quelques années après, à l’époque des Médicis et de Léon X : croyant et platonicien tout à la fois, associant dans son esprit la foi moderne à la philosophie grecque et romaine ; les pieds dans l’Église, la tête dans l’Olympe, l’âme dans les cieux, dans les épreuves ou dans les abîmes du monde chrétien. […] Ces coupoles sombres contrastaient avec la riante lumière des vallées, comme les siècles immuables contrastent avec les printemps d’une heure qui fleurissent et qui s’effeuillent à leurs pieds !

1720. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Après le portrait équestre de Louis XIII paraît la gravure d’Anne d’Autriche en pied sur son trône avec ses deux enfants.

1721. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

On se trouve si loin, si loin de ces beaux moments qui ont passé si vite, et qu’une chanson qu’on a entendue alors, un arbre au pied duquel on a été assis, rappellent en faisant fondre en larmes !

1722. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Quelle grandeur quand les ministres des rois venaient au pied de son trône !

1723. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Duclos et Saint-Simon ont donné là-dessus les seules raisons, et les meilleures, pour l’excuser de n’avoir pas dit non : Dubois, dit Saint-Simon, voulut (pour second assistant) Massillon, célèbre prêtre de l’Oratoire, que sa vertu, son savoir, ses grands talents pour la chaire, avaient fait évêque de Clermont… Massillon, au pied du mur, étourdi, sans ressources étrangères, sentit l’indignité de ce qui lui était proposé, balbutia, n’osa refuser.

1724. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Je sais bien qu’il y en a qui gémissent de cet attentat… Il est à remarquer, en effet, que l’Académie française qui, depuis, a été une sorte de sanctuaire classique et d’où sont partis en sens inverse, d’où sont tombés sur des têtes que nous savons bien des anathèmes, était alors un lieu beaucoup plus neutre et dans lequel les adversaires et les contradicteurs de Despréaux, et, ce qui était plus grave, les contempteurs d’Homère, avaient eu pied en toute circonstance : J’avertis ici Mme Dacier, disait La Motte dans sa réponse, qu’elle a une idée fausse de l’Académie française.

1725. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Isidore Geoffroy Saint-Hilaire s’est occupé avec étendue de Buffon ; une comparaison qu’il établit de l’éloquent historien de la nature avec Linné, et où il marque vivement les contrastes des deux génies, se termine en ces termes : Linné, un de ces types si rares de la perfection de l’intelligence humaine, où la synthèse et l’analyse se complètent dans un juste équilibre, et se fécondent l’une l’autre : Buffon, un de ces hommes puissants par la synthèse, qui, franchissant d’un pied hardi les limites de leur époque, s’engagent seuls dans les voies nouvelles, et s’avancent vers les siècles futurs en tenant tout de leur génie, comme un conquérant de son épée !

1726. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Dans ce pays d’Auvergne, du pied de cette montagne illustrée par les expériences de Pascal, Ramond nota les variations du baromètre, multiplia les observations et les mesures en tous sens, et perfectionna cette branche de la physique avec une patience et un besoin d’exactitude rigoureuse qui s’alliait en lui à l’imagination la plus brillante.

1727. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Montluc ne perd pas cette occasion d’exposer toute sa doctrine de stimulation militaire et ses moyens habituels d’agir sur le moral du soldat : « Ô capitaines, mes compagnons, combien et combien de fois, voyant les soldats las et recrus, ai-je mis pied à terre afin de cheminer avec eux, pour leur faire faire quelque grande traite ; combien de fois ai-je bu de l’eau avec eux, afin de leur montrer exemple pour pâtir ! 

1728. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

» s’écrient les plus comédiens d’entre eux d’un air d’inspirés et en parodiant le sacerdoce, et ils n’ont pas la sagesse d’ajouter : Regardez autour de vous et à vos pieds.

1729. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Santeul avait toujours désiré se voir lancer hors du monde de collège, et avoir, lui aussi, un pied en Cour.

1730. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Il y a un moment de maturité où l’on ne peut plus éviter de combattre, « et où il est d’une nécessité absolue que les choses en viennent à quelque affaire décisive : sinon, on sèche sur pied, et on se consume soi-même ».

1731. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Mourir avec son frère, mais non pas se tuer avec lui, voilà ce qu’avait médité dans son héroïsme patient et tranquille, et aux pieds du crucifix, cette angélique créature.

1732. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

La plupart de ces juges et syndics, qui étaient des citoyens assez estimés et peut-être d’assez honnêtes gens dans leur Suisse libre, et qui observaient la morale de ce côté-ci des Alpes, s’en croyaient dispensés de l’autre côté du versant, et ils se conduisaient comme des pachas au petit pied.

1733. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Ce qu’elle nous dit du duc d’Orléans, à ce moment et dans toute la suite, s’accorde bien, au reste, avec le jugement que les meilleurs esprits ont porté de ce déplorable prince ; Ainsi, il résulte du récit de Mme Elliott que ce soir du 12 juillet, en arrivant à Monceaux, le duc était encore très indécis ; que, deux ou trois heures après, Mme Elliott, qui était sortie à pied avec le prince Louis d’Arenberg pour juger par elle-même de la physionomie des rues de Paris et de ce qui s’y disait, revint à Monceaux, et, dans un entretien particulier qui dura jusqu’à deux heures du matin, conjura à genoux le duc de se rendre immédiatement à Versailles et de ne pas quitter le roi, afin de bien marquer par toute sa conduite qu’on abusait de son nom.

1734. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Ainsi, à cette même comtesse de Senfft, après qu’il a franchi son Rubicon et qu’il a pris pied sur l’autre rivage : « Plus je vais, plus je m’émerveille de voir à quel point les opinions qui ont en nous les plus profondes racines dépendent du temps où nous avons vécu, de la société où nous sommes nés, et de mille circonstances également passagères.

1735. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Et notez que Lassay connaissait les Condé de plus près encore que Saint-Simon, ayant épousé une bâtarde de cette branche et y vivant sur le pied de l’intimité.

1736. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

S’il marchait, il mettait le pied à côte ; s’il parlait, il disait ce qu’il ne fallait pas dire.

1737. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Mme de Staël se l’était attaché à titre de précepteur de ses enfants ; mais Schlegel, qui avait ses travers, affectait devant le monde de n’être auprès d’elle que sur le pied d’un ami. « Schlegel, écrivait-elle dans un moment d’épanchement, a des défauts qui me cachent quelquefois ses vertus. » Témoin journalier de l’humeur et même des ridicules de Schlegel (car il en avait qui sautaient aux yeux), Bonstetten disait plus gaiement et en y mettant moins de façon : « Les jours où Schlegel n’est pas gentil, il est impitoyablement fouetté, et le plus joli, c’est que Mme de Staël se charge elle-même de la punition ; alors elle a trois fois plus d’esprit. » Quoi qu’il en ait pu être de ces petites querelles amusantes, Schlegel lui fut, pendant des années, du plus grand usage par ses qualités, par son savoir ingénieux et profond.

1738. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

C’est Lacordaire, c’est Ozanam, c’est M. de Montalembert, qui sont là en personne, au pied de la chaire, rendant hommage par leur présence à la liberté de l’enseignement, et d’un geste, d’un regard, s’il en était besoin, sachant calmer et contenir ceux de leurs amis plus jeunes qui se pressent derrière sur les gradins.

1739. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Cet homme qui passe pour avoir été si heureux, et dont toute la carrière est comme un démenti donné à l’infortune héréditaire des poëtes, avait son gravier au pied, qui le blessait.

1740. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Le voilà admis sur le pied de gentilhomme et devenu le maître d’hôtel de Pilate.

1741. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Il vient de parler des diverses hymnes et proses célèbres de la liturgie, le Dies iræ, le Vexilla, le Stabal, et il en a défini l’impression profonde avec largeur et vérité : « Je sais que beaucoup, dit-il, qui n’ont peut-être jamais mis le pied dans une église pour prier, qui n’ont jamais ressenti dans leur cœur la pieuse ferveur de la foi, riront de mon enthousiasme et de mon admiration ; mais je dois leur dire que depuis sept ans j’ai manqué peu de représentations au Théâtre-Italien, que j’ai suivi assidûment les concerts du Conservatoire, que Beethoven m’a donné la fièvre de plaisir, que Rossini m’a remué jusqu’au fond de l’âme, que Mme Malibran et Mlle Sontag ont été pour moi de bienfaisantes divinités ; que pendant près de deux ans je n’ai eu d’autre religion, d’autre espérance, d’autre bonheur, d’autre joie que la musique ; que, par conséquent, ils ne peuvent me regarder comme un trappiste qui ne connaît que ténèbres et matines ; mais il faut qu’ils sachent aussi que celui qui leur parle, et qui aujourd’hui est bien loin de la foi chrétienne, a été pendant cinq ans catholique fervent, qu’il s’est nourri de l’Évangile, de l’Imitation ; qu’élevé dans un séminaire, il y a entendu des chœurs de deux cents jeunes gens faire résonner sous une voûte retentissantel’In exitu.

1742. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Il y avait des niais et quelques sots panachés dont je ne parle pas, ils vivent peut-être encore ; puis, à côté, les malins : — et ce Vitrolles, hardi, osé, peu scrupuleux, qui avait un pied dans les camps les plus opposés, qui visait à un premier rôle, qui jouait son va-tout sur une seule carte, la confiance intime de Monsieur ; qui perdit et qui se fera beaucoup pardonner un jour en jugeant dans ses Mémoires avec esprit les gens qui l’ont mal payé de son zèle ; — et Michaud ; engagé parmi les violents du parti, on ne sait trop pourquoi, si ce n’est parce qu’il s’en était mis de bonne heure et de tout temps ; raisonnable et même assez philosophe dans ses écrits historiques et dans ses livres, incorrigible dans ses feuilles ; de qui Napoléon avait dit que c’était « un mauvais sujet » ; avec cela homme d’esprit et les aimant, indulgent même pour la jeunesse ; journaliste avant tout et connaissant son arme, muet dans les assemblées et pour cause, avec un filet de voix très-mince, un rire voltairien, et qui passa sa vie à se rendre compte des sottises qu’il favorisait, qu’il provoquait même, et qu’il voyait faire41.

1743. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

« La forte race grandit sous les célestes influences ; une voix mystérieuse lui dit que ce vaste monde qui s’étend sous ses pieds lui appartient.

1744. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Ici il y a un pont plus mince, plus long, plus suspendu, à franchir ; on est entouré d’abîmes, pour peu qu’on regarde à droite ou à gauche (liberté, fatalité, prédestination, prescience divine, responsabilité humaine) ; le pont tremble sous vos pieds ; mais enfin il est jeté, il est franchi ; M. 

1745. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Il avait d’ailleurs des vues, des idées originales et bien des termes de comparaison, ayant habité l’Angleterre, visité l’Espagne, le Portugal ; il connaissait même l’étranger beaucoup mieux que la France, d’où il avait émigré et où il semblait craindre de remettre les pieds depuis que la Charte en avait empoisonné l’air et le sol.

1746. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Les événements avaient marché plus vite que sa pensée, et son ambition ne faisait, pour ainsi dire, qu’exécuter les arrêts de sa fortune. »  Et dans le récit où il a résumé les préliminaires et les causes de la guerre de Russie en 1812, il ne voit dans cette entreprise, de la part de la France, que « le dernier terme de ce vaste système de conquête et de prééminence qui a son point de départ dans le traité de Campo-Formio et qui fut reproduit plus tard dans celui de Lunéville. » Napoléon n’avait point fondé ce système, il l’avait pris à son compte et avait mis son génie et sa gloire à le faire triompher ; la Révolution, devenue toute guerrière, voulait sa revanche sur l’Europe : la partie une fois engagée sur ce pied, de revanche en revanche l’enjeu avait grossi toujours : « Il y a un fait capital, répétait M. 

1747. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Donnez-nous votre princesse, et je dirai du bien de vous. » Il est tout le temps avec Bruhl comme avec une coquette, sur le pied d’une agacerie et d’une plaisanterie à demi piquante.

1748. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Cet ambassadeur, homme aimable et bienveillant, emmena avec lui Malouet à Lisbonne et le traita dès le premier jour sur le même pied et avec la même amitié qu’il eût fait un jeune parent.

1749. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Il y a des temps décisifs dans la vie des individus, où leur constitution physique ou morale subit de graves changements et se fonde comme derechef, où l’on refait bail, pour ainsi dire, sur un certain pied et à de certaines conditions avec ses idées, avec ses moyens ; il y a, enfin, des années critiques, climatériques, comme disaient les anciens médecins, palingénésiques, comme disent de modernes philosophes.

1750. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Aux pieds de madame de La Sablière et des autres femmes distinguées qu’il célébrait en les respectant, sa muse, parfois souillée, reprenait une sorte de pureté et de fraîcheur, que ses goûts un peu vulgaires, et de moins en moins scrupuleux avec l’âge, ne tendaient que trop à affaiblir.

1751. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

L’histoire de Salluste, les lettres de Brutus28, les ouvrages de Cicéron, rappellent des souvenirs tout-puissants sur la pensée ; vous sentez la force de l’âme à travers la beauté du style ; vous voyez l’homme dans l’écrivain, la nation dans cet homme, et l’univers aux pieds de cette nation.

1752. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

Tout le corps parle ; souvent, à défaut du mot, c’est le geste qui exprime ; une grimace, un haut-le-corps, un bruit imitatif deviennent signes à la place du nom ; pour désigner une allée de vieux chênes, la taille se dresse droite, les pieds se prennent au sol, les bras s’étendent raides, puis se cassent aux coudes en angles noueux ; pour désigner un fourré de chèvrefeuille et de lierre, les dix doigts étendus se recourbent et tracent des arabesques dans l’air, pendant que les muscles du visage se recourbent en petits plis mouvants. — Cette mimique est le langage naturel, et, si vous avez quelque habitude de l’observation intérieure, vous devinez à quel état intérieur elle correspond.

1753. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Et quel bonhomme de cinq pieds et demi, dans nos romans et nos drames, est plus réel que ces géants ?

1754. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Cette vérité, la Terre tourne, se trouvait mise sur le même pied que le postulatum d’Euclide par exemple ; était-ce là la rejeter.

1755. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Il ne sait comment se dépêtrer de cette malheureuse affaire du Mexique, si follement engagée et qu’il traîne au pied, comme un boulet.

1756. (1890) L’avenir de la science « V »

Or, je le répète, il n’y a qu’un moyen de guérir de la critique comme du scepticisme, c’est d’oublier radicalement tout son développement antérieur et de recommencer sur un autre pied.

1757. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

  Il apprend que sa face, ou riante ou chagrine, N’est qu’un spectre menteur ; tendre fils, il apprend Qu’elle offre sans tendresse à ses fils sa poitrine, Et berce leur sommeil d’un pied indifférent ;   Que c’est pour elle et non pour eux qu’elle travaille ; Que son grand œil d’azur leur sourit sans regard ; Que l’homme dans ses bras meurt sans qu’elle en tressaille, Né de père inconnu dans un lit de hasard.

1758. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Cette fable, lui dit-il,          Vient à vos pieds s’offrir Par zèle et par reconnaissance.

1759. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Une lecture bien faite d’un beau morceau d’éloquence ou d’une pièce de théâtre est une sorte de représentation au petit pied, une réduction, à la portée de tous, de l’action oratoire ou de la déclamation dramatique, et qui, tout en les rapprochant du ton habituel, en laisse encore subsister l’effet.

1760. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Dès 1745, l’abbé d’Estrées avait prouvé, sur cette question de généalogie, que la famille des Anfrie, seigneurs de Chaulieu, était d’épée avant d’être de robe (circonstance réputée honorable), et qu’elle servait sur un bon pied du temps de Charles VII.

1761. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Admis dans l’intimité de la princesse et de Mme de Maintenon, traité sur le pied d’un bel enfant espiègle et spirituel, il ne tarda pas à prendre les licences que prend cet effronté de Chérubin près de sa marraine, et s’émancipa si bien qu’il ne fallut rien moins que la Bastille pour le remettre à la raison et satisfaire la colère du roi.

1762. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Mignet le premier, dans l’introduction qu’il a mise en tête des Négociations relatives à la succession d’Espagne (1835), rencontrant tout d’abord Mazarin, lui a rendu une éclatante justice, et a tracé de lui un grand portrait historique en pied qui restera.

1763. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Venue à Paris pour s’y fixer, vers l’âge de douze ou treize ans (1758), à la suite d’un revers de fortune, elle y débuta sur le pied d’un petit prodige et d’une rare virtuose : musette, clavecin, viole, mandoline, guitare, elle jouait de tout à merveille, mais la harpe était de préférence son instrument.

1764. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Après l’avoir peint dans son costume ordinaire, avec ses bottes de velours, son habit de drap bleu, et avoir décrit ainsi sa tête : « Sa chevelure, artistement relevée et contournée par le fer des coiffeurs sur les tempes, se renfermait derrière la nuque dans un ruban de soie noire flottant sur son collet » (ce qui, sans périphrase, veut dire qu’il avait une queue) ; après avoir ajouté, en parlant toujours de sa tête : « Elle était poudrée à blanc à la mode de nos pères, et cachait ainsi la blancheur de l’âge sous la neige artificielle de la toilette », le peintre en vient au caractère de la personne et au visage : On eût dit que le temps, l’exil, les fatigues, les infirmités, l’obésité lourde de sa nature, ne s’étaient attachés aux pieds et au tronc que pour faire mieux ressortir l’éternelle et vigoureuse jeunesse du visage.

1765. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Il paraît que quand il causait avec eux personnellement, et même avec des archiducs, il avait une certaine manière d’exprimer avec chaleur son opinion, et d’appuyer le pied en l’exprimant, qui ne laissait pas d’étonner ces personnages de cour : mais il n’en réussissait que mieux dans leur estime.

1766. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Vers la fin de sa vie, Marguerite, devenue à son tour une antique, n’avait plus du tout de cheveux bruns et faisait une grande dépense de perruques blondes : « Pour cela elle avait de grands valets de pied blonds que l’on tondait de temps en temps. » Mais dans sa jeunesse, quand elle osait être brune, au naturel, cela ne la déparait point, car elle n’en avait pas moins un teint d’un vif éclat, « un beau visage blanc qui ressemblait un ciel en sa plus grande et blanche sérénité », — « un beau front d’ivoire blanchissant », disent les contemporains et les poètes, qui en ceci paraissent n’avoir point menti.

1767. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Il avait pourtant à la Cour cette petite charge, qui lui donnait un pied chez les plus grands.

1768. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

C’est là qu’à chaque pas on croit voir apparaître                    Un trône d’or, Et qu’en foulant du pied des tombeaux, je crus être                    Sur le Thabor !

1769. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Hector, le valet du Joueur, dira dans son rêve de fortune : J’aurais un bon carrosse à ressorts bien liants ; De ma rotondité j’emplirais le dedans… Et le fat marquis, s’étalant aussi tout à l’aise, lâchera ce couplet que chacun achève de mémoire, mais que nous ne pouvons nous empêcher de rappeler : Moi, j’aime à pourchasser des beautés mitoyennes ; L’hiver, dans un fauteuil, avec des citoyennes, Les pieds sur les chenets étendus sans façons, Je pousse la fleurette et conte mes raisons… J’ai rendu toute justice et tout hommage à Boileau ; mais ici, dans cette large et copieuse façon de dire, Regnard remontait par-delà Boileau, et dérivait en droite ligne de Régnier.

1770. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Lucien, qui se moque de ces historiens prétendus poétiques, qui ont, au début, des invocations pleines d’emphase, Lucien, qui veut de la simplicité dans l’histoire, admet pourtant que le style y participe, en certaines occasions, de la poésie : « Il faut alors qu’un petit vent poétique enfle les voiles du navire, et le tienne élevé sur le sommet des flots. » Il ne veut point que la diction s’élève trop, il suffit que la pensée soit un peu plus haut que l’expression, celle-ci à pied et tenant de la main, comme en courant, l’autre qui est montée et qui devance.

1771. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Ici-bas ce grand corps n’a que trois pieds de tour ; Mais, si je le voyais là-haut dans son séjour, Que serait-ce à mes yeux que l’œil de la nature ?

1772. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Les rhétoriques, inquiètes des contagions et des pestes qui sont dans le génie, recommandent avec une haute raison, que nous avons louée, la tempérance, la modération, le « bon sens », l’art de se borner, les écrivains expurgés, émondés, taillés, réglés, le culte des qualités que les malveillants appellent négatives, la continence, l’abstinence, Joseph, Scipion, les buveurs d’eau ; tout cela est excellent ; seulement il faut prévenir les jeunes élèves qu’à prendre ces sages préceptes trop au pied de la lettre on court risque de glorifier une chasteté d’eunuque.

1773. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Un grand artiste qui respecterait sa pensée ne ramasserait pas à ses pieds ces feuilles d’un jour, qui n’ont plus le mérite qu’elles pouvaient avoir quand elles furent écrites sur le sable de la circonstance, maintenant effacé.

1774. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Fervaques et Bachaumont a dix pieds d’envergure et quatorze volants de dentelles… C’est la crinoline de l’Empire, et ils la font bouffer que c’est une bénédiction !

1775. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Puis, ce fut une Histoire de la Révolution, dans laquelle, se distançant lui-même, l’auteur de l’Histoire de France sautait à pieds joints par-dessus la tête de je ne sais combien de règnes et violait l’ordre et l’économie de son grand travail historique, avec la hâte d’un homme qui court raide au sujet qui fait dans notre temps tout livre populaire : la Révolution !

1776. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Vous êtes prompt en besogne ; au besoin, vous pourriez répondre à ces bonnes gens qui arrêtent un homme sur le trottoir, le priant de leur expliquer, au pied levé, ce qu’il pense de Dieu, du monde, de l’âme et du reste.

1777. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

(Violents murmures, trépignements de pieds. […] Arrivée à Metz et s’y reposant quelques jours avant de mettre le pied en Allemagne, elle écrivait à Degérando d’abord : « Metz, ce 26 octobre (1803). […] enfin quand on consacre son existence à servir les petites haines, les petites passions des cœurs, en foulant aux pieds les âmes d’une nature relevée ?

1778. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Barbier eût bien fait d’abandonner la mortalité providentielle de Shakespeare et d’insister exclusivement sur l’ingratitude de sa patrie ; car ce n’est pas en élevant au poète de Stratford une statue de bronze de quatre-vingts pieds, et en construisant une taverne dans la tête de ce colosse, que l’Angleterre prouvera qu’elle ne manque pas de mémoire : un tel monument, si jamais il s’élève, et nous avons le droit de le craindre, ne révélera chez les souscripteurs qu’une puérile vanité. […] Mais comme l’auteur d’Atar-Gull semblait traiter la langue avec un dédain absolu, et sautait à pieds joints par-dessus toutes les lois du style, la critique s’est abstenue de protester contre les applaudissements prodigués à M.  […] Berryer se sait, mais ne s’avoue pas supérieur à son auditoire, et traite avec lui sur le pied d’une parfaite égalité. […] Il ne s’agit plus de l’abattre, elle est gisante à nos pieds. […] Nous savons, aussi bien que personne, la distance qui sépare le génie de la science ; mais dans la question que nous traitons, il ne s’agit pas de la valeur absolue de ces deux formes de la pensée, il s’agit des services que chacune des deux rend à l’autre ; or, à cet égard, le poète et le critique sont sur un pied d’égalité parfaite.

1779. (1903) Le problème de l’avenir latin

Dès que Rome prenait pied quelque part, la rhétorique jaillissait aussitôt : à tel point que la preuve indubitable de son établissement sur un point quelconque du globe, c’était la présence du sophiste, du parleur professionnel, du déclamateur à gages. […] De plus, pour l’obtention des diplômes et l’accès aux principales fonctions, deux années de séjour à l’étranger seraient exigibles, d’où le jeune homme rapporterait des exemples et des méthodes destinés à élargir le champ de sa mentalité, à mûrir les notions acquises au pied des chaires de son pays, à établir le nécessaire contact entre l’étude et la réalité, avant son entrée dans la vie active. […] Les sociétés telles que la nôtre meurent d’avoir toujours suivi la voie latine, et on ne voit pas que c’est dans la voie opposée qu’il faut résolument les engager… Il faut précisément qu’elles rompent, dans l’enseignement, le lien servile qui les rattache à leurs origines, qu’elles rejettent le fardeau du romanisme qui de jour en jour fait courber leurs épaules plus bas vers la terre, qu’elles opèrent une scission nette et franche et qu’elles s’évadent de la geôle antique pour prendre pied sur le sol du monde réel et contemporain. […] Mais la terre, enfin, qui va leur manquer sous les pieds ? […] Ma muse ne sait plus faire des vers de six pieds depuis qu’elle voit des protecteurs qui en ont sept.

1780. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Une belle fille, en effet, et d’autant plus belle qu’elle ne faisait rien pour le paraître : les cheveux dépeignés, les pieds nus, toute sa personne en désordre, les yeux noyés de larmes, des vêtements misérables. […] Ici, les fils des Sarrazins féroces y dansent la moresque au pied des rocs sauvages ; et là, le chrétien pieux glane les pleurs qu’y répandit la blonde Madeleine. […] Ce qui ne l’empêche pas d’ajouter, un instant après : « Mon talent appartient à la critique… Elle le foule sous ses pieds, elle le déchire avec ses griffes, elle le mord avec ses dents… C’est son droit, et elle en use. » Il est délicieux. […] Car il faut le dire, le personnage du jeune Rémond est pleinement ridicule et haïssable, haïssable des pieds à la tête, et ridicule de la tête aux pieds. […] Jeanne-Marie, éperdue, s’écroule au pied du calvaire qui domine l’Océan, et pousse longuement ce cri, pareil à celui d’un oiseau de mer dans la tempête : « Yves !

1781. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Cela fait trois Philinte ; un Philinte qui est sympathique à Molière comme étant dans le sens de la nature ; un Philinte qui est à contresens de la nature et antipathique à Molière ; un Philinte qui est une partie seulement de la pensée de Molière et qui par conséquent doit avoir un pied dans la nature et un pied dans l’antiphysis. […] Pensez-vous qu’à choisir de deux choses prescrites, Je n’aimasse pas mieux être ce que vous dites, Que de me voir mari de ces femmes de bien, Dont la mauvaise humeur fait un procès sur rien, Ces dragons de vertu, ces honnêtes diablesses Se retranchant toujours sur leurs sages prouesses, Qui, pour un petit tort qu’elles ne nous font pas, Prennent droit de traiter les gens de haut en bas, Et veulent, sur le pied de nous être fidèles, Que nous soyons tenus à tout endurer d’elles ? […] Comme il réduit l’action, le sujet, la chose, comme disaient les anciens, au minimum, il n’est embarrassé ni de la faire tenir en un jour ni de la faire tenir en une salie de douze pieds carrés, et comme l’action est presque nulle il va de soi qu’elle soit unique. […] On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d’une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu’on y fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l’innocente pudeur d’une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu’elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont ‘elle se fait un honneur et la mener doucement où nous avons envie de la faire venir ; Mais lorsqu’on en est maître une fois, il n’y a plus rien à dire ni rien à souhaiter ; tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour, si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs et présenter à notre cœur les charmes attrayants d’une conquête à faire. […] Elle ne discute pas avec son père, ou à peine, mais elle discute avec Thomas Diafoirus et avec la femme de son père, nettement, précisément, spirituellement, sans lâcher pied, sans perdre la tête et sans que les injures la fassent sortir un instant de son sang-froid.

1782. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Non, tout n’y est pas illusion et idole ; c’est elle qui nourrit et incite, qui entretient les flammes généreuses ; sans elle tout languit, s’abat et s’abaisse : Après tout, dit Chateaubriand mettant le pied sur les ruines de l’antique Sparte, après tout, ne dédaignons pas trop la gloire ; rien n’est plus beau qu’elle, si ce n’est la vertu.

1783. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Une femme qui venait d’accoucher avait vu un globe de feu au pied de son lit.

1784. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Quand elle l’a obtenu, il lui donne le moyen sûr pour le garder près d’elle autant qu’elle le voudra, et même pour entreprendre un voyage s’il le lui ordonne : c’est que le margrave envoie au roi quelques grands hommes pour son régiment favori ; moyennant cette « galanterie de six pieds » faite au roi, tout ira bien ; « deux ou trois grands hommes envoyés à propos seront des arguments vainqueurs62. » — Le général ministre Grumbkow, qui a tant persécuté Frédéric et sa sœur, meurt un an avant son maître, laissant une mémoire généralement exécrée.

1785. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Il est comme un homme délivré et qui respire librement ; il se remet à rire, à jouer la comédie et la tragédie en société ; il est heureux de cette bienveillance intelligente qu’il inspire, et de cette culture mêlée de simplicité qu’il rencontre au pied des Alpes.

1786. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Un sentiment vrai, conçu de bonne heure et qu’il nourrira pendant trente ans, l’enchaînait aux pieds de sa noble amie, Mme de Choiseul : je ne sais si, comme Walpole, il l’avait prise d’abord pour la reine d’une allégorie ; mais il était certainement très patient ; il ne paraît pas avoir jamais désiré que le nuage doré se dissipât ni que l’allégorie s’évanouît.

1787. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

., une remise sur le pied de guerre du parti religieux.

1788. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Bossuet sermonnaire et prédicateur, dans toute cette partie première et longtemps obscure de sa carrière oratoire, a été donné tout entier et remis sur pied par M. 

1789. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

La nuit est venue ; le comte Herman est dans son appartement ; il paraît calme, content de lui ; il a assez bien mené sa triple intrigue : il se flatte d’avoir louvoyé assez habilement tout le soir entre Emma et Pompéa, sans trop se trahir ; la Lisette, au moyen d’un signe convenu, vient de lui faire tenir une réponse favorable pour le rendez-vous de minuit ; enfin il a donné un rendez-vous à Pompéa pour ce soir même, tout à l’heure, dans son appartement, et il l’attend de pied ferme.

1790. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Taine nous entretenait l’autre jour27, — occupés, dis-je, à rechercher uniquement et scrupuleusement la vérité dans de vieux livres, dans des textes ingrats ou par des expériences difficiles ; des hommes qui voués à la culture de leur entendement, se sevrant de toute autre passion, attentifs aux lois générales du monde et de l’univers, et puisque dans cet univers la nature est vivante aussi bien que l’histoire, attentifs nécessairement dès lors à écouter et à étudier dans les parties par où elle se manifeste à eux la pensée et l’âme du monde ; des hommes qui sont stoïciens par le cœur, qui cherchent à pratiquer le bien, à faire et à penser le mieux et le plus exactement qu’ils peuvent, même sans l’attrait futur d’une récompense individuelle, mais qui se trouvent satisfaits et contents de se sentir en règle avec eux-mêmes, en accord et en harmonie avec l’ordre général, comme l’a si bien exprimé le divin Marc-Aurèle en son temps et comme le sentait Spinosa aussi ; — ces hommes-là, je vous le demande (et en dehors de tout symbole particulier, de toute profession de foi philosophique), convient-il donc de les flétrir au préalable d’une appellation odieuse, de les écarter à ce titre, ou du moins de ne les tolérer que comme on tolère et l’on amnistie par grâce des errants et des coupables reconnus ; n’ont-ils pas enfin gagné chez nous leur place et leur coin au soleil ; n’ont-ils pas droit, ô généreux Éclectiques que je me plais à comparer avec eux, vous dont tout le monde sait le parfait désintéressement moral habituel et la perpétuelle grandeur d’âme sous l’œil de Dieu, d’être traités au moins sur le même pied que vous et honorés à l’égal des vôtres pour la pureté de leur doctrine, pour la droiture de leurs intentions et l’innocence de leur vie ?

1791. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Dès qu’il vit Buzot plus en pied que lui et plus favorisé, il s’irrita, s’ulcéra et prit la fuite : « C’était un bon et tendre frère, nous dit Mme Roland, parlant de Lanthenas ; mais il ne pouvait être autre pour mon cœur, et ce sentiment me rendait d’autant plus libre et franche dans l’intimité établie entre nous trois.

1792. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

À peine avait-on un pied dans la maison d’autrui qu’on voulait avoir les deux.

1793. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Questions obscures, sans doute insolubles, où l’érudition et l’ingéniosité peuvent se jouer à l’infini et conjecturer même avec toute sorte d’industrie et d’adresse, mais où les esprits nets et clairs, ceux « qui prennent pour règle l’évidence », les esprits de la lignée de Locke, de la famille des Gibbon, des Hallam, ne sauraient s’assurer d’un seul endroit guéable ni trouver où poser le pied.

1794. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Je sais comme vous qu’il ne faut pourtant pas que, sous prétexte de peindre, il se croie en droit d’imaginer, qu’il aille créer tout de bon et au pied de la lettre, et qu’il nous présente un roman au lieu de la réalité.

1795. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Nous devons rappeler toutefois qu’à cette date de 1779 l’abbé de Vermond ne fit qu’une fausse sortie : il y eut un prompt retour ; la reine répara envers lui le passé et se fit un honneur de le mieux traiter au vu de tous95 ; on le retrouve à la Cour de Versailles sur un pied de crédit et même de faveur dans les années suivantes, très-mêlé sous main, dit-on, à l’action et aux influences des Brienne et des Breteuil.

1796. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Fournier trouve aujourd’hui que c’était invraisemblable : peu s’en faut qu’il ne trouve la chose impossible ; il n’a pas assez de railleries pour les pauvres auteurs de notices qui ont mentionné ce village voisin de Dourdan : « Peu importait, dit-il, qu’en maint endroit de son livre l’auteur des Caractères se révélât Parisien de la tête aux pieds ; Parisien de naissance et d’habitude, Parisien de cœur et d’esprit !

1797. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

. — Après la révolution de 1830, quand on parlait des Tuileries où son fils était en si bon pied, Mme de Souza avait soin de marquer, d’un air d’allusion fine, qu’elle-même n’y allait pas.

1798. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Tel est enfin le monopole du grand colombier à pied, d’où ses pigeons par milliers vont pâturer en tout temps et sur toutes les terres, sans que personne puisse les tuer ni les prendre

1799. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Il y a un sentiment fin et juste de la couleur, si l’on peut dire, des expressions et des langues dans la démonstration que Boileau entreprend ; mais la gaucherie de la forme est plus sensible que la vérité du fond, et l’on ne peut s’empêcher de sourire, quand on voit Boileau alléguer Thalès, Empédocle et Lucrèce, pour faire valoir la dignité de l’eau dans l’antiquité, quand il ne veut pas qu’Homère ait parlé du « boudin » : un « ventre de truie », à la bonne heure, voilà qui est noble ; ou quand enfin il aime mieux mettre aux pieds de Télémaque une « magnifique chaussure » que de «  beaux souliers », et maintient obstinément qu’il ne faut pas appeler «  cochons » ou « pourceaux » les animaux de nom « fort noble », en grec, dont avait soin le « sage vieillard » Eumée, qui n’était pas un « porcher ».

1800. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Voyez ces indications scéniques d’une parodie de Vadé : « Le théâtre change et représente une veillée ou encreigne ; une vieille est occupée à filer au rouet, et s’endort de temps en temps, pendant lequel (sic) deux jeunes personnes quittent leur ouvrage pour jouer au pied de bœuf, et le reprennent quand la vieille s’éveille… Une petite fileuse se détache du groupe, et danse une fileuse, tandis que les autres exécutent tout ce qui se pratique dans une veillée de village493. » Cette mise en scène de la vie rustique n’est-elle pas caractéristique en sa minutie ?

1801. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Il a léché la boue du chemin pour l’épargner à son pied.

1802. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Puis, quand il a poussé à bout ses calculs d’ingénieur et de politique ; quand la population, dans ses diverses races, est tenue en échec ; quand il a régularisé l’inondation et organisé le désert, que tous les puits sont occupés, que pas un pied cube d’eau n’est perdu, alors seulement il lâche bride à son imagination ; il se retrace le beau idéal d’une Égypte bien gouvernée : Mais que serait ce beau pays, après cinquante ans de prospérité et de bon gouvernement ?

1803. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Ou plutôt, laissons de côté les métaphores, il parle le français du xixe  siècle à des jeunes hommes du xixe  siècle, à ceux dont il voit dans cette nef immense de Notre-Dame les têtes pressées à ses pieds, et à qui il dit : « Vous qui venez ici entendre la parole divine avec un cœur enflé et comme des juges ! 

1804. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Dès le premier jour qu’il mit le pied dans l’histoire, M. 

1805. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Cet ami le soutint, l’encouragea : « C’est un beau plan, lui disait-il, et ton pied te conduira au bonheur.

1806. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

À propos des exactes et sévères critiques qu’elle fait de ses contemporains : Mme Du Deffand, disait M. de Féletz, eût été, sans contredit, un excellent journaliste, quoiqu’un peu amer… Le tableau qu’elle présente de sa société décèle un esprit qui ne voit pas en beau, mais qui voit juste ; un pinceau qui ne flatte pas, mais qui est fidèle ; ses traits malins vous peignent un homme depuis les pieds jusqu’à la tête.

1807. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Je n’ai pas la prétention de venir ici parler sur ce pied-là, ni de me donner les airs d’un juge en dernier ressort.

1808. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Je regarde passer à mes pieds ma dernière heure.

1809. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Parmi ces passions et ces goûts, dont elle raisonne très bien et en parfaite connaissance de cause, il en est qu’elle introduit à côté des autres presque sur un pied d’égalité, et qui déplaisent, tels que la gourmandise, le jeu.

1810. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Ce n’est qu’alors, nous assure-t-il, « quand il faisait route à pied, par un beau temps, dans un beau pays, sans être pressé », ayant pour terme du voyage un objet agréable qu’il ne se hâtait pas trop d’atteindre, c’est alors qu’il était tout entier lui-même, et que les idées, froides et mortes dans le cabinet, s’animaient et prenaient leur essor en lui : La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées ; je ne puis presque penser quand je reste en place ; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit.

1811. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Au sortir de cette guerre où coula tant de sang, et après laquelle toutes choses furent remises en Allemagne sur le même pied que devant, sauf les dévastations et les ruines, Frédéric se plaît à faire sentir la faiblesse et l’inanité des projets humains : Ne paraît-il pas étonnant, dit-il, que ce qu’il y a de plus raffiné dans la prudence humaine jointe à la force soit si souvent la dupe d’événements inattendus ou des coups de la fortune ?

1812. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

attends-moi… La sarcelle le quitte,     Et revient traînant un vieux nid Laissé par des canards ; elle l’emplit bien vite De feuilles de roseau, les presse, les unit Des pieds, du bec, en forme un batelet capable        De supporter un lourd fardeau ;        Puis elle attache à ce vaisseau Un brin de jonc qui servira de câble.

1813. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Rulhière, de retour de ses voyages dans le Nord, vivait donc à Paris sur le meilleur pied, très goûté pour des opuscules qu’on regardait comme une faveur de pouvoir entendre, pour de jolis vers tels que L’À-propos, Le Don du contre-temps, qu’il récitait avec des applaudissements sûrs, pour des épigrammes très mordantes qu’il laissait courir et qu’il n’avouait pas, mais dont il avait tout l’honneur.

1814. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il prend d’ailleurs la chose sur un pied d’agrément, et trouve tout naturel qu’on soit d’un sentiment contraire au sien ; « car rien n’est plus permis, ni plus agréable, dit-il, que la diversité d’opinions en ces matières ».

1815. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

À la mort de Mansart, surintendant des Bâtiments, il demande au roi sa place, « sur le pied, dit-il, de m’être toujours mêlé de jardinage et d’avoir un peu de goût pour les maisons ».

1816. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Un soir, au sortir de l’Opéra, il sauve la vie de Valentine, de Mme de Saverny, qui allait être écrasée sous les pieds des chevaux ; lui-même est blessé et disparaît.

1817. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Depuis les premiers jours de 89, Beaumarchais fut constamment sur le pied de l’apologie et de la défensive.

1818. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Quand ses descriptions sont un peu moins travaillées, moins concertées, et qu’elles restent à l’état d’esquisses rapides, elles sont aussi plus vraies, et souvent dans une perfection ravissante : je recommande à ceux qui ont le temps de refeuilleter les Études la page de l’Étude septième, qui commence ainsi : « Il n’y a que la religion qui donne à nos passions un grand caractère… », et où l’on voit la jeune Cauchoise en pleurs au bord du rivage, regardant de loin les bateaux pêcheurs partis le matin par un gros temps, et sa station consolée au pied d’un calvaire.

1819. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

C’est ainsi que dans un genre tout différent et dans une pensée toute parisienne, après avoir discuté avec impartialité des deux musiques italienne et française, il ajoutera : « Je souhaiterais seulement voir établir à Paris un Opéra italien, en laissant subsister le nôtre tel qu’il est. » C’est ainsi encore qu’en visitant le Forum, et en se rappelant que la première pierre milliaire était au milieu, et que c’était de là que partaient toutes les grandes routes dans l’Empire, il proposera quelque chose de pareil dans notre pays : En France, où nous avons fait sous ce règne-ci, disait-il, tant de beaux grands chemins, ne ferait-on pas bien de placer, de lieue en lieue, de pareilles petites colonnes numérotées, à commencer par la première, placée au centre de Paris sur le Pont-Neuf, au pied de la statue de Henri IV ?

1820. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Sayous ne nous retrace pas avec moins de finesse et de vérité l’aspect naturel du pays en Savoie, ces frais paysages jetés dans un cadre grandiose, cette espèce d’irrégularité et de négligence domestique, et ce laisser-aller rural que peut voir avec regret l’économiste ou l’agronome, mais qui plaît au peintre et qui l’inspire insensiblement : « L’imagination, dit-il, est plus indulgente : elle sourit à ce spectacle qui a sa grâce, et l’artiste jouit en reconnaissant un instinct de l’art et comme un goût de nature dans ce confus arrangement qui semble avoir été abandonné au hasard. » Nous connaissions déjà, depuis les peintures de Jean-Jacques Rousseau, ce charme des vallons et des vergers de Savoie, si frais et si riants au pied des monts de neige ; mais, avant d’en venir à saint François de Sales, il était bon de nous le rappeler.

1821. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

« Un coup violent au pied détermine d’abord une sensation de contact et, quelques dixièmes de seconde après, la douleur. » Ainsi la douleur, dit M. 

1822. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Alors Lafontaine a eu l’idée de montrer à Chelles, comment elle devait être jouée, cette déclaration marchée, — et rien qu’avec une hésitation, un faux départ de la marche, et pour ainsi dire, des balbutiements de pieds, accompagnant le balbutiement amoureux des paroles, cette déclaration a pris tout à coup un très grand effet.

1823. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Dans les foins où les fleurs qui meurent Sont douces comme un vain regret ; Sous les saules qui pleurent et effleurent L’eau qui dort comme une morte à leurs pieds ; Elles vont vers l’automne et babillent Avec des mots de poète : La vie est faite et défaite Comme un bouquet aux mains d’une fille.

1824. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Le célebre Galilée avoit bien remarqué que les pompes aspirantes élevoient l’eau jusqu’à la hauteur de trente-deux pieds, mais Galilée, comme l’avoient fait ses prédecesseurs, et comme le feroient encore nos philosophes sans la découverte fortuite dont je vais parler, attribuoit cette élevation de l’eau, opposée au mouvement des corps graves, à l’horreur du vuide.

1825. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Discours sur le romantisme Messieurs, Ce jour qui, pour la neuvième fois, rassemble les quatre Académies en cette enceinte, est l’anniversaire du jour fortuné, où, après trente années d’un exil encore plus fatal pour nous que douloureux pour lui-même, notre auguste monarque remit le pied sur le sol de la patrie.

1826. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Accepté par l’opinion comme un homme de talent, d’un talent volontaire, retors, efforcé et sans enthousiasme, il passait, dans cet odieux siècle pratique, pour ce qu’on appelle, en clignant de l’œil, un malin, et il avait eu l’avantage de vivre à la cour de Napoléon III sur un pied excellent pour en écrire, sans illusion, l’histoire.

1827. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

… Oui, peut-être dans les cloîtres, en quelques coins retirés du monde, en quelques poitrines inclinées au pied des crucifix dans le silence de quelques chapelles.

1828. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Qui ne le sait, qui n’a pas lu ces Fleurs du mal dont le vrai nom aurait dû être Les Fleurs maudites, poésies cruelles, envenimées, d’une volupté sinistre, qui auraient leur excuse dans le désespoir, si le désespoir n’était un mal de plus, et après lesquelles, si l’auteur avait eu la logique de ses sensations, il n’y avait plus que le coup de pistolet ou… le pied d’une croix !

1829. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Et madame de Sévigné, malgré les grands airs qu’elle prend d’aimer les Rochers et leurs habitants, bien qu’on puisse voir en elle une aïeule des bergères patriciennes de la fin du xviie  siècle, n’est au fond qu’une Parisienne parisianisante, qui regrette Paris dès qu’elle a mis le pied en Bretagne.

1830. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Il nous échappe, parce qu’il habite dans l’abstraction pure, à cinq cents pieds au-dessus de la terre ; faites l’en descendre, et ramenez-le au détail des circonstances précises, aux cas singuliers et distincts, aux événements visibles et palpables.

1831. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Ils s’arrêtent au pied de son cercueil, ils l’examinent, ils l’entourent, ils semblent lui redemander un grand homme, et se livrent avec un mélange d’attendrissement et de terreur à toutes les idées que la vue de ce tombeau leur inspire65.

1832. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Déjà ma pensée tressaille, impatiente de partir et d’errer ; déjà, dans leur ardeur, trépignent mes pieds agiles.

1833. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Du point de vue de Chénier, le citoyen juge l’homme d’État et n’est qu’un pied plat si son jugement dépend de la fortune. […] Il ne veut que causer ou aimer sur le pied d’égalité dans la société polie, c’est-à-dire dans les conditions où la conversation et l’amour atteignent leur optimum. […] Une signification claire : le pied de nez aux conventions et aux puissances établies. […] Bref, pour Tolstoï, il est absurde de soutenir que le cerveau guide le corps, et il serait aussi raisonnable de placer la direction dans les viscères ou dans les pieds. […] La promenade à pied est un peu fatigante, par la faute des innombrables petits ponts arqués (à cause des gondoles) et dont il faut gravir les marches ; mais l’œil et l’esprit sont sans cesse amusés et ne s’en lassent point.

1834. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Mais pourquoi ne pas fouler aux pieds le devoir et la vulgaire raison, si le devoir comprime les élans du cœur ? […] Jésus pardonne à la pécheresse qui se repent, qui l’implore à genoux et arrose ses pieds de larmes et de parfums. […] Elle la proclame radicalement vicieuse dans ses principes, et dès lors bonne à raser par le pied pour être reconstruite à neuf et sur un autre plan. […] Il y a longtemps, convenons-en, que les muses ne vont plus à pied. […] Quinze ans, je me suis senti sous vos pieds, et vous m’y avez laissé.

1835. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Or Louis XIV disait d’un prédicateur un peu plus sincère qu’il ne fallait : « J’aime à prendre leçon au pied de la chaire ; mais je n’aime pas qu’on me la fasse. » La foule aime à être endoctrinée de cette façon-là. […] Tant que Napoléon n’a pas mis le pied sur la passerelle du Bellérophon, on ne sent pas le drame fini. […] Et, enfin, ainsi préparée et ainsi acceptée, dès qu’elle eut le pied à l’étrier, les obstacles s’aplanissaient tout seuls devant elle. […] Mme Geoffrin ne réussissait qu’à mettre le frein, elle ne réussissait pas toujours à tenir en bride ; surtout, elle ne réussissait pas à faire vivre sur un pied de trêve continue des ennemis irréconciliables. […] Une femme trop voilée, on la parcourt des yeux des pieds à la tête.

1836. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Pour justifier un jour l’un des hommes qui sans doute ont le plus insolemment foulé aux pieds tous les droits de l’humanité, — mais dont les intérêts anglais ne perdront pas de sitôt la mémoire, — Clive, ou Warren Hastings peut-être, Macaulay a quelque part écrit que les « hommes extraordinaires, qui ont accompli des choses extraordinaires, ont droit à une mesure d’indulgence extraordinaire ». […] Dans le pain et le vin destinés à sa bouche, Ils mêlent de la cendre avec d’impurs crachats, Avec hypocrisie ils jettent ce qu’il touche, Et s’accusent d’avoir mis leurs pieds dans ses pas… Indépendamment du procédé que nous avons indiqué plus haut, et dont on saisira facilement l’application dans ces vers, il n’y a là de personnel ou d’un peu nouveau que l’accent de haine ou de colère, la satisfaction d’être soi-même, et la fausse conscience de sa supériorité. […] Nous ne sentons plus aujourd’hui, nous n’aimons plus comme on faisait en 1830, à la manière forcenée des héros de Dumas ou d’Hugo, et cela nous suffît pour nous rendre Antony ou Ruy-Blas insupportables : Mais la Beauté flamboie, et tout renaît en elle, Et les mondes encor roulent sous ses pieds blancs. […] Mais ce qui suivait, était plus clair encore : Tu n’es pas Aphrodite, au bercement de l’onde, Sur ta conque d’azur posant un pied neigeux Tandis qu’autour de toi, vision rose et blonde, Volent les Rires d’or, avec l’essaim des Jeux. […] Consolez-nous enfin des espérances vaines, La route infructueuse a blessé nos pieds nus ; Du sommet des grands caps, loin des rumeurs humaines, Ô vents !

1837. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

L’un veut tyranniser avec souplesse ; l’autre fouler aux pieds les petits et les grands avec dureté. […] Les hommes ne se soulèvent pas quand on leur fait plus de bien qu’aux autres ; mais quand on les met seulement sur le pied d’égalité avec les autres, ils se soulèvent toujours, s’ils le peuvent. […] Ils font du souverain un être fantastique et formé de pièces rapportées ; c’est comme s’ils composaient un homme de plusieurs corps, dont l’un aurait des yeux, l’autre des pieds, l’autre des bras, et rien de plus. […] J’abandonne au déclamateur Bossuet la politique des roitelets de Juda et de Samarie14, qui ne connurent que l’assassinat, à commencer par leur David, lequel, ayant fait le métier de brigand pour être roi, assassina Urie dès qu’il fut le maître, et ce Salomon, qui commença par assassiner Adonias, son propre frère, au pied de l’autel. […] Chaque monarque tient sur pied toutes les armées qu’il pourrait avoir si ses peuples étaient en danger d’être exterminés et on nomme paix cet état d’effort de tous contre tous.

1838. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

À défaut du châtiment lui-même, au moins lui faudra-t-il la mine impérieuse et courroucée, et lui, aux pieds de l’altière Clorinde, fondu en repentir et en larmes. […] Mais un jour que le philosophe semble bien résolu à courir jusqu’à Montmorency, il l’en dissuade en ces termes gracieux : Vous vouliez venir à pied, vous risquiez de vous faire malade, et vous n’en auriez pas peut-être été trop fâché7. […] un malheureux accablé de maux, qui se voit à peine des souliers à ses pieds, sans habits sans argent, sans ressources, qui ne demande à ses chers amis que de le laisser misérable et libre, serait nécessaire à Mme d’Epinay ; environnée de toutes les commodités de la vie et qui traîne dix personnes après elle ! […] En hiver, à pied, dans les boues, pour courir après une chaise de poste, parce qu’après tout, courir et se crotter est le métier d’un pauvre. […] Mais comment nommer la lyrique cécité de ce personnage qui joue dans Delphine l’homme d’expérience, l’homme religieux, le moraliste, et qui, conseillant à un gentilhomme chargé de devoirs et de scrupules de rompre avec eux, c’est-à-dire avec une partie de lui-même, cautionne à cette condition la béatitude d’une existence : Croyez-moi, les rapports continuels avec les hommes troublent les lumières de l’esprit, étouffent dans l’âme les principes de l’énergie et de l’élévation… le talent, l’amour, la moraleab, ces feux du ciel ne s’enflamment que dans la solitude… Léonce, vous : pouvez être heureux dans la retraite, vous le serez avec Delphine… L’intention du Créateur ne se manifeste qu’obscurément dans toutes les combinaisons de la société, que les passions et les intérêts ont compliquées de tant de manières ; mais le but sublime d’un Dieu bienfaisant, vous le retrouverez dans votre propre cœur, vous le comprendrez au milieu des beautés de la campagne, vous l’adorerez aux pieds de Delphine110 !

1839. (1921) Esquisses critiques. Première série

………………………………………………… c’est ainsi qu’il s’avance avec sa grâce gauche de femme qui trébuche à monter l’escalier empêtrée de sa traîne encombrante où s’ébauche un pied chaussé de soie et mi-hors du soulier. […] Des césures anticipées ou différées, tandis que la fondamentale césure du sixième pied s’atténue ou disparaît ; des rejets démesurés qui mettent à cheval sur deux vers successifs un vers composé de leurs éléments et qui n’a point de rapport avec eux ; d’autres recherches encore dénaturent totalement l’ancien alexandrin, que la rime seule, parfois, permet d’identifier, car d’habitude elle est retentissante. […] Entre les fautes de grammaire et les fautes de goût, il gravit d’un pied sûr un très étroit sentier qui les côtoie, les contourne, et les échappe infailliblement. […] Le seul soulagement qui s’offre aux âmes de cette sorte, c’est d’aiguiser des traits acérés, c’est de railler le train du monde avec une cruauté qui confine à la méchanceté — ou bien encore d’observer la seule des passions humaines dont la sauvagerie soit indisciplinable, l’amour, et de prendre un malin plaisir quand éclate aux yeux du monde scandalisé un érotisme irréductible, qui fait craquer le vernis des conventions sociales et qui se montre sournoisement comme le pied obscène d’un Satan déguisé. […] Les plus sublimes montagnes de l’Europe nous environnaient, les neiges étincelaient au soleil, le lac était à nos pieds.

1840. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Il aime son général en bon et honnête dogue, et ne demande pas mieux que de mourir, pourvu que ce soit aux pieds de son maître. […] J’ai conté comment le ministre Clarendon, apprenant que sa fille venait d’épouser en secret le duc d’York, suppliait le roi de la faire décapiter au plus vite ; comment la chambre des communes, composée en majorité de presbytériens, se déclarait elle-même et le peuple anglais rebelles, dignes du dernier supplice, et allait encore se jeter aux pieds du roi, d’un air contrit, pour le supplier de pardonner à la chambre et à la nation. […] Vers le mois d’avril 1700, il essaya de sortir ; son pied foulé se gangrena ; on voulut tenter l’opération, mais il jugea que ce qui lui restait de santé et de bonheur n’en valait pas la peine.

1841. (1911) Études pp. 9-261

La Rhapsodie Espagnole de Ravel Il y a une torpeur dans toute danse espagnole ; c’est l’union de la fureur et du sommeil ; les danseurs semblent toujours en train de se réveiller par leurs cris ; ils frappent du pied, ils arrondissent les bras, il se cambrent, il se jettent des invectives pour s’encourager. […] Elle chemine à pied par lentes étapes. […] … J’ai touché d’un doigt délicat sa peau nacrée… Je voyais ses pieds délicats Qui posaient nus sur le sable228… L’incertain mouvement de ces phases se modèle sur L’hésitation du désir ; elles peignent ses gestes d’essai, ses tentatives sans volonté et d’avance renonçantes, ses expériences229. […] Car pour éviter que l’âme ne perde conscience de sa vie, ils se renouvellent incessamment ; ils viennent comme mille douces mains qui s’appuient et se retirent, comme des baisers précipités ; ils sont plus proches, ils touchent de plus près, ainsi que les pieds nus goûtent du sol les exquises températures. […] On le voit préférer cette ardeur accablée qui nous dévore à la dureté impassible de l’idéal : Car j’eusse avec ferveur baisé ton noble corps, Et depuis tes pieds frais jusqu’à tes noires tresses Déroulé le trésor des profondes caresses, Si, quelque soir, d’un pleur obtenu sans effort Tu pouvais seulement, ô reine des cruelles !

1842. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Il courut une estampe en forme de médaille : la religion, descendue d’un nuage, fouloit aux pieds l’impiété avec tous ses attributs. […] Il s’étoit vu plus d’une fois dénué de tout, prêt à périr de faim, obligé de faire plusieurs voyages à pied, d’aller d’une ville en une autre, couvert de haillons, abandonné de ses protecteurs & de ceux même qu’il avoit le plus célébrés ; oublié d’une sœur qu’il avoit tendrement aimée ; négligé de ses amis, qui croyoient assez faire que de le plaindre : enfin, on lui donna toutes sortes de secours. […] Le lointain représentoit Jérusalem : l’horison étoit borné par le mont Golgota, d’où s’élevoit une colonne, sur laquelle étoit la vérité ; au pied, l’archevêque de Paris s’adressant à elle ; sur le devant, la religion appuyée sur l’arche d’alliance, & regardant avec confiance le roi qui foule aux pieds un dragon, symbole de l’impiété. […] « Si l’impie, dit l’auteur, foule aux pieds la thiare, les mitres & les crosses, c’est vous qui l’avez enhardi. […] Dans une qui courut à Rome, on voyoit un honnête jésuite, assommant, aux pieds du pape, le cardinal de Tournon, revêtu des marques de sa nouvelle dignité.

1843. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Lorsqu’elle nous assaillira, lorsque essayant de couvrir nos yeux d’une main ténébreuse, elle menacera de nous entraîner dans les abîmes entr’ouverts sous nos pieds par l’ignorance, nous nous tournerons vers toi et nous trouverons la vérité sous ton manteau. […] Comme il faut pourtant qu’on soit toujours (si peu qu’on en soit) du temps où l’on vit, Leopardi en était par le contraste même, par le point d’appui énergique qu’il y prenait pour s’élancer au dehors et le repousser du pied.

1844. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Feuilletez toute la troupe ; avec de petites différences personnelles, ils semblent tous coulés dans un seul moule : l’un est plus épicurien, l’autre plus moral, l’autre plus mordant ; mais partout règnent le langage noble, la pompe oratoire, la correction classique ; le substantif marche accompagné de l’adjectif, son chevalier d’honneur ; l’antithèse équilibre son architecture symétrique : le verbe, comme chez Lucain ou Stace, s’étale, flanqué de chaque côté par un nom garni de son épithète ; on dirait que le vers a été fabriqué à la machine, tant la facture en est uniforme ; on oublie ce qu’il veut dire ; on est tenté d’en compter les pieds sur ses doigts ; on sait d’avance quels ornements poétiques vont le décorer. […] Encore est-il bon de sentir et de penser avant d’écrire ; il faut une source pleine d’idées vives et de passions franches pour faire un vrai poëte, et à le voir de près on trouve qu’en lui, jusqu’à la personne, tout est étriqué ou artificiel ; c’est un nabot, haut de quatre pieds, tortu, bossu, maigre, valétudinaire, et qui arrivé à l’âge mûr ne semble plus capable de vivre.

1845. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Lorsqu’elle eut fait rentrer les glaives dans leurs fourreaux, la contenance audacieuse de Tannhseuser se change en un abattement désolé, et il tombe prosterné à ses pieds, Élisabeth achève son imploration de suprême amour et de suprême douleur, d’une voix que l’épuisement éteint. […] ag Au commencement du troisième acte, après le retour de ces pèlerins, qui, cette fois, en traversant la scène, reprennent tout le thème religieux de l’ouverture, Elisabeth aux pieds de la même Madone que nous avons remarquée au premier acte, fait sa dernière prière, où paraît s’exhaler son dernier soupir, pour celui qu’elle a si souffrement aimé !

1846. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Un examen de couches superficielles, d’où il infère la présence de charbon au-dessous, lui permet de mettre en correspondance ses actions avec des coexistences situées à mille pieds en dessous. […] Si l’on coupe la tête d’un centipède pendant qu’il est en mouvement, le corps continuera d’avancer par la seule action des pieds, et la même chose se produira dans les parties séparées si le corps est partagé en plusieurs portions distinctes.

1847. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Déjà une brûlure vive dans mon pied, qui provoque par action réflexe une contraction énergique de la jambe, est beaucoup plus féconde pratiquement et, par cela même, plus cognitive. […] Avec les pieds, nous ne pouvons que marcher, avec l’imagination nous volons : l’imagination dispose de l’espace.

1848. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Il revient en plus d’un endroit sur les dangers auxquels peut donner lieu l’irritation populaire : Le salut de l’État demande que vous soyez ici pour gouverner notre amie, pour la sauver de la rage de Paris, pour rétablir nos affaires sur un ton et un pied que je n’ai pu réussir à faire établir par les ombrages que d’un côté ma franchise, et la malice de l’autre, ont trouvé le moyen d’élever. (16 septembre.)

1849. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Mme de Genlis (une assez méchante langue, il est vrai) nous le dit ; elle raconte que Gibbon épris de Mme de Crousaz, depuis Mme de Montolieu (l’auteur des romans), et s’étant un jour oublié jusqu’à tomber à ses pieds, fut assez mal reçu dans sa déclaration ; mais on avait beau lui dire de se relever, il demeurait à genoux. — « Mais relevez-vous donc, monsieur ! 

1850. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Telle elle avait été, toute sa vie, dans les maisons où elle avait vécu sur le pied d’amitié, y mettant l’ordre, la propreté, la décence, répandant l’esprit de travail autour d’elle, et en même temps faisant honneur tout aussitôt à l’esprit de politesse et de société.

1851. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

En cette année de Marengo et quinze jours auparavant, il assista à Ivrée à une représentation du Matrimonio segreto, de Cimarosa : ce fut un des grands plaisirs et une des dates de sa vie : « Combien de lieues ne ferais-je pas à pied, écrivait-il quarante ans plus tard, et à combien de jours de prison ne me soumettrais-je pas pour entendre Don Juan ou le Matrimonio segreto !

1852. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Devenu magistrat sans en avoir l’air, reçu président au Parlement avec dispense d’âge (1706), il ne concourait pas moins pour les prix de l’Académie française, faisait des tragédies, qui tombaient comme déraison (c’est Collé qui le dit), mais sous un autre nom que le sien, des chansons, au contraire, qui avaient la vogue, et il prenait pied partout dans la meilleure société, et bientôt même en Cour.

1853. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

En présence d’une dissertation écrite dans cette mesure et sur ce ton, il n’y avait pas, ce semble, de quoi si fort se courroucer, et Costar ne put d’abord prendre l’affaire en main que d’un air souriant et sur le pied d’une aimable controverse.

1854. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

La conclusion de Richelieu est que « tant que les huguenots auront le pied en France, le roi ne sera jamais le maître au dedans, ni ne pourra entreprendre aucune action glorieuse au dehors » ; qu’il n’y a pas moyen de faire deux affaires considérables à la fois ; que le mal interne, fût-il moindre en soi, est le pire et celui auquel il faut avant tout pourvoir.

1855. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Aussitôt qu’il est quitte d’une guerre si rude, il se réinstalle à Rheinsberg et s’y met à vivre de cette vie qui, sauf de courts intervalles, sera désormais la sienne, vie de luxe, de beaux-arts, de plaisirs raffinés, de conversation libre où les artistes étaient admis sur un pied de familiarité décente.

1856. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Voltaire qui représente l’esprit ne conçoit nulle limite à son essor, et dès le premier jour il fraie sur le pied d’égalité avec les premiers.

1857. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

En général, et à ne les considérer que d’après les points qui leur sont communs, ces doctrines de Mirabeau et des autres réformateurs aristocratiques ou monarchiques d’alors tendaient à opérer la réforme par en haut, pour éviter une révolution par en bas, à refaire, à relever après Louis XIV ce qu’il avait en grande partie détruit et nivelé sans parvenir à le simplifier définitivement : elles tendaient à remettre quelque peu les choses sur le pied et comme à partir de Louis XIII et de Henri IV, et à introduire dans l’État une constitution moyenne en accord à la fois avec les besoins nouveaux et avec les mœurs et les restes d’institutions de l’ancienne France.

1858. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

… » Comme Voltaire l’avait dénoncé d’emblée aux puissances et signalé comme un calomniateur de Louis XIV, de Louis XV et du roi de Prusse, La Beaumelle le rappelait à l’ordre et lui faisait toucher son inconséquence : « Apprenez qu’il est inouï que le même homme ait sans cesse réclamé la liberté de la presse, et sans cesse ait tâché de la ravir à ses confrères15. » Il y a même une lettre assez éloquente, la xiiie , dans laquelle l’auteur suppose un baron allemand de ses amis, qui s’indigne de l’espèce de défi porté par Voltaire, dans son enthousiasme pour le règne de Louis XIV : « Je défie qu’on me montre aucune monarchie sur la terre, dans laquelle les lois, la justice distributive, les droits de l’humanité, aient été moins foulés aux pieds… que pendant les cinquante-cinq années que Louis XIV régna par lui-même. » La réponse est d’un homme qui a souffert dans la personne de ses pères et qui sort d’une race odieusement violentée dans sa conscience, opprimée depuis près de quatre-vingts ans16 et traquée.

1859. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Il y a des illustres qui sont de l’Académie et qui n’y vont jamais ; une fois reçus, ils croiraient perdre leur temps ou diminuer de leur importance en y mettant les pieds.

1860. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il met, comme on dit, les pieds dans le plat.

1861. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

C’est uniquement sur ce pied que nous le rencontrons ici.

1862. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Il obtint même en ces années le titre et la charge de gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, qui lui donnait de droit un pied au Louvre.

1863. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Ainsi livrés à tout ce qui s’agite et se succède autour de nous, affectés par l’oiseau qui passe, la pierre qui tombe, le vent qui mugit, le nuage qui s’avance, modifiés accidentellement dans cette sphère toujours mobile, nous sommes ce que nous font le calme, l’ombre, le bruit d’un insecte, l’odeur émanée d’une herbe, tout cet univers animé qui végète ou se minéralise sous nos pieds ; nous changeons selon ses formes instantanées, nous sommes mus de son mouvement, nous vivons de sa vie. » Cette abdication de la volonté au sein de la nature, cette lenteur habituelle d’une sensation primordiale et continue, il la trouve si nécessaire au calme du sage en ces temps de vertige, qu’il va jusqu’à dire quelque part que, plutôt que de s’en passer, on la devrait demander aux spiritueux, si la philosophie ne la donnait pas.

1864. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Non, Gresset, causeur et conteur, n’était rien moins qu’un Hamilton ; malgré ses succès dans deux ou trois cercles où on l’adopta, j’oserai conclure des récits mêmes de son biographe que, durant ces quinze années qu’il passa dans le monde de Paris, depuis sa sortie de chez les jésuites jusqu’à sa retraite à Amiens (1735-1750), Gresset n’eut jamais pied véritablement en plein milieu du siècle, et qu’il n’y tint jamais un de ces premiers rôles, ne fût-ce que d’amabilité brillante, qu’on a peine ensuite à quitter.

1865. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Je trouve que je suis avec cette femme sur un pied qui jette sur ma conduite, à mes propres yeux, un air de fausseté, de perfidie et d’ingratitude qui me pèse.

1866. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

201 Un poëte indien, dit la légende, vit tomber à ses pieds une colombe blessée, et, son coeur soulevé en sanglots ayant imité les palpitations de la créature mourante, cette plainte mesurée et modulée fut l’origine des vers.

1867. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

M. de Glouvet a eu cette fois la chance rare de dresser en pied une figure humaine qui représente un sentiment très général et très beau sous une forme concrète et dans des conditions très particulières et très pittoresques.

1868. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Mais non pour qu’ils se saisissent de l’idée et la présentent pieds et poings liés.

1869. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Les termes pied, pouce, doigt, coudée, pas, et autres semblables, usités à l’origine dans presque toutes les langues, ne sont-ils pas des faits à l’appui de l’origine empirique de l’idée de mesure, si elle rencontrait des sceptiques.

1870. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Molière, à force de génie et d’esprit, Baron, par son talent aidé de sa fatuité même, avaient relevé l’état de comédien dans le monde, et s’y étaient maintenus sur un pied respectable.

1871. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Du moins sur ma taille, je ne veux coûter aucun frais à votre imagination ; j’ai, raisonnablement chaussée, quatre pieds neuf pouces et dix lignes de haut, et de l’embonpoint tout ce qu’il faut en avoir.

1872. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Héros avorté de cette époque de Louis XVI qui n’a eu que des promesses, M. de Guibert entra dans le monde la tête haute et sur le pied d’un génie ; ce fut sa spécialité pour ainsi dire que d’avoir du génie, et vous ne trouvez pas une personne du temps qui ne prononce ce mot à son sujet.

1873. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Il eut d’abord un siège à la Chambre des communes, et y débuta sur un bon pied.

1874. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Un jeune seigneur (Gui de Laval), qui la vit dans le moment de sa gloire, et qui en écrivît une lettre à sa mère et à son aïeule, nous l’a peinte alors de pied en cap, au naturel : « Je la vis monter à cheval, dit-il, armée tout en blanc, sauf la tête, une petite hache en sa main, sur un grand coursier noir qui, à l’huis de son logis, se démenait très fort, et ne souffrait qu’elle montât ; et lors elle dit : “Menez-le à la croix.” » Cette croix était près de l’église, au bord du chemin.

1875. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Le jeune Bazin conçut de bonne heure l’aversion du régime qu’il voyait finir ; il était encore au collège, qu’il se permit un jour, m’assure-t-on, quelque espièglerie poétique qui courut, quelque Napoléone au petit pied, qui eut l’honneur d’inquiéter la police impériale.

1876. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

ses maladies elles-mêmes, ses infirmités avaient quelque chose d’indolent et de tranquille : « Il avait la goutte, mais sans douleur ; seulement son pied devenait de coton ; il le posait sur un fauteuil, et voilà tout. » C’était une âme et un corps où n’entra jamais l’aiguillon.

1877. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Le parti ultra fit invasion dans le pouvoir en 1820, et dès lors ne lâcha plus pied qu’il ne fût le maître absolu.

1878. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Sur le meilleur pied à la Cour, voyant son élève chéri, le petit Charles IX, devenu roi dès l’âge de onze ans, et ne cessant jusqu’à la fin de le considérer comme le plus gentil et le plus doux des princes ( natura mitissimus erat ) ; également estimé et honoré de son autre élève Henri III, grand aumônier de France sous tous deux, bientôt évêque d’Auxerre, Amyot avait réalisé le plus beau rêve d’un savant et d’un lettré au xvie  siècle.

1879. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

La ligne qui serait la sienne, et qui est de bonne heure enfoncée et détruite, est celle des Constitutionnels comme Mounier, Lally ; mais, plus résolu qu’eux et plus homme de guerre, il reste sur la brèche, il ne quitte point le champ de bataille en présence des vainqueurs ; il tient pied jusqu’à la dernière heure, et tant qu’il y a place pour une table et pour une feuille de papier.

1880. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

N’ayant pu suivre dans les premiers jours de 1649 la reine fugitive à Saint-Germain et l’ayant voulu rejoindre ensuite, elle fut arrêtée avec sa sœur à la porte Saint-Honoré par une populace furieuse, et elle dut se réfugier au pied du maître-autel à Saint-Roch, où il fallut que quelques-uns de ses amis, avertis au plus tôt, vinssent la délivrer.

1881. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Il se pose trop à nos yeux sur le pied d’égalité avec celui qu’il informe et devant qui il cause : « On ignorait ce que contenait cette correspondance, dit-il, mais on savait qu’elle existait ; il ne s’en cachait pas, ni moi non plus.

1882. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Le premier pamphlet de Courier est sa Pétition aux deux Chambres, datée du 10 décembre 1816, et commençant en ces termes : « Je suis Tourangeau, j’habite Luynes sur la rive droite de la Loire, lieu autrefois considérable, que la révocation de l’édit de Nantes a réduit à mille habitants, et que l’on va réduire à rien par de nouvelles persécutions, si votre prudence n’y met ordre… » Suit l’exposé des faits, la rencontre de Fouquet à cheval allant au moulin, et du curé avec le mort qu’on mène au cimetière, Fouquet refusant de céder le pas, d’ôter le chapeau, lâchant même un juron au passage, et, pour ce méfait, pris un matin par quatre gendarmes et conduit pieds nus et mains liées entre deux voleurs aux prisons de Langeais ; puis, quelques mois après, l’arrestation de douze personnes dans ce petit endroit de Luynes, toutes enlevées nuitamment et jetées en prison pour propos séditieux ou conduite suspecte.

1883. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Cet homme puissant qui tiendra la France à ses pieds et fera trembler l’Europe commence par être bien pauvre et à la gêne ; il écrit à une Mme de Bourges, à Paris, qui lui faisait ordinairement ses commissions de ménage, et qui lui avait acheté les ornements dont son église avait besoin : (Fin d’avril 1669.)

1884. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Horace Walpole, Franklin, Galiani, au xviiie  siècle, nous jugent à merveille et avec sûreté dès le second coup d’œil, Mais Grimm nous juge plus pertinemment qu’aucun : il est plus en pied chez nous qu’Horace Walpole ; il n’a pas cette inquiétude spirituelle, ce trémoussement continuel de Galiani, qui lui fait dire sans cesse : Je suis et je veux être amusant.

1885. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

        Et l’aigle suspendre son aire À l’un des mille bras dont il perce le ciel, Tandis que mille pieds l’attachent à terre.

1886. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

On trouve sur le registre de Lagrange, au mois d’avril 1663, cette mention : « vers le même temps, M. de Molière reçut une pension du roi en qualité de bel esprit, et a été couché sur l’état pour la somme de mille livres. » Plus tard, quand Molière fut mort, et enterré à Saint-Joseph, « aide de la paroisse Saint-Eustache », le roi poussa la protection jusqu’à permettre que sa tombe fût « élevée d’un pied hors de terre. » § VI Shakespeare, on vient de le voir, resta longtemps sur le seuil du théâtre, dehors, dans la rue.

1887. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Sur ce pied là, il faut désormais que nos Prédicateurs deviennent étiques ; il ne leur sera plus permis de se bien porter ; la jaunisse & la maigreur seront deux parties essentielles dans l’éloquence sacrée ; & voilà ce que personne n’avoit enseigné jusqu’à présent.”

1888. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

… Et quelle meilleure raison de le croire et de l’espérer que de le voir fouler aux pieds avec un mépris presque joyeux toutes les idées, les opinions et les passions de sa jeunesse ?

1889. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Ce qu’il a plu d’appeler l’état de nature n’est qu’un état de guerre, où règne le droit du plus fort, et où l’idée de la justice n’intervient guère que pour être foulée aux pieds par la passion. […] Dans les unes, des bras serrés auprès du corps, des pieds joints ensemble, une roideur, une absence de mouvement et de vie, enfin un aspect général qui contraste merveilleusement avec celui qu’offre d’abord cette admirable statue. Elle est encore compacte, assez massive, grande au-dessus de la nature ordinaire et d’un style très sévère ; mais les pieds sont déjà suffisamment séparés les uns des autres : à la rigueur, elle pourrait marcher. […] Et qu’elle ne dise pas que si elle met à ses pieds le préjugé des époques et des écoles conventionnelles, elle prendra sur la foi du genre humain les grands systèmes qui ont fait du bruit dans le monde et s’établira sur ce terrain solide. […] Il est temps que la philosophie de l’histoire mette à ses pieds les déclamations de la philanthropie.

1890. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Les réformes pour lesquelles ils ont froissé la nature, foulé aux pieds les plus légitimes instincts, bravé le sens humain, encouru l’anathème, nous paraissent puériles. […] Et quels tableaux saisissants des désastres accumulés autour de Nana : « Comme ces monstres antiques dont le domaine redouté était couvert d’ossements, elle posait des pieds sur des crânes… Son œuvre de ruine et de mort était faite, la mouche envolée de l’ordure des faubourgs, apportant le ferment des pourritures sociales, avait empoisonné ces hommes, rien qu’à se poser sur eux… » Et quelles colères contre ces filles qu’il se plaît à représenter au naturel ! […] Dumas qui contemple leurs débordements, voici que grandit la luxure : elle prend une forme fantastique, elle devient énorme, monstrueuse, tandis que, pour la décrire, le dramaturge cherche des images apocalyptiques : « Cette bête était semblable à un léopard, ses pieds étaient comme des pieds d’ours, sa gueule comme la gueule d’un lion, et le dragon ni donnait sa force. […] Pendant que la Terreur sévissait sur la France, un obscur soldat de l’armée des princes, blessé au siège de Thionville, malade de la petite vérole, dénué de ressources, traversait à pied la forêt des Ardennes, arrivait mourant à Bruxelles et gagnait enfin Londres, où il faillit mourir de faim : c’était Chateaubriand. […] L’humanité reprend ses béquilles  ses béquilles de pauvre boiteux, aux pieds malades, lents, incertains, des béquilles qui peut-être ne valent pas cher, lui dit-on, mais dont elle sent fortement le besoin, qu’elle n’ose jeter loin d’elle, qui, tant bien que mal, et jusqu’à ce qu’on lui en fabrique de meilleures, assurent ses pas chancelants : une morale irrationnelle, incomplète, insuffisante, c’est vrai, mais simple, fixe, solide ; une religion qui n’est pas certaine, qui n’est pas prouvée, mais qui s’adapte à la conscience du plus grand nombre et que la raison, si elle y met un peu de bonne volonté, finit toujours par accepter.

1891. (1802) Études sur Molière pp. -355

Son valet, Scapin, imagine mille moyens pour enlever la belle à Arlequin, marchand d’esclaves, mais le caractère de Fulvio les rend tous inutiles ; à la fin de la pièce, Scapin se jette aux pieds de Pantalon, lui dit que son fils est mort s’il ne lui accorde Turqueta ; il fléchit le vieillard, appelle son jeune maître, qui, craignant de gâter encore ses affaires, prend la fuite ; Scapin le ramène malgré lui, et le force d’apprendre son bonheur. […] un… cent fois plus encor que je ne di. » J’ai vu quelques acteurs commencer le rôle de Lélie avec une vérité charmante ; j’en ai distingué surtout un qui, en paraissant sur la scène, pré venait le spectateur par l’étourderie la plus aimable : je me préparais à le féliciter, à la fin de la pièce, quand voilà tout à coup mon Lélie qui, en ramassant la bourse, acte Ier, scène vii , étend les bras, s’élance sur la pointe du pied, comme on nous peint quelquefois Mercure, puis, ainsi suspendu, s’écrie d’un ton de fausset : À qui la bourse  ; et cet à qui la bourse, si comique par la situation, n’avait certainement pas besoin, pour ressortir, ni du ton faux, ni de l’attitude forcée de l’acteur. […] …………………… Il vient, le nez au vent, Les pieds en parenthèse, et l’épaule en avant, Sa perruque qui suit le côté qu’il avance, Plus pleine de lauriers qu’un jambon de Mayence, Les mains sur les côtés, d’un air peu négligé, La tête sur le dos, comme un mulet chargé, Les yeux fort égarés, puis débitant ses rôles, D’un hoquet éternel, sépare ses paroles. […] vous vous êtes trompés. » Après avoir dit ces paroles avec une fausse douceur, il s’alla jeter, avec un zèle encore plus faux, aux pieds de son ennemi, et les lui baisant, il lui demanda pardon. […] Faites encore observer jusqu’à quel point il est invraisemblable que Tartuffe, rappelé près d’Elmire, Tartuffe, à qui elle a dit, Tirez donc cette porte, avant qu’on vous le dise, Et regardez partout, de crainte de surprise, ait besoin de s’arrêter froidement, et de nous faire remarquer, par un signe de réminiscence, qu’il a oublié de visiter le cabinet d’où Damis est sorti pour le surprendre aux pieds de sa belle-mère.

1892. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Jupiter dit un jour : « Que tout ce qui respire‌ « S’en vienne comparaître au pied de ma grandeur ;‌ « Si, dans son composé, quelqu’un trouve à redire, ‌ « Il peut le déclarer sans peur… »‌ Ne sont-ce pas des couplets, et d’une facture identique à ceux des odelettes de Ronsard, que les deux strophes qui composent cette chanson ironique : le Coq et la Perle ? […] Qu’ils seront beaux les pieds de celui qui viendra ‌ Pour m’annoncer la mort ! […] Il était lyrique de la tête aux pieds. […] Au pied de ces arbres, la terre, récemment remuée, était presque rouge ; et la lumière du soleil, tour à tour épandue largement sur la route, brisée contre le faîte des arbres, emprisonnée dans les creux des montagnes, baignait cette tranquille campagne d’une vaste et heureuse sérénité. […] La mort peut disperser les univers tremblants, Mais la Beauté sourit, et tout renaît en elle ‌ Et les mondes encor roulent sous ses pieds blancs.

1893. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Mais vous savez ce que Platon répondit à Antisthène, ce philosophe en guenilles qui marchait sur ses beaux tapis en disant : Je foule aux pieds l’orgueil de Platon ! […] L’homme qui veut agir sur le public, par l’éloquence orale ou écrite, est obligé de fouler aux pieds ce génie critique ; il ne doit pas dire qu’il ne sait rien : il doit laisser entendre qu’il sait tout… Je m’excuse de citer encore Cicéron, mais je l’ai déjà appelé le patron de la corporation oratoire, fort honnête homme avec cela. […] Et c’est ce que connaît admirablement un Molière, lequel ne construit jamais un personnage important avec une faculté maîtresse, mais avec deux facultés, mises sur le même pied, et qui, précisément parce qu’elles impliqueraient deux plans de logiques différentes, se jouent de mauvais tours, se contrecarrent, ce qui est la comédie, ce qui est la vie. […] Les petits faits, les anecdotes, l’artiste les a laissés là, derrière lui, en pleine lumière, à pied d’œuvre : il n’y a qu’à se baisser pour les prendre. […] L’esprit humain sous toutes ses formes, les plus humbles comme les plus sublimes, consiste à unir l’un à l’autre, mais jamais sur le pied d’égalité, et à employer l’une au service de l’autre.

1894. (1933) De mon temps…

C’était Bourges venant à pied de Samois. […] Pas un jour, il ne manqua à se rendre place Saint-Georges et pas une fois un convoi funèbre n’en sortit sans qu’il l’accompagnât à pied jusqu’au lointain cimetière, quels que fussent le temps et la saison. […] Au bas de culottes courtes, des mollets entourés de jambières aboutissaient à des pieds chaussés de croquenots à semelles spongieuses.

1895. (1896) Le livre des masques

C’est parmi ce verger opulent et ténébreux qu’on se promènera, s’asseyant un instant au pied des arbres les plus forts, les plus beaux ou les plus agréables. […] Venez, le ciel est tout sonore d’invisibles alouettes… C’est la fête de la mort, et l’on dirait dimanche, Tant les cloches sonnent, douces au fond de la vallée ; Les garçons se sont cachés dans les petites allées ; Vous seules devez prier au pied de la tombe blanche… Quelque année, les garçons qui se cachent aujourd’hui Viendront vous dire à toutes la douce douleur d’aimer, Et l’on vous entendra, autour du mât de mai, Chanter des rondes d’enfance pour saluer la nuit. […] Kahn, même aux pieds de la Sulamite, n’a pas renoncé à nous surprendre par une adresse toujours neuve de jongleur et de virtuose, et s’il traite parfois la langue française en tyran, c’est qu’elle a toujours eu pour lui des complaisances d’esclave.

1896. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

D’après cette version, La Boétie voulant voir un jour la salle du bal au Louvre, un archer de la garde, qui lui trouva l’air d’un écolier, lui laissa tomber sa hallebarde sur le pied : « De quoi celui-ci criant justice par le Louvre, n’eut que des risées des grands qui l’entendirent. » Du ressentiment de cet affront serait né le pamphlet vengeur.

1897. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Plus tard, Saint-Martin se ressouvenait d’avoir été proposé à ces fonctions si différentes, un jour qu’il montait sa garde, au printemps de 1794, au pied de la tour du Temple où était renfermé le royal enfant.

1898. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

. — Convenons aussi que, sans être Gacon, il fallait se tenir à quatre dans ce débat pour ne pas dire de La Motte (ce qui était vrai au pied de la lettre) qu’il jugeait d’Homère comme un aveugle des couleurs.

1899. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Jusque-là il n’y avait pas de mal, et nos relations se passaient sur le pied de la plus grande politesse, lorsqu’un jour il aborda carrément l’affaire en question, et m’offrit une somme énorme pour laisser pénétrer quelques petits ballots de marchandises en Hollande.

1900. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

On ne le prend plus au pied de la lettre pour ce qu’il a été et pour ce qu’il est en tant qu’auteur : on le prend comme un de ces individus collectifs, le dernier venu et, en quelque sorte, le dernier mot d’une génération de satiriques oubliés, leur héritier le plus en vue et chef à son tour d’une postérité nouvelle, faisant lien et tradition entre Rutebeuf et Rabelais.

1901. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Mme du Deffand est la plus difficile à conquérir et à persuader ; on la dirait jalouse ; elle ne peut s’accoutumer à l’idée de voir Mme de Luxembourg sur un si bon pied à Chanteloup ; cette femme distinguée, cette grande dame, même par rapport à elle, cette intime de tout temps avec qui elle passe sa vie, et qui la comble de témoignages d’affection, elle la crible en arrière d’épigrammes : « La maréchale de Luxembourg ne sait que devenir.

1902. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Ces personnages historiques célèbres et tout entiers en lumière que vous prétendez faire agir et parler à votre guise, ces Charles-Quint, ces Louis XIV, ces Richelieu en pied et debout, nous savons comment ils parlaient et surtout comment ils ne parlaient pas.

1903. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

J’y distingue une nouvelle de fantaisie, Madame A cher, l’histoire d’une jolie fille languedocienne, qui sacrifie tout, sa liberté, son amoureux, son propre bonheur, à l’envie d’avoir le pied mignon et de chausser de petits souliers.

1904. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Je l’ai vu, grimpé sur une corniche à 60 pieds du pavé, dessiner debout aussi bien que s’il avait été dans son cabinet. » Le premier grand travail dont il ait été chargé a été la restauration de l’église de Vézelay ; cette grande et belle église, chef-d’œuvre des architectes clunisiens, était en si mauvais état, qu’il avait été plus d’une fois question de la démolir ; il était à craindre qu’au premier coup de marteau tout ne tombât.

1905. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

En mettant le pied sur la terre d’exil, Malouet ne sait pas se défendre des premières illusions du proscrit et de l’émigré : il croit que c’est pour peu de temps, et que l’excès du mal en amènera le remède.

1906. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Les églises que nous avons parcourues étaient pleines de femmes à longues failles sur la tête, et qui tombent jusqu’à leurs pieds.

1907. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

L’un et l’autre jeunes, à peu près obscurs, livrés à des convictions ardentes, exagérées, plus hautes et plus en arrière que le présent ; avec un fonds d’ironie sérieuse et d’austère amertume, unique en de si fraîches âmes ; tous deux roidis contre le flot vulgaire, en révolte contre le torrent, le pied sur la médiocrité et la cohue ; examinant, épiant avec anxiété, mais sans envie, les œuvres de leurs rivaux plus hâtés, et sans relâche méditant leur propre gloire à eux-mêmes, ils vécurent ainsi d’une vie condensée, rapide, haletante pour ainsi dire.

1908. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

A midi sur ce banc s’assoit encor mon père ; Mes filles ont foulé ces gazons dans leurs jeux Sous ces acacias, les pieds dans la rosée, J’ai quelquefois, dès l’aube, égaré la beauté : L’oiseau chantait à peine, et la fleur reposée Assemblait un parfum chargé de volupté.

1909. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Scribe achève de prouver qu’il suffit à toutes les conditions de la scène française où il a pied désormais plus que personne.

1910. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Rousseau, voyageant à pied, était boudeur encore, un misanthrope altier et réformateur du monde ; il y avait pourtant du Jean-Jacques piéton dans de Loy, ce fantassin de poésie ; mais c’était surtout, et plus simplement, un troubadour décousu149.

1911. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Les philosophes sautent à pieds joints et aiment mieux inventer.

1912. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Le seul roulement des voitures pendant un carnaval bruyant faisait quelquefois tinter mes fenêtres et m’avertissait que j’étais dans une île au milieu des flots du monde, qui roulaient à mes pieds.

1913. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Le duc de Bourgogne se jeta en vain aux pieds du roi, son aïeul : « Non, mon fils, répondit le roi, je ne suis pas maître de faire de ceci une affaire de faveur.

1914. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Représentez-vous ce magistrat Couvert d’un vieux chapeau de cordon dépouillé, Et de sa robe, en vain de pièces rajeunie, À pied dans les ruisseaux traînant l’ignominie ; et la femme vêtue De pièces, de lambeaux, de sales guenillons De chiffons ramassés dans la plus noire ordure.

1915. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Le personnage ne nous est pas inconnu : sous sa rousse fourrure, nous n’avons pas de peine à ressaisir une physionomie que la geste des Lorrains nous a rendue familière : ce Bernart de Naisil toujours acharné à semer la discorde, et prêt à pêcher en eau trouble, perfide, subtil, insaisissable, et retombant sur ses pieds où tout autre se fût rompu les reins, c’est Renart ou son frère jumeau.

1916. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Mais, Hippias étant revenu, elle ne peut plus résister à son amour : ils fuiront tous deux, ou plutôt ils iront se jeter aux pieds de Kallista et la fléchiront… Kallista survient et chasse le jeune homme avec des imprécations ; mais Daphné le rejoint, la nuit, au tombeau des aïeux et meurt dans ses bras, car elle a pris du poison et l’évêque Théognis vient trop tard la délier du vœu de sa mère.

1917. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Madame se jetait aux pieds du farouche époux, prodiguait les supplications éplorées et les plus tendres harangues.

1918. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Poète débutant, il avait manqué une des couronnes de l’Académie ; pauvre, les gens de lettres en renom l’avaient rebuté : Insensé, jusqu’ici croyant que la science Donnait à l’homme un cœur compatissant, Je courus à vos pieds plongé dans l’indigence ; Vous vîtes mes douleurs et mon besoin pressant.

1919. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

La Muse, qui s’était endormie, le cothurne au talon et la perruque au front, le corps serré des bandelettes d’un classicisme étroit, se réveilla, au beau soleil de 1830, en pleine nature, les pieds nus, la chair rafraîchie, le teint vif, turbulente, rêveuse et passionnée.

1920. (1890) L’avenir de la science « II »

Mais, en raisonnant sur ce pied-là, où s’arrêter ?

1921. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

On dira avec les Espagnols : « je vous baise les mains », et même : « je vous baise les pieds ».

1922. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Que n’aurais-je pas à éprouver, à subir de ce monde vénal et méprisable, si je n’étais pas Roi, si je ne pouvais pas lui mettre le pied sur la nuque, quand je veux ?

1923. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

La troisième strophe semble atteindre un moment au sublime : Un conquérant, dans sa fortune altière, Se fît un jeu des sceptres et des lois ; Et de ses pieds on peut voir la poussière Empreinte encor sur le bandeau des rois.

1924. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Quand Laure le fait passer pour son frère et qu’elle le présente sur ce pied à toute la troupe, le respect avec lequel il est reçu par tous, depuis les premiers sujets jusqu’au souffleur, la curiosité et la civilité avec lesquelles on le considère, touchent de près à l’une des prétentions les plus sensibles de ce monde des comédiens d’autrefois : « Il semblait, dit-il, que tous ces gens-là fussent des enfants trouvés qui n’avaient jamais vu de frère. » C’est qu’en effet les comédiens (je parle toujours de ceux d’autrefois), précisément parce qu’ils étaient le plus souvent peu pourvus du côté de la famille, étaient d’autant plus fiers et attentifs quand ils en pouvaient montrer quelques membres comme échantillon.

1925. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Autant qu’un autre, d’ailleurs, je sais que ce droit délicat et terrible, qui sommeille au pied de toutes les institutions humaines, comme leur triste et dernière garantie, ne doit pas être invoqué légèrement.

1926. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

c’est ce même homme qui, après 1791, ayant fait défection à son premier parti et entraîné par ses systèmes, supérieurs ici à ses affections, se rangera à la suite de Brissot, et, devenu l’un des meneurs de la presse, y manœuvrera avec une habileté souvent perfide ; qui mettra sous ses pieds tous vains scrupules pour le triomphe de sa cause, saura conniver aux excès tant qu’il les croira utiles, ne répudiera aucun auxiliaire, prendra un jour en pleine Assemblée législative la défense de Chabot, et, racontant pour l’édification des lecteurs l’insurrection du 20 juin, célébrant le bonnet rouge dont on affubla Louis XVI, écrira (Chronique de Paris, 22 juin 1792) : « Cette couronne en vaut une autre, et Marc Aurèle ne l’eût pas dédaignée ! 

1927. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

On souriait donc de Mme de La Vallière et de ses velléités de religion qui ne tenaient pas : « À l’égard de Mme de La Vallière, écrivait Mme de Sévigné à sa fille (27 février 1671), nous sommes au désespoir de ne pouvoir vous la remettre à Chaillot ; mais elle est à la Cour beaucoup mieux qu’elle n’a été depuis longtemps ; il faut vous résoudre à l’y laisser42. » Et encore (15 décembre 1673) : « Mme de La Vallière ne parle plus d’aucune retraite ; c’est assez de l’avoir dit : sa femme de chambre s’est jetée à ses pieds pour l’en empêcher : peut-on résister à cela ? 

1928. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

De l’escabeau vide au foyer     Là le pauvre s’empare, Et le grand bahut de noyer     Pour lui n’est point avare ; C’est là qu’un jour je vins m’asseoir,     Les pieds blancs de poussière ; Un jour… puis en marche !

1929. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Jeune, nous le voyons tel qu’il se peint lui-même, très répandu, très peu stoïque, actif à réussir, à se pousser dans le monde, à se procurer honnêtement des appuis : s’il a un pied chez Mme de Pompadour, il n’est pas mal avec la petite cour du Dauphin.

1930. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Tel auteur tragique de cinq pieds six pouces pourrait être quelquefois tenté d’écraser un critique qui n’en aurait que cinq : mais il ne l’oserait.

1931. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Rien ne manqua à la solennité ni à l’éclat de cette première représentation : Ç’a été sans doute aujourd’hui, disent les Mémoires secrets, pour le sieur de Beaumarchais qui aime si fort le bruit et le scandale, une grande satisfaction de traîner à sa suite, non seulement les amateurs et curieux ordinaires, mais toute la Cour, mais les princes du sang, mais les princes de la famille royale ; de recevoir quarante lettres en une heure de gens de toute espèce qui le sollicitaient pour avoir des billets d’auteur et lui servir de battoirs ; de voir Mme la duchesse de Bourbon envoyer dès onze heures des valets de pied, au guichet, attendre la distribution des billets indiquée pour quatre heures seulement ; de voir des Cordons bleus confondus dans la foule, se coudoyant, se pressant avec les Savoyards, afin d’en avoir ; de voir des femmes de qualité, oubliant toute décence et toute pudeur, s’enfermer dans les loges des actrices dès le matin, y dîner et se mettre sous leur protection, dans l’espoir d’entrer les premières ; de voir enfin la garde dispersée, des portes enfoncées, des grilles de fer même n’y pouvant résister, et brisées sous les efforts des assaillants.

1932. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Pour en cueillir aussitôt plusieurs paniers, il suffit d’ouvrir encore une fois Télémaque, ce témoin précieux d’un moment de la langue française : « les pavots du sommeil — une joie innocente — à la sueur de leur front — secouer le joug de la tyrannie — fouler aux pieds les idoles — l’espérance renaît dans son cœur », sont des expressions qui exigent le sourire et qui ne peuvent plus se proférer qu’avec ironie, mais elles furent jeunes, éloquentes et sérieuses.

1933. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Je demeurai longtemps à ses pieds, pleurant de façon à toucher même une pierre.

1934. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Il a, lui aussi, au-dessus de sa tête, la chauve-souris qui vole éventrée, et à ses pieds la science, la sphère, le compas, le sablier, l’amour, et derrière lui à l’horizon un énorme soleil terrible qui semble rendre le ciel plus noir.

1935. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Autant on doit être sévère pour les philosophes qui nient la philosophie, autant nous trouvons naturel et excusable l’orgueil du savant qui, marchant d’un pied ferme sur le terrain solide de la réalité, ne peut s’empêcher de contempler avec quelque pitié nos fragiles systèmes et nos éternelles controverses.

1936. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Rabelais surtout est incompréhensible : son livre est une énigme, quoi qu’on veuille dire, inexplicable ; c’est une chimère, c’est le visage d’une belle femme avec des pieds et une queue de serpent, ou de quelque autre bête plus difforme ; c’est un monstrueux assemblage d’une morale fine et ingénieuse, et d’une sale corruption : ou il est mauvais, il passe bien loin au-delà du pire, c’est le charme de la canaille : ou il est bon, il va jusques à l’exquis et à l’excellent, il peut être le mets des plus délicats.

1937. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

. — »… Même ceux qui n’ont jamais mis les pieds hors de Paris, mais qui ont lu Mme de Sévigné (Lettre à M. de Coulanges. 1671, 22 juillet), n’ignorent pas que les faneuses sont des ouvrières qui tournent et retournent les foins fauchés pour en activer le dessèchement et empêcher la fermentation qui les aigrit et parfois les enflamme brusquement ; ce travail n’a rien de commun avec la moisson, qui est la récolte des blés et des orges et des seigles.

1938. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Monsieur, j’ai eu une maîtresse juive qui s’appelait Morpurgo et qui est la propre nièce de Madame Bourget ; aussi, voyez-vous, nous sommes un peu parents. » (p. 67) Bourget se saisit alors des seins de métal et assomme Apollinaire, qui crie à l’aide : ses amis qui encerclaient le Lapin agile entrent, étendent Bourget à terre et, à l’invitation insistante d’Apollinaire, Cocteau place son pied sur la tête de Bourget.

1939. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

À les entendre, les Romains tombent de corruption et de sanie devant les Barbares qui les poussent du pied et qui passent.

1940. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Autre chose est ne pas établir de rapports juridiques avec eux, autre chose établir de tels rapports sur un pied d’inégalité.

1941. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Les « qualités » de toutes sortes avec lesquelles ils se présentent à notre jugement nous empêchent de les mettre aisément sur un pied d’égalité, pour mesurer justement leurs facultés ou équilibrer leurs droits.

1942. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Louis XIV, du fond de ses palais, animait tout ; ordonnait à ses sujets d’être grands, et le génie, cet esclave altier, debout au pied du trône, attendait ses ordres en silence pour lui obéir.

1943. (1883) Le roman naturaliste

L’âpreté de son ambition, l’autorité despotique de son attitude et de son geste, la sécheresse de sa parole, la domination d’épouvante qu’il exerce également sur son évêque et sur ses pénitentes, ont bientôt mis toute la ville à ses pieds. […] Le roman moderne, le roman de mœurs contemporaines était là, mal remis de la perte de Balzac, « tirant l’aile et traînant le pied » : M.  […] Zola, louant avec emphase l’une des œuvres les plus médiocres de MM. de Goncourt ; — il ne s’agit plus d’une galerie de portraits, d’une série de types nombreux et variés… Cette fois, c’est une figure en pied, la page d’une vie humaine, et rien autre. […] Elle lui jetait son mouchoir parfumé au bout de la pièce, et il devait courir le ramasser avec les dents, en se traînant sur les mains et les pieds. […] Elle avait aux pieds de grosses galoches de bois, et le long des hanches un grand tablier bleu.

1944. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Ingres, dans l’Apothéose qui entoure le vieillard aux yeux vides, ayant assis, à ses pieds, l’Iliade rouge entre des armes et la verte Odyssée sur une rame, groupe à ses côtés les génies humains qui lui tendent leur œuvre. […] Puis c’est le conte de la petite fille à qui l’ange de Noël n’apporte rien parce qu’elle a mis au pied du poêle, non des souliers à elle (qui d’ailleurs n’en a pas), mais d’énormes souliers de charretier (que d’ailleurs elle a volés), et qui trouve le bonheur quand elle a rendu les gros souliers. […] Mais tout le monde n’a pas le pied marin, l’observation et l’imagination marines. […] En tout cas, on fera bien maintenant de ne pas prendre tout à fait au pied de la lettre ce que je disais du caractère foncièrement islamique de Goha et de Saâda. […] Les plus grands écrivains du xixe  siècle ont essayé de mettre sur pied une figure de Napoléon : ni Hugo, ni Vigny, ni Tolstoï n’ont fait de concurrence sérieuse à l’état civil d’Ajaccio.

1945. (1898) Essai sur Goethe

Je sautai dans l’espace libre et sentis seulement alors que j’avais des mains et des pieds. […] Je suis à tes pieds. […] Après avoir rédigé ses trois billets d’adieux, encartés les uns dans les autres, il a descendu la vallée de la Lahn, à pied d’abord, puis en bateau, jouissant de la beauté du paysage, repris par son ancien goût pour la peinture, sans plus penser à Charlotte. […] Le lendemain, il revint chez elle à l’heure où il la savait seule, il se jeta à ses pieds en lui déclarant son amour. […] Le gouvernail est brisé ; le navire craque de toutes parts ; la planche éclate et s’ouvre sous les pieds !

1946. (1927) Approximations. Deuxième série

» Oui, pour Gérard d’Houville, et c’est elle que l’on se représente aujourd’hui le plus volontiers tapie au pied de ces passants ombreux, tels les enfants qui, de leur vif éclat, animent le premier plan des grandes toiles de Véronèse. […] … Leurs mains parlent, et leurs pieds semblent écrire. […] … Ces deux pieds babillent entre eux, et se querellent comme des colombes ! […] Agenouillé, Pascal dialogue avec le Christ, ou bien il s’abîme à ses pieds : on sent moins qu’il couve silencieusement en soi la présence du visiteur. […] C’est être enfin de plain pied avec les grands morts qui nous ont précédéseh ».

1947. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Penses-tu, quand tu as déjà regardé l’autorité du sénat comme une dépouille, quand tu l’as foulée aux pieds en présence du peuple romain, m’effrayer par de semblables menaces ? […] « Vous savez que j’allai une fois à Métaponte avec vous, et que je ne mis le pied chez mon hôte qu’après avoir vu le lieu où Pythagore rendit le dernier soupir, et le siège où il s’asseyait d’ordinaire.

1948. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Dire : « Je me suis trompé », c’est le prosternement de l’orgueil, et cet orgueil, cependant, il faut le fouler aux pieds, si l’on veut être honnête homme jusqu’à la moelle, et mériter l’indulgence du juge futur, en acceptant les sévérités et les humiliations du juge présent. […] Après avoir saccadé le trône, il se cramponnait et il se buttait d’un pied intrépide contre l’entraînement anarchique qui poussait la France à tous les excès ; il mourut à la peine, mais son cercueil arrêta son pays.

1949. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Tous les deux ou trois ans, il reprend Le Pied de Mouton. […] Et la farce commence, une farce qui paraît écrite au pied levé, une nuit de carnaval, dans un cabaret de Bergame, avec de jolis vers qui montent s’enrouler ainsi que des fleurs autour d’une batte.

1950. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Les uns et les autres, romantiques et réalistes, dans leur élan, peuvent perdre pied ; tous, dans une même mesure, sont idéalistes, quoiqu’ils aillent en sens contraires : idéaliser, c’est isoler et grandir une tendance existante pour la faire prédominer : tel est le but par eux tous poursuivi. […] Autre exemple d’attente trompée et d’une mauvaise coordination des idées et images : « Jamais rien que d’ailé n’avait posé le pied là.

1951. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

— Hugo, c’est la terre orgueilleuse de la force du tigre et du rhinocéros ; c’est la terre enivrée qui jette au pied des montagnes les grappes violettes de raisins et les roses de pourpre et de feu ; c’est la terre qui montre triomphante au soleil ses bosquets d’orangers, ses champs d’épis, et le splendide désordre de ses forêts où s’entrecroisent des lianes, où des arbres puissants abritent la grâce du colibri et le prudent sommeil du serpent : Hugo c’est la beauté de la Terre, mais Lamartine chante comme un ange exilé : je donne ma voix à Lamartine. […] Malgré la sensibilité charmante des premiers livres de Sully Prudhommeh, et la sereine beauté des sonnets de Herediai, malgré le lyrisme de Vielé-Griffin dans les poèmes que je comprends, la tenue d’art des livres d’Henri de Régnier, l’emportement magnifique de Verhaeren, la mélancolie de Rodenbach et la délicatesse pénétrante d’Albert Samain, malgré la belle impeccabilité de Moréas, dans le petit Panthéon que je m’étais construit nul poète n’a pris la place ou trônèrent successivement Hugo, Musset, le divin Lamartine et Verlaine qui ne marcha pieds nus comme les dieux que parce qu’il était de la race des Immortels 1 !

1952. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Gœthe ne rappelle de Florian que l’âne de sa fable, qui, trouvant une flûte à ses pieds et la prenant pour un chardon d’une espèce particulière, y colla ses lourdes babines, souffla et en tira un son qui l’émerveilla dans sa naïveté d’âme, tandis que Gœthe, pour avoir poussé son haleine dans ce trou de flûte, ne s’est point étonné, mais s’est cru un Ménandre, — comme dans le Grand Cophte et les Complices, ses hautes comédies, il s’est cru peut-être un Aristophane. […] Le seul chagrin de la vie de Gœthe, de cet insolent de bonheur, de ce Nabuchodonosor qui resta sur pied et à qui Dieu n’a pas fait manger l’herbe à laquelle il avait droit, a été le peu de succès de sa Critique de Newton et le mépris dans lequel elle est tombée.

1953. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Le symboliste a rompu les chaînes qui le rivaient au pied de la connaissance sensible ; il s’est retourné et contemple le Soleil. […] Il est besoin d’une telle délicatesse de doigté pour manier les rythmes polymorphes, que malgré de longues études musicales, je me déclare incapable de jouer sans faute la symphonie que j’ai dans l’âme : cette âme même est à ce point fluette, que j’ai pu sans difficulté la faire tenir en douze pieds.

1954. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Il n’a qu’un pied dans l’absolu de l’art ; pour se réaliser, il quitte la littérature. […] De la Ville à l’Otage on peut suivre aisément le mouvement ascensionnel du dramaturge qui, surmontant peu à peu son lyrisme, sans cependant y renoncer, cessant de le subir pour s’en nourrir, met enfin le pied sur la scène, y réclame accès, s’y implante ? […] Aidé par Mme Suzanne Bing, il prétendit reprendre à pied d’œuvre tout son effort, avec des éléments intacts, très jeunes filles et très jeunes gens non déformés par le Conservatoire.

1955. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Timide, incertaine et sur la pointe des pieds ! […] Voici un des derniers instantanés : il ne s’approche d’une langue, ou d’une idée que s’il la croit bien morte, et qu’il la voit momifiée dans une vitrine et que ça ne peut plus mordre ; et il s’en approche sur la pointe des pieds. deux professeurs de faculté-l’un et l’autre écrivains de marque-me reprochent d’admirer Paul Valéry. […] Après ces justes phrases que je viens de lire sous sa signature : le contrôle humain me paraît nécessaire pour goûter ce que l’œuvre d’art peut offrir de divin… le mystère pur, « et recherché systématiquement à l’exclusion de tout détail terrestre », nous oriente vers des régions défendues…, il tombe dans cette singulière interprétation extra picturale : j’aime que Picasso se dépeigne lui-même le mètre à la main, mesurant les objets les plus vulgaires : moulure, verre ou pied de table.

1956. (1925) Portraits et souvenirs

Elle veille sur la gloire de Nerval mieux que le coq de l’anecdote et plus encore que cette huppe que portait au poing la petite reine Balkis, lorsqu’elle allait vers le roi Salomon en foulant le pavé miroirs que martelaient ses pieds de bouc, sous robe pompeuse et bigarrée ! […] Gautier y évoque en ces tercets : Les chevaliers couchés de leur long, les mains jointes, Le regard sur la voûte et les deux pieds en pointes. […] Je mettrais volontiers ces papillons et ces coquillages en attribut au pied du beau portrait que nous a dessiné M.  […] On part donc, un beau matin, comme pour la promenade, à pied, sans bagages, pour ne pas attirer les soupçons, et l’on prend le chemin de la Belgique.

1957. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

. — Tant s’efforça qu’il se mit sur ses pieds (en estant) ; — à petits pas il marche tout chancelant, — si faible qu’il ne peut aller en avant ; — il n’en a force, trop a perdu de sang. — Ains qu’il eut fait un seul arpent du camp, — le cœur lui faut et il tombe en avant … » Et quel tableau que celui de ces deux hommes blessés à mort qui se dévouent l’un à l’autre jusqu’au dernier souffle, échangent de leurs mains tremblantes d’inutiles secours, et cela sans que l’auteur gâte par un mot maladroit la beauté de sa vision, sans qu’il paraisse, sans qu’il fasse semblant d’exister, Roland revient de pamoison, comprend que l’archevêque est mort et le poète ne dit que ceci : « Il a grand douleur. » Le réalisme de Roland est violent et charmant ( « énorme et délicat ») : « Le comte Roland voit l’archevêque à terre, — dehors son corps voit sortir les boyaux, — » dessus le front lui jaillit la cervelle, — sur sa poitrine, entre les deux aisselles, — il a croisé ses blanches mains, les belles. » De pareils tableaux, comparables en précision réaliste aux plus nettes peintures homériques, les vieux poèmes français en sont pleins. […] Je me souviens de ceci, sur une fille qui se laisse courtiser, puis rompt brusquement l’entretien : « Vous me faites souvenir, Philis, de ces chèvres qui, après avoir rempli le vase de leur lait, donnent du pied contre et le cassent », L’Astrée a fourni des lieux communs, bien plutôt que des clichés ; c’est également, pour un livre, un grand honneur. […] Un calice, fort ingénieux, est formé d’une tige de lys, les feuilles de la hampe s’ouvrant pour recevoir la coupe ; sur le pied en bouclier les radicelles, le chevelu du bulbe, s’épandent collés à la coupe des boutons fermés et, non des fleurs, de longues anthères chargées de pollen. […] On se borne à écrire pot au feu, tête à tête, pied d’alouette, chef d’œuvre, etc., en supprimant le trait d’union. […] Le seul moyen que me donne l’écriture, pour différencier le pied d’un veau et la plante appelée pied-de-veau est précisément le trait d’union.

1958. (1887) George Sand

Quand elle se fut fait une vague idée de ce que c’est que la mort, elle resta des heures entières assise sur un tabouret aux pieds de sa mère, ne disant mot, les bras pendants, les yeux fixes, la bouche entr’ouverte : « Je l’ai souvent vue ainsi, disait sa mère pour rassurer la famille inquiète ; c’est sa nature ; ce n’est pas bêtise. […] Cette mélancolie profonde n’était un instant suspendue que par des promenades à cheval, « par cette rêverie au galop », et sans but, qui lui faisait parcourir une succession rapide de paysages, tantôt mornes, tantôt délicieux, et dont les seuls épisodes, notés par elle et consignés dans ses souvenirs, étaient des rencontres pittoresques de troupeaux ou d’oiseaux voyageurs, le bruit d’un ruisseau dont l’eau clapotait sous les pieds des chevaux, un déjeuner sur un banc de ferme avec son petit page rustique André, stylé par Deschartres à ne pas interrompre son silence plein de songes. […] Il restait un roman berrichon de la tête aux pieds. […] Le voilà, baigné du flot bleu, les pieds ensevelis dans le sable de la rive, sa tête reposant sur un tapis de lotus, son regard attaché au ciel. […] « Je n’ai pas de facultés pour la discussion, disait-elle, et je fuis toutes les disputes, parce que j’y suis toujours battue, eusse-je dix mille fois raison. » Et quand par hasard elle s’est aventurée sur le terrain brûlant où ses rêves humanitaires essayent de prendre pied, elle interrompt, dès qu’elle peut, la discussion : « Il paraît que je ne suis pas claire dans mes sermons ; j’ai cela de commun avec les orthodoxes, mais je n’en suis pas ; ni dans la notion de l’égalité, ni dans celle de l’autorité, je n’ai pas de plan fixe.

1959. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Brune aux yeux de lotus, blonde à paupière noire, Ô Grecque de Milet, sur l’escabeau d’ivoire            Pose tes beaux pieds nus. […] Par contre, c’est avec une complaisance presque sympathique qu’il décrit l’opulente demeure d’un héritier de rajah hindou dont les heures se passent à fumer nonchalamment son houka, les pieds sur la gorge d’une de ses femmes, servi par des esclaves agenouillés, et, de temps en temps, par caprice de désœuvré, faisant voler une tête d’un coup de son cimeterre73. […] Mais où la chercher si l’on prend au pied de la lettre chacune de ses déclarations ? […] Autrefois en Europe, quand une vieille population d’une aimable contrée était convenablement anémiée, il lui tombait du Nord sur le dos des bougres de six pieds qui refaçonnaient la race. […] Il voyage : nous le trouvons parcourant à pied, en compagnie de Théodore Rousseau, la vieille terre du druidisme, qui lui fournira, pour ses Poèmes barbares, le sujet de si grandioses descriptions.

1960. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

— Et d’ailleurs pourquoi oublie-t-il que, ce Roseau si fier d’être petit, le pied d’un passant va l’écraser ? […] Tout autre était la tristesse chrétienne qu’exige la Contrition, cette tristesse qui se moissonne en Joie, cette tristesse qui n’abaisse l’homme que pour le relever, qui ne lui fait toucher du pied le fond de son propre abîme que pour qu’il se hâte de remonter à la surface. […] S’ils vont plus loin, bien vite encore s’arrêtent-ils, et s’ils suivent Gœthe aux pieds d’Hélène, ils sont comme médusés par la beauté païenne, en acceptent aussitôt le symbole, en lui-même si court, l’imitent, le prennent pour idéal et ne se doutent pas que ce n’était là pour Gœthe qu’un échelon de son ascension sublime vers la Vérité Belle. […] Pascal sent crouler sous ses pieds le Temple qu’il défend ; Vigny regarde ces ruines, déclare qu’elles ne rendent pas — elles ne le rendent plus !  […] L’Art touchera du pied la Science pour prendre en elle l’assurance d’un fondement solide et d’un élan la franchira sur les ailes de l’Intuition.

1961. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

çà, paraissez, venez en présence, développez-nous les énigmes de la nature, choisissez, ou ce qui est loin, ou ce qui est près, ou ce qui est à vos pieds, ou ce qui est bien haut suspendu sur vos têtes ! […] C’est à peine s’il a mis le pied sur la terre de France qu’il se trahit déjà comme un observateur malveillant. […] Hauts qu’ils sont de cinq ou six pieds, dignes d’allure, graves, froids, compassés, maniérés à leur ordinaire, ce diable de Napolitain les émoustillé. […] Cependant Diderot frémit d’enthousiasme, et l’abbé n’a pas plus tôt fini « qu’il se prosterne à ses pieds » en le suppliant de publier ses idées. […] pour l’honneur des garçons de ce village, je ne veux pas me persuader qu’une fille puisse mettre le pied hors de sa maison sans être détournée… ; Ma Sophie !

1962. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Venant de parler des autres généraux en vogue et en renom, et de Villars même, qui était alors sur le pied de conquérant, Mme de Coulanges, dans une lettre à Mme de Grignan (1703), écrivait : Mais, madame, je m’amuse à vous parler des maréchaux de France employés, et je ne vous dis rien de celui dont le loisir et la sagesse sont au-dessus de tout ce que l’on en peut dire ; il me paraît avoir bien de l’esprit, une modestie charmante : il ne me parle jamais de lui… C’est un parfait philosophe, et philosophe chrétien ; enfin, si j’avais eu un voisin à choisir, ne pouvant m’approcher de Grignan, j’aurais choisi celui-là.

1963. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Coray, atteint et un peu piqué, le lui rendit et le traita presque comme un imberbe, en lui citant un vers d’Aristophane : « Il faut commencer par être rameur avant de mettre la main au gouvernail. » Boissonade n’eut guère jamais, depuis, de ces pointes de polémique : il eût trop craint les représailles. « Rien n’est si bon que la paix », écrivait-il un jour à un helléniste mieux armé que lui et qui sait vivre, quand il le faut, sur le pied de guerre13.

1964. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Scherer, dans un article où il a parfaitement apprécié Tocqueville pour ses mérites, a conclu en disant : « La postérité lui érigera un buste au pied de la statue de Montesquieu. » Mais ici on est loin de Montesquieu, dont les plus grands chagrins, on le sait, ne résistèrent jamais à une heure d’étude et de lecture.

1965. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Si mes craintes se réalisent, mon parti est pris, et je quitte la France en secouant la poussière de mes pieds. » Le lendemain, il écrivait encore au même : « Je regrette bien de ne pouvoir savoir, avant de partir, ce que tu penses du projet, qui me paraît renfermer la plus vexatoire, la plus sotte, la plus impolitique et la plus odieuse de toutes les lois.

1966. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Les deux amis visaient à la capitale, et ils s’étaient dit que le premier qui y mettrait le pied tirerait à lui l’autre.

1967. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Je n’oublierai jamais que Lemonnier lui ayant dit qu’il était nécessaire qu’il fît voir sa langue, et le lit n’étant ouvert que de façon à laisser approcher à la fois l’un deux, il la tira d’un pied appuyant ses deux mains sur ses yeux, que la lumière incommodait, et la laissa tirée plus de six minutes, ne la retirant que pour dire après l’examen de Lemonnier : « À vous, Lassonne » ; et puis : « À vous, Bordeu » ; et puis : « À vous, Lorry », etc. ; et puis, et puis, enfin jusqu’à ce qu’il eût appelé l’un après l’autre tous ses docteurs, qui témoignaient chacun à leur manière la satisfaction qu’ils avaient de la beauté et de la couleur de ce précieux et royal morceau.

1968. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il n’est pas possible de ne pas éprouver une affliction profonde lorsqu’on voit, dans une certaine littérature moderne dont on vient louer les auteurs, fouler aux pieds les lois de l’ordre éternel, attaquer la religion, base de l’ordre social.

1969. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Ce sont des composés de laboratoire qui restent inoffensifs dans le cabinet et sous la main du chimiste, mais qui deviennent terribles dans la rue et sous les pieds du passant. — On ne s’en apercevra que trop bien tout à l’heure, quand les explosions iront se propageant sur tous les points du territoire, quand, au nom de la souveraineté du peuple, chaque commune, chaque attroupement se croira la nation et agira en conséquence, quand la raison, aux mains de ses nouveaux interprètes, instituera à demeure l’émeute dans les rues et la jacquerie dans les champs.

1970. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Le fourbe et fanatique Savonarole, qui voulait prendre pied sur un cadavre pour se montrer plus dévoué au peuple, osa troubler son agonie en venant lui offrir sa bénédiction dans des termes qui semblaient révoquer en doute sa foi chrétienne ; il l’interrogea sur ses sentiments.

1971. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Nous y trouvons d’abord toute sa personne physique et morale, naïvement, complaisamment étalée, non point dessinée en pied par de nets contours : la manière de Montaigne, c’est, si je puis (lire, le pointillé, un amas de petits traits, qui s’harmonisent à distance en une forme souple, palpitante de vie.

1972. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Esquisses ou profils rapides, portraits en pied curieusement étudiés, on en trouve de toutes les sortes chez lui, et qui ne sont jamais insignifiants.

1973. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Ces malheureux drames ne tiennent pas sur leurs pieds.

1974. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Songez donc qu’à moins d’un mensonge sacrilège, qui ne doit guère se rencontrer, tout prêtre, quelles qu’aient pu être ensuite ses faiblesses, a accompli, le jour où il s’est couché tout de son long au pied de l’évêque qui le consacrait, la plus entière immolation de soi que l’on puisse imaginer ; qu’il s’est élevé, à cette heure-là, au plus haut degré de dignité morale, et qu’il a été proprement un héros, ne fût-ce qu’un instant.

1975. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

« Il l’apporte, chancelle, tombe sur les nattes de la tente, et le misérable esclave expire aux pieds de son prince invincible.

1976. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Nous entrâmes, dès la première minute, en contact immédiat, et dès lors nos rapports se continuèrent sur un pied tout à fait singulier et dont le n’avais jamais trouvé l’analogue en moi.

1977. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Puisque les Philosophes les plus habiles sont convenus de l’imperfection de notre raison, ne vaut-il pas mieux en faire l’aveu aux pieds du Sanctuaire de la lumiere éternelle, que de goûter une liberté coupable en s’égarant avec les esprits vains & orgueilleux, qui n’enseignent que des erreurs ?

1978. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Elle n’a qu’à se décoiffer, d’un tour de tête, pour retenir Jean au passage, et le traîner en laisse, par son chignon flottant, à la Maison-d’or, où il s’en va souper avec elle, tandis que sa mère l’attend à la gare, en séchant sur pied.

1979. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Écoutons l’aveu naïf de ce glorieux humilié : Je me jetai donc ce jour-là aux pieds du roi, qui me reçut si bien, que ma tendresse pour lui me serra le cœur au point de ne parler et de n’exprimer ma joie et ma reconnaissance que par mes larmes.

1980. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Quand des brouillons tout-puissants, ivres d’avarice et d’orgueil, tombent détruits par leurs propres excès, alors leurs complices, leurs amis, leurs pareils, les foulent aux pieds ; et l’homme de bien, en applaudissant à leur chute, ne se mêle point à la foule qui les outrage.

1981. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Et cela, en ce temps qui paye, dit-on, 2 800 francs, à Hector Crémieux, un couplet dans le retapage du Pied de mouton.

1982. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

La princesse Sanguzko est en larmes ; elle présente, prosternée, une supplique à Nicolas ; elle demande grâce pour son mari, elle conjure le maître d’épargner à Sanguzko (polonais coupable d’aimer la Pologne) l’épouvantable voyage de Sibérie ; Nicolas, muet, écoute, prend la supplique, et écrit au bas : A pied.

1983. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Le Guarini avoit sçu disposer le théâtre de façon, que, sans aucun changement de décoration, on voyoit le temple au-dessus de la montagne, la grotte au pied & le vallon où se passent toutes les scènes.

1984. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Très directement encore, comme dans les Souhaits, plus directement encore dans le prologue de Philémon et Baucis, il s’exprime ainsi : Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux : Ces deux divinités n’accordent à nos vœux Que des biens peu certains, qu’un plaisir peu tranquille ; Des soucis dévorants c’est l’éternel asile ; …………………………………………………     L’humble toit est exempt d’un tribut si funeste ; Le sage y vit en paix et méprise le reste : Content de ses douceurs, errant parmi les bois, Il regarde à ses pieds les favoris des rois ; Il lit au front de ceux qu’un vain luxe environne, Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne.

1985. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

L’onde, pour la toucher, à longs flots s’entre-pousse ; Et d’une égale ardeur chaque flot à son tour S’en vient baiser les pieds de la mère d’Amour.

1986. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Homère dit toujours Achille aux pieds légers .

1987. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Fils de Phalanor, et toi aussi, comme un coq guerroyant au logis, tu voyais au coin du foyer domestique se perdre, feuille flétrie, la gloire de tes pieds rapides, si une sédition meurtrière ne t’eut chassé de Gnosse, ta patrie.

1988. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

De tout ceci il résulte que l’Europe ne saurait exercer aucun attrait sur les natures délicates, et c’est pourquoi je vous répète que jamais un galant homme n’y met les pieds, quand il n’y est pas contraint par les ordres de son gouvernement. […] Au pied de la pyramide étaient amoncelés des masques, des fausses barbes, des costumes de fantaisie ; puis venaient les livres des poètes latins et italiens, entre autres le Morgante de Pulci, Boccace, Pétrarque, des parchemins précieux et des manuscrits ornés de miniatures ; ensuite c’étaient des parures de femmes et des objets de toilette, des parfums, des miroirs, des voiles, de fausses nattes ; plus haut on voyait des luths, des harpes, des échiquiers, des trictracs, des cartes à jouer ; enfin les deux gradins supérieurs étaient couverts de tableaux… tous les tableaux de Bartolomeo della Porta, qui en fit le sacrifice volontaire et, paraît-il, aussi, quelques têtes de femmes, chefs-d’œuvre de sculpteurs de l’antiquité. […] Assez comique, le tableau de l’inaltérable confiance que ces paysans si soupçonneux accordent à des notaires, qui lèvent le pied régulièrement, sans que l’autorité du notariat en soit jamais atteinte. […] D’où dépasse la pointe d’un pied doré », sont réunies dans un site des bords du Rhône.

1989. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Il est presque impossible d’établir la scène dans l’appartement des femmes avec quelque ombre de vraisemblance, puisque le sultan et les eunuques noirs sont les seuls qui puissent y mettre le pied. […] « On a beau dire, ajoute Voltaire, que ces beautés de diction sont des beautés épiques, ceux qui parlent ainsi ne savent pas que Sophocle et Euripide ont imité le style d’Homère. » Je suis toujours tenté de rire, quand j’entends Voltaire parler d’Homère, de Sophocle et d’Euripide : rien n’est si plaisant que sa morgue scientifique, lorsqu’il met le pied sur les terres de la littérature grecque : il ressemble à ces faux braves qui n’ont jamais plus peur que lorsqu’ils ont l’air de menacer et de prendre le haut ton : à chaque pas il trébuche, parce qu’il n’est appuyé que sur des traductions, ou sur quelques mauvaises dissertations de pédants. […] Prenons par exemple le discours de Clytemnestre, qui tombe aux pieds d’Achille pour implorer son secours :             Oubliez une gloire importune ; Ce triste abaissement convient à ma fortune. […] Une mère à vos pieds peut tomber sans rougir ! […] Clytemnestre trouve assez de motifs dans sa situation pour justifier sa posture suppliante : Ce triste abaissement convient à ma fortune ; Une mère à vos pieds peut tomber sans rougir.

1990. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Avant d’être grand homme, il faut être habile homme, et la première habileté d’un écrivain consiste à prendre solidement pied dans la gloire présente qui, neuf fois sur dix, est la fondation sur laquelle s’édifiera pour lui la gloire à venir. […] Le mot consécration, par lequel on entend qu’une œuvre est passée de la période des discussions et de l’épreuve dans celle du triomphe et de la gloire, doit être pris au pied de la lettre. […] il est bien à croire que, si nous les touchions, nous trouverions aussi à leurs pieds quelque peu de limon terrestre70. […] Faible défense contre les siècles, et qui ne met pas même les imprimés modernes sur le pied de ces copies antiques confiées au papyrus ou au parchemin, dont un si petit nombre a été sauvé par hasard. […] Mais il ne faut pas prendre ces expressions au pied de la lettre, et entendre qu’il eût pu être avantageux pour aucun talent ayant marqué tant soit peu dans l’histoire de la littérature, d’avancer ou de reculer l’instant de sa naissance.

1991. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Cette « échelle » de l’amour à l’art, de l’art à la science et de la science à la philosophie, tout simplement n’existe pas, et si à la rigueur le dernier échelon en est réel, les deux premiers ne le sont aucunement et par conséquent il n’est pas à parier qu’on mette le pied sur ce dernier. […] C’est là qu’est le vrai et en même temps je voudrais avoir montré que c’est là que la moralité retrouve son compte aussi bien et même mieux que dans la théorie qui lui attribue tout, lui sacrifie tout et jette tout au pied de ses autels. […] Mais j’imagine que s’il paraissait un homme né avec de grandes qualités, qui, secouant et brisant toutes ses entraves, trouvât le moyen de s’en débarrasser, qui, foulant aux pieds vos écritures et vos prestiges et vos enchantements et vos lois toutes contraires à la nature, aspirât à s’élever au-dessus de tous et, de votre esclave, devînt votre maître ; alors on verrait briller la justice telle qu’elle est dans l’institution de la nature. […] Quoiqu’ils mettent sur pied des millions de soldats, ces armées innombrables ne leur sont d’aucun secours pour la guerre. […] Il s’étend en vérité jusqu’aux animaux : les chevaux et les ânes, accoutumés à marcher tête levée et sans se gêner, heurtent tous ceux qu’ils rencontrent si on ne leur cède le passage, et vous n’ignorez pas, puisqu’aussi bien c’est devenu proverbe, que les petites chiennes y sont exactement sur le même pied que leurs maîtresses. » La démocratie est donc insensée en soi.

1992. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Je voudrais bien savoir si, au pied de l’échafaud où déclamait le cordelier Jean Petit, il y avait quelque historien ou quelque orateur qui reçût l’enthousiasme en l’écoutant. […] Il perdit alors son frère Drusus, qu’Auguste avait élevé au consulat, et qui mourut dans cette guerre ; il ramena son corps à Rome, en suivant à pied le char funèbre. […] Il parut d’abord en user avec modération, refusa les honneurs entassés à ses pieds par le sénat, et ne voulut ni prêtre, ni temples, ni statues. […] Il se lève enfin au milieu des injures et des cris du sénat, qui rampait tout à l’heure à ses pieds. […] Schlegel seul approche de la vérité, lorsqu’il termine l’énumération de toutes les merveilles réunies dans Shakspeare par ces mots pompeux : « Le monde des esprits et la nature ont mis leurs trésors à ses pieds : demi-dieu en puissance, prophète par la profondeur de sa vue, esprit surnaturel par l’étendue de sa sagesse, plus élevé que l’humanité, il s’abaisse jusqu’aux mortels comme s’il n’avait pas le sentiment de sa supériorité, et il est naïf et ingénu comme un enfant. » Mais ce n’est ni par la subtilité mystique du littérateur allemand, ni par les plaisanteries et surtout les traductions de Voltaire, qu’il faut juger le génie et l’influence de Shakspeare.

1993. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Nous sommes tentés de croire que la nation tout entière, dans un élan spontané, dut se précipiter aux pieds de César. […] Ne pourrons-nous pénétrer jusqu’à la cause première et mettre sous nos pieds les terreurs de l’Achéron ? […] Ils ont notamment pris au pied de la lettre ce qui avait été dit par Taine avec une exagération voulue et en manière de boutade. […] Son cheval l’a tué en s’abattant sur lui sans pouvoir le désarçonner et en revenant lui piler, sous ses pieds, cette tête qui, à moitié écrasée, alla jouer le whist chez mon père, le soir, à l’horreur et à l’admiration de tous. […] C’est pourquoi un mari jaloux l’abat d’un coup de feu au pied de l’autel.

1994. (1930) Le roman français pp. 1-197

Et l’on ne voit et ne sent pas les mêmes choses quand on voyage à pied, à cheval, en chemin de fer, en auto, en avion. […] Le roman, l’illustre roman où Julie, la divine Julie avec ses « âcres baisers », l’amant en pied Wolmar, l’insupportable et faussement vertueux Saint-Preux — du reste, ils sont tous faussement vertueux : c’est ce qui met le comble à l’agacement — échangent d’interminables bavardages, et des lettres qui ont l’évident défaut de n’avoir jamais pu être écrites, car personne n’en pût jamais écrire de semblables — on ne les lirait pas !  […] Le passage délicieux des Contes drolatiques où il nous montre Tours comme une belle fille baignant ses pieds dans la Loire, pourrait entrer dans une anthologie. […] Rien de commun, en effet, entre le style des Goncourt, impressionniste, visuel, fait de petites touches, de petites taches savamment juxtaposées en mosaïque, et celui de Flaubert, oratoire, cadencé, volontiers lyrique — où il y a, encore que tout y porte la marque de son tempérament, de son génie, non seulement du Chateaubriand, mais du Bossuet… Rappelez-vous, dans l’admirable fin de Madame Bovary, ce passage où celle qui vient de s’empoisonner reçoit l’Extrême-Onction : le prêtre administrant le saint onguent sacramentel sur son front, ses yeux, sa bouche, ses mains et ses pieds « qui jadis couraient si rapides à l’assouvissance de ses désirs, et qui maintenant ne marcheraient plus », et dites si vous n’y percevez pas l’écho de ces belles chutes de période des Oraisons Funèbres ? […] Il ne connaissait pas l’autre milieu, n’y a, le saint homme, jamais mis les pieds.

1995. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

On ne trouve là ni la précipitation amusante, mais comme essoufflée, et qu’on sent factice, du roman de Pétrone, ni cette lenteur, amusante aussi, et ce divertissement perpétuel des digressions, qui est un charme dans Sterne, mais qui nous fait perdre pied, pour ainsi dire, nous éloigne décidément du réel, et nous donne bien un peu cette idée, qui ne va pas sans inquiétude, que l’auteur se moque de nous. […] Il faut des débauches dans un bon ouvrage, mais tempérées par-des tendances vertueuses ; « nous sommes naturellement libertins, ou, pour mieux dire, corrompus ; mais il ne faut pas nous traiter d’emblée sur ce pied-là. […] Jacob ; détails scabreux, peintures lascives qui se répètent à satiété ; une certaine gorge de madame de Fécourt qui reparaît régulièrement, toutes les dix pages… Et tout cela aussi très conventionnel, sans relief, sans individualité des personnes : mademoiselle Habert à part, je confesse que je confonds toutes les autres, et que j’attribue peut-être à madame de Fécourt la gorge de madame de Ferval ou de madame de Vambures. — Il y a même un peu de libertinage dans Marianne, et le, pied, déchaussé par accident, de Marianne est bien le pendant du pied, volontairement sans pantoufle, de madame de Ferval. […] Elle refuse de donner son adresse ; elle retournera à pied, quoique blessée. […] Au théâtre les acteurs jouent ces rôles chacun selon son « emploi » et rétablissent la différence ; mais examinez, et vous verrez qu’elle est factice. — Et, pareillement, les mères (le plus souvent) sont aussi jeunes de cœur que leurs filles ; les pères dressent des pièges joyeux où se prendront leurs enfants, d’une humeur aussi gaie et alerte que de jeunes valets. — Et tout cela est léger, capricieux, aérien, fait de rien, ou d’un rêve bleu, qui nous emmène bien loin, loin des pays qui ont un nom, dans une contrée où l’on n’a jamais posé le pied, et que pourtant nous connaissons tous pour savoir qu’on y a les mœurs les plus douces, les caractères les plus aimables, des imperfections qui sont des grâces, et que c’est un délice d’y habiter.

1996. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

L’ode, d’un grave pied, plus nombreuse et pressée, Aux dames et seigneurs par toi soit adressée… Si tu veux sur le jeu de nouveau mettre en vue Une personne encor sur la scène inconnue, Telle jusqu’à la fin tu la dois maintenir… Quand vous voudrez les rois à vos chants amuser, De paroles de soie il faut toujours user… La brave tragédie au théâtre attendue, Pour être mieux du peuple en la scène entendue, Ne doit point avoir plus de cinq actes parfaits… Et je vois poindre là ce que je vous disais : la tendance à transformer en lois ou en règles des genres les observations qu’on a faites sur le genre de plaisir dont l’Ode ou la Tragédie pouvait être la cause. […] Bien que le besoin de vivre ait créé un grand nombre de poètes, même parmi ceux que la nature et l’art n’avaient point formés pour l’être, cependant le nôtre, malgré cette même nécessité, n’a pas assez aimé le théâtre pour oser conserver les mauvaises coutumes du siècle, en sacrifiant son propre goût et sa juste répugnance à vous montrer l’enfant à peine sorti de ses langes qui devient tout à coup un homme fait, et atteint bientôt la soixantaine et plus ; ni à ressusciter, au moyen de deux ou trois épées rouillées et de quelques mots longs d’un pied on d’un demi-pied, les querelles d’York et de Lancastre. […] Par exemple, est-il naturel d’être hydrocéphale, je suppose, bec-de-lièvre ou pied bot ? […] C’est le portrait de Perrault en personne, et en pied, que Boileau traçait là ; c’était celui de Fontenelle, que Rousseau, dans l’épigramme célèbre, appelait aussi … Le pédant le plus joli du monde ; c’est à l’avance enfin, si vous y regardez, le portrait de La Motte ou celui de Marivaux. […] Leur mère avait tout ; on ne lui conteste pas la grâce, mais à ceux qui voudraient lui refuser le sérieux et la raison, il n’est pas mal d’avoir à montrer la raison dans Mme de Grignan, la raison toute seule, sur le grand pied et dans toute sa pompé.

1997. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

J’ai laissé passer cela sans rien dire, mais je l’en ai mieux aimé. » Il était donc bonhomme, et pris un peu sur ce pied-là ; il ne l’était pourtant pas au point de ne passe servir quelquefois de son air de bonhomie pour se faire plus agréable, plus coulant, et pour mieux s’accommoder au monde où il se trouvait lancé.

1998. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

S’il y a pour les mots des à-propos et des moments propices qui semblent dépendre du souffle de l’air et des étoiles, il ne leur est pas inutile non plus, quand ce ne sont pas des mots populaires, d’avoir un bon parrain et qui réponde pour eux au début, qui les mette sur un bon pied à leur entrée dans le monde.

1999. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Il était aux premières loges pour décrire un conclave ; il ne s’en fait faute, et l’on a en quatorze vers la réalité mouvante du spectacle, la brigue à huis clos, les bruits du dehors, les fausses nouvelles, les paris engagés pour et contre : Il fait bon voir, Pascal, un conclave serré, Et l’une chambre à l’autre également voisine D’antichambre servir, de salle et de cuisine, En un petit recoin de dix pieds en carré ; Il fait bon voir autour le palais emmuré, Et briguer là dedans cette troupe divine, L’un par ambition, l’autre par bonne mine, Et par dépit de l’un être l’autre adoré ; Il fait bon voir dehors toute la ville en armes, Crier : Le Pape est fait !

2000. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Avec les années, je pense, l’une écrivant, se produisant davantage, et rabattant par degrés son stoïcisme au pied de la réalité, l’autre se dégageant de son nuage et continuant de mûrir, elles auraient de moins en moins différé86.

2001. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Il y a des endroits où, en marchant dans l’œuvre, dans le poëme, dans le roman, l’homme qui a le pied fait s’aperçoit qu’il est sur le creux : ce creux ne rend pas l’écho le moins sonore pour le vulgaire.

2002. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

On revoit le geste et la courbure du dos d’un ancien hôte, le corsage carré, les longs plis d’une robe amarante ; on entend presque des timbres de voix qui, depuis si longtemps, sont muettes ; on approche du puits, et l’on retrouve le sentiment de terreur vague que, tout petit, on éprouvait, lorsque, se haussant sur la pointe du pied, on apercevait la profondeur obscure, et le reflet de l’eau froide, tremblotante, à une distance qui semblait infinie.

2003. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Hâtons-nous pourtant de le confesser : il se rencontre par fois, en Angleterre, des spectateurs qui détournent les yeux, quand Regane et le duc de Cornouailles arrachent ceux de Gloster, et les écrasent sous leurs pieds ; des spectateurs qui n’assistent qu’avec dégoût aux scènes empruntées de Newgate ou de notre place de Grève, et qui se laissent émouvoir par une tragédie sans qu’elle extermine neuf personnages.

2004. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

On l’enterra, sur sa demande, à Port-Royal, au pied de la fosse de M. 

2005. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Autre temps, autres chansons, dit Henri Heine ; et nous ne manquons pas de chansons en ce moment-ci, sans oublier les chansons de Mlle Theresa, célèbres au même titre que J’ai un pied qui r’mue, et que Ah !

2006. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

qui gémissant, Se lamente à nos pieds de la faim qui l’outrage.

2007. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Il les occupa de spéculations religieuses, et les honora par des aumônes et des actes de piété, faisant des charités d’une partie de sa fortune, et demandant par testament à être enterré dans l’hôpital de Notre-Dame des Anges, à Angoulême, aux pieds des pauvres qui y étaient inhumés.

2008. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Il l’entendait non seulement des libertés que celui-ci prend avec la césure en la transportant à tous les pieds du vers, mais de cette diversité des mètres par laquelle le vers s’adapte à toutes les allures de la pensée, et se moule en quelque sorte sur chaque sujet.

2009. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Les anciens ne racontent que les événements publics, la vie publique, soit au pied de la tribune, soit sur les champs de bataille.

2010. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Nous n’avons pas idée des moyens d’y arriver, et dans cette marche au néant, nous sommes à peu près comme un homme qui, voulant aller à pied en Chine, posséderait pour toute ressource un plan grossier de sa petite commune.

2011. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Berthelot, ayant achevé ses mathématiques spéciales au lycée Henri IV, retourna chez son père, qui demeurait au pied de la tour Saint-Jacques de la Boucherie.

2012. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

alors viennent expirer comme aux pieds de cette incarnation, non sans qu’un lien certain les apparente ainsi à son humanité, ces raréfactions et ces sommités naturelles que la Musique rend, arrière prolongement vibratoire de tout ainsi que la Vie.

2013. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Il commence par cette phrase qui, depuis, fait figure de référence absolue : « on va à Bayreuth comme on veut, à pied, à cheval, en voiture, à bicyclette, en chemin de fer, et le vrai pèlerin devrait y aller à genoux.

2014. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Leur seule conquête a été critique, c’est-à-dire psychologique197. » Déplorer l’usurpation de la science sur la métaphysique, dans la recherche du vrai, et préférer la dernière, c’est ressembler à un homme qui, voulant aller en Amérique, et trouvant le voyage à pied plus poétique que la vapeur, se mettrait à marcher résolument, sans souci de l’Atlantique qui l’en sépare.

2015. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Son orgueil et sa conviction d’inventeur, et j’ose ajouter, son amour du bien public à ce début, l’auraient bien vite fait sauter à pieds joints sur cette difficulté-là.

2016. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Je regarde le grand dessin de femme de Vanloo, provenant de la vente Boilly, qu’il vint acheter avec moi, la dernière fois que nous mîmes les pieds aux Commissaires-Priseurs.

2017. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

C’est pour cette raison que je lui ai donné une teinte religieuse, et que j’ai voulu qu’elle cherchât un asile aux pieds de son Dieu, au lieu de se tuer sur le corps de son amant ou de son père, ce qui ne m’aurait pas coûté un grand effort d’invention ; mais la violence du suicide m’aurait semblé déranger l’harmonie qui doit être dans son caractère.

2018. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Trois portes en six pieds d’espace.

2019. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Si nous ne nous trompons, il a exprimé éloquemment de mélancoliques regrets sur la perte immense qu’a faite le parti anglo-catholique lorsque Newman, laissant là ses anciens amis, trop lents au gré de l’intelligente impatience de sa foi, dans leur progrès vers l’unité, remonta seul vers cette unité que l’Église romaine représente dans son inflexibilité, et se jeta aux pieds du Père des Fidèles.

2020. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

En ce sens le christianisme fut bien une grande école d’égalité ; l’égale participation à ses sacrements mettait les serfs sur le même pied que les maîtres.

2021. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Mais le plus étrange était que l’on pût ignorer à tel point et tels vers ternaires de Hugo et lePetit traité de poésie de Théodore de Banville et ses vers de onze pieds, qu’avait médités Verlaine recommandant de « préférer l’Impair » ! […] Tel il m’apparut, tandis qu’assis, le buste serré au veston d’appartement, en pose allongée et les pieds croisés légèrement, il me parlait de moi avec un plaisir évident. […] A Valvins, Mallarmé travaillait presque toute la matinée sans mettre le pied dehors, de peur, me dit-il, de la Nature, cette grande séductrice dont il craint l’attirance. […] … Il me souvient que Verlaine me parla, sans compréhension générale d’ailleurs, des vers à pieds impairs. […] Sous les pieds de l’armée ennemie, tout sauterait, et de l’armée, plus rien !

2022. (1903) Propos de théâtre. Première série

Onze heures du matin : « L’eau de l’étang resplendit, le paon déploie, en guise d’ombrelle, sa lourde queue ; le faon altéré recherche les réservoirs d’eau creusés au pied des arbres et protégés par leur ombre circulaire », etc. […] On peut même dire qu’il s’en sert un peu trop ; car cette brochure étant une apologie, ne doit pas, fût-elle de Molière lui-même, être prise au pied de la lettre comme la pensée exacte de Molière sur chacun des personnages ; mais encore on ne peut contester que cet opuscule ne doive être la base même de toute étude sur le Tartuffe. […] Dois-je oublier son père à mes pieds renversé… Elle s’excite à ce souvenir ; elle s’enfonce dans son entêtement de rancune en faisant sonner à ses oreilles la voix du devoir. […] J’ai fait causer cinq personnages pendant deux heures dans un salon de douze pieds carrés, entre deux rangées d’hommes du bel air, et l’on a appelé cela une tragédie. […] Le roi légitime apparaît ; le général se jette à ses pieds ; le temple est plein des partisans du grand prêtre ; le peuple au dehors acclame ce qui est nouveau ; la reine est perdue.

2023. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Sinon l’anguillule restera dans le sol, au pied de l’épi nouveau, et le blé sera préservé de son atteinte. […] Que l’on prenne un œuf de poule récemment pondu et qu’on le place dans une éprouvette à pied au-dessus d’une couche d’eau de baryte : celle-ci se troublera lentement par le dépôt de carbonate de baryte résultant de l’exhalation de l’acide carbonique respiratoire. […] Mais si l’on dispose dans la cloche une plante (un pied de menthe), l’atmosphère est purifiée, rétablie dans sa constitution première et un animal peut y vivre de nouveau32. […] Si nous poursuivons la formation de la matière glycogène dans les organes du fœtus57, nous voyons que les cellules glycogènes se forment dans tous les épithéliums, à la surface de la peau dans les tissus cornés, bec, plumes, corne des pieds ; dans l’épithélium de l’intestin, du poumon, dans les conduits glandulaires ; mais jamais dans le tissu même des glandes, ni dans les ganglions lymphatiques, ni dans les endothéliums, etc., etc.

2024. (1900) La culture des idées

Il veut prouver qu’il y a, ou plutôt qu’il y a eu, un art catholique, symbolique et mystique, très supérieur, surtout par l’expression, à tous les arts profanes, antiques ou nouveaux ; il étudie l’architecture, d’après la cathédrale de Chartres, la peinture d’après les primitifs et surtout Fra Angelico, la musique d’après le plain-chant grégorien, la mystique et la symbolique, d’après les saints, les théologiens et les compilateurs du moyen âge ; comme centre au roman, une page de l’histoire d’un écrivain converti qui tente le renoncement et commence par vouer tout son talent à la défense de l’art religieux ; le sentiment est représenté par des effusions d’amour pieux versées aux pieds de Notre-Dame ; les personnages, hormis peut-être celui d’une servante dévote et mystique, silhouette curieuse, sont de la psychologie la plus rudimentaire ; le directeur de conscience, l’abbé Gévresin, apparaît d’une nullité extraordinaire, presque phénoménale ; l’abbé Plomb est un archéologue de province sans caractère particulier qu’une mémoire baroque où se sont logées, à l’exclusion de toute notion sensée, les seules singularités de la symbolique et la seule histoire de la cathédrale de Chartres ; non moins versé dans le même genre de connaissances, le héros du livre, Durtal, exhibe, en plus, une âme de jeune communiant, et l’esprit sarcastique d’un critique d’art, aigre quoique dévotieux, partial quoique renseigné. […] Les ongles des pieds et des mains, et les cheveux qui croissent et décroissent insensiblement signifient les créatures qui ont être et vie végétative, lesquelles sont insensibles comme plantes et herbes. […] Figurez-vous un noyer tout plein de belles noix vertes et que le fermier soit occupé loin de là à sarcler ses betteraves ou à battre son blé : il vous suffit d’une gaule ou d’un bâton court, ou même d’un caillou, pour faire pleuvoir à vos pieds les belles noix vertes. […] Le Stylite vit tout seul sur sa colonne, mais il a besoin de la foule des pèlerins qui se presse au pied de sa colonne ; il a besoin de la salutation de Théodose ; il a besoin de la vaine flèche de Théodoric. […] Il vaut peut-être mieux ne rien savoir, et pour ce qui est de nous, écrivains orgueilleux, dire notre vaine pensée sans nous demander si elle retentira très loin ou si elle mourra à nos pieds.

2025. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Le personnage est là tout entier dans l’orchestre, armé de pied en cape, étincelant dans sa gloire, lumineux et éclatant ; et l’impression, quand nous le voyons en effet descendre de son frêle esquif, n’est si profonde et si vive que parce que ce personnage, que nous apercevons maintenant réellement, est pour ainsi dire la réalisation de celui que nous avions déjà entrevu dans notre imagination surexcitée. […] Le bien est léger, tout ce qui est divin court sur des pieds délicats : premier principe de mon esthétique. […] Ce badinage plutôt lourd, voilà sans doute ce que Nietzsche entendait, en 1888, par la gaya scienza, les pieds légers, la plaisanterie, le feu, la grâce, la grande logique, la danse des étoiles, l’insolente spiritualité, le frisson de lumière du Sud, dont il parle avec une affectation si parfaitement germanique ! […] Beethoven est l’événement intermédiaire entre une vieille âme fragile qui se brise sans cesse et une âme ivre de jeunesse et d’avenir qui arrive sans cesse ; sur sa musique repose ce demi-jour d’une perte continuelle et d’un espoir éternellement vagabond, — le même demi-jour dont était baignée l’Europe lorsqu’elle avait rêvé avec Rousseau, lorsqu’elle avait dansé autour de l’arbre de la liberté, lorsqu’elle s’était enfin presque mise à genoux aux pieds de Napoléon. […] Pour un homme qui parle si souvent des pieds délicats, Nietzsche a la main singulièrement lourde.

2026. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Mais quand on examine bien, on trouve un colosse immense qui a des pieds d’argile, & c’est parce que les pieds sont d’argile, que le colosse est immense.

2027. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

La sélection sexuelle, en permettant toujours au vainqueur de reproduire sa race ; peut sûrement donner à celle-ci, à l’aide du cours du temps, un courage plus indomptable, un éperon plus long, une aile plus forte pour frapper son pied éperonné, aussi bien que le brutal éleveur de Coqs de combat peut en améliorer la race par un choix rigoureux des plus beaux individus. […] J’ai trouvé qu’une surface gazonnée de trois pieds sur quatre, qui avait été exposée pendant de longues années aux mêmes conditions de vie, nourrissait vingt espèces de plantes, appartenant à dix-huit genres et à huit ordres, ce qui montre combien ces plantes différaient les unes des autres.

2028. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

En quelques heures de marche et de réflexion, m’arrêtant parfois, m’asseyant au pied d’un arbre pour écrire des notes au crayon, j’esquissai le premier canevas de ce qui est devenu plus tard le premier chapitre de mes Lois de l’imitation, intitulé la Répétition universelle. […] Deux ans après il tombe dans le Tibre, pense se noyer, et, s’apercevant qu’il en est quitte pour un bain de pieds, sort du fleuve en chantant la phrase musicale vainement cherchée jusque-là11. […] À ses pieds un être assez énigmatique, jeune, une sorte de séraphin avec une auréole. […] Plus nombreux qu’en hiver les glands aux pieds des chênes (en faisant claquer les glands sous mon pneumatique, route de Flassan, bordée de chênes et éclosent brusquement, mécanisme resté inaperçu, ou amenées par la rime Songe à ceux qui luttaient à l’ombre de ton glaive amené par la rime glaive qu’il fallut faire arriver pour « leur roi s’élève ».

2029. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

              Avec l’âme des roses d’hier,               Lentement montent dans les airs,               Comme des ailes étendues,               Comme des pieds nus et très doux,               Qui se séparent de la terre,               Dans le grand silence à genoux. […] Une qui était brune, Et qui tenait la voile en main, Et dont les pieds étaient ailés, Nous rapportait des gestes d’ange               En son immobilité ! […] Je méritais si peu la merveilleuse joie De voir tes pieds illuminer ma voie, Que j’en reste tremblant encore et presque en pleurs, Et humble, à tout jamais, en face du bonheur129. […] Pollux La terre entière exulte et baise tes pieds nus Avec la bouche en feu de ses foules ardentes ; Laisse apaiser enfin tes angoisses grondantes, Renais : l’heure est unique et je me sens au cœur Tant de force assurée et de pouvoir vainqueur Qu’il n’est rien pour nous deux, au monde, que je craigne, Je tiens le sort en main : je suis maître et je règne !

2030. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Le guerrier qui, brûlant, dans les cieux se rendit, De monstres et de maux dépeupla tout le monde, Arracha d’un taureau la torche vagabonde, Et sans vie, à ses pieds, un lion étendit : Antée dessous lui la poussière mordit. […] Lanson pour tracer un portrait en pied du grand évêque. […] Il cherche et il trouve sous nos yeux, à nos pieds, des faits d’une ressemblance parfaite avec ces phénomènes célestes que des millions de demi-diamètres de la terre séparent d’elle. […] Je sortirais de mon sujet, et je mettrais étourdiment le pied sur un terrain que je connais mal, si j’essayais, à ce propos, de dire en quoi la notion ou la définition du péché originel diffère, parmi les protestants, de celle qu’en donnent les théologiens et la tradition catholique. […] Car celui-ci, à bien des égards, est encore de ces libertins du xviie  siècle qui, selon qu’ils étaient « en pied », comme il dit, « ou réformés par une longue maladie », ne laissaient pas de différer sensiblement d’eux-mêmes.

2031. (1898) La cité antique

Toucher du pied, même par mégarde, une sépulture, était un acte impie, pour lequel il fallait apaiser le mort et se purifier soi-même. […] L’époux doit la soulever dans ses bras, et la porter par-dessus le seuil sans que ses pieds le touchent. […] Cette enceinte n’était pas un mur de pierre : c’était une bande de terre de quelques pieds de large, qui devait rester inculte et que la charrue ne devait jamais toucher. […] Les Spartiates restent immobiles, le bouclier posé à leurs pieds, sans même se mettre en défense contre les coups de l’ennemi. […] Dans certains actes, il fallait avoir les pieds nus.

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