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1570. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

il ne révèle pas à leurs geôliers le sort qui les attend ; et c’est leur mère elle-même, la reine Élisabeth, qui leur apprend qu’ils vont mourir. […] Il porte la main sur dona Florinde, et quand il apprend qu’elle est juive, il la désire avec plus d’ardeur encore. […] Marie apprend l’infidélité de Fabiano. […] Vous apprendrez que les bibliothèques de France ne possèdent, sur l’époque choisie par M.  […] Les livres enseignent ce qu’ils savent : il n’y a donc pas lieu à se glorifier d’y avoir appris quelque chose.

1571. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

L’histoire m’apprend encore que l’art est ballotté par un mouvement incessant de va-et-vient entre le réalisme et l’idéalisme qui en sont les deux pôles. […] Brunetière vous apprend que c’est une erreur, et la preuve c’est que Galiani, qui fut Napolitain, s’émancipait souvent en plaisanteries de mauvais aloi. […] « Je voudrais apprendre que Royer-Collard fait des madrigaux », écrivait à son fils Mme de Rémusat. […] Ai-je la prétention de lui apprendre qu’il a tracé un tableau incomplet des états d’âme de la génération dont il fait partie ? […] Le sultan, qui l’apprit, lui demanda cette arme merveilleuse.

1572. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Cette fois, dans l’Algérie encore neuve de 1847, il se nourrit de lumière et de pittoresque africains, pousse loin vers le Sud, à Constantine, à Biskra, où il apprend les événements de février 1848. […] Il se fait de la hauteur de son art une idée très nette, estime qu’il a encore tout à apprendre. […] C’est le charme de l’Islam, le décor d’une religion si parfaitement appropriée à un climat et à une humanité, en un temps où le Génie du Christianisme a appris aux Français à considérer la religion, et la leur d’abord, comme un fait esthétique et un ordre décoratif. […] Mon travail d’atelier m’a appris tout ce qui me manque ; il faut que je l’acquière. […] Ayant appris que Madeleine et sa sœur sont malades — cette dernière d’un amour aussi désespéré que celui de Dominique — il les revoit, séjourne à Nièvres.

1573. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Et ce que c’était que plaire aux honnêtes gens, Germaine Necker l’avait appris sur son petit tabouret, dans le salon de sa mère. […] Leur émigration dure assez pour qu’ils apprennent l’étranger, pas assez pour qu’ils oublient la France. […] Je ne doute pas qu’au moment où vous aurez appris mon arrivée à Lyon, vous n’ayez fait reprendre à vos troupes le drapeau tricolore. […] En juillet 1798, il apprend par sa sœur, Mme de Farcy, la mort de leur mère, peu après celle de cette sœur elle-même. […] Cela, Fichte aurait pu l’apprendre de Mme de Staël, comme Mme de Staël eût appris de Fichte la philosophie dialectique de la conscience.

1574. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

L’émigré frivole apprenait les airs de ces terribles chansons. […] Ça apprend, et la vie se passe à apprendre. » Armée de cette foi ardente dans la valeur du développement intime, comment ne serait-elle pas à l’abri de ces incertitudes sur la durée future des œuvres, habituelle angoisse de l’homme de lettres vieillissant ? […] Mais les spéculations sur l’esthétique ont ce charme de nous apprendre à goûter un plus grand nombre de ces œuvres diverses. Elles nous apprennent à déplacer nos points de vue et à nous affranchir des préjugés. […] Il ne savait pas l’orthographe ; il l’a apprise, ainsi que le latin, l’allemand, la métaphysique, un peu de sciences naturelles, l’histoire.

1575. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

on en sort ébloui, assourdi ; les sens défaillent sous cette inondation de magnificences ; mais en rentrant chez soi, on se demande ce qu’on a appris, ce qu’on a senti, si véritablement on a senti quelque chose. […] Dans le reste, il était indolent, étudiait à bâtons rompus, apprenait mal les choses sèches et positives ; mais de ce côté le courant de son instinct était précoce, précipité et invincible. […] C’est chez Walter Scott que nous avons appris l’histoire. […] Ils l’envoient dans tous les recoins de la société civile et dans tous les événements de l’histoire privée à la recherche de documents et d’expédients pour apprendre de lui le moyen de remédier aux abus, de soulager les misères, de prévenir les tentations. […] On apprend par Wordsworth et par Byron, par le protestantisme approfondi1236 et par le scepticisme institué, que, dans cet établissement sacré que le cant protége, il y a matière à réforme ou à révolte ; qu’on peut trouver des valeurs morales autres que celles que la loi timbre et que l’opinion reçoit ; qu’en dehors des confessions officielles, il y a des vérités ; qu’en dehors des conditions respectées, il y a des grandeurs ; qu’en dehors des situations régulières, il y a des vertus ; que la grandeur est dans le cœur et dans le génie, et que tout le reste, actions et croyances, est subalterne.

1576. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Leurs œuvres ne nous ont pas appris à aimer la Nature. […] Elle apprend ces trahisons qu’elle soupçonnait déjà. […] Nous y fausserons toujours notre conception pacifique de l’héroïsme et du patriotisme, et nous y apprendrons bien moins le sacrifice de soi-même que l’abandon de sa personnalité, qui n’est pas seulement la dernière des lâchetés, mais la plus misérable des déchéances humaines. […] Quand les gazettes, ce mois-ci, nous ont appris la brusque mort de M.  […] Ce poète nous apprend donc que l’on peut posséder le culte de la sensibilité, sans avoir besoin de renoncer pour cela à celui du style ; il nous enseigne que les excès mêmes de ses émois ne doivent pas autoriser l’écrivain à négliger le respect qu’il doit à la logique, à l’intelligence, à la langue française.

1577. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

La psychologie comparée nous apprend que, plus un animal est intelligent, plus il tend à réfléchir sur les actions par lesquelles il utilise les choses et à se rapprocher ainsi de l’homme ; mais ses actions adoptaient déjà, par elles-mêmes, les principales lignes de l’action humaine, elles démêlaient dans le monde matériel les mêmes directions générales que nous y démêlons, elles s’appuyaient sur les mêmes objets reliés entre eux par les mêmes rapports, de sorte que l’intelligence animale, quoiqu’elle ne forme pas de concepts proprement dits, se meut déjà dans une atmosphère conceptuelle. […] Si vous n’aviez jamais vu un homme nager, vous me diriez peut-être que nager est chose impossible, attendu que, pour apprendre à nager, il faudrait commencer par se tenir sur l’eau, et par conséquent savoir nager déjà. […] Mais si, tout bonnement, je me jette à l’eau sans avoir peur, je me soutiendrai d’abord sur l’eau tant bien que mal en me débattant contre elle, et peu à peu je m’adapterai à ce nouveau milieu, j’apprendrai à nager. […] Mais lorsque je trace grossièrement sur le sable la base d’un triangle, et que je commence à former les deux angles à la base, je sais d’une manière certaine et je comprends absolument que, si ces deux angles sont égaux, les côtés le seront aussi, la figure pouvant alors se retourner sur elle-même sans que rien s’y trouve changé. je le sais, bien avant d’avoir appris la géométrie. […] Mais ils se ressemblent peut-être moins qu’on ne le suppose, Comment n’être pas frappé du fait que l’homme est capable d’apprendre n’importe quel exercice, de fabriquer n’importe quel objet, enfin d’acquérir n’importe quelle habitude motrice, alors que la faculté de combiner des mouvements nouveaux est strictement limitée chez l’animal le mieux doué, même chez le singe ?

1578. (1890) Dramaturges et romanciers

Les victoires remportées par cette philosophie des sensations portent avec elles leur enseignement, et pourront apprendre la modestie à plus d’une doctrine rivale. […] Cherbuliez put apprendre que le pédantisme seul a horreur de la vie et de la nature, mais que la véritable science n’en est jamais séparée. […] Les cœurs coupables n’y ont pas encore appris l’art de se griser de leurs propres paradoxes, et les éclats de l’inconduite n’y inspirent encore aucun désir d’émulation. […] Émile Augier a-t-il appris le secret de ce demi-lyrisme qui distingue son dialogue ? […] Mais à quoi bon rechercher plus longtemps ces indices de romantisme clandestin puisque les journaux nous ont appris récemment que le poète en avait fait l’aveu tardif.

1579. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Vanier m’apprend qu’un livre de vous où m’est dédié un long morceau va paraître. […] Nous prendrions rendez-vous, et il me l’amènerait dans la cour, lui restant présent, le temps de le voir, lui parler, qu’il apprenne quel est son père, et un honnête homme, en outre ! […] L’après-midi était très avancé quand nous quittâmes, et, rentrant à la maison, l’on m’apprit la visite inattendue certes, et qui m’honorait, de Sully-Prudhomme ! […] Nous avons appris la Science, et, poètes, nous la voulons poétiquement synthétiser. […] » Et de moi il a même appris à ne pas dédaigner Du Bartas que, malgré la louange de Goethe, avait décisivement couvert de son incompréhension Sainte-Beuve.

1580. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Artistes et poètes ne cherchaient à se libérer des visions apprises et des lieux communs statiques, en dehors des réalités mouvantes de la vie, qu’afin d’atteindre à plus de vérité sincère. […] Reste libre, c’est là ta première noblesse. » Ces vers de Boileau sont fiévreusement épinglés au verso de la première page : Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserré par l’art, sort des bornes prescrites, Et de l’art même apprend à franchir leurs limites. […] Dans la lecture des Odes funambulesques, Mithouard apprend les rudiments d’une métrique un peu courte, qu’il saura élargir pour se créer un rythme en harmonie avec sa nature ardente.

1581. (1886) Le naturalisme

Où Balzac a-t-il appris les sciences sociales ? […] Quand apprit-il la philologie, la médecine, la chimie, la jurisprudence, l’histoire, le blason, la théologie, toutes choses qu’il sait comme doit les savoir un artiste, sans érudition ni ignorance ? […] De Flaubert, il n’y a pas lieu de se demander où et quand il apprit ce qu’il savait. […] Durant la première, — les années de jeunesse, — Flaubert avait un esprit délié, une imagination féconde ; il apprenait sans effort et travaillait facilement. […] J’ai lu, je ne sais où, qu’un blanc-bec disait à un sculpteur, en lui montrant la Vénus qu’il terminait : « Apprenez-moi à en faire une autre comme celle-là; ce doit être facile ! 

1582. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Buffon, qui avait, pour ainsi parler, appris à lire dans les écrits mathématiques du marquis de l’Hôpital, débutait « dans les lettres » par une traduction de la Statique des végétaux, de Haies, et de la Méthode des fluxions, de Newton, 1740. […] Et quant au « mépris des fadaises de l’école » c’est sans doute le nom qu’il donne à l’étroit utilitarisme de Locke : « Il n’y a de connaissances vraiment dignes de ce nom que celles qui conduisent à quelque invention nouvelle et utile, et qui nous apprennent à faire quelque chose mieux, plus vite, ou plus facilement qu’auparavant » [Cf.  […] Les voilà maîtres des affaires ; et il faut maintenant les entendre se moquer des jeunes gens « qui se croient en sortant du collège obligés d’apprendre aux puissances à diriger leurs États » ! […] Un jeune écrivain, dans les notes qu’il griffonne aux marges de son exemplaire de Malherbe, décide que, « même quand nous traçons des tableaux et des caractères modernes, c’est d’Homère, de Virgile, de Plutarque, de Tacite, de Sophocle, d’Eschyle qu’il nous faut apprendre à les peindre ». […] Les Débats de Jean-Jacques Rousseau. — Il apprend à lire dans les romans de La Calprenède ; — et dans les Vies parallèles de Plutarque. — Son départ de Genève et sa vie d’aventures. — Ce qu’on apprend à l’office et sur les grandes routes ; — liaison de Rousseau avec Mme de Warens ; — la vie des Charmettes, 1738-1741 ; — et, à ce propos, du roman que Flaubert a intitulé l’Éducation sentimentale. — Rousseau à Lyon. — Premier séjour de Rousseau à Paris, 1741 ; — son Projet concernant les nouveaux signes de musique ; — ses premières relations avec Grimm et Diderot. — Le séjour de Venise, 1743-1744 (Cf. 

1583. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

le jeune Léon Daudet m’apprend qu’au collège Louis-le-Grand, l’histoire de la Révolution, s’apprend dans notre Histoire de la société française pendant la Révolution et le Directoire. […] Lundi 9 mars Lettre de Porel, qui m’apprend que l’Odéon a fait hier avec la matinée, près de 7 000. […] Jeudi 10 septembre Sur ce que j’apprenais aujourd’hui à Ganderax, que Daudet ne pouvait plus dormir qu’à l’aide du chloral, il me disait que le chloral faisait des passionnés, qui, pour satisfaire leur passion, devenaient des menteurs, des voleurs même.

1584. (1895) Hommes et livres

Peut-être au contact des poètes auraient-ils appris à faire sortir la vie et la beauté des vieilleries dont ils faisaient l’inventaire. […] Ce sont là minauderies d’un esprit enfantin à qui l’on n’a pas encore appris quelle grâce plus puissante a toujours la simplicité. […] Ceux mêmes de ces Mélanges qui ne nous apprendront rien nous aideront à dater une page, une phrase peut-être de son livre. […] Dans ce pays, comme chez nous, la sensibilité sévissait, et de ce côté nous n’avions rien à apprendre ni à envier. […] Ce n’est pas non plus par la profondeur de l’observation morale que vaut la pièce : elle ne nous apprend pas grand’chose sur l’homme.

1585. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

On peut quelquefois reprocher aux tragiques grecs la longueur des récits et des discours qu’ils mettaient sur la scène ; mais les spectateurs n’avaient pas encore appris à s’ennuyer ; et les auteurs ne resserrent leurs moyens d’effet, que lorsqu’ils redoutent la prompte lassitude des spectateurs.

1586. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

l’impression de cette situation est telle, que le spectateur ne pourrait la supporter, si Tancrède mourait sans apprendre d’Aménaïde qu’elle n’a jamais cessé de l’aimer.

1587. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Il eût mieux fait de pratiquer la leçon de Malherbe, qui lui eût appris à le surpasser.

1588. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

Cela est sensible dans la première génération de nos gens du monde, et cela résulte de ce que, chez eux, le langage, élégant comme tout le reste, est appris et voulu.

1589. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Il dit qu’un poëte Grec ou Latin, dépouillé de son principal charme, la mesure & l’harmonie, n’est plus reconnoissable ; que les habillemens à la moderne, qu’on peut lui donner, peuvent être tous très-beaux, mais que ce ne seront jamais les siens ; qu’on l’imitera, mais qu’on ne le rendra jamais au naturel ; que notre poësie, avec ses rimes, ses hémistiches toujours semblables, l’uniformité de sa marche, &, si on ose le dire, sa monotonie, ne sçauroit représenter la cadence variée de la poësie des anciens ; qu’enfin il faut apprendre leurs langues, lorsqu’on veut connoître leurs poëtes.

1590. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

La « grande Italienne » lui a appris le grand Italien, ou plutôt celui qui n’est plus Italien, mais pontife, représentant de Dieu sur la terre, impersonnel et universel comme le vicaire de Jésus-Christ, le chef de la catholicité.

1591. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Malgré des travaux qui ont eu pour prétention de nous l’apprendre, malgré l’hypocrisie ou la duperie d’impartialité de la critique de ces derniers temps, le Moyen Âge n’a encore été montré par personne dans l’énergie sublime de son esprit et la grandeur cordiale de ses institutions.

1592. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Il ne fait point sur eux d’affreuses poésies ; il n’est pas un béat de régénération par la pique et par la guillotine ; il n’est pas de ces niais immenses ; il a le pessimisme du mépris, qu’apprend si vite l’histoire.

1593. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Michelet l’a pensé comme nous ; Michelet n’a pas toujours feuilleté l’Histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie que, sur cette vieille terre du Vaudeville et de la Galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations.

1594. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Incorrect, il est mieux ainsi le peintre de cette aristocratie dédaigneuse des lettres, et dont on disait qu’elle savait tout sans avoir jamais rien appris !

1595. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Lamartine, plus grand poète que Chénier et plus coupable, car il avait vécu davantage et il s’était frotté aux expériences de la vie, qui n’apprennent donc rien à personne !

1596. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Voici un historien froid comme un officier d’artillerie faisant des études sur le salpêtre qui a failli faire sauter la France, et qui nous apprend de quels abominables éléments ce salpêtre de nouvelle espèce était composé.

1597. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Du moins, rendons-lui cette justice, c’est que sous la logomachie révolutionnaire, l’uniforme de son opinion, et qui lui était imposée, il avait, en sa qualité de bonapartiste, le sentiment vrai de l’honneur militaire de la France, et la douleur des traités de 1815 fut la seule chose peut-être, dans sa conduite et ses écrits, qui ne fut pas une consigne, un texte appris, arrangé et pédant, « un devoir extérieur », comme dit le cardinal de Retz.

1598. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

et parmi ceux qui l’adorèrent, personne ne lui apprit à lire dans ce livre-là.

1599. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

Il faut que la Critique, en lui signalant ses facultés, lui apprenne quels sont ses devoirs.

1600. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Soury eût travaillé dans la Bible, l’exégèse, l’archéologie, et c’est la couverture de son livre sur Jésus et sur les Évangiles qui m’a appris les souterrains travaux de taupe auxquels, depuis longtemps, il s’est livré.

1601. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

… Le lendemain de ce jour où le glouton troublé mourut en Swedenborg, à la voix de l’ange… des sociétés futures de tempérance, probablement, le savant Suédois apprit de l’homme lumineux, qu’il revit, les desseins de Dieu sur sa personne, et il renonça incontinent à la science qui avait rempli et honoré sa vie.

1602. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Ils ont bien d’autres affaires vraiment que de s’occuper des pauvres curés qui, de vertus humbles en vertus humbles, deviennent des saints ; et c’est pour cela que l’abbé Monnin a dédié spécialement à ceux-là, qui ne connaissaient pas le curé d’Ars, l’histoire qui le leur apprendra.

1603. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

Il dit dans son cœur à l’époque actuelle : « Je te parlerai ton langage, mais pour t’apprendre à respecter ce que tu dédaignerais de connaître si je te parlais seulement le mien. » Et, en effet, le monde, auquel on est obligé de s’adresser quand on est écrivain, aurait laissé dans l’ombre une œuvre qui n’eût été qu’hagiographique sur Vincent de Paul.

1604. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Destiné à l’enseignement de la philosophie, vivant dès sa jeunesse dans l’accointance des philosophes et dans la préoccupation de leurs études et de leurs influences, il crut, parce qu’il entendait et sentait vivement leurs écrits, que lui aussi aurait le pouvoir d’éjaculer, comme eux, quelque système avec lequel la pensée humaine aurait à se colleter plus tard ; mais, pendant toute sa vie, il put apprendre à ses dépens que la faculté de jouer plus ou moins habilement avec des idées qui ne vous appartiennent pas n’est pas du tout la vraie fécondité philosophique, qui n’a, elle, que deux manières de produire : — par sa propre force, si l’on appartient à la grande race androgyne des génies originaux, — ou en s’accouplant à des systèmes qui ont assez de vie pour en donner à la pensée qui n’en a pas, si l’on n’appartient pas à cette robuste race des génies originaux et solitaires.

1605. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Mais rien donc ne saurait apprendre à ce Voyant quand il s’agit de Dieu, et à ce Visionnaire quand il s’agit des hommes, que quand on est un catholique, on ne doit compter que sur Dieu seul.

1606. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Elle nous en aurait autant appris.

1607. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Ils étaient à l’affût pour observer, — l’un, de son étude d’avoué où il apprit à nous faire des chefs-d’œuvre comme L’Interdiction et Le Contrat de mariage, l’autre, de la taverne dans laquelle il jugeait, à cœur de journée, ses voleurs, ses vagabonds et ses filles de joie.

1608. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Il avait une femme et une fille que le monde connaît, car il les lui a apprises dans cette poésie, qui fut la dernière qu’il ait écrite, et qu’il consacra, sous le titre de : Quelques vers pour Elle à sa femme, morte depuis à peine quelques mois.

1609. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Il est vrai que Paul de Musset nous a appris, à ses risques et périls lui répondra-t-on par un autre roman encore ?

1610. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Paul de Musset nous a appris, à ses risques et périls (lui répondra-t-on par un autre roman encore ?

1611. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Il faut que la Critique, en lui signalant ses facultés, lui apprenne quels sont ses devoirs.

1612. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Gogol a beau vouloir n’être que Russe, il a beau regimber contre l’influence française et l’influence allemande, il les porte tous les deux sur sa pensée : il a appris le latin dans Richter et dans Voltaire.

1613. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Qu’il ait écrit les trois livres qui n’en sont qu’un : Un début à l’Opéra, M. de Saint-Bertrand et le Mari de la Danseuse 39, tout d’une haleine ; qu’il en ait inventé ou combiné les événements à tête reposée et de longue main ; ou, comme tant d’autres marquis de la Rocambole du feuilleton, qu’il les ait trouvés au jour le jour dans cette improvisation qu’on apprend comme tout ce qui est de métier et d’exercice, il n’importe !

1614. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Ces protestants, quand nous voyons leurs temples qui nous glacent et leurs prêches, toujours sur la morale, nous semblent des esprits calmes et modérés, raisonneurs au point qu’à les comparer avec les héros catholiques dont nous avons décrit les états de conscience violents et l’ivresse joyeuse, nous songions d’abord à parler de leur philosophie plutôt que de leur religion ; mais apprenons à mieux les connaître par l’amitié et l’admiration que nous inspirent de tels actes et de tels cris sublimes.‌

1615. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

Des principes évoqués vous pourrez déduire que l’idée en question est bonne ou mauvaise, respectable ou détestable : ils ne vous apprendront pas quelles sont ses causes, ses conséquences, avec quels faits elle est en rapports constants.

1616. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

À peine en ai-je goûté les charmes, non pas de cette amitié vaine qui naît dans les vains plaisirs, qui s’envole avec eux, et dont on a toujours à se plaindre, mais de cette amitié solide et courageuse, la plus rare des vertus. » L’orateur nous apprend ensuite que c’est le dessein d’élever un monument à la cendre de son ami, qui lui a fait entreprendre cet ouvrage ; il finit par une réflexion triste mais vraie.

1617. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Les ruines désertes et les pierres brisées des inscriptions nous apprennent ce que cette terre admirable pourrait redevenir, non plus seulement sous la domination active d’une race d’Europe, mais sous la puissance électrique des arts nouveaux et de la science moderne.

1618. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

J’ai appris. Ou pour mieux dire, pour dire juste, je n’ai pas appris, je n’ai pas eu à apprendre. […] — Quand l’enfant de cet homme… Nous avons appris cela en quatrième, sous l’excellent M.  […] Une dure expérience le lui avait souvent appris, le lui avait souvent fait sentir. […] C’est tout ce qu’ils ont retenu, tout ce qu’ils ont appris, tout ce qu’ils ont compris de la classification d’Auguste Comte.

1619. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Il nous déplaît qu’un poète traîne à son pied, comme un boulet, le commentaire perpétuel de Marc-Antoine Muret ou de Pierre Marcassus ; et, pour entendre un livre français, nous ne voulons pas commencer par apprendre le latin. […] « L’influence de Descartes, a écrit Désiré Nisard, fut celle d’un homme de génie qui avait appris à chacun sa véritable nature, et, avec l’art de reconnaître et de posséder son esprit, l’art d’en faire le meilleur emploi. » Et dans un autre endroit : « Voilà pourquoi les écrivains qui vinrent immédiatement après lui… sont presque tous cartésiens. […] que peuvent là-dessus nous apprendre Aristote, qui était de Stagyre, et Cicéron qui était d’Arpinum ? […] C’est ce qui amuse ; c’est ce qui instruit ; c’est ce qui nous apprend en combien de manières un homme peut différer d’un homme ; et s’il se plaint après cela que « les grands sujets lui soient interdits », laissons passer cinq ou six ans encore, et Fénelon les aborde dans son Télémaque. […] Prétentions politiques de Corneille ; — mots que l’on cite à ce sujet, de Condé après Sertorius : « Où donc Corneille a-t-il appris la guerre ? 

1620. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

C’est inexact ; je veux bien vous apprendre « qu’il n’y a point d’homme dans le monde. […] Toutes ces choses, on les lui a apprises. […] Il n’en est pas moins vrai qu’elle a raison, et que tout ce que nous apprend l’érudition moderne va à confirmer ce qu’elle affirme. […] Ils apprenaient moins à entrer dans un chemin nouveau qu’à en quitter un. […] Le cœur aussi ne doit-il pas apprendre à se résigner ? 

1621. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Quint-Curce nous apprend qu’Alexandre brûla le Palais de Persépolis & nous laisse ignorer le nom de l’Architecte qui bâtit ce Palais. […] Les stances avec grace apprirent à tomber, Et le vers sur le vers n’osa plus enjamber. […] Elle seule m’apprit à séduire, à toucher. […] Cette Reine apprend, en même tems, son départ & son triomphe. […] Il l’apprit, & ne fit plus rien que d’inférieur à ce coup d’essai.

1622. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

En 1580 parut Euphuès, l’anatomie de l’esprit, par Lyly, qui en fut le manuel, le chef-d’œuvre, la caricature, et qu’une admiration universelle accueillit281. « Notre nation, dit Édouard Blount, lui doit d’avoir appris un nouvel anglais. […] Jourdain, devenu mamamouchi et ayant appris l’orthographe, manda chez lui les plus illustres écrivains du siècle. […] Vous pourrez aussi expliquer mes affaires domestiques ; rien de plus intéressant pour le public que d’apprendre comme on gagne un million. […] Aujourd’hui nous apprenons qu’on a créé de nouveaux seigneurs et officiers, demain qu’il y a des grands déposés, puis que de nouveaux honneurs ont été conférés. […] Ainsi tous les jours j’apprends des nouvelles publiques et privées349. »  — « Quel monde de livres ne s’offre pas, en tous les sujets, arts et sciences, pour le contentement et selon la capacité du lecteur ?

1623. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Nous avons beaucoup à prendre et à apprendre de la Belgique. […] Qu’eussent-ils bien appris en Allemagne ? […] Kees, déjà fort agité par d’exagérées libations, apprend la nouvelle en revenant d’une fête, de la bouche même de son rival. […] Elle enseigne le culte de l’effort, stimule les enthousiasmes, apprend à ne jamais désespérer de la vie. […] C’est qu’ils ne l’attendent que le lendemain et ne s’inquiètent point… Comment leur faire connaître la catastrophe, leur apprendre que leur fille s’est noyée ?

1624. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

C’est donc pour m’instruire moi-même que j’ai écrit ; et sans me flatter d’avoir toujours bien rencontré, c’est assez qu’il y ait quelquefois de la vérité et de l’ordre dans mes idées, pour avoir dû les soumettre au public, afin d’apprendre de lui-même en quoi j’aurois tort ou raison. […] Je n’ai pas voulu perdre cette occasion de remercier sincerement mon critique, et de lui apprendre que depuis ses réflexions sur mes ouvrages, il a un nouvel ami dont il ne se doutoit peut-être pas. […] Et depuis qu’il eût pris son essor dans le Cid, n’apprit-il rien de la critique de l’academie ? […] Racine n’apprit-il rien depuis Alexandre jusqu’à Andromaque. […] En effet depuis le petit soulevement que j’ai causé au parnasse, je n’entens contre moi que mes propres raisons ; et le plaisant est qu’on pense m’ouvrir les yeux, et qu’en me répétant, on veüille m’apprendre à moi-même ce que j’ai dit.

1625. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Plus tard, elle apprit le grec, le latin, l’allemand, l’anglais ; si elle eût vécu, elle eût appris le sanscrit ! […] » Qu’elle est généreuse, cette femme qui n’a trouvé chez nous que des douleurs, que nous avons trois fois exilée, et près de qui on apprend si vite à aimer la France !  […] Un jour, il apprit que le fils de la ravaudeuse était accusé comme aristocrate ; un autre jour, il vit mourir Jérôme Delpech, emporté par le typhus des prisons. […] Par exemple, voyez ce Fontenilles (c’est le nom du troisième Monteil) : enfant, il apprend à peine un peu de latin, qu’il oublie à boire comme un sonneur en compagnie de cordeliers. […] La ville entière poussa un cri de douleur quand elle apprit l’escapade et l’engagement de son jeune bachelier.

1626. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Il apprendra son métier à fond. […] Géricault s’imposait la tâche, qu’il avouait pénible, d’apprendre son modèle par cœur avant de toucher un crayon. […] Ingres s’indignait contre ceux de ses élèves qui voulaient apprendre par cœur la nature. […] Leurs erreurs mêmes seront instructives : elles lui apprendront dans quelles voies il ne doit pas s’engager. […] Il ne suffit pas que l’artiste apprenne son métier, il faut bien qu’il apprenne aussi son art, qu’il fasse preuve d’initiative, en un mot qu’il invente.

1627. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il me prêchait, et c’est-à-dire qu’il faisait comme son héros ; il endoctrinait un converti et m’apprenait peu de choses sous une forme relativement nouvelle. […] Leur livre est très intéressant et apprend beaucoup de choses. […] Elle apprit aux hommes d’opinions différentes à se respecter les uns les autres et, pour cela, à chercher chacun chez les autres et chacun en lui ce qu’ils avaient de respectable. […] Il faut apprendre tout, n’importe quoi, sans but, sans intelligence, apprendre comme boit une éponge, comme entonne un ivrogne. […] Gréard montait à cheval » ; pendant cette période de l’année où, comme Mlle Bourgain nous l’apprend, M. 

1628. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Enfin, les gens du village apprennent que le métayer est mort, près de Namur ; mais ils n’osent pas le dire à la veuve. […] » Il n’y eut, auprès d’elle, que du silence et « l’unanime charité lui avait appris la douleur ». […] Goschen apprit (et ne crut pas un instant) que l’Allemagne avait, à l’égard de l’Angleterre, les intentions les plus affectueuses. […] Mais il est rentré chez lui et s’y est enfermé comme si toute son erreur ne lui avait appris seulement qu’à demeurer. […] Que tu disais aimer ; qui t’apprit à le dire ; (etc.).

1629. (1930) Le roman français pp. 1-197

On lui en a trop appris à l’école, et il a trop retenu : témoins les faux rabelaisismes de son Colas Breugnon. […] Il a l’air tout léger ; on dirait qu’il est en train d’apprendre à voler. […] En même temps, par ce roman, il nous apprend, et peut-être s’apprend à lui-même qu’il est libéré de la contrainte. […] Phénomène entre tous singulier : voici un homme ligoté de tous côtés par ses croyances : et l’on croirait du George Sand clarifié, concentré, du George Sand qui aurait appris la nécessité, la dignité de la cadence et du rythme. […] Un article signé de lui dans Les Nouvelles littéraires nous apprend l’insouciance où il est parvenu des recherches de style.

1630. (1888) Études sur le XIXe siècle

Quitter Recanati lui semble la condition première, non pas du bonheur, — il affirme à mainte reprise qu’il y a renoncé, — mais de cet « art de ne pas souffrir » qui est « le seul qu’il tâche d’apprendre » et auquel il s’exerce. […] m’écriai-je, je suis bien étonné d’apprendre qu’ils sont de si effrontés imposteurs !” […] Lui est-elle naturelle, ou l’a-t-il apprise par un effort d’intelligence et de cœur, à force de vivre avec Dante et les quattrocentistes ? […] Ai-je appris d’autres chants ? […] Carmela ne tarde pas à apprendre, par un malheureux hasard, qu’il se marie.

1631. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Malgré son goût pour les types incomparables qui font saillie dans ses romans, elle croyait à l’égalité de la famille humaine ; Mme Necker de Saussure nous apprend que, même à l’égard des facultés intellectuelles, elle estimait que c’était assez peu de chose au fond, une assez petite disproportion originelle, qui constituait la supériorité des talents éminents sur la moyenne des hommes. […] Ces dernières s’imprimaient quelquefois à Paris, pour qu’on pût ensuite apprendre plus commodément les rôles ; l’intérêt qu’on mettait à ces envois était vif, et quand on avisait à de graves corrections dans l’intervalle, vite on expédiait un courrier, et, en certaines circonstances, un second pour rattraper ou modifier la correction déjà en route. […] Dans l’admirable discours qu’elle fait tenir à Jean-Jacques par un solitaire religieux, il est posé que « le génie ne doit servir qu’à manifester la bonté suprême de l’âme. » Elle paraît très-occupée, en plus d’un passage, de combattre l’idée du suicide. « Quand on est très-jeune, dit-elle excellemment, la dégradation de l’être n’ayant en rien commencé, le tombeau ne semble qu’une image poétique, qu’un sommeil, environné de figures à genoux qui nous pleurent ; il n’en est plus ainsi, même dès le milieu de la vie, et l’on apprend alors pourquoi la religion, cette science de l’âme, a mêlé l’horreur du meurtre à l’attentat contre soi-même. » Mme de Staël, dans la période douloureuse où elle était alors, n’abjurait pas l’enthousiasme, et elle termine son livre en le célébrant ; mais elle s’efforce de le régler en présence de Dieu. […] Dans le tombeau du monde apprenons à mourir ! […] Depuis que j’ai eu l’honneur (dans mon passage à la Bibliothèque Mazarine) d’approcher ce spirituel représentant de l’ancienne critique, j’ai pu apprendre combien en lui de bonté réelle, de noblesse et de droiture de cœur trouvait moyen de se concilier avec ces malices de plume et ces légères égratignures, si piquantes à l’amour-propre des auteurs. — Quand M. de Feletz avait un grain de sel sur la langue, il ne pouvait le retenir ; il avait cela du critique journaliste.

1632. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Macheath soit un homme de qualité quand vous apprendrez qu’il a mérité d’être pendu et qu’il ne l’est pas ? […] Voici d’abord Tillotson, le plus autorisé de tous, sorte de Père de l’Église, tellement admiré que Dryden déclare avoir appris de lui l’art de bien écrire, et que ses sermons, seule propriété qu’il laisse à sa veuve, sont achetés par un libraire deux mille cinq cents livres sterling. […] Chez eux, le paysan lui-même se glorifie de surveiller ses droits et apprend à vénérer son titre d’homme853. » Des hommes ainsi faits peuvent se passionner pour les affaires publiques, car ce sont leurs affaires ; en France, ce ne sont que les affaires du roi et de Mme de Pompadour854. […] Il y a un homme, Charles Fox, qui s’est trouvé heureux dès le berceau, qui a tout appris sans études, que son père a élevé dans la prodigalité et l’insouciance, que, dès vingt et un ans, la voix publique a désigné comme le prince de l’éloquence et le chef d’un grand parti, libéral, humain, sociable, fidèle aux généreuses espérances, à qui ses ennemis eux-mêmes pardonnaient ses fautes, que ses amis adoraient, que le travail n’avait point lassé, que les rivalités n’avaient point aigri, que le pouvoir n’avait point gâté, amateur de la conversation, des lettres, du plaisir, et qui a laissé l’empreinte de son riche génie dans l’abondance persuasive, dans le beau naturel, dans la clarté et la facilité continue de ses discours. […] Après une dissertation minutieuse, John Hales conclut ainsi : « And though negative proofs from scripture are not demonstrative, yet the general silence of the apostles may at least help to infer a probability that the blasphemy against the Holy Ghost is not committable by any Christian who lived not in the time of our Saviour (1636). » — Cela apprend à raisonner.

1633. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Paul Souday veut bien nous apprendre qu’il n’est pas de vers qui ne signifie quelque chose. […] bref, nous n’étudions ici — faut-il que je l’apprenne à Thibaudet, — qu’une « poésie faite » ; autant dire, si je ne m’abuse, qu’une poésie « fabriquée ». […] … vous avez pourtant appris à l’école du maître de Maillane que la grande poésie est accessible au plus humble. […] Mystère… si les hommes de Kent peuvent nous apprendre quelque chose à ce sujet, il y a lieu de les écouter " … eux aussi, les poètes, je l’espère, du moins fermement, « peuvent nous apprendre quelque chose à ce sujet ». à qui s’étonnera que je me sois attardé à nos « éclaircissements », je ne ferai pas d’autre réponse.

1634. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

C’est là qu’on peut apprendre à mêler les sujets sans les confondre ; l’art avec lequel le Tasse vous transporte d’une bataille à une scène d’amour, d’une scène d’amour à un conseil, d’une procession à un palais magique, d’un palais magique à un camp, d’un assaut à la grotte d’un solitaire, du tumulte d’une cité assiégée à la cabane d’un pasteur ; cet art, disons-nous, est admirable. […] Mais ici son courage lui fut inutile, son nom avait suffi : le brigand Sciarra, qui chantait déjà, dans ses rochers, les stances épiques de la Jérusalem, ainsi que les gondoliers de Venise les chantent encore sur les lagunes, ayant appris que le Tasse était au nombre des voyageurs arrêtés par la peur de sa bande à Mola di Gaëta, lui envoya un sauf-conduit avec les expressions du respect et de l’enthousiasme. […] « Que dira mon pauvre ami Antonio quand il apprendra la mort de son Tasse ?

1635. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Je ne savais du grec classique que ce que l’enfance en apprend dans les premières études, et ce que l’âge mûr en fait oublier. […] Ce ne fut que longtemps après que je demandai tout bas à un des témoins de ces scènes, qui était cet homme si dévoué et si calme, et qu’on me répondit : « C’est Barthélemy Saint-Hilaire, le traducteur d’Aristote. — Cela ne me surprend pas », dis-je à mon tour : « il y a du grec dans cette intelligence, et de la philosophie dans ce courage. » III Nous nous perdîmes de vue pendant quelque temps ; je m’informai avec anxiété de lui ; j’appris que, retiré dans un petit jardin de légumes au milieu d’un faubourg de la banlieue de Meaux, résidence de Bossuet, Barthélemy Saint-Hilaire, après avoir refusé ce qu’on le conjurait d’accepter comme gage de son silence, vivait à Meaux du travail de ses mains dans une hutte de son jardin, et nourrissait sa vieille tante de quatre-vingt-six ans des carottes et des pommes de terre cultivées par lui. […] qui leur apprendra même à obéir ?

1636. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

… Et ils écrivent aux journaux, déclarent être français, nomment la Patrie : ils ne comprennent plus Wagner, passé Lohengrin… Cependant, ils persévèrent, faisant des œuvres bruyantes et qui paraissent audacieuses, ainsi qu’ils ont appris ; et le public s’acharne à les juger wagnériennes ; les critiques, aussi, la plupart pour les en louer, M.  […] Nous avons des musiciens tendres qui les atténuent, des farouches qui les exagèrent ; tous les gâtent, lis ont appris que Wagner employait des thèmes caractéristiques, et ils emploient des thèmes caractéristiques, le thème de la lettre, le thème de l’évêque. Ils ont appris que Wagner donnait à l’orchestre un rôle important : ils surchargent leurs partitions de sonorités bruyantes, accompagnent des romances sentimentales avec des dissonances très savantes.

1637. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Groult vient me voir, le dessin d’un quelconque par Gavarni, sous le bras, et je lui apprends à son grand étonnement que c’est le dessin de son ami Tronquoy, costumé en patron de barque, que j’ai vu des années, dans sa chambre, et que j’ai même décrit dans mon livre sur lui. […] Mercredi 17 septembre Lavoix, revenant de Savoie, nous apprend que les Charmettes avaient été achetées par les cochers de Chambéry et d’Aix, craignant que la propriété ne tombât aux mains d’un propriétaire peu respectueux, qui y apportât des changements, lui enlevât son caractère historique, tandis qu’eux la laissent inhabitée, et telle qu’elle pouvait être au temps des amours de Jean-Jacques. […] Lavoix me disait, ce soir, s’être trouvé à Jérusalem, avec un placeur de vin, très voltairien, qu’un jour il rencontre dans la rue, tout bouleversé, tout extraordinaire, et qui interrogé par lui sur ce qu’il avait, lui répondit : « Je viens du tombeau du Christ, où je ne sais pas ce qui m’est arrivé, j’ai voulu dire une prière… je les avais oubliées… et je rentre à l’hôtel pour en apprendre une. » Lundi 27 octobre J’ai passé aujourd’hui toute la journée chez Lenoir, à chercher et à retrouver la ressemblance de mon frère, sur l’ébauche du médaillon, qu’il fait en découpure pour sa tombe.

1638. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Il faut vivre avant tout ; en vivant on se complète, en vivant on se démontre soi-même à soi-même ; en vivant, on apprend à vivre d’abord, à écrire ensuite ; en vivant on devient S.  […] Donc elle fit si bien, cette héroïne des derniers jours de la comédie expirante, et elle se conduisit, jusqu’aux limites suprêmes, avec tant de bonne volonté et de courage, que Paris attristé apprit en même temps la maladie et la mort de mademoiselle Mars ! […] Ainsi mademoiselle Mars était une de nos forces, ainsi elle qui était un texte inépuisable à toutes sortes de beaux et faciles discours qui donnaient à la critique de ce temps-ci un aspect tout nouveau, une forme inattendue, une grâce inespérée. — Elle a fait, mademoiselle Mars, de la critique une force bienveillante ; elle a appris à la critique le dévouement et la louange ; elle a donné à la critique cet accent nouveau et qui lui va si bien, l’accent même de la sympathie et du respect !

1639. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

On apprit donc un matin, non sans quelque surprise, qu’empruntant pour cette fois son rôle au brillant secrétaire perpétuel, M.  […] Troplong, bien près de sa fin alors lui-même (il est mort le 1er mars suivant), et qui ne se contentait pas de répondre par renvoi d’une simple carte aux lettres polies par lesquelles un collègue s’excusait, pour des raisons de santé trop justifiées, de ne pouvoir assister aux séances du Sénat : « (Palais du Petit-Luxembourg, le 3 février 1869.) — Mon cher collègue, je regrette bien d’apprendre par votre bonne lettre que l’état de votre santé nous prive de votre présence et vous retient chez vous.

1640. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

André, dans ses notes, emploie, à diverses reprises, cette expression : j’en pourrai faire un QUADRO ; cela paraît vouloir dire un petit tableau peint ; car il était peintre aussi, comme il nous l’a appris dans une élégie : Tantôt de mon pinceau les timides essais Avec d’autres couleurs cherchent d’autres succès. […] Une note qu’il me communique m’apprend quelques particularités de plus sur la mère des Chénier, cette spirituelle et belle Grecque, qui marqua à jamais aux mers de Byzance l’étoile d’André.

1641. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Il suffit de relever les procès-verbaux des assemblées provinciales tenues en 1787 pour apprendre en chiffres officiels jusqu’à quel point le fisc peut abuser des hommes qui travaillent, et leur ôter de la bouche le pain qu’ils ont gagné à la sueur de leur front. […] C’est pourquoi, « si certaines paroisses s’avisent d’être exactes et de payer sans attendre la contrainte, le receveur, qui se voit ôter le plus clair de son bien, se met de mauvaise humeur, et, au département prochain, entre lui, MM. les élus, le subdélégué et autres barbiers de la sorte, on s’arrange de façon que cette exacte paroisse porte double faix, pour lui apprendre à vivre »  Un peuple de sangsues administratives vit ainsi sur le paysan. « Dernièrement, dit un intendant678, dans l’élection de Romorantin, il n’y eut rien à recevoir par les collecteurs dans une vente de meubles qui se montait à six cents livres, parce qu’elle fut absorbée en frais.

1642. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

XIV Le lendemain, la couturière Nicette apprit tous ces détails par la Jumelle ; elle m’en parla. […] C’est ainsi qu’il apprit le nom de son propre ouvrage.

1643. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

J’appris qu’il vivait encore, qu’il s’était réconcilié avec l’Église au temps des rétractations, et qu’il était, depuis longues années, curé de la commune de Bessancourt, dans le département de Seine-et-Oise. […] XV J’appris par hasard qu’une des filles du menuisier Duplay, de la rue Saint-Honoré, existait encore, sous le nom de madame Lebas, dans la rue de Tournon ; qu’elle était la tradition vivante de cette famille qui avait donné à Robespierre une si longue et si intime hospitalité dans son intérieur, depuis son arrivée à Paris, pour siéger à l’Assemblée constituante, jusqu’à sa mort, dans laquelle il avait entraîné Duplay, sa femme et une partie de la famille Duplay.

1644. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Or, apprenez que « ses articles ne sont qu’une mosaïque ; on n’y sent aucune unité de travail. » Le prince est dupe, cette fois, d’une apparence typographique, de la multiplicité des guillemets. […] les dialogues où il exprime à Stella les inquiétudes de sa conscience et son dessein de redescendre sur la terre pour faire profiter les pauvres hommes de ce qu’il a appris dans un monde meilleur, et même, s’il le faut, pour souffrir encore avec eux… il y a dans tout cela une émotion, une beauté du sentiment moral, et comme un sublime tendre où M. 

1645. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Il n’en est plus ainsi, même dès le milieu de la vie ; et l’on apprend alors pourquoi la religion, cette science de l’âme, a mêlé l’horreur du meurtre à l’attentat contre soi-même. […] Goethe, qui apprit le français en même temps que sa langue maternelle ; qui, à dix ou douze ans, pendant l’occupation que les Français firent de Francfort, assistait tous les soirs aux représentations des drames français, et faisait lui-même à cet âge, génie précoce qu’il était, des pièces écrites en français ; qui, durant toute son éducation, achevée en France, lut et dévora avidement tous les écrits de la France ; Goethe, dis-je, appartient par mille liens à l’esprit général de la France et du Dix-Huitième Siècle.

1646. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Mais, si quelques-uns de nos meilleurs prosateurs (citons Montaigne, Montesquieu, Rivarol) sont des méridionaux, peut-être que cette spontanéité qui est nécessaire à la poésie, et qui fait qu’elle est plus une chose d’instinct que de raison, ne peut s’épancher que dans une langue dont les sons, la construction ont été mêlés à notre vie familière en ces années d’enfance où nous apprenons à sentir. […] Nous traduisons : Un maître joueur de flûte fut Berbiguier, de Caderousse, à qui Napoléon Ier fit présent d’une flûte cerclée d’or : On dit qu’étant enfant il avait appris son art, le long des roseraies du Rhône, en imitant sur son sifflet ou son flageolet de roseau, le chant des rossignols et des fauvettes.

1647. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Voyez plutôt la description d’un livre singulier usité chez les habitants de la Lune : « C’est un livre miraculeux…, où pour apprendre les yeux sont inutiles ; on n’a besoin que des oreilles. […] La botanique et la zoologie apprennent à classer les plantes et les animaux dans un ordre indiqué par leur structure même, et voilà des parentés inattendues qui se révèlent, une échelle des êtres qui s’ébauche, une série régulière de formes qui va de l’infiniment petit jusqu’à l’homme.

1648. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Néanmoins, par les concerts du Châtelet, le public apprend toujours à apprécier les œuvres du maître. […] Nous apprenons encore que Lohengrin va être monté à Turin et la Walküre à New-York.

1649. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

. — Mes expériences antérieures m’apprennent que les belles femmes sont brunes ; or vous êtes belle ; donc vous êtes brune. […] Je t’apprendrai le sens secret de mes paroles Et quand, dans le sommeil, nos lèvres s’uniront, Le songe effeuillera la pudeur des corolles Sur la limpidité mystique de ton front.

1650. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Bernard de Palissy jetant ses meubles au feu pour cuire ses faïences peut nous attendrir : mais le moyeu de s’apitoyer sur les tribulations d’un pédagogue à projets qui invente une méthode d’après laquelle les enfants apprendront à lire en huit jours ? […] Lucien Tenancier est un jeune gandin que le baron d’Estrigaud siffle, comme un oiseau de volière, et qui répète, du bout des lèvres, son répertoire, appris par cœur, de maximes scélérates et d’aphorismes cyniques.

1651. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Les chiffres eux-mêmes apprendront à chanter le Créateur et la création, quand ce ne seront plus des athées qui s’en serviront pour arpenter les astres, sans y découvrir le Suprême Mathématicien des mondes animés. […] L’histoire finira peut-être par apprendre aux hommes d’État ce simple axiome qui les fait sourire de pitié aujourd’hui.

1652. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Que nous a-t-il appris sur Cromwell que nous ne sussions ? […] n’apprennent rien à personne et ne sortent, par aucun côté, de la médiocrité la plus accomplie.

1653. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Les premières poursuites de la cavalerie n’ayant rien appris de positif, le maréchal Grouchy fut chargé avec un corps considérable (36,000 hommes) d’atteindre l’ennemi dans sa marche qu’on estimait plus confuse qu’elle ne l’était, de le suivre l’épée dans les reins, de le talonner, de l’empêcher de se rallier, et, s’il se rabattait vers Bruxelles du côté des Anglais, de le retarder le plus possible, en se tenant dans tous les cas entre lui et l’armée française, de manière à pouvoir se rallier à celle-ci dès qu’il y aurait lieu.

1654. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

Lorsqu’il apprit que mes Mélanges de Littérature grecque allaient être imprimés, il me pria de lui permettre de revoir les épreuves avec moi et d’en extraire au fur et à mesure, pour son usage particulier, tous les fragments nouveaux de poètes.

1655. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Ainsi, pour exprimer que trop souvent la pauvreté ôte à l’homme le sentiment de fierté et de dignité personnelle, Franklin disait : « Il est difficile à un sac vide de se tenir debout ; » ainsi, dans le Bonhomme Richard :« Un laboureur sur ses pieds est plus haut qu’un gentilhomme à genoux. » Comme Franklin, dont jeune il apprenait le métier à Péronne, dont plus vieux il renouvelle l’ermitage à Passy, Béranger a l’imagination du bon sens. — Un art ingénieux et délicat règne insensiblement dans la distribution du recueil, dans l’ordonnance et le mélange des matières, dans ces petits couplets personnels jetés comme des sonnets entre des pièces d’un autre ton, et surtout dans ce soin scrupuleux de faire revenir tous les noms des amis et anciens bienfaiteurs comme on ramène les noms des héros au dernier chant d’un poëme.

1656. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Certes, quoi qu’ait pu dire Vauvenargues, Fénelon n’aurait point parlé ainsi, lui qui, au moment où il apprit la mort de Fléchier, s’écria : « Nous avons perdu notre maître ! 

1657. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

La Fontaine ayant appris que le savant Huet désirait voir la traduction italienne des Institutions de Quintilien par Toscanella, qu’il possédait, s’empressa de la lui offrir en y joignant cette Épitre naïve en l’honneur des anciens et de Quintilien : ce qui prouvait, dit Huet, la candeur du poëte, lequel, en se déclarant pour les anciens contre les modernes dont il était l’un des plus agréables auteurs, plaidait contre sa propre cause.

1658. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Et d’abord, le jour de la première séance, il nous montre « tous les yeux fixés sur les représentants du tiers état, vêtus  d’un habit modeste, conformes à leur humble naissance et à leurs occupations habituelles. » Il nous apprend que, parmi ces représentants, si modestement vêtus, se trouvaient beaucoup de gens de lettres « qu’on a y avait appelés, parce qu’on les savait partisans de  systèmes, la plupart incompatibles avec l’état présent  des choses ; que, dans le principe, ces gens de lettres avaient été tenus à l’écart par les avocats et les  financiers, leurs collègues ; mais qu’à la fin ils avaient  repris le dessus et s’étaient faits républicains décidés » ; — que pourtant ces républicains décidés, lesquels étaient« d’un ordre plus élevé et de sentiments plus honorables » — que les jacobins de club, avaient surnommé ceux-ci « les enragés » ; — que néanmoins il y avait dans l’Assemblée de furieux démagogues, désignés sous le nom de Montagne ; et que, « quand les jacobins de la Montagne s’efforçaient d’interrompre Mirabeau par leurs rugissements, celui ci s’écriait d’une voix de tonnerre : Silence aux trente voix !

1659. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

Mais il s’agit ici de ses talents, et non de sa moralité ; distinction que nous n’avons que trop appris à faire depuis dix ans.

1660. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

. — Je vous demande pardon ; la raison ne saurait vous l’apprendre.

1661. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Ce n’est pas lui qui apprendrait de Boileau à faire le second vers avant le premier pour remplir ensuite le premier d’oppositions redondantes et d’épithètes explicatives.

1662. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

La poésie, qui se perdait dans l’imitation artificielle et les froides éruditions, se rapprocha de la réalité, elle apprit à puiser aux vraies sources des sentiments profonds et généraux : la foi catholique de Ronsard, le zèle protestant de d’Aubigné tira d’eux le meilleur et le plus pur de leur poésie.

1663. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Au temps déjà lointain où j’apprenais l’histoire de la littérature française sur les bancs du collège, un nom m’avait frappé parmi ceux des poètes de la Pléiade : Ponthus de Thyard.

1664. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Si vous relisez les chroniques du mois dernier, il est probable qu’elles vous sembleront insipides, superflues, et que vous n’y apprendrez rien.

1665. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Puis elle prophétise vaguement et magnifiquement la religion future et le triomphe du juste et du vrai… A ce moment on apprend que Romulus a tué son frère. « Mauvaise nouvelle !

1666. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Vous apprendriez sans nulle surprise que la femme s’appelle Titine, et l’un des homme Bibi, et l’autre la Terreur des Ternes.

1667. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre III. L’antinomie dans la vie affective » pp. 71-87

Les intellectualistes oublient que les idées n’ont d’influence que si elles tombent sur un sol favorable ; si elles ont une résonance dans l’organisme, que si elles ne sont pas seulement apprises et comprises, mais senties.

1668. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Grâce à lui, la foule apprit avec stupeur que le vicomte de Bornier n’incarnait pas à lui tout seul la Poésie française et qu’il y avait une autre esthétique que celle de Francisque Sarcey.

1669. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Ce fut probablement en sortant du désert que Jésus apprit l’arrestation de Jean-Baptiste.

1670. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Nous apprenons à mieux pénétrer les secrets de composition de nos grands auteurs.

1671. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre III »

Il nous apprend que le sieur Mauriceau, accoucheur, ayant inventé un instrument, l’appela tire-tête.

1672. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

La ballade de Lénore si médiocrement sentimentale chez Burger, se révèle, au contraire, dans sa forme orale, telle qu’une admirable vision fantastique ; et le Plongeur, — une des plus populaires des chansons connues, comme il y a loin de celle de Schiller, qu’apprennent les écoliers, à celles que chantent les vieilles « le soir à la chandelle » !

1673. (1902) L’humanisme. Figaro

Paul Bourde, nous apprend que, détachés de toutes les vieilles croyances, un certain nombre de penseurs « jeunes et hardis » se bornent maintenant à prêcher et à pratiquer l’humanisme.

1674. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Faguet et Brunetière semblent poser en principe que les beautés de l’écrivain sont visibles pour tous, que ses défauts seuls sont cachés ; comme le devoir d’un bon critique est d’apprendre quelque chose à ses lecteurs, il vaut mieux assurément leur montrer des défauts que de ne rien leur montrer du tout.

1675. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Comme on le voit, ses jours et ses nuits étaient pleins de la même idée, et il tâchait de dérober à ces ruines tout ce qu’elles peuvent apprendre à un penseur.

1676. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Cette triste expérience dut apprendre à l’abbé d’Aubignac que le génie fait tout, que du moins sans lui les règles ne sont rien.

1677. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Elle apprend qu’il est très-malade à Francfort & va le joindre.

1678. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Les ouvriers ne peuvent point passer maîtres, s’ils ne présentent un chef d’œuvre qui fasse connoître qu’ils méritent ce titre ; & un jeune orateur aura l’impudence de déclamer en public, sans avoir auparavant exercé ses talens en particulier, ou corrigé ses défauts en secret. » Il est étonné qu’il n’y ait pas une chaire publique pour apprendre à déclamer.

1679. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

Quant aux mathématiques proprement dites, il est démontré qu’on peut apprendre, dans un temps assez court, ce qu’il est utile d’en savoir pour devenir un bon ingénieur.

1680. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Cette voix des hommes, qui n’est plus la parole que nous apprîmes à bégayer en naissant, nous cause une tristesse inexprimable.

1681. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Franz, avec sa préface admirative, mise à la tête du livre, pour nous apprendre que la dame Chez Lacroix, cosaque, auteur ou muse de ce livre, au luxe et aux passions cosaques, est, après tous ses tapages de faste et de passion, réduite maintenant à la pauvre mansarde) où elle vit modestement, entre son piano et son lit de fer (je le crois de fer, effectivement), ce qui, par parenthèse, est très peu cosaque ; si cet honnête et fort inconnu M. 

1682. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Ce ne fut que bien longtemps après que Mme Sand fut sûre de l’opinion publique, — de cette ânesse d’opinion publique, bâtée par elle et qui l’avait prise sur son dos comme un homme, qu’on la vit renoncer au califourchon sur cette bête bien apprise et ne plus faire une culotte de sa jupe, pour mieux s’y tenir.

1683. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Avant de légiférer pour son propre compte et en son privé nom, il nous a donné, en abrégé, l’histoire du duel en France, et cette histoire démontre, à toute page, l’inanité des législations quand il s’agit de changer et de modifier des mœurs toujours victorieuses d’elles… L’esprit moderne, dont la manie est de croire aux constitutions, qui sont les créations de son orgueil et que le vent de cette girouette a bientôt emporté, l’esprit moderne, qui méprise si outrageusement et si sottement le passé, apprend ici, une fois de plus, que tout dans l’histoire ne se fait pas de main d’homme, et que les coutumes ne s’arrachent pas du fond des peuples comme une touffe de gazon du sol… Saint-Thomas, dont le bon sens (heureusement pour lui) ne me fait point l’effet d’être dévoré par l’esprit moderne, semble l’avoir compris.

1684. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Écrite avec cette correction qu’on apprend aux écoles et qu’elles croient de l’élégance, elle n’est guère qu’un lieu commun renouvelé d’une rhétorique inépuisable.

1685. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

— l’ont appris enfin, après deux siècles, ils se sont conduits en vrais Anglais et ils n’ont rien négligé pour faire à Shakespeare une histoire, et lui tailler la statue d’une biographie.

1686. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Et que les conservateurs actuels, qui, malheureusement, ne savent pas toujours ce qu’ils ont à conserver, après avoir lu le livre de Champagny et appris ce que furent pour Rome la nationalité et la famille, osent enfin demander la force de notre pays à cette centralisation qui est le souvenir de l’ancienne unité romaine, et qui pourrait nous rapporter la même gloire !

1687. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

L’histoire des peuples pyrénéens, non seulement telle que Cénac-Moncaut l’écrit, mais telle qu’on peut la concevoir, ne met en lumière rien de plus que ce que les autres histoires de la Féodalité chrétienne nous apprennent sur elle, depuis qu’elle s’est établie dans le sang mêlé du peuple romain et des barbares.

1688. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Mère à qui la tendresse avait appris la vraie science, l’Église savait mieux que l’Économie politique de nos jours le mystère de la douleur humaine et ses profondes complexités.

1689. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Le grand moraliste américain appelle cela : « Apprendre la vie !

1690. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

… Ou diable Babou, qui jusqu’ici était un peu diable, a-t-il appris ces choses ?

1691. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Ou bien encore : « Shakespeare est un grand psychologue, et l’on apprend dans ses pièces à connaître le cœur humain (page 89). » Quelle nouveauté et quel renseignement !

1692. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Ces deux livres nous apprennent assurément beaucoup de choses piquantes sur Charles-Quint et les dernières années de sa vie, mais l’important, ils ne le disent pas !

1693. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Il nous apprend que ce peuple, vanté pour ses vertus par des philosophes qui n’en avaient pas, fut peut-être autant que les Richelieu, les de Gesvres et les d’Épernon, tous ces abominables pourrisseurs du Roi, dans les vices de ce jeune souverain qui commença son règne de débauche par la timidité avec les femmes, comme Néron commença le sien par la clémence… Dans ce temps, qui ne fut pas long, il est vrai, d’une sagesse qui n’était que de l’embarras rougissant et honteux, le peuple tout entier de la France d’alors s’impatientait et se moquait de cette sagesse.

1694. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

certainement, on savait cela avant que l’abbé Maynard se donnât tant de peine pour le prouver, et, d’un autre côté, on ne l’aurait pas su, qu’il fallait nous l’apprendre avec moins de pesanteur, de traîneries, d’épluchettes, et c’était aisé, — et il y aurait eu dans cette biographie plus de noblesse et peut-être plus de clarté !

1695. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

. ; ces passages, magnifiques comme expression, n’apprenaient rien de nouveau, ne modifiaient rien de ce qu’on sait sur la manière de Lamennais, et n’avaient le droit d’étonner personne.

1696. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Gogol a beau vouloir n’être que Russe, il a beau regimber contre l’influence française et l’influence allemande, il les porte toutes les deux sur sa pensée : il a appris le latin dans Richter et dans Voltaire.

1697. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Louis Veuillot qui, comme il nous l’apprend, fut l’ami du marquis de Valdegamas.

1698. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Elle a eu de grands poètes, de grands artistes, des hommes politiques à la manière de Machiavel, comme furent Talleyrand et Fouché, des observateurs scientifiques de la force de Cuvier et de Geoffroy Saint-Hilaire, et par-dessus tout elle a eu Napoléon, un homme taillé comme un diamant de plusieurs côtés différents, et par tous jetant le feu et la lumière, — Napoléon, l’homme le plus étonnant dans le fait qui ait peut-être jamais existé ; — mais de métaphysicien égal à ces esprits supérieurs dans sa spécialité transcendante, il faut le dire, pour apprendre aux philosophes à être modestes, le xixe  siècle et la langue française n’en ont point encore.

1699. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Mais ce que je sais, ce que ce livre m’a bien appris, c’est que Caro est d’un spiritualisme de bonne trempe qui ne s’est pas laissé fausser par les idées populaires, actuellement, en philosophie, et que son livre est, contre ces idées, une superbe manifestation.

1700. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Nous apprenons là que les oiseaux ont des instituteurs, des pédagogues, des Quinet.

1701. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

… Les voluptueuses fatigues d’André Chénier lui-même, en ses sensuelles Elégies, ne sont pas des rêveries comme celles que Lamartine apprit à la France… L’auteur d’Armelle dut boire avec délices de cette rosée céleste, et son esprit, qui était fait pour elle, n’a pas cessé, par tous ses pores, de l’exhaler.

1702. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Seulement, Joubert ne l’aurait pas prévu, cet heureux joueur de dominos s’est établi dans la renommée mieux qu’on ne s’établit au café, où l’on s’attable, mais où l’on ne reste pas, et il est resté à la même place dans une renommée tout de suite faite, et conservée par les générations qui ont suivi et qui se transmettent héréditairement les admirations enseignées et les réputations apprises… Et tout le monde est, plus ou moins, victime de cela !

1703. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Brucker, puisqu’il se frappe dans son passé de toute la force de sa supériorité d’aujourd’hui) avait été élevé par un prêtre apostat et marié, qui, au lieu de lui apprendre à prier Dieu, avait empoisonné son enfance, en la plongeant dans le naturalisme païen du vieux Pline ?

1704. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Ils l’appellent l’esprit de la lune, l’espérit des ciales, et même l’évêque des cigales, les jours où ils l’aiment davantage, car ils l’aiment, cet homme qui en sait plus long qu’eux, par les seules forces mystérieuses de sa pensée, sans avoir comme eux rien appris !

1705. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

L’auteur de La Guzla, qui nous apprend, dans la préface de la seconde édition de cet ouvrage, qu’il s’est amusé à mystifier le public en traduisant un livre qui n’a jamais existé, et qu’il a écrit de manière à ce que les plus savants de l’Europe y ont été pris, tout simplement pour l’avoir poudré, ici et là (Macpherson à trop bon marché !)

1706. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

C’est toujours le mot si comique de madame de Staël, de madame de Staël avec laquelle pourtant l’Autorité avait le droit de se montrer plus sévère que la Critique n’a le droit de se montrer distraite avec Gravillon : « Si vous avez des enfants, monsieur, — disait-elle en riant au colonel de gendarmerie qui la reconduisait à la frontière de Suisse, — apprenez-leur ce que le talent rapporte et dégoûtez-les d’en avoir ! 

1707. (1903) La pensée et le mouvant

Hors de soi, l’effort pour apprendre est naturel ; on le donne avec une facilité croissante ; on applique des règles. […] En revanche, si l’on accepte une telle méthode, on n’aura jamais assez fait d’études préparatoires, jamais suffisamment appris. […] Nul doute que chacun des résultats acquis par l’humanité ne soit précieux ; mais c’est là du savoir adulte, et l’adulte le trouvera quand il en aura besoin, s’il a simplement appris où le chercher. […] Avec ce qu’il a lu, entendu, appris, nous pourrions sans doute recomposer la plus grande partie de ce qu’il a fait. […] Ce ne fut pas par simple amusement qu’il apprit à peindre.

1708. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Il y met deux ans, « J’avais appris à ne désespérer d’aucune chose. […] monsieur, je ne crains pas, avec le secours de la grâce de Dieu, qu’aucune marque de bonté me fasse jamais oublier ce que je dois à mon honneur ; mais ma nature est trop franche et ouverte pour me faire souhaiter d’être ingrate, et si je devais connaître une pensée que je n’ai point encore apprise, avec quel regret descendrais-je dans mon tombeau de penser que je ne saurais haïr l’auteur de ma perte, et qu’au grand dernier jour je dois me lever comme accusatrice de la pauvre malheureuse âme que je souhaiterais pouvoir sauver1044 !  […] Il court chez Allworthy pour se plaindre de Jones, qui ose faire la cour à sa fille. « Il a eu de la chance que je n’aie pas pu l’empoigner ; je l’aurais roulé, j’aurais dérangé son miaulement ; j’aurais appris à ce fils de gueuse à mettre la main au plat de son maître. […] Nous apprenons de lui que la vie est courte et que nous devons mettre à profit le peu de moments qui nous sont accordés1097, qu’une mère ne doit pas élever son fils comme un petit-maître, que l’homme doit se repentir de ses fautes, et néanmoins éviter la superstition, qu’en toute affaire il faut être actif et non pressé.

1709. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Il fut de ceux qui apprennent à désespérer avec énergie et avec calme, et certes il enseignait le courage ; mais sans rien de ce sourire, où entrent de la confiance et quelque joie, avec lequel les énergiques disent : « Courage !  […] J’entends par résultats négatifs que Renan nous apprit ou parut nous apprendre à n’être pas sectaires, à n’être pas intolérants, à ne pas nous haïr les uns les autres pour raisons de doctrine, etc. ; et ceci ne laisse pas d’être précieux ; mais il ne nous apprit point à être quelque chose, et ne nous donna ni une nouvelle croyance, ni une nouvelle doctrine, ni une confirmation des anciennes. […] Trois ou quatre fois dans un seul volume (les Promenades dans Rome, II), Stendhal nous parle de Lafargue mystérieusement et d’un ton pénétré, comme le prêtre parle de son Dieu : « L’an passé, les tribunaux nous ont appris plusieurs assassinats commis par amour ; les accusés appartenaient tous à cette classe ouvrière, qui, grâce à sa pauvreté, n’a pas le temps de songer à l’opinion du voisin et aux convenances. […] C’est sur l’humanité souffrante qu’il se penche avec intérêt, et c’est la pathologie seule et la thérapeutique, s’il est possible, qu’il veut apprendre ; et comme il y a deux thérapeutiques possibles, la sociologie et la morale, il n’a été et n’a voulu être que sociologue et moraliste. […] On apprend dans Proudhon que Virgile a voulu brûler l’Enéide, parce qu’elle était déjà, mais n’était pas assez, un livre de morale sociale qui aurait renouvelé le monde et rendu inutile le christianisme.

1710. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Et quand j’apprends que, historiquement, c’est par une explication des symptômes névrotiques qu’il a commencé, je me demande si toute sa théorie des rêves et des lapsus n’est pas une extension un peu arbitraire, ou du moins trop systématique, d’une idée juste à un domaine qui ne pouvait pas la recevoir, tout au moins sous sa forme textuelle. […] Mais il se débat trop loin, trop confusément ; à peine si je perçois le reflet neutre où se confond l’insaisissable tourbillon de couleurs remuées ; mais je ne peux distinguer la forme, lui demander, comme au seul interprète possible, de me traduire le témoignage de sa contemporaine, de son inséparable compagne, la saveur, lui demander de m’apprendre de quelle circonstance particulière, de quelle époque du passé il s’agit. […] Si je venais de penser à mes parents avec tendresse et de prendre les décisions les plus sages et les plus propres à leur faire plaisir ils avaient employé le même temps à apprendre une peccadille que j’avais oubliée et qu’ils me reprochaient sévèrement au moment où je m’élançais vers eux pour les embrasser 17. […] Il avait cru qu’il pourrait s’en tenir là, qu’il ne serait pas obligé d’en apprendre les douleurs ; comme maintenant le charme d’Odette lui était peu de chose auprès de cette formidable terreur qui le prolongeait comme un double halo, cette immense angoisse de ne pas savoir à tous moments ce qu’elle avait fait, de ne pas la posséder partout et toujours ! […] Il avait cru qu’il pourrait s’en tenir là, qu’il ne serait pas obligé d’en apprendre les douleurs ; comme maintenant le charme d’Odette lui était peu de chose auprès de cette formidable terreur qui le prolongeait comme un trouble halo, cette immense angoisse de ne pas savoir à tous moments ce qu’elle avait fait, de ne pas la posséder partout et toujours !

1711. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Je veux croire que l’auteur de Latréaumont n’a pas appris la vénerie dans les livres, et qu’il a lui-même mis en pratique les savants et excellents préceptes qu’il expose dans le texte et dans les notes de son roman ; j’irai même, si l’on veut, jusqu’à espérer qu’il ne se tromperait pas de trois mois sur l’âge d’un cerf en interrogeant les fumées du gibier. […] Si le lecteur consent à suivre Louis de Rohan dans une chasse, c’est avec l’unique espérance de voir se dessiner le personnage du chevalier ; or, tous les préceptes de la vénerie ne lui apprennent rien sur ce qu’il désire savoir. […] C’est un livre d’une lecture fatigante, qui n’apprend rien ou presque rien, mais qui accuse chez le narrateur un singulier désir de briller à tout prix. […] Dès qu’il a quitté le terrain lyrique pour offrir à la foule l’antithèse et le spectacle, les hommes lettrés se sont éloignés de lui, parce qu’il n’avait plus rien à leur apprendre. […] Assister au développement progressif, à l’élargissement régulier de la pensée, voir comment les idées s’ordonnent et s’enferment concentriquement l’une dans l’autre, c’est plus qu’apprendre la stratégie, c’est assister à une bataille.

1712. (1925) Proses datées

c’est dans ces promenades nocturnes, par cette interminable rue qui ne mène nulle part, que j’apprends à connaître son âme charmante et divinement innocente, son âme délicieuse, et, chaque fois que je me retrouve, en rêve, dans cette rue qui n’a pas de nom, j’attends avec joie la rencontre du merveilleux passant. […] Georges Swettenham, commandant du port pour Sa Majesté britannique, n’eût appris qu’un naufrage avait eu lieu en ces parages et envoyé un canot à la recherche des survivants. […] La vie d’un La Pouplinière nous apprend donc quel emploi faisait de sa fortune un Fermier général au dix-huitième siècle, quel rang elle lui donnait dans le monde, quels plaisirs il en tirait, quels soucis lui en incombaient. […] Leur costume nous apprend leur siècle, leur condition, leur rang. […] En attendant, je vous conseillerai de faire apprendre à Monsieur votre fils : 1° les deux premiers volumes du cours de M. 

1713. (1887) George Sand

Tout ce qu’elle apprenait par les yeux et par les oreilles entrait en ébullition dans sa petite tête, elle y songeait au point de perdre souvent la notion de la réalité et du milieu où elle se trouvait. Avec de pareilles dispositions, l’amour du roman, sans qu’elle sût encore ce que c’était que le roman, s’empara d’elle avant qu’elle eût fini d’apprendre à lire. […] Dans les jours orageux de la jeunesse on rêve de vivre au désert, on s’imagine que la solitude est le grand refuge contre les atteintes, le grand remède aux blessures que l’on recevra dans le combat de la vie ; c’est une grave erreur : l’expérience nous aura bientôt détrompés et nous apprendra que, là où l’on ne vit pas avec des semblables, il n’est point d’admiration poétique ni de jouissance d’art capables de combler l’abîme. […] « Je ne sais rien, disait-elle ; mais cependant il me reste quelque chose d’avoir beaucoup lu et beaucoup appris… Je ne sais rien, parce que je n’ai plus de mémoire ; mais j’ai beaucoup appris, et à dix-sept ans je passais mes nuits à apprendre. […] Je vous ai dit : Vous pouvez l’être si vous apprenez tout.

1714. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Daniel Valgraive apprend qu’il est condamné par les médecins, qu’il lui reste une année à vivre. […] Même on apprit qu’il s’était enfermé dans un couvent de trappistes. […] Lazare qui nous apprend que M.  […] Ils savent tout sans avoir jamais été obligés de rien apprendre. […] On nous apprend que dans l’Art littéraire « depuis un an déjà M. 

1715. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Voyons Fléchier tel qu’il était, apprenons à le goûter dans les qualités qui lui sont propres et qui lui assurent un rang durable comme écrivain et comme narrateur ; ne craignons pas de nous le représenter dans sa première fleur d’imagination et d’âme, dans sa première forme de jeune homme, d’abbé honnête homme et encore mondain ; et bientôt sans trop de complaisance, sans presque avoir à retrancher, nous arriverons insensiblement à celui qui n’avait eu en effet qu’à se continuer lui-même, et à se laisser mûrir pour devenir l’orateur accompli si digne de célébrer Montausier et Turenne, et l’évêque régulier, pacifique, exemplaire, édifiant. […] Comme un homme qui dès sa jeunesse a vécu avec les honnêtes gens, il croit à la vertu chez les autres ; et même lorsque cette vertu n’est point parfaite d’abord, il estime quelle doit gagner avec le temps, et que les années y mettant la main, elle se perfectionnera : Rien n’est plus capable, dit-il en concluant ce chapitre, de rendre un homme sage qu’une femme sage ; et on peut maintenant dire à la louange des dames, qu’elles apprennent à vivre à ceux qui les voient.

1716. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Comme elle apprenait à lire, étant enfant, par les soins de sa sœur aînée, dans Florian, dans Estelle et Némorin, on lui faisait épeler surtout le paragraphe où il est dit (c’est le vieux Raimond qui s’adresse à Némorin) : « Cependant vous aimez ma fille ; » et là-dessus elle se sauvait dans le cimetière pour n’en pas lire davantage, et en répétant ce mot-là durant de longues heures. […] … Espérons… » C’est cette sœur aînée Cécile, qui avait appris à lire à la jeune Marceline, tout enfant, et l’on trouve en maint passage des poésies un souvenir esquissé de cette douce figure.

1717. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

On en sait peu de chose, sinon ce que lui-même nous apprend dans l’épigramme suivante, qu’il avait composée pour son tombeau : « Ma nourrice est l’île de Tyr ; pour patrie attique j’ai eu la Syrienne Gadare ; fils d’Eucratès, moi, Méléagre, j’ai poussé avec les Muses, et ma première course s’est faite en compagnie des Grâces Ménippées. […] Il arrive à Méléagre, qui rappelle si à l’improviste Lamartine, de faire songer également à Virgile ; il avait dit avant celui-ci, et plus brièvement, le Non ignara mali, miseris succurrere disco : J’ai, pour avoir souffert, appris à compatir126.

1718. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Une chose des plus faites pour étonner, c’est lorsque, venant à retrancher tout ce qui n’est que bonne éducation, bonnes intentions, bonnes manières, jugements appris, on découvre un matin combien de gens au fond sont bêtes. […] En général, les premières éditions ont une physionomie qui n’est qu’à elles, et apprennent je ne sais quoi sur le dessein de l’auteur, que les autres, augmentées et complétées, ne disent plus.

1719. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

et comme, en fin de compte, toutes contradictions vidées, on se trouvait avoir plus gagné, plus appris qu’on ne l’eût jamais fait en s’en tenant au procédé négatif, répulsif et commodément paresseux de l’ancienne école, dite l’école du goût ! […] Quel cours de droit féodal nous en apprendrait davantage sur la sainteté du lien de vassal à seigneur lige ?

1720. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

134 Il attend apparemment que les chiens viennent l’étrangler. « On assomme la pauvre bête » ; un manant lui coupe le pied droit et la tête ; on les cloue à la porte du seigneur, avec un avertissement en style picard, à l’usage « des biaux chires leups » encore novices, et qui apprennent leur métier aux dépens de leur peau. […] Ils apprennent, et il sait ; ils prouvent, et il voit.

1721. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Elle avait appris en frémissant d’indignation, mais sans pâlir, le massacre de Suleau dans la cour des Feuillants, les cris de rage des assassins, les fusillades des bataillons aux portes de l’Assemblée, les assauts tumultueux du peuple pour forcer l’entrée du couloir et venir l’immoler elle-même. […] Les salves de l’artillerie allèrent apprendre aux faubourgs les plus lointains que la royauté était suppliciée avec le roi.

1722. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Heureusement pour lui, le duc d’Urbin, qui estimait son caractère et son talent, apprit par hasard son passage à travers ses États ; il l’arrêta à Pesaro et lui donna l’hospitalité dans une maison de campagne située sur les collines qui entourent la ville, où les prairies, les bois, les eaux et la vue de la mer Adriatique, formaient un horizon inspirateur pour le poète fatigué des vicissitudes du sort. […] Il apprit avec horreur, à cette époque, que sa sœur Cornélia, mariée à un jeune gentilhomme de Sorrente nommé Sersale, avait été enlevée par les Turcs dans une des fréquentes descentes qu’ils faisaient sur les côtes d’Italie.

1723. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

LXVIII On pouvait encore mener doucement sa pauvre vie et bénir Dieu et la Madone dans cette condition ; je devenais vieille, Antonio était infirme, mais patient ; le temps coulait, comme l’eau de la source, entraînant sans bruit les feuilles mortes comme les années comptées dans sa course ; les enfants s’aimaient, ils étaient gais ; un frère quêteur du couvent de San Stefano leur avait appris, en passant, leur religion ; ils étaient aussi obéissants à moi qu’au vieil Antonio, et nous confondaient tellement dans leur tendresse, que la fille ne savait pas si elle était ma fille ou celle d’Antonio, et que le garçon ne savait pas dire s’il était mon fils ou celui du vieillard. […] Quant à Hyeronimo, quand on lui parlait seulement du capitaine des sbires, il devenait pâle de colère comme le papier, et sa voix grondait en prononçant son nom, comme une eau qui bout dans la marmite de fer sur notre foyer ; pourtant, il ne lui souhaitait point de mal ; il était trop doux pour en faire à un enfant ; mais il voyait bien, sans que rien fût dit sur ce sujet entre nous, que cet homme puissant voulait nous enlever par caresse, par astuce ou par violence plus que le pré, la vigne, les mûriers ou notre part du châtaignier : c’est peut-être cela, monsieur, qui lui fit comprendre qu’il aimait plus que d’amitié sa cousine, et c’est peut-être aussi la peur du sbire qui apprit après à Fior d’Aliza combien Hyeronimo lui était plus qu’un frère.

1724. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

La femme doit porter neuf mois son fruit dans son sein, l’enfanter dans la douleur, remplir pour lui ses mamelles du lait, premier aliment de l’homme ; approcher à toute heure du jour ou de la nuit cette source de vie des lèvres de son enfant, le porter dans ses bras pendant cette longue période de mois et d’années où le sein de la mère n’est pour ainsi dire qu’une seconde gestation de l’homme, lui apprendre à connaître, à balbutier, à aimer, à répondre à son sourire. […] Et les mouvements d’un cœur sensible, ces mouvements qui devaient vous être inconnus, les aviez-vous appris pour être plus certains de vos cœurs ?

1725. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

J’appris à connaître la mort sur les lèvres de celui qui m’avait donné la vie. […] J’appris, en rouvrant les yeux, que le sacrifice était consommé, et que ma sœur avait été saisie d’une fièvre ardente.

1726. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Laissons aussi Camille Jordan690, un survivant de la Révolution, le clair et prolixe orateur des Cinq-Cents, qui n’apprit jamais à être court, mais dont l’abondance était souvent relevée d’une alerte ironie ; laissons le due de Broglie qui faisait à la Chambre des Pairs son apprentissage de doctrinaire. […] On aura une idée de son tour d’imagination par ce seul passage : « Les Bourbons reviennent, ils reparaissent au milieu d’un peuple nouveau, entourés des solennelles antiquailles de l’ancien régime, de prélats anti-concordataires pleins des idées serviles d’autrefois, ennemis de tout ce que n’avait pas vu leur jeunesse, Gers de n’avoir rien appris depuis quarante ans ; de vieux abbés dont l’ambition moisie dans l’exil infectait les antichambres du château ; de valets aux genoux d’autres valets : tout cela se remuait et fourmillait à la cour des fils de Louis XIV, comme des vers dans un cadavre. » (XII. 262.)

1727. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Dans ces pièces il y a trois choses : « 1° le sujet ancien imité, qui était formé déjà d’éléments divers ; 2° les mœurs et les sentiments modernes combinés avec ce sujet ancien ; 3° sous les formes et les modes propres à telle époque déterminée, la peinture de l’homme et de la femme tels que les ont faits la nature et la civilisation39. » Comment Racine a été conduit à opérer ces savants mélanges, voici une page qui nous l’apprend : Telles étaient les conditions de l’œuvre dramatique à cette époque : pour le fond, l’influence de la Renaissance gréco-latine avait décidément triomphé ; on était voué aux sujets anciens ; quant à la forme, celle de la tragi-comédie, depuis l’aventure du Cid, ayant été écartée comme peu compatible avec les fameuses règles des trois unités ( ?) […] Et en effet, c’est la nourrice damnée qui fait tout ; Phèdre n’a plus sa tête quand elle laisse Oenone accuser Hippolyte ; elle allait se dénoncer quand elle apprend qu’elle avait une rivale, et sa raison part de nouveau.

1728. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Dans l’isolement, il avait appris à se connaître lui-même, il s’était fait un ami de son propre coeur. » Indiana, c’est déjà Norah. […] Parfois, disais-je, chez les écrivains de mon pays, même chez les meilleurs, — et surtout chez les romantiques  je discerne et je sens quelque phraséologie, une rhétorique inventée ou apprise, des artifices systématiques de langage ; et il arrive que cela me fatigue un peu.

1729. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Nous y apprenons en détail ce que nous savions en gros ; nous y voyons jour par jour la vie de misères, de déceptions, de pauvreté et de douleurs que mena sans interruption cette passionnée créature qui fut éminemment une « pas de chance », et qui eut une âme admirable et un peu de génie. […] Bertinazzi, par Latouche (Paris, Michel Lévy, 1867), nous apprend que Hyacinthe-Joseph-Alexandre Chabaud de Latouche est né le 3 février 1785.

1730. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Tout ce monde, par divertissement, apprend les noms des auteurs et prête attention à leurs gestes et à leurs attitudes, comme l’habitué d’un café connaît la physionomie de la caissière et s’amuse à distinguer les diverses inflexions de voix des garçons pour crier : « Boum ! […] Nous nous instruisons, en attendant, au théâtre ; nous apprenons à comprendre l’évolution d’où sortira le monde futur.

1731. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

J’ai appris ici les catastrophes arrivées au S.  […] Ce prince m’a appris dernièrement la mort de mon ancien chef, M. de Villebois, et il n’a pu rien me dire du général Dubosquet, auquel je l’avais prié de remettre un exemplaire de mes Études.

1732. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Oui, si par bien peindre et être bon poète, on peut entendre ne manquer ostensiblement à aucune règle convenue, s’exprimer couramment dans le langage de tout le monde et savoir relier habilement par des procédés connus des phrases apprises et des poncis. […] Il a réussi à faire un bréviaire de séduction, où les filles les moins délurées et les plus pieuses apprendront à tromper la vigilance de leurs parents, et à forcer, par les moyens les moins catholiques, les coeurs qu’elles ont choisis.

1733. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Lorsque la grande épreuve de Shakespeare aura été faite, lorsque notre public connaîtra la plus belle poésie dramatique des temps modernes, comme il a appris celle des temps antiques dans les chefs-d’œuvre de notre scène, alors, toutes les questions étant éclairées, tous les trésors mis à découvert, tous les systèmes comparés et appréciés, un homme de génie viendra peut-être, qui combinera tous ces éléments, leur donnera une forme nouvelle, et plus heureux que nos grands maîtres des grands siècles, en fera jaillir la véritable tragédie française, un drame national, fondé sur notre histoire et sur nos mœurs, sans copier qui que ce soit, pas plus Shakespeare que Racine, pas plus Schiller que Corneille, comme le dit M.  […] La critique devrait donc apprendre à se montrer un peu indulgente pour certains défauts, et très difficile sur la nature des beautés.

1734. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Bédoch n’a jamais été un nom illustre, mais où apprendra-t-on à bien prononcer ce nom estimable, sinon dans les comptes rendus de la session de 1814 ?

1735. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

C’est le plus admirable lieutenant, le plus parfait élève qui vient de gagner l’estime, l’amitié du maître, et à qui Bonaparte, dès le lendemain (le 15), écrit : « Je vous apprends avec plaisir, mon cher général, que le général Augereau a attaqué hier l’ennemi, lui a pris quelques hommes, douze pièces de canon, lui a brûlé ses ponts, etc. » Joubert, enfin, chargé seul de poursuivre et d’achever Alvinzi dans cette journée du 15, écrit à Bonaparte, le soir même : J’ai parfaitement suivi vos dispositions pour l’attaque de la Corona ; le succès a été au-delà des espérances : trois pièces de canon, quatre ou cinq mille prisonniers ; Alvinzi lui-même, précipité dans les rochers et se sauvant comme un éclaireur sur l’Adige et sans soldats : tel est en abrégé le résultat de cette affaire.

1736. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Sous le titre Avril, Mai, Juin, j’ai reçu il y a deux ans un recueil de sonnets41, où deux jeunes amis se sont mis à chanter de concert tout un printemps et sans livrer au public leur nom ; je ne l’ai moi-même appris qu’à grand’peine (Léon Valade et Albert Mérat).

1737. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Il était lui-même le premier à sentir qu’il se livrait trop au plaisir de voir et d’apprendre indéfiniment, qu’il embrassait trop à la fois dans ses courses buissonnières à travers le monde, et il s’en confessait de bonne grâce, sauf à récidiver le lendemain.

1738. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

La république des lettres ne s’étend point dans des lieux où elle sait qu’elle n’a que des ennemis, occupés sans cesse à désapprendre ou à oublier ce que la curiosité leur avoit fait rechercher, pour renfermer toute leur application et leur étude dans le seul livre de Jésus-Christ. » Chaque fois que l’incorrigible Nicaise recommence, Rancé réitère cette profession d’oubli : « Tous les livres dont vous me parlez ne viennent point jusqu’à nous, parce qu’on les regarde comme perdus et comme jetés dans un puits d’où il ne doit rien revenir. » Le bon abbé Nicaise ne se décourage point pourtant ; à défaut des ouvrages d’autrui, il enverra les siens propres, et il espère apprendre du moins ce qu’on en pense.

1739. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Il avait vu beaucoup, et peu lu ; il avait eu déjà de grandes sensations, mais il était complètement étranger à l’art de les exprimer, il avait erré comme un pauvre enfant aux pieds de ces Alpes où il avait reçu le jour ; et l’abondance de sentiments qu’il avait éprouvés au milieu des misères d’une vie incertaine n’avait trouvé d’autre forme pour se répandre que la musique, cette langue de l’air, du vent et de l’orage, que le génie a ravie à Dieu, et que ce jeune homme avait apprise tout seul en écoutant les échos de ses montagnes.

1740. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Il fait sentir cette impression redoutable, ce frisson glacé qu’éprouve l’homme, alors que, plein de vie, il apprend qu’il va périr.

1741. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Nous apprenons, en envoyant ces feuilles à l’impression, que M. 

1742. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Elle a trouvé le remède aussi : dans l’extrême vieillesse, elle apprend à aimer, à pleurer ; elle guérit l’ennui par la souffrance.

1743. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Nous avons donné des fantasias, qui faisaient honneur à notre esprit, et n’apprenaient rien, ou rien de vrai, sur nos auteurs.

1744. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Ses enfants continueront son œuvre, rencontreront sans doute des papillons plus éducables et tenteront à leur tour de leur apprendre à vivre.

1745. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Treitschke ne nous avait pas encore appris que ce sont là des rêveries démodées.

1746. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Je vois un enfant courir, sauter, franchir une barrière ; j’en conclus qu’il est agile ; la conclusion est irréfutable, mais elle ne m’apprend rien de neuf.

1747. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Je n’ai pu découvrir quelles femmes entrèrent les premières dans la société de la jeune marquise : on apprend seulement de Segrais, que les princesses la voyaient, quoiqu’elle ne fût pas duchesse.

1748. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Elle apprendra de plus en plus à se défier des lumieres qui égarent l’esprit & alterent le sentiment ; à réprouver une morale où tout s’évapore en maximes, & livre l’ame à ses passions ; à distinguer ceux qui l’aiment & la servent, de ceux qui la dégradent & la jouent.

1749. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Car il y a davantage : apprendre la chimie, la physique, l’astronomie, l’algèbre, l’hydraulique, la médecine et la géologie, afin d’en appliquer les lois à l’esthétique, c’est bien, mais ce n’est pas tout.

1750. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

La civilisation, la vie, sachons-le bien, est chose apprise et inventée, perfectionnée à la sueur du front de bien des générations, et à l’aid’une succession d’hommes de génie, suivis eux-mêmes et assistés d’une infinité d’hommes de goût.

1751. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Cependant les choses diverses que, durant cette excursion, il avait senties ou observées, apprises ou devinées, cherchées ou trouvées, vues ou entrevues, il les avait déposées, chemin faisant, dans des lettres dont la formation toute naturelle et toute naïve doit être expliquée aux lecteurs.

1752. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Apprenez !

1753. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Il nous apprend « que toutes choses ne sont pas dans le monde comme elles devraient l’être. » Il nous assure que lorsque le peuple aura le suffrage universel, « les enfants ne demanderont plus à leurs pères le pain qui leur manque et que le vieillard rassasié de jours se réjouira dans le pressentiment intime et mystérieux d’un nouveau printemps et d’une nature nouvelle. » Les seules idées qui aient un peu de corps dans ces écrits sont celles qu’il emprunte à l’école socialiste, école plus riche en penseurs que l’école démocratique, et qui précisément à cette époque commençait à s’allier à elle.

1754. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Il faut savoir beaucoup de choses, aux temps présents, pour en apprendre un peu aux hommes, pour en mettre quelque essence dans ses écrits.

1755. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Tacite écrit qu’Agricola ne trouva rien de mieux pour engager les anciens bretons à faire apprendre à leurs enfans le latin, la rhetorique et les autres arts que les romains enseignoient aux leurs, que de les piquer d’émulation en leur faisant honte de ce qu’ils se laissoient surpasser par les gaulois.

1756. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

On prend des renseignements sur l’aspect et la couleur du mouchoir où le grand homme enferme, la nuit, sa tête dantesque ; on apprend qu’il nourrit un goût dépravé pour les escargots cuits sur le gril ; — l’habitude malpropre qu’il a contractée de combattre ses irritations de nez avec du suif de chandelle n’est plus un mystère ; on sait que le pingre a refusé hier un manchon aux sollicitations de sa femme… On le guette, on le suit, on le traque — on le connaît de sa salle à manger à son alcôve.

1757. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

. | Soit qu’il élève les trônes, soit qu’il les abaisse, | soit qu’il communique sa puissance aux princes, soit qu’il la retire à lui-même et ne leur laisse que leur propre faiblesse, | il leur apprend leurs devoirs d’une manière souveraine et digne de lui. | Car en leur donnant sa puissance, il leur commande d’en user comme il fait lui-même pour le bien du monde, | et il leur fait voir en la retirant que toute leur majesté est empruntée | et que pour être assis sur le trône | ils n’en sont pas moins sous sa main et sous son autorité suprême », Nous avons ici des membres de phrase presque toujours de dix-sept, dix-huit, dix-neuf ou vingt syllabes, donc presque égaux, plus égaux que dans le précédent exemple, et, puisque en même temps ils sont plus courts, obéissant à un rythme plus marqué ; la phrase est essentiellement nombreuse.

1758. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

De récentes publications nous ont appris que, maintenant, c’est la supériorité absolue qu’elles réclament.

1759. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Mais l’expérience de l’Orient lui avait appris qu’il serait mis plus bas que le dernier des bonzes mendiants, et promené d’avanie en avanie, s’il se départait une minute des exigences les plus altières.

1760. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Les écrivains au-dessus du métier, les écrivains de phrase apprise, ne sont pas déjà si communs au xixe  siècle pour qu’on oublie de signaler un homme qui a un style à lui, brillant et solide.

1761. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

II Vers la fin de 1854, au milieu des préoccupations inquiètes de l’Europe, à peine rassise des coups terribles que lui avaient portés les révolutions, on apprit qu’un Français venait d’être fusillé, comme un pirate, par le gouvernement mexicain, et que ce Français, ce jeune homme, qu’on appelait au Mexique le vainqueur d’Hermosillo, du nom de sa première bataille, gagnée avec deux cent cinquante hommes contre une armée et contre une ville, avait été jusqu’au dernier moment l’honneur de la France et avait donné d’elle la grande idée qu’elle n’a pas cessé de donner au monde quand, se détournant de ses misères intérieures, elle s’est retournée vers les autres nations et leur a montré un bout d’épée.

1762. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Après ces premières Méditations, qui ravirent le monde charmé et qui apprirent à la distraction hautaine de lord Byron l’orthographe d’un nom qui allait devenir aussi éclatant que le sien, Lamartine donna les Secondes Méditations, aussi belles que les Premières, quoi qu’on en ait dit, — car l’admiration fatigue vite l’âme faible et basse des hommes.

1763. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

si les gens du monde, endoctrinés par les faux docteurs du cœur humain, ont vu la passion suprême dans les pages frelatées d’une religieuse de fantaisie, inventée plus ou moins pour les besoins d’un parti ou les intérêts de la vanité d’un homme, ils pourront du moins apprendre aussi dans ces œuvres de sainte Térèse, traduites pour eux, ce que c’est qu’une vraie religieuse, et ils en pourront étudier le merveilleux idéal.

1764. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Tous les grains de poussière qu’avait fait tomber sur ce marbre blanc, la Philosophie, qui ne veut ni des hommes trop purs ni des hommes trop grands, il les a essuyés, il les a effacés, avec une piété jalouse, et cela nous a été une occasion d’apprendre les détails, inconnus jusque-là, du second mariage de Colomb.

1765. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Son livre, qui n’apprendra rien aux catholiques sur le fond des choses, n’imposera point la vérité à ceux-là qui la méconnaissent.

1766. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Elles ont appris au monde, qui ne s’en doutait pas, que l’amour de Goethe pour Charlotte Buff, cet amour, maintenant historique, fut le plus noble, le plus admirable des sentiments, couronné par un sacrifice bien plus héroïque et bien plus cruellement volontaire que le coup de pistolet de Werther !

1767. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Mais nous qui ne sommes ni professeur, ni philosophe, Dieu merci, nous à qui la suite des temps a trop appris que le Spiritualisme du dix-neuvième siècle a fait autant de mal que le Matérialisme du dix-huitième, nous nous intéressons fort peu à ce débat entre Garat et Saint-Martin.

1768. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

et si on ne le sait pas, qu’on l’apprenne !

1769. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

un regain de l’école romantique, qui ne l’abaisse point dans ses œuvres, nous apprend mieux qu’un autre comment les écoles finissent.

1770. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Il y a une édition Jouaust, devant laquelle Arsène Houssaye fait précisément ce qu’Alexandre Dumas fait devant l’édition Glady ; il y a l’édition Lemerre ; il y a l’édition populaire, — pour apprendre aux filles d’ouvriers à devenir des Manon Lescaut.

1771. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Tu n’as pas besoin d’apprendre d’un autre ce qu’il en coûte de sueurs et de peines au laboureur ; tu connais la hardiesse de l’exacteur, l’adresse du commis, l’avarice du soldat.

1772. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Mais il déborde, il s’égare ; ce qui est un tort sans doute, mais le tort de la puissance80. » Nous apprenons aussi, par quelques témoignages anciens, que ce poëte fut un courageux citoyen.

1773. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Son exemple doit apprendre à ses imitateurs à ne pas ménager le vice, & à traiter un méchant homme sur le théatre comme il doit l’être dans la société. […] Phedre apprend que Thesée est vivant. […] Phedre apprend de la bouche de Thesée, qu’Hippolyte aime Aricie. […] C’est toi, Romulus, qui nous as donné celui du crime ; en enlevant les Sabines, tu appris à tes neveux à nous enlever nos amantes, &c. […] Cependant comme le poeme épique est sur-tout l’école des maîtres du monde, ce sont les intérêts qu’ils ont en main qu’il doit leur apprendre à respecter.

1774. (1910) Rousseau contre Molière

C’est ce que prêche Molière ou ce qu’il inspire ; cela semble d’assez bon sens, et c’est de bon sens en effet ; mais ce n’est que de bon sens, et ce n’est pas du tout de morale ; cela n’apprend qu’à ne pas être un coquin. […] Voilà ce que je n’aurais jamais pensé, et je suis bien aise d’apprendre qu’elle est de cette humeur. […] Il faut qu’elle apprenne à pénétrer leurs sentiments par leurs discours, par leurs actions, par leurs regards, par leurs gestes… Ils philosopheront mieux qu’elle sur le cœur humain ; mais elle lira mieux qu’eux dans le cœur des hommes. […] Or cet art s’apprend-il ? […] Mais Rousseau eût désiré qu’elle eût été capable d’apprendre de lui quelque chose.

1775. (1929) La société des grands esprits

Cependant, en souvenir de son lointain aïeul et en raison de ses augustes parentés byzantines, on lui a fait apprendre le grec. […] Au chant XVI, nous apprenons que la Rome papale se vautre dans la fange. […] « L’homme, dit-il, est d’une belle époque, et qui n’a pas encore appris l’obéissance. […] Nos historiens ne nous apprennent qu’à les maudire et ne nous recommandent que de ne pas leur ressembler. […] Rien de plus ridicule qu’une certaine prétention très répandue aujourd’hui à écrire d’inspiration, et à tout savoir sans avoir rien appris.

1776. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

C’est la nation qui voyage le moins (à part les expéditions militaires) et qui étudie le plus rarement les langues étrangères. « Tout le monde, disent-ils, apprend notre langue. Pourquoi nous donnerions-nous la peine d’apprendre la langue des autres ?  […] Elles lui venaient de son pays natal, de la Suisse, de cette république protestante, où il avait appris à estimer les institutions libres et en même temps à admirer les splendeurs de la nature. […] Cousin qui n’eut pas le temps d’apprendre l’allemand suffisamment, fut initié en français, par MM.  […] François le Champi est un bien beau parleur, dans sa position, comme dirait le peuple ; et la petite Fadette a des tirades qu’elle n’a guère pu apprendre à l’école de son village de la Priche.

1777. (1927) Approximations. Deuxième série

Manquer de goût à force d’en avoir, — le cas des Goncourt nous apprend que pareille anomalie peut se produire : lorsqu’il est tout entier jouissance, le goût en matière d’art fausse parfois le tact en matière de style. […] Je n’ai pas parlé d’Olive — dont le plus bel éloge, c’est que, bien qu’elle n’ait appris le grec que pour complaire à Prémery, elle n’était pas indigne de lire Antigone dans le texte —, mais j’ai voulu concentrer mes réflexions sur les points qui demeurent en litige. […] Cependant la réussite de Maurois laisse voir que, poussée plus loin, la réflexion nous eût appris que le péril recelait ici son antidote. […] comme dans les attachements de cette sorte, dans les attachements spirituels, la mort a tôt fait de nous apprendre que l’intégrité du don du cœur ne compense pas tout à fait les restrictions — si minimes soient-elles — du don de l’esprit. […] Cette difficulté de croire, lui-même nous apprend qu’elle tient tout entière dans « l’impossibilité de souhaiter être différentih ».

1778. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Il eût peut-être appris à traiter l’Ode de cette manière, s’il eût mieux lu, étudié, compris la langue et le ton de Pindare, qu’il méprisait beaucoup, au lieu de chercher à le connaître un peu. » Tout cela est vrai et le paraîtra surtout, si on relit l’Ode en question. […] Il y avait même là une contradiction chez celui qui voulait qu’on apprît la langue, la vraie langue française, en allant écouter comment parlaient les crocheteurs du Port-au-Foin, et qui recourait en même temps, pour ses comparaisons et ses images, à la mythologie la plus reculée et la plus lointaine. […] Tallemant nous a appris comment sa maîtresse, la vicomtesse d’Auchy, éprouva de plus d’une manière cette vivacité.

1779. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Pasquier peuvent bien apprécier tout ce qu’on apprend à les voir et à les entendre, et que la théorie moderne ne supplée pas. […] Si rien n’est plus rare et plus profitable dans la jeunesse que d’apprendre à faire cas du jugement et de l’esprit de ceux dont on ne partage pas les opinions, rien aussi n’est calmant comme de voir ses propres opinions rencontrer quelque alliance et quelque bon accord autour de soi. […] Il apprenait l’allemand pour lire Kant, et il s’en servit pour traduire avec son ami, M. de Guizard, le théâtre presque entier de Gœthe217, dans la collection des Théâtres étrangers.

1780. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

« Je renverrai Chryséis à son père, puisque Apollon me l’enlève ; mais j’irai moi-même dans ta tente et j’enlèverai la belle Briséis, qui t’échut en partage dans les dépouilles, afin que tu apprennes combien mon autorité est au-dessus de la tienne et que nul ne s’égale à moi !  […] — Ce n’est point chez une de ses sœurs, ce n’est point chez l’épouse d’un de ses frères, ce n’est point au temple de Minerve, où les autres femmes fléchissent par leurs prières la divinité terrible ; mais elle est montée sur la plate-forme de la haute tour d’Ilion, dès qu’elle a appris la défaite des Troyens et la victoire des Grecs. […] Patrocle va pour en apprendre dans la tente de Nestor, où ce vieux guerrier est à table avec le médecin de l’armée, Machaon.

1781. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Lorsqu’on admettra pleinement, comme on le fera un jour, je pense, que chaque espèce a rayonné d’un berceau unique, et lorsque, dans la suite des temps, nous aurons appris quelque chose de certain sur les moyens de dispersion des divers êtres organisés, nous pourrons spéculer avec plus de sûreté sur l’ancienne extension des terres. […] D’après ce que j’ai appris du docteur Hooker, quelques-unes de ces formes australiennes s’étendent le long des hauteurs de la péninsule de Malacca, et sont rares et éparses, d’un côté dans l’Inde, et de l’autre aussi loin vers le nord que le Japon. […] Millier a découvert des espèces européennes ; d’autres espèces, qui n’ont point non plus été introduites par l’homme, se rencontrent dans les basses terres ; et, d’après ce que j’ai appris du docteur Hooker, on pourrait dresser une longue liste de genres européens trouvés en Australie, mais qui ne se rencontrent nulle part dans les régions torrides intermédiaires.

1782. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Souvent aussi, c’est le parleur lui-même qui, réveillé par le son de sa propre voix et par l’étonnement de ceux qui l’entourent, s’aperçoit non seulement qu’il a parlé mal à propos, mais encore qu’il pensait avec intempérance, qu’il était ému, agité, que son visage a dû le trahir avant sa parole ; il est ainsi provoqué à réfléchir, à se connaître lui-même ; il observe sa parole intérieure ; elle s’est révélée à lui en devenant extérieure ; il apprend tout au moins qu’elle est l’antécédent ordinaire de l’exclamation involontaire31. […] Voici quelques exemples de cette collaboration intime de l’imagination et de la passion : Dans l’Andromaque de Racine, Hermione dit à Pyrrhus : Ton cœur impatient de revoir la Troyenne Ne souffre qu’à regret qu’une autre t’entretienne ; Tu lui parles du cœur, tu la cherches des yeux33 ; c’est-à-dire : « tes yeux la cherchent, je le vois ; et ils me montrent l’état de ton âme : tu t’imagines être en présence d’Andromaque et lui parler avec passion. » L’anecdote suivante est historique, bien qu’elle figure dans une nouvelle d’Alfred de Musset ; elle nous apprend comment fut conçu l’un des plus fins chefs-d’œuvre de la poésie française : « X… reprit le chemin de son logis de mauvaise humeur et, comme c’était son habitude, il parlait seul entre ses dents… Il marchait dans la rue de Buci, le visage soucieux, les yeux baissés… Tout à coup il s’écria : Si je vous le disais, pourtant, que je vous aime ? […] Quand Egger présente cette fiction comme une « anecdote historique », qui « nous apprend comment fut conçu l’un des plus fins chefs-d’œuvre de la poésie française » à partir de ce premier vers improvisé, il suit la toute récente Biographie d’Alfred de Musset (Paris, Lemerre, 1877, p. 149) où Paul de Musset, « parallèlement au récit d’Emmeline et peut-être un peu d’après ce récit » (« Pléiade », note p. 794), raconte la liaison de Musset avec Mme Jaubert dans le temps qu’il écrivait les Confessions d’un enfant du siècle et applique à l’auteur l’aventure du jeu amoureux déclenché dans la nouvelle par les stances « A Ninon ».]

1783. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

La Jeunesse Blanche me révéla à moi-même ; j’appris par cœur La Vocation… Mon poète, mon « grand frère aîné en Notre-Dame la Poésie », c’est Rodenbach. […] Pour moi, je n’ai nul souci d’apprendre ce que les autres peuvent penser ou aimer en-général, et, en particulier, de connaître quel est le poète de M.  […] On a tant appris à les connaître et à les chérir, on a tant pris pour habitude de les confondre dans un même et puissant amour qu’on se fait presque un scrupule de placer l’un d’eux avant tous.

1784. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

On ne nous apprendra rien par là du résultat final. […] Comment ne pas voir que, si la philosophie est oeuvre d’expérience et de raisonnement, elle doit suivre la méthode inverse, interroger l’expérience sur ce qu’elle peut nous apprendre d’un Être transcendant à la réalité sensible comme à la conscience humaine, et déterminer alors la nature de Dieu en raisonnant sur ce que l’expérience lui aura dit ? […] Seuls, une prolongation et un approfondissement des deux expériences nous l’apprendront : le problème doit rester ouvert.

1785. (1888) Poètes et romanciers

J’apprenais bien des choses, mais je n’apprenais pas à lire. » L’indifférence de sa mère ne fit que s’accroître avec l’âge. […] Comment apprit-il à lire ? […] Le pouvoir est un instrument difficile à manier, dont il faut longtemps apprendre à se servir avant d’en user bien. […] Je m’appris à couver longtemps ma pensée, à en attendre l’éclosion pour la saisir du côté le plus favorable. […] C’est pendant un bal qu’ils apprennent le retour de Napoléon.

1786. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Dès que je l’aperçus, je voulus décamper ; mais il me fit un petit signe de la main, et me dit : « Approche, Kondrate, ne crains rien, je suis miséricordieux aujourd’hui ; viens apprendre de moi comme on vit dans la forêt, comme on sait rester sec pendant la pluie. […] Il apprend de la mère de Lise que Pankine en est amoureux. […] que l’ennui me rende la raison, qu’il me rende la paix de l’âme, et m’apprenne désormais à agir sans précipitation !  […] Lavretzky avait le droit d’être satisfait : il était devenu véritablement un bon agronome, avait appris à labourer la terre, et ce n’était point pour lui seul qu’il travaillait ; il avait amélioré et assuré, autant que possible, le sort de ses paysans.

1787. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

la preuve du classicisme révolutionnaire de notre langue, c’est que de tous les classiques appris aux enfants, ceux qu’ils retiennent le mieux sont les adorables Fables de La Fontaine, parce qu’elles sont une musique… Voilà le vers fibre par excellence ! […] de cette pauvre rime, comme on dit chez nous : vous m’en apprenez de belles sur son compte ! […] et peut-être, à ce point de vue, les Teutons nous en auront-ils plus appris que les Grecs. […] Or, la tendance actuelle me semble vers la pleine et libre expansion du poète soucieux de liberté intégrale… C’est l’individualisme absolu, ayant pour unique précepte : « Fais ce que tu veux — mais sache d’abord vouloir par toi-même, car personne ne t’apprendra mieux que toi-même ce qu’il est en ton être de produire. » On a parlé de « Symbolisme ».

1788. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Puis, dans l’intervalle de la mort de son père (1774) à celle de sa mère, qui arriva un an après, il alla séjourner en Normandie, aux Andelys, y apprit l’anglais par occasion, y recueillit, dans ses courses rêveuses, de fraîches impressions poétiques, que sa Forêt de Navarre et son Vieux Château nous ont rendues. […] Un vers de la première Forêt de Navarre nous apprend qu’il avait déjà traduit à ce moment (1779) l’Essai sur l’Homme de Pope, qui ne parut qu’en 1783. […] La voix publique m’apprend que vous n’aimez point les éloges. […] L’histoire vous a suffisamment appris que les grands capitaines ont toujours défendu contre l’oppression et l’infortune les amis des arts, et surtout les poëtes, dont le cœur est sensible et la voix reconnaissante. […] Le 21 mars 1804, de grand matin, Bonaparte le fit appeler, et, le mettant sur le chapitre du duc d’Enghien, lui apprit brusquement l’événement de la nuit.

1789. (1940) Quatre études pp. -154

Quelques historiens de nos lettres, et non des moindres, ont voulu voir dans le romantisme une invasion étrangère, dont les conséquences ont été de dénaturer notre âme, de lui apprendre des façons de penser et de sentir qui étaient directement opposées aux principes esthétiques et moraux qui l’avaient inspirée jusque-là. […] Car il se jette à corps perdu dans l’érudition, apprenant tout ce que les hommes ont appris, les Grecs, les Latins, les Français, les Anglais, les Allemands. […] Robinet se livre à ses Considérations philosophiques de la gradation naturelle des formes de l’être, ou les Essais de la nature qui apprend à faire l’homme (1768), il professe sa dette dès le début de l’ouvrage : « Puisque la marche de la nature se fait par des degrés souvent imperceptibles, et par des nuances toujours les moindres possibles, toutes ses productions se tiennent… » (I, i). […] De ce philosophe, l’homme de désir peut apprendre que chaque fibre de son corps, que chaque élément de chaque fibre, est désir. […] Il y en a toujours qui s’enflammeront totalement, et qui serviront de mobile à ceux qui ne sont point enflammés ; d’autres s’éteindront66… On trouve à l’époque beaucoup de développements semblables ; et l’on reconnaît sans peine, à travers l’éloquence d’un Buffon, un sentiment qui tend à devenir poétique : Commençons par nous représenter ce que l’expérience de tous les temps et ce que nos propres observations nous apprennent au sujet de la terre.

1790. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Il s’y trouvait lorsqu’on apprit brusquement la disgrâce de son beau-frère Maurepas (avril 1749). […] Il intervint utilement, et de la seule manière dont il le pouvait, en tâchant de faire prolonger indéfiniment les procédures : « Car il ne faut pas se flatter, écrivait-il, de terminer cette affaire autrement que par insensible transpiration, et en la traînant si longtemps que cela la fasse oublier, ce qui n’est pas même fort aisé ; car quand une fois un livre est dénoncé ici, vous ne sauriez croire avec quelle ardeur quatre zélés et quatre mille hypocrites le poursuivent. » Il réussit pourtant à rendre à son illustre confrère ce bon office auquel se prêta la partie sage de la cour romaine. — Le duc de Nivernais avait auprès de lui, dans son ambassade de Rome, un homme d’esprit et de talent, La Bruere, auteur d’opéras et capable de mieux, et qui, s’il avait vécu, aurait appris au public à distinguer son nom de celui de son presque homonyme.

1791. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

. — Arrive ce qui pourra, dit-il, je veux aller moi-même apprendre mon sort de sa bouche. […] Ne me plaignez pas ; toute femme apprend de bonne heure à servir selon la vocation qui lui est assignée par sa condition.

1792. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Laissons parler ici madame de Staël : « Le séducteur Faust, dit-elle, apprend que Marguerite emprisonnée a tué l’enfant qu’elle a mis au jour, espérant ainsi se dérober à la honte. […] Ce publiciste de la liberté et de la restauration venait d’appeler aux armes tous les cœurs et tous les bras contre le tyran qui s’approchait de la capitale ; son manifeste, devenu le dernier cri de la liberté, frémissait encore dans toutes les voix de l’Europe libre, quand on apprit que ce Caton, appelé d’un signe aux Tuileries et vêtu en courtisan de César, était devenu en vingt-quatre heures le conseiller intime et salarié du tyran, sur la tête duquel il venait de conjurer le poignard du monde.

1793. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Elle y apprit bientôt après la mort de la reine d’Écosse, sa mère. […] Quoi qu’il en soit, Bothwell rentra chez lui sans donner aucune marque d’agitation sur ses traits, se recoucha avant la fin de la nuit, et, quand on vint l’éveiller pour lui apprendre les événements, témoigna toute la surprise et toute la douleur de bienséance, et s’écria en se précipitant hors de son lit : « Trahison ! 

1794. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

  Le 23 avril devait être donnée la première de Lohengrin ; le 23 au matin on apprenait à Paris l’incident de Pagny-sur-Moselle, l’arrestation de M.  […] Benoît, vont s’étonner d’apprendre que Wagner professait la plus vive admiration pour Bach, Gluck, Mozart, Haydn, Weber, Schubert, et qu’il a parlé de Beethoven en des termes inégalés !

1795. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

C’est qu’on n’y puise que le persifflage, la dissipation & la licence ; que les hommes apprennent à y devenir des sybarites ou des scélérats, & les femmes de petites maitresses ou des mégères. […] Il est peu de tragédies où l’on ne trouve à s’instruire : dans Bérénice même, on apprend à vaincre la passion la plus violente.

1796. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Au moment où venait au monde l’enfant prédestiné à être encore plus le roi du Catholicisme que le roi de toutes les Espagnes, Charles-Quint apprenait avec triomphe le sac de Rome et la Papauté scélératement humiliée, et palpitait d’une joie politiquement impie sur le berceau de cet enfant. […] Avant l’histoire de Forneron, on savait déjà beaucoup sur ce temps terrible, mais, après cette histoire, je ne crois pas qu’on ait beaucoup à apprendre encore… Et, même, le Forneron des deux derniers volumes surpasse, en renseignements, le Forneron des deux premiers.

1797. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

la propriété des mouvements, nous serions de grands écrivains… Je suis convaincu que, pour qui a le sentiment des analogies et la puissance des mystérieuses assimilations, les regarder, c’est apprendre à écrire. […] Il y a les détails du métier cherchés, appris, notés, sous la dictée des clowns ou des acrobates avec qui on s’est mis en rapport en vue d’un livre à faire et de son exhibition immédiate ; manière facile d’acquérir une érudition qui reste indigérée, et plus superficielle encore que facile de pénétrer des mœurs qu’il s’agirait de bien comprendre pour les exprimer.

1798. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

C’est « la plus grande plaie que la patrie pût recevoir, et qui en devint la lèpre et le chancre. » Lorsqu’il apprend que d’Antin veut être pair, « à cette prostitution de la dignité », les bras lui tombent ; il s’écrie amèrement : « Le triomphe ne coûtera guère sur des victimes comme nous. » Quand il va faire visite chez le duc du Maine, bâtard parvenu, c’est parce qu’il est certain d’être perdu s’il y manque, ployé par l’exemple « des hommages arrachés à une cour esclave », le cœur brisé, à peine dompté et traîné par toute la volonté du roi jusqu’à « ce calice. » Le jour où le bâtard est dégradé est une « résurrection. » « Je me mourais de joie, j’en étais à craindre la défaillance. […] Écoutez ce style : « Je dis au roi que je n’avais pas pu vivre davantage dans sa disgrâce, sans me hasarder à chercher à apprendre par où j’y étais tombé... ; qu’ayant été quatre ans durant de tous les voyages de Marly, la privation m’en avait été une marque qui m’avait été très-sensible, et par la disgrâce et par la privation de ces temps longs de l’honneur de lui faire ma cour... ; que j’avais grand soin de ne parler mal de personne ; que pour Sa Majesté j’aimerais mieux être mort (en le regardant avec feu entre deux yeux).

1799. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Cette critique se résume dans les deux arguments suivants : 1° la conscience n’atteint que les phénomènes, et ne peut rien nous apprendre sur la cause : 2° le problème du libre arbitre est sujet à la contradiction antinomique comme tous les problèmes métaphysiques. […] Voilà ce que la conscience apprend à la philosophie naturelle.

1800. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

En avril 1607, Henri IV apprit que les Provinces-Unies de Hollande, qu’il soutenait depuis longtemps de ses subsides, étaient près de souscrire à une paix ou trêve avec l’Espagne, et cela directement et sans son conseil.

1801. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Que peuvent faire tous les chants, toutes les confessions des enfants du siècle à cet esprit sain, sobre, nourri aux mœurs de la famille ; qui, enfant, lisait les Essais de Nicole le dimanche, qui apprenait par cœur Les Provinciales dans le latin de Wendrock, et qui, venu plus tôt, aurait aimé à se mouler en tout sur le patron des Bignon, des Pithou, des d’Aubray, sur celui des Fleury et des Rollin ?

1802. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Il faut bien s’y résigner ; il y a des noms qu’on ne connaissait pas hier et qu’il faut se mettre à apprendre aujourd’hui ; il y a, en dehors de ceux qu’on cite tous les jours, des mérites et des talents réels qui font tôt ou tard leur entrée et leur avènement dans notre monde.

1803. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Voyant cela, je sortis, en fermant la porte après moi, et tout de suite je m’en allai trouver sa belle-sœur, à laquelle je dis qu’il fallait aller prendre une bonne poignée d’orties et en fouetter cet homme, qui se conduisait si insolemment depuis longtemps avec nous, afin de lui apprendre à nous respecter.

1804. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Partout où il avait passé, les choses paraissaient autres après qu’auparavant ; il vous apprenait à voir le pays comme du haut d’une colline.

1805. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !

1806. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

En un endroit, lorsqu’elle apprend brusquement à Mars la mort de son fils chéri Ascalaphus, le dieu terrible dans l’accès de sa douleur se met à frapper violemment ses deux florissantes cuisses de la paume de ses mains : le traducteur met simplement qu’il se frappe le corps de ses mains divines ; il oublie que cette forme expressive de désespoir s’est conservée fidèlement jusque chez les Grecs modernes.

1807. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Il a décrit en des termes d’une saisissante vérité ces commencements presque imperceptibles, cette lueur, cette étincelle, ce premier signe de vie, ce pouls qui se remet à battre, ce sang qui afflue tout d’un coup au cœur ; et aussitôt que s’entendit le murmure et que le tintement se fit,« tout le monde, s’écrie-t-il, s’éveilla : on chercha en s’éveillant comme à tâtons les lois, on ne les trouva plus, l’on s’effara, l’on cria, l’on se les demanda… » Cet admirable exorde des Mémoires politiques de Retz pourrait s’intituler : Comment les révolutions commencent : ayons le présent à la pensée pour apprendre comment elles s’évitent. — Mais ici ce n’est pas au point de vue du public, c’est au point de vue du gouvernement que je me place, et c’est le gouvernement qui a dû s’effarer tout le premier et se tâter pour savoir s’il était bien le même ; c’est lui qui a dû s’étonner de ne plus trouver un matin autour de lui ce qui y était la veille et se demander à son tour : Comment se fait-il que cette opinion qu’il y a quelques mois encore on supposait disciplinée et soumise, et quelque peu sommeillante, se soit tout d’un coup réveillée ?

1808. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Télémaque, en partant pour chercher Ulysse, dit, que s’il apprend la mort de son père, son premier soin, en revenant, sera de lui élever un tombeau, et de faire prendre à sa mère un second mari .

1809. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Dites à ces tranquilles possesseurs des jouissances de la vie que leurs intérêts sont menacés, et vous inquiéterez leur âme impassible ; mais que leur apprendrait l’éloquence ?

1810. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

Ce qui caractérise les peines de la vanité, c’est qu’on apprend par les autres, bien plus que par son sentiment intime, le degré de chagrin qu’on doit en ressentir : plus on vous croit affligé, plus on se trouve de raisons de l’être.

1811. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

On ne s’avisait pas que, dans cette peu saisissante ouverture, le public apprenait les sentiments réciproques des deux jeunes gens et l’accord certain des deux pères pour les marier.

1812. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Au public enfermé jusqu’ici dans le goût littéraire, il ouvre des fenêtres sur l’art ; à travers toutes ses expansions sentimentales et ses dissertations de penseur, il fait l’éducation des sens de ses lecteurs ; il leur apprend à voir et à jouir, à saisir la vérité d’une attitude, la délicatesse d’un ton.

1813. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Et l’une de ses grandes joies a été d’apprendre, par des expériences de Bouchardat, que, contrairement au préjugé de l’Église et du moyen âge, le sang féminin dont les mouvements composent ce rythme harmonieux est un sang parfaitement pur.

1814. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Dans une salle des catacombes, à la lueur des torches, devant ses frères qui viennent d’apprendre que les quatre cents esclaves de Secundus ont été exécutés, le prêtre Timothée, — en des phrases dictées par Dieu même, puisqu’elles sont empruntées à l’« épître catholique de saint Jacques » et à l’Apocalypse, — maudit la ville impure et sanguinaire et en prophétise la fin : « … Riches !

1815. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Cette âme pure et forte n’a pas appris à d’autres le secret de ses chants ; mais elle ne cesse pas du moins d’être écoutée dans la région qu’elle préférait elle-même, où elle habitait avec persévérance, au foyer de familles, où s’entretiendront toujours les affections simples, et où se rallieront à jamais les sentiments universels.

1816. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

S’il lui faut de plus grands exemples, ou plutôt des exemples faits pour lui, je citerai des Rois qui sur le trône ont eu la passion dominante des Arts, & d’autres qui en sont descendus pour se débarrasser de leurs chaînes, & contenter uniquement la soif d’apprendre qui les dévoroit.

1817. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Je ne t’oublirai pas énergique la Bruyere, toi qui portas une vûe si pénétrante dans les replis du cœur humain ; en apprenant à me connoître, j’apprendrai à pardonner aux hommes ; mais quand la nuit étendra ses voiles sombres, que les mortels fatigués se livreront au repos, au milieu du silence des nuits, tu m’entraineras hors des limites du monde, audacieux Milton, un voile impénétrable couvroit ta paupiere, mais ton œil intellectuel apperçut cet esprit qui porté sur les eaux appella l’Univers de l’abîme du néant.

1818. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Polipo apprend que la captive est sa sœur.

1819. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Vous avez pensé librement, nous penserons de même ; ces grands hommes du passé que vous nous avez appris à admirer, ces illustres promoteurs de la pensée que vous répudiez aujourd’hui, nous les admirerons comme vous.

1820. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Jésus sans contredit n’apprit rien dans ces voyages.

1821. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Je ne vous appelle plus des serviteurs, parce que le serviteur n’est pas dans la confidence de son maître ; mais je vous appelle mes amis, parce que je vous ai communiqué tout ce que j’ai appris de mon Père.

1822. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

« Il est impossible de dire combien il faut de conjonctions fortuites pour produire une adhésion assez forte pour nous élever au-dessus des indécisions d’un commencement spontané. » Peu de besoins sont aussi pressants que la soif ; cependant l’animal ne devine pas tout d’abord que l’eau des étangs peut l’apaiser : le lait maternel, l’humidité de sa nourriture lui suffisent d’abord ; ce n’est que plus tard, dans ses courses, qu’il en vient à appliquer sa langue sur la surface de l’eau, à en ressentir du soulagement et à apprendre ainsi ce qu’il doit vouloir.

1823. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

La grâce, je le sais, ne se conseille pas, elle ne s’apprend pas, et ce serait déjà la méconnaître que de prétendre la copier.

1824. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Les anatomistes en effet nous apprennent que le crâne ne se moule pas sur les circonvolutions cérébrales ; il ne les représente, nous dit M. 

1825. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Tous les grands hommes n’ont pas que des filles à la manière d’Épaminondas… Tous les grands ministres, même ceux qui furent cardinaux, ne sont pas des moines comme Ximénès et ne sombrent pas tout entiers sous leur cilice et dans la tombe, et il est intéressant de suivre, après eux, la destinée de ces familles au sein desquelles ils ont brillé, — dont ils étaient l’âme et la puissance ; il est intéressant d’apprendre comment se sont écartées et rompues ces racines, verticales et horizontales (comme dit un écrivain allemand), qui les attachaient à la terre !

1826. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Elle confirme par les confidences de l’intimité ce que les écrits de l’auteur nous avaient appris, c’est que toute sa vie Stendhal fit une guerre, publique et privée, à la puissance que les faibles adorent, à l’Opinion.

1827. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Elle confirme par les confidences de l’intimité ce que les écrits de l’auteur nous avaient appris, c’est que toute sa vie Stendhal fit une guerre, publique ou privée, à la puissance que les faibles adorent, à l’Opinion.

1828. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

L’expérience Michelson-Morley nous apprend en effet que les deux lignes O₁B₁O₁′, O₁A₁O′₁, restent égales, quelle que soit la vitesse attribuée au système.

1829. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Il apprit, dans la retraite, dans l’étude, dans l’éloignement des plaisirs, à se former et à commander aux hommes ; il est vrai que peut-être il fut forcé à la vertu par le malheur.

1830. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Nous tirerons deux utilités de cet examen : celle de savoir à quelle époque, à quel pays il faut rapporter les commencements de cette civilisation ; et celle d’appuyer par des preuves, humaines à la vérité, tout le système de notre religion, laquelle nous apprend d’abord que le premier peuple fut le peuple hébreu, que le premier homme fut Adam, créé en même temps que ce monde par le Dieu véritable14.

1831. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Elles ont des grâces surannées et de ces gestes de vieil acteur qui semblent non seulement appris, mais appris depuis très longtemps. — Ses opéras, qui sont très soignés, sont d’un homme naturellement froid, qui s’est instruit à pousser le doux, le tendre et le passionné. […] On va lui apprendre à se délier, et à se battre, par la force s’il peut, par la ruse plutôt. […] Jacob apprend peu a peu ce qu’il est, et il s’abandonne à son étoile ; et il est admirable d’assurance sur le domaine qu’il sait qui est à lui. […] Il se trouve qu’il faut recommencer ; que je n’en suis pas quitte ; que je ne lui ai rien appris ; et qu’au lieu de comprendre (le voilà parti !) […] Voltaire en science politique n’a absolument rien à nous apprendre.

1832. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

En étudiant les points par lesquels ils se touchent, on apprend à connaître les limites par lesquelles ils se circonscrivent. […] La poésie n’émane pas d’un esprit qui a beaucoup étudié, mais d’une âme qui n’a pas besoin d’apprendre. […] Après que Shakespeare nous a montré le sang ineffaçable sur les mains de lady Macbeth, que reste-t-il au moraliste à nous apprendre du remords ? […] De quel formulaire de rhétorique les rapsodes de la Grèce et de l’Inde avaient-ils appris à procéder ainsi par une invocation initiale ? […] Cet art de tracer les contours, vous ne l’apprendrez jamais bien que du ciseau d’Homère et de Phidias.

1833. (1881) Le roman expérimental

Enfin l’expérience, c’est-à-dire l’étude des phénomènes naturels, apprit à l’homme que les vérités du monde extérieur ne se trouvent formulées, de prime abord, ni dans le sentiment ni dans la raison. […] Les jeunes hommes sont également des héros d’honneur et de loyauté, sanglotant lorsqu’ils apprennent que leurs pères ont fait une fortune peu scrupuleuse. […] D’ailleurs, même dans ses débauches de la description, dans ces débordements de la nature, il y a beaucoup à apprendre, beaucoup à dire. […] Or, à chaque procès, nous en apprenons de belles. […] On apprend les vers avec plus de facilité, ils ont une musique qui fixe les mots.

1834. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Joseph Bouchardy, alors inconnu, apprenait à graver à la manière noire sous l’Anglais Reynolds, auteur de la belle planche d’après le tableau de la Méduse, de Géricault, mais il se sentait violemment entraîné Vers le drame. […] Bouchardy-Cœur-de-Salpêtre, comme l’appelle Petrus dans la préface des Rhapsodies, où il jette en passant un mot à chaque camarade, ne se fit pas graveur au pointillé, quoiqu’il en eût appris le métier à fond. […] mon cher Jules Vabre, pour traduire Shakespeare, il ne te reste plus maintenant qu’à apprendre le français. […] Cela l’ennuyait de voir les Anglais apprendre le français dans Télémaque et les Français l’anglais dans le Vicaire de Wakefield. […] L’alexandrin apprit de l’hexamètre grec la césure mobile, les variétés de coupes, les suspensions, les rejets, toute cette secrète harmonie et ce rythme intérieur si heureusement retrouvés par le chantre du Jeune Malade, du Mendiant et de l’Oaristys.

1835. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Il a le suprême sourire, la condescendance résignée d’un héros qui se sait martyr, et il n’en sort que pour crier à tue-tête, comme un plébéien mal appris. […] Tout culte doit s’accomplir par des symboles, des idoles ; nous pouvons dire que toute idolâtrie est comparative, et que la pire idolâtrie n’est qu’une idolâtrie plus grande. » La seule qui soit détestable est celle d’où le sentiment s’est retiré, qui ne consiste qu’en cérémonies apprises, en répétition machinale de prières, en profession décente de formules qu’on n’entend pas. […] Voici enfin que nous apprenons l’optique morale ; nous découvrons que la couleur n’est point dans les objets, mais en nous-mêmes ; nous pardonnons à nos voisins de voir autrement que nous ; nous reconnaissons qu’ils doivent voir rouge ce qui nous paraît bleu, vert ce qui nous paraît jaune ; nous pouvons même définir l’espèce de lunettes qui produit le jaune et l’espèce de lunettes qui produit le vert, deviner leurs effets d’après leur nature, prédire aux gens la teinte sous laquelle leur apparaîtra l’objet qu’on va leur présenter, construire d’avance le système de tout esprit, et peut-être un jour nous dégager de tout système. « Comme poëte, disait Gœthe, je suis polythéiste ; comme naturaliste, panthéiste ; comme être moral, déiste ; et j’ai besoin, pour exprimer mon sentiment, de toutes ces formes. » En effet, toutes ces lunettes sont bonnes, car elles nous montrent toutes quelque aspect nouveau des choses. […] On trouvait étrange que des généraux qui cherchaient en pleurant le Seigneur eussent appris dans la Bible l’administration et la stratégie.

1836. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Qu’il a appris tout ce qui, ayant été enseigné, pouvait être appris, mais qu’il ne trouvera pas les lois non encore devinées. […] Je vous raconterai simplement ce que j’ai appris de la bouche d’un maître homme, et, de même qu’à cette époque je vérifiais, avec la joie d’un homme qui s’instruit, ses préceptes si simples sur toutes les peintures qui tombaient sous mon regard, nous pourrons les appliquer successivement, comme une pierre de touche, sur quelques-uns de nos peintres. […] Chifflart d’avoir traité ces poétiques sujets héroïquement et dramatiquement, et d’avoir rejeté bien loin toutes les fadaises de la mélancolie apprise.

1837. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Marguerite vient lui apprendre la guérison inespérée de son promis… Pour la Saint-Jean il y eut une noce, mais ce ne fut point celle de Lélète et de Pauloun. […] L’extrait mortuaire nous apprend, qu’en exécution du vœu qu’il exprimait, on l’enterra dans le cimetière sacerdotal de l’église de Vallfogona. […] Il s’effrayait, pensant à ces projets de mariage dont Mme Ebsen avait déjà parlé, et timide, craignant d’apprendre : — La quitter ? […] Il est certain que l’art dramatique s’apprend, s’il ne s’enseigne pas, comme tous les arts, et, quand Peyrusse aura lu et étudié, non pas Scribe, mais Shakespeare, Cervantès, Molière et Émile Augier, il est trop poète pour ne pas créer à son tour. […] Sa fille, moins bavarde, put cependant trouver le temps d’apprendre à Pedro que son père était un employé du gouvernement, mis en disponibilité à Santander, quatre mois avant, et qui allait à Madrid pour solliciter sa réintégration dans les cadres administratifs.

1838. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Je me garderai d’avoir cette discrétion : Seigneur, s’il faut que ma langue et ma plume vous confessent tout ce que vous m’avez appris sur le sujet de cette matière première, j’avoue qu’en entendant autrefois nommer ce nom par ceux qui m’en parlaient sans y rien comprendre en n’y comprenant rien non plus qu’eux, je me l’imaginais avec un nombre infini de formes, et ainsi l’imagination que j’en avais était très fausse… Mais [plus tard] je portai mon attention vers les corps eux-mêmes et considérai de plus près cette mutabilité qui les fait cesser d’être ce qu’ils étaient et commencer d’être ce qu’ils n’étaient pas. […] On apprendra encore que Leone Leoni, de George Sand, est, quant « à la mise en scène, aux héros principaux, au dialogue, tellement vieilli et vieillot, si peu naturel, que c’est là un des romans de George Sand qu’on pourrait difficilement recommander aux lecteurs de nos jours », appréciation qui paraît un peu sévère, surtout quand, deux pages plus loin, on apprend que « l’Uscoque est un conte intéressant au plus haut point », et que Orco devra être placé « au nombre des œuvres choisies de George Sand ». […] Leur livre est très intéressant et apprend beaucoup de choses. […] On y apprend aussi qu’avec tous ses défauts, qui décidément ne me paraissent pas petits, quelques efforts que mette Daudet à les faire passer pour des qualités, ce pauvre Edmond de Goncourt avait cela au moins pour lui qu’il était profondément sensible aux bons procédés, défiant, toujours, à la vérité, mais vite honteux d’avoir été défiant, et très gentiment reconnaissant et ému du dévouement qu’on avait pour lui. […] Avec cela très paresseux, capable à un moment donne d’un effort très énergique et d’un beau temps de galop, mais, à l’ordinaire, nonchalant, insouciant quoique inquiet, mou quoique ambitieux, incapable d’apprendre, d’amasser les connaissances nécessaires à ses différents métiers et de persévérer longtemps dans un dessein.

1839. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Ils soignent l’enfant, l’adoptent, l’élèvent et lui apprennent leur métier. […] C’est à une grande procession qu’Hubertine apprend, en le voyant près de l’évêque, que le prétendu artisan Félicien est son fils. […] Il n’y a rien à en apprendre, il y a beaucoup à en oublier, et le danger serait de généraliser d’après ce sujet exceptionnel. […] Je rouvre ma lettre : les journaux du matin m’apprennent la mort de Loisillon. […] » Ah çà, je l’appris plus tard, et c’est honteux !

1840. (1924) Critiques et romanciers

— « l’ingénuité est ce qu’il y a de plus long à apprendre… » Ce jour-là, ne songe-t-il pas qu’entre la multitude et les artistes la sincère amitié n’est pas commode ? […] Estaunié s’est avisé d’apprendre le sien, d’en avoir l’amour et le souci religieux. […] J’avais une famille, une maison : j’ai dû livrer la maison à de plus paysans que moi, renier ma famille pour avoir appris à la trouver vulgaire. […] Durant trois ans, on lui apprit l’art du clair-obscur, la mise en relief du trait, l’étude du caractère d’après l’extérieur de l’être. […] Elle l’apprend.

1841. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Une fois les rôles distribués, chaque acteur apprend le sien. […] Nous n’en sommes que très rarement les spectateurs, et c’est uniquement comme lecteurs que nous apprenons à les connaître et que nous les jugeons. […] Mais il faudrait apprendre à s’en servir et faire du port du costume antique une étude attentive. […] Il vient d’apprendre la mort violente de Jocaste et d’entendre le récit lamentable de l’attentat d’Œdipe sur lui-même. […] C’est par pure bonté d’âme que le poète daigne parfois nous apprendre que la scène se passe à Naples ou à Paris : nous n’avons que faire de le savoir, puisque ce sont les mêmes personnages qu’il transporte à son gré aux quatre coins du monde.

1842. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Ce fut alors que j’appris à connaître le vrai caractère de ce grand homme de cœur et les vraies opinions de ce grand homme de sens. […] « M. de Talleyrand, que j’ai beaucoup connu, qu’on a fait bien pire qu’il n’était, et à qui vous avez rendu justice, était un très profond politique sous son apparente nonchalance, un politique inné, un politique d’instinct, ce qui veut dire un politique de génie, car on ne sait bien que ce qu’on n’a pas appris ; mais, dans sa politique, il avait principalement pour but son intérêt propre ; quant à moi, je n’ai jamais eu dans ma politique d’autre intérêt que ce que j’ai cru l’intérêt du peuple. […] Les journaux du 16 juillet m’apprirent à la fois la mort et les funérailles.

1843. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Quand elle apprit qu’un long, interminable chemin à travers steppes et forêts se déployait encore devant elle, et qu’elle avait à voyager toute seule, pendant plusieurs mois, en traîneaux attelés de chiens et de rennes, la folie éclata, irrémédiable, et quelques semaines plus tard, elle mourut à l’hôpital d’Irkutsk sans avoir revu son mari, pour lequel elle avait, par amour, tant souffert !  […] » Et puis, ce tribut payé à la pitié, on n’y a plus pensé, et on n’y pensera plus jusqu’à ce qu’un autre événement revienne nous apprendre encore que le hard labour existe réellement et qu’il faut le changer. […] Hamon et René Ghil, ces derniers ont, désormais, leur vie durant, des volumes tout faits sur la planche… La statistique nous apprend, en effet, qu’il existe, rien qu’en France et dans la principauté de Monaco, quatre cent quatre mille peintres, sans en excepter M.  […] J’ai appris, par une brève dépêche du Journal et par une lettre pas beaucoup plus explicative d’un ami, que mon livre : Le Jardin des supplices, avait été saisi dans toutes les librairies de Bruges, en compagnie des livres de Camille Lemonnier et de Georges Eekhoud, bons camarades d’infortune. […] Jean Richepin, lequel n’est ni inspecteur primaire à Lille, ni membre du conseil supérieur de l’Instruction publique, nous apprenait l’autre jour que Goethe n’avait réellement compris son Faust que dans la traduction française !

1844. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Ce qu’on y a su du désastre de 778, on l’a appris du dehors, d’abord par les pèlerins, puis par Rodrigue de Tolède et ceux qui se sont inspirés de lui. […] Il apprend qu’elle fait depuis longtemps son séjour dans l’Apennin, et, pour aller chez elle, il se rend à Norcia : il prend donc le chemin opposé à celui que devait prendre Antoine de la Sale, le versant méditerranéen au lieu du versant adriatique. […] Pulci y était allé pour apprendre la magie, et Benvenuto Cellini, sur le conseil d’un nécromant sicilien, s’était proposé de faire le même voyage. […] Antonio ne nous dit pas dans tout cela comment Andrea et Giano avaient reconnu leur mystérieux compagnon, qu’il désigne d’emblée comme Giovanni Bottadio, et ne nous apprend pas s’il s’était fait connaître à eux ; mais Andrea l’avait invité à venir le voir à Florence ou au Borgo. […] Et je te dirai le troisième lorsque tu m’auras relâché. » Le derviche rendit la liberté à l’oiseau167, et celui-ci, étant allé se percher sur la branche d’un arbre voisin, s’écria : « Apprends, faquir, que tu es un grand fou, et que ton esprit est attaqué, puisque tu as perdu volontairement ta proie.

1845. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Lorsque le Palais Mazarin fut inondé par la folle Seine, Frémiet prit une barque, voilà tout : il arriva, juste à l’heure, et s’étonna d’apprendre que plusieurs de ses collègues avaient redouté l’eau. […] En outre, il y apprenait une sagesse magistrale, le bouddhisme et l’ensemble des motifs qu’on aurait de ne pas se lancer dans de folles entreprises. […] Ces colorations mates et voilées auxquelles se plaît Aman-Jean, c’est à la nature qu’il les emprunte ; et l’artifice ingénieux de sa palette il l’apprit de ces paysages qu’une lumière discrète éclaire doucement. […] Il a cette aptitude singulière, d’oublier avant d’apprendre et, ainsi, de se tenir prêt à bien accueillir les nouveautés imprévues. […] Les écoliers du Latium y apprenaient l’origine légendaire de leur race, y trouvaient de nobles motifs d’orgueil national, de justes raisons de préférer leur patrie et leurs dieux aux dieux étrangers et aux diverses patries.

1846. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

« Pendant quatre heures de temps que dure cet entretien avec les morts, je ne sens plus aucun de mes soucis, j’oublie toutes mes angoisses, je ne crains plus ma pauvreté, je ne m’épouvante plus de la mort ; je me transfigure en eux tout entier, et, comme dit Dante, “qu’aucune science ne mérite ce nom si on ne retient pas ce qu’on a appris”, j’ai noté de ces entretiens avec ces hommes antiques tout ce que j’ai recueilli de capital et de caractéristique dans leur vie et dans leurs pensées, et j’en ai composé un opuscule intitulé des Gouvernements, ouvrage dans lequel je pénètre aussi profondément que je le peux dans les pensées qu’un tel sujet comporte, agitant en moi-même ce que c’est que la souveraineté, de combien d’espèces de souverainetés le monde se compose, comment elles s’acquièrent, comment elles se conservent, pourquoi elles se perdent ; et si jamais quelques-unes de mes rêveries vous ont plu, celle-ci, je le crois, ne devra pas vous déplaire ; et elle pourrait être acceptable surtout à un prince nouveau (allusion aux Médicis, rentrés maîtres de Florence, à qui il espérait plaire par cette haute leçon de gouvernement) : c’est pour cela que l’ai dédiée à la magnificence (majesté) de Julien. […] C’est le meilleur parti qu’elle puisse prendre, car elle vivra plus aisément sans moi, qui lui suis à charge, attendu que j’ai été accoutumé toute ma vie à l’aisance, et que je ne puis m’astreindre aussi rigoureusement qu’il le faudrait à la parcimonie nécessaire. » XI N’est-ce pas un jeu bien ironique du destin que de voir le premier homme d’État et le premier écrivain de l’univers aspirer, pour gagner son pain, à apprendre à lire aux enfants des paysans dans un village privé de maître d’école !

1847. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Fantine savait à peine lire et ne savait pas écrire ; on lui avait seulement appris dans son enfance à signer son nom ; elle avait fait écrire par un écrivain public une lettre à Tholomyès, puis une seconde, puis une troisième. […] Il alla à l’école à quarante ans, et apprit à lire, à écrire, à compter.

1848. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Cette vieille bonne tombe malade chez sa maîtresse, très gravement malade, et une nuit, on vient réveiller la tragédienne, et lui apprendre que la malade agonise. […] Sur la fréquentation de l’humanité, qu’on lui conseille avec toutes sortes de formes révérencieuses, il se met en colère : « Le monde… je vous demande un peu, ce qu’un salon révèle de la vie… ça ne fait rien voir du tout… j’ai 25 ouvriers à Médan, qui m’en apprennent cent fois plus ».

1849. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Dès le premier instant qu’il eut à commander à d’autres, dès qu’il eut à porter enseigne, dit-il, il voulut savoir ce qui est du devoir de celui qui commande, et se faire sage par l’exemple des fautes d’autrui : « Premièrement j’appris à me chasser du jeu, du vin et de l’avarice, connaissant bien que tous capitaines qui seraient de cette complexion n’étaient pas pour parvenir à être grands hommes. » Il développe ces trois chefs, et particulièrement, et avec une verve singulière, les inconvénients de l’avarice en un capitaine : « Car si vous vous laissez dominer à l’avarice, vous n’aurez jamais auprès de vous soldat qui vaille, car tous les bons hommes vous fuiront, disant que vous aimez plus un écu qu’un vaillant homme… » Il ne veut pas qu’un homme de guerre, pareil à un citadin ménager, songe toujours à l’avenir et à ce qu’il deviendra en cas de malheur ; le guerrier est enfant de l’État et du prince, et il pose en maxime « qu’à un homme de bien et vaillant, jamais rien ne manque. » — Après ces trois vices qui sont à éviter à tout prix, car ils sont ennemis de l’honneur, il en touche plus rapidement un quatrième dans lequel, sans raffiner sur les sentiments, il conseille du moins toute modération et sobriété : C’est l’amour des femmes : ne vous y engagez pas, cela est du tout contraire à un bon cœur.

1850. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Il arrive là, à cette prise de Namur, ce qui est plus d’une fois arrivé à la France dans le temps d’une victoire remportée sur terre, c’est un désastre sur mer : on apprend la défaite de M. de Tourville à La Hogue.

1851. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Ces sortes de journaux qui, à quelques années de distance, deviennent nécessaires aux contemporains eux-mêmes, s’ils veulent apporter de l’ordre et de la précision dans leurs souvenirs, augmentent de prix, au bout d’un siècle, pour la postérité qui y apprend quantité de choses qu’on ne sait plus, et que presque personne n’a songé à écrire.

1852. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Vous ne serez sûrement pas fâché d’apprendre que je commanderai une des têtes de colonnes de 12000 (?)

1853. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Six semaines après, le 30 septembre, Bonaparte, revenant d’Égypte, relâchait dans le golfe d’Ajaccio ; il y apprenait pour première nouvelle la mort de Joubert sur le champ de bataille de Novi et ce concours d’événements qui marquaient comme au front des étoiles que l’heure du destin était arrivée.

1854. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Plutarque a fait un traité Sur l'utilité à retirer de ses ennemis : apprenons de M. 

1855. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

 » C’est encore Napoléon qui nous l’apprend.

1856. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Je connais, même dans la pure littérature, des admirateurs et des disciples de tel ou tel talent hasardeux qui m’avertissent à son sujet, et qui m’apprennent à respecter celui que, sans eux, j’aurais peut-être traité plus à la légère.

1857. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Il nous apprend, dans une circonstance assez singulière où il était placé entre les deux, et, comme on dit, entre le marteau et l’enclume, comment il s’y prit pour esquiver le choc, pour ne pas déplaire ni désobéir : « Au mois de décembre 1674, j’ai proposé à M. de Louvois de ne point mettre des gens de guerre en quartier d’hiver dans Négrepelisse, appartenant à M. de Turenne ; il m’a mandé que l’intention du roi était que, sans distinction, je distribuasse les troupes dans toutes les paroisses, il était brouillé avec M. de Turenne.

1858. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Il ne faut rien s’exagérer pourtant, et lorsque du détail d’une civilisation on ne sait guère que ce qu’en apprennent les fouilles, et que ces fouilles ont rendu aussi peu qu’elles l’ont fait jusqu’ici sur le sol de Carthage, on se trouve bien en peine, malgré les travaux des Beulé et des Falbe, pour tout remettre sur pied et pour tout restituer.

1859. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Dans ces jeux de l’érudition et du goût, l’original sans cesse relu, manié et remanié à plaisir, devenait chose familière, facile, non apprise, mais sue de tout temps et comme passée en nous, on ne l’oubliait plus.

1860. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Mais une note de date postérieure, qu’il a pris soin d’ajouter, nous apprend que cette noble cause s’était entièrement dénaturée, à ses yeux, depuis 1831, par l’introduction de l’élément révolutionnaire.

1861. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Singulier mélange, en effet, que cet abbé de Pradt, instruit de tant de choses et qui croyait s’entendre à toutes ; homme d’Église qui l’était si peu, qui savait à fond la théologie, et qui avait à apprendre son catéchisme ; publiciste fécond, fertile en idées, en vues politiques d’avenir, ayant par moments des airs de prophète ; écrivain né des circonstances, romantique et pittoresque s’il en fut ; le roi des brochuriers, toujours le nez au vent, à l’affût de l’à-propos dans les deux mondes, le premier à fulminer contre tout congrès de la vieille Europe ou à préconiser les jeunes républiques à la Bolivar ; alliant bien des feux follets à de vraies lumières ; d’un talent qui n’allait jamais jusqu’au livre, mais qui avait partout des pages ; habile à rendre le jeu des scènes dans les tragi-comédies historiques où il avait assisté, à reproduire l’accent et la physionomie des acteurs, les entretiens rapides, originaux, à saisir au vol les paroles animées sans les amortir, à en trouver lui-même, à créer des alliances de mots qui couraient désormais le monde et qui ne se perdaient plus ; et avec cela oublieux, inconséquent, disparate, et semblant par moments sans mémoire ; sans tact certainement et sans goût ; orateur de salon, jaseur infatigable, abusant de sa verve jusqu’à l’ennui ; s’emparant des gens et ne les lâchant plus, les endoctrinant sur ce qu’ils savaient le mieux ; homme à entreprendre Ouvrard sur les finances, Jomini sur la stratégie, tenant tout un soir, chez Mme de Staël, le duc de Wellington sur la tactique militaire et la lui enseignant ; dérogeant à tout instant à sa dignité, à son caractère ecclésiastique, avec lequel la plupart de ses défauts ou, si l’on aime mieux, de ses qualités se trouvaient dans un désaccord criant ; un vrai Mirabeau-Scapin, pour parler comme lui, un archevêque Turpin et Turlupin.

1862. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Mandez-moi si nous allons faire encore quelque expédition ; je serais bien aise de l’apprendre ici à beaucoup d’honnêtes gens qui l’ignorent.

1863. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

On finit par apprendre qu’ayant reçu des menaces de mort réitérées, M. de Talleyrand avait craint que le Clergé ne le fît assassiner ce jour-là, et qu’il avait écrit cette lettre, mais en donnant des ordres pour qu’elle ne fût remise que dans la soirée, ayant l’intention de la reprendre s’il vivait encore avant la fin du jour, ce que son trouble lui aura fait oublier. » (Mémorial de Gouverneur-Morris, tome I, p. 308.)

1864. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

— Mais l’embarras est moins grand, plusieurs de mes amis ayant pris assez tôt, dans le temps de mes malheurs, le soin de m’apprendre que je pourrais les quitter sans scrupule lorsque je serais heureux. » « Décembre 1812.

1865. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

pour chanter, crois-moi, Charles, il n’est pas l’heure ; Le temps n’a pas appris à ton front qu’il effleure Ce que son aile apporte et de nuits et d’hivers.

1866. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Si l’on veut sentir le prix de la gloire, il faut voir ce qu’on aime honoré par son éclat ; si l’on veut apprendre ce que vaut la fortune, il faut lui avoir donné la sienne ; enfin, si l’on veut bénir le don inconnu de la vie, il faut qu’il ait besoin de votre existence, et que vous puissiez considérer en vous le soutien de son bonheur.

1867. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

On apprendrait de lui la façon dont les figures se forment dans son esprit, sa manière de voir mentalement les objets imaginaires, l’ordre dans lequel ils lui apparaissent, si c’est par saccades involontaires ou grâce à un procédé constant, etc.

1868. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Elle ne fut chez nos trouvères qu’une doctrine apprise, science, comme dit Montaigne, logée au bout de leurs lèvres, vaine et froide idéalité, aristocratique dessin d’une vie élégante, dont l’élégance consiste à exclure les sentiments naturels et à s’abstraire des conditions réelles de la vie.

1869. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Certes nous leur devons de nous avoir appris (après Vigny, Gautier et les Orientales) comment les formes évoquées par les vers peuvent se préciser de fermes et forts contours, comment le vers lui-même, en cette langue fluide qui est sa matière propre, peut se modeler à l’égal de la glaise et bomber des reliefs aussi durs que le marbre.

1870. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

En un mot, c’est ici où cet incomparable Scaramouche, qui a été l’ornement du théâtre et le modèle des plus illustres comédiens de son temps qui avaient appris de lui cet art si difficile et si nécessaire aux personnes de leur caractère, de remuer les passions, et de les savoir bien peindre sur le visage (c’est une allusion à Molière) ; c’est ici, dis-je, où il faisait pâmer de rire pendant un gros quart d’heure dans une scène d’épouvante où il ne proférait pas un seul mot.

1871. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

s’écria-t-elle encore, comme si elle eût voulu s’apprendre à elle-même une langue nouvelle ; Dieu, c’est vous !

1872. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Elle apprit cela subitement, ayant à dîner chez elle Mme Bacciochi, sœur de Bonaparte.

1873. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Bien des esprits qui n’auraient pas eu l’idée de l’aller chercher pour son talent lyrique ont appris à le goûter sous cette forme facile et légère.

1874. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

James Ward remarque avec raison que ce résultat suspensif produit par la peine sert à ce qu’on pourrait appeler l’éducation intérieure de l’animal, mais qu’il ne lui apprend encore que fort peu de chose sur le dehors et qu’il sert peu à étendre les relations de l’individu avec son milieu.

1875. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Enfin, si l’on considère la forme du crâne, et par conséquent du cerveau, comme plus significative que le poids, il nous apprend que les idiots ont au moins autant que les autres hommes cette forme de tête allongée, qui, depuis Vésale, est généralement attribuée à une plus forte intelligence.

1876. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Elle a tout cela aussi, Mme Louise Colet, — mais elle a de plus l’insolence et la provocation — la provocation lâche et fanfaronne d’une femme qui sait bien qu’en cette terre de France, une jupe peut se permettre tout, sans aucun danger… De son vivant, elle l’avait appris et elle dut le savoir mieux que personne.

1877. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Hédouin n’a rien réfuté ni rien appris.

1878. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

L’homme pressentit alors, éparse dans l’atmosphère, en germe dans tout son être, la possibilité d’une vérité autre que la vérité apprise, et ce fut pour lui un enivrement.

1879. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Elle soutient le sentiment religieux, elle seconde l’art véritable, la poésie digne de ce nom, la grande littérature ; elle est l’appui du droit ; elle repousse également la démagogie et la tyrannie ; elle apprend à tous les hommes à se respecter et à s’aimer. » Pour mieux prouver que la science m’est indifférente, et que je ne me soucie que de morale, je range avec moi sous le même drapeau des philosophies sans métaphysiques, des métaphysiques opposées entre elles et des religions ; il me suffit qu’en pratique elles tendent au même but, et contribuent à nourrir dans l’homme les mêmes sentiments.

1880. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Quant à Pollion, que Virgile comparait à Sophocle, nous ne connaissons de ses drames que le conseil d’Horace lui disant : « Laisse quelque temps la Muse sévère de la tragédie manquer au théâtre171. » Et rien, dans les monuments trop rares de cette époque, ne nous apprend que cette interruption ait cessé.

1881. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il apprend le violoncelle et la flûte ; il apprend l’anglais et l’italien. […] Deschanel et Reyssié nous apprennent encore  ou nous rappellent, — que Lamartine eut au plus haut point ce qu’on a nommé avec indulgence le « don de l’inexactitude », spécialement quand il parle de lui-même. […] La vérité, c’est qu’il a appris le métier, comme les camarades (de quoi nous devons lui faire notre compliment), et qu’il a fait beaucoup plus d’études et d’exercices préparatoires que le rossignol des nuits d’été. […] Mais, tout de même, on peut assurer que ce sentiment délicieux, un peu languissant et endormi auparavant, ou qui ne s’était guère exprimé que sous des formes indirectes et imitées des anciens, s’est décidément réveillé et développé chez nous vers le dernier tiers du dix-huitième siècle, et qu’alors seulement nous avons appris à bien voir l’univers physique et à connaître entièrement combien la terre est belle, douce, mystérieuse et divine.

1882. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Par là encore il agrandissait l’art, et comme il a appris aux artistes modernes à croire que la beauté poétique est partout, brisant les barrières factices qui cantonnaient la poésie dans une galerie relativement étroite de modèles, il leur apprenait aussi que ces autres limites, déjà plus larges, qui confinent le littérateur dans la pensée et le sentiment, doivent être reculées encore ; que la plume peut peindre, sans souci de prouver ou d’émouvoir, et que, si ce n’est point-là le domaine propre du littérateur, du moins ce ne lui est pas une province étrangère et interdite. […] La solitude apprend tout aux hommes qui ont du génie naturel, sauf les passions humaines, si vous en exceptez les leurs. […] On songeait pourtant à faire apprendre quelque chose au jeune garçon. […] Tel est cet homme singulièrement aimable, ce grand poète, qui a aimé tout ce qui est beau et nous a appris à l’aimer, dont les erreurs même sont venues de tout voir à travers cette gaze de pourpre qu’il jetait sur toutes choses, rien qu’à les regarder. […] Dans l’enseignement public, on apprend aux enfants à développer parce que c’est le seul art littéraire dont ils soient capables, et qu’il est bon de leur donner le maniement facile du vocabulaire.

1883. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Deux choses m’ont toujours épouvanté, c’est qu’un enfant apprît à parler et à lire ; avec ces deux clefs qui ouvrent tout, le reste n’est rien. […] N’ayant pas appris le latin, il se servit ingénieusement de ce prétexte pour ne pas faire de centons d’Horace ou de Virgile. […] Lui-même semble ne pas y avoir attaché une grande importance, et dès lors il s’était jeté à corps perdu dans la lecture, la science, l’érudition ; il avait appris l’allemand pour lire Faust, et l’anglais pour lire Hamlet. […] Pendant tout ce temps, Marilhat fit des portraits pour vivre et des études pour apprendre. […] Théodore Chassériau fut un de ces vaillants ; nul ne l’entendit se plaindre : quand il fut touché de la balle invisible, tout le monde l’ignora ; on le croyait plein de force et d’avenir, et nous-même, son ancien camarade, nous qui avions vu naître sa jeune gloire rayon à rayon, et dont la voix enthousiaste le consola plus d’une fois aux jours de découragement, nous n’avons appris la triste nouvelle que par hasard, dans la rue, au seuil du Théâtre-Italien.

1884. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

En fait de moyens et procédés tirés des ouvrages eux-mêmes4, le public et l’artiste n’ont rien à apprendre ici. Ces choses-là s’apprennent à l’atelier, et le public ne s’inquiète que du résultat. […] Ces moyens, sus d’avance, appris à grand’peine et monotonement triomphants, intéressent le spectateur quelquefois plus que le paysage lui-même. […] La véritable mémoire, considérée sous un point de vue philosophique, ne consiste, je pense, que dans une imagination très-vive, facile à émouvoir, et par conséquent susceptible d’évoquer à l’appui de chaque sensation les scènes du passé, en les douant, comme par enchantement, de la vie et du caractère propres à chacune d’elles ; du moins j’ai entendu soutenir cette thèse par l’un de mes anciens maîtres, qui avait une mémoire prodigieuse, quoiqu’il ne pût retenir une date, ni un nom propre. — Le maître avait raison, et il en est sans doute autrement des paroles et des discours qui ont pénétré profondément dans l’âme et dont on a pu saisir le sens intime et mystérieux, que de mots appris par cœur. — Hoffmann.

1885. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Je leur ai appris par mes tragédies à raisonner, à réfléchir : aussi ont-ils plus d’intelligence et de clairvoyance, plus d’aptitude pour mieux tenir, entre autres choses, leur ménage et se rendre compte de tout en se disant : “Comment est ceci ? […] À plus forte raison vous laisseriez-vous attirer par les artisans, que de choses curieuses à apprendre ! […] Et, piquant la croupe de sa monture avec le bout de la poignée de son fouet, il se vit bientôt hors de la portée des pavés99. » Et Dancourt se garde de fermer l’oreille aux propos d’un cocher ivre qui lui en apprend plus long que bien des philosophes. […] Il n’est pas non plus en très grand crédit auprès des gens de lettres, et ceux qui s’acharnent le plus contre lui sont précisément ceux qui, ayant appris de lui à ne point fuir toujours la bassesse, lui reprochent de l’avoir désertée par les élans de son lyrisme et le haut vol de sa fantaisie. […] Pour avoir la clé de leur conduite, il faut remonter jusqu’à La Fortune des Rougon, le premier roman en date, afin d’apprendre que tous les membres de la famille des Rougon-Macquart sont ravagés par les effets d’une lésion organique originelle, qui détermine toute une suite d’accidents nerveux et sanguins178.

1886. (1885) L’Art romantique

Il apprend ainsi à créer le galbe, l’élégance, le caractère dans le dessin. […] Quant aux autres citoyens, pour la plupart, ils n’apprennent que peu à peu à connaître tout ce qu’a perdu la patrie en perdant le grand homme, et quel vide il fait en la quittant. […] Il a commencé par contempler la vie, et ne s’est ingénié que tard à apprendre les moyens d’exprimer la vie. […] Il est bon que chacun de nous, une fois dans sa vie, ait éprouvé la pression d’une odieuse tyrannie ; il apprend à la haïr. […] Victor Hugo, son esprit dut se fortifier à cette gymnastique, et il apprit ainsi à connaître l’immense valeur du mot propre.

1887. (1902) Propos littéraires. Première série

Au sortir du palais épiscopal il a oublié l’abbé Guitrel, continue de scruter la question de profanation et de purification, trouve de nouveaux textes, et apprend qu’il n’y a jamais eu le moindre pendu dans aucun tambour de l’église de Saint-Magloire. […] La montagne, c’est une société étrange de mille déesses, dont on apprend à distinguer les mille caractères différents ; et l’alpiniste devient comme une manière de sultan inquiet de ce harem monstrueux. […] Elle apprend qu’elle est ruinée : « Mon pauvre mari ! […] Ou plutôt tous ses dehors sont bien naturels, non appris, non affectés ; mais il a appris à s’en servir comme de travestissements, et c’est le grand art. […] » Et il a lu toutes les esthétiques anciennes et modernes ; et il n’a trouvé aucune définition de l’art qui le satisfit, comme vous l’apprendrez sans étonnement.

1888. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Comme nous savons, lorsqu’elle vient nous rendre visite, découvrir l’occasion d’apprendre à nos amis sa position dans le monde ! […] On vient d’apprendre que l’homme est hypocrite, injuste, tyrannique, aveugle. […] Êtes-vous bien réjoui d’apprendre que les mariages de convenance ont leurs inconvénients, qu’en l’absence de son ami on dit volontiers du mal de son ami, qu’un fils par ses désordres afflige souvent sa mère, que l’égoïsme est un vilain défaut ?

1889. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Il apprit l’art de la guerre sous le fameux Philopemen, & l’art de la politique sous son pere, qui gouverna la République des Achéens avec beaucoup de gloire. […] On présente à mes yeux avec une rapidité incroyable une suite de faits importans que je voudrois connoître à fonds, & l’on ne me dit qu’un mot de chacun ; on écrit pour m’instruire, & l’on ne m’apprend que très-peu de chose. […] Je n’en connois qu’un supportable ; c’est la Méthode facile pour apprendre l’histoire de Savoye, avec une description historique de cet Etat, in-12. 1697.

1890. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Avoir tout vu de la vie, en savoir tous les courants et tous les écueils, s’y être brisé, puis s’en être relevé, connaître les hommes par leurs passions et savoir s’en servir, avoir appris à ses dépens à toucher en eux les cordes qui résistent et celles qui répondent, avoir conservé au milieu de toutes ses traverses, et jusque dans les désastres où l’on est tombé par sa faute, son sang-froid, sa gaieté, son entrain, ses ressources d’esprit, sa bonne mine, son courage, son espérance surtout, cette vertu et cette moralité essentielle de l’homme ; quelle préparation meilleure, quand le ressort principal n’a point fléchi, quand le principe d’honneur a gardé toute sa sensibilité ! […] Le prince président lui envoie le commandant Fleury pour faire cette expédition à ses côtés ; les entretiens de la marche et du bivouac durent en apprendre beaucoup à Saint-Arnaud.

1891. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Mais, prématurément sensé, je croyais et je crois encore que, pour devenir législateur des sociétés humaines, il fallait un long et grave noviciat d’âge, d’études, de fréquentation des hommes, de pratique des affaires, de voyages parmi les peuples, les lois, les mœurs, les caractères des diverses contrées ; le spectacle des choses humaines parmi les hommes, en ordre ou en anarchie ; en un mot, une éducation complète et appropriée à l’auguste emploi que l’on se proposait de faire de sa sagesse, après l’avoir apprise ; j’y ajoutais encore la vertu, cette sagesse pratique sans laquelle il n’y a pas d’inspiration divine dans le législateur. […] Pour parler il faut connaître : sans avoir appris, que connaît-on ?

1892. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

La tendance à regarder toutes les facultés intellectuelles comme apprises, comme acquises, comme suggérées par l’éducation relève toujours de la même erreur qui consiste à vouloir tout expliquer par la socialité et à ne faire aucune part aux différenciations congénitales de l’individu. […] La part de l’imitation, de l’éducation, de la méthode apprise augmente sans cesse au détriment de l’initiative cérébrale.

1893. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Elle contient cette phrase sortie, dit le correspondant, d’une des plus jolies bouches de Paris : « Nous devons empêcher nos maris de lire Chérie, ça leur en apprend trop sur notre passé !  […] À l’heure présente, les jeunes gens du monde chic, apprennent d’un maître d’écriture ad hoc, l’écriture de la dernière heure, une écriture dépouillée de toute personnalité, et qui a l’air d’un chapelet d’m.

1894. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Inspirez du courage à l’être intelligent, donnez-lui de l’énergie ; qu’il ose enfin s’aimer, s’estimer, sentir sa dignité ; qu’il ose s’affranchir, qu’il soit heureux et libre ; qu’il ne soit jamais l’esclave que de vos lois ; qu’il perfectionne son sort ; qu’il chérisse ses semblables… Qu’il apprenne à se soumettre à la nécessité ; conduisez-le sans alarmes au terme de tous les êtres ; apprenez-lui qu’il n’est fait ni pour l’éviter ni pour le craindre. » Telle était la « prière de l’athée » au dix-huitième siècle.

1895. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

L’Éducation sentimentale conduit, par l’infini dédale des lâches amours de Frédéric Moreau, de la rubiconde infamie d’Arnoux, à la double beauté de Marie Arnoux ; ce livre apprend à mesurer les extrêmes de l’humanité. […] Le mot, qui, selon les linguistes allemands (Steinthal, Geiger), est à l’idée ce que le cri est à l’émotion, ne peut constituer l’antécédent de l’idée, que lorsque le langage, énormément développé par des génies verbaux de premier ordre, devient quelque chose que l’on apprend, que l’on emmagasine, et non un mince bagage traditionnel, qu’il faut utiliser et augmenter selon ses besoins.

1896. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Apprends que celui par qui toutes choses ont été créées est incorruptible, immuable, inaltérable, et que rien ne peut détruire ou modifier ce qui n’est pas susceptible de destruction. […] » « Apprends », répond le maître, « qu’il y a une concupiscence ou un désir mauvais, fille du principe charnel, pleine de péchés, et sans cesse agissant en nous, dont le monde est enveloppé comme la flamme est enveloppée par la fumée, le fer par la rouille ; c’est dans les sens, dans le cœur, dans l’intelligence pervertie, qu’il se plaît à travailler l’homme et à engourdir son âme.

1897. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Quel rôle reste-t-il au merveilleux des poètes épiques dans des contrées où l’on apprend par cœur ce livre aux générations qui se renouvellent, pendant que le lait des mères coule encore sur les lèvres des enfants ? […] Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, dorénavant, je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte ; heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint. » XXX La langue française prit dans cette bouche un accent qu’elle ne retrouva pas après lui ; mais il en reste un certain écho dans la voix des grands orateurs de la chaire qui lui succèdent sans l’égaler.

1898. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

J’adore le Seigneur ; on m’explique sa loi ; Dans son livre divin on m’apprend à la lire, Et déjà de ma main je commence à l’écrire. […] L’impitoyable grand-prêtre s’adresse à Joas, dont il va gouverner l’enfance : Apprenez, roi des Juifs, et n’oubliez jamais Que les rois dans le ciel ont un juge sévère, L’innocent un vengeur et l’orphelin un père.

1899. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

La littérature tout entière entra dans la route que le génie de Klopstock lui avait ouverte, et, même avant la mort de Frédéric, on vit éclore un certain nombre de poésies nationales que tout le monde apprit par cœur. […] La physique doit l’heureux changement de sa méthode à cette idée : que la raison cherche, je ne dis pas imagine, dans la nature, conformément à ses propres principes, ce qu’elle doit apprendre de la nature, et ce dont elle ne peut rien savoir par elle-même.

1900. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Que peut-il maintenant nous apprendre ? […] Michelet n’a pas toujours feuilleté l’histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie : que sur cette vieille terre du Vaudeville et de la galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations.

1901. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Tant que les Vénitiens croient que le roi de France n’avancera pas en Italie et qu’il ne réussira pas dans ses projets de conquête, ils protestent volontiers de leur amitié et de leurs services désintéressés pour lui ; quand ils le voient s’avancer et vaincre au-delà de leurs prévisions, ils s’effrayent, travaillent à nouer la ligue et dissimulent, non pas si bien toutefois que Commynes, le jour où ils lui apprennent la reddition du château de Naples aux Français, ne lise la consternation sur le visage des principaux dans la chambre du doge : « Et crois que quand les nouvelles vinrent à Rome de la bataille perdue à Cannes contre Annibal, les sénateurs qui étaient demeurés n’étaient pas plus ébahis ni plus épouvantés qu’ils étaient. » Patience !

1902. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Lorsqu’il vient à mourir, on apprend avec surprise qu’il avait quatre-vingts ans.

1903. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Bodmer ressemblait physiquement à Voltaire : Cette ressemblance, dit Ramond, me parut frappante, et j’appris qu’elle semblait telle à tous ceux qui avaient vu l’un et l’autre.

1904. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Cet écrivain laborieux et instruit, ayant été ministre de France à Turin sous le Directoire, y apprit à fond la littérature italienne et y amassa les matériaux du cours qu’il professa, et de l’ouvrage qu’il écrivit ensuite, sur ce sujet alors très nouveau.

1905. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Il n’étudia point, ne sut point le latin, mais apprit les langues vivantes par l’usage et par les livres à la mode.

1906. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Dieu soit béni d’aujourd’hui de ce que j’apprends de ton sommeil, de ton appétit, de cette promenade aux Champs-Élysées avec Caro (sa femme Caroline), ton ange conducteur !

1907. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Ses Mémoires n’apprendront que peu de chose aux hommes de son temps qui ont vécu à côté de lui ; ils sont très propres à instruire ceux qui sont venus depuis et qui viendront par la suite ; et c’est en vue de ces derniers que l’auteur semble les avoir composés.

1908. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Ainsi, après avoir enregistré quelque interdiction légale, dont l’application s’était faite le jour même, il passait brusquement, sans transition, à des nouvelles de l’autre monde et des pays transatlantiques : « Le Pérou vient de déclarer la guerre à l’Équateur… » ou bien : « On n’apprendra pas sans intérêt que la route qui vient d’être ouverte entre San-Francisco et la Nouvelle-Orléans abrégera d’une semaine le temps exigé naguère, etc. » Puis venait l’histoire des oiseaux du Palais de Cristal à Londres, les perroquets et les perruches qu’on avait représentés dans le catalogue comme d’excellents parleurs, et qui, « intimidés apparemment par la présence du public, ont gardé le silence » ; de jolies malices enfin, un peu renouvelées de Swift, mais accommodées à la française.

1909. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Je ne sais pourquoi, peut-être est-ce parce qu’elles sont rares, mais ces rencontres me plaisent toujours ; j’y gagne, j’y apprends de ces gaies et folles nouvelles qui autrement courraient risque de ne m’arriver jamais, j’entends de ces mots spirituels que toute la méditation ne donnerait pas, je m’y aiguise ; je crois même voir, sauf quelques rares exceptions, une bienveillance réelle à mon égard sur ces visages fins et travaillés.

1910. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

« Dans quelque condition qu’ils soient, tout le loisir dont ils disposent est employé à dévorer des livres et des journaux, à apprendre les langues. » Un domestique trouve moyen de ménager et d’excepter, en s’engageant, une parcelle de son temps, pour pouvoir faire son droit et prendre ses grades à l’Université.

1911. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Je fus étonné de ne pas me trouver horrible… » Après le départ de Bonstetten, trois années encore se passèrent avant qu’un amoureux moins léger et moins frivole que lui vînt apprendre décidément à la Reine des cœurs qu’elle en avait un.

1912. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Que de courses archéologiques je me rappelle et à Paris et hors de Paris, à l’abbaye de Saint-Denis, à l’église de Sarcelles, à Écouen, ou tout simplement au réfectoire de Saint-Martin des Champs, en la compagnie de ces savants hommes ; que d’occasions de bien savoir et d’apprendre, dont j’ai trop peu profité !

1913. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Sa maison seule, qui est fort belle, ses escaliers ornés de statues d’un goût parfait, la beauté de ses tableaux, la profusion des dessins qu’on trouve jusque dans ses antichambres, et les raretés de toute espèce et de tous les siècles qu’on rencontre à chaque pas, auraient suffi pour m’apprendre que j’entrais chez le prince de la littérature allemande.

1914. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Pour moi, il me rappelle exactement, dans l’exemple moderne le plus analogue, ce Pallas, fils d’Évandre, tué à son premier combat et qui, après avoir quitté son vieux père pour apprendre la guerre sous Énée, lui est ramené dans une pompe solennelle et touchante : …..Quem non virtutis egentem Abstulit atra dies et funere mersit acerbo.

1915. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

La gravure qui est en tête et qui représente le poète mourant couché dans un lit à longs rideaux, entouré de ses amis vêtus encore à la mode de 1811, et lui-même, dans cette chambre à coucher d’un ameublement moderne, tenant à la main sa lyre, — une vraie lyre (barbiton) ; — la vignette du titre où une femme, une muse en costume d’Empire, apprend l’art de pincer du luth à un petit Amour à la Prudhon ; les bouts-rimés et les quatrains qui s’entremêlent dans le volume aux pièces sérieuses, tout cela retarde et montre que le nouveau goût qui va naître et qui signalera proprement l’ère de la Restauration n’en est encore qu’à de vagues et craintifs essais.

1916. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Mon cher ami, j’apprends le conflit : il était imprévu pour moi ; j’ai cru que le Moniteur universel, non officiel, allait être plus libre et plus vif ; — qu’en reprenant son titre de Gazette nationale de 89 et la tradition des Encyclopédistes, il ne subirait aucun joug.

1917. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

La confiance d’un lien intime en a plus appris sur la nature morale, que tous les traités et tous les systèmes qui peignaient l’homme tel qu’il se montre à l’homme, et non tel qu’il est réellement.

1918. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

« La jeune princesse en est à sa quatrième nourrice… J’ai appris à cette occasion que tout se fait par forme à la cour, suivant un protocole de médecin, en sorte que c’est un miracle d’élever un prince et une princesse.

1919. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Peu de temps après son arrivée dans le château, la jeune femme avait appris que son mari n’avait désiré en elle qu’une concubine de plus, et que sa couche légitime devait être partagée par une femme étrangère, maîtresse absolue du château.

1920. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Elle ruine les unités, en plaçant ailleurs la vraisemblance ; elle recommande les sujets historiques ; elle goûte le mélange du lyrique au dramatique : « Le but de l’art n’est pas uniquement de nous apprendre si le héros est tué, ou s’il se marie ».

1921. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Renan nous a appris à l’estimer mieux, à nous y dévouer, et à maintenir, hors d’elle, à côté d’elle, notre idéal moral.

1922. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Jeu assez difficile, il faut le reconnaître, mais qui s’apprend enfin.

1923. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Nous apprenons qu’après Molière « trois écrivains bourgeois, Marivaux, Gresset, Piron, dont l’âme n’était tissue que de délicatesse, de fierté, de noblesse, de pensées honnêtes, avaient épuré et divinisé la scène comique ».

1924. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

. — J’apprends de bonne source qu’elle se propose d’élire Henri Bordeaux et, par un retour des plus honorables, de s’ouvrir à Georges Ohnet, s’il se peut, le même jour.

1925. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Un peu plus de cinquante ans avant les Maximes de La Rochefoucauld, on apprenait dans les écoles les Quatrains du sieur de Pibrac, et il est vraisemblable que La Rochefoucauld les avait balbutiés enfant.

1926. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Aussitôt, tout changea de face : les Blancs, déclarés ennemis de la patrie, furent chassés ; et Dante, qui était soupçonné de leur être favorable, apprit à la fois son exil et la perte de tous ses biens.

1927. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Cette seule pensée apprendrait à un esprit juste à ne pas envisager l’ensemble des littératures, même classiques, d’une vue trop simple et trop restreinte, et il saurait que cet ordre si exact et si mesuré, qui a tant prévalu depuis, n’a été introduit qu’artificiellement dans nos admirations du passé.

1928. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Le crime eut de l’écho par-delà les mers : L’Hôpital, ce représentant de la conscience humaine en un siècle affreux, apprit, dans la retraite de sa maison des champs, l’égarement de celle dont il avait célébré le premier mariage et la grâce première ; il consacra son indignation par une nouvelle pièce de vers latins, dans laquelle il raconte les horreurs de cette nuit funèbre, et ne craint pas de désigner l’épouse et la jeune mère, meurtrière, hélas !

1929. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Nous apprendrons peut-être à dégager de grandes masses de leur pesanteur et à leur donner une légèreté absolue, pour en faciliter le transport.

1930. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Mme de Krüdener, qui n’était encore à cette date qu’une ambassadrice et une jolie femme, se mit à copier et à apprendre par cœur de longs passages d’Anacharsis ; Mme de Staël, qui venait d’écrire ses Lettres sur Jean-Jacques Rousseau et qui naissait à la célébrité, adressait à l’abbé Barthélemy, dans un souper, des couplets où résonnaient les noms de Sapho et d’Homère.

1931. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Qu’il s’agisse des directions où tu dois appliquer ton intelligence ou de celles que doit suivre ta sensibilité, apprends à reconnaître parmi ces notions qui brillent dans ta conscience pour fasciner ton énergie, celles qui s’accordent avec l’impulsion naturelle de ton intelligence et de ta sensibilité.

1932. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Ces âmes mêmes seront non pas observées, car les sens seuls apprennent peu de chose en psychologie réelle, mais imaginées, et imaginées à l’image de leur auteur.

1933. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Apprends aux souverains et aux peuples ce qu’ils ont à espérer de ces prédicateurs sacrés du mensonge.

1934. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Car bien que l’inscription apprenne leur nom, on a encore beaucoup de peine à deviner la valeur et le merite de tous les attributs emblêmatiques dont ils sont ornez.

1935. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Et, quand c’est l’élève de Tartuffe qui parle, même non plus devant lui, mais répétant une leçon qu’autrefois il a apprise de lui, voyez le style sinueux, tortueux, serpentin, voyez la démarche de Tartuffe dans le style d’Orgon : Ce fut pour un motif de cas de conscience : J’allais droit à mon traître en faire confidence Et son raisonnement me vint persuader De lui donner plutôt la cassette à garder, Afin que pour nier, en cas de quelque enquête, J’eusse d’un faux-fuyant la faveur toute prête, Par où ma conscience eût pleine sûreté A faire des serments contre la vérité.

1936. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

L’absence d’instinct dans l’homme fait qu’il a besoin de tout apprendre.

1937. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Je dis qu’il faut relire la vie dans les livres, mais qu’il faut l’apprendre de la vie elle-même, en la regardant en face avec des yeux bien clairs.

1938. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

J’estime, pour ma part, que n’importe qui peut apprendre à rimailler tant bien que mal, selon les règles traditionnelles, mais non point à composer des poèmes comme ceux de Kahn, de Régnier ou de Vielé-Griffin.

1939. (1913) Poètes et critiques

Je n’ai pas à apprendre au lecteur ce que contient la Chanson des Gueux : elle a déjà eu plus d’éditions que beaucoup de romans en vogue. […] Il y apprit, seulement à demi, le métier de compositeur. […] Comme dans l’auteur des Eaux printanières, on retrouve, chez André Beaunier, le sentiment subtil de ce qui est l’âme secrète ou la muette expression de cette nature engourdie et comme emmurée dans une léthargie inéluctable jusqu’au moment de la résurrection : « Apprends du tranquille paysage d’hiver la résignation, la docilité parfaite aux lois de silence et d’oubli. » Les descriptions chaudes et colorées du printemps méridional, qui donnent tant de charme à d’autres parties du volume, font, avec ces tableaux de régions glacées, un contraste des plus heureux. […] Absolument clair pour quiconque est un peu renseigné sur les vagabondages de Verlaine et sur leurs conséquences, ce titre est souligné par une épigraphe en langue espagnole placée en tête de la première page du recueil et dont voici le sens : « J’ai été dans les fers : c’est là que j’ai appris à prendre patience dans les adversités. » L’écrivain qui devait, dix-neuf ans plus tard, donner le livre en prose, Mes Prisons, avait eu cet espoir, bientôt déçu, de publier en vers, au lendemain de sa libération, — comme un témoignage public de cette conversion qui fut pour lui le résultat mystérieux de la captivité, — ses impressions de geôle et ses premières, ses poignantes, ses plus chrétiennes oraisons de pénitent, agenouillé devant la double image de Marie aux mains ouvertes et du fils de la Vierge expirant sur la croix comme un voleur de grand chemin. […] Il était à Fampoux, le soir où il apprit la mort de sa cousine Élisa, la bonne protectrice qui lui avait spontanément fourni de quoi payer l’impression de ses premiers vers : il ressentit un lourd chagrin, et si amer qu’il ne trouva, pour l’adoucir, rien de plus à propos que d’appeler à son secours la torpeur d’une noire ivresse.

1940. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Quant au peuple proprement dit, inutile d’en parler ; il ne lit pas, pour cette bonne raison qu’on a négligé de lui apprendre à lire. […] Il a dit, en un mot, tout ce que lui avaient appris une fréquentation intime assidue et une lecture complète des ouvrages de son ami, tout ce que soupçonnaient d’ailleurs ceux que n’avaient pas aveuglés les préjugés d’école. — Après lui, il y a quelques mois à peine, un autre commentateur, M. de Spoelberch de Lovenjoul, en deux tomes compacts, publiait une bibliographie qui révèle une fois de plus la fécondité encyclopédiste de Gautier, et qui, par quelques fragments inédits, par quelques lettres inconnues, établit d’une manière irréfutable la délicatesse psychologique de cette singulière nature, prétendue impassible29. […] Il conduit par malheur ses adeptes à l’usage des moyens matériels qui élèvent ces fantasmagories de l’imagination ; il leur apprend le culte de l’opium, du haschisch, du vin, de ce vin « fils aîné du Soleil », Qui sait revêtir le plus sordide bouge D’un luxe miraculeux106, et qui transporte le chiffonnier abject ou l’assassin bourrelé de remords vers les sphères de joie, de lumière et de gloire, dans lesquelles on n’entend que les clameurs des fêtes, ou les marches triomphales des guerriers vainqueurs, au milieu d’une apothéose féérique107. […] Elles se trouvaient rédigées de toutes pièces chez son auteur favori ; il les avait donc connues et apprises du jour, en quelque sorte, où il apprit à lire. […] Vaguement, il se rendait compte que, la poésie étant essentiellement subjective, personnelle, elle peut être étudiée et commentée, mais elle ne s’apprend, ne se règle ni se définit, et, à plusieurs reprises, il en arrive à déplorer les difficultés de facture qui la paralysent, à maudire les dogmes fixes dans lesquels on l’a immobilisée depuis trois siècles, et en qui on a fini par croire qu’elle était contenue tout entière.

1941. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Les faux esthètes, pour qui le poète est un vaticinateur dédaigneusement debout sur son trépied, apprenaient à son école les nécessités de l’effort et les délices du travail. […] Cette insouciance pécuniaire ne l’empêchait pas de vous apprendre avec une fierté naïve qu’il était le poète à qui on payait les vers le plus cher. […] A force de les ruminer dans sa tête, il finissait par les apprendre par cœur. […] Les lettres de faire part vous apprennent le plus souvent qu’il a existé un ami que vous auriez pu avoir. […] Je n’ai pas la prétention d’apprendre au public quelque chose de nouveau sur un homme qui eut presque de son vivant la popularité de Bérenger.

1942. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Autant vaudrait soutenir qu’il a créé le jour pour blesser nos regards, la nuit pour nous tourmenter de visions sinistres, les fleurs pour répandre des miasmes, les fruits pour se changer en poisons, les animaux pour nous dévorer, les prairies, les futaies, les vallons, les eaux jaillissantes, pour nous apprendre à le renier et à le maudire. […] Et si quelqu’un, touchant à ces cordes, demandait tristement par où peut finir une génération à qui l’on apprend à mépriser Dieu, à déplacer l’idée du bien et du mal, à chercher dans le vice ses types de grandeur et d’héroïsme, il n’y avait pas assez de huées pour ce prophète de malheur : d’où venait-il ? […] il vous faudrait, pour légitimer vos utopies, des Cincinnatus, des Washington, des Franklin, des modèles de simplicité primitive, d’austérité républicaine ; et vous leur donnez, pour leur apprendre à lire, un professeur d’absolutisme ! […] M. de Lamartine se raconte ainsi, afin de nous faire aimer le travail littéraire, de nous apprendre, par son propre exemple, tout ce qu’il peut donner de force aux phases brillantes de la vie, de soulagement et de recours aux années de disgrâces. […] Espérons qu’avant de commencer son troisième Entretien M. de Lamartine apprendra la mort d’Homère ou de Virgile !

1943. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Là, dans la vinée, est l’endroit où nous avons appris la mort de notre cher Gavarni. […] Pourquoi le jeune Égyptien, qui apprend avec plus de rapidité que le jeune Européen, est arrêté, à quatorze ans, dans son développement intellectuel ? […] Nous entrons dans un café, pour parler de mon frère, dont il a appris la mort en province. […] Derrière le dos de questionneurs, groupés autour d’un garde national, j’entends les mots : « coups de revolver… feu de peloton… blessés. » Sur le seuil du Théâtre-Français, Lafontaine m’apprend la nouvelle officielle de la capitulation de Metz. […] Le premier journal que j’achète, m’apprend que le bombardement est commencé.

1944. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Non ; ce qui nous intéresse surtout, c’est d’apprendre qu’Aristophane ne développe pas d’intrigues, ne peint pas de caractères ; que son comique est une gaieté sans frein et une fantaisie sans bornes, animant, poétisant le tableau des mœurs publiques ; qu’il est tantôt lyrique et tantôt bas, à la fois cynique et charmant, tel enfin que Voltaire a pu l’appeler un bouffon indigne de présenter ses farces à la foire , et que Platon a pu dire : les Grâces choisissant un tombeau trouvèrent l’âme d’Aristophane . […] Par cela même que le jugement de goût ne peut être déterminé par des concepts et des préceptes, le goût est précisément de toutes les facultés et de tous les talents celui qui a le plus besoin d’apprendre par des exemples ce qui, dans le progrès de la culture, a obtenu le plus long assentiment, s’il ne veut pas redevenir bientôt inculte et retomber dans grossièreté de ses premiers essais.

1945. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Le moyen de s’imaginer que des sauvages de l’Orient, tels que les Chinois, eussent écrit des annales, composé des poésies, approfondi la morale et la religion avant que les Grecs, maîtres et docteurs de l’Europe moderne, eussent seulement appris à lire ! […] L’étude des cérémonies nous apprend comment on doit s’acquitter envers le ciel, les esprits et les ancêtres ; elle nous enseigne à ne pas confondre les rangs.

1946. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Prends-le dans la bibliothèque, il ne doit pas être loin du Tacite, et apprends-le par cœur ; mais à quoi bon ? […] Peu de mois après ce jour, j’appris que Balzac était parti pour un voyage énigmatique, et qu’il était marié.

1947. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Plus vieille de soixante ans, elle fait de ce portrait un personnage vivant ; mais ce personnage mal appris se confesse et se dénonce. […] Il s’ébahit « vu que c’est le meilleur poëte parisien qui se trouve, comment les imprimeurs de Paris et les enfants de la ville n’en ont eu plus grand soin. » II veut que les jeunes gens « cueillent ses sentences comme belles fleurs ; qu’ils contemplent l’esprit qu’il avait ; que de lui ils apprennent proprement à décrire. » Il l’estime « de tel artifice, tant plein de bonne doctrine, et tellement peinct de mille couleurs », que très-souvent il lui en fait des emprunts, et qu’il se paye, en le copiant, du soin de l’avoir édité.

1948. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

La physiologie et l’anatomie comparées, la zoologie, la botanique sont à mes yeux les sciences qui apprennent le plus de choses sur l’essence de la vie, et c’est là que j’ai puisé le plus d’éléments pour ma manière d’envisager l’individualité et le mode de conscience résultant de l’organisme. […] L’enfant qui apprend sa langue, l’humanité qui crée la science n’éprouvent pas plus de difficulté que la plante qui germe, que le corps organisé qui arrive à son complet développement.

1949. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Or, en ce temps, l’Allemagne, après tant d’années d’ignorance, apprenait qu’elle possédait un grand philosophe de plus. […] Tristan, qui « apprit plus de livres que jamais enfant ne fit » (Gottfried), et Parsifal, le « reine Thor » ou, comme disent les auteurs français, le Nicelot .

1950. (1909) De la poésie scientifique

Brunetière, après avoir écrit contre l’Evolutionnisme, en 1893, demande une littérature, une poésie, qui relèvent de Darwin et de Haekel… En même temps que moi, un critique lui apprend ou lui rappelle que cette poésie existe. […] « Il sera sans doute intéressant pour les lecteurs anglais d’apprendre qu’il est un des très peu nombreux poètes Français dont les, œuvres sont acquises, dès qu’elles paraissent, par la Librairie du British Muséum. » (Daily Chronicle, Londres, mars 1897.)

1951. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

La guérison des déséquilibrés serait d’apprendre à avoir pitié, — une pitié continue et active. […] Enfin Gautier, leur maître à tous dans l’art de versifier pour ne rien dire, avait écrit : « La poésie est un art qui s’apprend, qui a ses méthodes, ses formules, ses arcanes, son contre-point et son travail harmonique313. » Gautier oublie que le contre-point, sans l’inspiration, n’a jamais fait un musicien ; ce qu’il dit de la poésie s’applique simplement à la versification, laquelle en diffère comme la science de l’harmonie diffère du génie musical.

1952. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Le Comte Léon Tolstoï Il y a deux ans à peine, le nom du comte Léon Tolstoï était inconnu en France ; l’on n’a cessé d’y ignorer la gloire de cet auteur, l’un des plus grands de ceux qui vivent dans ce temps, que pour apprendre le mépris et l’abandon qu’il fait lui-même de son génie. […] Quelques-uns, sortant de la compassion et de l’amour d’eux-mêmes, se sentant participants à la force en qui réside indestructiblement le principe des existences passagères, et affermis en cette certitude de persister dans le tout, apprennent à ne plus se soucier de leur sort et à ne s’affliger pas autrement de leur dissolution que la froide terre où s’ouvrira leur fosse.

1953. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

La manière dont elle apprit le Grec & le Latin est remarquable : on la tient d’un vieux officier de Saumur, qui avoit vécu avec Tannegui Le Févre. Ce sçavant élevoit lui-même un fils, ne desiroit rien tant que de le voir avancer dans l’étude des langues, & le grondoit beaucoup de ne vouloir rien apprendre.

1954. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Dans une scène d’ivrognerie et de rixe qui rappelle trop un tableau flamand de Teniers, il apprend que don Étur, un de ses camarades, se vante de l’amour de Juana. […] Nous pouvons oublier le nom de tes montagnes ; Mais qu’en fouillant le sein de tes blondes campagnes, Nos regards tout à coup viennent à découvrir Quelque dieu de tes bois, quelque Vénus perdue… La langue que parlait le cœur de Phidias Sera toujours vivante et toujours entendue ; Les marbres l’ont apprise, et ne l’oublieront pas.

1955. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Des souvenirs qu’on croyait abolis reparaissent alors avec une exactitude frappante ; nous revivons dans tous leurs détails des scènes d’enfance entièrement oubliées ; nous parlons des langues que nous ne nous souvenions même plus d’avoir apprises. […] Que toute idée surgissant dans l’esprit ait un rapport de ressemblance ou de contiguïté avec l’état mental antérieur, c’est incontestable ; mais une affirmation de ce genre ne nous renseigne pas sur le mécanisme de l’association, et même, à vrai dire, ne nous apprend absolument rien.

1956. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

On n’a pas besoin du catéchisme de Heidelberg pour apprendre à ne pas trop s’attacher à ce monde, surtout en ce pays où tout est si plein de fausseté, d’envie et de méchanceté, et où les vices les plus inouïs s’étalent sans retenue ; mais désirer la mort est une chose tout à fait opposée à la nature.

1957. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Un jour il apprend que le duc de Bourgogne, parlant moins en prince et en fils de roi qu’en pénitent et en homme qui sort de son oratoire, a dit que ce que la France souffrait alors, en 1710 (et elle souffrait, en effet, d’horribles maux), venait de Dieu qui voulait nous faire expier nos fautes passées : « Si ce prince a parlé ainsi, écrit Fénelon au duc de Chevreuse, il n’a pas assez ménagé la réputation du roi : on est blessé d’une dévotion qui se tourne à critiquer son grand-père. » Dans tout ceci, je n’ai d’autre dessein que de rappeler quelques traits de la piété noble, élevée, généreuse, à la fois sociable et royale de Fénelon, sans prétendre en tirer (ce qui serait cruel et presque impie à son égard) aucune conséquence contre l’avenir de son élève chéri, contre cet avenir qu’il n’a point été donné aux hommes de connaître et de voir se développer.

1958. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Louis Paris, nous apprend tout ce qu’on peut désirer, sinon sur les principaux événements de sa vie, du moins sur sa personne et son caractère.

1959. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Granet, dont c’était le genre, lui dit un jour : « Laissez donc ces tableaux de murailles pour les gens qui ne savent pas faire la figure. » La figure humaine, cette figure d’un être que l’Écriture nous apprend avoir été fait à l’image de Dieu, avec sa grandeur, sa noblesse, sa force, sa grâce, et surtout sa gravité et sa tristesse, c’est en effet le triomphe de Léopold Robert : il s’y est consacré et consumé.

1960. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Par suite du rapprochement de Henri III et de la Ligue, et de leur réconciliation qui s’est faite aux dépens des Protestants, le Béarnais vient d’être forcé de reprendre les armes et de recommencer sa vie d’escarmouches, de harcèlements et de surprises, jusqu’à ce que la journée de Coutras apprenne aux autres et à lui-même ce qu’il peut comme général.

1961. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Rien ne serait plus sot et plus déplacé ; mais j’ai appris à connaître les hommes en vieillissant, et je crois que le meilleur est de se passer d’eux sans faire l’entendu… Cette rareté de bonnes gens est la honte du genre humain.

1962. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Comme il ne prétendait partir de Dijon que le jeudi suivant, nous devions, le jour qu’il tomba malade, dîner, lui et moi, chez M. le président Le Gouz-Maillard ; j’y allai à midi et demi, et fut bien surpris en y arrivant d’apprendre que Santeul, pour qui la fête se faisait, ne viendrait pas.

1963. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Le poète pense à un autre poète de ses amis, à un hôte lointain dont il vient d’apprendre à l’improviste la mort déjà ancienne, et qui avait fait lui-même des élégies mélodieuses : Quelqu’un, ô Héraclite, m’a dit ton trépas et m’a plongé dans les larmes, et je me suis ressouvenu combien de fois tous les deux nous avions, au milieu de nos doux entretiens, enseveli le soleil : mais toi, cher hôte d’Halicarnasse, dès longtemps, je ne sais où, tu n’es que cendre.

1964. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

La peste, la famine sévissent parmi les troupes ; les colonels et capitaines Grisons s’irritent faute de paye et quittent leurs postes, le conseil des ligues pense à de nouvelles alliances : point d’argent, point de Grisons. « Il ne se passe semaine, écrivait Rohan à M. des Noyers dès le mois de juillet, que je ne vous écrive l’état de ce pays, et je n’apprends pas seulement que vous receviez mes lettres, ce qui me fait croire que vous ne prenez pas la peine de les lire. » Les amères doléances de Rohan du fond de sa Valteline arrivaient pendant que les Espagnols prenaient Corbie et menaçaient la capitale ; on conçoit qu’elles aient été médiocrement écoutées.

1965. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Nombre de lettres de Frédéric adressées à son frère, à la veille ou au lendemain des batailles acharnées où il risque tout et où, tantôt battu, tantôt battant, sa personne est continuellement enjeu, lettres toutes remplies de recommandations nettes et précises, attestent sa simplicité, sa force d’âme et son souci patriotique de l’État, il met certainement le plus haut prix aux services que le prince Henri ne cesse de rendre, en ces cruelles années, par ses soins et ses bonnes dispositions autant que par sa valeur : « L’Europe, lui dit-il (mai 1759), apprendra à vous connaître non seulement comme un prince aimable, mais encore comme un homme qui sait conduire la guerre et qui doit se faire respecter.

1966. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Un moment elle craint que le peu de contentement où l’on est à la Cour de France de certains procédés équivoques habituels au duc de Savoie, ne fasse renoncer aux vues qu’on avait sur la princesse sa fille : « Si cette nouvelle est véritable, écrit Mme des Ursins, je vous supplie très humblement, madame, de m’informer sur ce qui pourra venir à votre connaissance, afin que je puisse prendre mes mesures de bonne heure. » Mais bientôt elle apprend que tout tient et achève de se conclure ; en attendant, elle ne s’en est pas fiée aux simples insinuations auprès de la cour de Turin ; elle a écrit, elle s’est décidément offerte.

1967. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

La chanson était la distraction légère et le hors-d’œuvre sur lequel il ne comptait pas, et il fondait tout son espoir de renommée sur un poëme (je ne sais quel poëme épique pastoral) qu’il corrigeait et retravaillait sans cesse : « Si l’amour-propre ne m’égare pas, je crois commencer un peu à comprendre ce que c’est que la poésie ; mais qu’il y a encore à apprendre ! 

1968. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Elle est belle comme le jour, grasse, fraîche : elle dort, elle mange, elle rit : il faut finir là… » Le roi est jaloux d’une façon étrange ; et ceci, ce n’est point la marquise, c’est le marquis de Villars qui nous l’apprend dans sa Relation.

1969. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Il est de ceux qui, selon le mot de Shelley, ont appris dans la souffrance ce qu’ils enseignent dans leur chant.

1970. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Trois médecins ont dressé ce Journal de la santé de Louis XIV, qui nous apprend aujourd’hui tant de choses imprévues, et qui nous montre le dessous de la draperie.

1971. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Considérez notre littérature depuis le Moyen-Age, rappelez-vous l’esprit et la licence des fabliaux, l’audace satirique et cynique du Roman de Renart, du Roman de la Rose dans sa seconde partie, la poésie si mêlée de cet enfant des ruisseaux de Paris, Villon, la farce friponne de Patelin, les gausseries de Louis XI, les saletés splendides de Rabelais, les aveux effrontément naïfs de Régnier ; écoutez dans le déshabillé Henri IV, ce roi si français (et vous aurez bientôt un Journal de médecin domestique, qui vous le rendra tout entier, ce diable à quatre, dans son libertinage habituel) ; lisez La Fontaine dans une moitié de son œuvre ; à tout cela je dis qu’il a fallu pour pendant et contrepoids, pour former au complet la langue, le génie et la littérature que nous savons, l’héroïsme trop tôt perdu de certains grands poëmes chevaleresques, Villehardouin, le premier historien épique, la veine et l’orgueil du sang français qui court et se transmet en vaillants récits de Roland à Du Guesclin, la grandeur de cœur qui a inspiré le Combat des Trente ; il a fallu bien plus tard que Malherbe contrebalançât par la noblesse et la fierté de ses odes sa propre gaudriole à lui-même et le grivois de ses propos journaliers, que Corneille nous apprît la magnanimité romaine et l’emphase espagnole et les naturalisât dans son siècle, que Bossuet nous donnât dans son œuvre épiscopale majestueuse, et pourtant si française, la contrepartie de La Fontaine ; et si nous descendons le fleuve au siècle suivant, le même parallélisme, le même antagonisme nécessaire s’y dessine dans toute la longueur de son cours : nous opposons, nous avons besoin d’opposer à Chaulieu Montesquieu, à Piron Buffon, à Voltaire Jean-Jacques ; si nous osions fouiller jusque dans la Terreur, nous aurions en face de Camille Desmoulins, qui badine et gambade jusque sous la lanterne et sous le couteau, Saint-Just, lui, qui ne rit jamais ; nous avons contre Béranger Lamartine et Royer-Collard, deux contre un ; et croyez que ce n’est pas trop, à tout instant, de tous ces contrepoids pour corriger en France et pour tempérer l’esprit gaulois dont tout le monde est si aisément complice ; sans quoi nous verserions, nous abonderions dans un seul sens, nous nous abandonnerions à cœur-joie, nous nous gaudirions ; nous serions, selon les temps et les moments, selon les degrés et les qualités des esprits (car il y a des degrés), nous serions tour à tour — et ne l’avons-nous pas été en effet ?

1972. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

C’est sur Louis Racine ou Racine fils que l’abbé de La Roque nous apprend le plus de choses.

1973. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

— Satan : N’aie peur ; il y a longtemps que j’ai appris tous les conseils du Paradis ; je t’en dirai une partie. — Ève : Commence, et je t’écouterai. — Satan : M’écouteras-tu ?

1974. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

mais, peu à peu, le retour de ces mélodies monotones vous pénètre et vous imprègne en quelque sorte, et pour peu que des souvenirs personnels un peu tristes s’y ajoutent, vous vous sentirez pleurer sans songer seulement à juger, à apprécier ou à apprendre les airs que vous entendez.

1975. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

« Cher Deleyre, lui disait-il, sans être votre ami, j’ai de l’amitié pour vous. » Et moyennant cette distinction à demi bourrue, à demi obligeante, il lui donnait parfois de bons conseils ; un jour, par exemple, que Deleyre s’était refait journaliste et polémiste à l’étranger : « Cher Deleyre, lui écrivait Rousseau, défiez-vous de votre esprit satirique ; surtout apprenez à respecter la religion : l’humanité seule exige ce respect.

1976. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Aux âmes simples, aux fidèles qui vivent rangés et soumis autour de la houlette pastorale, je ne conseillerai pas de le lire ; mais on sait que le nombre de ces fidèles et de ces humbles n’est pas infini ; et pour tous les autres, sceptiques, indifférents, hommes d’étude et d’examen, gens du monde, gens d’affaires, pour peu que vous ayez un coin sérieux de vacant et de libre en vous, je dirai avec confiance : Lisez et méditez, lisez et relisez ces beaux chapitres, Éducation de Jésus, Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus, Prédications du lac et apprenez le respect, l’amour et l’intelligence de ces choses religieuses auxquelles il n’est plus temps d’appliquer la raillerie et le sourire.

1977. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

De même, la première leçon qu’un père prévoyant devrait donner à son fils, si ce fils se destinait à devenir un critique journaliste, ce serait, selon moi : « Mon fils, n’ayez pas le goût trop dégoûté ; apprenez à manger de tout. » Or, imaginez un poète, c’est-à-dire un être accoutumé à cultiver et à chérir un idéal, à le caresser dès l’enfance sur l’aile de la fantaisie, imaginez ce poète subitement mis à pied par la fortune et obligé par métier d’essayer de toutes les combinaisons, de déguster tous les breuvages et toutes les boissons à leur entrée, ou, si vous aimez mieux, de tremper le doigt dans toutes les sauces.

1978. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

On y apprend du neuf à chaque pas.

1979. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

M. de Girardin n’a rien de la rhétorique ni du style appris, mais un tour vif, neuf, imprévu, cavalier, qui est à lui.

1980. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Sujets, style, composition et détail, il a raison peut-être de tout lâcher ainsi au courant de l’onde, satisfait de son flot puissant ; car la génération qui nous jugera n’est pas la génération qui déjà finit : ceux qui auront le dernier mot sur nos œuvres auront appris à lire dans nos fautes ; ils brouilleront un peu tout cela, et nos barbarismes même entreront avec le lait dans le plus tendre de leur langue. 

1981. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Si l’on excepte quelques illustres incurables, auxquels les années n’ont guère rien appris, la plupart, d’un côté ou d’un autre, sont arrivés à un fonds commun ; ce que j’appelle les secondes phases du talent a tourné chez presque tous à l’expérience.

1982. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

vous pouvez nous l’apprendre ; Votre réponse est prête, il me semble l’entendre : C’est jouir des vrais biens avec tranquillité, Faire usage du temps et de l’oisiveté, S’acquitter des honneurs dus à l’Être suprême, Renoncer aux Phyllis en faveur de soi-même, Bannir le fol amour et les vœux impuissants, Comme Hydres dans nos cœurs sans cesse renaissants.

1983. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

C’est surtout ainsi que j’ai appris le peu que je sais en physiologie… »65 Questionné sur le même sujet par le Dr Cabanès, E. de Goncourt avait peu insisté sur son répertoire bibliographique.

1984. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Dans les compagnies étranges où le sort le jette, il apprend combien Gil Blas est peu de chose dans le monde, que le monde n’a pas pour principale affaire de contenter, d’admirer Gil Blas.

1985. (1890) L’avenir de la science « V »

Si vous élevez autel contre autel, on vous dira : « Nous aimons mieux les anciens ; ce n’est pas que nous y croyions davantage, mais enfin nos pères ont ainsi adoré. » On nous chargerait de l’éducation religieuse du peuple, que nous devrions commencer par son éducation dite profane, lui apprendre l’histoire, les sciences, les langues.

1986. (1886) De la littérature comparée

Avec plus d’étude, les écrivains apprendraient, par la connaissance du passé et par la comparaison, à mieux juger leur propre temps ; ils seraient moins hardis dans leurs tentatives, et, partant, dépenseraient moins de forces en pure perte ; ils développeraient leur sens critique d’autant plus utilement, que l’époque est passée où les grandes œuvres se produisaient inconsciemment, comme par l’effet de quelque mystérieux travail de la nature, et que la critique est devenue la meilleure source d’inspiration.

1987. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Apprends-moi, si je dois ou me taire, ou parler… Aujourd’hui vieux lion, je suis doux et traitable126… Mes défauts désormais sont mes seuls ennemis.

1988. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

L’art de la critique, en un mot, dans son sens le plus pratique et le plus vulgaire, consiste à savoir lire judicieusement les auteurs, et à apprendre aux autres à les lire de même, en leur épargnant les tâtonnements et en leur dégageant le chemin.

1989. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

C’est ainsi qu’il disait : « Interrogeons l’histoire, elle est la physique expérimentale de la législation. » Et dans un autre discours ou exposé de motifs, parlant de Montesquieu : « Il nous apprit, dit-il, à ne jamais séparer les détails de l’ensemble, à étudier les lois dans l’histoire, qui est comme la physique expérimentale de la science législative. » Et ailleurs encore, pour exprimer qu’il faut étudier les opérations de l’esprit dans les langues : « La parole est la physique expérimentale de l’esprit. » Je ne fais qu’indiquer ce procédé très sensible chez lui, et qui nous frapperait moins peut-être, si, comme les critiques anciens, nous avions pénétré davantage dans le secret des orateurs.

1990. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Je ne vous parle point politique, non que je craigne pour les lettres qui vous sont adressées les visites du Cabinet noir, mais c’est que nous nous connaissons trop pour que j’aie quelque chose à vous apprendre sur mes sentiments ou quelque curiosité à montrer sur les vôtres.

1991. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Ce qui fait d’une pierre deux coups et nous apprend que M. de Chavigny avait le même inconvénient que Mme de Longueville.

1992. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Ce qu’il faut rappeler à l’honneur de la reine Marguerite, c’est son esprit, c’est son talent de bien dire, c’est ce qu’on lit à son sujet dans les Mémoires du cardinal de Richelieu : « Elle était le refuge des hommes de lettres, aimait à les entendre parler ; sa table en était toujours environnée, et elle apprit tant en leur conversation qu’elle parlait mieux que femme de son temps, et écrivit plus élégamment que la condition ordinaire de son sexe ne portait. » C’est par là, c’est par quelques pages exquises qui sont une date de la langue, qu’elle est entrée à son tour dans l’histoire littéraire, ce noble refuge de tant de naufrages, et qu’un rayon dernier et durable s’attache à son nom.

1993. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

C’est alors que, dans sa détresse et son désespoir, on lui apprit qu’il y avait un moyen d’arriver jusqu’au cabinet de ce juge ; c’était de faire quelque cadeau à sa femme.

1994. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Il y eut un moment pourtant où il dut parler ; il écrivit dans les journaux, à la date du 5 décembre 1811, une lettre qui commence par ces mots : Je viens d’apprendre qu’on a trouvé, il y a quelques jours, une comédie manuscrite d’un jésuite, ayant pour titre : Onaxa, ou Les Deux Gendres dupés.

1995. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Est-ce ainsi qu’autrefois, dans ma noire soupente, À la sombre lueur d’une lampe pliante, Feuilletant les replis de cent bouquins divers, J’appris pour mes péchés l’art de forger des vers ?

1996. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

… Partout, chez les boyards, chez les marchands de Moscou, dans les domaines de la petite noblesse, jusque chez les Cosaques zaporogues, il y avait quelque chose de ce regret et de ce désir ; bien des cœurs et des imaginations étaient disposés à accueillir ce roi fils de Rurik s’il reparaissait, lorsque tout à coup, en 1603, et quand Boris régnait depuis cinq années déjà, on apprit que Démétrius n’était point mort et qu’il s’était montré en plus d’un lieu.

1997. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

C’est avant tout l’inspiration, c’est-à-dire « certaines combinaisons mentales, que le sens intime, le moi ne saurait avouer comme nôtres, c’est-à-dire qui se sont faites à notre insu, sans que notre volonté y fût pour rien » ; c’est l’enthousiasme, le délire, suivant la doctrine de Platon ; c’est « plus de rapidité dans les conceptions, plus d’élan, de spontanéité dans l’imagination, plus d’originalité dans le tour de la pensée, dans les combinaisons de l’esprit, plus d’imprévu et de variété dans les associations d’idées, plus de vivacité dans les souvenirs, d’audace dans les élucubrations de l’imagination, et aussi plus d’énergie, d’entraînement dans les instincts, les affections, etc. » Empruntant à un poêle illustre sa définition du génie, on nous apprend que c’est « la vigueur de la fibre humaine aussi forte que le cœur de l’homme peut la supporter sans se rompre », Ajoutez à cela que, parmi les hommes de génie, dont l’auteur invoque l’exemple, ceux qu’il cite de préférence sont les illuminés, les enthousiastes, les révélateurs de toute espèce.

1998. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

« J’apprends chaque matin en me réveillant, dit-il, qu’on vient de découvrir une certaine loi générale et éternelle dont je n’avais jamais ouï parler jusque-là.

1999. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

S’il en était ainsi, c’eût été chose fatale à ma théorie ; car la géologie nous apprend que de petits genres se sont considérablement accrus dans le cours des temps, et que de grands genres sont arrivés à leur période maximum, puis ont décliné et ont disparu.

2000. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Si le père de Chasles, si peu soucieux des talents futurs de son fils, l’avait jeté aux Enfants-Trouvés comme Rousseau y jeta les siens, je ne doute pas que Philarète ne fût sorti des mains de la pauvre sœur de Saint-Vincent de Paul qui l’aurait ramassé et qui lui aurait appris son catéchisme, avec des rayons de plus dans la tête, avec ces rayons qui sont les plus beaux et qui lui ont toujours manqué !

2001. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Arsène Houssaye aurait appris une foule de choses à qui n’allait point à Mabille ou chez Μ. le duc de Persigny, mais son coup d’œil et son coup de pinceau n’entraient pas jusqu’à la grande nature humaine, qui est au fond et même le fond de toute société, si civilisée, si corrompue, si chinoise qu’une société puisse être.

2002. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

La valeur relative d’une œuvre littéraire est dans ce qu’elle nous apprend sur l’époque où elle fut écrite : faits matériels, psychologie, idées.

2003. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

On releva Descartes, et le public apprit avec joie que toutes les grandes vérités philosophiques avaient été prouvées pour la première fois par un compatriote. — Mais Descartes était mort depuis deux siècles, et deux siècles sont beaucoup ; on aurait voulu quelque chose de plus moderne, de plus approprié aux sciences nouvelles, de plus frappant, de plus grandiose, de plus attrayant.

2004. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

j’apprends qu’elle expire à cette heure ; son dernier soupir est une prière pour ses bourreaux. […] Apprend-elle rien à personne sur vos opinions d’alors ? […] Retenez bien qu’entre des actions également défendues par les lois divines et humaines, il en est de naturelles, comme il en est qui ne sont pas naturelles, et si vous voulez que je vous donne un exemple qui vous apprenne à les discerner, Chénier, écoutez-moi : … Il est naturel pour un fils de fondre le poignard à la main sur le bourreau de son père ; mais il ne l’est pas pour un frère de laisser son frère périr sur un échafaud, quand il n’avait, pour le sauver, qu’à le vouloir.

2005. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

On connaissait déjà quelques-unes des principales lettres de Washington à La Fayette, que ce dernier avait communiquées ; elles ont un genre de beauté simple, sensée, calme, majestueuse, religieuse, qui élève l’âme et mouille par moments l’œil de larmes. « Nous sommes à présent, écrit Washington à La Fayette (avril 1783), un peuple indépendant, et nous devons apprendre la tactique de la politique. […] Son livre apprend ou rappelle, sur ce chapitre des fonds secrets, quelques chiffres curieux par leur emploi. […] Rendez grâces au Seigneur, enfants d’Israël, et louez-le devant les nations, parce qu’il vous a ainsi dispersés parmi les peuples qui ne le connaissent point, afin que vous publiiez ses miracles, et que vous leur appreniez qu’il n’y en a point d’autre que lui qui soit le Dieu tout-puissant.

2006. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

. —  Un autre jour, chez le comte de Burlington, en quittant la table, il dit à la maîtresse de la maison : « Lady Burlington, j’apprends que vous chantez. […] … » — Les dames mes amies, dont le tendre cœur — a mieux appris à jouer un rôle, —  reçoivent la nouvelle avec une grimace d’affligées : — « Le doyen est mort (pardon, quel est l’atout ?). […] Seulement Pausanias cache adroitement son idée sous l’allégorie suivante : que les Naupliens à Argos apprirent l’art d’émonder leurs vignes, en remarquant que lorsqu’un âne en avait brouté quelqu’une, elle profitait mieux et portait de plus beaux fruits1009.

2007. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Je n’ai plus de paradis à espérer ; il n’y a plus d’Église ; vous m’avez appris que le Christ était un imposteur ; je ne sais s’il existe un Dieu, mais je sais que ceux qui font la loi n’y croient guère, et font la loi comme s’ils n’y croyaient pas. […] N’est-ce pas vous-mêmes, mes anciens maîtres, qui me l’avez appris ? […] Apprends donc mon secret, qui est le tien : cet amant existe, le plus grand, le plus beau, le plus divin de tous ; et il veut que tu souffres pour lui.

2008. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Rabelais le répète après eux ; il le répète après les Italiens ; et je ne veux pas dire par là qu’il l’ait lui-même appris des Italiens ni des stoïciens. […] 3º Les Œuvres. — Recette véritable, par laquelle tous les hommes de France pourront apprendre à multiplier et augmenter leurs trésors, 1563 ; — et Discours admirables de la nature des eaux et des fontaines, 1580. […] L’inspiration du livre. — Le chapitre : Que philosopher c’est apprendre à mourir ; — et que la grande préoccupation de la vie de Montaigne a été de se soustraire à l’horreur de la mort. — De là procèdent : sa curiosité de lui-même ; — de la diversité des coutumes et des mœurs ; — de l’histoire. — De là aussi son épicurisme, que l’on a pu quelquefois appeler son christianisme ; — parce qu’en effet le christianisme n’est qu’une préparation à la mort ; — mais en réalité Montaigne n’a rien eu du chrétien. — Comment la préoccupation de la mort explique la profondeur et la richesse humaine de sa philosophie ; — un mot de Schopenhauer [Cf. 

2009. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

La légende, encore plus que l’histoire, nous apprend que dans sa jeunesse il tenait par la bride, à la porte des théâtres, les chevaux des gentilshommes qui, plus tard, y devaient revenir pour admirer son génie, et que, vieux et indifférent à sa gloire, il passa ses derniers jours assis tranquillement sous son mûrier de Stratford-sur-Avon. […] Dans ces jours solennels on représentera une belle tragédie qui apprenne aux hommes à redouter les passions ; une bonne comédie qui les instruise de leur devoir et qui leur en inspire le goût. » Voilà pourtant à quel point il était tombé dans la foi niaise à cette comédie qui n’a jamais corrigé personne. […] Et qu’est-ce que cela nous aurait appris ?.. 

2010. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Les gens ont été terriblement flattés d’apprendre que Moïse n’était qu’un médecin, Jésus qu’un homme et — le niveau du monde en a été baissé. […] Ils ont eu le tort d’y ajouter leurs propres imaginations, leurs pénibles productions, toutes roidies de grec et de latin appris par cœur, pas encore digérés, et dont on retrouve dans le mot nouveau (antique nouveauté !) […] La Ville lui apprit que les Champs, pour elle, constituent une ultima Thule et il chante les Champs avec l’accent d’un campagnard qui sait, plein de ruse, comment présenter aux citadins, pour les étonner, les simples fruits. […] Lemaître écrit correctement, qu’il est pourvu d’une bonne intelligence générale et qu’il a tout ce qui s’apprend. […] Essayons donc, pour obtenir du rare lecteur qu’il soit juste, avant de lui montrer ce que nous faisons, de lui apprendre comment nous le faisons, quelles influences troublent ou facilitent notre tâche… Tout un livre !

2011. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Ce n’est pas là la sensation ; mais en même temps j’apprends l’existence du corps qui m’a blessé. […] C’est ainsi que nous apprenons leur indissoluble liaison. […] J’apprends donc par là que A, B, C coexistent. […] La science, non l’art, a pour objet de nous apprendre ce qui existe. […] Plus tard seulement l’expérience le lui apprendra.

2012. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Adieu tout mon intérêt alors, car ce n’est pas de l’amitié ; vous m’avez appris à apprécier les mots. […] On sait que Mme de Staël écrivait de lui, pendant leurs excursions et leurs séjours en province : « Le pauvre Schlegel se meurt d’ennui ; Benjamin Constant se tire mieux d’affaire avec les bêtes. » Les bêtes et les sots, il avait appris de bonne heure à en tirer parti et plaisir : cette petite cour de Brunswick lui fournit une ample matière ; mais, à la façon dont il y débute, on voit qu’il n’en était plus depuis longtemps à ses premières armes. […] et par les mœurs, visant au nouveau par la tête et par les tentatives, il fut heureux qu’à une heure décisive, un génie cordial et puissant, le génie de l’avenir en quelque sorte, lui apparût, lui apprît le sentiment, si absent jusqu’alors, de l’admiration, et le tirât des lentes et misérables agonies où il se traînait. […] Benjamin Constant, nous apprend M. 

2013. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Huit jours plus tard il avait appris, en soufflant. […] Afin de lire Virgile dont André Chénier lui avait parlé, il apprit le latin. […] On apprit enfin que le patron de l’hôtel occupait je ne sais quel emploi à la lingerie du Palais de Napoléon III, et il réalisait une notable économie en nous faisant coucher dans les draps impériaux. […] — Apprenez-le moi, dit Coppée. […] Celui que vous reconnaissez pour un de vos plus chers maîtres, apprenez à tous qu’il est un maître en effet.

2014. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

je te l’apprends. […] Il plante d’Artagnan et Monte-Cristo dans le cœur de ces bourgeois et de ces prolétaires stagnants qui s’étonnent d’avoir si longtemps ignoré qu’il fût si facile d’apprendre l’histoire et d’être extrêmement élégant. […] Je ne savais pas encore que ce mélange de plusieurs choses était précisément le caractère de son art, et j’ai appris depuis peu que ce musicien travaille beaucoup pour les sphères, — exactement comme Christophe Colomb avant de découvrir l’Amérique. […] Pourquoi ne nous l’apprend-il pas ? […] Justin pensa qu’un regard jeté sur le papier en désordre lui apprendrait peut-être la vérité.

2015. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Trois semaines après l’entrée à Berlin (20 novembre), on apprend à M. 

2016. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

[NdA] L’hôtel de La Fare était dans le quartier de la butte Saint-Roch, comme nous l’apprend M. 

2017. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Lorsque Cowper s’était senti mieux et plus fort d’esprit, il avait commencé une correspondance avec un petit nombre d’amis, et il la suivit sans interruption pendant plusieurs années ; c’est là surtout qu’on apprend à le connaître et à pénétrer dans les mystères de son esprit ou de sa sensibilité.

2018. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Il n’apprenait que très difficilement, et on s’attendait qu’il aurait avec le temps plus de bon sens que d’esprit.

2019. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

J’avais quelque ouverture pour apprendre les langues de l’Europe, aucune pour les orientales : Non omnia possumus omnes.

2020. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

On aurait à relever bien d’autres choses dans le journal de Casaubon ; on y apprend bien des particularités sur les hommes célèbres du temps avec lesquels il est en relation, et sur son beau-père Henri Estienne, devenu le plus bizarre des hommes en vieillissant, qui avait si bien commencé et qui a si mal fini, et sur Théodore de Bèze dont la vieillesse, au contraire, est merveilleuse ; et sur des personnages considérables de la Cour de France, le duc de Bouillon et d’autres ; mais le personnage intéressant, c’est lui-même, lui, à toutes les pages, nous faisant l’histoire de son âme : aussi, pour ceux qui aiment ce genre de littérature morale intime qui nous vient de saint Augustin, on peut dire qu’il existe maintenant un livre de confessions de plus.

2021. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Mais je vois bien que messieurs les Parisiens se moquaient de moi ; personne n’a bougé, et tout ce que j’apprends du caractère des habitants me prouve que je n’ai pas à craindre de pareilles avances.

2022. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Louis XIV commence par rappeler ses bons offices constants et ceux de ses prédécesseurs envers les Provinces-Unies de la Hollande, et il raisonne, comme il aime à le faire, non-seulement à l’adresse et à l’intention de ses contemporains, mais en vue de l’avenir : « La postérité, dit-il, qui n’aura pas été témoin de tous ces événements, demandera quel a été le prix et la reconnaissance de tous ces bienfaits ; pour la satisfaire, je veux lui apprendre que, dans toutes les guerres que les rois mes prédécesseurs ou moi avons entreprises, depuis près d’un siècle, contre les puissances voisines, cette république ne nous a non-seulement pas secondés de troupes ni d’argent, et n’est pas sortie d’une simple et tiède neutralité, mais a toujours tâché de traverser, ou ouvertement ou sous main, nos progrès et nos avantages. » La Hollande n’est pas la seule ni la dernière république qui ait été ingrate envers la France pour prix des plus grands services reçus à leur berceau : ces sortes de gouvernements, où tant de passions et de volontés s’en mêlent, sont coutumiers du fait

2023. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Je demande à la mienne ce qu’elle a vu aujourd’hui, ce qu’elle a appris, ce qu’elle a aimé, car chaque jour elle aime quelque chose.

2024. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Lui, si habitué à lire dans la physionomie humaine, il se prit à pénétrer avec avidité dans ces physionomies d’une autre race, si énergiques et si fines, comme dans une langue nouvelle qu’il aurait apprise.

2025. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Il n’est rien de tel, pour faire l’éducation du public, que de lui apprendre avant tout à voir et à regarder.

2026. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

« Quelle destinée, disait Mme de Rambouillet, pour un homme qui parle si bien et qui peut si bien apprendre à bien parler, qu’être gouverneur de sourds et muets ! 

2027. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

» Ce gentilhomme si bel esprit, et qui en parlait si à son aise, raisonnait en cela comme Cervantes lui-même, lequel fait dire à l’un de ses personnages au moment où l’on apprend que Don Quichotte est sur la voie de la guérison : « Ô seigneur, Dieu vous pardonne le tort que vous avez fait au monde entier, en voulant rendre à la raison le fou le plus divertissant qui existe !

2028. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

» On venait d’apprendre cette glorieuse nouvelle.

2029. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Pendant le voyage, Othman apprend quelques mots d’anglais que sa mémoire avait fidèlement conservés jusqu’en 1 862.

2030. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

C’est ainsi que nos anciennes chansons de Geste, où figurent Charlemagne et Alexandre, n’apprennent rien sur les héros mêmes ni sur l’état de la société de leur temps, et elles ne seraient propres qu’à égarer, si on les interrogeait dans une telle pensée de recherche ; mais elles nous représentent avec une vérité naïve les mœurs de l’âge féodal où les trouvères mirent en œuvre ces anciens canevas et les reprirent à l’usage de leurs contemporains.

2031. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

On a la lettre ou le mémoire dans lequel il représente au roi l’inconvénient d’avoir pour ministre des Affaires étrangères un homme aussi mal embouché et aussi mal appris, qui avilit le poste le plus élevé par ses boutades, par ses travers et ses ridicules : « Il ne répond aux affaires les plus sérieuses que par de mauvais proverbes, vides de sens, et des phrases triviales, pleines d’indécence73. » Dans cette lutte sourde du maréchal de Noailles avec le marquis d’Argenson, je crois voir la politesse aux prises avec l’incongruité.

2032. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Ils savent les styles, ils ont le coup d’œil, le tact. « Apprendre à voir, ont-ils dit, est le plus long apprentissage de tous les arts. » Ils ont fait depuis longtemps cet apprentissage ; ils sont passés maîtres en matière de xviiie  siècle.

2033. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Ne possédant rien à eux, ils apprirent, comme le pauvre, à faire leur délassement d’une promenade, leur récompense d’un beau jour, enfin à jouir des biens accordés à tous. » Mme de Souza d’ordinaire s’arrête peu à décrire la nature ; si elle le fait ici avec plus de complaisance, c’est qu’un souvenir profond et consolateur s’y est mêlé.

2034. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Christel n’apprit ces détails que successivement, et sans rien faire pour s’en enquérir ; mais, quoique sa mère et elle ne reçussent habituellement aucune personne du lieu, les simples propos des voisines, la plupart du temps en émoi si l’on voyait le jeune homme arriver au galop du bout de la place, puis mettre son cheval au pas en approchant, auraient suffi pour instruire.

2035. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Tu n’as encore supporté que des fortunes adverses : les prospérités sont des tentations trop stimulantes pour notre âme, parce que les adversités nous apprennent à fléchir et que le bonheur nous corrompt.

2036. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Que de grâces nous rendîmes à la Providence, quand il nous apprit la commutation de peine !

2037. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Pour décider sur le mérite des anciens, apprenez que M. 

2038. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Le créancier qui apprend que son débiteur suspend ses payements ne voit aucune image là-dedans, et ne se représente rien que l’ennui de n’être pas payé.

2039. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

On apprend ainsi qu’il faut dans une tragédie des monologues, des chœurs, des songes, des ombres, des dieux, des sentences, de vastes couplets, de brèves ripostes, un événement unique, illustre, un dénouement malheureux, un style élevé, des vers, un temps qui ne dépasse pas un jour : tout cela pêle-mêle, sans subordination ni sens intérieur.

2040. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Le parti pris politique s’y fait peu sentir, par la vertu du sujet ; l’état d’esprit orléaniste s’élargit en pitié des vaincus, en sentiment douloureux des misères individuelles ou collectives ; l’historien est tout à la joie de faire sortir des vieilles chroniques, dans toute la barbarie de leurs noms germaniques hérissés de consonnes et d’aspirations, les Franks et leurs chefs, les Chlodowig, les Chlother, les Hilderik, les Gonthramm, de montrer par de petits faits significatifs ce qu’était un roi franc, comment étaient traités les Gaulois, de substituer dans l’imagination de son lecteur, à la place des dates insipides et des faits secs qu’on apprend au collège, une réalité précise, dramatique, vivante.

2041. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Puis elle apprend que Roger lui est infidèle.

2042. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Boissonade, si l’atticisme s’apprenait.

2043. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Je ne sais comment j’appris à lire ; je ne me souviens que de mes premières lectures et de leur effet sur moi… Ma mère avait laissé des romans ; nous nous mîmes à les lire après souper, mon père et moi.

2044. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Mais lorsque, malgré la fortune et malgré ses propres défauts, j’apprends que son esprit a toujours été occupé de grandes pensées, et dominé par les passions les plus aimables, je remercie à genoux la Nature de ce qu’elle a fait des vertus indépendantes du bonheur, et des lumières que l’adversité n’a pu éteindre.

2045. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Sur Jean-Jacques, par exemple : « Le roi parle, ce me semble, très bien sur les ouvrages de Rousseau ; il y trouve de la chaleur et de la force, mais peu de logique et de vérité ; il prétend qu’il ne lit que pour s’instruire, et que les ouvrages de Rousseau ne lui apprennent rien ou peu de chose. » Avec d’Alembert, dont il apprécia tout d’abord le caractère estimable, Frédéric se montre purement en philosophe ; on le voit tel qu’il aurait aimé à être dans la seconde moitié de sa vie, quand la goutte et l’humeur ne l’aigrissaient pas trop, et s’il avait eu autour de lui quelqu’un de digne avec qui s’entendre : « Sa conversation roule tantôt sur la littérature, tantôt sur la philosophie, assez souvent même sur la guerre et sur la politique, et quelquefois sur le mépris de la vie, de la gloire et des honneurs. » Voilà le cercle des sujets humains qu’il aimait à traiter habituellement, sincèrement, et en moralisant toujours ; mais la littérature et la philosophie étaient encore ce dont il aimait à causer par-dessus tout pour se détendre, quand il avait fait son métier de roi.

2046. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Il semblait que l’expérience ne lui eût pas appris « que ce qui nous a paru vrai dans un temps, peut ensuite nous sembler faux dans un autre15 ».

2047. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Il fallut trouver à cette jeune reine, qui n’était encore qu’une enfant de treize ans, un guide, une conseillère expérimentée, pour la former, pour lui apprendre à ne rien choquer autour d’elle et à représenter avec dignité.

2048. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Elle conseille à Mme des Ursins de se former pour remuer les enfants à l’avenir, d’apprendre de l’accoucheur, qu’on envoie de Paris, à connaître la consistance du lait , et de devenir matrone experte en ce genre.

2049. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Dans son éducation domestique à Bonnefons, le jeune d’Antin n’avait pas manqué d’apprendre par les gens de la maison, surtout par les femmes de chambre, l’aventure de sa mère : Comme elles comptaient que j’en profiterais, dit-il, et, par conséquent, qu’elles en auraient leur part, elles me parlaient toujours, à l’insu de mon père, du roi, de la Cour, des grands biens et fortunes qui m’attendaient.

2050. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Ce général (s’il l’avait été, en naissant vingt-cinq ans auparavant) aurait certainement écrit tôt ou tard ; il aurait raconté ses campagnes, les guerres dont il aurait été témoin et acteur, comme on l’a vu faire à un Gouvion Saint-Cyr ou à tel autre capitaine de haute intelligence ; mais ici, dans l’ordre littéraire ou historique, ce n’est pas seulement ce qu’il a senti et ce qu’il a fait que Carrel doit exprimer ; il est obligé d’accepter des sujets qui ne le touchent que par un coin, de s’y adapter, de s’y réduire, d’apprendre l’escrime de la plume, la tactique de la phrase ; il y devient peu à peu habile, et, dès qu’un grand intérêt et la passion l’y convieront, il y sera passé maître.

2051. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

La Révolution de 89, dès le début, apprit à Beaumarchais combien il était impuissant devant ce flot immense qu’il avait été des premiers à provoquer, et qui débordait en le menaçant.

2052. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Il reprend la loi de Malherbe et la remet en vigueur ; il l’étend et l’approprie à son siècle ; il l’apprend à son jeune ami Racine, qui s’en passerait quelquefois sans cela ; il la rappelle et l’inculque à La Fontaine déjà mûr63 ; il obtient même que Molière, en ses plus accomplis ouvrages en vers, y pense désormais à deux fois.

2053. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

» Et il remarche, jetant des phrases comme celle-ci : « Enfin nous sommes dans un monde tout nouveau, où toutes les conditions de l’existence sont changées, sans qu’on ait l’air de s’en apercevoir… Autrefois un ouvrier chaudronnier gagnait 6 francs par jour… Il pouvait mettre 3 francs de côté… Donc au bout de cinq ans, il avait 5 000 francs et pouvait se faire chaudronnier… Aujourd’hui il faut 800 000 francs pour établir un chaudron… donc il n’y a plus moyen pour le peuple de sortir du peuple… et le peuple ne veut pas rester peuple… Savez-vous avec quelle somme s’est fondée, sous Louis-Philippe, la plus grande fabrique de produits chimiques… Chabrol vous l’apprend… avec 60 000 francs… Allez maintenant chez Salleron, il vous demandera 15 000 francs pour une cheminée… un fourneau sans luxe, c’est une affaire de 50 000 francs… Et tout comme cela… une confiserie se fonde avec un capital de 1 200 000 francs… une épicerie, vous connaissez la maison Potin ? 

2054. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Ces vers si simples n’ont l’air d’exiger aucun |commentaire et ne semblent nés d’aucune théorie ; cependant ils diffèrent de ceux que l’on fait apprendre par cœur aux petits enfants.

2055. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

L’instruction que nous laissèrent les romantiques est pleine de choses excellentes, apprises du xvie  siècle, et aussi découvertes au xixe  ; mais comme les règles des trois unités, excellentes en certains cas, elle ne peut s’appliquer à tous.

2056. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

à cela, je répliquerai, et quand je ne pourrois pas vous l’apprendre, en auriez-vous moins senti la vérité de ce que je vous ai dit ?

2057. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

« Le besoin seul nous apprend la juste valeur de ce qui sert à le satisfaire » (Le choix d’un lanmdo). — « Les chefs s’entendent entre eux comme larrons en foire et toujours les petits seront par eux tenus à l’écart » (Kahué — Le fils du sérigne — Les trois frères en voyage)

2058. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Cependant, à une époque plus rapprochée de nous, une femme justement célèbre, toute française par ses sentiments, ses affections et ses goûts, mais que les vicissitudes de sa destinée avaient rendue cosmopolite, rapporta d’une de ses plus longues excursions le système germanique, nous en apprit le nom en même temps que les principes, et nous révéla la fameuse distinction de classique et de romantique, qui divisait, à leur insu, toutes les littératures, et partageait la nôtre même, qui ne s’en serait jamais doutée.

2059. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

À part l’agrément qu’elles n’ont pas, ces lettres vides ne nous apprennent rien.

2060. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Assurément, Baudelaire, qui de nature a un penchant vers l’ironie que sa physionomie devait révéler tout enfant à sa mère, aurait dans son intimité avec Poe appris, quand il n’en eût pas eu le germe en lui, l’art amer et hypocrite de cette mystification implacable que Swift eut un jour, mais que, par l’outrance et l’effet qu’ils veulent produire, Poe et Baudelaire ont, tous les deux, bien dépassé.

2061. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Ce sont les Parques présentes à la fête qui chantent l’hymne conjugal : « Ô soutien glorieux, qui par tes vertus agrandis et protèges la puissance de l’Épire, père illustre par ton fils, apprends ce que les sœurs du Destin mettent au grand jour pour toi ; entends leur véridique oracle.

2062. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Cet aimable et vertueux génie fut enlevé au monde, à ses compatriotes, dont il adoucissait la puissance, à ces millions d’hommes qui, dans leur abaissement et leur ignorance, avaient appris à prononcer son nom, et supposaient vaguement quelque sainteté dans une religion dont il était l’apôtre.

2063. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Nous connaissons cette doctrine ; les sensualistes viennent de nous l’apprendre. […] Nous avons parlé en passant de son livre De l’Amour, longtemps obscur, aujourd’hui célébré par de complaisants admirateurs ; livre empreint du sensualisme le plus profond, relevant directement pour ses théories du matérialisme physiologique de Cabanis, pour sa morale des doctrines utilitaires de Bentham ; où l’auteur, ne reconnaissant dans l’homme que des lois physiques, explique l’amour par l’action du fluide nerveux 64, ne voit dans la beauté qu’une aptitude à nous donner du plaisir 65, et dans la pudeur qu’une chose apprise et une invention assez agréable de la civilisation 66. […] Je ne doute pas qu’il ne soit aboli, si l’espèce humaine fait quelques progrès vers la justice et la raison…77. » Que si vous voulez savoir maintenant, plus exactement, en quoi cette odieuse institution est condamnée par la raison et la justice, c’est encore Jacques qui va nous l’apprendre : « La société, dit-il à la femme qu’il doit épouser, va vous dicter une formule de serment. […] Vous, dont le bonheur est en rentes, à qui l’or revient périodiquement tous les mois, tous les ans, vous ignorez ce qu’un pauvre a de peine à gagner honnêtement un florin… À vingt ans, je sortis des écoles où j’avais appris et commenté cette belle théorie : Tous les citoyens sont égaux devant la loi ! […] Si on consulte les documents officiels, ils apprennent que, depuis un quart de siècle, le nombre des suicides s’accroît constamment d’année en année, et cet accroissement est tel qu’en cet espace de temps le nombre en a doublé285.

2064. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

On apprend ou l’on se remémore, en parcourant ce tableau récapitulatif, nombre de détails amusants : par exemple que Flaubert a été décoré dans la même promotion que Ponson du Terrail. […] », dit-il après avoir noté que René reçut un obus dans la cuisse, à l’armée des princes, et apprit en même temps que sa femme et ses sœurs avaient été arrêtées comme suspectes. […] Ils apprenaient dans des livres des matières prescrites par des programmes ; ils les enseignaient comme ils les avaient apprises ; ils les enseignaient de la même façon dans les villes et dans les campagnes, dans les montagnes et au bord de la mer, à l’est ou à l’ouest, au nord ou au midi. […] Il nous apprend que le père de Joris-Karl, Godfried Huysmans, vint à Paris pour y peindre des missels et des enluminures, qu’il vécut rue Suger, au nº 11, où naquit le futur romancier (baptisé à Saint-Séverin), puis rue Saint-Sulpice où il mourut à deux pas de l’église. […] « Dans une ville comme celle-ci, on apprend à admirer cette nouvelle génération de jeunes filles qui, en crépit de tant d’obstacles, se lancent avec une ardeur candide à la conquête de la science et des diplômes… (On attend l’adresse du pensionnat.)

2065. (1908) Après le naturalisme

Pour la connaissance et l’emploi de soi-même, pour l’acquisition des vérités et leur service, l’enfant s’adresse à ceux qui l’ont précédé, à ceux qui, au moment où il veut apprendre, ont conquis la souveraine expérience — et dont le savoir obtenu existe en dehors d’eux sous les espèces de l’écriture. […] Aussi, doit-on apprendre à vouloir, à se maîtriser soi-même pour obéir aux impératifs spirituels. […] On n’apprend pas à penser aux enfants dans les écoles qu’ils fréquentent jusqu’à douze ans.

2066. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Nous apprenons par l’expérience qu’il y a dans la nature un ordre de succession invariable et que chaque fait y est toujours précédé par un autre fait. […] Chez l’enfant, grâce aux noms appris et compris, la même perception évoque en outre le mot eau ; la même image évoque en outre le mot froid, et les deux mots eau, froid, associés entre eux par contagion, font un second couple surajouté. […] De cette façon, il énonce mentalement ou tout haut ses premières propositions générales et ses premières propositions abstraites. — Peu à peu, à mesure qu’il avance en âge, il apprend de nouveaux mots ; il les applique aux couples anciens de représentations que l’expérience antérieure a déjà établis en lui, et aux couples nouveaux de représentations que l’expérience incessante établit en lui tous les jours ; ainsi naissent de nouveaux couples de mots compris, c’est-à-dire d’idées. — C’est de dix-huit mois à cinq ou six ans que la majeure partie de ce travail s’accomplit ; plus tard, jusqu’à l’âge adulte, il continue, mais avec des acquisitions moindres.

2067. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Les juifs lui ont appris à en rire, tout en n’usant, pour eux et leurs enfants, du couteau du divorce qu’avec une extrême parcimonie. […] Ils n’apprirent point à rejeter et à haïr le médiocre, l’insincère, ni le nocif, ce qui est pourtant bien utile aux époques troubles. […] Il les lut assez rapidement, ayant bien appris à lire et à compter, me les rendit, et demeura une semaine sans émettre aucune appréciation. […] L’univers évolutif était facile à apprendre. […] On peut apprendre au contact de l’illettré, qui n’est pas forcément un ignorant, alors qu’il n’y a rien à apprendre du primaire.

2068. (1902) La poésie nouvelle

Mallarmé qui faillit, à d’autres égards, les induire en erreur, leur apprit la dignité de l’art et la hautaine indifférence qu’il faut garder vis-à-vis des incompréhensions du public. […] J’appris qu’elles avaient autographié de beaux vers, non publiés : la bouche, au pli boudeur et narquois, n’en récita aucun. » Et tel le voyons-nous dans ce tableau de Fantin-Latour, où, fumant et buvant avec d’autres, dont Verlaine, il rêvasse au coin d’une table, le menton sur la paume ouverte.‌ […] Apprenez que l’Inconscient ne connaît pas la maladie29 ». […] Ô Francine sade, cueille, De tes doigts si bien appris, La rose, moite en sa feuille, Le lys qui n’a pas de prix. […] Cette œuvre, ainsi que nous l’apprend Vielé-Griffin, est contemporaine d’une crise physiquement maladive dans la vie du poète.

2069. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Au contraire, à mesure que la séparation entre l’idéal et le réel se prononça davantage, à mesure que l’habitude de philosopher apprit aux auteurs et à leur public à se retirer en eux-mêmes pour y chercher le type absolu de tout ce que la comédie voue au néant par le ridicule, le théâtre ne commença qu’en apparence à être plus moral, et il devint en réalité moins poétique et moins comique. […] La Science se venge contre Arnolphe du système absurde d’éducation morale, par lequel il a voulu proscrire de sa famille jusqu’à l’alphabet ; Agnès, contre le dessein de son tuteur, a appris à écrire, et elle se sert de l’écriture pour le tromper.

2070. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Là-dessus Mosca se tourne vers Volpone : Le seigneur Corvino ayant appris la consultation Qui s’est faite dernièrement pour votre santé, est venu offrir, Ou plutôt prostituer… CORVINO. […] Un sot prodigue, Asotus, veut devenir homme de cour et de belles manières ; il prend pour maître Amorphus, voyageur pédant, expert en galanterie, qui, à l’en croire lui-même, « est d’une essence sublime et raffinée par les voyages, qui le premier a enrichi son pays des véritables lois du duel, dont les nerfs optiques ont bu la quintessence de la beauté dans quelque cent soixante-dix-huit cours souveraines, et ont été gratifiés par l’amour de trois cent quarante-cinq dames, toutes de naissance noble, sinon royale ; si heureux en toute chose que l’admiration semble attacher ses baisers sur lui166. » Asotus apprend à cette bonne école la langue de la cour, se munit comme les autres de calembours, de jurons savants et de métaphores ; il lâche coup sur coup des tirades alambiquées, et imite convenablement les grimaces et le style tourmenté de ses maîtres.

2071. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

L’univers, pour notre malheur, l’a su de manière à ne jamais l’oublier ; mais il faut, pour son instruction, lui apprendre, par le détail même des événements, ce qu’il n’a su que par le bruit d’une chute épouvantable. […] Il n’avait pas eu besoin d’apprendre, il avait inventé la haute ambition ; c’était un despote inné : il portait en lui le gouvernement.

2072. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Elles sont pour les jeunes poètes, désireux d’apprendre comment on se représente, comment on traite artistement un sujet. […] Ce matin, allant dîner chez Goethe, j’appris en route que la grande-duchesse mère venait de mourir.

2073. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Mais son devoir était de les sauver, afin De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim, À ne jamais entrer dans le pacte des villes Que l’homme a fait avec les animaux serviles Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher, Les premiers possesseurs du bois et du rocher. […] Les systèmes continuent à ne valoir que la valeur individuelle de leurs auteurs : mais ceux-ci ont appris à connaître les bornes de leur puissance, l’imagination a fait d’utiles écoles.

2074. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

C’est ainsi que nous apprenons à entendre une langue étrangère ; c’est ainsi que l’enfant, hésitant d’abord sur les lettres et les syllabes, en vient à interpréter couramment les mots et les phrases. […] Tel est celui du pianiste exécutant instinctivement et avec une sûreté automatique \es morceaux qu’il a appris.

2075. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Racine le fils dans son discours sur les Poëmes didactiques) “puisqu’il entreprend, non-seulement de développer les secrets de la nature, mais d’apprendre aux hommes le grand secret de se rendre heureux, en les guérissant de toutes craintes & de toutes passions, pour leur procurer une tranquillité d’esprit inaltérable. […] (*) La Monnoye a beau lui dire dans une épigramme connuë : Quand Sograis affranchi des terrestres liens, Descendit plein de gloire aux champs élisiens, Virgile en beau françois lui fit une harangue : Et comme à ce discours Segrais parut surpris, Si je sçais, lui dit-il, le fin de votre langue, C’est vous qui me l’avez appris.

2076. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Croce, non pas que je lui aie emprunté celles-là de mes idées qui sont le plus semblables aux siennes ; non, j’y suis arrivé par mon propre effort et par une voie différente ; mais il a affermi et précisé mes convictions ; même là où je le combats, je sais tout ce qu’on apprend d’un pareil adversaire. […] Il affirme de même, et toujours d’une façon péremptoire, que l’artiste n’a pas à se préoccuper de la technique, qu’il n’a pas à apprendre patiemment son métier ; l’artiste crée, par une espèce de divination : « Nel processo della produzione artistica non entra mai nessun elemento pratico, o tecnico che si voglia dire : la spontaneità fantastica regna, senza rivali, dall’inizio alla fine di quel processo ; il concetto di tecnica è affatto estraneo cosi all’ Estetica pura come alla vera e propria critica d’arte43.

2077. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

L’expérience m’apprend aussi que le mérite des grandes choses n’est jamais mieux connu que de ceux qui ne les ont pas vues naître.

2078. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Je serai toujours ravie de les apprendre par vous, madame, pour qui je me sens à cette heure, une véritable amitié fondée sur une grande estime. » Fière comme l’était Madame, il n’y avait pour elle, après une telle démarche et un rapprochement aussi pénible dans son principe, qu’à devenir l’amie intime et cordiale de Mme de Maintenon, ou son ennemie irréconciliable.

2079. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Les rivières, les campagnes et les villes ont beau s’opposer à mon contentement, elles ne sauraient m’empêcher de m’entretenir de vous avec ma mémoire… Voiture répondait sur le même ton, mais leur correspondance ne fut jamais très vivev ; ils se contentèrent d’être bien ensemble et de se complimenter par des tiers : « L’amitié que nous conservons ensemble sans nous en rien écrire, disait Voiture à un ami, et l’assurance que nous avons l’un de l’autre est une chose rare et singulière, mais surtout de très bon exemple dans le monde, et sur laquelle beaucoup d’honnêtes gens, qui se tuent d’écrire de mauvaises lettres, devraient apprendre à se tenir en repos et à y laisser les autres. » Ils sentaient tous deux que de s’écrire les aurait constitués en une trop grande dépense d’esprit et les aurait mis à sec pour plusieurs semaines.

2080. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Son fils ne lui accordait aucune confiance ; elle apprenait ordinairement par d’autres, et après tous les autres, ce qu’il faisait, ce qu’il écrivait (car il se mêlait d’écrire et de se faire imprimer).

2081. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

dans l’élégance de Pellisson, on croit sentir qu’il apprit d’abord la meilleure langue française, surtout par les livres.

2082. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Enfin, s’il est lourd, balourd (comme on disait), maladroit, et s’il dut souvent le paraître aux petits-maîtres d’alors, nous devons à cette maladresse d’apprendre de lui, à l’état cru, quantité de choses que de plus habiles auraient dissimulées ou arrangées à notre usage.

2083. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

En fait de sentiments, dépensées portant sur les affections et les passions humaines, j’ai parcouru un cercle immense et creusé jusqu’aux antipodes ; je suis vraiment docteur en cette loi-là… C’est dans l’enceinte de mon propre cœur que j’ai appris à connaître celui des autres, et la seule connaissance de moi-même m’a donné la clef de ces énigmes innombrables qu’on appelle les hommes. » Elle se flatte et s’exagère sans doute un peu cette connaissance universelle, cette clef, ce passe-partout qu’elle croit tenir et qui l’a conduite, en définitive, à la possession d’un monde très-distingué, mais restreint.

2084. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

appris l’italien auquel elle excella vite, qu’au commencement de sa liaison avec Alfieri et pour lui complaire ; jusque-là, on ne parlait que français dans son salon ; — elle disait donc de l’Angleterre, en termes justes et excellents : « J’ai passé environ quatre mois en Angleterre et trois à Londres.

2085. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Ils ont appris d’elle ce secret de simplicité, qui est la clef de tant de mystères.

2086. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Il s’ouvre avec la matinée ; l’on est dans la maison de Chimène ; elle apprend la victoire que Rodrigue vient de remporter durant la nuit sur les Maures, débarqués et rembarqués presque aussitôt : « Leur abord fut bien prompt, leur fuite encor plus prompte, Trois heures de combat laissent à nos guerriers Une victoire entière et deux rois prisonniers. » Trois heures de combat… Toujours la montre en main !

2087. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Les générations nouvelles, comme si elles étaient jalouses de leurs aînées, prétendent savoir mieux et à neuf ce qu’elles viennent d’apprendre à l’heure même et qui ne date que de leur moment : c’est toujours et surtout le dernier document qui compte et qui prime tous les autres.

2088. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

On était dans une de ces dispositions bien connues où l’opinion a besoin d’apprendre quelque injustice du pouvoir et où elle s’en empare avidement, tout heureuse de l’exagérer.

2089. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Les journaux qui m’arrivent, et que je lis tard, m’en apprennent plus que je ne veux.

2090. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Jouffroy, n’ayant pas appris que ces questions existent, n’a pas grand mérite à les nier ; mais vous qui, ayant songé à tout et peut-être goûté à des choses immondes comme font les chimistes, avez déclaré que la chair humaine est mauvaise et malsaine, et vous êtes décidé à vivre d’aliments choisis, apparemment vous avez le discernement, c’est-à-dire, dans le sens moral, la lumière et la force.

2091. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Ce singulier fragment nous apprend bien des choses, et d’abord qu’il ne faudrait pas absolument se fier aux lettres d’amour qu’il écrivait, pour y trouver l’expression toute vraie de sa pensée ; car enfin ce qu’il appelle ici du tendre galimatias pourrait bien, si on le retrouvait sans comme ntaire, paraître tout simplement de la tendresse exaltée.

2092. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Il croit qu’à force de libéralités il rachètera la vie de son unique amie, et il donne à toute la maison, jusqu’à la vache, à qui il a acheté du foin : « Il donne à l’un de quoi faire apprendre un métier à son enfant ; à l’autre, pour avoir des palatines et des rubans ; à tout ce qui se rencontre et se présente devant lui : cela vise quasi à la folie. » Sublime folie en effet, folie surtout, puisqu’elle dura, et que l’existence entière du chevalier fut consacrée au souvenir de la défunte et à l’établissement de l’enfant qu’il avait eu d’elle !

2093. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

La jeune Phlipon, dans son avidité de savoir, dans son instinct de talent, lit toutes sortes d’auteurs, s’en rend compte, en fait des extraits, et s’en entretient, non sans étude, avec son amie : « Car, dit-elle très-judicieusement, on n’apprend jamais rien quand on ne fait que lire ; il faut extraire et tourner, pour ainsi dire, en sa propre substance, les choses que l’on veut conserver, en se pénétrant de leur essence. » Esprit ferme et rare, chez qui tout venait de nature, même l’éducation qu’elle s’est donnée !

2094. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

C’est en suivant Boileau dans sa solitude d’Auteuil qu’on apprend à le mieux connaître ; c’est en remarquant ce qu’il fit ou ne fit pas alors, durant près de trente ans, livré à lui-même, faible de corps, mais sain d’esprit, au milieu d’une campagne riante, qu’on peut juger avec plus de vérité et de certitude ses productions antérieures et assigner les limites de ses facultés.

2095. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Mais Bertrand, à ce métier du rêve, n’avait guère appris à se trouver capable d’un assujettissement régulier.

2096. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Cependant on commence à délimiter, à faire saillir les questions essentielles : entre Du Plessis-Mornay et Charron, la question de l’Eglise ; entre Du Plessis-Mornay248 et Du Perron249, ou Coeffeteau250, la question de l’Eucharistie : on commence à user aussi de la vraie méthode, et si l’on entasse encore les textes, du moins apprend-on à les manier, et le raisonnement se marie avec l’érudition.

2097. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

» — Certes, j’en vois : dans Les Perses, dans Œdipe roi, dans Les Nuées, dans Sacountala, dans La Jeunesse du Cid, dans Polyeucte, dans Esther, dans Le Misanthrope, dans Macbeth, dans Ce qu’il vous plaira, dans Le Jeu de l’Amour, dans Le Mariage de Figaro, dans La Belle Hélène… Et parce que j’admire l’art dans ces pièces d’il y a trente siècles ou d’il y a trente ans et que je le cherche en vain dans celles d’aujourd’hui, je veux trouver le secret de cette esthétique spéciale et diverse, pour apprendre si sa formule est, ou n’est plus, pour nous réalisable.

2098. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

» — Certes, j’en vois : dans les Perses, dans Œdipe roi, dans Les Nuées, dans Sacountala, dans La Jeunesse du Cid, dans Polyeucte, dans Esther, dans Le Misanthrope, dans Macbeth, dans Ce qu’il vous plaira, dans Le Jeu de l’Amour, dans Le Mariage de Figaro, dans La Belle Hélène… Et parce que j’admire l’art dans ces pièces d’il y a trente siècles ou d’il y a trente ans et que je le cherche en vain dans celles d’aujourd’hui, je veux trouver le secret de cette esthétique spéciale et diverse, pour apprendre si sa formule, est, ou n’est plus, pour nous réalisable.

2099. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Pour être apte à jouir de ces vérités, qu’on aperçoit, non de face, mais de côté et comme du coin de l’œil, il faut la culture variée de l’esprit, la connaissance de l’humanité, de ses états, divers, de ses faiblesses, de ses illusions, de ses préjugés, à tant d’égards fondés, en raison de ses respectables absurdités ; — il faut l’histoire de la philosophie, qui parfois rend religieux, l’histoire de la religion, qui souvent rend philosophe, l’histoire de la science, qui devrait toujours rendre modeste ; — il faut la connaissance d’une foule de choses qu’on apprend uniquement pour voir que ce sont des vanités ; — il faut, par-dessus tout, l’esprit, la gaieté, la bonne santé intellectuelle d’un Lucien, d’un Montaigne, d’un Voltaire.

2100. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Une guerre qui heurte deux peuples l’un contre l’autre les rapproche dans ce corps à corps ; elle leur apprend à se mieux connaître ; les prisonniers deviennent entre eux un lien vivant ; le séjour des armées sur territoire ennemi amène des contacts journaliers et prolongés ; les négociations entamées en vue de la paix donnent lieu à des congrès où l’on discute autrement qu’à coups de canon.

2101. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Il apprend à la fois la grandeur et la petitesse de l’intelligence humaine, sa puissance dans le domaine de l’expérience, son impuissance quand elle le dépasse.

2102. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Le Feu crée la famille en fondant le foyer ; il lui apprend à s’aimer en la groupant autour de sa flamme.

2103. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Respecte-les, vieillard, et apprends ceci de plus jeunes que toi.

2104. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Aussi conçoit-on l’indifférence un peu sèche avec laquelle le jeune Camille lui apprend qu’il en aime une autre.

2105. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Mais, dès cette première lettre, il prend ses précautions et se peint déjà avec ses variations bizarres : « J’espère, madame, malgré le début de votre lettre, que vous n’êtes point auteur, que vous n’eûtes jamais intention de l’être, et que ce n’est point un combat d’esprit auquel vous me provoquez, genre d’escrime pour lequel j’ai autant d’aversion que d’incapacité. » Il entre alors très au sérieux dans ce jeu prolongé des Claire, des Julie et des Saint-Preux ; il ne fait pas semblant, comme ce serait de bon goût à un écrivain bien appris, de traiter légèrement les personnages de son invention ; il continue de leur porter respect, et d’en parler dans le tête-à-tête comme s’ils étaient de vrais modèles : À l’éditeur d’une Julie, vous en annoncez une autre, une réellement existante, dont vous êtes la Claire.

2106. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Annibal, lorsqu’il apprit la défaite et la mort d’Asdrubal son frère, qui valait plus que lui, ne pleura point, mais il dit : Je sais à présent quelle sera la destinée de Carthage.

2107. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

C’était une manière d’apprendre à ses amis bien des choses qu’elle n’était pas fâchée qu’ils connussent, sans qu’elle eût à les dire en face.

2108. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Mais si je n’apprends bientôt votre amendement, votre rentrée au sein de l’Église, je laisserai peut-être les Anglais et me tournerai contre vous pour extirper l’affreuse superstition… Le clerc qui lui servait de secrétaire avait pu lui arranger ses phrases, mais ce devait être assez sa pensée.

2109. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Mme Du Deffand a peint cette même gracieuse personne quelques années plus tard (20 février 1767) : La petite Lauzun arriva… La petite femme est un petit oiseau qui n’a encore appris aucun des airs qu’on lui siffle ; elle fait de petits sons qui n’aboutissent à rien ; mais, comme son plumage est joli, on l’admire, on la loue sans cesse ; sa timidité plaît, son petit air effarouché intéresse.

2110. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Buffon savait peu la botanique : « J’ai la vue courte, disait-il ; j’ai appris trois fois la botanique, et je l’ai oubliée de même : si j’avais eu de bons yeux, tous les pas que j’aurais faits m’auraient retracé mes connaissances en ce genre. » Il semblait que, taillé en grand par la nature, il lui coûtât de se baisser pour étudier les petites choses : le cèdre du Liban, il le contemplait volontiers, mais l’hysope lui paraissait trop petite.

2111. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Le but de la philosophie morale est moins d’apprendre aux hommes ce qu’ils ignorent, que de les faire convenir de ce qu’ils savent, et surtout de le leur faire pratiquer.

2112. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

N’apprenait pas le grec qui voulait.

2113. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Il rencontre un jeune homme appelé Robert, qui n’a rien du ton ni des manières d’un marinier : ce jeune homme, tout en se promenant et en ramant, lui apprend qu’il ne fait ce métier que les fêtes et dimanches, et qu’il le fait pour tâcher d’amasser de quoi racheter son père emmené prisonnier par un corsaire et pour lors esclave à Tétouan.

2114. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Son Jules César est aussi plein de Plutarque que Britannicus l’est de Tacite ; et, s’il n’a pas appris l’histoire mieux que personne, il faut dire qu’il l’a devinée, au moins quant aux caractères, mieux que personne ne l’a jamais sue.

2115. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Ils apprendraient à y connaître un M. 

2116. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Marmontel, au moment où il apprit la disgrâce de M. 

2117. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

L’expérience, objecte-t-on, peut bien nous apprendre que certaines successions se reproduisent plus fréquemment que d’autres, et établir ainsi, entre la veille et le rêve, une distinction de fait ; mais elle ne peut pas nous répondre que la veille ne soit pas elle-même un autre rêve, mieux suivi et plus durable ; elle ne peut pas convertir « le fait en droit », puisqu’elle ne se compose que de faits et qu’il n’y a aucun de ces faits qui porte en lui-même, plutôt que tous les autres, le caractère du droit.

2118. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Une note de l’article de la Revue contemporaine qu’Émile Hennequin consacra à Flaubert (octobre 1885) nous apprend que le critique suisse entra en contact avec Féré pour mieux connaître les phénomènes inconscients d’acquisition du langage (p. 169).

2119. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Et celle-ci est rêveuse, troublée, par tout ce que l’esprit lui apprend des hommes et du monde.

2120. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Racan disait à mademoiselle de Gournay : « J’ai vu « ce matin M. de Malherbe coudre lui-même avec du gros fil gris une « liasse blanche où il y aura bientôt des sonnets. » Chaque drame de Shakespeare, composé pour les besoins de sa troupe, était, selon toute apparence, appris et répété à la hâte par les acteurs sur l’original même, qu’on ne prenait pas le temps de copier ; de là, pour lui comme pour Molière, le dépècement et la perte des manuscrits.

2121. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Néanmoins, notre ignorance est si profonde, et notre présomption si haute, que nous nous émerveillons d’apprendre la destruction d’une espèce ; et parce que nous n’en voyons pas la cause, nous supposons des cataclysmes pour désoler le monde, ou inventons des lois sur la durée des formes vivantes.

2122. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Heureuse chance déjà, car la douleur apprend aux hommes bien autre chose que la pitié.

2123. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Il tenait aux circonstances et aux passions d’un temps qui s’en allait en guerre, comme Marlborough, contre toutes les grandes et respectables choses établies, et qui ne connaissait pas la céleste rêverie que, depuis, nous avons appris à connaître… La gloire de Voltaire, c’est le bruit de toutes les ruines qu’il a faites.

2124. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Voilà ce que nous apprennent les maladies de la mémoire des mots, et ce que ferait d’ailleurs pressentir l’analyse psychologique de la mémoire.

2125. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Un de nos voisins, questionné discrètement, nous apprit que ces deux messieurs passaient actuellement pour deux poètes de génie ; il nous déclina leurs noms. […] Gaiffe, s’estimant avec raison « trop beau pour rien faire », ou pour conserver, du moins, cet ingrat emploi de feuilletoniste, il en a, — m’a-t-on dit, cherché un autre… Bref, tous deux sont morts aux lettres françaises ; et j’ai appris, non sans plaisir, — par la lecture des Esprits malades, — que M.  […] Gerdret, versificateur candide qui a rempli jadis — comme son recueil nous l’apprend — les fonctions de sous-préfet, et qui s’intitule poète aujourd’hui. […] Mais, comme il possède, en somme, — ce revenant littéraire, ce bel-esprit, moitié mousquetaire et moitié abbé, — une très haute et très sagace intelligence, il ne dépend pas de lui d’échapper à la compréhension absolue du présent, pour murer sa pensée dans le culte exclusif d’un passé évanoui ; sans avoir rien oublié, il a appris quelque chose.

2126. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Et voici ce qu’il nous apprend. […] Ces quatre-vingts pages m’en apprennent plus sur les alentours, les origines et le fond du christianisme que l’ouvrage de Renan ; pourtant vous savez si j’admire ses Apôtres, son Saint Paul et son Antéchrist. […] Or, il paraît que toute une jeunesse apprit dans ses livres si attrayants l’histoire de France. […] Lorsqu’on m’apprit, bientôt, l’histoire sainte, l’histoire aussi de Charlemagne, de Louis XIV et de Frédéric Barberousse, la diversité des époques me fut, malgré les dates, inintelligible ; et tous ces bonshommes d’autrefois se groupèrent pour moi, dans le passé vague, indéterminé : Homère était parmi eux, avec Mathusalem et Salomon. […] … Selon le subtil évêque de Cloyne, Berkeley, ils m’ont appris que le monde extérieur n’existe pas et n’est que la raisonnable chimère de notre pensée ; ils m’ont appris que je vivais au milieu de mon rêve et que j’étais l’inventeur des fausses réalités où j’appuyais ma certitude.

2127. (1933) De mon temps…

J’avais appris par Mallarmé qu’Elémir Bourges, dégoûté de la vie de Paris, s’était confiné à l’écart dans une stricte et studieuse solitude. […] … Quelques mois après cette visite nocturne, j’appris la mort de Francis Poictevin. […] Elle nous apprend et nous découvre toute l’âme du poète en ses violences passionnées, en ses chimères généreuses, en ses visions grandioses et brutales, en ses intimes sensibilités.

2128. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

I, p. 312, 391-396) : il finit pourtant par reconnaître qu’à un certain moment « le mauvais coucheur » se montra « très radouci et presque bonhomme » ; et pendant huit jours que Roederer passa chez lui à Düsseldorf en 1811, ils apprirent réciproquement à se mieux connaître.

2129. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il nous apprend qu’on lui faisait l’honneur de dire de lui « que comme don Quichotte avait eu la tête tournée par la lecture des romans, il lui était arrivé la même chose par celle de Plutarque. » Il n’est que bizarre, et il montre plus de bonhomie que de tact et de goût (de ce goût qu’avait si fort son ami Voltaire, et qui est avant tout sensible au ridicule), lorsqu’il écrit de lui-même à la date de juin 1743, environ un an avant de devenir ministre : Je me sens doux et sévère, je tiens beaucoup de Paméla et de Marcus Porcius Caton.

2130. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Si le prince de Bade joint Marlborough, comme tous les divers avis le portent, alors je ferai des ouvrages qui me donneront toujours le temps de prendre mon parti, si je ne m’en tiens pas à celui de les attendre où je suis… Mais quand nos troupes apprendront qu’il est arrivé quinze mille hommes de renfort aux ennemis, alors je leur dirai : « Faisons, puisqu’ainsi est, quelques redans de plus. » Si je les avais faits d’avance, et que les quinze mille hommes arrivassent ensuite, des bastions ne les rassureraient pas.

2131. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

MM. de Goncourt sont deux frères jeunes encore, qui ont débuté dans les lettres il y a une douzaine d’années ; qui se sont dès le premier jour jetés en pleine eau pour être plus sûrs d’apprendre à nager ; qui y ont très-bien réussi ; qui ne se sont jamais séparés, qui ont étudié, écrit, vécu ensemble ; qui ont mis tout en commun, y compris leur amour-propre d’auteur ; que cette union si étroite et qui leur semble si facile distingue et honore ; qui ont fait chaque jour de mieux en mieux ; qui, adonnés aux arts, aux curiosités, aux collections tant de livres que d’estampes, ont acquis du xviiie  siècle en particulier une connaissance intime, approfondie, secrète, aussi délicate et bien sentie que détaillée.

2132. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

C’est, lui qui, la veille du discours de réception de Victor Hugo à l’Académie, disait à quelqu’un qui ne paraissait pas sûr de pouvoir y assister : « Il faut y aller, on s’attend a de l’imprévu. » Et après la séance, il dit au glorieux récipiendaire, en manière de compliment : « Monsieur, vous avez fait un bien grand discours pour une bien petite assemblée. » C’est lui qui, à un célèbre candidat pour l’Académié46, qui s’étonnait d’apprendre de sa bouche qu’il n’eût pas lu ses ouvrages, fit cette réponse qui a couru et qui court encore : « Je ne lis pas, Monsieur, je relis. » On aurait pu trouver quelquefois qu’il usait et abusait du poids de sa parole pour écraser les gens.

2133. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Certes j’aurai plus appris pendant les cinq mois qui viennent de s’écouler, qu’en six ans à Rome.

2134. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Il avait appris aussi à dessiner la machine ;’on l’avait appliqué à cette branche de mécanique délicate et savante, les instruments de précision.

2135. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

» Il n’y avait rien de banal dans cet éloge ; une seconde épigramme de Léonidas sur le même Aristocratès nous donne de nouveaux détails et nous apprend que cet homme gracieux et sensible avait eu, en mourant, un regret : c’était d’être resté célibataire, d’avoir eu sous les yeux, à sa dernière heure, un foyer bientôt désert et une maison sans enfants : « Une maison sans colonnes est triste à voir. » Mais, tout compte fait, et bien que sachant le mieux, il s’en était tenu au plus sûr : il avait craint la perfidie du sexe.

2136. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Le roi entouré de ses gentilshommes est dans l’embarras : il a appris la désobéissance du comte à l’ordre qui lui avait été donné, de sa part, de faire des soumissions à don Diègue : il envoie un de ses gentilshommes pour s’assurer de lui ; c’est un peu tard.

2137. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Malgré ces heureux ravitaillements, il est bien clair qu’auprès de la plupart, en cette société moderne, l’école du style, soit académique, soit non académique, perd en crédit, en importance, qu’on l’apprécie moins et qu’on s’en passe ; qu’à voir tant de gens se jeter à l’eau d’abord et apprendre ensuite d’eux-mêmes à nager, on en estime moins les préceptes de la natation, et qu’un moment viendra où (je le répète), sans être pourtant insensible à un certain tour et à un certain éclat d’expression, on ira surtout aux faits, aux idées, aux notions que portera le bien dire ou le style.

2138. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

D’ailleurs elle a de beaux yeux et est fort bien faite ; elle est blanche, a de beaux cheveux ; beaucoup de désir de plaire, remplie d’attentions ; de l’esprit, de la vivacité ; sentant parfaitement tout son bonheur ; souhaitant passionnément de réussir dans cette Cour-ci ; une très bonne santé, point délicate de corps ni d’esprit ; encore un peu enfant ; une extrême envie de bien apprendre le français ; demandant qu’on la reprenne sur les mauvais mots qu’elle pourra dire… » Après l’avoir vue de ses yeux, il adoucit quelques traits et y ajoute en bien : « Un beau teint, assez blanche, de beaux yeux bleu foncé, un assez vilain nez, des dents qui seront belles quand on y aura travaillé, la taille très jolie ; elle se tient un peu en avant en marchant ; un peu plus grande que Madame (Madame Henriette).

2139. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Très-Français et très-Normand malgré l’origine allemande de son nom, lecteur d’Oswald et de René, il était de ces âmes que l’élégie et la romance de Millevoye attiraient plus que les joyaux de l’abbé Delille, et auxquelles la voix de Lamartine et de Victor Hugo est venue apprendre ce qu’elles pressentaient, ce qu’elles soupiraient vaguement.

2140. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Port-Royal, étudié de près, m’a appris combien les inductions de M.

2141. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Pourtant l’orage augmente, et l’on parle d’un ordre supérieur obtenu contre le poëte, lorsque tout à coup on apprend que la Champmêlé qui devait, ce soir même, jouer Ariane devant le roi, a feint une indisposition ; que, grâce à ce tour d’adresse, les Plaideurs, représentés pour la troisième fois, ont subitement trouvé faveur et gagné leur cause ; on n’a plus osé siffler, et le roi a ri.

2142. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Il continua de lire, de rêver, de causer, de marcher, bâton en main, aimant mieux dans tous les temps faire dix lieues qu’écrire dix lignes ; de promener et d’ajourner l’œuvre, étant de ceux qui sèment, et qui ne bâtissent ni ne fondent : « Quand je luis, je me consomme. »  — « J’avais besoin de l’âge pour apprendre ce que je voulais savoir, et j’aurais besoin de la jeunesse pour bien dire ce que je sais. » Au milieu de ces plaintes, sa jeunesse d’imagination rayonnait toujours sur de longues perspectives : De la paix et de l’espérance Il a toujours les yeux sereins, disait de lui Fontanes en chantant sa bienvenue à Courbevoie.

2143. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

La prudence exige de n’y compter qu’autant que les intérêts communs s’y trouvent, et l’expérience de tous les siècles apprend que ces liaisons de parenté sont souvent plus embarrassantes qu’utiles quand les intérêts sont naturellement opposés. »  — Un des soins de M. de Ségur dans ses notes est de rejoindre, autant que possible, la morale et la politique, et de ne plus les vouloir séparer.

2144. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

De Corneille, sans doute, il a appris à imiter librement, à marquer d’une conception originale les sujets qu’il n’inventait pas, à dégager les études d’âmes et de passions que la pittoresque comédie des Espagnols enveloppait.

2145. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Il s’adresse à ceux qui l’ont, et il va leur apprendre le métier.

2146. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Cet odieux pamphlet se termine par cette phrase : « Il faut lui apprendre que, si on châtie légèrement un romancier impie, on punit capitalement un vil séditieux ».

2147. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Après quelques récriminations de Ricciardo, tout s’arrange à l’amiable. » Quoique Riccoboni nous apprenne que ce dénouement fut trouvé plus piquant et mieux amené que celui de L’Interesse et du Dépit amoureux, il ne faut point, à l’exemple de Cailhava, reprocher à Molière de ne s’en être point servi, puisque ce nouveau dénouement ne fut imaginé que bien longtemps après la mort de Molière.

2148. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Célimène lui avait appris cet art ingénieux de nous instruire en flattant notre penchant à médire.

2149. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Les esprits, en effet, diffèrent beaucoup plus par ce qu’ils ont appris, par les faits sur lesquels ils appuient leurs jugements, que par leur nature même 183.

2150. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

« Les larmes les plus amères que cette enfant verse secrètement dans le sein de Dieu, dit M. le curé de Château-l’Évêque, ne viennent pas de ce que nous avons dit mais de ce que nous ne pouvons dire sans blesser l’amour-propre, la discrétion, le mutisme de notre protégée… Malgré l’espèce de violation du domicile de l’amitié que nous avons dû commettre pour apprendre ce que nous vous écrivons, il restera beaucoup de choses dans l’oubli et dans le secret de la conscience. » Emmeline ne se plaint jamais et, si elle ouvre son cœur ulcéré, c’est seulement à la sœur de Saint-Vincent-de-Paul de Château-l’Évêque.

2151. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Nouvelles Nous apprenons que les Maîtres Chanteurs seront joués à Bayreuth l’année prochaine (au lieu de Tannhæuser) avec Tristan et Parsifal.

2152. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Vous le saurez quand vous apprendrez l’argument du sonnet que je vous garde ; car je ne fais pas tant le renchéri sur le sujet de mes inclinations que vous.

2153. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Un homme, envoyé à Bicêtre pour toujours, apprendrait toutes les morts de l’univers sans regret.

2154. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Camille Desmoulins est ce fifre improvisé de la Révolution, et qui se jouera jusqu’au jour où il apprendra à ses dépens qu’on ne joue pas impunément avec le tigre.

2155. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Mais tu as encore une autre histoire à apprendre, et bien plus remplie d’enseignements tristes et sévères.

2156. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Voici en quels termes à la Saint-Preux il fait la dédicace de ce petit traité à la Port-Royal : Ma Sophie, tu te souviens bien que ta mère m’a écrit une fois pour me prier de t’apprendre l’orthographe : je ne sais comment je négligeai une si grave recommandation.

2157. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Elle veut qu’elle aussi, pour être heureuse, elle apprenne à penser sainement, à penser différemment du peuple sur ce qui s’appelle morale et bonheur de la vie : « J’appelle peuple, ajoute-t-elle, tout ce qui pense bassement et communément : la Cour en est remplie. » Ces réflexions philosophiques, qui, plus tard, passeront aisément à la déclamation et à l’excès, percent déjà à l’état d’analyse très distincte chez Mme de Lambert.

2158. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Marié, mais séparé de sa femme, qui n’était pas exempte de quelque extravagance, il avait emmené avec lui une petite personne appelée Manette, qui joue un certain rôle dans sa vie intime : c’est cette personne à qui il conseillait, comme elle ne savait pas lire, de ne jamais l’apprendre ; la pièce de vers très connue qu’il lui adressa se terminait ainsi : Ayez toujours pour moi du goût comme un bon fruit,        Et de l’esprit comme une rose.

2159. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Les lettres que nous annonçons au public sont déjà recommandables, comme on le voit, par le nom des personnages qui les ont écrites, et dont nous possédons les originaux ; mais quand on apprendra qu’elles renferment tout ce qu’il y a de plus instructif à la fois, de plus original et de plus piquant ; quand on saura que la science, la politique, la littérature, y ont leur compte avec de nouveaux aperçus, quand on y verra le vieux philosophe Adanson, l’homme le plus scientifique et le plus profond qui fût jamais, s’enivrer des regards d’une Dervieux, et tourner le fuseau presque à ses pieds ; Noverre, déployer toutes les ressources de l’imagination la plus riche ; Mme Beaumarchais, effacer presque les Ninon et les Sévigné ; et cette brillante Sophie Arnould, parer tour à tour son style de tout ce que l’esprit a de folle gaieté, de tout ce que le cœur a de sentiments les plus exquis, révéler avec cet abandon séduisant toutes les petites indiscrétions du boudoir et nous initier aux mystères de l’alcôve, c’est alors surtout que nos lecteurs nous sauront gré de notre entreprise. 2 vol. in-8, 12 francs.

2160. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

On suppose que dans la formation des langues l’ordre d’apparition des mots a été inverse de l’ordre de disparition constaté dans certaines maladies, les mots précis ayant été trouvés ou fixés les derniers, quand les esprits ont été capables d’idées nettes bien délimitées, tandis que les mots abstraits, appris d’abord, tels grands mots de la religion, de la philosophie, de la politique, restent dans les lobes, et témoignent jusqu’à la dernière heure de la puérilité d’une intelligence.

2161. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

La mise en jeu fréquente de tout un groupe de sentiments par un spectacle fictif, par des idées irréelles, par des causes qui ne peuvent pousser ces sentiments jusqu’à fade ou à la volition, affaiblit très probablement, par la désuétude de cette transition, la tendance des émotions réelles à se transformer de la sorte ; et les sentiments esthétiques étant dénués, à proprement parler, de souffrance, étant agréables et pouvant être provoqués à volonté quand on a appris à en jouir, on ne désire plus en ressentir d’autres ; le rêve dispense de faction.

2162. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

C’est à travers cette couche de songe qu’il sent, comprend, apprend, perçoit, boit, mange, s’irrite, se moque, pleure et raisonne.

2163. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

On désire apprendre à lire pour savoir ce que c’est que ce bronze.

2164. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Dans les revues, elle est devenue un refuge, c’est le seul genre d’articles qu’on accepte d’un débutant — qui peut ainsi y apprendre des faits, y gagner des idées, en un mot, y faire un apprentissage utile et s’y dresser aux méthodes.

2165. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Mais on n’apprend jamais ce que le peintre de Denis ignore.

2166. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

L’action, le mouvement, l’air empressé de la vieille, me l’auraient peut-être appris, mais cela n’y est pas.

2167. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Vous faites des vers, vous le croyez parce que vous avez appris de Richelet à arranger des mots et des syllabes dans un certain ordre et selon certaines conditions données, parce que vous avez acquis la facilité de terminer ces mots et ces syllabes ordonnées par des consonnances.

2168. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Dieu apprit donc à l’homme le nom de chaque chose, de chaque être, et de toutes les idées premières.

2169. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement la pensée du sien, elle avait le facile avantage de raconter une littérature étrangère ; et n’aurait-elle pas eu ce style inouï, ce mirage d’idées, comme disait Byron, qui lui aurait permis de se passer de pensées fortes et d’aperçus vrais, si elle n’en avait pas eu, elle apprenait du moins à la France ce que la France ne savait pas.

2170. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Dans cet incroyable discours qui nous apprend, avant le livre lui-même, la conversion et la transformation de Philarète, nous voyons jaillir un Chasles que, jusque-là, nous n’avions pas vu, et que nous ne soupçonnions même pas.

2171. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Je ne crois pas qu’il soit possible de l’oublier et que les générations futures, fussent-elles plus saines que nous, puissent se soustraire à l’impression de cette poésie, qui leur apprendra ce qu’un jour aura été l’âme de leurs pères !

2172. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Daumier a vécu intimement avec lui, il l’a épié le jour et la nuit, il a appris les mystères de son alcôve, il s’est lié avec sa femme et ses enfants, il sait la forme de son nez et la construction de sa tête, il sait quel esprit fait vivre la maison du haut en bas.

2173. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Dans un curieux essai intitulé A chapter on dreams, Stevenson nous apprend que ses contes les plus originaux ont été composés ou tout au moins esquissés en rêve.

2174. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Mais, devant les sacrés autels de la croix, le vaincu apprit au vainqueur à prier.

2175. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Il nous apprend que de tout temps il a éprouvé pour les choses imprimées un invincible dégoût. […] Je sais donc que je n’ai rien à vous en apprendre. […] C’est M. de la Coullonche, — un maître qui fut tenu dans la plus haute estime par Ernest Bersot, dont on n’a pas encore dit que ce fût une bête. — Les journaux dans ces derniers temps nous ont appris que ses élèves se sont conduits envers lui avec une cruauté inexcusable. […] Faguet que d’avoir conquis ce public des « étudiants de lettres », d’être devenu pour ceux-ci un guide qu’ils suivent en toute assurance, et de mettre ainsi chaque jour un peu de sa pensée dans la pensée des jeunes gens qui apprennent dans ses livres à goûter et à aimer notre littérature nationale. […] Par instants il hésite, il se reprend ; cela fait plaisir, car on sent que cela n’est pas appris par cœur et que le Père laisse place à l’inspiration du moment.

2176. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Bourget lui-même, de qui a-t-il appris son métier ? […] Barrès me l’apprend, que les frères Baillard ont existé, et qu’au fond de ce mythe il y a une histoire vraie. […] Il jouait à la balle dans une cour de séminaire et quelqu’un demanda : « Si nous apprenions que c’est maintenant le jugement dernier, que ferions-nous ? […] Sur un tel métal toute faiblesse, toute avance délicate d’amour paraît rouille, énerve l’œuvre d’art dans la même mesure et pour les mêmes raisons que le héros, — Virgile nous l’apprend à ses dépens. […] Giraudoux, ils ne sont point pressés d’arriver parce qu’ils savent d’avance et qu’ils vous apprennent la désillusion des ports.

2177. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Toutes les sensations de l’ouïe, de l’odorat, du goût, de la vue, du toucher, du tact même, ne vous peuvent apprendre quelle est leur cause ni si elles en ont une. […] Mais d’illustres exemples nous ont appris à craindre de compromettre des vérités du plus grand prix en y mêlant des conjectures qui, en faisant briller peut-être l’esprit du philosophe, diminuent aux yeux des sages l’autorité de la philosophie. […] La vérité est la fille, la parole, j’allais dire le verbe éternel de Dieu, si la philosophie peut emprunter ce divin langage à cette sainte religion qui nous apprend à adorer Dieu en esprit et en vérité. […] Au lieu d’abandonner l’imagination à elle-même, nous nous appliquons dès lors à la contenir sans la détruire, à la modérer, ainsi que l’ont fait les Grecs, à l’aide du goût, comme dans le progrès de la vie et de la société on apprend à réprimer ou à dissimuler ce qu’il y a de trop individuel dans les caractères. […] Nous répondons que cette qualité est bien rachetée par le grave défaut qu’il lui doit aussi, le manque d’idéalité dans les figures ; et c’est de la France qu’il a appris à réparer ce défaut par la beauté de l’expression morale.

2178. (1898) La cité antique

Elle ne tient pas sa religion de la naissance ; elle y a été seulement initiée par le mariage ; elle a appris de son mari la prière qu’elle prononce. […] Plutarque nous apprend qu’à Rome les femmes ne pouvaient pas paraître en justice, même comme témoins264. […] Elle leur apprend à tous les deux à se respecter l’un l’autre. […] C’était bien quelquefois pour assister à leurs luttes et prendre part à leurs combats ; souvent aussi c’était pour leur prescrire la concorde et leur apprendre à s’aider les uns les autres. […] Malheureusement, ces beaux et brillants écrits nous laissent encore regretter les vieilles archives des villes et tout ce qu’elles nous apprendraient sur les croyances et la vie intime des anciens.

2179. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Quoique les spectacles auxquels j’ai assisté m’aient peu surpris, je n’ai pas la prétention de croire que l’expérience des hommes et des affaires n’eût rien à m’apprendre ; j’ai la confiance, au contraire, d’avoir beaucoup appris, et d’être ainsi plus apte, peut-être, à saisir et à exposer les grandes choses que nos pères ont faites pendant ces temps héroïques.

2180. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Mme Récamier, M. de Chateaubriand, vos deux amis du passé, étant morts, vous ne deviez rien à personne ; il nous fallait un grand critique, plus qu’un critique, un moraliste littéraire qui ne se bornât pas à la langue, mais qui étudiât l’homme et l’humanité dans l’écrivain, un La Harpe d’après, mais très supérieur à La Harpe d’avant, homme de collège, qui n’apprit que les mots, quand Sainte-Beuve apprécie les choses. […] Vous m’avez consolé d’abord, et ensuite vous m’avez porté à la source de toute consolation ; car vous l’avez vous-même appris dès la jeunesse, les autres eaux tarissent, et ce n’est qu’aux bords de cette Siloé céleste qu’on peut s’asseoir pour toujours et s’abreuver : Voici la vérité qu’au monde je révèle : Du Ciel dans mon néant je me suis souvenu : Louez Dieu !

2181. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

C’est cet aïeul, que Fénelon lui avait appris à moins respecter, qui releva la réputation de son petit-fils. Il le fit participer aux affaires, il l’arracha aux préjugés de son éducation, « pour lui faire voir les hommes, dit Saint-Simon, les lui faire étudier, entretenir, sans se livrer à eux, lui apprendre à parler avec force et à acquérir une autorité douce. » Il lui ôta peu à peu ces vaines délicatesses et ces doutes serviles de lui-même où l’avait élevé Fénelon, et il l’eût rendu digne de réparer les malheurs de sa vieillesse et les fautes de sa trop longue vie.

2182. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Eli bien, Faust, le chef-d’œuvre de Gœthe, qui n’est pas sorti de sa tête, mais qui y est entré au sortir de plusieurs autres têtes plus inventives que la sienne, n’est pas autre chose (et je n’ai pas la prétention de l’apprendre à personne) que la création légendaire du xve  siècle, pétrie et repétrie déjà par la puissante main de l’énergique Marlowe ; et jamais le cas ne s’est mieux présenté d’appliquer à Gœthe le mot de lui cité plus haut : remaniement et traduction ! […] — Gœthe, qui était apte à tout, ce qui équivaut à dire qu’il n’avait la vocation de rien, n’était pas plus pourvu de la scientifique que de la littéraire… Médiocre en science comme en littérature, mais attentif, et, par le fait de l’attention, arrivant jusqu’à un certain degré de sagacité relative, il eut le mérite, en histoire naturelle, d’entrevoir l’unité de composition, mais le bonheur (plus grand que le mérite) d’avoir, pour le dire et l’apprendre au inonde, la grande voix de Geoffroy Saint-Hilaire, qui, lui, la démontra, et qui reconnut, avec la magnanime bonne foi du génie, que Gœthe en avait eu la lueur… La métamorphose des plantes fut, en botanique, un titre pour Gœthe, dans l’ordre de la science, ainsi qu’en anatomie la découverte de l’os intermaxillaire.

2183. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Il convient donc de se placer à ce nouveau point de vue, et de chercher, abstraction faite des influences externes et des préjugés du langage, ce que la conscience toute pure nous apprend sur l’action future ou passée. […] D’un côté, nous ne connaissons la force que par le témoignage de la conscience, et la conscience n’affirme pas, ne comprend même pas la détermination absolue des actes à venir : voilà donc tout ce que l’expérience nous apprend, et si nous nous en tenions à l’expérience, nous dirions que nous nous sentons libres, que nous percevons la force, à tort ou à raison, comme une libre spontanéité.

2184. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Pour apprendre l’humilité, rien de tel que l’art dramatique. […] Mais joué une fois, ayant éprouvé l’instrument dont il disposait, le jeune dramaturge aurait appris à s’en servir, à adapter aux habitudes du théâtre sa fantaisie irréfrénée. […] Cette révolution poétique, classique, organique, Charles Dullin à l’Atelier, Louis Jouvet aux Champs-Élysées, Courville à la Petite Scène la continuent, la développent chaque jour ; aussi bien Dullin et Jouvet ont appris leur métier sur cette scène.

2185. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Silencieusement, j’appris à les haïr. […] Je n’ai fait qu’effleurer l’œuvre de Renée Vivien, qui se compose d’une douzaine de volumes, mais pourtant j’ai cité assez de ses vers pour qu’on apprenne à en aimer le parfum sobre et la ligne pure. […] L’œuvre de Mme Jeanne Perdriel-Vaissière, tout en conservant cette belle inquiétude qui est le ferment même de sa poésie et de toute poésie, s’est teintée de sérénité, et, cette sérénité, cette acceptation joyeuse de la vie, c’est symboliquement la robe nouvelle dont cette Muse s’est vêtue : Mes sœurs, hors de la gaine où je vivais roidie, Mon cœur n’a pu, d’un coup, battre assez largement, Trop longtemps opprimé, mon geste balbutie, Il est un écolier, car le bonheur s’apprend.

2186. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

La seule question pour la psychologie est de savoir s’il y a de telles idées en nous : la métaphysique pourra aller plus loin et nous apprendra, si elle le peut, d’où elles nous viennent. […] On ne nous dit pas, à la vérité, ce que c’est que l’âme ; mais on nous apprend que la conscience, ce révélateur de l’âme, est une résultante ; on peut en conclure que l’âme elle-même est une résultante. […] demain peut-être, il se fera un mouvement en sens contraire ; il naîtra un penseur audacieux qui découvrira l’âme, et rappellera à l’homme étonné et ravi la dignité, la beauté, l’originalité de sa nature et de son rôle dans la création ; il lui apprendra ce qu’il aura oublié, à regarder au-dessus de lui et non au-dessous.

2187. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Les sentences triviales rebutent, parce qu’elles n’apprennent rien ; et l’on ne veut pas perdre de tems à ce qui ne vaut pas la peine d’être dit. […] Il n’y a jamais eu d’ouvrage fait pour plaire, qui se soit soutenu long-temps sans une beauté d’expression convenable à la matiere ; et quoique les ouvrages dogmatiques puissent s’en passer, puisque l’auteur ne s’y propose que d’instruire, et que le lecteur ne doit s’y proposer que d’apprendre, on ne laisse pas de regretter encore l’agrément du langage, quand il y manque. […] Il faut suivre l’histoire de l’opinion des hommes sur les poëmes d’Homere ; quand les lettres ont commencé à réfleurir dans les derniers siécles, on n’a pû parvenir à la connoissance de ses ouvrages, que par des études profondes ; il a fallu apprendre des langues presque oubliées, et dont il étoit impossible de discerner la force ni les graces particulieres.

2188. (1891) Esquisses contemporaines

Pour qu’un peuple arrive à borner son action collective — et tout le problème politique est au fond là — il faut et il suffit qu’un nombre de citoyens capables de déterminer un mouvement de l’opinion aient appris, chacun pour son compte, à se gouverner eux-mêmes. » La crise économique se résoudrait sur le même terrain : « Il faut avant tout éteindre les haines, désarmer la défiance afin de pouvoir éclairer le peuple sur ses intérêts et la limite de ses droits. […] Seule, la loi fatale de la lutte pour l’existence, dont on venait d’apprendre qu’elle régissait la nature et l’histoire, se dressait plus haute et plus inexorable au milieu des besoins multipliés par des habitudes croissantes de jouissance et de confort. […] Nous leur avions appris les règles de l’art et les lois de la beauté : ils introduisirent parmi nous des facteurs hostiles aux saines traditions de la culture latine. […] On nous apprend à réfléchir, personne ne nous enseigne à vivre. […] C’est quelque chose d’avoir appris que, parmi les questions qui ont le plus agité l’esprit humain, il en est qui n’ont point de solution, ni même de sens.

2189. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Car, il faut bien vous l’apprendre à vous, Monsieur, qui demeurez au bout de Paris, clos dans une petite maison discrète de la rue Montparnasse, loin de la multitude littéraire et des éditeurs qui vivent sur elle, l’ignorance de la nouvelle génération est incroyable ! […] Clairville) que plusieurs de ces déesses ont la jambe correcte, ce qui me fait pardonner à mon siècle d’avoir remplacé le monologue de la Tragédie par le dialogue du mollet… mais pourquoi s’avisent-elles d’apprendre leurs rôles ? […] Flaubert ne nous apprenait rien. […] monsieur, il importe sans doute de nous apprendre que M.  […] Le malheur est qu’ils les font également : rien ne se ressemble comme deux formistes, et cela par la raison toute simple que la forme est chose artificielle et convenue, qui s’apprend comme l’orthographe ou le trapèze.

2190. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Il ne se soutient, il ne vit, il ne respire deux minutes de suite qu’à la condition de prévoir, c’est-à-dire à la condition d’avoir connu ces lois et ces phénomènes qui briseraient sa frêle existence, s’il n’apprenait peu à peu à les observer, à mesurer leur portée et à calculer leur retour. […] Sans être sceptique le moins du monde, il doutait et il apprenait à douter. […] Platon et Aristote se complaisent à citer leurs devanciers, et Diogène de Laërte nous apprend que bien des histoires de la philosophie avaient précédé la sienne. […] Oui, sans doute, leurs lois empiriques, qui ne nous apprennent rien de plus que les faits eux-mêmes, mais non pas leurs véritables lois, capables de rendre compte de leur existence à la raison. […] Il y a un art psychologique, car la réflexion est pour ainsi dire contre nature, et cet art ne s’apprend pas en un jour ; on ne se replie pas facilement sur soi-même sans un long exercice, une habitude soutenue, un apprentissage laborieux.

2191. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Mais, quelques jours après, ayant appris par M. de Talleyrand que le premier consul lui destinait un présent de grand prix, une boîte émaillée représentant la Fédération de Milan, et enrichie de diamants et pierreries, Roederer s’empressa d’écrire à Regnault de Saint-Jean-d’Angély une lettre des plus honorables : Mon cher ami, cette idée de présent me tracasse ; je ne suis pas assez sûr que vous en ayez détourné le projet ; mais, si vous ne l’avez pas fait, je compte assez sur votre amitié pour espérer que vous le ferez le plus tôt possible, et je vous en prie.

2192. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Si on vous disait : « Pendant le siège de Mons, la jeune noblesse en quittant Paris laissa bien des aventures galantes et des liaisons de cœur ; il y eut de belles affligées qui bientôt se consolèrent ; on s’écrivait des billets avant et après le siège, mais le retour pour plusieurs ne fut point aussi heureux que l’avait été le départ » ; si on vous disait cela, on ne vous apprendrait rien qui ne soit facile à supposer et qui n’ait dû être ; mais si l’on ajoutait : « Il existe une trentaine de lettres écrites par l’un de ces cavaliers de l’état-major du roi à une jeune dame de la Cour, qui fut persuadée, touchée, tendre à son égard, puis volage », on voudrait lire ces lettres : eh bien, le marquis de Lassay nous les a conservées.

2193. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Rodrigue avait appelé et vaincu un chevalier navarrais en combat singulier : de là ce titre de Campéador ou Campi-doctor, comme on disait dans les chansons latines ; car c’est une chanson latine qui, la première, nous apprend cet exploit.

2194. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Je regarde que tous mes malheurs, de conséquence en conséquence, viennent de ce que mes parents, bien contre mon gré, m’ont forcé d’apprendre à écrire, et il n’y a pas de jour où je ne redise avec un sentiment profond ce mot d’un ancien : Utinam nescirem litteras !

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