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1530. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

On voit combien ce nom et le souvenir d’une ancienne grandeur en imposaient encore : « L’orateur, dit-il, craint de faire entendre devant les héritiers de l’éloquence romaine, ce langage inculte et sauvage d’au-delà des Alpes, et son œil effrayé croit voir dans le sénat les Cicéron, les Hortensius et les Caton assis auprès de leur postérité pour l’entendre. » Il y a trop d’occasions où il faut prendre la modestie au mot, et convenir de bonne foi avec elle qu’elle a raison ; mais ici il y aurait de l’injustice : l’orateur vaut mieux qu’il ne dit ; s’il n’a point cet agrément que donnent le goût et la pureté du style, il a souvent de l’imagination et de la force, espèce de mérite qui, ce semble, aurait dû être moins rare dans un temps où le choc des peuples, les intérêts de l’empire et le mouvement de l’univers, qui s’agitait pour prendre une face nouvelle, offraient un grand spectacle et paraissaient devoir donner du ressort à l’éloquence : la sienne, en général, ne manque ni de précision, ni de rapidité.

1531. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Le principal pour Valera, philosophe et moraliste en cela, c’était le caractère du séminariste, l’âme pleine de théologie, de mysticisme, dont le cœur bat, bien vite, d’un mouvement nouveau, sous le feu de deux yeux noirs. […] Etudions donc le Gongorisme et le Quévedisme, deux formes du mouvement littéraire qui affligea à cette époque toute l’Europe. […] Les voici enlacés, ils s’enivrent de ce mouvement rythmé qui les berce, l’étreinte se serre, c’est le moment du baiser ; Soledad fléchit sur la poitrine de son cavalier. […] Si le roman est bien représenté en 1880, dans le mouvement de l’esprit espagnol, la poésie est encore plus féconde et plus riche en résultats. […] N’eût-il pas les titres littéraires qu’il peut invoquer, il représenterait le mouvement félibresque, dont il est le plus illustre adhérent, sinon le premier maître, et cette qualité interdit à sa modestie de s’effacer et de ne vouloir être que le fermier de Maillane.

1532. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

On dirait vraiment qu’une fille tombe comme un fruit mûr, sans se donner plus de mouvement et sans y mettre plus du sien ! […] Lanson de conclure bravement : « … En voilà assez pour faire comprendre l’importance du mouvement dont La Chaussée a donné le signal. […] Il nous a démontré le mouvement en marchant. […] Scène fort bien conduite et d’un ample et beau mouvement. […] Elle a des inflexions de voix, des mouvements de tête, même certains abandons, certaines négligences, qui sont à elle, et qui plaisent.

1533. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Quand on ne peut expliquer un mécanisme, on affirme que ses mouvements s’opèrent en vertu d’une loi. […] Un courant électrique est lancé dans un fil en vue de créer un mouvement ; le fil tombe appuyé sur un morceau de bois ; et au lieu de mouvement il se produit de la chaleur : le train brûle, que l’on voulait faire rouler. […] Mais elle n’exerce d’influence que sur des intelligences en mouvement ou en puissance de mouvement ; elle ne détermine pas, elle incline. […] A ces lueurs et à ces mouvements, le jeu des paupières ajoute sa valeur ; ce jeu est affirmatif, négatif, interrogateur. […] On croit comme on aime et l’homme n’est point coupable des mouvements de son cœur.

1534. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Il est le premier mouvement du cœur et la première parole de la nature. […] On sent qu’il aperçoit les objets dans une belle lumière uniforme, avec un détail infini, qu’il veut montrer tout ce détail, qu’il n’a jamais peur de voir son heureux songe s’altérer ou disparaître, qu’il en suit les contours, d’un mouvement régulier, sans jamais se presser ni se ralentir. […] Si d’autres, de loin en loin, comme Sidney et Spenser, entrevoient ce Dieu, c’est comme une vague lumière idéale, sublime fantôme platonicien, qui ne ressemble en rien au Dieu personnel, rigide examinateur des moindres mouvements du cœur. […] Il engage les mathématiciens à quitter leur géométrie pure, à n’étudier les nombres qu’en vue de la physique, à ne chercher des formules que pour calculer les quantités réelles et les mouvements naturels. […] Il faut que le pivot central de l’énorme roue par laquelle tournent toutes les affaires humaines se déplace d’un cran, et que par son mouvement tout soit mû.

1535. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

D’ailleurs, l’effet théâtral qui en résulte, le mouvement que ce secret découvert imprime à toute l’action, le danger des personnages auxquels on prend le plus d’intérêt, tout couvre cette tache, si c’en est une. […] La scène où Mithridate communique à ses fils son projet d’aller à Rome, est une des plus magnifiques qu’il y ait sur la scène française ; c’est du moins celle où il y a le plus de mouvement théâtral. […] Agamemnon, dans la pièce grecque, se livre davantage aux mouvements de la tendresse paternelle ; dans la pièce française, il garde plus de dignité. […] Il y a chez Euripide plus de mouvement, de variété et de chaleur : c’est une de ces scènes antiques d’un naturel exquis, inconnu aux modernes. […] Les deux amants sont des êtres vertueux qui n’ont point à rougir de leurs sentiments : cet amour est infiniment utile dans la pièce pour excuser la calomnie de Phèdre, motiver sa jalousie, inquiéter Thésée, jeter du mouvement dans l’action.

1536. (1929) Amiel ou la part du rêve

On discerne si un enfant prend le pli conformiste ou le pli de la résistance, et on voit souvent l’élan d’une famille entière aller dans le sens de l’accord ou dans le sens de la discorde, tous deux important à l’éclat ou à la force, à la santé ou au mouvement du corps social. […] C’était le mouvement perpétuel que cette petite Mme Weber, toujours affairée entre ses hôtes et ses nombreux enfants, qui, pour tout repos, se laissait tomber en riant sur un sofa, s’en relevait aussitôt, avait l’œil à tout, profitait du séjour de ces étrangers pour apprendre en se jouant — c’était son don — toutes leurs langues. […] Avec de la volonté, de l’union, des valeurs reconnues, des appuis français, un mouvement pouvait s’étendre et réussir. […] Ce n’est pas ce Cénacle qui, en redescendant, rapportera à Genève une école, un centre, un mouvement, un message : le Salève n’est pas un Sinaï. […] Nous nous trouverions dans la gare régulatrice où se croisent la voie Teste et la voie Amiel, si nous épousions le mouvement qui traverse ou dépose les sens divers du mot puissance, l’ordinaire, et le mathématique, et le philosophique.

1537. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Ils deviennent peu à peu des machines solides et bien faites au milieu de la matière inerte, ayant en elles du mouvement amassé et capables de transmettre ce mouvement dans un certain sens. […] Bonald a l’instinct de la polémique directe et de la position au point central, comme de Maistre a celui des mouvements tournants et des fantasias brillantes. […] Il a fallu pour cela nier toute évolution et comme tout mouvement dans le monde. […] Personne ne fut plus qu’elle d’élan et de premier mouvement, de pleine sincérité, si ce n’est Delphine ; mais cela revient à peu près au même. […] Il est pitoyable, il est brave, il a de beaux mouvements de loyauté, de générosité même ; il n’a aucunement le sens du grand.

1538. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Elles nous en traduisent tout l’essentiel ; elles en rendent, avec une légère transposition de mœurs, le mouvement, le tour et la couleur générale. […] Et ce mouvement d’atroce consolatrice n’est pas seulement beau en lui-même. […] et combien peu nous trouverions de vérité et de vie dans cette œuvre de tant de mouvement ? […] Puis, l’exposition exceptée, toute la pièce est amusante, et d’un mouvement si alerte, si continu et si aisé ! […] Les mêmes choses y sont répétées plusieurs fois ; et toutes ne sont pas mises à la place qu’il faudrait pour la clarté, l’intérêt et le mouvement du drame.

1539. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Quand on regarde les corps, on s’aperçoit, sans être forcé d’y apporter une grande attention, qu’ils sont tous mus les uns par les autres, qu’ils reçoivent le mouvement et qu’ils le transmettent. Il faut bien supposer au commencement de tous ces mouvements, ou au principe, non chronologique, mais essentiel, de tous ces mouvements, quelque chose qui meut et qui n’est pas mû. Ce premier moteur non mû ne peut être un corps ; puisque tous les corps reçoivent visiblement le mouvement qui les anime et qu’ils transmettent. […] Nous l’appelons âme et nous disons qu’il se mêle à la nature entière et qu’il lui donne tous les mouvements que nous y voyons. […] Ce que nous savons c’est que les passions sont comme autant de cordes ou de fils qui nous tirent chacun de son côté et qui par l’opposition de leurs mouvements nous entraînent vers des actions opposées.

1540. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Sa physionomie assez effacée n’a pas ces creux, ces reliefs, ces mouvements, indices de variété dans les idées et de sensibilité ; mais toutes les femmes qui ont l’esprit un peu étroit s’attachent fortement à leurs amants ou à leurs époux et les tracassent de leur affection. […] En art, en science, en politique, le mouvement est sensible ; chaque travailleur a un but ; l’un veut le beau, l’autre le bien, et tous, quelquefois sans s’en douter, marchent vers la vérité. […] Il a donné son langage à tout ce qui n’en avait pas et il a créé un mouvement et une vie qui selon lui manquaient. […] Quant aux mouvements de mon cœur, je crois que c’est justement parce qu’il bat beaucoup, qu’il ne bat pas pour les farces. […] * *   * Cinq autres journaux littéraires fondés le même jour, dans cette même ville, indiquent un certain mouvement dans les têtes girondines.

1541. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Tout ce que nous demanderions à la cour, puisqu’il y a une cour, ce serait un simple mouvement de curiosité. […] « Ce n’est pas le sujet de la pièce que nous blâmons, dit le critique (il a cette pudeur du moins), mais bien le mouvement et la nature des pensées que le poète appelle à son aide pour exprimer sa reconnaissance : il reproche aux canons de l’hôtel des Invalides de n’avoir pas tonné le glas aux funérailles de Charles X ; il les accuse de partager la lâcheté humaine et d’adorer tour à tour Henri IV et Louis XI. […] Ce serait faire injure à ce corps, car ce serait supposer que ses membres ne lisent pas et qu’ils restent tout à fait étrangers au mouvement littéraire de notre époque. […] Nous n’avons pas besoin de rappeler quel mouvement produit dans le monde intellectuel l’apparition d’un ouvrage de M. 

1542. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Il semblait, en vérité, que ce jeune homme, lorsqu’il nous revint, avec son noble port, son profil pâle, son mouvement de lèvre un peu silencieux, un peu dédaigneux, fût un contemporain retrouvé des Capulets et des Montaigus.

1543. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

George Sand, Lélia (1833) On doit être frappé du singulier mouvement moral et littéraire qui se déclare en France chez les femmes, d’une manière croissante, depuis les dernières années.

1544. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Théocrite, dans le très grand nombre de ses vers, fait sentir le mouvement de légèreté et d’allégresse que rend, par exemple, ce vers de Virgile : Huc ades, o Melibœe !

1545. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

On a retrouvé de prime saut l’auteur de Henri III, d’Antony, même d’Angèle : de la rapidité, du trait, du mouvement, un entrain animé, impétueux, habile, qui laisse peu de trêve aux objections, qui amuse avant tout et enlève, qui touche quelquefois.

1546. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

Cette nature si vive qui les environne, excite en eux plus de mouvements que de pensées.

1547. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Calvin n’emploie-t-il pas quelque part 8 ou 9 pages184 à comparer l’Église des fidèles au corps humain, à y chercher ce qui est veines, nez, chair, mouvement, chaleur, main, pied, coude ?

1548. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

Il remplace par ces trois torts une qualité littéraire qui manque à tous ses écrits, la maturité qui donne la réflexion… Si le bruit et le mouvement n’y manquent pas, la vérité, l’harmonie, la raison y manquent presque toujours.

1549. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Henri de Régnier a collaboré à presque toutes les « petites revues » tant françaises que belges, que suscita le mouvement dit « symboliste », et l’on trouvera en fin de ces lignes l’état à peu près complet de cette collaboration.

1550. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Il est aisé, il est clair, il a le mouvement et la mesure, toutes les qualités qui distinguent notre race.

1551. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Il était déjà question, au temps du roi Théodoric, de ces histrions « qui donnaient autant de soufflets et de coups de bâton qu’ils débitaient de paroles, et qui faisaient plus rire par les grotesques mouvements de leur corps que par les saillies plus ou moins heureuses de leur esprit ».

1552. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Toi, Marca, tiens-lui ferme les pieds, qu’il ne puisse faire un mouvement.

1553. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

» Ce mouvement inverse, ce reflux, pour ainsi dire, que nous avons à constater fut par la suite une cause d’incertitude et de confusion : quand il devint difficile de démêler dans le répertoire italien ce qui avait précédé Molière ou ce qui l’avait suivi, on méconnut souvent les dettes réelles qu’il avait contractées pour lui attribuer des emprunts où il était, non plus débiteur, mais créancier.

1554. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

Moréas était alors l’un des chefs de file du mouvement symboliste et c’est le Symbolisme que l’on acclamait en lui.

1555. (1890) L’avenir de la science « IX »

Quand la dissection aura été poussée jusqu’à ses dernières limites (et on peut croire que, dans quelques sciences, cette limite a été atteinte), alors on commencera le mouvement de comparaison et de recomposition.

1556. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Le professeur de philosophie avoit mis dans ses ouvrages, que la connoissance du mouvement des esprits animaux, dans chaque passion, est d’un grand poids à l’orateur, pour exciter celles qu’on veut dans le discours .

1557. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

. — Mais les figures ont de la proportion et du mouvement. — D’accord.

1558. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Rousseau, qu’en étalant ces grands mots si peu nécessaires, vous avez cédé à un petit mouvement de vanité.

1559. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Tous sentent que, s’il y a un grand mouvement dans la sphère de l’intelligence humaine, il y a néanmoins un centre fixe, un axe sur lequel repose tout le système.

1560. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Mais, quand on ne tient sous son pinceau que des ridicules, il faut les faire vivre le plus possible pour qu’on les voie bien ; il faut leur donner la couleur et le relief, et le mouvement et l’intensité de la vie ; et c’est là ce qui manque le plus aux ridicules de Mme Sophie Gay !

1561. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

Elles sont, de détails épinglés, trop allemandes, et elles attendent la main d’un artiste qui taillera là-dedans quelque grande œuvre pleine d’unité, d’autorité et de mouvement.

1562. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Mais il paraît que le bœuf aussi a la même horreur pour ce qui brille… Aux yeux de ces sortes d’esprits, Léopold Ranke, passant de l’état d’historien qui sent, se passionne et peint sa pensée, à l’état d’historien systématique et décoloré, est un grand esprit qui s’élève ; et si, à cette suppression de sentiment ou de mouvement, à cette recherche amoureuse sans amour de l’expression abstraite, à cette généralisation vague quand elle n’est pas fausse et fausse dès qu’elle s’avise de préciser, on ajoute la gravité, ce masque des têtes vides qui cache si bien, dans tant de livres contemporains, la platitude de la niaiserie sous l’imposance du sérieux, vous avez un de ces historiens composés de qualités négatives tels que les rationalistes philosophiques et littéraires conçoivent leur historien — leur caput mortuum — et l’ont souvent réalisé.

1563. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

La pensée qu’il pouvait ne jamais revenir à Paris fut la paille de son joyeux acier… Comme l’esprit épistolaire d’un homme est toujours l’esprit de sa conversation qu’il a transporté dans ses lettres, Galiani a transporté son esprit de conversation dans les siennes, et comme la qualité supérieure de cet esprit était la verve, le mouvement, le piétinement fécond sur une idée qui en fait sortir tous les aperçus, il a cette verve qui s’allume à la moindre question ou à la moindre suggestion et qui développe l’idée, mais en la creusant toujours.

1564. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Quand à cette époque le grand mouvement romantique se produisit, M. de Vigny fut au premier rang du bataillon sacré, mais il ressembla à ces généraux de l’ancien régime qui servaient comme simples soldats dans l’armée de Condé avec leurs épaulettes de généraux.

1565. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Hugo, dont on reconnaît la coupe, la solennité du mouvement et l’image, mais renversée du sérieux au burlesque : Un jour Ali passait, les têtes les plus hautes, etc.

1566. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

De même, dans le Dimanche des Rameaux où tout est peint d’un ardent et vif mouvement de brosse, tout, excepté l’intérieur de l’église qui importait plus que le dehors, le poète va chanter la Mère Godichon, ce qui soulève… et fait penser que, si le pauvre et noble Dépouillé se souvient de son blason pourpré de gentilhomme, en regardant la pourpre et l’or d’un beau soleil couchant, les poètes ont aussi leurs blasons, comme les gentilshommes, leurs blasons qu’ils doivent toujours regarder !

1567. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

La plaisanterie est le plus difficile et le plus charmant des mouvements de notre pensée, parce qu’il est le plus inné, le plus involontaire !

1568. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Il n’y a, de fait, que Balzac, dans ces contes inouïs qui ne sont pas pour les enfants et qui ont tout, excepté l’innocence ; il n’y a que Balzac qui ait parlé depuis Rabelais cette langue phénoménale que Feuillet rappelle en plus d’un endroit de son livre par la propriété pittoresque de l’expression, l’opulence des vocables, le mouvement ému, les contours renflés, la grâce du tour, et particulièrement ce coloris qui étend sur toutes choses ses clartés rougissantes et qui nous fait nous demander, à nous, vieux critiques, accoutumés au feu de la phrase quand elle en a : « Mais dans quel baquet de pourpre s’est-il plongé, ce diplomate, pour en être ressorti avec cet éclat et cette vie qu’un artiste de profession lui envierait ? 

1569. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

Les progrès y furent rapides, et de nos jours, il existe un mouvement d’opinion et d’étude considérable en faveur du règlement juridique des conflits inter-nationaux.

1570. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Envisagés de ce côté, ce sont plutôt des portraits que des éloges ; le style en est doux, élégant et harmonieux, quelquefois même éloquent, mais plus d’une éloquence de sensibilité que de mouvement.

1571. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Au fond il y a, dans le mouvement de l’altière huguenote, un je ne sais quoi (aussi transformé et voilé qu’il vous plaira) du sentiment qui rue les matelots du Nord dans quelque gai mauvais lieu du Midi. […] Elle vient de se mettre du rouge, d’allonger ses sourcils et d’agrandir ses yeux avec du noir, de se passer les bras au blanc-gras ; les pleurs qu’elle a pourtant bonne envie de verser et les mouvements violents dérangeraient toute cette peinture. […] cette bouche sans dents, cette face d’une expression presque enfantine, et ce grand corps massif, ce cou et ces membres sans cesse animés d’un mouvement giratoire, et ces gestes énormes qui se déploient subitement et qui semblent planer sur Paris. […] Ce n’est, en somme, qu’une lecture « illustrée » par les mouvements de petits personnages, d’une silhouette simplifiée et d’une vie incomplète. […] » et ce mouvement de « bête fauve » ?

1572. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Mais, en même temps, guidé par cet instinct d’harmonie qui n’abandonne jamais le vrai poëte, Shakespeare a répandu sur tout le drame la même couleur sombre qui ouvre la scène : le spectre du roi assassiné imprime dès les premiers pas et conduit jusqu’au terme le mouvement. […] Au théâtre, devant des spectateurs réunis en grand nombre et mêlés, l’effet de ce drame, à la fois si lugubre et si animé, est irrésistible ; l’âme est remuée dans ses dernières profondeurs, en même temps que l’imagination et les sens sont occupés et entraînés par un mouvement extérieur continu et rapide. […] Schlegel, admirateur passionné de Shakespeare, observe avec raison, au sujet de cette tragédie, que ce grand génie se laisse toujours aller à la gaieté lorsqu’il peint la multitude et ses aveugles mouvements ; il semble craindre, dit M.  […] Il se place simplement au milieu des événements et des personnages, et d’un souffle mettant en mouvement toutes ces choses inanimées, il nous fait assister au spectacle de leur existence. […] Elle souffre, et ne se plaint ni ne se défend jamais ; elle agit, mais son action ne se montre que par les résultats ; tranquille sur son propre sort, réservée et contenue dans ses sentiments les plus légitimes, elle passe et disparaît comme l’habitant d’un monde meilleur, qui a traversé notre monde sans subir le mouvement terrestre.

1573. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Delille est élégant, facile, spirituel aux endroits difficiles, correct en général, et d’une grâce flatteuse à l’oreille ; mais la belle peinture de Virgile, les grands traits fréquents, cette majesté de la nature romaine : … Magna parens frugum, Saturnia tellus, Magna virum ; les vieux Sabins, les Umbriens laboureurs menant les bœufs du Clitumne ; cette antiquité sacrée du sujet (res antiquae laudis et artis)  ; cette nouveauté et cette invention perpétuelle de l’expression, ce mouvement libre, varié, d’une pensée toujours vive et toujours présente, ont disparu, et ne sont pas même soupçonnés chez le traducteur. […] « Son âme a quinze ans, aussi est-elle facile à connaître ; elle est caressante, elle a vingt mouvements à la fois, et cependant elle n’est point inquiète. […] Sa description de l’été, par exemple, et de la Canicule, a bien de l’énergie et de la vérité ; elle se couronne par ces beaux vers : Tout est morne, brûlant, tranquille ; et la lumière Est seule en mouvement dans la nature entière.

1574. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

« En moins d’une heure je me trouvai à la porte de la maison paternelle ; au moment où mes pieds touchèrent la terre où j’avais eu mon berceau et où je respirai les tièdes haleines de ce doux ciel natal qui m’avait nourri, et qui m’avait donné l’aliment de la vie pendant tant de jeunes années, je fus pris d’un tremblement de tous mes membres, et une telle sensation de reconnaissance et de piété courut dans mes veines, que je restai pendant un certain temps immobile et comme incapable de tout mouvement, et je ne sais combien de temps je serais demeuré dans cet état si je n’avais entendu tout à coup, du haut du balcon, une voix qui sembla m’ébranler doucement le cœur, et que je crus reconnaître pour une voix anciennement connue de mon oreille. […] Mes jeunes sœurs, leurs maris, les enfants de celles qui étaient déjà mères, mes deux petits frères, Henri et Paul, étaient tous réunis en silence et attendant à la porte de la chambre, prêts à s’y précipiter au premier bruit qui leur annoncerait mon réveil ; je ne sais si un mouvement, une respiration, un craquement du lit les avertit que je cessais de dormir, ce que je sais, c’est que je vis tout à coup et tout à la fois entrer une foule d’hommes, de femmes, de petits enfants, ouvrir les volets et se jeter confusément sur mon lit pour m’embrasser, me serrer dans leurs bras et presque m’étouffer d’embrassements, de baisers et de caresses. […] Nous n’échappons pas nous-même à la toute-puissance sensuelle de ce spectacle où le poète compose et versifie, où le peintre décore, où l’architecte construit, où la danseuse enivre l’œil par la beauté, le mouvement, l’attitude ; où le déclamateur récite, où le personnage tragique ou comique rit et pleure, se passionne, tue ou meurt en chantant ; où l’orchestre enfin, semblable au chœur de la tragédie antique, accompagne et centuple toutes ces impressions du drame par ces soupirs ou par ces tonnerres d’instrumentation savants qui caressent ou qui brisent chaque fibre sonore du faisceau de nos nerfs en nous.

1575. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Plusieurs causes, que je ne puis pas toutes énumérer ici, ont concouru à aliéner de moi le cœur de ma patrie au moment où j’aurais eu besoin d’un mouvement soudain et sympathique de ce cœur. […] Jusqu’ici ce mouvement sympathique et honorable du cœur des nations s’était produit partout, en Angleterre, en Irlande, en France, toutes les fois qu’on avait fait appel à leurs sentiments ou à leur honneur en faveur d’un de leurs contemporains quelconque, serviteurs du pays, hommes d’État, orateurs, écrivains, poètes. […] Quant à nous, Européens, qu’avons-nous à représenter que l’inconstance, les versatilités, les courtes grandeurs, les chutes profondes, les progrès rapides, les décadences soudaines, les péripéties éternelles de principes contraires et de mouvements sans repos ?

1576. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

À ce moment elle se leva, vint s’asseoir au bout de la table, y appuya ses deux bras enlacés sur lesquels elle posa ses deux mains, attitude qui lui seyait admirablement, et qu’elle conservait quelquefois pendant plusieurs heures sans faire d’autre mouvement que quelques légers signes de tête provoqués par ce qu’elle voyait, entendait autour d’elle, ou par ce qu’elle pensait en elle-même. » XI Ces amours pures, tantôt contrariées, tantôt servies par des circonstances d’un intérêt touchant dans le récit de Goethe, finirent, comme toutes les fleurs folles de la vie, par un coup de vent qui en disperse les illusions et les parsème sur le sol : le jeune Goethe, réprimandé par ses parents et compromis par ses mauvaises relations avec les cousins de Gretchen, fut envoyé à Strasbourg pour y achever ses études de droit. […] Il alla, après quelques mois de séjour chez son père, se mêler à Leipzig à tout le mouvement des études, des littératures et des factions scolastiques de la haute Allemagne. […] Mais il y avait aussi bien des heures pénibles : le berceau était placé la nuit auprès de mon lit ; son moindre mouvement me réveillait ; il fallait lui donner à boire, la coucher à côté de moi, et, si elle ne se taisait pas vite, se lever du lit et marcher pieds nus à travers la chambre en la berçant ; ce qui n’empêchait pas, sitôt le jour venu, d’être au lavoir, au marché, et ainsi de suite, comme je serai demain.

1577. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Je mis donc en mouvement toute ma cavalerie qui, un mois après moi, arriva saine et sauve en Alsace, où j’avais alors rassemblé tout ce que je possédais, excepté mes livres, dont j’avais laissé à Rome la majeure partie. […] « Une seule inquiétude le poignait, dit-il ; c’étaient des transes d’esprit de tout genre que la révolution qu’il chantait ne vînt, de jour en jour, par ses mouvements insurrectionnels qui éclataient dans Paris depuis la convocation des états généraux et la prise de la Bastille, l’empêcher de terminer ses éditions qui touchaient à leur fin, soit à Paris chez Didot, soit à Kehl chez Beaumarchais, et qu’après tant de peines et de lourdes dépenses, il ne fallût échouer au port. […] Il fallait finir une fois, finir de mon propre mouvement et sans y être forcé.

1578. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Goethe, en effet, s’occupe beaucoup de la France et du mouvement littéraire des dernières années de la Restauration ; il est peu de nos auteurs en vogue dont les débuts en ces années n’aient été accueillis de lui avec curiosité, et jugés avec une sorte de sympathie ; il reconnaissait en eux des alliés imprévus et comme des petits cousins d’outre-Rhin. […] Après ce premier coup d’œil, je montai au premier étage avec le domestique, dont la langue était toujours en mouvement. […] Il parut content de ces réponses, qu’il traduisait dans son langage, en leur donnant plus de précision que je n’avais pu leur en donner. — Comme remarque générale, je dirai que dans toute cette conversation j’eus à admirer la variété de ses paroles d’approbation : rarement, en écoutant, il restait immobile ; il faisait un mouvement de tête significatif, ou disait : oui, ou : c’est bien, et d’autres phrases de ce genre.

1579. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

De cette vie l’âme de l’homme se dégage : une âme candide et cynique, intimement bonne et immensément orgueilleuse, romanesque incurablement, déformant toutes choses pour les embellir ou les empoisonner, enthousiaste, affectueuse, optimiste de premier mouvement, et par réflexion pessimiste, irritable, mélancolique, malade, et déséquilibrée finalement jusqu’à la folie ; une âme délicate et vibrante, épanouie ou flétrie d’un souffle, et dont un rayon ou une ombre changeait instantanément tout l’accord, d’une puissance enfin d’émotion, d’une capacité de souffrance, qui ont été bien rarement données à un homme. […] L’idée première en est rigoureusement scientifique : si le développement de l’individu répète sommairement l’évolution de l’espèce, l’éducation de l’enfant doit reproduire largement le mouvement général de l’humanité. […] Il a agi sur son siècle à la fois par ses idées et par son tempérament, et il a déterminé des mouvements considérables, soit dans la société, soit dans la littérature.

1580. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

On a le lieu de la scène, le pays, dessiné à grands traits, de quoi s’y orienter et voir de la meilleure place ce qui va se passer ; les personnages introduits au bon moment ; l’action, les grands mouvements, les manœuvres qui décident ; la tactique intelligible pour tout le monde, sans cette affectation de stratégie qui, sous la plume d’un homme de lettres, dénote la prétention et inspire la défiance. […] Ces phrases qui se développent avec une sorte de majesté sévère, semblent représenter le mouvement lent et irrésistible dont la nature accomplit ses créations. […] S’il oblige les gens, son premier mouvement est de faire montre de son crédit ; faire du bien n’est que le second ; mais le second vient pour corriger le premier.

1581. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

En cela elle est analogue à la musique instrumentale, dont elle diffère cependant en ce que le sens émotionnel de ces thèmes est précisé par le drame qui se joue sur la scène, et en ce que le retour des thèmes et leurs modifications ultérieures sont liés au mouvement du drame. […] Il serait facile d’enrayer ce mouvement. […] Le mouvement étant plus rapide, l’intention du maître est certainement que les paroles soient chantées de façon identique.

1582. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

L’espace manquait à leurs mouvements ; aucun élan possible et aucun recul. […] Les Perses s’acharnaient à la résistance ; mais la phalange Spartiate, ayant opéré son mouvement tournant, plongea sur eux de la pente qu’elle avait gravie. […] L’empire moitié phénicien et babylonien de Xerxès représentait déjà tous les vices et toutes les fatalités de l’Orient : l’idolâtrie monarchique, le despotisme absolu, les superstitions délirantes, la haine des mouvements de l’idée et des transformations de l’esprit.

1583. (1894) Textes critiques

L’inanimé, simple parce que mouvement est différenciation (autres synonymes : vie, non-existence. tendance à l’humanité), repose eu cette beauté et harmonie. C’est l’œuvre de Dieu qui reste statue, âme sans mouvements animaux, toile ou liège où l’artiste pique et collectionne le vol arrêté d’une des faces du phare tournant. […] C’est une Réforme proclamée, une affiche énigmatique ; mais c’est surtout une superbe combinaison bien dans le mouvement du jour : l’occultisme vieillissait, n’ayant plus la confiance du public ; il baissait et tendait vers un krach imminent ; ce joli coup de bourse le fait remonter au-dessus du pair.

1584. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

» Puis de ce mouvement de colère il retombe, comme retombe la nature, dans une langueur de tristesse ; et il se rappelle les rêves de félicité qu’il faisait dans sa jeunesse. […] L’intelligence est de sa nature immobile ; elle resterait pendant l’éternité tout entière à contempler l’infini sans faire un mouvement, si une autre faculté ne lui imprimait pas ce mouvement ou cette activité.

1585. (1926) L’esprit contre la raison

Dans un des manifestes du mouvement Dada, lu en février 1920 au salon des Indépendants, au club du Faubourg, à l’université du faubourg Saint-Antoine et publié en mai 1920 dans la revue Littérature, Louis Aragon, après un réquisitoire où, par d’énergiques négations, il se refusait définitivement à l’emprise de la vieillerie conventionnelle, s’écriait : « Enfin, assez de toutes ces imbécillités ? […] « Manifeste du mouvement Dada » publié en tête des « Vingt-trois manifestes du mouvement Dada » dans Littérature n°13 en mai 1920, p. 1. « Grotesque » était en italique dans cette version.

1586. (1903) La renaissance classique pp. -

Et ainsi, attentifs à ne rien mutiler de ce qui vit autour de nous et qui peut servir à notre vie propre, nous pourrons atteindre à une compréhension plus large et plus personnelle des choses, comme à un art plus plastique, plus directement modelé sur la nature vivante ; et après tant de courses vagabondes hors de nos frontières, tant d’excursions dans tous les domaines défendus, y compris ceux de la chimère et de la folie, nous pourrons enfin nous rasseoir chez nous et inaugurer un mouvement qui sera vraiment un retour à la tradition française comme à la réalité humaine. […] L’unique consolation comme l’unique idéal qu’on lui offre dans sa misère, c’est le travail mécanique, abrutissant, le travail sans cause et sans but, agitation vaine qui se résout en un simple jeu d’excitations et de mouvements réflexes. […] Si même le socialisme parvenait à enrayer ce mouvement, on peut prédire que sa victoire s’accompagnerait d’une recrudescence inattendue de patriotisme.

1587. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

L’articulation est une modification des sons produite par le mouvement subit & instantané de quelqu’une des parties mobiles de l’organe de la parole ; & les consonnes sont les lettres destinées à la représentation des articulations. […] Le mouvement en soi n’est point du ressort de l’audition ; & l’interception du son, qui est un véritable silence, n’en est pas davantage. […] Ainsi les articulations sont les différens degrés d’explosion que reçoivent les sons par le mouvement subit & instantané de quelqu’une des parties mobiles de l’organe. Cela posé, il est raisonnable de partager les articulations & les consonnes qui les représentent en autant de classes qu’il y a de parties mobiles qui peuvent procurer l’explosion aux sons par leur mouvement : de-là trois classes générales de consonnes, les labiales, les linguales, & les gutturales, qui représentent les articulations produites par le mouvement ou des levres, ou de la langue, ou de la trachée-artere. […] Les esprits animaux prennent une route déterminée pour chaque idée particuliere ; de sorte que lorsqu’on veut dans la suite exciter la même idée d’une maniere différente, on cause dans le cerveau un mouvement contraire à celui auquel il est accoutumé, & ce mouvement excite ou de la surprise ou de la risée, & quelquefois même de la douleur : c’est pourquoi chaque peuple différent trouve extraordinaire l’habillement ou le langage d’un autre peuple.

1588. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

« Le mouvement de la théorie [eh ! non, le mouvement des faits] exige ce mouvement des partis. […] De la vraie éloquence, une indignation sincère et forte, d’une brutalité presque simple, et une ardente ironie et un mouvement endiablé, on trouve de tout cela dans la Sentinelle du peuple. […] Il lui a paru que cela faisait dissonance et rompait le mouvement, qui, du reste, est magnifique. […] Il suit un mouvement commencé bien avant lui.

1589. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Par exemple, leurs recherches sur les propriétés des sections coniques n’ont trouvé d’emploi que dix-sept siècles plus tard, quand Képler chercha les lois qui règlent le mouvement des planètes. […] L’homme continue toujours le mouvement que lui imprime d’abord la nature ; car les aptitudes et les tendances qu’elle établit en lui à demeure sont justement les aptitudes et les tendances que journellement elle satisfait. […] Tous ces vêtements peuvent être ôtés en un tour de main ; ils ne serrent point la taille, ils indiquent les formes ; le nu apparaît parleurs interstices et dans leurs mouvements. […] L’orchestrique a donné à la sculpture ses poses, ses mouvements, ses draperies, ses groupes ; la frise du Parthénon a pour motif le défilé des Panathénées, et la pyrrhique a suggéré les sculptures de Phigalie et de Budrun. […] La galère sacrée se mettait en mouvement, portant à son mat le voile de Pallas que des jeunes filles, nourries dans l’Erechtheion, lui avaient brodé.

1590. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« Pourquoi ne voulez-vous pas non plus que la disparition du Zahnph ait été pour quelque chose dans la perte de la bataille, puisque l’armée des Mercenaires contenait des gens qui croyaient au ZaïmphI J’indique les causes principales (trois mouvements militaires) de cette perte ; puis j’ajoute celle-là comme cause secondaire et dernière. […] Ces talents étaient éclos et inspirés d’eux-mêmes et sortaient bien en droite ligne du mouvement français inauguré par Chateaubriand.

1591. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Quant à la nation, de même et par un mouvement de sympathie généreuse, il se sentait redevenir Français à mesure que la France était plus malheureuse et plus écrasée ; il aimait à se confondre avec nous dans une même douleur unanime : « J’ai toujours la même aversion, disait-il (mai 1814), pour la toute-puissance partout où elle se trouve, parce qu’en effet je la vois partout également immodérée dans son ambition et son orgueil… Je crains pour les plus forts l’ivresse du pouvoir à laquelle si peu de têtes résistent ; je la crains encore après la modération, vraiment digne des plus grands éloges, du premier moment. […] Sans être remarquable par le style et sans en avoir un qui soit proprement à lui, il n’est pas incapable, dans ses écrits, de certains mouvements touchants et d’une véritable éloquence.

1592. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Alors tout tendait à épurer et à polir : aujourd’hui tout semble aller en sens contraire, et un mouvement rapide d’intrusion se manifeste. […] En adoptant des noms nouveaux, en multipliant des synonymes nombreux, voyants, saillants, excessifs, et en renchérissant à tout instant sur les anciens, l’usage ne fait, en somme, que répondre à des besoins ou à des caprices, ce qu’il importe de distinguer à temps, « et il se soustraira de plus en plus au Dictionnaire de l’Académie, si celle-ci, à l’exemple des grands politiques, ne se jette dans le mouvement pour le régulariser à son bénéfice64 » et au profit de tous.

1593. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

À ce mouvement, à ces formes, à ces rimes inusitées jusqu’alors en poésie française, on est transporté par-delà, et l’on se prend à redire involontairement avec Lamartine dans ces stances de la première pièce de ses premières Méditations : Là je m’enivrerais à la source où j’aspire ; Là je retrouverais et l’espoir et l’amour, Et ce bien idéal que toute âme désire, Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour… Du Bellay, gêné et comme empêché dès le début, n’a donné que la note : Que songes-tu, mon Âme emprisonnée ? […] Le mouvement de la Renaissance était si vif, si puissant et si sincère, que ceux qui s’y inspiraient directement devenaient poètes dans la langue des Anciens.

1594. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

La Révolution et le mouvement expansif qu’elle communiquait à toutes les âmes patriotiques les mirent naturellement en correspondance avec diverses personnes actives de Paris, en particulier avec Brissot, dont M. […] Durant les mois qui précédèrent le 10 août, l’activité politique de notre héroïne n’avait pas cessé, mais l’expérience avait porté fruit ; elle commençait à moins pousser au mouvement tel quel, et à enrayer un peu.

1595. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Condillac, si vanté depuis sa mort pour ses subtiles et ingénieuses analyses, ne vécut pas au cœur de son époque, et n’en représente aucunement la plénitude, le mouvement et l’ardeur. […] La tête haute et un peu chauve, le front vaste, les tempes découvertes, l’œil en feu ou humide d’une grosse larme, le cou nu et, comme il l’a dit, débraillé, le dos bon et rond, les bras tendus vers l’avenir ; mélange de grandeur et de trivialité, d’emphase et de naturel, d’emportement fougueux et d’humaine sympathie ; tel qu’il était, et non tel que l’avaient gâté Falconet et Vanloo, je me le figure dans le mouvement théorique du siècle, précédant dignement ces hommes d’action qui ont avec lui un air de famille, ces chefs d’un ascendant sans morgue, d’un héroïsme souillé d’impur, glorieux malgré leurs vices, gigantesques dans la mêlée, au fond meilleurs que leur vie : Mirabeau, Danton, Kléber.

1596. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

VII L’instinct de justice absolue et celui de hiérarchie nécessaire, combinés légalement ensemble, fondent et maintiennent les républiques à plusieurs pouvoirs ; elles sont agitées, mais le mouvement même y prévient longtemps la corruption, la tyrannie, la décadence. […] Peuple du vent et du mouvement perpétuel, emporté à tous les abîmes par le tourbillon même qu’il crée et accélère sans cesse en lui et autour de lui !

1597. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Ce n’était pas mon avis, je sentais le danger de discuter indéfiniment un plan de Constitution dans un mouvement démocratique et de donner à des passions qu’on ne pouvait pas satisfaire des solutions qu’on ne pouvait pas accepter. […] Les mouvements d’un grand peuple bien compris sont presque toujours plus humains que les passions d’un parti ; il n’a personne à craindre et personne à flatter.

1598. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Les mouvements de Mahomet II contre l’Italie, où il vint assiéger Otrante, obligèrent le pape à changer de dessein et à lever l’interdit qui frappait la Toscane. […] J’ai appris avec bien de la satisfaction que, dans le cours de l’année passée, vous aviez souvent approché des sacrements de la confession et de la communion, de votre propre mouvement ; et je ne connais rien qui soit plus capable d’attirer sur vous les faveurs du ciel, que de vous habituer à la pratique de ces devoirs et autres semblables.

1599. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

L’autre plus déliée, marche assez vite pour qu’avec une médiocre attention on puisse saisir son mouvement : c’est la masse des gens éclairés. […] Ces questions demanderaient un volume de commentaires ; disons donc que Charles Baudelaire doit être considéré comme le véritable précurseur du mouvement actuel ; M. 

1600. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

C’est à l’imagination du lecteur à se représenter, quand ce personnage entre en scène, sa physionomie et ses mouvements. […] De même que dans les arts du dessin et de la scène, voire dans l’art un peu frivole de la danse, le travail seul nous donne une main sûre, un geste aisé, la grâce et la souplesse des mouvements, de même dans les ouvrages de l’esprit c’est par le travail que nous nous débarrassons des fausses impressions, de l’humeur, de la tyrannie du corps, de l’imitation, du désir de briller, de la vanité, de tout ce qui nous empêche d’être naturels.

1601. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Sa vue s’étend de ce haut sommet sur les tentes et sur les mouvements de l’ennemi. […] Mais il convient que nous chantions avant elles l’hymne discordant d’Erynnis, et que l’odieux pœan soit entendu par Hadès. » — Un tendre mouvement de pitié les incline vers les tristes sœurs. — « Hélas !

1602. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Sans la puissance de s’affirmer, le style manque de solidité et de mouvement ; la phrase ne sait ni se tenir debout, — ce qui est la force, — ni se lancer en haut, — ce qui est le mouvement et l’emportement vers l’idéal !

1603. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

C’est la vérité — la navrante vérité pour ceux qui aiment le mouvement, la verve, l’originalité et la vie, — qu’il y a en France un pareil monde, et que c’est le monde ! […] La Critique, obligée à suivre le mouvement intellectuel de chaque jour, ne peut passer sous silence un livre écrit par un homme d’une célébrité acquise et d’une position faite, sous prétexte que le livre qu’il publie ressemble, plus ou moins, à tous ceux qu’il a publiés… Tel est le cas pour Octave Feuillet.

1604. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Après s’être montrés les parrains les plus castillans et les plus entichés d’héraldique, les romanciers, d’un mouvement presque unanime, se sont appliqués à supprimer les particules et à distribuer autour d’eux des noms moins sonores. […] D’un mouvement qui semble instinctif, elle marque tous les rôles de premier rang, tous les principaux personnages à venir.

1605. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Le mouvement des croyances provoque des observations analogues. […] Entre ces deux thèses, nous le savons, la contradiction n’est qu’apparente, et les mouvements qu’elles formulent convergent contre une même idée : les espèces, les classes, les castes s’effacent, tant par l’assimilation des individus qu’elles séparaient que par la différenciation des individus qu’elles enferment.

1606. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

» Le beau mouvement par où débute cette strophe ne peut échapper au lecteur. […] quelques strophes semblent surchargées ou faibles, malgré de grandes beautés ; la rouille du siècle se mêle encore au rayon naissant de la poésie ; et comme si, par une rencontre bien rare, le mouvement commun de la langue et des esprits, l’élan donné, à partir de Henri IV, au génie français, apportait plus à l’âme du poëte que le froid des années ne pouvait lui ôter, c’est vingt ans plus tard, et déjà tout vieux et tout chenu, que Malherbe enfantera, pour l’honneur de Louis XIII et de Richelieu, la belle ode.

1607. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

Ce double mouvement s’explique.

1608. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Hugo et quelquefois un peu redondante, non pas cette harmonie attentive qui lie habilement les mots entre eux, mais celle qui marque le mouvement de la pensée et cadence la période.

1609. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Il est dans la nature des choses, que, dans une monarchie où le tact des convenances est si finement saisi, toute action extraordinaire, tout mouvement pour sortir de sa place, paraisse d’abord ridicule.

1610. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Ne vous piquez point de raconter, si vous ne vous sentez cette puissance de représentation intérieure, ce don de voir par l’esprit une action complète dans ses divers moments, avec son mouvement continu, dans son détail à la fois et son ensemble.

1611. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Il a beau vouloir rendre aux passions leur énergie, la politesse l’enserre et paralyse ses mouvements.

1612. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Plusieurs songeaient peut-être à abuser de son nom pour des mouvements séditieux 767.

1613. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

La nouvelle de cette mort, arrivée à la suite de trois années de retraite et de maladie, se perdit dans le mouvement et dans le bruit de la cour et du monde.

1614. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Le charme des musiques devra de même être reproduit après leur analyse ; l’intime éclosion de rêves et d’actes que provoque le lent essor d’une voix dans le silence d’une nuit, le ravissement des mélodies, le suspens des longues notes tenues, le heurt douloureux des cris tragiques sera décrit et rappelé, comme les mâles et sobres éclats des pianos, le jeu des souples doigts, les élans atrocement rompus des marches, les prestos envolés, retombants, et voletants, ou la grave insistance de ces andantes qui paraissent exhorter et calmer et apaiser les sanglots qui traînent sur le pas des suprêmes décisions ; les violons nuanceront tout près de l’oreille et de l’âme leur voix sympathique, âpre et chaude, et l’on entendra passer leur chant captif sur les sourds élans des contrebasses, l’embrasement suprême des cuivres, le ricanement sinistre des hautbois, unis en cette gerbe montante de sons, de formes et de mouvements, qui s’échappe des orchestres et porte les symphonies.

1615. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Le mouvement : il sera Dieu, appartient à un véritable enthousiasme d’artiste.

1616. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Jolies têtes d’épingle noire, d’or ou d’ambre ; fines pointes d’aiguille, mailles d’un tricot perdues et rattrapées, Dieu sait avec quel mouvement languissant ou rapide, toutes ces observations sont femmes.

1617. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

Jeunes comme lui, Taine et Renan, qui sont certainement des esprits de plus de talent que lui, de plus d’impulsion et de mouvement d’idées, n’ont pas, comme lui, cette ductilité de rhétorique, et, ce qui est l’avantage suprême au Journal des Débats, la faculté de faire également dans la politique et dans la littérature, qui fut si longtemps la faculté de MM. 

1618. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

Il a, dans le style, le mouvement et la vigueur du cheval que Neptune fit jaillir du sol de l’Attique d’un coup de trident.

1619. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

c’est le xixe  siècle, malgré ses lumières et ses prétentions, son mouvement d’idées, sa science des détails, son éclectisme et cette impartialité dont il parle tant et qu’il ne peut pas avoir encore.

1620. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Madame de Maintenon l’emportait trop par la raison, par le caractère, par la dignité dans la vie, par le sentiment religieux qui planait perpétuellement sur son âme, et teignait ses mots et ses actes de ses reflets les plus graves et les plus solennels, pour avoir ce que l’on appelle de la grâce, ce joli mouvement des natures légères… Littérairement, il est resté d’elle des choses d’une beauté rare, une correspondance qu’aucune femme d’aucun temps ne recommencerait.

1621. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Paresseux avec délices comme Figaro, mais activement paresseux, il s’est lui-même comparé à une marmotte qui « serait tracassée par deux petites ailes toujours en mouvement ».

1622. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

Au milieu de tout ce mouvement, le Matérialisme médical ne bougeait pas.

1623. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

La langue du xve  siècle plus étoffée, plus concrète, plus vivante enfin, a un mouvement, une mollesse et des images que l’ascétique auteur de l’Imitation se serait peut-être interdites comme un péché et qui ôtent à sa pensée la rigidité et sa frigidité monacales.

1624. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Nous laissons les singes passer par les cerceaux, les renards éblouir les dindons avec les mouvements de leurs queues, mais nous nous en tenons à l’ordre sacré du seul Pouvoir qui soit à nos yeux infaillible.

1625. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

Le docteur Favrot, qui ne trouve pas que ce soit tout à fait assez que cela, lance, vers la fin de son ouvrage, l’idée des chambres mortuaires de l’Allemagne ; mais il ne nous les décrit pas, ne les examine point, et n’ajoute rien à cette idée de chambres mortuaires, avec leur système plus ou moins ingénieux de sonnettes, correspondant, comme on le sait sans le docteur Favrot, aux doigts du mort, et mises en vibration au moindre mouvement qui s’éveillerait dans le cadavre.

1626. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

Ce sont les vers : … Il me prend des mouvements soudains De fuir dans un désert l’approche des humains… …………………………………………………………….

1627. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

C’est par là, en effet, — c’est par les attaches, les articulations, la grâce des mouvements, — et il n’y a jamais de force sans grâce, — que pèche le vers de M. 

1628. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Ce poète, ce grand seigneur, cet homme de cour, qui n’aima jamais que deux paysannes, deux filles tout près de la nature, rencontrées au bord des rivières et des bois : Simples glayeuls, à couleur arc-en-cine, et qu’il engrava en ses vers sous les noms, de Marie et de Cassandre, — car la troisième, qu’on y trouve aussi sous le nom de Synope, il n’est pas bien sûr qu’il l’ait aimée, — aima donc au-dessous de lui, comme les hommes vraiment grands, qui descendent presque toujours vers la femme qu’ils aiment, tandis que les petits veulent monter vers elle, — et il eut dans l’expression de son double amour une ampleur d’embrassement, un si vaste réchauffement de cœur, un emportement de geste si impérieux dans la caresse, que ses Sonnets et ses autres pièces intitulées : Amours, effacent par la passion, le mouvement et l’image, tout ce qui a jamais parlé d’amour.

1629. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Mais dans ce mouvement furieux et universel de littérature, Lamartine, en plein génie, s’isola dans son génie même.

1630. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Oui, vous trouverez que, dans Les Hommes de Lettres, rien n’est imitation positive, mais que tout y est réminiscence fatale, jusqu’à la folie idiote du héros, qui vous rappellera, mais en les faisant grimacer, ces grands fous, ces Titans dégradés de Balzac, le colonel Chabert avec son mouvement de canne au-dessus de sa tête chauve et vide, et le terrible Ferragus regardant « jouer au cochonnet. » III Et il n’y a rien de plus dans le roman de MM. de Goncourt que ce que je viens d’indiquer.

1631. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Alphonse Duchesne, du Figaro), car le monde est si comiquement fait, que c’est presque une hardiesse, à cette heure, de se livrer au mouvement d’une critique vive et franche sur un livre de M. 

1632. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Après l’Évangile, le curé parla, et quand il eut terminé, il vint par un mouvement du cœur au banc du capitaine, l’inviter à prendre la parole.

1633. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Quelque jugement qu’on porte sur le caractère moral de ce ministre, le premier de son siècle, et fort supérieur aux Bukingham et aux Olivarès qu’il eut à combattre, son nom, dans tous les temps, sera mis bien loin hors de la foule des noms ordinaires, parce qu’il donna une grande impulsion au-dehors ; qu’il changea la direction des choses au-dedans ; qu’il abattit ce qui paraissait ne pouvoir l’être ; qu’il prépara, par son influence et son génie, un siècle célèbre ; enfin, parce qu’un grand caractère en impose même à la postérité, et que la plupart des hommes ayant une imagination vive et une âme faible, ont besoin d’être étonnés, et veulent, dans la société comme dans une tragédie, du mouvement et des secousses.

1634. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Il ne sera pas mis non plus parmi ces grands hommes d’état nés pour être conquérants et législateurs, puissants par leur génie, grands par leur propre force, qui ont créé leur siècle et leur nation, sans rien devoir ni à leur nation ni à leur siècle : cette classe des souverains n’est guère plus nombreuse que la première ; mais il en est une troisième qui a droit aussi à la renommée : ce sont ceux qui, placés par la nature dans une époque où leur nation était capable de grandes choses, ont su profiter des circonstances sans les faire naître ; ceux qui avec des défauts ont déployé néanmoins un esprit ferme et toute la vigueur du gouvernement, qui, suppléant par le caractère au génie, ont su rassembler autour d’eux les forces de leur siècle et les diriger, ce qui est une autre espèce de génie pour les rois ; ceux qui, désirant d’être utiles, mais prenant l’éclat pour la grandeur, et quelquefois la gloire d’un seul pour l’utilité de tous, ont cependant donné un grand mouvement aux choses et aux hommes, et laissé après eux une trace forte et profonde.

1635. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Je lui dirai que la critique, ainsi comprise, perd le mouvement, l’étendue et plusieurs autres attributs de la vie. […] Le morceau est traité, comme les autres, avec beaucoup de sens et de raison, mais sans relief et sans mouvement. […] T. de Wyzewa dans sa très vive et très spirituelle enquête sur Le Mouvement socialiste en Europe. […] Il enseigne à ses élèves les mouvements qui lui semblent convenables, la gymnastique, par exemple, et le patriotisme. […] Et votre cœur vous ordonne de compatir et d’aimer. » Et il est vrai qu’il faut suivre les mouvements du cœur.

1636. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Huysmans et quelques autres personnes, il y a, en réalité, un mouvement ininterrompu, qu’il était facile de prévoir. […] Il a paru bon de suivre la courbe de ce mouvement et d’en marquer l’influence sur les écrits de nos romanciers et de nos poètes. […] Et l’âme, en contemplant selon la vérité ces mouvements intérieurs, éprouve autant de joie qu’au spectacle des phénomènes qui charment les sens. […] La vie est un mouvement de destruction et de rénovation. […] Voici quelques versets de ce bréviaire : Les beaux mouvements, c’est la musique des yeux.

1637. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Il est enlevé d’un mouvement impétueux et allègre qui est excellemment théâtral. […] On ne peut pas être plus vrai, de la tête aux pieds et de tous les mouvements et de tous les gestes. […] Scène de toute beauté qui a enlevé la salle dans un mouvement d’admiration et, en vérité, de reconnaissance envers l’auteur. […] Chacun d’eux est tout entier en mouvement et en acte. […] Ce mouvement difficultueux, qui demande du temps, n’est pas bon.

1638. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Son œuvre, dans son ensemble, a souffert de cette « matérialisation » de la pensée qui semble être une des conditions nécessaires de la poésie ; car comment serait-on poète sans mouvements ou sans images ? […] C’est un mouvement ; c’est un changement, en tout cas ; et je ne vois pas trop à quel titre on le condamnerait… Mais toutes les conventions sont-elles également vaines ? […] le mouvement ? […] Telle est l’origine de leurs « figures » ; tel aussi l’objet de leurs « mouvements » ; telle est l’explication de leur puissance. […] Mais si, selon le mot de Pascal, « le seul ton de la voix change un poème ou un discours de face », l’accent, le tour, le mouvement ne suffisent-ils pas à modifier le sens d’une phrase ?

1639. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

D’un mouvement commun sur toute la ligne de la pensée humaine, les causes reculent jusque dans une région abstraite où la philosophie n’était point allée les chercher depuis dix-huit cents ans. […] La première est une ouverture si étroite que je n’eusse pu jamais m’étriquer assez pour y passer ; la seconde, je l’ai toujours haïe : il y avait de la boue même à l’entrée1143. » Les bas métiers oppriment l’âme encore plus que le corps : l’homme y périt et il est obligé d’y périr ; il faut qu’il ne reste de lui qu’une machine ; car dans cette action où tout est monotone, où tout le long de la longue journée les bras lèvent le même fléau et enfoncent la même charrue, si la pensée ne prend pas ce mouvement uniforme, l’ouvrage est mal fait. […] Médiocre changement, du moins en apparence, mais qui en somme vaut les autres ; car ce renouvellement dans la manière d’écrire est un renouvellement dans la manière de penser ; celui-ci amènera tous les autres, comme le mouvement du pivot central entraîne le mouvement de tous les rouages engrenés. […] Suis-je juste ou non, et, par-delà les démarches visibles de ma conduite, les mouvements secrets de mon cœur sont-ils conformes à la loi suprême ? 

1640. (1896) Le livre des masques

Ainsi la sensualité est tout à fait absente de ses méditations ; il connaît l’importance mais aussi l’insignifiance des mouvements du sang et des nerfs, orages qui précèdent ou suivent, mais n’accompagnent jamais la pensée ; et s’il parle de femmes qui sont autre chose qu’une âme, c’est pour s’enquérir « du sel mystérieux qui conserve à jamais le souvenir de la rencontre de deux bouches ». […] Aux uns les mouvements du vulgaire semblent négligeables, peut-être parce qu’ils manquent de cet esprit de généralisation philosophique qui élève à la hauteur d’une tragédie l’aventure la plus humble. […] Cela pourrait être un système de composition (pas encore mauvais), mais non pas ici : les chuchotements de l’instinct sont écoutés et accueillis ; la nécessité de la catastrophe s’impose à cet esprit lucide (qui n’a point troublé son miroir en soufflant dessus) et il relate clairement les conséquences des mouvements sismiques de l’âme humaine. […] M. de Maupassant n’en ferait rien : le monde est pour lui le tapis d’un billard, il note les rencontres des billes, quand les billes s’arrêtent, s’arrête aussi, car s’il n’a plus aucun mouvement matériel à percevoir, il n’a plus rien à dire. […] Pierre Louys Il y a en ce moment un petit mouvement de néo-paganisme, de naturisme sensuel, d’érotisme à la fois mystique et matérialiste, mi renouveau de ces religions purement charnelles où la femme est adorée jusque dans les laideurs de son sexe, car au moyen de métaphores on peut adoniser l’informe et diviniser l’illusoire.

1641. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Que de verdure, et quelle belle verdure, doucement ondulée suivant le mouvement des collines ! […] Clésinger, cette figure possède d’autres mérites : un mouvement heureux, l’élégance tourmentée du goût florentin, un modelé soigné, surtout dans les parties inférieures du corps, les genoux, les cuisses et le ventre, tel enfin qu’on devait l’attendre d’un sculpteur, un fort bon ouvrage qui méritait mieux que ce qui en a été dit. […] De même que la poésie lyrique ennoblit tout, même la passion, la sculpture, la vraie, solennise tout, même le mouvement ; elle donne à tout ce qui est humain quelque chose d’éternel et qui participe de la dureté de la matière employée. […] Clésinger attrape quelquefois le mouvement, il n’obtient jamais l’élégance complète. […] On dirait que souvent, dans son ardeur précipitée de travail, il oublie des muscles et néglige le mouvement si précieux du modelé.

1642. (1864) Le roman contemporain

Le premier roman qui ait été écrit dans notre langue, le Roman de la Rose, cette œuvre de deux plumes, celle de Guillaume de Lorris et celle de Jean de Meung, ne saurait être lu aujourd’hui que par les critiques qui y cherchent des lumières sur le mouvement des esprits au treizième et au quatorzième siècle, et sur les premiers bégaiements de la langue française. […] Il se produisit alors un mouvement imprévu dans les régions littéraires. […] Dans la conclusion, nous présenterons quelques réflexions sur l’ensemble du mouvement de ce genre de littérature pendant la période dont il s’agit, et sur l’effort tenté pour concilier le roman avec la morale catholique, réaction déjà sensible dans les ouvrages de M.  […] Il avait de la hardiesse, du mouvement et de l’aventure dans l’esprit, trois qualités précieuses pour un romancier de feuilleton, genre à part avec lequel la littérature proprement dite n’a pas grand-chose à démêler. […] Quand l’auteur a décrit le caractère de l’évêque, et il le décrit longuement, en descendant aux plus menus détails, ce qui est une faute au point de vue de l’art, car l’action suspendue attend, pour commencer, que le peintre ait achevé le portrait, il met son personnage en mouvement.

1643. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

… Vous n’êtes pas dans le mouvement contemporain, voilà ! […] … M. le duc de Doudeauville dit aussi : — Je ne crois pas au mouvement ouvrier. […] je voudrais bien le savoir… Quant à votre prétendu mouvement ouvrier, à votre prétendu socialisme… à votre prétendu ceci ou cela… laissez-moi vous dire que ce sont des crises momentanées, inconsistantes et qui passent ! […] On voit renaître des énergies, se reforger des caractères, se lever des idées et des consciences nouvelles ; on s’habitue à participer dans une mesure plus large au mouvement général des choses. […] … Il consentit à m’expliquer, qu’il se préoccupait beaucoup de « donner plus d’ampleur » — peut-être voulait-il dire « plus d’amplitude », à ce mouvement « très, très intéressant ».

1644. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

En pareil cas, l’arme la plus naturelle est l’ironie sérieuse, car elle témoigne d’une haine réfléchie : celui qui l’emploie supprime son premier mouvement ; il feint de parler contre lui-même, et se maîtrise jusqu’à prendre le parti de son adversaire. […] Il l’habille, il lui pose des mouches, il déploie ses robes, il frémit devant ses mouvements de danseuse. […] Vous êtes comme un chirurgien d’armée qui, après une journée de combats et d’opérations, s’assiérait sur un tertre et contemplerait le mouvement du camp, le défilé des équipages et les horizons lointains adoucis par les teintes brunes du soir. […] Au repos, en mouvement, elle était également gracieuse.

1645. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

L’espace toujours en mouvement, l’eau infatigable, les nuages « qu’on dirait affairés », le « vaste effort obscur », toute cette convulsion est un problème. « Qu’est-ce que ce tremblement perpétuel fait ? […] Selon Hugo, il s’opère un « déplacement incessant et démesuré des mondes ;  » l’homme participe à ce mouvement de translation, « et la quantité d’oscillation qu’il subit, il l’appelle la destinée ». […] » Les mondes en mouvement continuent, sans répondre à l’homme, leur révolution impassible. « Le ciel étoile est une vision de roues, de balanciers et de contrepoids… On se voit dans l’engrenage, on est partie intégrante d’un Tout ignoré, on sent l’inconnu qu’on a en soi fraterniser mystérieusement avec un inconnu qu’on a hors de soi. […] Dès ces premiers vers le simple critique littéraire, tout en admirant le mouvement de l’ode, murmurera peut-être : « grandes épithètes, images obscures et incohérentes ;  » mais le philosophe, lui, retrouve toute une doctrine sous chaque mot : « l’insondable au mur d’airain », c’est l’inconnaissable de la métaphysique, qui ferme et mure pour l’intelligence le mystère du monde ; « l’obscurité formidable du ciel serein », c’est une allusion à la doctrine propre du poète sur le jour et la nuit, le jour étant aussi obscur en soi que la nuit même.

1646. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

La tragédie de Jodelle, celle de Grévin, celle de Garnier même, celle de Monchrestien, toute en chœurs et toute en monologues, dépourvue d’action et de mouvement, n’est qu’un exercice lyrique ou oratoire. […] Tout en prenant leur part du mouvement de la Renaissance, aucun pays, aucune littérature, n’ont su mieux préserver leur entière originalité. […] Avec un peu de matière et de mouvement nous pouvons créer le monde, et avec un peu de patience ou de persévérance nous pouvons obliger la nature à nous livrer ses derniers secrets. […] Mais quand on le contesterait, ce qui serait encore certain, c’est que le mouvement est parti de lui. D’Alembert se moque, en vérité, quand, dans le Discours préliminaire de l’Encyclopédie, c’est à Bacon qu’il fait honneur d’avoir inauguré le mouvement scientifique moderne.

1647. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

On a mieux connu notre globe, sa vraie figure, sa place dans l’univers, son mouvement dans l’espace : il en est résulté des vues certaines que les plus éclairés des anciens n’avaient que par divination et par lueurs.

1648. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Quand la belle et brillante Delphine, Mme Émile de Girardin, fut enlevée avant l’heure, Mme Desbordes-Valmore, qui l’avait vue commencer et qui s’attendait si peu à la voir finir, eut un hymne de deuil digne de son noble objet, et dans lequel cependant elle prête un peu, je le crois, de sa mélancolie à l’éblouissante muse disparue ; mais le mouvement est heureux, le ton général est juste et d’une belle largeur : La mort vient de frapper les plus beaux yeux du monde : Nous ne les verrons plus qu’en saluant les cieux.

1649. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mais le propre de la douleur en Mme Valmore et ce qui la différencie des autres, c’est qu’elle lui laissait la pleine liberté d’esprit et le mouvement spontané de cœur vers toutes les douleurs environnantes ; c’est qu’elle n’était jamais assez remplie de sa douleur à elle pour ne pas rester ouverte à toutes celles des autres : « … Que de chagrins étrangers à nous se mêlent aux nôtres !

1650. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Prenons Malherbe dans ses bonnes pièces, dans ses odes historiques et ses stances religieuses : ce sont des œuvres fortes et simples, où il y a, en vertu même des sujets, plus de conviction que de passion, plus de raisonnement que d’effusion ; le mouvement, la chaleur viennent surtout de l’intelligence.

1651. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

L’Académie, en entreprenant le Dictionnaire, et en projetant une grammaire, retirait à la société polie la direction du mouvement de la langue.

1652. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

On ferait à la rigueur une honorable conférence sur Scarron, en racontant sa vie et en soulignant les renseignements que sa manière et sa matière nous donnent sur le mouvement littéraire et sur la société de son temps.

1653. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

En parlant pour ne rien dire, j’ai (négativement) prouvé le mouvement en marchant.

1654. (1890) L’avenir de la science « VI »

Comment ne pas exprimer aussi un regret sur cette déplorable nullité à laquelle est condamnée la province, faute de grandes institutions et de mouvement littéraire !

1655. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Le mouvement était donné à l’esprit social ; la conversation était devenue le besoin général ; il fallait à tout prix le satisfaire ; ce besoin remontait à des causes plus anciennes et plus puissantes que l’hôtel de Rambouillet, qui, lui-même, leur dut son origine et ses progrès, et il ne fit qu’en favoriser le développement et l’éclat.

1656. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

Tous les gens de lettres étoient en mouvement, en défiance.

1657. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Cependant il a plu à quelques critiques d’interpreter ce vers comme si leur auteur avoit voulu opposer le systême de Copernic, qui fait tourner les planetes autour du soleil placé dans le centre de notre tourbillon, au sentiment de ceux qui soutiennent que le soleil a un mouvement propre par lequel il tourne sur son axe.

1658. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Seule, la femme, forte en orthographe de l’école doctrinaire, pouvait, à propos du mouvement d’imagination généreuse par lequel lord Byron fut emporté vers la Grèce, écrire, sans se déferrer, dans un style d’institutrice anglaise qui a lu Wilberforce, que Byron n’avait ni la foi d’un croisé (merci de me l’apprendre), ni l’ignorante ardeur d’un jeune homme, MAIS le sentiment d’un PHILANTHROPE SAGE et ÉCLAIRÉ !

1659. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

Voici les paroles que l’on trouve presque en tête du livre qu’il publie sous le titre un peu gascon de l’Esprit dans l’histoire : « Je me donne là, — dit-il avec un joli mouvement de faon dans les bois, — je me donne là, je le sais, un labeur rude et téméraire ; et cependant, tant est vif mon désir de démolir le faux et d’arriver au vrai, tant est grande ma haine pour les banalités rebattues, pour les raisons non prouvées, pour le scandale et pour les crimes sans authenticité, je voulais étendre mon travail au-delà des limites que je me suis assignées ; mais j’ai reculé devant cet effort après l’avoir mesuré.

1660. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Un autre petit homme dans l’Histoire avait, comme Carlyle, écrit précisément celle de la Révolution française, n’ayant souci de rien que de se montrer révolutionnaire dans cette histoire, — le long de laquelle il passa à travers toutes les opinions, comme le singe de la Fable à travers son cerceau, avec les souplesses d’un esprit que le scepticisme rend plus souple encore ; — Thiers, qui grimpe sur toutes les idées comme il en dégringole, avec la même facilité, n’est que l’écureuil de la Politique et de l’Histoire ; mais quelle que soit l’alacrité des mouvements de l’écureuil, son genre historique, sobre de couleur, n’en a pas moins la gravité, il faut bien dire le mot, d’un homme qui est souvent un Prud’homme littéraire.

1661. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Le poète qui, jusque-là, n’avait chanté que l’amour, l’amitié, tous ses sentiments personnels, et qui forçait son génie à tenir archaïquement dans des vers que par le contour, la grâce et la perfection grecque, on pouvait croire du pays de sa mère, devint un prosateur à la phrase carrée du xviie  siècle, balancée dans le mouvement, continu et contenu, de l’orateur.

1662. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Mais, s’il y a un livre capable d’arracher du cœur et de l’esprit l’idolâtrie de Robespierre, de ce faux homme d’État, bête comme une guillotine qui aurait le mouvement perpétuel, c’est, à coup sûr, ce livre de M. d’Héricault, qui dit tout sans exagérer rien.

1663. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

Telle est cette aristocratie américaine, fille de trente-six pères, et qui se développe avec le mouvement de tout le reste dans ce pays original, mais effrayant, dans ce pays qui n’est pas un pays comme les nôtres, — qui n’a pas de frontières comme nous, qui n’a pas d’antécédents historiques comme nous !

1664. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Il a son soin et son apprêt et il les porte partout, jusque dans ses lettres, où il a gardé le pli de ses livres et où je ne trouve aucune des qualités qui font d’une correspondance quelque chose de si vivant, de si intime, de si ouvert sur soi : la primesauterie, la négligence aimable, la grâce, la naïveté, l’impétuosité du mouvement, les enfantillages adorables des esprits puissants qui badinent avec leur force, comme des rois avec leur sceptre ou leur épée !

1665. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

Perdu dans l’abstraction où ils se perdent tous, il a dédaigné de regarder cette tête de l’homme, qui s’est déformé en tombant et dont les facultés, devenues inaptes à saisir la vérité d’une prise souveraine, ne font plus pour la prendre que de gauches mouvements.

1666. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Il avait le coup de gorge strident et le mouvement toujours prêt des fortes mâchoires oratoires.

1667. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Eh bien, pendant de longues années, ce mouvement fut presque européen, et il alla redoublant toujours !

1668. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Dans un pays et dans un temps où, depuis deux siècles, nul grand système n’a eu la force de se produire, et où ce qui reste de mouvement philosophique ne s’exprime plus que par de chétives monographies ou par des histoires de la Philosophie qui sont des signes de mort, car ces histoires sont les cimetières des philosophies et on n’enterre pas les vivants, les grandes polémiques ne peuvent plus exister.

1669. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Famille, vocation, facultés, mouvement naturel à son âme, tout était d’accord et le poussait du même côté, — du côté de Dieu.

1670. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Lui et d’autres poètes contemporains ont parfois agacé et fait lever dans leurs poésies cette bête monstrueuse de la déification de l’homme, mais, avant Gustave Rousselot, personne n’avait fait sur cette idée seule quelque chose comme cinq mille vers, — et cinq mille vers dans lesquels la verve et le mouvement ne défaillent pas une minute, et dont beaucoup sont, ma parole d’honneur !

1671. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

IV Je voudrais pouvoir citer ces deux pièces pour donner une idée de la poésie de Gères quand elle atteint son point culminant, — son zénith ; je voudrais citer aussi l’Incerta et occulta, non moins belle, mais je suis arrêté par un des mérites de ces pièces la longueur, la puissance du souffle… L’Arbre devenu vieux n’a pas moins de cent dix-neuf strophes… Or, ces longues poésies sont venues et sont faites comme les roses, pour lesquelles Dieu ne s’est pas repris… Les feuilles d’une rose ne sont plus la rose ; des vers pris à des poésies bien venues n’en donnent ni le mouvement, ni l’unité, ni la vie !

1672. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Théophile Gautier, qui s’y connaît, a bien fait de citer, car ils sont d’une très belle image et d’un mouvement très-imposant : Mon front était si fier de sa couronne blonde !

1673. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Tout cela manque d’ampleur, de mouvement, de fortes et abondantes entrailles.

1674. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Dans sa Madame Gil Blas, où j’ai noté pourtant une scène très-belle, d’un tragique très-nouveau, inspirée par la physiologie (c’est un duel, horrible d’acharnement et de longueur, entre deux rivaux, au bord du lit d’une cataleptique, qu’ils croient morte, et qui, rigide, les voit, lus comprend, seul les coups qu’ils se portent et ne peut faire un cri, un geste, un mouvement de paupière pour les empêcher de se massacrer sous ses yeux ouverts, immobiles, marbrifiés par la catalepsie !

1675. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

En même temps qu’il collabore au mouvement social, il est un de nos pasteurs les plus zélés, et il se relie en pensée à toutes les belles figures qui sont dans l’Église catholique.

1676. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

On recommande encore des mouvements physiques, les frictions au gant de crin, les promenades, etc. […] Paul Desjardins, eut la première idée de son Roi de Lahore en apercevant un simple coffre indien, un coffre de carton où des bayadères nues faisaient des contorsions régulières et bien rythmées, dans un mouvement parallèle de tous les bras et de toutes les jambes. […] Je me souviens d’avoir entendu dire à un amateur de peinture que l’audition de je ne sais plus quel morceau lui inspirait des images précises de personnages dansants, de mouvements rythmés. […] Insensiblement ce grand mouvement s’apaise, ce chaos se débrouille, chaque chose vient se mettre à sa place, mais lentement et après une longue et confuse agitation. […] Il se propose d’étudier un milieu, un mouvement social, une catégorie d’individus.

1677. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Ils signalent le premier mouvement, encore incertain, puéril et rudimentaire, d’un esprit qui va s’ouvrir, regarder les choses, juger par lui-même. […] Derrière les moindres mouvements d’âme du héros, le commentateur apparaît, les démontant, les expliquant, les interprétant. […] Mais je n’ai pas la rondeur harmonieuse et correcte, le mouvement de sphère de l’écrivain. […] Il se réconcilie avec les siens, par un mouvement d’âme où l’artiste a bien sa part. […] Pas beaucoup de mouvement.

1678. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

À ces mots, l’Indienne eut un mouvement involontaire. […] Personnage immobile au milieu de tant de personnages en mouvement, centre de mille passions qu’il ne partageait point, objet de toutes les pensées par des raisons diverses, le frère d’Amélie devenait la cause invisible de tout : aimer et souffrir était la double fatalité qu’il imposait à quiconque s’approchait de sa personne. […] Ainsi, un assentiment en bloc (chose infiniment commode), un mouvement du cœur, un acte de la volonté… Donc, Biré a raison, l’abbé Pailhès a raison, l’abbé Bertrin a raison, M.  […] Et l’ange des mers, « l’ange sévère qui veille aux mouvements de l’abîme » n’est autre que notre vieux Neptune. […] S’il méprisait l’argent (et il le méprisait) ; s’il a été généreux (et il l’a été) ; s’il a eu de beaux mouvements désintéressés (et il en a eu), il est sûr au moins qu’on le saura, car il le rappellera plutôt dix fois qu’une.

1679. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Pour donner plus de vie, plus de mouvement à son poëme, il fait presque toujours parler ses personnages. […] C’est toujours : un tel dit, un tel répondit ; et pour surcroît de langueur et d’uniformité, Homere désigne ceux qui parlent, non seulement par leurs noms, mais encore, comme je l’ai dit, par de longues épithétes déja répétées mille fois, et qui n’ont souvent aucun rapport à l’action présente, ni au mouvement du personnage. […] Il s’adresse d’abord à Ulysse, ne daignant pas seulement parler au superbe Achille ; et s’il s’échape ensuite à lui reprocher directement son orgueil, c’est par l’impétuosité du dépit même : je ne desirerois qu’une chose dans son discours ; c’est qu’il finît par un trait d’indignation, qui soutînt dans l’ame du lecteur le même mouvement que le reste y fait naître. […] Il faut de même qu’un discours composé dans un certain mouvement, soit rangé dans l’ordre particulier que ce mouvement exige, et qu’il finisse de maniere à le soûtenir et à l’accroître ; autrement l’esprit sent qu’on l’égare : et il se rebute.

1680. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Ce sage mouvement final n’est pas naturel, mais accidentel ; il n’est point spontané, il est forcé ; il n’est point inné, il est acquis. […] Si nous l’ignorons, c’est qu’aujourd’hui nous sommes régularisés, alanguis, amortis, et que par degrés, à force de frottements et de redressements, notre mouvement intérieur s’est accommodé à demi au mouvement des choses.

1681. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

À ce moment, et après cent ans de culture, il n’y a aucun mouvement, aucun objet, aucune action qu’on ne sache décrire. […] Il marque tout dans le vol du faisan, le frou-frou de son essor, « ses teintes lustrées, changeantes, —  sa crête de pourpre, ses yeux cerclés d’écarlate, —  le vert si vif que déploie son plumage luisant, —  ses ailes peintes, sa poitrine où l’or flamboie1121. » Il a la plus riche provision de mots brillants pour peindre les sylphes qui voltigent autour de son héroïne, « lumineux escadrons dont les chuchotements aériens semblent le bruissement des zéphyrs, —  et qui, ouvrant au soleil leurs ailes d’insectes, —  voguent sur la brise ou s’enfoncent dans des nuages d’or ; —  formes transparentes dont la finesse échappe à la vue des mortels, —  corps fluides à demi dissous dans la lumière, —  vêtements éthérés qui flottent abandonnés au vent, —  légers tissus, voiles étincelants, formés des fils de la rosée, —  trempés dans les plus riches teintes du ciel, —  où la lumière se joue en nuances qui se mêlent, —  où chaque rayon jette des couleurs passagères, —  couleurs nouvelles qui changent à chaque mouvement de leurs ailes1122. » Sans doute ce ne sont point là les sylphes de Shakspeare ; mais à côté d’une rose naturelle et vivante, on peut encore voir avec plaisir une fleur en diamants, comme il en sort des mains d’un joaillier, chef-d’œuvre d’art et de patience, dont les facettes font chatoyer la lumière et jettent une pluie d’étincelles sur le feuillage de filigrane qui les soutient. […] Ce justaucorps doré, si bien fait pour un Français, ne convient qu’à peu près à leur taille ; de temps en temps un mouvement trop fort, incongru, le découd aux manches, et ailleurs.

1682. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

La peinture s’exprime par le dessin et par la couleur ; la sculpture, par la forme, le marbre et le bronze ; l’architecture, par l’édifice et le monument ; la danse elle-même, par l’attitude et le mouvement. […] Comment ce mouvement produit-il ce qu’on appelle une note, c’est-à-dire une lettre harmonieuse de cet alphabet de bruit ? […] Lorsqu’il s’est éveillé ce matin à neuf heures, il ne savait où il était, ni comment il était parvenu sur son lit ; il n’avait pas fait un mouvement de toute la nuit. » Ces lettres sont pleines de ces minuties de père, de mère, de nourrice, qui se mêlent comme dans la vie commune aux miracles de l’enfance du génie.

1683. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Les yeux inquiets de leurs guerriers suivent leurs mouvements ; mais la nuit dérobe les deux chefs dans ses ombres et finit leur terrible combat. […] Il s’assied sur la cime du Cromla ; les mouvements de sa lance étincelante réglaient notre marche. […] Fingal, à cette vue, se lève à demi et fait un mouvement de sa lance : « Va, Ullin, mon antique barde, va trouver Gaul, rappelle à sa mémoire les combats et l’exemple de ses ancêtres : soutiens de tes chants son courage chancelant ; les chants raniment les guerriers. » Le vénérable Ullin part ; il presse ses pas appesantis ; il arrive et adresse à Gaul ces chants belliqueux : « Enfant des climats où naissent les coursiers généreux ; jeune roi des lances, toi dont le bras est ferme dans le péril, dont le courage inflexible ne cède jamais ; toi qui diriges les coups de la mort, frappe, renverse l’ennemi : que nul de leurs vaisseaux ne reparaisse jamais sur la côte d’Inistore.

1684. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Les accusés devaient être sauvés par l’inquiète jalousie qu’inspiraient à la Chambre des lords les envahissements de la Chambre des Communes et par le mouvement de l’opinion publique, plus disposée à seconder Guillaume contre la politique ambitieuse de la France qu’à poursuivre ses amis. […] La mort de Guillaume et l’avènement d’Anne Stuart, en 1702, concoururent avec le mouvement de l’opinion à favoriser le succès des Whigs. […] Prendre au sérieux le monde et les grandeurs du monde, la vie et les occupations de la vie, la science, la politique, les passions, les plaisirs ; se plaire dans cette mêlée, désirer et craindre avec emportement, voilà un des penchants de l’âme humaine, une des habitudes de sa pensée, et le mouvement perpétuel du monde en découle.

1685. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

La vie et la mort, l’importance et l’existence du monde extérieur, tout ici dépend uniquement des mouvements intérieurs de l’âme. […] Telle en ses grandes lignes, l’œuvre théorique de Richard Wagner suit le mouvement continu, par qui son esprit créateur fut mené, d’abord, à renouveler toutes les formes de l’art, puis, à concevoir, au dessus du drame artistique, et l’anoblissant, une Religion, positive et mystique, d’idéale Bonté. […] Article hardi, très agressif aux ennemis ou demi-ennemis de Wagner ; l’Art moderne est à l’avant-garde du mouvement wagnérien.

1686. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

A la suite de ce mouvement profond d’émancipation religieuse, qui donna, au début du xvie  siècle, le signal de la révolte contre l’autoritarisme pourri de l’Église catholique, à la suite de ce réveil de l’âme humaine depuis des siècles en servitude, la France s’émut. […] Écoutez cet hymne de triomphe saluant la défaite finale de la Réforme en France ; je ne puis résister à la joie de transcrire tout le morceau, tant il est imprégné de saveur :‌ « Prenez vos plumes sacrées, vous qui composez les annales de l’Église : agiles instruments « d’un prompt écrivain et d’une main diligente » hâtez-vous de mettre Louis avec les Constantin et les Théodose… Nos pères n’avaient pas vu,‌ comme nous, une hérésie invétérée tomber tout à coup ; les troupeaux égarés revenir en foule, et nos églises trop étroites pour les recevoir ; leurs faux pasteurs les abandonner, sans même en attendre l’ordre, et heureux d’avoir à leur alléguer leur bannissement pour excuse ; tout calme dans un si grand mouvement ; l’univers étonné de voir dans un événement si nouveau la marque la plus assurée, comme le plus bel usage de l’autorité, et le mérite du prince plus reconnu et plus révéré que son autorité même. […] Le grand homme, l’« aigle de Meaux », le « dernier Père de l’Église », dans un mouvement d’éloquence vraiment digne de servir de modèle à l’éternel jésuitisme, feignant de confondre l’œuvre des dragons avec celle de la divinité, célébrant les immenses bienfaits du règne de Louis XIV, lorsque les hurlements de douleurs des torturés s’élèvent par tout le royaume !

1687. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Discours sur le système et la vie de Vico Dans la rapidité du mouvement critique imprimé à la philosophie par Descartes, le public ne pouvait remarquer quiconque restait hors de ce mouvement. […] Il juge de tout d’après lui-même, et suppose la volonté partout où il voit le mouvement.

1688. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

La grande épopée qu’il prépare, et dont nous possédons déjà mieux que des promesses, ne peut que gagner à ces mouvements d’un si noble esprit. […] Il a fait un majestueux sonnet à propos des paquebots à vapeur, canaux et chemins de fer, tous ces Mouvements et ces Moyens, comme il les appelle, qui, en tachant passagèrement les grâces aimables de la Nature, sont pourtant avoués d’elle, et reconnus sous leur fumée comme des enfants légitimes, gages de l’art et de la pensée de l’Homme ; et le Temps, le Temps saturnien, toujours jaloux, joyeux de leur triomphe croissant sur son frère l’Espace, accepte de leurs mains hardies le sceptre d’espérance qu’ils lui tendent, et leur sourit d’un grave et sublime sourire.

1689. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Nous avons beaucoup trop négligé Louise Labé, parce qu’en étudiant au xvie  siècle le mouvement et la succession des écoles, on la rencontre très-peu. […] … » Il règne dans tout ce passage une éloquence vive et comme une expression d’après nature ; le mouvement de comparaison soudaine avec Orphée : « Combien en vois-je… » est d’une véritable beauté. — Mercure a donc mis dans tout son jour la vieille ligue qui existe entre Folie et Amour, bien que celui-ci n’en ait rien su jusqu’ici.

1690. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Vitellius, impuissant, ne peut ni prévenir, ni seconder ces mouvements désordonnés du peuple et des soldats. […] L’intègre Helvidius Priscus veut profiter de ce mouvement d’indignation pour écraser aussi Marcellus, un délateur signalé par son nom dans l’invective de Montanus.

1691. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

« Selon moi, le voici. » XI Alors, usant largement de l’attention passionnée qu’ils accordaient à ma personne et à mes paroles, je leur démontrai, avec une énergique sincérité, que personne n’avait le secret de l’organisation du travail, ni d’une organisation de fond en comble, d’une organisation parfaite de la société, dite socialisme, où il n’y aurait plus ni inégalité, ni injustice, ni luxe, ni misère ; qu’une telle société ne serait plus la terre, mais le paradis ; que tout le monde s’y reposerait dans un repos si parfait et si doux que le mouvement même y cesserait à l’instant, car personne n’aurait le désir de respirer seulement un peu plus d’air que son voisin ; que ce ne serait plus la vie, mais la mort ; que l’égalité des biens était un rêve tellement absurde dans notre condition humaine que, lors même qu’on viendrait à partager à parts égales le matin, il faudrait recommencer le partage le soir, car les conditions auraient changé dans la journée par la vertu ou le vice, la maladie ou la santé, le nombre des vieillards ou des enfants survenus dans la famille, le talent ou l’ignorance, la diligence ou la paresse de chaque partageur dans la communauté, à moins qu’on n’adoptât l’égalité des salaires pour tous les salariés, laborieux ou paresseux, méritant ou ne méritant pas leur pain ; que le repos et la débauche vivraient aux dépens du travail et de la vertu, formule révoltante, quoique évangélique, de M.  […] Puis, obliquant à gauche d’un mouvement insensible, je me lançai dans la mer d’hommes de toutes conditions qui couvrait la place de la Bastille, à l’embouchure de la rue Saint-Antoine.

1692. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Au reste, elle n’exclut pas le mouvement ni la vie. […] Le jeu changeant des mêmes causes Emeut les sens différemment Le pinceau des lis et des roses N’est formé que de mouvement ; Un frisson venu de l’abîme, Ardent et splendide à la fois, Avant d’y retourner anime Les blés, le sang, les fleurs, les bois.

1693. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Et plus tard, dans sa longue carrière, quel mouvement a-t-il donné à sa patrie, aux jours d’action et de péril ? […] Rousseau, l’initiateur de ce mouvement, Rousseau, qui fit sortir l’art des maisons et des palais pour l’introduire sur une plus grande scène, et dont la poésie, sous ce rapport, est à la poésie de ses devanciers comme le lac de Genève est aux jardins de Versailles ; Rousseau, dis-je, avait en même temps, à un degré supérieur, l’idée générale, l’idée philosophique, l’idée sociale.

1694. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

De là vient en partie mon inaptitude à laisser ma pensée se gouverner par la rime, inaptitude que j’ai depuis bien vivement regrettée ; car souvent le mouvement et le rythme me viennent en vers, mais une invincible association d’idées me fait écarter l’assonance, que l’on m’avait habitué à regarder comme un défaut et pour laquelle mes maîtres m’inspiraient une sorte de crainte. […] Les heures coulaient d’un mouvement lent comme son aiguille ; sa pauvre imagination était soulagée.

1695. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Le mouvement sortait alors également d’Allemagne ; de là Werther de Goethe fit son chemin jusque dans la poche du Petit Caporal ; là naquit la compréhension de Shakespeare qui pour Voltaire n’avait été qu’un sauvage ivre : là Madame de Staël trouva son livre de l’Allemagne ; la semence étant mûre, germa le nouveau génie français ; en 1827, Victor Hugo publiait son Cromwell ; en 1830, la victoire de la poésie romantique était décidée. […] Émanant de la religion, elle reçut ses premiers grands mouvements du catholicisme qui a gardé de l’antiquité la plasticité, et du moyen-âge la magnificence des couleurs, et se développa plus tard dans l’Allemagne protestante.

1696. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Il a l’ossature gigantesque, mais les mouvements d’un géant sont le plus souvent maladroits, disgracieux, heurtés ; ils cassent, trouent et enfoncent tout, même eux-mêmes. […] Et affaibli, il l’affaiblit… On reste là quand on ne peut plus marcher, mais on fait le mouvement de marcher encore !

1697. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Si ce charmant mouvement intellectuel continue, la Littérature française a chance de mourir asphyxiée derrière la porte infecte du cabinet d’Héliogabale. […] Il représente la jeunesse et son mouvement charmant, à cette dégingandée !

1698. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

À voir même le soin particulier avec lequel il en efface toutes les indications essentielles, on pourrait croire souvent qu’amusé autour des objets de détail, il n’a pas saisi le mouvement général de la pensée ni les rapports des diverses parties entre elles.

1699. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Musmédon est corrompu, donc il l’est à tous les degrés et dans tous les cas, sans un seul vestige de bon mouvement, ou même, par instants, d’indifférence.

1700. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Fléchier a repris exactement l’œuvre de prose de Balzac, un peu du côté de l’hôtel Rambouillet, et sans entrer dans le mouvement de Boileau ; il a rendu ce service dans sa propre ligne, directement, ayant reçu la tradition et la culture par ce coin un peu précieux du monde ; sorti de là, et sur les pas de Montausier, il s’est bientôt associé et assorti avec gravité à la décoration auguste du grand règne.

1701. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Au milieu de cette admiration haletante et morcelée, l’idée de l’ensemble, le mouvement du fond, l’effet général de l’œuvre, ne saurait trouver place ; rien de largement naïf ni de plein ne se réfléchit dans ce miroir grossissant, taillé à mille facettes.

1702. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Vitet se rattache de plus près dans le mouvement qui poussait, il y a plus de vingt ans, les jeunes hommes d’alors, comme ils s’appelaient, dans des voies d’innovation studieuse et de découverte.

1703. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Cette œuvre du loisir et du recueillement, où viendront sans doute contraster et se confondre en mille effets charmants ou sublimes la vérité et l’idéal, la raison et la fantaisie, l’observation des hommes et le rêve du poète, arrivée dans le monde réel, exposée aux regards de tous, enchantera les âmes et ravira les suffrages ; les esprits les plus graves, philosophes, érudits, historiens, se délasseront à la contempler, car l’impression d’une belle œuvre n’est jamais une fatigue ; les politiques surtout, en n’y cherchant que du plaisir, y puiseront plus d’une émotion intime, plus d’une révélation lumineuse, qui, transportée ailleurs et transformée à leur insu, ne restera stérile ni pour l’intelligence de l’histoire, ni pour les mouvements de l’éloquence ; la tribune et la scène, en un mot, rivales et non pas ennemies, pourront retentir ensemble et quelquefois se répondre.

1704. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Il y a en ce temps-ci un certain nombre d’esprits ardents, studieux, intelligents, qui, jeunes, après avoir passé déjà par des phases diverses, et avoir joint à un enthousiasme non encore épuisé, une maturité commençante, savent assez de quoi il retourne dans ces mouvements douloureux de la société, ressentent l’enfantement d’un ordre nouveau, y aident de grand cœur, mais ne croient pas qu’il soit donné à une formule unique et souveraine de l’accomplir : car le temps de ces découvertes magiques est passé ; un fiat lux social n’est possible qu’à l’aurore ; et aujourd’hui le progrès humain se fait sous le soleil, avec force sueurs, par tous, moyennant, il est vrai, quelques guides de génie, dont aucun pourtant n’a le droit de se croire indispensable.

1705. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Il n’en est pas moins vrai que le génie romain, tout en professant pour elle le respect religieux qu’il eut toujours pour l’antiquité, ne tarda pas à comprendre que son mouvement était captif dans cette citadelle du droit strict ; de sorte que l’équité, modifiant peu à peu tous les rapports de la propriété, de la famille et des obligations civiles, substitua au système de la loi décemvirale des pensées plus conformes à la liberté, à l’égalité et à la bonne foi.

1706. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

si l’on partageait en deux ses phrases, si l’on les séparait de leur progression, de leur intérêt, de leur mouvement, et si l’on détachait de ses écrits quelques mots, bizarres lorsqu’ils sont isolés, tout-puissants lorsqu’on les met à leur place2 ?

1707. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

Le spectateur ne fait naturellement nulle attention aux intervalles de temps dont le poète a besoin, pas plus qu’en sculpture il ne s’avise de reprocher à Dupaty ou à Bosio que leurs figures manquent de mouvement.

1708. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Depuis les Romains, une organisation savante, qui, deux fois brisée, s’est reformée plus solide, enserre dans ses cadres brillants une masse à demi brute, et reporte toute la civilisation sur le mince groupe d’hommes qu’elle attire au centre de son mouvement.

1709. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Tout s’y fait par une chaleur inconsidérée ; et comment accoutumer à la règle, à la solitude, à la discipline, cet âge qui ne se plaît que dans le mouvement et dans le désordre, qui n’est presque jamais dans une action composée, « et qui n’a honte que de la modération et de la pudeur » ?

1710. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Au second, l’adjectif n’évoque que la silhouette, qui se découpe en noir et fantastiquement agrandie, le geste, le mouvement, la cognée qui se lève et s’abat, le groupe s’agitant entre les troncs sveltes et droits sous la haute futaie.

1711. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Mais enfin, à considérer l’histoire de très haut, nous avons dans les deux cas une poésie neuve, sortie d’un grand mouvement d’idées, qui peu à peu substitue à l’inspiration un art plus conscient et moins spontané.

1712. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

A côté de celle-là la foi volontaire et acquise, mouvement du cœur qui désire que ce que la raison conçoit comme le bien soit aussi le vrai, n’a plus l’air d’être la foi.

1713. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Il est vraiment, lui, un philosophe, un critique, un observateur et un descripteur sagace de ses propres mouvements.

1714. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Comme ces fils de famille dont s’étonnait spirituellement M. de Wyzewa dans l’avant-propos de son Mouvement socialiste, qui pleins de sève et de santé, avec deux cent mille francs de rente par an, s’interrompent de la lecture d’Auteuil-Longchamp pour lire Le Socialiste de M. 

1715. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Il y a là une « addition arbitraire111 », un « mouvement intérieur112 » qui dicte à l’individu son évaluation personnelle.

1716. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

La peur de m’en repentir m’a fait passer par-dessus les mouvements que mille autres auraient appelés vocation.

1717. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Ceux-là qui ont véritablement aimé tous les hommes ne les considéraient point dans leurs diverses fonctions sociales et ne regardaient pas les mouvements de leurs mains, si souvent hostiles et haïssables.

1718. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Après bien des agitations, bien des mouvements contradictoires, le flot pousse sur la terre de vérité cet esprit inquiet et troublé, épave enfin sauvée peut-être.

1719. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Il y reste de la parole première une sorte de mouvement général, la facilité et le courant ; mais le style a désormais toute la précision et tout le fini que les plus curieux peuvent souhaiter ; la pensée sur chaque point a sa solidité et sa nuance.

1720. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

Il a emménagé avec lui une jeune femme, pas précisément jolie, et qui de temps en temps se dérobe et se cache dans un joli mouvement contourné pour prendre une prise de tabac, mais une jeune femme qui a de paresseuses poses de chatte dans sa bergère au coin de la cheminée, un petit bagout spirituel, une grâce de gentille bourgeoise d’un autre siècle : toute cette douce et tranquille séduction cachant une hystérie très prononcée, qui la fait, presque tous les mois, à un quantième, où elle dit, aller chez elle pour donner son linge à la blanchisseuse, disparaître deux ou trois jours avec un des attablés ordinaires de son amant, — après quoi, elle rentre au bercail et le ménage reprend comme si de rien n’était.

1721. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

Ce système, d’une simplicité toute barbare et primitive, peut aboutir à des effets remarquables de rythme, de pas marqué, de mouvement fortement scandé ; il est assez rare qu’une harmonie bien notoire de diction puisse en sortir.

1722. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Kœnig, ainsi que d’autres mathématiciens, a écrit contre cette assertion étrange ; & il a cité, entr’autres choses, un fragment d’une lettre de Léibnitz, où ce grand homme disoit avoir remarqué que, dans les modifications du mouvement, l’action devient ordinairement un maximum, ou un minimum.M. de Maupertuis crut qu’en produisant ce fragment, on vouloit lui enlever la gloire de sa prétendue découverte, quoique Léibnitz eut dit précisément le contraire de ce qu’il avance.

1723. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

La conclusion de cette critique, conforme à l’opinion d’Esquirol et de Georget, c’est que les altérations des organes cérébraux ne se rencontrent que dans les cas où la folie est compliquée de troubles dans les mouvements et dans la sensibilité, mais qu’on ne les trouve pas dans les cas de folie simple, c’est-à-dire de trouble intellectuel non compliqué.

1724. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

L’imagination (et j’entends par là tout mouvement donné à la pensée) n’est donc pas une condition accessoire ou subordonnée dans les œuvres littéraires : elle y est essentielle, comme la couleur en peinture.

1725. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

Le françois fait signe à ceux qu’il veut appeller de s’approcher de lui, en levant la main droite dont les doigts sont tournez en haut, et en la ramenant plusieurs fois vers son corps, au lieu que l’italien, pour faire le même mouvement, baisse la main droite dont les doigts sont tournez vers la terre.

1726. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

« Il y a une certaine énergie ardente, a-t-il dit lui-même, mère ou compagne nécessaire de telle espèce de salent, laquelle, pour l’ordinaire, condamne ceux qui les possèdent au malheur, non pas d’être sans morale, de n’avoir pas de très beaux mouvements, mais de se livrer fréquemment à des écarts qui supposeraient l’absence de toute morale.

1727. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Nos mœurs, disions-nous tout à l’heure, sont restées immobiles, et ont même opposé une grande force de résistance au mouvement des opinions… J’ajouterai à présent que cette même immobilité et cette même résistance se sont trouvées, chez nous, dans le domaine de la religion.

1728. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Les lois, qui furent traditionnelles avant d’être écrites ; les préceptes religieux ou moraux, les connaissances primitives, sources des traditions ; les formes de l’intelligence humaine, l’intuition des vérités nécessaires, la faculté de pénétrer l’essence des êtres et des choses, pour imposer les noms, l’insufflation divine pour imprimer mouvement à la sensation et à la pensée : c’est dans tout cela que j’avais cherché les éléments de la parole ; c’est cet ensemble que j’avais signalé comme étant la révélation du langage.

1729. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Elle a le mouvement des idées, mais à la condition, je l’ai déjà indiqué, qu’un autre qu’elle en sera le moteur.

1730. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Dans l’Esprit des Lois, en effet, l’éclectique Montesquieu acceptait aussi, sans le vanner, tout le pêle-mêle de l’histoire, mais c’était à la condition téméraire de donner la raison des choses et la loi des contradictions, tandis que son pâle imitateur, son faible descendant par les femmes, n’avait pas, lui, le mouvement d’idées, fussent-elles fausses, qui servaient à Montesquieu pour tout justifier.

1731. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Si cet incroyable mouvement continue, avant un siècle il n’y aura plus dans le monde que des comédiens !

1732. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Le vrai et secret motif de ce livre, c’est de constater que le plus beau mouvement de l’esprit humain qui s’est produit en Angleterre (le plus beau, j’en conviens, mais je l’explique autrement !)

1733. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

Seulement Fénelon, le beau Fénelon, dont on a dit qu’il fallait faire effort pour cesser de le regarder, est un grand ondoyant aux mouvements de cygne et même de serpent… innocent, — s’il en est, et si, à la première tortuosité, à la première ramperie, on n’est pas serpent tout à fait, — tandis que Joubert a la simplicité d’Astrée.

1734. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

C’est un discours sur la cause de l’écho ; un mémoire sur la Transparence des corps, sur le Mouvement relatif ; un Projet d’histoire physique de la terre.

1735. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Se faire Grec, rentrer dans le paganisme, retourner boire à l’outre épuisée, tel fut le mouvement furieux de ce temps, ivre et altéré d’Antiquité tout ensemble.

1736. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Si le mouvement de la civilisation n’avait pas emporté si fort Champagny, il fût plus resté dans la politique de son livre, et ce livre aurait tout un caractère qu’il n’a pas assez… Ainsi, nous le disons avec regret, tout vient aboutir au même reproche.

1737. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Dans le mouvement d’idées qui s’est produit depuis quelque temps, cette grande question a été posée, au milieu des économistes ébahis.

1738. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Parmi les remuements des impuissants d’alors contre la forte main qui tenait la France, ce ne serait qu’un mouvement de plus réprimé.

1739. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Il n’a pas un mouvement d’oubli avec ce pauvre diable d’Eckermann, que comme homme il peut mépriser, mais dont il se sert comme de la boîte aux lettres de la postérité et dans les oreilles idolâtres duquel il jette ses pensées, laborieusement rédigées, pour qu’elle les entende.

1740. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

De son propre mouvement, M. 

1741. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

On y verra, du moins, qu’il n’était pas, comme homme, le violent d’âme et de passion égoïste comme on l’avait fait, et que, comme talent, il n’était pas non plus uniquement le violent de couleurs, de mouvement et d’idées, dans lequel on a vu trop exclusivement son génie.

1742. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Travaux, livres, observations, mouvement d’idées, tout chez lui fut mis en branle par les voyages.

1743. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Plus oratoire que littéraire, Donoso Cortès a, même lorsqu’il s’efforce d’être didactique, comme dans son Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, les aspirations, les apostrophes, le mouvement et le redoublement antithétique.

1744. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Travaux, livres, observations, mouvement d’idées, tout chez lui fut mis en branle par les voyages.

1745. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Ou bien il fallait l’aborder comme nous l’aurions abordé, nous chrétiens, pour qui nul mouvement de civilisation n’a dépassé le christianisme ; comme nous qui avons une révélation religieuse, primitive, écrite, inébranlable dans ses textes, une histoire, un enchaînement de faits, des sources nombreuses, toute une exégèse, toute une critique et une autorité souveraine pour empêcher tous ces dévergondages d’examen qui ont fini, en Allemagne, par le suicide de la Critique sur les cadavres… qu’elle n’a pas faits, — ou bien il fallait traiter ce terrible sujet, résolument, en homme qui a pris son point de vue de plus haut ou de plus avant que des textes ; comme un philosophe, carré par la base, qui dit fièrement à l’histoire : Tu mens, quand tu n’es pas trompée ; tu es trompée, quand tu ne mens pas !

1746. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

indépendamment de ce que l’âme et la foi du prédicateur versent dans sa parole de chaleur, de mouvement et de vie, il y a toujours au fond de toute prédication chrétienne deux sciences immenses et formidables : la science de Dieu et la science de l’homme, la théologie et la morale.

1747. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Funck Brentano, l’être plein de Parménide avait absorbé les notions de temps, d’espace et de mouvement.

1748. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Et cependant, pour toute Critique virile, et qui s’attache surtout dans l’appréciation des œuvres fortes à la profondeur de l’accent qui y retentit et qui semble venir de si avant dans l’âme humaine qu’on dirait qu’il en est littéralement arraché, rien de l’exécution la plus savante, la plus pondérée, la plus précise et tout à la fois la plus pittoresque et la plus musicale, ne vaut ce rugissement de l’âme élevée à sa plus haute puissance et qui rencontre un mouvement et une expression en équation avec sa foudroyante énergie !

1749. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Il n’a, lui, ni ces idées, ni ce mouvement, ni cette flamme !

1750. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Par le style, par le mouvement des idées, par le cant de sa diatribe morale et littéraire, M. 

1751. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Verve, éclat, mouvement, brusqueries d’aperçus, crâneries d’expressions toujours heureuses, magnificences de développements et d’horizons, superbes insolences de gladiateur, immense plaisanterie qui couvrait tous les persiflages, qui bernait dans la peau de lion d’Hercule les Pygmées de l’ironie voltairienne, il exposa dans tous les sens à la lumière des questions contemporaines et pour en varier les feux et les nuances, tous les joyaux d’un des plus étincelants écrins oratoires qui furent jamais.

1752. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Ils sont tout ce qu’on voudra : des feuilletons, des causeries, de vieux jeux de cartes battus et rebattus avec plus ou moins d’adresse ; des entrelacements de ficelles plus ou moins redoublées et dénouées ; des pilules contre l’ennui, arrangées pour s’avaler d’une station à l’autre dans le mouvement d’un chemin de fer, mais ce ne sont pas des livres, des compositions ordonnées et réfléchies, des choses d’observation et d’art.

1753. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

On s’étonnerait même qu’un homme animé d’un sentiment ou d’un ressentiment si personnel pût se traduire avec tant de verve et de mouvement et de vérité dans l’émotion sous des formes d’une imitation si complète, si on ne savait combien les habitudes de l’esprit sont impérieuses et enveloppantes.

1754. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Tous les objets dont on s’y occupe sont grands, et en même temps sont utiles ; c’est l’empire des connaissances humaines ; c’est là que vous voyez paraître tour à tour la géométrie qui analyse les grandeurs, et ouvre à la physique les portes de la nature ; l’algèbre, espèce de langue qui représente, par un signe, une suite innombrable de pensées, espèce de guide, qui marche un bandeau sur les yeux, et qui, à travers les nuages, poursuit et atteint ce qu’il ne connaît pas ; l’astronomie, qui mesure le soleil, compte les mondes, et de cent soixante-cinq millions de lieues, tire des lignes de communication avec l’homme ; la géographie, qui connaît la terre par les cieux ; la navigation, qui demande sa route aux satellites de Jupiter, et que ces astres guident en s’éclipsant ; la manœuvre, qui, par le calcul des résistances et des forces, apprend à marcher sur les mers ; la science des eaux, qui mesure, sépare, unit, fait voyager, fait monter, fait descendre les fleuves, et les travaille, pour ainsi dire, de la main de l’homme ; le génie qui sert dans les combats ; la mécanique qui multiplie les forces par le mouvement, et les arts par l’industrie, et sous des mains stupides crée des prodiges ; l’optique qui donne à l’homme un nouveau sens, comme la mécanique lui donne de nouveaux bras ; enfin les sciences qui s’occupent uniquement de notre conservation ; l’anatomie par l’étude des corps organisés et sensibles ; la botanique par celle des végétaux ; la chimie par la décomposition des liqueurs, des minéraux et des plantes ; et la science, aussi dangereuse que sublime, qui naît des trois ensemble, et qui applique leurs lumières réunies aux maux physiques qui nous désolent.

1755. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Ainsi la rapidité et la facilité des communications, le mouvement accéléré de la vie moderne n’ont pas annihilé le besoin qu’ont les hommes de correspondre entre eux par lettres, besoin aussi général que celui d’échanger des paroles. […] Chapitre II Placer l’acte immédiatement inutile au-dessus de l’acte utile est une démarche de l’intelligence contraire à son mouvement naturel. […] L’attitude des jeunes écrivains, d’ailleurs, est conforme à ce mouvement général : ils veulent maintenant considérer leur activité artistique comme une activité ordinaire. […] Sans doute le savant n’a pas travaillé dans le but de s’enrichir, mais  si je me replace au milieu du mouvement forcené de notre temps, où l’argent est indispensable, ne serait-ce que pour se livrer à des recherches désintéressées  n’est-il pas légitime que le savant soit payé par sa découverte et d’autant plus que personne ne vient à son secours ?

1756. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Les uns reçurent, à leurs débuts, l’empreinte de cet idéal monarchique et chrétien qui fut leur inspiration primitive ; les autres portèrent dès l’abord la marque de ce mouvement révolutionnaire qui venait de se réveiller sous leurs yeux. […] Au bout de quelques semaines, il s’aperçoit qu’il aime encore sa quadragénaire ; il fait quelques tentatives pour être reçu chez elle, et, ne pouvant y réussir, il se tue, sans qu’une seule idée morale, un seul sentiment de famille, un seul mouvement de repentir, se mêlent à ce drame implacable. […] Un vieux médecin matérialiste, converti par les grâces, la douceur et la piété de sa jeune pupille, quel thème délicieux pour un peintre sincère des délicatesses du monde intérieur et des mouvements mystérieux de l’âme ! […] Dans le feu de la lutte, quand il s’agit de renverser les hiérarchies et les pouvoirs, on l’invoque, on le met en avant, et il semble alors que ce soit être son ennemi que de résister à ce mouvement qui va, lui dit-on, l’enrichir et l’émanciper. […] Avant d’entrer dans le récit, dont le mouvement et l’ampleur sont tout à fait dignes du sujet, arrêtons-nous au discours préliminaire, où l’auteur met en présence l’unité de l’Empire romain et l’unité de l’Église.

1757. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Cette évolution ou ce mouvement des lois du théâtre à travers, le temps, c’est ce que j’essayerai, c’est ce que je m’attacherai surtout à suivre dans ces conférences. […] Ajoutez aussi, Messieurs, si vous le voulez, que, par une suite nécessaire du mouvement naturel des choses, les genres une fois séparés, la distinction ne pouvait manquer de s’aggraver d’elle-même entre la tragédie et la comédie ; elle devenait tous les jours plus profonde. […] Mais ne changeons pas le sens des mots, ni surtout n’embrouillons les vrais noms des choses, et convenons franchement que si jamais héros de théâtre a suivi les mouvements de sa passion à l’encontre des injonctions de son devoir, c’est le mari de Pauline. […] Nous n’avons plus ici besoin, pour faire avancer l’action, d’événements qui lui communiquent une impulsion du dehors, mais un mouvement tout intérieur s’y accélère, d’acte en acte, ou de scène en scène, sous la loi de sa nécessité propre. […] Au théâtre ou dans le roman, nous appelons psychologie l’anatomie du cœur, la science de ses mouvements, la connaissance des sentiments ou des sensations élémentaires, primitives, inconscientes en partie, dont nos actions ne sont que le total extérieur.

1758. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

J’ai suivi le conseil, quelquefois, et ce qui serait une faute, si je donnais mon livre pour une poétique, ne l’est plus, je pense, si mon livre prétend seulement à renseigner au plus près et par annotations sur l’ensemble du mouvement contemporain. […] Par l’étude, il acquit deux qualités étroites, mais puissantes : la concentration et le mouvement. […] Elle n’en est que plus favorable pour embrasser le mouvement contemporain dans sa complexité. […] Et à l’heure même où le père Chénel s’en retournait de la forêt à Champ-Viel, près de Marie Allain bien impatiente, c’était dans les brigades un mouvement inusité, une animation, un entrain, comme en guerre avant une attaque. […] Après avoir étudié les grands mouvements de l’âme humaine, il passe aux secondaires, puis aux plus petits.

1759. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Esprit signifie quelquefois la plus subtile partie de la matiere : on dit esprits animaux, esprits vitaux, pour signifier ce qu’on n’a jamais vû, & ce qui donne le mouvement & la vie. […] La force de tout animal a reçu son plus haut degré, quand l’animal a pris toute sa croissance ; elle décroît, quand les muscles ne reçoivent plus une nourriture égale, & cette nourriture cesse d’être égale quand les esprits animaux n’impriment plus à ces muscles le mouvement accoûtumé. Il est si probable que ces esprits animaux sont du feu, que les vieillards manquent de mouvement, de force, à mesure qu’ils manquent de chaleur. […] Vous prononcez les termes abstraits, grandeur, vérité, justice, fini, infini ; mais ce mot grandeur est-il autre chose qu’un mouvement de votre langue qui frappe l’air, si vous n’avez pas l’image de quelque grandeur ? […] Mathieu ne dit rien de l’adoration des bergers, mais il n’oublie ni celle des Mages, ni la cruauté d’Hérode, deux événemens qui mirent Jérusalem dans le mouvement & le trouble.

1760. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

dit l’autre, faisant le même mouvement offensif, ça tue les bouchers. […] Chaque fois qu’un consommateur demande le journal où il se trouve imprimé, il suit des yeux les mouvements de son visage pendant sa lecture, et si elle ne se continue pas jusqu’à la colonne où se trouve son article, il ne peut cacher son dépit. […] Au même instant un grand mouvement se fait entendre sur le pont. […] Les palettes des roues se mettent en mouvement ; le capitaine crie : All right. […] Les bras croisés entre sa peau et le drap de son habit, il désignait timidement aux passants, par un mouvement de la tête, un chapeau en ruine, au fond duquel on apercevait encore un double chiffre surmonté d’une couronne ducale. — Ce chapeau armorié d’un pauvre honteux, qui n’avait pour oreiller que le pavé de la rue, avait appartenu peut-être à un lord propriétaire du quartier.

1761. (1888) Portraits de maîtres

Ainsi la troisième méditation à Elvire et l’Hymne au Soleil rappellent la manière et le mouvement de Parny ; l’Adieu nous semble affecter la molle nonchalance d’une poésie légère de La Fare et de Chaulieu. […] Quant au style, Dieu, la Prière, la Foi, le Temple, sont avec plus de mouvement écrits dans la langue des poètes de l’Empire. […] De Vigny avec eux et Émile Deschamps dirigea le mouvement de plus en plus accentué de l’école nouvelle. […] Le mouvement, ce don si rare, que ne possèdent pas des poètes renommés, cette qualité superbe qui fait tant pardonner à certains excessifs, caractérise encore l’œuvre de Béranger. […] Tous les ouvrages extraits de ses portefeuilles et successivement mis au jour par une veuve qui fut la plus précieuse des collaboratrices laissent à leur auteur un caractère d’ingérence efficace et de présence réelle dans le mouvement de notre société.

1762. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

La Rochefoucauld s’y appliqua et lui donna le mouvement plus que l’habileté, qu’en ce genre il n’atteignit lui-même qu’à peu près. […] Le voici : « C’est un traité des mouvements du cœur de l’homme qu’on peut dire avoir été comme inconnus, avant cette heure, au cœur même qui les produit.

1763. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

S’étant mis en opposition déclarée avec Malherbe, et s’étant fait le défenseur des vieux poètes, il est devenu le premier nom auquel s’est rattaché volontiers le mouvement moderne quand on est allé rechercher ces vieux chefs par-dessus la tête de Malherbe. […] Rien ne montre mieux à quel point le mouvement poétique du xixe  siècle a été général, spontané, fécond ; toutes natures, aussitôt averties, ont donné ce qui était en elles.

1764. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Si vous montez l’escalier sans marches du Vatican, comme une colline aplanie pour laisser les vieux pontifes monter sans perdre haleine au sanctuaire de leurs oracles ; si vous entrez dans la chapelle Sixtine pour contempler sur ses murs et sur ses voûtes le tableau du Jugement dernier, ce poëme dantesque du pinceau, peint par un géant, où l’imagination, le mouvement, l’expression, la forme, la couleur semblent défier la création par son image, et si vous demandez quelle main de Prométhée moderne a jeté derrière lui ces gouttes d’huile pour en faire des hommes, des anges, des démons, des dieux ? […] La ligne droite, base fondamentale de ses statues, depuis l’orteil jusqu’au sommet de la tête, est plus longue et plus élancée que la ligne grecque ; les inflexions, plus hardies et plus étranges de cette ligne donnent aux traits, aux formes et aux mouvements de ses statues des nervures, des attitudes, des torsions, des majestés, des hardiesses qui dressent l’homme plus haut sur ses pieds et qui semblent faire escalader l’art jusqu’au ciel.

1765. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Il n’est pas jusqu’à la forme que le mouvement et la grandeur du récit n’emportent et n’élèvent. […] L’embuscade dressée aux nouveaux mariés, le combat dans la lande tandis qu’il y a fête au château, Bègue laissé pour mort, sa jeune femme couchée sur son corps et se lamentant, la triste arrivée du cortège où le maître est porté sur une civière, le conseil des médecins, dont le plus vieux commande d’abord qu’on éloigne la jeune femme qui troublerait le malade : ce sont des scènes qui ont vie et mouvement.

1766. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Quoi d’étonnant si ses plus vifs, ses plus impérieux mouvements, aussitôt exprimés, passent ? […] Sans un mouvement de charité, par esprit d’ordre et respect de la richesse publique, il condamne les cruautés de la guerre, pillages, incendies, massacres134 : il réclame qu’on ménage le peuple, qu’on ne le foule pas.

1767. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Cette probité paraît dans son style si exact, si concis, si étroitement appliqué sur les idées, d’une clarté extraordinaire dans la plus vigoureuse subtilité, dédaigneux de la musique, dédaigneux de la couleur, et vivant (mais avec intensité) du seul mouvement de la pensée. […] En se figurant les magnificences sorties d’elle, et qu’elle ne verra jamais, la candide religieuse a un mouvement d’orgueil, vite réprimé et pleuré.

1768. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Ils oublient pour un temps les peines qu’ils ont souffertes ; ils se livrent à la joie de voir de belles prairies, de vertes forêts, et de goûter à l’ombre des rochers un sommeil qui n’est point agité par le mouvement des flots. […] [NdA] Il y a ici, par avance, du mouvement et de l’aspiration vague de René vers les Aquilons désirés.

1769. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Il a ménagé des lieux bas et étouffés où des mouches de mille couleurs bourdonnent et imitent abominablement le mouvement de la respiration dans le ventre des bêtes mortes. […] Désormais divorcée d’avec l’enseignement historique, philosophique et scientifique, la poésie se trouve ramenée à sa fonction naturelle et directe, qui est de réaliser pour nous la vie complémentaire du rêve, du souvenir, de l’espérance, du désir ; de donner un corps à ce qu’il y a d’insaisissable dans nos pensées et de secret dans le mouvement de nos âmes ; de nous consoler ou de nous châtier par l’expression de l’idéal ou par le spectacle de nos vices.

1770. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Il fut une époque où de telles précautions pouvaient être utiles, mais avec le mouvement actuel des esprits, le déchaînement, pour mieux dire, y a-t-il moyen de tromper ces curiosités insatiables et ces besoins de connaître, chaque jour davantage excités ? […] Les Théatins remplacèrent le clergé paroissial dans les paroisses où il manquait. » Ce fut là la réforme vraie en face de la réforme menteuse, mais quelle que fût l’énergie du mouvement qui éclata dans l’Église pour échapper aux dangers qui avaient surgi, il n’eût pas été suffisant si Dieu n’avait envoyé son esprit à l’un des plus grands hommes qui se soient élevés jusqu’à la sainteté.

1771. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Rendre à la poésie française de la vérité, du naturel, de la familiarité même, et en même temps lui redonner de la consistance de style et de l’éclat ; lui rapprendre à dire bien des choses qu’elle avait oubliées depuis plus d’un siècle, lui en apprendre d’autres qu’on ne lui avait pas dites encore ; lui faire exprimer les troubles de l’âme et les nuances des moindres pensées ; lui faire réfléchir la nature extérieure non seulement par des couleurs et des images, mais quelquefois par un simple et heureux concours de syllabes ; la montrer, dans les fantaisies légères, découpée à plaisir et revêtue des plus sveltes délicatesses ; lui imprimer, dans les vastes sujets, le mouvement et la marche des groupes et des ensembles, faire voguer des trains et des appareils de strophes comme des flottes, ou les enlever dans l’espace comme si elles avaient des ailes ; faire songer dans une ode, et sans trop de désavantage, à la grande musique contemporaine ou à la gothique architecture, — n’était-ce rien ?

1772. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Chacun disait que les choses ne pouvaient durer ainsi, et, bien qu’il fût encore impossible de prévoir de quel côté viendrait l’orage, les esprits étaient déjà en proie à cette agitation fébrile qui précède presque toujours les grands mouvements.

1773. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Mais il est certain qu’ayant, au degré où il l’avait, un continuel et irrésistible mouvement d’idées, il lui était difficile de demeurer au même point et de ne pas varier, même dans ses liaisons politiques.

1774. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Mes vieilles oreilles un peu dures ne perdent pas une syllabe de votre débit, dont le mouvement vif et naturel captive l’attention du public sans la fatiguer un seul instant… « Quant à votre coquin de Voltaire, vous l’avez très-joliment prêché ; je vous dirais, comme les Italiens, salvo il vero, — c’est-à-dire réserve faite de tous les contraires inhérents à l’exercice des grandes facultés, des ambitions et des activités prodigieuses.

1775. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

A cette vue, Casanova convient qu’il eut peur, et que son premier mouvement fut d’éloigner son amie ; mais elle, qui, d’ordinaire, avait peur de la moindre couleuvre, ne craignant rien à cette heure et en ce moment, continuait : « Son aspect me ravit, te dis-je, et je suis sûre que cette idole n’a de serpent que la forme, ou plutôt que l’apparence. » Et elle redoublait de bonheur et d’oubli.

1776. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Mémoires : Blaise de Monluc Les guerres civiles n’interrompirent donc pas le mouvement intellectuel et la marche de la littérature.

1777. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

D’où vient cette suspension du mouvement, cette lenteur d’éclosion des germes ?

1778. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Mais il faut n’avoir guère suivi le mouvement des études littéraires dans ces dernières années, pour ne pas remarquer que le champ des disputes se resserre, que le domaine de la science faite, de la connaissance incontestée, va s’étendant et laisse ainsi moins de liberté, à moins qu’ils ne s’échappent par l’ignorance, aux jeux des dilettantes et aux partis-pris des fanatiques, si bien qu’on peut sans chimère prévoir un jour où, s’entendant sur les définitions, le contenu, le sens des œuvres, on ne disputera plus que de leur bonté et de leur malice, c’est-à-dire des qualificatifs sentimentaux.

1779. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Jamais les difficultés, cherchées et multipliées à plaisir d’artiste, de la prosodie et du rythme n’ont été mieux déguisées par la simplicité mélodique du sentiment ; et jamais la banalité du sentiment éternel n’a été mieux relevée par la recherche, la complication adroite de l’art… Aujourd’hui, M. de Banville, après avoir publié deux livres de poésies remarquables, et répandu dans les journaux, dans les revues, de nombreuses pages d’une prose savante, correcte, pleine de nombre et de mouvement, est encore considéré par bien des gens comme un jeune écrivain dont le talent promet.

1780. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

René Ghil reste l’un des cas les plus curieux du mouvement symboliste.

1781. (1890) L’avenir de la science « Préface »

La France, qui a marché la première dans la voie de l’esprit nationaliste, sera, selon la loi commune, la première à réagir contre le mouvement qu’elle a provoqué.

1782. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

Elle n’est exacte que depuis qu’elle explique non-seulement la direction des mouvements planétaires, mais encore leurs perturbations.

1783. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

La pipe, le cigare, la bière, le thé, le vin, mêlent leur excitation et leurs fumées au faible mouvement des esprits et des imaginations.

1784. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

c’est ce mouvement propre au poète que je ne sens jamais dans le spirituel critique.

1785. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Le passage sur l’Église d’autant plus forte qu’elle est faible, et qui apparaît revêtue de l’inviolabilité d’une femme et d’une mère ; ce pathétique mouvement, même pour ceux qui, à distance, ne prendraient ces choses qu’au point de vue du beau, devra rester comme une des plus heureuses inspirations de l’éloquence.

1786. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Après la révolution, le même mouvement continue : Destutt de Tracy, Bonald, de Maistre, Royer-Collard, Lamennais, M. 

1787. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Ce mouvement est très-vif, très-noble, et ne déparerait pas un ouvrage d’un plus grand genre.

1788. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Peut-être les idées qui nous viennent alors, sont-elles déja venuës à bien d’autres, qui dans un premier mouvement auroient voulu pouvoir les publier le jour même, pour désabuser incessamment le monde de ses vieilles erreurs.

1789. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Le compositeur n’avoit qu’à les accentuer et à prescrire le mouvement de la mesure, après avoir fourni au joueur d’instrumens qui devoit accompagner, une partie des plus simples et très-facile à executer.

1790. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

Plusieurs passages de Ciceron et de Quintilien, font foi que les acteurs des anciens marquoient parfaitement tous les signes des passions par le mouvement de leurs yeux, aidez et soutenus par les gestes et par la contenance.

1791. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Non pas un être qu’on adore par mouvement du cœur et élan de l’instinct, mais une doctrine que d’autres doctrines ont amené peu à peu à croire vraie ; Dieu pour Platon est une conclusion ; la foi de Platon est une logique.

1792. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Les uns lui reprochent de n’entendre point leur métaphysique, et, quand il s’y aventure, d’en déconcerter le délicat agencement par ses mouvements lourds et mal appris.

1793. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Maintenant je puis me décider à vaincre certaines répugnances de ceux qui sont placés à la tête du mouvement de la société, soit pour attaquer les opinions nouvelles, soit pour les défendre.

1794. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Caméléons qui prennent toutes les teintes, ayant dans l’esprit ces mouvements charmants du singe que Joubert discerne si bien dans l’esprit de Voltaire, ils sont, en raison de tout cela, de redoutables diplomates, mais, sans caractère comme tous ceux qui font beaucoup de personnages, ils n’ont à eux ni leur élégance, ni leurs mœurs, ni leur littérature, ni leurs vices.

1795. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

« Déjà depuis plus d’un demi-siècle, dit M. de Lorgues, le Portugal cherchait un accroissement par mer et il avait augmenté son domaine de plusieurs îles situées, loin des rivages connus, au sein de l’Océan. » Comme tant d’autres que l’histoire a désignés, mais dont elle a oublié les noms, Colomb aurait eu des velléités, des aperceptions, des pressentiments, des mouvements d’aiguille aimantée au cerveau, des plans même, si l’on veut, mais il n’aurait eu ni le courage, ni la foi, ni l’espérance, ni la patience, ni l’importunité sublime qui firent de sa vie un apostolat.

1796. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Il est sûr qu’il n’est en retard qu’en faveur du Mouvement.

1797. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Venu tard dans le mouvement qu’il suit et qui va s’arrêter, on peut prendre Banville pour le dernier des romantiques contemporains.

1798. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Quelle joliesse d’oiseau et quelle perversité de créature humaine charmante, quelle tournure de colibri et quels mouvements giratoires de couleuvre !

1799. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

J’entends par avance rugir d’indignation les moins subtils de nos esthètes, si quelqu’un affirme naïvement devant eux trouver un plaisir esthétique à contempler une machine en mouvement, découvrir une beauté singulière dans la vie fiévreuse et rythmique des volants, des pistons et des bielles.

1800. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Et pour en commencer l’énumération, Jupiter fut le ciel chez les Chaldéens, en ce sens qu’ils croyaient recevoir de lui la connaissance de l’avenir par l’observation des aspects divers et des mouvements des étoiles, et on nomma astronomie et astrologie la science des lois qu’observent les astres, et celle de leur langage ; la dernière fut prise dans le sens d’astrologie judiciaire, et dans les lois romaines Chaldéen veut dire astrologue. — Chez les Perses, Jupiter fut le ciel, qui faisait connaître aux hommes les choses cachées ; ceux qui possédaient cette science s’appelaient Mages, et tenaient dans leurs rites une verge qui répond au bâton augural des Romains.

1801. (1908) Jean Racine pp. 1-325

La pitié est un mouvement charitable et généreux, une tendresse de cœur dont tout le monde se sait bon gré… Nous nous mettons au-dessus des rois par la pitié que nous avons d’eux… Les beautés tragiques enlèvent l’âme, et se font sentir à tout le monde avec la soudaineté des éclairs. […] Bossuet a tenu à ce que ce détail familier, ce mouvement d’elle à lui, et qui le rapprochait d’elle encore plus, fût rappelé parmi l’austère solennité de l’oraison funèbre ; et il l’a rappelé, en effet, ce geste intime, dans une délicate parenthèse. […] Mais, au reste, tout y est « en action » ; chaque scène nous révèle, chez les personnages, un « état d’âme » qui ne nous avait pas encore été pleinement montré, et les laisse dans une disposition en partie nouvelle ; le mouvement est continu, et l’intérêt est des plus puissants qui soient, puisque ce qu’on nous raconte, c’est l’histoire éternelle de la séparation des cœurs aimants. […] Mais tout de suite, et par le mouvement le plus naturel, la poésie reparaît :                — Ingrat ! […] Il y a dans cette fin de Bérénice comme un grand mouvement ascensionnel, une contagion montante d’héroïsme, qui rappelle, malgré la différence de la matière, le dernier acte de Polyeucte, et qui est d’une suprême beauté, et si triste !

1802. (1924) Critiques et romanciers

L’une est le mouvement, l’autre la résistance. […] Mais on peut diriger en quelque façon le mouvement qu’on n’arrête pas. […] J’ai eu un mouvement pour me sauver… » L’habitude ! […] Mais enfin, l’on a beau faire ; et si délicieusement que l’on varie ses préférences et quelque soin qu’on mette à ne pas les immobiliser, elles ne sont pas toujours en mouvement. […] À propos de Flaubert : « Le roman, pour reproduire la vie, doit posséder le mouvement ; et ce mouvement a pour condition essentielle qu’aucune phrase n’arrête et ne fasse saillie, que les détails se fondent les uns dans les autres et ne soient pas remarqués.

1803. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Autrefois, c’était l’âme qu’on étudiait ; c’étaient ses mouvements et ses affections qu’on soumettait à l’analyse, et qui fournissaient au roman et au théâtre leurs ressorts, leurs péripéties, leur principal intérêt. […] L’initiative individuelle usurpe alors, dans le mouvement général des intelligences, une plus large place. […] Le mouvement religieux imprimé par le Génie du Christianisme se propage avec des chances et sous des formes diverses. […] La jeunesse n’a-t-elle pas besoin de mouvement, de plaisir et de gaité ? […] Mais ce sont là des élans impétueux, des mouvements violents et passagers de l’âme.

1804. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

L’art s’alimente de mouvement. […] Il fut poète, autant qu’on peut l’être, en ce sens que dominé par des mouvements d’âme d’une violence inouïe, il ne sut pas y résister et qu’il les fit passer dans ses vers. […] Et tout de suite après, il s’écrie, porté par un gigantesque mouvement d’ironie : Le caissier, ricanant de Lesurque plaintif, Allumerait son poêle avec ce plumitif. […] Qu’il est naturel, qu’il est humain, ce mouvement d’orgueil du timide, qui se venge de sa nullité mondaine, en exaltant à part lui la supériorité de son esprit ! […] Jules Lemaître les a entendus ; il les a notés avec la curiosité de son esprit pénétrant et juste ; il a suivi le mouvement anarchiste en ses diverses manifestations, pacifiques ou brutales ; il a lu les ouvrages théoriques qui sont les bréviaires du parti.

1805. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

La magnifique unité du mouvement scientifique n’est sensible que depuis hier. […] Mais nous aurons travaillé à avancer la manière d’envisager les choses, nous aurons conduit l’avenir à n’avoir pas besoin de nous lire… Notre immortalité consiste à insérer dans le mouvement de l’esprit un élément qui ne périra pas. […] Ce double mouvement, considéré dans l’histoire, nous apparaît à présent avec la régularité implacable d’une loi. […] À tous les moments de l’évolution d’un genre littéraire, le grand original est celui qui hérite du passé et inaugure l’avenir, celui qui est dans le mouvement, pour le suivre et pour le régler, non pas ceux qui s’efforcent d’en sortir, afin qu’on les remarque. […] Les formes de l’art, les façons d’imaginer, de sentir et d’écrire se renouvellent : tant pis pour les retardataires qui ne sont pas dans le mouvement !

1806. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Essai et ébauche du grand mouvement humaniste de 1550, Marot était comme une première assise sur laquelle, du reste, on n’a rien voulu bâtir d’abord. […] La Marseillaise est donc de Rouget de Lisle, et elle est un chef-d’œuvre, le style en pareille matière n’ayant aucune importance, et la musique d’une part, et dans les paroles le mouvement, étant tout. […] Les hommes sont une fourmilière, et les grands mouvements du monde qui nous entoure sont des éléphants. […] Toute la maison suit le mouvement. […] Il peignait les foules en mouvement d’une manière qui le met au tout premier rang.

1807. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Alexis Piron77 « Vous savez ma façon vive de conter et de broder dans un premier mouvement. […] Duclos dénonçait, vers 1750, un mouvement nouveau dans le siècle, « une certaine fermentation de raison universelle » qui devenait partout sensible, et qui promettait de belles suites si on ne la laissait se dissiper : qui donc avait plus contribué à ce progrès et à ce mouvement que Voltaire ?

1808. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Son séjour à Metz fut marqué, d’ailleurs, par la participation très vive qu’il prit au mouvement des arts. […] Le professeur, qui parle seul et sans discontinuer, est soumis à des conditions particulières et qui ont leurs difficultés propres ; la plus grande est dans la quantité de notions substantielles et saines qu’il est tenu de débiter en y mettant du mouvement, de la vivacité, une demi-action, et sans négliger l’agrément jusque dans le sérieux. […] Les temps commandent aux gens de cœur de demeurer étrangers à la vie publique ; lorsqu’on n’y recueille que des inquiétudes, il faut s’étudier à l’indifférence ; pour moi, j’oublie et j’ignore ; ce n’est pas sans peine, et je fais violence à ma nature qui aspire à tout autre chose que l’apathie et l’inaction ; mais le mouvement du voyage, Homère et les écrits que je me hâte de terminer me sont si à propos venus en aide, que les jours passent sans que j’y songe et sans que je me mêle le moins du monde à toute l’agitation qui m’entoure. » D’autres passages de ses lettres sont encore plus expressifs : un notamment à propos des souvenirs du duc de Reichstadt, retrouvés à Vienne ; il a dû être supprimé à l’impression.

1809. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Tout est premier mouvement en lui : il se laisse aller à l’impression que lui font les sujets qu’il traite. […] C’est un mouvement naturel chez les hommes de se prévaloir de la faiblesse des autres : je ne saurais me servir de cette sorte d’art ; je ne connais que celui de rendre la vie si douce à ce que j’aime, qu’il ne trouve rien de préférable ; je veux le retenir à moi par la seule douceur de vivre avec moi. […] C’est le cœur qui nous conduit : l’instinct d’un cœur droit est mille fois plus sûr que toutes les réflexions d’un bel esprit : c’est du cœur que partent tous les premiers mouvements : c’est au cœur que nous obéissons sans cesse.

1810. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

L’armée alors joua le tout pour le tout, et accomplit son mouvement d’où sortit un homme. […] Cependant, convenons-en, l’usage exclusif et prolongé d’une certaine espèce de poésie n’est pas sans quelque péril pour l’âme ; à force de refoulement intérieur et de nourriture subtile, la blessure à moitié fermée pourrait se rouvrir : il faut par instants à l’homme le mouvement et l’air du dehors ; il lui faut autour de lui des objets où se poser ; et quel convalescent surtout n’a besoin d’un bras d’ami qui le soutienne dans sa promenade et le conduise sur la terrasse au soleil ? […] Par vous, je suis revenu à la vie du dehors, au mouvement de ce monde, et de là, sans secousse, aux vérités les plus sublimes.

1811. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Je me trouvai de la Résistance : j’aurais été tout aussi volontiers du Mouvement, et même plus volontiers. » C’est lui le petit journaliste vivace, le gamin hardi et généreux dont il nous fait le portrait dans son roman de l’Honnête Femme. […] Mais, s’il se jette dans la foi par le même mouvement de recours craintif que les femmes et que les plus simples de ses frères, une fois assuré de ce refuge, il se retrouve homme de pensée. […] Au reste, une souplesse incroyable, une extrême diversité de ton et d’accent  depuis la manière concise, à petites phrases courtes et savoureuses, et depuis la façon liée, serrée, pressante du style démonstratif, jusqu’au style largement périodique de l’éloquence épandue, et jusqu’à la grâce inventée et non analysable de l’expression proprement poétique… Bref, il me semble avoir toute la gamme, et la grâce et la force ensemble, et toujours, toujours le mouvement, et toujours aussi la belle transparence, la clarté lumineuse et sereine.

1812. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Il est de grands esprits, — même très grands, — réfléchis et cultivés, qui ont atteint des développements considérables et une haute stature intellectuelle par la volonté et par le travail ; mais ce ne sont pas des hommes de génie s’ils n’ont pas le jaillissement incoercible, la spontanéité, qui est la chiquenaude de Dieu mettant en mouvement l’univers. […] Seulement il n’avait de ce diable de Voltaire ni le mouvement, ni la souplesse, ni l’abondance, ni la facilité, ni la grâce de singe éparpillant la lumière, ni tout ce flou intellectuel qui distingue Voltaire et que n’eut jamais ce grand sec et pédant de Gœthe. […] Mais pourtant qu’il est loin de Lessing par la plénitude de la tête qui l’a pensé, par le mouvement d’idées, par l’enthousiasme !

1813. (1908) Après le naturalisme

Mais il n’a point participé à la vie totale de l’humanité, comme y entrèrent les grands mouvements d’idées de la Renaissance et de l’Encyclopédisme. […] Ce régime lui interdit toute pénétration du monde autre que sous cette apparence de mouvement. […] Ils sont entraînés par le mouvement d’émancipation qui prend des proportions gigantesques. […] Mais parvenir à l’état de raison omnipotente n’est possible qu’à la suite d’un long labeur sur soi et de l’exercice harmonieux des facultés de l’intelligence selon leur jeu exact — et beaucoup, de leur propre mouvement, n’en sont pas capables.

1814. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

la Poésie est le résultat tout particulier de sensations, d’impressions, de mouvements d’âme, c’est donc du convenu ; est-ce l’élévation des idées qui fait la Poésie ? […] Le temps poétique actuel a senti tout l’artificiel du poème à forme fixe, et de la strophe : avec elles pas de mouvement logique et progressif de l’idée. […] Le mouvement actuel, jusque dans ses pires aberrations et ne nous donnât-il jamais que des œuvres informes ou incomplètes, ne laissera pas d’influer à sa manière, et sérieusement, sur la versification française. […] C’est ainsi que nous arriverons à nous passer de la banalité de la strophe, du « couplet », dont la musique reste identiquement pareille, sinon comme mouvement expressif, du moins comme contexture, alors que l’idée suit son chemin, ce qui, logiquement, appellerait le même développement musical… » La Cavalleria rusticana a produit chez les vrais artistes un effet déplorable ; ce drame bref, ce fait divers à peine dégrossi, qui vous tient haletant, et brusquement se termine, a créé un courant regrettable ; décidément, on fait trop de petites choses.

1815. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

C’est un récit en forme d’aveux, et la confession relate tous les mouvements, toutes les pensées, tous les sourires, toutes les paroles, tous les bruits ; rien n’est omis de ce qui arrive en la vie coutumière d’un jeune homme de moyenne fortune et de bon ton, à Paris, vers 1886 ; la notation du détail descend à une minutie presque maladive. […] Il a le sens inné de l’aristocratisme et ce sens lui a quelquefois servi de critère pour juger tout un mouvement littéraire : « … les dernières recrues du naturalisme, ces plats phraseurs, ces fils grossiers de paysans obtus, cerveaux pétris par des siècles de roture et qui ne savent ni penser ni sourire… » M.  […] Au théâtre, on s’adresse à la fois à un seul et à tous, à un homme et à une foule ; il faut être poète et tribun, artiste et logicien ; mettre en action une idée, mais que l’action se puisse comprendre au vu de son mouvement propre. […] Révérencieux par l’héritage d’un enseignement héroïque, nous voulons que les masques un instant posés sur nos yeux aient abrité, ruches privilégiées, un grand mouvement de pensées, une noble rumeur d’abeilles ; mais nous oublions que ni les idées des hommes, ni leurs actes ne sont écrits dans leur apparence charnelle, et que d’ailleurs, vue et reproduite par un artiste, cette apparence contient désormais le génie de l’artiste et non le génie du personnage. […] Ce fut la première originalité des Goncourt de créer de l’histoire avec les détritus même de l’histoire, tout un mouvement de curiosité date de là ; la publication de l’Histoire de la Société française pendant la Révolution et sous le Directoire ouvrit l’ère du bibelot, ― et que l’on ne voie pas en ce mot une intention déprédatrice ; le bibelot historique jadis s’appela relique : c’est le signe matériel qui témoigne devant le présent de l’existence du passé.

1816. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

. — Il y avait la vieille cour austère, solennelle, dévouée aux vieux usages, à la vie correcte et réglée ; il y avait la jeune cour, folle, amoureuse, prodigue, avide de mouvement et de plaisirs. À la tête de ce mouvement se faisait remarquer le jeune roi qui bâtissait Versailles ; du parti de la résistance était la duchesse de Noailles, vieille et dévote, et bel esprit à la Noailles, d’une grâce exquise et d’une suprême insolence, qui ameutait contre ce beau monde royal, d’où son âge l’exilait, toutes les prévoyances opposées à la jeunesse du roi. […] À chaque pas que fait cet homme, en long ou en large de sa chambre, à chaque grain de sel qu’il met dans son œuf, l’infortuné sent en lui-même quelque chose qui se détraque ; son poumon perd le souffle, et son bras perd le mouvement ; sa jambe refuse de le porter, son cœur se déplace et passe de gauche à droite. […] Il faut dire aussi que dans la maison de Bartholo, malgré tout le grand bruit qui s’y fait, malgré tout le mouvement qu’on s’y donne, rien n’avance. […] Rousseau, tout au rebours ; — il ne rit jamais, — il va droit à son but par la colère, par l’indignation, par le sarcasme, par les mouvements les plus impétueux de l’orateur.

1817. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Quelle a été, dans ce mouvement, la part de l’influence anglaise ? […] À la faveur de cet apaisement il se produit un mouvement curieux, et on dirait qu’avant d’abandonner ses positions démantelées, l’esprit classique se ramasse et se concentre pour livrer un dernier combat. […] Et qu’y a-t-il de plus caractéristique du mouvement dont nous essayons de préciser la nature ? […] Adolphe Jullien, La Musique et les Philosophes au xviiie  siècle, Paris, 1873]. — La Correspondance littéraire [1754-1790] ; — et comment elle est inséparable du mouvement encyclopédique ; — dont elle a pour ainsi dire été, pendant quinze ou vingt ans, — le « Moniteur » secret en Europe. — Tel a été le vrai rôle de Grimm, — et des nombreux collaborateurs qui ont travaillé sous sa direction ; — ils ont traduit pour les souverains allemands qui étaient ses abonnés ; — les idées du « corps des philosophes » ; — en atténuant très habilement ce qu’elles pouvaient avoir de suspect à des yeux de princes ; — et en les leur présentant comme une manière de s’émanciper eux-mêmes ; — des pouvoirs qui les gênaient encore. — Au reste, la Correspondance n’ayant paru publiquement pour la première fois qu’en 1812 ; — ce n’est pas ici le lieu de l’apprécier en elle-même ; — et il suffit d’avoir noté dans quelle mesure elle a contribué à la propagande encyclopédique. […] Lucien Brunet, La Nouvelle Héloïse et Mme d’Houdetot, Paris, 1888]. — L’imitation de Clarisse Harlowe ; — et des romans de Marivaux. — L’intention morale ; — et que, pour en juger équitablement, il ne faut que se reporter aux polissonneries du jeune Crébillon. — La nouveauté du milieu dans la Nouvelle Héloïse ;  : — et que son premier mérite en son temps était de ne pas être un « roman parisien » [Cf. les romans de Crébillon, de Duclos, et de Marivaux]. — Les personnages y sont non seulement bourgeois, mais provinciaux ; — sans que d’ailleurs leurs aventures en soient pour cela moins tragiques. — Les événements y sont intérieurs aux personnages au lieu de leur être extérieurs [Cf. les romans de Prévost et ceux de Le Sage]. — D’un autre côté le roman, considéré jusqu’alors comme un genre inférieur, — y est traité comme aussi capable que la tragédie même de porter la pensée ; — et, à ce propos, de l’abus des digressions dans La Nouvelle Héloïse. — Enfin la nature y tient moins de place que l’homme ; — mais pourtant plus de place qu’elle n’avait accoutumé d’occuper dans l’art ; — et, si la langue n’en est pas absolument nouvelle, elle diffère cependant beaucoup de la langue du temps ; — par la chaleur du mouvement qui l’anime ; — par la manière dont l’écrivain s’y mêle de sa personne ; — et enfin pour son accent, non seulement oratoire ; — mais lyrique. — Opinion mélangée des critiques sur La Nouvelle Héloïse [Cf. 

1818. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Il recevait l’injure sans faire un mouvement ! […] D’une famille qui datait son avènement du leur, devenue souveraine par le même mouvement qui, en 1789, les avait émancipés, dont les parchemins n’étaient que les dictées du code civil et les minutes des décrets d’égalité qui sanctionnaient cette émancipation, il n’appelait, il n’imaginait de progrès, il ne faisait de rêves que pour eux. […] Dans le tableau qu’il nous traçait du mouvement des transactions entre les deux pays, nous avions à la fois une statistique saisissante de leurs besoins économiques et une image de leurs mœurs. […] Je le voyais résistant à un premier mouvement de confiance et résolu à ne pas dire un mot qu’il pût avoir à retirer. […] Les germes, séparés des débris inorganiques, allaient, à l’appel du chimiste, prendre vie et mouvement.

1819. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Aux approches de la Révolution, le mouvement commença de lui venir : elle mettait de l’intérêt aux choses, au triomphe des opinions qui, dans ce premier développement de 87 et de 89, étaient les siennes et celles du monde qui l’entourait. […] Elle avait un goût vif pour la conversation ; elle l’aimait, non pour y briller, mais par mouvement et exercice d’intelligence.

1820. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Le mouvement imprimé à l’esprit européen par Voltaire, J. […] Les princes eux-mêmes, plus entraînés qu’alarmés par ce mouvement vertigineux des esprits en ébullition dans leurs contrées, participaient à ces enivrements de gloire littéraire.

1821. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Mais l’amour et la poésie même, selon Brantôme, étaient impuissants à reproduire à cette période encore croissante de sa vie une beauté qui était dans la forme moins encore que dans le charme ; la jeunesse, le cœur, le génie, la passion qui couvait encore sous la sereine mélancolie des adieux ; la taille élevée et svelte, les mouvements harmonieux de la démarche, le cou arrondi et flexible, l’ovale du visage, le feu du regard, la grâce des lèvres, la blancheur germanique du teint, le blond cendré de la chevelure, la lumière qu’elle répandait partout où elle apparaissait, la nuit, le vide, le désert qu’elle laissait où elle n’était plus, l’attrait semblable au sortilége qui émanait d’elle à son insu et qui créait vers elle comme un courant des yeux, des désirs, des âmes, enfin le timbre de sa voix qui résonnait à jamais dans l’oreille une fois qu’on l’avait entendu, et ce génie naturel d’éloquence douce et de poésie rêveuse qui accomplissait avant le temps cette Cléopâtre de l’Écosse sous les traits épars des portraits que la poésie, la peinture, la sculpture, la prose sévère elle-même nous ont laissés d’elle ; tous ces portraits respirent l’amour autant que l’art ; on sent que le copiste tremble d’émotion, comme Ronsard en peignant ; un des contemporains achève tous ces portraits par un mot naïf qui exprime ce rajeunissement par l’enthousiasme qu’elle produisait sur tous ceux qui la voyaient : « Il n’y avoit point de vieillards devant elle, écrit-il : elle vivifioit jusqu’à la mort. » VI Un cortége de regrets plus que d’honneur la conduisit jusqu’au vaisseau qui allait l’emporter en Écosse. […] C’était un désespéré, de mouvement, d’ambition, d’aventures, un de ces aventuriers plus grands que nature, qui brisent en croissant tout le système social dans lequel ils sont nés pour se faire une place à leur mesure ou pour succomber avec éclat en la cherchant.

1822. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Qui m’aurait dit alors, que quinze ans plus tard, la poésie inonderait l’âme de toute la jeunesse française, qu’une foule de talents d’un ordre divers et nouveau, auraient surgi de cette terre morte et froide ; que la presse multipliée à l’infini ne suffirait pas à répandre les idées ferventes d’une armée de jeunes écrivains ; que les drames se heurteraient à la porte de tous les théâtres ; que l’âme lyrique et religieuse d’une génération de bardes chrétiens inventerait une nouvelle langue pour révéler des enthousiasmes inconnus ; que la liberté, la foi, la philosophie, la politique, les doctrines les plus antiques comme les plus neuves, lutteraient, à la face du soleil, de génie, de gloire, de talents et d’ardeur, et qu’une vaste et sublime mêlée des intelligences, couvrirait la France et le monde du plus beau comme du plus hardi mouvement intellectuel qu’aucun de nos siècles eût encore vu ? […] Chaque pierre semblait avoir enfanté sa cellule, chaque grotte son ermite ; chaque source avait son mouvement et sa vie, chaque arbre son solitaire sous son ombre.

1823. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Qu’est-ce qu’on entend par une personne naturelle, sinon une personne dont tous les mouvements sont réglés, qui est vraie et judicieuse, qui parle et agit selon la vérité et la raison ? […] Vivre conformément à la nature, ce n’est pas s’abandonner à tous ses mouvements, à tous ses instincts ; c’est suivre la raison.

1824. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Dans le grand mouvement de réforme ecclésiastique qui marqua en France la première moitié du xviie  siècle et auquel se rattachent les noms de Vincent de Paul, d’Olier, de Bérulle, du père Eudes, l’église Saint-Nicolas du Chardonnet joua un rôle analogue à celui de Saint-Sulpice, quoique moins considérable. […] Je me rappelle sa beauté (une beauté de femme), sa taille élégante, la ravissante grâce de ses mouvements.

1825. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Pasdeloup continue ainsi : « Je crois que la France ne doit pas rester en dehors du mouvement musical qui peut se produire au-delà des frontières ; le devoir des Concerts populaires, qui ont toujours marché en avant, est de faire connaître à Paris des œuvres qu’on peut ne pas admirer, mais qu’il n’est pas permis d’ignorer et qu’une très grande partie de mon public est curieux d’entendre. » Quand les résultats de la lutte soutenue par M.  […] Analyse du mouvement artistique actuel, littéraire et pictural ; place de Wagner.

1826. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Ses calculs sont faits ; il va acheter des terres ; dans un an, il sera député, et pair de France l’année suivante… en février ou en mars 1848, au plus tard… Ainsi finit, par un excellent trait, cette ingénieuse et piquante comédie, à laquelle je ne saurais reprocher qu’une impartialité si régulière et si symétrique que son mouvement de scène ressemble parfois à un jeu de bascule comique et morale. […] Ce n’est pas qu’il ne soit vrai, en lui-même, ce premier mouvement de la fille étendant la main pour prendre et se vendre.

1827. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Il sépare les gens de bien ; il fait que les uns se mettent avec choix au parti qu’ils estiment le plus juste, et que les autres se trouvent comme ravis et emportés par certains respects et mouvements secrets, qui sont au-dessus d’eux, dans le parti qu’ils approuvent quelquefois le moins.

1828. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Il est juste aussi de remarquer que, peu intelligent de l’histoire et « dépourvu de tout sens politique proprement dit, Lamennais a une certaine intuition des grands mouvements de l’humanité », un pressentiment que bien des politiques réputés habiles et qui de près le méprisaient comme visionnaire n’avaient pas.

1829. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Il ne se sentait aucune irritation contre ce qu’il venait de quitter ; à peine un léger mouvement de réaction, bientôt apaisé, marque-t-il ses premiers écrits.

1830. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

N’est-ce pas là le mouvement de l’âme recueillie et pénitente ?

1831. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Le Play a raconté le fait dans la première monographie de son livre (page 57), mais il s’est borné à le constater en peu de mots et avec sa précision ordinaire, en ne cherchant à rendre ni le mouvement ni le jeu de scène.

1832. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Sully Prudhomme soient fiers de lui, et que l’un d’eux nous écrive à son sujet : « Ou je me trompe fort et l’amitié m’égare, ou vous serez frappé de ce volume ; il révèle, si je ne m’abuse, un nouveau mouvement dans la poésie et comme le frémissement d’une aurore encore incertaine. » Je m’explique aussi que l’auteur, à la fin comme au début de son recueil, s’excuse de n’avoir su tout exprimer et tout rendre de ce qu’il voulait étreindre et de ce qu’il sentait : Je me croyais poëte, et j’ai pu me méprendre ; D’autres ont fait la lyre et je subis leur loi ; Mais si mon âme est juste, impétueuse et tendre,     Qui le sait mieux que moi ?

1833. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

De retour à Paris avec son père, plus de jeux, un redoublement de lecture, ou, par intervalles, une sorte de rêverie nonchalante qui faisait demeurer l’enfant assise ; les bras croisés, avec ce grand œil fixe (de Minerve), sans presque aucun mouvement de paupière.

1834. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Mais, à force de méditer sur les prérogatives de la poésie, Le Brun en était venu à envisager les hardiesses comme une qualité à part, indépendante du mouvement des idées et de la marche du style, une sorte de beauté mystique touchant à l’essence même de l’ode ; de là, chez lui, un souci perpétuel des hardiesses, un accouplement forcé des termes les plus disparates, un placage extérieur de métaphores ; de là, surtout vers la fin, un abus intolérable de la Majuscule, une minutieuse personnification de tous les substantifs, qui reporte involontairement le lecteur au culte de la déesse Raison et à ces temps d’apothéose pour toutes les vertus et pour tous les vices.

1835. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Aux époques où l’humanité brise les liens qui l’unissaient sympathiquement à ce qui l’entoure, et où ses propres parties éparses luttent et se dévorent entre elles, quand la plus grande ardeur de destruction est calmée, une anxiété profonde succède ; le malaise moral et la misère matérielle rongent le corps social par sa double extrémité ; un vague et confus besoin d’association se fait sentir et s’exhale en gémissements mal définis, en mouvements désordonnés ; les uns ont faim de pain, les autres ont soif de parole ; tous sont malades et aspirent à la vie.

1836. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Que ne prend-il généreusement la tête du mouvement ?

1837. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

. — Quel que soit le raisonnement que nous fassions sur des nombres et des grandeurs, il consiste toujours à aller d’un équivalent jusqu’à un autre équivalent par une série d’équivalents intermédiaires, à remplacer des grandeurs par les nombres qui les expriment, une forme par l’équation qui lui correspond, une quantité faite par une quantité en voie de formation dont celle-là est la limite, un mouvement et une force par une ligne qui les représente.

1838. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Outre qu’on a le plaisir, çà et là, de faire d’agréables découvertes et qui reposent, on voit se dégager peu à peu la physionomie d’un poète intéressant qui n’est pas du tout de Paris et qui n’est presque pas d’aujourd’hui, mais qui semble être venu d’Italie et dater de la Renaissance ; qui n’a subi que très peu l’influence des poètes contemporains et qui, par bien des points et par ses qualités aussi bien que par ses défauts, est comme en dehors et à part du mouvement poétique de notre temps.

1839. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Jacquinet répond à la première de ces questions dans sa substantielle préface : Peut-être peut-on se demander si la beauté solide et constante de langage des vers, par tout ce qu’il faut au poète, dans l’espace étroit qui l’enserre, de feu, d’imagination, d’énergie de pensée et de vertu d’expression pour y atteindre, ne dépasse pas la mesure des puissances du génie féminin, et si véritablement la prose, par sa liberté d’expression et ses complaisances d’allure, n’est pas l’instrument le plus approprié, le mieux assorti à la trempe des organes intellectuels et au naturel mouvement de l’esprit chez la femme, qui pourtant, si l’on songe à tout ce qu’elle sent et à tout ce qu’elle inspire, est l’être poétique par excellence et la poésie même.

1840. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Il écrit couramment (et je ne sais si vous sentez comme moi ce qu’il y a d’impayable dans l’intonation à la fois hautaine et familière et, pour ainsi dire, dans le « geste » de ces phrases) : « Spirituelles, nobles, du ton le plus faubourg Saint-Germain, mais ce soir-là hardies comme des pages de la maison du roi, quand il y avait une maison du roi et des pages, elles furent d’un étincellement d’esprit, d’un mouvement, d’une verve et d’un brio incomparables. » — « Il fallait qu’il fût trouvé de très bonne compagnie pour ne pas être souvent trouvé de la mauvaise.

1841. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Il y a du mouvement, de la variété, des coups de théâtre qui, pour être facilement prévus, n’en font pas moins de plaisir, des fins d’actes qui sont toutes « à effet », des scènes tumultueuses à personnages nombreux et qui sont très bien réglées.

1842. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Il ne lui manque que la puissance ; il a le droit d’aimer, de hair ; il a vû tout ce qui blessoit cet ordre, la maladie des Empires, la contradiction des Loix, la Force égorgeant l’Equité ; il a frémi à la fois d’un mouvement de tendresse & d’indignation ; il a voulu terminer les débats antiques de l’horrible oppresseur, & du foible opprimé ; & si dans l’excès de son zèle, il s’est égaré dans ses vûes sublimes, du moins les succès du crime ne lui en ont point imposé, & n’ont point fatigué sa constante vertu.

1843. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Ajoutons ce qui est plus important à constater pour les rapprochements que nous aurons à faire, c’est que, dans de telles pièces, l’action est presque tout ; on compte peu sur les discours pour dessiner les caractères, pour traduire les mouvements de l’âme.

1844. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Chez le sauvage même le moins individué, les mouvements de la peur, de la colère, de l’instinct sexuel, de la jalousie, procédaient bien sans doute d’un désir égoïste, si peu conscient de lui-même qu’ait été cet égoïsme.

1845. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

» Par une illusion commune à tous les grands réformateurs, Jésus se figurait le but beaucoup plus proche qu’il n’était ; il ne tenait pas compte de la lenteur des mouvements de l’humanité ; il s’imaginait réaliser en un jour ce qui, dix-huit cents ans plus tard, ne devait pas encore être achevé.

1846. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Le sacerdoce officiel, les yeux tournés vers le pouvoir politique et intimement lié avec lui, ne comprenait rien à ces mouvements enthousiastes.

1847. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Un petit événement, comme l’entrée d’un étranger quelque peu célèbre, ou l’arrivée d’une bande de provinciaux, ou un mouvement du peuple aux avenues de la ville, ne pouvait manquer, dans les circonstances ordinaires, d’être vite ébruité.

1848. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Aux supplications de sa mère il jette d’inexorables répliques ; chaque mouvement qu’elle fait pour le fléchir est repoussé par un mot mortel.

1849. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Mais je crois que c’est un défaut qu’on m’impute, pour ne m’en avoir pu trouver d’autres, et que je dois pardonner à ceux qui disent que je n’ai point la bouche tout à fait régulière, quand ils conviennent en même temps que ce défaut est d’un agrément infini et me donne un air très spirituel dans le rire et dans tous les mouvements de mon visage.

1850. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Dire avec Kant qu’on peut se représenter une succession de substances se transmettant l’une à l’autre une même conscience comme une succession de billes se transmettent un même mouvement, c’est méconnaître la vraie idée de la conscience, c’est confondre encore le point de vue intérieur avec le point de vue extérieur ; la transmission d’une conscience implique contradiction.

1851. (1761) Apologie de l’étude

Mais, pour suivre la comparaison, ce même pendule, une fois éloigné de sa situation naturelle, y retombe mille fois sans s’y arrêter, jusqu’à ce que son mouvement, ralenti peu à peu par le frottement et par la résistance, soit enfin totalement détruit.

1852. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Le sens moral, on le retrouve jusque dans cette indulgence, ou cette pitié, qu’il sangle si bien au visage des gens, avec un mouvement très retenu et très doux.

1853. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Le voyageur est ordinairement une créature plus ou moins ardente, plus ou moins haletante, plus ou moins inquiète, qui aime le mouvement et qui le recherche ; tandis que lui, Fromentin, a l’amour, assez rare maintenant, et qui deviendra d’ici quelque temps une originalité profonde, de l’immobilité dans la vie, et il n’a pas honte de l’avouer.

1854. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

C’est du moins le commencement ; le premier mouvement est la révolte.

1855. (1915) La philosophie française « I »

., comme aux encyclopédistes en général (d’Alembert 13, Diderot 14, La Mettrie 15, Helvetius 16, d’Holbach 17) le mouvement qui aboutit à, « rationaliser » l’humanité et à la tourner aussi du côté des arts mécaniques.

1856. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Les Orientaux se firent une divination moins grossière ; ils observèrent le mouvement des planètes, les divers aspects des astres, et leur premier sage fut Zoroastre (selon Bochart, le contemplateur des astres .) — Ce système ruine nécessairement celui des étymologistes qui cherchent dans l’Orient l’origine de toutes les langues.

1857. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Ce qu’il imita le moins sans doute, et ce qui semble avoir été un des caractères originaux d’Alcée, c’était une hardiesse non plus de mouvement et d’images, mais d’invention dans les hymnes religieux.

1858. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

tu trouves que c’est être trop heureux que de vivre comme tu vis, comme nous vivons tous ; être libre, indépendant, joyeux ; faire toutes ses malices sans être méchant, s’abandonner à l’heure présente, à la joie présente, à la tristesse présente ; obéir à tous les mouvements de son cœur, à toutes les passions de son cœur ; être vrai, être redouté, être aimé à outrance, bien plus, être détesté à outrance ; avoir sous sa main son journal qui vous prend votre pensée toute chaude, votre gaieté toute vierge et votre douleur humide encore. […] Autant que Racine, il est peut-être un grand artiste dans l’art de donner à la prose française la vie et le mouvement des saines paroles ; autant que lui peut-être, il réalise cet idéal du poète historien à qui la poésie elle-même a donné plus qu’au reste des humains, tous les droits du monde à notre sympathie, à nos respects. […] Villemain l’a bien compris), toute plainte est inutile, toute parole est importune, l’éloquence est odieuse, le moindre bruit vous gêne ; c’est tout au plus si l’histoire a le droit de rapporter quelque honnête mouvement dans cette foule hébétée à force de bruit, de tumulte et de changements. […] Il était né d’abord poète ; mais, à l’instant même où cette jeune imagination allait s’ouvrir à toutes les influences poétiques, à cette heure solennelle de la langue française, où la langue, fouillée et travaillée dans tous les sens par Voltaire, par Diderot, par Montesquieu et par eux tous, promettait aux écrivains à venir des destinées encore nouvelles, il arriva tout à coup que, dans cette société de France, le mouvement marcha si vite, que ce mouvement devint tout simplement une révolution. […] Il n’avait vu que le roi de France dans cette réunion politique autant que guerrière de l’Europe chrétienne ; et, quand le roi de France fut mort, non pas seulement comme un saint, mais encore comme un héros, le sire de Joinville avait abandonné à lui-même ce grand mouvement historique dont il ne pouvait prévoir ni la durée ni les conséquences.

1859. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Mais c’est un homme de premier mouvement, en qui toutes les impressions, même les plus fortes, sont fugitives. […] En elle est le mouvement ; en elle la stabilité. […] Il était indulgent à l’endroit des instincts et des mouvements obscurs de l’âme et du corps, et il y avait parmi nous des brutes à qui il passait à peu près tout. […] Gaston Boissier a été amené naturellement à considérer le mouvement des esprits dans la période agitée qui va de Constantin à la chute de l’empire. […] Théologien profond et moraliste austère, il agit d’après les suggestions de sa conscience et les mouvements d’une foi exaltée par le jeûne et l’insomnie.

1860. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

La force musculaire des Anglais, leur vigoureux profil, l’éclat de leur teint, le calme impénétrable de leurs regards, la gaucherie de leurs mouvements, ne reportent pas l’esprit vers les temps écoulés et ne racontent aucune histoire : la société n’a pas laissé son empreinte sur ces visages. […] Ces forces, dont nous avons constaté l’action, c’est cette âme universelle qui les crée en partie et qui, si elle ne les crée pas, les met au moins en mouvement. […] Bien plus, c’est cet homme universel qui met ces forces en activité ; mais, comme le premier mouvement de l’homme moral coïncide forcément avec le premier mouvement de l’homme de chair et de sang, on les distingue difficilement l’un de l’autre, et cependant l’un est la cause, et l’autre n’est que l’effet. […] Il aime à menacer, à maudire, et rien n’apaise son âme lorsqu’une fois elle est mise en mouvement, si ce n’est l’épuisement de sa propre colère. […] Un jour, l’enfant, jouant près d’un moulin, tomba dans le canal au moment même où la roue était en mouvement, laquelle roue, au lieu de l’écraser ou de l’envoyer faire une promenade dans les airs, se contenta de le pousser affectueusement par-dessus l’écluse.

1861. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Et le mouvement continue, tant qu’il reste quelque chose à inventer. […] Ajoutez un degré à votre imagination et à votre enthousiasme, vous direz que cet esprit, situé hors du temps et de l’espace, se manifeste par le temps et par l’espace, qu’il subsiste en toute chose, qu’il anime toute chose, que nous avons en lui le mouvement, l’être et la vie. […] Puisqu’il est le ressort de tout mouvement, c’est par lui que l’on comprendra tout mouvement.

1862. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

. — Il était plein de verve, de mouvement et d’abandon : on n’est pas un plus fieffé fripon dans les Frontin, un riboteur plus goguenard dans les Larissolle ; et comme il savait l’art de se travestir ! […] Ces frêles machines, d’où sortent incessamment la comédie et le roman, le vaudeville et l’histoire, le drame et le journal, un rien les détraque… un rien les remet dans leur voie ; il leur rendait un mouvement régulier quand elles avaient bien battu la campagne ! […] — la vie et le mouvement à toute cette comédie. […] Autant le succès était facile en ces petits théâtres de la Melpomène en jupon court, quand on n’avait qu’à se montrer pour être trouvée belle, et pour être applaudie de ce facile public qui se contente de rien : un mot, un signe, un regard, un bon mouvement, un geste, il est content ! […] Son valet Pasquin qui est là présent, et qui n’a pas d’autre fortune que la fortune de son maître, ne fait pas un seul mouvement pour l’avertir qu’il ait à se tenir sur ses gardes.

1863. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Lorsque vous regardez une cathédrale du temps, vous sentez en vous-même un mouvement de crainte. […] Pour la première fois, chez Chaucer, comme chez Van Eyck, le personnage prend un relief, ses membres se tiennent, il n’est plus un fantôme sans substance, on devine son passé, on voit venir son action ; ses dehors manifestent les particularités personnelles et incommunicables de sa nature intime et la complexité infinie de son économie et de son mouvement ; encore aujourd’hui, après quatre siècles, il est un individu et un type ; il reste debout dans la mémoire humaine comme les créatures de Shakspeare et de Rubens. […] Sous un tel régime, l’imbécillité apparaît vite : saint Thomas lui-même examine « si le corps du Christ ressuscité avait des cicatrices, si ce corps se meut au mouvement de l’hostie et du calice pendant la consécration, si au premier instant de sa conception le Christ a eu l’usage du libre arbitre, si le Christ a été tué par lui-même, ou par un autre. » Vous vous croyez au bout de la sottise humaine ?

1864. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Sa main était très belle ; ses dix doigts, réunis et collés ensemble, s’étendaient avec un mouvement régulier et calme vers son interlocuteur, comme dans la démonstration la plus pacifique : ce geste de vieillard portait la conviction, jamais la colère, dans l’âme de ceux qui l’écoutaient ; c’était le geste de la conviction. […] XI Éloa, dans le mystère de M. de Vigny, est née d’une larme de Jésus-Christ qu’il pleura du premier mouvement sur Lazare en apprenant sa mort et en venant le ressusciter pour ses sœurs. […] On avait remarqué notre mouvement, et la garde catalane fut doublée autour de l’échafaud.

1865. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ils sont uniquement pour la volupté, qu’ils ne croient pas qu’on trouve dans le grand mouvement, et dans les entreprises douteuses et pénibles. […] Massoum, vicaire du grand pontife, des sages avis duquel le soleil apprend à régler son mouvement, a fait faire par Aga Mourad9, l’un de ses substituts, ce portail, dont la hauteur et l’excellence surpassent le trône céleste. […] Il passa par les dehors, les astrologues ayant trouvé dans le mouvement des étoiles qu’il ne fallait pas passer dans la ville ; les Arméniens l’attendirent en corps sur le chemin, leur chef en tête, pour lui souhaiter un bon voyage ; et parce qu’il ne se faut jamais présenter devant le roi les mains vides, ils lui firent un présent de quatre cent cinquante pistoles.

1866. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Les pinces, les couteaux enfiévrés descendent le long de ce corps desséché, qui sonne le cartonnage, dénudent cette poitrine et ce ventre aplatis, déformés, insexuels, sillonnés dans leur noirceur de taches rouges d’un sang cuit ; ils dépouillent ses bras collés au corps, ses mains, qu’un mouvement ankylosé de pudeur, le mouvement même de la Vénus de Médicis, abaisse sur le pubis avec ses doigts aux ongles dorés. […] On le voit, dans le premier moment, ignorant de sa blessure, se tâter de ses bras étendus, d’abord les jambes, tout doucement remonter, se tâter les cuisses, puis le ventre, l’estomac, la poitrine, puis arrivé là, s’arrêter un moment, avoir un mouvement d’épaules qui fit peur, porter enfin les mains à sa tête, à la place de sa figure, au bandage qui la recouvrait et l’arracher… On le fit vivre cinq jours.

1867. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Année 1895 Mercredi 2 janvier Ce soir, une femme agitant un éventail en plumes blanches, que je lui ai donné, me disait cette phrase gentille, et comme seules les femmes savent en trouver : « Pour moi, les choses que vous me donnez, et que je pose sur une commode, ou que j’accroche au mur, ne me sont de rien, je n’aime que les choses qui me suivent, que je porte avec moi, que mes doigts peuvent toucher, comme cet éventail. » Dimanche 6 janvier Carrière, qui était à la parade de la dégradation militaire de Dreyfus, perdu dans la foule, parlant de La Patrie en danger, me disait que moi, qui avais si bien rendu le mouvement fiévreux de la rue, pendant la Révolution, il aurait voulu que je fusse là, et que bien certainement, j’aurais tiré quelque chose du frisson de cette populace. […] Et sur la passion de la peinture de Bracquemond fils, d’après des vitraux, il me confesse avoir ce goût, et avoir travaillé à Chartres, à Reims, et à Notre-Dame, à Notre-Dame, qu’il a habitée la matinée, presque deux années, visitant tous les coins et les recoins des tours, au milieu de ces anges suspendus dans le ciel, ayant comme des mouvements de corps, pour se retenir et ne pas tomber en bas. […] Et à ce sujet, il m’apprend qu’il est un élève de Lecoq de Boisbaudran, un original bonhomme, qui avait prêché le dessin de mémoire, disant que dans le dessin d’après nature, il y avait le danger d’être empoigné par le détail, et que l’on faisait moins synthétique, et allant jusqu’à soutenir, que lorsqu’on travaillait d’après l’être vivant, on faisait moins nature que de mémoire — bien entendu pour une mémoire exercée à ce genre de travail, — par la fatigue du modèle, produisant chez lui une espèce d’ankylose du mouvement.

1868. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Une queue bien développée s’étant formée d’abord chez un animal aquatique, elle peut avoir été utilisée et modifiée ultérieurement pour différents desseins, comme chasse-mouches, comme organe de préhension ou comme un gouvernail chez le Chien, bien qu’en ce dernier cas elle n’aide que fort peu aux mouvements de l’animal, car le Lièvre qui n’a qu’une queue très courte peut doubler tout aussi vite. […] Et l’on conçoit que l’exercice des organes, l’habitude, l’influence d’un milieu ambiant aérien, si différent d’un milieu aquatique, tout cela aidé des lois de corrélation, d’économie et de balancement de croissance, durent concourir à modifier plus ou moins vite leur organe respiratoire, leur appareil de circulation et de nutrition, de même que leurs organes de mouvement. […] De sorte qu’on ne saurait s’attendre à rencontrer de pareils êtres autre part que dans des dépôts formés au fond de vastes mers ; et comme ils ont dû n’avoir qu’un poids spécifique assez faible pour leur permettre de se soutenir aisément dans l’air ou sur l’eau avec des organes de vol ou de natation très imparfaits, leurs cadavres flottants ont dû nécessairement être rapidement dévorés ou décomposés et dispersés par suite du seul mouvement des vagues.

1869. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Sans doute, pour être juste, il faut reconnaître qu’il se manifeste, de temps à autre, dans d’honorables conditions, des réminiscences de l’école haute, dite classique, qui sont accueillies avec estime, mais sans enthousiasme, comme appartenant à un genre démodé, fini en conséquence, incapable de conduire le mouvement littéraire actuel. […] Ces consciences impeccables eurent, un instant, l’intention de faire interdire le volume dans un mouvement de vertueuse indignation. […] Nous avons tous une grande part de libre arbitre sachant avant d’accomplir un acte, quelle est sa valeur morale et les conséquences qui devront en découler, nous nous décidons toujours à bon escient, à moins qu’il ne soit déterminé spontanément par un mouvement de violente colère.

1870. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Cet extérieur était un des plus séduisants qu’on pût rencontrer dans les salons de l’Europe : une taille svelte, le buste en avant, comme le cœur, attribut des races militaires, un mouvement d’encolure de cheval arabe dans le port de la tête, des cheveux blonds à belles volutes de soie sur les tempes, des yeux grands, bleus et clairs, qui n’auraient pas pu cacher une mauvaise pensée, l’ovale et le teint d’une éternelle jeunesse, un sourire où le cœur nageait sur les lèvres, un geste accueillant, une parole franche, l’âme à fleur de peau ; seulement une certaine légèreté de physionomie, une certaine distraction d’attitude et de discours interrompus qui n’indiquaient pas une profondeur et une puissance de réflexion égale à la grâce de l’homme. […] On peut juger du charme d’une telle société ; madame Récamier n’y cherchait que le mouvement doux de sa vie, elle y trouva bientôt l’importance de situation et la célébrité littéraire qu’elle n’y cherchait pas.

1871. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

La culture la plus intelligente ne saurait jamais remplacer ce mouvement naturel et spontané d’une société qui tend à faire de l’art la principale affaire de tout un peuple et la suprême expression de sa vie nationale. […] Mais quel horizon Platon devait avoir de là sous les yeux, quand Athènes, vivante et vêtue de ses mille temples inférieurs, bruissait à ses pieds comme une ruche trop pleine ; quand la grande muraille du Pirée traçait jusqu’à la mer une avenue de pierre et de marbre pleine de mouvement, et où la population d’Athènes passait et repassait sans cesse comme des flots ; quand le Pirée lui-même et le port de Phalère, et la mer d’Athènes, et le golfe de Corinthe, étaient couverts de forêts de mâts ou de voiles étincelantes ; quand les flancs de toutes les montagnes, depuis les montagnes qui cachent Marathon jusqu’à l’Acropolis de Corinthe, amphithéâtre de quarante lieues de demi-cercle, étaient découpés de forêts, de pâturages, d’oliviers et de vignes, et que les villages et les villes décoraient de toutes parts cette splendide ceinture de montagnes !

1872. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

III Montesquieu avait vendu sa charge de président à mortier au parlement de Bordeaux pour être plus libre de ses mouvements et pour se livrer aux grandes pensées qui emplissaient son cerveau et demandaient à se formuler. […] Dans les pays du Nord, une machine saine et bien constituée, mais lourde, trouve ses plaisirs dans tout ce qui peut remettre les esprits en mouvement, la chasse, les voyages, la guerre, le vin.

1873. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Le prédicateur a le geste rare, un mouvement de bras égal et monotone, la voix mélodieuse et uniforme, sans autre nuance qu’un peu plus de lenteur ou de rapidité dans le débit : les yeux sont clos ; la mémoire travaille pour représenter la suite du discours appris par cœur ; et parfois l’orateur reprend quelques mots pour ressaisir le fil qui lui échappe. […] Cet ancien professeur de rhétorique avait une vraie foi, une émotion sincère, et de là une forte éloquence qui éclatait parfois : mais à l’ordinaire il ne pouvait se tenir d’amplifier sa matière, avec force hyperboles et grands mouvements.

1874. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Ils ont assorti les sonorités aux sens, leurs successions et leurs rapports aux mouvements et aux phases de la pensée : ils ont senti et révélé la valeur sentimentale des syllabes graves ou aiguës, lourdes ou légères, traînantes ou rapides. […] Je ne vois pas ces Alpes757, neigeuses ou fleuries ; dans l’ample écoulement de la poésie, mon impression reste indécise, et si j’essaie de fixer en visions ces formes, ces teintes, cette lumière, ces mouvements, ces bruits, je ne sens qu’une confusion fatigante ; les objets me fuient.

1875. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Pour nous rendre cette première vue saisissante, mais sommaire, ce premier éblouissement d’un tableau réel, ils commencent donc, instinctivement, par en abstraire les teintes, les lignes, les mouvements ; et comme ils veulent leur donner dans la phrase la place d’honneur et les faire saillir uniquement, ils ne les expriment point par des adjectifs, qui seraient toujours subordonnés à un nom, mais par des substantifs nécessairement abstraits. Et ayant ainsi traduit l’impression générale, qui correspond au premier moment de la vision, ils la précisent par les mots qui viennent ensuite et qui marquent ce qu’on distingue au second coup d’oeil  Si donc Mme Gervaisais entre dans une église de Rome, MM. de Goncourt ne diront pas : « Elle se mit à regarder… des femmes agenouillées…, des paysans vautrés… » Non, car ce qu’elle a vu d’abord, ce sont des lignes et des mouvements, c’est quelque chose d’agenouillé et de vautré ; après quoi, elle a remarqué que c’étaient des femmes et des paysans.

1876. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

L’usage, qui doit être une sorte d’habitude, où l’on incline insensiblement, et un peu plus chaque jour, était devenu le caprice, qui est un mouvement brusque et irréfléchi de l’esprit. […] L’esprit de piété et beaucoup d’honneur en tempérèrent les mouvements, et il n’en parut aucun excès dans ses écrits.

1877. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Stendhal admire le mélange de passion et de réalisme des anciennes chroniques italiennes, la douce volupté de la musique de Cimarosa ; il n’aime point le style oratoire des romantiques qu’il défend cependant pour la sincérité de leur lyrisme ; Mérimée dénigre Victor Hugo, admire Stendhal et parfois Byron ; Musset ne cachait pas sa préférence pour Byron ; Lamartine aimait Ossian ; Théophile Gautier et les parnassiens admirent Victor Hugo, dans lequel cependant ils préfèrent le versificateur et le styliste au penseur ; Baudelaire affectionne Poe, Gautier et Delacroix ; Flaubert admire à la fois Balzac, Hugo et certains livres de science, certaines cadences de phrase ; les Goncourt vont à Balzac, à Heine, aux peintres du joli et du mouvement, les Japonais et ceux du XVIIIe siècle ; M.  […] Par ces deux méthodes, en étudiant, d’abord en leurs initiateurs, puis en leurs adhérents, les grands mouvements intellectuels, politiques, guerriers, l’histoire tout entière doit être écrite.

1878. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Souffre donc que cet enfant, dont à ta vue le petit cœur palpite d’un mouvement involontaire, t’embrasse, te touche de ses douces lèvres ; car il n’est pas dans la nature de sensation plus délicieuse que le toucher d’un enfant. […] (Il imprime au char un mouvement rapide.)

1879. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

« Nous touchons », dit-il à son compagnon, « à cette sphère étincelante de clarté qui, dans ses révolutions rapides, entraîne les astres innombrables et les flots sacrés du Gange, à cette sphère à jamais sanctifiée par l’empreinte divine des pas de Wichnou… J’en juge par la seule impression du mouvement de ce char, par cette légère rosée que font jaillir au loin les roues humides, par ces coursiers à la crinière rebroussée et toute brillante de la lueur des éclairs qu’ils traversent, par ces aigles qui abandonnent de tous côtés leurs nids placés dans les fentes des rochers, et qui volent effarés tout autour de nous. » Puis, abaissant ses regards sur la terre : « Quel spectacle admirable et varié me présente, d’instant en instant, grâce à la descente précipitée du char, le séjour habité par l’homme ! […] Sita et Rama s’extasient ensemble sur les scènes reproduites par le pinceau : « Jours heureux pour moi », s’écrie Rama à l’aspect de ces peintures, « quand un père vénéré vivait encore, quand la tendresse d’une mère veillait attentivement sur mon existence, quand tout était plaisir pour mon jeune âge… Voyez… Voilà que ma jeune épouse, la belle Sita, attire l’admiration de ma mère… Le sourire est sur ses lèvres, sa bouche entrouverte laisse éclater des dents aussi blanches que les calices allongés du jasmin ; de longues nattes de cheveux souples, et doux au toucher comme la soie, répandent un crépuscule sur ses joues ; tous ses membres, élégants de formes, gracieux de mouvements, ont la blancheur et la flexibilité des rayons de la lune glissant dans le vague des airs !

1880. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Et quant au caractère même de l’homme, du guerrier si noblement historien, je dirai pour conclure : Villehardouin, tel qu’il apparaît et se dessine dans son Histoire, est bien un homme de son temps, non pas supérieur à son époque, mais y embrassant tous les horizons ; preux, loyal, croyant, crédule même, mais sans petitesse ; des plus capables d’ailleurs de s’entremettre aux grandes affaires ; homme de conciliation, de prudence, et même d’expédients ; visant avec suite à son but ; éloquent à bonne fin ; non pas de ceux qui mènent, mais de première qualité dans le second rang, et sachant au besoin faire tête dans les intervalles ; attaché féalement, avec reconnaissance, mais sans partialité, à ses princes et seigneurs, et gardant sous son armure de fer et du haut de ses châteaux de Macédoine ou de Thrace des mouvements de cœur et des attaches pour son pays de Champagne.

1881. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Il pria le président Jeannin, comme sien ami et comme agréé de plus par le roi, de l’accompagner dans le voyage qu’il avait à faire à Paris où l’appelaient tous les siens : « Il s’y achemina dès lors, raconte le président, avec environ deux cents chevaux et mille ou douze cents hommes de pied, toujours en intention de se mettre en sûreté et à couvert par un traité ; mais ses troupes, qui étaient petites d’entrée, grossirent par les chemins. » Il apprenait en même temps que de tous côtés dans le royaume, au bruit de l’attentat de Blois, des levées et des mouvements se faisaient en sa faveur ; la pensée de soumission s’affaiblit alors et fit place, dès qu’il y eut jour, au désir naturel de la vengeance.

1882. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Profitez, s’il y a lieu, de la critique sans y répondre, et sans vous en offenser ; car sa blessure en elle-même est légère, elle ne s’aigrit que par le mouvement.

1883. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

On a là toute une matière de drame, la suite et le mouvement des scènes ; les principaux caractères même sont assez bien esquissés, et il y a un personnage d’Othilie qui a de la grâce et de l’idéal.

1884. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Il avait eu de tout temps le premier mouvement terrible, il érigea en système cette terreur : Ce n’est pas comme aux guerres étrangères, remarque-t-il, où on combat comme pour l’amour et l’honneur : mais aux civiles, il faut être ou maître ou valet, vu qu’on demeure sous même toit ; et ainsi il faut venir à la rigueur et à la cruauté : autrement la friandise du gain est telle, qu’on désire plutôt la continuation de la guerre que la fin.

1885. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Je fis un mouvement pour m’éloigner.

1886. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Je me trouvai de la Résistance ; j’aurais été tout aussi volontiers du Mouvement, et même plus volontiers. » Il méprisait en effet la bourgeoisie, tout en défendant l’ordre public ; il avait en pitié le pays légal tout en le servant.

1887. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Les hommes publics s’y montrent en pied, et, grâce à leurs mouvements, on en a vite fait le tour.

1888. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Dans la version que j’adopte, on sent mieux le mouvement, les tours et le laisser-aller de la conversation.

1889. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

» — Pour le bien expliquer, il faut, dit le père, reprendre les choses dès l’origine. » Et ici commence tout un récit fort admiré des Anciens, proposé comme un modèle de narration aux orateurs eux-mêmes par Cicéron, qui y fait remarquer le développement approprié, le mouvement dramatique, le parfait naturel des personnages introduits et des paroles qu’on leur prête, et, par instants, mais par instants seulement, la brièveté excellente, qui à toute cette abondance persuasive ajoute une grâce.

1890. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

De même sur les Macédoniens et sur Alexandre : chez Bossuet, c’est une première et large vue ; l’homme est bien compris dans son ensemble et posé avec son vrai caractère en termes magnifiques ; l’historien orateur est égal à son sujet, à son héros ; ce portrait d’Alexandre est un portrait d’oraison funèbre ; il a le mouvement et comme le souffle oratoire : chez Montesquieu, les raisons de la politique et du génie d’Alexandre sont bien autrement recherchées et déduites ; c’est bien autrement expliqué ; chaque parole frappe comme un résultat, et l’expression est vive, figurée ; le tout gravé en airain : c’est un long bas-relief d’Alexandre.

1891. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Négligent jusqu’à la fin et mal instruit des mouvements de l’ennemi, il remettait d’établir une communication facile de sa droite à son centre et de son centre à sa gauche, et quand on lui en parlait, il disait qu’il le ferait faire dans deux jours.

1892. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Il remonte par ses premières origines au mouvement de 1828, quoiqu’il se soit détaché un peu plus tard.

1893. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Accoutumé à veiller sur soi-même, on perd nécessairement, au milieu de la société, ces mouvements impétueux qui développent à tous les regards ce qu’il y a de plus vrai dans les affections de l’âme.

1894. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Il ne contient ni ambition, ni avarice, ni intérêt : il est tout spontané et de premier mouvement.

1895. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Qui sait où nous serions parvenus, laissés à notre propre mouvement ?

1896. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Et tout mouvement de la rue, toute grève en province, même tachée de sang, est sûre de l’avoir pour elle, sans examen.

1897. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Il vécut libre, c’est-à-dire asservi aux seuls mouvements de son instinct et de sa croyance.

1898. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Le coup d’épaule — je ne dis pas le déhanchement — indispensable pour parvenir « à la hauteur » est d’ailleurs le plus fortifiant des mouvements.

1899. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Fages, « Unité morale, union des classes », Mouvement socialiste de janvier et février 1905.

1900. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Pourtant, à travers tant de bouffonneries et d’enfantillages, un mouvement sérieux se dessine.

1901. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Même dans le négligé, c’était une beauté de reine plutôt que de femme du monde : Aucune femme, a dit M. de Meilhan, ne portait mieux sa tête, qui était attachée de manière à ce que chacun de ses mouvements eût de la grâce et de la noblesse.

1902. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Saint Paul lui-même, foudroyant la raison humaine au milieu de l’aréopage, met en mouvement les ressorts les plus puissans de l’éloquence.

1903. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Il est donc bon de les établir dans des villes qui ne soient ni capitales, ni résidences, ni port, parce que la présence du souverain absorbe tout, parce que le trop grand mouvement et le bruit ne causent que des distractions, parce qu’il est bon que l’université soit tout dans les endroits où elle est établie, et que l’habitant regarde l’étudiant avec quelque considération, ce qui arrivera toutes les fois que la ville tirera un profit sensible du séjour de la jeunesse.

1904. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Si le mouvement des opinions peut être rapide, celui des mœurs est toujours mesuré par la longueur du temps.

1905. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Je suis persuadé que cette sorte d’éloquence aura plus d’éclat, plus de mouvement, plus de puissance, que n’en a jamais eu l’éloquence analogue, chez les Grecs, chez les Romains, chez les Anglais : il y a, dans la contexture et le génie de la langue française, une raison invincible, une logique nécessaire, une clarté constitutive, un sentiment de goût et de convenance, qui apportent peut-être quelques obstacles à la passion désordonnée, mais qui contiennent l’enthousiasme sur les limites où il deviendrait vertige, et qui doivent être très favorables à la discussion calme, solennelle, animée.

1906. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Cette poésie qui roule dans son flot, sans pureté, des paillettes prises à tous les Pactoles, quand ce n’est pas à tous les oripeaux, a cependant une manière de rouler ces bavures et toutes ses impudentes réminiscences, qui ne pouvait pas manquer de faire illusion aux culs-de-jatte de l’Académie, à qui le moindre mouvement défendu, le moindre signe de vie élémentaire, apparaissent comme des phénomènes !

1907. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

» Ils sondent anxieusement les mouvements involontaires de leur cœur qui seul peut répondre et la révélation intérieure qui seule les rend certains de leur pardon ou de leur perte. […] Encore un pas, et ce grand mouvement va passer du dedans au dehors, des mœurs privées aux institutions publiques. […] L’expression naturelle des mouvements du cœur y est proscrite, et qu’est-ce qu’une littérature sans l’expression naturelle des mouvements du cœur ? […] Le premier mouvement l’emportait les yeux fermés, lancé comme sur une pente roide dans les déterminations folles.

1908. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Toutes les idées, allant au dépôt où se prépare chaque découverte, fermentent dans un mouvement insensible, & les lumiéres nationales ne peuvent briller qu’à l’aide du tribut des connoissances particulieres ; elles se fondent, se mêlent & produisent alors cette clarté qui distingue les Empires & les siécles. […] L’Auteur qui s’abandonne au vrai mouvement de son âme, a donc un idiôme qui raisonne, non à l’oreille, mais à l’âme du lecteur ; & voilà l’éloquence. […] Examiner pourquoi l’on rit moins aujourd’hui au théâtre, & si c’est la faute des Auteurs ou celle des spectateurs, est une entreprise délicate, & qui tient néanmoins à la solution du problême : on doit distinguer d’abord le mouvement machinal des lèvres, de la satisfaction intérieure. […] Ce mouvement se nommé pitié. […] Et tous ces ineptes faiseurs de règles ne ressemblent pas mal à ces sots présomptueux, qui, du fond d’un cabinet, l’œil sur la carte, veulent à trois-cents lieues du terrein, ordonner le mouvement d’une bataille, & qui se consolent volontiers de ce que le Général est battu, pourvu qu’il le soit du moins méthodiquement, c’est-à-dire, d’après leur plan.

1909. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Et puis, comme l’édification de la comédie humaine a été parallèle au mouvement romantique, Balzac a été englobé dans le romantisme, et il n’a pas été donné à cet illustre père du réalisme de tenir sur les fonds de baptême littéraire l’école qu’il avait fondée, et dont il reste jusqu’aujourd’hui le seul légitime représentant. […] Incapable de s’élever, comme Balzac, à la cime des généralités sociales, et de surprendre de ces hauteurs les accidents et les péripéties du mouvement humain, il erre à tâtons dans le labyrinthe de la société contemporaine. […] La tâche du poète aujourd’hui, s’il veut avoir sa part d’influence dans le mouvement social et dans le gouvernement des esprits, est de descendre de la montagne et de se perdre dans la foule. […] La vie, le mouvement, la passion, ont émigré des coulisses dans le foyer. […] Par un mouvement d’effroi instinctif, je reporte incessamment mes yeux de la rampe à la voûte, et de la voûte au balcon.

1910. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

La Renaissance est un mouvement européen d’émancipation intellectuelle, sous l’influence des découvertes scientifiques, de la culture antique restaurée et de l’art italien. […] Il eut néanmoins encore de bons mouvements. […] On n’a pas toujours l’impression que les traits choisis soient les plus beaux, ni les plus caractéristiques, les mieux adaptés à la pensée ou au mouvement de la phrase. […] Dans le chapitre sur la renaissance catholique, Agathon attribue l’honneur de ce mouvement à M.  […] Émile Henriot n’a pas manqué de consulter les directeurs ou les principaux rédacteurs de la plupart des revues dites indépendantes, où est censé se préparer le mouvement d’avant-garde.

1911. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

je n’ai pas été maître d’un mouvement d’indignation ; j’ai dit assez haut : Eh ! […] « Considérez, dit l’historien, quels mouvements, quelle agitation excite dans tous les esprits la vue de cette mère désespérée, qui, levant le poignard sur son propre fils, qu’elle croit être l’assassin de ce même fils, s’écrie : Tu n’échapperas pas au coup mortel que je vais te porter ! […] La Sémiramis de Crébillon est une tragédie pleine de mouvement et d’intrigue ; la Sémiramis de Voltaire est un opéra que la musique de quelques beaux vers ne peut défendre de l’ennui. […] On désirerait, avec raison, que la dose de l’agréable fût un peu plus forte, que Lachaussée eut mis dans sa pièce plus de mouvement théâtral, plus d’intentions comiques ; mais le comique n’était ni dans son goût ni dans son talent ; c’était déjà pour lui un grand effort de n’être point romanesque.

1912. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Rustiques, Psychologues, Lyriques, Baudelairiens habiles, passés, non sans malice douce-amère, en revue, Jules Tellier s’inquiète à son tour, qui est le bon, du mouvement actuel. […] Lui-même, parfois, il riait franchement à tel souvenir qui lui passait par le discours et il y avait quelque chose de comique dans sa physionomie dans ces moments-là : son long nez sur sa longue barbe, le mouvement ascensionnel de sa moustache portée en brosse, le pli profond de sa joue maigre et basanée par la mer de son pays, lui donnaient alors l’air d’un vieux zouave en gaîté. […] (Et vous vous en souvenez, dès le début du mouvement dans le plus révolutionnaire manifeste qu’il ait jamais écrit, le chef éclatant, le déjà glorieux porte-drapeau des nouvelles doctrines avait parlé en toute conviction bien arrêtée, en pleine lumière, du « divin » Racine, à une époque où le mot « divin », énervé, galvaudé, devenu banal de nos jours, avait toute sa force glorificatrice !) […] Je ne reprendrai pas ici l’histoire du mouvement littéraire de cette période, romantisme, parnasse contemporain, renouveau lui-même du romantisme, un romantisme en avant où gronda le formidable vers de Leconte de Lisle, où chatoya et tinta celui de Théodore de Banville, où celui de Baudelaire gémit et luisit, flamme funèbre et chant frissonnant ; trinité révérée et vénérée d’où, sans conteste, procédèrent les premières œuvres d’une génération déjà mûre, très mûre, pensent et disent presque d’aucuns impatients, génération dont je suis, dont est Stéphane Mallarmé, dont sont d’autres encore, pleins, ceux-là, d’un talent resté dans son aspect d’antan moyennant les nécessaires modifications (en mieux sans doute aucun) qu’apporte le temps plus ou moins écoulé...

1913. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Ô rhéteur emporté par les mouvements de votre rhétorique, dites-moi quelle compensation, quelle excuse, quelle atténuation il peut y avoir au regard l’un Dieu de justice pour « une vie entière d’iniquités », quelle que soit l’âme obscure ou distinguée qui l’ait vécue ? […] que leur répondra-t-il s’ils lui expliquent un jour « l’artifice infini qui entre dans la formation des insectes » ou « l’inégalité des mouvements des planètes » ? […] « On croit voir, disait-il lui-même, partout, dans toutes mes comédies, le même genre de style, parce que le dialogue y est partout l’expression simple des mouvements du cœur. […] Bazzoni, qu’une étude sur la société napolitaine d’alors et le mouvement des esprits dans le petit royaume que gouvernait déjà presque souverainement Tanucci. […] Ils fuient cette scène de scandale ; à droite, le dernier fait le geste de l’indignation pharisaïque ; à gauche, le dernier fait le geste de la confusion exaspérée ; l’un et l’autre, par un même mouvement du bras, par une même indication de tout le corps, tourné de trois quarts, terminant l’action.

1914. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Les premiers manquaient de respect envers leur âme, les seconds manquaient de sympathie envers les grands mouvements moraux de l’humanité. […] Mais il y a un mouvement secret des intelligences. […] Toutes ont pour but de caractériser le mouvement d’ensemble de ces pays. […] Il y en a pour l’ambition, pour le courage, pour la véracité, comme pour la digestion, pour le mouvement musculaire, pour la chaleur animale. […] La faculté souveraine de cette pensée en mouvement réside dans l’invention d’idées générales.

1915. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

On a dit que je parlais de la sélection naturelle comme d’une puissance divine ; mais qui trouve mauvais qu’un auteur parle de l’attraction ou de la gravitation comme réglant les mouvements des planètes ? […] Du reste, cette action lente et intermittente s’accorde parfaitement avec ce que nous apprend la géologie sur le mouvement progressif de transformation des habitants du monde. […] On peut même affirmer, au contraire, que la concurrence devait être d’autant plus vive que tous les êtres vivants étaient plus uniformes ; et comme, plus les espèces sont placées bas dans l’échelle des organismes, plus la raison géométrique de leur multiplication est élevée, il y a donc double raison pour que la sélection naturelle ait agi avec plus d’intensité autrefois qu’aujourd’hui ; et il se pourrait qu’en moyenne générale son mouvement progressif fût uniformément retardé, en raison directe du degré d’élévation du niveau supérieur de l’organisation.

1916. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Au reste, dès qu’on veut peindre cette passion identique et une en tous les âges, il n’y a pas de choix : il faut passer par les mêmes traits, revenir sur les mêmes symptômes ; et c’est toujours le cas de s’écrier avec la Religieuse portugaise, dans ce conseil éperdu qu’elle donnait à son trop raisonnable amant : « Mais avant de vous engager dans une grande passion, pensez bien à l’excès de mes douleurs, à l’incertitude de mes projets, à la diversité de mes mouvements, à l’extravagance de mes lettres, à mes confiances, à mes désespoirs, à mes souhaits, à ma jalousie ! […] Plus d’une fois elle ouvrit les portes de sa chambre, guettant la lumière : enfin l’Aurore la frappa de sa clarté chérie, et déjà chacun se mettait en mouvement à travers la ville. » Ici se placent des descriptions pleines de fraîcheur, la toilette empressée de la jeune fille qui veut effacer la trace des larmes de la nuit et s’assurer toute sa beauté, les ordres qu’elle donne à ses compagnes d’atteler le char.

1917. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Pareil à la torche ardente tournée rapidement, l’immense vitesse de son mouvement le rend présent à la fois sur tous les points de sa redoutable orbite. […] Solidité, éclat, propriété, mouvement, images, souplesse, hardiesse, originalité, onction, brusquerie même, il a toutes les qualités de la parole qui sait se faire écouter ; et seul peut-être de son siècle, même en y comprenant Voltaire, il n’imite rien ni personne ; il est le gentilhomme du Danube de son temps.

1918. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Le besoin de mouvement et de public la poussa bientôt au-delà du Rhin. […] « La poésie lyrique s’exprime au nom de l’auteur même ; ce n’est plus dans un personnage qu’il se transporte, c’est en lui-même qu’il trouve les divers mouvements dont il est animé : J.

1919. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Alors Hugo chante ses chants miraculeux où roulent, pèle mêle, les violentes oppositions, les métaphores énormes et précises, les rythmes nets et comme matériels ; Delacroix brise les amples lignes de David en des contorsions effrénées, et, par ses mouvements prodigieux, par une confusion de couleurs entrechoquées, dresse le très éblouissant poème de la sensation ; le moins ému, Berlioz, un affolé d’extraordinaire, fait éclater des orchestrations inentendues, dans une œuvre pétrie de contrastes, — que ce désolant contraste domine, entre ce qu’il a rêvé et ce qu’il a produit. […] IX : Le Théâtre de Bayreuth. — De divers côtés on constate des tendances à rompre avec les conventions théâtrales, mais ce mouvement ne s’est prononcé que depuis que la construction du théâtre de Bayreuth a donné l’exemple d’une rupture complète.

1920. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

D’abord, la mer est l’élément mobile ; sa mobilité semble lui donner avec le mouvement la vie, la passion, la colère, l’apaisement d’une âme tantôt calme, tantôt agitée. Ce mouvement et cette instabilité produisent en nous une première impression de plaisir ou de terreur. — Émotion !

1921. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Il attira autour d’elle, dans un centre de société cosmopolite, le comte de Grammont, l’abbé de Saint-Réal, historien superficiel, mais entraînant, précurseur de Voltaire dans l’art de donner de la couleur et du mouvement au récit, Hamilton, le Saint-Évremond anglais, Waller enfin, l’Anacréon de la Grande-Bretagne. […] Si on met les noms propres, tous éclatants au moins de jeunesse, sur chacune de ces innombrables catégories d’esprits alors en sève ou en fleur, si on y ajoute, dans l’ordre des sciences exactes (où le génie consiste à se passer d’imagination,) La Place, qui sondait le firmament avec le calcul ; Cuvier, qui sondait le noyau de la terre et qui lui demandait son âge par ses ossements ; Arago, qui rédigeait en langue vulgaire les annales occultes de la science ; Humboldt, qui décrivait déjà l’architecture cosmogonique de l’univers, et tant d’autres leurs rivaux, leurs égaux peut-être, qui négligèrent d’inscrire leurs noms sur leurs découvertes ; si on rend à tout cela le souffle, la vie, le mouvement, le tourbillonnement de la grande mêlée religieuse, politique, philosophique, littéraire, classique, romantique de la restauration, on aura une faible idée de cette renaissance, de cet accès de seconde jeunesse, de cette énergie de sève et de fécondité de l’esprit français à cette date.

1922. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

— sur la moralité sensible ou réfléchie d’un homme qui, après tout, avec une organisation superbe, ne fut accessible qu’à des émotions inférieures, et dont la pensée, dans les plus compliquées de ses inventions, n’a jamais que deux mouvements convulsifs, — la curiosité et la peur. […] Il établit le tour du cadran de l’analyse sur le pivot de son mouvement interne.

1923. (1739) Vie de Molière

La femme d’un des meilleurs comédiens que nous ayons eus a donné ce portrait-ci de Molière : Il n’était ni trop gras, ni trop maigre ; il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle ; il marchait gravement ; avait l’air très sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvements qu’il leur donnait lui rendaient la physionomie extrêmement comique. À l’égard de son caractère, il était doux, complaisant, généreux ; il aimait fort à haranguer ; et quand il lisait ses pièces aux comédiens, il voulait qu’ils y amenassent leurs enfants, pour tirer des conjectures de leur mouvement naturel.

1924. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Il ne faut pas même supposer que le mouvement de la science puisse de beaucoup survivre à l’ardeur de la pensée.

1925. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Le Paysan parvenu, second roman de Marivaux (1735), a plus d’action, je ne dirai pas plus d’invention ; mais il y a du mouvement.

1926. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Et avec cela une veine d’humeur douce et gaie, en causant, qui imprimait un mouvement agréable et comme un courant à ce lac immense.

1927. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Elle est bannie des monarchies, et les figures, les métaphores, les grands mouvements seront connus, indiqués par des règles.

1928. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Le président Jeannin, amateur de la paix et sachant qu’au fond c’était aussi la politique de Henri IV, sut dissimuler dans l’origine et ne pas donner son dernier mot : Il était, a dit Grotius, si puissant en paroles et tellement maître des mouvements de son visage, que, quand il cachait le plus ses sentiments, il semblait toujours qu’il parlât à cœur ouvert (Vultus autem sermonisque adeo potens, ut cum maxime abderet sensus apertissimus videretur).

1929. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Il distingue spirituellement entre l’esprit qui conserve et celui qui invente : « Il n’y a point d’invention sans recherche, point de génie sans mouvement.

1930. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Il veut savoir, il veut s’expliquer le mouvement des choses humaines, mais se l’expliquer d’une manière si particulière, si précise, si appropriée à chaque ordre de faits et à chaque branche d’affaires, que cette seule connaissance, pourvu qu’on y atteigne, lui paraît constituer la condition fondamentale, l’essence même de l’histoire ; il appelle cela l’intelligence.

1931. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Elle le redira plus vivement un jour, et après avoir bu à la coupe de douleur : « Car, voyez-vous, je n’aime pas pour ce monde, ce n’est pas la peine ; c’est le ciel le lieu de l’amour. » Le moindre incident, le moindre mouvement, dans cette vie tranquille, produit des jeux d’une fantaisie ou d’une affection pleine de grâce.

1932. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Pendant plusieurs années, il y eut là à deux pas de Genève Mme de Staël, à Coppet, avec son monde, avec Benjamin Constant et Auguste-Guillaume de Schlegel entre autres, et qui par le mouvement de son voisinage communiquait à la cité savante une activité inaccoutumée.

1933. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Il suppose en principe que les facultés d’un homme, comme les organes d’une plante, dépendent les unes des autres ; qu’elles sont mesurées et produites par une loi unique ; qu’il y a en nous une faculté-maîtresse dont l’action uniforme se communique différemment à nos différents rouages, et imprime à notre machine un système nécessaire de mouvements prévus. — Une fois qu’on a saisi la faculté maîtresse, dit-il ailleurs en parlant de Shakespeare, on voit l’homme se développer comme une fleur.

1934. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

C’est le présent dont nous sommes les témoins intelligents, qui éclaire pour nous le passé ; c’est la vie présente et que nous vivons, qui nous apprend à bien lire dans l’histoire, dans cette histoire humaine qui n’a été qu’un perpétuel mouvement.

1935. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Tout a changé dans Genève, tout s’est transformé ; après un âge brillant, qui a recommencé et même surpassé en mouvements d’idées les beaux jours du xviiie  siècle, une autre révolution s’est produite ; la face des choses a été renouvelée ; là comme ailleurs, le flot du grand nombre débordant, ce qui était relativement l’aristocratie a perdu son petit empire.

1936. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

La jeunesse a besoin de mouvement avant tout, et elle n’est pas difficile sur les idées : pourquoi ne s’être pas donné pour tâche d’y veiller ?

1937. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Mais déjà sa pensée était autre part : il se sentait un peu exilé, même dans cette ville lettrée et bienveillante aux talents ; car rien ne supplée au mouvement et à la vie.

1938. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

A une telle maladie publique, dès qu’on sut que quelqu’un s’en inquiétait là-haut, chacun vite accourut proposant son remède, sa recette ; théoriciens, hommes pratiques, empiriques, tous à l’envi s’empressèrent : Vauban, Boisguilbert, Boulainvilliers, l’abbé de Saint-Pierre déjà en mouvement, Saint-Simon lui-même, l’un des premiers.

1939. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Pourtant, si je prends l’un de ses derniers Éloges, celui de Spontini, par exemple, il y a des endroits d’une belle et large critique ; les phases du talent de l’artiste y sont bien distinguées et déterminées ; tout cela a de l’ampleur et du mouvement, tout cela marche.

1940. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Avait-on auparavant ouï dans le monde de tels accents, un tel amour de la pauvreté, du dénuement, une telle faim et soif de la justice, une telle avidité de souffrir pour elle, d’être maudit des hommes à cause d’elle, une telle confiance intrépide en la récompense céleste, un tel pardon de l’offense, et non pas simplement un pardon, mais un mouvement plus vif de charité pour ceux qui vous ont fait du mal, qui vous persécutent et vous calomnient, une telle forme de prière et d’oraison familière adressée au Père qui est dans les Cieux ?

1941. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Ce mouvement de l’opinion fut si fort, si irrésistible et tempétueux, qu’il pénétra jusque dans les cabinets et atteignit les gouvernements ; ils marchèrent en partie d’eux-mêmes, en partie ils furent entraînés : la Grèce fut délivrée et naquit.

1942. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

« Ces deux choses roulent ensemble dans ce grand mouvement des siècles où elles ont, pour ainsi dire, un même cours » ; mais pour les bien entendre, il est mieux de les détacher, de séparer la partie sacrée de la partie politique.

1943. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Edouard Lefebvre put étudier de près le mouvement qui souleva et arma contre nous toute l’Allemagne, et dont le foyer s’alluma surtout en Prusse ; il fit plus que l’étudier, il en fut victime : au moment où le roi de Prusse, après bien des tergiversations et des anxiétés, se décida à faire signer à Kalish par son plénipotentiaire le traité qui le liait à la Russie, le même jour (28 février 1813), un piquet de Cosaques entrait à toute bride dans Berlin, cernait l’hôtel de M. de Saint-Marsan, ambassadeur de France, et « sous les yeux des autorités, au mépris du droit des gens et de tous les usages pratiqués entre nations policées, enlevait la personne du premier secrétaire de légation, M. 

1944. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

C’est véritablement sa confession qui commence : « Le mouvement de ma vie a été si rapide, si varié, qu’il me semble avoir déjà vécu un siècle.

1945. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Vuillart raconte très-naïvement comme quoi, un matin, en allant voir Despréaux, il eut l’idée d’entrer dans l’église Saint-Denis-du-Pas110, et comment le mouvement lui vint d’adresser à Dieu, sous l’invocation de ce saint apôtre des Parisiens, une prière à l’intention de l’archevêque son successeur, le cardinal de Noailles, afin que le prélat se montrât ferme et vaillant à son exemple, et qu’au lieu de mollir il fût comme un mur d’airain pour le soutien de la bonne cause et de la vérité (9 octobre 1700) : « J’allais, dit-il, chez le cher Despréaux, et c’était ma route, car cette petite église est derrière le chœur de la cathédrale, et Despréaux est logé près du Terrain.

1946. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Il a été pleuré à l’armée des ennemis comme dans la noire. » Dans le premier moment, un sentiment de regret unanime s’associa comme une trop faible consolation et un bien juste hommage à l’immense douleur du maréchal de Belle-Isle ; mais la malignité qui se glisse partout, et qui est si prompte à se venger d’un premier mouvement de sympathie, trouva bientôt mauvais qu’il n’eût point résigné le ministère tout aussitôt après la mort de son fils.

1947. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quinet a plus d’un beau mouvement cornélien, comme quand il dit : Deux mondes sont ici, qu’en tout je vois paraître ; Ou Brutus, ou César, lequel vaut-il mieux être ?

1948. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

On a fort applaudi et l’on goûte de nouveau à la lecture cette parole de moraliste sur l’indulgence : « Pour moi, je le confesse, le résultat d’une longue suite de jours qui ne sont pas sans souvenirs, n’aura pas été uniquement de rendre mes convictions d’autant plus inébranlables, mais aussi, mais surtout de m’apprendre que l’indulgence, dont on se vante, a encore des rigueurs que n’aurait pas une complète justice105. » De simples mots ont produit un effet au passage : « Voilà, me dit-il un jour (en parlant de l’abbé Émery), voilà la première fois que je rencontre un homme doué d’un véritable pouvoir sur les hommes, et auquel je ne demande aucun compte de l’usage qu’il en fera. » Ce me dit-il un jour a fait mouvement ; il s’agissait de Napoléon.

1949. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Les facultés innées qu’on a exercées beaucoup et qu’on arrête brusquement au milieu de la carrière, après les premiers instants donnés au délassement et au repos, se réveillent et recommencent à désirer le genre de mouvement qui leur est propre.

1950. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

quel plus beau mouvement, quel plus désolé délire que dans l’étincelante élégie : J’ai cherché dans l’absence un remède à mes maux !

1951. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

. — Troubles organiques : À l’embarras de la parole viennent s’ajouter les mouvements incertains décrits à la date du 11 juin : « Ce soir j’ai été douloureusement ému.

1952. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

3º Les académies, les « mouvements » les articles, les prix, la mode, n’ont d’influence que sur les « gendelettres » et non sur les Lettres — heureusement.

1953. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Le Talmud, résumé de ce vaste mouvement d’écoles, ne commença guère à être écrit qu’au deuxième siècle de notre ère.

1954. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Ainsi, suivant l’auteur, nous parcourons rapidement par la pensée la série des états de conscience, intermédiaires entre le moment du souvenir et le moment où l’événement s’est produit, et c’est par ce mouvement rapide qu’un fait nous apparaît comme passé, et par suite que la mémoire diffère de l’imagination.

1955. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Il suppose aussi, d’après les anciens, que les ombres parlent la bouche béante, parce que la parole leur sort toute formée du fond de la poitrine ; et il est reconnu lui-même pour un homme encore vivant, aux mouvements de ses lèvres.

1956. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

accueilleraient les plus ingénieux modernes, les La Rochefoucauld et les La Bruyère, lesquels se diraient en les écoutant : « Ils savaient tout ce que nous savons, et, en rajeunissant l’expérience, nous n’avons rien trouvé. » Sur la colline la plus en vue et de la pente la plus accessible, Virgile entouré de Ménandre, de Tibulle, de Térence, de Fénelon, se livrerait avec eux à des entretiens d’un grand charme et d’un enchantement sacré : son doux visage serait éclairé du rayon et coloré de pudeur, comme ce jour où, entrant au théâtre de Rome dans le moment qu’on venait d’y réciter ses vers, il vit le peuple se lever tout entier devant lui par un mouvement unanime, et lui rendre les mêmes hommages qu’à Auguste lui-même.

1957. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Son premier mouvement fut d’être incrédule, silencieuse, et de s’y refuser.

1958. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

De même un Arabe, dont la vie se compose de marches dans le désert, sait que, pour le traverser, il lui faut beaucoup de temps, qu’il doit ménager ses moyens et ses forces ; dès lors les jours s’écoulent à ses yeux sans précipitation ni lenteur, parce que d’avance il les a comptés ; il est entré dans un mouvement dont il a calculé les effets, auquel il s’abandonne avec confiance et tranquillité.

1959. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Nous sommes tous plus ou moins tentés de parler ainsi, si nous nous livrons à la vivacité de notre premier mouvement et si ce que Pascal appelait la pensée de derrière ne nous avertit.

1960. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

La Révolution, en approchant, le prit dans son mouvement et lui souffla de son ardeur ; il était très lancé à certains égards, bien qu’il restât inébranlable sur le chapitre de la foi religieuse et de l’orthodoxie.

1961. (1903) Zola pp. 3-31

Il peignait les foules en mouvement d’une manière qui le met au tout premier rang.

1962. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Huysmans a conçu un type de phrase particulier, où par une accumulation d’incidentes, par un mouvement pour ainsi dire spiraloïde, il est arrivé à enclore et à sertir en une période, toute la complexité d’une vision, à grouper toutes les parties d’un tableau autour de son impression d’ensemble, à rendre une sensation dans son intégrité et dans la subordination de ses parties : « Sur le trottoir des couples marchaient dans les feux jaunes et verts qui avaient sauté des bocaux d’un pharmacien, puis l’omnibus de Plaisance vint, coupant ce grouillis-grouillos, éclaboussant de ses deux flammes cerise, la croupe blanche des chevaux, et les groupes se reformèrent, troués çà et là par une colonne de foule se précipitant du théâtre Montparnasse, s’élargissant en un large éventail qui se repliait autour d’une voiture que charroyait en hurlant un marchant d’oranges ».

1963. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Car comment les mouvements vitaux pourraient-ils se produire au sein d’éléments non vivants ?

1964. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Et, dans un beau mouvement d’une indignation qui voulait être superbe, on fit pleuvoir l’anathème sur la tête de cet auteur assez imprudent pour parler de style et d’art en un temps où, comme chacun sait, tout être qui tient une plume écrit un français des plus corrects.

1965. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

L’homme communique quelque chose de lui aux animaux qui sont ses serviteurs ou ses compagnons, à peu près comme la main imprime à la pierre placée dans une fronde le mouvement qui doit porter cette pierre à un but fixé par l’œil de l’homme.

1966. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

C’est bien souvent un de Musset par la sveltesse, le tour d’imagination, le mouvement et l’étincelle ; mais c’est un de Musset qui a passé par l’atelier, et il lui est resté, à certaines places, un peu de Mistigris, — que j’aurais voulu effacer.

1967. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Dans ses fables, le paysage n’est presque jamais absent, mais le trait en est léger autant que précis ; il accompagne les personnages sans nuire à leurs mouvements, discret comme les lointains de la Toscane ou de l’Ombrie qu’on aperçoit dans les tableaux des primitifs italiens, derrière les auréoles.

1968. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Dans le fait, les beautés caractéristiques de la poésie de Pindare sont le sublime de la pensée, la hardiesse de la métaphore, la dignité du style, le mouvement de la composition, la magnificence du langage.

1969. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

On a gardé le souvenir d’une leçon de Caro, à la Sorbonne, qui se terminait par un beau mouvement d’éloquence : « Laissez-moi Dieu ! […] Aucun grand mouvement collectif n’a évité ces excès. […] Il avait besoin d’action, de mouvement, de bruit, de luttes et de trophées. […] Les meilleurs tableaux d’ensemble du plus récent mouvement littéraire en France sont ceux de M.  […] Mais une crise de croissance, le mouvement Dada ?

1970. (1923) Nouvelles études et autres figures

Comme je suis moins compétent que lui, je me permets d’être plus audacieux et de reconnaître dans le désordre apparent du poème d’Hésiode le mouvement passionné d’une âme qui peu à peu s’apaise. […] Mais chez lui ce ne sont que des scories qui disparaissent dans le mouvement de son dialogue, dans la fougue de sa verve et qui, surtout, ne gênent jamais la diction. […] Il y a une vingtaine d’années, lorsqu’un mouvement se dessina contre notre Enseignement secondaire, qui aboutit aux détestables programmes de 1902, un professeur de la Sorbonne, M.  […] Tous les aspects de l’humanité, disait Hugo dans sa préface, « se résument en un seul et immense mouvement d’ascension vers la lumière ». […] Mais ils étaient trop mal informés pour créer un mouvement sérieux, et trop circonspects (tous nantis de places et d’honneurs) pour braver les sourcils froncés du maître.

1971. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

C’est la preuve qu’une fois de plus un théoricien de chez nous est à l’origine des grands mouvements nationaux en train de bouleverser notre continent. […] Mais leur application aux enfants et aux adolescents est évidemment possible, et combien elle serait bienfaisante, leur programme seul l’indique : contrôle des sensations, contrôle des mouvements, contrôle des images, contrôle du courant nerveux, contrôle des idées. […] M. de Roux a été très heureusement inspiré en consacrant les tout premiers chapitres de son histoire à ce qu’il conviendrait d’appeler la préparation française de la Restauration, je veux dire l’effort pour créer un mouvement royaliste dans le pays, non pas avec l’aide des envahisseurs, mais contre eux. […] Le perspicace Sainte-Beuve ne s’y trompait pas, quand il terminait son article sur Madame Bovary par ce cri si souvent rappelé tant il était prophétique : « Anatomistes et physiologistes, je vous retrouve partout. » Feuillet eût été certes fort étonné, je le répète, tout comme son condisciple de Louis-le-Grand, Baudelaire, si on lui avait dit qu’il se rattachait, lui qui professait l’esthétique de l’idéalisme, à un mouvement dont les théoriciens se qualifiaient eux-mêmes de réalistes. […] La souplesse de ses moindres mouvements et la sveltesse de sa taille indiquaient un homme entraîné aux exercices du gymnase.

1972. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Son léger mouvement accuse la rondeur grandiose du menton marqué d’un imperceptible méplat. […] L’attitude de Cérès est pontificale ; le mouvement du bras qui s’appuie au sceptre, le geste de la main qui confère à Triptolème la graine mystérieuse, tout en elle indique l’exercice d’une fonction sacrée. […] Un simulacre de puissance, mis en mouvement par des nerfs débiles, une volonté égarée, l’animation de la fièvre, la vacillation de l’ivresse, un peu de bile aux veines, un peu d’écume aux lèvres ! […] Il en a l’éclat, la force, la souplesse, l’effrayante élégance, les bonds et les mouvements élastiques. […] Dès lors ses actions lui paraissent irresponsables et vaines, comme les mouvements d’une ombre dénuée de substance.

1973. (1802) Études sur Molière pp. -355

Je ris quand je vois un amant qui, pour me paraître passionné, a besoin de donner à ses lèvres, à ses bras, à ses jambes, à ses genoux un mouvement convulsif ; et je lui conseille tout bas de laisser ces ressources aux muets de la pantomime : j’ai pitié de celui qui croit peindre le sentiment, lorsqu’il finit ses tirades par un grand coup de talon, moyen d’invention, sublime sans doute, et maintenant de mode jusque sur les tréteaux. […] malheureux que vous êtes, laissez agir, laissez parler votre âme ; elle se peindra sur tous vos traits, elle dirigera tous vos mouvements, elle modulera toutes vos expressions. […] Ce mouvement subit de générosité, fût-il involontaire, peint, mieux qu’un long discours, un amant tout entier aux intérêts de son cœur ; et je félicite le comédien qui l’imagina. […] Une stature colossale interdit à l’esprit, comme au corps, les mouvements prestes ; ils font plutôt souffrir qu’ils ne font rire : la nature avait formé Desessard exprès pour peindre les lourds Midas, et tous les ridicules de l’épaisse finance. […] Malheur au comédien si, dans toutes ses expressions, dans tous ses mouvements, dans tous ses gestes, il ne laisse échapper le sentiment avec autant de facilité qu’il s’échappait du cœur et de la plume de notre philosophe amoureux !

1974. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Il n’avait que de l’imagination et de la poésie, et aussi, tout en blâmant beaucoup, je louai de grand cœur à ce dernier titre le début du XXIIIe livre, l’Absence, dont le mouvement est si heureux et qui ressemble à un motif d’élégie : « Qui de nous n’a trouvé du charme à suivre des yeux les nuages du ciel ? […] La Maison du Berger, dédiée à Éva, débute par un beau mouvement : Si ton cœur, gémissant du poids de notre vie, Se traîne et se débat comme un aigle blessé, Portant comme le mien, sur son aile asservie, Tout un monde fatal, écrasant et glacé ; S’il ne bat qu’en saignant par sa plaie immortelle, … si tu souffres trop enfin, viens, lui dit-il ; laisse là les cités ; la nature t’attend dans son silence et ses solitudes

1975. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Fauriel, qui résume avec une exactitude approximative les divers temps de ce mouvement : « On ne trouve plus, passé le vie  siècle, aucun indice romaine (on voit chez Muratori, que, de 712 à 744, on gravait ces mots sur un monument public : Edificatus est hanc civorius sub tempore domino nostro Lioprando rege), de l’usage du grec. […] Mais ce mouvement de retour vers la vieille poésie ne se suivit point alors.

1976. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Nous avons retrouvé l’accent libre de l’émotion pleine, et nous avons reconnu une voix d’homme dans ces vers sur Locksley Hall : Sa joue était pâle et plus mince qu’il ne fallait pour son âge ; —  et ses yeux, avec une attention muette, étaient suspendus à tous mes mouvements. […] De la gaieté, puis des extases, puis des miévreries, puis de la satire, puis des effusions, tous les prompts mouvements, toutes les variations brusques, comme d’un feu qui pétille et flamboie, et renouvelle à chaque instant sa forme et sa teinte ; que l’âme est riche, et comme elle sait vivre cent ans en un jour !

1977. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Chaque quartier de la ville est donné par lui à un des conjurés, qui doit à heure fixe en rassembler le peuple et diriger les mouvements. […] … « Il existe, oui, certes, il existe une puissance qui préside à toute la nature ; et si, dans nos corps faibles et fragiles, nous sentons un principe actif et pensant qui les anime, combien plus une intelligence souveraine doit-elle diriger les mouvements admirables de ce vaste univers !

1978. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

quel mouvement ! […] Tout ce bruit, tout ce mouvement me produisait un effet étrange, et je ne pouvais encore croire qu’il fallait quitter la ville.

1979. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

La période littéraire qu’on a réunie sous le nom de romantisme commence en plein xviiie  siècle ; Rousseau, Diderot, Coleridge, Goethe et Schiller appartiennent à un mouvement qui se continue au xixe  siècle sans interruption, sans qu’on puisse se mettre d’accord sur le moment où il s’est terminé (si même il ne dure pas encore) ; de même en musique le mouvement commencé avec Gluck, peut-être même avec Bach se prolonge par Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert et Weber jusqu’à Wagner.

1980. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

D’autres princes et barons, soit de leur propre mouvement, soit à son exemple, encouragèrent les lettres, et quelques-uns les cultivèrent. […] Est-ce donc avec une pensée de décadence qu’on pénètre à une si grande profondeur dans les intelligences, et qu’on imprime un mouvement dont le contre-coup est si durable ?

1981. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Le raisonnement ne vient qu’en son lieu, et semble moins un procédé qu’un mouvement de l’âme. […] Cependant un certain mouvement le précipite ; mais c’est comme la mer dans une décoration de théâtre : ces flots-là ne vont à aucun rivage.

1982. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Et on remarquera que non seulement le méchant « philtre d’amour » disparaît ainsi, mais encore, que cette attente d’une mort subite qui a provoqué l’aveu et qui a ainsi donné aux deux amants le seul bonheur que la vie pouvait leur accorder, devient le levier qui permet au maître de « reléguer le drame à l’intérieur ». « La vie et la mort, l’importance et l’existence du monde extérieur, tout ici dépend uniquement des mouvements intérieurs de l’âme. » dit Wagner (VII, 164) ; et, à partir de ce moment, cela est vrai. […] Wagner (1879) écrit ceci : « Aux sages se découvrit le secret du monde, qui consiste en un pénible mouvement de déchirement. » La Douleur est donc la base de l’existence humaine d’après ces deux philosophes.

1983. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Cela est moins douteux encore quand on songe que Turin, Milan, Gênes, Parme, Plaisance, Bologne, Venise, Florence, Livourne, Rome, Naples, la Calabre et la Sicile avaient déjà couru avec plus ou moins de patriotisme aux armes ; que ce mouvement militaire encore hésitant dans un pays déshabitué des armes se serait accru, multiplié, organisé sous le flanc droit de l’armée française, et que l’Italie, en six mois, n’aurait été qu’une forêt de baïonnettes inhabiles peut-être, mais héroïques comme le sentiment qui armait ses milices. […] Les jantes des roues massives de ces chariots étaient enroulées de fleurs et de feuillages ; les jougs des bœufs qui y étaient attelés avaient été décorés de branches de cyprès et d’oliviers qui, en se balançant au mouvement des attelages, chassaient les mouches et rafraîchissaient de leur ombre le front des bœufs.

1984. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Ce roman venait directement du grand mouvement fédéraliste ou félibréen. […] Leur forme, la couleur de leurs sentences, le mouvement de leurs phrases nous laissent dans l’esprit un rythme nouveau qui est un progrès acquis par nous et que nous leur devons.

1985. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Indépendamment de la narration qui devient pleine, variée et nourrie, et qui est d’un mouvement facile et continu, Mézeray est un grand peintre de portraits dans les résumés qu’il donne à la fin de chaque règne et où il retrace en abrégé le caractère, les mérites ou les défauts du roi dont on a lu l’histoire Un sentiment non seulement équitable, mais humain et, autant qu’il se peut, loyal et fidèle, domine dans ces jugements et en tempère la rigueur ; s’il y a quelque circonstance atténuante ou touchante pour les monarques même les plus désastreux et les plus funestes, Mézeray ne l’omet pas.

1986. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Le prince de Ligne qui, malgré ses alliances d’esprit avec le xviiie  siècle, n’hésita pas un instant dans son antipathie contre la Révolution, fut des premiers à bien juger du grand mouvement nouveau, de sa portée et de ses conséquences dans l’avenir.

1987. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Ses yeux étaient de couleur bleue et d’un mouvement prompt, doux et clairs.

1988. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

C’est, en effet, ce qu’il semble avoir surtout fait sans trop de peine ; il a versé tout d’abord sur ce canevas un peu sec son mouvement de narration, son abondance aisée et naturelle, et il est à croire que, pour les dernières parties où la comparaison manque, par exemple pour le célèbre siège de Calais, il avait entièrement recouvert et renouvelé par sa propre richesse le texte primitif sur lequel il ne s’appuyait plus que de loin et par le fond.

1989. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Saint-Simon nous montre à vue d’œil tout ce mouvement, ce flux et ce reflux où lui-même il nage, et qui est beaucoup moins sensible dans la correspondance plus calme et nullement enthousiaste de Fénelon.

1990. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

On a beau admettre toutes les formes de maturité et d’expérience ; on a beau se dire que Charron était un de ces esprits à qui il n’est pas donné de faire leur initiation par eux-mêmes, de se donner l’impulsion, qui l’attendent d’autrui, mais qui n’ont besoin que de ce premier mouvement, de cette chiquenaude du voisin, pour prendre leur assiette et arriver à la pleine possession de leur pensée ; on a beau se donner cette explication, il reste un coin d’obscurité et d’incertitude.

1991. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Cela, avec la mort de sa mère (Catherine de Médicis), me ferait bien chanter le Cantique de Siméon. » On voit que Henri ne dissimule point ses premiers mouvements, et qu’il écrit quelquefois ce que le bon goût du moins commanderait de retenir.

1992. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

En cela il ressemblait à tous les hommes, seulement il leur ressemblait avec plus de promptitude, d’impatience et des mouvements plus marqués.

1993. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

L’esprit de Voiture était toujours en action et en mouvement comme pour un théâtre de société.

1994. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

À ses yeux d’Écossaise de pur sang et de jacobite irritée, tous ceux qui donnèrent dans le mouvement de 89 sont des coquins et des misérables : il n’y a de différence que du plus au moins.

1995. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Ainsi, dans une lettre au prince Albert de Broglie au sujet de Donoso Cortès, elle veut marquer que la disposition de cet éloquent Espagnol à maudire notre siècle en masse, disposition qu’elle était loin de partager, ne lui donne pourtant point de l’éloignement pour sa personne et qu’elle se sent plus attirée que repoussée, malgré cette opposition des points de vue : « Jamais, dit-elle, disposition morale ne m’a paru plus étrangère au mouvement de la pensée ; aussi, toute dissidence avec lui (Donoso Cortès) amène un effet surprenant, c’est de se sentir, dans un sens, rapproché de lui à mesure qu’on s’en sépare. » On m’avouera que c’est du Rambouillet tout pur.

1996. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Le duc de Medina-Celi, qui avait le titre et la place de premier ministre, et en qui le public avait espéré d’abord, personnage considérable par sa naissance et par ses biens, sept fois Grand d’Espagne, « d’un génie doux et honnête, et naturellement éloigné des grands mouvements, » manquait totalement de vigueur et laissait le mal se faire et s’aggraver autour de lui.

1997. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Car, une femme d’esprit l’a remarqué, si les hommes dans le premier mouvement de leur désir vont généralement à la plus belle, les femmes, les jeunes filles, plus délicates apparemment, vont assez volontiers tout d’abord au plus distingué et au plus glorieux.

1998. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Mme de Staël, qui a eu sa ligne droite et continue, ou du moins sa courbe d’un développement suivi et manifeste, s’en écartait parfois : elle avait des premiers mouvements irréguliers, irrésistibles, et elle ne perd pas à ce qu’on l’y surprenne.

1999. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Daignons donc nous bien figurer l’effet que devaient produire de telles représentations, réglées en quelque sorte sur l’hymne, contenues au sanctuaire, graves, pathétiques, touchantes et toujours augustes, — je ne dis pas précisément sur le peuple, il ne comprenait que l’ensemble, le mouvement et la mimique en quelque sorte, l’image majestueuse des choses, il ne savait pas les langues savantes, — mais sur tout ce qui était clerc et lettré.

2000. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Les grands et immortels drames de Polyeucte, d’Esther, d’Athalie, ne sont pas la suite et la continuation de ce premier mouvement et de cette production dramatique religieuse qui a fini sous les risées au xvie  siècle, il y eut interruption totale, et il fallut tout recommencer.

2001. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Polybe dit bien que les chefs des Mercenaires, après une de leurs victoires, poussèrent l’ambition jusqu’à vouloir mettre le siège devant Carthage, et que les Carthaginois, à un moment, se virent serrés de près de tous côtés ; mais il ajoute que les assiégeants étaient si peu maîtres de leurs opérations et de leurs mouvements, qu’ils se virent bientôt comme assiégés eux-mêmes.

2002. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Il a beau se contenter des dons du sort et de la médiocrité du sage, il y a des moments où il sent le besoin pourtant d’un peu plus de fortune pour la variété et pour le renouvellement de la vie ; il a conscience de ce qui lui manque, tant pour l’entière satisfaction du cœur et de l’esprit que pour les excitations légitimes du talent : « Il nous faudrait à tous deux (à Thomas et à lui), mais surtout à moi, dit-il, un peu plus de fortune : cela me mettrait à même de couper, par quelques parties agréables, la monotonie d’une existence qui n’a point assez de mouvement pour un homme né penseur, que la vue des mêmes visages et du même horizon ramène trop facilement sur son état et sur la misère des choses humaines. » Puis il se repent presque aussitôt d’avoir trop demandé, et faisant allusion à quelque image mélancolique que lui suggérait une lettre de Deleyre (malheureusement nous ne possédons aucune de celles qui sont adressées à Ducis) : « Hélas !

2003. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Cette série de livres, qui n’étaient, après tout, que des brûlots de guerre, des pamphlets auxiliaires du mouvement encyclopédique, avaient été ensevelis et enterrés avec le siècle lui-même.

2004. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Jamais on n’a mieux senti ni mieux marqué le mouvement et le large courant naturel et facile du discours ou fleuve homérique que ne l’a fait M. 

2005. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Le résident de France à Strasbourg, interrogé par les magistrats sur ces mouvements inopinés, ne savait rien, n’avait rien à répondre.

2006. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Ce résumé, on peut le croire, ne terminait rien : la cohue d’opinions subsistait ; il y avait en ces jeunes têtes si doctes, si enivrées de leurs idées et si armées de la parole, excès d’intolérance, d’outrecuidance, c’était inévitable ; on s’injuriait, mais on ne se détestait pas ; les récréations, avec leur besoin de mouvement et d’exubérance physique, raccommodaient tout, et quelquefois le soir on dansait tous ensemble tandis que l’un d’eux jouait du violoncelle et un autre de la flûte.

2007. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Cependant la guerre était déclarée ; en Bohême, quatre puissantes armées ennemies étaient en présence et en mouvement.

2008. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Il reste à l’historien futur à décrire ce vaste mouvement par lequel nous fûmes cernés, à le peindre en toute connaissance de cause, avec un sentiment élevé d’impartialité envers des adversaires dont quelques-uns furent héroïques et dont les autres ne furent qu’acharnés, à faire bien comprendre surtout comment le libéralisme, le patriotisme ulcéré devint un instrument aux mains d’un état-major d’oligarques, qui, après l’avoir caressé et déchaîné pour le grand combat, ne pensèrent ensuite qu’à le réfréner sans pudeur et à le museler.

2009. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

… etc. » Je sais ce qu’il faut rabattre de ces boutades de grondeur et que ce mouvement de bouderie avait pour raison unique le brevet de complaisance octroyé si à contre-temps.

2010. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

En ma qualité d’ancien novateur et révolutionnaire romantique qui est de temps en temps repris d’une velléité de mouvement, j’ai regretté dans ces derniers mois de ne pouvoir aller soutenir à l’Académie la cause de l’innovation ; mais elle est soutenue bien mieux que par moi par le respectable et docte M. 

2011. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

L’action est touffue, pressée, d’un mouvement haletant et lent à fois, avec beaucoup de trépidation et de piétinement.

2012. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Il n’obéissait qu’à un mouvement de sympathie et de reconnaissance.

2013. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Mais, n’ayant pas le sentiment du mouvement théologique, elle n’a pas vu de milieu entre un système donné et la répudiation moqueuse de ce système.

2014. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Pendant que chaque été emportait dans les vallées et sur les glaciers des Alpes des caravanes de plus en plus nombreuses, un mouvement simultané a entraîné sur les plages de la Normandie ou de la Bretagne une foule croissante, ravie de jouer avec l’océan et d’en contempler l’éternelle mobilité.

2015. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Sans doute on ne peut pas plus comparer La Bruyère à Molière qu’on ne compare le talent de peindre les caractères à celui de les faire agir et de faire sortir leurs traits de la situation où l’art sait les placer ; mais, supérieur à Molière par l’étendue, la profondeur, la diversité, la sagacité, la moralité de ses observations, il est son émule dans l’art d’écrire et de décrire, et son talent de peindre est si parfait, qu’il n’a pas besoin de comédiens pour vous imprimer dans l’esprit la figure et le mouvement de ses personnages.

2016. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

C’est à lui que pensait Louis XIV quand il écrivait dans son État de la France en 1661 : Les finances, qui donnent le mouvement et l’action à tout ce grand corps de la monarchie, étaient entièrement épuisées, et à tel point qu’à peine y voyait-on de ressource ; plusieurs des dépenses les plus nécessaires et les plus privilégiées de ma maison et de ma propre personne étaient ou retardées contre toute bienséance, ou soutenues par le seul crédit, dont les suites étaient à charge.

2017. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Il n’est pas douteux pourtant qu’il n’ait, dans son intimité de Passy, agi sur bien des hommes éminents qui prirent part ensuite à ce grand mouvement révolutionnaire, et qu’il n’ait contribué à leur donner plus de confiance et de hardiesse : « Franklin, nous dit Mallet du Pan, répéta plus d’une fois à ses élèves de Paris que celui qui transporterait dans l’état politique les principes du christianisme primitif changerait la face de la société. » Il est un de ceux qui ont le plus mis en avant cette doctrine de séculariser le christianisme, d’en obtenir, s’il se peut, les bons et utiles résultats sur la terre.

2018. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

En voilà plus que Pascal lui-même n’osait dire sur le mouvement de la terre, tout géomètre qu’il était.

2019. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

C’est ainsi que doit se concilier le débat entre ces deux siècles, qui répondent à deux besoins éternels du cœur humain : le besoin du mouvement et du progrès, le besoin de la stabilité et de la conservation.

2020. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Mais, comme nous l’expliquerons plus tard, par suite des phases successives de ce mouvement d’accroissement, les plus grands genres tendent aussi à se briser en des genres moindres.

2021. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Mais la femme — la mère des enfants — n’a de destinée et de dignité que dans le mariage, du moins jusqu’à ce moment ; car l’effroyable mouvement qui emporte la société et l’arrache à toutes les lois chrétiennes, un de ces jours emportera aussi le mariage, et tous les bâtards y comptent bien !

2022. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Or, voici un échantillon de celui qu’il a obtenu : « … Dès l’origine, àtâtons, — dit-il, — la vie, en cherchant la force, semblait confusément rêver la future création d’un axe central qui serait l’être un et remplacerait le mouvement.

2023. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Condamné, par la nature même de ce sentiment religieux, à une sincérité farouche, il cédait à tous les mouvements anarchiques de sa conscience. […] … » On se met en mouvement, et les kibitka fendent la rue, rapides comme le vol d’un éclair. […] Mon âme fait tourner les étoiles d’un mouvement tantôt lent, tantôt rapide ; des millions de tons en découlent ; c’est moi qui les ai tous tirés. […] … Vois comme je tire mes pensées de moi-même ; je les incarne en mots ; elles volent, se disséminent dans les cieux, roulent, jouent et étincellent… Elles sont déjà loin, et je les sens encore ; je savoure leurs charmes ; je sens leurs contours dans la main, je devine leurs mouvements par ma pensée.

2024. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

En effet, c’est la meilleure manière de répondre : pour remuer de tels auditeurs, il faut mettre en mouvement leur sang et leurs nerfs ; dès lors les boutiquiers et les fermiers retrousseront leurs manches, apprêteront leurs poings, et les bonnes raisons de leur ennemi ne feront qu’augmenter l’envie qu’ils ont de l’assommer. […] En un instant, par besoin d’action, il frappe, caresse, change cent fois de ton, de visage, avec de brusques mouvements, d’impétueuses saillies, quelquefois enfant, toujours homme du monde, de goût et de conversation. […] Si certains morceaux d’hermine et de fourrure sont placés en un certain endroit, nous les appelons un juge ; de même une réunion convenable de linon et de satin noir se nomme un évêque1004. » — Ils prouvaient aussi que le vêtement est l’âme, et encore par l’Écriture, car c’est en lui que nous avons le mouvement, la vie et l’être. » C’est pourquoi nos trois frères, n’ayant que des habits fort simples, se trouvèrent très-embarrassés.

2025. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Il y en a tant, elles sont si fortes, si entrelacées les unes dans les autres, si promptes à s’éveiller, à s’élancer et à s’entraîner, que leur mouvement échappe à tous nos raisonnements et à toutes nos prises. […] Chez un esprit bien bâti, les idées défilent en procession avec un mouvement ou une accélération uniforme ; dans cette tête bizarre, elles sautillent comme une cohue de masques en carnaval, par bandes, chacune tirant sa voisine par les pieds, par la tête, par un pan d’habit, avec le remue-ménage le plus universel et le plus imprévu. […] Nos membres involontairement se remuent par l’imitation contagieuse des mouvements et des formes.

2026. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Chez Victor Hugo, par un mouvement en sens contraire, la poésie vient de l’extérieur et se répercute dans l’âme du poète. […] Ce mouvement qui s’éveille, cette ondulation lente dans les blés mûrs et ces bœufs qui bavent avec lenteur, vous voyez qu’ici l’expression, le terme, est aussi réaliste que possible, et il n’a rien de grossier, il n’a rien de bas ; au contraire, la façon dont se termine la strophe éveille chez nous une belle idée : cette idée que l’animal, lui aussi, est pour nous un frère, un frère, à quelque degré qu’ait voulu la nature. […] Monseigneur, Mesdames, Messieurs, Je vous parlais hier du mouvement qui s’est fait dans notre poésie au milieu de ce siècle et qui a consisté à remplacer la poésie romantique par une poésie impersonnelle et qu’on pourrait appeler réaliste. Nous allons voir aujourd’hui comment le mouvement s’est continué, ce qu’est devenue l’école parnassienne, et quelles sont les dernières tendances qui ont essayé de se faire jour dans notre poésie française.

2027. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Elle était trop petite, aussi, et devait à peine savoir lire j’eus envie de tomber à coups de poing sur ces vilaines gamines ; je fis même un mouvement pour me lever. […] Je ne pouvais croire qu’il me faudrait rester dans cette prison, où tout était laid, où chaque mouvement était surveillé, où il fallait se taire quand on avait envie de parler, et rester assis quand on aurait voulu courir. […] Après un instant, voilà que celui que l’on croyait mort, fait un mouvement, puis se met à éternuer, à tousser, en inondant son lit de sang et d’humeur… Il était sauvé… C’est la vérité pure… demande à ton grand-père. […] Le maître se fâchait, comptait plus fort, se précipitait sur un pied, dont la pointe se tournait en dedans, et, d’un mouvement brusque, la remettait en dehors. […] … » Dans sa colère, d’un mouvement nerveux, il avait descellé la tablette de marbre de la cheminée, avec l’idée de la jeter à la tête de cet imbécile ; la pendule et les bibelots précieux l’avaient échappé belle !

2028. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Elle fait effort en ce moment pour que ce quelqu’un puisse surgir, et à cet effet, de son propre mouvement, elle insiste pour une trêve. […] D’autres lignes plus précises marquent les stations du mouvement historique que celles-là ont dirigé. […] On ne retire pas la poignée de sa main ; au contraire, on la met à sa portée en y soudant une seconde pièce que son bras peut atteindre, et par laquelle tout le mouvement de la machine lui appartient. […] Il aimait les sujets calmes, et l’on a de lui un Cavalier arabe poursuivi qui, par la hardiesse, l’élan, la furie du mouvement, fait penser à Delacroix. […] Le 5 mai 1874, à l’Exposition des Alsaciens-Lorrains, comme il regardait un tableau, l’anévrisme qu’il avait au cœur se rompit, il tomba tout d’un coup, sans faire un mouvement, sans pousser un cri.

2029. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Il a un grand besoin d’aimer et une crédulité qui le font se jeter à la tête des gens ; et ce premier mouvement de sensibilité confiante est peu à peu suivi de sensibilité défiante ; car il trouve bientôt chacune de ses idoles inférieure à l’idée que son imagination s’en était formée ; ou bien son orgueil craint très vite que l’idole ne lui rende pas son affection ou même ne se moque de lui.) […] En somme, et pour ne retenir que ses maux durables : rétention d’urine (soit par vice de conformation, soit par mouvements spasmodiques), neurasthénie profonde, artério-sclérose, voilà son lot. […] Mais il est beau dans sa tension, il a le mouvement oratoire, la phrase fortement rythmée. […] Beau mouvement, que madame de Warens ne lui pardonna jamais. […] Jean-Jacques en avait eu plus d’un, de ces beaux mouvements.

2030. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

C’est un mouvement de foule, et de foule encombrée, qui n’avance guère et qui ne cesse d’être agitée. […] Elle ne le trouve pas en elle-même, car elle est toujours en mouvement. […] Mais, pour la nymphe que je suppose et dans la simple nature qui n’est que vie et mouvement, l’idée de l’immobile mort apparaît comme un scandaleux désastre. […] La rêverie s’achève en invectives contre la nature qui fait la vie et la mort, le mouvement et l’immobilité. […] Pour me tenir à mon propos, nous avons eu, en France, des années dangereuses de raison pure, des années auxquelles succède un hardi mouvement de raison pratique.

2031. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Mais ils n’ont pas plus tôt fait quelques centaines de pas qu’ils découvrent à travers les branchages un grand mouvement de l’armée ennemie, qui s’avance derrière ce rideau pour une surprise.

2032. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Lorsqu’il arrive à l’heure de cette conversion, il a un retour sur lui-même, comme il s’en permet peu d’ordinaire ; mais ici le mouvement est indiqué et comme irrésistible : Le dirai-je, chrétiens ?

2033. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Ce ne sont pas des êtres vivants, mais des automates ingénieusement construits ; on y voit, presque à chaque mouvement, les ressorts que le mécanicien introduit et touche par le dehors.

2034. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

C’eût été affaire à un Bossuet de rendre naturels ces contrastes, et de les envelopper dans un même mouvement : M. de Noyon n’y allait qu’à l’étourdie.

2035. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Il avait les passions violentes et les premiers mouvements impétueux.

2036. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Éviter tout pas rétrograde, tout faux mouvement de retour en arrière et vers l’ancien régime, était sa grande préoccupation et son idée première dans chaque crise

2037. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Ici nous sommes au centre même du mouvement intérieur, et, selon l’expression ingénieuse du meilleur des juges46, nous sommes comme au dedans d’une montre dont nous voyons s’engrener et marcher les rouages.

2038. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Quelques jours après, le Pape passe à cheval sous les fenêtres du logis de Montaigne : nouveau portrait et description exacte du costume, des mouvements et du cortège.

2039. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Mais Apulée n’y met pas tant d’intention et se contente d’une malice générale qui circule, et que le lecteur sent ou néglige selon qu’il lui plaît : lui, il ne songe qu’à bien conter avant tout, à donner du mouvement à ses récits et à être plaisant.

2040. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Le moment où Gardilanne arrive à Nevers, en se faisant précéder d’une lettre que Dalègre ne reçoit qu’une demi-heure auparavant, le coup de foudre de cette chute d’ami qui le consterne, son premier mouvement pour dérober en toute hâte les moindres traces de son fragile et casuel trésor, le déménagement nocturne de la faïence par le maître de la maison et sa ménagère, pendant que le voyageur est endormi, la crainte que le cliquetis chéri ne le réveille (car tout collectionneur, comme tout amant, a le sommeil léger pour ce qu’il aime), tout cela fait une scène excellente.

2041. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

On est porté aujourd’hui à précipiter tous les mouvements ; lui, savait s’arrêter et arrêter les autres. » Ce Saurin, dont on n’a gardé qu’un bien faible souvenir, s’il avait cette faculté-là, nous manque bien aujourd’hui.

2042. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Il n’est que trop vrai qu’en tout le premier mouvement est de juger les autres d’après soi et de les rapporter directement à son image.

2043. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Il a passé sa vie à observer cet usage en bon lieu, à en épier, à en recueillir tous les mouvements, toutes les variations, les moindres incidents remarquables, à les coucher par écrit.

2044. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Elle commence comme toute femme digne de ce nom, comme toute amante, par un transport, par un premier mouvement : « Je te retrouve enfin, mon maître 1 mon Pompée !

2045. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

En 1606, la Cour étant revenue résider à Madrid, Cervantes, qui suivait en fidèle satellite ses divers mouvements et révolutions, quitta Valladolid et alla s’établir là où était le soleil, un pâle soleil qui ne le réchauffait guère et dont pourtant il ne se plaignait pas trop.

2046. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Il existe une ode d’Andrew Marwell20 qui appartient au même mouvement de renaissance chrétienne et patriotique.

2047. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Bowles, un des précurseurs du mouvement romantique anglais, a fait à son auteur bien des querelles et lui a reproché bien des infériorités : « Le vrai poète, disait Bowles, doit avoir un œil attentif et familier à chaque changement de saison, à chaque variation de lumière et d’ombre dans la nature, à chaque rocher, à chaque arbre, — que dis-je ?

2048. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Le portrait par Tocqué, moins agréable peut-être au premier aspect, est plus original : elle est plus jeune, plus en mouvement, un peu théâtrale.

2049. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Catinat, même plus tard devenu général, se montra toujours d’une rare intrépidité personnelle, d’une bravoure presque excessive dans un chef ; cet homme si prudent et concerté dans ses mouvements et sa stratégie en tant que commandant d’armée, se retrouvait sur le terrain, en un jour de bataille, le capitaine du régiment des gardes, et s’exposait comme un simple grenadier jusqu’à se faire plus d’une fois réprimander par Louis XIV.

2050. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Fils d’un père explorateur hardi dans la région des idées et l’un de ceux qui méritent le plus de compter dans le mouvement intellectuel de notre époque, il a dirigé de bonne heure son activité sur un champ plus positif et plus défini.

2051. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

En tout, il y a dans cette suite de petits volumes de Mmc de Gasparin, particulièrement dans les deux derniers, Prouesses et Voyages, de l’éclat, du mouvement et mémo un peu trop, du bruit ; il y a du saccadé, du rocailleux, du naturel et de l’imité, du Tôpffer, du George Sand, du Michelet, que sais-je ?

2052. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Je remarquai en moi un mouvement continu de systole et de diastole.

2053. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Séduit par les illusions des sens et de l’amour-propre, l’homme s’est regardé longtemps comme le centre du mouvement des astres, et son vain orgueil a été puni par les frayeurs qu’ils lui ont inspirées.

2054. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Tout se tient, le mouvement, le rythme intérieur, le geste, la parole, la plume, l’épée.

2055. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Mais ce n’est pas impunément qu’on place ses plus hauts horizons d’antiquité à un siècle si rapproché de nous : il en résulte un dégagement d’arriéré, une légèreté de mouvement et d’allure, une hardiesse et, par moments, une irrévérence de jugement qui tient au manque de religion littéraire première.

2056. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Ses lettres au maréchal se multiplient : il rend compte de ses moindres mouvements, des moindres informations qu’il reçoit ; il tient à faire preuve de déférence, marquant bien que pour chaque observation il n’attend pas de réponse.

2057. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Ainsi, dans ce style de couleur exacte et simple, le château de la Wartbourg ne devrait jamais être désigné, ce me semble, comme le centre du mouvement politique et administratif du pays : je n’aime pas non plus voir sainte Élisabeth jeter les bases de la vénération dont ces beaux lieux sont entourés.

2058. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Jasmin, en effet, était un libéral de la Restauration, et aujourd’hui il est ce qu’on appelle un homme du mouvement.

2059. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Le cinquième élément nécessaire de cette création ou de cette poésie, c’est le don d’exprimer par la parole ce que nous voyons et ce que nous sentons en nous-mêmes, de produire en dehors ce qui nous remue en dedans, de peindre avec les mots, de donner pour ainsi dire aux paroles la couleur, l’impression, le mouvement, la palpitation, la vie, la jouissance ou la douleur qu’éprouvent les fibres de notre propre cœur à la vue des objets que nous imaginons.

2060. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

CCLIV Je descendis et je remontai trois ou quatre fois l’escalier de la tour, croyant que mes mouvements hâteraient le jour, et m’avançant jusqu’à la porte de la rue pour écouter si je n’entendais pas les pas lourds du père Hilario, et les pas légers de l’enfant de chœur faisant tinter sa sonnette dans l’ombre devant lui ; mais rien, toujours rien, et je remontai pour redescendre encore ; la dernière fois, le père Hilario allait sonner, quand je prévins le bruit en ouvrant la porte du guichet devant lui, comme si j’avais été l’ange qu’on voit peint sur la muraille de la cathédrale de Pise et qui ouvre la porte du cachot à Pierre, en tenant un flambeau en avant, pendant que les deux gendarmes dormaient, la tête sur leur bras, sans voir et sans entendre.

2061. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Ces dessous ne sont pas exprimés, c’est vrai, mais la pantomime de ces véridiques et vivantes marionnettes est si juste que chacun de leurs gestes ou de leurs airs de tête nous révèle leur âme et tout leur passé ; et je ne croirai jamais qu’un romancier qui, rien qu’en notant des mouvements extérieurs et de brefs discours, a pu suggérer à M. 

2062. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Vous pensez bien que vous n’y trouverez pas davantage l’observation des mouvements de l’âme, l’odieuse psychologie.

2063. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Il demandait un agrément vif et doux, une certaine joie intérieure, perpétuelle, donnant au mouvement et à la forme l’aisance et la souplesse, à l’expression la clarté, la lumière et la transparence.

2064. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Réservons donc pour notre usage, pour l’usage de tous, le style littéraire proprement dit, que je distingue du style académique (lequel en son lieu, pourtant, a bien aussi son prix) ; réservons le style des honnêtes gens qui écrivent comme ils pensent, mais qui ne pensent pas avec cette hâte, avec ce mouvement impétueux et impérieux, qui pensent à leur loisir, avec douceur, élévation ou finesse, sans s’interdire certains circuits gracieux et les agréments du chemin.

2065. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Mais ils comprenaient leur temps ; les vues et les efforts de leur politique étaient en harmonie avec ses besoins, avec l’état et le mouvement général des esprits.

2066. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Le second jour, au moment de reprendre la lutte, Sohrab a un mouvement de tendresse, et la nature, près de succomber, fait en lui comme un suprême effort.

2067. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Depuis seulement que j’existe, il s’est fait plus de mouvement dans les idées et les coutumes de mon village, qu’il ne s’en était vu durant des siècles avant la Révolution… » Ô poète, je vous arrête ici et je vous prends sur le fait.

2068. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Mes phrases ne sont pas le résultat d’un calcul, d’une froide combinaison d’esprit ; elles suivent les mouvements de mon âme ; c’est le sentiment que j’éprouve qui me donne le ton : j’écris comme je suis affecté, et voilà pourquoi on me lit.

2069. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Il a cette gaieté légère qui n’est ni une dissipation ni un mensonge, et qui, chez lui, n’est que le mouvement naturel d’une âme chaste, égale, tempérante ; il a cette joie dont il a dit si bien que « la frugalité, la santé et l’innocence en sont les vraies sources ».

2070. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

On voit dans chacune de ses lettres combien elle se méfie de la sagesse du poète quand il est loin d’elle, abandonné sans conseil à toutes ses irritations, à ses premiers mouvements et à ses pétulances : « Croyez-moi, dit-elle à d’Argental, ne le laissez pas longtemps en Hollande ; il sera sage les premiers temps, mais souvenez-vous Qu’il est peu de vertus qui résistent sans cesse. » Si elle avait lu La Fontaine autant que Newton, elle citerait, pour le coup, ces vers charmants du bonhomme, qui vont si bien à Voltaire et à toute la race : Puis fiez-vous à rimeur qui répond D’un seul moment !

2071. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

L’esprit de Louis XIV, on le sait, était très juste : mais, en vieillissant, cet esprit était juste sans mouvement et sans invention, et seulement en quelque sorte pour les choses qui lui étaient soumises, et dans les termes où elles lui venaient sur la table du Conseil : il n’allait pas les chercher de lui-même au-delà.

2072. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Aujourd’hui donc je ne viens rien conseiller, mais je veux simplement jeter un coup d’œil sur l’état actuel de la poésie, et sur le mouvement qu’elle a suivi dans ces dernières années.

2073. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Un dîner chez Mme Tallien, une soirée chez Mme de Beauharnais, les Concerts-Feydeau, ces réunions d’alors avec leur mouvement et leur tourbillon, avec le masque et la physionomie des principaux personnages, revivaient jusqu’à la fin sous la plume et dans les récits de Mme Gay.

2074. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Il tâtonna, il s’essaya, il ne donna point sa mesure entière de talent tant qu’il ne fut point en chef et maître de tous ses mouvements : c’est sa première période jusqu’en août 1830.

2075. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Le berger, indiquant le tombeau que la tradition désigne pour celui d’Ariane, ajoute : « Ce monument, ainsi que tous ceux de ce pays, a été mutilé par le temps et encore plus par les barbares ; mais le souvenir de la vertu malheureuse n’est pas sur la terre au pouvoir des tyrans. » Et Bernardin, après avoir achevé son tableau, ajoute à son tour : « Je doute qu’un athée même, qui ne connaît plus dans la nature que les lois de la matière et du mouvement, pût être insensible au sentiment de ces convenances présentes et de ces antiques ressouvenirs. » Qu’a de commun, je vous prie, un athée avec les idées naturelles que fait naître l’histoire d’Ariane d’après Catulle, dans la bouche du berger ?

2076. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Par exemple, quand il passe en Dauphiné, il dira de l’Isère : « Nous passâmes ensuite à l’embouchure de l’Isère, rivière infâme s’il en fut jamais : c’est une décoction d’ardoise. » Et à Marseille : « On trouve en cette province, à chaque pas, l’agréable et jamais le nécessaire ; aussi, à vous parler net, la Provence n’est qu’une gueuse parfumée . » À propos d’une danseuse qu’il voit à Vérone, et qui surpasse tous les maîtres en entrechats : « De sorte, ajoute-t-il, qu’à l’égard de la légèreté, la Camargo est auprès d’elle une danseuse de pierre de taille. » Parlant du Giorgione à Venise, et le comparant, pour le coloris, à ce qu’est Michel-Ange pour le dessin, il dira : « Ces deux maîtres sont les czars Pierre de la Peinture, qui en ont banni la barbarie ; mais ce n’a pas été sans férocité. » Et en débarquant à Livourne : « Figurez-vous une petite ville de poche, toute neuve, jolie à mettre dans une tabatière, voilà Livourne. » Je cite ces mots au hasard, non comme des mots (car quelques-uns pourraient sembler maniérés, s’ils étaient faits pour être détachés et mis en relief), mais comme faisant partie du mouvement et du pétillement d’esprit ordinaire au président de Brosses.

2077. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Si l’on avait conservé les lettres ou plutôt les gazettes que l’abbé Barthélemy écrivait de Chanteloup à Mme Du Deffand, et où il rendait compte du mouvement de société jour par jour, on aurait de vrais mémoires sur un intérieur du grand monde au xviiie  siècle.

2078. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

En effet, n’avons-nous pas vu les Japonaises de la grande Exposition, expliquer la phrase de leurs compatriotes, avec leurs rampements, leurs agenouillements, leurs gracieuses attaches au sol, leurs mouvements de gentils quadrupèdes, leurs habitudes enfin, de se faire toutes ramassées, toutes pelotonnées, toutes exiguës.

2079. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Comme les mourants qui aspirent après un cordial qui leur redonne l’illusion fugitive de la vie, fût-ce au prix d’une brûlure aux entrailles, la bourgeoisie chercha alors un poète dont le vers s’abattît, à la rigueur, sur ses reins épuisés, mais la forçât à se redresser ; un moraliste qui la rappelât à la pratique sévère de ses anciennes vertus, un historien capable de réveiller en elle, par ses fiers récits, le goût et la puissance des grands mouvements de l’âme.

2080. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

C’est cette considération plus que toute autre, c’est elle seule peut-être qui détermina le choix des dramatistes allemands pour les sujets du moyen âge, ce choix qu’ils voudraient nous faire regarder comme un mouvement impérieux de leurs âmes, ou comme une sublime inspiration de leur génie.

2081. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Nul mouvement intérieur n’anime sa phrase et ne la secoue et ne lui imprime ces sinuosités et ces raccourcis qui font du style une peinture.

2082. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Ainsi, en restant sur le fond des choses et dans les généralités d’opinion, la critique de Xavier Aubryet a, dès son premier pas, pris une forte avance sur les autres critiques contemporaines, mais en continuant dans le sens de son premier mouvement, elle les distancerait tout à fait.

2083. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Au fond, leurs émigrations consistent en petits voyages à Chaville, à Suresnes, à Meudon, dans le cercle de la grande banlieue, dans l’atmosphère qui est encore parisienne, dans les sites rapprochés où passe le mouvement de Paris, et le voyage, si court qu’il soit, est encore traversé de regrets.

2084. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Fénelon, dans la chasteté de son âme et de son goût, a pu louer la simplicité passionnée de Catulle, et citer de lui quelques mouvements d’une poésie ravissante.

2085. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Mais ce zèle même, si consumant pour la faiblesse du corps, cette ferveur ingénue qui semblait un don de l’Église primitive, s’alliaient en lui aux vues les plus hautes sur le mouvement de la race humaine ici-bas et le progrès nécessaire de l’Évangile.

2086. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Il y a dans chaque esprit une action élémentaire qui, incessamment répétée, compose sa trame et lui donne son tour : à la ville ou dans les champs, cultivé ou inculte, enfant ou vieillard, il passe sa vie et emploie sa force à concevoir un événement ou un objet ; c’est là sa démarche originelle et perpétuelle, et il a beau changer de terrain, revenir, avancer, allonger et varier sa course, tout son mouvement n’est jamais qu’une suite de ces pas joints bout à bout ; en sorte que la moindre altération dans la grandeur, la promptitude ou la sûreté de l’enjambée primitive transforme et régit toute la course, comme dans un arbre la structure du premier bourgeon dispose tout le feuillage et gouverne toute la végétation88. […] Les mouvements de son intelligence sont adroits et prompts comme ceux de ses membres ; du premier coup, et sans effort, il met la main sur son idée. […] Par ce mouvement intérieur, le modèle idéal est déplacé, et l’on voit jaillir une nouvelle source d’action, l’idée du juste.

2087. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Plus jeune d’âge que la plupart des hommes de ce premier mouvement, le précoce Leopardi se trouve débuter en même temps qu’eux ; il va en ligne avec les Manzoni, les Berchet, les Grossi, et ne vient à la suite de personne : il se lève de son côté, tandis qu’eux marchaient du leur. […] Je ne sais si Leopardi rendait toute justice au mouvement italien contemporain, dont il n’était lui-même qu’un des nobles organes, et s’il y reconnaissait autant de signes de parenté avec lui qu’on croit en découvrir à distance, mais je me plais à enregistrer ici le mot de Manzoni sur son talent : « Vous connaissez Leopardi, disait-il vers 1830 à un voyageur, avez-vous lu ses essais de prose ?

2088. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

La lettre du chevalier nous le montre devisant et moralisant dans l’intimité ; si fidèle qu’ait voulu être le secrétaire, on sent, à le lire, qu’il n’a pu tout rendre, et l’on découvre bien par-ci par-là quelque solution de continuité dans ce qu’il rapporte : « Il y a, dit La Rochefoucauld, des tons, des airs, des manières qui font tout ce qu’il y a d’agréable ou de désagréable, de délicat ou de choquant dans la conversation. » Mais, quoique tout cela s’évanouisse dès qu’on écrit, on croit saisir dans le mouvement prolongé du discours quelque chose même de ces tons qui faisaient de ce penseur amer un si doux causeur, et qui attachaient en l’écoutant. […] Quant à cet autre mot : faire l’esprit, il était du maréchal de Clérembaut, et le chevalier le confirme aussitôt et l’explique de la sorte : « Je me souviens de quelques bons maîtres qui montroient les exercices dans une si grande justesse qu’il n’y avoit rien de défectueux ni de superflu ; pas un temps de perdu, ni le moindre mouvement qui ne servît à l’action.

2089. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Les fils d’Adam marchaient nus, ou « sans autre vêtement qu’une ceinture de lierre et de bardane pour couvrir ce que la pudeur veut et voulut toujours tenir couvert226 », et quand ce costume modeste ne fut plus assez chaud, ils s’enveloppèrent de tuniques larges et flottantes dont les plis harmonieux suivaient tous les mouvements et toutes les poses de leurs corps souples et bien formés227. […] Il tombe simple et libre, s’harmonisant avec les poses, le maintien et les mouvements.

2090. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

« Il y a une audace et un abandon dans la confidence des mouvements d’un pareil cœur, bien rares en notre pays et qui annoncent le poète. […] Après nous être un peu promenés seul à seul, Au pied d’un marronnier ou sous quelque tilleul Nous vînmes nous asseoir, et longtemps nous causâmes De nous, des maux humains, des besoins de nos âmes ; Moi surtout, moi plus jeune, inconnu, curieux, J’aspirais vos regards, je lisais dans vos yeux, Comme aux yeux d’un ami qui vient d’un long voyage ; Je rapportais au cœur chaque éclair du visage ; Et dans vos souvenirs ceux que je choisissais, C’était votre jeunesse, et vos premiers accès D’abords flottants, obscurs, d’ardente poésie, Et les égarements de votre fantaisie, Vos mouvements sans but, vos courses en tout lieu, Avant qu’en votre cœur le démon fût un Dieu.

2091. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Là où les fortunes aisées sont nombreuses, il y a bien moins de mouvements et de dissensions révolutionnaires. […] Le peuple ne s’insurge jamais contre lui-même, ou du moins les mouvements de ce genre sont sans importance.

2092. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

« Le genre dans lequel Béranger a composé, dit-il, est un vieux genre national auquel on était accoutumé ; cependant, pour maintes choses, il a su prendre un mouvement plus libre que ses prédécesseurs, et aussi il a été attaqué par le parti du pédantisme. » Il ne sentait des poètes français de nos jours comme grandiose que Mérimée et Béranger. […] Car si un oiseau perdait à l’aile gauche trois pennes sans les perdre aussi à l’aile droite en même temps, l’équilibre serait rompu et l’oiseau ne serait plus le maître de ses mouvements.

2093. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

À inspirer cette double conversion, prodigieuse, quelles circonstances furent, quels mouvements intérieurs des pensées ? […] Au près d’un rocher central, Woglinde tourne en un agréant mouvement de nage52.

2094. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Il décrit très bien le sentiment angoisseux, qu’on éprouve au moment de l’entrée dans la cellule, et le mouvement qui vous fait instinctivement porter la main à votre chapeau et vous découvrir, absolument comme devant un corbillard qui passe, et il ajoute que lui qui était toujours en jaquette, ce jour-là, sans qu’il s’en rendît compte, revêtait une redingote. […] La manifestation du premier mai fait causer du mouvement nihilo-socialiste actuel, où il n’y a aucun plan de reconstitution d’une nouvelle société, mais où il n’y a que la volonté de faire table rase de la vieille, et laisser la nouvelle se faire toute seule.

2095. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Ne sont-ce pas les causes physiques qui mettent les causes morales en mouvement ? […] Maximin fut déposé et les Gordiens afriquains mis en sa place, sans qu’il se fit à Rome d’autre mouvement que s’il se fut agi de l’execution d’un arrêt rendu contre un particulier.

2096. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Quant à la physionomie même de Bernis et à son mouvement d’esprit dans ce torrent, nous pouvons en avoir quelque idée par les lettres et billets qu’il continue d’adresser à Duverney.

2097. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Il porte le mouvement lyrique jusque dans les moindres choses.

2098. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

À ce moment, il y a un léger mouvement de baisse, une légère impression d’ennui qui de la lecture du livre a presque passé sur l’auteur : (10 août).

2099. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Lavallée a eu soin de placer aussi un portrait de l’illustre fondatrice, où revit cette grâce si réelle, si sobre, si indéfinissable, et qui, sujette à disparaître de loin, ne doit jamais s’oublier quand par moments la figure nous paraît un peu sèche ; il l’emprunte aux Dames de Saint-Cyr dont la plume, par sa vivacité et ses couleurs, est digne cette fois d’une Caylus ou d’une Sévigné : Elle avait (vers l’âge de cinquante ans), disent ces Dames, le son de voix le plus agréable, un ton affectueux, un front ouvert et riant, le geste naturel de la plus belle main, des yeux de feu, les mouvements d’une taille libre si affectueuse et si régulière qu’elle effaçait les plus belles de la Cour… Le premier coup d’œil était imposant et comme voilé de sévérité : le sourire et la voix ouvraient le nuage… Saint-Cyr, dans son idée complète, ne fut pas seulement un pensionnat, puis un couvent de filles nobles, une bonne œuvre en même temps qu’un délassement de Mme de Maintenon : ce fut quelque chose de plus hautement conçu, une fondation digne en tout de Louis XIV et de son siècle.

2100. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

C’est ainsi que sont les hommes quand ils sont tout à fait naturels, s’abandonnant à leurs mouvements avec une mobilité qui s’accorde bien, du reste, avec cette foi absolue en Dieu et avec cette idée qu’on est entre les mains de celui qui peut toute chose de nous à chaque instant du jour.

2101. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Jamais, que l’on me pardonne ce petit mouvement de vanité !

2102. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Balzac usa quelquefois de la faveur de Voiture en Cour, et le mit en mouvement pour faire arriver de ses œuvres sous les yeux du cardinal de Richelieu ou du cardinal Mazarin : Voiture, qui savait les difficultés et avait du tact, se prêtait à ces démarches autant qu’il fallait, et rien de plus.

2103. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Pendant que Frédéric s’appliquait, après tant de désastres, à rétablir toutes les parties de l’État qui avaient souffert, soignant l’agriculture et l’industrie, attirait chez lui les populations voisines, faisait bâtir des villages, rendait à l’armée sa discipline et le ton de solidité qu’elle avait autrefois, et, en cela comme dans le veste, moins inventeur et novateur que praticien, « se bornait à donner par la routine, par de continuels exercices, aux officiers et aux troupes, l’intelligence et la fermeté dans tous les mouvements, pour être sûr d’eux à l’occasion s’il était nécessaire de les employer dans le sérieux » ; pendant que chaque jour, depuis le matin jusqu’à la nuit, il remplissait ainsi en conscience son devoir de chef et de tuteur de peuple, il fut atteint de la plus cruelle des douleurs.

2104. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Elle a très bien rendu le mouvement qui la porta vers lui et qui fut le principe de leur liaison : Je me sais très bon gré d’avoir vaincu ma timidité.

2105. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Voltaire s’intéressait à tout ce qui se passait dans le monde auprès de lui ou loin de lui ; il y prenait part, il y prenait feu ; il s’occupait des affaires des autres, et, pour peu que sa fibre en fût émue, il en faisait les siennes propres ; il portait le mouvement et le remue-ménage partout où il était, et devenait un charme ou un tourment.

2106. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Tel nous apparaît Maine de Biran dans ce volume, au point de départ ; quinze et vingt ans après, et par le seul mouvement continu de sa pensée, il en était venu à déplacer totalement son point de vue, à le porter, en quelque sorte, de la circonférence au centre, à tout rendre (et même au-delà) à la force intime et à la volonté : L’art de vivre, écrivait-il en 1816, consisterait à affaiblir sans cesse l’empire ou l’influence des impressions spontanées par lesquelles nous sommes immédiatement heureux ou malheureux, à n’en rien attendre, et à placer nos jouissances dans l’exercice des facultés qui dépendent de nous, ou dans les résultats de cet exercice.

2107. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Pour moi, plus fondé dans mes principes, quoique aussi détraqué dans mes actions, je suis mes plaisirs, je les cours, je me livre à leur léthargie et en sors par le mouvement.

2108. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Jean Rou avait pour aïeul maternel Jean Toutin, célèbre orfèvre-joaillier : celui-ci, étant allé à une de ses métairies pour une réparation, y vit deux scieurs de long à l’œuvre et, prenant plaisir à leur naturel d’attitude et de mouvement, il en fit un petit dessin qu’il s’amusa ensuite à graver à l’eau-forte.

2109. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Il fallut que bien des révolutions s’accomplissent pour que ce miracle devînt possible ; mais, par cela même qu’il dura, le salon de Mme Swetchine se renouvela souvent, et, dans les dix ou douze dernières années notamment, il fît d’intéressantes recrues, il acquit un certain nombre de jeunes amis et de fidèles qui avaient du mouvement, du liant, beaucoup d’entregent, le goût de la publicité, le talent de l’oraison funèbre, et qui lui ont fait sa réputation posthume.

2110. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Et ce père, de la part de qui le magistrat lui remet une lettre cachetée et de très ancienne date, qui était en dépôt chez lui, une lettre à grandes phrases et passablement déclamatoire, est-il naturel qu’il en ait voulu pendant dix ans à sa fille (car il a beau dire, il lui en veut), pour un mouvement d’enfant qui, entre les deux, lui a fait choisir sa mère ; que, pendant dix ans, il ne lui donne aucun signe d’affection et qu’il la mette, quand elle reviendra à lui, dans cette alternative cruelle de tout ou rien ?

2111. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Le très-sage Hume nous en est la preuve : au reçu de la lettre insensée de Jean-Jacques, écrite de Wootton le 23 juin 1766, et dans laquelle celui-ci l’accusait de ne l’avoir amené en Angleterre et de ne lui avoir procuré en apparence un asile sûr que pour mieux le déshonorer, il eut un premier mouvement d’indignation et de colère ; il dérogea à sa philosophie, à son tempérament même, et sortit de son indifférence ; il ne put s’empêcher, lui aussi, de s’écrier : « Rousseau est un scélérat. » Par malheur, il eut l’idée d’écrire sur ce ton à ses amis de Paris, et non pas d’abord à Mme de Boufflers qui lui eût donné un bon conseil, mais au baron d’Holbach, le coryphée et la trompette des Encyclopédistes : la trompette sonna.

2112. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Le peintre, avec son pinceau, peut rendre bien des choses, en dehors même de la couleur pure ; il peut donner idée du mouvement, du bruit, du fracas ; mais le silence, comment l’exprimer ?

2113. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

C’était pour lui l’enluminure et, par conséquent, l’altération de la vérité ; c’était la pompe et la vanité, substituées à la raison et à la logique ; c’était le succès de la cause, sacrifié au succès de l’orateur ; enfin, la déplorable phrase, au lieu du mouvement du cœur et de l’esprit.

2114. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Dans le premier mouvement de colère, il fut tenté de quitter la partie et de retourner en Allemagne pour soigner tout de bon son foie.

2115. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Au xvie  siècle, en 1543, le brillant mouvement de renaissance imprimé par François Ier était sans doute en plein développement, mais il n’avait pas produit sa floraison ni ses fruits dans toutes les branches.

2116. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Depuis ce temps, il n’est pas de soins ni de mouvements qu’il ne se soit donnés pour retrouver les moindres débris du portefeuille de Gresset, pour en déchiffrer les plus informes brouillons, pour en restituer les plus exigus fragments, pour conférer les diverses éditions et présenter les variantes comme on fait pour les grands classiques ; les académies du lieu, les sociétés littéraires des cantons circonvoisins, ont retenti maintes fois du prélude de ces estimables travaux, poursuivis avec un zèle pour ainsi dire acharné ; et aujourd’hui, maître de son sujet, en ayant épuisé toutes les veines, le laborieux biographe ramasse ses résultats en deux volumes, qui contiennent tout sur Gresset, et même un peu plus que tout, puisqu’on y rencontre certaines petites injures contre les ex-romantiques, contre cette abominable postérité de Jodelle et de Du Bartas, et aussi contre le virus des âmes gangrenées de George Sand et consorts.

2117. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Aussi les lettres écrites au moment de la passion, et qui en réfléchissent, sans effort de souvenir, les mouvements successifs, sont-elles inappréciables et d’un charme particulier dans leur désordre.

2118. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Elle se fâche tout bas et se pique même contre eux autant que plus tard elle en rira : « Mes sentiments me paraissent bizarres ; je ne trouve rien de si étrange que de haïr quelqu’un parce qu’il m’aime, et cela depuis que j’ai voulu l’aimer : c’est pourtant bien vrai, je te peins au naturel ce qui se passe dans mon âme. » Les lettres à Sophie, dans ces moments de délicate confidence, deviennent plus vives, plus excitées ; il s’y fait sentir un contre-coup de mouvement et d’aiguillon.

2119. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Aloïsius Bertrand163 Il doit être démontré maintenant par assez d’exemples que le mouvement poétique de 1824-1828 n’a pas été un simple engouement de coterie, le complot de quatre ou cinq têtes, mais l’expression d’un sentiment précoce, rapide, aisément contagieux, qui sut vite rallier, autour des noms principaux, une grande quantité d’autres, secondaires, mais encore notables et distingués.

2120. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Si le christianisme est l’allégorie du mouvement des sphères, la géométrie des astres, les esprits forts ont beau faire, malgré eux ils ont encore laissé assez de grandeur à son culte ! 

2121. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

En effet, elle faisait faire un grand pas à l’explication rationnelle des faits historiques ; elle écartait les hypothèses de législateurs fabuleux ou d’une Providence divine, et commençait à faire apparaître, dans le chaos des institutions humaines et la confusion des mouvements sociaux, le net déterminisme des sciences naturelles.

2122. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

… Il ne raisonna rien, mais à la longue se sentit plus rapproché de l’inconnu, qui l’attirait, que de ses semblables, qu’il n’aimait pas ; il finit par découvrir des formes et des mouvements dans l’ombre, où les gens de la plaine passaient sans rien voir.

2123. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Mais ce à quoi les écrivains russes sont amenés par le mouvement spontané de leurs âmes religieuses et rêveuses, par l’étude des cœurs simples et par le spectacle d’infinies souffrances et d’infinies résignations, nous y arrivons, je crois, par la banqueroute de l’analyse et de la critique, par le sentiment du vide qu’elles font en nous et de la somme énorme d’inexpliqué qu’elles laissent dans le monde.

2124. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Les éléments particuliers disparaissent, mais le mouvement accompli reste.

2125. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Les drames de Victor Hugo sont moins concentrés, moins élégants, moins simples, moins psychologiques que les tragédies de Racine ; ils ont, en revanche, plus de couleur, de mouvement, de vie extérieure.

2126. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Mais, dans les temps modernes, l’indépendance de deux mouvements parallèles n’est pas aussi facile à reconnaître.

2127. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

A peine tend-elle, d’un mouvement sec, son front poudré de riz au tendre baiser du vieillard.

2128. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Il s’agissait encore de Voltaire, au sujet de sa tragédie de Mahomet et des hardiesses qu’elle renferme : Ce que je ne lui pardonne pas, et qui n’est pas pardonnable, écrivait Chesterfield à Crébillon, c’est tous les mouvements qu’il se donne pour la propagation d’une doctrine aussi pernicieuse à la société civile que contraire à la religion générale de tous les pays.

2129. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Michelet a bien saisi la pensée même du personnage, qu’il a rendu avec vie, avec entrain et verve, le mouvement de l’ensemble, l’ivresse de la population, ce cri public d’enthousiasme qui, plus vrai que toute réflexion et toute doctrine, plus fort que toute puissance régulière, s’éleva alors en l’honneur de la noble enfant, et qui, nonobstant Chapelain ou Voltaire, n’a pas cessé de l’environner depuis.

2130. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Il ne craignait pas d’avoir à marquer dans sa narration, pour rester plus fidèle à la vérité, la langueur ou la complication des mouvements politiques ; ce jeu bizarre et entrecroisé des choses lui allait, et il prenait plaisir à nous en démêler la trame.

2131. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Les deux jeunes filles, l’aimante et la légère, apportent au jeu un même intérêt de curiosité et d’effroi : « Les deux bouches sont sans parole ; les quatre yeux riants, effrayés, suivent le mouvement des doigts. » Tout allait bien, les cartes promettaient, presque tous les piques étaient dehors, quand, pour dernière carte, la fatale dame de pique tombe et vient crier : Malheur !

2132. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Cet indiscret Garat, dans un épanchement qu’il adressait à Condorcet en 1792, écrivait, en se reportant aux scènes de la Constituante (de tels aveux sont bons à recueillir dans tous les temps) : Vous savez, monsieur, qu’à ces mêmes époques les séances de l’Assemblée nationale ; d’où tous les mouvements partaient et où tous venaient retentir et se répéter, étaient beaucoup moins des délibérations que des actions et des événements.

2133. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Un esprit sérieux et solide comme le sien, aidé d’un cœur chaud et ardent, ne pouvait rester indifférent au mouvement de 89 : il en embrassa les espérances, n’en répudia que les excès, et en conserva toujours les principes essentiels qu’il se plaisait depuis à confondre, dans son érudition un peu particulière, avec l’héritage des vieilles libertés municipales léguées par les Romains.

2134. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Ses Mémoires deviennent plus sérieux et prennent un caractère historique plus élevé à mesure qu’on avance dans le mouvement des agitations civiles et dans les troubles de la Fronde.

2135. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Gourville, qui observait toutes choses, dit au cardinal qu’il ne doutait pas « que, dans le temps que la vendange approcherait, il n’y eût quelque nouveau mouvement à Bordeaux. » Quand venait cette saison des vendanges, Bordeaux songeait toujours à faire sa paix.

2136. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Il y mêlait du pathétique, et il y a, tout au milieu, un vrai mouvement oratoire : « Justice !

2137. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Quelquefois le geste est plus grand, moins familier ; l’orateur se lève : « C’est ici qu’il faut se donner le spectacle des choses humaines… » Et il énumère dans un mouvement digne de Bossuet tout ce travail du peuple romain et du Sénat, tant de guerres entreprises, tant de sang répandu, tant de triomphes, tant de sagesse et de courage, le tout pour arriver finalement « à assouvir le bonheur de cinq ou six monstres ».

2138. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Ses goûts étaient ceux d’un honnête homme qui avait du mouvement dans l’imagination, du trait dans l’esprit, et de bons sentiments dans le cœur.

2139. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Ainsi le système de Hegel, pas plus qu’aucun autre système, ne peut enchaîner à jamais dans une forme déterminée le mouvement et l’essor de la pensée.

2140. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Pour l’expression et pour le geste de sa phrase, Sainte-Beuve est allé jusqu’à comparer Rivarol à Joseph de Maistre, et nous avouons que de diction, de mouvement, de sentiment parfois, le rapport paraît exister entre eux deux.

2141. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Ou serait-ce au contraire un organisme en mouvement, incessamment soumis au renouvellement cellulaire avec toutes ses conséquences, modifié par les milieux qu’il traverse, lié aux vicissitudes qui l’entourent ?

2142. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Parlant des impressions que lui procurent les choses et les individus, elle laisse tomber cette phrase étrange : « J’aime tout ce qui caractérise un milieu : le roulement des voitures et le bruit des ouvriers, à Paris ; les cris de mille oiseaux, à la campagne ; le mouvement des embarcations sur les fleuves. […] — Voilà le petit Chose qu’on fouette… » Il décrit une promenade à cheval : « La bête va l’amble, tatata, tatata, toute raide ; on dirait que son cou va se casser, et sa crinière couleur de mousse roule sur ses gros yeux qui ressemblent à des cœurs de mouton… » Et durant les trois volumes ce sera ainsi, à chaque page, des sursauts de style destinés à traduire des bruits et des mouvements. […] … » repris-je, et, sur son mouvement de tête affirmatif : — « Vous ne savez pas une note de musique, voilà ce que vous venez de dire et de prouver en effet. […] Chacun de ces rouages a conscience de son mouvement propre, et comme il ne se rend pas compte qu’il emprunte ce mouvement à la force qui met en branle tout l’ensemble, il se croit indépendant. […] Le moment, c’est celui de la décadence des grands corps constitués et régulateurs, noblesse et clergé, qui n’ayant pas transformé leurs privilèges en instruments de supériorité, ne sont plus qu’une aristocratie de parade et de façade — ombre sans corps, et qui ne saurait opposer de résistance effective à un mouvement révolutionnaire.

2143. (1933) De mon temps…

Je le vis se diriger vers moi de son pas méthodique, avec cette lenteur précise et prudente qu’il apportait à ses mouvements aussi bien qu’à ses actes et à ses paroles. […] Elle évoqua les heures qu’il avait passées auprès d’elle à la Panne, dernier sol libre de la Belgique envahie, et le tragique accident où, dans la gare de Rouen, un mouvement imprudent et un faux pas malencontreux avaient précipité sous les roues du wagon celui qui n’avait pas eu le bonheur, lui, le poète des Aubes, de voir se lever sur sa patrie délivrée le jour de la Victoire et de la Liberté…   Ce fut à Bruxelles que je fis la connaissance d’Emile Verhaeren, en 1890 ou 1891. […] Jacquesson de la Chevreuse la lançait par la fenêtre dans la cour où les élèves frileux allaient, chacun à son tour, la chercher et la remontaient, ce qui leur mettait le sang en mouvement et leur dégourdissait les jambes.

2144. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Plus tard, dans ses loisirs, lui aussi il reviendra passionnément et avec une prédilection marquée à une sorte de culte, au culte littéraire du xviie  siècle ; mais, même dans ce mouvement qui lui est commun avec d’autres, notez les différences.

2145. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Il commence par un tableau circonstancié des dernières années de Louis XIV : ici, malgré les imitations et les emprunts que nous allons signaler, on sent dans le récit de Duclos une vive impression personnelle, qui y donne le mouvement.

2146. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Voilà la contradiction nettement posée, Rivarol se chargera de confirmer et de mettre en relief la pensée de l’abbé de Pons quand il dira dans son Discours sur l’universalité de la langue française : Le français, par un privilège unique, est seul resté fidèle à l’ordre direct, comme s’il était tout raison ; et on a beau, par les mouvements les plus variés et toutes les ressources du style, déguiser cet ordre, il faut toujours qu’il existe ; et c’est en vain que les passions nous bouleversent et nous sollicitent de suivre l’ordre des sensations, la syntaxe française est incorruptible.

2147. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Un officier de la 18e, le capitaine Motte, commandant un fort au débouché du Tyrol, se laisse intimider par les sommations de l’ennemi, lors des premiers succès de Wurmser ; il livre le passage et se rend prisonnier de guerre : Sans cette malheureuse circonstance, le mouvement des Autrichiens eût été retardé de quelques heures.

2148. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

On peut, dans le xvie  siècle, distinguer quatre périodes ou moments poétiques : 1° l’entrée ou le commencement qui n’est que la fin et la queue du xvc siècle, sous Louis Xll, avant Marot ; 2° le règne et la floraison de Marot et de son école ; 3° le mouvement et le règne de Ronsard ; 4° la dernière période antérieure à Malherbe, celle où florissaient Desportes et Bertaut.

2149. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

… Pardonnez-moi, ajoute aussitôt l’aimable contradicteur, pardonnez cette boutade ; c’est un petit mouvement d’humeur jalouse.

2150. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

La réaction, comme on dit, l’avait saisie, sans secousse d’ailleurs et d’un mouvement insensible.

2151. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Sept ou huit places ou forts tombèrent successivement en peu de mois : ce fut la première partie de la campagne ; et, pour la seconde, on s’attendait de nouveau à une affaire générale, mais elle dépendait des mouvements du duc de Cumberland.

2152. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Mably sont morts avant d’avoir vu fructifier les germes qu’ils avaient semés dans les esprits : vous vivez, vous qui avez avec eux préparé les voies de la liberté ; et, comme dans ces associations ingénieuses où les vieillards qui survivent héritent de toute la fortune de leurs confrères morts, on se plaisait à voir accumuler sur votre tête le tribut de reconnaissance et d’hommages que l’on ne peut plus offrir qu’à leur cendre… » L’abbé Raynal, devenu homme de génie à l’ancienneté, en héritant successivement des morts, et par le mouvement naturel de la tontine des réputations, un homme de génie par survivance, c’était bien cela !

2153. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Par ce simple aperçu, que je ne me flatte pas d’avoir su rendre complet, j’ai tenu à bien montrer du moins l’ensemble du mouvement qui s’est produit, depuis une trentaine d’années, autour de cette famille particulière de vieux poètes.

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