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1510. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

» Arrêtons-nous.

1511. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Dans une très longue introduction qui finit humblement, mais dont l’humilité se prolonge un peu trop et a l’air trop fanfare (je m’arrête à ce mot, qu’on pourrait allonger), M. de Montalembert a conscience de son œuvre.

1512. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Soury est quelque chose de plus arrêté, de plus réfléchi, de plus détaillé et de plus infect.

1513. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Le récit du nouvel historien s’arrête au moment où Bossuet est nommé précepteur de Monseigneur le Dauphin et met son pied sur la première marche de l’escalier de Versailles.

1514. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

Il en eût arrêté l’architecture.

1515. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

IV Je voudrais pouvoir citer ces deux pièces pour donner une idée de la poésie de Gères quand elle atteint son point culminant, — son zénith ; je voudrais citer aussi l’Incerta et occulta, non moins belle, mais je suis arrêté par un des mérites de ces pièces la longueur, la puissance du souffle… L’Arbre devenu vieux n’a pas moins de cent dix-neuf strophes… Or, ces longues poésies sont venues et sont faites comme les roses, pour lesquelles Dieu ne s’est pas repris… Les feuilles d’une rose ne sont plus la rose ; des vers pris à des poésies bien venues n’en donnent ni le mouvement, ni l’unité, ni la vie !

1516. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

III Ainsi, de l’aveu même de l’auteur, forme petite et contractée, l’infini dans un point, la lumière arrêtée ou versée dans une goutte d’eau condensée, et pour Muse la Patience enflammée, pour Génie la rageuse Volonté, telles sont les caractéristiques de la poésie de M. 

1517. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Et dans une autre pièce : Heureux les tendres cœurs dont aucun mur fâcheux N’arrête les soupirs et n’entrave les feux !

1518. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Mais, sans s’arrêter à cette ligne extrême du dandysme, de Vigny avait pourtant le sentiment de la forme, — de la beauté voulue dans tous les détails de la vie, qui répugne à tout ce qui est inférieur, et qui faisait admirer au vieux Mirabeau le rouge que se mettait Mazarin mourant !

1519. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Si le roman de madame George Sand est une étude, purement et simplement, de nature et de passion humaine, comme les romanciers ont l’habitude de nous en donner, la pudeur, toutes les pudeurs, la compassion, toutes les compassions, la compassion pour Lui, et même pour Elle, le respect du passé, de la mort, de l’irrévocable, la peur enfin de son immortalité d’écrivain, si elle a la faiblesse d’y croire, tout devait l’arrêter, la troubler, lui faire jeter sa plume terrifiée.

1520. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Si le nouveau roman de Mme George Sand est une étude, purement et simplement de nature et de passion humaine, comme les romanciers ont l’habitude de nous en donner, la pudeur, toutes les pudeurs, la compassion, toutes les compassions, la compassion pour Lui, et même pour Elle, le respect du passé, de la mort, de l’irrévocable, la peur enfin de son immortalité d’écrivain, si elle a la faiblesse d’y croire, tout devait l’arrêter, la troubler, lui faire jeter sa plume terrifiée.

1521. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Je m’arrêterais.

1522. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

On cherche à l’arrêter.

1523. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Tout à coup l’orateur s’arrête, il s’adresse au dieu qui dispose également et des vainqueurs et des victoires, et se plaît à immoler à sa grandeur de grandes victimes.

1524. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Il s’ouvrit une grande scène en Europe ; les dépouilles de la maison d’Autriche à partager, la France et l’Espagne unies contre l’Angleterre, la Hollande, la Sardaigne et l’Empire, une guerre importante, un jeune roi qui se montra à la tête de ses armées, les présages de l’espérance, les vœux des courtisans, enfin l’éclat des conquêtes et des victoires, et le caractère général de la nation, à qui il est bien plus aisé de ne pas sortir du repos que de s’arrêter dans son mouvement, tout donna aux esprits une sorte d’activité qu’ils n’avaient point eue peut-être depuis Louis XIV.

1525. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Cette revue, conduite si près de nous, s’arrête à un dernier problème posé quelquefois.

1526. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Vever : La promenade, dans un temple, de Japonais et de Japonaises examinant les tableaux accrochés au mur, et où est représenté un groupe de deux Japonais arrêtés devant un kakémono, dont l’un regarde la peinture et l’autre regarde les femmes. […] Et la chute des bûcherons amène l’image d’un vendeur de pommade pour les blessures, qu’on voit accroupi sur une peau d’ours, à côté d’un grand pot où, après s’être fait une entaille à la peau, il puise de la graisse d’ours et montre aux assistants que l’application de cette graisse arrête le sang. […] Mais ne voilà-t-il pas qu’au milieu de ce carnage entre dans la maison le ministre qui, dans une tournée, vient de faire arrêter deux brigands, qui dans le mort reconnaissent leur chef ! […] Une autre composition : c’est Okané, femme, à la réputation d’une force herculéenne, qu’un musculeux guerrier a cru pouvoir arrêter dans sa marche et qui, d’un bras tenant un barillet sur sa tête, continue à s’avancer tranquillement, entraînant, de l’autre bras, l’homme aux deux sabres. […] Un Japonais qui va boire une coupe d’eau s’arrête un moment étonné et charmé devant le microscopique cône de la montagne reflété dans l’eau qu’il porte à ses lèvres.

1527. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Plutôt que de nous présenter chaque acteur du drame en un médaillon d’une effigie arrêtée, M.  […] Musset y est arrivé parce que, poussant jusqu’au bout dans le sens où les romantiques s’étaient arrêtés à moitié route, il a résolument fait abstraction de tout ce qui n’était pas lui-même. […] Sans s’arrêter aux intermédiaires, Barbey dans la lignée de ses ancêtres, remonte droit aux pirates dont les barques aperçues à l’horizon faisaient pleurer Charlemagne. […] Cette émotion, un jour mystique, un jour sensuelle, il suffit qu’il l’ait éprouvée pour avoir le droit autant que le besoin de l’exprimer : aucun scrupule de goût ou de convenance ne saurait l’arrêter. […] L’ardeur belliqueuse de Victor Hugo s’arrête au seuil de la syntaxe, et son vers s’écarte à peine du type classique.

1528. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Il a un rendez-vous d’affaires, et il a besoin de savoir l’heure ; sa montre, sur laquelle ses amis avaient longtemps réglé la leur, s’est tout à coup arrêtée. […] Le petit champ n’a rien à craindre du parc auquel il confine, et la pierre qui lui sert de borne suffit pour arrêter même le souverain. […] A Feignies, où le convoi s’arrête pour la visite des bagages, je le rencontrai, au moment où, reconduit par le chef de gare qui, chapeau bas, lui ouvrait la portière, il regagnait son compartiment. […] Nous nous quittâmes très contents l’un de l’autre, et, quelques jours après, un arrêté de M. de Salvandy nommait Dumersan conservateur-adjoint du cabinet des Médailles. […] La diligence s’arrêtait d’ordinaire au cœur des villes, sur la grand’place, à proximité de quelque édifice historique.

1529. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

En attribuant trop de prix au cran d’arrêt, on arrêterait la critique elle-même. […] Entre une multitude dispersée de francs-tireurs et cette armée en ordre derrière sa musique, je m’arrête à une position intermédiaire. […] La critique des salons se fait parfois sur le livre du jour une opinion bien arrêtée en écoutant parler celui qui l’a écrit et ceux qui l’ont lu, et en ne le lisant pas. […] Si on en arrête le mouvement, on se moquera de Hugo ou de Brunetière. […] De la dernière est sorti le Port-Royal de Sainte-Beuve, et l’action de Vinet ne s’est pas arrêtée à Sainte-Beuve, elle a aussi été très forte sur Brunetière.

1530. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Deux fois le vaudeville arrêta Ballanche sur le seuil de l’Académie française, et il emporta au détriment du poète philosophe le fauteuil de M. de Bonald. […] Aussi, quand il arrête son dessin, il ne suffit pas qu’il soit ému, inspiré par l’idée élémentaire de son œuvre, il doit l’avoir méditée ; il doit parcourir son sujet dans tous les sens. […] Il serait peu philosophique, sans doute, de s’arrêter dans l’analyse des causes secondes et d’isoler chaque fait, en l’expliquant par une intervention directe du premier principe des choses. […] Nous n’avons pas à nous arrêter sur le fond des idées et la nature des images qui, pour les Védas comme pour la Bible, attestent la plus lointaine antiquité. […] Où cette progression s’arrêtera-t-elle ?

1531. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

C’est donc aussi pour une autre raison que je n’ai pas cru devoir m’y arrêter ; et, ici, comme dit Molière, pour me mieux faire entendre, Je m’en vais vous bailler une comparaison. […] L’action s’engage alors entre lui, d’une part, toujours soutenu d’Orgon, et la maisonnée tout entière, d’autre part ; — et, moi, je pourrais arrêter ici l’analyse de la pièce, si je ne voulais attirer votre attention sur deux points. […] En effet, la satire sociale, vous l’allez voir, a été l’intermédiaire par le moyen duquel la comédie de caractères s’est dégagée de la comédie de mœurs ; — et ceci vaut la peine que nous nous y arrêtions. […] Demeurons, chère Œnone ; (Elle s’arrête. — Elle presse légèrement le bras d’Œnone pour l’obliger de s’arrêter). […] Ils parcouraient ensemble l’exposition de peinture, et Diderot, un peu neuf à la critique d’art, exerçait, sans mesure, aux dépens des pauvres exposants, l’abondance de sa verve et de sa gesticulation, lorsque Chardin l’arrêta et lui dit : « De la douceur, mon ami, de la douceur !

1532. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Mais Bruant ne s’est pas arrêté là. […] Soudain, il s’arrêta ; d’une main il fit son geste coutumier de saisir ses vêtements, de l’autre il dessina vaguement avec sa canne un demi-cercle sur le trottoir. […] » Il s’arrêtait pour jouir plus à son aise de toutes les images que cette combinaison de sons évoquait. […] Nous croyons volontiers qu’il ne s’arrêtera pas au milieu de sa route ; et nous sommes prêts à le suivre. […] Il traversa l’appartement d’une enjambée, puis s’arrêta tout près de la table, où il prit une brochure qu’il feuilleta sans penser à ce qu’il faisait.

1533. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Là s’arrêtaient les renseignements assez confus que nous laissaient nos lectures d’antan. […] un Enfant-Jésus qui, d’après certaines âmes ridicules, serait soupçonné capable de faire des miracles, d’arrêter le cours d’une vengeance ! […] Rien, pas même l’airain, pour jamais ne s’arrête. […] Croyez-vous que l’Académie arrêtera son choix à l’un de ces noms ? […] Pauvre Manet qui n’a tenu en main que la bannière du vrai et du réel, sans défaillir jamais que devant la mort, — cette Impitoyable, que ni talent ni génie n’arrêtent dans sa marche !

1534. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Entendez revenir la demande : à peine elle paraît, un épanouissement de gaieté l’arrête : toujours la certitude tout à l’heure affirmée ! […] Il ne s’est point arrêté cependant à ces formes qu’il avait créées. […] Renan réplique, sous le nom de Philalète : « Je me suis habitué à ne plus m’arrêter à ce doute. […] « C’est ici que notre raison s’abîme, que toute science s’arrête, que les analogies se taisent. […] Ce progrès ne se doit pas arrêter : quel sera son résultat prochain ?

1535. (1896) Études et portraits littéraires

Et combien de fois s’est-il arrêté aux filets d’eau « courant dans le sol comme des veines » ! […] Il s’arrêta frissonnant. […] Gardons-nous donc de nous laisser arrêter par des incompatibilités factices. […] Et s’il n’est pas descendu aux derniers bas-fonds, il s’est arrêté tout au bord. […] Mais ces tombes suisses ou savoyardes m’avaient arrêté plus que d’autres.

1536. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Elle n’est pas toujours d’accord avec elle-même : tantôt, sous le prestige de l’Allemagne, elle se laisse entraîner jusqu’aux confins d’un nuageux idéalisme, et tantôt, retenue par l’esprit écossais, elle semble sur le point de s’arrêter à un assez maigre scepticisme. […] Un fait est en quelque sorte un phénomène arrêté, précis, déterminé, ayant des contours que l’on peut saisir et dessiner : il implique une sorte de fixité et de stabilité relatives. […] Il s’arrête difficilement et rarement à la description d’un fait particulier ; il préfère les oscillations, les vicissitudes, les révolutions flottantes des choses humaines. […] Je ne m’arrêterai pas à prouver combien une telle définition est fausse, même au point de vue scientifique. […] Or, comme il n’y a aucune raison de fixer à l’absolu ou à l’être en soi tel degré de perfection ou de détermination plutôt que tel autre, si je le conçois comme un infiniment petit, je devrai diminuer son être de plus en plus, et ne pouvant jamais m’arrêter dans cette opération d’élimination, je le verrai s’enfuvrait et se dispersant à l’infini, ayant ainsi une tendance infinie à se confondre avec le zéro ; on ne voit pas alors d’où il prendrait la force nécessaire pour augmenter sans cesse son être, comme l’expérience nous montre que cela a lieu.

1537. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Cependant sans m’arrêter ni aux uns ni aux autres, c’est Homere lui-même que je consulte. […] Je n’ai que deux mots à opposer à ce parallele : je ferois scrupule de m’y arrêter plus long-tems. […] Il s’interompt au milieu de ses succès : il s’arrête à interroger un inconnu, à faire et à écouter des histoires ; et il fait si bien par sa faute, que celle d’Hector n’a point de suite. […] Il arrête Patrocle qui refuse de s’asseoir, impatient qu’il est de retourner vers Achille. […] Agamemnon, au second livre, se tient assuré de la victoire, sur la foi du songe que Jupiter lui a envoyé ; il assemble les chefs ; et leur dit qu’il veut éprouver l’armée, en lui proposant la fuite, afin que si elle donne dans le piége, ils arrêtent et raniment les lâches qui auront pris son discours à la lettre.

1538. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Nous leur dirions volontiers : mais arrêtez-vous ; de ce beau vers au sens suspendu laissez-nous plus longtemps savourer les délices, tandis que nous crions à la prose : marche ! […] Aussi me bornerai-je à lui emprunter quelques-uns des passages dont il s’est lui-même servi avec la plus heureuse finesse, et je commencerai par celui-ci qui est capital : le mot aux contours bien arrêtés, le mot brutal, qui emmagasine ce qu’il y a de stable, de commun et par conséquent d’impersonnel dans les impressions de l’humanité, écrase ou tout au moins recouvre les impressions délicates et fugitives de notre conscience individuelle. « (essai sur les données immédiates de la conscience, p. 99.) » M.  […] Si je me suis arrêté plutôt sur quelques lyriques anglais, c’est qu’ils venaient d’eux-mêmes sous ma plume à propos de Baudelaire et de Mallarmé, et je n’aurais pas dû les séparer d’ailleurs de plusieurs philosophes et esthéticiens anglo-saxons dont le principal fut Carlyle. […] Arrêtons-nous un instant sur cette pensée et distinguons bien l’expression loquace, trop souvent impuissante, de la contemplation révélatrice. […] Elles n’arrêtent pas d’ailleurs l’analyse spirituelle : où finit-elle exactement, et où commencent les autres ?

1539. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Aussi la vraie honnêteté est indépendante de la fortune ; comme elle s’en passe au besoin, elle ne s’y arrête pas chez les autres ; elle n’est dépaysée nulle part : « Un honnête homme de grande vue est si peu sujet aux préventions que, si un Indien d’un rare mérite venoit à la cour de France et qu’il se pût expliquer, il ne perdroit pas auprès de lui le moindre de ses avantages ; car, sitôt que la vérité se montre, un esprit raisonnable se plaît à la reconnoître, et sans balancer. » Mais ici il devient évident que la vue du chevalier s’agrandit, qu’il est sorti de l’empire de la mode ; son savoir-vivre s’élève jusqu’à n’être qu’une forme du bene beateque vivere des sages ; son honnêteté n’est plus que la philosophie même, revêtue de tous ses charmes, et il a le droit de s’écrier : « Je ne comprends rien sous le ciel au-dessus de l’honnêteté : c’est la quintessence de toutes les vertus. » Vous êtes-vous jamais demandé quelle nuance précise il y a entre l’honnête homme et le galant homme  ? […] Le seul ouvrage de M. de Méré qui vaille aujourd’hui la peine qu’on s’y arrête avec détail, ce sont ses Lettres ; l’on en pourrait tirer un certain nombre de singulières et d’intéressantes. […] Un jour que je n’en pouvois plus, un de mes gens, qui m’avoit suivi, m’avertit que la nuit s’approchoit et qu’il n’y avoit point de lune ; je m’arrêtai dans un village à l’entrée de la forêt, et là, parce que cet homme étoit secret et fidèle, je lui communiquai mon dessein qui l’étonna ; mais il fallut m’obéir.

1540. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Nous ne rencontrons point sur notre route d’images extraordinaires, soudaines, éclatantes, capables de nous éblouir et de nous arrêter ; nous voyageons éclairés par des métaphores modérées et soutenues ; Jonson a tous les procédés de l’art latin ; même quand il veut, surtout en sujets latins, il a les derniers, les plus savants, la concision brillante de Sénèque et Lucain, les antithèses équarries, équilibrées, limées, les artifices les plus heureux et les plus étudiés de l’architecture oratoire119. […] Et voici qu’enfin la lettre ordonne d’arrêter Séjan. […] Nous sommes comme des apprentis naturalistes, gens paisibles et bornés qui, voulant se représenter un animal, voient le nom et l’étiquette de son casier apparaître devant leur mémoire avec quelque indistincte image de son poil et de sa physionomie, mais dont l’esprit s’arrête là ; si par hasard ils veulent compléter leur connaissance, ils conduisent leur souvenir, au moyen de classifications régulières, à travers les principaux caractères de la bête, et lentement, discursivement, pièce à pièce, ils finissent par s’en remettre la froide anatomie devant les yeux.

1541. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Que serait-ce si j’entrais dans le détail, si je décrivais la poëtesse proposée en prix, « avec ses yeux de bœuf et ses mamelles de vache », si je racontais les sauts des poëtes qui barbottent dans Fleet-Ditch, le plus ignoble égout de la ville, si je traduisais jusqu’au bout les vers extraordinaires où « les nymphes de la fange, charmées de la mine du plongeur l’attirent sur leur cœur, où la jeune Lutetia plus douce que le duvet, Nigrina la noire, et… se disputent son amour dans les palais de jais de leurs bas-fonds1118. » Il faut s’arrêter ; il y a tel passage, par exemple la chute de Curl, que Swift seul eût semblé capable d’écrire ; encore on l’excuserait dans Swift ; l’extrémité du désespoir, la rage de la misanthropie, le voisinage de la folie ont pu le porter à de tels excès. […] Vingt fois, dans un poëme de Pope, on s’arrête pour regarder avec étonnement quelqu’une de ces parures littéraires. […] Il y a aussi Sterne, le polisson raffiné et maladif, qui, au milieu de ses bouffonneries et de ses bizarreries, s’arrête pour pleurer sur un âne qu’il rencontre ou sur un prisonnier qu’il imagine.

1542. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Mais à quoi bon s’arrêter à ces critiques de détail ? […] On ne discute point ce qui est évident ; et si Aristote s’était prononcé plus nettement, si ses opinions eussent été plus arrêtées et plus fermes, elles n’eussent pas fourni matière à des interprétations si diverses. […] Qu’on s’arrête avec quelque attention sur ce premier principe ; car c’est de là que sont sorties toutes les erreurs d’Aristote.

1543. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Arrivé au centième feuilleton, il se voit brusquement arrêté : il avait épuisé son texte. […] Vous avez arrêté court, fini, réellement fini ? […] Entre ces deux solutions : abaisser la forme littéraire au niveau des goûts les plus infimes, ou, au contraire, élever ceux-ci progressivement à la compréhension d’un art moins vulgaire et plus vrai, ils croient d’un bien meilleur calcul de s’arrêter à la première opération.

1544. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Cette chasse au bonheur qui finit toujours mal, cette ivresse du désir que rien n’arrête, ni le crime, ni la vertu, c’est le rêve de vivre ! […] Elle riait, toute épanouie dans son insouciance et sa beauté, et voilà que le divin passant l’arrête, la regarde, lui dit deux paroles et la courtisane jette ses fleurs, s’agenouille et pleure. […] Tout près de vous, à Lucerne, le congrès qui vient d’arrêter les bases d’une université libre, n’est-ce pas un grand signe ?

1545. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

» XIV Elle reprit et s’arrêta bientôt après à ces vers où Homère raconte l’entrée de Télémaque dans le palais de sa mère Pénélope. […] Mais poursuivons. » Elle nous lut alors la conversation de table entre Télémaque et son hôte divin ; comment les prétendants à la main de Pénélope abusent du veuvage de cette mère pour ruiner et déshonorer sa maison ; comment Minerve, sous la figure de l’hôte, s’indigne de cette obsession et engage Télémaque à équiper un vaisseau pour aller à la recherche de son père ; comment, s’il n’a pas le bonheur de le retrouver, il reviendra lui-même, plus grand et plus robuste, à Ithaque, où il immolera par sa force ou par sa ruse les indignes persécuteurs de Pénélope ; comment Pénélope, entendant de sa chambre haute le chantre Phémius chanter devant ses prétendants le retour des Grecs du siège de Troie, descend les escaliers du palais, suivie de ses servantes, s’arrête, modeste et voilée, appuyée sur le montant de la porte et les yeux humides de larmes, en pensant à Ulysse qui n’est pas revenu avec les Grecs ; comment elle supplie Phémius de changer le sujet trop triste de ses chants ; comment Télémaque, déjà rusé comme son père, feint de gourmander respectueusement sa mère, pour qu’elle rentre dans sa chambre. […] Mais continuons. » XXIV « Ulysse à cet aspect s’arrête sous un poirier et répand des larmes ; puis il aborde le vieillard. — Ô vieillard !

1546. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Comme on ne s’arrête plus, une fois sur la pente, cette idée d’enseigner, en se développant, se modifie et devient bientôt celle de juger, et le professeur Shakespeare devient le juge Shakespeare, sous la plume de François Hugo, une espèce de lord justicier, de haut shérif intellectuel d’Angleterre. […] et Milton, avec ses yeux devenus deux trous d’ombre sous son front blanchi, est plus jeune certainement pour créer et chanter son Ève que quand l’Italienne qui passait s’arrêta pour le voir, dormant sur le gazon, plus beau, aux rayons du soleil, que l’Endymion antique aux molles lueurs de la lune, et qu’elle lui laissa les vers charmants écrits sur ses tablettes : Occhi, stelle mortali, si chiusi m’uccidite, aperti, che farete ? […] Au fond, toutes ces divisions ne sont que des noms… Cette nature spirituelle de l’homme, cette force vitale qui habite en lui, est essentiellement une et indivisible, et ce que nous nommons imagination, compréhension, fantaisie, ne sont que les différentes figures de la puissance de Vision intérieure (Power of insight), qui est tout l’homme et qui donne rigoureusement sa mesure (a correct measure ofman). » Et Carlyle ne s’arrête pas là.

1547. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Ne nous arrêtons pas toutefois à la quantité et voyons la façon de ces emprunts. […] Brunetière l’a bien entrevu dans Les Époques du théâtre français, mais il s’est arrêté à mi-chemin ; à plusieurs reprises, faute de distinguer assez entre les éléments traditionnels et la création individuelle, il a essayé de sauver le bloc par une argumentation un peu spécieuse ; c’est le vice de son livre, qu’il faut lire pourtant ; toutes les pages en sont éminemment suggestives ; je les suppose connues de mes lecteurs. […] Les chœurs ne nous arrêteront pas longtemps.

1548. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Tout à coup je le vis au détour d’une allée, Je le vis, et n’osai m’approcher d’un seul pas ; Je m’arrêtai confuse, interdite, troublée, Le regardant sans cesse et ne respirant pas. […] Quelquefois, en attachant mes yeux sur toi, j’allais jusqu’à former des désirs aussi insensés que coupables : tantôt j’aurais voulu être avec toi la seule créature vivante sur la terre ; tantôt, sentant une divinité qui m’arrêtait dans mes horribles transports, j’aurais désiré que cette divinité se fût anéantie, pourvu que, serrée dans tes bras, j’eusse roulé d’abîme en abîme avec les débris de Dieu et du monde !

1549. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Qu’on la presse de questions, qu’on la pousse sur les moyens, sur le but, sur la tradition légitime et le symbole, la voilà qui s’arrête ; son abondance de cœur lui fait défaut, et elle se retourne, en l’interrogeant, vers M. […] Mais d’autres émotions survinrent : elle n’y retourna pas ; et c’est dans ce peu de suite que, chez Mme de Krüdner, le manque de discipline, d’ordre fixe, et aussi de doctrine arrêtée, se fait surtout sentir.

1550. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Il se glissa inaperçu dans le creux du ravin qui descend du château dans l’étroite vallée d’Arcey ; il gravit, non s’en s’arrêter bien des fois, de peur et d’angoisse, la colline escarpée au sommet de laquelle est bâtie la petite et noire église du village, et il entra tout en sueur, en poussant de la main la claire-voie, dans la maison de la Jumelle. […] XXII Le petit Didier, surpris et effrayé de cette clameur inattendue dans la solitude et dans la nuit, et des éclats de rire qui suivirent cette exclamation, s’arrêta suspendu sur le flanc de la roche, les deux mains crispées sur des touffes de bruyère qui portaient le poids de son corps.

1551. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

La république se présentait sans doute à mon esprit, mais elle s’y présentait comme une possibilité improbable plutôt que comme un but arrêté ou même désirable encore ; seulement je voulais, dans le cas où la nation se réfugierait, après le renversement du trône d’Orléans, dans la république, qu’une histoire consciencieusement sévère de la première république eût prémuni le peuple français contre les mauvaises passions, les illusions, les fanatismes, les crimes et les terreurs qui avaient perverti, férocisé et ruiné la première fois le règne du peuple. […] Je dois le dire, la commune même de Paris ne les voulut pas ; elle les adopta après coup pour les arrêter.

1552. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Tantôt il arrêtera la Révolution avec un grain de sable. […] « Il y a des abîmes qu’on n’ose pas sonder et des caractères qu’on ne veut pas approfondir, de peur d’y trouver trop de ténèbres et trop d’horreur ; mais l’histoire, qui a l’œil impassible du temps, ne doit pas s’arrêter à ces terreurs ; elle doit comprendre ce qu’elle se charge de raconter. » Ici je ne m’excuse pas, je me justifie.

1553. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

XLIX Je m’arrêtai à Pise pendant quelques jours pour y admirer les beautés de la cathédrale et du Campo Santo, ce monument de marbre du xiiie  siècle, et les quais magnifiques et solitaires, témoins aujourd’hui muets d’une grandeur évanouie. […] LIV En tournant sans bruit le site de la maison, bâtie à moitié dans le rocher, je m’arrêtai comme frappé d’une apparition soudaine : c’était une figure de jeune femme, bien plus semblable du moins à une jeune fille, qui donnait à téter à un bel enfant de cinq ou six mois.

1554. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Elle les arrêta sur la croix de l’autel, et me dit : « Allons, j’ai froid !  […] je le sentis s’arrêter.

1555. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Je trouve tout cela dans Kaïn, et c’est par là qu’il est si complètement moderne  Sans parler davantage de l’âpre et généreuse pensée qui est au fond de cette belle histoire symbolique, le passé surgit aux regards de Thogorma avec une précision si poignante et dans un détail si arrêté qu’on n’y peut rien comparer, sinon les plus belles pages de Salammbô. […] On comprend que le moyen âge féroce, misérable et éblouissant, ait arrêté un artiste impie et amoureux des bizarreries plastiques de l’histoire.

1556. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Conclusion Pourquoi cette histoire s’arrête au dix-neuvième siècle. — Illusions des jugements sur les contemporains. — § I. […] A Chateaubriand doit s’arrêter cette histoire.

1557. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Par une porte ouverte derrière moi, d’une petite pièce où le soleil donne en plein, il m’arrive des caquetages de sœurs et d’enfants, de jeunes joies, de bons petits éclats de rire, toutes sortes de notes et de vocalisations fraîches : un bruit de volière ensoleillée… Des sœurs en blanc, à coiffe noire, passent et repassent ; une s’arrête devant ma chaise. […] Tout à coup brusquement mon frère s’arrêta, et me dit : « Ça ne fait rien, vois-tu, on nous niera tant qu’on voudra… il faudra bien reconnaître un jour que nous avons fait Germinie Lacerteux… et que “Germinie Lacerteux” est le livre-type qui a servi de modèle à tout ce qui a été fabriqué depuis nous, sous le nom de réalisme, naturalisme, etc.

1558. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Il dit à peu près cela : « Il était trop bon et il n’avait pas le sens critique de l’humanité, ce qui le rendait parfois un mauvais juge des hommes, avec lesquels il était en rapport, mais quelquefois aussi, il voyait parfaitement juste… » Spuller s’arrête quelque temps et reprend : « Voyez-vous, il avait des conceptions, des conceptions comme celle-ci : un jour, parlant du couronnement de l’Empereur de Russie, il m’a dit, qu’en cette occasion, il fallait que la France affirmât à la face de l’Europe, fièrement, la République, et qu’il voulait envoyer à ce couronnement, comme représentant du pays, devinez qui ? […] Mardi 11 septembre Un moment aujourd’hui, la conversation s’arrête sur la beauté de la princesse dans sa jeunesse.

1559. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Mais arrêtons-nous, et n’anticipons pas sur l’analyse du caractère et des talents de ce littérateur universel ; nous lui consacrerons l’année prochaine deux ou trois de ces entretiens, juste et sévère quelquefois contre le philosophe, implacable contre le cynique, dédaigneux souvent du poète, enthousiaste toujours pour le grand monétisateur de l’esprit humain. […] Elle s’arrêta d’elle-même aussi quand il n’y eut plus personne pour envoyer personne au tombereau.

1560. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Des raisons d’économie ou quelque autre motif arrêtèrent apparemment les entreprises. […]       Et comme il peint cette princesse,       Riche de grâce et de jeunesse, Tout à coup arrêtée au sein du plus beau sort, Et des sommets riants d’une gloire croissante,       Et d’une santé florissante,       Tombant dans les bras de la mort !

1561. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Sûr de lui, sûr de sa parfaite mesure, sûr de sa discrétion, de son goût parfait, il se permettait le burlesque, sachant bien qu’il s’arrêterait de lui-même et sans s’y appliquer, au moment où le burlesque devient trivial, devient rebutant. […] La bonne vieille, après avoir réfléchi, et probablement branlé un peu du menton, répond à son fils : Mon fils, bouleverser l’ordre des éléments, Sur les flots irrités voguer contre les vents, Fixer selon ses vœux la volage fortune, Arrêter le soleil, aller prendre la lune, Tout cela se ferait beaucoup plus aisément Que soustraire une femme aux yeux de son amant, Dussiez-vous la garder avec un soin extrême, Quand elle ne veut pas se garder elle-même.

1562. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

J’y avais déjà passé… J’y avais déjà été arrêté par deux mauvais drôles, dont l’un s’appelle le Fatras et l’autre l’Ennui. […] Au moment où le Pays publia mon premier article sur les Misérables, je reçus une lettre signée Omnès, où l’on me menaçait, si je continuais ma critique, d’écrire sur tous les murs de Paris : « Barbey d’Aurevilly, idiot » Et comme une telle menace ne m’arrêta pas, la chose fut faite immédiatement, — avec un ensemble et une rapidité électriques.

1563. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Ensuite, alors même que la méthode psychologique des naturalistes réussit à découvrir un caractère vraiment essentiel, comme le sentiment moral, elle a toujours le grave inconvénient de s’arrêter à des phénomènes qui ne sont que la manifestation d’un principe constitutif de la nature humaine, et qui peuvent se ramener eux-mêmes à des facultés premières. […] Si on leur reproche avec raison, au nom de la physiologie, de classer l’homme à part et d’en faire le type d’un règne nouveau et suprême, sans pouvoir fonder cette classification sur des caractères vraiment anatomiques, on peut leur objecter, au nom de la psychologie, qu’ils s’arrêtent forcément, dans la définition de ce type, à des caractères psychologiques réels, mais superficiels, et réductibles à des facultés plus élémentaires.

1564. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Lorsque les bègues tombent sur une syllabe qui leur est facile à prononcer, ils s’y arrêtent avec une sorte de chant, comme pour compenser celles qu’ils prononcent difficilement. J’ai connu un excellent musicien qui avait ce défaut de prononciation ; lorsqu’il se trouvait arrêté, il se mettait à chanter d’une manière fort agréable, et parvenait ainsi à articuler.

1565. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Mais, quand il n’est plus, il faut bien s’arrêter, sous peine d’erreur, dans cette observation dont l’objet se dérobe, et alors on fait comme pour un procès : on rassemble toutes les preuves, toutes les dépositions, et on règle, au moins dans ses articles principaux, un jugement, un Arrêt.

1566. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

Quant aux Anglais, encore dispersés, et qui avaient à venir de Bruxelles et des environs, il suffisait, pour les arrêter, d’envoyer Ney sur la.gauche et de lui faire occuper la position centrale des Quatre-Bras.

1567. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

Pourtant la traduction achevée, les corrections arrêtées, il fallait prendre un parti sur le sens philosophique de ce poème tout philosophique.

1568. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Pour qui a lu avec soin les livres IV et V des Odes, les pièces intitulées l’Âme, Épitaphe, et tout ce charmant poëme qui commence au Premier Soupir et qui finit par Actions de Grâces, il est clair que le poëte, sur ces cordes de la lyre, s’était arrêté à son premier mode, mode suave et simple, bien plus parfait que celui des Odes politiques qui y correspond, mais peu en rapport avec l’harmonie et l’abondance des compositions qui ont succédé.

1569. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Les longues routes qu’on fait lentement et où souvent l’on s’arrête, prenant intérêt à tout, montrant du geste ou de la canne chaque perspective un peu riante, ne lui vont pas ; même quand la catastrophe est au bout, ces lenteurs et ces circuits le fatiguent ; il les dévore.

1570. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Victorin Fabre s’était arrêté et comme figé en 1811 ; son biographe se rabat de plus près à 1804 ; il n’en sort point, il a posé son dieu Terme à cette date-là.

1571. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Rêver plus, vouloir au-delà, imaginer une réunion complète de ceux qu’on admire, souhaiter les embrasser d’un seul regard et les entendre sans cesse et à la fois, voilà ce que chaque poëte adolescent a dû croire possible ; mais, du moment que ce n’est là qu’une scène d’Arcadie, un épisode futur des Champs-Elysées, les parodies imparfaites que la société réelle offre en échange ne sont pas dignes qu’on s’y arrête et qu’on sacrifie à leur vanité.

1572. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

Celui-ci n’avait de pouvoir que celui de requérir, sans autre correction que le principe moral du devoir ; ces réquisitions amiables du Congrès, adressées aux diverses législatures des États, rencontraient de fréquents veto de leur part : le rouage principal s’arrêtait à chaque moment.

1573. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Où cela s’arrêtera-t-il ?

1574. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Et si jamais ton ciel redevenait plus sombre, Si ton vol fatigué fléchissait dans la nuit, Entre le groupe et toi, si quelque jeu de l’ombre Te voilait un moment le signal qui conduit ; Si d’en haut (car parfois le doute nous arrive En ces jours de passage où rien n’est arrêté).

1575. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

J’ai distingué avec soin, dans mon ouvrage, ce qui appartient aux arts d’imagination, de ce qui a rapport à la philosophie ; j’ai dit que ces arts n’étaient point susceptibles d’une perfection indéfinie, tandis qu’on ne pouvait prévoir le terme où s’arrêterait la pensée.

1576. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Ils exagèrent les images, ils subtilisent les idées, ils épuisent tout ce qu’ils expriment, et le goût ne les avertit pas de s’arrêter.

1577. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Mais il y pousse les chevaliers ; plus ardent que Joinville, sans doute parce que tout s’arrête pour lui à la parole, il ne comprend pas que toute la chevalerie de France ne suive pas le roi à Tunis.

1578. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

Il n’y a donc pas lieu de s’arrêter plus longtemps sur cette partie de son œuvre.

1579. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

. — Au milieu d’une effusion mystique et lyrique, s’arrête-t-il tout à coup pour nous jeter quelque impitoyable réflexion sur le train brutal et fatal des choses humaines ?

1580. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

— Arrête et ne jure plus ; j’aime mieux te croire sur parole. » Arlequin fait encore une infinité de facéties.

1581. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Il y a, selon ce moraliste, toute une partie de notre être : la partie intime, la vie intérieure, la vie de la pensée et du sentiment devant laquelle s’arrêtera l’art-moral-scientifique.

1582. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

Les rivières ont conduit les races ; les montagnes les ont arrêtées.

1583. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

Il s’arrêtait dans les bourgs et les grosses fermes, où il recevait une hospitalité empressée.

1584. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Quand, au milieu des admirations, l’adroit spécialiste s’arrêta avec aux lèvres un sourire aimable et triomphant, Alexandre dit tout haut à quelqu’un de sa suite : « Il convient de récompenser cet homme selon ses mérites : vous lui donnerez un boisseau de lentille. » Qui refusera à l’auteur des Trophées le boisseau de lentilles ?

1585. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Ici Athènes l’arrêta.

1586. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Ce fut bientôt le Dieu lui-même qui, comme l’Ange de la Genèse, arrêta le couteau du sacrificateur.

1587. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

La restauration des organes et des fonctions après les amputations prouve deux choses importantes pour la psychologie. 1° Un organe ou une partie d’organe peut souvent suppléer un autre organe ou une autre partie d’organe, en s’exerçant à la fonction nouvelle qu’exigent les circonstances. 2° Ces organes suppléants étaient déjà autrefois capables de la fonction qu’ils accomplissent ; ils l’auraient même toujours accomplie s’ils n’avaient pas été arrêtés, inhibés par l’action du cerveau, qui les a réduits à une inertie relative.

1588. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

* * * — L’idée du manchon de Mimi donnée à Murger par Paul Labat qui, conduisant sa maîtresse à l’hôpital, fit arrêter le fiacre devant une écaillère de marchand de vin, sur le désir que la mourante témoigna de manger des huîtres.

1589. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Taine, qui nous a fait pénétrer toutes les œuvres de la littérature anglaise dans leurs particularités mêmes et dans leurs bizarreries, s’arrêtera déconcerté devant le génie de Victor Hugo, au point de lui préférer les Browning et les M. 

1590. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

La division et la forme du drame une fois arrêtées, l’auteur résolut d’écrire sur le frontispice de l’œuvre, quand elle serait terminée, le mot trilogie.

1591. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Après quelques contestations, il fut arrêté qu’on le feroit assassiner.

1592. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Elle est couchée sur le ventre, et elle arrête par le bras le sot et bel esclave pour lequel elle a pris du goût.

1593. (1760) Réflexions sur la poésie

En poésie même, les auteurs de génie n’en font plus aucun usage ; ils n’osent toutefois le condamner ouvertement dans les vers, à cause de la possession immémoriale où il est d’y régner ; mais en prose le même droit de prescription ne les arrête pas, et ils en font justice sous un autre nom.

1594. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

mais en métaphysique et dans la critique littéraire, elle manque de principes arrêtés, du haut desquels on regarde les choses ; elle ne sait juger définitivement ni les œuvres, ni les systèmes.

1595. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Tout bas-bleu qu’elle fût de nature et d’étude, Mme Swetchine, nous l’avons vu, s’arrête à temps toujours, pour ne pas faire tomber son catholicisme dans la fondrière d’indigo où l’auteur des Soirées de la villa des Jasmins a fini par noyer le sien !

1596. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Ni l’âge de cet homme, ni les cheveux blancs de cet homme, ni la robe de cet homme, qui n’est pas encore descendu complètement dans la soutane du prêtre catholique, mais qui s’est arrêté à moitié, dans la soutanelle de l’abbé romain, ni la vocation ou l’affectation ecclésiastiques de cet homme n’ont pu la retenir.

1597. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Dans ce livre-ci on rencontre de nouveau la faculté qui voit sur toute idée les deux faces, — assez triste faculté quand elle s’arrête là et qu’on n’a pas dans la pensée ce qu’il faut pour choisir la vraie, ou les embrasser l’une et l’autre en les dominant.

1598. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Et cependant, si on y songeait, cette gloire d’Horace qui arrêtait ou refoulait le mépris était faite par les âmes vulgaires, et c’est même la raison pour laquelle elle avait toujours été si peu discutée… Les âmes vulgaires étaient enchantées de se reconnaître, dans Horace, sous cette expression artistement choisie qui ornait leur vulgarité… Mais que voulez-vous ?

1599. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

On sent que l’esprit prudent, magistral (un plus malin que moi dirait magister) et sceptique de l’illustre auteur, car Guizot est sceptique, sous sa forme arrêtée et décidée, — seulement il est sceptique avec réserve, — on sent que cet esprit n’a pas l’inconvénient qu’auraient eu peut-être, s’ils avaient écrit sur Shakespeare, d’autres esprits trop émus et trop fécondés par l’idée d’écrire sur ce grand homme.

1600. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Mais là n’est point la raison suprême qui doit arrêter le législateur et le philosophe.

1601. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Partout où il s’arrête et où il passe, chez Mme Duchâtelet, à Paris, à la cour du roi de Prusse, à Monrion, à Lauzanne, aux Délices, à Tournay, à Ferney, son infatigable biographe l’accompagne.

1602. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Parce que ce grand Justicier a fait justice envers et contre tous, et même contre lui-même, quand il renonça, par exemple, aux droits injustement acquis que les traités de ses prédécesseurs lui avaient donnés sur l’Angleterre ; — parce que, dans son différend avec l’évêque de Beauvais, il ne céda ni à l’évêque, ni même au pape ; — parce que, dans la honteuse défection de Thibaut de Champagne, violateur de ses engagements, Saint Louis ne s’arrêta ni devant sa qualité de croisé, ni devant la défense de l’attaquer que lui fit le pape et tira l’épée ; — les historiens ennemis, sortant des limites de son droit dans lequel il resta toujours, ont trouvé plaisant d’opposer à la Papauté un Saint reconnu par la Papauté, et lui ont fait de cette circonstance une impertinente et impossible gloire.

1603. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

La spirale, tout à coup, s’arrête… et tout ce peuple sans nom devient le marchepied d’un seul !

1604. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Forgues a donné, lui, tout ce qu’il a pu de cette correspondance qui, malheureusement, s’arrête de 1839 à 1840, c’est-à-dire au curieux moment où Lamennais, âgé de plus de cinquante ans et cessant d’être ce qu’il avait été jusque-là, venait de publier ces Paroles d’un croyant que, dans la cécité de son illusion, il croyait un livre exclusivement politique, et qui firent l’effet, quand elles parurent, d’une torche dans un champ de blé.

1605. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Il était doué d’une curiosité intrépide, d’une persévérance infatigable, d’une sagacité infiniment perçante, le tout revêtu d’une organisation d’acier fin que ne brisèrent, ni ne faussèrent, ni n’usèrent les fatigues, les climats, les voyages, et qui dura près de cent ans, comme celle de Fontenelle, cette porcelaine fêlée dans son fauteuil ouaté, ce Fontenelle qui s’arrêtait au milieu d’une phrase quand une voiture passait, pour ne pas forcer et user sa voix !

1606. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Un peu plus, il serait déclamateur, mais il s’arrête à temps et le goût est sauvé.

1607. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

Comte est assez fausse pour aller très loin, et elle n’a même d’autre raison de s’arrêter que sa prétention d’être une religion par-dessus le marché d’une philosophie.

1608. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Il était doué d’une curiosité intrépide, d’une persévérance infatigable, d’une sagacité infiniment perçante, le tout revêtu d’une organisation d’acier fin, que ne brisèrent, ni ne faussèrent, ni n’usèrent les fatigues, les climats, les voyages, et qui dura près de cent ans, comme celle de Fontenelle, cette porcelaine fêlée dans son fauteuil ouaté, ce Fontenelle qui s’arrêtait au milieu d’une phrase quand une voilure passait, pour ne pas forcer et user sa voix !

1609. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Un symbole de foi s’arrête dans une forme nette, au travers de laquelle on voit l’idée jusque dans ses racines.

1610. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Malheureusement, du reste, ce n’est pas dans un livre de la nature de celui-ci que nous pouvons donner une idée complète de la vie de Sainte Térèse, écrite par elle-même ; il faudrait s’arrêter plus longtemps que nous ne le pouvons.

1611. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Il n’était pas, d’ailleurs, de vocation absolue, un romancier, quoiqu’il ait fait aussi des romans, et, entre autres, ces Docteurs du jour, qui ont un cadre romanesque dessiné pour y mettre bien autre chose que des romans, et qui pourtant en contiennent un, si ce n’est deux… Brucker avait d’autres facultés que celles-là avec lesquelles on crée des fictions intéressantes ou charmantes, et ces facultés impérieuses et précises avaient trop soif de vérité pour s’arrêter beaucoup aux beautés du rêve, qui traversèrent cependant son imagination dans la chaleur de sa jeunesse, quand, par exemple, il écrivit en collaboration ce roman des Intimes, oublié, comme s’il l’avait fait seul, malgré les diamants d’esprit qu’y jeta Gozlan et qui ne firent point pâlir les rubis que lui, Brucker, plaça à côté… La gerbe de facultés différentes qu’avait Brucker et qui se nuisaient peut-être les unes aux autres par le fait de leur nombre, avaient, au centre du magnifique bouquet qu’elles formaient, deux fleurs superbes et excessivement rares : la métaphysique, — non pas froide chez lui comme chez les autres métaphysiciens, mais de feu, — et une puissance de formule algébrique qui donnait à ses idées et à son style — même littérairement — une rigueur et une plénitude incomparables.

1612. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

… Assurément, quand on parcourt l’inventaire d’hommes et de choses que nous venons de traverser d’un regard, et qui forme la philosophie française au xixe  siècle, il faut bien avouer qu’un philosophe un peu carré de base n’a pas besoin de l’être beaucoup du sommet pour se faire à bon marché une très belle gloire, à plus forte raison quand il a les facultés de grande volée que l’abbé Gratry a montrées en ces deux volumes qui ne sont, nous le répétons, que les prodromes d’un système intégral arrêté et creusé depuis de longues années dans la pensée de son auteur.

1613. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Elle ne vaut pas qu’on s’y arrête.

1614. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

— mais, selon moi, c’était là que le goût et surtout l’admiration pour un pareil poète devaient s’arrêter.

1615. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

De cette édition-ci, qui a barré la rivière et arrêté au passage tous les petits papiers qui s’en allaient silencieusement à l’oubli, sortira-t-il un Agrippa d’Aubigné plus grand que l’entre-aperçu des Tragiques, d’un si vif éclair dans sa nuit ?

1616. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Comment s’arrêter sur cette échelle de Jacob, qui va jusqu’au ciel !

1617. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Après le livre d’Édouard Gourdon, nous voulons en examiner un qui n’a rien de littéraire, et qui n’en mérite pas moins, comme beaucoup de livres qui ne sont pas les moins précieux parmi les livres, d’arrêter un instant le regard d’une Critique qui voit la chose humaine bien avant la chose littéraire.

1618. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

L’une qui s’arrête à moitié chemin de son rêve, quand il s’agit de le corporiser ; l’autre qui n’achève que trop vite le sien, mais en le cachant, comme une grande comédienne.

1619. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

et il avait promené partout une ironie légère, native de France, et cette observation superficielle qu’il est facile à tout le monde de reconnaître, et qui n’est pas une découverte parce qu’elle s’arrête toujours misérablement à la peau !

1620. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

La Critique s’est détournée de lui et de ses œuvres, cette même Critique qui s’arrête, s’assied, et examine longtemps un simple volume, s’il s’appelle, par exemple, Madame Bovary… Et comment ne se détournerait-elle pas ?

1621. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Pinelli trouvait cela superbe : « Arrêtez !

1622. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Sur le sommet des mâts un nuage s’est arrêté tout droit, signe de la tempête ; puis vient la terreur qui suit un danger subit. » Quelquefois encore, ces restes brisés de la couronne du poëte grec ne sont que des traits rapides et simples, une parole délicate et passionnée, un coup de pinceau qui ne s’oublie pas52 : La jeune fille triomphait, tenant à la main une branche de myrte et une fleur de rosier ; et ses cheveux épars lui couvraient le visage et le col » ; ou bien encore, avec moins de simplicité, cette autre peinture qui rappelle celle de Sapho : « Semblable passion d’amour, pénétrant au cœur, répandit un nuage épais sur les yeux et déroba l’âme attendrie. » Horace, dans sa vive étude des Grecs, avait sans doute gardé bien d’autres souvenirs d’Archiloque ; et quelques-unes de ses odes, son dithyrambe à Bacchus et d’autres, ne doivent être qu’une étude d’art et de goût substituée au tumulte des anciennes orgies, où le poëte de Paros se mêlait, en chantant : « Le cerveau foudroyé par le vin, je sais combien il est beau d’entonner le dithyrambe, mélodie du roi Bacchus. » Archiloque, s’il faisait des hymnes, devait être, ce semble, le poëte lyrique des Furies et non des Dieux.

1623. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il arrêta les frais ; mais il faut convenir que, pendant soixante-dix ans, il s’était joliment amusé. […] Et, pour s’y arrêter maintenant, comme c’est conduit, ce rôle ! […] Jusserand s’arrête en 1810 environ. Quand je dis qu’il s’y arrête, il s’y arrête sans s’y arrêter. […] Cependant, j’y vois deux réponses, dont la première est sur toutes les lèvres et dont l’autre me paraît digne qu’on s’y arrête.

1624. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Les unes et les autres, encore ou désormais inhabiles à l’observation du dedans, s’arrêtent et se complaisent à l’observation du dehors. […] Pascal », que « l’on s’y arrêta assez longtemps », et qu’après bien du travail on y dut renoncer et finir par comprendre « que ce n’eût pas été donner l’ouvrage de M.  […] N’est-ce pas pour nous la preuve évidente « que le plan n’était pas arrêté dans l’esprit de Pascal » ? […] On sait assez comment il fit arrêter à Francfort Voltaire et Mme Denis, qui venait de rejoindre son oncle. […] L’auteur prend ma défense ; j’aimerais mieux être outragé que d’être ainsi défendu. » C’est qu’il avait marque très nettement dès l’avènement de Louis XVI la borne où il prétendait s’arrêter.

1625. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il ne doute jamais de rien, sait par le menu tous les desseins de Molière, le nom de tous les personnages qu’il a eus en vue ; et l’ordre des temps, le scrupule des anachronismes, rien ne l’arrête : il ne doute pas, il ne vous permet pas de douter. […] Molière y rencontra Mignard, qui, revenant d’Italie, où il avait séjourné pendant vingt-deux ans (1636-1658), s’était arrêté dans le Comtat pour dessiner les antiques d’Orange et de Saint-Remi et pour faire le portrait de la trop fameuse marquise de Gange. […] Il voulait le faire arrêter sur-le-champ, mais la Reine mère l’en détourna par ce mot bien simple, mais sans réplique : « Quoi ! […] Il jouait l’air que Raisin indiquait, et s’arrêtait dès qu’il le lui ordonnait. […] Il ordonna au cocher d’arrêter

1626. (1927) André Gide pp. 8-126

Il s’arrête au bord du fleuve du temps, regarde les apparences qui s’y réflètent, qui passent et fuient, et recommencent toujours, comme si elles s’efforçaient vers une perfection première et malheureusement perdue. […] Je vois déjà le veau gras qu’on apprête… Arrêtez ! […] Protos, dénoncé par Carola qui le croit l’assassin d’Amédée Fleurissoire, étrangle cette fille par vengeance : il est arrêté. […] On m’excusera de m’arrêter à un paragraphe qui me vise personnellement, et que je n’ai pas lu sans surprise, je l’avoue : — Comment S… est-il avec vous   Il a été successivement froid et bouillant, suivant qu’il m’a cru royaliste ou républicain.

1627. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

» Les gens s’étonnaient ou s’amusaient de ces sorties ; j’y vois des sanglots et des cris, les explosions de longues méditations impérieuses ou amères : ce sont les soubresauts d’une âme indomptée qui frémit, se cabre, brise les barrières, se blesse, écrase ou froisse ceux qu’elle rencontre ou qui veulent l’arrêter. […] Un jour on l’avait vu s’arrêter devant un orme découronné, le contempler longtemps, et dire : « Je serai comme cet arbre, je mourrai d’abord par la tête966. » Sa mémoire le quittait, il recevait les attentions des autres avec dégoût, parfois avec fureur. […] On s’arrête, et l’on regarde avec ce plaisir qu’on ressent à boire une liqueur amère. […] sur quoi il fut arrêté court, comme parlant irrévérencieusement d’un mystère, lequel certainement était très-utile et plein de sens, mais ne devait pas être trop curieusement sondé ni soumis à un raisonnement trop minutieux1006. » À la fin, le frère scolastique s’ennuie de chercher des distinctions, met le vieux testament dans une boîte bien fermée, autorise par la tradition les modes qui lui conviennent, puis, ayant attrapé un héritage, se fait appeler Mgr Pierre.

1628. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Quand la méthode convenable n’est pas employée, la science s’arrête ; quand la méthode convenable est pratiquée, la science marche. […] Mill s’arrête là ; mais certainement, en menant son idée jusqu’au bout, on arriverait à considérer le monde comme un simple monceau de faits. […] Il y a dans votre idée de la connaissance une lacune qui, incessamment ajoutée à elle-même, finit par creuser ce gouffre de hasard du fond duquel, selon lui, les choses naissent, et ce gouffre d’ignorance au bord duquel, selon lui, notre science doit s’arrêter. […] Toujours est-il que dans cette opération, qui est évidemment fructueuse, au lieu d’aller d’un fait à un autre fait, on va du même au même ; au lieu d’ajouter une expérience à une expérience, on met à part quelque portion de la première ; au lieu d’avancer, on s’arrête pour creuser en place.

1629. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Quand la méthode convenable n’est pas employée, la science s’arrête ; quand la méthode convenable est pratiquée, la science marche. […] Mill s’arrête là ; mais certainement, en menant son idée jusqu’au bout, on arriverait à considérer le monde comme un simple morceau de faits. […] Il y a dans votre idée de la connaissance une lacune qui, incessamment ajoutée à elle-même, finit par creuser ce gouffre de hasard du fond duquel, selon lui, les choses naissent, et ce gouffre d’ignorance au bord duquel, selon lui, notre science doit s’arrêter. […] Toujours est-il que dans cette opération, qui est évidemment fructueuse, au lieu d’aller d’un fait à un autre fait, on va du même au même ; au lieu d’ajouter une expérience à une expérience, on met à part quelque portion de la première ; au lieu d’avancer, on s’arrête pour creuser en place.

1630. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

La salle du rez-de-chaussée n’a que des tables et des bancs ; au fond un petit comptoir d’étain, des barriques, l’escalier, et sur les murs, se répondant, une enluminure d’Épinal en face d’un arrêté contre l’ivrognerie. […] … Le brigadier s’arrête. […] On n’y est point arrêté, surpris, chatouillé et à la longue énervé, comme chez les Goncourt, par des rencontres de verbes et d’épithètes rares. […] * * * Mais si ce décolletage sait bien où s’arrêter, avec M.  […] Je prie qu’on m’excuse d’arrêter ma nomenclature sur ce dernier nom ; pour les « manquants », il sera plus simple de se reporter au Journal général de la librairie.

1631. (1921) Esquisses critiques. Première série

M. de Régnier rassemblait ses premiers poèmes à cette date, et c’est sur ce millésime fatidique que Moréas arrêtait la seconde série des siens ; Jules Renard publiait les Histoires Naturelles ; Jarry, Ubu-Roi ; Verhaeren, les Villes Tentaculaires ; Rodenbach, les Vies Encloses ; M.  […] Sans doute, une esquisse de maître ne donne pas l’impression de s’arrêter à la surface : c’est au contraire le dessous et l’essentiel qu’elle a tout d’abord atteint et dévoilé. […] Il chatoie, arrête le regard. […] * *    * D’ailleurs ce n’est pas seulement aux mots de MM. de Flers et Caillavet que les prestiges de la scène sont utiles : tout entières leurs comédies les réclament impérieusement ; à tous égards elles ont besoin d’eux, et c’est à la faveur du mouvement scénique que se dissimulent souvent des situations ou des traits qui seraient pénibles si l’esprit non entraîné par autre chose avait le loisir de s’y arrêter et de réfléchir à leur sujet. […] Montfort, et non point de tracer d’après lui un portrait d’une exactitude plus ou moins approchée, une question nous arrête, que l’on peut résoudre en divers sens.

1632. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

A le suivre dans la plupart des milieux où il s’arrête, nous le verrions, ingénûment adoré au début par tout ce qu’il y a de généreux et de sensible, partir bientôt sous une bourrasque de dépits et de mépris. […] L’institution politique et sociale, c’est donc de la guerre civile, de la violence momentanément arrêtée, au profit d’un petit nombre d’exploiteurs et pour l’écrasement de l’humanité. […] Rousseau ne s’arrête pas à ce moyen. […] Versailles, les statues rongées des vieux parcs, délices de tant de ses successeurs en nostalgie, ne l’arrêtent pas, la mélancolie sans doute en est trop forte et invite à vivre. […] Son ami, le bohème don César de Bazan, arrête la confidence avec des exclamations bien effarées pour un homme qui en a tant vu.

1633. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Un monsieur passe et s’imagine de lever la tête en l’air, aussitôt Paris s’arrête, s’agglomère autour de lui, se bouscule, et la bouche ouverte, les yeux écarquillés, le voilà qui se met à regarder. […] Jetés, presque enfants, à la Bourse, n’ayant appris qu’à gagner de l’argent, ils ne se sont jamais arrêtés aux belles études généreuses, ni aux sublimes rêves de l’art. […] Paul Hervieu : L’Alpe homicide, qui mérite qu’on s’y arrête longuement, et qu’on goûte ce parfum étrange et sauvage d’une littérature très personnelle et très vivante. […] Aussi le badaud s’arrête-t-il aux devantures des libraires, l’œil fasciné, la lèvre gourmande, la face tout entière épanouie. […] Maurice Maeterlinck, cela suffirait à arrête ma plume.

1634. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Il faut l’arrêter coûte que coûte… Les voies aériennes s’étranglent. […] Seulement, elle s’arrête à la classe, et, en s’y arrêtant, elle est injuste. […] J’arrête ici cette nomenclature des gloires scolaires du premier quart du dix-neuvième siècle. […] Toutes les nations un peu policées se lèveraient pour l’arrêter. » Elles se lèvent, pour s’y précipiter, et les plus optimistes n’osent pas prévoir la fin du conflit. […] Témoin Burke et ses célèbres Réflexions, qui arrêtèrent net la contagion terroriste dans l’Angleterre de 1790.

1635. (1905) Promenades philosophiques. Première série

On les voyait partout ; même chez des théologiens comme Servet ; elles s’arrêtaient dans les universités, faisant de celle de Padoue leur séjour de prédilection. […] Ici, on confine à la métaphysique, il faut donc s’arrêter. […] Nous nous ennuyons lorsque notre esprit ne peut se fixer, s’arrêter sur rien, lorsque nous n’éprouvons aucune émotion vive, mais une série d’impressions monotones ou incohérentes ». […] L’Américain dédaigne, en toutes choses, le fini ; il arrête son œuvre juste au point où elle devient pleinement utilisable. […] On ne sait pas d’ailleurs où s’arrêterait cette guerre aux consonnes parasites.

1636. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il n’y a pas jusqu’à sa théorie du super-homme qu’il n’eût certainement démolie, — pour vague, instable, et toute négative qu’elle fût au fond, — si l’effrayant galop de sa pensée ne s’était brusquement arrêté. […] Il rentrait à Rome avec Cornélius lorsque, à la suite d’un tremblement de terre imputé aux chrétiens, tous deux furent assaillis et arrêtés par les habitants d’un village. […] On vit les chefs mêmes du mouvement empiriste s’arrêter dans le développement de leur doctrine, et faire en quelque sorte pénitence publique. […] On s’est aperçu que cet homme si simple était infiniment compliqué, que ce que l’on prenait chez lui pour de la confiance n’était que pure politesse, et que, tout en se livrant à ses amis, il n’arrêtait pas de les mépriser. […] Il proclame l’état de siège, fait arrêter les meneurs de la révolte, tient tête, dans son palais, à la meute furieuse.

1637. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Oui, dans cette muse si neuve qui m’occupe, je crois voir, à la Restauration, un orphelin de bonne famille qui a des oncles et des grands-oncles à l’étranger (Dante, Shakspeare, Klopstock, Byron) : l’orphelin, rentré dans sa patrie, parle avec un très-bon accent, avec une exquise élégance, mais non sans quelque embarras et lenteur, la plus noble langue française qui se puisse imaginer ; quelque chose d’inaccoutumé, d’étrange souvent, arrête, soit dans la nature des conceptions qu’il déploie, soit dans les pensées choisies qu’il exprime. […] Puisque Stello, au milieu de ses émotions les plus pénétrantes, sait fort bien s’arrêter à d’ingénieuses vétilles, remarquer au plus fort de ses douleurs que le nom de Raphaël signifie un ange, et que Rubens veut dire rougissant ; puisque, le sentiment allant son train avec Stello, le raisonnement avec le docteur noir peut l’accompagner de ses hargneuses chicanes, je demande qu’on me pardonne si, dans l’admirable histoire du capitaine Renaud, qui faisait naître mes larmes, j’ai noté, chemin faisant, de petits désaccords, pour me rendre compte de ce manque de complète vraisemblance chez M. de Vigny.

1638. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Ce petit volume original, dans sa primitive ordonnance qui s’est plus tard rompue, offrant ses trois cent quinze pensées si brèves, encadrées entre les considérations générales sur l’amour-propre au début et les réflexions sur le mépris de la mort à la fin, me figure encore mieux que les éditions suivantes un tout harmonieux, où chaque détail espacé arrêta le regard. […] Mais non ; on ne s’arrête pas en si beau chemin ; la veine orgueilleuse court et s’enfle encore.

1639. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

J’ai entendu regretter que lorsque cette poésie française rajeunissante essaya, vers les années 1820-1830, de remonter par-delà Malherbe, de regarder à son passé, de se rattacher aux ancêtres et de ressaisir un souffle de la Renaissance ou du moyen âge, nos poètes modernes aient négligé ces vieux monuments, et ne s’y soient pas directement inspirés et ralliés, au lieu de se borner à des poètes du xvie  siècle, à Ronsard et à ses contemporains de la Pléiade, et de s’arrêter ainsi à mi-chemin, — au quart du chemin. […] Je m’arrête, n’ayant voulu que louer Régnier de ses fiertés de style, de ses aimables nonchalances, de tous ses dons heureux, sans faire de son éloge une injure à Malherbe.

1640. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» Mais un juste orgueil, dérivant de la grandeur de sa destinée, arrête tout à coup le poète et le fait passer de l’humilité de sa condition de fils de la mort à l’orgueil de sa destinée morale. […] Par une bizarre concordance d’heures, de site, d’accidents et de hasards, ce fut encore la voix de David qui m’arrêta et qui me fit retomber tout pensif et tout ébranlé de poésie sur le bloc de pierre.

1641. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Je crois plutôt maintenant que le vrai crime de Danton, dans ces journées de la hache, a été une espèce de connivence forcée avec les scélérats obscurs et forcenés de la commune de Paris, et que, ne pouvant pas arrêter le crime résolu par ces municipes bourreaux, Danton a lâchement préféré être leur complice le doigt sur la bouche, gémissant en silence, mais laissant accomplir les horreurs qu’il détestait en les excusant. […] Il méprisa ceux qui s’arrêtaient devant quelque chose, même devant l’assassinat en masse.

1642. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

VII Un autre hasard de voyageur m’ayant arrêté un jour à Ferrare, j’allai visiter l’hôpital dans lequel le Tasse avait été enfermé. […] Heureusement pour lui, le duc d’Urbin, qui estimait son caractère et son talent, apprit par hasard son passage à travers ses États ; il l’arrêta à Pesaro et lui donna l’hospitalité dans une maison de campagne située sur les collines qui entourent la ville, où les prairies, les bois, les eaux et la vue de la mer Adriatique, formaient un horizon inspirateur pour le poète fatigué des vicissitudes du sort.

1643. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Verlaine, non ce qu’il a écrit de moins imparfait, mais ce qu’il a écrit de plus singulier, je ne m’arrêterai pas aux Fêtes galantes ni à la Bonne Chanson  La Bonne Chanson, ce sont de courtes poésies d’amour, presque toutes très touchantes de simplicité et de sincérité, avec, quelquefois, des obscurités dont on ne sait si ce sont des raffinements de forme on des maladresses. […] Il échange avec le Christ des sonnets pieux, des sonnets ardents et qui, si l’on n’était arrêté çà et là par les maladresses et les insuffisances de l’expression, seraient d’une extrême beauté.

1644. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Il faut s’arrêter encore devant cette figure tracée à l’eau-forte, d’une vérité qui mord et d’une franchise qui entaille. […] Et, d’ailleurs, il m’arrêtera presque à chaque pas, presque a chaque scène.

1645. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

C’est à cette dernière pensée que je m’arrête, vous priant instamment de ne pas différer davantage à me donner de vos nouvelles et à me faire part de votre jugement dont je ferai toujours un grand cas, malgré votre modestie90. […] [NdA] Bernardin avait été près de se jeter dans le parti des opposants au prochain roi de Pologne, Stanislas Poniatowski ; il fut arrêté à temps, au moment où il s’embarquait dans cette aventure.

1646. (1772) Éloge de Racine pp. -

Oui, sans doute, dût cet aveu donner à la médiocrité jalouse des espérances consolantes, oui, le génie peut quelquefois s’arrêter au milieu de sa course. […] Joignez-vous aux disciples du bon siècle pour arrêter le torrent : encouragez l’étude des anciens, qui seule peut conserver parmi vous le feu sacré prêt à s’éteindre.

1647. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

Le véritable moyen d’arrêter l’influence délétère dont l’avenir intellectuel semble menace, par suite d’une trop grande spécialisation des recherches individuelles, ne saurait être, évidemment, de revenir à cette antique confusion des travaux, qui tendrait à faire rétrograder l’esprit humain, et qui est d’ailleurs aujourd’hui heureusement devenue impossible. […] Depuis deux mille ans que les métaphysiciens cultivent ainsi la psychologie, ils n’ont pu encore convenir d’une seule proposition intelligible et solidement arrêtée.

1648. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

(2) Sans nous arrêter davantage sur un fait si bien constaté, il est plus essentiel d’en rechercher la cause. […] Si la puissance prépondérante de notre organisation ne corrigeait, même involontairement, dans l’esprit des savants, ce qu’il y a sous ce rapport d’incomplet et d’étroit dans la tendance générale de notre époque, l’intelligence humaine, réduite à ne s’occuper que de recherches susceptibles d’une utilité pratique immédiate, se trouverait par cela seul, comme l’a très justement remarqué Condorcet, tout à fait arrêtée dans ses progrès, même à l’égard de ces applications auxquelles on aurait imprudemment sacrifié les travaux purement spéculatifs ; car les applications les plus importantes dérivent constamment de théories formées dans une simple intention scientifique, et qui souvent ont été cultivées pendant plusieurs siècles sans produire aucun résultat pratique.

1649. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Tout cela est absolument honorable et c’est un beau moment devant lequel on aime à s’arrêter dans la vie de La Fontaine. […] Je remarque même que Jannart s’étant arrêté à Châtellerault chez des amis et chez des parents de La Fontaine, et La Fontaine ayant voulu voir Richelieu, qui, alors, était de construction toute récente, ce n’est pas auprès de Jannart que l’agent de la police reste, c’est avec La Fontaine qu’il va à Richelieu.

1650. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Elles ont donc — il faut en convenir — plus à faire pour éclater que si rien n’entravait leur action, mais leur lenteur même à percer ce fourré d’erreurs, de passions et d’obstacles qui bien souvent les arrête, les rend plus soudaines, plus foudroyantes quand elles arrivent, et marquent du signe d’un triomphe d’autant plus grand qu’il fut plus disputé, la vérité de leur arrêt. […] Elle a dû arrêter un moment l’auteur de Clément XIV quand, riche des renseignements inconnus déposés par masses dans ses mains, il s’est dit qu’il allait peut-être retourner contre le Saint-Siège, dans l’opinion du monde, les jugements qu’il avait à rendre contre un pontificat isolé.

1651. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Et elle ne s’interrompt point dans celui-ci, elle ne s’arrête pas une minute. […] Alors la petite ombre blanche s’arrêta au bord d’un fauteuil et resta là, posée, prête à repartir, souriante et haletante, jusqu’à ce que le sommeil la prit, se mît à la bercer, à la balancer doucement sans déranger sa jolie pose, comme une libellule sur une branche de saule, trempant dans l’eau et remuée par le courant… » Certes !

1652. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Je lui dis souvent qu’il est temps d’arrêter sa plume ; ce sera du soulagement pour lui et pour ses amis.

1653. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Je vois malheureusement aujourd’hui qu’il est plus difficile de l’arrêter que de le commencer.

1654. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Il énonce une chose juste, il propose une réforme utile, vous l’approuvez, il n’est pas content : pour la mieux établir et pour vous convaincre à satiété, il va s’amuser à énumérer les objections les plus futiles, se donnant le plaisir de les réfuter à son aise, une à une, premièrement, secondement…, vingt-huitièmement… Il ne s’arrêtera qu’après nous avoir accablés ; il tient à rester victorieux jusqu’au bout sur le papier, et à dormir sur le champ de bataille : dormir est bien le mot, surtout pour le lecteur.

1655. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Il y fit tout d’abord révolution, et lors même qu’on ne se tiendrait pas aux résultats auxquels il s’est arrêté, il faudrait lui savoir gré d’avoir si puissamment remué le champ des esprits.

1656. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Personne n’est plus là pour arrêter à temps et redresser.

1657. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Dès que Rancé fut informé de son dessein, il lui écrivit pour le prier de passer la brosse sur tout ce qui le concernait ; cette lettre du 17 juillet est d’une humiliation de ton, d’un abaissement d’images qui sent plus l’habitué du cloître que l’homme de goût : non content de s’y comparer à un animal ( sicut jumentum factus sum ), Rancé trouve que c’est encore un trop beau rôle pour lui dans le paysage, et il descend l’échelle en ne voulant s’arrêter absolument qu’à l’insecte et à l’araignée.

1658. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Dans un système de religion quelconque, la terreur sait toujours à quel point elle doit s’arrêter ; elle se fonde toujours du moins sur quelques motifs raisonnés : mais le chaos de la magie jette dans la tête le désordre le plus complet.

1659. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Lorsqu’un auteur se permet un mot nouveau, le lecteur qui n’y est point accoutumé, s’arrête pour le juger ; et cette distraction nuit à l’effet général et continu du style70.

1660. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Quand l’auteur de la Némésis, Barthélemy, me décochait ses iambes mordants pour arrêter ma marche au début de ma carrière civique, j’étais jeune, riche, heureux, entouré de ces illusions du matin de la vie que trompe si souvent le soir, armé de mes vers pour le combat poétique, armé de ma parole aux tribunes pour le combat politique ; il était peut-être injuste, mais il était loyal et courageux de m’attaquer dans ma force.

1661. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

J’ai lu votre ravissant livre d’un bout à l’autre, d’un trait, sans m’arrêter.

1662. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

C’est une vérité commune à tout le monde, mais qui paraît plus sensible dans certaines natures dont l’originalité est nette et le caractère arrêté.

1663. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Pedrolino, déguisé en mendiant, s’arrête à la porte de l’hôtelier.

1664. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

N’arrêtons point les mouvements de charité.

1665. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Renan remarque que Jésus n’eût pas fait dix pas dans nos rues sans se faire arrêter pour désordre sur la voie publique. — Un certain état de flottement dans les conceptions intellectuelles laisse, dans les sociétés peu civilisées, une plus grande latitude à la fantaisie individuelle et ne lui interdit même pas les incursions dans le domaine du merveilleux.

1666. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

À l’exemple de ses maîtres, René Ghil cherchait son inspiration dans la foule, hantait les rues, les halles, les églises, les gares, s’arrêtait, songeur, pour voir défiler une noce, un enterrement.

1667. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

L’esprit humain ne sera réellement libre que quand il sera parfaitement affranchi de ces nécessités matérielles qui l’humilient et l’arrêtent dans son développement.

1668. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

598 Son spiritualisme absolu et son opinion arrêtée que la figure du vieux monde allait passer ne lui laissaient de goût que pour les choses du cœur.

1669. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Nous voudrions en vain nous arrêter au point où nous sommes parvenus.

1670. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Mais là ne s’arrête pas encore son instruction.

1671. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Toutes ces conceptions où s’est tour à tour arrêté l’esprit scientifique ont été des vérités en leur temps.

1672. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

L’histoire du développement graduel de l’esthopsychologie s’arrête donc ici.

1673. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Qu’aucun lecteur ne s’arrête à deux ou trois mots semés çà et là dans ces lettres, et maintenus par scrupule de sincérité ; l’auteur proteste énergiquement contre toute intention d’ironie.

1674. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Il part d’ici, et s’arrête là.

1675. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Edmond Guiraud, Pierre Soulaine mérite qu’on s’y arrête.

1676. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Joseph, après avoir fait mettre une coupe dans le sac de Benjamin, ordonne d’arrêter les enfants de Jacob ; ceux-ci sont consternés ; Joseph feint de vouloir retenir le coupable : Juda s’offre en otage pour Benjamin ; il raconte à Joseph que Jacob lui avait dit, avant de partir pour l’Égypte : « Vous savez que j’ai eu deux fils de Rachel, ma femme.

1677. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Le Christ est assez bien dessiné, le tableau pas mal composé ; mais la couleur en est sale et grise ; mais cela est monotone, vieux, passé, sans effet ; mais cela ressemble à une croûte qui s’est enfumée dans l’arrière-boutique du brocanteur ; mais cela est à demi-effacé, et le peintre a eu tort de s’arrêter à moitié chemin.

1678. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

De toutes ces differentes divisions de la melopée considerée sous diverses faces, il n’y en a qu’une à laquelle il nous convienne de nous arrêter ici, celle qui la partage en melopée basse ou tragique, en melopée moïenne ou dithirambique, et en melopée haute ou nomique, et qui par consequent partage aussi les melodies en trois genres de même nature.

1679. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

Néanmoins, nous ne nous arrêterons pas à les discuter, car ils ne répondent pas au problème posé dans ce chapitre.

1680. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Il a songé, assez naturellement, à tout ce qui pouvait l’arrêter, le réfréner, l’endiguer, l’entraver et l’amortir.

1681. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Les objections que l’on voudrait me faire ne doivent donc point m’arrêter, parce qu’elles n’auraient aucune base si elles se présentaient ici : je n’entends être jugé que sur les conséquences et les résultats.

1682. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Quand on en trouve un, comme Mlle Scudéry, par exemple, on s’arrête surpris de ce vilain phénomène dans le pays de la Légèreté et de la Grâce.

1683. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Et ce n’est pas seulement une raison politique (quoiqu’elle y soit pourtant) qui les empêche de se livrer à cette imitation dernière devant laquelle leur nature simiesque, pour la première fois, s’arrête court.

1684. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Cependant, parce que celle-ci ne subsiste plus, il n’est pas dit pour cela que tout soit soudainement arrêté dans la machine d’un peuple, plus savante que les machines de l’homme, et qui va longtemps encore après que son grand ressort est brisé.

1685. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Prouvons que la forme de son livre mérite qu’on s’y arrête, et prenons sur elle la mesure d’un esprit que le fond de son ouvrage ne donne pas.

1686. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Après 1848, il partit pour la Californie, sans dessein arrêté que d’agir encore, et c’est là qu’une idée qui pouvait valoir un empire s’empara de lui et lui fit jouer sur le dé pipé qu’on appelle le sort des armes une vie qu’il y a laissée !

1687. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Mais il devait s’arrêter à cette grosseur de lui-même, et ne pas l’étendre à tous les autres amis de Lamartine, qui empiètent trop dans le volume sur l’emplacement que Lamartine devrait occuper et remplir.

1688. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Malheureusement, du reste, ce n’est pas dans un chapitre de la nature de celui-ci que nous pouvons donner une idée complète de la vie de Sainte Térèse écrite par elle-même ; il faudrait s’arrêter plus longtemps que nous ne le pouvons.

1689. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Et nous l’avons dit, nulle fausse honte, nulle pudeur du dix-neuvième siècle n’a arrêté l’historien qui prouve sa science à toutes pages de son livre, mais qui sent qu’elle ne lui suffit pas !

1690. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Ce volume-ci s’arrête aux Mérovingiens.

1691. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Une telle peinture de contrebande doit être arrêtée aux frontières.

1692. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Mais cela ne suffit pas, sans l’intuition première, sans le point de départ bien arrêté et dominateur.

1693. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Venu tard dans le mouvement qu’il suit et qui va s’arrêter, on peut prendre Banville pour le dernier des romantiques contemporains.

1694. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Il faut s’arrêter.

1695. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Et elle ne s’en relèvera plus, parce qu’il faut que le roman finisse, car les femmes comme madame Bovary ne s’arrêtent pas à un second amour.

1696. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Ils sont partout, sur les flancs, sur le front, à la queue… et leur unique affaire est d’empêcher rien de s’arranger ni de s’arrêter avant qu’ils ne soient assis eux-mêmes.

1697. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Et il avait de bonne heure arrêté le texte de ses sermons. […] L’art ne s’arrête pas sur le chemin de la vérité où l’a engagé M.  […] Il s’arrête bientôt, fatigué. […] Dans cette voie, ils ne s’arrêtent pas sur les confins du ridicule. […] Il a vu, comme d’autres, les laideurs de la vie, mais il s’est arrêté au point où commence l’ignoble.

1698. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Alors il lui faudrait s’arrêter pour toute éternité ; cloué à la déception et devenu lui-même l’hôte de pierre, il aura le désir d’un repas du soir de la connaissance, repas qui jamais plus ne lui tombera en partage ! […] Elle dit : « Jamais de sang versé, jamais de guerre, même juste ; que la pitié arrête et supprime le carnage !  […] Il est mort, dit-on, et il n’est que de curiosité historique de faire les remarques auxquelles nous venons de nous arrêter. […] D’une part, la rage de paraître, à tout prix, moralement ému ; d’autre part, le désir d’une universalité brillante et sans consistance, ainsi que l’intention arrêtée de voir tout en beau (les caractères, les passions, les époques, les mœurs). […] Où s’arrête la foule, où commence l’élite ?

1699. (1923) Nouvelles études et autres figures

» « Arrête, se serait écrié Hésiode, arrête, Persès insensé ! […] Il ne s’arrête point sur sa route pour cueillir ses sensations et pour en décrire la délicatesse et la beauté. […] Je commence un nouveau journal à dater de notre régénération. » Mais le journal s’arrête là. […] Elle la reprit et décida Mary et Shelley à repartir pour la Suisse où Byron s’était arrêté. […] Il se défie de la couleur locale qui, selon lui, est une impasse où l’art n’a plus qu’à s’arrêter et à mourir.

1700. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

En effet, lorsque la critique de toutes les sources historiques aura été correctement opérée (pour certaines périodes de l’histoire ancienne, c’est une éventualité prochaine), le bon sens commandera de s’arrêter. […] La critique s’arrête donc à des solutions indirectes et provisoires, elle se borne à fournir des données qui exigent une dernière élaboration. […] 2° Le fait affirmé était-il si évidemment connu du public que l’auteur, même tenté de mentir, aurait été arrêté par la certitude d’être découvert ? […] En fait on ne s’arrête plus guère aujourd’hui à discuter, sous sa forme théologique, la théorie de la Providence dans l’histoire. […] Pour quelques périodes anciennes, dont les documents sont rares, on prévoit déjà que, dans une ou deux générations au plus, il faudra s’arrêter.

1701. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Elle est comme une nymphe lasse auprès d’un fleuve, son amour, fuyant au long des rives et qu’elle ne sait pas arrêter. […] Aussitôt, on arrête le curé ; on l’emprisonne. […] « De même, si l’on avait assassiné le curé, il eût fallu arrêter l’évêque. […] Et je sais bien qu’un roman n’est pas un objet dont la forme soit arrêtée à jamais. […] Il disait à ses amis : « On vient d’arrêter de Flotte ; est-ce parce que ses mains sentaient la poudre ?

1702. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Il ne sait, il ne peut s’arrêter. […] Avec cela un tour de conversation vif, rapide, exquis, et cet art souverain, qu’il montre aussi dans ses livres, de s’arrêter à point et de ne pas trop achever. […] Bourget lui-même a pris soin d’avertir le public que le plan de son roman était arrêté avant l’affaire de Constantine. […] Et c’est arrêter du même coup le progrès des mœurs et l’essor de la civilisation. […] Je m’arrête.

1703. (1902) La poésie nouvelle

En outre, les strophes à forme fixe, qui se succèdent, toutes pareilles, les unes aux autres, amusent d’abord, mais deviennent bientôt monotones ; quand on a ressassé douze ou quinze fois le même petit air, cela suffit, il est temps qu’on s’arrête.‌ […] Pas de billet ; on l’arrête. […] Il n’y réussit que trop : il est bientôt, à force de n’avoir pas de domicile, arrêté pour vagabondage et reconduit à sa famille par la gendarmerie.‌ […] Il fut arrêté, emprisonné pour deux ans, tandis que Rimbaud, blessé au bras, était conduit à l’hôpital Saint-Jean…‌ L’intention de rompre était assez ancienne déjà dans l’esprit de Rimbaud. […] Au point où s’arrêtait sa dialectique, Platon plaçait des mythes, fables très simples que parfois il imaginait lui-même, que d’autres fois il empruntait à la légende, à la religion, aux traditions populaires.

1704. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Aucun dogme oisif, aucun dogme qui soit là pour lui-même ; l’exposition de la vérité divine s’arrête juste au point où ces besoins ont trouvé satisfaction. […] Elle allait précisément surgir des efforts de la libre pensée ; mais elle n’avait encore ni base arrêtée, ni véritable substance. […] Mais Charron va ici plus loin ; il ne permet pas à l’homme de s’arrêter ; il ne lui concède que des opinions provisoires. […] Ils voudraient souvent s’arrêter, mais ils sont loin de compte. […] Celui d’Essais, auquel il s’est arrêté, signifierait à peu près : Efforts, tentatives de mon esprit.

1705. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

C’est ainsi que la poursuite s’arrêta au début. […] Il en faisait ou, comme il dit, il en éternuait une ou deux chaque matin, faut dire de lui comme de Martial : dans le nombre en a de bonnes, de médiocres et même de mauvaises quantité ; je ne m’arrêterai qu’aux meilleures. […] Piron est un excellent préservatif contre l’ennui ; mais il s’en va dans huit jours, et je vais retomber dans mes langueurs. » L’abbé, dans sa citation, soit malice, soit inadvertance, oublia la dernière ligne et s’arrêta après le mais, en ajoutant un et cætera qui laissait le lecteur libre de remplir la phrase de toute espèce de malice.

1706. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Marche, va les détruire, éteins-en la semence… Je m’arrête le moins possible à cette première partie, dont la violence, pour nous, se justifie à peine par le patriotisme du poëte ; Malherbe, comme Richelieu, voulait une seule France sous un seul sceptre. […] Pour nous d’ailleurs, et pour tous ceux qui ont à s’occuper de la littérature française au xviie  siècle, c’est être en plein sujet que de s’arrêter à considérer Henri IV, Richelieu, Louis XIV. […] Ne savez-vous pas que la diversité des opinions est aussi naturelle que la différence des visages, et que vouloir que ce qui nous plaît ou déplaît plaise ou déplaise à tout le monde, c’est passer des limites où il semble que Dieu même ait commandé à sa toute-puissance de s’arrêter ?

1707. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

là-bas, derrière, arrête cette trompette un instant ; viens ici, conducteur, accroche-toi à la bâche, grimpe sur la banquette. […] Si dans Hard Times l’épouse va jusqu’au bord de la faute, elle s’arrêtera sur le bord de la faute. […] D’autre part, la ténacité de votre imagination, la violence et la fixité avec laquelle vous enfoncez votre pensée dans le détail que vous voulez saisir, limitent votre connaissance, vous arrêtent sur un trait unique, vous empêchent de visiter toutes les parties d’une âme et d’en sonder la profondeur.

1708. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Après avoir saccadé le trône, il se cramponnait et il se buttait d’un pied intrépide contre l’entraînement anarchique qui poussait la France à tous les excès ; il mourut à la peine, mais son cercueil arrêta son pays. […] Molé, s’avançant au milieu de la chambre avec la figure bouleversée par l’embarras de sa situation, étendit la main vers ses collègues comme pour prévenir la reprise de la discussion, et s’écria : « Arrêtez, messieurs. […] Il s’arrêta.

1709. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Or, c’est amusant, devant le mystère de cette boutique sous une tente, où le marchand fait la bête, de voir s’arrêter des femmes cherchant à comprendre ce qu’on y vend, et tout à coup devinant le commerce de l’endroit, s’enfuyant toutes rouges, inquiètes, si un passant a surpris leur attention devant l’étalage. […] Je n’ai guère rencontré de bien, dans les deux volumes, que cette phrase : « l’arrêté, le tendu de la peau, qu’a seulement une vierge ». […] » Barrès est en train d’écrire une pièce politique : Une journée parlementaire, où il n’a pas osé risquer une séance ; toutefois il craint que la pièce ne soit arrêtée par la censure.

1710. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Arrêtez, cria-t-il au vieux rimeur, épargnez-nous les autres détails. […] On s’arrêta peu à cette critique. […] Marchez sans vous arrêter, ils disparaîtront entiérement. […] Il s’arrête…. […] Ces obstacles n’ont point arrêté M. l’Abbé Aubert.

1711. (1887) Essais sur l’école romantique

La nuée un moment s’arrêta dans l’espace. […]     Où faut-il s’arrêter, dit la nuée encor ? […] Le poète religieux s’y arrête dans une contemplation profonde. […] Mais un prêtre qui aime la Esmeralda, Claude Frollo, arrête le capitaine de gendarmerie par un coup de poignard. […] Victor Hugo sera-t-il libre de s’arrêter, même dans ce genre déjà si bâtard ?

1712. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Ainsi vivent ces âmes véhémentes, incessamment heurtées et brisées par leur propre élan, comme un boulet arrêté qui tourne et semble tranquille, tant il va vite, mais qui, au moindre obstacle, saute, ricoche, met tout en poudre, et finit par s’enterrer. […] Il prend cette main froide, et là, devant le corps demeuré inerte, ses sens se bouchent, sa pensée s’arrête, il est comme un homme qui se noie, qui, après avoir traversé l’angoisse, se laisse enfoncer aussi fixe qu’une pierre, et qui ne sent plus son être que par un roidissement universel d’horreur. —  En voici un autre, lié nu et lancé à travers le steppe sur un cheval sauvage. […] À chaque convulsion, le flot jaillit plus noir, puis s’arrête ; le sang ne tombe plus que goutte à goutte, et déjà son front est humide, son œil terne. […] « C’était une côte déserte et battue de vagues brisées, —  avec des falaises, au-dessus et une large plage de sable, —  gardée par des bancs et des rocs comme par une armée. —  Toujours y grondait la voix rauque des vagues hautaines, —  sauf pendant les longs jours dormants de l’été, —  qui faisaient briller comme un lac l’Océan allongé dans sa couche. —  Tout était silence, sauf le cri de la mouette, et le saut du dauphin et le bruissement d’une petite vague — qui, heurtée par quelque roc ou bas-fond, s’irritait contre la barrière qu’elle mouillait à peine. —  Ils erraient tous les deux, et la main dans la main, —  sur les cailloux luisants et les coquillages. —  Ils glissaient le long du sable uni et durci. —  Et dans les vieilles cavernes sauvages — creusées par les tempêtes, et pourtant creusées comme à dessein — en hautes salles profondes, en dômes ardoisés, en grottes, —  ils s’arrêtèrent pour se reposer, et, chacun enlaçant l’autre dans son bras, —  ils s’abandonnèrent à la douceur profonde du crépuscule empourpré. —  ils regardaient au-dessus d’eux le ciel, dont la lumière flottante — s’étendait comme un Océan rosé, brillant et vaste. —  Ils regardaient au-dessous d’eux la mer luisante, —  d’où la large lune se levait, formant son cercle. —  Ils entendaient le clapottement de la vague et le bruissement si bas du vent.

1713. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Gaullieur, dans son introduction, a eu le soin de s’arrêter sur quelques circonstances de la biographie de Mme de Charrière, de développer ou de rectifier plusieurs points où les renseignements antérieurs avaient fait défaut. […] J’espérais recevoir une de vos lettres aujourd’hui ; mais les infâmes chemins que le Ciel a destinés à me tourmenter et à me vexer de toute façon ont arrêté le porteur de votre lettre, j’espère, et il n’arrivera que demain matin. […] Ma table est couverte de ces fragments qui ont toujours la longueur d’une page, parce qu’alors je suis obligé de m’arrêter, et quelque chienne d’idée vient à la traverse ; je jette ma lettre, et je ne la reprends plus. […] je l’ignore ; mais je n’en désespérerai que lorsque nous nous serons arrêtés au mal. » Remarquez ce nous par lequel il s’associe tout à fait à la France ; il me semble dans tout ceci que le politique, le tribun se dégage et commence à poindre. […] Arrêté à la frontière allemande par les opérations militaires, il est heureux d’un prétexte et s’en revient.

1714. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Par bon sens ou par timidité, les uns s’arrêtent à mi-chemin. […] Arrêtons-nous ici ; ce n’est pas la peine de suivre les enfants perdus du parti, Naigeon et Sylvain Maréchal, Mably et Morelly, les fanatiques qui érigent l’athéisme en dogme obligatoire et en devoir supérieur, les socialistes qui, pour supprimer l’égoïsme, proposent la communauté des biens et fondent une république où tout homme qui voudra rétablir « la détestable propriété » sera déclaré ennemi de l’humanité, traité « en fou furieux » et pour la vie renfermé dans un cachot.

1715. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Soit mécontentement fondé du sort subalterne dans lequel Alphonse le laissait languir à la cour ; soit inquiétude d’esprit, suite de sa mélancolie croissante ; soit ingratitude envers Léonora dont l’amitié ne pouvait plus suffire à son orgueil, on voit, dans les lettres du Tasse de cette date, un dessein arrêté de quitter Ferrare après avoir payé sa dette à Alphonse en lui dédiant son épopée : « J’irai vivre à Rome, écrit-il, fût-ce dans l’indigence. » Il paraît, par sa correspondance inédite de cette date, que ce dessein d’abandonner la cour de Ferrare, dessein connu d’Alphonse par des lettres tombées dans ses mains, fit redouter à ce prince que le Tasse n’eût l’intention de passer au service des Médicis et de déshériter ainsi sa maison de la gloire d’avoir protégé les deux grands poètes épiques de l’Italie : l’Arioste et l’auteur de la Jérusalem délivrée. […] « Pour ces motifs, s’il désire revenir, il faut qu’il prenne d’abord la résolution bien arrêtée de se tenir en repos, et de se laisser traiter de sa maladie par les médecins.

1716. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Sans m’arrêter aux quelques réminiscences, entièrement extérieures et froides du reste, de Robert (1831), non plus qu’au motif de Marcel — les accords arpégés de violoncelle et contrebasse — ni au rôle si apprécié comme couleur locale du choral de Luther, je me bornerai à indiquer, dans les Huguenots (1836), deux moments vraiment beaux comme expression dramatique : le retour de la phrase « Tu l’as dit », chanté d’abord par le cor anglais, puis par la flûte, lorsque Valentine répond au cri : « Où donc étais-je ?  […] Nous trouverions devant nous maintenant, dans l’ordre chronologique, l’Etoile du Nord, Faust, le Pardon, l’Africaine, etc., mais je m’arrête, car le plus ancien de ces ouvrages date déjà de 1854, et j’ai dû m’imposer la limite de 1845-1850 : l’avènement du Leitmotiv wagnérien dans Tannhauser et Lohengrin.

1717. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Ainsi pourrions-nous, sans nous arrêter aux pseudo-écoles du naturisme ou de l’humanisme, distinguer aujourd’hui, dans le roman français, trois ou quatre courants principaux. […] Avant d’insister sur la carrière fournie par ces romanciers dans la direction qui nous occupe, arrêtons-nous un instant encore aux causes génératrices de cette nouvelle transformation opérée dans la fiction romanesque.

1718. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Douer les espèces de la faculté toute spéciale de produire des hybrides et ensuite arrêter la propagation subséquente par différents degrés de stérilité, qui ne sont en aucune façon corrélatifs à la facilité avec laquelle s’accomplit une première alliance entre leurs parents, tout cela me paraît un bien étrange arrangement. […] La faible variabilité des hybrides nés d’un premier croisement, ou à la première génération, en opposition avec leur extrême variabilité pendant les générations suivantes, est un fait extrêmement curieux qui mérite d’arrêter notre attention.

1719. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Il est bien Français avant d’être catholique, et il n’a pas l’air de se douter qu’être catholique, dans cette monarchie fondée par les Évêques, — a dit Gibbon, mais qui s’est arrêté là, et qui n’a pas dit que tous ces Évêques étaient des Saints, — c’est encore la meilleure manière d’être Français et la meilleure raison pour l’être… Homme moderne, — mais plus élevé et plus étendu que l’esprit moderne, puisqu’il se croise, dans son livre, en l’honneur de l’unité de pouvoir si haïe de l’esprit moderne, qui ne veut que des pouvoirs multiples et des gouvernements qui ressemblent à des peuples, — l’auteur des Ducs de Guise, qui sait assez d’histoire pour ne jamais séparer la Royauté de la France, — l’ennemi de la Féodalité, mais, pour les mêmes raisons, l’ennemi de la Démocratie, parce que, ici ou là, c’est le pouvoir multiple, éparpillé, croulant en anarchie toujours, — l’auteur des Ducs de Guise croit justement que cette unité de pouvoir à conserver, ou à refaire quand elle a été défaite, fut la gloire de tout ce qui fut grand et sera la gloire de tout ce qui doit le redevenir dans notre histoire, mais il ne croit pas que cette gloire ne soit que la seconde. […] Il a tout vu, humainement, politiquement, par dehors, comme on voit dans le drame profane de l’Histoire — le drame sans monologues et sans confidents — et qu’on s’arrête aux faits sans descendre dans l’abîme des consciences, ces gouffres de complications !

1720. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Le nil admirari d’Horace ne va point jusqu’à Proudhon, qui s’arrête en présence de lui-même et vante l’équilibré du droit et du devoir, éclairé par les flambeaux de 1789 à 1794. […] Le mérite de ce magnifique livre, — inachevé comme tant de choses belles qui gagnent peut-être à être inachevées, — comme cette statue de l’Amour du grand Michel-Ange, déterrée après sa mort, et à laquelle il manquait un bras ; — le mérite de ce livre ne s’arrête qu’aux endroits où Proudhon cesse d’être chrétien — le chrétien qu’il est de nature — et se heurte à sa philosophie… Livre profond et éloquent !

1721. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

la question n’était pas là pour lui… Rien de la vérité ne pourrait arrêter un homme qui a dans le ventre la fringale de l’applaudissement, la fureur dramatique… Ah ! […] Le moine déterminé qui a entrepris la réhabilitation d’Alexandre VI ne s’arrêtera pas.

1722. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

. — Quand ma voiture s’est, arrêtée, la femme s’y est présentée ; elle m’a dit : « Est-il vrai que le général Lasalle a été tué ? 

1723. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

On voit dans les Mémoires de Sully comment ce traité de la Ligue avec l’Espagne, écrit de la main du président et contenant les conditions arrêtées, fut un jour pris sur des coureurs du côté du village de Marolles et tomba aux mains de Sully, qui en fit fête à Henri IV.

1724. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Je ne connais rien de plus irritant, en pareil cas, qu’un lecteur qui s’arrête en souriant à chaque vers amphigourique, de l’air de dire : Que c’est charmant !

1725. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Maintenant il peut chercher toujours, ne s’arrêter jamais ; il n’est pas de ceux qui doutent radicalement, et qui ont pour chef de file Montaigne, le badin charmant et intrépide.

1726. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Mais au moins aucun trait ne heurte et n’arrête ; ce qu’on ne saurait dire de bien des élégies plus modernes et passionnées de nos illustres romantiques.

1727. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Il ne s’y arrêta dans aucun temps aux difficultés particulières qu’il rencontrait, il en respirait l’esprit général, il en suivait les nombreux courants et les torrents.

1728. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Pourquoi donc faut-il un seul instant s’y arrêter ?

1729. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

On y voit qu’il fut un moment arrêté à cause d’une mauvaise affaire qui lui arriva étant en Angleterre.

1730. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Les siècles en ce genre sont héritiers des siècles ; les générations partent du point où se sont arrêtées les générations précédentes, et les penseurs philosophes forment à travers les temps une chaîne d’idées que n’interrompt point la mort ; il n’en est pas de même de la poésie, elle peut atteindre du premier jet à un certain genre de beautés qui ne seront point surpassées, et tandis que dans les sciences progressives le dernier pas est le plus étonnant de tous, la puissance de l’imagination est d’autant plus vive que l’exercice de cette puissance est plus nouveau.

1731. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Je m’arrête ; car cette imitation deviendrait aussi fatigante que la réalité même : mais on pourrait extraire des adresses, des journaux et des discours, des pages nombreuses, dans lesquelles on verrait la parole marcher sans la pensée, sans le sentiment, sans la vérité, comme une espèce de litanie, comme si l’on exorcisait avec des phrases convenues l’éloquence et la raison.

1732. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Pour être donc ambitieux dans une révolution, il faut marcher toujours en avant de l’impulsion donnée, c’est une descente rapide où l’on ne peut s’arrêter ; vainement on voit l’abîme ; si l’on se jette en bas du char, on est brisé par cette chute ; éviter le péril, est plus dangereux que l’affronter : il faut conduire soi-même dans le sentier qui doit vous perdre, et le moindre pas rétrograde renverse l’homme sans détourner l’événement.

1733. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

La vanité est l’ennemie de l’ambition ; elle aime à renverser ce qu’elle ne peut obtenir ; la vanité fait naître une sorte de prétentions disséminées dans toutes les classes, dans tous les individus, qui arrête la puissance de la gloire, comme les brins de paille repoussent la mer des côtes de la Hollande : enfin, la vanité de tous sème de tels obstacles, de telles peines dans la carrière publique de chacun, qu’au bout d’un certain temps le grand inconvénient des républiques, le besoin qu’elles donnent de jouer un rôle n’existera, peut-être, plus en France : la haine, l’envie, les soupçons, tout ce qu’enfante la vanité, dégoûtera pour jamais l’ambition des places et des affaires ; on ne s’en approchera plus que par amour pour la patrie, par dévouement à l’humanité, et ces sentiments généreux et philosophiques rendent les hommes impassibles, comme les lois qu’ils sont chargé d’exécuter.

1734. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il voit la laideur aussi nettement que personne, et la marque, mais il ne s’y arrête pas.

1735. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Qu’ils ne s’y arrêtent point.

1736. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Il est toujours fâcheux pour des poètes de travailler sur des théories arrêtées à l’avance, et de réduire leur génie à l’application méthodique d’un système : mieux vaut que les œuvres fassent naître les théories.

1737. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Caractère de Diderot « La tète d’un Langrois est sur ses épaules comme un coq au haut d’un clocher : elle n’est jamais fixe dans un point ; et si elle revient à celui qu’elle a quitté, ce n’est pas pour s’y arrêter.

1738. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Or, pour arriver à la perfection du style poétique et plastique, il est peut-être nécessaire de n’être point ému en écrivant, de considérer uniquement la valeur musicale et picturale du langage et, en face des objets matériels, de s’arrêter à l’impression qu’on a tout d’abord reçue d’eux, à la sensation première et directe, ou d’y revenir artificiellement afin de n’exprimer qu’elle.

1739. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Le vrai satanisme, c’est la négation de Satan aussi bien que de Dieu, c’est le doute, l’ironie, l’impossibilité de s’arrêter à une conception du monde, la persuasion intime et tranquille que le monde n’a point de sens, est foncièrement inutile et inintelligible… De ce satanisme-là, il y en a plus dans telle page de Sainte-Beuve, de Mérimée ou de M. 

1740. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Il brisa les contours arrêtés où s’emprisonnait notre lyrisme.

1741. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Vous pleurez en voyant ces mêmes Loix qui sembloient devoir arrêter le cours de tant de maux, devenir terribles & écraser d’un double poids, le foible qu’elles devoient protéger.

1742. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Ainsi la méditation qui paroît sombre & severe, & qui est le supplice d’un esprit superficiel devient la passion chérie d’un homme de Lettres ; son esprit profond parcourt successivement la chaîne qui lie les êtres, monte, descend, s’arrête, compare les rapports, les juge, & est fier des traits épars & lumineux qu’il saisit dans sa course rapide.

1743. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

S’il y a, dans un ouvrage, dans un caractère, dans un tableau, dans une statue, un bel endroit, c’est là que mes yeux s’arrêtent ; je ne vois que cela ; le reste est presque oublié. » Qu’est-ce à dire ?

1744. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Tout l’ensemble d’idées que nous venons d’exposer formait dans l’esprit des disciples un système théologique si peu arrêté que le Fils de Dieu, cette espèce de dédoublement de la divinité, ils le font agir purement en homme.

1745. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

La première, toutefois, celle d’une révolution temporelle, ne paraît pas l’avoir beaucoup arrêté.

1746. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Aussi, sa réponse à une consultation faite sur une résolution arrêtée, fut qu’elle pouvait, sans scrupule, se charger de l’éducation secrète des enfants de l’adultère, parce que c’était jeter un voile charitable sur les fautes du roi et de madame de Montespan ; il ne voyait pas que c’était aussi jeter un voile d’officieuse complicité sur une habitude condamnable et contribuer à l’entretenir.

1747. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Le châtiment ne s’arrête pas à moitié chemin ; la malédiction du père de Diane s’accomplit sur le père de Blanche.

1748. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Ces notions et ces ambitions sont elles-mêmes des faits que reconnaît l’esprit de l’homme ; mais en les reconnaissant, il s’arrête.

1749. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

Un lecteur équitable passera l’éponge sur le goût germanique de cet Ecrivain, qui s’arrête un peu trop à des minuties, & sur une certaine sécheresse inséparable des petits détails dans lesquels son style est noyé.

1750. (1761) Apologie de l’étude

Mais, pour suivre la comparaison, ce même pendule, une fois éloigné de sa situation naturelle, y retombe mille fois sans s’y arrêter, jusqu’à ce que son mouvement, ralenti peu à peu par le frottement et par la résistance, soit enfin totalement détruit.

1751. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Là, au surplus, s’arrête la similitude ; on ne la ressaisit plus à travers le livre de Furetière que dans certaines boutades à intention comique ou burlesque, comme par exemple la scène ou Nicodème, voulant se jeter aux genoux de sa maîtresse, met en pièces le ménage de Mme Vollichon ; ou celle encore des laquais vengeant leur maître, éclaboussé, par des coups de fouet et de pierres lancés au dos des maquignons.

1752. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Suppléer au mutisme volontaire ou forcé de l’histoire, c’est déjà téméraire pour tout être qui a le respect de la vérité humaine : mais ajouter à l’Évangile, le continuer là où il s’arrête, cela peut être si facilement sacrilège pour qui doit avoir le respect chrétien de la vérité divine !

1753. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

il me plaît tant, cet homme de lettres et d’esprit, et d’esprit français, que j’ai essayé de replacer aujourd’hui dans la lumière de son mérite, qui est immense et qui est charmant, et dont la nature est de passer, — de n’être pas plus immortel que les fleurs qui passent, — il me plaît tant que j’arrête ici mon chapitre !

1754. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

L’auteur, qui n’écrit pas l’histoire d’un siècle, quoiqu’il en traverse plusieurs, mais qui, comme on dit maintenant, écrit celle d’une, idée, s’arrête à cet édit de Nantes qui forme une histoire de cette idée, en réalisant par Henri IV, que du moins il ne grandit pas, la politique de ce Michel de l’Hôpital, grandi outre mesure et qui doit éprouver de grands malaises de modestie, dans le fond de sa tombe, s’il peut s’y douter d’avoir sur terre un tel historien.

1755. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

  D’après toutes les observations que nous avons faites sur cette table, on voit que tout ce qui nous est parvenu de l’antiquité païenne jusqu’au temps où nous nous arrêtons, n’est qu’incertitude et obscurité.

1756. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

s’écria Voltaire ; arrêtez ! […] Il faut s’arrêter ; si je voulais recueillir tous les vers faibles, durs et guindés, je transcrirais plus de la moitié de la pièce. […] Quoi qu’il en soit, ce coup de théâtre si vanté est aujourd’hui d’un effet médiocre ; il exige une combinaison qui réussit rarement : il faut que Narbas se trouve à point nommé en état d’arrêter le poignard de Mérope. […] C’est mon fils ; arrêtez, cessez, troupe inhumaine. Cessez n’est pas poétique ; il est plus faible arrêtez, qui précède.

1757. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Or, et c’est ce que je ne comprends guère, Œdipe s’arrête à une solution moyenne ; il ne se tue pas, mais il se crève les yeux. […] S’il m’intéresse, s’il m’émeut, je ne suis pas maître de m’arrêter sur mon émotion, de la prolonger, de la savourer. […] Ce directeur, récemment nommé et qui ne connaît encore personne dans la ville, prend Alfred pour Gaillardin et l’arrête. […] Mais je l’ai arrêté hier, Gaillardin, chez lui, en train de lutiner sa femme. » Vous vous rappelez cette scène si gaie, et celle qui suit, plus belle encore. […] Bicoquet est arrêté.

1758. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Je ne m’arrêterai un peu que sur la générosité d’âme qui paraît dans les Perses. […] Et donc, il dicte cette ‘ sentence, sans s’arrêter beaucoup aux considérants : « Il faut marier ces enfants, puisqu’ils s’aiment. […] Mais, les invités partis, et seul avec Hélène… Arrêtons-nous ici. […] Hoche se soumet. — On l’arrête, on l’enferme à la Conciergerie, où on le laisse deux mois. […] Son premier livre de vers, qui était beau, d’une forme très ample, comme j’ai dit, mais encore suffisamment nette et arrêtée, il l’a recommencé cinq ou six fois en des sortes de « répliques » de plus en plus pâles et diffuses.

1759. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Aussi, nous qui le tenons, le Pascal entier, nous qui entendons rugir le lion lui-même, nous qui n’avons rien à ménager des ennemis que redoutaient les Port-Royalistes, nous nous arrêtons comme eux, déroutés. […] Cela est si vrai que Pascal ne s’arrête pas à cette contrainte. […] Mais les deux jeunes gens ne se retournèrent pas vers les promeneuses, car aussitôt la porte de la boutique refermée sur eux, la fraîcheur de cette salle ombreuse les saisit, et surtout son atmosphère exquise, et ils s’arrêtèrent, comme involontairement, à respirer l’arôme des plantes de toute essence qui garnissaient les tables.‌ […] — Ici encore je vous arrête sur une définition. […] On éprouve un plaisir intellectuel de l’ordre le plus rare à saisir d’un coup d’œil cette magnifique ordonnance, comme à s’arrêter derrière Notre-Dame sur l’un des points d’où l’on voit la vieille cathédrale détacher dans le ciel, ou bleu ou sombre, sa silhouette d’une si visible et si imbrisable unité.

1760. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Le frôlement du doigt d’un enfant les met en contact et1407… » Il s’arrête brusquement et vous laisse à vos conjectures. […] Tous les esprits qui cherchent et trouvent sont dans le courant ; ils n’avancent que par lui ; s’ils s’y opposent, ils sont arrêtés ; s’ils en dévient, ils sont ralentis ; s’ils y aident, ils sont portés plus loin que les autres. […] Quand l’art a donné toutes ses œuvres, la philosophie toutes ses théories, la science toutes ses découvertes, il s’arrête ; une autre forme d’esprit prend l’empire, ou l’homme cesse de penser. […] Il a beau essayer de comprendre Voltaire, il n’arrive qu’à le diffamer1449. « Il n’y a pas une seule grande pensée dans ses trente-six in-quartos… Son regard s’arrête à la superficie de la nature ; le grand Tout, avec sa beauté et sa mystérieuse grandeur infinie, ne lui a jamais été révélé ; même un seul instant ; il a regardé et noté seulement tel atome, et puis tel autre, leurs différences et leurs oppositions1450… Sa théorie du monde, sa peinture de l’homme et de la vie de l’homme, est mesquine, pitoyable même, pour un poëte et un philosophe.

1761. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Le duc en fut si charmé qu’il voulut sur-le-champ arrêter M.  […] Le contrôle amical qu’ils exerçaient les uns sur les autres ne s’arrêtait pas aux écrits ; il s’étendait jusqu’à la conduite. […] Celle-ci naquit du souvenir d’une équivoque de mots, qui l’avait arrêté au début d’un poème projeté contre les critiques de son temps. […] C’est dans ce même pamphlet que, parlant du sieur de Sainte--Garde, auteur de Childebrand, il dit que l’ouvrage, qui devait avoir seize livres, fut arrêté à cause d’un emploi qui lui arriva, et « qui a quelque répugnance avec les galanteries, quoique très chastes, que ces sortes d’ouvrages demandent. » Le plaisant, c’est que ce sieur de Sainte-Garde n’est autre que le pseudonyme Lerac, lequel s’appelait Carel, sieur de Sainte-Garde.

1762. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Le coup de théâtre le plus frappant de la scène grecque, était le moment où un vieillard venait, dans le Cresphonte d’Euripide, arrêter Mérope prête à immoler son fils, qu’elle prenait pour l’assassin de ce fils même. […] Un d’eux semble montrer quelque opposition ; le prince l’interrompt :               Arrêtez : il me reste à vous dire Que je dois être un jour le maître de l’empire. […] Dans Iphigénie, Agamemnon, chef de la flotte grecque armée contre Troie, est instruit, par un oracle, qu’il faut qu’il sacrifie sa fille pour obtenir les vents favorables, sans lesquels la flotte ne peut sortir de l’Aulide, où elle est arrêtée par un calme qui la consume inutilement. […] On ne s’arrête point à l’enveloppe ; les sentiments cesseraient même d’être aussi touchants, aussi sublimes, s’ils étaient exprimés en termes magnifiques et pompeux.

1763. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Les Épreuves, si on en croit le sonnet qui leur sert de préface, n’ont pas été écrites d’après un plan arrêté d’avance. […] Mais tout ceci pourrait nous arrêter longtemps. […] Mais c’est trop s’arrêter à de menues critiques. […] Fille d’un officier français tué en 1870, après un premier amour malheureux, la trahison d’un beau cousin, Francine voyage et s’arrête à Florence. […] Elle appartient le plus souvent et le plus vite à ceux qui ont coutume de juger avec assurance et d’après des principes arrêtés.

1764. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

… Est-ce un mot qui m’arrête ? […] La logique ne s’arrête pas même là. […] Il faut s’arrêter ici : nous sommes parvenus aux dernières extrémités du sophisme. […] Il convient de s’y arrêter avec quelque détail. […] Rien de mieux ; mais on ne s’arrête pas là.

1765. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Dans un asile de débauche, et devant le corps délicieux d’une fille à vendre, il s’arrête, ravi. […] La preuve en est que ce passant qui court à ses affaires s’arrête à lire ce morceau de journal, à discuter avec son compagnon sur un point de politique. […] La santé réside dans le pouvoir d’équilibre qui nous permet d’arrêter nos impressions avant qu’elles ne s’amplifient, qu’elles ne s’exagèrent jusqu’à dépasser notre force. […] Sur des énervés qui, plus capables de sentir vivement, sont moins capables d’arrêter, de circonscrire leur sensation. […] Une obscure influence est sur elle qui l’empêche d’aller jusqu’au bout de la passion, et son désir s’arrête à mi-chemin de l’amour qu’elle sacrifie de nouveau, à quoi ?

1766. (1910) Rousseau contre Molière

dit le commissaire. — Oui. — Eh bien, je vous arrête, Je viens de votre maison de campagne, ayant décret contre vous. […] Je demande, je veux qu’on l’arrête avec moi ; Qu’un emprisonnement jusqu’au bout de l’affaire Au criminel des deux garantisse un salaire. […] Rousseau s’arrête là. […] C’est là le point, c’est là la limite, et c’est en deçà de cette limite qu’il faut, je crois, s’arrêter. […] Votre mépris de l’humanité s’arrête à vous-même, et sans aller plus loin, certes, il devrait au moins vous avertir qu’encore est-il que vous êtes homme.

1767. (1924) Critiques et romanciers

Mais on peut diriger en quelque façon le mouvement qu’on n’arrête pas. […] Il ne connaissait de gendarmes que pour l’arrêter. […] Les plus hautes herbes ne l’arrêtent pas. […] Ils sont d’abord très avancés pour leur âge ; mais ils s’arrêtent en chemin, comme s’ils savaient — ne le savent-ils pas ?  […] L’imprudent le remercie avec des injures : de quoi se mêle-t-il, d’arrêter les chevaux quand on s’exerce à la course ?

1768. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Un esprit peut toujours s’arrêter à mi-chemin de sa pensée. […] Nous le voyons, dans la Correspondance, s’arrêter sans cesse, au plus fort de son succès, et procéder à un examen de conscience comme celui que représente cette note, où l’hygiène intérieure est au premier plan. […] Ainsi les morceaux de marbre touchés un instant par le ciseau d’un Michel-Ange et sur lesquels s’est posé, sans s’y arrêter assez longtemps, le souffle du génie. […] J’ai là sous les yeux une carte émouvante et qui prouve que cette renommée posthume ne s’arrête pas aux frontières. […] Il est de ceux qui l’aiment vraiment, cette pauvre âme, de ceux qui s’arrêtent devant ses déchéances et ses misères, le cœur serré par la pitié.

1769. (1774) Correspondance générale

Je m’arrête là ; je vous lirai quand je serai sorti de la poussière des livres et des copeaux des menuisiers. […] Sur la longueur il y a un point le plus lumineux de tous, où il faut savoir s’arrêter et au-delà duquel l’obscurité semble renaître. […] À peine son voyage a-t-il été arrêté que tous ses effets ont été donnés, dissipés ou vendus. […] Arrêtez donc, je vous en supplie, la main bienfaisante de Sa Majesté Impériale. […] Une fois que les hommes ont osé d’une manière quelconque donner l’assaut à la barrière de la religion, cette barrière la plus formidable qui existe comme la plus respectée, il est impossible de s’arrêter.

1770. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

On a comparé l’écorce grise à un réostat intercalé dans un courant électrique ; ses cellules arrêtent le mouvement moléculaire des nerfs de la sensation : elles le retiennent, l’accumulent, ne le laissent plus passer dans les nerfs du mouvement. […] L’hypnotiseur, s’emparant de ce « rapport » spécial, intervient pour arrêter à moitié chemin le processus de somnolence. […] Elle tâte l’air près de sa tête, mais ne le touche pas, s’arrête devant lui en hésitant ; elle se rapproche lentement et l’embrasse sur le front en tressaillant. » La Société pour les recherches psychiques, en Angleterre et en Amérique, s’est livrée à des expériences très patientes et très minutieuses sur la transmission de la pensée à des personnes hypnotisées et même non hypnotisées.

1771. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

XIV Nous passions à Paris nos journées ensemble à feuilleter nonchalamment nos propres imaginations sans nous arrêter à aucune page. […] XXII Un autre génie autrement créateur traversa une ou deux fois ma route ; j’aurais bien voulu l’arrêter, mais c’était moins un homme qu’un esprit. […] Son chapeau de feutre gris à longs bords rabattu sur ses yeux, ses cheveux blancs qui battent ses joues, ses traits pétris d’années, de pensées, de sensibilité sous ses fins sourires, le laissent passer ignoré, s’arrêter et causer aussi librement que moi dans ce désert de la foule où l’on s’isole aussi complétement que dans le désert des bois.

1772. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

« Que Mars en vain n’arrête point sa course : « Fondez les lois dans vos pays souffrants ; « De votre sang ne livrez plus la source « Aux rois ingrats, aux vastes conquérants. […] Quant à moi, je l’ai prise comme un expédient qui vous est utile aujourd’hui, mais je n’en prends pas la responsabilité, et j’en sors avant d’y être entré, pour me conserver libre de la combattre si elle s’arrête ou si elle recule ! […] Je m’y arrêtais souvent pour attendre le poète quand par hasard il n’était pas rentré à l’heure de mes visites.

1773. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Cette difficulté m’a arrêté longtemps. […] Mais je ne m’arrêterai pas plus longtemps à ce moyen d’échapper à la difficulté, car je crois que la formation d’espèces très distinctes est possible dans de vastes régions parfaitement continues. […] En ce cas, toute déviation ou déformation nuisible, qui aurait pu ou pourrait actuellement provenir dans leur structure, serait empêchée ou arrêtée par la sélection naturelle.

1774. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Mais il m’est arrivé une fois, dans l’état hypnagogique, de me demander si certain bruit était une hallucination de l’ouïe ou un son réel, et cela sans pouvoir m’arrêter à une solution : je dois d’ailleurs reconnaître que le son problématique n’était pas une parole. […] Si parfois ma parole intérieure est l’expression réfléchie d’une conviction arrêtée, elle n’est alors pour moi que la formule de la vérité ; or ce qui est vrai est vrai de toute éternité ; l’heure où j’ai pour la première fois rendu hommage à la vérité dans le silence de la méditation, importe peu ; l’essentiel, c’est que je crois encore tenir le vrai, c’est que ma conviction n’a pas changé ; ma pensée n’est pas un moment du temps écoulé, elle est un présent qui reflète l’éternité. […] Plus le psychologue persévère dans cette méthode, plus il use de la parole intérieure et moins il est près de la connaître, car elle s’habitue, pour ainsi dire, à son rôle ; elle ne peut devenir objet que par le souvenir, et, pour que le souvenir ait lieu, il faut que la réflexion dialectique fasse silence, c’est-à-dire qu’elle s’arrête, et, avec elle, le discours intérieur qui la traduit ; car l’invention et la reproduction ne peuvent coexister ; toute phrase intérieure nouvelle plonge dans un oubli presque toujours définitif la phrase intérieure qui la précédait dans la conscience.

1775. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

La lecture de chacune de ces pièces une fois entamée, l’esprit n’est pas libre de s’arrêter ; il s’attache aux premiers mouvements de cette pensée personnifiée, et ne se repose qu’après l’avoir vue se reposer elle-même ou expirer dans la lutte. […] Bedlam vaut mieux que le tableau de Londres ; l’auteur, au lieu de s’arrêter à la surface du sujet, s’est résolu sagement à peindre l’idée suscitée par la folie plutôt que la folie elle-même. […] Barbier se soit arrêté à la surface du sujet qu’il avait choisi. […] Il est hors de doute qu’il n’a pas eu le temps ni la volonté, je ne dis pas de remplir, mais seulement d’arrêter le programme d’un pareil travail. […] Il se promène autour des traditions consacrées comme un soldat autour des murailles d’une place ennemie pour surprendre une pierre ébranlée, un pan de rempart chancelant, et arrêter dans sa pensée par où il fera brèche et pénétrera dans la place.

1776. (1903) Le problème de l’avenir latin

Pourtant l’appréhension d’éveiller un pareil sentiment et d’encourir une semblable épithète ne m’a pas arrêté. […] Presque tous demandent que la reproduction des individus inférieurs ou tarés soit arrêtée, soit par l’interdiction légale, soit même par la castration, la relégation ou la mise à mort. […] Les couples, en sortant de la mairie, pourraient s’y arrêter, y recevoir un présent et comme la consécration, par la communauté, de leur union. […] Il n’est pas libre d’enfreindre les ordonnances médicales, à moins d’une volonté bien arrêtée de suicide. […] Dans cette voie, où ils se sont engagés, les peuples latins ne pourront s’arrêter.

1777. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Ainsi transformé, il ne se reconnaissait plus lui-même ; il ne s’attribuait pas ces inspirations véhémentes et soudaines qui s’imposaient à lui, qui l’entraînaient hors des chemins frayés, que rien ne liait entre elles, qui le secouaient et l’illuminaient sans qu’il pût les prévoir, les arrêter ou les régler : il y voyait l’action d’une puissance surhumaine, et s’y livrait avec l’enthousiasme du délire et la roideur de la foi. […] Je voudrais bien voir l’homme d’Angleterre qui oserait me donner un coup. —  Là-dessus sir Henri Bellasses lui donna un soufflet sur l’oreille, et ils allèrent pour se battre… Tom Porter apprit que la voiture de sir Henri Bellasses arrivait ; alors il sortit du café où il attendait les nouvelles, arrêta la voiture, et dit à sir Henri Bellasses de sortir. —  Bien, dit sir Henri Bellasses, mais vous ne m’attaquerez pas pendant que je descendrai, n’est-ce pas ? […] L’immoralité, par degrés, y diminue, le mariage est plus respecté, les héroïnes ne vont plus qu’au bord de l’adultère685 ; les viveurs s’arrêtent au moment scabreux : tel à cet instant se dit purifié et parle en vers pour mieux marquer son enthousiasme ; tel loue le mariage686 ; quelques-uns, au cinquième acte, aspirent à la vie rangée. […] Un jour un de ses amis est arrêté pour dettes ; Sheridan fait venir M.  […] À la fin, un recors arrêta le mourant dans son lit, voulut l’emmener dans ses couvertures, et ne lâcha prise que par crainte d’un procès : le médecin avait déclaré que le malade mourrait en route.

1778. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

« — Hélas, lui répondit Molière, c’est le point d’honneur qui m’arrête ! […] Michelet, il y a longtemps, visitant le musée de Montauban, s’était arrêté devant ce portrait et avait deviné que c’était Molière. […] De Tirso de Molina à Musset, en passant par Molière et Mozart, il a arrêté, fixé l’attention de tous les créateurs et de tous les critiques. […] » Quand on rencontre un trait pareil dans une œuvre passée, on s’arrête un moment, comme on ferait halte sur une route, devant quelque poteau indiquant une étape nouvelle. […] Arrêtons-nous.

1779. (1902) Le critique mort jeune

Moi je dirais plutôt que je suis en face d’une fleur et le bras levé pour la cueillir ; je regarde et je ne cueille pas ; je m’éloigne, je fais cent tours dans le jardin, je reviens, je regarde encore et je m’arrête encore. […] Les cœurs des guerriers s’émeuvent ; ils s’arrêtent pour les contempler ; elles continuent leur badinage ; l’une d’elles s’élève enfin sur la surface du lac et présente à leurs yeux sa gorge d’albâtre et des appas encore plus secrets. […] Il s’est arrêté davantage à l’idée que ce subit changement de classe avait valu aux lettres et à la culture française un serviteur de plus. […] Il y en avait d’humbles et de pompeuses, de bruyantes qui grondaient, de mélancoliques qui pleuraient, solitaires, à l’écart et presque silencieuses… » On se demande où vont s’arrêter ces oppositions de syllabes trop prévues. […] Il arrêta les yeux sur moi.

1780. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Le beau dans les formes était l’idéal du paganisme, parce que le paganisme s’arrêtait aux surfaces et ne voyait rien au-dessus de la beauté. […] XXXIII « Au moyen âge, sous l’influence d’idées bien différentes, la sculpture se montre également dépendante de l’architecture ; et, tandis que celle-ci produit des chefs-d’œuvre d’un genre nouveau, l’autre s’arrête à un degré de développement très inférieur.

1781. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

« À cet ordre terrible elle s’arrête, remplie de frayeur, et jette encore sur moi, moi si cruel, un regard suppliant troublé par les flots de larmes qui s’échappaient de ses yeux… Ah ! […] Comme une armée en peinture, nos gens s’arrêtent immobiles, à mesure que le charme irrésistible subjugue leurs sens : dans le ciel, en ce moment, flottent de noires vapeurs amoncelées et massives, comme les pics du Vindhya.

1782. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

On voit que, dans toutes ces injures poignantes qu’il adresse insolemment au Tout-Puissant, il ne s’arrête que devant la dernière injure : — Tu n’es pas ! […] … Car où s’arrêterait cette ascension indéfinie et continue de l’homme, si ce n’est au-delà même de la Divinité ?

1783. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Des espèces, déjà dominantes dans une région quelconque, peuvent, en s’étendant, rencontrer sur leur chemin d’autres espèces plus dominantes encore, ce qui arrêtera leur marche conquérante et pourra même causer leur extinction dans un temps plus ou moins prochain. […] On ne saurait s’arrêter un instant à une pareille supposition.

1784. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Là-dessus, il se mit à entamer une série d’histoires plus fortes et plus incroyables les unes que les autres, si bien que la comtesse de Rochefort l’arrêta en souriant : « Prenez garde, Duclos !

1785. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Le cardinal de Rohan, beau, brillant, de la plus noble libéralité et de la plus gracieuse prévenance, spirituel même si on ne s’arrêtait qu’à l’air et au-dehors, était un très grand seigneur des plus sujets à être séduit.

1786. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Parti de Versailles le 18 mai 1693 pour l’armée de Flandre, Louis XIV, plus lent qu’à l’ordinaire, n’ayant rien arrêté de précis et s’étant, trouvé pendant quelques jours malade au Quesnoy, fait mine de s’avancer du côté de Liège ; puis tout d’un coup, le 9 juin, au camp de Gembloux, il déclare qu’il s’cn retourne à Versailles.

1787. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Dans ses drames de même, il est des degrés auxquels plus d’un admirateur s’est arrêté.

1788. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Chacun le dit, mais lui ne vise qu’au principal, au triomphe de la doctrine ; il conseille et inspire M. de Noailles comme il avait fait pour Le Tellier : « Il va droit au bien en tout et partout, sans écouter les dégoûts qu’il peut avoir, ni se laisser arrêter par les difficultés qui se présentent. » Il a besoin d’agir directement auprès de Mme de Maintenon pour obtenir d’elle et de son influence sur le roi que le père de La Chaise ne soit point écouté ; car il s’agit de condamner des doctrines chères aux amis et confrères du père de La Chaise.

1789. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Cet homme admet bien, comme vous, l’idée générale de Création, et même il ne saurait concevoir l’idée contraire, celle d’une succession continue à l’infini ; mais après cette idée de Création il s’arrête, il ne peut concevoir ni admettre que l’Intelligence et la Puissance infinie se soit, à un certain jour, incorporée, incarnée dans une forme humaine ; il respecte, d’ailleurs, au plus haut degré, à titre de sage et de modèle moral sublime, Celui que vous saluez d’un nom plus divin ; — et cet homme, parce qu’il ne peut absolument (à moins de se faire hypocrite) admettre votre idée à vous, avec toutes ses conséquences, vous l’insulterez !

1790. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Mais quand on a rendu à Boileau tous ces hommages et toute cette justice, il faut s’arrêter : il n’entendait bien et n’aimait que les vers ou une certaine prose régulière, ferme, élevée, dont Pascal, dans ses Provinciales, offrait le modèle.

1791. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Il semble qu’elle s’arrête à temps.

1792. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Puis bientôt la confiance, la crédulité si naturelle à qui se croit de bonne foi l’instrument divin, la force de la prévention et du fanatisme, l’impossibilité aussi de s’arrêter dans une entreprise poussée si loin et tellement engagée, reprenaient le dessus ; et c’est ainsi qu’on arriva au bout du dessein le plus impolitique et désastreux.

1793. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Amédée Achard ne m’ont-elles pas, un jour ou l’autre, arrêté ?

1794. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Parmi ceux qui ne sont pas purement indifférents, chacun aujourd’hui prétend s’y connaître : pour peu qu’on ait fait un brin d’études classiques, on ne consent pas à passer pour un homme qui en sait moins que le traducteur et qui se laisse guider par lui ; on l’arrête à chaque pas, on juge, on tranche.

1795. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Cervantes, qui était une espèce d’agent d’affaires et qui faisait des écritures pour ceux qui lui en demandaient, éprouve là de nouveau un de ces désagréments qui lui étaient assez familiers : une nuit, dans une querelle engagée près de sa maison, un chevalier, un personnage de la Cour fut frappé et blessé à mort par un inconnu : on arrêta provisoirement tous les témoins et toutes les personnes suspectes jusqu’à plus ample information, et Cervantes fut de ce nombre.

1796. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

C’était lui sans doute qui avait le plus fait dans le principe pour l’asservissement de l’Allemagne, et ayant préparé par une politique artificieuse l’immense prépondérance de la France sur le continent, il s’était ôté lui-même les moyens d’arrêter l’ambition insatiable de celui qui gouvernait… Néanmoins, au risque même de déplaire au maître, il s’opposa toujours aux projets qui, au milieu de la paix, tendaient à engager la France dans de nouvelles guerres interminables.

1797. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Avec cela de plus, vous auriez bien des chagrins de moins ; ce n’est pas qu’on soit insensible, mais on se résigne ; si l’on s’ennuie, on prie ; si on regrette le monde, si notre tête prend le chemin des fêtes, des bals, on l’arrête en pensant que ce n’est pas celui-là qui mène au Ciel.

1798. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Vuillart fut arrêté un matin (2 octobre 1703) comme coupable de correspondre avec le Père Quesnel et comme agent d’intrigues ; qu’il fut mis à la Bastille, où il ne demeura pas moins de douze ans et d’où il ne sortit qu’en 1715, après la mort de Louis XIV, pour mourir lui-même presque aussitôt, à l’âge de soixante-seize ans passés, on ressent une indignation profonde de ces iniquités qui flétrirent la fin d’un grand règne, et l’on conçoit une horreur nouvelle pour les hypocrites ou les fanatiques qui les conseillèrent.

1799. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Beugnot ne se fait faute de nous apprendre qu’au premier moment de l’arrestation de Mme de Lamotte il n’eut qu’une pensée : c’était la peur d’être arrêté lui-même pour ses relations avec elle ; et il s’y attendait si bien, que pendant plusieurs jours il tint, nous dit-il, sa malle toute prête pour la Bastille.

1800. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Cette fois le comte de Clermont nous laisse sur l’impression la plus désagréable, et pour ceux qui trouveraient qu’il nous arrête bien longtemps, je ferai observer que c’est moins un homme en lui qu’un régime que nous étudions.

1801. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Je m’arrête ; quelques lecteurs croiraient peut-être que je confonds la fermeté, la tenue, la constance avec la chaleur, l’enthousiasme, la fougue : Amène cède aux circonstances, à la raison, et croit pouvoir offrir quelques sacrifices à la paix, sans descendre des principes dont il fait la base de sa morale et de sa conduite… » La morale d’Amène, pas plus que celle de Laclos, gardons-nous d’en trop parler !

1802. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Partout chez lui le contour est arrêté, la ligne définie.

1803. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Après avoir parcouru les principales beautés de la littérature des Allemands, je dois arrêter l’attention sur les défauts de leurs écrivains, et sur les conséquences que ces défauts pourraient avoir, si l’on ne parvenait pas à les corriger.

1804. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

J’aurais voulu m’arrêter sur les élèves de M. 

1805. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

La jalousie de madame de Montespan est arrêtée par un mouvement de dévotion qui paraît avoir décidé le roi à se séparer d’elle : elle s’éloigne ; le roi rapproche de lui madame de Maintenon qui croit à sa conversion et l’y encourage.

1806. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Ainsi finit avec douceur et dignité celui qui n’avait jamais eu en lui ce qu’il fallait pour être un révolutionnaire complet, et qui, dans ses plus grandes hardiesses, s’arrêta toujours plus qu’à mi-chemin en deçà de Machiavel ou de Cromwell.

1807. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Cette révolution, au moment où on la croyait arrêtée sous une forme, elle se relevait et se poursuivait sous une autre : tantôt sous l’uniforme militaire, tantôt sous l’habit noir de député ; hier en prolétaire, avant-hier en bourgeois.

1808. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

L’être vivant veut continuer de vivre, tout comme le mobile persévère dans son mouvement et dans la direction de son mouvement, à moins qu’une force extérieure ne l’arrête ou ne le dévie.

1809. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Par exemple, s’il plaisait à un écrivain qui nous raconte l’histoire de Rome et qui analyse son gouvernement de s’arrêter tout à coup et d’introduire dans son ouvrage un traité approfondi sur les gouvernements mixtes, il cesserait d’être historien pour devenir publiciste.

1810. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Un second obstacle que les traducteurs se sont donné, c’est la timidité qui les arrête, lorsqu’avec un peu de courage ils pourraient se mettre à côté de leurs modèles.

1811. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Il faut s’arrêter, car on citerait tout.

1812. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Mais enfin, il faut plutôt s’arrêter sur ce que M. 

1813. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Cet effort continu était pour Tocqueville la santé de l’âme : « Le principe le plus arrêté de mon esprit est qu’il n’y a jamais d’époque dans la vie où l’on puisse se reposer. […] Pour les idées générales, elles sont si inévitables et si dangereuses, si nécessaires et si redoutables ; et c’est si évidemment pour arriver à en avoir qu’on travaille, et c’est si évidemment pour se dispenser de travailler plus longtemps qu’on s’y arrête ; et c’est si clairement marque de médiocrité que de n’en avoir point, et marque de paresse d’esprit que de s’en contenter trop vite ; qu’on n’a jamais su s’il fallait plus s’en louer que s’en plaindre, ni plus s’en enquérir que s’en préserver. […] Pour Proudhon comme pour tous ceux qui ne sont pas arrêtés aux surfaces, la justice n’est pas autre chose que l’égalité entre les hommes. […] Alors le progrès s’arrête, plus de perfectionnement, ou personnel, ou d’outillage, ou d’organisation. […] En dernière analyse, c’est toujours entre la concurrence et l’État patron qu’il faut choisir ; les tendances individualistes et les tendances égalitaires de Proudhon se combattant ne lui ont pas permis ce choix, et c’est pour cela qu’il s’est arrêté à une solution intermédiaire qui n’est qu’apparente.

1814. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Une certaine lourdeur, poids et mesure, qu’on retrouvera dans mon volume en train, Bonheur, ne vous arrête-t-elle pas, sans trop vous choquer, j’espère, ès les très jeunes « prologue » et « épilogue » du livre qu’on vous offre à nouveau ce jourd’hui ? […] Lors de ce premier voyage dans la capitale il joua une première fois de malheur, fut arrêté dès en arrivant, fourré à Mazas, au dépôt, et finalement expulsé de Paris, et rejoignit comme qui dirait de brigade en brigade, sa famille alarmée, tandis que sur son passage s’émouvait encore le sillage laissé par le poète dans un monde « littéraire » qui ne le comprit pas assez, et d’ailleurs tout à la débandade, par suite de la guerre de 1870 qui commençait à sévir ferme. […] Je pourrais m’arrêter ici, si je ne tenais à honneur de justifier complètement le titre de cet article : M.  […] (Et vous vous en souvenez, dès le début du mouvement dans le plus révolutionnaire manifeste qu’il ait jamais écrit, le chef éclatant, le déjà glorieux porte-drapeau des nouvelles doctrines avait parlé en toute conviction bien arrêtée, en pleine lumière, du « divin » Racine, à une époque où le mot « divin », énervé, galvaudé, devenu banal de nos jours, avait toute sa force glorificatrice !)

1815. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Sonnet, il est vrai, qui n’était pas écrit encore, mais la pensée qui le soulève n’est-elle point partout présente, d’un grand coup d’aile entravée, en son œuvre qui ne put réaliser une unité… Son regard, un instant, s’arrêta sur l’harmonieux incendie du couchant, ses douleurs intenses mais de vibrations contenues et comme se consumant en soi. […] Frappant de sa canne, le genou malade, il marchait péniblement, et tout à coup il s’arrêta, me regarda : — Ça vous épate ? […] Brusquement, à son habitude, il s’était arrêté. […] Le texte principal en demeurait le même : mais tout au long du livre des Notes dégageaient ou rendaient plus explicites mes volontés philosophiques prêtes à se pouvoir énoncer en principes qui pénétraient toute l’œuvre qui les développerait, œuvre maintenant arrêtée en ses trois parties. […] Sarcey prit la mouche, répondit avec la bonne humeur dont il est si fier, qu’il valait mieux avoir fait des pièces comme Risette et s’être arrêté, que de faire des vers comme les Symbolistes, et continuer.

1816. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Pendant que d’un côté les hommes en punition du péché sont abandonnés à l’ignorance, d’un autre côté ils veulent savoir & connoitre, & se flattent d’être parvenus au but quand ils n’ont fait qu’imaginer des noms, qui à la vérité arrêtent leur curiosité, mais qui au fond ne les éclairent point. […] Un vaisseau se trouve arrêté en pleine mer par quelque banc de sable inconnu aux Matelots, ils imaginent que c’est un petit poisson qui les arrête. […] Cet accent aigu sert alors à nous marquer qu’il faut s’arrêter comme sur un point d’appui sur cette antépénultieme accentuée, afin d’avoir plus de facilité pour passer légerement sur la pénultieme, & la prononcer breve. […] Je ne m’arrêterai point à faire l’examen des alphabets des principales langues. […] Dans presque toutes les langues vulgaires, les peuples soit à l’exemple des Grecs, soit plûtôt par une pareille disposition d’esprit, se sont fait de ces prépositifs qu’on appelle articles ; nous nous arrêterons principalement à l’article François.

1817. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

La chose ayant fait du bruit, Giabal attachait sa jument la nuit par le pied avec un anneau de fer dont la chaîne passait dans sa tente et était arrêtée par un piquet fiché en terre sous le feutre qui servait de lit à lui et à sa femme. […] J’ai ouï dire que le livre de César Birotteau, par exemple, était excellent à consulter en matière de faillites. — D’autre part, si l’on me permet de le remarquer, est-ce que certaines descriptions qui, si étonnantes qu’elles soient, ont le tort de ne pas savoir s’arrêter et de ne pas omettre un seul détail, ne ressemblent pas un peu à des inventaires ? […] Grétry, pour s’animer dans la composition, jeûnait et prenait du café, s’échauffait jour et nuit à son piano, jusqu’à cracher le sang avec une abondance effrayante ; l’œuvre faite, il se reposait et tâchait d’arrêter l’hémorragie. […] Le même témoin disait : « Lorsque Delacroix parle de Rubens, ses yeux s’allument, il marche vivement, s’arrête brusquement, vous prend en face, vous pousse jusque dans un coin de son atelier : « Rubens ! […] La politique Spartiate avait arrêté à l’avance les limites étroites où devait se renfermer un art trop enclin à flatter les sens.

1818. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

C’est pour cela que Racine arrête sa pièce aussitôt que Polynice et Etéocle sont morts. […] On s’arrête trop aux orages qui éclatent dans son cœur, à la fin du quatrième acte. […] Il n’y avait dans le manuscrit que ceci, tout sec : Prêt (sic) de rentrer chez moi, j’allais à pas comptés : Un carrosse tout court s’arrête à mes côtés. […] je ne sais pas trop, et peut-être est-ce encore très avisé de l’avoir arrêté dans les environs de 1850. […] Et donc dans les temps où le réalisme, plus ou moins mêlé, plus ou moins cru, règne au théâtre, le théâtre n’a, ce me semble, aucune influence sur les mœurs, et, par conséquent, c’est bien à 185o qu’il faut arrêter une étude sur ce que la société française doit aux représentations théâtrales.

1819. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Les yeux fixés sur mon manuscrit, ne me doutant de rien, je continuais toujours, cherchant seulement à aller vite, lorsque l’un des amis m’arrête. […] Si je faisais une comédie romantique comme Pinto, et ressemblant à ce que nous voyons dans le monde, d’abord messieurs les censeurs l’arrêteraient ; en second lieu, les élèves libéraux des grandes Écoles de Droit et de Médecine la siffleraient. […] De la censure Tous les poètes comiques à qui l’on dit faites, s’écrient : Dès que nous présentons dans nos drames des détails vrais, la censure nous arrête tout court ; voyez les coups de canne donnés au roi qui n’ont pas pu passer dans le Cid d’Andalousie.

1820. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

I Il faut nous arrêter maintenant et changer de voie ; nous sommes au bout de l’analyse psychologique ; voyons où l’analyse physiologique nous conduira. […] Enfin, quand cette poule rencontre un obstacle sur ses pas, elle le heurte, et ce choc l’arrête ou l’ébranle. […] On a réuni plusieurs observations d’hommes qui, à la suite de profondes blessures latérales de la tête, suivies de pertes de substance cérébrale, n’ont éprouvé aucune diminution de leurs facultés, mais s’épuisaient rapidement et étaient forcés, après un court travail intellectuel, de s’arrêter et de se livrer au repos complet ou même au sommeil. » 139.

1821. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

C’est là qu’il arrête et modifie la sensation commencée, ou y associe une sensation de contact. […] Si le toucher explorateur est arrêté par une éminence fixe comme les dents, la sensation paraîtra située à la superficie de l’éminence, quoique l’ébranlement nerveux soit beaucoup plus profond. — Si le toucher explorateur ne peut vérifier l’emplacement de deux ébranlements nerveux dont l’un est situé plus haut, l’autre plus bas, ce qui est le cas pour les impressions de la rétine, et si, en même temps, il trouve les deux conditions extérieures de ces deux impressions situées l’une par rapport à l’autre dans l’ordre inverse, ce qui est le cas pour les objets visibles, nous situerons dans l’ordre inverse les deux sensations qui en dérivent. […] C’est qu’il a deux stades, et que, selon l’espèce de nos sensations, il s’arrête au premier ou va jusqu’au second. — Deux sortes de sensations, les visuelles et les auditives, peuvent seules les parcourir tous les deux ; seules elles sont projetées nettement hors de leur premier emplacement, jusqu’à tel ou tel point du dehors.

1822. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Il ne faut pas que l’on s’arrête sur ses vaines sensibilités. » Celui qui prononça ces paroles dénonce une sensibilité supérieure. […] Les uns ont voulu goûter les tourments de la passion, un autre s’est arrêté au péristyle enguirlandé d’un temple antique, et celui-ci désire une blanche chaumière pour y fonder la religion sacrée du foyer. […] Et c’est pour cela, qu’il faudrait s’y arrêter quelque temps.

1823. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

L’ignorance avoit jeté de trop profondes racines, pour pouvoir facilement arrêter ses progrès. […] De quels ridicules arrêteront-ils le cours ? […]   Rien n’étoit plus capable d’arrêter, dès sa source, le torrent du mauvais goût, que le succès bien mérité de la Métròmanie.

1824. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Et j’allais quitter le boulevard du Temple, quand en face du Café Turc, je m’arrêtai, un moment, devant le nº 42, la maison à la petite porte cochère basse, où demeurait autrefois Flaubert, la maison aux bruyants déjeuners du dimanche, et où dans les batailles de parole et les violences du verbe, la spirituelle et crâne Lagier apportait une verve si drolatique, si cocasse, si amusante. […] Tout à coup il s’arrête, la clef encore dans la serrure, et me dit : « Quand j’ai pris possession de cette propriété, on m’a remis cette clef, et quand je l’ai mise dans la serrure de cette grille, où il y avait au-dessus un coup de soleil, dans le moment, à la fois un peu distrait, un peu pensant à autre chose, j’ai été surpris par le souvenir d’un bruit… oui, d’un bruit, du temps que j’avais six ans. […] En revenant, je m’arrête devant un bal, improvisé sur la place des omnibus à Passy, et où valse avec une créature échevelée, un pétrin vêtu d’un tricot à bandes blanches et bleues, à cru sur la peau, en tablier de grosse toile, les jambes nues, et qui, à la clarté d’un feu de Bengale rouge, allumé sur le pavé, avec sa figure blême, ses cheveux et ses savates poudrés de farine, a l’air d’un pétrin fantastique valsant dans la réverbération de son four.

1825. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

L’intransmissibilité de tout nouveau caractère acquis est, en fait, la même chose que le retour au type des aïeux ; et l’on ne saurait douter que cette tendance à revenir au type des ancêtres n’ait souvent arrêté ou empêché l’action sélective. […] Arrêtons-nous un instant à considérer quel serait le caractère de la nouvelle espèce F14. […] Conséquemment, elle aura chance d’exterminer plusieurs espèces en diverses régions, et d’arrêter ainsi l’accroissement anormal du nombre des formes spécifiques sur le globe.

1826. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Le plan, dès lors arrêté, de sa Palingénésie consista en trois poëmes ou épopées : 1° il résolut de faire pénétrer le génie historique, tel qu’il le sentait, dans la région qui précède l’histoire. […] Pour nous qui n’approchons qu’avec respect de tous ces noms, et qui ne les quittons qu’à regret, il faut nous arrêter pourtant.

1827. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Dabin fut arrêté. […] Avec cela des retours par accès vers les champs, des reprises de tendresse pour l’histoire naturelle et l’entomologie : un jour, ou plutôt une nuit, qu’il errait au bois de Boulogne pour sa docte recherche, une lanterne à la main, il se vit arrêté comme malfaiteur.

1828. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Je m’arrêtai plein d’étonnement, je ressentais une ardente soif que j’étanchai dans le ruisseau voisin. […] Il parut d’abord grandement alarmé : il nageait d’un côté, puis de l’autre, sans s’arrêter, et semblait comprendre tout le danger de s’attaquer, cette fois, à un objet aussi suspect.

1829. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Je crois que le Cid, coupable de célébrer un héros espagnol, eût fort risqué d’être arrêté au passage, si Richelieu eût été aussi ombrageux que l’Empereur. […] Une brochure de Schlegel, qui n’était pas assez favorable à la Phèdre de Racine, était arrêtée à la frontière.

1830. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

» Il nous parle ensuite de romantisme, nous dit qu’au collège, il couchait un poignard sous son oreiller, et encore qu’il arrêtait son tilbury devant la campagne de Casimir Delavigne, et montait sur la banquette pour lui crier des injures de bas voyou. […] Il nous arrête à une petite image de bal qui ressemble à un bal d’insectes, et dont il moque la maigreur, et la conscience des parquets, et le fini et le précieux, mais où il rencontre l’animation du bal, et une opposition assez satisfaisante des blancs et des noirs, des habits et des robes, — toutefois en déclarant que, dans ce temps, il n’avait pu encore arriver ni aux noirs ni aux gris veloutés.

1831. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Il y joint une conscience scrupuleuse jusqu’à en être timorée, si bien qu’elle a fini par faire de la pensée du poète une timide ; — une timide vraiment, car elle n’ose parfois se porter en avant plutôt qu’en arrière ; pour chercher le bonheur, pour chercher l’idéal, elle s’arrête hésitante entre le passé lointain — incompris peut-être — et l’avenir indéterminé ; elle s’oublie volontiers dans l’un et se perd dans l’autre à la recherche de « l’étoile suprême », De celle qu’on n’aperçoit pas, Mais dont la lumière voyage Et doit venir jusqu’ici-bas Enchanter les yeux d’un autre âge. […] Mainte fois nous le voyons arrêté au seuil des humbles intérieurs : la lampe allumée, la bûche du foyer et le labeur du soir ont trouvé en lui leur poète ému.

1832. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Le temps ne s’est arrêté pour personne. […] Sans cet instinct, l’homme s’arrêterait au second pas, s’assoirait le front dans ses mains sur la route, attendant la mort sans mouvement, ou la devançant par le suicide.

1833. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Celui qui met un frein à la fureur des flots Sait aussi des méchants arrêter les complots. […] Voilà quel trouble ici m’oblige à m’arrêter, Et sur quoi j’ai voulu tous deux vous consulter...

1834. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Il arrêta au bord du néant Louis XIII, qui allait y tomber, et couvrit d’une Mairie de palais, comme on n’en avait pas vu depuis les premières races, ce Fainéant qui jouait aux pies-grièches et aux faucons ! […] Glissant comme une chose matérielle sur le plan incliné de l’erreur, boule de neige de toutes les doctrines fausses, niaises ou perverses qu’elle a ramassées en traversant la fange et le sang de la Révolution française, cette tête ardente et faible, dans laquelle beaucoup de talent n’a pu rien sauver, vient de descendre, en ces deux volumes récemment publiés, les dernières marches qui mènent à l’abîme… aussi peu libre de s’arrêter dans sa descente que les têtes coupées de ce temps, dont M. 

1835. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Arrêtons-nous un moment sur ces deux Nouvelles. […] Eh bien, cette dernière affection d’une mère qui ne lui manqua jamais et qui lui survécut, ne l’arrêta point dans la consommation de ce long suicide par l’alcool qu’il accomplit sur sa personne.

1836. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Renart vient rôder à l’entour tout doucement, le col baissé ; mais la force des pieux et des épines l’arrête.

1837. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Or, il est dit textuellement dans cette note « qu’un jour que l’abbé Prévost revenait de Chantilly à Saint-Firmin où il habitait, une attaque d’apoplexie l’étendit au pied d’un arbre dans la forêt ; que des paysans qui survinrent le portèrent chez le curé du village le plus voisin ; qu’on rassembla avec précipitation la Justice, qui fit procéder sur le champ à l’ouverture du cadavre, et qu’un cri du malheureux, qui n’était pas mort, arrêta l’instrument et glaça d’effroi les spectateurs ».

1838. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

En ce temps-là, le gouvernement de Venise n’était plus ce qu’il avait été autrefois ; le doge ne représentait plus cette espèce de monarque électif visant à l’hérédité, nommant les magistrats, décidant à peu près souverainement de la paix ou de la guerre, et qui, avec un peu d’art, faisait agréer à rassemblée générale du peuple ses résolutions à l’avance arrêtées.

1839. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

L’un de nous essaya d’arrêter dans sa course l’élégant animal ; il le saisit malheureusement par la jambe et la lui cassa.

1840. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Il allait de tous côtés guérissant les malades, consolant les misérables, instruisant les ignorants… Ce n’était pas seulement les lieux où il arrêtait, qui se trouvaient mieux de sa présence : autant de pas, autant de vestiges de sa bonté.

1841. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Mais, à la porte, un sage enchanteur, sous la forme d’un vieillard respectable, l’arrête : c’est Franklin (on mettait alors Franklin à toute espèce d’usage et d’emploi).

1842. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Ramond s’est permis d’ajouter aux descriptions du voyageur anglais forme plus d’un tiers de l’ouvrage, et n’en est sûrement pas la partie la moins intéressante. » Coxe avait voyagé en homme riche et qui s’arrête a mi-côte ; Ramond, svelte, allègre et dispos, en piéton et en homme dont ces sortes de fatigues font le bonheur.

1843. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Ici j’arrête Saint-Simon, et je crois qu’il n’est pas juste pour un écrit dont il a beaucoup usé et profité, et dont tous profiteront.

1844. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Il s’arrête aux limites et ne dit que ce qu’il faut dire.

1845. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

On marche, on s’arrête à tout moment ; on n’est porté par rien, on ne va nulle part.

1846. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Quoi qu’il en soit, il fut arrêté alors dans son jet et coupé dans son essor.

1847. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

On traversa, on renversa la nature, sans pouvoir y prendre pied et s’y arrêter.

1848. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Il n’est pas moins clair que le duc de Bourgogne cherchait, étudiait toujours, et n’avait rien trouvé de précis, n’avait rien de positivement arrêté ; que ses intentions étaient droites, pures, chrétiennes, tournées tout entières au bonheur et au soulagement des peuples, mais qu’avec tant d’instruction et le désir continuel d’en acquérir encore, il manquait de lumières supérieures, de génie politique, de ce génie qui tient surtout au caractère et à la conduite, à la décision de vue dans les crises, bien plus qu’aux règlements écrits et aux procédés mécaniques de constitution.

1849. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Que je ne paraisse point, je vous prie, m’être trop longuement arrêté sur un poème excellent dans certaines parties, imparfait dans son ensemble.

1850. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Delécluze ; qui va entrer dans l’École de David et y travailler longtemps aura en peinture des principes et des connaissances bien plus arrêtées et plus dogmatiques qu’en littérature.

1851. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Anselme Petetin, trouva en arrivant ce projet d’abstention à peu près arrêté.

1852. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Giscon, sur un ordre de Mâtho, est arrêté, lié, jeté avec les siens dans une fosse immonde ; les mutilations viendront plus tard.

1853. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

. — Eckermann, selon son usage, reprenant la pensée de Goethe au point où elle s’arrêtait, et la lui renvoyant avec de légères variantes, lui répondit (toujours pendant ce même dîner) : « La mesure dans laquelle se renferme l’œuvre entière m’a paru excellente ; c’est à peine si on rencontre une allusion à des objets étrangers qui nous feraient sortir de cet heureux cercle.

1854. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Cet hommage rendu à Dalilci, rien ne nous sépare plus de Sibylle ; car le Jeune Homme pauvre (qui aurait dû s’intituler plutôt le Gentilhomme pauvre), si nous nous y arrêtions, appellerait plus d’une critique du genre de celles qui nous restent à faire, et Sibylle est certainement cousine de la petite Marguerite.

1855. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Il m’était aussi difficile de m’arrêter que de reculer.

1856. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Je n’étais arrivé là qu’environ une heure après le corps, avec le fils qui avait eu à s’arrêter à Versailles. » Dans cette même lettre, les bontés de Louis XIV pour la famille Racine nous sont confirmées par le menu : « Depuis quelques jours le roi a accordé au fils une pension de mille francs (sic) et autant à la veuve pour elle et ses enfants encore en bas âge.

1857. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Arrêtons-nous, ne cherchons pas l’impossible.

1858. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Bien que la série en ait été prématurément interrompue, — commencée en janvier, elle s’arrête en juillet, — nous n’avons pu les faire tenir tous dans le XIIe volume.

1859. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Ils ont tort : il eût été arrêté par les places d’Olmütz et de Brünn : arrivé au Danube, il y eût trouvé toutes les forces de la monarchie réunies pour lui en disputer le passage, dans le temps que l’insurrection hongroise se fût portée sur ses flancs.

1860. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Les facultés innées qu’on a exercées beaucoup et qu’on arrête brusquement au milieu de la carrière, après les premiers instants donnés au délassement et au repos, se réveillent et recommencent à désirer le genre de mouvement qui leur est propre.

1861. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Il s’arrête tout à coup.

1862. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Il fut insulté dans un faubourg, arrêté par le peuple, puis relâché, et il se retira en Suisse.

1863. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Il ne faut donc nous arrêter à l’école de Ronsard que pour voir s’accuser les vices, les excès de la réforme, et les hautes ambitions s’effondrer par une rapide dégradation.

1864. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Si elle offre, dans sa partie principale, un plan arrêté et une claire composition, on y trouve aussi bien du désordre, des longueurs, peu de proportion et d’équilibre.

1865. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Il n’a point de respect pour elles, n’y voyant que le reflet mental des impressions physiques ; et sans s’arrêter à en mesurer la qualité, la délicatesse, à noter la grâce de leurs frissons ou la majesté de leurs ondes, il les traite comme de brutales impulsions de l’instinct, qui se classent selon leur conformité à la raison et aux « jugements fermes et déterminés touchant la connaissance du bien et du mal » que la raison fournit.

1866. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

D’autres affirment que les règles dramatiques ont été définitivement arrêtées dans telle année, et que le génie qui voudrait maintenant y changer quelque chose a tort de n’être pas né avant cette année sans appel, où l’on a terminé toutes les discussions littéraires passées, présentes et futures.

1867. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Sur quoi Elmire, très prudente : Pour moi, je crois qu’au Ciel tendent tous vos soupirs, Et que rien ici-bas n’arrête vos désirs.

1868. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Ce qui doit être, aux yeux du monde, le dernier mot extérieur d’une misère d’artiste, c’est un certain sourire détaché et suprême qui arrête sur place les commisérations et ne permette la fraternité qu’à ses pairs.

1869. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Je vous arrête là.

1870. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Des badauds s’enquièrent sans cesse du train qu’on mène et, si à des carrefours encombrés l’on ralentit, myopes à discerner ce qui arrête, et impropres à dégager, ils se lamentent.

1871. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Il lui manquait, pour lutter avec ce sombre et puissant spéculatif, la profondeur, qu’on ne remplace point par l’étendue ; il lui manquait le temps de s’arrêter à des objets d’un débat qui doit durer autant que l’homme.

1872. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Mais les bons et louables esprits sont ceux qui ont dans le passé un goût bien net, une préférence bien déclarée, et qui s’en iraient tout droit par exemple à Molière, même sans s’arrêter devant Bossuet ; ce sont ceux enfin qui osent avoir une passion, une admiration hautement placée, et qui la suivent.

1873. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Et en effet, avant de fixer et d’arrêter ses idées à cet égard, j’aimerais à ce que tout libre esprit fit auparavant son tour du monde, et se donnât le spectacle des diverses littératures dans leur vigueur primitive et leur infinie variété.

1874. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Je n’écris point la vie de Franklin ; elle est écrite par lui-même, et, là où il s’arrête, il faut en chercher la continuation dans l’excellent complément qu’a publié M. 

1875. (1903) Zola pp. 3-31

On ne s’arrêta pas au non-sens de l’expression qui suppose que l’on peut faire des expériences sur les caractères des hommes, alors qu’on ne peut faire sur eux que des observations ; et l’on comprit que M. 

1876. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Cet être se conçoit-il avec obstination semblable à lui-même, il va périr, car parmi les circonstances du milieu qui changent et exigent une adaptation incessante, voici pour lui toute évolution arrêtée, toute croissance entravée.

1877. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Stéphane Mallarmé montre enfin à quelles tendances s’arrête sa pensée : On ne peut se passer d’Eden.

1878. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Le lent et sourd accroissement de l’angoisse morale de Raskolnikoff, le vertige et l’oppression de son projet, qu’il apercevait vague et cependant fatal dans le délabrement de ses forces, son sourd malaise une fois le sang versé, et l’étrange sensation de retranchement qui le prend, le lâche et le tient quand il revoit sa mère et sa sœur, la cruauté de se sentir interdit à leurs caresses et de ne pouvoir leur parler que les yeux détournés vers l’ombre ; puis la terreur croissante et une sorte d’ironique rudesse s’installant dans son âme, qui l’introduisent à revisiter le lieu du crime, et à machiner de singulières mystifications qui le terrifient tout à coup lui-même — ces choses lacèrent son âme et rompent sa volonté ; ainsi abattu et ulcéré, il est amené d’instinct à visiter Sonia, et à s’entretenir avec elle en phrases dures, qu’arrête tout à coup le sanglot de sa pitié pour elle, pour lui et pour tous, en une crise où il sent à la fois l’effondrement de son orgueil et la douceur de n’être plus hostile ; des retours de dureté, la sombre rage de ses premières années de bague, l’angoisse amère d’un cœur vide et murmurant, conduisent à la fin de ce sombre livre, jusqu’à ce qu’en une matinée de printemps, au bord des eaux passantes d’un fleuve, que continue au loin la fuite indécise de la steppe, il sente, avec la force d’eaux jaillissantes, l’amour sourdre en lui, et l’abattre aux pieds de celle qui l’avait soulagé du faix de sa haine.

1879. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Regnault a démontré que la loi de Mariotte n’est applicable à la dilatation des gaz que jusqu’à un certain degré : Mariotte s’était arrêté trop tôt.

1880. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Un être qui fuit et s’écoule sans cesse, un être qui ne peut jamais s’arrêter ni se contenir, et à ce point de vue on peut dire que cet être lui-même n’est encore qu’un phénomène ; mais c’est un phénomène d’un ordre supérieur, puisqu’il est le lien et le centre de tous les autres phénomènes qui composent notre vie.

1881. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

L’auteur, en effet, en pleine possession non seulement de son génie, mais de son expérience théâtrale, aurait voulu forcer l’actrice, même de trois siècles après lui, à jouer comme il l’entendait et non pas à son gré à elle, qu’il n’aurait pas écrit autrement ; il semble avoir dicté la mimique mot à mot et c’est-à-dire geste par geste : N’allons pas plus avant, demeurons, chère Œnone, Phèdre n’a fait que quelques pas sur le théâtre et s’arrête, fatiguée, presque épuisée ; l’arrêt doit être brusque, une des mains de la reine cramponnée au bras de sa nourrice : Je ne me soutiens plus, ma force m’abandonne ; Toute une attitude lassée, déprimée ; une sorte d’écroulement du corps.

1882. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

— Mais nous sommes si peu ce que vous dites, que vous, — vous écrivez toujours et que personne ne vous arrête !

1883. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Elle s’était arrêtée.

1884. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Jean de La Fontaine eut cette faculté géniale, ce tact qui arrête l’écrivain avant la faute de goût.

1885. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Mais là s’arrêtait mon information. […] Le beau jeune homme vient à la cour ; il est arrêté, jeté en prison, condamné à mort. […] Ce magistrat, de plus d’imagination que de sagacité (il a commencé par faire arrêter un innocent maître d’hôtel), interroge les convives. […] Sur cet indice, et sur quelques autres tout aussi peu probants, le juge fait arrêter Rose. […] Mais le vieux duc l’arrête d’un mot : « Robert a un tils. » Ce mot la retourne instantanément.

1886. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Devant la satisfaction du moment, il est comme un enfant devant un fruit, et rien ne l’arrête, ni le danger puisqu’il l’oublie, ni les convenances puisqu’il les fait. […] À côté de ces déguisements qui s’arrêtent au costume et ne prennent qu’une heure, il est une distraction plus forte, la comédie de société qui transforme l’homme tout entier, et qui, pendant six semaines, pendant trois mois, l’occupe tout entier aux répétitions.

1887. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

La maison des Corrége, amis des Colonne et par conséquent les siens, l’arrête quelques jours à Parme ; les Corrége venaient de s’emparer de la souveraineté de cette ville sur la maison de la Scala : Pétrarque, paru à Parme au moment de cette révolution, entra dans la ville avec les vainqueurs, et se signala énergiquement parmi leurs partisans politiques. […] » XXX Encore un et je finis, mais je ne finis que pour finir ; car je voudrais lire, et relire sans fin avec vous de telles tristesses ; et si vous pouviez les lire dans ces vers trempés de larmes, et dans cette langue divine inventée au déclin des langues par des amoureux et par des saints pour prier, aimer, désirer, attendre, vous ne vous arrêteriez qu’après les avoir incorporés en vous par votre mémoire.

1888. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

L’esprit français ne s’accommode pas de cette suspension d’une action qui s’arrête à un soleil et reprend à l’autre. […] Madame de Staël, fuyant la tyrannie de Napoléon, qui l’avait reléguée hors de France, s’arrête quelques semaines à Weimar, et cherche à répandre autour d’elle, sur Goethe et Schiller, l’éblouissement de son esprit.

1889. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Mais à son retour en Allemagne, et lorsqu’il se croyait en voie de devenir un artiste et un peintre, une indisposition physique, résultat de ses fatigues et de ses marches forcées, l’arrêta brusquement : ses mains tremblaient tellement qu’il ne pouvait plus tenir un pinceau. […] alors ce fut tout autre chose ; il sentit un bonheur, un charme indicible ; rien ne l’arrêtait dans ces poésies de la vie, où une riche individualité venait se peindre sous mille formes sensibles ; il en comprenait tout ; là, rien de savant, pas d’allusions à des faits lointains et oubliés, pas de noms de divinités et de contrées que l’on ne connaît plus : il y retrouvait le cœur humain et le sien propre, avec ses désirs, ses joies, ses chagrins ; il y voyait une nature allemande claire comme le jour, la réalité pure, en pleine lumière et doucement idéalisée.

1890. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

La vérité, c’est que pour courir les plus belles aventures, l’esprit a besoin d’un guide qui l’arrête au bord des précipices et l’empêche de s’égarer. […] Cette définition mérite qu’on s’y arrête, encore que je n’en goûte guère le dernier mot.

1891. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Tantôt il s’arrête, troublé, ébloui, contraint de baisser la vue, et il demande « à remettre ses sens étonnés », Ailleurs il décide d’enthousiasme, il ordonne, il enjoint, et cet « instinct qui le pousse », plus convaincant que la logique de l’école, plus habile que toutes les adresses de la rhétorique, lui suggère des preuves inattendues et saisissantes. […] Et cependant, c’est dans Molière qu’il admire « ces dialogues qui jamais ne languissent, cette forte et continuelle imitation des mœurs qui passionne ses moindres discours, ce naturel, cause de sa supériorité sur tous les autres dans la comédie. » Il est étonnant qu’on s’arrête en si beau chemin, et qu’un critique touché jusque-là n’ait pas été entièrement conquis.

1892. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Tour à tour Solon et Mentor, on le voit, par l’effet de la mode qui ne s’arrête pas même au ridicule, invoqué comme la déesse Lucine au moment de l’accouchement. […] On a vu le despotisme, non seulement arrêter la pensée sur les lèvres, mais l’empêcher de naître ; on l’a vu se rendre maître des âmes : il n’y a pas d’exemple qu’il se soit rendu maître de l’argent.

1893. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Dix jours lui suffiraient sans doute à vaincre ces Grecs qu’ils avaient arrêtés dix ans, sous les murs d’Ilion. […] Mais que de cordes arrachées à cette grande lyre, que de conjonctions d’étoiles arrêtées, que de génies retenus dans les limbes au moment où ils alIaient en surgir !

1894. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Comme je reprochais à Rosny l’alchimie de ses ciels, lui disant que l’effet produit par un ciel sur un humain, est une impression vague, diffuse, poétiquement immatérielle, si l’on peut dire, et ne pouvant être traduite qu’avec des vocables, sans détermination, bien arrêtée, bien précise, et qu’avec ses qualifications rigoureuses, ses mots techniques, ses épithètes minéralogiques, il solidifiait, matérialisait ses ciels, les dépoétisait de leur poésie éthérée… Rosny m’a répondu, avec l’assurance vaticinatrice d’un prophète, que dans cinquante ans, il n’y aurait plus d’humanités latines, et que toute l’éducation serait scientifique, et que la langue descriptive qu’il employait, serait la langue en usage. […] Or, un jour qu’ils faisaient une grande course aux environs de Meudon, Bataille se laissait aller à lui dire, que son père était un alcoolique, qui s’était noyé dans une mare de purin, et lui demandait qu’il l’empêchât de boire, parce qu’il sentait qu’il mourrait dans de la m… Et pendant qu’il lui faisait ses confidences sur ses commencements de déraison, avec sur la tête un des trois chapeaux verts, l’oiseau du chapeau était si comiquement placé, et le faisait si macabrement drolatique, que Daudet partait d’un éclat de rire nerveux, qu’il ne pouvait arrêter.

1895. (1894) Textes critiques

C’est l’œuvre de Dieu qui reste statue, âme sans mouvements animaux, toile ou liège où l’artiste pique et collectionne le vol arrêté d’une des faces du phare tournant. […] Nous ne les pousserons pas de l’épaule, n’étant plus au XVIIe siècle ; nous attendrons que leur Ame raisonnable par rapport à elle-même et aux simulacres qui entouraient leur vie, se soit arrêtée (nous n’avons pas attendu d’ailleurs), nous deviendrons aussi des hommes graves et gros et des Ubus et après avoir publié des livres qui seront très classiques, nous serons tous probablement maires de petites villes où les pompiers nous offriront des vases de Sèvres, quand nous serons académiciens, et à nos enfants leurs moustaches dans un coussin de velours ; et il viendra de nouveaux jeunes gens qui nous trouveront bien arriérés et composeront pour nous abominer des ballades ; et il n’y a pas de raison pour que ça finisse.‌

1896. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Le roi encensé, il allonge son coup de pied à « cette révolution, qui se plongeait dans tous les crimes et rampait sous tous les maîtres », il insulte Buonaparte, se pâme à la lecture de la proclamation à l’armée du Comte d’Artois, lieutenant-général du royaume, envoyé à Lyon pour arrêter la marche de Napoléon, et il la commente ainsi : « Plus le langage était noble et délicat, moins il était propre à faire impression sur des esprits qui ne semblaient accessibles, qu’à celui de la séduction. […] Les personnes qui s’arrêtent aux apparences, l’accuseront d’avoir varié, parce que tour à tour il fut bonapartiste, légitimiste, orléaniste, républicain ; mais une étude un peu attentive montre au contraire que sous tous ces régimes, il n’a jamais modifié sa conduite, que toujours, sans se laisser détourner par les avènements et les renversements de gouvernement, il poursuivit un seul objet, son intérêt personnel, que toujours il resta hugoïste, ce qui est pire qu’égoïste, disait cet impitoyable railleur de Heine, que Victor Hugo, incapable d’apprécier le génie, ne put jamais sentir.

1897. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Ce serait un pauvre critique que celui qui se déclarerait un critique national et qui arrêterait les chefs-d’œuvre de l’intelligence étrangère à ces mesquines douanes de la pensée, en leur demandant leurs certificats d’origine. […] Et tous, comme ouvriers que l’on met à la tâche,         Fouillent ces flancs à plein museau, Et de l’ongle et des dents travaillent sans relâche,         Car chacun en veut un morceau ; Car il faut au chenil que chacun d’eux revienne         Avec un os demi rongé, Et que, trouvant au seuil son orgueilleuse chienne,         Jalouse et le poil allongé, Il lui montre sa gueule encor rouge, et qui grogne,         Son os dans les dents arrêté, Et lui crie, en jetant son quartier de charogne :         « Voici ma part de royauté ! 

1898. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Ainsi est faite la misérable humanité ; elle ne s’arrête jamais dans le vrai et dans le juste, elle se précipite à l’excès, et elle ne se croit libre de l’oppression que quand elle opprime à son tour. […] La hardiesse est d’arrêter chez soi, au passage, ces pensées fugitives ; de percer leur nuage, de saisir au vif les beautés qu’elles recèlent ; de les fixer, enfin, en les enchaînant, en y mettant l’ordre, en les forçant de se produire par les œuvres.

1899. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Il s’arrêtait de temps en temps, sans même s’en apercevoir, pour faire le signe de la croix, après l’antienne, avec une telle componction de visage qu’on voyait sa tête découverte, prématurément chauve, fumer de zèle plus que de sueur au soleil. […] Quelquefois il s’arrêtait au bord d’un ruisseau, à l’ombre d’un bois ou sur un tertre de gazon, pour essuyer sa sueur et pour respirer entre deux psaumes.

1900. (1926) L’esprit contre la raison

Où commence-t-elle à devenir mauvaise et où s’arrête la sécurité de l’esprit ? […] Les auteurs les plus fameux seraient mis à contribution. »bf Et quelques lignes plus loin, citant Dostoïevskybg et la description d’une chambre dans Crime et Châtiment, Breton conclut : « Que l’espritbh se propose même passagèrement de tels motifs, je ne suis pas d’humeur à l’admettre. » Or, de tels motifs, non seulement beaucoup les ont admis mais encore s’y sont arrêtés, n’ont vu qu’eux et par leur faute ont négligé l’essentiel.

1901. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Né dans ces massacres et grandi dans ces ruines, Audin eut pour premiers spectacles les malheurs de sa ville natale ; et les premières impressions, qui pétrissent et moulent si bien l’âme d’un homme, qu’elles en arrêtent la forme à jamais, affermirent dans l’enfant lyonnais le christianisme de sa mère, et apprirent à cet être doux, fin et candide qu’il était né et qu’il resta toujours, que la religion avait besoin, dans ce temps-là, pour se défendre, de ces doux auxquels elle a promis l’empire de la terre ! […] Mais le Génie, l’exceptionnel Génie qui, créé pour le vrai, se joue puissamment dans le faux, parce que, s’il est grand, il est plus fort que ses atmosphères, n’aurait pas arrêté un critique en possession de sa pleine vigueur.

1902. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Il convient de s’arrêter sur ce dernier point. […] Bref, le mot aux contours bien arrêtés, le mot brutal, qui emmagasine ce qu’il y a de stable, de commun et par conséquent d’impersonnel dans les impressions de l’humanité, écrase ou tout au moins recouvre les impressions délicates et fugitives de notre conscience individuelle.

1903. (1903) La renaissance classique pp. -

De nos jours, le voyageur bien élevé ne regarde que les musées et ne s’arrête que dans les villes-musées. […] On s’arrête devant la blanche Colonnade avec ses jets d’eau taris, dont les vasques se dressent, sous la courbe gracieuse du portique, comme de hautes coupes à sorbets ; et l’on y évoque, en de chaudes soirées d’août, abritées par des voiles éclatants, des assemblées de femmes parées ou dévêtues comme des nymphes… Embarquements pour Cythère !

1904. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Mais l’empereur Joseph meurt (20 février 1790), son adoré Joseph II, comme il l’appelle, et avec lui la fortune du prince de Ligne s’arrête ; sa carrière se brise ou du moins se ferme.

1905. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

En contraste avec ces misères présentes, on mettait involontairement les ballets de cour, les mascarades et collations où les femmes chargées de pierreries faisaient assaut de luxe, et où Gabrielle donnait le ton : Le samedi 12 novembre (1594), écrivait L’Estoile, on me fit voir un mouchoir qu’un brodeur de Paris venait d’achever pour Mme de Liancourt, laquelle le devait porter le lendemain à un ballet, et en avait arrêté de prix avec lui à dix-neuf cents écus, qu’elle lui devait payer comptant.

1906. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Au moment de la première charge, voyant qu’on ne s’ébranlait pas, ils s’arrêtèrent à vingt ou trente pas des escadrons et bataillons allemands, sauf un petit nombre qui poussèrent à fond : Dans ce moment, dit Lassay, nos petites pièces de canon ayant commencé à tirer, et les bataillons à faire un feu prodigieux, on leur vit faire un mouvement quasi pareil à celui que fait le blé qui est agité par le vent ; et ensuite ils tournèrent, mais assez lentement ; toute notre ligne s’ébranla pour les suivre, mais fort lentement aussi, craignant de se rompre… En un mot, toutes les particularités et les circonstances de cette victoire de Gran se comprennent à merveille par le récit de Lassay.

1907. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Méconnaissant dans Homère, ou plutôt n’estimant point cette langue si abondante et si riche, qui est comme voisine de l’invention et encore toute vivante de la sensation même, il préférait nettement la nôtre : « J’oserai le dire à l’avantage de notre langue, je la regarde comme un tamis merveilleux qui laisse passer tout ce que les anciens ont de bon, et qui arrête tout ce qu’ils ont de mauvais. » Enfin, s’emparant d’un mot de Caton l’Ancien pour le compléter et le perfectionner à notre usage, il concluait en ces termes : Caton le Censeur connaissait parfaitement l’esprit général des Grecs, et combien ils donnaient au son des mots, lorsqu’il disait que la parole sortait aux Grecs des lèvres, et aux Romains du cœur ; à quoi j’ajouterais, pour achever le parallèle, qu’aux vrais modernes elle sort du fond de l’esprit et de la raison.

1908. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Leur divin auteur ne s’arrête point à prêcher vainement les infortunés, il fait plus : il bénit leurs larmes, et boit avec eux le calice jusqu’à la lie.

1909. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

On ne doit jamais faire deux pas à la fois ; et il faut s’arrêter dès qu’on ne se voit pas suivi de la multitude.

1910. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Là s’arrête la ressemblance.

1911. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Mais la mort de la vieille duchesse d’Angoulême en 1682, et celle surtout de la reine en 1683, vinrent arrêter la fortune et intercepter en quelque sorte la vocation de Sénecé.

1912. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

En face du profil de ce politique pénible et de ce guerrier contentieux, dont le chant de triomphe habituel était forcément une apologie, ne craignons pas de mettre le lumineux contraste pour nous consoler un peu le regard, d’autant que lui-même il a pu s’y arrêter et s’en faire l’application, en se disant : « Ce n’est pas comme moi !

1913. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Dans la dernière moitié de l’ouvrage qui n’est pas moins étudiée ni moins exactement exprimée que la première, je signalerai un inconvénient qui a trop éclaté ; c’est que, sans que l’auteur y ait visé certainement, mais par l’effet même de sa méthode qui consiste à tout décrire et à insister sur tout ce qui se rencontre, il y a des détails bien vifs, scabreux, et qui touchent, peu s’en faut, à l’émotion des sens ; il eût absolument fallu s’arrêter en deçà.

1914. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Le don de voir ce qui est mobile, celui de juger sainement ce qui est imprévu, serait-il refusé à qui voit de trop haut, ou le sentiment de la puissance de l’homme lui ferait-il croire qu’il commandera au temps de s’arrêter devant lui ?

1915. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Il dut, pour se disculper d’un reproche qu’il méritait si bien, contribuer de mille écus pour la rançon du prévôt des marchands, Marteau, arrêté à Blois, et s’engager encore pour d’autres sommes plus considérables, au risque de voir sa maison, si nette auparavant, s’embrouiller pour une si mauvaise cause ; mais « de deux maux, nous dit son fils, il choisit le moindre ; autrement on l’eût chassé de Paris, pillé ses meubles et confisqué ses biens ».

1916. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

 » Deux gentilshommes de l’ambassadeur de Hollande, pour s’être arrêtés trop respectueusement devant le carrosse de Leurs Majestés quand elles passèrent, et pour s’être trouvés par hasard du côté de la reine, étant habillés ce jour-là à la française, faillirent en être les mauvais marchands.

1917. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Dans l’un des carrosses, les dames avaient eu peur ; on avait fait arrêter, et l’on était descendu au moment où les coups étaient le plus forts ; il y avait eu maint incident qu’on se racontait avec agitation.

1918. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Mais un autre jour, il en est tout autrement : les choses se sont passées, il est vrai, avec un peu moins de sobriété : « Le cours de cette médecine, dit à un endroit Fagon (fin de cette même année 1708), fut brusquement arrêté par le dîner du roi, qui mangea beaucoup, et entre autres choses, outre les croûtes, le pain mitonné en potage et les viandes fort solides, combla la mesure à son dessert avec des vents faits avec du blanc d’œuf et du sucre, cuits et séchés au four, force confitures et des biscuits bien secs ; ce qui joint à quatre grands verres en dînant et trois d’eau sortie de la glace, après dîner, donna sujet au roi de se plaindre, après avoir travaillé trois heures avec M. de Pontchartrain, qu’il se sentait faible et qu’il avait de la peine à marcher. » Notez cependant que, s’il a trop dîné, il n’en a pas moins travaillé ses trois heures.

1919. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Nous avons bien pensé ne vous pas envoyer notre enfant, le lait de sa nourrice s’étant arrêté presque aussitôt après son arrivée, et ayant été même obligés d’en envoyer quérir une autre.

1920. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Non ; si inférieurs aux Retz et aux La Rochefoucauld pour l’ampleur et la qualité de la langue et pour le talent de graver ou de peindre, ils connaissaient la nature humaine et sociale aussi bien qu’eux, et infiniment mieux que la plupart des contemporains de Bossuet, ces moralistes ordinaires du xviiie  siècle, ce Duclos au coup d’œil droit, au parler brusque, qui disait en 1750 : « Je ne sais si j’ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble qu’il y a une certaine fermentation de raison universelle qui tend à se développer, qu’on laissera peut-être se dissiper, et dont on pourrait assurer, diriger et hâter les progrès par une éducation bien entendue » ; le même qui portait sur les Français, en particulier ce jugement, vérifié tant de fois : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère… » Ils savaient mieux encore que la société des salons, ils connaissaient la matière humaine en gens avisés et déniaisés, et ce Grimm, le moins germain des Allemands, si net, si pratique, si bon esprit, si peu dupe, soit dans le jugement des écrits, soit dans le commerce des hommes ; — et ce Galiani, Napolitain de Paris, si vif, si pénétrant, si pétulant d’audace, et qui parfois saisissait au vol les grandes et lointaines vérités ; — et cette Du Deffand, l’aveugle clairvoyante, cette femme du meilleur esprit et du plus triste cœur, si desséchée, si ennuyée et qui était allée au fond de tout ; — et ce Chamfort qui poussait à la roue après 89 et qui ne s’arrêta que devant 93, esprit amer, organisation aigrie, ulcérée, mais qui a des pensées prises dans le vif et des maximes à l’eau-forte ; — et ce Sénac de Meilhan, aujourd’hui remis en pleine lumière40, simple observateur d’abord des mœurs de son temps, trempant dans les vices et les corruptions mêmes qu’il décrit, mais bientôt averti par les résultats, raffermi par le malheur et par l’exil, s’élevant ou plutôt creusant sous toutes ; les surfaces, et fixant son expérience concentrée, à fines doses, dans des pages ou des formules d’une vérité poignante ou piquante.

1921. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Il ressemble à une source dont l’eau est empruntée ; elle coule un certain temps, mais quand le réservoir est épuisé, elle s’arrête. » Il n’y a de vrai génie ou talent que celui dont on ne peut jamais dire : Il a vidé son sac ; car ce n’est pas un sac qu’il a : il est une source.

1922. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

L’œil est ouvert et dur ; le nez tendineux et sec ; le menton est arrêté.

1923. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Deux petits poneys, dignes de Tom Pouce, attelés à un élégant coupé dont la caisse en roulant rasait le pavé, portaient partout un maître à teint olivâtre qui remplissait majestueusement le dedans, et semblaient prêts eux-mêmes, à chaque visite où l’on s’arrêtait, à monter sans façon jusqu’à l’entre-sol.

1924. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Rousset, deux cavaliers s’arrêtent à la porte d’un obscur cabaret de Franche-Comté ; bientôt après deux autres cavaliers arrivent ; les uns et les autres portent à leur chapeau du ruban bleu et jaune : c’est un signal ; ils se rapprochent, ils murmurent quelques mots ; une certaine cassette est échangée contre un certain billet ; après quoi les inconnus se séparent, remontent à cheval et disparaissent.

1925. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Les plus fins sont conduits plus loin qu’ils ne le veulent, et ne savent plus où s’arrêter.

1926. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

C’est un doux et pur sujet d’étude que la figure et la vie de Marie Leckzinska, et l’on comprend qu’une jeune femme de mérite s’y soit arrêtée.

1927. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

., et reprend ce qui ne sert plus ; elle donne son compte, qui est arrêté et payé au Trésor royal.

1928. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Il s’y lança avec candeur, s’y arrêta à propos, y fit la part équitable au peuple et au prince, et mourut sur l’échafaud en citoyen, se frappant le front en poëte.

1929. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Reçu à l’Académie française en novembre 1811, à l’âge de trente-trois ans ; dans l’intime faveur des ministres Bassano et Rovigo ; rédacteur en chef officiel du Journal de l’Empire, remplissant la scène française et celle de l’Opéra-Comique par la variété de ses succès, connu d’ailleurs encore par les joyeux soupers du Caveau et par des habitudes légèrement épicuriennes, on se demandait quel était l’avenir de ce jeune homme brillant, au front reposé, au teint vermeil ; s’il n’était (comme quelques-uns le disaient) que le plus fécond et le plus facile des paresseux, un enfant de Favart ; s’il ne faisait que préluder à des œuvres dramatiques plus mûres, et où il s’arrêterait dans ces routes diverses qu’il semblait parcourir sans effort.

1930. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Mais partout où l’on aime à s’arrêter, partout où l’on trouve une fine satire des sottises humaines, de chaudes peintures des mœurs du temps, soyez sûr que les sources de Gil Blas doivent se chercher dans la littérature française, et dans la société française.

1931. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

La Révolution le trouble, le dépasse, le ruine, le persécute : on le trouve chargé d’un achat de fusils en Hollande, puis emprisonné à l’Abbaye ; il est à la fois agent du comité de Salut publie et traité comme émigré ; sa famille est arrêtée, ses biens confisqués.

1932. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Quand Buffon prescrit à l’écrivain de conduire sa plume sur un premier trait, et de l’y laisser immobile et comme enchaînée, jusqu’à ce que la logique lui ait montré le trait où elle doit se porter ensuite ; puis, ce nouveau pas fait, de l’arrêter encore, et ainsi jusqu’à la fin de l’œuvre, on dirait un mathématicien enseignant l’art de résoudre un problème.

1933. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Ou bien devra-t-on exiger, avant de conclure à la contingence des lois naturelles, que ce progrès ait un terme, que le savant finisse un jour par être arrêté dans sa recherche d’une approximation de plus en plus grande et qu’au-delà d’une certaine limite, il ne rencontre plus dans la Nature que le caprice ?

1934. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Stéphane Mallarmé montre enfin à quelles tendances s’arrête sa pensée : On ne peut se passer d’Eden.

1935. (1890) L’avenir de la science « V »

Le premier sentiment de celui qui passe de la croyance naïve à l’examen critique, c’est le regret et presque la malédiction contre cette inflexible puis-sance, qui, du moment où elle l’a saisi, le force de parcourir avec elle toutes les étapes de sa marche inéluctable, jusqu’au terme final où l’on s’arrête pour pleurer 54.

1936. (1890) L’avenir de la science « XVI »

La belle science, la science complète et sentie, sera pour l’avenir, si la civilisation n’est pas une fois encore arrêtée dans sa marche par la superstition aveugle et l’invasion de la barbarie, sous une forme ou sous une autre.

1937. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Je m’arrête.

1938. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Lebonnard l’arrête en ce beau chemin, et lui apprend qu’il a été dupe d’une scène bien jouée : madame de Morancé n’a, dans sa vie, que la triste faute de l’avoir aimé.

1939. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Avec La Rochefoucauld, avec l’abbé Galiani par exemple, quand il les lit, quand il les entend exprimer leurs principes et leurs maximes, il s’arrête, il se révolte, parce qu’ici il n’y a plus moyen d’hésiter et que l’intention s’accuse dans l’accent.

1940. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Le pouvoir en apparence le plus illimité rencontre à chaque pas des obstacles imperceptibles qui l’arrêtent.

1941. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Cet homme ayant manqué à l’heure opportune, le cours des événements et des opinions s’était dirigé autrement et au hasard ; au point où le prit Casimir Périer, il fit la seule chose forte et hardie qui était possible alors : il mit un bras de fer dans la roue du char lancé à l’aventure, et l’arrêta.

1942. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Quand elle avait commencé de lire un livre, si long qu’il fût, elle ne laissait ni ne s’arrêtait jamais jusqu’à ce qu’elle en eût vu la fin ; « et bien souvent en perdait le manger et le dormir ».

1943. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Mais quand La Fontaine n’était pas dans sa veine de composition, quand il était arrêté sous le charme auprès de quelqu’une de ces femmes spirituelles et belles qu’il a célébrées et qui savaient l’agacer avec grâce, quand il voulait plaire enfin, tenez pour assuré qu’il avait tout ce qu’il faut pour y réussir, au moins en causant.

1944. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Or, il appert que si la poésie marche très lentement dans la voie de l’émancipation c’est qu’on a négligé de s’enquérir de son unité principale (analogue de l’élément organique) et que si on perçut quelquefois cette unité élémentaire, on négligea de s’y arrêter et même d’en profiter.

1945. (1925) Comment on devient écrivain

Si la Critique n’est plus capable aujourd’hui de créer le succès, elle peut encore l’arrêter, comme on l’a vu pour Georges Ohnet, après l’article de Jules Lemaître. […] Et on ne s’arrêtera pas là : on rééditera la comtesse Dash, Émile Souvestre, Clémence Robert, Louis Énault, Alexandre Lavergne, Charles Deslys, Alfred de Bréhat, Roger de Beauvoir, Octave Féré, Amédée Achard…‌ Devant ces torrentielles résurrections, le public s’affole et finit par tout accepter […] Hugo interrompt son récit, l’arrête, le coupe de réflexions, de contemplations, qui durent parfois tout un chapitre, puis il le reprend… »‌ Parmi les éléments indispensables à la composition d’un bon roman, il ne faut pas oublier non plus la couleur locale. […] — Non. — Alors, arrêtons la conversation. […] Il lui fait parcourir toutes les grandes villes du monde, sans pouvoir y trouver une personne digne d’être la mère du Messie, jusqu’à ce qu’enfin il arrive à Nazareth, où, loin de s’arrêter aux portes du palais, il va tout droit à une petite chaumière où il se présente en faisant tic tac.

1946. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

« Je m’arrête, monsieur ; il est difficile de ne pas se laisser entraîner à quelque émotion quand on parle des souvenirs les plus doux et les plus mémorables de sa vie. » Notre siècle aime ces détails intimes, il n’en a jamais trop. […] Après cela, on ne saurait raisonnablement s’étonner qu’Ampère ne se fût point arrêté à la première étape. […] La lecture de la grammaire de Champollion, qu’il ouvrit un matin sans dessein arrêté, détermina en lui comme une vocation subite, irrésistible : devenu du jour au lendemain disciple de l’illustre inventeur et l’émule de Lepsius, il se plongea à corps perdu dans cette neuve étude qu’il prétendait bien ne pas aller vérifier seulement sur place, mais faire marcher à son tour et avancer.

1947. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Comme ces chevaux de noble race, qui, galopant le long d’un sentier tranquille, s’ils perçoivent à quelque distance le bruit d’un combat, s’arrêtent, frémissent, dressent la tête, et, les naseaux ouverts, l’œil ardent, aspirent les sons belliqueux, son imagination riante devenait sérieuse devant un champ de bataille. […] De tous côtés, sous les portiques des temples, je voyais les Athéniens se promener librement, se saluer avec grâce, s’arrêter, causer, rire. […] Nous marchâmes ensemble quelque temps, causant des démolitions de Paris, de la grève des Petites Voitures, de l’avantage et des inconvénients du macadam, quand, tout à coup, apercevant une femme en marbre qui faisait positivement la grimace, je m’arrêtai : Chevalier, dis-je, n’auriez-vous pas dans les journaux quelque ami capable de faire à l’auteur de cette statue une critique utile ?

1948. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Sitôt qu’on le contredit, il devient rouge, il écume, il veut rosser les gens : « Défais ton habit1076… » Il faut même l’empoigner à bras-le-corps pour l’arrêter de vive force. […] Il prie ses voisins de tirer son mouchoir de sa poche pour arrêter le sang qui coule de sa tête ; les voisins tirent le mouchoir et le vendent d’un grand sang-froid à la pourvoyeuse moyennant un quart de gin. […] Voyez cet assassin arrêté sur le corps de sa maîtresse égorgée, les yeux tors, la bouche contractée, grinçant à l’idée du sang qui l’éclabousse et le dénonce, ou ce joueur ruiné qui vient d’arracher sa perruque et sa cravate, et crie à genoux, les dents serrées et le poing levé contre le ciel.

1949. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Il ne parle pas en historien, mais en contemporain ; il semble que sa vie et son honneur sont en jeu, qu’il plaide pour lui-même, qu’il est membre du Long Parlement, qu’il entend à la porte les mousquets et les épées des gardes envoyés pour arrêter Pym et Hampden. […] Un instant après, il s’arrête pour noter un changement du goût public, l’horreur qu’on éprouvait alors pour ces repaires de brigands, pour cette contrée de rocs sauvages et de landes stériles ; l’admiration qu’on ressent aujourd’hui pour cette patrie de guerriers héroïques, pour ce pays de montagnes grandioses, de cascades bouillonnantes, de défilés pittoresques. […] Vous vouliez vous arrêter, il poursuit : L’Acte de Tolérance approche très-près de l’idéal d’une grande loi anglaise.

1950. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

c’est bien malheureux de n’avoir pas une force physique adéquate à sa force morale… Se dire qu’il est insensé d’avoir peur, qu’une poursuite, même non arrêtée, est une plaisanterie ; se dire encore que le succès immédiat nous importe peu, que nous sommes sûrs d’avoir été agrégés et jumellés pour un but et un résultat, et que ce que nous faisons, tôt ou tard sera reconnu… et pourtant passer par des découragements, avoir les entrailles inquiètes : c’est la misère de nos natures si fermes dans leurs audaces, dans leurs vouloirs, dans leur poussée vers le vrai, mais trahies par cette loque en mauvais état, qui est notre corps. […] Et nous avons cette mauvaise fortune sans exemple à la Comédie-Française, d’être arrêtés, les rôles distribués et acceptés par les meilleurs acteurs de la troupe, les décors faits et essayés, — et cela par la volonté d’un seul acteur qui a reçu notre pièce à boule blanche, et qui joue, tous les soirs, dans Musset, des rôles aussi jeunes que celui, dont il a prétexté la jeunesse pour ne le pas jouer. […] Le seul défaut de Mme Plessy est son instantanéité d’intuition qui ne s’arrête et ne se fixe pas.

1951. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Mais il faut arrêter tout cet échenillage. […] La plupart de ses jugements sur les hommes de l’École française, Chardin, Vernet, Vanloo, Greuze, Lautherbourg, Casanova, Lagrenée, Deshays, Boucher, qu’il compare à l’Arioste et pour lequel il finit par être justement sévère, — car le cynique, chez Diderot (et vous savez qu’il y était), a parfois de très belles manières de s’arrêter et de se purifier en montant, — tous ses jugements sont restés, et la forme qu’il a donnée à ces jugements n’a pas, après lui, été surpassée. […] C’est de là qu’il a écrit les lettres à mademoiselle Volland du volume d’aujourd’hui, qui s’arrête à la date de 1760, car la correspondance qui reste encore à publier va jusqu’en 1774.

1952. (1932) Le clavecin de Diderot

Pratiquement, ils exigent de toute vie qu’elle se laisse étioler là, en un point fixe du temps, de ce temps que les dernières royautés parlementaires et républiques conservatrices rêvent d’arrêter, à leur profit, comme un soleil de la bible. […] Ses propres faits et gestes et œuvres ne l’ont pas arrêté en chemin, ou plutôt, ceux d’entre les surréalistes que l’ambition, la sottise, le narcissisme ramenèrent aux bords des marais complaisants, de ce fait, redevinrent des littérateurs, à l’image de tous les littérateurs, c’est-à-dire occupés à chercher, dans les premières flaques venues, les reflets morts de leurs piètres personnes, au lieu d’accepter de laisser jouer, à la surface et au fond d’eux-mêmes le monde, ses lumières, sa vie. […] Bouquet de forces et d’idées, les plus et les mieux subversives, s’il a commencé par crever les trop faciles écrans des neutralités poétiques et intellectuelles, il ne va pas s’arrêter en chemin. […] J’essayai bien de l’arrêter en lui insinuant ce dicton classique en Albion : « Un chat, un jour, mourut de curiosité. » Malgré sa haine de la gent féline, il n’en continuait pas moins.

1953. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Il est d’une sincérité terrible ; rien ne l’étonne ni ne l’arrête. […] C’est que le dilemme est l’arme naturelle des croyants, de ceux qui ont une conception arrêtée de l’univers et de la vie morale. […] Naturellement, il n’a pas pu payer les billets et, en désespoir de cause, il se fait arrêter au bras de son père sur le boulevard (nous sommes encore au temps de la prison pour dettes). […] Cela laissera certainement froids les hommes qui ont des idées arrêtées sur la hiérarchie des genres. […] Et alors la pauvre Marthe, se croyant trahie par sa sœur, n’a pu contenir sa colère et son désespoir ; mais elle s’est arrêtée, prise d’une pitié soudaine, devant un évanouissement de Simone.

1954. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Il ne reste plus qu’à objecter que de toutes les manieres d’indiquer la relation de l’adjectif au nom, la maniere angloise est du moins la meilleure ; elle n’a l’embarras d’aucune terminaison : ni genres, ni nombres, ni cas, ne viennent arrêter par des difficultés factices, les progrès des étrangers qui veulent apprendre cette langue, ou même tendre des piéges aux nationaux, pour qui ces variétés arbitraires sont des occasions continuelles de fautes. […] Cette interception doit donc diminuer le travail de l’expiration, puisqu’elle en suspend le cours, & qu’elle doit même occasionner vers les poûmons un reflux d’air proportionné à la force qui en arrête l’émission. […] Je m’arrête principalement à la conjugaison des deux langues, qui doivent être le principal objet de nos études ; mais les principes que j’ai posés peuvent servir à rectifier les conjugaisons des autres langues, si les Grammairiens s’en sont écartés.

1955. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Son peloton tremble quand il paraît ; personne ne se range pour un grand seigneur, et le soldat qui rencontre un officier dans la rue s’arrête et fait front.

1956. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Arrêtons-nous un instant et repassons, après tant d’autres critiques, sur cette figure originale de causeur mordant, peu lu aujourd’hui à titre d’auteur, et qui a été justement considérable dans le xviiie  siècle.

1957. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru, et j’ai dessein de m’y arrêter même au milieu de cette époque active de l’Empire où il semblait absorbé par de tout autres soins.

1958. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Grâce à Dieu, l’alternative ne s’est jamais posée dans des termes si impérieux, si pressants ; et ce sera l’honneur du gouvernement actuel et de son impartiale sagesse49, c’est en particulier le service éminent qu’aura rendu M. le ministre de l’Instruction publique, d’avoir arrêté à temps le choc, d’avoir amené la conciliation avant que le duel s’envenimât.

1959. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Une fois entré dans cette voie d’interprétation, le public ne s’arrêta plus, il chercha finesse à chaque phrase, et il prêta peut-être à l’honnête Marmontel plus de malice qu’il n’en avait eu d’abord.

1960. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Parlant quelque part d’un homme d’un esprit étroit et faux qui mettait son orgueil à déplaire, et qui méprisait par principe la bonté et la douceur des gens véritablement grands : « Il n’admire du fer, dit-il, que la rouille. » Parlant du caractère des Français qu’il a si bien connus, qui sont portés à entreprendre et à se décourager, à passer de l’extrême désir et du trop d’entrainement au dégoût, il dit : « La lassitude du soir se ressent de l’ardeur du matin. » Enfin, voulant appeler et fixer l’attention sur les misères du peuple des campagnes dont on est touché quand on vit dans les provinces, et qu’on oublie trop à Paris et à Versailles, il a dit cette parole admirable et qui mériterait d’être écrite en lettres d’or : « Il nous faut des âmes fermes et des cœurs tendres pour persévérer dans une pitié dont l’objet est absent. » Si ce n’est pas un écrivain, ce n’est donc pas non plus le contraire que d’Argenson : sa parole, livrée à elle-même et allant au courant de la plume, a des hasards naturels et des richesses de sens qui valent la peine qu’on s’y arrête et qu’on les recueille.

1961. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Elle n’avait pas de dessein bien arrêté en se livrant à cette distraction de sa solitude : J’écris pour me divertir, disait-elle, et ne compte pas que ces mémoires soient jamais imprimés ; peut-être même que j’en ferai un jour un sacrifice à Vulcain, peut-être les donnerai-je à ma fille60 ; enfin, je suis pyrrhonienne là-dessus.

1962. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Et tout cela enfermé et emmuré de tous côtés de monts d’une hauteur infinie. » Dans une de ses traites, son mal de reins le reprend, et sans s’effrayer, toujours courageux et de bonne composition, il estime qu’il est plus soulagé à cheval qu’en une autre posture : il en est quitte pour faire la traite plus longue ce jour-là, et le lendemain (ou le surlendemain) matin, après une nuit douloureuse, à son lever, il rend une pierre : ce qui ne l’arrête nullement.

1963. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Mais que de garanties, que de préservatifs et de vaccins qui l’arrêtent à temps, qui l’empêchent de s’étendre outre mesure, de redevenir cette épidémie immense et profonde qui allait couvrir l’univers et qui ne devait s’affaiblir et s’épuiser qu’en se saturant !

1964. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

., mérite peu qu’on s’y arrête.

1965. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Je m’arrête pour écouter ; puis je reprends, pensant que les oiseaux et moi nous faisons nos cantiques à Dieu, et que ces petites créatures chantent peut-être mieux que moi.

1966. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Non content, dans ses ouvrages, de reproduire et de décrire les objets et les scènes qui étaient à sa portée, il s’est attaché d’une égale ardeur à rechercher curieusement dans le passé les maîtres desquels il pouvait relever, et qui, en suivant la même route, avaient laissé des traces remarquables dans les divers arts ; et c’est ainsi qu’en remontant dans l’École française de peinture, après avoir traversé les brillantes séries du xviiie  siècle, où la nature elle-même, la plus simple, la plus inanimée ou la plus bourgeoise, a son éclat et sa vivacité de couleur dans les toiles de Chardin, il est allé s’arrêter de préférence devant des artistes bien moins en vue et moins agréables, devant les frères Le Nain, appartenant à la première moitié du xviie  siècle, qui lui ont paru chez nous les premiers peintres en date de ce qu’il appelle la réalité.

1967. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

C’est l’éclaireur, le fournisseur de chandelles de l’Illustre Théâtre, un nommé Antoine Fausser, maître chandelier, qui fait arrêter Molière pour la somme de cent quarante-deux livres.

1968. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

É. de Barthélémy ne s’est pas arrêté en si beau chemin ; il s’est épris, je ne sais pourquoi, d’un zèle chevaleresque en faveur de M. de La Rochefoucauld, de tous les hommes et de tous les esprits assurément celui avec lequel il a le moins de rapports ; sous prétexte de le défendre devant la postérité, il a voulu écrire sa vie et rechercher littérairement ses moindres vestiges ; il a pris ainsi les devants sur une édition que prépare un autre littérateur très exercé et qui a fait ses preuves par Vauvenargues (M. 

1969. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

« A l’autre bout de Paris, la voiture s’arrêta ; la belle dame descendit d’abord, Michel ensuite… » C’est là un joli début.

1970. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Un des premiers mots de Vireloque est sanglant : il s’arrête à considérer un être ignoble, tombé ivre-mort, et, pour toute légende, il dit : « Sa Majesté le Roi des animaux ! 

1971. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Ce sont les détails de toutes ces journées de marche qu’il faut lire : la première station à l’auberge très-suspecte du Soleil bleu, le guet-apens du brigand Agostin et cette attaque à main armée qui tourne en bonne humeur ; la rencontre du marquis de Bruyères, jeune gentilhomme aussi bien en point et aussi florissant que Sigognac est pauvre ; l’invitation et la réception des comédiens à ce brillant et confortable château de Bruyères, où ils donnent une représentation applaudie ; le congé et le départ bien rémunérés ; l’enlèvement volontaire de la soubrette à l’une des pattes d’oie du chemin ; puis la disette qui revient, la route qui s’allonge, la neige qui tombe, les rafales qui forcent le chariot de s’arrêter ; le pauvre Matamore, le plus maigre de la troupe, qui n’y peut tenir et qui succombe d’inanition et de froid ; la recherche qu’on fait de lui par ces steppes de neige, quand on s’est aperçu de sa disparition, son enterrement lugubre : — et cela s’appelle Effet de neige.

1972. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Je m’arrêterai à ce dernier sujet, qui est tout littéraire, et je ne rougirai pas d’insister à mon tour sur un point et un moment de l’histoire de la langue qu’un studieux magistrat n’a pas craint de signaler à notre attention.

1973. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

La fortune, arrêtée dans sa course par les débris de nos armes, agite le bonnet de la liberté comme une vaine marotte, ou bien en trafique comme d’une enseigne mercantile.

1974. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Le critique philosophe, ayant porté toutes ses forces sur les parties difficiles et comme sur les hauts plateaux, descend un peu vite ces pentes agréables, si riches toutefois en accidents heureux et en replis ; il dédaigne de s’y arrêter, oubliant trop que c’eût été pour nous, lecteurs français, la partie la plus accessible et une suite d’étapes des plus intéressantes par le rapprochement continuel avec nos propres points de vue.

1975. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Ajoutez qu’elle part de là tout aussitôt pour prêcher et moraliser : « Arrêtons-nous ici un moment, dit-elle, et que les mères considèrent avec effroi l’étendue de la vigilance qui leur est imposée ; tout conspire contre les tendres dépôts qui leur sont confiés, et la conservation de leur intégrité n’appartient qu’à une rare prudence… » Et voilà toute une leçon de vertu qui commence : il est bien temps !

1976. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Elle confesse à Buzot qu’elle n’a pas été très fâchée d’être arrêtée, puisque Roland est parvenu à se dérober aux poursuites ; mais il faut l’entendre ici dans un langage qui est bien le sien et qu’elle n’emprunte à personne, pas plus que le sentiment compliqué et très élevé qui l’inspire : « Ils en seront moins furieux, moins ardents contre Roland, me disais-je ; s’ils tentent quelque procès, je saurai le soutenir d’une manière qui sera utile à sa gloire ; il me semblait que je m’acquittais ainsi envers lui d’une indemnité due à ses chagrins : mais ne vois-tu pas aussi qu’en me trouvant seule, c’est avec toi que je demeure ?

1977. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Hors M. de Mirepoix, tous sont acccablés des dons et des grâces du roi, et personne ne les rend… Heureusement que tous les moyens sont encore dans les mains du roi et qu’il arrêtera tout le mal que les imprudents veulent faire. » On se croyait maître de la situation, on ne l’était déjà plus, et il y avait des hommes qu’on allait être obligé de subir.

1978. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

… » Je m’arrête ; je n’ai gardé de poursuivre : au fond je réduis toute la contrepartie de ce portrait de Noailles par Saint-Simon, dans tout ce qu’elle a de plus affreux, à un ou deux traits, et je dis : « Somme toute, c’était un courtisan, et un courtisan ambitieux. » Ah !

1979. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Lorsqu’il se présentait une position embarrassante pour un prince ou une princesse, je m’arrêtais toujours après l’exposé des circonstances et l’obligeais à dire ce qu’elle aurait fait à leur place.

1980. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Les collecteurs s’arrêtent devant aux, parce que le roi sent bien que la propriété féodale a la même origine que la sienne ; si la royauté est un privilège, la seigneurie en est un autre ; le roi n’est lui-même que le plus privilégié des privilégiés.

1981. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Quand Boileau eut mis les genres en relation avec les langues, il s’arrêta : là, en effet, il était sur le seuil même de la littérature ; la philologie, l’histoire, s’ouvraient devant lui.

1982. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Aucun principe, aucune doctrine d’art n’est en jeu ; et c’est pourquoi nous pouvons ne pas nous arrêter aux pamphlets de Mairet, accusant Corneille de plagiat, aux Observations de Scudéry se faisant fort de démontrer : 1° que le sujet du Cid ne valait rien ; 2° qu’il choquait les règles ; 3° qu’il manquait de jugement en sa conduite ; 4° que les vers en étaient méchants — et qualifiant Chimène d’impudique et de parricide.

1983. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Il ne fallait pas non plus s’arrêter aux surfaces, au décor de l’histoire : un imagier, comme M. de Barante, qui ne s’attache qu’à reproduire l’éclat extérieur de la narration des vieux chroniqueurs et qui étale aux yeux comme une suite magnifique de tapisseries à sujets historiques, manque au devoir essentiel de l’historien.

1984. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

V J’ai entendu d’autres prédicateurs du carême, mais en courant et avec trop peu de suite pour avoir un sentiment bien arrêté soit sur le talent de chacun, soit sur l’état actuel de l’éloquence sacrée.

1985. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Puis elle le mit à la porte, après qu’il lui eût embrassé les mains et ce qu’il pouvait attraper des bras avec une ferveur et un entrain auprès desquels la dévotion malpropre des pèlerins baiseurs de reliques n’est positivement qu’un… Je m’arrête.

1986. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Ils parlent peinture ou littérature avec les mêmes cris, les mêmes tapes sur l’épaule, les mêmes yeux hors de la tête, et presque le même style que les ouvriers zingueurs discutant de leur métier dans la noce à Coupeau, ou qu’un garçon de l’abattoir expliquant les finesses de son art devant le comptoir d’un marchand de vin. « … Bongrand l’arrêtait par un bouton de son paletot en lui répétant que cette sacrée peinture était un métier du tonnerre de Dieu. » — « Ça y est, mon vieux, crève-les tous !

1987. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Ici, j’arrête encore la comédie de M. 

1988. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Je m’arrête jusqu’à ce que la goutte de lumière dont j’ai besoin soit formée et tombe de ma plume. » Ce ne sont donc que gouttes de lumière que cette suite de pensées ; l’œil de l’esprit finit par s’y éblouir.

1989. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Quelquefois lui-même il s’arrête comme étonné devant les témérités de sa parole ; mais il la reprend, la répare aussitôt, ou seulement il la redouble, il l’explique ; car rien, chez lui, n’est sorti que d’un cœur net, d’une lèvre ardente et pure.

1990. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Mais, depuis février 1848, les vicissitudes qu’a subies dans sa direction la ci-devant Imprimerie royale ont réagi sur les destinées du livre magnifique, qui se trouve arrêté sans cause.

1991. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Si elle les lit, son jugement s’échappe aussitôt et ne se laisse arrêter à aucune considération du dehors.

1992. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Dès aujourd’hui une conclusion me paraît incontestable : entre les divers portraits ou statues qu’il a essayé de donner de lui, M. de Chateaubriand n’a réussi qu’à produire une seule œuvre parfaite, un idéal de lui-même où les qualités avec les défauts nous apparaissent arrêtés à temps et fixés dans une attitude immortelle, — c’est René.

1993. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Tel est aussi celui de René, celui d’Atala mourante, quand elle s’écrie, parlant à Chactas : « Tantôt j’aurais voulu être avec toi la seule créature vivante sur la terre ; tantôt, sentant une Divinité qui m’arrêtait dans mes horribles transports, j’aurais désiré que cette Divinité se fût anéantie, pourvu que, serrée dans tes bras, j’eusse roulé d’abîme en abîme avec les débris de Dieu et du monde ! 

1994. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Quand on dépouille sa personne de toutes ces drôleries anecdotiques qui sont le régal des esprits légers, et qu’on va droit à l’homme et au caractère, on s’arrête avec admiration, avec respect ; on reconnaît dès le premier instant, et à chaque pas qu’on fait avec lui ; un supérieur et un maître, ferme, sensé, pratique, actif et infatigable, inventif au fur et à mesure des besoins, pénétrant, jamais dupe, trompant le moins possible, constant dans toutes les fortunes, dominant ses affections particulières et ses passions par le sentiment patriotique et par le zèle pour la grandeur et l’utilité de sa nation ; amoureux de la gloire en la jugeant ; soigneux avec vigilance et jaloux de l’amélioration, de l’honneur et du bien-être des populations qui lui sont confiées, alors même qu’il estime peu les hommes.

1995. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Ici encore Frédéric arrête Voltaire et lui donne une leçon de tact : Louis XIV, dit-il, était un prince grand par une infinité d’endroits ; un solécisme, une faute d’orthographe, ne pouvaient ternir en rien l’éclat de sa réputation, établie par tant d’actions qui l’ont immortalisé.

1996. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Le même homme qui va écrire une lettre d’effusion et d’ivresse au sujet de la victoire d’Ivry, une lettre qui est comme le bulletin de triomphe et le cri populaire de la joie française, cet homme croit de son strict devoir d’avocat du roi près d’une cour souveraine, d’avertir son maître, de l’arrêter résolument dans une de ses volontés, au risque de lui déplaire.

1997. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

J’ai hâte d’arriver à une production sur laquelle je puisse m’arrêter un moment.

1998. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Je m’arrête dans la citation de ce portrait que l’inépuisable peintre ne termine pas si tôt.

1999. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Monseigneur, dans ses chasses à la forêt de Sénart, fait à d’Antin l’honneur de s’arrêter plus d’une fois à sa terre de Petit-Bourg, et Louis XIV (faveur insigne !)

2000. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

C’est à étudier cette langue de l’abbé Sicard et de l’abbé de L’Épée que Valentine a consacré ses matinées durant les trois derniers mois : « Lorsque j’ai senti, dit-elle, que rien ne pouvait m’empêcher de l’aimer, j’ai voulu apprendre à le lui dire. » Cette première veine délicate et nuancée, cette première manière de roman s’arrête pour Mme Gay avec Anatole, et elle ne la prolongea point au-delà de l’époque de l’Empire.

2001. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Dans un des articles sur la guerre d’Espagne que Carrel inséra en 1828 à la Revue française, il a raconté avec intérêt et vivacité l’épisode de ce petit corps étranger dont il faisait partie, ses combats, ses vicissitudes, et sa presque extermination devant Figuières ; les quelques débris survivants n’échappèrent que grâce à une capitulation généreusement offerte par le général baron de Damas, et qui garantissait la vie et l’honneur des capitulés (16 septembre 1823) : « Quant à ceux des étrangers qui sont Français, était-il dit dans la convention rédigée le lendemain, le lieutenant général s’engage à solliciter vivement leur grâce ; le lieutenant général espère l’obtenir. » Rentré en France à la suite de cette capitulation avec l’épée et l’uniforme, Carrel se vit arrêté à Perpignan et traduit devant un conseil de guerre.

2002. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Trois réponses à faire à trois candidats, des regrets à donner à ceux dont ils occupaient les places, lui fournissaient des idées nombreuses et variées, des images brillantes ou aimables comme les talents qu’il avait à célébrer… Il a loué les trois récipiendaires et leurs trois prédécesseurs, mais il ne s’est pas assez arrêté sur leur éloge, et l’on peut dire qu’il les a traités comme Pindare (lisez Simonide) traitait les héros des jeux Olympiques, dont sa muse se contentait de dire un mot, pour parler ensuite de Castor et Pollux.

2003. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Lorsque sous la Restauration, à cette heure brillante des tentatives valeureuses et des espérances, de jeunes générations arrivèrent et essayèrent de renouveler les genres et les formes, d’étendre le cercle des idées et des comparaisons littéraires, elles trouvèrent de la résistance dans leurs devanciers ; des écrivains estimables, mais arrêtés, d’autres écrivains bien moins recommandables et qui eussent été de ceux que Boileau en son temps eût commencé par fustiger, mirent en avant le nom de ce législateur du Parnasse, et, sans entrer dans les différences des siècles, citèrent à tout propos ses vers comme les articles d’un code.

2004. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Au retour, et n’étant plus si pressé, le prince ne manquait pas de s’arrêter en oraison dans l’église du cloître : Car, dit-elle, « néanmoins qu’il menât la vie que je vous dis, si était-il prince craignant et aimant Dieu ».

2005. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Le sang de mes troupes m’est précieux, j’arrête tous les canaux d’une plus grande effusion…, et je vais me livrer de nouveau à la volupté du corps et à la philosophie de l’esprit.

2006. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Or, il appert que si la poésie marche très lentement dans la voie de l’émancipation c’est qu’on a négligé de s’enquérir de son unité principale (analogue de l’élément organique) et que si on perçut quelquefois cette unité élémentaire, on négligea de s’y arrêter et même d’en profiter.

2007. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Charles Morice, impuissant à arrêter la débâcle symboliste, essaya lui aussi de fonder un nouveau groupe ayant pour raison sociale : Les Poètes français.

2008. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

… Et c’est là encore, pour le dire en passant, une raison à ajouter aux autres pour que ce traité de « la Douleur », qui ne s’arrête pas à la bagatelle des larmes et qui, comme Julien l’Apostat, ne jette pas non plus du sang de sa blessure contre le ciel, ait partagé le triste sort de tous les écrits de Saint-Bonnet, qui échappent à leur époque par leur élévation même et ne se courbent pas au niveau de cette masse qu’on appelle le public… « Il faut que tout se paye toujours ! 

2009. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue ; et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakespeare, indifférent à tout excepté à la beauté comme Gœthe, on va quelque temps ainsi, misérable et superbe, comédien à l’aise dans le masque réussi de ces traits grimés ; mais il arrive que tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah !

2010. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Il brûle les étapes ; il brule celles qui ne lui plaisent pas : il ne consent à s’arrêter qu’aux splendides étapes. […] Songeant à qui l’aima sans être payé de retour, elle écrit : « Tu ne sauras plus rien de moi jusqu’au jour où mes pas s’arrêteront et où s’envolera de moi une dernière petite ombre, qui sait où ? […] Il ne s’y arrête pas. […] Ô philologues redoutables, il ne pouvait pas s’arrêter à toutes les particularités du texte et signaler tous les problèmes que le texte pose. […] J’ai voulu m’arrêter, m’attacher enfin quelque part… » Le petit enfant, qu’il admoneste avec son repentir, s’en ira.

2011. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Mon intention très arrêtée est d’étudier cette affection comme si j’écrivais sur un sujet de l’antiquité, comme si cléricalisme, anticléricalisme, catholicisme et France même avaient disparu depuis dix siècles ; et comme si tous ces objets faisaient partie du domaine de la philologie ou de l’archéologie. […] Mais il a eu, au point de vue religieux, peu d’influence sur la masse des Français, qui sont volontiers radicaux en cette affaire, qui ne s’arrêtent pas aux moyens termes et qui, quand ils ne sont pas catholiques, ne croient à rien ; je parle de la généralité. […] Le gouvernement dictatorial de Fructidor s’était, dès le premier jour (19 fructidor), accordé par loi spéciale le droit de déporter sans jugement et par simples arrêtés individuels les ecclésiastiques « qui troubleraient la tranquillité publique ». […] Les tribunaux furent matés par l’intimidation et surtout par ce fait que tout jugement émané d’eux, non conforme au bon plaisir du gouvernement, était annulé par un « arrêté de conflit » qui leur enlevait le droit de s’occuper de l’affaire dont s’agissait. […] Mais je veux, sans m’arrêter à cette considération, envisager directement l’éventualité dont on cherche à nous effrayer.

2012. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Je mettrai là du Sainte-Beuve et du Taine, Adolphe, le Dominique de Fromentin, les Pensées de Marc-Aurèle, un peu de Kant, un peu de Schopenhauer ; puis un volume de Sully Prudhomme, les poésies de Henri Heine, celles de Vigny, peut-être les Fleurs du mal ; un roman de Balzac, Madame Bovary et l’Éducation sentimentale, un roman de Zola, un roman de Daudet ; le Crime d’amour de Bourget, quelques contes de Maupassant, Aziyadé ou bien le Mariage de Loti ; quelques comédies de Marivaux et de Meilhac, le Silvestre Bonnard d’Anatole France… Mais je m’arrête : cela fait déjà beaucoup plus de vingt volumes. […] On ne s’arrêtera pas en si beau chemin. […] Je vous prie seulement de ne pas trop vous arrêter à notre état politique et de ne pas nous juger sur ce que vous pourrez en apercevoir. […] Vous apprécierez la coupe du troisième vers qui peint si bien l’allongement de l’ombre par l’allongement du rythme jusqu’à la onzième syllabe, et vous admirerez par quel art d’interrompre le rythme et de le reprendre, de le ralentir et de le précipiter, les deux derniers vers expriment à l’oreille la légèreté du cheval divin quand il s’arrête, et l’aisance sereine de son élan quand il repart. […] Cela ne m’inquiète pas, car je suis sûr que vous saurez vous arrêter où il faut dans votre manie d’expériences, et que ce seront vos collègues, jamais votre pays, qui en feront les frais.

2013. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

, mon premier volume, a paru, le jour du coup d’État de Napoléon III, le septième volume du Journal des Goncourt, peut-être le dernier volume, que je publierai de mon vivant, voit ses annonces et ses échos, arrêtés par l’assassinat du président de la République. […] Mercredi 26 septembre Le cousin Marin, qui vient de chasser chez Chandon, me parlait de la grandeur des affaires de cette maison, où arrivait un Anglais, fameux dégustateur de vin de Champagne, qui, après avoir goûté un certain nombre de cuvées de vin de Champagne, s’arrêtait à une, disant : — Combien avez-vous de cette cuvée ? […] En wagon, il aurait été pris de l’envie de rejouer, pour gagner sa vie, et il s’était mis à réciter les premiers vers du Légataire universel, qu’il avait joué autrefois, avec ses compagnons du chemin de fer, et tous s’étaient trouvés arrêtés dans leurs répliques : lui seul avait été jusqu’au bout… Enfin il s’écrie que tous les bonheurs s’étaient succédé chez lui, depuis le jour, où il avait eu son fils.

2014. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Quand il juge la correction suffisante : « Lâchez-le », dit-il ; mais la mère : « Non, ne t’arrête pas, Lampriscos ; écorche-le jusqu’au coucher du soleil. — Mais son corps est plus tacheté qu’une hydre. — Donne-lui encore une vingtaine de coups, ça lui fera du bien. » C’est tout. […] et quel mal verriez-vous à nous arrêter un peu au dernier amour de Corneille et au petit roman de son été de la Saint-Martin ? […] La chanson terrible gronde autour de la maison… Jœger, le chef des émeutiers, est arrêté et amené devant son patron. […] » Quand la bonne Astolaine, ayant connu que Palomides ne l’aime plus, vient dire à son père qu’elle s’était trompée sur ses propres sentiments et qu’elle ne désire plus se marier, le vieillard s’approche d’elle à pas lents, s’arrête, la regarde, et dit simplement : « Je te vois, Astolaine… » Et elle ; « Mon père !  […] Or, pendant qu’il délivrait ainsi son âme, une dépêche annonce que le gouvernement a arrêté l’enquête, envoyé un démenti à l’agence Havas, bref, que les obligés du marquis de Storn n’ont plus rien à craindre.

2015. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Aujourd’hui nos principes politiques ne sont pas plus arrêtés que nos principes de littérature ; jamais on n’a passé avec plus de facilité du camp des Grecs dans le camp des Troyens. […] En bon mathématicien, il allait au fait, sans s’arrêter à la bagatelle ; et pour lui la bagatelle, c’était la littérature considérée en elle-même : il n’envisageait dans les vers, et la prose, dans les tragédies et les comédies, qu’un moyen d’agiter, d’échauffer les esprits du vulgaire, et d’accélérer la réforme générale des abus. […] Lorsque les princes viennent supplier Rodogune de choisir entre eux un époux, et de nommer un roi par ce choix, n’est-il pas naturel qu’elle cherche à éluder l’importunité de ses amants, et à se dispenser d’un choix si dangereux, en leur faisant à son tour une proposition qui doit arrêter, et en quelque sorte contreminer les machinations infernales de Cléopâtre ? […] Son premier objet, en faisant à ses fils cette proposition, c’est d’arrêter le mariage de Rodogune, de se dispenser de faire un roi, et par conséquent de garder le trône ; il n’y a rien là qui ne soit dans la logique de l’ambition, par conséquent rien qui ne soit raisonnable : il n’y a d’absurde et d’insensé au théâtre que ce qui est contraire à la marche du cœur et des passions. […] Nous avons dans les fragments de Salluste une lettre de Mithridate au roi Arsace, où cette ambition est bien dévoilée ; ce prince y propose une coalition de rois pour la défense de la cause commune : cette ligue, si elle eût été possible, eût sans doute arrêté le torrent de la puissance romaine ; mais les rois se laissèrent dépouiller et subjuguer les uns après les autres.

2016. (1930) Le roman français pp. 1-197

Et, bien qu’il restreigne le nombre de ses enfants, gardant une idée très ferme, arrêtée, des antiques traditions de la famille, du devoir d’obéissance des enfants, du devoir de soumission de la femme à l’époux : c’est comme en anglais, où husband signifie à la fois « laboureur » et « mari ». […] Il composait Les Dieux ont soif : « Cela ne va plus, me dit-il, je suis bloqué. » Je souris : France arrêté par une difficulté littéraire, cela me semblait impossible. « Oui, poursuivit-il, bloqué ! […] Il y a cinquante ans, dans les familles bourgeoises, à peine faisait-on allusion à la « restriction morale » ; comme si une restriction purement « morale », et par conséquent abstentionniste, pouvait arrêter ce que le conventionnel François de Nantes, dans le jargon de l’époque, appelait pudiquement « le plus impérieux des penchants » ! […] Ne vous arrêtez pas à ces excuses ou ces raisons. […] » — « Si, mais je ne vous le conseille pas ; les visiteurs élégants pourraient bien s’arrêter à la loge. ») Ces tableaux et ces conversations s’allongent tellement que, lorsque l’on retrouve le personnage qui a changé, on ne se souvient plus toujours qu’il n’était pas « comme ça ».

2017. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Mais là ne s’arrête pas le développement. […] Ainsi se fait-il, quand une face divinement belle se dévoile devant vos yeux nous montrant une femme d’une indicible beauté : Et le sang court plus vite, et l’esprit bondit, et le désir d’adorer fait fléchir les genoux dociles, et le souffle s’arrête de lui-même. […] Thiodolf se dirigea vers le bois et marcha sans s’arrêter à travers les noisetiers clairsemés, passa de là dans la masse dense des bouleaux, dont le tronc se dressait lisse et argenté, haut, compacte. […] Il ne suspendit point sa marche, il ne s’arrêta point, il alla droit à elle, la prit dans ses bras, lui baisa la bouche et les yeux. […] — Je me promène, répondit le Principe Vital, sans s’arrêter, car toutes les activités sont incapables de repos.

2018. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Mais ici je m’arrête plein de trouble, parce que je ne sais pas jusqu’à quel point la contradiction, qui est la loi du monde, doit être aussi la loi des écrits du philosophe qui la constate. […] L’avarice, aussi bien quant à ce qui est son but que sous le rapport des petits moyens qu’elle emploie, apparaît naturellement comme nulle de soi ; car elle prend l’abstraction morte de la richesse, l’argent comme tel, pour la fin suprême où elle s’arrête.

2019. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

« Je m’arrêtai, dit-il, près du pont du Milieu, vis-à-vis la boutique d’un orfèvre, pour contempler son travail. […] Un jour, je me décidai à le faire, et je suspendis avec beaucoup d’efforts, au-dessus de ma tête, un énorme morceau de bois qui l’aurait écrasée ; mais, comme je voulus le faire tomber avec la main, je fus arrêté, et jeté à quatre pas de là d’une manière invisible.

2020. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Du reste, je m’arrête ici sur ce sujet. […] « Mais je m’arrête ici en ce qui concerne la communauté des femmes et des enfants.

2021. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Qu’importe que cet amour ne s’arrête pas à nous, et que ce soit de Dieu qu’il redescende ensuite sur nous ? […] … Et, pour la plupart des autres, ce que j’en ai pu dire ne se ramène-t-il pas à cette vérité, à la fois nécessaire, mélancolique et rassurante, que les morts n’arrêtent pas la vie ?

2022. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Il fit encore cette objection : Pourquoi leur père aurait-il défendu de porter un manche à balai sur leurs habits, prescription peu naturelle et peu convenable ; sur quoi il fut arrêté court comme parlant avec irrévérence d’un mystère qui sans aucun doute était très utile et plein de sens, mais qui ne devait pas être pénétré trop curieusement ni soumis à un raisonnement rigoureux. »… « Quelque temps après, fut ressuscitée une vieille mode, depuis longtemps éteinte, de porter des broderies représentant des figures indiennes d’hommes, de femmes et d’enfants. […] Il faut bien tolérer les sectes à cause de leur extension, bien que l’État doive les arrêter à leur origine ; mais quant à les admettre aux emplois publics par le rappel du Test, Swift croit réduire aisément à l’absurde les défenseurs de ce principe en leur montrant que cette admission, réclamée par les Dissidents protestants, devrait logiquement s’étendre « aux Papistes, aux Athées, aux Mahométans, aux Païens et aux Juifs ».

2023. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Il s’adressa à l’Angleterre par des voies sourdes et secrètes ; il y entama une négociation pour la paix ; mais, la marquise de Pompadour étant d’un sentiment contraire, il se vit aussitôt arrêté dans ses mesures.

2024. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Il songe à l’épouser ; mais il s’arrête à temps.

2025. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Une femme savante de profession est odieuse ; mais une femme instruite, sensée, doucement sérieuse, qui entre dans les goûts, dans les études d’un mari, d’un frère ou d’un père ; qui, sans quitter son ouvrage d’aiguille, peut s’arrêter un instant, comprendre toutes les pensées et donner un avis naturel, quoi de plus simple, de plus désirable ?

2026. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Il était pourtant toujours sous une impression de terreur et d’effroi : cette impression accablante ne cessa soudainement qu’un jour que, lisant l’Écriture, son regard s’arrêta sur un verset de la troisième épître de saint Paul aux Romains.

2027. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

J’arrête là ces citations qu’on pourrait multiplier à l’infini.

2028. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Après avoir fait élire Stanislas roi de Pologne, il s’arrêta en Saxe, incertain, à ce qu’il paraissait, de quel côté il tournerait ses armes, de l’empire ou de la Russie.

2029. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

J’ai voulu arrêter un cheval fougueux qui blessait tout le monde dans sa course, je ne suis pas étonné d’avoir essuyé en chemin quelques éclaboussures.

2030. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

« Penses-tu, dit-il à son ami le marquis, que la calomnie s’arrêterait après qu’Emmanuel aurait épousé Aurélie ?

2031. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Son crédit, tout arrêté et stagnant qu’il était, et sans plus de progrès possible, ne laissa pas d’être fort grand jusqu’à la fin, ainsi que l’apparence de faveur.

2032. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Un jeune peintre, élève de David, avait été présenté à elle et à Alfieri dans les dernières années : Fabre de Montpellier (c’était son nom), grand prix de Rome, s’était arrêté à Florence et avait fait le portrait des deux amis.

2033. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Si vous l’appelez ainsi, monsieur Feuillet, vous allez trop loin et je vous arrête.

2034. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Il s’arrête au seuil, dans la ruelle qui y conduit ; il lui suffit d’y voir entrer la foule des dévots et dévotes.

2035. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

C’est pendant l’hiver qui précède la mort de Louis XV (février 1774) ; mais on s’arrête bientôt de peur de surprise : « Il nous était venu aussi une idée folle bien amusante, qu’il avait été convenu de tenir très secrète de peur que le roi n’y mît opposition, tout innocent que c’était : c’était de jouer, rien qu’entre nous, des comédies toutes portes closes.

2036. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Catinat, qui rappelle Saint-Cyr, était le contraire de ces grands maréchaux de guerre, comme on en a vu, que rien n’arrête ni n’embarrasse, mais qui sont le fléau des populations.

2037. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Il s’est arrêté au premier pas dans sa marche vers l’autel, et il ne peut se résoudre à avancer : « (La Chesnaie, 1811)… Je souffre toujours et même beaucoup.

2038. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Vous connaissez la passion de la princesse pour les chevaux gris ; elle en a trouvé deux ici qu’elle a bien vite arrêtés pour le temps qu’elle passerait à Bourbon.

2039. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

D’autres jeunes gens se sont amusés à faire arrêter la voiture d’un pair de France, et ils l’ont tourmenté pour lui faire crier : Vive la liberté !

2040. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Mais il se ferait arrêter par ses propres aides de camp ! 

2041. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

George. » Tout ceci est antérieur au voyage d’Italie ; les confidences purement littéraires s’arrêtent là.

2042. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Il ne sait ni s’arrêter, ni finir sa phrase ; le sens est noyé.

2043. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Chez Boileau, cette timidité du bon sens, déjà signalée, fait que la métaphore est bien souvent douteuse, incohérente, trop tôt arrêtée et tarie, non pas hardiment logique, tout d’une venue et comme à pleins bords.

2044. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Leur divin auteur ne s’arrête point à prêcher vainement les infortunés, il fait plus : il bénit leurs larmes, et boit avec eux le calice jusqu’à la lie.

2045. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Dès lors, en possession des définitions nécessaires, Montesquieu va faire une construction d’une hardiesse singulière : il va monter pièce à pièce ces trois grandes machines politiques, république, | monarchie, despotisme, chacune en son type idéal ; il va montrer comment toutes les lois particulières s’adaptent au principe fondamental de la constitution, faisant sortir le bonheur et le malheur, le progrès et la ruine des États du plus ou moins d’adaptation, du plus ou moins de cohésion et de concordance de toutes les institutions, exposant comment, par le manque ou la disconvenance de telle pièce, tel peuple s’est détruit, comment, par l’invention ou le remaniement de telle disposition législative, tel autre se serait arrêté sur la pente de sa décadence.

2046. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Et ces dernières pages, si belles, tandis que je les parcours, je suis sans doute arrêté par des phrases éclatantes comme celle-ci, qui termine un morceau sur le rôle de l’amour dans le développement de notre être moral : «… Tout au long de nos années, il s’est donc enrichi ou appauvri, au hasard de cette passion souverainement bienfaisante ou destructive, le trésor de moralité acquise dont nous sommes les dépositaires : infidèles dépositaires si souvent, et qui préparons la banqueroute de nos successeurs parmi les caresses et les sourires. » Ou bien ce passage m’éblouit comme un magnifique éclair : «… L’amour seul est demeuré irréductible, comme la mort, aux conventions humaines.

2047. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Il étendit la gratuité, amena même plus de six mille communes à voter la gratuité absolue, créa dix mille écoles nouvelles ; fonda les cours d’adultes, les bibliothèques scolaires, la caisse des écoles ; réforma les études dans les écoles normales d’instituteurs ; essaya d’accommoder l’enseignement aux milieux et aux régions ; introduisit des notions industrielles dans les écoles de villes, agricoles dans les écoles de campagne ; mit un peu de maternité dans les salles d’asile ; améliora notablement les traitements des instituteurs et des institutrices… Je m’arrête avant la fin de l’énumération et vous prie de considérer, Messieurs, que ce n’est point ma faute si l’abondance des œuvres de M. 

2048. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il importe de fixer les dates où chacun de ces envahissements commence, arrive à son maximum, décline, reprend ou s’arrête ; et alors on peut constater un parallélisme régulier entre l’histoire linguistique et l’histoire politique ; Malherbe, contemporain et protégé de Henri IV, représente comme lui une réaction nationale.

2049. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

. — « Seule, l’Espérance resta dans le vase, arrêtée sur les bords, et elle ne s’envola point ; car Pandore avait refermé le couvercle par l’ordre de Zeus qui amasse les nuées. » — Belle et touchante légende !

2050. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Il est permis de croire que, quand il s’adressait à l’époque assez peu étudiée de Louis XIII, avec le dessein de la poursuivre jusque sous la Fronde et de ne s’arrêter qu’à la mort de Mazarin, il était un peu conduit par le désir de contredire les idées communes, de faire justice de certaines préventions et de retourner du tout au tout certaines opinions consacrées.

2051. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

On serait trop sévère si l’on s’arrêtait à ce début plus longuement.

2052. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

On est tenté d’arrêter celui qui parle, et de lui demander : Est-ce bien là ce que vous entendez ?

2053. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Semblable à une eau qui se perd dans le sable si elle n’est arrêtée par une digue, l’homme n’est fort qu’autant qu’il est retenu. » Se croyant déjà revenu à Lycurgue ou à Moïse, il proposait sérieusement à l’administration de faire faire des éditions châtiées et exemplaires des auteurs célèbres : on extrairait de chaque auteur ce qui est grave, sérieux, élevé, noblement touchant, et on supprimerait le reste : « Tout ce qui serait de l’écrivain social serait conservé, tout ce qui serait de l’homme serait supprimé ; et si je ne pouvais faire le triage, dit-il, je n’hésiterais pas à tout sacrifier. » Telle est la pensée que M. de Bonald énonçait en 1796, qu’il continuera d’énoncer et d’exprimer pendant toute la Restauration, et qu’il voudra réaliser tant bien que mal en 1827, comme président du dernier Comité de censure : peut-on s’étonner de la suite d’après le début ?

2054. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Amyot, de son chef, pense peu ; il tourne dans les banalités morales : il ne s’arrête plus et ne sait où finir sa phrase ni où la couper.

2055. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Une autre ode de Le Brun à Buffon, fort belle, est celle où il l’exhorte à mépriser l’envie et à poursuivre sa carrière sans s’arrêter aux détracteurs.

2056. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Florent, arrêté et envoyé à Cayenne pour s’être épouvanté sur le cadavre d’une fille tuée par la troupe, passe, à son départ, près d’un carrosse de femmes dont les rires l’accompagnent.

2057. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

C’est le doute, non pas ce doute mitigé qui, laissant subsister le fond de nos croyances, s’arrête seulement devant nos opinions, mais un doute absolu, qui embrasse tout, qui détruit tout pour tout reconstruire.

2058. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

S’il est vrai en effet que l’univers ne soit que le développement, l’évolution de l’idée, si l’idée, en sortant d’elle-même, devient la nature, et en revenant à elle-même devient l’esprit, si la plus haute forme de l’esprit est la philosophie, et si la plus haute forme de la philosophie est la doctrine hégélienne, on ne voit pas du tout pourquoi l’idée s’arrêterait là, et pourquoi on lui interdirait tout développement ultérieur.

2059. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Nous ne connaissons exactement aucun des obstacles qui arrêtent son développement progressif, et l’on ne peut s’en étonner si l’on songe combien nous sommes ignorants à cet égard, même en ce qui concerne l’Humanité, que nous connaissons cependant mieux qu’aucune autre espèce.

2060. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Dans l’auteur des Horizons prochains et des Horizons célestes, la chose sèche, arrêtée, définie, ergoteuse, qui est la protestante, se fond et se perd de plus en plus en ce dissolvant de feu qui est l’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ, et nous espérons bien qu’elle s’y consumera tout entière.

2061. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Il s’arrêta à la faveur faite à un descendant de Saint-Simon.

2062. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Après des années, c’est par cet ouvrage sur son pays, sur l’Allemagne, que Henri Heine, mûri par la réflexion et par la souffrance, nous introduit à ses œuvres complètes, à l’ensemble de ses pensées, et voilà que nous trouvons, mêlés à un talent suprême, de telles modifications, de tels changements dans le fond même des choses et de l’intelligence, que la Critique — cette jaugeuse des forces spirituelles, qui met la main sur la tête et le cœur des hommes à travers les œuvres, — est obligée de s’y arrêter.

2063. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

il faut s’arrêter dans les nuances dont on parle tant !

2064. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

» Et vous croyez qu’il va s’arrêter là, cet emporté de M. 

2065. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Mais je ne m’arrêterai pas ; j’ai hâte d’aller presque brutalement, c’est pour l’honneur de ce Robert Hertz, jusqu’à sa pensée toute nue et frémissante, « Si je tombe, écrit-il à sa femme, je n’aurai acquitté qu’une toute petite part de ma dette envers le pays… »‌ Et là-dessus, ce morceau capital :‌ Chère, je me rappelle des rêves de quand j’étais tout petit, et plus tard lycéen, là-bas, dans la chambre près de la cuisine, avenue de l’Alma.

2066. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Il s’arrête au bord du rire comme au bord de la tentation.

2067. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Ses changements ne s’arrêtent jamais.

2068. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

L’Histoire qu’on va lire est celle-là même qu’Albert Thibaudet se préparait à publier quand il a été arrêté par la mort. […] L’autorité s’en émeut : « Le grand principe de ne pas ensanglanter la scène, dit un arrêté du département, est absolument mis en oubli, et elle ne cesse pas d’offrir le tableau hideux du vol et de l’assassinat. […] Le paquet de 2 383 pages in-folio qui auront été, s’il faut l’en croire, son butin d’Amérique, voilà le grand dessein, qui, arrêté dès l’arrivée au Nouveau-Monde, a rejailli en écume littéraire. […] Mais l’élan littéraire de ce sang vivace et puissant ne s’arrête pas à Mme de Staël. […] La chute des Burgraves n’arrêta pas sa théâtromanie : elle l’amplifia en la dérivant sur la tribune.

2069. (1902) Propos littéraires. Première série

Sans m’arrêter au ton un peu tranchant, qui n’est pas ordinaire à M.  […] Tolstoï, parfaitement logique, s’est arrêté. […] Avez-vous vu, au milieu de la rue déserte où s’arrête la diligence pour le relais, quatre ou cinq pifferari assis sur le seuil d’une porte ? […] Son discours, sans dessein arrêté et sans ordre, ne nous a fait connaître ni Jules Janin ni Sainte-Beuve. […] L’autre jour, un visiteur, une loupe à la main, affirmait qu’il pouvait lire sur le journal de ce cocher qui est arrêté devant la marchande de marguerites.

2070. (1901) Figures et caractères

Il s’arrête à Auguste, à la plénitude du siècle d’or, à ce moment d’expansion magnifique et d’équilibre où chanta Virgile. […] Les racontars font place aux documents… En voici un, qui fut célèbre, auquel je veux m’arrêter un peu, avant d’en examiner un autre plus récent. […] Il va en Angleterre traiter de la destruction d’un libelle contre Mme du Barry et arrêter en Allemagne la publication d’un pamphlet contre la Reine. […] La berline d’exil se fût arrêtée à sa porte et on lui eût sans doute signifié un de ces décrets qui interdisaient aux suspects le séjour de Paris et les reléguait à vingt-cinq lieues au moins de la capitale. […] Je crois donc qu’il ne serait pas inutile de nous arrêter un instant sur les moyens d’expression que se sont créés les poètes d’aujourd’hui.

2071. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Delavigne a dû le faire, vous ne vous y seriez pas arrêté. […] Je me sens arrêté par le pan de ma redingote ; je me retourne et je reconnais l’aubergiste de l’Ours. […] A cela Mme Sand ne songe point du tout ; l’amour-propre littéraire lui étant absolument inconnu ; ou, si elle y songe, elle ne s’arrête pas un seul instant à cette idée et n’en dit mot ; mais son article se ressent de ce qu’elle a écrit Claudie quinze ans auparavant : elle connaît le sujet, elle connaît la question. […] Il faut suivre sans s’arrêter et sans se distraire et sans revenir en arrière et sans approfondir. […] Le nuage, en remontant, s’arrête à leur sourcil de Jupiter et en est commandé. — L’autre famille des génies dramatiques n’est pas telle en ce point, selon moi, et de là le trait fondamental de différence.

2072. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Boileau s’arrête au général, il ne va pas jusqu’à l’universel. […] C’est une supposition et, si on le veut, on peut s’y arrêter. […] Novice en son métier, ses feuilles sont donc arrêtées, et leur auteur, une fois de plus, forcé d’aller chercher un refuge à l’étranger. […] Ancien ami de Bachaumont, il était aussi du salon de Mme Doublet, salon fameux, où l’on ne s’arrêtait guère, mais où défilait le « tout-Paris » d’alors. […] Le chirurgien s’arrêta, il était trop tard ; le coup porté était mortel.

2073. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

.), et chaque fois, suivant les vieilles routes romaines qui la franchissaient, j’ai mieux compris les ennuis et les dangers qu’elle infligeait aux tribus et pourquoi elles se sont arrêtées à sa lisière, plus craintives que devant des Pyrénées ou des Alpes. […] Waltzing, dans son livre sur les Corporations romaines, nous a donné un pur chef-d’œuvre d’érudition, admirablement disposé et composé, sobrement écrit, où rien n’arrête et ne fatigue la recherche, d’une conscience, d’une probité, d’une véracité étonnantes. […] Il a pour complément ou pour repoussoir la noirceur des nuées qui, tout d’un coup, fondent en ondées et en averses, la grisaille de la brume qui se déchire, ou s’éparpille, le vague réseau bleuâtre qui enveloppe les lointains, les papillotements de la lumière arrêtée dans la vapeur qui s’envole, parfois le satin éblouissant d’un nuage immobile, ou quelque fente subite par laquelle perce l’azur. […] Ou bien : Jasmin s’arrêta devant deux tubéreuses. […] Et puis de jolies descriptions le fleurissent : Une fois on s’arrêta dans une gorge solitaire, près d’une maison entourée de prairies, au milieu desquelles un ruisseau étalait une nappe glauque, contre la vanne d’un moulin.

2074. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Villemain m’arrêta, et, selon sa préoccupation habituelle, me fit remarquer que de nos jours il manquerait bien des choses à Johnson pour être un grand critique. […] toujours du sang et toujours des supplices : Ma cruauté se lasse et ne peut s’arrêter : Je veux me faire craindre et ne fais qu’irriter. […] La plupart des rédacteurs, arrivant d’emblée au pouvoir ou s’en approchant, sentirent qu’ils pourraient difficilement rester journalistes, et l’idée malencontreuse d’arrêter court et de dissoudre le journal entra aussitôt dans leur esprit.

2075. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Il s’arrêtait à mi-chemin ; je ne dis pas qu’il eût tort.

2076. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Une fois, Roederer proposait au choix du premier consul, sur une liste d’inspecteurs des études, le chevalier de Boufflers ; le premier consul l’arrêta à ce nom et lui dit : « Comment voulez-vous donner pour inspecteur aux lycées l’auteur de poésies si libres et si connues ?

2077. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

L’année suivante, à Pâques, tout était arrangé pour retourner près de mon amie ; une nouvelle maladie de mon père vient encore comme à point nommé arrêter tous mes projets.

2078. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il voit les choses du plus haut des clochers, et voit bien et grandement, sans que rien l’arrête.

2079. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Interrompu presque à chaque phrase par cette majorité, ainsi atteinte à son endroit sensible, et qu’il dénonçait, elle royaliste par excellence, pour son manque réitéré de respect envers la royauté, rappelé même à l’ordre, il s’arrêtait imperturbable et reprenait derechef, résolu à ne pas laisser briser le fil de sa déduction rigoureuse et de son énumération vengeresse.

2080. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Horace et sa caravane, avant d’arriver à ces lieux consacrés par tant de souvenirs, ont fait la rencontre du gouverneur de Jérusalem en personne qui tenait la campagne à la tête d’un corps de cavalerie, pour aller châtier quelque bicoque du voisinage ; ce gouverneur les invite poliment au passage, et les oblige, un peu malgré eux, de s’arrêter à son bivac, d’un aspect d’ailleurs des plus mélodramatiques et des plus bigarrés.

2081. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Les bons guides tels que lui ne sont jamais de trop dans ce champ de l’Antiquité où, pour peu qu’on veuille approfondir, on est arrêté à chaque pas.

2082. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Ce fut un léger affront pour nous que cette invasion, même interrompue et arrêtée sitôt par un accident.

2083. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Voilà d’où je compte le commencement de ma vie, et d’où j’en commence ce journal, le reste étant des puérilités que je ne toucherai qu’en général. » S’il ne prend sa vie qu’à partir de l’âge de onze ou douze ans, il est fâcheux que les Mémoires s’arrêtent au moment de ses débuts en Flandre et avant la bataille de Malplaquet à laquelle il assista, c’est-à-dire avant qu’il eut accompli sa treizième année.

2084. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Le traîneau s’arrêta heureusement au bord du précipice, d’où ils ne purent jamais sortir.

2085. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Il faut nous représenter Ronsard et sa Pléiade se précipitant, pleins d’ardeur, sur tous les chemins de l’intelligence avec la pensée bien arrêtée qu’ils sont les premiers à y entrer et que personne avant eux n’a connu le printemps ni les fleurs.

2086. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Et qu’il vous faut suspendre où s’arrête l’histoire : Voilà tous vos moyens, voilà tous les trésors  Dont vous fassent jouir vos plus ardents efforts !

2087. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Les poëtes qui ont commencé par le lyrisme intime, par l’expression de leurs plaintes et de leurs douleurs, ces poëtes, s’ils ont chanté vraiment par sensibilité et selon leur émotion sincère, s’arrêtent dans cette voie à un certain moment, et, au lieu de ressasser sans fin des sentiments sans plus de fraîcheur, et de multiplier autour d’eux, comme par gageure, des échos grossis, ces poëtes se taisent, ou cherchent à produire désormais leur talent dans des sujets extérieurs, dans des compositions impersonnelles.

2088. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Dom Rivet qui, aidé de dom Duclou, de dom Poncet, de dom Colomb, de dom Tennes, ces humbles inconnus, est le principal auteur des neuf premiers volumes de l’ Histoire littéraire de la France, avait en vue, au point de départ, les travaux de La Croix du Maine et de Du Verdier, dans leurs Bibliothèques françoises qui s’arrêtent au xvie  siècle.

2089. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Lorsqu’il lui arrive, par suite d’obstacles extérieurs, d’être obligé de s’arrêter, d’interrompre sur un point, il n’oublie rien, il amarre sa barque à l’endroit précis, et, s’il reprend ensuite sa marche, c’est sans avoir dérivé.

2090. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Mais les beaux-esprits s’arrêtent le plus souvent en chemin et se rebutent avant d’acquérir le droit d’être juges.

2091. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Il vit son père arrêté, il l’allait visiter en bonnet tricolore dans la prison de Thiers, il salua sa délivrance inespérée avec bonheur : la leçon des choses prit le pas dans son esprit sur la lettre des livres ; et, quand son père, profitant d’un premier instant de calme, le conduisit à Paris vers la fin de 95 pour y achever des études commencées surtout par la conversation et dans la famille, le jeune homme avait déjà beaucoup appris.

2092. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Un grand nombre de gentilshommes furent arrêtés.

2093. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Avant de dire un mot de sa vieillesse et de sa fin, nous nous arrêterons pour résumer les principaux traits de son génie et de son œuvre.

2094. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Bien avant De Maistre et ses exagérations sublimes, il disait de Voltaire : « Voltaire a, comme le singe, les mouvements charmants et les traits hideux. » « Voltaire avait l’âme d’un singe et l’esprit d’un ange. » « Voltaire est l’esprit le plus débauché, et ce qu’il y a de pire, c’est qu’on se débauche avec lui. » « Il y a toujours dans Voltaire, au bout d’une habile main, un laid visage. » « Voltaire connut la clarté, et se joua dans la lumière, mais pour l’éparpiller et en briser tous les rayons comme un méchant. » Je ne me lasserais pas de citer ; et pour le style, pour la poésie de Voltaire, il n’est pas plus dupe que pour le caractère de sa philosophie : « Voltaire entre souvent dans la poésie, mais il en sort aussitôt ; cet esprit impatient et remuant ne peut pas s’y fixer, ni même s’y arrêter un peu de temps. » « Il y a une sorte de netteté et de franchise de style qui tient à l’humeur et au tempérament ; comme la franchise au caractère.

2095. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Ce lui fut une cuisante blessure d’amour-propre, quand le comte de Falkenstein (Joseph II) passa près de chez lui sans daigner s’arrêter.

2096. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Et même quand l’objet observé est pour toujours arrêté dans ses formes, il suffit que l’esprit où il se reflète soit muable et divers pour qu’il nous soit impossible de répondre d’autre chose que de notre impression du moment.

2097. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Ricciardo les arrête et demande à son fils pourquoi il est si bien armé.

2098. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Il la fallait bien ferme, dans ces premiers jours de la révolution française, pour applaudir aux grandes réformes de 1789, et, ces réformes accomplies, s’arrêter, prévoir où les girondins poussaient la révolution, et, quoiqu’il eût un frère parmi eux, les désavouer et les combattre.

2099. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Je crois donc qu’il ne serait pas inutile de nous arrêter un instant sur les moyens d’expression que se sont créés les poètes d’aujourd’hui.

2100. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

A côté d’eux existent, sans parler des assemblées qui ont, comme les Académies et les cénacles, un but spécialement littéraire, d’autres lieux de réunions sérieuses ou joyeuses qui méritent d’arrêter l’historien.

2101. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Rien n’arrêta ces hommes d’esprit et de mérite, dont beaucoup, Dieu merci, sont morts de leur laide mort et ont rendu au grand Démiourgos leur vilaine âme.

2102. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Entre l’exposition et le dénouement, tout mouvement s’arrête.

2103. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

L’observation est poussée à vif, mais elle s’arrête juste au point où elle pourrait faire une lésion morale.

2104. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

C’est encore là l’impression que fait Descartes à bien des gens de bon sens, qui l’arrêtent et refusent de le suivre dès le second mot, sinon dès le premier.

2105. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Les ministres changent, se succèdent : sa fortune, bonne assurément, mais non pas au niveau de ses talents, s’arrête au même point.

2106. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

La nation sera purgée, et les étrangers, les mauvais citoyens, tous ceux qui préfèrent leur intérêt particulier au bien général, en seront exterminés… Camille ajoute, il est vrai, aussitôt après : « Mais détournons nos regards de ces horreurs. » Il les en détourne néanmoins si peu, que, dans une note de sa brochure, il s’arrête avec complaisance sur l’exécution sommaire des malheureux de Launay, Flesselles, Foulon et Berthier : « Quelle leçon pour leurs pareils, s’écrie-t-il, que l’intendant de Paris rencontrant au bout d’un manche à balai la tête de son beau-père ; et, une heure après, que sa tête à lui-même, ou plutôt les lambeaux de sa tête, au bout d’une pique ! 

2107. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Sais-tu que les troupeaux sont paissants au-dessus de ces tombes antiques, que les rois eux-mêmes, à la tête de leurs armées, s’arrêtaient à contempler ?

2108. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Ici toute comparaison s’arrête.

2109. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Pourtant, par des raisons qui sont demeurées obscures, mais qui tenaient à cette grande affaire, il fut arrêté environ un an après (25 novembre 1671), et enfermé au château de Pignerol.

2110. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Du moment que Mirabeau est arrêté et enfermé dans le donjon de Vincennes, on peut le suivre jour par jour dans sa longue et rigoureuse captivité.

2111. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

« Je m’étais arrêté, dit-il quelque part, dans une imprimerie toute petite, mais proprette, coquette, hospitalière ; vous la connaissez, ma sœur. » Mon cœur, dit-il encore : Mon cœur, ivre à seize ans de volupté céleste, S’emplit d’un chaste amour dont le parfum lui reste.

2112. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Je ne m’arrêterai pourtant point, Madame, à vous dire quelle fut son enfance : car elle fut si peu enfant, qu’à douze ans on commença de parler d’elle comme d’une personne dont la beauté, l’esprit et le jugement étaient déjà formés et donnaient de l’admiration à tout le monde ; mais je vous dirai seulement qu’on n’a jamais remarqué en qui que ce soit des inclinations plus nobles, ni une facilité plus grande à apprendre tout ce qu’elle a voulu savoir.

2113. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Mais s’il fallait prononcer entre les deux erreurs, entre l’opinion de ceux qui le considèrent comme dès lors établi légitimement à l’état de dynastie, et ceux qui ne veulent voir en lui qu’un aventurier coupable, M. de Maistre trouverait que la plus fausse des deux opinions est encore la dernière : Un usurpateur qu’on arrête aujourd’hui pour le pendre demain, ne peut être comparé à un homme extraordinaire qui possède les trois quarts de l’Europe, qui s’est fait reconnaître par tous les souverains, qui a mêlé son sang à celui de trois ou quatre maisons souveraines, et qui a pris plus de capitales en quinze ans que les plus grands capitaines n’ont pris de villes en leur vie.

2114. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Il essaya même de quitter l’Assemblée après le 14 Juillet, et fut arrêté à Péronne « sans rabat, sans cocarde, et au moment où il demandait un chemin de traverse ».

2115. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

C’est durant ce voyage qu’il fut dénoncé, surpris à Paris où il était au lit malade, arrêté comme si on ne savait pas à qui l’on avait affaire et comme s’il était un faux-monnayeur, traité indignement, jeté au For-l’Évêque, et de là exilé en Armagnac à L’Isle-Jourdain où il resta plus de deux ans.

2116. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Dites-moi, je vous prie, pourquoi vous voulez, dans une chose établie, intervertir l’ordre reçu, pourquoi vous ne regardez pas une note de gratification arrêtée par le roi dans la forme ministérielle comme un titre suffisant, pourquoi vous voulez surcharger le ministre de Paris de lettres de notifications pour des objets minimes, enfin pourquoi vous vous choquez de ce qui oblige les autres ?

2117. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Il n’en est pas moins vrai qu’une seconde est toujours une durée, qu’un millimètre est toujours une étendue, que la pensée d’une action est toujours une action, que l’idée d’un mouvement est toujours ce mouvement commencé ; s’il est arrêté ensuite, cela ne l’empêche point d’avoir existé tout d’abord.

2118. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

L’émotion esthétique est la plus immatérielle et la plus intellectuelle, des émotions humaines ; les organes à l’aide desquels elle se produit surtout, sont les yeux et les oreilles : préservés de tout contact direct avec les objets, de tout choc, ils n’ont pas à craindre d’être violemment déchirés et désagrégés : une vibration légère comme le rayon ou l’onde sonore qui la produit, une excitation qui peut s’arrêter à telles fibres isolées sans mettre en mouvement la masse des nerfs optiques et auditifs, c’est assez pour provoquer dans ces sens un changement d’état saisissable : ils sont donc très propres à ces délicates distinctions intellectuelles qui sont l’une des marques auxquelles nous reconnaissons les sentiments esthétiques.

2119. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Il ne s’arrête pas, il ne se lasse pas, il est sans pitié pour les pauvres petits estomacs qui sont candidats à l’Académie.

2120. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Dans quelques-unes de ses meilleures pièces il y a des fautes inexcusables contre les mœurs, un style de déclamateur qui arrête l’action et la fait languir ; des négligences dans les vers et dans l’expression qu’on ne peut comprendre en un si grand homme.

2121. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Entre la perfection vide du Parnasse et les obscénités des sous-Zola, il a arrêté la pensée des élites sur un art souvent agaçant, souvent puéril, parfois condamnable, mais intéressant presque toujours, à coup sûr nouveau.

2122. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Henri Bidou dont la causticité et la finesse valent qu’on s’y arrête, M. 

2123. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Guillaume Apollinaire recélait, sans le savoir, des statuettes phéniciennes volées au Musée du Louvre : le découvrant, il les restitue et il est arrêté.

2124. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Une fois lâchés à leur tour contre le clergé, la noblesse et les parlements, qui soutenaient leurs privilèges respectifs, les gens de lettres, à qui on remit le fléau qui doit broyer tous les gouvernements dans un pays du tempérament de la France, je veux dire la liberté de la presse, ne s’arrêtèrent que quand la révolution fut consommée.

2125. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Auguste Le Prévôt, où il est estompé dans une rêverie pieuse, à la nuance de laquelle il aurait dû s’arrêter, mais qu’il a forcée et trop forcée partout ailleurs ; dans la pièce qui commence par le vers : J’arrive de bien loin, et demain je repars ; idée charmante, inspirée par la famille, cette source de toute poésie intime ; dans Les Larmes de Racine, où l’on retrouve le détail secret, domestique, obscur, dans lequel M. 

2126. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Cet homme arrête sur vous deux yeux, qui sont beaux, mais tournés au dedans : ce sont des yeux qui ne regardent pas.

2127. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Pour ce qui est de ses sens, dès le premier jour, on s’efforce d’en arrêter tout net l’épanouissement.

2128. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Dès que le cercle des républiques s’élargit, il faudrait, pour que tous les membres du souverain continuassent à exercer leurs droits, que la vie sociale fût à chaque instant arrêtée, et toute affaire cessante : dans un État qui grandit, le gouvernement direct devient un leurre.

2129. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

» Brotteaux, le père Longuemare et la petite Athénaïs ont été arrêtés aussi. […] », dit-il après avoir noté que René reçut un obus dans la cuisse, à l’armée des princes, et apprit en même temps que sa femme et ses sœurs avaient été arrêtées comme suspectes. […] Ernest Lavisse : il arrête son récit à l’année 1862, qui est celle de son entrée à l’École normale. […] Cela prouve qu’il avait des opinions très arrêtées en littérature. […] Il décide alors de se rendre à une réunion contradictoire et d’y combattre la thèse antisémite : mais le meeting n’a pas lieu, le tribun ayant été arrêté pour outrage au gouverneur général.

2130. (1929) La société des grands esprits

Mais ils ne s’y arrêtent pas, et l’on comprend qu’ils ne soient pas wolfiens, en 1450 : c’est déjà très joli qu’ils prévoient le wolfisme, même pour le réfuter. […] Les lecteurs frivoles peuvent aisément lire le texte seul, très joliment imprimé, sans s’arrêter à l’appareil critique ; un système très clair de notes et d’indications marginales donne toute satisfaction aux curieux. […] Je ne connais guère de passion qui ne participe des deux ; mais je m’arrête. » En mai 1814, il parle de « notre unique énorme faute »... […] Berthelot ne voulut pas s’arrêter devant cette barrière, et il parvint à la renverser. […] Un enseignement purement scientifique et soi-disant moderne arrêterait l’avancement de la science pour ne former que de vulgaires techniciens.

2131. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

On s’explique sans peine que le même jugement obtienne un crédit différent selon la bouche d’où il sort, que « telle pensée qui ne fixe point notre attention lorsque nous la rencontrons sous la plume d’un auteur inconnu, arrête et sollicite nos réflexions, si elle appartient à un profond connaisseur de la nature humaine43. » Il faut reconnaître ici le prestige de l’autorité, mais reconnaissons aussi que nous sommes les jouets d’un certain snobisme, que le cadre fait valoir à nos yeux le tableau, qu’une sardine nous paraît meilleure servie dans un plat d’or que dans une assiette d’étain, mais que c’est toujours la même sardine. […] Il n’est pas prouvé que le derviche persan, Hadji-Ghulam-Riza, qui, passant à Paris il y a douze ans environ, notait ses impressions de voyage, ait calomnié la grande ville en décrivant ainsi l’ahurissement où son brouhaha et son charivari doivent jeter tous les étrangers de bon sens : « Cette vie ressemble à l’eau impétueuse d’une cascade qui se jette dans un gouffre sans jamais s’arrêter ; elle donne le vertige et trouble la tête… C’est le mouvement continuel ; ce sont des centaines de voitures qui filent, s’entrecroisent, se choquent ; c’est une foule compacte qui se précipite vers je ne sais quoi ; c’est le sifflement des machines, la fumée des cheminées, les cris des marchands, le son des clochettes, et que sais-je encore ? […] Est-ce que ces malheureux ont jamais le temps de s’arrêter, de se recueillir, de se demander qui ils sont, d’où ils vont : ce qui est le seul but de la vie d’un être doué de raison ?  […] Mais l’érudition ne s’arrête point là.

2132. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Pour pénétrer dans l’intérieur de cette civilisation et de ce peuple, il n’y a pas de meilleur moyen que de s’arrêter avec insistance sur Swift et sur Addison. […] Il ne remonte pas à la source du beau du premier coup, comme les vrais artistes, par la violence et la lucidité de l’inspiration naturelle ; il s’arrête dans les régions moyennes, parmi les préceptes, sous la conduite du goût et du sens commun.

2133. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

et quel être heureux, s’il n’avait souffert lui-même, ne sourirait de pitié à ces petites joies que l’infortuné se fait en consolation d’une journée d’ennui et de marasme ; joies niaises à qui n’a point passé par là, et que dédaignerait même un enfant : prendre dans la rue le côté du soleil ; s’arrêter à quatre heures sur le pont du canal, et, durant quelques minutes, regarder couler l’eau, etc., etc. […] Pour moi, quoique ma vie littéraire déjà si longue, et, pour ainsi dire, étendue sur un trop large espace, me laisse peu le plaisir des perspectives, il en a été cependant ainsi pendant un assez long temps ; et quand je m’arrêtais pour regarder en arrière, il me semblait que c’était en 1829, à la date où j’écrivais les Consolations, que j’aimais le plus à me retrouver, et qu’il m’eût été le plus agréable aussi qu’on cherchât de mes nouvelles.

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