Faust dit à Méphistophélès : « Si tu peux me séduire au point que je vienne à me plaire à moi-même, si tu peux m’endormir au sein des jouissances, que ce soit pour moi le dernier jour !
De saintes personnes, parmi lesquelles on cite un vieux Siméon, auquel la légende fait tenir Jésus dans ses bras, Anne, fille de Phanuel, considérée comme prophétesse 97, passaient leur vie autour du temple, jeûnant, priant, pour qu’il plût à Dieu de ne pas les retirer du monde sans avoir vu l’accomplissement des espérances d’Israël.
Le caractère de ce dernier, droit, sincère, plein de premier mouvement, plaisait à Jésus, qui parfois se laissait aller à sourire de ses façons décidées.
Ces derniers faisaient autour de Jésus comme une jeune garde pour l’inauguration de son innocente royauté, et lui décernaient de petites ovations auxquelles il se plaisait fort, l’appelant « fils de David », criant Hosanna 538, et portant des palmes autour de lui.
Jésus aimait cet instant et se plaisait à voir sa famille spirituelle ainsi groupée autour de lui 863.
Avec ce goût de la libre critique et cette parfaite loyauté qui lui sont propres, il se plaît à citer ses adversaires, à mettre en relief certaines objections et à dire même nettement celles qu’il regarde comme insolubles.
Mes premières vues m’y auraient peut-être conduite ; mais vous vous souviendrez, s’il vous plaît, que vous voulez que je demeure à la cour, et que je la quitterai dès que vous me le conseillerez… J’ai bien fait votre cour sur les soins que vous avez de nos enfants et sur les dessins que vous avez imaginés pour les fables d’Ésope ; vous êtes fort bien avec eux.
Il a restitué ainsi un curieux chant monorime de la Passion : La passion du doux Jésus, | qu’est moult triste et [dolente], Ecoutez-la, petits et grands, | s’il vous plaît de [l’entendre].
Ils ont créé tout un décor de glaives, d’urnes, de cyprès, de chimères et de licornes qui s’en va déjà rejoindre au magasin des accessoires surannés le décor romantique, les nacelles, les écharpes, les gondoles, les seins brunis et les saules, les cimeterres et les dagues qui en 1850 avaient déjà cessé de plaire.
Ce mot, romantisme, a, comme tous les mots de combat, l’avantage de résumer vivement un groupe d’idées ; il va vite, ce qui plaît dans la mêlée ; mais il a, selon nous, par sa signification militante, l’inconvénient de paraître borner le mouvement qu’il représente à un fait de guerre ; or ce mouvement est un fait d’intelligence, un fait de civilisation, un fait d’âme ; et c’est pourquoi celui qui écrit ces lignes n’a jamais employé les mots romantisme ou romantique.
Ce cardinal, dont la grande ame étoit flattée de faire la fortune de tous ceux qui s’attachoient à lui, n’oublia pas l’abbé d’Aubignac, qui sçut lui faire assidument sa cour, & plaire à son élève.
Ils aiment mieux croire qu’on a mal pris le sens du passage que de supposer les Romains capables de se plaire à un spectacle bisarre, puérile & du genre de Brioché.
Appelez ce désordre comme il vous plaira, je l’appelle une maladie, et si vous reconnaissez l’âme comme le principe qui pense et qui sent, je ne vois pas ce qui empêche de dire que l’âme est malade lorsqu’elle pense et sent d’une manière absurde40.
Ses autres Romans, le Diable boiteux, le Bachelier de Salamanque, Don Gusman d’Alfarache, sont des imitations de l’Espagnol qui doivent plaire aux lecteurs françois par la morale sensée & libre, & par la critique badine qu’ils renferment.
Et puis encore une petite digression, s’il vous plaît.
Ciceron dit que ce qui leur plaît davantage dans le jeu des comediens, ce sont les gestes simples et naturels.
En effet, quand il ne voulait être qu’homme du monde, il était précisément ce qu’il fallait pour y plaire.
Mais avec ou sans talent, du reste, être un bas-bleu, avoir toutes les affectations du bas-bleu, l’exorbitance insupportable de toutes les prétentions du bas-bleu, l’extravagance de l’orgueil et le pédantisme des connaissances du bas-bleu, entassées, comme des affiquets dans un sac à ouvrage, dans une pauvre mémoire qui en crève ; mais joindre à cet affreux bagage les frivolités de la femme, qui plaisent dans la femme et qui ne sont que des puérilités ridicules dans ce gonflement monstrueux du bas-bleu, voilà le mal !
Ainsi encore, dans le Lieutenant de Rancy, copié sur le héros des Deux amours de Mme Émile de Girardin, la ressemblance de la copie avec l’original est si frappante, que pour désarmer du reproche, Mme de Chandeneux en prévient et s’en vante presque, avec cette incomparable légèreté de conscience qu’ont les femmes (beaucoup plus communistes qu’on ne croit), lorsqu’elles s’approprient les choses qui leur plaisent, si dangereuses qu’elles soient à prendre.
Au lieu de s’astreindre aux conditions de temps et d’espace qui enserrent l’histoire comme la vie, il fait l’aigle, s’abat où il lui plaît, prend l’histoire où il veut la prendre, et procède même méthodiquement, comme Montesquieu, quand il s’agit de la Civilisation occidentale, la seule qu’il sache ou qu’on sache bien, dans l’état actuel des connaissances historiques auxquelles, par son livre, il n’ajoute, certes !
Les pensées achevées n’ont pas besoin d’être belles pour plaire.
Panthéiste poétique, qui n’est ni un philosophe ni un historien et qui croit naïvement faire de la philosophie et de l’histoire, Emerson a couvert de l’éclat d’un talent qui produit l’effet d’un flot pailleté de lumière succédant éternellement à un autre flot pailleté de lumière, un système misérable qui doit plaire aux esprits abaissés d’une génération qui hait toute distinction comme une aristocratie, et aux esprits niais qui ne peuvent se tenir de tendresse et fluent dans la philanthropie.
Il y a dans les constitutions des diverses républiques de ce pays un despotisme de dispositions qui doit plaire à la plupart d’entre eux, hommes de formules, faisant, chacun à sa façon, de la liberté politique un système.
Encore une fois, ceci nous plaît, mais sans nous étonner.
» et de peser le mal et le bien dans cette balance, qui est une balançoire, et qui plaît tant à notre éclectisme corrompu.
De bonne foi sur le fond des choses, mais par cela seul qu’il veut les exprimer de manière à plaire à l’esprit ou à le convaincre davantage, l’écrivain calcule ses effets pour ses livres comme le comédien pour la scène, — et ceux-là, parmi les écrivains, qui passent pour les plus inspirés, sont ceux dont le calcul est le plus rapide mais n’en est pas moins du calcul.
Du reste, il n’y a pas que ce beau langage, à triple détente ou à triple illusion, qui fait croire peut-être aux savants qu’ils sont des poètes, — aux poètes qu’ils sont des savants, — et aux ignorants sans imagination (la foule) qu’ils sont des poètes et des savants tout à la fois, — il n’y a pas que cette langue confuse, qui plaît aux esprits troublés dont elle augmente le trouble, avec quoi l’on puisse expliquer la popularité de Humboldt et le prosternement général devant son génie.
Il n’y avait que la chanterelle de l’ironie sur laquelle il jouait avec un archet de fils d’acier fin, et c’est cette chanterelle, qu’on entend perpétuellement dans sa correspondance, et qui plaisait tant à Lord Byron, lequel savait jouer aussi sur cette chanterelle, mais avec un bien autre archet !
… Et c’est là ce qui me plaît et m’attire dans ces lettres.
Il a toujours, quand il lui plaît, Dans la balle d’un pistolet La clef de sa métamorphose !
Toutes ces titubations, ces chancellements, ces allées et venues d’une science éperdue et incertaine, n’empêcheront pas que ces Époques de la nature ne soient un monument littéraire, au pied duquel elle peut, s’il lui plaît, s’agiter !
Elle doit lui plaire, par son apparente simplicité de point de vue et de déduction, et la faire trembler, par les connaissances terribles qu’elle exige… Or la pensée publique, en France surtout, ressemble aux femmes, qui doivent toujours un peu trembler pour bien nous aimer.
Du reste, il n’y a pas que ce beau langage, à triple détente ou à triple illusion, qui fait croire peut-être aux savants qu’ils sont des poëtes, — aux poëtes qu’ils sont des savants — et aux ignorants sans imagination (la foule) qu’ils sont des poëtes et des savants tout à la fois, il n’y a pas que cette langue confuse qui plaît aux esprits troublés, dont elle augmente le trouble, avec quoi l’on puisse expliquer la popularité de Humboldt et le prosternement général devant son génie.
ce qui me plaît suprêmement dans le livre de Caro, ce qui lui donne une portée que je veux mesurer, c’est que son auteur n’y est pas expressément catholique une seule fois.
Cette recherche du travailleur, de l’homme à la lampe, du limeur, du picoreur de fleurs grecques, peut plaire aux pédants, aux Scaliger de la Critique, mais enlaidit pour nous Chénier.
De Vannes, où il avait fait ses études, il vint à Paris, et quoique Anatole France ait de la fatuité pour lui et prétende que sa jeunesse et sa figure y plurent à quelques femmes, qu’il ne compromet pas, du reste, en les nommant, Le Sage prosaïsa bientôt sa vie dans le mariage et s’empêtra d’une femme qu’il épousa par amour.
S’il se plaît encore aux digressions, il sait où il va pourtant, et il y va sûrement, encore que paresseusement, s’arrêtant plutôt que s’égarant en chemin. […] La raison, au théâtre, c’est de plaire. Racine, Molière, tout le monde vous le dira Et comment plaire au public de 1630 ? […] Le finaud n’a eu garde de prendre le ton du monde où il s’insinuait : il l’avait quand il voulait ; mais, à l’ordinaire, il aimait mieux retenir, pour continuer à plaire, sa trivialité salée, par laquelle il avait commencé à plaire. […] Alberoni plut à Vendôme, entra dans sa maison, obtint pension de Louis XIV ; en 1708, le 7 février, il annonça au comte Rocca qu’il ne demanderait plus d’argent en Italie.
Il a tiré le plus grand parti de circonstances singulièrement convenables pour ses moyens et ses vues, du dégoût général de la popularité, de la terreur des émotions civiles, de la prépondérance rendue à la force militaire, où il porte à la fois le génie qui dirige les troupes et le ton qui leur plaît ; enfin, de la situation des esprits et des partis qui laissait craindre aux uns la restauration des Bourbons, aux autres la liberté publique, à plusieurs l’influence des hommes qu’ils ont haïs ou persécutés, à presque tous un mouvement quelconque, et l’obligation de se prononcer. […] A Dieu ne plaise que je cherche à appuyer l’horrible accusation de complicité avec Robespierre, dont il est si justement indigné ! à Dieu ne plaise que je me permette d’y croire ! […] il y a de l’instinct. » Dans les dîners, quand il le voulait et qu’il n’y avait pas de mauvais visage qui le renfonçât, il était le plus charmant convive, et soigneux même de plaire à tous.
Hiver, tu me plais ! […] Philoméla, œuvre de jeunesse, est de leur âge à eux ; ils s’y retrouvent, ils s’y reconnaissent, parce que j’étais alors ce qu’ils sont aujourd’hui ; ce sont des nouveau-nés qui se plaisent à mes bégaiements. […] Après avoir flanqué une gifle à ce jeune gentleman qui m’avait bousculé dans la foule, j’observai sa mine éveillée qui me plut, et je lui ouvris de plus belles destinées en lui offrant d’être mon valet de chambre. […] Né sous le ciel chaud de Cuba, ce qui lui plaît et ce qu’il vous offre, ce sont de farouches floraisons de couleurs. […] Les festins te plaisaient après les chocs d’épées ; Tu domptais, jeune dieu !
Les livres nés de cette race ne m’ont jamais plu et ne peuvent me plaire, puisque j’appartiens à l’autre. […] L’inqualifiable style de Ludine serait un affublement pour plaire à quelqu’un de ravagé. […] Paroles fortes qui m’attirèrent le plus extrême mépris, je me plais à le reconnaître. […] Ce qui lui plaît par-dessus tout, c’est de salir l’innocence. […] Il plut à M.
… Ils sont très heureux… Ils ont tout, de bons salaires, de bons logements, même le droit de se mettre en grève, quand cela leur plaît… Ils peuvent économiser et devenir capitalistes, comme tout le monde… Que pourraient-ils demander de plus ? […] Ernest La Jeunesse, Les Nuits et les ennuis, un accent de lyrisme et d’ironie spadassine, d’aucuns disent héroïque, qui le distinguait vraiment des autres livres et qui me plut fort. […] Enfin, les vieilles légendes dont on crucifia jadis l’auteur du Désespéré, et qui semblaient dormir dans les poussières des salles de rédaction, chacun se plut à les réveiller. […] Il frappe, il plaît, il épouvante et il charme. […] Si j’étais critique, ou, à Dieu ne plaise, psychologue, j’appellerais cette imagination une imagination déductive.
Albalat se plaît à réfuter l’opinion de M. […] Si le secret d’ennuyer est le secret de tout dire, le secret de plaire est le secret de dire tout juste ce qu’il faut pour être, non pas même compris, mais deviné. […] Les mots sont des sons nuls que l’esprit charge du sens qu’il lui plaît : il y a des rencontres, il y a des accords fortuits entre tels sons et tels idées ; il y a frémir, frayeur, froid, frileux, frisson. […] Celles qui me plaisent, je les garde dans ma tête et je les fredonne, à ce que du moins m’ont dit les autres. […] L’avenir sera ce qu’il lui plaira ; ce qui est hors de notre influence et de notre raison ne doit pas nous intéresser fortement.
— Mais, Monsieur, lui répondit Vigny avec son plus beau sourire, mais, Messieurs, pour vous plaire. […] Il plut, amusa, étonna. […] Voilà ce qui plaît aux Français et ils feraient volontiers une révolution pour déranger encore M. […] Les âmes délicates et attentives se plaisent mieux à ce qui fut qu’à ce qui est. […] Le tumulte l’effarouche, la paix seule et la solitude lui plaisent.
Il se plaît à heurter le mot trivial contre le mot noble. […] Elle croit lui plaire en lui parlant de son trône à reconquérir. […] C’est l’éclat et le fracas qui plaisent surtout dans le Midi. […] Il faut du style pour lui plaire. […] Vous plaît-il que nous examinions et les roulettes et la femme ?
Adieu, mon bon ami, plût à Dieu que je pusse vous voir aussi souvent qu’on le croit ! […] Alfred de Vigny, en ceci et ce jour-là supérieur par le cœur (je me plais à le reconnaître), m’écrivait : « Je rentre ce soir : j’étais sorti après avoir lu et relu votre poëme tout haut… Je viens de lire votre préface : elle m’a profondément affligé pour vous.
On se plut même et on applaudit aux singularités les plus passées de ce langage héroïque ou amoureux, comme à de belles modes du temps de MMes de Longueville ou de La Vallière ; on aima jusqu’au parfait amant et jusqu’à l’adorable furie, tout comme on aime des meubles de Boule. […] » — « C’est moi, monsieur, répliqua-t-elle en se retournant brusquement dans le couloir, son petit cabas à la main, c’est moi-même ; mais donnez-moi donc deux sous pour m’acheter de la galette, s’il vous plaît. » Et voilà pourquoi, entre autres motifs à l’appui, elle eut toute raison, l’autre soir, de reparaître dans le personnage de l’illustre infortunée à qui elle avait dû une joie d’enfance ; voilà pourquoi elle eut raison de vouloir dire, aux applaudissements de tous, ce mot de fierté qu’elle relève si bien : Si le Ciel était juste, indigne souveraine, Vous seriez à mes pieds, et je suis votre reine.
Poète d’esprit plutôt que de génie et de grand talent, mais tout plein de grâce et de gentillesse, qui n’a point la passion, mais qui n’est pas dénué de sensibilité, il a des manières à lui de conter et de dire, il a le tour ; c’est déjà l’homme aimable, l’honnête homme obligé de plaire et d’amuser, et qui s’en acquitte d’un air dégagé, tout à fait galamment. Qu’on relise ses deux ou trois charmantes Épîtres, il n’y a pas d’ode, d’épopée, de grands et sublimes vers qui puissent empêcher cela d’être agréable et joli, et de plaire à des Français.
En tout sujet, il garde cette suprême discrétion, cet art d’indiquer sans appuyer, ces réticences, ce sourire qui ne va pas jusqu’au rire. « Dans ma Défense de l’Esprit des lois, disait-il, ce qui me plaît, ce n’est pas de voir les vénérables théologiens mis à terre, c’est de les y voir couler tout doucement. » Il excelle dans l’ironie tranquille, dans le dédain poli463, dans le sarcasme déguisé. […] Il n’y eut jamais d’écrivain qui ait possédé à un si haut degré et en pareille abondance tous les dons du causeur, l’art d’animer et d’égayer la parole, le talent de plaire aux gens du monde.
CXXVI Ce fut ainsi jusqu’à l’approche de mes quatorze ans ; jusque-là, ni moi ni lui nous n’avions senti le moindre ombrage l’un de l’autre ; nous nous regardions tant qu’il nous plaisait dans le fond des yeux, sans que le regard de l’un troublât le moins du monde l’œil de l’autre, pas plus que le rayon de midi ne trouble l’eau de la grotte quand il la regarde à travers les feuilles du frêne, et qu’il la transperce jusqu’au fond, sans y voir seulement sombrir autre chose que son image. […] Enfin, ce fut une inspiration de quelqu’un de ces chérubins qu’on voit jouer de leurs harpes dans les voûtes peintes du dôme des églises, sans doute, preuve que le ciel même se plaît à la musique des pifferari, qui jouent le mieux la prière de leurs cœurs, des pauvres vieillards ou des pauvres enfants, sur leurs instruments.
Tandis que le poème héroïque s’évanouit pour plaire aux nobles dans la chevalerie carnavalesque des Vœux du Paon, il aboutit quand on s’adresse a la roture, à la chevalerie joviale de Baudouin de Sebourc, cette sorte de Du Gueselin vert-galant, à qui sa bravoure enragée contre la féodalité et la maltôte tient lieu de toutes vertus. […] La grande règle de la rhétorique naturelle, c’est de plaire et de toucher : pour cela les prédicateurs ramassent de tous côtés ce qu’ils croient de nature à intéresser, même à amuser l’auditeur.
Commynes, né serviteur et devenu favori du duc Charles, reçoit une pension de Louis XI : la position lui plaît ; il continuerait volontiers ce service en partie double, avec doubles honoraires, si le roi de France, qui a besoin d’un tel esprit, ne lui mettait le marché à la main. […] Il faut ajouter, pour être juste, que cette haute théorie sert à Commynes pour légitimer le succès, et engager les battus à se trouver contents : dans le jeu des empires, Dieu fait sortir les coups qu’il lui plaît ; réclamer serait sacrilège.
Sans être précisément jolie, Ondine était d’une physionomie douce, « avec le regard un peu maladif. » Elle était, comme sa mère, réfractaire à la toilette. « Mme Valmore avait la parole un peu traînante et larmoyante, sa fille avait plus de décision et de netteté dans la repartie ; elle plaisait au premier abord. » En 1842, je pense (elle avait alors vingt et un ans), Ondine entra comme institutrice dans un pensionnat de demoiselles qui était situé rue de Chaillot. […] L’auteur de Joseph Delorme et des Consolations, l’ami de la poésie lakiste et des nuances morales gris-perle, devait se plaire dans ce monde modeste, gracieux avec décence, un peu mélancolique au fond, de jeunes institutrices.
Nul n’est plus exempt de parti pris, de passion, d’intolérance, de snobisme, de cabotinage, ni moins possédé (dans ses grandes études) par le désir de plaire. […] * * * Il avait contre lui, à l’origine, je ne sais quelle apparence de jeune parlementaire poussé en serre chaude, de député mondain, recherché des « salons », et dont les discours — déjà très substantiels pourtant — plaisaient comme de jolies conférences.
Les événements artificiels, les incidents extraordinaires, plaisent à l’imagination des jeunes gens ; les fautes spécieuses, les impropriétés cachées, échappent à leur insuffisante connaissance de la langue. […] Ducis se plaît dans les contrastes des passions mélancoliques et sombres du Nord et des mœurs primitives de l’Orient.
Il nous plaît de hurler le chant horrifique, et de dire les sorts que notre troupe distribue aux hommes. […] Celui qui engendre, c’est le père ; la mère reçoit ce germe, et elle le conserve, s’il plaît aux dieux. » Eschyle n’a pas inventé ce sophisme ; Anaxagore le professait avant lui ; Euripide, dans sa tragédie d’Oreste, l’a repris avec une choquante insistance.
Et sa virtuosité est telle qu’il se plaît, dans le Dialogue de Monos et Una, au tour de force de dégrader, par d’infinies atténuations, la vie cérébrale d’un mort récent, de sa plénitude au néant. […] Évidemment dans l’esprit de cet homme, les images ne se suivaient ni ne se coordonnaient à l’imitation de la réalité ; par un dérèglement léger qui, grossi et constant, serait celui de la manie, elles se succédaient parfois sans ordre, automatiquement ; ou bien Poe, écartant volontairement les chaînons intermédiaires, se plaisait à joindre les termes extrêmes d’une série d’images conséquentes.
D’un bout à l’autre de ce terrible jardin, une chaleur morne couve à la fois la pourriture et les parfums pénétrants qui se confondent, en sorte que les parfums révoltent et que les sens étonnés ont peur de se plaire à l’infection. […] On ne pourrait pas dire aujourd’hui quel tort a fait à la littérature, à la langue, combien d’intelligences, de talents a viciés cette préoccupation de plaire à toutes les classes et à tous les âges.
Parmi ce que de gens sur la terre nous sommes Il en est peu qui fort souvent Ne se plaisent d’entendre dire Qu’au livre du Destin les mortels peuvent lire. […] « Ceci ne me plaît pas, dit-elle aux oisillons : Je vous plains : car pour moi, dans ce péril extrême, Je saurai m’éloigner, ou vivre en quelque coin.
Ce n’est pas seulement aux nobles et aux chevaliers qu’il s’adresse : Je demande aussi à tous ceux qui savent les noms de plusieurs simples soldats que j’ai marqués comme j’ai pu, pour avoir commencé l’impulsion dans un combat, servi de guide à une brèche, ou mis le premier le genou sur les créneaux ou retranchements, qu’il leur plaise m’aider de tels noms sans avoir égard à la pauvre extraction et condition ; car ceux-là montent davantage qui commencent de plus bas lieu.
Je ne prétends pas ici traiter la question dans son étendue, ni même l’effleurer, n’étant pas de ceux qui se plaisent à soulever de telles discussions rétrospectives, et je n’ai pas oublié d’ailleurs qu’à défaut d’un gouvernement alors selon nos vœux, il y a eu pour les esprits des saisons bien brillantes : mais ce qu’il faut bien dire quand on vient de parcourir le tableau fidèle de cette première Restauration, c’est que je ne crois pas qu’il se puisse accumuler en moins de temps plus de fautes, de maladresses, d’inexpériences, d’offenses choquantes à la raison, à l’instinct, aux intérêts d’un pays, ni qu’on puisse mieux réussir (quand on y aurait visé) à établir dans les esprits, au point de départ, la prévention de l’incorrigibilité finale des légitimités caduques et déchues, de leur incompatibilité radicale avec les modernes éléments de la société, et de leur impuissance, une fois déracinées, à se réimplanter et à renaître.
Joubert y est guidé pas à pas, étape par étape ; cette lettre n’est plus seulement d’un général en chef qui lui donne des ordres, mais d’un maître qui se plaît à l’initier au grand art.
C’est quand vous êtes dans ces tons justes que vous me semblez le plus vous-même, et qu’il me plaît surtout de vous reconnaître.
Clair, à l’ombre, épandu sur l’herbe qui revit, Tu me plais, doux poëte au flot calme et limpide !
Le Comme il vous plaira de Shakspeare, cueilli au tronc de ce grand chêne, est devenu, aux mains de M. de Musset, la tige gracieuse et féconde de tout un petit genre de proverbes dramatiques, mêlés d’observation et de folie, de mélancolie et de sourire, d’imagination et d’humeur 74 ; nous avons eu par lui un aimable essaim de jeunes sœurs françaises de Rosalinde.
Quand on additionne ainsi toutes les dissidences de détail, on est effrayé sur l’ensemble ; mais c’est une mauvaise méthode et trompeuse, en pareil cas, que d’additionner. « Il n’y a point, a dit La Bruyère, d’ouvrage si accompli qui ne fondît tout entier au milieu de la critique, si son auteur voulait en croire tous les censeurs qui ôtent chacun l’endroit qui leur plaît le le moins. » Ainsi l’Iliade tout entière, y compris l’auteur, fondit un moment sous le nombre des coups de crayon retrouvés ; et pourtant elle subsiste.
. — Qui nous raconte cela, s’il vous plaît, sur ce ton de badinage ?
Mais, voyez le paradoxe, nous ne nous plaisons à chercher le général que dans les œuvres les plus puissamment singulières, et pour elles autant que par elles.
Mais j’en reviens toujours là : la poésie ne me plaît au théâtre que si elle a les qualités exigées pour le théâtre, si elle est en situation, si elle exprime des sentiments qui touchent, si elle va au cœur.
En résumé, ce qui me plaît avant tout dans votre volume, c’est que l’art y prédomine.
Alors on peut se plaire dans Gautier, mais il y a mieux.
Un intuitif de goût peut d’ailleurs ne les apercevoir point et ne se point plaire à Paul Adam.
Je me disais que le vieux manuscrit serait publié après ma mort, qu’alors une élite d’esprits éclairés s’y plairait et que, de là peut-être, viendrait pour moi un de ces rappels à l’attention du monde dont les pauvres morts ont besoin dans la concurrence inégale que leur font, à cet égard, les vivants.
Sainte Eulalie, fascinée par le charme de l’ascétisme, s’échappe de la maison paternelle ; elle prend le premier chemin qui s’offre à elle, erre à l’aventure, s’égare dans les marais, se déchire les pieds dans les ronces Elle était folle, cette fille Folle tant qu’il vous plaira.
Réunis en chambrées de dix et vingt personnes, les pèlerins envahissaient tout et vivaient dans cet entassement désordonné où se plaît l’Orient 608.
» Et puis, est-il si rare qu’un artiste se pare et se farde pour le public auquel il veut plaire ?
Pour lui, la réflexion est un état contre nature ; il écrit cette phrase énergique : « L’homme qui médite est un animal dépravé. » Il se plaît à railler la raison, à l’humilier, à la fouler aux pieds ; il proclame la royauté, que dis-je ?
Mais, pour plaire à certains Esprits, devions nous manquer au Public & à l’équité ?
Eugène Montfort a prononcé des mots d’une force et d’une tendresse peut-être plus pures encore : « Puisqu’on ne se plaît plus à l’église, a-t-il écrit au cours de l’Essai sur l’amour, je voudrais qu’aujourd’hui la voix du poète — comme autrefois celle des cloches — sonnât dans toutes les âmes ; je voudrais qu’elle les réunît, elle aussi, dans un vol unanime ; je voudrais qu’elle les fît vivre ensemble dans ce temple incommensurable qu’est le monde. » Voilà l’expression positive de nos pensées.
L’Opéra-Comique représente ce genre moyen cher à l’esprit français, dans lequel la musique se mêle au drame selon une mesure qui plaît à notre organisation et que l’on goûte sans étude et sans effort ; c’est un genre particulièrement agréable, qui refleurit à chaque saison et qu’il est naturel de maintenir.
Il put y faire entendre en toute franchise les accents les plus passionnés pour cette liberté dont l’amour fut le seul excès de sa jeunesse ; il put y développer sans interruption ses théories absolues, qui eussent fait frémir dans une autre bouche, mais qui plaisaient presque dans la sienne.
La contemplation du passé dans les monuments qui meurent, le calcul de l’avenir dans les résultantes probables des faits vivants, plaisaient à son instinct d’antiquaire et à son instinct de songeur.
Rossi, M. de Sismondi, M. de Tocqueville, le premier se rattachant à l’école doctrinaire, le second à l’école libérale, le troisième à l’école démocratique, mais tous trois avec indépendance, et plus soucieux de s’entendre avec eux-mêmes que de plaire à telle secte ou à tel parti.
je ne connais pas de sujet de fable moins fait pour plaire à La Fontaine que celui-ci.
Cet auteur en conseillant aux orateurs de bien examiner quels sont leurs talens naturels, afin de prendre un goût de déclamation convenable à ces talens, dit qu’on peut réussir à plaire avec des qualitez differentes.
Vous réfléchissez là-dessus et vous vous dites : « Mais… plût à Dieu !
De même (je préviens tout de suite qu’ici les membres de phrases sont plus courts) : « Celui qui règne dans les Cieux et de qui relèvent tous les empires, | à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance, | est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois | et de leur donner quand il lui plaît de grandes et terribles leçons. | Soit qu’il élève les trônes, soit qu’il les abaisse, | soit qu’il communique sa puissance aux princes, soit qu’il la retire à lui-même et ne leur laisse que leur propre faiblesse, | il leur apprend leurs devoirs d’une manière souveraine et digne de lui. | Car en leur donnant sa puissance, il leur commande d’en user comme il fait lui-même pour le bien du monde, | et il leur fait voir en la retirant que toute leur majesté est empruntée | et que pour être assis sur le trône | ils n’en sont pas moins sous sa main et sous son autorité suprême », Nous avons ici des membres de phrase presque toujours de dix-sept, dix-huit, dix-neuf ou vingt syllabes, donc presque égaux, plus égaux que dans le précédent exemple, et, puisque en même temps ils sont plus courts, obéissant à un rythme plus marqué ; la phrase est essentiellement nombreuse.
Ce qu’il lui faut, c’est qu’on sache qu’elle a fait ce livre, — ce misérable livre où jusqu’à la personnalité du souvenir a été effacée, — et de pouvoir dire cependant, si cela lui plaît, qu’elle ne l’a pas fait.
Le capitaine d’Arpentigny peut, avec ce style-là, être chiromancien tout à son aise, il peut être nécromancien, il peut être astrologue, il peut être tout ce qu’il lui plaira.
Ce fut là certainement, du moins pour moi, l’époque qui plaît le plus de sa vie, le moment où il déploya le mieux les qualités (sans inconvénient encore !)
Je ne puis entrer dans le détail des faits entassés dans cette histoire, et dont l’auteur fait converger la lumière et les influences, avec le calcul et l’œil d’un pointeur, là où il lui plaît qu’elles convergent.
Qu’elle soit ignorante ou cultivée, passionnée ou vertueuse, la femme, chez lui, ce n’est jamais que l’éternelle candeur allemande, — cette candeur qui nous plaît, à nous autres Français, parce qu’elle nous change et contraste avec nos faiseuses d’addition et de soustraction en amour !
Ils ont retranché l’âme pour lui plaire davantage, et ils l’ont retranchée en vain !
Toutes exécutions qui plaisent à ce siècle, fou d’histrionisme et essentiellement comédien.
Je vous félicite donc, ô vous braves guerriers pendant la vie, ombres sacrées après la mort, je vous félicite de ce que votre valeur ne pourra être mise en oubli, ni par votre siècle, ni par la postérité, puisque le sénat et le peuple vous dressent, pour ainsi dire, de leurs propres mains, un monument immortel ; jamais un tel honneur n’a été rendu à aucune armée, et plût aux dieux que nous pussions faire davantage !
» Avec cela le désir de plaire, de séduire, la folie de promettre, un mépris presque oriental de la femme, et une aptitude au mensonge qui vient d’une imagination débordante, d’une incontinence de parole bien plus que d’une âme fausse et à combinaisons. […] Cet exercice lui plaisait surtout parce qu’ayant deux heures à tuer, entre la sortie de son bureau et son repas, il évitait ainsi de rentrer chez lui, de demeurer tout botté, tout habillé, consultant sa pendule, attendant l’heure du dîner. […] à faire des paysages à l’aquarelle qui lui plaisaient beaucoup. […] Comment il arriva que cette poupée me plut, je ne sais. […] Il y a quelque chose de touchant à voir cet enfant de seize ans, au milieu d’une armée nécessairement licencieuse, à côté d’un père qui lui donnait de tout autres exemples, tenir ferme et rester fidèle à ses principes, tout en essayant de plaire à tous. « Ah !
Le commentateur du Grant testament se plaît mieux sur le boulevard Saint-Michel, dans le café où il rencontrera un nouveau Villon. […] Byvanck a trop d’esprit pour ne pas se plaire au Chat-Noir. […] Il demande à la société de ne lui répondre que là où il lui plaît de toucher ses cordes. […] Enfin, ceci n’est rien ; puisqu’il y a des amateurs de ce genre, ils ont le droit de s’amuser comme il leur plaît, — nous sommes tous égaux. […] » — « Un moment, s’il vous plaît !
Il s’endort le soir, en se demandant ce qu’il fera le lendemain pour se rendre agréable à lui-même ; il s’étudie à se plaire. […] La liberté qu’on a laissée à la population de s’organiser en cortège comme elle l’entendait, au lieu de lui distribuer des rôles comme cela se serait fait chez nous, me plaît beaucoup aussi. […] En général, on se plaît à rappeler, à cette occasion, l’instabilité des choses de ce monde et les caprices étonnants du sort. […] ne défendez plus comme cela l’esprit français, s’il vous plaît ! […] Ruffini des chapitres remplis d’observations fines et d’analyses délicates, et il y a de certaines échappées de vue sur la vie italienne, au début du roman, qui sont charmantes ; mais, malgré tout, Lavinia me plaît moins que ses devanciers.
Un roi patriote et un peuple agissant pour plaire à son roi, par honneur, voilà un Etat qui marche bien. […] Et plût à Dieu qu’il n’y eût jamais de bon bourgeois infatué de ses disputes ! […] — Le Sauvage : L’intérêt public. — Le Bachelier : Ce mot dit beaucoup ; nous n’en connaissons pas de plus énergique : comment l’entendez-vous, s’il vous plaît ? […] Que s’il y avait des incrédules intolérants qui voulussent forcer le peuple à ne rien croire, je ne les bannirais pas moins sévèrement que ceux qui veulent forcer à croire tout ce qui leur plaît. […] Je vous exhorte à méditer ce projet qui doit plaire au moins à votre âme.
S’il me plaît, je te mangerai et, s’il me plaît, je te lâcherai. » Hésiode fut révolté. […] La seconde est un lieu où Dieu châtie les pécheurs le temps qu’il lui plaît. […] Au contraire, Sainte-Beuve ne l’a été ni avant, ni pendant, ni après, et Volupté ne plaira jamais qu’aux amateurs de fruits aigres et d’œuvres curieuses, mais mal venues. […] Mais enfin l’Allemagne n’avait pas joué la comédie pour leur plaire. […] — Quand il vous plaira. — Eh bien !
Toute la partie aristocratique· me plaît. […] c’était le vrai domicile de Villiers de l’Isle-Adam ; il s’y plaisait, il y était comme chez lui ; il y battait la semelle du soir jusqu’au matin ; il connaissait les pires coins de Paris, et il connaissait aussi des secrets qui le rendaient redoutable. […] Ils vous plaisent par l’indécision même de leurs lignes ; ils vous entraînent dans un milieu de rêve, proche voisin de la terre, et qui, cependant, n’est pas tout à fait la terre. […] Fille d’un honnête armateur du Havre, ruinée et orpheline à la fleur de l’âge, recueillie par son oncle l’abbé Ginoux, un bon curé de campagne, elle a fait la conquête d’un jeune homme de bonne famille — un noble, s’il vous plaît ! […] Or, dans ses lettres, ce ne sont que lamentations sur l’ennui de s’absenter de Paris. « On ne s’amuse qu’à Paris, ne me parlez pas des pays barbares. » Et il se plaisait à tel point en ces pays barbares qu’il ne se décidait pas à les quitter.
Renan le paradoxe d’un homme qui se croit méconnu, ou le dandysme d’un raffiné d’amour-propre qui aime à déplaire, comme d’autres aiment à plaire, par coquetterie de singularité. […] Tout, en effet, devait lui plaire de ce romantisme, — et tout lui en plut. […] Créature fine et douce, il éprouve un désir inné de plaire. […] Ce désir de plaire, si humain, si charitable, au plus beau sens du mot, condamnera Frédéric aux amitiés banales, à la dispersion de son temps et de sa fortune, à des soumissions devant qui ne le vaut pas. […] … » Et tout de suite on voudrait lui répondre qu’il n’écrive plus que pour se plaire à soi-même, qu’il suive sa fantaisie, qu’il traduise son âme.
Mais à Dieu ne plaise que jamais il soit entré dans mon esprit et dans mon cœur la pensée vulgaire et coupable de rendre au christianisme le mal qu’on m’avait fait en son nom ! […] Eh bien, moi aussi, à ce spectacle, je remercie la Providence de m’avoir fait naître à une époque où il lui plaît d’élever peu à peu au degré le plus haut de la pensée un plus grand nombre de mes semblables. […] je veux mouvoir mon bras, et je le meus ; je prends telle résolution : cette résolution est exclusivement mienne, je ne puis l’imputer à aucun de vous ; elle m’appartient ; et cela est si vrai, que s’il me plaît, à l’instant même je prends une résolution contraire, je veux autre chose, je produis un autre mouvement, parce que c’est l’essence même de ma volonté d’être libre, de faire ou de ne pas faire, de commencer une action ou de la suspendre ou de la changer, quand et comme il me plaît. […] Pour plaire au petit nombre, il suffit de petites choses : pour plaire aux masses, il en faut de grandes. […] À la bonne heure ; mais il ne s’agit pas de plaire en semblable matière, il s’agit d’instruire et d’éclairer.
Une bouche discrète, au sourire prudent, Un parler sobre et froid, et qui plaît cependant ; Une voix douce et ferme, et qui jamais ne tremble, Et deux longs sourcils noirs qui se fondent ensemble. […] Il y a des gens qui trouveront que vous n’auriez pas dû vous consoler sitôt ; gens égoïstes, il est vrai, qui se plaisent aux souffrances des hommes d’un beau talent, parce que, disent-ils, la misère, la maladie, le désespoir, sont de bonnes muses. […] Le sujet de vos divers morceaux plaira peut-être moins à ceux qui vous ont le plus applaudi d’abord ; il n’en sera pas ainsi pour ceux d’entre eux qui sont sensibles à tous les épanchements d’une âme aussi pleine, aussi délicate que la vôtre.
Si je plaisais à Mme de Mortsauf, elle ne pourrait pas en vouloir à celui qui m’avait introduit chez elle. […] Aussi plaisait-elle sans artifice, par sa manière de s’asseoir, de se lever, de se taire ou de jeter un mot. […] Je fus d’une lâcheté glorieuse : je m’étudiais à plaire au comte, qui se prêtait à toutes mes courtisaneries ; j’aurais caressé le chien, j’aurais fait la cour aux moindres désirs des enfants ; je leur aurais apporté des cerceaux, des billes d’agate ; je leur aurais servi de cheval, je leur en voulais de ne pas s’emparer déjà de moi comme d’une chose à eux.
Puisque vous l’avez décidé, et qu’il vous plaît que les choses soient ainsi, c’est à moi d’obéir. » « Après cette réponse, Harpagus alla prendre l’enfant condamné à périr, qu’on lui remit paré de langes magnifiques, et l’emporta en pleurant. […] Harpagus répond froidement qu’il le connaît, mais qu’il devait trouver bien tout ce qu’il plaisait au roi de faire. […] Comme roi et général, je pense qu’il est dans l’ordre que vous ayez affaire à un autre roi et à un général : d’abord, parce que, si vous faites tomber sous vos coups un homme aussi distingué, une grande gloire vous en restera ; et ensuite, parce que, s’il doit l’emporter sur vous, ce qu’aux dieux ne plaise, périr sous le fer d’un semblable adversaire est un malheur moins grand de moitié.
Gérôme qui dîne avec nous, à la veille d’un départ pour Constantinople, me plaît, lui, avec son physique énergique, sa figure cabossée, son regard au grand blanc, enfin par toute cette physionomie, qu’on dirait la physionomie d’un talent farouche. […] Hier, c’étaient des auvergnats, des ferrailleurs, des Vidalenc en un mot, aujourd’hui ce sont des messieurs, habillés par nos illustres tailleurs, achetant et lisant des livres, et ayant des femmes aussi distinguées que les femmes les plus distinguées : — des messieurs, s’il vous plaît, donnant des dîners, servis par des domestiques en cravate blanche. […] Il fait un coloré et spirituel portrait de Royer-Collard : « Un œil très fin, très malin, sous un épais sourcil, un œil embusqué sous une broussaille, le bas de la figure disparaissant dans une cravate, qui montait parfois jusqu’au nez, au dos une grande redingote du Directoire, et toujours les bras croisés et la tête renversée en arrière… « Il m’avait déclaré qu’il avait lu mes livres, que les uns lui plaisaient, les autres non, mais qu’il ne voterait pas pour moi, parce que j’apporterais une température qui changerait le climat de l’Académie… Je vous l’avoue, j’aimais aller à l’Académie, les séances du dictionnaire avaient un intérêt pour moi ; je suis très amoureux d’étymologies, charmé par ce qu’il y a de mystère dans ces mots de subjonctif, de participe… J’étais assidu autour de cette table, où juste en face de moi, comme vous l’êtes, monsieur de Goncourt, j’avais Royer-Rollard.
Ce qui me plaît le plus en chaque être, c’est ce qui dépasse l’instant précis où je le saisis, ce qui me reporte par-delà et en deçà, ce qui m’introduit dans sa vie propre. […] C’est un art d’hallucination, très propre à plaire aux enfants, aux peuples enfants, ou même, de nos jours, aux imaginations surexcitées. […] Dans le domaine de la qualité, l’art est partagé entre deux tendances. : la première porte l’artiste vers les harmonies, les consonances, tout ce qui plaît aux yeux et aux oreilles ; la seconde le pousse à transporter dans le domaine de l’art la vie sous tous ses aspects, avec ses qualités opposées, avec tous ses heurts et toutes ses dissonances.
La fusion de la langue dite poétique et de la langue de la prose, qu’ont poursuivie et accomplie le romantisme comme le naturalisme, n’a pas pour objet d’introduire dans les idées le vague poétique qui plaisait tant au siècle dernier, mais bien de rendre avec fidélité toutes les idées et tous les sentiments dans ce qu’ils ont de plus particulier et de plus nuancé ; on cherche le mot qui peut évoquer le plus immédiatement l’idée et on s’en sert sans scrupule, on pense poétiquement et c’est pour cela que la poésie a pénétré la prose. […] Ces retours plaisent comme des ondulations, et aussi comme un écho de ces vagues refrains qui semblent passer sur les choses. […] Quand Boileau rime richement, il n’en est pas plus poète : Au pied du mont Adule entre raille roseaux, Le Rhin tranquille et fier du progrès de ses eaux… …… En ce moment il part, et couvert d’une nue, Du fameux fort de Skink prend la route connue… Ce dernier vers devait plaire à Gautier, à cause du fort de Skink, qui n’est pas sans rappeler le piton de Zoug.
Voici le texte de Xénophon : « Bon nombre de ses familiers étaient avertis par lui de faire telle chose, de ne pas faire telle autre, suivant ce que d’avance lui signifiait le divin, et ceux qui l’ont cru s’en sont bien trouvés, ceux qui ont négligé ses avis ont eu lieu de s’en repentir. » Ce qui suit nous renseigne sur le genre d’autorité que Socrate attribuait à ses conseils : « Socrate eût passé pour imposteur et insensé si, annonçant certaines choses comme révélées par un dieu, il eût été convaincu de mensonge ; il est donc clair qu’il n’eut pas fait de prédictions, s’il n’eût pas eu la confiance qu’il disait vrai191. » Et dans l’Apologie : « Ayant annoncé à bon nombre de mes amis les desseins du dieu, jamais je n’ai été convaincu de mensonge192. » Dans les passages de Platon que nous allons citer, il ne faut retenir que la définition, et négliger le fait particulier à propos duquel intervient le signe démonique ; Platon, bien certainement, n’a pas inventé ce signe ; il le décrit même avec plus de précision que Xénophon, et, sans doute, avec plus d’exactitude ; mais il l’évoque quand il lui plaît, sans souci de la vérité historique. […] La prosopopée des Lois dans le Criton 28 est un des plus célèbres exemples de cette figure aujourd’hui passée de mode ; elle est d’ailleurs entièrement fictive ; Socrate ne fait pas intervenir le signe divin ; par une feinte hautement avouée, il introduit les Lois dans son dialogue, à la façon des poètes tragiques qui font descendre du ciel les divinités pour les besoins de leurs dénouements ; les Lois, dont l’éloquence triomphera de la morale trop facile de Criton, ne sont, il le fait clairement entendre, que la voix de sa conscience individuelle ; mais il se plaît, en orateur habile, à l’incarner dans les institutions d’Athènes, et il prête à celles-ci tout un discours. […] Mais le génie d’une langue a ses mystères ; il est souvent difficile de justifier d’une façon satisfaisante pour l’entendement telle image, que, pourtant, nous comprenons sans peine, et qui, si notre réflexion se tait, nous paraît juste, et non pas seulement gracieuse ou brillante ; il me semble que, parfois, les figures du style plaisent à l’esprit pour plus d’une raison et ne peuvent être rangées exclusivement dans aucune des catégories que distinguent les dictionnaires.
Le romancier pourra multiplier les traits de caractère, faire parler et agir son héros autant qu’il lui plaira : tout cela ne vaudra pas le sentiment simple et indivisible que j’éprouverais si je coïncidais un instant avec le personnage lui-même. […] — Ou bien, le poète, comprenant le danger de ces brusques poussées divinatoires, et qu’à force de concision on risque de s’évader de la sphère de beauté55, prendra par le plus long, se plaira à nous amener peu à peu au sommet de lui-même, sans fatigue, sans dissociations heurtées, évitant les raccourcis trop raides. […] Le titre pédant de mon livre me plaît, me faisant songer aux mystiques, qui ont perçu le ciel à travers eux-mêmes et leur âme, réfléchie par les choses.
C’était dans une de ces maisons amies, où M. de Vigny se plaisait à venir et, comme rassuré sur les affections qui l’entouraient, à se montrer dans le charme original de son naturel. […] Son sujet le possède, l’exalte, l’enivre, l’emporte sur les hauteurs, sur les cimes de l’idée où il se plaît et dont j’aimerais à le voir de temps en temps redescendre. […] Quand il plaît à Béranger, il saisit avec un bonheur inouï cette note du platonisme, qui est le spiritualisme poétisé. […] Et l’on se plaisait à énumérer les rares et extraordinaires bonheurs dont un sort complaisant l’accable. […] Le commencement n’est pas ce qui m’en plaît davantage.
Ils comprennent vite et bien ; ils apprennent avec une facilité merveilleuse tout ce qu’il leur plaît d’apprendre. […] Le Grec est raisonneur encore plus que métaphysicien ou savant ; il se plaît aux distinctions délicates, aux analyses subtiles ; il raffine, il tisse volontiers des toiles d’araignées16. […] On l’y voit s’égayer et rire ; quand il montre Arès surpris auprès d’Aphrodite, Apollon plaisante et demande à Hermès s’il voudrait être à la place d’Arès : « Plût aux dieux, ô royal archer Apollon, que cela arrivât, et que je fusse enveloppe de liens trois fois plus inextricables et que tous les dieux et les déesses le vissent, pourvu que je fusse auprès de la blonde Aphrodite. » Lisez l’hymne où Aphrodite vient s’offrir à Anchise et surtout l’hymne à Hermès qui, le jour de sa naissance, se trouve inventeur, voleur, menteur comme un Grec, mais avec tant de grâce, que le récit du poëte semble un badinage de sculpteur. […] Il me plairait assez de boire pendant que Zeus féconde la glèbe. […] La pastorale à la façon de Théocrite fut dans les pays helléniques une vérité ; la Grèce se plut toujours à ce petit genre de poésie fin et aimable, l’un des plus caractéristiques de sa littérature, miroir de sa propre vie, presque partout ailleurs niais et factice.
Bien qu’il se plût à cette indépendance, elle n’était pas affectée. […] C’est aussi un moyen de plaire, et non le moins sûr. […] On observera seulement que cette santé plairait davantage encore si elle avait la grâce de s’ignorer un peu plus, de ne pas exhiber le biceps et de ne pas médire, comme elle le fait, des complexités de l’intelligence, qui sont elles-mêmes nécessaires à la santé de l’homme civilisé. […] » * * * Lekeu se plut beaucoup dans ce milieu intelligent et animé. […] Son culte de Beethoven, qu’il se plaît à appeler « le vieux », est significatif.
Aussi, qui voudra faire désormais son chemin dans le monde, faudra-t-il qu’avant tout il ait pour lui les femmes, le talent de leur plaire, de les intéresser à sa fortune ou à sa réputation. […] Vous avez dit, non ce que vous aviez à dire, mais ce que vous avez cru qui plairait à vos contemporains. Vous ne vous êtes pas contenté de vouloir leur plaire, mais vous avez imité, vous avez subi, pour leur plaire, des modèles que vous n’aviez point choisis, que vous avez souffert que l’on vous imposât. […] En ce qu’elle a de philosophique, d’abord, — elle substitue dans le jugement des hommes et des choses l’autorité d’un critérium abstrait au sentiment de la diversité des époques ; — elle ramène donc toutes les histoires sur le même plan ; — et par conséquent elle les déforme ou elle les fausse. — Elle ne les fausse pas moins en tant que littéraire ; — si l’importance des événements historiques n’a rien de commun avec l’agrément de la forme dont on peut les revêtir ; — si cette importance, en tout cas, n’a pas pour mesure leur intérêt actuel ; — et si rien d’autre part n’est plus propre à brouiller la signification des temps que le souci de les représenter d’une manière qui plaise à nos contemporains. — Elle a enfin des inconvénients en tant que narrative ; — si le choix des faits à mettre en lumière ne saurait dépendre du caprice de l’historien ; — s’il y a des « matières qui demandent de l’attention » et qu’on ne « puisse pas faire que l’attention ne soit une chose pénible » ; — et s’il n’y a pas enfin en histoire de faits inutiles ou encombrants, — mais seulement des faits dont on n’a pas aperçu la signification. […] VIII]. — Arrivé à Paris le 10 février, il descend à l’hôtel de Bernières ; — où dès le lendemain affluent la ville et la cour, — l’Académie et la Comédie ; — les musiciens et les philosophes ; — l’ancien et le nouveau monde. — Une lettre de Mme du Deffand : « Il est suivi dans les rues par le peuple, qui l’appelle l’Homme aux Calas » ; — et, à ce propos, qu’il y a peut-être quelque exagération dans ce trait ; — comme aussi bien dans la plupart des témoignages contemporains, — qui se plaisent à faire contraster l’enthousiasme de la ville avec la froideur de la cour [Cf.
Enfin, l’impression du premier volume des Mémoires de cette nouvelle compagnie, fut l’époque favorable où il plut au roi de prononcer. […] S’en sente donc, qui voudra, offensé ; Car ceux à qui un tel bien ne peut plaire, Doivent penser, si ja ne l’ont pensé, Qu’en vous plaisant, me plaist de leur deplaîre. […] Il faut convenir que ces idées, dégoûtantes par elles-mêmes, plaisent toujours par l’expression. […] Ils sont néan-moins parvenus l’un & l’autre au même but, qui est de plaire ; mais ils y sont parvenus par des routes différentes ; &, comme on conviendra difficilement laquelle de ces routes est la meilleure, on ne peut mettre en comparaison ces deux poëmes, ni par conséquent décider lequel des deux l’emporre sur l’autre ». […] Il avoit tout pour plaire, un caractère aimable & liant, une figure prévenante, des agrémens infinis dans la conversation, beaucoup d’élevation dans l’ame, l’imagination la plus brillante, une facilité singulière à bien faire des vers.
Nous nous plaisons toutefois à croire qu’il valait mieux que Tiff, car Tiff est certainement ennuyeux. […] Puis vient l’idée constructive, l’emplissage des espaces avec une œuvre qui plaît. […] Le seul fait qu’il n’adresse jamais la parole au public montre combien il est convaincu de cette grande vérité que le but de l’art n’est point de faire paraître la personnalité, mais de plaire. […] Peu d’aise, une froide couche, des nuits sans sommeil, les ordres d’une voix dure, aucune voix qui apaise, qui plaise. […] Sans cela… Es-tu heureux dans la vie, ou te plaît-il de mourir à la fleur de tes jours, quand ta gloire et tes souhaits auraient atteint leur épanouissement ?
Ceux même qui rompirent avec lui, ce chevalier d’Éon, par exemple, qui fut ingrat (ou ingrate) à son égard, ne trouvaient rien à lui reprocher « qu’une coquetterie d’esprit qui voulait plaire à tout le monde ». […] M. de Nivernais ci-devant duc, pair de France, grand d’Espagne, doyen de l’Académie française et de celle des Inscriptions, etc., etc., jouissant de cent mille écus de rente, n’était plus rien, n’avait plus rien, et il chantait, et il se chansonnait lui-mêmeab, il était aimable, il songeait à ses amis, il s’occupait encore à leur plaire, à leur être gracieux.
Car il n’y a de droit que par consentement, et il n’y a ni consentement ni droit d’esclave à maître. « Soit d’un homme à un homme, soit d’un homme à un peuple, ce discours sera toujours également insensé : Je fais avec toi une convention toute à ta charge et toute à mon profit, que j’observerai tant qu’il me plaira et que tu observeras tant qu’il me plaira.
Des dieux auxquels on a cessé de croire, des héros dont les exploits et les amours sont des fables, des mœurs dont les descriptions nous semblent des inventions étranges du poète au lieu du portrait ressemblant de la civilisation que nous avons sous les yeux, tout cela intéresse peu le vulgaire des lecteurs ; le savant seul s’y plaît, mais la foule se détourne et court aux légendes et aux complaintes des chanteurs de rues ; de là un triste abaissement du niveau de l’imagination du peuple. […] « Ils s’en vont tous les deux à pied aux rayons du soleil couchant ; ils causent de la pluie et du beau temps ; ils se plaisent à voir les hautes tiges des blés que le vent incline, et qui, le long du sentier où ils passent, s’élèvent à la hauteur de leurs fronts. » Cependant Dorothée interroge prudemment son nouvel ami sur le caractère de ses parents qu’elle va servir, afin de leur complaire en toute chose.
Les beaux fruits et les belles grappes ornaient la table du dessert ; mais, ce qui nous plaisait davantage, c’était l’accueil si honnête de la maîtresse de la maison et les souvenirs touchants du temps passé qui nous entretenaient de madame de Lamartine, de son mari, de sa fille, et de M. […] On y voyait de longues écuries, pleines autrefois de quatorze chevaux de trait, et maintenant vides ; il n’y avait qu’un vieux cheval de selle irlandais qui vous a servi de cheval de guerre et de triomphe dans les jours sinistres de la guerre civile ; vous lui avez donné les invalides dans un pré voisin, jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de rappeler son âme dans les pâturages ossianiques de la verte Érin, le paradis des braves quadrupèdes.
« Lorsque les sauvages mettent le feu à des cabanes, l’on dit qu’ils se chauffent avec plaisir à l’incendie qu’ils ont allumé : ils exercent alors du moins une sorte de supériorité sur le désordre dont ils sont coupables, ils font servir la destruction à leur usage ; mais, quand l’homme se plaît à dégrader la nature humaine, qui donc en profitera ? […] « Puis de ces hauteurs et de ces mille points de vue spéculatifs et anecdotiques où se plaisait madame de Staël, nous l’avions entendue revenant sans cesse à la France, insistant avec une joie naïve d’amour-propre sur l’ascendant que la paix et la liberté légale allaient rendre à cette terre natale de l’intelligence, disait-elle, à cette métropole des esprits dont la civilisation de l’Europe était une colonie.
Je prie Dieu qu’il me mette remède, ce sera quand il luy plaira, et qu’il vous donne santé et longue vie. […] Songez, Milords, à vos propres serviteurs, à ceux qui vous plaisent le mieux, aux nourrices qui vous ont allaités, aux écuyers qui ont porté vos armes à la guerre ; ces serviteurs de vos prospérités vous sont moins chers qu’à moi les serviteurs de mes infortunes.
Il nous plaisait par son imagination ; mais la Philosophie de Lyon l’irritait ; il ne put s’accoutumer au pain bis de la scolastique il partit. […] Ce dernier opuscule ne lui plut guère.
Vous y trouverez des pantoums malais, des romans chinois, des japonaiseries tant qu’il vous plaira, des souvenirs de Taïti et des pampas, des tableaux vivants de l’Islande glacée et de l’Afrique brûlée. […] Plaire à ceux qui tiennent les cordons de la bourse est, sinon une nécessité vitale, du moins une chance de succès et de vie aisée qu’on ne s’interdit pas de gaité de cœur.
La difficulté du voyage ne fait que piquer la vanité ; la nouveauté de l’installation, éveiller la curiosité ; cette réunion de l’élite des cosmopolites, stimuler le désir de plaire. […] Vous plaît-il que nous énumérions ici quelques-uns seulement des avantages offerts aux Parisiens qui se laisseront tenter par les Buhnenfestspiel de Bayreuth ?
Ainsi, M. de Presles doit donner demain un grand dîner à ses amis du faubourg : Poirier fait monter le cuisinier, — un descendant de Vatel, s’il vous plaît ! […] Il accepte, il fera sa cour, il tâchera de plaire ; et ce n’est pas lui qui s’amusera à éplucher la poule aux œufs d’or.
Le roi se plaît à Madrid… il chasse beaucoup… S.
lui disaient mesdames de Luynes, ces deux nobles et saintes religieuses de Jouarre, après l’avoir entendu ; vous nous tournez comme il vous plaît, et nous ne pouvons résister au charme de vos paroles. » Je ne m’explique tout à fait bien que depuis que j’ai lu l’abbé Le Dieu, la célèbre phrase qui termine l’oraison funèbre du prince de Condé, et dans laquelle, avant d’avoir atteint soixante ans, Bossuet semble renoncer pour jamais aux pompes de l’éloquence.
L’abbé de Saint-Pierre, en négligeant de plaire aux lecteurs, allait donc contre ses principes… Son défaut était moins de nous regarder comme des enfants que de nous parler comme à des hommes. » Que ne connaissait-il mieux les poètes !
Toujours, à l’origine, la foi qui ne doute de rien, la tradition qui se plaît aux habitudes, la routine encroûtée et tenace, se sont opposées à la recherche, et ont lancé d’abord injure et anathème à ceux qui la tentaient : toujours, la découverte une fois démontrée et accomplie, la foi, la tradition vaincues ont dû s’en accommoder, et, reculant un peu, elles ont réparé tant bien que mal leurs lignes rompues, déclarant, toute réflexion faite, que les derniers résultats ne changeaient rien en définitive aux antiques croyances et que, bien au contraire, celles-ci s’en trouvaient confirmées et raffermies.
Non, mais je cherche en toi cette force qui fonde, Cette mâle constance, exempte du dégoût… Il cherche, en un mot, la vertu la plus absente, la qualité la plus contraire au défaut qui s’est trop marqué ; et il se plaît ici, en regard et par contraste, à exposer en disciple d’Hésiode et de Lucrèce, en lecteur familier avec le bouclier d’Achille et avec les tableaux des Géorgiques, l’invention des arts, la fondation des cités, la marche progressive et lente du génie humain, tout ce qui est matière aussi de haute et digne poésie.
Elle lut et relut l’Homère de Bitaubé à neuf ans ; dès cet âge, elle se plaisait à composer des couplets sur des airs qui mesuraient naturellement ses rimes.
Lorsqu’on demandait à Praxitèle lesquels de ses ouvrages en marbre lui plaisaient le plus : « Ce sont, disait-il, ceux auxquels Nicias a mis la main. » Tant, ajoute Pline, il mettait de prix à la préparation de cet artiste.
En nous permettant, même en ce moment, cette libre critique, nous avons voulu témoigner l’entière sincérité de notre jugement et nous maintenir le droit de dire bien haut, comme nous nous plaisons à le faire, que l’histoire de Rosa et Gertrude est une des lectures les plus douces, les plus attachantes et les plus saines qui se puissent goûter.
entre votre Constitution de 1852, et le nouveau régime dont le sénatus-consulte actuel n’est que le premier pas, laissez-les donc dormir ces contradictions, et ne vous plaisez pas à les entrechoquer dès l’entrée de jeu.
Les Athéniens ne cherchaient point à établir une forte garantie dans leur législation ; ils voulaient seulement alléger tous les jougs, et donner aux chefs de l’état le besoin continuel de captiver les citoyens et de leur plaire.
L’amour de la gloire a tant de grandeur dans ses succès, que ses revers en prennent aussi l’empreinte ; la mélancolie peut se plaire dans leur contemplation, et la pitié qu’ils inspirent a des caractères de respect qui servent à soutenir le grand homme qui s’en voit l’objet.
Ils seront ses serfs ; ses mainmortables ; quelque part qu’ils aillent, il aura le droit de les ressaisir et ils seront, de père en fils, ses domestiques-nés, applicables au métier qu’il lui plaira, taillables et corvéables à sa merci, ne pouvant rien transmettre à leur enfant que si celui-ci, « vivant à leur pot », peut après leur mort continuer leur service. « Ne pas être tué, dit Stendhal, et avoir l’hiver un bon habit de peau, tel était pour beaucoup de gens le suprême bonheur au dixième siècle » ; ajoutons-y pour une femme celui de ne pas être violée par toute une bande.
Pourquoi détester chez un poète ce qu’il est permis d’aimer chez une femme : la coquetterie, le désir de plaire se traduisant soit par les petits airs de tête, soit par les indexions de voix câlines et à demi fausses, soit par l’arrangement symétrique et compliqué de petits objets, chiffons, rubans, oripeaux ?
Je ne dépendrai point du regard des hommes, je ne porterai point les fers qu’ils se forgent, & si ma mâle indépendance, offense le vice, qui veut être despote, elle plaira à la vertu qui fait l’homme, en ne s’assujettissant qu’aux Loix.
Des deux sœurs, l’une, nommée Marthe, était une personne obligeante, bonne, empressée 958 ; l’autre, au contraire, nommée Marie, plaisait à Jésus par une sorte de langueur 959, et par ses instincts spéculatifs très développés.
. — « Plût aux dieux, ô Père !
Mais partout ailleurs où il ne sera point question de ce monstrueux mélange, quel inconvénient y a-t-il qu’un poëte, qui cherche à nous instruire ou à plaire, emploie quelquefois, pour parvenir à son but, & la fable & ces fictions ingénieuses, qui, par la vie qu’elles donnent à tout, font plus d’effet souvent que la réalité même ?
La distinction des deux sujets est le seul point fondamental ; quant à la participation de l’un et de l’autre (selon l’expression de Platon), vous pouvez la supposer aussi intime qu’il vous plaira, pourvu qu’elle n’aille pas jusqu’à l’absorption.
Les hommes faits aux champs de bataille ne peuvent plus se plaire aux plates et modestes jouissances de la vie contemplative : il leur faut l’odeur de la poudre et le fracas des glaives.
Ainsi je ne crains point de vous citer quelques ouvrages sur l’Egypte & sur quelques autres parties d’Afrique qui vous plairont plus par les faits que par le style.
L’histoire a été mon coup d’essai : j’en ai fait une ou je m’exprimais librement sur des personnes redoutables : car on m’avait assuré que les traits hardis étaient un moyen sûr de plaire.
Sous un air de facilité et presque d’abandon, sous une simplicité de récit qui fait de l’auteur un Tallemant des Réaux élevé, chez qui la convenance est tempérée par le sourire, et qui veut être reçu chez les honnêtes gens et y plaire, le livre de Renée est conçu avec beaucoup d’art.
L’éditeur anonyme de ce portefeuille de Madame Récamier, trié et surveillé, l’éditeur qui fait la main pieuse, déposant, de nuit, des fleurs sur un tombeau, nous raconte tout ce qui lui plaît sans mettre hardiment, en se nommant, comme il y était tenu, le poids de sa moralité et de son autorité en tête des récits qu’il nous donne et qu’il faudrait appeler, car c’est là leur vrai titre : Souvenirs sur Madame Récamier, par une personne qui l’a bien connue, mais qui n’a pas voulu y mettre son nom.
Il est libre de décréter ce qui lui plaît : son système sera immobile, par définition même, s’il en fait son « système de référence » et s’il y installe son observatoire.
Loin donc de triompher, comme Lucrèce, de la faiblesse de l’homme, de ses souffrances physiques, de son déclin moral, de sa mort successive et complète, elle se plaît à montrer quelque chose au-delà de ces ruines qu’elle décrit : Des mains, dit-il, propres à l’action, sont adaptées au reste du corps ; mais surviennent de rudes accidents qui hébètent l’intelligence.
Chacun d’eux faisait ce qui lui plaisait ; les mœurs républicaines les avaient habitués à n’obéir qu’à leur volonté propre, ou au vote auquel ils prenaient part. […] Ces fictions ôtent le naturel sans apporter l’intérêt, et les raisonnements plairaient mieux sans les raisonneurs. […] « Lorsque tu reviens à la maison, auprès de ta mère, te laisse-t-elle, pour te rendre heureux, faire ce qu’il te plaît de sa laine ou de son métier, si elle travaille ? […] » — Il répond en riant : « Oui, par les dieux, Socrate, puisqu’il est sage tout seul, et ne me fait point part de sa sagesse. — Mais, par Jupiter, si tu lui donnes de l’argent et que tu le persuades, il te rendra sage, loi aussi. — Plût à Jupiter et aux dieux que la chose en fût là ! […] Allons, s’il vous plaît, chez Pierre et chez Paul : ne craignez pas de vous compromettre.
Il plaît particulièrement aux romanciers anglais. […] Et pourtant « il n’est pas de serpent… » et le serpent même de l’allégorie peut plaire. […] Estaunié n’a pas écrit là une œuvre d’analyse personnelle, il n’a point tiré de lui-même, comme Vigny, pour s’en plaindre ou s’y plaire, sa propre solitude. […] Beaucoup se plaisent en M. […] Ou, pour passer à un\ autre ordre de métaphore, ils apparaissent comme les textes d’une inscription quadrilingue que la critique se plaît à traduire les uns par les autres.
Comment donc pourraient-ils plaire, eux que la divine Intuition retient dans la nature, à des intelligences faussées qu’une demi-science jeta dans l’artifice ? […] bien française, soit pour le plus dégoûtant sentimentalisme — ils réduisent les nouveaux venus dans la Littérature à trouver mieux encore — pour plaire ! […] Et puis il y a du vrai même dans les calomnies : il ne dépend pas du poëte que les fables de malheur où il se plaît soient autre chose que des fables. […] Le paysage fit oublier le drame et plut comme le décor naturel et nécessaire du drame de révolte qui se jouait dans toutes les âmes. […] Mais, peut-être, plaît-il de connaître comment les nouveaux, les derniers venus entendent, à leur tour, coopérer au Grand Œuvre.
Ce livre, auquel on a peu rendu justice, me plaît infiniment par une sincérité qui ne craint pas de se contredire, estimant sans doute que nos prétendues contradictions ne sont que des états d’âme successifs, et que notre âme est d’autant plus riche, plus largement humaine, que ces états sont plus divers. […] Un individu aussi « poétique » que ce chemineau peut faire ce qu’il lui plaît. […] Mais, dès lors, Mme Duse est peut-être pardonnable de jouer le rôle de Marguerite comme il lui plaît, et sans trop se préoccuper de nous rendre l’image d’une courtisane de ce second empire qui, au surplus, est déjà si loin, si loin ! […] Si vous voulez connaître cette âme de douceur qui est répandue dans tout son répertoire, comparez, s’il vous plaît, Monsieur de Pourceaugnac et la Vie Parisienne. […] La Vie de Bohème leur plaît par des apparences de révolte contre la société régulière.
« Ou bien la nationalité française disparaîtra, nous dit-on, — ce qu’à Dieu ne plaise ! […] Le morceau sur l’Ange et l’Ermite nous plaît pour une autre raison. […] À Dieu ne plaise que nous soyons jamais de cette école ! […] Il leur suffit, pour eux, qu’une œuvre leur plaise ; et, qu’importe, après cela, qu’elle soit ce qu’on appelle idéaliste ou naturaliste ? […] Ce sont ceux-là surtout qu’égare la préoccupation de plaire et, assez généralement, pour avoir trop plu à leurs contemporains, il arrive qu’ils déplaisent dans les âges suivants.
Où y aurait-il miracle, s’il vous plaît, à ce que les vents fussent tombés ? […] Oui, à quel signe, s’il vous plaît ? […] — C’est un vieillard têtu. — c’est ce qu’il te plaira. […] Mais alors, s’il vous plaît, l’ouvrage n’a plus tout son sens. […] — Plût à Dieu que ce fût Jacques !
Le personnage régnant aujourd’hui n’est plus l’homme de salon, dont la place est assise et la fortune faite, élégant et insouciant, qui n’a d’autre emploi que de s’amuser et de plaire ; qui aime à causer, qui est galant, qui passe sa vie en conversations avec des femmes parées, parmi des devoirs de société et les plaisirs du monde ; c’est l’homme en habit noir, qui travaille seul dans sa chambre ou court en fiacre pour se faire des amis et des protecteurs ; souvent envieux, déclassé par nature, quelquefois résigné, jamais satisfait, mais fécond en inventions, prodigue de sa peine, et qui trouve l’image de ses souillures et de sa force dans le théâtre de Victor Hugo et dans le roman de Balzac1136. […] — La liberté est un glorieux festin. — Les cœurs ont été bâties pour les poltrons, — les églises pour plaire au prêtre. […] — La liberté est un glorieux festin. — Les cœurs ont été bâties pour les poltrons, — les églises pour plaire au prêtre1166. […] Ses peintures sont des grisailles significatives ; de parti pris il supprime tout ce qui plaît aux sens, afin de ne parler qu’au cœur.
Mais, comme j’ai trempé, au temps de ma jeunesse dans ladite Renaissance, il ne m’a jamais été possible de m’en désintéresser complètement et il me plaît de voir considérer comme de grands artistes et même de grands penseurs catholiques des écrivains auxquels des œuvres d’un moment n’ont pas toujours été inutiles ; j’ai découvert la littérature latine du moyen âge, ou du moins sa valeur esthétique, et j’ai vu en même temps que ce qui fait encore sa beauté, c’est la naïveté de la foi qui y est incluse. […] J’attends cette révolution pour me plaire tout à fait dans ce lieu de délices. […] On faisait sa déclaration à la famille qui la transmettait, si cela lui plaisait. […] Notre manière de le voir n’est pas la manière qui plaira le mieux aux générations à venir, dont l’idéal sera sans doute assez différent du nôtre.
A la possibilité de décomposer la matière autant qu’il nous plaît, et comme il nous plaît, nous faisons allusion quand nous parlons de la continuité de l’étendue matérielle ; mais cette continuité, comme on le voit, se réduit pour nous à la faculté que la matière nous laisse de choisir le mode de discontinuité que nous lui trouverons : c’est toujours, en somme, le mode de discontinuité une fois choisi qui nous apparaît comme effectivement réel et qui fixe notre attention, parce que c’est sur lui que se règle notre action présente. […] L’ensemble de la matière devra donc apparaître à notre pensée comme une immense étoffe où nous pouvons tailler ce que nous voudrons, pour le recoudre comme il nous plaira. […] Mais quand nous nous représentons notre pouvoir sur cette matière, c’est-à-dire notre faculté de la décomposer et de la recomposer comme il nous plaira, nous projetons, en bloc, toutes ces décompositions et recompositions possibles derrière l’étendue réelle, sous forme d’un espace homogène, vide et indifférent, qui la sous-tendrait.
Alors Gilles cherche un métier qui l’enrichisse, mais il n’en voit aucun qui lui plaise, car dans tous il faut se donner de la peine. […] Il a séduit une jeune fille, parce qu’elle lui plaisait et qu’elle se laissait faire ; il l’a abandonnée, parce qu’elle était pauvre. […] Elles me plaisent fort toutes deux (surtout Agnès, par son âcre saveur de fruit sauvage), mais je ne prendrais pour femme ni l’une ni l’autre. […] C’est pourquoi elle se plaît à faire souffrir et à plumer les deux vieux messieurs. […] Sans paraître coquette, Plaire à son mari.
Nous l’avons vue prendre d’assaut la philosophie catholique et matérialiste ; nous allons la voir s’emparer de ce que les classiques se plaisaient à nommer le sceptre de la critique. […] Un fanatique tel que de Maistre songe-t-il à faire des phrases et à plaire à Messieurs les critiques, lorsqu’il s’agit pour lui d’effrayer les âmes crédules et de les courber sous la verge implacable de son Dieu vengeur ? […] Janin, pourquoi M. de Balzac se plaît à retracer sans fin et sans cesse cette image du faiseur, cette forme nouvelle du chercheur de pierre philosophale et d’inventeur de nouveaux mondes ? […] Martin, accompagné de coups de fusils et de coups de poignard, et retentissant de-phrases sonores, lui plaira bien davantage qu’une pastorale de George Sand. […] L’azur du ciel me plaît.
Pour devenir un journaliste important, il faut tout simplement plaire au public ; il n’y a pas d’autre condition ni d’autre moyen. Et comment plaît-on au public ? […] mais : — Ceci me plaît ou me déplaît ! […] Si je plais, — j’apprends par cœur dans ce but une certaine bataille de Rocroy, tu vois que ton frère acquiert de l’astuce, — donc, si je plais, l’auteur de Toute Nue, à Eropolis, perd son plus sûr appui. […] On perd la vue d’ensemble, indispensable à toute création artistique, et on se plaît à ne nous montrer que des enfants à deux têtes, des veaux à cinq pattes et des gens sans cœur.
Il a touché une corde à laquelle des milliers de cœurs ont répondu, et la grossière musique que pour leur plaire il a fait rendre à son instrument, l’a en retour discipliné, et aujourd’hui il approche de sa perfection. […] J’avais toujours voulu plaire, parce que je me représentais aussitôt les sentiments que l’on pourrait avoir pour moiek », — oh ! […] Il règne ici cette unité de point de vue que préconisent les romanciers qui se plaisent aux exigences de leur art, — et qui est d’un heureux présage pour les romans futurs de Maurois. […] Je ne cherche pas à façonner avec moi-même un être idéal et qui plaise à Dieuik. […] Aucun article n’est plus important pour qui veut connaître Degas tel qu’il était dans le cercle intime où il se plaisait le mieux.
Gustave Moreau, qui naguère avait promis à l’art quelque moderne Vinci, se plaît à l’ordonnance harmonieuse de scintillantes pierreries. […] Elle ne voit pas que ses charmes (de pensionnaire parfaite) ne sont point de ceux qui plaisent aux âmes des chevaliers errants. […] Car il me semble que les œuvres d’art ne sont point faites pour être jugées, mais pour être aimées, pour plaire, pour distraire des soucis de la vie réelle. […] Ils ne jugent plus les œuvres dont ils parlent, ou du moins s’ils les jugent ce n’est plus que par occasion, et sans prétendre à nous imposer les opinions qui leur plaisent. […] Il jouait avec les loups, il racontait aux oiseaux de naïves légendes qu’il inventait pour leur plaire.
La nécessité de plaire à la foule s’impose donc, mais impose du même coup à l’art un sacrifice pénible ; car l’idéal s’abaisse sensiblement à mesure qu’augmente en nombre le public dont on sollicite les applaudissements. […] C’est son honneur et sa gloire de monter parfois des œuvres qui ne soient susceptibles de plaire qu’à un public restreint, mais délicat et lettré. […] Les femmes qui veulent plaire n’ajustent-elles pas leurs toilettes à l’air de leur visage ? […] Mais, pour s’y plaire, il faut que l’esprit soit dès longtemps formé à l’abstraction et à la synthèse, et qu’il accorde au fait moral une supériorité constante sur le fait matériel. […] Toutefois, cette ambition n’avait pas eu jusqu’alors de visée plus haute que celle de plaire directement aux spectateurs, et de renforcer la puissance dramatique en dirigeant sur nos yeux ses effets les plus romantiques.
Comme Froissart et mieux que Froissart, il a pu peindre les châteaux des nobles, leurs entretiens, leurs amours, même quelque chose d’autre, et leur plaire par leur portrait. […] La pente du caractère français fait de l’amour, non une passion, mais un joli festin, arrangé avec goût, où le service est élégant, la chère fine, l’argenterie brillante, les deux convives parés, dispos, ingénieux à se prévenir, à se plaire, à s’égayer et s’en aller. […] Plût à Dieu qu’il me fût permis de changer aussi souvent que lui… Béni soit Dieu de ce que j’en ai épousé cinq !
à quoi, s’il vous plaît, était-il bon ? […] « Les beaux vers, il faut dire le mot, sont une marchandise qui ne plaît pas au commun des hommes. […] C’est une Bible ; qui vous l’a donnée, s’il vous plaît ?
Les géants et les gnomes lui plaisent. […] On ne se plaisait plus qu’auprès des anges ou des monstres : de Quasimodo ou de Cosette. […] Cela lui plaît de reproduire dans leur simplicité les événements.
C’est ainsi qu’il n’y a pas moins de six ou sept opinions sur l’origine ou sur l’auteur du Pentateuque ; et que, s’il nous plaît d’en dater la composition du temps de Josué par exemple, ou de Saül, ou de David, ou de Salomon, ou de Josias, ou de la captivité de Babylone, ou d’Esdras, ou de Néhémias, ou des premiers Ptolémées, ou des Macchabées même, on le peut ; et les maîtres de la philologie moderne en fourniront les raisons qu’on voudra. […] Nous ne nous soucions pas davantage de savoir, — et le lecteur impartial en a maintenant la preuve sous les yeux, — à qui les choses que nous avons dites peuvent plaire ou déplaire, mais uniquement de les dire comme nous les pensons ou comme nous les voyons, ce qui est sans doute la première condition de la recherche « scientifique. » J’ose ajouter que si quelqu’un n’a jamais prêché « le laissez faire du combat pour la vie », c’est nous ; et le docteur Clémenceau le saurait, si depuis vingt ans la préoccupation des choses de la politique ne l’avait rendu comme étranger au mouvement des idées de son temps. […] Mais ce qu’il y a de plus admirable, c’est ici l’assurance avec laquelle notre docteur s’arroge, pour les siens et pour lui, le monopole de « la justice » et de « la liberté. » Si nous n’avons peut-être pas plus de peur qu’il n’en a de cette « science sociale qui se fait », et au contraire si nous ne concevons pas de plus noble occupation que de travailler à la dégager des origines obscures où elle semble être encore embarrassée, c’est le moindre de ses soucis ; et parce qu’il lui plaît de voir en nous les défenseurs de la « servitude du corps et de l’esprit », il le dit sans plus de « manières » et, naturellement il essaie de le faire croire à ses lecteurs : Tout leur fait, croyez-m’en, n’est rien qu’hypocrisie.
À Dieu ne plaise que je la prône jusqu’à l’outrance. […] Il se plaisait surtout à la lecture d’Alfieri. […] C’est qu’elle sait la valeur suprême de la bonté et qu’elle se plaît à en illustrer le triomphe pour nous montrer qu’il n’est pas, selon son expression, de « beauté plus souveraine ». […] Dans son ensemble du reste cette œuvre de Victor de Laprade est faite pour plaire à tous les penseurs que n’anime aucune intolérance à rebours. […] La donnée mystique plairait moins de nos jours.
Il se plaisait aux difficultés techniques, comme d’écrire sur trois rimes — et sans chevilles ! […] C’est un homme excessivement instruit ; quand je lui parle des drames qui me plaisent ou des vers qui m’ont frappé, il me répond : « Est-ce que tu n’aimes pas mieux lire tout cela dans quelque bon historien ? […] Il représente Musset aux environs de la vingtième année, dans un costume de page qui lui plaisait et qu’il a porté plusieurs fois. […] « Je vous avoue qu’ils ne me plaisent guère ; ceux que j’ai lus ne signifient rien. […] Il avait été soigné pendant sa fluxion de poitrine, en 1840, par la sœur Marceline, dont il est souvent question dans ses lettres : À son frère (juin 1840) : « … Je finirai mes vers à la sœur Marceline un de ces jours, l’année prochaine, dans dix ans, quand il me plaira et si cela me plaît ; mais je ne les publierai jamais et ne veux même pas les écrire.
« Pendant quatre heures de temps que dure cet entretien avec les morts, je ne sens plus aucun de mes soucis, j’oublie toutes mes angoisses, je ne crains plus ma pauvreté, je ne m’épouvante plus de la mort ; je me transfigure en eux tout entier, et, comme dit Dante, “qu’aucune science ne mérite ce nom si on ne retient pas ce qu’on a appris”, j’ai noté de ces entretiens avec ces hommes antiques tout ce que j’ai recueilli de capital et de caractéristique dans leur vie et dans leurs pensées, et j’en ai composé un opuscule intitulé des Gouvernements, ouvrage dans lequel je pénètre aussi profondément que je le peux dans les pensées qu’un tel sujet comporte, agitant en moi-même ce que c’est que la souveraineté, de combien d’espèces de souverainetés le monde se compose, comment elles s’acquièrent, comment elles se conservent, pourquoi elles se perdent ; et si jamais quelques-unes de mes rêveries vous ont plu, celle-ci, je le crois, ne devra pas vous déplaire ; et elle pourrait être acceptable surtout à un prince nouveau (allusion aux Médicis, rentrés maîtres de Florence, à qui il espérait plaire par cette haute leçon de gouvernement) : c’est pour cela que l’ai dédiée à la magnificence (majesté) de Julien. […] Ce fut pour plaire à Ruccellai et à cette élite d’amis qu’il écrivit alors ses Discours sur Tite-Live.
Il y voit des « observations aisées que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir qu’on prend » au théâtre ; et par conséquent « la règle de toutes les règles », et qui contient les autres, c’est de plaire. […] Molière s’y plaît ; les poètes comédiens s’y tiennent le plus souvent.
Pourquoi tous ces monstres que vous vous plaisez à nous peindre ? […] se plaira-t-il à toute cette grandeur contre laquelle ses pères, vassaux révoltés, luttèrent pendant tant de siècles, et qu’ils ont fini par traîner dans la poussière et dans le sang, contre laquelle ses maîtres les philosophes ont prononcé un anathème et un arrêt de mort ?
La même méthode sert à convaincre et à plaire ; et quand on remonte de l’ouvrage à la pensée de l’auteur, de l’exécution à la conception, on peut retrouver jusque dans un roman cette préparation sévère que prescrivent Descartes et Pascal pour les ouvrages de raisonnement. […] Le spectacle de cette raison sublime arrivant, par sa force et son étendue même, à toucher ses bornes, vous plaît-il moins que celui de l’industrie d’un habile homme qui mélangerait par doses égales la philosophie et la foi, afin de ne pas se rendre suspect, et qui tirerait de cette combinaison une bonne condition dans cette vie ?
Mais les brouilleries, où se plaisait Arnauld, faisaient le désespoir de Nicole. […] Alors le style qui nous plaît le plus est celui dont il n’y a pas à disputer ; c’est cet habit décent d’un galant homme dont parle Fénelon ; c’est un langage ferme sans affecter la force, clair sans vouloir reluire, précis sans sécheresse, qui n’enfle ni n’outre rien, un style qui ait la perfection qu’un Athénien voulait dans les femmes, dont la meilleure est celle de qui l’on ne parle pas.
Il le dénigra cependant pour plaire à Fontanes et à ses autres protecteurs réactionnaires. […] Mais cette exagération et cette fausseté dans le ton étaient justement ce qui plaisait.
Chère Sacountala, vois, tu oubliais cette charmante madhavi, quoiqu’elle ait crû en même temps que toi, par les soins que ton père Canoua se plaît à vous prodiguer à toutes deux. […] Le vénérable anachorète, supérieur de l’ermitage, chante en ses vers ces adieux et ses vœux à Sacountala, sa favorite : « Divinités de cette forêt sacrée, que dérobe à nos regards l’écorce de ces arbres majestueux que vous avez choisis pour asile ; « Celle qui jamais n’a approché la coupe de ses lèvres brûlantes avant d’avoir arrosé d’eau pure et vivifiante les racines altérées de vos arbres favoris ; celle qui, par pure affection pour eux, aurait craint de leur dérober la moindre fleur, malgré la passion bien naturelle d’une jeune fille pour cette innocente séduction ; celle qui n’était complètement heureuse qu’aux premiers jours du printemps, où elle se plaisait à les voir briller de tout leur éclat ; Sacountala vous quitte aujourd’hui pour se rendre au palais de son époux ; elle vous adresse ses adieux.
Dans le langage familier, on se plaît à appeler ces périodes des périodes de transition, ce qui est une expression qui ne signifie pas grand’chose, car elle peut s’appliquer à peu près à toutes les époques, et, par exemple, on l’applique communément aujourd’hui à la nôtre. […] La censure Nous avons dépassé, je crois, la période où nous nous plaisions à supprimer et à détruire, et nous voici dans celle où nous allons essayer de rétablir.
En les transportant sur la scène, elle crée des œuvres qui appartiendront sans doute à l’art en ce qu’elles ne viseront consciemment qu’à plaire, mais qui trancheront sur les autres œuvres d’art par leur caractère de généralité, comme aussi par l’arrière-pensée inconsciente de corriger et d’instruire. […] Rappelons-nous le joueur de Régnard, s’exprimant avec tant d’originalité en termes de jeu, faisant prendre à son valet le nom d’Hector, en attendant qu’il appelle sa fiancée Pallas, du nom connu de la Dame de Pique, ou encore les Femmes savantes, dont le comique consiste, pour une bonne part, en ce qu’elles transposent les idées d’ordre scientifique en termes de sensibilité féminine : « Épicure me plaît… », « J’aime les tourbillons », etc.
Nous savons d’ailleurs que si le sanctuaire n’a qu’une porte, il y a plus d’un chemin jusqu’à cette porte ; Dieu nous place et nous conduit sur celui qu’il lui plaît et, sans doute, sur celui qui convient le mieux à notre individualité. […] Infliction ne me déplaît pas ; nitescent et turgescent plairont-ils aussi bien à ceux des lecteurs qui n’entendent pas le latin ? […] Ornez la terre tant qu’il vous plaira, creusez-la, sondez-la, fouillez-la dans ses dernières profondeurs. […] Rejetez-la, si cela vous plaît ; mais consentez à vivre au hasard, et ne parlez plus de système. […] Ce mot lui plaira donc, et, pour un moment, l’attirera vers vous ; mais ne vous attendez pas qu’elle puisse longtemps se payer d’un mot sans demander compte de la chose.
Févret, dans son dialogue latin sur les orateurs illustres du barreau bourguignon, en regrettant que Jeannin en eût été sitôt enlevé, a caractérisé son genre d’éloquence en des termes magnifiques, trop magnifiques sans doute dans leur ampleur cicéronienne, mais où il n’est pas impossible de noter quelques-uns des mérites particuliers à l’homme : il le loue de son abondance, de sa gravité, de sa véhémence, de son tour pénétrant, mais aussi de sa douceur ; il insiste sur ce dernier trait : Ce qui plaisait dans cet homme d’un souffle élevé, dit-il, c’était une majesté tempérée de physionomie et de visage.
Il fait en cette occasion un retour sur lui-même et sur cette prétention, qui est la sienne, d’avoir toujours été un des plus heureux et des plus fortunés hommes entre tous ceux qui aient porté les armes, ce qui est bien aussi une manière de vanité : « Et si (et pourtant), dit-il, n’ai-je pas été exempt de grandes blessures et de grandes maladies ; car j’en ai autant eu qu’homme du monde saurait avoir sans mourir, m’ayant Dieu toujours voulu donner une bride pour me faire connaître que le bien et le mal dépend de lui, quand il lui plaît ; mais encore, ce nonobstant, ce méchant naturel, âpre, fâcheux et colère, qui sent un peu et par trop le terroir de Gascogne, m’a toujours fait faire quelque trait des miens, dont je ne suis pas à me repentir.
C’est cette amitié qui m’honore, et qui me fait aimer moi-même la vertu, afin de vous plaire toujours, et devons faire estimer, si je puis, les sentiments que je vous ai voués jusqu’au tombeau.
Si vous ne me promettez pas, lui dis-je en la conduisant, de me recevoir demain chez vous à onze heures, je pars à l’instant, j’abandonne mon pays, ma famille et mon père, je romps tous mes liens, j’abjure tous mes devoirs, et je vais, n’importe où, finir au plus tôt une vie que vous vous plaisez à empoisonner. — Adolphe !
[NdA] Dans l’étude des esprits de différents ordres, rien ne me plaît comme les rapprochements, les comparaisons, les contrastes.
. — Le fait est que M. de Laprade adressait au chêne sous lequel il était assis des déclarations de sympathie, de fraternité ; il se faisait chêne par la pensée, comme Maurice de Guérin s’était fait centaure ; il se plaisait à se sentir végéter en idée ; il disait à son arbre : Pour ta sérénité, je t’aime entre nos frères.
Quand je dis chez nous, je le prendrai plutôt à côté de chez nous, s’il vous plaît, et s’exerçant sur le compte des hommes politiques d’une époque déjà ancienne.
je me plais à vous nommer, vous qui me représentez toute cette classe d’esprits excellents, prudents et solides, comme il en est quelques-uns encore, qui aiment en toute chose qu’on avance avec lenteur et qu’on ne détruise point inutilement ; vous à qui l’on doit la dernière édition charmante de la Sévigné antérieure et intermédiaire39 ; vous ne serez dérangé qu’à peine par celle-ci, dont vous ne vouliez pas, à la fois nouvelle et plus ancienne ; vous ne le serez que juste autant qu’il faut pour mieux goûter ensuite votre objet.
Respectons la volonté de l’artiste, son caprice, et après avoir exhalé notre léger murmure, laissons-nous docilement conduire où il lui plaît de nous mener.
Jugez si cela plaît aux femmes, bourgeoises ou non, à tout ce qui est légitime et qui retrouve le compte de la coquetterie jusque dans le devoir.
On croit savoir qu’il n’écrivit cette pastorale de Galatée que pour plaire à une beauté dont il était amoureux et même jaloux, la même qu’il épousa en cette année 1584.
L’abbé de Pradt s’y vante presque d’avoir fait échouer toute l’entreprise de Napoléon ; il se plaît, dès les premières lignes, à répéter un mot qu’il prête à l’Empereur : « Un homme de moins, et j’étais le maître du monde. » Et il ajoute : « Cet homme, c’était moi.
Cette justice rendue au plus méritant et au plus délicat des sacristains, nous entrerons dans la chapelle et nous reparlerons un peu, s’il vous plaît, d’Eugénie de Guérin.
La milice et la politique romaines s’expliquent sous sa plume ; il se plaît à ces tableaux sévères : le voilà Romain aussi franchement qu’il a été Hébreu.
Ceux même qui ne bornent pas leur vue aux horizons terrestres et qui voient par-delà un avenir immortel ne sont nullement insensibles, comme autrefois, aux beautés et aux jouissances naturelles et légitimes : ils ne ferment pas les yeux à ce qui enchante et à ce qui plaît sur cette terre d’exil ; ils ne parlent plus même d’exil, mais seulement de préparation ; ils ne prétendent pas que la pauvreté et la misère soient tellement préférables à leurs contraires qu’il faille hésiter dès ici-bas à les combattre et à les détruire.
Mon fils est dans un état qui ne me plaît point à moi, et pour d’autres raisons, mais qui peut lui convenir, et dans lequel, au fond, l’on n’a que les misères pour lesquelles les hommes sont faits.
Il a dit lui-même, dans sa pièce à la Mémoire de George Farcy : Un soir, en nous parlant de Naples et de ses grèves, Beaux pays enchantés où se plaisaient tes rêves, Ta bouche eut un instant la douceur de Platon : Tes amis souriaient, lorsque, changeant de ton, Tu devins brusque et sombre, et te mordis la lèvre, Fantasque, impatient, rétif comme la chèvre !
Comme il arrive aisément dans les lieux qui plaisent, on eut le chemin plutôt que le but ; et, au lieu de la critique qu’on cherchait d’abord, la poésie naquit.
C’est quelquefois aussi par un désir mal entendu de plaire aux femmes, que les Allemands veulent unir ensemble le sérieux et la frivolité.
Vielé-Griffin se plaît parmi des sites joyeux, la tranquille Touraine se devine aux vers du Porcher ; ailleurs sont des visions de bois dans le soleil, de jardins fleuris, de ports bigarrés, d’hommes qui vont et viennent ; puis un village, des routes animées de chevaux qui galopent sous des grelots, et là-bas dans la campagne des groupes de maisons paisibles où la vie doit être bonne.
Mais sa curiosité émue s’attachait des mois à pénétrer une époque, une civilisation, un monde, à voir les paysages, à lire les chroniques, avant que sa verve poétique se plût à formuler en quatorze vers un moment d’histoire enfin possédé.
Aujourd’hui, pour ne parler que des musiciens à qui les préventions du public et des coalitions inavouables interdisent l’accès des scènes parisiennes, de quel côté s’il vous plaît, se trouvent leurs dévoués partisans, leurs zélés défenseurs, si le mot n’est pas trop ambitieux ?
En tout cas, quand on est jeune, fût-on la distinction même, on glisse vite sur ces défauts à une première lecture ; on s’attache à ce qui plaît, à ce qui nous offre l’expression idéalisée la plus moderne de nos sentiments, de notre situation ou de notre désir.
Non, elle n’a jamais aimé, aimé de passion et de flamme ; mais cet immense besoin d’aimer que porte en elle toute âme tendre se changeait pour elle en un infini besoin de plaire, ou mieux d’être aimée, et en une volonté active, en un fervent désir de payer tout cela en bonté.
L’auteur a eu affaire ici à une vie très belle, très pure et très uniment développée, même à travers les orages ; il s’est plu à l’exposer avec charme, avec étendue et lumière, et à composer une grande biographie de Moyen Âge, qui, cette fois, est faite pour plaire à bien des esprits, pour désarmer (tant M. de Rémusat y a mis d’impartialité et de réserve !)
L’être conscient veut se plaire à lui-même : dès qu’il a le sentiment de son moi réel, il conçoit une sorte de moi idéal qu’il veut réaliser et dont la réalisation lui paraît le bonheur.
Il y a des traits qui réjouissent tout le monde, & qui plairont toujours.
Par exemple, s’il plaisait à un écrivain qui nous raconte l’histoire de Rome et qui analyse son gouvernement de s’arrêter tout à coup et d’introduire dans son ouvrage un traité approfondi sur les gouvernements mixtes, il cesserait d’être historien pour devenir publiciste.
Son art de plaire et de n’y penser pas.
Il me semble néanmoins que les personnes qui se plaisent à voir la comédie italienne, et principalement celles qui ont vû joüer le vieil Octave, le vieil Scaramouche et leurs camarades Arlequin et Trivelin, sont persuadées que l’on peut bien executer plusieurs scénes sans parler.
Mais si un peuple a des mœurs frivoles et légères ; si, au lieu de cette sensibilité profonde qui arrête l’âme et la fixe sur les objets, il n’a qu’une espèce d’inquiétude active qui se répande sur tout sans s’attacher à rien ; si, à force d’être sociable, il devient tous les jours moins sensible ; si tous les caractères originaux disparaissent pour prendre une teinte uniforme et de convention ; si le besoin de plaire, la crainte d’offenser, et cette existence d’opinion qui aujourd’hui est presque la seule, étouffe ou réprime tous les mouvements de l’âme ; si on n’ose ni aimer, ni haïr, ni admirer, ni s’indigner d’après son cœur ; si chacun par devoir est élégant, poli et glacé ; si les femmes même perdent tous les jours de leur véritable empire ; si, à cette sensibilité ardente et généreuse qu’elles ont droit d’inspirer, on substitue un sentiment vil et faible ; si les événements heureux ou malheureux ne sont qu’un objet de conversation, et jamais de sentiment ; si le vide des grands intérêts rétrécit l’âme, et l’accoutume à donner un grand prix aux petites choses, que deviendra l’éloquence chez un pareil peuple ?
Pour éblouir et pour émouvoir, pour plaire à l’imagination, parfois même pour élever et fortifier l’âme, il n’a pas besoin des souvenirs de Delphes et d’Olympie, ni de ces fêtes romaines qu’il avait sous les yeux.
Nous n’avons pas, à Dieu ne plaise ! […] Plût à Dieu, en supposant qu’il y ait des hérésies ou des immoralités dans Séraphita et Séraphitus, que M. de Balzac n’en eût jamais commis d’autres ! […] à Dieu ne plaise ! […] Cette biographie, à vol de poëte, d’une femme poëte, a de quoi plaire à l’imagination : est-elle partout et toujours convenable ? […] Paris est la ville la plus spirituelle du monde ; mais il faut bien avouer que, quand une idée lui plaît et lui semble piquante, il en abuse avant de passer à une autre, et que l’amour déclaré de M.
Avant dix ans, il avait un précepteur savant « et puritain, qui lui coupa les cheveux court » ; outre cela, il alla à l’école de Saint-Paul, puis à l’université de Cambridge, afin de s’instruire dans « la littérature polie », et dès l’âge de douze ans il travailla, en dépit de ses mauvais yeux et de ses maux de tête, jusqu’à minuit et au-delà. « Quand j’étais encore enfant, dit un de ses personnages qui lui ressemble433, aucun jeu enfantin ne me plaisait. […] Rien ne plaît moins aux femmes que le naturel austère et renfermé. […] C’est la vie des salons qui a dégrossi les hommes : il a fallu la société des dames, le manque d’intérêts sérieux, l’oisiveté, la vanité, la sécurité, pour mettre en honneur l’élégance, l’urbanité, la plaisanterie fine et légère, pour enseigner le désir de plaire, la crainte d’ennuyer, la parfaite clarté, la correction achevée, l’art des transitions insensibles et des ménagements délicats, le goût des images convenables, de l’aisance continue et de la diversité choisie. […] Plût à Dieu qu’il eût pu l’écrire, comme il l’essaya, en façon de drame, ou mieux, comme le Prométhée d’Eschyle, en forme d’opéra lyrique !
Henry plaît aux femmes, sait les conquérir et conquérir la vie. […] Elle lui offre de l’oublier si cela lui plaît, lui dit « des choses très dures ». […] Elle se plaisait au contraire à l’étaler. « Tu me traites de voltairien et de matérialiste, lui écrit Flaubert. […] » Constantinople lui plaît et il ne la quitte qu’à regret. […] Mais Flaubert n’est pas un de ces auteurs passifs, indulgents et commodes qui plaisent aux directeurs de revue.
Mais cette déception d’un reporter haletant en vain après l’actualité n’est pas la seule dont il me plaise de convenir. […] tout le monde peut se dénommer Sar, c’est un titre chaldéen sans signification précise, c’est comme s’il vous plaisait de vous intituler le vicaire ou le diacre Huret ! […] — Nous assistons, en ce moment, m’a-t-il dit, à un spectacle vraiment extraordinaire, unique, dans toute l’histoire de la poésie : chaque poète allant, dans son coin, jouer sur une flûte, bien à lui, les airs qu’il lui plaît ; pour la première fois, depuis le commencement, les poètes ne chantent plus au lutrin. […] La restitution de vocables du seizième siècle, la longueur plus ou moins grande du vers, le choix (romantique, s’il vous plaît, cela !) […] Les néo-réalistes Il était particulièrement intéressant de connaître l’opinion des continuateurs du Naturalisme, qui se trouvent arriver à la vie littéraire au moment même où l’on se plaît à déclarer le mouvement fini.
Alors, m’honorant d’une attention particulièrement délicate, le Maître Stéphane Mallarmé me demanda s’il me plairait qu’il « épinglât à ces pages qu’il aimait quelques mots d’Avant-dire ». […] Mallarmé et moi en même temps avions été sollicités de vers ou de prose, et nous hésitions, certes : le titre n’était point pour nous plaire ! […] Et tout à coup, préoccupé visiblement d’une pensée intime, il dit à Mme Zabel Essaïan : — Mais, s’il vous plaît, cette Ellipse ? […] Et il ne plut ni aux Parnassiens, ni aux Symbolistes — qui au même temps déniaient même du talent à l’auteur du noble et tendre poème Bonheur, qui venait de paraître. […] Pardon, cher maître, et Risette, s’il vous plaît ?
Au printemps de 1892 il lui plaisait d’imaginer, comme un de ses possibles, une Bérénice de Tolède, plus savoureuse et plus âpre que la Bérénice d’Aigues-Mortes. […] Il ne devait pas se plaire à Térence. […] Jourdain : « Plût à Dieu que je l’eusse, le fouet, devant tout le monde, et savoir ce qu’on apprend au collège ! […] Aujourd’hui, un salon où l’on se plairait à parler des classiques serait réputé bas-bleu et pédant. […] Tous deux sont amusants, et le lecteur se plaira à la truculence gauloise du premier, à la finesse académique du second.
De cela, sans doute, il ne me sera tenu aucun compte, car à notre époque de luttes politiques et de querelles de personnes on ne se plaît que dans les opinions violentes et tranchées. […] Un peintre, avant de songer à la composition d’un tableau déterminé, se plaît au jeu des couleurs, simplement parce qu’il s’agit de couleurs. […] Voyez : tantôt l’auteur d’Intérieur se plaît par de singulières concomitances à nous avertir du malheur. […] Mais quand vient le soir, le Stradivarius ou l’Amati se réveillent sous les mains expertes de celui qui se plaît à poursuivre son âme avec des sons. […] Puissions-nous ne pas dédaigner l’enseignement offert d’une main quelque peu rude, mais bonne ; et plaise aux poètes de la génération qui vient de méditer cet exemple — entre beaucoup d’autres.
S’il leur plaît de rechercher quelle est celle dont l’autre dérive, ils le reconnaissent aisément, en dépit des petits artifices (modifications légères, amplifications, résumés, additions, suppressions, transpositions) que le plagiaire a multipliés pour dépister les soupçons. […] Mais il ne suffit point de s’y plaire pour réussir dans les travaux d’érudition. […] L’auteur a voulu plaire au public ou du moins a voulu éviter de le choquer. […] L’auteur a essayé de plaire au public par des artifices littéraires, il a déformé les faits pour les rendre plus beaux, suivant sa conception de la beauté. […] Comme l’historien se proposait de plaire ou d’instruire, ou de plaire et d’instruire à la fois, l’histoire était un genre littéraire : on n’était pas très scrupuleux au sujet des preuves ; ceux qui travaillaient d’après des documents écrits ne prenaient pas soin d’en distinguer le texte du texte de leur cru ; ils reproduisaient les récits de leurs devanciers en les ornant de détails, et quelquefois (sous prétexte de préciser) de chiffres, de discours, de réflexions et d’élégances.
Ces velléités, en cas de réussite, on les qualifie d’un nom qui plaît, l’inspiration. […] … » Et lui : — « Plaît-il ? […] S’il est vrai qu’un chacun, dans le privé, se plaise à éconduire le plus angoissant des problèmes, peut-on dire que la philosophie et la science l’aient omis ? […] Avec toute son audace et avec tout son caprice, elle se plaît aux rythmes de Malherbe. […] Combien me plurent ces beaux vers, pour leur calme harmonie et pour l’évocation soudaine d’une vie héroïque et pastorale !
Qu’il plaise donc à votre sainteté me permettre de porter cette forme d’habit, de vivre dans quelque hermitage, & d’aller par le monde prêcher la parole de Dieu ». […] Il plut au pape de l’ordonner ainsi, & de lever en même tems la sentence d’excommunication, portée contre ces derniers. […] Dieu, prévoyant toutes les circonstances où nous nous trouverons, prévoit en même temps que, s’il nous donne une certaine grace, il nous plaira d’y consentir. […] Le célèbre Melchior Canus mandoit à la cour de Madrid : « Plaise à Dieu qu’il n’en soit pas de moi comme de Cassandre, à qui l’on n’ajouta foi qu’après la prise de Troie. […] Son mépris pour le jargon scholastique & sa méthode aisée de procéder leur plut.
Celui qui raille, au contraire, sera compris de tous ; en revanche, il sera peu aimé, car il n’aura fait naître aucune émotion profonde : s’il plaît à l’esprit, il le paiera en devenant incapable de prendre les cœurs. […] Que je fusse forcé de me faire chaînon Parce qu’il plaît à tous de se changer en chaîne ! […] Lui qui se plaît, en prose et en vers, à faire des nomenclatures de noms illustres, il ne cite jamais (ou il cite très indifféremment et au hasard de la rime, sans y insister) les noms des philosophes, des historiens, des hommes de pensée.
Ses idées sur l’Afrique plaisent au maréchal ; sa manière de mener les Arabes en paix comme en guerre lui convient. […] Saint-Arnaud voit à Alger M. de Salvandy, qui lui plaît beaucoup, et dont les bonnes qualités lui apparaissent là dans un jour tout favorable.
Son imagination, d’abord nourrie de religieuses et sentimentales lectures, et tempérant Pascal par Fénelon et par Virgile, se plaisait aux fables grecques, au monde de Pythagore, d’Orphée et d’Homère. […] Ballanche ; mais cet effort lui plaît, ce vêtement lui est naturel.
les mêmes raisons ne subsistent plus ; les nœuds qui me liaient sont brisés, les yeux auxquels je voulais plaire sont fermés ; rien ne me plaît davantage que d’être dégagé de tous liens et libre… Je me lève à minuit, je sors à la pointe du jour, j’étudie dans la campagne comme dans ma chambre, je lis, j’écris, je rêve ; je parcours tout le jour des montagnes pelées, des vallées humides, des cavernes secrètes ; je marche souvent sur les deux bords de la Sorgues seul avec mes soucis.
Après ces pieux devoirs accomplis, il suit Angélique où il lui plaît de le mener ; elle le conduit par compassion dans l’humble cabane du berger resté auprès d’elle. […] parce qu’il se remettait à badiner au milieu d’une scène pathétique, et qu’il se plaisait à changer les larmes en rire.
Quand le soleil atteignit un pan de mur, d’où tombaient des cheveux de Vénus aux feuilles épaisses à couleurs changeantes comme la gorge des pigeons, de célestes rayons d’espérance illuminèrent l’avenir pour Eugénie, qui désormais se plut à regarder ce pan de mur, ses fleurs pâles, ses clochettes bleues et ces herbes fanées, auxquelles se mêla un souvenir gracieux comme ceux de l’enfance. […] Eugénie, grande et forte, n’avait donc rien du joli qui plaît aux masses ; mais elle était belle de cette beauté si facile à reconnaître, et dont s’éprennent seulement les artistes.
Dans une de ces trêves qui séparèrent les différentes Frondes, les gentilshommes fidèles à la cour se plaisaient à prendre avec les Parisiens des airs provocants. […] Les uns, après avoir donné leur jeunesse à l’action, consacrent le soir de leurs jours à raconter ce qu’ils ont fait et se plaisent à revivre ainsi leur vie trop tôt passée.
Par une cause inconnue, probablement en partie par suite de lectures exclusivement romantiques, Flaubert possédait un grand nombre de mots beaux, harmonieux, vagues, exprimant de la réalité certaines abstractions faites pour plaire plus que les choses, aux sens et à l’esprit humains. […] Que M. de Goncourt se plut à laisser libre carrière à son style en une œuvre spéciale et suprême, LaFaustin !
Sa troisième pensée est de lui construire un acte de foi et un culte ; sa quatrième pensée est de déduire de cette foi, de ce culte et de sa propre conscience, une morale ou un code du bien et du mal conforme, le plus possible, à l’idée que l’homme se fait de ce qui plaît ou de ce qui déplaît à l’Être des êtres. […] » « Apprends », répond le maître, « qu’il y a une concupiscence ou un désir mauvais, fille du principe charnel, pleine de péchés, et sans cesse agissant en nous, dont le monde est enveloppé comme la flamme est enveloppée par la fumée, le fer par la rouille ; c’est dans les sens, dans le cœur, dans l’intelligence pervertie, qu’il se plaît à travailler l’homme et à engourdir son âme.
Les sens usés au service d’une intelligence immortelle, qui tombent comme l’écorce vermoulue de l’arbre, pour laisser cette intelligence, dégagée de la matière, prendre plus librement les larges proportions de son immatérialité ; les cheveux blancs, ce symbole d’hiver après tant d’étés traversés sans regret sous les cheveux bruns ; les rides, sillons des années, pleines de mystères, de souvenirs, d’expérience, sentiers creusés sur le front par les innombrables impressions qui ont labouré le visage humain ; le front élargi qui contient en science tout ce que les fronts plus jeunes contiennent en illusions ; les tempes creusées par la tension forte de l’organe de la pensée sous les doigts du temps ; les yeux caves, les paupières lourdes qui se referment sur un monde de souvenirs ; les lèvres plissées par la longue habitude de dédaigner ce qui passionne le monde, ou de plaindre avec indulgence ce qui le trompe ; le rire à jamais envolé avec les légèretés et les malignités de la vie qui l’excitent sur les bouches neuves ; les sourires de mélancolie, de bonté ou de tendre pitié qui le remplacent ; le fond de tristesse sereine, mais inconsolée, que les hommes qui ont perdu beaucoup de compagnons sur la longue route rapportent de tant de sépultures et de tant de deuils ; la résignation, cette prière désintéressée qui ne porte au ciel ni espérance, ni désirs, ni vœux, mais qui glorifie dans la douleur une volonté supérieure à notre volonté subalterne, sang de la victime qui monte en fumée et qui plaît au ciel ; la mort prochaine qui jette déjà la gravité et la sainteté de son ombre sur l’espérance immortelle, cette seconde espérance qui se lève déjà derrière les sommets ténébreux de la vie sur tant de jours éteints, comme une pleine lune sur la montagne au commencement d’une claire nuit ; enfin, la seconde vie dont cette première existence accomplie est le gage et qu’on croit voir déjà transpercer à travers la pâleur morbide d’un visage qui n’est plus éclairé que par en haut : voilà la beauté de vieillir, voilà les beautés des trois âges de l’homme ! […] Elle me traitait en ami supérieur en âge à qui l’on se plaît à se confier, parce qu’on sent l’affection désintéressée dans le conseil.
Les éleveurs parlent habituellement de l’organisation d’un animal comme d’une chose plastique, qu’ils peuvent modeler presque comme il leur plaît. […] « C’est, dit-il, la baguette magique au moyen de laquelle il appelle à la vie quelque forme qu’il lui plaise. » Lord Somerville écrit au sujet de ce que les éleveurs ont fait à l’égard des Moutons : « Il semblerait qu’ils aient esquissé une forme parfaite, et qu’ils lui aient ensuite donné l’existence. » L’habile éleveur, sir John Sebright, avait coutume de dire des Pigeons « qu’il répondait de produire quelque plumage que ce fût en trois ans ; mais qu’il lui en fallait six pour obtenir la tête et le bec. » En Saxe, l’importance du principe de sélection à l’égard des Moutons mérinos est si pleinement reconnue, que certains individus s’en sont fait un métier.
Mignet se plaît à confondre l’honneur des sociétés et la civilisation tout entière ?
Aussi trouvé-je toujours du plaisir à m’entretenir avec eux des choses qui sont à leur portée. » De cette observation attentive du langage campagnard et paysanesque, combinée avec beaucoup de lecture, de littérature tant ancienne que moderne, tant française que grecque76, est résulté chez Töpffer ce style composite et individuel que nous goûtons sans nous en dissimuler les imperfections et les aspérités, mais qui plaît par cela même qu’il est naturel en lui et plein de saveur.
Ce livre, avec tous ses étranges aveux et avec l’espèce de mœurs si particulières qu’il présente, ne plaît tant que par le parfait naturel et cet air d’extrême vérité.
Lorsqu’on y revient aujourd’hui toutefois, il est certains de ses écrits qui plaisent, qui instruisent et font penser ceux qui ont l’expérience de la vie.
Non : c’est assez de vous dire que les regards qui leur plaisent ne sont pas des regards indifférents, ce sont de ces regards ardents et avides, qui boivent à longs traits sur leurs visages tout le poison qu’elles ont préparé pour les cœurs, ce sont ces regards qu’elles aiment.
Dorat, en convenant qu’il avait dû corriger beaucoup dans le drame nouveau, qu’il avait francisé autant qu’il l’avait pu l’expression parfois extraordinaire, soutenait pourtant que, dans ce siècle où il n’y avait plus de genres, la pièce accommodée à la scène pourrait plaire et faire tourner les têtes : On les a vues tourner pour beaucoup moins, ajoutait-il.
Fontenelle y explique, de cette manière distinguée et fine qui est la sienne, les sources de la fortune de Dangeau, sa bonne mine, son attention à plaire, son art et son savoir-faire au jeu sans jamais déroger à la probité.
J’avoue que le Dante ne me plaît qu’en peu d’endroits et me fatigue partout.
Partout où il y aura une femme spirituelle, douée de charme ; à côté de l’aïeule souriante et qui n’invoque pas à tout propos son expérience, une mère avec d’aimables filles qui paraîtront presque ses sœurs ; un cercle de jeunes femmes amies, honnêtement enjouées, instruites, attirant autour d’elles leurs frères ; partout où il y aura de l’aisance, de l’instruction et de la culture, des mœurs sans maussaderie, avec le désir de plaire ; partout où tout cela se rencontre, la bonne compagnie à l’instant recommence.
Ce que l’homme d’État hollandais rendu à la retraite se plaisait à se dire dans une promenade aux environs de Leyde ou de La Haye, Guillaume Favre le sentait à plus forte raison, lui possesseur et connaisseur plus fin, en vue de son Léman et dans l’exercice délicieux de sa faculté curieuse à travers les domaines de l’histoire.
Il est d’une nation où, tôt ou tard, les gens de talent, s’ils veulent produire tout leur effet et toute leur action utile, doivent se résoudre à plaire.
— Et qui donc s’était placé sous cette cloche et se plaisait à y rester plus que lui ?
mais il nous plaît comme cela, pourvu que ce soit à bâtons rompus que nous l’écoutions et non quand il dogmatise ; que de vues chemin faisant, que de paroles qui restent et qu’on emporte !
Partout où je les rencontre sincères et fortes, je les respecte et j’en tiens grand compte ; mais je ne me crois point tenu d’abdiquer ma raison pour les partager, ni de déserter, pour leur plaire, l’intérêt réel et permanent du pays. » Il n’a pas la vibration populaire ; le courant atmosphérique des masses ne l’atteint pas : jusque dans ses passions, il est et restera rationnel.
Ses affaires vont à souhait : tout le monde cherche à lui plaire.
Que cela vous plaise ou non, que cela étonne et désoriente plus ou moins les lettrés dans leurs habitudes, il faut, de nos jours, s’accoutumer à suivre dans leur détail les opérations de guerre ; c’est d’une nécessité absolue pour s’intéresser à toute une branche de l’histoire.
Au lieu d’attacher le lecteur par la nouveauté des événements, par l’arrangement et la variété des matières et par une narration nette et pressée…, il essaie, comme la plupart des autres sophistes, de le retenir par des descriptions hors d’œuvre ; il l’écarte hors du grand chemin, et pendant qu’il lui fait voir tant de pays…, il consume et use son attention… J’ai traduit avec plaisir ce roman dans mon enfance : aussi est-ce le seul âge où il doit plaire… » J’en supprime encore.
On n’a pas besoin de songer à Amadis pour se plaire à Don Quichotte.
Il commence par y définir ingénieusement « ce genre d’écrire, où l’espace, dit-il, est si court, où la moindre négligence est un crime, où rien d’essentiel ne doit échapper, où ce qui n’est pas nécessaire est un vice, et où il faut encore essayer de plaire au milieu de la sévérité du laconisme et des entraves de la précision. » Il veut que l’abréviateur ne soit pas dispensé de recourir aux originaux, aux titres, aux chartes, pas plus que l’historien ; qu’il soit un garant sérieux.
Boulav-Paty adorait Pétrarque, sa forme, son tour de sentiment ; il se plaisait à le suivre par tous ses sentiers.
Il se plairait à reconnaître encore la nature et à la suivre jusqu’à travers les formes opposées sous lesquelles elle se déguise ou elle se trahit.
Les incidents imprévus et tout fortuits en apparence, qui enlevèrent le jeune agent de change à la coulisse de Paris et qui l’amenèrent à être militaire suisse, sont assez piquants, et Jomini se plaisait à les raconter d’un ton de spirituelle ironie.
Mais, va-t-on s’écrier, on a aboli tout cela ; non point, s’il vous plaît ; vous retombez dans l’illusion de Chamfort ; on n’a point aboli, on a transformé tout cela.
Mais, en se tournant de bonne heure vers le théâtre, l’auteur des Vêpres siciliennes et des Comédiens s’est fait une route qui est bientôt devenue pour lui la principale, une carrière où, invité plutôt qu’entraîné par beaucoup des qualités et des habitudes littéraires de son esprit, il a su constamment les combiner, les diriger à bien sans jamais faire un faux pas ; où il a suivi d’assez près, bien qu’à distance convenable, les exigences variées du public, et n’a cessé de lui plaire, sans jamais forcer la mesure de la concession.
Dans un fort bon discours sur l’Élégie, qu’il a ajouté en tête, Millevoye, qui se plaît à suivre l’histoire de cette veine de poésie en notre littérature, marque assez sa prédilection et la trace où il a essayé de se placer.
Rien ne devait plaire davantage aux Italiens, que ce ridicule piquant jeté sur toutes les idées sérieuses et exaltées de la chevalerie.
Il plut à l’empereur de Russie et prémédita avec lui la guerre d’Espagne.
Sa gloire inquiéta Ronsard, d’autant que l’esprit de parti se plut à exalter l’auteur des Semaines aux dépens de l’auteur des Discours.
Rien ne peut lui plaire », — et, sans prendre seulement la peine de feuilleter le petit volume, il me tint à peu près ce discours : « Jamais on n’a écrit autant de Pensées que dans ces derniers temps : Petit bréviaire du Parisien, Roses de Noël, Maximes de la vie74, Sagesse de poche, sans compter les nouvelles maximes de La Brochefoucauld dans la Vie parisienne.
Relisez, s’il vous plaît, la Pendule de Bougival 91, la Défense de Tarascon 92, la Mule du Pape 93, le Credo de l’amour 94, la Veuve d’un grand homme 95 et, pour abréger l’énumération, les Aventures de Tartarin !
Plus humble maintenant, il préfère se plaire à des chefs-d’œuvre populaires et qu’on explique dans les classes ils sont plus parfaits.
Tout leur secret était renfermé dans l’art de plaire.
En général, les nations diverses y auraient chacune un coin réservé, mais les auteurs se plairaient à en sortir, et ils iraient en se promenant reconnaître, là où l’on s’y attendrait le moins, des frères ou des maîtres.
Elle oublia aussi de lui transmettre ce que les femmes ont si aisément, le désir de plaire et le naissant éveil d’une coquetterie même la plus innocente, ce semble, et la plus permise.
Mon cher ami, le monde ira comme il plaira à Dieu : je me suis fait ermite.
La vérité plaît à un petit nombre d’hommes, l’hyperbole ravit la majorité des hommes.
Molière a merveilleusement fait voir cette puérilité du moyen lorsqu’il le montre dans ses Précieuses employé du premier coup avec succès par des laquais : Mascarille et Jodelet ont à peine prononcé quelques phrases de charabia que Cathos et Madelon les reconnaissent comme des leurs, tiennent pour de grands esprits ces faux petits-maîtres et prennent meilleure opinion d’elles-mêmes parce qu’elles ont su leur plaire.
Il en est d’autres encore, tels que celui des écrivains mercantiles, des auteurs de contes pour les enfants, des feuilletonistes écrivant pour une classe définie de la société, des peintres et des musiciens soucieux de plaire au public plus qu’à eux-mêmes, en un mot des artistes qui emploient certains moyens ou certains effets, non pas d’instinct, mais volontairement, et dans un but étranger à l’art ; il sera facile de se tirer d’affaire pour les œuvres de cette sorte, en considérant qu’elles n’intéressent que par la personnalité qu’elles affectent de manifester et qu’il sera toujours facile de distinguer.
Ainsi l’on voit tous les grands savants, à toutes les époques, se plaire à recueillir leurs idées sur les opérations de leur esprit, à expliquer les procédés qui leur ont réussi, à en donner les exemples et les règles.
La Satire d’Horace, Ambubaiarum, me plaît au moins autant qu’une autre.
Que cela plaise ou non à votre personne, à vos idées, à vos sentiments, à vos sensations, à votre éducation, à vos préjugés, l’homme que voici, l’inconnu d’hier qui s’appelle Rollinat et qui a écrit les Névroses, est-il puissant, oui ou non et quelle est la mesure de sa puissance ?
Mais Monsieur et Madame m’attirèrent et me plurent.
Faites varier tant qu’il vous plaira le nombre des ouvriers et des mètres.
Lorsque plus tard il écrivit, il se figurait toujours qu’il avait pour auditeurs ces esprits si délicats, si ennemis de toute affectation, si amateurs du style clair et des termes simples, et cette pensée le préserva des expressions abstraites ou vagues sur lesquelles les métaphysiciens chevauchent dans leurs promenades fantastiques, dont l’obscurité prétentieuse pouvait plaire à des écoliers, à des bourgeois, à des poètes, mais qui auraient exclu l’auteur du salon de Mme de la Fayette, et l’auraient relégué dans la société des sulpiciens.
La rudesse même et la solitude de son enfance et ce Combourg avare de sourires préparaient en lui ce génie par où il devait régner et plaire. […] À Saint-Malo, il pousse comme il plaît à Dieu, il vagabonde, se bat et polissonne tout le jour. […] Cela dut plaire extrêmement. […] Il plaît à l’empereur à cause du secours qu’il lui a apporté dans le rétablissement de l’ordre, et à cause de la majesté et de l’emphase fréquente de son style, et de sa profusion de souvenirs classiques. […] Toujours il choisit l’attitude qui plaît le plus à son imagination.
— Ne cherché-je point comme je puis te plaire ? […] De la clarté, de l’ordre, du bon sens, nul souci ; c’est une fête et c’est une folie ; l’absurdité leur plaît. […] Plus d’élans du cœur ; ils tournent des phrases éloquentes pour être applaudis et des exagérations flatteuses pour plaire. […] Il a tous les moyens de dire ce qui lui plaira, et justement il n’a rien à dire. […] Ils se plaisent aux grossiers calembours, aux allusions sales.
Si les chefs du romantisme avaient eu un peu d’ironie, avaient su remettre les choses au point, il aurait pu se plaire à leurs jeux d’imagination. […] Personne ne s’y trompe dans le village et l’on se plaît à reconnaître que ce Jaulin a « du tact ». […] Tout l’univers travaille pour me parer et pour me plaire. […] Qu’il parle pour l’anarchie tant qu’il lui plaira, le grand artiste est la preuve de l’ordre… Au bout du compte, le génie, c’est le style. » Mais « combien s’y connaissent ? […] Mais, parce que sa maîtresse a cessé de lui plaire, il s’écrie : « Mon Dieu, vous m’avez exilé, même de l’amour humain. » On gagerait que Dieu n’était pas intervenu dans cette affaire.
— Qu’y a-t-il de répugnant à voler, s’il vous plaît ? […] Il avait donc l’habit noir, son bel habit noir, son habit des dimanches, s’il vous plaît ; car on se mettait en grande tenue pour ces jours de solennités classiques. […] La métamorphose qui me plut le moins fut celle qu’elle contracta à la suite d’un voyage à Bourbon, d’où elle revint mulâtresse, sans cependant cesser d’être remarquablement jolie. […] Les femmes, et en particulier l’excellente Angélique-Paule, se plaisaient à ce jeu, qui ne laissait pas, il faut le dire, d’intéresser vivement Mlle Jeanne. […] M. de Talyas est marié et la marquise est une franche et charmante coquette ; le jeune héros lui plaît et, malgré les révoltes de sa conscience, le trouve fort à son gré.
Ce travail d’esprit le conduisait à concevoir une sorte de roman dégagé de ce qu’il en appelait les scories, terme qui de tout temps a désigné les beautés qui ont cessé de plaire. […] Au contraire, il a dans l’aspect une gravité, une austérité, même une mélancolie, et, si l’on veut, une tristesse qui plaît infiniment. […] Sa tristesse, s’il lui plaît, va prendre forme et vie et marcher devant lui. […] Foukousas et Kakémonos lui plaisent. […] Il est si naturel d’aimer à plaire !
Logé au n°3 de la rue des Maçons-Sorbonne, dans une maison qui avait un jardin, il se plaisait à y réunir les camarades de son fils ou de ses fils ; car il avait deux fils, Émile, l’aîné, le nôtre, et Barthélémy, le cadet. […] Littré, dans la Revue des Deux Mondes du 1er avril 1838, à propos des Œuvres d’histoire naturelle de Goethe : « En commençant, j’ai rappelé, dit-il, la magnificence du spectacle du ciel, et combien les yeux se plaisent à considérer ces étoiles innombrables, ces globes semés dans l’espace, ces îles de lumière, comme dit Byron, dont se pare la nuit : je termine en rappelant que, pour les yeux de l’intelligence, le spectacle des lois mystérieuses et irrésistibles qui gouvernent les choses n’est ni moins splendide ni moins attrayant.
Dans les Amours de Psyché, La Fontaine a aussi décrit les merveilles naissantes de Versailles : les vers, le plus souvent techniques, sont parfois éclairés d’un reflet d’âme inattendu, que je ne retrouve pas à travers le bel esprit de Delille : L’onde, malgré son poids, dans le plomb renfermée, Sort avec un fracas qui marque son dépit, Et plaît aux écoutants, plus il les étourdit. […] L’été si fier de ses richesses, L’automne qui nous fait de si riches présents, Me plaisent moins que le printemps, Qui ne nous fait que des promesses.
Toutes les formes et toutes les idées qui venaient de plaire se retrouvaient chez lui, mais épurées, modérées, encadrées dans un style d’or. […] Il composait dans tous les tons et se plaisait à éprouver les émotions de tous les siècles.
Les femmes, auxquelles on s’efforçait de plaire, n’entendaient pas le langage savant. […] « Et le repentir est la tardive et claire connaissance que ce qui plaît uniquement à ce monde n’est que le songe d’un moment !
Elle aborde en tremblant et en rougissant le majestueux vieillard ; Goethe, frappé de son innocence et de ses charmes, éprouva pour elle ce que Faust avait éprouvé à l’aspect de Marguerite sur les marches de l’église ; il voulut non séduire, mais plaire. […] Il se plaisait à jouer le rôle d’un Anacréon allemand couronné de roses, et voulant mourir la coupe des illusions encore pleine à la main.
si un tel époux m’était réservé, qu’il habitât ici, et qu’il lui plût d’y rester ! […] Déjà, vous le savez, je me plaisais à réunir dans ma mémoire, comme ils l’étaient dans mon portefeuille oriental, les plus antiques et les plus modernes accents des muses bienfaitrices de l’humanité.
Il plut à ces messieurs (je ne saurais les nommer, car mon ami Caluso s’était démis de sa place de secrétaire de l’académie), il leur plut, dis-je, de m’élire membre de cet institut et de me l’apprendre directement par une lettre.
Nul cœur et nul esprit n’était plus façonné pour lui plaire. […] … « — Plaît-il, monsieur ?
On prouvait ainsi à Napoléon que le Pape faisait pour lui plaire, bien qu’à contrecœur, tout ce qu’il était possible de faire, mais qu’il n’accordait pas ce que ses devoirs sacrés lui interdisaient de céder. […] J’achevai en déclarant que Sa Majesté était libre d’agir à notre égard comme il lui plairait ; mais, qu’en respectant ses ordres, nous ne pouvions pas néanmoins admettre notre culpabilité pour le crime de rébellion et de complot que l’on nous imputait.
Le paysage le ravit ; le gouverneur lui plut : c’était l’aimable Milord Maréchal, qui lui envoyait de son vin, et le remerciait de l’avoir accepté. […] Peiner au lieu de jouir, et peiner, non à son heure, mais à l’heure qu’il plaît à autrui, ou au hasard, voilà la vie.
XVII Plut à Dieu que j’eusse fait comprendre à quelques belles âmes qu’il y a dans le culte pur des facultés humaines et des objets divins qu’elles atteignent une religion tout aussi suave, tout aussi riche en délices que les cultes les plus vénérables. […] Mais aux époques où l’État n’ayant aucune croyance dit à tout le monde : « Je n’entends rien en théologie, croyez ce qu’il vous plaira », il ne doit salarier (alors seulement naît ce mot ignoble) aucun culte, ou, ce qui revient à peu près au même, il doit les salarier tous.
Rien de plus mobile, sans doute, rien de plus relatif que les objets et les circonstances de nos plaisirs ou de nos peines : l’impression produite par le même objet sur la sensibilité « est tantôt agréable, tantôt désagréable, tantôt indifférente ; le même mets qui me plaisait tout à l’heure excite maintenant mon dégoût » ; mais, de ce que nos plaisirs et nos peines sont en relation avec une multiplicité de circonstances, a-t-on le droit de conclure qu’ils soient eux-mêmes de pures relations ? […] Il y a des sons, tels qu’un intervalle de seconde mineure, qui sont presque immédiatement déplaisants en eux-mêmes, quoiqu’ils puissent plaire dans le contexte d’une harmonie.
Mais c’est égal : le système le veut ainsi ; il faut que le monde s’y prête ; il faut que l’homme antérieur à notre ère n’ait été qu’une informe ébauche lui-même de son Créateur, une espèce de brute ou de sauvage, perfectionné indéfiniment et continûment jusqu’à la perfection où ils se plaisent à le contempler en eux ou en nous, et progressant après nous jusqu’à une espèce de divinisation indéfinie aussi, dont les étoiles doivent nous dire quelque chose. […] « Oui », dit-il, « j’ai péché peut-être ; mais plût à Dieu que les fautes qui m’ont attiré la colère de mon juge fussent pesées dans une juste balance avec ce que je souffre !
X Je me plais à me rappeler encore, en ce moment, le lieu, le jour, l’heure où je conçus soudainement, dans ma pensée, le plan de cette épopée de l’âme, de l’âme suivie par le poète dans ses pérégrinations successives et infinies à travers les échelons des mondes et ses existences d’épreuves. […] Mais surtout quand Béatrice quitta la terre dans tout l’éclat de la jeunesse, il la suivit par la pensée dans ce monde invisible dont elle était devenue l’habitante, et il se plut à la parer de toutes les fleurs de l’immortalité.
Ils se plaisent à juxtaposer les états psychologiques, à en former une chaîne ou une ligne, et ne s’imaginent point faire intervenir dans cette opération l’idée d’espace proprement dite, l’idée d’espace dans sa totalité, parce que l’espace est un milieu à trois dimensions. […] Ainsi, quand je mange d’un mets réputé exquis, le nom qu’il porte, gros de l’approbation qu’on lui donne, s’interpose entre ma sensation et ma conscience ; je pourrai croire que la saveur me plaît, alors qu’un léger effort d’attention me prouverait le contraire.
Sire, lui répond-il, que vous plaît-il d’entendre partant d’affirmatives et de négatives, desquelles je ne saurais conclure autre chose, sinon que vous désirez bien être marié, mais que vous ne trouvez point de femmes en terre qui vous soient propres ?
Cependant « Le Malade imaginaire n’est pas celle des comédies de Molière que j’aime le mieux, disait-elle ; Tartuffe me plaît davantage. » Et dans une autre lettre : « Je ne puis vous écrire plus long, car on m’appelle pour aller à la Comédie ; je vais voir Le Misanthrope, celle des pièces de Molière qui me fait le plus de plaisir. » Elle admirait Corneille, elle cite La Mort de Pompée ; je ne sais si elle goûta Esther : elle aurait aimé Shakespeare : « J’ai souvent entendu Son Altesse notre père, écrivait-elle à sa demi-sœur, dire qu’il n’y avait pas au monde de plus belles comédies que celles des Anglais. » Après la mort de Monsieur et durant les dernières années de Louis XIV, elle avait adopté un genre de vie tout à fait exact et retiré : « Je suis ici fort délaissée (5 mai 1709), car tous, jeunes et vieux, courent après la faveur ; la Maintenon ne peut me souffrir ; la duchesse de Bourgogne n’aime que ce que cette dame aime. » Elle s’était donc faite absolument ermite au milieu de la Cour : Je ne fraye avec personne si ce n’est avec mes gens ; je suis aussi polie que je peux avec tout le monde, mais je ne contracte avec personne des liaisons particulières, et je vis seule ; je me promène, je vais en voiture ; mais depuis deux heures jusqu’à neuf et demie, je ne vois plus figure humaine ; je lis, j’écris, ou je m’amuse à faire des paniers comme celui que j’ai envoyé à ma tante.
Si Dieu, qui est le maître, m’eût voulu tirer d’ici, il eût fallu obéir avec toute la soumission dont j’étais capable ; mais je suis assez content de revoir le soleil, même d’entendre les carrosses qui me rompent la tête ; ombre, livres et petits repas consumeront ce qu’il plaira à Dieu qu’il me reste de vie, et un peu de griffonnage45 !
Il semble même accorder volontiers à ceux de ses lecteurs qui ne se plaisent point à un endroit du livre de courir à un autre, et de jouer du pouce comme il dit ; tout cela est vrai, et cependant si l’on chemine avec lui et si l’on s’attache à sa suite, on est dédommagé, on a mieux que des faits originaux et singuliers, on rencontre de belles, d’admirables scènes.
Bailly n’était qu’un déiste optimiste et bienveillant, qui se plaisait volontiers à croire à l’excellence et à la divinité de l’intelligence humaine.
Noblesse et vérité, c’est là toute la poétique de Léopold Robert, et qu’il ne songea à s’exprimer à lui-même que successivement et après l’œuvre : « La noblesse sans la vérité, pensait-il, n’est plus qu’une singerie qui ne peut plaire aux véritables connaisseurs. » La vérité sans noblesse est un autre écueil : Si je copie juste ce que je vois, je sens que je ferai un tableau plat… Si on se contentait de faire vrai, on se contenterait aussi de copier servilement le modèle que l’on a sous les yeux ; mais, aussitôt que l’on veut ajouter à cette qualité de l’élévation et de la noblesse, c’est une difficulté bien plus grande ; on peut tomber dans la manière, qui est l’opposé de ce qu’on doit chercher.
Des pièces de Racine qui sont de sa première manière, Dangeau nous apprend laquelle Louis XIV préférait : « Le soir (dimanche 5 novembre 1684, à Fontainebleau), il y eut Comédie-Française ; le roi y vint, et l’on choisit Mithridate, parce que c’est la comédie qui lui plaît le plus. » Mais quand Racine eut fait Esther, ce fut certainement la pièce de prédilection de Louis XIV, si l’on en juge par le nombre de fois qu’il y assista.
Rohan sera, à sa manière, un héros, mais un héros empêché, qui aura un fardeau à porter sur les épaules : on dirait qu’il s’y plaît encore plus qu’il ne s’y résigne ; il aime la peine.
Enfin, mon cher frère, relisez, s’il vous plaît, les Maximes de La Rochefoucauld ; il plaidera ma cause plus éloquemment que je ne le pourrais faire.
Il reçut la visite du libraire, s’entendit avec lui, et partit en me laissant les soins de l’impression : « Vous êtes maître absolu, me dit-il ; vous changerez ce qu’il vous plaira. » C’était là une parole de confiance dont j’entendais bien ne pas user.
Plaire à Virgile et à Horace, n’est pas assez ; pour être sûr d’avoir bien fait, il faut encore avoir déplu à Mévius18.
» Son ami l’académicien Arnault, à qui il fait l’histoire de ces remaniements sans rien lui en communiquer toutefois, s’étonne de tant de constance et de son peu d’empressement à se faire connaître ; il l’invite à publier ses ouvrages : « Je n’en ferai rien que je ne les aie portés au point de la perfection où je sens que puis arriver ; ensuite il en sera tout ce qui plaira au sort ; mais je ne crois pas recueillir jamais le fruit des peines que je me donne.
Si j’en compose encore aujourd’hui, ce n’est plus Que le cri du moment, qu’une note où je laisse S’échapper quelquefois ma joie et ma tristesse, Un morceau qui me plaît d’un auteur que je lis, Et que d’une autre langue en passant je traduis, Doux reflet dont mon âme un instant se colore… Nous devions cependant à cette nature élevée et modeste, qui n’a fait que passer dans le champ de la muse et qui s’en retire, un souvenir et un hommage.
À la fin de la préface d’un de ses recueils à propos d’un travail sur la Poésie des races celtiques, qu’il y a inséré, il se plaît à revenir en arrière, à repasser sur les souvenirs, les piétés et même les mystiques superstitions de ses pères ; il se met tout à coup à regretter que les humbles marins, ses aïeux, n’aient pas tourné leur gouvernail, n’aient pas laissé dériver leur barque vers d’autres rivages ; il se suppose un moment enfant attardé, fidèle, de la pauvre et poétique Irlande ; écoutez !
Un des interlocuteurs des Soirées, le Chevalier ayant cité de mémoire quelques vers de Racine fils, le Comte lui répond : « Avant de vous dire mon avis, Monsieur le Chevalier, permettez, s’il vous plaît, que je vous félicite d’avoir lu Louis Racine avant Voltaire.
nos ancêtres n’étaient pas si novices, du premier coup, que nous nous plaisions à le croire : « Qu’Adam lui-même soit bien enseigné pour donner à propos la réplique, et qu’il ne soit ni trop prompt ni trop lent à répondre.
Celui-ci est mon fils Jésus Qui bien me plaît : ma plaisance est en lui… Ces mots latins, ce sont les restes d’attache du vieux, drame liturgique et sacré, même lorsqu’il est devenu tout profane et populaire.
Si, sous un mauvais gouvernement ou une mauvaise administration, sous une faible police, fût-elle républicaine, je ne puis rentrer chez moi passé minuit sans risque d’être assailli et dévalisé, je n’ai pas pleinement la liberté de rentrer passé minuit, tandis que sous une administration vigilante, qui éclaire les rues, même les plus écartées, et qui les surveille par ses gardiens, j’ai cette liberté de rentrer à l’heure qu’il me plaît.
Berryer et Dupin, et contre le système de défense qu’ils avaient adopté dans l’affaire du maréchal Ney, à des invectives tellement violentes, qu’il faut les citer textuellement, parce qu’aucune analyse n’en donnerait une juste idée : « A Dieu ne plaise, disait-il, que nous suivions jamais l’exemple qui nous a été donné dans une affaire récente dont les détails ont longtemps lasse notre patience… Nous avons une plus juste idée des devoirs que nous impose notre ministère, et si jamais ils se trouvaient, en opposition avec nos devoirs et nos sentiments de citoyens, notre choix ne serait pas douteux.
C’est sous l’inspiration de la nature que je me plais à prendre la plume.
Et aji même temps, pas une déclamation, pas une épithète inutile, pas de tirade proprement dite et pour la galerie ; c’est l’expression même de la nature, « une naïveté inévitable qu’il plaît et qui attendrit par le simple récit d’un fait très-commun. » C’est encore Fénelon qui dit cela.
Renan, il faut bien le reconnaître, ne plaît guère plus, par ce livre extraordinaire, aux sceptiques et incrédules qu’aux croyants.
L’infini dans le clair est bien autrement sublime et prodigieux que l’infini dans l’obscur. » On vient de supprimer, à l’École des Beaux-Arts, le grand prix de paysage, et l’on a bien fait : en fait de paysages, les comparaisons sont impossibles ; les plus humbles, les plus inattendus, les plus agrestes sont souvent ceux qui plaisent le plus : et cependant il y a une grandeur dans l’éclat qu’il n’appartient qu’aux vrais maîtres de savoir saisir, et dans cette belle page le peintre a tout réuni.
Au point de vue moral complet et de l’expérience, ce qui peut sembler surtout avoir fait défaut à ces existences si méritantes, si austères, et ce qui, par son absence, a nui un peu à l’équilibre, ç’a été de toutes les sociétés la plus douce, celle qui fait perdre le plus de temps et le plus agréablement du monde, la société des femmes, cette sorte d’idéal plus ou moins romanesque qu’on caresse avec lenteur et qui nous le rend en mille grâces insensibles : ces laborieux, ces éloquents et ces empressés dévoreurs de livres n’ont pas été à même de cultiver de bonne heure cet art de plaire et de s’insinuer qui apprend aussi plus d’un secret utile pour la pratique et la philosophie de la vie.
Réussir à plaire si parfaitement à Suard est une garantie de distinction assurément, mais non pas d’originalité.
Si un tel spectacle attache fortement l’imagination, si l’on se plaît à retrouver dans la succession de l’espace ce qui semble n’appartenir qu’à la succession des temps, il faut se résoudre à ne voir que très peu de liens sociaux, nul caractère commun parmi des hommes qui semblent si peu appartenir à la même association. » S’il né semblait puéril et bien ingénu de prendre Talleyrand par le côté littéraire, on aurait à noter encore ce qui suit immédiatement, ces deux portraits de mœurs, le Bûcheron américain, le Pêcheur américain.
On peut observer dans ses harangues, non seulement le caractère qui convenait à la nation romaine en général, mais toutes les modifications qui doivent plaire aux différents esprits, aux différentes habitudes des hommes en autorité dans l’état.
Nous voulons qu’on nous amusé, fût-ce en nous faisant pleurer ; et nous voulons avoir raison de nous amuser et de pleurer, c’est-à-dire être sûrs que l’auteur ne se moque pas de nous, que ce qu’il nous montre pour nous plaire existe hors de lui et hors de nous, hors de notre sensation actuelle, enfin que c’est arrivé.
De plus, comme il arrive souvent aux constructeurs des morales les moins morales, l’auteur répare par la rectitude de sa nature l’insuffisance de son système : comme il sent en lui la bonne volonté, la chaude sympathie, des formes affectueuses d’égoïsme, il érige son instinct en loi générale de l’humanité, et il se fait d’optimistes illusions sur le penchant inné des hommes à « faire tous ce qu’à un seul voyaient plaire ».
Le goût des— lecteurs y poussait : les médiocres romans historiques que donnent les imitatrices de Mme de la Fayette497, les méchants mémoires apocryphes que fabrique Sandras de Courtilz498, plaisent par l’apparence vraie, par la prétention d’être vrais, par la conformité des faits qu’ils racontent avec les faits communs de la vie réelle, et même avec les faits particuliers de l’histoire.
Par malheur, l’impatience de plaire, la rage de doubler l’effet lui ont parfois alourdi la main et fait forcer la dose.
Mais justement c’est pour cela qu’il nous plaît.
Il semble aussi que son éducation esthétique soit au point qu’il est apte à extraire lui-même d’une matière brute les possibilités de plaisir littéraire qu’elle contient, et qu’il se plaise à faire ce travail plutôt qu’à le recevoir tout fait d’un artiste habile.
Nous leur ferons des qualités de tout ce qui nous plaira en eux, des défauts de tout ce qui nous y déplaira.
Et pourtant on était libre alors de créer des merveilles ; on taillait en pleine étoffe, si j’ose le dire ; l’observation ne venait pas gêner la fantaisie ; mais c’était à la méthode expérimentale, que plusieurs se plaisent à représenter comme étroite et sans idéal, qu’il était réservé de nous révéler non pas cet infini métaphysique dont l’idée est la base même de la raison de l’homme, mais cet infini réel, que jamais il n’atteint dans les plus hardies excursions de sa fantaisie.
Ainsi Mérimée, pour n’en pas citer d’autre, plus enclin à regarder au dedans qu’au dehors, se plaisait à décrire en style assorti des états d’âme violents, des caractères âpres, des éclats de passion sauvages pareils aux paysages que les descriptifs et les peintres d’alors jetaient sur le papier ou sur la toile.
Quant au roi de France, Commynes est d’avis qu’il n’est pas plus fondé qu’aucun roi à dire : « J’ai privilège de lever sur mes sujets ce qui me plaît. » Car ce privilège, « ni lui ni autre ne l’a ».
Les fables de Florian, plus directes de marche et d’intention, plaisent peut-être davantage.
Ouvrages de main, ouvrages d’esprit, récitation par cœur de vers et de prose, enregistrement de chaque anecdote, de chaque aventure de société, dont elle fera bientôt quelque comédie ou quelque nouvelle, et avec cela sept ou huit heures de harpe par jour, elle suffit à tout, et encore à plaire, à charmer les sociétés qui l’admirent.
Cette mission remplie, Mallet du Pan était libre ; il pouvait donner ses conseils à qui il lui plaisait, sans manquer à aucun devoir de patrie ou d’honneur.
Mézeray, qui faisait l’office de secrétaire, lut le mot Jeu ; mais le hasard est souvent malin ; parmi les façons de dire proverbiales qui étaient citées, il y avait : Jeux de prince, qui ne plaisent qu’à ceux qui les font, « pour signifier une malignité ou une violence, faite par quelqu’un qui est en puissance ».
Pellisson demande ce qu’on dirait si on lisait un jour dans une histoire, dans une de ces relations où l’on se plaît à faire remarquer combien les grands événements tiennent souvent à de petites causes : Cette année nous manquâmes deux grands succès, non pas tant faute d’argent que par quelques formalités des finances.
Cousin, non content de l’étudier et de se plaire un instant avec elle, s’est mis à lui consacrer ses recherches, sa plume, son éloquence, et pourquoi ne le dirais-je pas ?
Il aimait à citer entre autres un beau passage de Vincent de Lérins qui disait : « Que, grâce à vos lumières, la postérité se félicite de concevoir ce qu’auparavant l’Antiquité croyait avec respect sans en avoir l’intelligence ; mais cependant enseignez les mêmes choses qui vous ont été transmises, de telle manière qu’en les présentant sous un nouveau jour, vous n’inventiez pas des dogmes nouveaux. » Ainsi, en maintenant l’immutabilité sur le fond, il se plaisait à remarquer que l’ordre d’explication scientifique, malgré les déviations passagères, avait suivi une loi de progrès dans l’Église et s’était développé successivement ; et il le démontrait par l’histoire même du christianisme.
La Jeune Femme colère (1804), assez généralement louée, me plaît peu : la leçon morale qui consiste, de la part du jeune mari, à vouloir corriger le défaut de sa femme en l’imitant lui-même et en le lui présentant comme dans un miroir grossissant, me paraît brusque, outrée et peu vraisemblable.
On voyait qu’il ne poursuivait que le vrai, qu’il y employait toute sa force, qu’il n’en dépensait rien pour des intérêts étrangers, qu’il ne songeait ni à briller ni à plaire, qu’il était penseur et non orateur, qu’il se servait de la parole par occasion et non par amour de la parole.
Ils imaginaient le pays mystérieux où l’astre séjourne jusqu’à ce qu’il reparaisse de l’autre côté du ciel ; ils se plaisaient à y voir un monde enchanté, d’où l’astre éternellement jeune ressortait chaque jour aussi brillant, et où peut-être était réalisée cette félicité parfaite qui ne se trouve pas sur la terre. […] Le célèbre historien, jurisconsulte et moraliste Philippe de Novare, en terminant ce Livre de Forme de plaît qui est une des sources les plus importantes de notre connaissance du droit féodal, énumère les meilleurs jurisconsultes qu’il ait connus dans les royaumes de Jérusalem et de Chypre, où il exerça pendant plus de quarante ans sa brillante activité. […] En partie sans doute de l’importance que cette même poésie, suivant la tradition d’une poésie populaire plus ancienne, attache au « renouveau » de la saison d’amour, dont les chansons des oiseaux sont comme la musique vivante : ces chansons ne donnent-elles pas aux cœurs jeunes des conseils d’amour qu’ils se plaisent naturellement à traduire en paroles naïves ? […] Il me plaît, quant à moi, de croire que les conseils du petit oiseau, apportés du fond de l’Inde, ont pu aider saint Louis à reprendre courage dans son chagrin ; il ne faut pas oublier d’ailleurs que la grande consolation que lui donne l’archevêque, c’est, naturellement, que son fils est en paradis. […] « Vous avez fait le service qui vous plaisait, maintenant vous servirez à ma volonté. » 258.
dans un de ces beaux soirs d’été où le silence même est une harmonie, de revenir des champs, — il faut aimer les champs pour se plaire avec M. […] C’est le 18 février 1635 (elle avait alors seize ans) que les plaisirs du monde, le bonheur de plaire, l’enivrement du succès et des hommages, se révélèrent à mademoiselle de Bourbon dans un bal où elle se laissa traîner en victime, et d’où elle sortit en conquérante et en souveraine. […] Cousin s’attache surtout à prouver — et il y réussit — c’est que ce ne fut pas le désir de plaire à madame de Longueville qui jeta La Rochefoucauld dans la Fronde, mais le dévouement absolu de madame de Longueville à son amant, qui l’y précipita elle-même, et fit d’elle l’héroïne de ces rébellions funestes. […] Je ne les justifie pas, à Dieu ne plaise ! […] Ce mysticisme-là n’est pas, à Dieu ne plaise !
Il me semble au moins que le scepticisme que certaines discussions historiques provoquent ou entretiennent n’est ni la moins douce ni la moins saine habitude que l’esprit humain puisse contracter. » Bien des nobles cœurs qui veulent de la foi à tout prix se pourront scandaliser de cette conclusion à la Montaigne, qui met la santé de l’esprit là où d’autres voient son plus grand mal ; elle me plaît et me touche chez Daunou, elle est conforme à la nature de cet esprit judicieux et craintif, au moment où, battu des orages, il se retrouve dans la sphère paisible de l’étude et où il respire. […] Cette vie n’avait jamais eu sa fantaisie, jamais une fleur ; son style s’en ressent. « Lire même ce qui plaît moins, n’écrire que ce qu’on aime, excellente hygiène intellectuelle, » a-t-on dit ; cela est vrai : à ce régime, l’esprit acquiert son sérieux, et le style garde sa légèreté naturelle. […] Daunou réprouve : historia quoquo modo scripte delectat, l’histoire sous toutes sortes de formes trouve moyen de plaire ; les professeurs d’histoire ne sauraient être si coulants ; mais ce volume, à l’appui des préceptes, contient, ce qui vaut mieux, d’éloquentes appréciations et des portraits achevés des grands historiens de l’antiquité : les modernes y ont aussi leur part.
Il renvoie Bethsabé et se flatte qu’Urie ignorera tout. « Car la trace du navire sur l’onde, de l’homme sur le corps de la femme profonde, Dieu lui-même ne la connaîtrait pas. » Mais Urie a été tué au siège de Raba, par la faute d’un courtisan, qui croyant plaire à David, a exposé ce brave à l’endroit le plus périlleux. […] André Gide, et plus généralement contre le grouper de la Nouvelle Revue française, et plus radicalement encore contre une certaine sorte de littérature qu’il lui plaît de considérer comme pédantesque et ennuyeuse. […] Mais parce qu’on se plaît un peu moins dans l’intimité d’un auteur, et parce qu’on a cessé de lui demander ses livres de chevet, faut-il le renier et abjurer l’ancienne admiration ?
. — En second lieu, il est varié ; d’une page à l’autre vous passez de la Renaissance au dix-neuvième siècle, de l’Inde à l’Angleterre ; cette diversité surprend et plaît. — Enfin, involontairement, l’auteur y est indiscret ; il se découvre à nous, sans rien réserver de lui-même ; c’est une conversation intime, et il n’y en a point qui vaille celle du plus grand historien de l’Angleterre. […] La seule partie de la philosophie qui plaise aux hommes de ce caractère est la morale, parce qu’ainsi qu’eux elle est toute pratique, et ne s’occupe que des actions. […] Il semble qu’il fasse une gageure contre son lecteur, et qu’il lui dise : « Soyez aussi distrait, aussi sot, aussi ignorant qu’il vous plaira.
Je l’achetai sur-le-champ et cet ouvrage me plut extrêmement ; le premier volume surtout. […] Henri Berthoud, dont la physionomie douce et distinguée me plaisait infiniment, un grand bruit se fit au-dessus de notre tête ; mon auteur d’un acte de vaudeville me dit que c’était la loge des lions qui prenait ses ébats. […] Les réimpressions de Casimir Delavigne ont du succès chez nous, et son théâtre qui est sage et sévère, nous plaît à lire. […] C’est un homme partial mais de beaucoup de talent et qu’il est facile de juger, à voir dans son journal, le Corsaire, la façon dont il traite les gens qui n’ont pas le bonheur de lui plaire.
Ne sommes-nous pas libres de diriger notre attention où il nous plaît et comme il nous plaît ? […] Appelez-les, selon le cas, qualités, formes, positions ou intentions ; vous pourrez en multiplier le nombre autant qu’il vous plaira et rapprocher ainsi indéfiniment l’un de l’autre deux états consécutifs : vous éprouverez toujours devant le mouvement intermédiaire la déception de l’enfant qui voudrait, en rapprochant l’une de l’autre ses deux mains ouvertes, écraser de la fumée. […] Nous pouvons, nous devons le diviser comme il nous plaît.
Boileau, comme Horace, son maître et son modèle, ne plaît et ne plaira jamais qu’aux lettrés. […] À Dieu ne plaise que je conseille jamais à personne de versifier la discussion des questions sociales ! […] Il y a dans Atala des teintes crues, des tons criards qui plaisent à la multitude, mais que le goût réprouve, et qui ne se retrouvent pas dans René. […] Toutes les parties de la science humaine sont à sa disposition, et s’il lui plaît d’interpeller un astronome, un philosophe, il est sûr de ne pas l’interpeller en vain. […] Du moment où le poète tragique s’est résolu à ne contempler dans l’âme que la seule passion, il est naturel qu’il se plaise à l’orner d’une grandeur et d’une dignité sans lesquelles la passion se présente habituellement ; il est naturel qu’il idéalise la souffrance, précisément parce qu’il envisage la souffrance sans tenir compte des sentiments d’un autre ordre qui jouent un rôle important dans la vie humaine.
Elle se plut à cet amour plutôt à cause de l’amour qu’à cause de son amoureux, elle l’aima de l’aimer, elle l’aima surtout de la désennuyer dans une vie sentimentale que l’homme d’affaires qu’elle avait épousé eût rendue à lui seul bien plate. […] La jeune femme se plaisait à ses entretiens, le recevait longuement, pendant les absences fréquentes de son mari, et quelquefois tard dans la nuit. Il ne semble s’être passé (à ce moment du moins) rien de spécialement grave entre elle et le collégien dont la présence lui plaisait, dont les ardeurs plus ou moins voilées l’intéressaient. […] « Ce n’est pas la gaieté qui me plaît dans la lumière ; ce qui me ravit, c’est la précision qu’elle donne aux contours, et de tous les attributs propres à la grandeur, le plus beau, selon moi, c’est l’immobilité. […] Mais la dernière phrase ne pourrait absolument pas être de Flaubert, qui termine toujours un paragraphe descriptif par un trait net et pittoresque, une saillie, au lieu que Fromentin l’achève par cette ligne égale ou déclinante où se plaisait le dix-septième siècle.
Don Quichotte me plaît comme symbole. […] Les imaginations, si profondément remuées par les pénétrants parfums de Joseph Delorme, des Fleurs du Mal, rafraîchies par les architectures hautaines ou glacées des Poèmes barbares, se plaisent aux coteaux modérés, à grandes lignes, des Méditations et des Harmonies. […] Leur feuillage plaît, leur ombre est quelquefois charmante, certains portent des fleurs admirables ; ils prêtent au mysticisme, à la botanique et au repos ; pourtant je craindrais, en les aimant trop, de n’être pas compris par eux, et rien n’est ennuyeux comme de voir ses témoignages affectifs pris pour une exaltation déplacée. […] N’est-ce pas un roman de mœurs à la fois italiennes et françaises, mœurs galantes et dures où se plaisait l’âpre esprit d’Henry Beyle ? […] Ces conclusions me plaisent ; j’ai toujours détesté la comédie où Molière ridiculise les Précieuses.
Mais dès lors nous voyons comment nous pourrons, s’il nous plaît, élargir, approfondir, intensifier indéfiniment la vision qui nous a été concédée de l’esprit. […] Elle peut alors construire des idées générales comme il lui plaît. […] Mais il en est ainsi parce qu’il me plaît de limiter à ma phrase le champ de mon attention. […] Le romancier pourra multiplier les traits de caractère, faire parler et agir son héros autant qu’il lui plaira : tout cela ne vaudra pas le sentiment simple et indivisible que j’éprouverais si je coïncidais un instant avec le personnage lui-même. […] Je puis les supposer aussi voisins qu’il me plaira ; il y aura toujours, entre ces points mathématiques, d’autres points mathématiques, et ainsi de suite à l’infini.
» À l’affaire d’Aumale (1592) où Henri s’expose si imprudemment, Rosny est dépêché par les plus fidèles serviteurs du roi pour lui faire remontrance sur le terrain même et le prier de ne point se hasarder ainsi sans besoin : « Sire, ces messieurs qui vous aiment plus que leurs vies, m’ont prié de vous dire qu’ils ont appris des meilleurs capitaines, et de vous plus souvent que de nul autre, qu’il n’y a point d’entreprise plus imprudente et moins utile à un homme de guerre que d’attaquer, étant faible, à la tête d’une armée. » À quoi il vous répondit : « Voilà un discours de gens qui ont peur ; je ne l’eusse pas attendu de vous autres. » — « Il est vrai, Sire, lui repartîtes-vous, mais seulement pour votre personne qui nous est si chère ; que s’il vous plaît vous retirer avec le gros qui a passé le vallon, et nous commander d’aller, pour votre service ou votre contentement, mourir dans cette forêt de piques, vous reconnaîtrez que nous n’avons point de peur pour nos vies, mais seulement pour la vôtre. » Ce propos, comme il vous l’a confessé depuis, lui attendrit le cœur… Il y a dans ces Mémoires de Sully, et si l’on en écarte les cérémonies et les lenteurs, des scènes racontées d’une manière charmante et même naïve.
Ce n’est pas moi qui suis roi de France ni qui suis la sainte Église ; je ne suis qu’un seul homme dont la vie passera comme celle d’un autre homme quand il plaira à Dieu.
Rigault, dans un article sur Chapelle (18 mai 1855), me semble lui avoir beaucoup prêté quand il a dit : « Partout, dans le monde et dans l’intimité, parmi les grands seigneurs et les grands esprits, à Chantilly avec M. le prince, à Auteuil avec Roileau, Racine et Molière, Chapelle plaît à tout le monde par l’enjouement de son caractère, par l’agrément de son esprit naturel et cultivé, et par cette finesse de goût qui est peut-être la première de ses qualités, et le trait caractéristique de son mérite.
Dans des matières si diverses et où les particularités en apparence les plus minutieuses ne sauraient être négligées, le ministre a dû s’autoriser et s’aider (et il se plaît à le reconnaître) des rapports et des souvenirs de MM. les inspecteurs généraux ; il a joint les fruits de leur pratique à la sienne propre et à sa riche expérience universitaire.
Lui-même, d’ailleurs, dans une des lettres les plus jolies du nouveau recueil, et qui est de son meilleur entrain, il a réduit à sa valeur cette réputation exagérée d’universalité qu’on se plaisait à lui faire : Je viens de lire un morceau, écrivait-il à M.
Une notice préliminaire, à la fois instructive et élégante, met le lecteur au fait de tout ce qu’il doit savoir pour se plaire tout d’abord dans cette bonne compagnie, pour en entendre à demi-mot les allusions et les badinages habituels, pour en connaître les principaux personnages et tous les entours.
Si vous ne l’avez pas lu, lisez-le », me disait l’un des hommes qui se plaisent le plus aux saines lectures (M. de Sacy).
Rousset, commentant ce même endroit, l’a été également, que j’ai lieu de m’étonner qu’ensuite il ne ménage pas plus les expressions au sujet d’un roi magnanime ; qu’il se plaise parfois à le montrer dans un embarras qui touche au comique (tome Ier, p. 418) ; qu’il parle de ses éruptions de vanité, et pour un projet dans lequel il le surprend au dépourvu, projet un peu trop ambitieux, mais qui a grand air, il s’égaye de ce qu’il appelle sa déconvenue (tome Ier, p. 419) ; qu’enfin, pour l’avoir surpris, un autre jour, dans une grande variation d’ordres et de contre-ordres donnés coup sur coup (tome Ier, p. 489), il se moque tout à fait de lui.
Voici cinq volumes de ses Œuvres ; ils doivent plaire aux étrangers.
D’autres, simples assistants et hommes de désir, se plaisaient à voir le catholicisme s’essayer à des interprétations compatibles peut-être avec les progrès de la science et avec ceux de l’humanité ; ils prenaient goût à de hauts entretiens qui rappelaient ceux des philosophes ou des chrétiens alexandrins.
Dans les choses mêmes qu’il n’avait pas vues et qui sortaient de son horizon habituel, il portait encore cette facilité et cette grâce qui plaît.
Il plaisait visiblement au monarque, qui, dès qu’il l’eut placé au siège de Paris, lui accorda, le vendredi de chaque semaine, une et quelquefois deux heures d’entretien particulier dans son cabinet.
À lui qui sait si bien son Molière, il me plaît pourtant de lui adresser non pas une critique, mais une question, de lui proposer une sorte d’énigme.
Et moi-même tout le premier qui écris ceci, si je me plais à tout moment à briser le moule auquel je serais tenté de m’asservir, si je me force d’aimer ce que je ne suis pas ou le contraire même de ce que je suis, ce n’est pas désintéressement du moi : c’est que je me pique peut-être de n’être rien en particulier et que je m’aime mieux apparemment sous cette forme brisée, multiple et fuyante que sous toute autre.
Il est dissimulé ; il me fait des merveilles, quoique je sois persuadé que mon séjour dans ce pays ne lui plaise pas.
Il y a dans le cœur des hommes plus de pauvreté qu’il n’y a de misère dans la vie. » La sévérité morale, si naturelle à la première jeunesse que rien n’a corrompue, s’y marque en bien des pensées : « Dès que l’on aime, on a besoin de s’estimer ; la dignité est inhérente à tous les sentiments passionnés et au désir de plaire. » « La sensibilité profonde est aussi rare que la vertu ; … le cœur qui peut se laisser séduire un instant ne s’attache véritablement qu’à ce qu’il respecte.
mon ami, lui répliquai-je, vous pouvez retourner dans votre Chine demain, aujourd’hui, tout à l’heure, et quand il vous plaira.
Je le sais, la doctrine du trop, de l’exagération dite légitime, de la monstruosité même, prise pour marque du génie, est à l’ordre du jour : je demande à n’en être que sous toute réserve ; j’habite volontiers en deçà, et j’ai gardé de mes vieilles habitudes littéraires le besoin de ne pas me fatiguer et même le désir de me plaire à ce que j’admire.
Tout est tranquille ici ; je m’y plais bien plus qu’avec les gens de Versailles.
Encore aujourd’hui, on distingue au premier abord les peuples qui aiment à voyager de ceux qui se plaisent chez eux sans avoir le besoin d’en sortir.
Flammarion, s’entendrait à merveille à ce genre d’inductions légitimes, s’il ne préférait d’en sortir parfois, et s’il ne se plaisait à y mêler des considérations d’une autre nature.
Les affaires se tiennent par des liaisons qui les mettent dans une dépendance nécessaire les unes des autres, et ce n’est que par la combinaison de toutes les parties qu’on doit se décider sur ce qu’il est le plus avantageux de faire pour chacune d’elles en particulier. » Le maréchal de Noailles est âgé de soixante-quatre ans à cette date ; il représente une longue expérience acquise, il est un des rares demeurants du dernier règne ; il peut dire au roi avec autorité sur presque chaque sujet : « Le feu roi, votre auguste bisaïeul, pensait… le feu roi, votre auguste bisaïeul, disait… » Il s’offre pour ce genre de conseil avec un dévouement passionné, qui n’est pas sans dignité jusque dans son expansion : « Jusqu’à ce qu’il plaise à Votre Majesté de me faire connaître ses intentions et sa volonté, me bornant uniquement à ce qui regarde la frontière dont elle m’a donné le commandement, je parlerai avec franchise et liberté sur l’objet qui est confié à mes soins, et je me tairai sur tout le reste, toujours prêt, cependant, à vous exposer, Sire, lorsque vous le voudrez, etc., etc.
ajouta-t-il ; puis en se remettant tout d’un coup, il reprit : “Allez, mon fils, laissez-moi, je deviendrai ce qu’il plaira à Dieu ; remontez à cheval ; je vous le commande, le temps presse ; allez faire votre devoir ; et je ne désire plus de vie qu’autant qu’il m’en faudra pour apprendre que vous vous en serez bien acquitté.”
Demandez à M. et à Mme de Noailles, en l’exigeant même, sur tous les cas, ce que, comme étrangère et voulant absolument plaire à la nation, vous devrez faire, et qu’ils vous disent sincèrement s’il y a quelque chose à corriger dans votre maintien, dans vos discours, ou autres points.
l’art, parce qu’il doit surtout satisfaire les artistes, c’est-à-dire les connaisseurs, doit-il donc se condamner ainsi à ne plaire qu’à eux, à eux seuls, à déplaire nécessairement aux bourgeois (ce mot va loin), à la moyenne du public, à l’ensemble d’une société, à nos semblables ?
Et quant à Mademoiselle de Sens dont le nom reparaît ici et dont il a été déjà question assez gaillardement dans un voyage à Chambord, il me revient à son sujet une anecdote que se plaisait raconter au dessert l’abbé de Feletz dans les agréables dîners qu’il nous donnait du temps de la Bibliothèque Mazarine.
Le salon de M. de Talleyrand, en ces années, était un centre où bien des fils se rejoignaient, et il se plaisait à en jouer.
Gautier sur sa réhabilitation de Saint-Amant, dont il reprend en sous-œuvre et nous traduit en prose brillante et colorée les peintures, car on croirait voir des peintures sous la plume, tant il les flatte, au lieu de charges dessinées au charbon sur la muraille ; il se plaît à y saisir des traits, des reflets de ressemblance à l’infini avec nos principaux contemporains.
Il exprime ses pensées, ses émotions, qui sont volontiers les leurs, du mieux qu’elles-mêmes le pourraient désirer, et avec les couleurs qu’il leur plairait le plus de choisir.
Tandis que, dans l’extérieur du monde, Mme de Duras ne se présentait que par l’accord convenable et l’accommodement des opinions, là, dans ses écrits, elle se plaît à retracer l’antagonisme douloureux et le déchirement.
La métaphore soutenue plaît ou déplaît, selon que dans cette continuité l’on sent une rencontre naturelle ou une recherche laborieuse ; elle est de bon goût, quand les expressions figurées qui font cortège à la figure initiale naissent d’une création incessante de l’imagination, qui garde l’image comme elle la changerait, par la découverte instantanée et toujours renaissante de ressemblances successives ; elle est de mauvais goût, quand, par un renversement des rôles, l’esprit sacrifie la pensée à la figure, quand celle-ci, devenant tyrannique en cessant d’être dépendante, avide de durer, ne laisse plus pénétrer dans la phrase que les idées qu’elle peut absorber et amalgamer.
C’est dans ces pièces philosophiques et dans la sentimentale féerie d’Arlequin poli par l’amour (1720) que l’on sent combien Marivaux à sa façon est vraiment poète : il y a en lui une poésie d’une espèce rare, une poésie fantaisiste, ingénieuse, alambiquée, brillante, qui rappelle avec moins de puissance et plus de délicatesse la Tempête ou Comme il vous plaira de Shakespeare.
Il n’est pas tendre : quand il parle d’amour pour son compte personnel, il mêle un peu de sensualité très matérielle à la galanterie mièvre, à la rhétorique éclatante : il ne s’aliène pas assez pour connaître les grandes passions ; de sa hauteur de poète pensif, il se plaît trop à regarder l’amour de la femme « comme un chien à ses pieds 870 ».
Ainsi parée, sa pensée lui plaît davantage : si elle est neuve, elle lui paraît plus neuve encore ; et si elle est commune, il croit la rajeunir.
Il y a l’idéologie solidariste qui consiste à voiler l’antagonisme foncier qui fait de chaque individu l’ennemi de tous les autres, pour déployer à nos yeux la solidarité qui les relie ; solidarité réelle assurément, mais qui n’est qu’un des côtés du tableau : côté qu’on se plaît à mettre seul en lumière, en laissant l’autre côté dans une ombre prudente.
Yaçna, XIII, 24 ; Théopompe, dans Plut., De Iside et Osiride, § 47 ; Minokhired, passage publié dans la Zeitschrift der deutschen morgenlændischen Gesellschaft, I, p. 263.
Le sultan professait pour lui une admiration passionnée, et se plaisait à dire qu’il avait souvent entendu ces mêmes histoires, mais que la poésie de Ferdousi les rendait comme neuves, et qu’elle inspirait aux auditeurs de l’éloquence, de la bravoure et de la pitié.
On nous a assuré que, quand il voulait plaire, il avait pour cela, et jusqu’à la fin, des séductions, des grâces, une jeunesse d’imagination, une fleur de langage, un sourire qui étaient irrésistibles, et nous le croyons sans peine.
Au sortir de cette guerre où coula tant de sang, et après laquelle toutes choses furent remises en Allemagne sur le même pied que devant, sauf les dévastations et les ruines, Frédéric se plaît à faire sentir la faiblesse et l’inanité des projets humains : Ne paraît-il pas étonnant, dit-il, que ce qu’il y a de plus raffiné dans la prudence humaine jointe à la force soit si souvent la dupe d’événements inattendus ou des coups de la fortune ?
Considérant de près le désordre des partis et ce qui s’y développe si vite d’abject et de misérable, il rougit de voir des chefs qui ont quelque renom s’abaisser et s’avilir par de lâches complaisances : car, en ces circonstances, nous le savons comme lui, « c’est au commandant de suivre, courtiser et plier, à lui seul d’obéir ; tout le reste est libre et dissolu. » — « Il me plaît, dit ironiquement Montaigne, de voir combien il y a de lâcheté et de pusillanimité en l’ambition ; par combien d’abjection et de servitude il lui faut arriver à son but. » Méprisant l’ambition comme il le fait, il n’est pas fâché de la voir se démasquer ainsi dans ces pratiques et se dégrader à ses yeux.
Les Satires de Boileau ne sont pas aujourd’hui ce qui plaît le plus dans ses ouvrages.
Plus je le lis, plus je m’y plais ; il vaudrait lui seul, à mon gré, la peine que l’on apprît la langue pour le lire.
Un jour, en attendant cette seconde bataille qui tarde et qui doit bientôt se livrer, Frédéric écrit à Jordan : « Envoyez-moi un Boileau, que vous achèterez en ville ; envoyez-moi encore les Lettres de Cicéron, depuis le tome III jusqu’à la fin de l’ouvrage, que vous achèterez de même ; il vous plaira de plus d’y joindre les Tusculanes, les Philippiques, et les Commentaires de César. » Cette bibliothèque de campagne, envoyée par Jordan, et qui ne quitta plus le roi, fut pillée avec tous ses bagages dans la seconde guerre de Silésie, à la bataille de Soor (30 septembre 1745) ; Frédéric alors écrivit à son autre ami et ancien précepteur Duhan, pour qu’il eût à lui racheter ces mêmes ouvrages et quelques autres.
Si les contrastes nous plaisent, c’est qu’ils ont lieu au sein de la ressemblance et la font ressortir : ils nous donnent à la fois la jouissance de l’ancien et celle du nouveau, distinctes et cependant unies.
La même année, il donna Diane, interprétée par la grande Rachel, et qui n’eut pas le don de plaire au public.
L’architecte qui ne sçauroit bâtir qu’avec de la brique, ne peut pas élever un édifice qui plaise autant que s’il pouvoit le bâtir avec de la pierre et avec du marbre.
Le hazard se plût à donner à Jacques Metius l’honneur de cette invention, qui seule a plus perfectionné les sciences naturelles que toutes les spéculations des philosophes, et cela préferablement à son pere et à son frere, qui étoient de grands mathematiciens.
Ce qui plaît aux uns répugne aux autres.
Un tout petit peu d’impartialité, s’il vous plaît !
— L’aspect véritable des guinné n’est pas connu et ne saurait l’être car — disent les Peulh — ils prennent toutes les formes qu’il leur plaît.
Malgré ses dires, il est chaste et pur comme l’enfant qui vient de naître ; mais il lui plaît de s’entendre appeler “monstre” par ces bons bourgeois à qui il ressemble si bien et qu’il brûle déjà d’imiter.
Il faut devenir, en se travaillant, de nerveuse une musclée, et de femme qui pouvait plaire, un être déplaisant qui n’est pas même un homme déplaisant.
Il vient bien moins de la supériorité d’un homme d’un talent, trop fier pour plaire au grand nombre, qu’à l’abaissement de sa raison quand il s’abaisse et qu’il se rapproche de nous tous.
Voilà les contes bleus qu’il vous faut pour vous plaire, Ma bru… La bru n’y est pas, mais les contes y sont.
Je l’ai renouvelé bien des fois, depuis hier matin, je le renouvelle encore une fois, avec tout ce qu’il plaira au Bon Dieu d’y ajouter ou d’en retrancher.
Elle fait la belle fermière dans ses lettres, elle jure qu’elle se plaît au milieu de ses gens et de ses moutons ; mais c’est comme le prisonnier qui s’intéresse au travail d’une araignée et qui le décrit faute de mieux.
Les faits sont des soldats ; le but est le général, qui les mène du côté qui lui plaît, ici contre l’affirmation, là contre le doute.
— Nous dirons pas plus loin, s’il vous plaît.
Il n’était pas cependant royaliste à cette époque, il se plaisait plus tard à le redire ; mais il le devint à la suite de ce coup d’État. […] Son esprit abandonna la politique où il ne pouvait réaliser sa théorie, et où il ne voulait pas devenir l’instrument d’une théorie toute-puissante dont l’origine plaisait peu à son intelligence et dont l’avenir lui inspirait des doutes. […] Guizot était dans cette période de la jeunesse où l’on ne s’effraye pas d’une union un peu disproportionnée par l’âge, et où la première affection du jeune homme se plaît à retrouver quelque chose de maternel dans la tendresse de la femme. […] La France se mirant dans cette gloire dont elle avait payé les frais avec le plus pur de son sang, et qui au fond était la sienne, se plaisait à cette transfiguration de Bonaparte réel dans un Napoléon idéal, dont les fautes, les torts, les faiblesses, les petitesses (car toutes les grandeurs humaines sont courtes par quelque endroit, comme parle Bossuet), disparaissaient dans l’auréole poétique dont il était environné, et dans ce lointain du temps et de l’espace qui ne laisse voir que les proportions du monument. […] Cette grandeur vaporeuse et indéterminée à la manière d’Ossian, dont les héros plaisaient tant à l’imagination de l’empereur, tendait à tout faire paraître petit, et la prose d’un gouvernement régulier, quelque sage qu’il fût, devait sembler terne et monotone, auprès de la poésie de ce gouvernement exceptionnel et irrégulier dont les proportions, déjà démesurées, s’agrandissaient encore au souffle de l’imagination des poëtes et de i’imagination populaire, qui est aussi poëte à sa manière.
Auguste de Forbin, car malgré tous les efforts encore récents des révolutionnaires pour écraser l’aristocratie, les noms illustres plaisaient toujours aux oreilles des Français en 1797, Auguste le Forbin apportant, sous des habits excessivement simples, toute l’aisance et la familiarité un peu moqueuse d’un gentilhomme au milieu de jeunes gens qui n’avaient de commun avec lui que leur âge, fit dès le premier jour leur conquête. […] Tout enthousiaste que Lullin fût de ce qui était emprunté aux usages et aux arts de la Grèce antique, cependant cette mascarade des Agamemnon et des Pâris dans les rues était loin de lui plaire ; et, à cet égard, il portait le scrupule assez loin pour s’abstenir même d’adopter de certaines redingotes courtes, des tuniques comme on en porte généralement aujourd’hui, par cela seul que ce costume, inventé par David et choisi par ses élèves, les faisait reconnaître pour tels dans les lieux publics. […] Cette histoire de la famille Horace lui plaisait. […] On étudiait, on admirait même la réforme théâtrale qu’avait introduite Alfieri ; on traduisait les poésies de Klopstock, les drames de Shiller et de Kotzebue, le Werther de Goëthe, et l’on se plaisait à comparer les poésies d’Homère avec celles d’Ossian. […] De toute cette foule de gens qui s’enivraient du plaisir de voir cet homme, le parti auquel il plut davantage, à quelques exceptions près, fut celui des républicains dits jacobins.
Elle se plaît à dérouter nos prévisions et à confondre nos calculs. […] Il a écrit un mot profond et d’une justesse admirable : « Parmi les agréments de la vie, ceux-là seuls dont on jouissait à vingt-cinq ans sont en possession de plaire toujours. » Par contre-partie, on fait sa conception de la vie de la manière dont on l’a sentie et goûtée à vingt-cinq ans. […] Nées d’une égalité relative dans les fortunes, elles maintiennent et augmentent cette égalité, qui leur plaît, par tous les moyens qui sont en leurs pouvoirs : l’impôt progressif, c’est-à-dire l’impôt sur les riches, les entraves au droit de tester, les droits de l’épouse sur sa fortune patrimoniale, les droits des enfants sur leur fortune à venir sont parmi les principes qui sont chers aux démocraties. […] De là vient que les charlatans de tout genre savent si bien le secret de lui plaire, tandis que le plus souvent ses véritables amis y échouent. » C’est même, ajouterai-je, c’est même ici que cesse cette similitude si amusante, cent fois observée, entre la démocratie et la monarchie absolue. […] « Vous aurez fait de beaux raisonnements sur les races ou les époques prosaïques ; mais il plaira à Dieu que Pindare sorte un jour de Béotie et qu’André Chénier naisse et meure au xviiie siècle. » Il est donc bon de situer l’artiste, non dans sa nation et son siècle, mais plus simplement dans le cercle de ses habitudes et de ses relations, cercle plus ou moins étendu, selon que l’artiste a été plus recueilli ou plus répandu, mais toujours assez restreint.
Je voulais bien essayer de plaire, précise-t-il, Tant que ma servitude espéra du salaire. […] Remarquant à bon droit que c’était alors une difficile entreprise de s’élever, que le mérite comptait peu et qu’il y fallait avant tout l’art de plaire, M. […] André Hallays se plaît à houspiller, n’avait pas dit autre chose. […] Pour plaire à M. […] Alors on ne peut rechercher sans contradiction la gloire littéraire, qu’on n’achète qu’en se faisant semblable pour plaire et en se transformant en une sorte d’émanation du public qu’il s’agit de conquérir.
En effet, de quelques termes qu’il plaise aux différens peuples de la terre de faire usage, de quelque maniere qu’ils s’avisent de les modifier, quelque disposition qu’ils leur donnent : ils auront toûjours à rendre des perceptions, des jugemens, des raisonnemens ; il leur faudra des mots pour exprimer les objets de leurs idées, leurs modifications, leurs corrélations ; ils auront à rendre sensibles les différens points de vûe sous lesquels ils auront envisagé toutes ces choses ; souvent le besoin les obligera d’employer des termes appellatifs & généraux, même pour exprimer des individus ; & conséquemment ils ne pourront se passer de mots déterminatifs pour restraindre la signification trop vague des premiers. […] Les autres n’ont qu’une vérité hypothétique & dépendante de conventions libres & muables, & ne sont d’usage que chez les peuples qui les ont adoptés librement, sans perdre le droit de les changer ou de les abandonner, quand il plaira à l’usage de les modifier ou de les proscrire. […] Ces diverses relations sont communément indiquées par des formes différentes, telles qu’il plaît aux usages arbitraires des langues de les fixer : de-là les genres, les cas, les nombres, les personnes, les tems, les modes (voyez […] Quoiqu’il soit vrai en général que l’hiatus est un vice réel dans la parole, sur-tout entre deux mots qui se suivent ; loin cependant d’y déplaire toûjours, il y produit quelquefois un bon effet, comme il arrive aux dissonnances de plaire dans la Musique, & aux ombres dans un tableau, lorsqu’elles y sont placées avec intelligence.
Sa poésie ressemble à une de ces jolies femmes maniérées, attifées, occupées à pencher la tête, à murmurer d’une voix flûtée des choses communes qu’elles ne pensent guère, agréables pourtant dans leur parure trop enrubannée, et qui plairaient tout à fait si elles ne songeaient pas à plaire toujours. […] L’agrément s’y joint à la solidité ; l’auteur de Cooper’s Hill sait plaire autant qu’imposer. […] Non, ce qui me plaît, c’est de penser au fracas que je ferai une fois à Londres ; car quand je serai les deux choses, épousée et dame, par ma foi ! […] Je viendrai dîner quand il me plaira ; je dînerai dans mon boudoir quand je serai de mauvaise humeur, et cela sans donner de raison.
Rosny10 pour si personnels qu’en soient le fond et la forme, me plaît moins. […] C’est par là qu’elle plaît si fort aux féminins. […] Les hommes sont bien vieux, et dégoûtés surtout, pour se plaire encore aux légendes. […] Il lui faut plaire, d’abord, et pour ce s’accommoder aux exigences d’un public qui, à mesure qu’il est moins dégrossi, raffole davantage d’élégance et de bel air. […] Jules Lemaître se plaît à reconnaître, avec une grande raison d’ailleurs, l’entrain, la vie, le parisianisme, dit couramment « la horde misère », sa syntaxe est-elle enfin si supérieure à celle de M.
Vous savez qu’Odette par exemple est représentée comme n’étant absolument pas le type de beauté que Swann a toujours recherché instinctivement et vous vous rappelez la phrase d’une profondeur admirable par laquelle se termine Un amour de Swann : Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre 55 : Et dans la Prisonnière : Je ne m’étais rappelé que la petite qui m’avait déplu. […] Alors l’être avec qui nous nous plaisons à ce moment-là, le sort en est jeté, c’est lui que nous aimerons. Il n’est même pas besoin qu’il nous plût jusque-là plus, ou même autant, que d’autres. […] Jaloux l’a bien marqué : Il semble que les romanciers aient toujours menti sur ce point, comme s’ils n’osaient pas dire la vérité, comme s’ils poursuivaient dans le roman, la recherche de ces illusions qui plaisent aux femmes et par lesquelles ils ont personnellement l’habitude de leur plaire 64.
Le goût leur était venu tout de suite, c’est-à-dire l’envie de plaire aux yeux, et d’exprimer une pensée par des formes, une pensée neuve : l’arche circulaire s’appuyait sur une colonne simple ou sur un faisceau de colonnettes : les moulures élégantes s’arrondissaient autour des fenêtres ; la rosace s’ouvrait simple encore et semblable à la rose des buissons, et le style normand se déployait original et mesuré entre le style gothique dont il annonçait la richesse, et le style roman dont il rappelait la solidité. […] Le tournoi lui-même n’est qu’une cérémonie, un peu brutale, à la vérité, puisqu’il s’agit de casser des bras et des jambes, mais brillante et française ; faire parade d’adresse et de courage, étaler la magnificence de ses habits et de ses armes, être applaudi et plaire aux dames, de tels sentiments indiquent des hommes plus sociables, plus soumis à l’opinion, moins concentrés dans la passion personnelle, exempts de l’inspiration lyrique et de l’exaltation sauvage, doués d’un autre génie, puisqu’ils sont enclins à d’autres plaisirs. […] Ils ne sont point frappés par la magnificence de la nature, ils n’en voient guère que les jolis aspects ; ils peignent la beauté d’une femme d’un seul trait qui n’est qu’aimable en disant « qu’elle est plus gracieuse que la rose en mai. » Ils ne ressentent pas ce trouble terrible, ce ravissement, ce soudain accablement de cœur que montrent les poésies voisines ; ils disent discrètement « qu’elle se mit à sourire, ce qui moult lui avenait. » Ils ajoutent, quand ils sont en humeur descriptive : « qu’elle eut douce haleine et savourée », et le corps aussi blanc « comme est la neige sur la branche quand il a fraîchement neigé. » Ils s’en tiennent là ; la beauté leur plaît, mais ne les transporte pas.
Quand on voit, ou à Genève, ou ailleurs, un garçon de boutique se jouer au chant de ces Psalmes et rompre le fil d’une très belle prière pour dire : “Monsieur, que vous plaît-il ?” […] “Cette voix, dit Montaigne, est trop divine pour n’avoir autre usage que d’exercer les poulmons et plaire aux oreilles.” […] Il aimait à diriger les consciences féminines et se plaisait dans la société des femmes, bien qu’il se défendit de les regarder. […] Elles parlaient, ces voix, avec une émotion pénétrante et un accent exotique dont la saveur nous plut. […] Ils se plurent en compagnie de Thaïs, de Paphnuce et de Nicias à regarder l’eau trouble du Nil et à déchiffrer des papyrus.
Les auteurs de nos jours, qui se plaisent aux syncopes du jazz, à la musique divisionniste, ne peuvent écrire comme ceux qui ne voyaient rien au-dessus, pour charmer leur sensibilité, de la musique « carrée » que goûtaient nos pères. […] Œuvre d’artiste, et surtout de poète, qui voudrait sous-entendre : « Cela vous plaît, n’est-ce pas ? […] Il me plairait, un peu aventureusement, d’en découvrir la cause dans ce que je me risque à nommer « son urbanisme »… Les gens du xviie et même du xviiie siècle habitaient les villes, mais ils vivaient de la campagne. […] Marcel Proust … Un enfant délicieux, gâté — délicieux quoique gâté — toujours malade et toujours surnaturellement agile d’esprit et même de corps, un petit prince des contes de fées qui n’avait qu’à peine l’air d’être de ce monde, mais qui fut — et trop — « du monde » ; né dans la bourgeoisie, mais une bourgeoisie presque trop riche, d’une mère qui lisait Mme de Sévigné et en savait les lettres presque par cœur, d’un père, médecin illustre, qui avait du sang israélite dans les veines ; impérieusement doux, faisant on ne sait comment fléchir toutes les volontés devant ses volontés, qui étaient changeantes — sauf celle « d’écrire » et d’être « un grand écrivain » ; malicieux sans malignité, désireux, comme une femme, de plaire ; plaisant, en effet, à tout le monde ; mais à la fois avec l’égoïsme d’un enfant qui, étant artiste (un grand nombre de vrais artistes restent toujours enfants), veut se servir de ce don de plaire pour son art, et avec la patiente ingéniosité d’un médecin psychiâtre qui flatte et enjôle pour, à la fin, sortir avec une « fiche » originale sur un cas nouveau. […] Il se concentre autant que Proust semble se plaire à se disperser.
Thiers un élève qui se permettait quelquefois de n’être pas de son avis et de le combattre : le digne homme d’État se plaisait à voir un jeune esprit net et ferme s’exercer ainsi à la discussion sérieuse, et il le favorisait. […] Je n’ai certes pas la prétention de l’embrasser et de le définir dans toutes ses parties, mais je me plais à le parcourir librement dans quelques-unes de celles qui nous sont le plus ouvertes et le plus permises.
— « Tout comme il vous plaira, dit-il, si toutefois vous pouvez me saisir et que je ne vous échappe pas. […] Il faut avoir plus de courage, et dire que c’est mon corps que tu enterres ; et enterre-le comme il te plaira, et de la manière qui te paraîtra la plus conforme aux lois7. » Sous l’impression d’exemples si frappants, devant de si vives leçons, dont la vérité d’ailleurs pouvait être à tout instant contrôlée par l’observation même des faits, on comprend sans peine que la distinction de l’âme et du corps dut apparaître à Platon comme une sorte d’axiome incontestable.
Plût aux dieux que je pusse sauver de la mort lamentable ton fils chéri, quand l’inévitable destin le saisira, aussi aisément que je lui donnerai de belles armes que tous les hommes admireront. » — Et retournant à son enclume, il va lui forger ces armes flexibles qui couleront sur le corps glorieux du héros, et le porteront comme des ailes, dans la mêlée du combat. […] Jamais leur volonté ne prévaudra contre l’ordre établi par Zeus. » — Les Muses de l’Hymne Homérique ne regardent pas notre espèce, du haut de l’Olympe, avec un mépris plus superbe, lorsque « se répondant avec leurs belles voix elles chantent le bonheur éternel des Dieux et les misères infinies des hommes, lesquels, ainsi qu’il plaît aux Immortels, vivent insensés et impuissants, et ne peuvent trouver un remède à la mort, ni une défense contre la vieillesse. » — Mais aux reproches des Océanides, Prométhée répond par un mot qui le met au-dessus des dieux : — « J’ai eu pitié des hommes ; c’est pourquoi on n’a pas eu pitié de moi. » — Mot sublime qui rattache son cœur d’Immortel aux entrailles humaines, qui rassemble en lui pathétiquement deux natures, et qui fait du Titan souffrant l’image prophétique du Rédempteur à venir.
Ce qui frappe d’abord et ce qui plaît dans cette loyale histoire, c’est la franche et vaillante bonne foi qui y jette sa lumière et que l’auteur n’a pas craint de voir se retourner… jusque contre lui. […] de l’écartèlement de ces Intérêts et de ces Ambitions terribles, voilà qu’il trouve cependant une minute pour donner à une passion désintéressée, à un travail qui lui plaît et qui lui est doux, et qui ne lui rapportera jamais rien, pas même peut-être une place à l’Institut !
Celui-là aime à rire et se plaît dans les animalités de l’homme. […] Et ne peuvent-ils pas enfin, quand et comme il leur plaît, couvrir du prétexte ou du masque de l’intérêt public ce que leurs caprices ont de plus inique et de plus immoral ?
Je n’ai point fait le mémoire que vous m’aviez demandé sur M. de Stainville (c’est le mémoire au roi qu’il fit trois semaines après, et qu’il appelle son Testament), je ne veux pas proposer une chose qui ne vous plaît pas.
Et elle savait se plaire aussi aux choses plus légères, et sur le luth ou le clavecin s’accompagner en déroulant les chants mélodieux de l’Italie.
Timide et effarouché aisément comme il l’était, il avait toujours demandé au ciel, en sortant de Saint-Alban, qu’il plût à la Providence de lui procurer un appui et une assistance de cette sorte, une mère enfin : « Qu’on est heureux, s’écriait-il, de pouvoir penser avec une ferme confiance que nos demandes sont entendues, au moment même où nous les faisons !
Lus aujourd’hui, ils plaisent encore ; ils montrent surtout combien le goût public a changé, et comment on demande moins souvent qu’autrefois aux auteurs de ces vers qu’on appelait spirituels.
Dans le Tacite traduit par d’Alembert, elle goûtait surtout les sentences. « S’il y a quelques maximes dignes de moi, envoyez-les, écrivait-elle à M. de Meilhan ; j’aime le genre, quoique très avili par la quantité d’ignares qui s’en mêlent. » Les ouvrages de ce dernier lui plaisent par le fond des sujets autant que par le tour.
Dieu soit loué de toutes choses, et qu’il lui plaise de donner un bon conseil à un homme si sage !
Car en France, notez-le bien, on ne veut pas surtout s’amuser et se plaire à un ouvrage d’art ou d’esprit, ou en être touché, on veut savoir si l’on a eu droit de s’amuser et d’applaudir, et d’être ému ; on a peur de s’être compromis, d’avoir fait une chose ridicule ; on se retourne, on interroge son voisin ; on aime à rencontrer une autorité, à avoir quelqu’un à qui l’on puisse s’adresser dans son doute, un homme ou un corps.
La justesse de mes systèmes se ferait, s’il plaisait à Dieu, goûter de tels esprits ; et, si leur persuasion n’y concourait pas d’abord, je l’y réduirais bien par plusieurs voies, sans les dégoûter pour cela, ni les contraindre à quitter ; car on prend mieux les gens d’honneur par leurs bons faibles que les vilains par leurs vices multipliés et inextricables.
Il fuit le commerce du monde, il ne se plaît que dans la solitude ; ce goût pour la retraite lui a fait des ennemis : l’amour-propre de ceux qui l’ont recherché s’est trouvé blessé de ses refus.
Je n’ai pas besoin de vous dire que celle d’en bas est galante et a encore des prétentions ; celle d’en haut est très-sensible aussi et a une éloquence mesurée, qui est juste et qui plaît.
Les dix années qu’elle passa avec son ami furent tout entières consacrées par elle à adoucir son amertume, à favoriser ses goûts, à y entrer autant qu’elle le pouvait, soit qu’il voulût jouer la tragédie, — ses propres tragédies, — à domicile (ce qu’il fit d’abord avec le feu et l’acharnement qu’il mettait à toute chose), soit qu’il lui plût de s’enfermer et de tirer le verrou pour travailler comme un forçat, versifier jour et nuit ou étudier le grec à mort : c’étaient les seules diversions assez fortes pour l’absorber et pour l’aider, tant bien que mal, à endurer les invasions intermittentes de la Toscane par les armées républicaines.
Ces vues de haut me plaisent toujours, et toujours j’ai rêvé de grandes figures dans une action simple, exposées sur le ciel et dominant un vaste pays.
Une chose, entre autres, m’y plaît encore : c’est que la description si riche et si vive y est pourtant toujours à sa place et n’empiète pas au-delà, comme on eût pu l’attendre et le craindre de la part d’un peintre.
Fauriel, qui excellait à ces sortes de comparaisons et qui, tout impartial qu’il était, n’inclinait que rarement par goût en faveur de notre littérature, comparant ensemble les deux Cids, se plaisait à remarquer comme différence l’abrégé fréquent, perpétuel, que Corneille avait fait des scènes plus développées de l’original, les suppressions, les simplifications de tout genre : « Chez Corneille, ajoutait-il avec un ricanement doucement ironique, on dirait que tous les personnages travaillent à l’heure, tant ils sont pressés de faire le plus de choses dans le moins de temps !
La comtesse d’Artois, qui fait contraste, est assez joliment croquée : « Ma nouvelle belle-sœur est toute petite de taille, avenante de figure et fraîche comme une rose, avec un nez qui n’en finit pas ; mais tout cela compose un ensemble agréable, souriant, qui plaît.
Dans ces jeux où l’esprit nous apprend à charmer, Le cœur doit apprendre à se taire ; Et lorsque tout nous ordonne de plaire, Tout nous défend d’aimer… Ô des erreurs du monde inexplicable exemple, Charmante Muse !
Malgré les diversions inévitables, les sourires donnés à la foule et reçus, le monde devint comme une plage solitaire de Leucate à cette Sapho désespérée ; et sa plainte éternellement déchirante répète à travers tout : Malheur à moil je ne sais plus lui plaire, Je ne suis plus le charme de ses yeux ; Ma voix n’a plus l’accent qui vient des cieux, Pour attendrir sa jalouse colère ; Il ne vient plus, saisi d’un vague effroi, Me demander des serments ou des larmes Il veille en paix, il s’endort sans alarmes, Malheur à moi !
Dès lors, en un tel état de choses, tout ce qui est et sera un peu naturel et élevé, un peu simple et moral, un peu neuf par là même, a retrouvé de grandes chances de plaire, d’intéresser et presque de saisir.
Aussi, même en ces mois de courte intimité, nous le perdions souvent de vue ; il disparaissait, il s’évanouissait pour nous, pour tous, pour ses amis de Dijon, auxquels il ne pouvait plusse décider à écrire.
Ce qu’on se plaît à tourner en dérision, sous une monarchie, ce sont les manières qui font disparate avec les usages reçus ; ce qui doit être l’objet, dans une république, des traits de la moquerie, ce sont les vices de l’âme qui nuisent au bien général.
» Vingt-cinq ans avant la Révolution, il n’était pas rare d’en voir quinze ou vingt « tomber dans une ferme pour y coucher, intimider les fermiers, et en exiger tout ce qu’il leur plaisait » En 1764, le gouvernement prend contre eux des mesures qui témoignent de l’excès du mal760 : « Sont réputés vagabonds et gens sans aveu, et condamnés comme tels, ceux qui, depuis six mois révolus, n’auront exercé ni profession ni métier, et qui, n’ayant aucun état ni aucun bien pour subsister, ne pourront être avoués ni faire certifier de leurs bonnes vies et mœurs par personnes dignes de foi… L’intention de Sa Majesté n’est pas seulement qu’on arrête les vagabonds qui courent les campagnes, mais encore tous les mendiants, lesquels, n’ayant point de profession, peuvent être regardés comme suspects de vagabondage. » Pour les valides, trois ans de galères ; en cas de récidive, neuf ans ; à la seconde récidive, les galères à perpétuité.
J’en contemple encore quelquefois les tempêtes, comme un homme jeté seul sur une île déserte, qui se plaît, par une secrète mélancolie, à voir les flots se briser au loin sur les côtes où il fit naufrage.
Fénelon avait reçu de la nature les deux dons les plus nécessaires à ceux qui enseignent : le don d’imposer et le don de plaire.
Il faut être agriculteur pour le lire, et s’y plaire.
La forme antique, qui lui plaît et qu’il essaie d’imiter ; c’est une forme révélatrice d’un caractère antique, de la gravité simple et de la sublimité habituelle.
Paul Bourget se plaise ici à creuser entre ces deux espèces d’esprits, si l’on ne peut dire qu’il soit vraiment un moraliste, il n’est pas non plus un pur psychologue.
C’est qu’elle a le loisir d’être encore une épouse ; Elle reste charmante, et de plaire jalouse ; L’office maternel qu’elle s’est réservé, C’est de gâter l’enfant… par d’autres mains lavé.
Je me peins assez bien cette application constante de Mme Geoffrin par une image : elle avait fait ajouter après coup une perruque (une perruque en marbre, s’il vous plaît) au buste de Diderot par Falconet.
Là où il était le mieux à rencontrer et à entendre, le plus à son avantage peut-être, c’était au Cercle des Arts, son lieu d’habitude, où il venait tard et où il se plaisait assez à parler quand un petit nombre de gens d’esprit l’environnaient.
Quand il en vient à l’astronomie en particulier, à la question de savoir si c’est la terre qui est le centre autour duquel tourne l’univers, ou si c’est elle au contraire qui décrit une révolution dans l’espace, il a de ces comparaisons toutes morales et sensibles qui vous remettent d’avance au point de vue : Il faut que vous remarquiez, s’il vous plaît, que nous sommes tous faits naturellement comme un certain fou athénien, dont vous avez entendu parler, qui s’était mis dans la fantaisie que tous les vaisseaux qui abordaient au port de Pirée lui appartenaient.
Mme Du Deffand a peint cette même gracieuse personne quelques années plus tard (20 février 1767) : La petite Lauzun arriva… La petite femme est un petit oiseau qui n’a encore appris aucun des airs qu’on lui siffle ; elle fait de petits sons qui n’aboutissent à rien ; mais, comme son plumage est joli, on l’admire, on la loue sans cesse ; sa timidité plaît, son petit air effarouché intéresse.
[NdA] Sans bruit et sans effort, cela vous plaît à dire : quand on remonte dans l’histoire, on ne trouve que bruit et qu’effort à chaque siècle, cependant il n’en est pas moins vrai qu’il y avait dans l’ancienne société, au milieu de tous ses dérangements, un ou deux grands ressorts qui continuaient d’aller ou qui reprenaient vite le dessus, et qui se sont brisés depuis.
Dans ces citations fréquentes que je me plais à faire des plus fortes pensées de quelques publicistes d’autrefois, je n’ai point la prétention d’ailleurs de proposer des recettes directes pour nos maux et nos inquiétudes d’aujourd’hui ; il n’est point de telles recettes souveraines. — « L’art de gouverner, disait très bien l’ancien Portalis dans une lettre à Mallet, n’est point une théorie métaphysique et absolue.
Il fut élevé à la campagne d’abord, puis à Paris au collège Mazarin ; mais, malgré de bonnes études, il se plaît à remarquer qu’il n’eut en définitive « que l’instruction qu’il se donna ».
La douceur pourtant, qui se mêlait à ses paroles, nous est singulièrement attestée et dépeinte dans ce beau passage de Bossuet : Qui veut entendre combien la raison préside dans les Conseils de ce prince, n’a qu’à prêter l’oreille quand il lui plaît d’en expliquer les motifs.
Tu me prêches sur la nécessité de plaire aux gens que l’on voit, et de faire des frais pour cela ; et, comme s’il ne tenait qu’à moi, tu m’y engages fort sérieusement et le plus joliment du monde : tu ne peux rien dire qu’avec grâce.
Il était ce qu’on aurait nommé autrefois un gentil esprit, narquois, un peu risqué et pourtant de très bonne compagnie, d’une élégance naturelle, bien que très négligé sur sa personne ; il avait beau se couvrir de tabac et garder au doigt sa tache d’encre, on le sentait essentiellement distingué, fait pour plaire, et ayant tout le meilleur goût de l’ancienne société.
Ce qui nous plaît et ce que nous cherchons dans ces lettres, c’est Montesquieu lui-même se partageant légèrement entre ses divers personnages, et jugeant sous un masque transparent les mœurs, les idées et toute la société de sa jeunesse.
Pour leur plaire, pour séduire ces princes et meneurs d’Athènes, il s’est mis à leur ton et a développé la veine railleuse, goguenarde, qui était en lui, mais qui n’y était pas aussi essentiellement qu’on le croirait.
Écrivain, il se recommande encore aujourd’hui par de véritables mérites : ses quatre volumes de Souvenirs sont d’une très agréable et instructive lecture ; ses tragédies, pour être appréciées, ont besoin de se revoir en idée et de se replacer à leur moment ; mais ses fables, ses apologues, plaisent et parlent toujours ; un matin, dans un instant d’émotion vraie et sous un rayon rapide, il a trouvé quelques-uns de ces vers légers, immortels, qui se sont mis à voler par le monde comme l’abeille d’Horace et qui ne mourront plus : c’est assez pour que, nous qui aimons à rechercher dans le passé tout ce qui a un cachet distinct et ce qui porte la marque d’une époque, nous revenions un instant sur lui et sur sa mémoire.
La régularité et la pureté des idées mathématiques sont des qualités négatives, qui nous plaisent parce qu’elles simplifient le travail de notre pensée ou de nos yeux pour les embrasser.
Aimer n’a jamais empêché de plaire.
Dans l’article sur l’Histoire de la littérature allemande, par Menzel, qui finit par une si grande position faite à Goethe, et qui me plaît moins, de toute la différence qu’il y a pour moi entre Goethe et Cervantes, le critique, très jeune, du reste, quand il écrivit ce morceau, aie mérite de son article borné par son admiration exagérée de jeune homme pour Goethe, admiration qui s’amortit plus tard dans l’esprit devenu plus mâle de Henri Heine, lequel commença bien par toutes les idolâtries de son temps, mais fut plus fort qu’elles.
Après ils pourront travailler, s’il leur plaît, à l’œuvre supra et internationale, mais d’abord il fallait montrer par le fait qu’on n’est pas au dessous de l’idéal national… (Lettres communiquées.)
Il aura beau courir aussi vite qu’il lui plaira à côté d’une onde lumineuse : celle-ci conservera toujours pour lui la même vitesse, il sera comme immobile vis-à-vis d’elle.
On croirait entendre un de ces myriologues où se plaisait le poétique génie de la Grèce, mais que la mâle douleur d’un guerrier et d’un ami empreint cette fois d’un pathétique plus attendrissant que les larmes.
Un homme honnête est un homme poli, qui a envie de plaire : les honnêtes gens d’une ville, ce sont les personnes de la ville qui sont au-dessus du peuple, qui ont du bien, une réputation integre, une naissance honnête, & qui ont eu de l’éducation : ce sont ceux dont Horace dit, quibus est equus & pater & res. […] Un homme galant n’est pas toujours un galant-homme : le premier est un homme qui cherche à plaire aux dames, qui leur rend de petits soins ; au lieu qu’un galant-homme est un honnête-homme, qui n’a que des procédés simples. […] Buommatei a senti cette difficulté : sa bonne foi est remarquable : je ne saurois condamner, dit-il, ceux qui veulent que in, per, con, soient aussi bien signes de cas, que le sont di, a, da : mais il ne me plaît pas à présent de les mettre au nombre des signes de cas ; il me paroît plus utile de les laisser au traité des prépositions : io non danno le loro ragioni, che certò non si posson dannare ; ma non mi piace per ora mettere gli ultimi nel numero de segnacasi ; parendo à me piu utile lasciar gli al trattato delle propositioni.
Ce poète en qui se sont incarnées les plus essentielles qualités du génie français n’offre peut-être pas dans sa physionomie morale un seul des traits que la critique se plaît à reconnaître au caractère national. […] Il lui plaisait trop d’être le grand homme qu’il était. […] C’est un Idéal tout intellectuel qu’il s’est proposé de réaliser, avec le plus complet dédain de la réussite extérieure : « Je vise à mieux qu’au succès », déclarait-il à un ami, « je vise à me plaire. […] Vous plaît-il que nous énumérions quelques-uns d’entre ces derniers, un peu au hasard ? […] Pour vous, la musique est un verre de liqueur qui vous plaît ou qui vous déplaît suivant l’heure, la disposition de votre estomac, ce que vous avez mangé à dîner.
Reybaud fut d’abord destiné au commerce, ce qui ne lui plut pas longtemps. […] Il ne recherche pas plus l’approbation du lecteur béat et confit de dévotion, qu’il ne veut plaire aux ennemis de l’autel. […] Le titre ne nous plaît pas. […] Qui est aimé de tant de lecteurs vulgaires ne saurait plaire aux raffinés. […] Les démonstrations scientifiques, quand elles sont clairement mises à sa portée, plaisent à son sens droit.
Quelques strophes de Théodore Hannon en feront foi : Sachant mon dégoût libertin Pour ce que le sang jeune éclaire De son hématine, — un matin Tu te maquillas pour me plaire. […] Mockel a l’esprit précis, méticuleux, avide des finesses les plus subtiles ; pour atteindre un but, il répugne aux lignes droites, les chemins compliqués lui plaisent qui invitent à fouiller la contrée avec soin ; parfois la simplicité de l’œuvre en souffre, mais peu de poètes possèdent, au même degré, le tact, l’intuition, surtout ce charme berceur, enlaçant, féminin sans trop de mièvrerie, auquel on ne résiste guère : De loin, de loin, on ne sait d’où Un homme arriva qui portait une lyre, Et ses yeux étaient clairs comme ceux d’un fou, Et il chantait, et il chantait, Aux cordes brèves de la lyre, L’amour des femmes, le vain languir, Sur sa lyre89. […] L’influence de notre culture s’affirme brillamment : Verhaeren en convient ; même il se plaît à reconnaître que l’eurythmie de son livre doit beaucoup à l’ordonnance et aux proportions du parc de Saint-Cloud où il habite une partie de l’hiver. […] Vous verrez que là aussi la partie la plus active de ce que nous nous plaisons à nommer « fatalité » est une force créée par les hommes. […] Et si nous reconnaissons volontiers que Maeterlinck puise directement aux sources anglo-saxonnes (mais après tout, il nous plaît de le penser, ni Novalis, ni Emerson n’ignorèrent Pascal !)
— Je me plais à recueillir l’opinion de ces hommes qui se connaissent si bien, et à les surprendre se jugeant les uns les autres. […] Vos rimes en général sont bonnes ; vous sentez l’art, et vous vous plaisez à en tresser les délicatesses. […] Je n’aurais pas volontiers écrit en prose sur lui ; car les vrais éloges qu’on se plaît à accorder à un poète original, je n’aurais pu les lui donner, pour être sincère, qu’avec parcimonie et mesure. — Vous avez toute ma pensée… CCI L’élégance, l’élégance !
Belin suivait son cours d’études à Paris en 1593 et 1594, années de la Ligue finissante : c’est de cette époque notamment que Patin n’a aucune thèse : Je vous les demande, écrit-il, à tel prix qu’il vous plaira, et m’offre de vous en faire satisfaction à votre plaisir, soit en argent, soit en livres, ou en toute autre chose qu’il vous semblera bon de choisir.
. — Pourquoi cela ne plaît-il pas ?
[NdA] Comme pendant et contrepartie de cette idée qu’on doit faire peu de confidences à l’âge où l’on vieillit et où l’on perd, M. de Meilhan avait dit, une autre fois, avec beaucoup de justesse : « L’homme a besoin, quand il est jeune, de se répandre ; il se plaît à faire des confidences ; il ne se connaît pas et se croit un être curieux et rare ; il n’a pas enfin la force de garder son secret, et la présomption le porte à croire qu’il inspire un intérêt sincère qui le fera écouter avec plaisir. »
Mais ce que je désirerais vivement, c’est que le manuscrit que j’ai sous les yeux, Mon portrait historique et philosophique, qui n’a été imprimé que tronqué et très incomplet, s’imprimât dans toute sa suite (à part huit ou dix pensées qu’il faudrait absolument retrancher comme étant de trop mauvais goût) ; on aurait alors un Saint-Martin à l’usage de tout le monde, à l’usage de ceux qui hantent Gui Patin comme de ceux qui lisent Platon ; un peu singulier, un peu naïf, agréable, touchant, élevé, communicatif, parfois bien crédule, nullement dangereux : on aurait enfin ce qui plaît toujours dans un auteur et ce qu’on aime à y rencontrer, un homme et un homme simple.
Vous allez rire de voir Gribeauval et Habacuc contemporanisés par moi : riez tant qu’il vous plaira, puis songez qu’il y avait des curieux autour de moi, ries femmes, des enfants regardant avec attention aussi, mais ne voyant dans ce que nous admirions de mécanisme dans ces machines de guerre, qu’une nouvelle volonté de Dieu, qu’un fléau d’une autre forme envoyé par lui pour les éprouver de nouveau.
Il se plaisait avant tout au commerce délicat des Grâces, et il était dans la mémoire de tous, Aristocratès.
Et il me plaît ici, pour diversifier ce sujet un peu grave, de montrer une petite scène d’intérieur, de soulever un coin de la tapisserie qui dérobait la toilette d’une dame de haute qualité au Moyen-Âge.
Le discours que lui prête Beugnot est tout à fait républicain d’esprit et de ton, et ressent son vieux jacobinisme patriotique qu’il se plaisait à rappeler, bien loin d’en rougir.
Elle a jusqu’à présent tout le crédit qu’une jolie femme peut avoir ; elle a dans l’esprit tout l’enjouement et l’amusement qui peut plaire, menteuse avec un air naïf, n’aimant rien, point de vues pour l’avenir, hardie, ordurière, nulle teinture de modestie, livrée aux présents de M. le prince d’Orange, prenant de l’Empereur et du roi d’Espagne, et ce qu’il y a de beau, c’est que M. de Savoie le sait et qu’il trouve en cela le ménagement d’un méchant cœur ravi que sa maîtresse rencontre dans la libéralité d’autrui ce qu’elle ne pourrait pas trouver dans la sienne… Il redit tout à sa maîtresse, et sa maîtresse redit tout aux alliés… Dans tout cela Mme la Duchesse Royale ne fait qu’aimer son mari, le servir, vouloir ce qu’il veut et ne se mêler de rien ; Madame Royale (la mère) n’ose parler, et M. et Mme de Carignan sont dans une circonspection si craintive que, si M. de Savoie meurt, vingt-quatre heures après ils craindront qu’il n’en revienne. » Toute cette correspondance de Tessé que nous connaissons par des extraits de M.
C’est un excellent vulgarisateur, sans prétention, et qui se plaît à parler moins en son nom qu’avec l’esprit et les paroles des autres.
Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Mably sont morts avant d’avoir vu fructifier les germes qu’ils avaient semés dans les esprits : vous vivez, vous qui avez avec eux préparé les voies de la liberté ; et, comme dans ces associations ingénieuses où les vieillards qui survivent héritent de toute la fortune de leurs confrères morts, on se plaisait à voir accumuler sur votre tête le tribut de reconnaissance et d’hommages que l’on ne peut plus offrir qu’à leur cendre… » L’abbé Raynal, devenu homme de génie à l’ancienneté, en héritant successivement des morts, et par le mouvement naturel de la tontine des réputations, un homme de génie par survivance, c’était bien cela !
Jomini en toute occasion se plaît à rappeler (et même au moment où il trace un portrait flatteur de l’empereur Alexandre) qu’il est « Suisse de nation et citoyen d’un pays libre. » Il s’en prévaut pour donner à ses compatriotes des conseils vigoureux et sages.
Plus tard, Diderot et Rousseau, puissances incohérentes, eurent en eux de grandes et belles parties d’inspiration ; ils ouvrent des jours magnifiques sur la nature extérieure et sur l’âme ; mais ils se plaisent aussi à déchaîner les ténèbres.
Si parfois de mon sein s’envolent mes pensées, Mes chansons par le monde en lambeaux dispersées ; S’il me plaît de cacher l’amour et la douleur Dans le coin d’un roman ironique et railleur ; Si j’ébranle la scène avec ma fantaisie, Si j’entre-choque aux yeux d’une foule choisie D’autres hommes comme eux, vivant tous à la fois De mon souffle, et parlant au peuple avec ma voix ; Si ma tête, fournaise où mon esprit s’allume, Jette le vers d’airain, qui bouillonne et qui fume, Dans le rhythme profond, moule mystérieux, D’où sort la Strophe, ouvrant ses ailes dans les cieux ; C’est que l’amour, la tombe, et la gloire, et la vie, L’onde qui fuit, par l’onde incessamment suivie, Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal, Fait reluire et vibrer mon âme de cristal, Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j’adore Mit au centre de tout comme un écho sonore !
Sans doute (et c’est lui plaire que de le dire), la renommée de son illustre frère est pour beaucoup dans cette espèce de popularité charmante qui s’en détache avec tant de contraste.
Le moraliste inexorable l’a dit : « Nos actions sont comme les bouts-rimés, que chacun fait rapporter à ce qu’il lui plaît. » Et ce ne sont pas nos actions seulement qui sont ainsi, ce sont nos noms, quand on a le malheur d’en laisser un.
Je me plais à insister, parce que M.
Sur chaque question, il se plaît à savoir, et il s’inquiète d’abord de trouver ce qui a été écrit.
Et plût à Dieu qu’il y en eût beaucoup encore qui eussent appris cela !
Il pousse plus d’un bout de texte en un sens auquel on n’avait pas songé, et il lui fait rendre de subtiles nuances ; il a des impatiences et des éclairs d’interprétations qu’après tout, en ces matières humaines si complexes, un esprit supérieur a peine à s’interdire, et que le talent se plaît à exprimer.
Quand il reparut, il lui fallut plaire à un autre goût, à une nouvelle génération, très infatuée d’elle-même et dédaigneuse des vieilles modes ; le grand Corneille se fit doucereux, gauchement, à la façon de Quinault.
Voltaire excelle à mettre en scène ses idées, à les habiller d’un costume qui plaise, qui amuse, qui attire l’attention.
Un prince ne peut pas vivre en pleine mêlée humaine, vivre dans la rue, aller où il lui plaît, frayer tranquillement avec des gens de toute classe.
. — Mène-moi où il le plaît. — Tu me donnes un tel pouvoir ?
Ces valeurs seules valent qui sont demandées, qui plaisent à la généralité, qui, par suite, sont déjà banalisées, qui sont cotées à la Bourse, qui répondent à des besoins très répandus ou susceptibles de se répandre largement.
Je n’insiste pas sur ce point, et je consens à ce qu’on le tienne pour chimérique ; car, aux yeux de plusieurs bons esprits à qui je veux plaire, ceci ne paraîtrait pas de bon aloi, et, d’ailleurs, je n’en ai pas besoin pour ma thèse.
Certaines personnes se plaisent à relever les traits qui, dans notre littérature et notre philosophie, rappellent la décadence grecque et romaine, et en tirent cette conclusion, que l’esprit moderne, après avoir eu (disent-elles) son époque brillante au XVIIe siècle, déchoit et va s’éteignant peu à peu.
Si l’on essayait de déterminer dans quel ordre s’est opéré l’affranchissement des diverses matières qui peuvent faire l’objet des livres, on verrait que la littérature pure, celle qui borne ses visées à plaire et à divertir, qui par conséquent ne heurte aucun intérêt grave et ne peut guère commettre d’autre méfait que d’ennuyer, a la première, comme il est naturel, obtenu sa place au soleil ; que la science, grande redresseuse de préjugés et par là suspecte, mais protégée contre les défiances du pouvoir par sa sereine impassibilité comme par les formules mystérieuses dont elle est d’abord enveloppée, a eu déjà plus de peine à se dérober au contrôle des gouvernants excités contre elle par l’Eglise ; que les écrits philosophiques et religieux ou antireligieux, malgré de nombreux retours offensifs de la même Eglise, ont su ensuite se libérer de la surveillance officielle ; enfin que l’histoire, les mémoires, et surtout les ouvrages traitant de questions politiques et sociales, exprimant de la sorte des idées pouvant du jour au lendemain se transformer en actes et troubler l’ordre établi, ont été les derniers à conquérir la faculté de paraître sans encombre.
Il peut sauver qui il lui plaît ; il peut avoir damné dès l’éternité des pécheurs encore à naître ; c’est le mystère de la grâce et de la prédestination sur lequel le xviie siècle a entassé tant de volumes.
Ce lied angélique, qui semble traduit d’une page d’Edgar Poe, et que Césarine accompagne, sans le savoir, au piano, sur les mesures d’un andante, plairait peut-être dans un roman ; il impatiente, comme un hors-d’oeuvre, dans un drame dont l’action se fait si longtemps attendre.
Les sonnets, les odes et les autres ouvrages qui veulent du sublime, ne s’accommodent pas du simple et du naturel ; c’est l’obscurité qui en fait tout le mérite ; il suffit que le poète croie s’entendre… Nous sommes cinq ou six novateurs hardis qui avons entrepris de changer la langue du blanc au noir ; et nous en viendrons à bout, s’il plaît à Dieu, en dépit de Lope de Vega, de Cervantes… Sachons bien qu’en écrivant ces choses, Lesage avait en vue Fontenelle, Montesquieu peut-être, certainement Voltaire, qu’il trouvait trop recherchés et visant à renchérir sur la langue de Racine, de Corneille, et des illustres devanciers.
Il s’occupait toujours de son grand poème de l’Anti-Lucrèce, où il soutenait en vers latins les bons principes de la théologie et de la morale : il le lisait, l’expliquait à la duchesse, et M. du Maine se plaisait à en traduire des chants.
Jeune, actif, d’un jugement net et fin, en relation de famille avec ce qu’il y avait de plus noble dans les Pays-Bas autrichiens et à la cour de Vienne, il se trouva du premier jour très bien introduit à celle de Versailles, des mieux placés pour observer et s’y plaire ; il fut particulièrement de la société de la Dauphine, bientôt reine, Marie-Antoinette.
Des gens du monde se portaient comme intermédiaires entre les savants proprement dits et les salons : on voulait plaire tout en instruisant.
tenait en ses mains la balance de nos destinées et semblait se plaire à prolonger l’incertitude.
Si jamais dans Carrel l’homme de maturité, l’homme de bon sens et d’une énergie toute désintéressée, a paru près de triompher de l’homme de passion et du noble ambitieux qu’emporte une veine ardente, c’est à cette heure et à ce jour que je me plais à surprendre au milieu de cette suite de journées et de feuilles rapides parmi lesquelles il est comme enseveli.
Au contraire, les autres personnages plaisent et séduisent par une touche légère et d’une nuance bien naturelle : et Suzanne, « la charmante fille, toujours riante, verdissante29, pleine de gaieté et d’esprit, d’amour et de délices », très peu sage, quoi qu’on en dise, très peu disposée du moins à rester telle, mais qui n’en est encore qu’à la rouerie innocente et instinctive de son sexe ; de même, dans un ordre plus élevé, la comtesse, si habile déjà à son corps défendant, et si perfectionnée en femme du monde, sans avoir pourtant failli encore au devoir et à la vertu.
Il en donne des preuves touchantes en toute occasion, et notamment dans ses lettres, soit que, correspondant avec Jean-Baptiste Rousseau, il se montre continuellement en peine sur l’état de l’âme de ce poète, et sur la sincérité de son repentir au sujet de certains vers, que lui, Rollin, confesse n’avoir jamais lus ; soit qu’écrivant à Frédéric, au moment de son avènement au trône, il lui adresse des conseils de religion, et y mêle une prière à Dieu : « Qu’il lui plaise, dit-il à ce roi philosophe, de vous rendre un roi selon son cœur !
Son édifice deviendrait aisément immense si le temps, les matériaux et la tranquillité d’esprit ne lui manquaient pas : « C’est ainsi que je file ma soie, dit-il ; j’en verrai la fin avec celle de mes forces. » Cette vie, bien que mélancolique, lui plairait assez si elle pouvait durer.
Ces ruines, qui ne paraissent pas remonter à une très haute antiquité, et qui datent surtout de l’époque romaine, étaient dans ce demi-état de conservation et de désordre qui plaît à la rêverie et qui prête à la perspective.
Donnez le nom qui vous plaira à ce mouvement vers l’avenir (avenir qui n’a pas besoin d’être conçu), toujours est-il que ce mouvement existe.
Ces exemples peuvent suffire, car chacun, maintenant, achèvera facilement, s’il lui plaît, un tableau psychologique des professions dessiné avec les clichés familiers.
Or le beau doit plaire immédiatement.
Enfin, dans une troisième partie, l’analyste écartant la théorie insuffisante de l’influence de la race et du milieu qui n’est exacte que pour les périodes littéraires et sociales primitives, considérant l’œuvre même comme le signe de ceux à qui elle plaît, et tenant en mémoire qu’elle est d’autre part le signe de son auteur, conclut de celui-ci à ses admirateurs.
Quand il plaisait au prince de n’avoir pas eu de témoin, il y allait de la tête à tout ignorer.
Montrez-moi une vieille rusée qui attache l’attention d’une jeune innocente enchantée, tandis qu’une autre vieille lui vide ou lui coupe ses poches ; et si chacune de ces figures a son expression, vous aurez fait un tableau… non pas, s’il vous plaît, il y faudra encore bien d’autres choses.
« Après vous, mon journal, s’il vous plaît ?
Le libre prince, des fantaisies venait, en effet, d’être immobilisé quelques journées durant par le bon plaisir de ces procureurs qui, généralement chargés de convoitises, de dols et de stupres infiniment plus vastes que ceux de leurs adversaires, se plaisent à venger la Morale Publique.
Aimez, et faites tout ce qu’il vous plaira , dit un père de l’Église aux chrétiens, sentez vivement, et dites tout ce que vous voudrez, voilà la devise des orateurs.
Il a des aperçus qui rappellent l’ancien Chasles, le gaillard éblouissant qui pensait plus à plaire et à sourire qu’à pleurer ; qui se jouait des ridicules des hommes plus qu’il ne les moralisait.
Il n’en reste plus, à deux ou trois endroits, que cette coquetterie modeste qui se met derrière les autres (page 241) : Et, comme un nain chétif, en mon orgueil risible, Je me plaisais à dire : « Où donc est l’invisible ?
Pommier et qui me plaît, à moi : car sans elle je ne pourrais retrouver l’identité du poète des Crâneries dans le poète des Colifichets, cette outrance que M.
Mais, dans le rêve, le souvenir interprétatif de la sensation visuelle reconquiert sa liberté ; la fluidité de la sensation visuelle fait que le souvenir n’y adhère pas ; le rythme de la mémoire interprétative n’a donc plus à adopter celui de la réalité ; et les images peuvent dès lors se précipiter, s’il leur plaît, avec une rapidité vertigineuse, comme feraient celles du film cinématographique si l’on n’en réglait pas le déroulement, Précipitation, pas plus qu’abondance, n’est signe de force dans le domaine de l’esprit : c’est le réglage, c’est toujours la précision de l’ajustement qui réclame un effort.
Vous vous plaisez à ne chercher dans leurs œuvres que le côté par où elles peuvent valoir, et à mettre en évidence cette valeur, en citant toujours à l’appui de votre bonne opinion un des morceaux qui la motivent. […] Né libre, il a toujours dit ce qui lui passait par la tête, dans la forme qui lui plaisait, et, comme il était né écrivain, personne n’a eu à s’en plaindre, ni lui ni les lecteurs. […] Bien qu’il soit avant tout respectueux des belles traditions de notre poésie, M. de Heredia a la rare fortune de plaire aux poètes de l’école nouvelle, quoique il ait toujours combattu leurs essais de démolition du vers français. […] Vous férés bien de luy écrire quelquefois, Mais ne prenés jamais sur votre sommeil ny sur les heures de dissipation le tems pour écrire des lettres, ou faire des lectures qui vous plairont. […] Voilà qui n’est pas fait pour plaire aux défendeurs des immortels principes.
Eux-mêmes semblent éprouver le besoin d’une récréation de mensonge, après leurs travaux exacts, et se plaisent aux hypothèses les plus risquées, aux fictions qu’ils savent parfaitement fausses et ridicules. […] Il s’y meut librement, adoptant la forme qui lui plaît, prenant le ton qu’il juge le meilleur, n’étant plus borné par aucune limite. […] Nous disons tout, nous ne faisons plus un choix, nous n’idéalisons pas ; et c’est pourquoi on nous accuse de nous plaire dans l’ordure. […] Une femme y réunissait autour d’elle des écrivains dont le seul souci était de lui plaire ; on lisait des ouvrages en petit comité, on causait beaucoup, avec toutes les convenances et toutes les délicatesses du monde. […] Seulement, quand il a devant lui cette matière à analyse, quand il possède la somme voulue de documents humains, il lâche la bride à son rêve, il bâtit sur ces documents le poème qui lui plaît.
De même je demande aussi la discrétion sur toutes choses instinctivement dissimulées ; je veux le respect pour la fillette de douze à quatorze ans, et il ne me plaît pas qu’on vienne me parler de ses fonctions naturelles, quand je ne pense qu’à sa grâce, au parfum et à la fleur de sa jeunesse. […] Paulette n’est point une femme à faillir, mais, à la façon des chevreaux, elle se plaît à marcher juste au bord des précipices, sans y tomber jamais… au moins pendant le temps que dure ce volume. […] Tous les hommes la trouvaient belle, mais d’une façon différente, comme si elle eût eu dans sa beauté de quoi plaire à tous à la fois. […] Je puis le dire, maintenant que je suis une vieille femme ; je plaisais.
On se plaît à signaler les revendications sociales d’un quatrième état ? […] Le bibelotage historique, l’anecdote, les petits papiers, devaient plaire à l’auteur de Port-Royal. […] Il aurait dû plaire au critique par son mépris de la couleur, son dédain du style, sa forme sans éclat, son sens de la femme et son scepticisme artiste. […] Il offre des situations psychologiques qui plaisent à la généralité des lecteurs. […] Décider s’il est bon ou s’il est mauvais, c’est affaire de tact et de jugement. « Il y a, dit La Bruyère, un ban et un mauvais goût et l’on peut là-dessus disputer avec raison. » Mais entre ce qui vous plaît… et ce qui me plaît, qui tranchera ?
Je crois qu’aux plus terribles moments, lorsqu’on ne parvenait pas à préserver le sol, il leur a été doux d’affirmer l’intégrité de l’âme ; et, quand la victoire de la Marne leur eut donné toute certitude, l’âme intacte se plut à célébrer la prochaine libération du sol. […] Subitement, ce qui nous enchantait n’existe plus ; il nous devient difficile d’imaginer un instant de l’avenir où nous plairait encore le jeu subtil et anodin des phrases et des mots, le jeu d’autrefois. […] Dieu se sert, s’il lui plaît, d’une enfant comme de l’instrument de ses décisions… « Comme je m’offrirais volontiers ! […] D’autre part, le dix-septième siècle n’est pas cette époque de morne soumission que des professeurs émérites et, aujourd’hui, de jeunes doctrinaires se plaisent à nous représenter. […] Émile Ollivier s’y plaisait à bon droit.
« Je verse sur la terre du tombeau, dit Iphigénie dans Euripide, le lait, le miel, le vin, car c’est avec cela qu’on réjouit les morts18. » — « Fils de Pélée, dit Néoptolème, reçois ce breuvage qui plaît aux morts, viens et bois ce sang19. » Électre verse les libations et dit : « Le breuvage a pénétré la terre, mon père l’a reçu20. » Voyez la prière d’Oreste à son père mort : « Ô mon père, si je vis, tu recevras de riches banquets ; mais si je meurs, tu n’auras pas ta part des repas fumeux dont les morts se nourrissent21. » Les plaisanteries de Lucien attestent que ces usages subsistaient encore de son temps : « Les hommes s’imaginent que les âmes viennent d’en bas vers les dîners qu’on leur apporte, qu’elles se régalent de la fumée des viandes et qu’elles boivent le vin répandu sur les fosses22. » Chez les Grecs, en avant de chaque tombeau, il y avait un emplacement qui était destiné à l’immolation de la victime et à la cuisson de sa chair23. […] n’est-il pas bien dur que je ne puisse disposer de mon bien comme je l’entends et en faveur de qui il me plaît, laissant plus à celui-ci, moins à celui-là, suivant l’attachement qu’ils m’ont fait voir ? […] « Plus on est paré de fleurs, disait-on, et plus on est sûr de plaire aux dieux ; mais, si tu sacrifies sans avoir une couronne, ils se détournent de toi440. » — « Une couronne, disait-on encore, est la messagère d’heureux augure que la prière envoie devant elle vers les dieux441. » Les convives, pour la même raison, étaient vêtus de robes blanches : le blanc était la couleur sacrée chez les anciens, celle qui plaisait aux dieux442.
Dans ce double caractère, nous trouvons, disons-le en passant, les deux signes qui marquent les plus solides génies, génies extrêmes qui ne sont guère faits pour plaire aux âmes timorées, faciles à satisfaire, et qui trouvent une nourriture suffisante dans les œuvres lâches, molles, imparfaites. […] Considérez, si cela vous plaît, la partie éternellement subsistante comme l’âme de l’art, et l’élément variable comme son corps. […] Paul de Molènes a écrit quelques pages aussi charmantes que sensées, sur la coquetterie militaire et sur le sens moral de ces costumes étincelants dont tous les gouvernements se plaisent à habiller leurs troupes. […] J’affirmerai même, — continue bravement cette précieuse à l’inverse, — que tout honnête homme qui sait plaire à sa femme est un poëte sublime. […] C’est bien la gaieté solitaire d’un rêveur qui de temps à autre ouvre l’écluse à une effusion de jovialité comprimée, et garde toujours cette grâce sui generis, qui veut surtout plaire à soi-même.
La tragédie se plaît dans l’unité ; la comédie aime donc le chaos16. […] Ne nous laissons pas de lui répondre qu’il est permis au poète d’inventer une fable aussi hardie, aussi fantastique qu’il lui plaît, de la rendre même folle et absurde54, pourvu que toutes les parties en soient d’accord et que chaque détail s’harmonise avec la donnée première.
Cependant asseyons-nous, s’il vous plaît. […] Plût à Dieu que nous y fussions menés à pleines voiles !
. — « Je pensais toujours au pays, et je ne croyais pas qu’il y eût de jolies filles sans bleues et sans jupes nattes tombant sur les épaules. » — Elle, c’est une effrontée, une coquette jusqu’à la brutalité ; « elle s’avançait eu se balançant sur ses hanches comme une pouliche du haras de Cordoue. » D’abord elle ne lui plaît pas ; il se sent trop loin avec elle de toutes les choses de son pays ; « mais elle, suivant l’usage des femmes et des chats qui ne viennent pas quand on les appelle et qui viennent quand on ne les appelle pas, s’arrêta devant moi et m’adressa la parole. » Ses premières paroles sont des railleries ; puis la rencontre de ces volontés dures et frustes toutes deux, hostiles au fond, se résume dans un geste qui vaut une action : « Prenant la fleur de cassie qu’elle avait à la bouche, elle me la lança, d’un mouvement du pouce, juste entre les deux yeux. […] Il est moins nécessaire qu’une fibre sympathique me relie à ce magnifique scélérat en écharpe rouge et plumet vert qu’à ce vulgaire citoyen qui pèse mon sucre, en cravate et en gilet mal assortis… Je ne voudrais pas, même si j’en avais le choix, être l’habile romancier qui pourrait créer un monde tellement supérieur à celui où nous vivons, où nous nous levons pour nous livrer à nos travaux journaliers, que vous en viendriez peut-être à regarder d’un œil indifférent, et nos routes poudreuses et les champs d’un vert ordinaire, les hommes et les femmes réellement existants… » Certes la vie est une partout et toujours ; sous tels dehors qu’il vous plaira de l’observer, vous la trouverez avec ses mêmes joies et ses mêmes peines.
Mais aussi personne n’a soutenu que nous fussions libres, dans des conditions données, d’entendre telle note ou d’apercevoir telle couleur qu’il nous plaira. […] Mais ces unités de temps, qui constituent la durée vécue, et dont l’astronome peut disposer comme il lui plaît parce qu’elles n’offrent point de prise à la science, sont précisément ce qui intéresse le psychologue, car la psychologie porte sur les intervalles eux-mêmes, et non plus sur leurs extrémités.
Et, de fait, la leçon une fois apprise ne porte aucune marque sur elle qui trahisse ses origines et la classe dans le passé ; elle fait partie de mon présent au même titre que mon habitude de marcher ou d’écrire ; elle est vécue, elle est « agie », plutôt qu’elle n’est représentée ; — je pourrais la croire innée, s’il ne me plaisait d’évoquer en même temps, comme autant de représentations, les lectures successives qui m’ont servi à l’apprendre. […] Tantôt on confère à l’esprit une autonomie absolue ; on lui prête le pouvoir de travailler sur les objets présents ou absents comme il lui plaît ; et l’on ne comprend plus alors les troubles profonds de l’attention et de la mémoire qui peuvent suivre la moindre perturbation de l’équilibre sensori-moteur.
Le philosophe peut se plaire à des spéculations de ce genre dans la solitude de son cabinet : qu’en pensera-t-il, devant une mère qui vient de voir mourir son enfant ? […] Encore une fois, elle ne plaira ni aux uns ni aux autres.
Mais ce lieu géométrique des actions les plus distinctes possible, il plaît à Valéry, par une sorte de canonisation, légitime dès qu’on est prévenu, de l’appeler Léonard de Vinci, simplement en mémoire de Léonard, moyennant quelques références à ses œuvres, et sans vouloir que l’on confonde « une conjecture relative à des termes fort généraux avec les débris extérieurs d’une personnalité si bien évanouie qu’ils nous offrent la certitude de son existence pensante autant que celle de ne jamais le mieux connaître. » Le Vinci de Valéry est donc un Vinci fictif appuyé sur le vrai Vinci. […] Je me plais (un peu subtilement) à trouver, devant le ciel, dans la page intérieure, un peu de l’élément visuel qu’il y a dans la page mallarméenne. […] La source et la chevelure lui sont venues comme une réalité unique, et c’est pourquoi, lorsqu’avec le romantisme la poésie pure prend conscience d’elle-même, elle se refuse à les dissocier, elle rejette quand il lui plaît les comme et les pareil.
Comme il lui plaira ! […] C’est à Bremond, alors à Pau (… « la ville où je me plais le plus, et la Moselle est un gave, elle aussi… » nous écrivait Barrès la veille de sa mort) que son ami apporta le manuscrit du Jardin sur l’Oronte. — C’est un colibri ! […] Quand vous aurez lu Valentine Pacquault, qui est le chef-d’œuvre de Chérau, vous pourrez vous plaire à la Despélouquéro 64 et à la Maison de Patrice Perrier 65 : ce sont deux livres pour lesquels je ne le sens pas capable d’être malheureux, mais ils sont frais, reposants. […] Il s’y libérera tout entier ; dans un admirable enchaînement de scènes, avec une ambition classique, il donnera à l’amour toute l’importance que l’on se plaît tant à lui dénier aujourd’hui.
Il y en a de bien faits et de construction sérieuse dont la façade accueillante trompe sur les pièges intérieurs ; la maison a l’air honnête, elle est confortable : on y entre, on s’y plaît, on y demeure ; veut-on sortir, c’est une prison. […] Pica, il est persuadé que vraiment Verlaine est plus d’exception que Victor Hugo ; et son critérium semble être ceci : que Victor Hugo plaît à un plus grand nombre de lecteurs que Verlaine. […] Verlaine serait classé parmi ces génies malheureux qui n’ont su plaire que trop tard, quand presque tous les sourires étaient déjà distribués. […] Avant d’aller plus loin, on fera bien de songer que, s’il est bon de plaire à autrui, il est meilleur encore de ne pas se nuire à soi-même. […] XVII Je ne sais pourquoi les féministes ont mal accueilli la circulaire sur l’orthographe, car il semble, au contraire, qu’elle se soit faite forte de leur plaire.
On se hâte vers ceux qu’on aime, vers ce qui plaît, vers ce qui attire ; mais on arrive toujours trop tôt à ce qui ne séduit guère, et tout sert de prétexte alors pour ralentir et interrompre la marche, retarder l’heure vaguement pénible. […] Ses vers sentent la poudre, c’est le cas de le dire ; ce sont bien là ces élans du soldat-poète qui ont soulevé les applaudissements de la salle entière de la Comédie-Française au jour de la première représentation d’Alain Chartier ; je reviens à Arma et pour prouver ce que j’avance, je prends, presque au hasard, un sonnet que voici : LA CHARGE « Messieurs les Maîtres, assurez vos chapeaux, s’il vous plaît : nous allons avoir l’honneur de charger ! […] Il prend ses matériaux de toutes parts, dans le dramatique, comme dans le comique, sans souci de ce qu’ils deviendront ; construisez avec eux s’il vous plaît de construire, il s’est contenté de cueillir, faites le bouquet. […] Il avait beaucoup connu la charmante comédienne et possédait sur elle, et par elle, une foule d’anecdotes qu’il se plaisait à nous raconter et qui devaient figurer dans sa biographie. […] Je me rappelle qu’un jour, pour plaire à je ne sais qui, il s’était fait raser complètement la tête ; c’était une mode qui avait été adoptée par les jeunes beaux de l’époque, sous prétexte que les cheveux repoussaient plus dru et que cela préservait de la calvitie.
Roederer mérita d’être complètement du secret et de devenir l’agent le plus actif peut-être de ce qu’il se plaisait à appeler une généreuse et patriotique conspiration.
N’oubliez pas tous les étrangers célèbres, à commencer par Byron, qui étaient et qui sont la bonne fortune de ce lieu de passage, ces gracieuses étrangères venues du Nord, qui rompent la roideur locale et font diversion à la contrainte ; si bien qu’à voir tant de monde séduisant arriver, plaire et aussitôt disparaître, « le cœur, disait Bonstetten, y devient mauvais sujet ».
Royer-Collard fut flatté du portrait ; il ne le désavoua point ; il daigna y sourire : « Vous n’avez pas seulement bien de l’esprit, monsieur, mais votre esprit est aimable : il pare tout ce qu’il vous plaît de dire.
L’espagnol me plaît par l’idée que notre famille en sort du côté de la mère de papa.
Il a peur de mal exprimer son amour ; il ne voit que des difficultés et s’en effraye ; il tremble de ne pas plaire ; il serait hardi s’il n’aimait pas tant.
… Dans une pièce de vers qui obtint, il y a peu d’années, le prix à l’académie de Lausanne, je trouve ces beaux traits de nature ; il s’agit d’un voyageur : Il voit de là les monts neigeux Et les hauts vallons nuageux : Puis il entend les cornemuses Des chevriers libres et fiers, Perdus dans la pâleur des airs Par-dessus les plaines confuses ; et cette autre gracieuse peinture des ébats auxquels se plaisent les nains et les sylphes de la montagne : Sur les bords de l’eau claire, à l’ombre des mélèzes.
Il se plaît encore et réussit fort bien à un comique plus sérieux et contenu, à un comique d’humour, comme dans Mon ami Wolf.
., et y porte une expression abondante, redondante quelquefois, mais facile, claire, sensée, une foule d’observations morales qui plaisent à beaucoup d’esprits modérés et distingués, qui enchantent beaucoup d’esprits solides, qui ne satisfont peut-être pas toujours au même degré quelques délicats, subtils et dédaigneux.
Le mémoire lu en 1839, sur la Conversion de la Germanie au Christianisme et à la Civilisation pendant les viiie et ixe siècles, offre une des plus légitimes, des plus belles applications de la méthode scientifique, telle que l’esprit de l’auteur se plaît à la déployer et à la gouverner au sein des masses de l’histoire.
Plaise au ciel que l’ambition ne trame pas après lui des projets qu’elle n’aurait pas osé concevoir pendant qu’il vivait !
Mais ce sujet fait pour plaire aux fins seigneurs et aux dames délicates, Guillaume de Lorris le traita avec la méthode et l’esprit des clercs.
Il aimait un logis commode et propre, et se plaisait dans sa librairie, entre ses mille volumes, lisant, marchant, rêvant, dictant, seul surtout, délicieusement seul : femmes, enfants, toutes les fâcheuses servitudes de la vie, étant arrêtés au seuil du sanctuaire.
Tandis que le regard intuitif se plaît à discerner la justice, dans une contradiction enjoignant parmi l’ébat, à maîtriser, des gloires en leur recul — que l’interprète, par gageure, ni même en virtuose, mais charitablement, aille comme matériaux pour rendre l’illusion, choisir les mots, les aptes mots, de l’école, du logis et du marché.
C’est ce style de la discussion sérieuse plus habituellement nerveux que coloré, qui a plus de mouvements que d’images, son objet n’étant point de plaire, mais de convaincre ; instrument formidable par lequel la société française allait conquérir un à un tous ses progrès, et faire passer dans les faits tout ce qu’elle concevait par la raison.
Et il lui plairait aussi de se laisser aller à la contagion : Je voudrais me coucher et je m’endormirais.
Du reste, j’ai ma journée à moi, et je peux faire à la Sorbonne et dans les bibliothèques des séances aussi longues qu’il me plaît.
La gloire du génie François est établie, dans l’Europe, par des Ouvrages dignes de plaire à tous les Peuples éclairés : les grands Ecrivains du siecle dernier, les bons Ecrivains de celui-ci ne nous laissent rien à envier aux autres Nations.
Comme à madame Sganarelle, il leur plairait d’être battues quelquefois.
On raconte que le fameux maître de danse Marcel, si connu par la solennité de ses aphorismes, demanda un jour une audience à M. de Lamoignon père pour lui déclarer qu’il ne pouvait lui dissimuler en conscience que son fils ne danserait jamais bien et ne pourrait conséquemment faire son chemin ni dans la magistrature ni dans l’armée : « À la manière dont il marche, concluait-il, vous ne pouvez raisonnablement le placer que dans l’Église. » M. de Malesherbes se plaisait gaiement à raconter ce lamentable pronostic de Marcel.
Ils figurent dans le miroir de la conscience ou n’y figurent pas en raison de causes inappréciables et non pas selon qu’il plaît à la conscience : ils figurent chez celui-ci et sont absents chez celui-là.
Puis nous voici à errer dans un labyrinthe de corridors, de couloirs qui semblent se resserrer, ainsi que dans un rêve. « La loge nº 3, s’il vous plaît ?
Le premier qui employa la parole pour plaire et pour instruire, remplit les fonctions d’homme de lettres.
Un charretier implore Jupiter, et Jupiter lui répond qu’il veut qu’on se remue ; il veut d’abord que l’on travaille, et ensuite il récompense le travail s’il lui plaît, mais avant tout : « Aide-toi, le ciel t’aidera. » De même — car c’est encore l’éloge du travail à un certain égard — la charmante fable de le Lièvre et la Tortue, qui veut dire, non pas précisément qu’il faut travailler continuellement et comme d’arrache-pied, mais qu’il faut organiser son travail d’une façon sérieuse et méthodique : Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Excepté de temps en temps, un regard charmant d’hirondelle, heurtant la tapisserie et cherchant son vieux mur du Cayla, à chèvrefeuille et à pariétaires, qui eût révélé dans cette fille calme autre chose qu’une femme du monde, capable de lui plaire, et, si elle avait voulu s’en donner la peine, de le dominer ?
Un autre exemple : Je marche sur la route ; un homme qui vient vers moi m’arrête et me touchant le bras, me dit : « Vous ne passerez pas par ce chemin. » Naturellement, mon premier acte est de m’opposer à cette volonté extérieure et de dire : « Je prendrai le chemin qu’il me plaira de prendre. » Aucun de nous, à moins d’être timide de tempérament ou trop faible de nature, ne pourrait agir autrement.
J’appelle « contemporains » deux flux qui sont pour ma conscience un ou deux indifféremment, ma conscience les percevant ensemble comme un écoulement unique s’il lui plaît de donner un acte indivisé d’attention, les distinguant au contraire tout du long si elle préfère partager son attention entre eux, faisant même l’un et l’autre à la fois si elle décide de partager son attention et pourtant de ne pas la couper en deux.
Parfois d’ailleurs le renseignement que nous nous figurons très loin, à l’infini, est à côté de nous, attendant qu’il nous plaise de le cueillir.
C’est pourquoi l’imagination populaire se plaît parfois à attribuer aux grands la plus basse origine ; plus d’un roi, à en croire les légendes, aurait été berger, et aurait conservé, dans quelque cachette de son palais splendide, la houlette et le sayon d’autrefois.
Or les serviteurs ne jouissant d’abord de la vie que d’une manière précaire dans les asiles ouverts par les héros, il était conforme au droit et à la raison qu’ils eussent aussi un domaine précaire, et qu’ils en jouissent tant qu’il plairait aux héros de leur conserver la possession des champs qu’ils leur avaient assignés.
Une toute petite minorité seule trouve un plaisir sincère aux nouvelles tendances et les annonce avec conviction comme les seules justifiées, les seules conduisant à l’avenir, les seules faites pour plaire et pour édifier. […] La musique destinée à plaire doit ou feindre le recueillement religieux, ou décontenancer par sa forme. […] Le thème, même s’il a d’abord un contour nettement accusé, doit devenir toujours plus indécis, se perdre insensiblement de plus en plus, et bientôt se fondre en un brouillard dans lequel la fantaisie peut voir, comme dans les nuages nocturnes courant à toute bride, toutes les formes qu’il lui plaît. […] A la foule, au contraire, qui les admire et jure par eux, qui imite les modes qu’ils ont imaginées et se plaît aux étrangetés décrites dans le chapitre précédent, s’applique avant tout le second des diagnostics établis plus haut : chez elle nous avons principalement affaire à l’hystérie et à la neurasthénie. […] Il aurait pu aussi bien l’intituler « le Pôle Nord », « la Marmotte » ou « Abd-el-Kader », car ces mots ont tout autant de rapport que celui de Syrtes avec le contenu de la plaquette ; mais on ne peut nier que, sur ce nom géographique, se posent un éblouissement de soleil africain et un reflet plus pâle d’antiquité classique faits pour plaire à l’œil du lecteur hystérique.
Il s’y plaisait, il s’y appliquait, il s’y renfermait. […] Comprenez donc que vous ne vivez que dans le grand organisme social, et par lui, comme il vit par vous, et que ce qu’il ne prend pas de vous est perdu pour lui, ce qui peut vous plaire, mais aussi pour vous, ce qui est moins plaisant. […] Il sent que l’histoire naturelle lui fait obstacle, qu’elle trouve tout moins simple qu’il ne lui plaît de le voir. […] « En France, le public commande aux auteurs. » Nous voyons toujours, en face de nous, le lecteur qui écoute, et nous voulons lui plaire plutôt qu’à nous. […] Il y avait surtout du nouveau, ce qui est pour plaire à tout le monde, et surtout aux femmes.
Ma femme me dit aussitôt : — Coco, c’est-à-dire vous comprenez : elle m’appelle ainsi ; prenons cette petite fille à Pétersbourg ; elle me plaît. — Prenons-la, — lui répondis-je ; je ne demande pas mieux. — Le starosta tombe, bien entendu, à nos pieds ; il ne pouvait pas s’attendre, vous comprenez, à un pareil bonheur. […] Mais oui, du reste, il faut croire qu’Arina lui plaisait.
Jeudi 15 août Il est vraiment amusant, intéressant, ce Montesquiou, avec sa parole verveuse, son magasin d’anecdotes, son érudition des cocasseries, tout cela mêlé au désir de plaire. […] L’arrangement accepté, voici un plongeur, sous son scaphandre, au fond du lac, un plongeur qui reste sous l’eau cinq heures, s’il vous plaît… J’avais été convoqué, et j’ai pu le photographier, au moment où il sortait de l’eau, avec des objets détachés du bateau.
Cette opposition n’avait pas de danger pour la monarchie, mais elle avait encore une certaine grâce fière qui plaisait aux anciens conventionnels : quand on ne veut plus agir on aime encore à murmurer. […] Du magister fille adorée, Par son bon cœur elle plaisait.
Ils ont soutenu, au contraire, qu’un grand nombre de particularités ont été créées dans le seul but de plaire aux yeux de l’homme, ou seulement pour multiplier les formes de la vie. […] Les effets de la sélection sexuelle, lorsqu’ils ne produisent qu’une beauté extérieure qui plaît aux femelles, ne peuvent être considérés comme utiles que dans un sens un peu forcé.
En effet, il y a à Paris, nous ne dirons pas un comédien de talent, mais un artiste de génie, capricieux et fantasque comme Garrick, terrible et emporté comme Kean. poétique et sombre comme Macready, un homme qui porte avec la même facilité le manteau royal de Richard III et les haillons du Joueur ; un homme qui attache à toutes ses créations un cachet tellement original, qu’à chaque création nouvelle tout le monde littéraire s’émeut ; un homme qui traîne après lui son public, en quelque lieu qu’il lui plaise de le conduire, soit au théâtre de l’Odéon, soit au théâtre de la Porte-Saint-Marlin, soit au théâtre de la Renaissance, soit au théâtre de l’Ambigu, soit au théâtre des Folies-Dramatiques. […] Nul mieux que vous ne possède l’art de lutter, par le nombre et la profusion des images, avec la peinture la plus franche et la plus vive ; vous avez pour chacune de vos pensées des traits et des nuances qui feraient envie aux héritiers du Titien et de Paul Véronèse ; quand il vous plaît de nous montrer les lignes d’un paysage ou l’armure d’un guerrier, le pinceau n’a plus rien à faire : pour achever son œuvre, il n’a qu’à mettre sur la toile les masses de lumière et d’ombres que vous avez choisies comme les meilleures. » Suivent trois pages d’éloges.
Dans ton cerveau se plairont les rêves grandioses et les pensées sublimes ; les forces inutilisées d’ici-bas t’acclameront comme leur chef, et tu n’auras qu’à paraître pour les déchaîner sur le monde. […] Un véritable artiste, par exemple, peut rendre aujourd’hui, avec le vers de douze syllabes, à peu près ce qu’il lui plaît.
Mais combien il est fâcheux que vous n’ayez pas davantage ménagé X. » J’ai conclu de ces appréciations divergentes que chacun jugeait selon son parti pris, et que, par suite, j’avais eu raison de donner mon sentiment sans m’inquiéter de savoir s’il plaisait à ceux-ci ou s’il déplaisait à ceux-là. […] Cela me causera tant de plaisir. » Mais Nietzsche les repousse : « Je ne veux ni vous plaire, ni vous suivre. […] Le peuple souverain a beau dire : « Tel règlement nous régira parce qu’il nous plaît », l’homme libre aura toujours le droit de répondre : « Quant à moi, il ne me plaît pas.
Ordinairement ce n’est pas de bon augure pour l’heure prochaine ; mais y a-t-il quelque chose que les saints dieux ne puissent pas accorder s’il leur plaît !
Riez tant qu’il vous plaira !
Ce qui remplit désormais ma vie, c’est mon affection pour ma femme ; elle me tient lieu de tous les autres liens ; elle ne me laisse désirer ni regretter aucune autre société… Je ne fais plus d’efforts pour plaire aux autres… C’est ainsi que le bonheur lui-même nuit peut-être à notre perfectionnement. » Il avait raison ; pas trop de bonheur, pas tant de plénitude conjugale et domestique, pas de béatitude, qui que vous soyez, artiste ou philosophe, si vous voulez avoir encore de l’aiguillon.
Sur presque tout le reste, les femmes ont gagné plus ou moins la partie, et quiconque a voulu leur plaire en écrivant ou en parlant, a dû éviter les sons durs, les images désagréables, les métaphores qui présentent une idée ignoble ou rebutante.
Un peu de lumière, s’il vous plaît !
Il a fait plus que de montrer au doigt le courtisan, qui autrefois portait ses cheveux, en perruque désormais, l’habit serré et le bas uni, parce qu’il est dévot ; il a fait plus que de dénoncer à l’avance les représailles impies de la Régence, par le trait ineffaçable : Un dévot est celui qui sous un roi athée serait athée ; il a adressé à Louis XIV même ce conseil direct, à peine voilé en éloge : « C’est une chose délicate à un prince religieux de réformer la cour et de la rendre pieuse ; instruit jusques où le courtisan veut lui plaire et aux dépens de quoi il feroit sa fortune, il le ménage avec prudence ; il tolère, il dissimule, de peur de le jeter dans l’hypocrisie ou le sacrilége ; il attend plus de Dieu et du temps que de son zèle et de son industrie. » Malgré ses dialogues sur le quiétisme, malgré quelques mots qu’on regrette de lire sur la révocation de l’édit de Nantes, et quelque endroit favorable à la magie, je serais tenté plutôt de soupçonner La Bruyère de liberté d’esprit que du contraire.
Et pour ce que l’occasion, le lieu, le temps et commodité me sont rudes par triste prison, vous plaira excuser le fruict qu’a meury mon esperit en ce pénible lieu… » Cette lettre, avec la pièce de vers qui l’accompagne, se trouve aux pages 42 et 43 de la présente édition ; mais, en la lisant au début, on comprend mieux comment François Ier devint décidément poëte ou rimeur, et comment l’ennui l’amena à développer sinon un talent, du moins une facilité qu’il n’avait guère eu le loisir d’exercer jusqu’alors.
Le public qui nous lit croit tout naturellement que ce que nous écrivons d’agréable pour elles doit plaire aux familles, et que ces endroits sont même quelquefois assaisonnés, arrangés tout exprès en vue de les flatter.
XVI Notre contrat social, à nous, le contrat social spiritualiste, au contraire, celui qui cherche son titre en Dieu, qui s’incline devant la souveraineté de la nature, celui qui ne se reconnaît d’autre droit que dans ce titre magnifique, et plus noble que toutes les noblesses, de fils de Dieu, égal par sa filiation et par son héritage à tous ses frères de la création, celui qui ne croit pas que tout son héritage soit sur ce petit globe de boue, celui qui ne pense pas que l’empire de quelques millions d’insectes sur leur fourmilière, renversant ou bâtissant d’autres fourmilières, soit le but d’une âme plus vaste que l’espace, et que Dieu seul peut contenir ou rassasier ; celui qui croit, au contraire, à l’efficacité de la moindre vertu exercée envers la moindre des créatures en vue de plaire à son Créateur, celui qui place tous les droits de l’homme en société dans ses devoirs accomplis envers ses frères ; celui qui sait que la société humaine, civile et politique, ne peut vivre, durer, se perfectionner en justice, en égalité, en durée, que par le dévouement volontaire de chacun à tous, dévouement du père au fils, de la femme à l’époux, du fils au père, des enfants à la famille, de la famille à l’État, du sujet au prince, du citoyen à la république, du magistrat à la patrie, du riche au pauvre, du pauvre au riche, du soldat au pays, de tout ce qui obéit à tout ce qui commande, de tout ce qui commande à tout ce qui obéit, et, plus haut encore que cet ordre visible, celui qui conforme, autant qu’il le doit et qu’il le peut, sa volonté religieuse à cet ordre invisible, à ce principe surhumain que la Divinité (quel que soit son nom dans la langue humaine) a gravé dans le code, dans la conscience, table de la loi suprême ; celui qui sait que, sous cette législation des devoirs volontaires qu’on nomme avec raison force ou vertu, il n’y a ni Platon, ni J.
C’est une attention que vous devez avoir pour notre saint-père, que de ne pas le fatiguer de prières indiscrètes, de ne l’aborder jamais qu’avec des choses qui lui fassent plaisir ; ou, si vous vous y croyez obligé, une requête humble et modeste lui plaira davantage et sera plus agréable à son humeur et à son caractère. » Voilà l’âme d’un père chrétien et politique unissant le ciel à la terre pour protéger son fils.
Il est des gens qui se plaisent à parler sur un ton d’ironie injurieuse ou condescendante de tout ce qu’admirent les autres.
Aristarque, dit Cicéron, rejetait comme interpolés les vers d’Homère qui ne lui plaisaient pas 76.
Il me plairait d’expliquer par le détail et de montrer comment la gageure paradoxale de garder les vertus cléricales, sans la foi qui leur sert de base et dans un monde pour lequel elles ne sont pas faites, produisit, en ce qui me concerne, les rencontres les plus divertissantes.
Le critique marque les oscillations de la mode entre le public et les auteurs, et ne juge sévèrement les derniers que pour plaire au public, n’ayant ni le courage, ni la sagesse de comprendre que le légitime objet de la préoccupation incessante du critique, ce doit être le public.
Et voilà les sujets que l’art nouveau se plaît à étaler sous nos yeux, voilà les problèmes qui lui paraissent dignes d’étude et les beautés qu’il veut qu’on admire !
Et c’est une pensée qui plaît à l’esprit, que celle du vieil Eschyle frayant sa voie sacrée à l’Antigone de Sophocle.
» On récita un jour, devant Walter Scott vieillissant, un poème qui lui plut ; il demanda le nom de l’auteur : c’était un chant de son Pirate.
Il plaît, devient, quelques jours après, l’amant de l’une, l’épouse, donne bientôt à toutes les deux le goût du jeu, et les ruine.
Mais nul être n’est solitaire Même en pensant, Et Dieu n’a pas fait pour te plaire Ce peu de sang.
Ils ont dans le cœur une sensibilité naturelle et profonde qui se plaît à la peinture des sentiments vrais.
VI, § 8], c’est aussi qu’un instinct secret nous dit qu’elle est la plus rationnelle des associations : l’âme se plaît aux sons parce qu’elle retrouve en eux sa propre essence242.
Cela est incontestable, mais cela lui importait peu, car tout lui plaisait dans cette fable de l’antiquité où l’escarbot, précisément à cause de cela, parce qu’il est un animal très petit, rend de très grands services à Jean Lapin son compère et, ce qui est plus intéressant, ce qui est plus esthétique aussi, finit par être victorieux de l’aigle, de l’oiseau même de Jupiter en personne.
On a versé sur Sainte-Beuve et sur sa mémoire les tombereaux d’articles, de phrases, d’anecdotes et de détails de toute espèce qu’on a l’habitude de verser sur un homme célèbre fraîchement décédé, avant de l’oublier tout à fait… Des journaux, matassins d’enterrement, qui vivent de ces cérémonies, ont envoyé leurs commissionnaires en roulage et en publicité fureter la maison mortuaire, regarder sous le nez du défunt pour le photographier dans leurs feuilles, décrire son appartement et son ameublement, et pouvoir parler en connaissance de cause jusque de ses chattes et de ses oiseaux et plaire ainsi à la Curiosité publique, cette affreuse portière à laquelle nous faisons tous la cour… Nous en avons pour quelques jours encore de ce brocantage, et puis après ?
D’abord, je m’étais rendu compte de la parfaite imperméabilité des masses populaires vis-à-vis de la littérature de nos aînés, et leur art m’apparaissait bâtard, incapable de satisfaire le populaire, incapable de charmer l’élite ; comme il fallait d’abord reforger l’instrument, ce dont les masses s’occupent fort peu, les premiers efforts pouvaient être dirigés de façon, non pas à plaire à l’élite, mais à la guider. […] Le premier critérium, le seul, était de me satisfaire moi-même ; me satisfaisant moi-même j’étais sûr de plaire, soit tout de suite, soit avec d’inévaluables délais à ceux de ma sorte, et cela me suffisait. […] Moréas assura que cela lui était égal ; pour l’intelligence de ce propos on se souviendra que Daudet, le plus faible et le moins inventeur des écrivains naturalistes, fut celui qui força le premier le succès, avec Fromont jeune, et plut aux masses en vulgarisant la formule naturaliste. […] Alexis qui, dans un assez récent article, avant Manette Salomon 7, je crois, se plut à qualifier ce qu’il appelle les décadents de honte littéraire, opprobre sur le siècle finissant. […] Alexis, confiée (s’il vous plaît) aux colonnes du Figaro avait de quoi surprendre, un peu comme une ruade imprévue d’un cheval très calmé.
Il le comprenait et l’admirait dans les parties les plus étrangères à lui-même ; il se plaisait à être son complice dans le latin macaronique de ses plus folles comédies ; il lui fournissait les malignes étymologies grecques de l’Amour médecin ; il mesurait dans son entier cette faculté multipliée, immense ; et le jour où Louis XIV lui demanda quel était le plus rare des grands écrivains qui auraient honoré la France durant son règne, le juge rigoureux n’hésita pas et répondit : « Sire, c’est Molière. » — « Je ne le croyais pas, répliqua Louis XIV ; mais vous vous y connaissez mieux que moi. » On a loué Molière de tant de façons, comme peintre des mœurs et de la vie humaine, que je veux indiquer surtout un côté qu’on a trop peu mis en lumière, ou plutôt qu’on a méconnu. […] Les mêmes sentiments se retrouvent exprimés par des termes presque semblables dans la bouche d’Alceste : Mais avec tout cela, quoi que je puisse faire, Je confesse mon foible, elle a l’art de me plaire ; J’ai beau voir ses défauts et j’ai beau l’en blâmer, En dépit qu’on en ait, elle se fait aimer.
Lors du siège de Sébastopol, dans les trêves entre les deux armées, des bals furent donnés, où les officiers français tentèrent de plaire à des femmes russes. Et pour plaire, en ce moment, où l’on avait une chemise, lavée à la diable par un brosseur, c’était difficile.
Tout en me montrant la malle de voyage de je ne sais quel antique shogun, contenant les armoiries des grands feudataires du Japon, et le nombre de sacs de riz que produit chacune de leurs provinces : malle qui était pour lui un mémento pour l’établissement de l’impôt, le fondateur du Musée me conte ceci : Il avait fait venir un bonze de Ceylan, qui du moment qu’il n’a plus porté le vêtement de prêtre, ne s’est plus senti un pratiquant, n’a plus prié, et dans le vide de l’occupation de ses prières, a été pris d’un ennui formidable, si formidable, qu’un jour voyant passer une procession, et étant témoin de la vénération, dont était entouré le porteur du Saint-Sacrement, il avait été repris du désir des pratiques religieuses, du désir de prier, si bien qu’il s’était fait catholique, et s’il vous plaît, un catholique exalté, passant toute sa vie dans les églises, en sorte que M. […] Mais la grande clarté de midi avait envahi la salle du rez-de-chaussée, me faisant trop matériellement visible, ce que je me plaisais à voir dans le vague, l’indéterminé, la pénombre d’une espèce d’hallucination.
Peut-être un simple voluptueux pourrait-il enfin se plaire à Tolède. […] Il se plaît à évoquer de grandes dames et des seigneurs splendidement parés, banquetant parmi les fleurs sous de luxuriantes architectures, ayant à leurs pieds de fins lévriers au profil héraldique et servis par de galants échansons, tandis que des musiciens jouent de la viole ou du rebec. […] Elle fournit des lecteurs et des auditeurs à leurs confrères mieux doués ; elle perpétue la tradition et alimente le feu sacré, d’où jaillit, lorsqu’il plaît au destin, l’étincelle du génie. […] Et c’est rabaisser l’art que d’exiger qu’il plaise aux masses. […] Ayant même été victime d’une tentative d’assassinat, le « Khalife » en a décidément assez, quitte Ben-Nezouh et s’en va mener l’existence qui lui plaît dans une tribu de nomades, au-delà de Laghouat.
S’il nous plaît de nous représenter un objet, nous sentons l’effort de vision mentale par lequel nous évoquons l’image ; pas un instant nous ne songeons à la prendre pour un objet réel ; elle nous apparaît comme un objet purement idéal, que nous situons dans un monde à part, en dehors de toute réalité. […] Tout dépend des conditions physiques et morales dans lesquelles nous nous trouvons et de ce que nous avons d’énergie disponible : il est des cas où rien ne peut nous plaire plus que l’activité allant même jusqu’au maximum d’effort ; d’autres où nous préférerons le repos, la léthargie et le rêve. […] Ceci me plut particulièrement et son existence, en se déroulant dans mon imagination (je n’oserais dire par l’effet de ma volonté, tant ces rêves me parurent bientôt se formuler d’eux-mêmes), m’offrit une série d’épreuves, de souffrances, de persécutions et de martyres… Le rêve arriva à une sorte d’hallucination douce, mais si fréquente et si complète parfois que j’en étais comme ravie hors du monde réel. » L’imagination de l’enfant s’exalte ; elle dresse un autel à l’objet secret de son adoration. […] On peut même remarquer que nous nous plaisons surtout à la représentation des sites qui nous sont le plus familiers, des scènes qui évoquent en nous le plus de souvenirs.
N’allons pas nous tromper à cette bonhomie d’allures ; elle voile une âme de feu : « Je ne puis pas souffrir qu’on ne soit pas de mon avis… Il n’y a pas des opinions, il y a de la vérité. » Ce n’est pas celui-ci qui se résignerait à préférer ce qui lui plaît, sans exclure avec force ce qu’il n’aime pas. […] Les personnages, nonchalants, rêveurs, un peu fous, ne sont pas détachés de l’Embarquement à Cythère ou de toute autre toile au charme vif, précis, du XIIIe siècle français : ils errent dans ce bois, pleins de naïves illusions et de cuisants chagrins d’amour, du duc Thésée : « Vous plairait-il de voir notre épilogue ? […] » Ce n’est pas, on peut bien le croire, mon dessein de diminuer, par ces rapprochements, l’admiration que les lecteurs de Verlaine doivent avoir pour cette œuvre de jeunesse, la plus fine de forme qu’il ait peut-être produite, et la plus accomplie dans l’art d’associer les mots selon la loi du rythme, de les faire, comme il lui plaît, soupirer ou sourire. […] Ni la Tempête, ni le Songe d’une nuit d’été, ni le Marchand de Venise, ni Peines d’amour perdues, ni Comme il vous plaira, ni le Conte d’hiver, ni Cymbeline, ni Othello, ni Hamlet, ni les Joyeuses Commères de Windsor, ni Troïlus et Cressida ne lui ont dérobé leurs manifestations de cette folie de musique, exprimée presque violemment dans le duo fameux de Lorenzo et Jessica : « L’homme qui n’a pas de musique en lui-même et qui n’est pas touché par l’accord des doux sons est tout prêt pour les trahisons, les stratagèmes, les pillages : les mouvements de son âme sont tristes comme la nuit, et ses affections sombres comme l’Érèbe.
Taine écrit de son jeune héros : « Il était différent, ce qui est toujours dangereux », il reproduit presque exactement une phrase de Beyle : « Julien ne pouvait plaire, il était trop différent. » Étienne prouve sa science au recruteur des bêtes à concours par un procédé identique à celui qu’emploie Sorel pour s’imposer aux Raynal. […] Il est coupable s’il ne la discipline point, c’est-à-dire s’il l’emploie aux tâches qui lui plaisent davantage, mais pour lesquelles il n’est pas doué supérieurement, alors qu’il en est d’autres où il excellerait. […] Il y a eu un savant connaisseur de la nature féminine qui mettait sa science au service de son désir de plaire, et qui maquillait son caractère sans trop de scrupule, pour mieux intéresser la châtelaine de Wierzchownia. […] … Baron, vous plaît-il ? […] Auteur dramatique, il avait, avec le Passant, pris place dans la lignée des fantaisistes issus du Comme il vous plaira de Shakspeare, pas trop loin du Musset d’À quoi rêvent les jeunes filles.
Quoique tout à fait Parisien de mœurs, de ton et d’éducation, Charles Magnin considéra toujours Salins comme le lieu de son origine ; il y possédait quelque bien, des vignes dont le vin lui plaisait et qu’il aimait à faire goûter à ses amis ; il y retournait chaque année passer une partie des vacances ; il accueillait à Paris tous les jeunes Salinois sur le pied de compatriotes, et il a testé finalement, en faveur de la ville de Salins, où il a voulu que ses restes fussent transportés pour y reposer dans le terroir paternel.
S’il a su être agréable dans ses Mémoires, et si, en écrivant comme en causant, il réussit à plaire, il aura bien des chances de regagner en partie sa cause et de se relever, même devant la postérité.