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1458. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Comme d’ailleurs la vôtre est utile, voulue et morale, elle ne vous révolte pas ; vous lui restez soumis sans difficulté, vous lui êtes attachés de cœur ; vous craindriez, en la touchant, d’ébranler la constitution et la morale. […] De l’idée que vous y attachez, dépend toute votre idée de la nature. […] Quand Mill dit que le contact du fer et de l’air humide produit la rouille, ou que la chaleur dilate les corps, il ne parle pas du lien mystérieux par lequel les métaphysiciens attachent la cause à l’effet. […] Mais, de plus, nous savons déductivement, d’après les lois de la chaleur, que le contact de l’air avec un corps plus froid que lui-même abaissera nécessairement la température de la couche d’air immédiatement appliquée à sa surface, et par conséquent la forcera d’abandonner une portion de son eau, laquelle, d’après les lois ordinaires de la gravitation ou cohésion, s’attachera à la surface du corps, ce qui constituera la rosée… Cette preuve déductive a l’avantage de rendre compte des exceptions, c’est-à-dire des cas où, ce corps étant plus froid que l’air, il ne se dépose pourtant point de rosée : car elle montre qu’il en sera nécessairement ainsi, lorsque l’air sera si peu fourni de vapeur aqueuse, comparativement à sa température, que même, étant un peu refroidi par le contact d’un corps plus froid, il sera encore capable de tenir en suspension toute la vapeur qui s’y trouvait d’abord suspendue.

1459. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Comme d’ailleurs la vôtre est utile, voulue et morale, elle ne vous révolte pas ; vous lui restez soumis sans difficulté, vous lui êtes attachés de cœur ; vous craindriez, en la touchant, d’ébranler la constitution et la morale. […] De l’idée que vous y attachez, dépend toute votre idée de la nature. […] Quand Mill dit que le contact du fer et de l’air humide produit la rouille, ou que la chaleur dilate les corps, il ne parle pas du lien mystérieux par lequel les métaphysiciens attachent la cause à l’effet. […] Mais, de plus, nous savons déductivement, d’après les lois de la chaleur, que le contact de l’air avec un corps plus froid que lui-même abaissera nécessairement la température de la couche d’air immédiatement appliquée à sa surface, et par conséquent la forcera d’abandonner une portion de son eau, laquelle, d’après les lois ordinaires de la gravitation ou cohésion, s’attachera à la surface du corps, ce qui constituera la rosée… Cette preuve déductive a l’avantage de rendre compte des exceptions, c’est-à-dire des cas où, ce corps étant plus froid que l’air, il ne se dépose pourtant point de rosée : car elle montre qu’il en sera nécessairement ainsi, lorsque l’air sera si peu fourni de vapeur aqueuse, comparativement à sa température, que même, étant un peu refroidi par le contact d’un corps plus froid, il sera encore capable de tenir en suspension toute la vapeur qui s’y trouvait d’abord suspendue.

1460. (1899) Arabesques pp. 1-223

. — Or je voudrais bien savoir si, hormis le dilettante, c’est-à-dire l’être qui effleure toutes choses sans s’attacher à aucune, il a jamais existé un écrivain militant qui fut dénué de ce parti pris ? […] Ils s’attachèrent à y exprimer les émotions les plus intimes de leur être non dans la forme rigide que comportaient les poétiques antérieures, mais selon les mille aspects, les images fugaces ou persistantes que leur évoquait leur imagination très vive. […] En vain il s’efforce de décrire la cathédrale de Chartres, d’exposer la symbolique des couleurs, des parfums, des légumes, des cloches, de la danse, il ne parvient ni à s’y attacher ni à nous y intéresser. […] Il se développa en une frêle tige où pointait un seul bourgeon, cependant que deux fines radicelles l’attachaient au sol dont elles pompèrent aussitôt les sucs. […] Mais les arbres, plus on apprend à les connaître, plus on s’y attache.

1461. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

N’est-il point d’un intérêt absolu de savoir ce que les étrangers pensent de nous et de nos gloires, et ne devons-nous pas remercier ceux qui s’attachent à nous faire comprendre et à nous faire aimer ? […] Et c’est avec ce bon sens que Molière s’est attaché à montrer quels sont les devoirs de l’époux, des parents et des enfants, et, de cette sorte, les devoirs essentiels de la société humaine. » M.  […] À en croire Bret, « un nommé Poquelin, Écossais, fut un de ceux qui composèrent la garde que Charles VII attacha à sa personne sous le commandement du général Patilloc. […] Le pamphlet de cet illustre inconnu, passant à la postérité comme une tache de boue qui serait demeurée attachée à un vêtement historique, cet odieux écrit, Élomire hypocondre, doit être classé par tout homme sensé parmi les libelles fangeux que toute gloire fait éclore. […] Sans doute, le jeu de Molière, qui devait avant tout s’attacher au naturel (nous le verrons tout à l’heure), semblait fort inférieur à des spectateurs habitués à la boursouflure et aux gestes pompeux des Montdori et des Beauchâteau.

1462. (1932) Les idées politiques de la France

C’est moins pour leur donner la foi que pour les attacher à une tradition, que beaucoup de pères incroyants envoient leurs enfants à l’école confessionnelle. […] On attachera plus d’importance à ceci, que, si le néo-opportunisme est censé représenter les intérêts des « gros » (et il ne nourrit point en effet l’intention de leur nuire), les partis de gauche se glorifient de représenter les intérêts des « petits », lesquels sont tout de même des intérêts. […] Théoricien du royalisme, Maurras n’a pas eu tort d’attacher, avec une insistance curieuse, grande importance à ce cri du vieux républicain Ranc : « Vive la France, mais la France de la Révolution, de la justice et du droit !  […] Plusieurs y attachaient une sorte de devoir, et bientôt les plus modérés crurent y attacher leur sûreté. […] Si le radicalisme est le parti du Français moyen, si, comme me le disait Barrès, la France est probablement radicale, c’est que, dans un pays catholique, le jacobinisme trouve précisément autant de points d’attache que le bolchevisme en a trouvé en pays tsariste.

1463. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Nostre cognoissance redoubla sur ce que mes premiers amours s’attachèrent à Diane de Talsi, nièce de Mlle de Pré, qui estoit sa Cassandre. […] Pernette du Guillet était vertueuse et chaste ; elle demeura fort attachée à son mari, qui, après la mort précoce de sa docte femme, recueillit pieusement ses Rymes et les fit imprimer à Lyon. […] Cependant, son humeur l’attachait toujours aux gaillardises de l’ancienne littérature. […] Seigneur, quand l’amour tient une âme alarmée, Il l’attache au péril de la personne aimée. […] Mais, hélas, mon devoir aux deux partis m’attache, Nul espoir d’aucun d’eux, nul effort ne m’arrache Et je trouve toujours dans mon esprit confus, Et tout ce que je suis et tout ce que je fus.

1464. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Mais de cette spécialité dramatique à laquelle ils semblent s’attacher exclusivement, il est résulté pour les deux amis et collaborateurs, une singulière habitude. […] Un Alsacien, auquel le Code pénal avait ordonné les bains de mer de la Méditerranée, arrive à l’établissement de Toulon et y trouve un de ses compatriotes qui se trouvait attaché depuis plusieurs années. […] Il faut, tire-li-faut d’abord n’être pas bon à autre chose, et avoir du temps à perdre. » Si le caudataire possède une opinion, il devra lui attacher une pierre au cou et la jeter dans l’endroit le plus profond de la Seine. […] Il l’attachera à sa personne et le nommera caudataire de première classe, il le fera chevalier de ses ordres, et celui-ci aura ses entrées grandes et petites. […] C’est une espèce de suie morale qui s’attache à toutes vos idées.

1465. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Attachée à la aime d’un arbre, elle empêche les fruits de tomber prématurément. […] Ce sont les polypes, les vers, les animaux attachés comme des plantes et dont le type est l’anémone de mer. […] C’est peut-être ce qui séduisit Ruskin, encore très attaché aux croyances religieuses, et il consentit à donner son concours à l’œuvre et à y enseigner le dessin. […] « Le guéridon, placé à gauche d’Eusapia, à 50 centimètres environ de sa chaise, est complètement soulevé, alors que les pieds d’Eusapia sont attachés aux pieds de sa chaise par des lacets et que ses poignets sont attachés aux poignets des contrôleurs. […] Je ne me représente pas très bien la scène, et je n’insiste pas, non plus que sur les apparitions de figures lumineuses, Eusapia étant attachée, mais seule, dans sa cabine.

1466. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Il s’attache de préférence à ce qui est positif et précis comme sont les faits, ou comme est encore la valeur sociale, le rang dans le monde, la considération. […] Comment frapper en passant, attacher en une fois et retenir pour toujours ces imaginations mobiles que tant d’autres soins nous disputent ? […] Ses études achevées, il fit son droit ; puis il entra dans les Ordres, fut attaché à l’École Fénelon, y vécut au milieu des jeunes gens. […] Feuillette s’est attaché surtout à prouver que le travail est le moyen donné aux hommes pour leur faire réaliser le perfectionnement moral. […] Cependant les jésuites ne s’attachent qu’avec plus d’opiniâtreté à leurs traditions.

1467. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Nous avons tous rencontré, si nous avons séjourné à la campagne, des paysans laborieux, loyaux, profondément attachés à la terre, à leur terre, par suite à leur village, à leur coin de pays. […] Dans le cas actuel, plus une maison d’édition est riche, plus elle est généreuse à l’égard des écrivains qu’elle s’attache et qu’elle veut garder par une surenchère. […] Pour recruter mieux leurs officiers, ils attachaient à ce rang des prérogatives de tout genre. […] D’où le contrat d’apprentissage, dont les règles attestent quelle importance s’attachait alors au maintien de la bonne fabrication. […] Les plus grandes ont une baguette pointue et, à travers les barreaux, piquent les bœufs et les vaches attachés court dans cet endroit.

1468. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Méry serait encore plus spirituel s’il n’avait commis nombre de vers auxquels il ne semble pas attacher d’importance, car dans le monde il fera des bouts-rimés, il improvisera si on l’en prie tant soit peu. […] Sa naïveté intéresse, le lecteur s’attache à lui et pense souvent « pauvre Gérard !  […] Champfleury s’est moins attaché à donner sa propre appréciation qu’à citer celle des contemporains de l’artiste, en expliquant toutefois les haines ou les amitiés qui pouvaient les faire mentir. […] Je ne sais si le mot intrigue rend bien le sens que j’y attache ; intrigue veut dire ordinairement nœud du roman, centre du labyrinthe dont on ne peut plus sortir ; je lui donne le sens de succession des faits. […] « Celui qui appartient à la première classe peut se dire réaliste, et celui qui appartient à l’autre, idéaliste ; dénomination, il est vrai, à laquelle il ne faut attacher ni en bien ni en mal le sens qu’on y attache en métaphysique1.

1469. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Certes il n’est pas resté attaché au dogme. […] Des ordres de pensées s’attachaient au mâchement de cette balle et qui partaient de l’élasticité. […] Médiocrement intéressé par les individus, il s’attache avec passion aux questions d’espèce et de race. […] Ajoutez que les médecins traînent toujours après eux le ridicule que Molière a attaché à leurs longues robes et à leurs bonnets pointus. […] Il s’attache à faire saillir ce qu’il y a en lui de plus individuel, dans sa destinée de plus exceptionnel, et par quoi il diffère des autres.

1470. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Aigle, je m’attache à ton aile : Emporte-moi dans l’avenir. […] Revenu pourtant à sa pleine liberté et obéissant à l’aiguillon d’une émulation généreuse, il put, durant les quinze années qui suivirent, attacher avec honneur son nom à des ouvrages étendus et médités : Marie Stuart, le Cid d’Andalousie et le poëme de La Grèce.

1471. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

En effet, c’est le sentiment qui l’attache à ses pauvres héros à quatre pattes, petites gens qu’on dédaigne et qu’on rebute. […] Il verra le pigeon voleter avec un empressement gracieux autour de sa femelle, baisser et relever tout à tour son col flexible d’un air suppliant et tendre, attacher longuement sur elle ses yeux si doux, et se soulever à demi sur ses ailes bleuâtres pour la becqueter de son bec rosé et délicat.

1472. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

— As-tu vu saint Sébastien tout nu, attaché à son tronc d’arbre, percé de flèches, avec des filets de sang qui coulent sur sa peau lisse et brune ? […] Les deux enfants s’accordent bien ; il ne faut pas séparer deux agneaux qui ont été attachés par le bon Dieu à la même crèche.

1473. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

Je lui ai demandé la faveur de l’entretenir après son audience, en particulier ; quand le monde a été dehors de sa bibliothèque, je lui ai demandé, à voix basse, s’il pouvait me donner des renseignements aussi secrets qu’en confession sur un certain scribe attaché au tribunal de Lucques, nommé Nicolas del Calamayo. […] Tiens la fenêtre de ta lucarne ouverte, et prie Dieu pour notre salut, contre les vitres ; si tu ne vois rien venir avant la nuit sur le bord de la tour, c’est qu’il n’y aura point d’espoir pour nous, et que je n’aurai point pu fléchir le frère ; mais, si je suis parvenu à le fléchir ou à l’incliner seulement à notre union avant la mort, je lâcherai la colombe, et elle ira, comme celle de l’arche, te porter la bonne nouvelle avant la nuit : une paille de ma couche, attachée à sa patte, sera le signe auquel tu reconnaîtras qu’il y a une terre ou un paradis devant nous.

1474. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

On dirait qu’il a peur de séduire : il s’attache à saisir chaque idée par la face paradoxale ou choquante ; nous ne pouvons le lire sans nous sentir constamment taquiné, bravé, dans toutes les affirmations de notre raison. […] Tout s’attache à l’autorité du pape, et c’est une théocratie que Lamennais entend constituer.

1475. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Toute ton indulgence sur le talent, que je dédaignerais complètement sans le prix que ton goût y attache, ne me console pas d’une arrière-pensée pénible qu’il aura fait naître en moi… Tu vois que j’avais raison, mon bon ange, en n’éprouvant pas l’ombre de contentement d’avoir employé du temps à barbouiller du papier au lieu de coudre nos chemises, que j’ai pourtant tâché de tenir bien en ordre, tu le sais, toi, cher camarade d’une vie qui n’a été à charge à personne. » Il suit peut-être de ces jalousies sans cesse recommençantes que, dans cette union bizarre, c’était le jeune mari qui aimait le plus ; et cela est assurément flatteur pour notre Marceline. […] Victor Hugo, qui m’a reçue à cœur découvert… Il demeure attaché à l’idée de te ramener à Paris.

1476. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Dans les autres cas, 44, il prend la signification de la fête de la Saint-Jean, de la joie et des espérances qui y sont attachées : « Das schœne Fest, Johannistag !  […] Wolzogen s’est attaché à répertorier et à nommer ces leitmotive mais cette question a toujours été débattue et est au cœur de la réflexion sur l’organisation musicale et sémantique de l’œuvre.

1477. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Pour les unes, précieuse était synonyme de prisée, l’opposé de méprisée, ou femme de grand prix, opposée à femme commune ; pour les autres, le mot était synonyme de femme qui se prise beaucoup, surfait son mérite, fait la renchérie, et n’est au fond qu’une hypocrite bel-esprit, Une seule idée commune aux précieuses de tout genre resta attachée à ce mot, ce fut celle de femmes qui se sont tirées du pair par des mœurs irréprochables, par un esprit plus ou moins cultivé. […] Elle s’arrêta devant plusieurs mots auxquels était attachée une haute considération.

1478. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Elle vous représente, à elle seule, toute la race des malheureuses créatures chassées des splendeurs du vice par la perte de leur jeunesse et qui s’attachent, en rampant, à la fortune de leurs jeunes rivales. […] et pourquoi prêter la tournure élégiaque d’une Madeleine à Vénus tout entière à sa proie attachée ?

1479. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

» * * * — Au dix-huitième siècle, en cette époque humanisée, l’exil est toujours attaché à la chute d’un ministre : l’exil, un châtiment qui n’est pas du temps, et où il y a la cruauté d’une époque barbare. […] On attache même une certaine importance à la rapidité du faire, et le compagnon du peintre a été regarder l’heure à la pendule, quand l’artiste a commencé !

1480. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Cette acharnée persistance à n’user en une fois que d’un style, à ne susciter et redoubler qu’une émotion, conquiert le lecteur, l’emmène et le trouble ; perdant pied dans l’irréel, lentement dépouillé du sens de sa personnalité, il est soumis et lié, muet d’épouvante, transfixé de douleur, maniaque d’analyse, consterné de la mort d’une amante qu’il n’a pas connue, attaché par un enthousiasme froidement tendu à la démonstration d’un principe métaphysique, énorme à intégrer l’univers. […] La façon dont Pym et son compagnon étaient vêtus et attachés sur l’embarcation, à leur première course en mer, les sauve.

1481. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Or, dans la moyenne des cas, les liens qui nous attachent à notre pays, à la vie, la sympathie que nous avons pour nos semblables sont des sentiments plus forts et plus résistants que les habitudes qui peuvent nous détourner d’une spécialisation plus étroite. […] À quelques exceptions près, dont Montesquieu est le plus illustre exemple, l’ancienne philosophie de l’histoire s’est uniquement attachée à découvrir le sens général dans lequel s’oriente l’humanité, sans chercher à relier les phases de cette évolution à aucune condition concomitante.

1482. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Je ne veux pas m’attacher à ce qui est relatif à M. 

1483. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Nulle part il ne rencontre de ces amantes acharnées qui s’attachent violemment à leur proie et ne lâchent pas volontiers leur infidèle ; nulle part de ces fornarina échevelées et menaçantes, comme Byron en affront à Venise ; nulle part non plus de ces êtres gracieusement débiles qui meurent d’un abandon.

1484. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

A certains jours sombres de l’hiver, ces montagnes de neige striées de noir font l’effet, à l’œil fidèle qui s’y attache avec lenteur, de la plus austère et de la plus délicate gravure.

1485. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

La beauté noble et simple de certaines expressions en impose même à celui qui les prononce, et parmi les douleurs attachées à l’avilissement de soi-même, il faudrait compter aussi la perte de ce langage, qui cause à l’homme digne de s’en servir l’exaltation la plus pure et la plus douce émotion.

1486. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

S’il se fût attaché à démêler finement le bien et le mal dans l’œuvre de Chapelain et dans celle de Scudéry, il eût brouillé les idées du public sans l’éclairer.

1487. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il s’attacha aux Choiseul, et leur sacrifia ses espérances de gloire scientifique ; il a fait pourtant d’utiles travaux sur la numismatique, sur l’alphabet phénicien, etc,L’Anacharsis parut en 1788. 4 vol. in-4.

1488. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Ailleurs, même en histoire, on peut s’attacher au général et faire abstraction des différences individuelles.

1489. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Émile Faguet À propos du Baiser : Malgré tout le talent de M. de Banville et malgré toute la considération qui s’attache à son nom, on ne l’aurait pas écouté bien longtemps, et il le sait parfaitement.

1490. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Parlant des comédiens antérieurs aux Gelosi, « ils n’hésitaient pas, dit-il, à pousser la vraisemblance jusqu’à faire comparaître sur la scène un homme nu, s’échappant d’un incendie nocturne, ou une femme dépouillée par des brigands, attachée à un arbre par quelques lambeaux d’étoffe, et à produire d’autres spectacles du même genre ou plus indignes encore d’être mis sous les regards de galants hommes14 ».

1491. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Qu’on demeure attaché à se vouloir le meilleur possible : l’œuvre que sera la vie ainsi cultivée sera visible ; on l’admirera, et par instinct d’amour-propre on l’égalera.

1492. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Et ceci expliquerait que l’autorité ne s’attache pas spécialement à l’originalité de l’esprit ni à son affinement.

1493. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Cela sauverait le principe de Newton, mais cela n’est pas vrai ; si l’énergie en se propageant restait toujours attachée à quelque substratum matériel, la matière en mouvement entraînerait la lumière avec elle et Fizeau a démontré qu’il n’en est rien, au moins pour l’air.

1494. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Quoique Jésus attachât dès lors peu de valeur au pèlerinage, il s’y prêtait pour ne pas blesser l’opinion juive, avec laquelle il n’avait pas encore rompu.

1495. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

En psychologie, le nom du Dr Laycock reste surtout attaché à la théorie de la cérébration inconsciente, exposée par lui, dès 1838, dans un journal médical d’Edimbourg ; puis, avec plus de développement, dans son Mémoire Sur l’action réflexe du cerveau (1844).

1496. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Là où les institutions favorisent et défraient ces qualités, et où elles ne sont pas écroulées avec le reste, maintenons-les soigneusement, et attachons-nous à les réparer plutôt qu’à les ébranler dans l’entre-deux des crises et au lendemain des orages.

1497. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Sans doute l’âme n’est pas détruite par là même, et elle conserve encore virtuellement la puissance de penser ; mais la pensée actuelle, mais la pensée individuelle, la pensée enfin accompagnée de conscience et de souvenir, cette pensée qui dit moi, celle-là seule qui constitue la personne humaine et à laquelle notre égoïsme s’attache, comme étant le seul être dont l’immortalité nous intéresse, que devient-elle à ce moment terrible et mystérieux où l’âme, en rompant les liens qui l’unissent à ses organes, semble en même temps rompre avec la vie d’ici-bas, en dépouiller à la fois les joies et les misères, les amours et les haines, les erreurs et les souvenirs, en un mot perdre toute individualité ?

1498. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Sans vouloir déclarer qu’elles furent vaines, nous devons cependant constater — toute déférence gardée vis-à-vis des esprits sérieux qui crurent devoir s’y attacher — que toutes ces discussions sans fin n’ont pas été sans contribuer pour une large part à déterminer et à propager cette indifférence que le public témoigne aujourd’hui à l’égard de la Poésie. — Eh !

1499. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

L’assurance d’une pension viagère après un certain nombre d’années de bons services, les rendrait attentifs à leurs devoirs, les attacherait à leur place et les soutiendrait contre le dégoût de leurs fonctions.

1500. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Après des tribulations infinies et des pérégrinations sans nombre, le manuscrit s’arrêtera enfin chez quelque imprimeur prédestiné, qui le tirera à cinquante exemplaires, avec la certitude d’en écouler deux ou trois : car, comme a dit Boileau, un niais trouve toujours un plus niais pour lui attacher une branche de laurier à la boutonnière.

1501. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

J’appelle nombre une phrase d’une certaine longueur qui est bien faite, dont les différentes parties sont en juste équilibre et satisfont l’oreille comme un corps aux membres proportionnés et bien attachés satisfait les yeux : une phrase nombreuse, c’est une femme qui marche bien.

1502. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Si je le rencontrais, je m’attacherais à lui, je le suivrais partout, comme ces jeunes orateurs que Crassus ou Cicéron traînaient au forum, pendus à leur toge.

1503. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Comme les Grecs du Bas-Empire, le Chinois est un peuple extérieur, cérémonieux, attaché aux rites comme il dit, et tout est rite pour lui, depuis sa religion, à laquelle il ne croit pas, jusqu’à sa politesse, qui est une formule sans bonne foi et dont le vide fait contraste avec un égoïsme si plein !

1504. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Mais qu’on lise ses admirables lettres, qu’on lise les notes qu’y a attachées de la Madelène, et l’on reconnaîtra que le fond du caractère de Raousset-Boulbon fut la probité, — une probité chevaleresque, immense, étendue sur toutes les relations de la vie.

1505. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Il publiait, en 1873, les Notes sur l’Italie et sur Rome, et, la même année, un volume intitulé : Préface au Conclave, qui marquèrent avec éclat cette compétence… Aujourd’hui, l’auteur de la Préface au Conclave nous donne une préface encore, la préface à ce pontificat nouveau qui se prépare en silence et sur lequel sont attachés anxieusement les regards du monde.

1506. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Et cependant on peut se demander qui donc s’est occupé de cette publication parmi ceux-là même dont la fonction, dans la littérature contemporaine, est d’attacher à la tête des livres qui en valent la peine les bouffettes de la publicité.

1507. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Henri III, Henri IV, tous les événements du siècle qui tourne autour d’eux, n’ont pas donné une seule distraction à l’historien attaché au sujet particulier de son livre et qui l’ouvre en 1584 pour le fermer en 1598.

1508. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

En vain les Germains invoquèrent-ils une barbarie commune pour fausser et briser le lien qui attachait Rome à la Gaule, le faisceau qu’elles formaient résista.

1509. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Dieu descendit du ciel, et pour qu’on le vît mieux par le repoussoir de cet épouvantant contraste, il se fit attacher à la croix des scélérats.

1510. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

On ne le nommait pas partout par son vrai nom ; mais partout, du moins, il se sentait, et les esprits les plus matériels, les plus attachés aux angles des choses positives, portaient ses invisibles influences, comme on porte une température.

1511. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Ces hommes inouïs et calomniés par l’esprit de parti ou par l’ignorance, ces hommes attachés immuablement à ce qui doit rester immuable dans les principes et les institutions, et qui ont en mourant dit d’eux-mêmes, par la bouche de leur général, à qui on proposait la vie : Sint ut sunt, aut non sint , avaient pourtant à un suprême degré ce qui distingue si éminemment l’aristocratie anglaise, — la plus politique des aristocraties, — l’entente de l’heure qui sonne, cet instinct du moment qui gagne les batailles et qui sauve aussi les nations.

1512. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

J’en fais ce qu’il est, l’hébétement, la destruction et la mort… Je n’aperçois qu’un monde d’insectes de différentes espèces et de tailles diverses, armés de scies, de pinces, de tarières et d’autres instruments de ruine, attachés à jeter à terre mœurs, droits, lois, coutumes, ce que j’ai respecté, ce que j’ai aimé ; un monde qui brûle les villes, abat les cathédrales, ne veut plus de livres, ni de musique, ni de tableaux, et substitue à tout la pomme de terre, le bœuf saignant et le vin bleu.

1513. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Tandis que le réaliste s’attache à reproduire ce qui dans la vie est le plus ordinaire et le plus commun, M.  […] À l’encontre de presque tous les auteurs dramatiques, c’est à l’approbation des lecteurs qu’il attache le plus de prix. […] Par tournure d’esprit et par habitude de métier, un auteur de comédies doit s’attacher surtout aux méchants côtés de la nature humaine. […] L’action, à laquelle pourtant il attache une telle importance, n’y résisterait pas davantage. […] Elle reste, en apparence du moins et extérieurement, attachée à une religion dont l’esprit ne la pénètre plus.

1514. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Du reste, en étudiant l’influence des littératures germaniques sur le Romantisme français, j’ai dû ne m’attacher qu’à un côté restreint de notre réforme littéraire. […] Pourquoi, m’a-t-il répété hier, pourquoi Mme de Staël ne s’attache-t-elle pas à mon gouvernement ? […] « C’est cet état d’aspiration qui constitue proprement l’homme : c’est donc cet état qu’il faudrait nous attacher à perfectionner. […] L’immuable patron de la Melpomène française endort ou révolte les esprits les plus attachés par l’habitude aux vieilles opinions littéraires. […] Mais comme son but était avant tout de réformer la poésie, on doit lui pardonner de s’être particulièrement attaché aux côtés extérieurs.

1515. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Ils s’attachent avec ardeur à chaque objet jusqu’à ce qu’ils aient saisi et surpris son âme, l’idée sur laquelle il repose. […] Il n’a servi qu’à donner à ce génie plus de sonorité et de solidité ; il a été la soudure qui a servi à attacher ensemble toutes les pièces de cette civilisation. […] Pourquoi donc en effet le Français se soucierait-il de savoir qu’il est de sang celtique, et pourquoi surtout attacherait-il un sentiment d’orgueil à cette origine ? […] Un gentilhomme nommé M. de Memmon, attaché à la maison du duc de Montmorency, avait demandé en mariage la nièce du comte d’Isancourt. […] Lord Herbert, connaissant l’importance que les Espagnols attachaient à l’étiquette, se mit donc en tête de rendre à son pays son ancienne prérogative.

1516. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Elle se sent aimée — et c’est vrai — de son chef et de trois ou quatre ministres qui se payent largement, il est vrai, mais qui travaillent, qui sont très attachés au bien public et qui sont des hommes supérieurs. […] Le peuple et la bourgeoisie aiment jusqu’à ces fêtes splendides que le Roi leur donne, parce qu’il comprend qu’à les divertir et à les attacher à sa personne, il les annihile ou tout au moins les neutralise. […] L’intrigue est simple et facile, moins le dénouement qui est un peu péniblement amené et auquel on veut assez que Molière n’a attaché aucune importance. […] Molière s’est attaché un peu trop aux défauts à l’exclusion des vices, cela ne laisse pas de rester vrai. […] Il le détache pour se l’attacher.

1517. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Ils sont plus représentatifs que d’autres parce que les œuvres auxquelles ils sont attachés sont plus accessibles, j’allais dire plus vulgarisées, en retirant à ce mot tout sens défavorable. […] Mais précisément parce qu’il attache une importance souveraine à ce droit de propriété, un Taine est amené à reconnaître dans la vérification stricte des titres qui confèrent ce droit la première condition de l’ordre public. […] Taine attachait à l’action de léguer. […] Puis elle m’offre, en y répondant, l’occasion de préciser quelques idées auxquelles je ne suis pas seul à attacher de l’importance. […] Ainsi, comme tous ceux qui doutent, je mettais déjà de côté les sentiments et les pensées, pour disputer avec les faits, m’attacher à la lettre morte, et disséquer ce que j’aimais.

1518. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Sans avoir besoin d’ordre mathématique, les esprits de ce genre voient les faits dans leur ensemble, et s’y attachent spécialement. […] Alors naissent des passions secondaires, utiles le plus souvent, qui, tandis que la passion principale s’attache à la fin, s’attachent de leur côté aux moyens de les réaliser. […] Mais le plus grand génie qui y ait attaché son nom est Leibniz. […] En forçant plusieurs fois l’esprit à s’attacher à la même idée, cette idée se fixe naturellement mieux. […] Attachons-nous donc aux plaisirs qualitativement, et non quantitativement supérieurs.

1519. (1885) L’Art romantique

Mais ceux-là représentent le passé ; or c’est à la peinture des mœurs du présent que je veux m’attacher aujourd’hui. […] Je savais qu’il avait été longtemps attaché à un journal anglais illustré, et qu’on y avait publié des gravures d’après ses croquis de voyage (Espagne, Turquie, Crimée). […] Mais l’important est ici de s’attacher aux ressemblances. […] Sitôt qu’il est entré en scène, l’œil du spectateur s’attache à lui et ne veut plus le quitter. […] Je m’attache à ce mot conjecture, qui sert à définir, passablement, le caractère extra-scientifique de toute poésie.

1520. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Mais l’avarice, la colère, la luxure, vingt furies attachées à ses talons ne le tiendraient pas un quart d’heure éveillé quand son baromètre est à sommeil ; à plus forte raison, ne lui arracheraient-elles point un cri plus ardent que : « Je m’en vas ». […] Nul désormais n’est libre d’ignorer quelle importance suprême l’opinion de notre temps attache à la richesse ; et ceux-là même qui ont trop de fierté pour agir en conséquence, ne peuvent se défendre tout à fait dans leurs jugements d’une superstition singulière pour l’argent. […] D’un rien il peut faire un tableau qui attache ; d’une anecdote assez fade tirer tout un roman sentimental auquel on se laisse prendre involontairement, comme il arrive pour la plupart des histoires d’amour contées dans ce livre. […] Plusieurs semblaient soupçonner vaguement qu’il y avait désormais en France deux rois : l’un qui tenait en main le gouvernement réel, l’autre attaché au premier comme une ombre incommode qui épiait son règne, et, en esprit, le refaisait. […] Le défaut d’attention qu’on nous a souvent reproché, a du moins l’avantage que nous pouvons traverser le vice et ne nous y point attacher.

1521. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Sans jamais tendre notre esprit par aucun effort d’attention soutenue, sans nous attacher même par aucun intérêt sérieux, son théâtre nous retient par les seuls attraits d’une poésie et d’une gaieté toujours épanouies. […] Sauf la gaieté obligée de la soubrette, tous les personnages sont sérieux, la mère et le fils par leur bigoterie, le reste de la famille par sa haine pour l’imposteur, et le beau-frère par ses sermons, où il prêche avec tant d’onction que les dévots de cœurs ne doivent Jamais contre un pécheur avoir d’acharnement, Mais attacher leur haine au péché seulement91. […] Celui qui a attaché son nom le premier à cette tentative vraiment digne de l’intrépidité de sa logique, est mon maître dans l’art de critiquer.

1522. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

À la fin du dîner, Nigra, le ministre d’Italie, parlant des cardinaux, des prêtres d’Italie, et de leur tolérance et de leur manica larga, à l’endroit des choses d’amour, Saint-Victor dit brillamment : « Pour eux, les dogmes, c’est comme les règles du whist, il faut s’y soumettre, mais ils n’y attachent pas d’importance !  […] C’est la B…, la dame de compagnie attachée près de la mauvaise humeur de la courtisane. […] En cette ruine qui me menace, il ne faut m’attacher qu’aux observations qu’elle va me procurer sur les avoués, sur les huissiers, sur le monde de la loi, et les malheurs qui n’empêchent pas absolument de manger ne doivent être considérés par moi, que comme des auxiliaires de la littérature.

1523. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

L’amour de la patrie qu’il ne reverra plus est que l’enjeu et cela est bien assez pour nous attacher à lui. […] Voici un passage de Stendhal, caractéristique, en ce que toute observation psychologique y est attachée à un détail de la vie familière, à un détail que les classiques eussent repoussé comme trivial, et auquel les romantiques n’eussent pas songé dans leur préoccupation du romanesque ; et s’agit dans cette page d’une scène de remarquez cependant qu’il roman, s’il en fut, d’une escalade de fenêtre, la nuit, par un jeune séminariste qui n’a pas revu sa maîtresse depuis quatorze mois. […] Il appuya une échelle à côté de la fenêtre et frappa lui-même contre le volet, d’abord doucement, puis plus fort. « — Quelque obscurité qu’il fasse, on peut me tirer un coup de fusil, pensa Julien. » Cette idée réduisit l’entreprise folle à une question de bravoure… Il descendit placa son échelle contre un des volets, remonta, et, passant la main dans l’ouverture en forme de cœur, il eut le bonheur de trouver assez vite le fil de fer attaché au crochet qui fermait le volet, d’abord doucement puis plus fort. « Quelque obscurité qu’il fasse, on peut me tirer un coup de fusil, pensa Julien.

1524. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Lorsqu’il se trouve que des organes d’une haute importance physiologique, tels que ceux qui sont spécialement utiles à la conservation de l’individu sous les conditions d’existence les plus diverses, soient généralement les plus constants, nous y attachons une grande valeur ; mais si, dans un autre groupe ou section de groupe, ces mêmes organes diffèrent beaucoup, par cela même ils diminuent de valeur en matière de classification. […] Dès lors, elles demeurent attachées à leur rocher pour le reste de leur vie ; leurs pattes sont transformées en organes préhensiles ; elles retrouvent de nouveau une bouche d’une structure normale ; mais elles n’ont point d’antennes, et leurs deux yeux sont de nouveau remplacés par un seul petit œil très simple pareil à un point. […] Darwin discute les objections de ses contradicteurs prouve sa bonne foi et sa minutieuse exactitude, il nous paraît cependant attacher trop de valeur à des arguments qui n’en ont aucune.

1525. (1888) Poètes et romanciers

Sans déchoir de la haute place qu’il s’est faite dans l’art, il doublera les sympathies qui s’attachent à son nom, il doublera sa gloire. […] L’étrange pensée, pour un poète, d’attacher tant d’importance à un titre ! […] Quelque prix que l’on doive attacher à ses explications, elles méritent du moins qu’on les connaisse. […] Cependant, avec quelque compassion et quelque patience, si vous vous insinuez dans leur confiance, vous entendrez de touchants aveux sur la fatalité tragique, attachée à leurs pas. […] Laissons ces détails et attachons-nous à l’idée mère du roman.

1526. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Au contraire, il me semble que plus vous serez simple et uni comme bonjour, jasant avec moi des événements, des accidents et des opinions de la veille, et plus je trouverai que vous êtes un écrivain à ma portée, un narrateur bonhomme, un critique attaché au fait principal. […] « L’homme est en ce bas monde un oiseau sur la branche ; la branche est attachée à l’arbre ; qui s’attache à l’arbre suit de bons préceptes ; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles !  […] Dès la première scène, Sganarelle est charmant, et comme on ne sait pas encore à quel abominable service ce brave homme est attaché, on rit franchement et de bon cœur. […] Pour nous reposer de ces folies, relisons la péroraison du discours de Bossuet : « Et vous ma sœur, qui avez commencé à goûter ces chastes délices, descendez, allez à l’autel, victime de la pénitence ; allez achever votre sacrifice : le feu est allumé, l’autel est prêt, le glaive est tiré, le glaive c’est la parole qui sépare l’âme d’avec elle-même pour l’attacher uniquement à son dieu.

1527. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Lorsqu’un peintre s’en va dans la campagne esquisser une étude, il s’attache à copier le plus exactement possible ce qu’il voit. […] [Texte de Champfleury] Le mot de réalisme est un grelot qu’on attache de force à mon cou. […] Courbet est attaché à son sol natal, sa profonde nationalité locale et le parti qu’il peut en tirer. […] Si je n’y insiste pas davantage, ce n’est nullement par esprit de partialité, mais parce que la description en serait superflue et qu’ils paraissent être de ceux auxquels le peintre et ses amis attachent le moins d’importance. […] Il ne restera plus qu’à développer l’intention d’après un système plus exact, en englobant aussi de la même manière toutes les classes subalternes de la société, dont les arts ne s’étaient pas plus occupés jusqu’à ce jour des paysans ; tout ce petit monde des villes et des bourgades qui, avec les paysans, représente au moins les trois quarts et demi de la population française ; tout ce petit monde si riche en types innombrables qu’il ne s’agit pas plus de créer, que les savants ne créent les objets de leurs découvertes ; si riche en types auxquels il n’y a qu’à attacher la ficelle pour les faire danser comme des pantins, en dégageant de leurs cabrioles soit la moralité discrète, soit l’éclat de rire qui console et fortifie, et alors seulement vous pourrez vous vanter d’avoir réalisé la grande synthèse artistique du monde moderne.

1528. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Décomposer les idées, noter leurs dépendances, former leur chaîne de telle façon qu’aucun anneau ne manque et que la chaîne entière soit accrochée à quelque axiome incontestable ou à un groupe d’expériences familières prendre plaisir à forger, attacher, multiplier, éprouver tous ces chaînons sans autre motif que le désir de les sentir toujours plus nombreux et plus sûrs, voilà le don particulier de l’esprit grec. […] Auprès de leur style littéraire, tout style est emphatique, lourd, inexact et forcé ; auprès de leurs types moraux, tout type est excessif, triste et malsain ; auprès de leurs cadres poétiques et oratoires, tout cadre qui ne leur a pas été emprunté est disproportionné, mal attaché, disloqué par l’œuvre qu’il contient. […] Le spectateur attache un prix égal à ses différentes parties, nobles ou non nobles, à la poitrine qui respire largement, au cou flexible et fort, aux muscles qui se creusent ou se renflent autour de l’échiné, aux bras qui lanceront le disque, aux jambes et aux pieds dont la détente énergique lancera tout l’homme en avant pour la course et pour le saut. […] En 776, ceux d’Olympie servent d’ère et de point de départ pour attacher la chaîne des années. […] Au fond, comme tous les dieux, il est multiple, attaché aux divers endroits dans lesquels le cœur de l’homme a le mieux senti sa présence, aux diverses cités et même aux diverses familles qui, l’ayant reconnu dans leurs horizons, se le sont approprié et lui ont sacrifié. « Je t’en conjure, dit Tecmesse, par le Zeus de ton foyer. » Pour se représenter exactement le sentiment religieux d’un Grec, il faut se figurer une vallée, une côte, tout le paysage primitif dans lequel une peuplade s’est fixée ; ce n’est pas le ciel en général, ni la terre universelle qu’elle a sentis comme des êtres divins, c’est son ciel avec son horizon de montagnes onduleuses, c’est cette terre qu’elle habite, ce sont ces bois, ces eaux courantes parmi lesquelles elle vit ; elle a son Zeus, son Poséidon, son Héré, son Apollon, comme ses nymphes bocagères ou fluviales.

1529. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

M. de Marcellus fut attaché à l’ambassade de Constantinople sous M. le duc de Rivière. […] XXXIV « Lady Stanhope me demanda mon nom : je vis que les journaux qu’on lui envoyait de temps en temps, malgré ses ordres, ajouta-t-elle, le lui avaient déjà prononcé ; j’ajoutai que des fonctions m’attachaient à la résidence de Constantinople, d’où je venais ; et elle me parla de quelques hommes d’État anglais que j’avais dû y voir.

1530. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Veux-tu que je vous conduise à l’entrée du jardin de l’ancienne cure où M. de Lamartine, descendant de Milly, attachait son cheval à la porte auprès de la plate-bande de tulipes de son ami l’abbé Dumont, plus tard Jocelyn ?  […] Les deux religieuses, en nous écoutant parler avec tant de connaissance de ce qui était dans la chapelle et dans le château, comprirent que nous étions de la maison, et s’attachèrent fortement à nous comme des personnes d’une même famille.

1531. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Voilà un bien pur, complet, impérissable, tel donc que la raison l’exige pour s’y attacher. […] Ici, au contraire, son scepticisme transcendant s’attache à mettre en lumière l’impuissance absolue de la raison : suspendu entre les deux abimes de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, l’homme ne peut rien connaître, faute de pouvoir connaître tout, parce que tout s’entretient.

1532. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Deux amants qu’attache l’un à l’autre une passion profonde et légitime, et que va rendre ennemis la loi du devoir filial et de l’honneur domestique ; Rodrigue aimant Chimène, mais forcé de venger l’affront de son père dans le sang du père de sa maîtresse ; Chimène forcée de haïr celui qu’elle aime, et de demander sa mort, qu’elle craint d’obtenir ; Rodrigue, tout plein des grands sentiments qui feront bientôt de lui le héros populaire de l’Espagne ; Chimène, héritière de l’orgueil paternel, fière Castillane, qui veut se battre contre Rodrigue avec l’épée du roi ; ce roi, si plein de sens et d’équité, image de la royauté de Salomon, par sa modération, par sa connaissance des hommes, par sa justice ingénieuse : les deux pères si énergiquement tracés ; le comte, encore dans la force de l’âge, qui a été vaillant à la guerre, mais qui se paie de ses services par le prix qu’il en exige et par les louanges qu’il se donne ; le vieux don Diègue, qui a été autrefois ce qu’est aujourd’hui le comte, mais qui n’en demande pas le prix, et ne s’estime que par l’opinion qu’on a de lui ; le duel de ces deux hommes, si rapide, si funeste, d’où va naître entre les deux amants un autre duel dont les alternatives seront si touchantes ; Rodrigue, après avoir tué le comte, défendant son action devant Chimène, qui n’en peut détester le motif, puisque c’est le même qui l’anime contre Rodrigue ; la piété filiale aux prises avec l’amour ; l’ambition désappointée ; l’idolâtrie de l’honneur domestique ; des épisodes étroitement liés à l’action ; un récit qui nous met sous les yeux le sublime effort de l’Espagne se débarrassant des Maures, d’un pays rejetant ses conquérants : quel sujet ! […] Si elle ne peut enfanter des héros, ces ouvrages de prédilection de Dieu, elle nous attache aux vertus dont l’héroïsme n’est que le suprême degré ; elle remue la nature engourdie ; elle nous rend, du moins pour un moment, plus dignes de nous-mêmes.

1533. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Le véritable tumulte soulevé l’hiver dernier à propos de la représentation de Lohengrin à l’Opéra-Comique aura eu un résultat décisif : il a épuisé les colères et les rancunes qui restaient encore attachées au nom de Wagner. […] Cette fusion intime entre le poème et la musique, ou pour mieux dire, cette simultanéité de conception impliquant une seule pensée créatrice et la double faculté musicale et poétique dans un même cerveau, est un des points auxquels Wagner s’attache le plus, avec raison. « L’exécution musicale de Tristan dit-il, n’offre plus une seule répétition de mots, la mélodie est déjà construite poétiquement. » La forme musicale se trouvant ainsi figurée d’avance dans le poème et lui donnant une valeur particulière qui répond exactement au but poétique, il reste à savoir si l’invention mélodique n’y perd rien de la liberté d’allures nécessaire à son développement.

1534. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Le jardin, pendant le dialogue, semble, comme un autre Paradou, les écouter et envelopper Parsifal de sa chaude étreinte ; les divers plans de fleurs et de feuillages colorés, déjà transparents, semblent se rapprocher et s’éloigner les uns des autres, glissant doucement et toujours, et produire comme une aspiration irrésistible, une fascination autour de Kundry étendue… Et Parsifal est enveloppé dans cette involution, cette constriction du milieu brillant et chaudement coloré qui ne se dissipera que quand le charme cessera d’opérer, quand Kundry suppliante sera dominée par un autre charme plus violent, la vision d’Amfortas, la blessure, qui, désormais, triomphante, appelle Parsifal loin d’elle, la lance en main, dans la ruine soudaine et définitive de toute cette hostilité magique dont il ne reste plus que la malédiction de Kundry et l’erreur attachée au héros vainqueur. […] Les gestes sont empreints d’une mollesse suave, au moment où elle se penche sur Parsifal, enlace son cou de son bras éblouissant, et l’attache à elle par un long baiser.

1535. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

L’utilité publique étant le seul prix que j’y attache, je dois peu m’inquiéter des efforts que font mes Ennemis, pour me ravir le foible mérite qu’elles annoncent. […] Bref, l’extravagance fut complette : ils l’excéderent en voulant l’instruire ; ils la révolterent, en croyant se l’attacher.

1536. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Le bruit est l’atmosphère de Bacchus ; ses rites attachent au fracas de voix et d’instruments qui l’enveloppent, ridée du mouvement perpétuel de transformations et d’évolutions qui rajeunit la nature. […] — Les ravisseurs sautent sur la plage, ils saisissent Bacchus qui se laisse prendre, et l’attachent avec des liens d’osier, sur un banc du navire noir, à la proue duquel deux grands yeux rouges flamboyaient.

1537. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Mais si l’on s’attache au dessin avec la ferme volonté de ne penser qu’au dessin, on trouvera, croyons-nous, que le dessin est généralement comique en proportion de la netteté, et aussi de la discrétion, avec lesquelles il nous fait voir dans l’homme un pantin articulé. […] On pourrait dire que les cérémonies sont au corps social ce que le vêtement est au corps individuel : elles doivent leur gravité à ce qu’elles s’identifient pour nous avec l’objet sérieux auquel l’usage les attache, elles perdent cette gravité dès que notre imagination les en isole.

1538. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Ses articles littéraires (ainsi qu’autrefois ses articles politiques) rendent bien l’ensemble de son impression, le plein effet d’une lecture récente, d’une lecture dont on est encore tout chaud, et cela sans raffinement, sans s’amuser aux hors-d’œuvre, sans se détourner aux accessoires ; car il s’attache, en toute chose, au gros de l’arbre.

1539. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Les Poésies érotiques (vilain titre, à cause du sens trop marqué qui s’attache au mot érotique ; je préférerais Élégies), les Élégies de Parny, donc, parurent pour la première fois en 1778, et devinrent à l’instant une fête de l’esprit et du cœur pour toute la jeunesse du règne de Louis XVI.

1540. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Dans ces diverses et confuses attaques dont la Revue a l’honneur d’être l’objet, et qui la feraient ressembler (Dieu me pardonne), si cela durait, à une place de sûreté assiégée par une jacquerie, les adversaires s’attachent à confondre les dates et à brouiller pêle-mêle les choses et les temps.

1541. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

C’est un aspect essentiel que la critique, en parlant d’eux, doit s’attacher à éclairer ; et je rappellerai, puisque je les rencontre, ces paroles magnanimes en même temps que naïves de Sarpédon à Glaucus, au moment de l’assaut du camp : « O ami, si nous devions, échappés une fois aux périls de cette guerre, vivre à toujours exempts de vieillesse et immortels, ni moi-même sans doute tu ne me verrais combattre au premier rang, ni je ne t’appellerais à prendre ta part en cette lutte pleine d’honneur ; mais maintenant, puisqu’il est mille formes imminentes de trépas, qu’il n’appartient aux mortels ni de fuir ni d’éluder, allons, et risquons ou de perdre le triomphe, ou de l’obtenir ! 

1542. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

On me dit, à propos de ces élèves, qu’ils ne voulaient jamais aller en vacances, tant il les attachait et les captivait par cette éducation vive, libre, naturelle, pourtant solide, sans mollesse ni gâterie.

1543. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Il se peut que des malheurs soient attachés à ces avantages ; mais pour se préserver de ces malheurs, il faut anéantir tout ce qu’il y a d’utile, de grand et de généreux dans l’exercice des facultés morales.

1544. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Vous conclurez alors que Molière n’a voulu en somme que montrer combien le monde s’accommode peu de la parfaite vertu, qui le gêne, et dont il se venge par le ridicule, et combien aussi l’humaine faiblesse en est peu susceptible, puisque dans la plus belle âme elle s’exagère, s’aigrit et s’attache à des riens.

1545. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Les formés de la vie, et l’activité de la vie, c’est cela que l’artiste doit s’attacher à rendre : plus ces formes auront de particularité, plus cette activité sera intense, et plus il y aura de beauté dans l’être.

1546. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Sainte-Beuve s’attache aux individus : et par là il introduit d’abord une relativité plus grande dans la critique.

1547. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Mais il peut arriver aussi que le choix du « chef-d’œuvre » unique auquel reste attaché le nom d’un poète ait été arbitraire et maladroit et que la pièce trop connue fasse tort à d’autres qu’elle dispense de lire et qui valent quelquefois mieux.

1548. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Ce sentiment s’oppose, d’une part, à la grossière frivolité gauloise et, de l’autre, à la pensée chrétienne qui attache toujours à l’amour physique une idée de souillure.

1549. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Voici quelques-unes des indications de la mise en scène : « Au lever du rideau, Sextius est occupé avec les soldats à rassembler et à préparer des instruments de torture épars sur le sol, tenailles, lames, carcans, ceps, fouets, etc. » Plus loin : « Blandine, vivement éclairée, est attachée à une croix.

1550. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Au lieu de choisir parmi ces parures, la plus riche ou la plus modeste, selon les besoins de la fête, il essaye successivement les rubis et les topazes, il jette sur les épaules de sa pensée un collier de perles qu’il n’attache pas, une rivière de saphirs et d’émeraudes qui ont le même sort, et toute cette prodigalité reste au-dessous de l’élégance.

1551. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Quand les auteurs improvisent et n’attachent qu’un prix temporaire à leurs œuvres, les critiques ont-ils donc à se gêner si fort ?

1552. (1842) Essai sur Adolphe

L’œil attaché sur l’horizon lointain, mais sûr d’arriver, il ne détournerait pas la tête pour regarder en arrière ; il se résignerait de bonne grâce à la continuité harmonieuse de ses efforts.

1553. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Jésus s’attacha beaucoup à cette ville et s’en fit comme une seconde patrie 377.

1554. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Les hésitations des disciples immédiats de Jésus, dont une fraction considérable resta attachée au judaïsme, pourraient soulever ici quelques objections.

1555. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

En vieillissant, le monde s’était attaché à la vie.

1556. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

« Ce mot signifie en réalité la conscience musculaire qui accompagne l’activité volontaire, et plus spécialement quand elle est pénible » On a attaché une grande importance au sentiment de l’effort ; on a supposé qu’il y avait là un pouvoir mécanique dont la source est une activité purement mentale.

1557. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Ce nom, ce serment, les souvenirs de persécution religieuse attachés à ces circonstances avaient tait sur l’âme du jeune Agrippa une de ces impressions qui dans les familles se transmettent de général ton en génération, forment dans l’esprit des enfants qui se succèdent une idée fixe autour de laquelle les premières notions et les premiers sentiments de morale se rangent et s’impriment en caractères ineffaçables75.

1558. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

M. de Fezensac, jeune, doué de toutes les qualités qui humanisent et civilisent la guerre, comprit ce rôle dans son plus noble sens et, l’on peut dire, dans sa beauté morale ; il ne s’attacha plus qu’à le bien remplir.

1559. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Il est faux qu’au sujet de ce mariage on ait consulté Fénélon, & il est sur que madame de Maintenon lui fut toujours attachée.

1560. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

L’autre condition, à laquelle on attache avec raison une grande importance, c’est le développement du cerveau d’avant en arrière.

1561. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Leuret, si les phrénologues se fussent attachés à lier exactement telle faculté à telle circonvolution déterminée, il y aurait là quelque chose de positif et de digne d’examen ; mais non, ils font avec un crayon des départements sur des cartes.

1562. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

Ce recueil est dans tous les cabinets où l’on s’attache à rassembler les bons livres, ceux qui réunissent la plus utile instruction aux agrémens vrais & solides qu’il faut chercher dans la lecture.

1563. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Dites-moi, ne pensez-vous pas que c’est là l’origine de tous ces éloges des mortels, empruntés des attributs des dieux, et de toutes ces épithètes indivisiblement attachées aux héros et aux dieux ?

1564. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Non seulement il circonscrira ainsi, avec plus de discernement, l’étendue de ses comparaisons, mais il les conduira avec plus de critique ; car, par cela même qu’il s’attachera à un ordre restreint de faits, il pourra les contrôler avec plus de soin.

1565. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Il est donc prouvé qu’il faut lire l’historien littéraire avant l’auteur à qui vous voulez vous attacher.

1566. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

— irrésistiblement attrayante ; la tête la mieux attachée, etc., etc. » Ah !

1567. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Ajoutez-y l’art de grouper et d’encadrer une scène, qui redouble la vivacité de la peinture en la distribuant et en la limitant : troupes d’Arabes au repos : « Attachés à des piquets, les chameaux forment un cercle en dehors des descendants d’Israël. […] Ame d’artiste, ardente et légère, il touchait à toutes choses, marquait chaque objet d’une empreinte de maître, et ne s’attachait à rien. […] — Parce que ces facultés ont presque constamment souffert du voisinage de ce défaut ; parce que ce sont leurs défauts qui limitent les hommes, et qu’en ce moment je m’attache surtout à fixer les limites d’Hugo, ne sachant pas d’autre méthode pour définir que de délimiter. […] Ceux qui s’attachent à démontrer que Victor Hugo n’en a pas, quand même il serait vrai, n’auraient rien prouvé contre lui. […] Elle n’est qu’en germe dans ce magnifique poète qui s’appelle Chateaubriand ; elle n’est qu’à l’état d’instinct confus chez Lamartine, bien marqué déjà pourtant (Objets inanimés, avez-vous donc une âme, Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?).

1568. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Autour du cou, il portait une cravate de linge blanc, plusieurs fois tournée et, par ses angles très fins, attachée d’un nœud minuscule. […] Dans la peinture, il semble que ce fût impossible, si la peinture est plus attachée que nul art à la copie de la réalité. […] Lui, on l’attache au mât avec des cordes. […] Lafcadio n’a pas eu le temps de s’attacher ; et les rentes lui seront commodes. […] J’ai voulu m’arrêter, m’attacher enfin quelque part… » Le petit enfant, qu’il admoneste avec son repentir, s’en ira.

1569. (1883) Le roman naturaliste

N’y attachez donc aucun préjugé favorable ou défavorable, et tâchez plutôt comme on dit, de le vider de son contenu. […] C’est ne s’attacher enfin qu’à ce qu’il y a de plus superficiel dans le spectacle de la vie courante, et, chose bizarre ! […] A quoi veulent-ils que s’attache, dans un roman qui se passe tout entier dans le monde « théâtral », un public qui ne connaît rien de ce monde ? […] Et d’abord, ce n’est pas la ville qu’elle s’attache à décrire pour y loger les habitants ; ce sont les habitants qu’elle nous fait connaître, et qui plus tard, agissant sous nos yeux, selon leurs mœurs et dans la direction de leurs instincts, nous promèneront assez de par la ville. « La religion des Dodson consistait à respecter tout ce qui était selon la coutume, et respectable : il fallait être baptisé, autrement, on ne pouvait être enterré dans le cimetière, ni prendre les sacrements avant la mort ; … mais il était tout aussi nécessaire d’avoir à ses funérailles les porteurs de manteaux les plus convenables et des jambons bien préparés, comme aussi de laisser un testament inattaquable. […] Pullet était un petit homme au nez proéminent, à petits yeux clignotants, à lèvres minces et en costume noir, avec une cravate blanche attachée très serrée d’après quelque principe plus relevé que celui du bien-être personnel ».

1570. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Il s’attacha, par préférence, à la Balade, sorte de Poëme inventé sous Charles V. […] Elle étonne & n’attache plus. […] Le vif & piquant Hamilton s’attachait plutôt à parodier qu’à peindre. […] Là était Vanloo qui réunissait le double avantage d’attacher & de séduire. […] Mais il plaît, il attache, il intéresse.

1571. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

. — Elle manque d’horreur, voilà tout ; mais elle m’a semblé revêtir le véritable caractère sacré, celui qui s’attache aux souvenirs inaltérables. […] Qui peut y attacher de l’importance, à l’heure du berger ? […] Il semble qu’il les ait pris en grippe à un moment donné ; mais c’est bien plutôt parce qu’il sent peser sur lui la réalité poignante de l’ensemble des choses humaines, soumis à cette fatalité de son génie qui lui commande de peindre d’après nature ; il craint de s’attacher trop à ses créations et de gâter, comme on dit, ses enfants. […] Attaché, je ne sais pourquoi, à la cause du passé, dont il voulait se croire solidaire, il était si impartial par nature, que les plus beaux personnages de ses livres se sont trouvés être des républicains ou des socialistes. […] Ce n’est que dans les conditions de la médiocrité que l’on s’attache aux humbles murs confidents de nos rêveries et de nos études.

1572. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

La gloire du savant est de s’absorber dans l’effort collectif ; si la forme de son œuvre périt, le souvenir de son œuvre demeure attaché à celui de son nom, avec une intensité de vie proportionnée à l’importance du rôle qu’il a joué dans l’ensemble. […] J’estime d’ailleurs que, même en dehors du jansénisme, le catholicisme a eu lui aussi ses belles âmes, et je crois trop peu à la solidité d’aucune forme ecclésiastique particulière pour y attacher une grande importance, pourvu que l’idéal soit adoré et que le sentiment religieux demeure. […] Ils finissent par considérer comme une ombre tout ce qui constitue pour le commun des hommes l’essentiel de la vie, par n’attacher de valeur et de prix qu’à la représentation écrite des choses, et cela leur paraît aussi naturel, aussi juste, aussi raisonnable qu’il l’est, pour les âmes religieuses, de préférer les réalités invisibles à la vaine et, fuyante apparence du monde. […] Et si nous avons ou la tranquillité, ou la générosité, ou la fidélité, nous nous empressons de le faire savoir, afin d’attacher ces vertus à cet être d’imagination : nous les détacherions plutôt de nous pour les y joindre ; et nous serions volontiers poltrons pour acquérir la réputation d’être vaillants. […] Diogène Lame, Elien, Valère Maxime, Silius Itálicas, Valerius Flaccus, Justin, etc. : autant d’auteurs médiocres, qu’aucune qualité transcendante ne recommandait à la gloire, qui se trouvent immortels par une chance heureuse, par le prestige superstitieux qui s’attache aux moindres épaves de l’antiquité et que la mort a oubliés plutôt qu’ils n’ont conquis la vie.

1573. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

.), à l’instant, il s’y attache comme au résultat le plus important, le plus fécond, et croit que le monde irait se perdant, s’il ne la communiquait immédiatement au monde. […] … XXXVIII L’autorité de Lamartine auprès des esprits réfléchis n’a pas gagné dans ces dernières années, il n’a pas même acquis grand crédit au sein de la Chambre malgré toute son éloquence ; mais, au-dehors et sur le grand public vague, son renom s’étend et règne de plus en plus ; il le sait bien, il y vise, et bien souvent quand il fait ses harangues à la Chambre qui se montre distraite ou mécontente, ce n’est pas à elle qu’il s’adresse, c’est à la galerie, c’est aux gens qui demain le liront. « Je parle par la fenêtre », dit-il expressivement. (1846) XXXIX Tocqueville m’a tout l’air de s’attacher à la démocratie comme Pascal à la croix : en enrageant. […] Un chêne auquel il s’attache. […] Comment veut-il, toutefois, nous persuader qu’il a examiné en conscience, qu’il a scruté et contrôlé les faits d’il y a dix-huit cents ans, qui concernent la biographie de Jean, Pierre ou Paul, ou même de Jésus, et que la créance qu’il y attache a quelque valeur, quand on le voit se méprendre si grossièrement sur une biographie d’hier, là où il lui suffisait d’interroger le premier témoin à sa portée ?

1574. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Sur ce grand vide obscur du passé, ses yeux s’attachent aux rares points lumineux, comme à un trésor. […] L’immensité de la nuit noire où surgissent pour un instant les apparitions humaines, la fatalité du crime qui une fois commis reste attaché à la chaîne des choses comme un chaînon de fer, la conduite mystérieuse qui pousse toutes ces masses flottantes vers un but ignoré et inévitable, ce sont là les grandes et sinistres images qui l’obsèdent. […] Un écrit, quel qu’il soit, ne fait que manifester une âme ; si cette âme est sérieuse, si elle est intimement et habituellement ébranlée par les graves pensées qui doivent préoccuper une âme, si elle aime le bien, si elle est dévouée, si elle s’attache de tous ses efforts, sans arrière-pensée d’intérêt ou d’amour-propre, à publier la vérité qui la frappe, elle a touché le but : nous n’avons que faire du talent ; nous n’avons pas besoin d’être flattés par de belles formes ; notre unique objet est de nous trouver face à face avec le sublime ; toute la destinée de l’homme est de sentir l’héroïsme ; la poésie et les arts n’ont pas d’autre emploi ni d’autre mérite. […] Puisque le sentiment héroïque est la cause du reste, c’est à lui que l’historien doit s’attacher.

1575. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

À première vue l’on reconnaîtra l’œuvre du peintre qui regarde beaucoup : elle sera plus réaliste, plus serrée de dessin ; elle s’attachera de plus près à la nature. […] C’est que, dans le sommeil, on attachait à ces mots des significations particulières qu’on ne retrouve plus ; on les unissait par des rapports qu’on ne ressaisit pas davantage. […] Cet enfant attaché au sein d’un cadavre, c’est la vie naissant de la mort. […] Pour toutes ces raisons l’on voit quelle importance doit attacher l’artiste à ce problème de l’expression. […] Quand il attachait de grandes ailes aux épaules des anges, n’était-ce pas pour rappeler seulement, par un emblème significatif, leur fonction de messagers célestes ?

1576. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Le dessinateur éprouvera donc une grande difficulté à éviter la monotonie, s’il s’attache obstinément aux pas des deux héros, et s’il prétend ne laisser passer sans la reproduire aucune de leurs aventures. […] est-ce parce que cette réalité, à laquelle ils s’attachent avec tant d’énergie, les rend sourds et aveugles à la poésie ? […] Nous avons beau savoir que c’est là un fait certain, il ne nous en semble pas moins bizarre et incompréhensible, tant nous sommes habitués à attacher des sentiments profanes à l’idée de poésie. […] Quelles solides et subtiles racines l’attachent à la vie ! […] Je me suis dépouillé successivement de tout ce qui pouvait m’attacher à la vie et qui me rendait indigne d’entrer dans le néant éternel.

1577. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Le prisonnier fut attaché à un pieu dans une cour. […] Le diplomate Olivier Du Prat, étant attaché à l’ambassade de Rome, aima la baronne de Carlsberg et en fut aimé. […] Un jeune attaché d’ambassade pérorait sur la politique internationale. […] Ce jeune homme, qui occupait le haut grade d’« attaché libre », vint à parler du personnel de nos ambassades et de nos légations. […] poursuivit l’attaché avec un geste de commisération mélancolique, M. 

1578. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

C’est, en effet, les spectres de mon passé évanoui qui m’attachent si étrangement à elle. […] Or, c’est un des instincts les plus puissants de la jeunesse actuelle de s’attacher, parmi les maîtres, à ceux qui eurent ce caractère-là. […] Le grand écrivain représentait le roi de France auprès du Saint-Siège, et le jeune M. d’Haussonville était un de ses attachés. […] … » Le jeune attaché, tandis qu’il aidait les voyageuses émues à remettre leur manteau dans le vestibule du palais Simonetti, s’amusait à leur faire raconter l’entretien. […] » Cela m’est trop désagréable, parce que je suis extrêmement attaché à Madame, et je viens lui demander mon compte.

1579. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

À Berlin, elle s’attache Auguste-Guillaume Schlegel, chez qui la haine de la France allait jusqu’à la rage. […] Les cadres de l’ancienne société avaient été brisés et, par suite, les traditions qui y étaient attachées avaient sombré. […] Les romanciers naturalistes se sont attachés avec ténacité à des formules qu’ils comprenaient mal. […] Il s’attachait à eux, il les aidait, il les accompagnait d’une tendresse paternelle. […] À mesure que nous y sommes plus fortement attachés, nous devenons davantage des hommes.

1580. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Ils ont voulu la perfection de la forme, l’absolu, poursuivant les répétitions de mots jusqu’à cent lignes de distance, déclarant la guerre aux lettres elles-mêmes, pour qu’elles ne reviennent pas trop souvent dans une page… » Telle est l’opinion du Poète, et vous ne vous étonnerez plus désormais s’il s’attache moins à la menue grâce des détails qu’à son plan d’ensemble, à la construction architectonique de l’ouvrage. […] En réalité, Zola s’est surtout attaché à un groupe très restreint d’idées générales, à deux ou trois vérités nouvelles, tout au plus, qui ont été acquises récemment par nos physiologistes et nos sociologues, et dont il essaye l’application dans les sciences morales et esthétiques. […] Jusqu’à Zola, on s’était imaginé, — et ce fut l’erreur générale partagée par tous les auteurs, — qu’un homme était une construction isolée dans le monde, un être conscient et libre, responsable, sans aucune attache avec sa race ou avec la nature.

1581. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

La gloire d’Alfred de Vigny est communément attachée au poème d’Éloa. […] Ces dernières compositions révèlent, dans leur ensemble, un affaiblissement notable, une décoloration marquée de ce beau talent, si pur et si élevé ; mais on y rencontre deux poèmes superbes, les plus saisissants qui soient tombés d’une âme noble et généreuse, secrètement blessée de l’inévitable impopularité qui s’attache, en France, à toute aristocratie intellectuelle. […] S’il se garde d’attacher son nom aux faits étroitement contemporains et de le laisser clouer, en guise d’écriteau, sur un événement quelconque, souvent insignifiant et même ridicule à certains égards, tel que la révolution de 1830, par exemple ; s’il possède les vertus propres à la poésie, c’est-à-dire la puissance de généraliser, l’emportement lyrique et la certitude de la langue ; si le vers est de trempe solide, habile, voulu, non sermonneur et vierge de plates maximes à l’usage du troupeau banal, tout est bien.

1582. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

En effet, il y a à Paris, nous ne dirons pas un comédien de talent, mais un artiste de génie, capricieux et fantasque comme Garrick, terrible et emporté comme Kean. poétique et sombre comme Macready, un homme qui porte avec la même facilité le manteau royal de Richard III et les haillons du Joueur ; un homme qui attache à toutes ses créations un cachet tellement original, qu’à chaque création nouvelle tout le monde littéraire s’émeut ; un homme qui traîne après lui son public, en quelque lieu qu’il lui plaise de le conduire, soit au théâtre de l’Odéon, soit au théâtre de la Porte-Saint-Marlin, soit au théâtre de la Renaissance, soit au théâtre de l’Ambigu, soit au théâtre des Folies-Dramatiques. […] Un sociétaire, frappé des inconvénients attachés à cette inexorable puissance de l’équilibre, a proposé dernièrement d’ajouter un supplément de mille écus aux deux traitements égaux que consomme aujourd’hui le commissaire-régisseur. […] Buloz comprit de quelle importance il était d’attacher au nouveau drapeau le nom de notre grand poète ; il sollicita et obtint de lui une nouvelle.

1583. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

On l’avait condamné à être attaché à l’arrière d’une charrette et fouetté jusqu’à ce que mort s’ensuivît. […] Larroumet y attachait un triple intérêt et par les hautes fonctions qu’il a occupées, et par son titre d’académicien, et par l’ouvrage qui lui a servi de textes. […] Prévost ne vous a pas donné de maître ; mais il faut s’y attacher pour qu’elle se perfectionne et qu’en devenant plus aisée et plus coulante, elle soit un peu plus couchée. […] Attachés vous à avoir toujours la tête et les épaules en arrière, pour que le corps soit bien placé et avec aisance. […] Pourquoi ne puis-je m’attacher à ce qui naît et à ce qui meurt ?

1584. (1925) Comment on devient écrivain

Une idée ne vaut que par la forme, et donner une forme nouvelle à une vieille idée, c’est tout l’art et la seule création possible à l’humanité30. »‌ Le docteur Toulouse me fit un jour cette objection : « Pourquoi, me dit-il, attachez-vous tant d’importance à la forme et au style, puisque la forme et le style changent comme la langue ? […] Quand on dit : « Ayez un style original », cela signifie : « Ayez un style vivant, un style en relief, qui frappe, qui attache. […] Si vous voulez vous l’attacher, racontez-lui des histoires comme à un enfant, charpentez solidement votre drame, corsez vos intrigues. […] Malgré l’abus qu’on a fait du renseignement et des papiers d’archives, le public attache de plus en plus d’importance à la documentation de l’œuvre historique. […] Bourget pense aujourd’hui qu’il faut traverser ses romans sans s’y attacher.

1585. (1903) Le problème de l’avenir latin

Ils étaient attachés comme précepteurs à la maison de l’empereur. […] L’effort du xvie  siècle n’ayant pas abouti, l’impérieux besoin de vivre et de progresser contraignait la France à essayer, encore une fois, de rompre les liens qui l’attachaient au passé.‌ […] Cet amas de traditions, de culture, de richesses, que recèle le monde latin, l’aimante de la séduction qui s’attache aux choses vieilles et opulentes. […] Celui qui a la foi, qui s’attache avec acharnement à une croyance et qui est prêt à tout pour la faire triompher est bien fort, dans un milieu d’incroyants, d’indécis et de pusillanimes. […] Je me garde d’ailleurs d’attacher à cette idée un sens de réprobation.

1586. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Je prie qu’on n’attache pas plus d’importance à ces catégories que je n’en attache moi-même. […] Champfleury se retirait dans la caricature, quand les Goncourt, vieillis et rebutés, se gardaient à l’écart, quand Daudet, ni ami ni ennemi, attendait de prendre parti que la victoire fut décidée, n’a-t-il point crânement attaché sa fortune personnelle à celle du naturalisme ? […] C’est par là qu’il nous prendra toujours, et il ne faut point chercher ailleurs que dans l’émotion le secret de ce charme extraordinaire qui lui attache toutes les âmes sentimentales ou passionnées de ce temps. […] Car ce sont des philosophes aussi, moins attachés à la lettre du dogme, moins disciplinés sans doute, sortes d’enfants perdus tiraillant sur la vie un peu à tort et à travers, les Quatrelles86, les Véron87, les Hervieu88, les Claudin89, les Grosclaude90, — et M.  […] Peut-être aussi qu’il ne m’eût point fallu tant m’attacher à ce dandysme et à ce diabolisme.

1587. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Que les moralistes s’élèvent contre l’inconstance désintéressée ; quant à nous, sans essayer de la justifier, nous la posons comme un fait, et nous en concluons que Manon, malgré le caractère flétrissant qui s’attache à son infidélité, peut continuer d’aimer sincèrement le chevalier des Grieux, même après qu’elle l’a quitté. […] Ce roman n’est, en effet, qu’un mélodrame du troisième ordre, et sans doute il serait oublié depuis longtemps, sans la curiosité qui s’attache aux premiers bégayements d’un écrivain devenu célèbre. […] Une fois éclairée sur la nature des espérances qu’il lui est permis de former, elle s’attache à régler sa volonté sur sa puissance, et chacun de ses jours s’embellit à la fois du souvenir de la veille et de l’espérance du lendemain. […] J’ai suivi avec tant d’intérêt les amours de Roger et de la petite fée, j’ai assisté avec tant de curiosité au dîner de monseigneur chez François Paty, que je ne veux pas chicaner l’auteur sur la manière dont il a su m’attacher. […] Je sais bien que toutes ces qualités, envisagées d’une façon générale, ne sont pas moins nécessaires dans une tragédie romaine que dans une tragédie empruntée à l’histoire du moyen âge ; mais l’expérience a montré que la foule, toutes les fois qu’il s’agit d’un sujet consacré par une longue tradition, s’attache plus à la forme qu’au fond, et fait bon marché du mouvement et de la vie, pourvu que les vers soient harmonieux, pourvu que la période ait du nombre, que les images soient habilement assorties.

1588. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Je vais donc m’attacher, sans perdre de vûë mon titre de reflexions critiques, aux articles essentiels de la dispute, et je négligerai mille petits torts épisodiques dont il me seroit facile de convaincre Me D mais qui par leur grand nombre, grossiroient désagréablement l’ouvrage. […] Je ne prétens pas en cela me vanter d’aucune vertu solide, peut-être n’est-ce qu’un tour différent d’orguëil ; peut-être la gloire attachée à une bonne foi trop rare, est-elle plûtôt mon motif que la justice même ? […] Il n’étoit point blessé des injures brutales qu’il met dans la bouche de ses héros, parce que de la part de ces hommes robustes et respectez par leur vigueur, ces injures n’avoient alors qu’un air noble de supériorité, au lieu que nous y attachons à l’heure qu’il est l’idée d’une bassesse brutale. […] On dit communément que la poësie n’est qu’une imitation de la nature ; mais cette définition vague n’éclaircit rien ; et il faut sçavoir précisément quel sens on y attache, au mot de nature et à celui d’imitation. […] Tandis que je m’attache particulierement aux exagérations des admirateurs, M. 

1589. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Là encore toutefois la marque de l’honnêteté se fait sentir ; c’est par les bons côtés du prince, par ses parties louables, intègres et tant calomniées que Saint-Simon lui demeurera attaché inviolablement ; c’est à cette noble moitié de sa nature qu’il fera énergiquement appel dans les situations critiques déplorables où il le verra tombé ; et, dans ce perpétuel contact avec le plus généreux et le plus spirituel des débauchés, il se préservera de toute souillure. […] Je prends au hasard les premiers que je rencontre : Louville, ce gentilhomme attaché au duc d’Anjou, au futur roi d’Espagne, et qui aura bientôt un rôle politique, — Saint-Simon se sert de lui tout d’abord pour faire sa demande d’une entrevue à M. de Beauvilliers ; il raconte ce qu’est Louville, et il ajoute tout courant : « Louville étoit d’ailleurs homme d’infiniment d’esprit, et qui avec une imagination qui le rendoit toujours neuf et de la plus excellente compagnie, avoit toute la lumière et le sens des grandes affaires, et des plus solides, et des meilleurs conseils. » Louville reviendra mainte fois dans les Mémoires ; lui-même il a laissé les siens : vous pouvez les lire si vous en avez le temps ; mais, en attendant, on a sur l’homme et sur sa nuance distinctive et neuve les choses dites, les choses essentielles et fines, et comme personne autre n’aurait su nous les dire. — M. de Luxembourg a été un adversaire de Saint-Simon ; il a été sa partie devant le Parlement, après avoir été son général à l’armée ; il a été l’objet de sa première grande colère, de sa première levée de boucliers comme duc et pair.

1590. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Quelques-uns disent que c’est là une branche de cette affection égoïste qui attache à un serviteur difficile à remplacer ; moi je pense que c’est un trait honorable de notre nature, lequel ne saurait s’effacer entièrement sans qu’il y ait pour l’âme quelque chose à perdre. […] L’intégrité de vénération qui s’attache encore aux hommes méritants de ces contrées, et qui lie les générations les unes aux autres, s’y peint avec de bien profondes et pures couleurs.

1591. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Misère de l’être aimant qui s’attache et se déchire en emportant un morceau de son cœur à chaque déchirement d’un autre cœur ! […] Misères du pasteur qui engraisse l’agneau et qui le dépouille de sa laine, qui y attache son cœur et qui vend au boucher la génisse qui a donné son lait à sa famille !

1592. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Je m’attachai à cet homme qui avait tous les agréments et tous les âges, omnis Aristippum decuit color . […] Mais dans ce vaste tableau qui m’entoure j’ai des sites favoris que j’aime de préférence (l’amitié qui se révèle et s’attache, faute de réciprocité, aux choses inanimées).

1593. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

. — L’amitié qui s’attache à nous nous cause quelquefois des embarras que nous accueillons encore avec des remerciements, comme des marques d’affection. […] Qui peut faire mouvoir la forêt, commander à l’arbre de mettre en mouvement sa racine attachée à la terre ?

1594. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Il se trouvait que ce farceur, ce paradoxeur, ce moqueur enragé des bourgeois avait, pour les choses de l’art, les idées les plus bourgeoises, les religions d’un fils de Prudhomme… Il avait le tempérament non point classique, mais académique comme la France…12 … Ce tableau était, en un mot, la lanterne magique des opinions d’Anatole, la traduction figurative et colorée de ses tendances, de ses aspirations, de ses illusions… Cette sorte de veulerie tendre qui faisait sa bienveillance universelle, le vague embrassement dont il serrait toute l’humanité dans ses bras, sa mollesse de cervelle à ce qu’il lisait, le socialisme brouillé qu’il avait puisé çà et là dans un Fourier décomplété et dans des lambeaux de papiers déclamatoires, de confuses idées de fraternité mêlées à des effusions d’après boire, des apitoiements de seconde main sur les peuples, les opprimés, les déshérités, un certain catholicisme libéral et révolutionnaire, le Rêve de bonheur de Papety entrevu à travers le phalanstère, voilà ce qui avait fait le tableau d’Anatole … 13 Anatole présentait le curieux phénomène psychologique d’un homme qui n’a pas la possession de son individualité, d’un homme qui n’éprouve pas le besoin d’une vie à part, d’une vie à lui, d’un homme qui a pour goût et pour instinct d’attacher son existence à l’existence des autres par une sorte de parasitisme naturel, etc. […] Ce goût malsain s’explique si l’on considère que ce qui nous attache à un grand artiste, c’est ce qu’il a de particulier, ce sont ses qualités propres et vraiment originales, c’est-à-dire précisément celles qui, développées à outrance et sans contrepoids, deviendront des défauts aux yeux des critiques non prévenus et des esprits amis de la mesure ; mais les initiés ne s’en apercevront point, ou bien, comme ces défauts ne font qu’accentuer la marque personnelle par où ils ont été séduits, s’ils les sentent, ils les aimeront comme des qualités de plus en plus singulières.

1595. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Je suis par mes occupations quotidiennes attaché et retenti à Paris. […] Quelques écarts de plume ne sont pas pour diminuer l’intérêt de premier ordre qui s’attache à une institution méritante à tant d’égards, et musicale avant tout.

1596. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Quand il s’attache à éliminer toute métaphysique des sciences expérimentales, il rend encore un service, puisqu’il ne fait que suivre les règles d’une bonne méthode » en séparant le connaissable de l’inconnaissable, en nous empêchant de tout sacrifier aux hypothèses, de plier les faits aux théories et de lâcher la proie pour l’ombre. […] C’est à celle-ci en effet qu’il appartient de procéder in asbtracto ; de prendre l’esprit tout constitué, adulte, et d’en étudier le mécanisme : elle ne peut et ne doit s’attacher qu’au fond invariable11, tandis que la psychologie étudie les phénomènes et les facultés dans leur origine, leur développement, leurs transformations.

1597. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Elle avait une vieille bonne, à laquelle elle est très attachée, et dont j’ai fait la Guénégaud. […] Jeudi 25 mai Je dîne avec un attaché, à l’ambassade de Russie.

1598. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Mais Madère est, d’autre côté, habitée par un nombre surprenant d’espèces particulières de mollusques terrestres, tandis que pas une seule espèce de coquilles marines n’est confinée exclusivement sur ses rivages : or, quoique nous ne sachions pas par quels moyens les coquilles marines se dispersent, néanmoins, on peut présumer que, de temps en temps, leurs œufs ou leurs larves, attachés à une plante marine, à du bois flottant ou aux pieds des oiseaux échassiers, sont ainsi transportés plus aisément que ceux des coquilles terrestres jusqu’à trois ou quatre cents milles en pleine mer. […] De jeunes sujets tout nouvellement éclos ne peuvent-ils de temps à autre ramper sur les pieds des oiseaux lorsqu’ils dorment sur le sol, et, y demeurant attachés lorsqu’ils s’envolent, se trouver ainsi transportés au loin ?

1599. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Ce n’était pas le compte de Voltaire, qui prétendait, et avec raison, peindre, animer ses tableaux, tenir le lecteur en haleine et les yeux attachés sur les principaux personnages : « Je jetterais mon ouvrage au feu, si je croyais qu’il fût regardé comme l’ouvrage d’un homme d’esprit… J’ai voulu émouvoir, même dans l’histoire.

1600. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Molé, alors président du Conseil des ministres, qui aimait et estimait fort M. de Tocqueville, le porta ou avait dessein de le porter comme candidat du gouvernement ; dès que M. de Tocqueville le sut, il s’empressa de repousser toute attache officielle, revendiquant non pas le droit d’attaquer le pouvoir, mais celui de ne l’appuyer que librement, dans la mesure de ses convictions.

1601. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

) Je regardais comme un honneur, après avoir été bien noté du général Schérer, de me trouver encore du nombre de ceux que l’intrigue avait écartés ; j’étais fier de ma réforme, et il n’a rien moins fallu que les ordres de Kellermann pour me faire demeurer ; car, après la retraite, j’allais prendre le même chemin que toi sans plus de façon, et le diable s’en est mêlé pour me faire demeurer : enfin, on m’a envoyé une nomination, et je suis encore attaché à la chaîne.

1602. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Quoi qu’il en soit, M. de Laprade a pris la thèse au sérieux, et il s’est attaché à prouver méthodiquement que les machines ne sont pas poétiques ni conformes à l’idée primordiale du beau.

1603. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Voilà comme nous disposons de vos affaires. » On avait rayé tout cela comme trop vulgaire, trop domestique, et trop peu fait pour les jolies petites bouches du xviiie  siècle ; — et ceci encore, qui est dans la même lettre : « Votre petite devient aimable, on s’y attache.

1604. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

En poésie, au théâtre, en tout comme à la guerre, les uns n’ont qu’un jour, une heure brillante, une victoire qui reste attachée à leur nom et à quoi le reste ne répond pas : c’est comme Augereau, qui aurait mieux fait de mourir le soir de Castiglione.

1605. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Jésus Je serai attaché tout nu.

1606. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

attachons-nous à leurs œuvres.

1607. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Mais M. de Senfft est un de ces hommes qu’on ne peut bien connaître sans connaître aussi sa femme ; car il lui était entièrement attaché, dévoué et même jusqu’à un certain point soumis ; il l’était parce qu’il appréciait en elle les plus hautes vertus, les plus tendres délicatesses ; il avait pour elle un vrai culte comme on en aurait pour une femme qu’on n’aurait adorée qu’à distance, comme pour une Laure ou une Béatrix.

1608. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Ce sentiment ne prit point corps ni figure : Maurice, pauvre et n’ayant rien à offrir, alla à Paris suivre ses études, s’attacha à M. de Lamennais, le quitta, donna des leçons, essaya de la vie littéraire ; distrait et guéri, une jeune fille riche, une de ses élèves créole, se rencontra qui se prit de goût pour lui ; il se maria pour mourir presque aussitôt.

1609. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

C’est comme un brûlot caché sous les eaux, mais attaché aux flancs du vaisseau superbe, qu’il fera plus tard éclater.

1610. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Ce n’est guère que dans cette dernière partie que le livre prend le caractère de Mémoires suivis et que l’auteur s’attache à éclaircir en témoin et en coopérateur des mieux informés quelques-uns des actes importants de l’histoire.

1611. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

En revanche, on lit dans ce même Journal de Luynes, vers ces mêmes années, qu’un jour le roi étant allé voir le château d’Anet, appartenant à la duchesse du Maine, au défaut de la duchesse qui ne s’y trouvait pas, les princes ses fils, le prince de Dombes et le comte d’Eu lui en firent les honneurs : « M. le comte de Clermont y était aussi ; il s’éloigna dans le moment que le roi se mit à table, pour que M. le prince de Dombes pût présenter la serviette à Sa Majesté. » Ainsi il voulut bien, dans ce cas d’exception, céder l’insigne honneur de présenter la serviette, prérogative à laquelle il tenait beaucoup sans doute, mais à laquelle certainement les mêmes personnes, qui devaient bientôt s’opposer à ses désirs académiques comme à une dérogation, attachaient un souverain prix.

1612. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Né le 2 février 1754, en plein XVIIIe  siècle, d’une des plus vieilles familles de la monarchie, fils aîné d’un père au service et d’une mère attachée à la cour, Charles-Maurice de Talleyrand, entièrement négligé de ses parents dès sa naissance et qui, disait-il, « n’avait jamais couché sous le même toit que ses père et mère », éprouva au berceau un accident qui le rendit boiteux.

1613. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

« Ces notes rappellent seulement les dates, les circonstances, en attendant plus d’explication. » Et, encore, sur un papier attaché au bas de la page : « Ces notes n’ont pas été rassemblées dans le dessein d’en faire des mémoires, mais comme souvenirs à mon usage surtout. 

1614. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Le régime féodal auquel l’Allemagne est soumise, ne lui permet pas de jouir de tous les avantages politiques attachés à la fédération.

1615. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

L’esprit de parti des premiers est de meilleure foi, celui des novateurs est plus habile ; la haine des premiers est plus profonde, celle des autres est plus agissante ; les premiers s’attachent plus aux hommes, les novateurs davantage aux choses ; les premiers sont plus implacables, les seconds plus meurtriers ; les premiers regardent leurs adversaires comme des impies, les seconds les considèrent comme des obstacles, en sorte que les premiers détestent par sentiment, tandis que les autres détruisent par calcul, et qu’il y a moins de paix à espérer des partisans des anciens préjugés, et plus à redouter de la guerre faite par leurs ennemis.

1616. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Cependant ils sont assaillis tous les jours par les réclamants, Mais comme ceux-ci ne protestent que contre leur sévérité, et jamais contre leur droit à juger, ils demeurent attachés solidement à l’esprit même de leur institution.

1617. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Mais sa curiosité émue s’attachait des mois à pénétrer une époque, une civilisation, un monde, à voir les paysages, à lire les chroniques, avant que sa verve poétique se plût à formuler en quatorze vers un moment d’histoire enfin possédé.

1618. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Cette discipline éducative qui s’attache à la correction extérieure, à la circonspection, à la surveillance perpétuelle exercée sur les gestes, les actes, les paroles, les attitudes peut être excellente pour former des gens « comme il faut », de bons automates, de bonnes marionnettes sociales ; mais elle ne va pas sans froisser plus d’une fois ce qui reste malgré tout de sauvage et d’indiscipliné en nous.

1619. (1890) L’avenir de la science « XII »

Rien de plus difficile que de prédire l’importance que l’avenir attachera à tel ordre de faits, les recherches qui seront continuées et celles qui seront abandonnées.

1620. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

C’est là un côté sérieux que sa charité finale n’a pas été tout à fait sans comprendre ; c’est une leçon que la gravité suprême qui s’attache à sa noble mémoire n’interdit pas de rappeler.

1621. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

En tous les lieux où il allait, sa belle et douce figure, sa physionomie vénérable et tendre, et comme doucement rayonnante, le faisaient aimer : des disciples chéris s’attachaient à lui et ne le quittaient plus.

1622. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Le désir, en effet, peut s’attacher à un objet soit parce qu’il est immédiatement agréable, soit parce qu’il devient un substitut symbolique d’agrément par son rapport à la satisfaction idéale du moi.

1623. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Un de leurs frères alla voir où en étoit l’ouvrage, & s’endormit, la tête sur le métier ; elle y attacha sa barbe, au même endroit où elle travailloit à la barbe de saint François.

1624. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Maintenant, en laissant même de côté le haut intérêt qui s’attache à l’homme, d’abord parce que nous sommes des hommes, et ensuite à cause de l’excellence et de la dignité de la nature humaine, en laissant de côté les questions morales et religieuses qui font de l’homme l’objet le plus élevé de la spéculation humaine, je le demande, quelle raison y aurait-il pour que les phénomènes par lesquels se manifeste l’humanité fussent moins dignes d’étude que ceux de la nature ?

1625. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

C’est qu’il n’a point la mauvaise humeur attachée à ce défaut.

1626. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

En effet, au siècle des Pascal et des Corneille, tous les peuples tenaient leurs yeux attachés sur la France ; ils contemplaient Versailles où triomphaient Molière et Racine, comme on contemple le soleil.

1627. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Sans m’attacher à prouver cette assertion, il me suffira d’observer que l’esprit du clergé catholique, qui s’est emparé de tout temps de l’instruction publique, est entièrement opposé aux progrès des lumières et de là raison que tout favorise dans les pays protestants, et qu’il ne s’agit pas dans cette question d’examiner s’il n’a pas existé dans les pays catholiques de très-grands hommes depuis la renaissance des lettres ; mais si le grand nombre, si le corps de la nation est devenu plus éclairé et plus sensé : car le privilège du petit nombre de grandes têtes consiste à ne pas ressembler à leur siècle, et rien de leur part ne peut faire loi.

1628. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Et quand il n’est pas de force à faire des trouvailles de noms, comme le Tartuffe, Gobseck, ou Monsieur Alphonse, qui ont fini par rester attachés à des classes d’individus tout entières, il fera mieux de renoncer à ce procédé.

1629. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

On s’était battu dans une chambre avec la furie irlandaise, et le père de Sterne fut cloué au mur par l’épée de son adversaire, qui perça le mur et s’y enfonça…, si bien qu’embroché de cette rude manière, il demanda le plus poliment du monde à celui qui l’avait embroché, d’ôter le plâtre attaché à l’épée avant de le débrocher… Histoire réelle, qui enfile — comme l’épée enfila son père — toutes les histoires inventées par Sterne et racontées par l’oncle Toby et le caporal Trim dans le Shandy !

1630. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Tarde a attaché son nom.

1631. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

En d’autres termes, si considérable qu’elle soit, la valeur relative, historique, de Dante, à laquelle les philologues s’attachent si fort, n’est plus qu’un détail, comparée à la valeur absolue ; chez lui la réponse est moins significative que la question ; les mots de la prière moins beaux que le geste des mains jointes.

1632. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Il pense à la morale, mais comme il pense à la chimie ; la morale, comme la chimie, n’est qu’une science particulière ; il ne s’y attache que parce qu’elle est une partie de l’encyclopédie qu’il construit, ou une application de la méthode qu’il découvre ; il ne lui soumet pas les autres sciences ; il ne fait pas d’elle le but de ses recherches, ou la pierre de touche de ses doctrines.

1633. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Camille Mauclair, du point de vue du purisme esthétique qui exige le couple parfait et nu, le défend ardemment contre la cristallisation sociale, s’attache à en écarter le moindre grain et le moindre soupçon, et une partie de son livre est consacrée à une attaque véhémente contre toute intrusion de la société dans l’amour et en particulier contre le mariage.

1634. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Il le croit consul, sur la foi de César Auguste, le fondateur ou le restaurateur de tous les temples, qui, dans sa visite du temple de Jupiter Férétrius, dont il releva la ruine amenée par le temps, avait lu ce nom, disait-il, sur la cuirasse de lin formant partie du trophée élevé par le vainqueur : « Je me serais cru presque sacrilège187 », s’écrie l’historien flatteur, « de ne point laisser à Cossus, en preuve de ses glorieuses dépouilles, l’attestation de César, le fondateur du temple même. » De tels souvenirs, un tel langage, suffisent à nous montrer quel prestige de grandeur et de respect public pouvait encore, dans les mœurs romaines, s’attacher au zèle affecté d’Auguste pour effacer une des traces de la violence et de l’incurie destructive reprochées à la guerre civile.

1635. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Nous venons occuper dans le journalisme littéraire militant une place depuis longtemps vacante, ou plutôt nous y prenons une place toute neuve ; nous venons exprimer notre pensée libre et franche sur les écrivains et les œuvres de ce temps-ci : c’est assez dire que nous ne sommes attaché à aucune secte, dévoué à aucun parti, enrôlé sous aucun drapeau. […] Leur drame ne s’agite pas au cœur de la société, il plane au sommet ; il domine la vie humaine au lieu de s’y mêler, et quand il devrait s’attacher au sol, il se perd dans les nues. […] On lui a reproché de s’attacher à la peinture exclusive d’une portion de la société. […] C’est un sanhédrin d’imaginations et de tournures d’un précieux à vous lever le cœur, d’un saugrenu à vous jeter à la renverse. — Du reste, de masques, pas un, si ce n’est celui que les auteurs ont pris soin d’attacher à leur esprit pour cette équipée carnavalesque. […] § III Certes, l’article sur Béranger, qui ameuta autour de M. de Pontmartin les colères de tant de gens d’esprit mêlés à tant de bélîtres, renfermait plus d’une vérité bonne à dire, plus d’une idée juste ; les intelligences d’élite, seules capables d’apprécier à leur réelle valeur les beaux vers et de marquer leur vrai rang aux poètes, lui auraient su gré d’attacher ce grelot, si, en faisant beaucoup de bruit, M. de Pontmartin l’avait fait pour son propre compte. — Mais, en cela comme en bien d’autres choses, il était la cloche de l’Univers.

1636. (1864) Le roman contemporain

Villemain raconte l’effet que produisit sur le salon de Madame de Staël la nouvelle de l’évasion de Napoléon de l’île d’Elbe, et le saisissement de cette jeune Anglaise qui, assise au piano, laissa tout à coup expirer sous ses doigts la mélodie commencée, comme si elle avait eu l’intuition de la mort prochaine de son fiancé qui servait dans les gardes anglaises et était attaché comme aide de camp au duc de Wellington, plusieurs ont déjà cessé de vivre, tant la scène du monde change vite ! […] Seule, la Zinovèze, cette Génoise violente, orgueilleuse, implacable, attachée comme une furie, aux pas du volage La Florade, représente le mal dans ce roman, l’un des plus honnêtes qui soient nés sous la plume de George Sand. […] Nous étions jeunes, toujours gais, quelquefois riches… Munis du silence complaisant des autorités voisines, nous invitions tous les locataires distingués de l’impasse, et nous avions une collection d’attachés d’ambassade en habits bleus à bouton d’or, de jeunes conseillers d’État, de référendaires en herbe, dont la nichée d’hommes déjà sérieux, mais encore aimables, se développait dans ce pâté de maisons en vue des Tuileries et des ministères voisins… Mais je viens de faire vibrer une corde sombre ; notre palais est rasé. […] direz-vous. — Le point d’honneur ne consiste pas précisément à être absurde, et dans cette conviction qu’on ne peut épouser une riche héritière sans avoir deux cent mille livres de rente comme elle, j’entrevois une manière nouvelle d’attacher une importance exagérée à l’argent. […] En travaillant à consoler, à secourir, à soulager, à diminuer, à sanctifier la misère, il importe de ne pas oublier que ce n’est pas à telle ou telle forme sociale qu’elle est attachée, mais à l’humanité même.

1637. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Que d’autres fassent du texte un prétexte ; pour eux, ils s’y attachent ; c’est la parole même de Dieu, on ne peut trop s’y appesantir. […] Enfermons-nous dans notre petit domaine et travaillons-y diligemment. « Notre affaire en ce monde n’est pas de connaître toutes choses, mais celles qui regardent la conduite de notre vie. » Si Hume, plus hardi, va plus loin, c’est sur la même route ; il ne conserve rien de la haute science ; c’est la spéculation entière qu’il abolit ; à son avis, nous ne connaissons ni substances, ni causes, ni lois ; quand nous affirmons qu’un fait est attaché à un fait, c’est gratuitement, sans preuve valable, par la force de la coutume ; « les événements semblent être par nature isolés et séparés844 » ; si nous leur attribuons un lien, c’est notre imagination qui le fabrique ; il n’y a de vrai que le doute ; encore faut-il en douter ; la conclusion est que nous ferons bien de purger notre esprit de toute théorie et de ne croire que pour agir. […] Il n’importe, on l’a trahi ; il veut punir les traîtres, et voici à quel pilori il attache « les janissaires d’antichambre » qui, par ordre du prince, viennent de déserter au milieu du combat : Le domaine entier du langage ne fournit pas de termes assez forts et assez poignants pour marquer le mépris que je ressens pour leur conduite. […] Il avait défendu, avec des recherches immenses et un désintéressement incontesté, les Hindous tyrannisés par l’avidité anglaise, et « ces derniers misérables cultivateurs qui survivaient attachés au sol, le dos écorché par le fermier, puis une seconde fois mis à vif par le cessionnaire, livrés à une succession de despotismes que leur brièveté rendait plus rapaces, et flagellés ainsi de verges en verges, tant qu’on leur trouvait une dernière goutte de sang pour leur extorquer un dernier grain de riz869. » Il s’était fait partout le champion d’un principe et le persécuteur d’un vice, et on le voyait lancer à l’attaque toutes les forces de son étonnant savoir, de sa haute raison, de son style splendide, avec l’ardeur infatigable et intempérante d’un moraliste et d’un chevalier.

1638. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Il vint enfin en France, pays auquel il s’attacha par l’attrait du cœur et des arts. […] — Expliquez-moi d’où vient la défaveur qui s’attache à présent aux œuvres de Marlinski ? […] Elle s’attacha avec une sorte de sentiment profond de gratitude à son bienfaiteur ; elle le suivait partout pas à pas en agitant sa queue comme un éventail. […] Là, il vendit la chienne pour un demi-rouble, à la condition seulement qu’on la tiendrait à l’attache pendant une semaine au moins.

1639. (1842) Discours sur l’esprit positif

Dans l’évolution préliminaire de l’esprit positif, il a dû s’attacher partout aux questions quelconques qui lui devenaient accessibles, sans trop s’enquérir de leur importance finale, dérivée de leur relation propre à un ensemble qui ne pouvait d’abord être aperçu. […] Comme tous les termes vulgaires ainsi élevés graduellement à la dignité philosophique, le mot positif offre, dans nos langues occidentales, plusieurs acceptions distinctes, même en écartant le sens grossier qui d’abord s’y attache chez les esprits mal cultivés. […] Plus impartiale et plus tolérante envers chacune d’elles, vu sa commune indifférence, que ne peuvent l’être leurs partisans opposés, elle s’attache à apprécier historiquement leur influence respective, les, conditions de leur durée et les motifs de leur décadence, sans prononcer jamais aucune négation absolue, même quand il s’agit, des doctrines les plus antipathiques à l’état présent de la raison humaine chez les populations d’élite. […] D’irrécusables expériences ont d’ailleurs prouvé, en même temps, sur une vaste échelle, au sein des masses populaires, que le prétendu privilège exclusif des croyances religieuses pour déterminer de grands sacrifices ou d’actifs dévouements pouvait également appartenir à des opinions directement opposées, et s’attachait, en général, à toute profonde conviction, quelle qu’en puisse être la nature.

1640. (1902) Propos littéraires. Première série

N’attachez aucune importance à ce titre qui ne se rapporte qu’à un minuscule incident du récit. […] Après cela, monsieur, jugez s’ils sont si fort attachés à leur religion, et s’ils haïssent fort la nôtre. […] Mais, les jours passant, les mois s’écoulant, et, approchant le terme fatal, c’est à cette promesse funèbre de sa maîtresse qu’il s’attache et qu’il s’accroche lâchement, comme à une consolation. […] À ce mur affreux, toujours maudit, elles s’étaient attachées : car ce qui attache, c’est l’habitude ; ce mur horrible, elles le regrettent ; car ce qu’on regrette, ce ne sont pas les choses, c’est le passé qu’elles représentent, et pour mieux dire, c’est soi-même. […] La vérité, c’est qu’il n’a jamais été beaucoup plus attaché au nouveau christianisme qu’à l’ancien.

1641. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Lemaître répondrait en souriant que ce serait attacher là bien de l’importance à un livre. […] Lemaître variât notre agrément, et qu’au lieu de ses amples revues trop cursives il s’attachât bientôt à étudier en profondeur quelque écrivain de seconde place, et qui ne fût pas un poète. […] Je ne m’attache ici qu’à ce qui peut suivre une remarque de style. […] (6) et de liaison tout pareil à (2), qui rainasse en une sorte de masse indiquée par confusément les croupes inégales des bêtes à l’attache. […] Enfin, il a tiré de ses notes une troisième mouture, l’inévitable roman, auquel il n’y a évidemment pas lieu d’attacher d’importance.

1642. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Ses grandes amoureuses suppliciées ne s’attachent que fort accessoirement à la beauté d’âme de leurs amants. […] Croquis évidemment caricatural, mais que l’on sent, — ou que l’on désire — vrai dans son fond, du moins (soyons prudents) en ce qui concerne le monde des jeunes secrétaires et des petits attachés. […] Et c’est exquis de voir ce que devient, dans ces cerveaux de clubmen, la préoccupation de l’« équilibre européen » et à quels mystères elle s’attache. […] Subitement pénétrés de l’immensité de leur mission quand ils croient que les circonstances leur commandent de l’être, secrétaires et attachés redeviennent, entre eux, sceptiques et « blagueurs » dans l’ordinaire courant de leur vie de joyeux émigrés. […] La douceur de mourir, par vous, me fut ravie, Quand rien ne m’attachait au fil tremblant des jours, Et je dois ma souffrance à vos lâches secours.

1643. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Projetées hors de la surface nerveuse où nous logeons la plupart des autres, l’attache qui les reliait aux autres et à nous s’est dénouée, et elle s’est dénouée selon un mécanisme bien connu, par l’effacement de l’opération imaginative qui situe la sensation à tel ou tel endroit. […] Mais, aussitôt après, nous avons oublié la signification musculaire que nous attachions à l’écartement de notre compas ; nous l’avons laissée derrière nous, en réserve ; nous n’avons plus dans l’esprit que cet écartement et ses multiples ; nous avons comparé directement une série d’écartements à une série d’écartements, une plus longue à une moins longue. […] L’enceinte s’attache à la personne, et désormais l’idée que j’ai de moi est inséparable de l’idée que j’ai de mon corps.

1644. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

« On attache beaucoup trop d’importance, pour l’ordinaire, aux circonstances de la vie, dit Maurice Barrès dans ses Idéologies Passionnées. […] Voilà pourquoi nous voyons en lui et sans attacher, comme M.  […] Ce sera la grande erreur du naturalisme, de nous avoir décrit des aspects provisoires, et de s’être attaché à la pittoresque exactitude des détails.

1645. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

En effet, c’est leur situation qui, leur laissant les droits sans les services, leur interdit les offices publics, l’influence utile, le patronage effectif par lesquels ils pourraient justifier leurs avantages et s’attacher leurs paysans. […] Toute la fortune de mon aïeul ne dépassait pas cinq mille livres de rente, dont l’aîné de ses fils emportait les deux tiers, trois mille trois cents livres ; restait mille six cent soixante-six livres pour les trois cadets, sur laquelle somme l’aîné prélevait encore le préciput »  Cette fortune qui s’émiette et s’anéantit, ils ne savent ni ne veulent la refaire par le négoce, l’industrie ou l’administration : ce serait déroger. « Hauts et puissants seigneurs d’un colombier, d’une crapaudière et d’une garenne », plus la substance leur manque, plus ils s’attachent au nom  Joignez à cela le séjour d’hiver à la ville, la représentation, les dépenses que comportent la vanité et le besoin de société, les visites chez le gouverneur et l’intendant : il faut être Allemand ou Anglais pour passer les mois tristes et pluvieux dans son castel ou dans sa ferme, seul, en compagnie de rustres, au risque de devenir aussi emprunté et aussi hétéroclite qu’eux66.

1646. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Je puis attacher ta fortune à la mienne si tu aimes le travail, autrement tout est perdu. […] La gloire, au contraire, ne s’attache qu’aux vérités permanentes et ne se ratifie que par la postérité.

1647. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Les diplomates y trouveront des monuments de diplomatie savante, admirablement scrutés et éclairés d’un jour qui ne laisse rien dans l’ombre ; mais la masse des lecteurs superficiels, qui s’attache exclusivement aux événements et aux hommes, laisseront ces riches études aux érudits. […] Les peuples ne s’attachent qu’à ce qui se déclare permanent ; car, comme ils sont eux-mêmes un être permanent, ils veulent, autant qu’ils le peuvent, dans leur institution la permanence : tout le monde se serait promptement détaché de Bonaparte s’il fût resté consul à vie.

1648. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Ne cherchez pas d’autre titre à l’intérêt qui s’attache au nom de Juliette dans ce siècle et qui la suivra plus loin que son siècle ; elle fut la beauté ! […] Séduisant de figure, aimant, aimable, léger, ami du luxe et de tous les plaisirs, il s’était attaché à madame Bernard comme un commensal de la maison ; la Révolution, dont il n’était ni partisan ni intimidé, n’avait été pour lui qu’un de ces mouvements accélérés de la vie politique dans lesquels les occasions de ruine ou de richesse se multiplient pour les hommes d’argent ; en 1793 il était déjà au premier rang des spéculateurs du temps.

1649. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

mon fils, me dit-il, ton esprit sera-t-il donc toujours attaché à la terre ? […] « Sache donc que tu es divin ; car c’est être divin que de sentir en soi la vie, de penser, de se souvenir, de prévoir, de gouverner, de régir et de mouvoir le corps qui nous est attaché, comme le Dieu véritable gouverne ses mondes.

1650. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

De là vient cette incertitude qui s’attache à son nom, et qui s’accrut au lieu de s’éclaircir à mesure que son œuvre renommée se répandait davantage, chaque monastère donnant à l’Imitation le nom d’un de ses sectaires pour accroître le nom du couvent. […] La nature envisage les biens temporels, se réjouit de ses gains sur la terre, s’attriste d’une perte, s’irrite de la moindre parole injurieuse ; mais la grâce envisage les biens éternels, ne s’attache point aux choses temporelles, ne se trouble point des plus grandes pertes, et ne s’irrite point des paroles les plus dures, parce qu’elle met son trésor et sa joie dans le ciel, où rien ne périt.

1651. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Particulièrement attaché au roi Louis XVIII et tenant de lui sa place beaucoup plus que du ministère, il dépendait moins de M.  […] Je lui restai toujours attaché de cœur jusqu’à sa mort.

1652. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Enfin, comme si la pensée ne pouvait s’élancer de la terre au ciel à moins d’attacher sous le nom de rime à chacun de ses vers deux consonances métalliques, comme la bayadère de l’Inde attache deux grelots à ses pieds pour entrer et pour adorer dans le temple ?

1653. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Je m’attacherai donc à faire bien connaître ces trois écrits. […] Si au contraire, prenant l’esprit humain pour point de départ, on s’attache à déterminer exactement sa nature et à décrire avec rigueur ses lois et leur portée légitime, on donne à la métaphysique une base solide.

1654. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Une chose m’a vivement frappé ; c’est que tous les éleveurs des divers animaux domestiques, et presque tous les horticulteurs avec lesquels j’ai conversé ou dont j’ai lu les traités, sont fermement convaincus que les diverses races à l’étude desquelles chacun d’eux s’est attaché spécialement, descendent d’autant d’espèces originales distinctes. […] Les sauvages de la Terre de Feu eux-mêmes attachent à leurs animaux domestiques une si grande valeur, qu’en temps de disette ils tuent et dévorent leurs vieilles femmes plutôt que leurs Chiens, comme leur étant d’une moins grande utilité.

1655. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Eschyle est épique et gigantesque lorsqu’il fait retentir le rocher sur lequel les Cyclopes attachent Prométhée et que les coups de leurs marteaux en font sortir les nymphes effrayées ; il est sublime lorsqu’il exorcise Oreste, qu’il réveille les Euménides qu’il avait endormies, qu’il les fait errer sur la scène et crier : Je sens la vapeur du sang, je sens la trace du parricide, je la sens, je la sens… et qu’il les rassemble autour du malheureux prince qui tient dans ses mains les pieds de la statue d’Apollon. […] Qui est-ce qui ne connaît pas Virgile, dont le buste est placé dans le temple du Goût, les yeux attachés sur celui d’Homère, et sur le piédestal duquel on voit un génie qui s’efforce d’arracher un clou à la massue d’Hercule ?

1656. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

En parlant de la concubine de Marat, qu’il ose appeler la veuve Marat, au front souillé de laquelle il ose attacher ce noble voile de veuve, le plus beau qu’après son voile de vierge une femme puisse jamais porter, il écrit sans rire les mots suivants : « On trouva dans les papiers de Marat une promesse de mariage à Catherine Éverard. […] Voilà pourquoi toute critique, qui va plus loin que l’œuvre d’art et l’édifice de la composition, ne doit pas laisser circuler, sans avertir et sans y attacher une étiquette, ce sachet de graines vénéneuses, ce hatchich préparé pour les têtes ardentes, ce petit poison de Java dans lequel les Tricoteuses des temps futurs peuvent tremper la pointe de leurs aiguilles et qu’on nous débite, en ce moment, avec des airs vertueux et sensibles, dignes de la femme de l’apothicaire de Roméo !

1657. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Un des auteurs qui l’ont loué lui en a fait un mérite : « Il était extrêmement attaché aux Convulsions », aux miracles qui se faisaient ou qu’on faisait sur le tombeau du diacre Pâris.

1658. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Si l’abbé Prévost, en effet, a répandu et comme réfléchi sur les siens une partie de sa célébrité littéraire et quelque chose de la faveur romanesque qui s’attache à son nom, il leur a dû, il a dû à l’excellente éducation qu’il reçut de ses pères et à la souche honnête et saine dont il sortait, de garder toujours, même au milieu des vicissitudes d’une vie trop souvent irrégulière et abandonnée, le fonds essentiel de l’honnête homme, de l’homme comme il faut.

1659. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

On ignore les actions de sa jeunesse et de ses premières années ; on le voit déjà mûr, attaché au comte Thibaut III, qui parvint à la principauté en 1197, à l’âge de vingt-deux ans, et obtenant toute sa confiance.

1660. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Arago s’attache à revendiquer pour l’illustre ingénieur et mécanicien une découverte que l’Angleterre et le monde savant attribuent généralement à Cavendish, celle de la décomposition de l’eau.

1661. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Pendant qu’il lui écrivait ces lettres de demi-consolation, Fénelon était encore à Versailles, attaché à l’éducation du duc de Bourgogne, et il ne pouvait dérober que des quarts d’heure de son temps.

1662. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Après une de ces exhortations de l’ambassadeur en faveur de la paix, Bentivoglio ajoute : « Sur le visage et dans les paroles du président Jeannin, on croyait voir respirer la majesté et la présence du roi de France lui-même. » Le président Jeannin s’attache à montrer aux États-Généraux qu’une longue trêve équivaut à la paix et vaut même mieux à certains égards, en ce qu’elle ne permet point de s’endormir ; qu’il suffit que cette trêve soit conclue envers eux à d’honorables conditions, c’est-à-dire comme avec des États libres sur lesquels le roi d’Espagne et les archiducs ne prétendent rien ; que si l’on sait bien profiter de cette trêve en restant unis, en payant ses dettes et en réformant le gouvernement, elle pourra se continuer en paix absolue.

1663. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Cuvier, Cabanis, Lalande, Lémontey, Moreau (de la Sarthe) et d’autres encore ont parlé de Vicq d’Azyr avec détail ; je n’ai qu’à choisir dans les traits qu’ils me présentent, et à m’attacher plus particulièrement en lui à l’écrivain et au littérateur.

1664. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Je ne prendrai pas pour exemple, dans ce volume même, tout ce qui tient au blocus continental et à ces questions de douanes qu’il fait suffisamment comprendre, à la seule condition d’y donner tout leur développement : mais si l’on s’attache à cette expédition de Masséna en Portugal, expédition ingrate s’il en fut, pleine de mécomptes, où tout avorte, où les combats acharnés restent indécis, où personne n’a d’illusions, et où, si peu qu’on en ait, le résultat trouve encore moyen de tromper un reste d’espérance ; si l’on suit cette expédition dans l’Histoire de M. 

1665. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Cette plume, si appréciée de ceux qui s’attachent à la véritable distinction, le sera également de tous le jour où lui-même il voudra bien consentir à en modérer les coups et les étincelles.

1666. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Ainsi le chevalier de Grammont s’avise de s’attacher à Mme d’Olonne « dans le temps que Marsillac s’embarqua auprès d’elle ».

1667. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

C’est presque s’attribuer la sagacité souveraine et usurper sur la puissance universelle que de dire d’un être semblable à nous : « Il est cela ; et, tel point de départ étant donné, telles circonstances s’y joignant, il devait être cela, ni plus ni moins, il ne pouvait être autre chose. » Notez que je ne parle ainsi que parce que j’ai devant moi une ambition scientifique impérieuse et précise ; car, littérairement, et sans y attacher tant de rigueur, on peut se permettre de ces résumés vifs, de ces termes brefs qui peignent et qui fixent un personnage, de ces aperçus qui animent une analyse et qui ne tirent pas à conséquence.

1668. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Il attachait une idée presque superstitieuse au moindre vers d’Horace.

1669. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Représentons-nous Fénelon lisant à haute voix cette lettre qu’il vient d’ouvrir, en présence du duc de Bourgogne et d’une ou deux des personnes attachées à son éducation, un matin, à déjeuner.

1670. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Sa curiosité était inépuisable ; tout l’intéressait, l’attachait, lui inspirait un désir ou plutôt un regret, celui de n’avoir pas fait de ce dont il était question l’occupation de sa vie.

1671. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Leurs figures paraissaient émues, et d’un air timide, mais où perçait un sourire plein de joie, ces deux jeunes artistes remercièrent leur généreux camarade de manière à laisser entendre à tous les assistants qu’ils attachaient plus d’importance encore qu’eux à ce qui venait de se passer.

1672. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

« Il crie comme si c’était lui. » Telle était l’idée que les Anciens, dans leur religieuse admiration, entretenue et fomentée par une lecture continuelle, se faisaient d’Homère ; telle est l’idée qu’ont volontiers acceptée les modernes et qu’ils se sont attachés à confirmer à leur tour.

1673. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Taillandier oublie trop, et dont M. de Lamartine nous disait, hier encore, avec le charme qui s’attache même à ses dernières paroles : « L’amour en Italie, comme on peut le voir par la Béatrice de Dante et par la Laure de Pétrarque, est le plus avoué et en même temps le plus sérieux des sentiments de l’homme.

1674. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

L’auteur s’est attaché à faire des principaux faits de l’histoire ancienne, fortement et nûment rapprochés, une contexture si étroite qu’il n’y a place dans l’intervalle pour aucune réflexion, et si unie qu’il ne se permet d’y broder aucun ornement, aucune fleur.

1675. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Érudit et bibliographe, chassant sur la piste de Charles Nodier, il s’est de bonne heure attaché à de certains noms secondaires, à des écrivains plus cités que connus : en ce genre le rare, le clandestin, l’amusant, le tentent.

1676. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

c’était sous le vert feuillage, Quand le front près du mien penché, Le jeune Erinn sur mon visage Tenait son regard attaché, C’était à lui qu’il fallait dire : Ne trouble pas le cœur d’Aniel ; Cœur troublé, qui d’amour soupire, Ne peut plus réfléchir le ciel.

1677. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Attaché comme volontaire au maréchal Ney, il continuait de porter dans l’armée française l’uniforme suisse ; il avait à transmettre des ordres à de brillants lieutenants du maréchal ; lui-même, Ney, avait ses vivacités, ses brusqueries d’homme de guerre.

1678. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Lefebvre sur les inconvénients attachés à la littérature, 1732.)

1679. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

En effet, si, avec l’aide de la physiologie, j’examine de plus près ; cette opération, j’y découvre quantité d’intermédiaires, un mouvement moléculaire dans les lobes cérébraux, un autre mouvement moléculaire dans le cervelet, un autre mouvement moléculaire propagé dans la moelle et de là dans les nerfs moteurs du bras, une contraction ; des muscles des bras, un déplacement de leurs points d’attache.

1680. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Plantons ce germe dans un sol convenable ; choisissons une âme faible de volonté, facile aux séductions, accoutumée à l’action, à qui les idées s’attachent d’une prise subite, et que ses desseins obsèdent comme des fantômes.

1681. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Il s’attacha sous la Ligue à Anne de Joyeuse, et fut le conseiller intime de M. de Villars.

1682. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Elle n’a pas de « sensations d’art » : ce qui l’attache, ce sont les souvenirs historiques, les idées auxquelles les choses servent d’appui ou d’occasion.

1683. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Des phrases ainsi mises en vedette, et auxquelles il attache visiblement tant de prix, n’ont pas le droit d’être insignifiantes ou banales.

1684. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Au-dessus des grandeurs elle doit l’élever, Puisqu’enfin de son bien il s’est laissé priver Par son trop peu de soin des choses temporelles, Et sa puissante attache aux choses éternelles.

1685. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Ils sont au port d’attache, et rivés à leurs corps mort, sans aucun souci de prendre désormais le large.

1686. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Ses relations intimes et libres, mais d’un ordre tout moral, avec des femmes d’une conduite équivoque s’expliquent de même par la passion qui l’attachait à la gloire de son Père, et lui inspirait une sorte de jalousie pour toutes les belles créatures qui pouvaient y servir 212.

1687. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

De même la théorie courante de l’affirmation, considérée à la lumière d’une science de plus en plus profonde de l’organisme du discours, semble attacher une importance exagérée à une puissance d’affirmation, présumée inhérente aux verbes, et particulièrement aux verbes de l’existence.

1688. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Ayons la sincérité et le naturel de nos propres pensées, de nos sentiments, cela se peut toujours ; joignons-y, ce qui est plus difficile, l’élévation, la direction, s’il se peut, vers quelque but haut placé ; et tout en parlant notre langue, en subissant les conditions des âges où nous sommes jetés et où nous puisons notre force comme nos défauts, demandons-nous de temps en temps, le front levé vers les collines et les yeux attachés aux groupes des mortels révérés : Que diraient-ils de nous ?

1689. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Il s’est attaché avant tout au style ; lui, qui écrit au courant de la plume, qui n’a qu’à laisser trotter la sienne, et qu’elle emporte au galop si aisément, il l’a forcée cette fois à mille retours, à de savants manèges ; il s’est plus d’une fois surpris, dans son effort, à s’essuyer le front et à se ronger les ongles.

1690. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Tout y attache et rien n’y brille.

1691. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

La science chez lui est inventive, et il la rend familière : « Un singulier bonheur d’induction, a dit sir Humphry Davy, guide toutes ses recherches, et par de très petits moyens il établit de très grandes vérités. » Il ne se retient point dans ses conjectures et dans ses hypothèses, toutes les fois qu’il s’en présente de naturelles à son imagination, et il s’en est permis de fort hardies pour l’explication de certains grands phénomènes de la nature, mais sans y attacher d’autre importance que celle qu’on peut accorder à des conjectures et à des théories spéculatives.

1692. (1903) Zola pp. 3-31

Jules Lemaître fut le plus indulgent et, dans son célèbre article de 1884, s’attacha surtout à « comprendre » ce que du reste il n’aimait pas et à faire comprendre ce que du reste il était étonné qu’on aimât.

1693. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Son nom restera attaché à la « loi de régression » (« loi de Ribot ») qu’il a cherché à établir.

1694. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Le plan d’un drame peut être fait et très bien fait, sans que le poète sache rien encore du caractère qu’il attachera à ses personnages.

1695. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Le premier enfant est sérieux, attentif, il a les yeux baissés, attachés sur quelque chose ; il vit, il pense ; et puis il faut voir comme ses cheveux sont arrangés et torchés.

1696. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

N’oublions jamais que la société n’étant point un état de choix, l’homme ne consent point à aliéner une partie de sa liberté pour jouir de certaines prérogatives ou de certains biens attachés à la société.

1697. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

D’une part, voici le groupe des poètes immuablement attachés aux règles classiques et parnassiennes ; d’autre part, voici les novateurs qui, avec M. 

1698. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Il s’attacha à Bossuet, et fit avec lui toutes ses retraites.

1699. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

que la confusion s’attache à tes bannières, bien que, sous le vent des ailes rouges de la victoire, elles insultent les airs de leur pompe oiseuse !

1700. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Ce fut une œuvre d’occasion et à laquelle il n’attachait pas sans doute un très grand prix. […] On s’attache avec un intérêt d’autant plus passionné à cette figure énigmatique, on s’évertue sur elle, on s’y acharne, on veut à toute force la comprendre, l’expliquer, la définir. […] Il reste bien un peu d’inconnu et d’inexpliqué tout autour ; mais cela ne nous attache et ne nous retient que plus fort par l’attrait du mystère et par l’espoir de deviner. […] l’on s’attache plus par les services qu’on rend que par ceux qu’on reçoit !  […] C’est que le clerc ou le prêtre, émancipé, continuera d’attacher une importance énorme à « l’œuvre de chair ».

1701. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Elle portait une robe de satin blanc tout semé de petits bouquets de violettes naturelles, très habilement attachés de tous côtés. […] Les succès de Jules Verne, sans cesse renouvelés, ont cela de particulier qu’ils ne l’ont pas attaché à telle ou telle forme de roman. […] tu allais tomber dans l’irréparable sottise de te faire le mari d’une prima donna… avec tout le cortège de désagréments attachés à l’emploi ! […] Barrabas errant dans la nuit et rencontrant la croix où est attaché le Christ, maudissant la nature qui vient de supplicier un juste, est certainement l’une des plus belles inspirations de Victor Hugo. […] Le jeune groom commence par attacher l’éperon à la bottine de sa maîtresse ; puis, de l’éperon, il passe à la jarretière.

1702. (1927) Approximations. Deuxième série

Le critique décrit un homme qui n’est pas attaché à la vie et qui a pressenti, voire appelé sa mort. […] Dans « André Maurois Ariel ou la vie de Shelley », Du Bos relève le péril à traiter de la vie d’un homme de génie dont la poésie naît de l’absence de toute attache à la vie. […] Bouquets exquis, feux d’artifice étincelants, mais auxquels l’artiste semble n’attacher qu’une importance secondaire. […] Quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d’une fuite éternelle. […] Aux esprits positifs semblable ivresse ne peut apparaître que négligeable, pour ne pas dire incompréhensible, indigne en tous cas du moindre sacrifice ; ce n’en est pas moins elle qui sauve le personnage de Blaise et lui confère je ne sais quelle dignité qui attache.

1703. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Les Suisses sont heureux à leur manière ; mais ils ne sont pas du tout hospitaliers.  » C’est le regard attaché sur ce pays de liberté et en croyant fermement que c’en était un, que Jean-Jacques Rousseau écrivit le Contrat Social. […] J’en atteste des milliers d’hommes élevés par eux comme moi, il n’y en aura pas un seul qui puisse me démentir…  » — et enfin il écrit cette profession de foi si émue et certainement si sincère de dévouement à la Compagine, qui a été bien souvent citée : « A l’égard de l’autre libelle de Hollande qui me reproche d’être attaché aux Jésuites, je suis bien loin de lui répondre comme à l’autre : « Vous êtes un calomniateur  » ; je lui dirai au contraire : « Vous dites la vérité.  » J’ai été élevé pendant sept ans chez des hommes qui se donnaient des peines gratuites et infatigables à former l’esprit et les mœurs de la jeunesse. […] Les Jésuites sont avant tout des monarchistes, confesseurs de rois, très fortement attachés à l’institution monarchique. […] Il y a plus : une certaine envie d’attirer les autres dans nos opinions nous tourmente sans cesse et est pour ainsi dire attaché à notre profession. […] Le clergé est une famille qui ne peut périr ; les biens y sont donc attachés pour toujours et n’en peuvent pas sortir.

1704. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Il y allait en désespéré, et, comme l’orphelin d’Homère qui s’attache au manteau des amis de son père, il avait de ces mots qui voulaient dire : « Ne me reconnaissez-vous donc pas. » Lui, si longtemps écouté et applaudi, on ne se gênait pas pour insinuer qu’il rabâchait. […] Dans le rôle très effacé que m’avaient fait à la Chambre mon humeur, le sentiment de mon peu d’aptitude pour la politique, et surtout mon amour passionné pour les lettres, ayant besoin d’un guide, je m’étais attaché à lui. […] Attaché d’inclination à la personne, et d’instinct à la politique de M.  […] Il l’était sans doute aussi par une aptitude particulière et précoce aux choses de l’archéologie, puisque le savant archéologue Millin l’avait fait attacher au cabinet des Médailles. […] Tout autre est la joie attachée à la découverte des vérités scientifiques, dont le propre est d’être universellement et unanimement reconnues.

1705. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Porte-la de bon cœur, cette croix salutaire Que tu vois attachée à ton infirmité ; Fais un hommage à Dieu d’une nécessité, Et d’un mal infaillible un tribut volontaire.. […] effleure de ses mains au passage le dos de tous les béliers, et l’insensé ne s’aperçoit pas que nous sommes attachés sous leur poitrine touffue… » Cela ne vaut-il pas bien le sac mélodramatique de Dantès ? […] Hilda n’était qu’une petite fille quand Solness vint dans sa paroisse et attacha lui même une couronne à la flèche du clocher construit par ses mains. […] Puis, ayant su que son propre père eut autrefois une maîtresse, la vertueuse fille lui reproche avec énergie son immoralité… Ainsi, l’attache trop forte à un devoir peut nous en faire oublier d’autres. […] Et c’est pourquoi elle ôte le bandeau bienfaisant que le prudent Eros lui avait attaché sur les yeux.

1706. (1910) Rousseau contre Molière

Au contraire, je crois qu’aux intentions générales, au moins, de Don Juan, Molière attachait une importance considérable et que ses deux grands ennemis ont été Don Juan et Tartuffe. […] Pendant quarante ans de sa vie, il ne s’est point occupé de l’humanité ; pendant dix ans, il s’est attaché à la réformer ; pendant seize ans, il a déclaré obstinément qu’il avait déposé la plume d’homme de lettres et c’est-à-dire de réformateur. […] si la beauté de la vertu était l’ouvrage de l’art, il y a longtemps qu’il l’aurait défigurée. » 2° « Quant à moi, dût-on me traiter de méchant encore pour oser soutenir que l’homme est né bon, je le pense et crois l’avoir prouvé : la source de l’intérêt qui nous attache à ce qui est honnête et nous inspire de l’aversion pour le mal est en nous et non dans les pièces. […] Dans ses ouvrages politiques, que je discute ailleurs, ce à quoi il s’attache le plus, c’est à faire du citoyen un rouage de la cité, ce que sans doute je puis blâmer, mais ce qui comme sentiment n’est pas autre chose que ceci : chercher à faire le citoyen consubstantiel de la cité et la cité consubstantielle du citoyen. […] Avez-vous attaché à la scène de M. 

1707. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Maret l’avait nommé d’emblée secrétaire attaché à son cabinet ; Champagny lui avait fait remettre un pli cacheté, enfermant des instructions secrètes, et qui ne devait être ouvert qu’en pleine mer. […] Des amis complaisants l’aidèrent, des épaves le soutinrent, et, de main en main, de tonneau en tonneau, il arriva jusqu’à terre, n’ayant sauvé de son mince bagage que le portrait de sa femme, qu’il avait attaché sur sa tête. […] On remarqua, tant que durèrent les fonctions de Mariette, que les pancartes attachées au flanc des bas-reliefs, des inscriptions et des statues, ne contenaient plus d’erreurs de dates ni de fautes d’orthographe… À la longue, ce métier parut dur à Mariette. […] Hier, malgré le képi qui coiffait sa tête dure et le sabre mal attaché qui lui battait les jambes, il avait l’air d’un « civil » déguisé, d’un pompier de village, d’un garde national. […] La religion sera éternelle, à condition qu’on ne s’attache pas trop aveuglément aux formes passagères et particulières de l’esprit religieux.

1708. (1940) Quatre études pp. -154

Des liens nombreux et forts m’attachent aux États-Unis ; à l’Université Columbia, qui a bien voulu m’inviter la première, et qui, fidèle amie, m’a si souvent compté au nombre de ses professeurs ; à l’Université Harvard, qui, par un honneur dont je ne me lasse pas d’être fier, m’a permis de revêtir sa robe doctorale ; à tant d’autres Universités, à tant d’autres Collèges, qui furent désireux d’entendre une voix française leur parler de France. […] Nous voyons chez ce dernier un abandon total et voluptueux aux puissances du subconscient, une renonciation aux catégories logiques de l’esprit ; l’espace et le temps s’abolissent sans reprises ni retours : la cruelle, l’impuissante lumière n’éclaire que l’irréel, et la réalité vraie s’atteint dans les abîmes de « la sainte, l’ineffable, la mystérieuse nuit » : Un jour que je versais des larmes amères, que mon espérance se fondait, dissoute dans le chagrin, et que je me tenais seul auprès du tertre dénudé qui dans un espace étroit et sombre, ensevelissait la forme de ma vie, — seul, plus seul que le plus seul, traqué par une inexprimable angoisse, — sans forces et n’étant plus qu’une pensée de misère, — comme mes yeux cherchaient de tout côté quelque secours, ne pouvant ni avancer ni reculer, et comme je m’attachais avec une invincible nostalgie à ma vie envolée, éteinte :-Alors vint du lointain bleu — des hauteurs de mon ancienne béatitude, une ondée crépusculaire — et d’un seul coup se déchira le lien de la naissance, — la chaîne de la lumière. […] Ils n’ont pas survolé les montagnes et les océans ; ils n’ont pas été transportés par l’Esprit jusqu’au septième ciel, d’où il est donné de contempler d’un seul regard tout l’univers : ils sont restés attachés à leurs champs, qu’ils ont parcourus tous les jours, et qu’ils ont examinés comme font les myopes, du plus près qu’il leur a été possible. […] Les hommes, expliquait Helvétius, sont naturellement paresseux ; ils gravitent vers le repos, comme les corps vers un centre ; ils s’y tiendraient fixement attachés, s’ils n’en étaient à chaque instant repoussés par deux forces qui contrebalancent en eux celles de la paresse et de l’inertie, et qui leur sont communiquées l’une par les passions fortes, l’autre par la haine de l’ennui. […] C’est vous qui, en portant les deux sexes à se rapprocher, présidez à la conservation des espèces ; c’est vous qui, par des nœuds secrets, attachez les Pères et les Mères à leurs Enfants, et les Enfants à leurs Pères et à leurs Mères ; c’est vous qui excitez l’industrie des animaux, et celle de l’homme même ; c’est vous, en un mot, qui êtes l’âme du monde sentant.

1709. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Depuis longtemps déjà il était malade, et il disputait courageusement les restes précieux de cette vie à laquelle tant d’existences étaient attachées. […] Qui que vous soyez, qui vous êtes chargé de parler longtemps au public français des belles choses de la poésie et des beaux-arts, attachez-vous à bien comprendre, à bien savoir les chefs-d’œuvre qui ont été le principe et le commencement du travail même de vos contemporains. […] Dans la pièce de Beaumarchais, je commençais à m’attacher au comte Almaviva, enveloppé dans un manteau et passant la nuit à la belle étoile ; mais aussitôt que je vois arriver ce boulet de canon qu’on appelle Figaro, ce bel esprit qui ne doute de rien, aussitôt, l’intérêt que m’inspirait cet inconnu livré à lui-même, s’efface et disparaît devant le grand seigneur servi avec tant de zèle, de dévouement et de fracas. […] « Oui, levez-vous un peu, s’il vous plaît ; un peu plus de ce côté-là ; le corps tourne ainsi ; la tête un peu levée, afin que la beauté du cou paraisse ; ceci un peu plus découvert (il découvre un peu plus la gorge), bon, là, un peu davantage, encore tant soit peu ; — un peu plus de ce côté, je vous prie, vos yeux tournés vers moi, vos regards attachés aux miens !  […] Philinte sait très bien que, dans une conversation de jeunes gens et de jeunes femmes, dans ces médisances de vingt ans, les absents auront grand tort, et qu’ils feront tous les frais de cette causerie de salon qui s’attache où elle peut ; mais, au fait, où est le grand mal ?

1710. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Ici, on se heurte, quand on s’attache absolument à lui, à des singularités qui compromettent les résultats généraux qu’on serait d’ailleurs assez disposé à accueillir. […] Littré a cru qu’il était lié, attaché à lui par une obligation plus forte, plus étroite, par une de ces obligations qui constituent la relation du disciple au maître ; et, le croyant ainsi, il l’a déclaré, professé et maintenu en toute rencontre, au risque de compliquer sa vie et sa propre action à lui-même, au risque de se nuire dans l’opinion de quelques-uns.

1711. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Ce qui frappe à une simple lecture dans le recueil des trente pièces attribuées à Théocrite (je ne parle pas des petites épigrammes de la fin), c’est qu’il n’y a guère que la première moitié qui appartienne au genre bucolique pur, et qui justifie entièrement l’idée d’originalité attachée au nom du poëte. […] Suivons donc, autant que nous le pourrons, le poëte dans sa marche printanière, et attachons-nous, chemin faisant, à faire sentir ce que nous ne rendrons pas

1712. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

C’est ainsi que le plus souvent l’erreur fugitive, attachée pour un instant à la présence de l’image, disparaît presque au même instant et sans intervalle appréciable par le choc antagoniste de la sensation réelle […] « Bien convaincu qu’ils allaient me conduire au supplice, je criais à l’assassin ; il m’a même semblé à plusieurs reprises voir un gendarme tirer son couteau de sa poche pour me l’enfoncer dans le ventre, et mes cris redoublaient. » Attaché et gardé à vue, il ne dort pas de toute la nuit.

1713. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Il leur a fait mettre leurs mains dans les siennes, jurer de respecter leur roi comme s’il était leur conscience, et leur conscience comme si elle était leur roi ; de ne point dire de calomnie et de n’en point écouter ; de passer leur douce vie dans la plus pure chasteté ; de n’aimer qu’une jeune fille, de s’attacher à elle ; de lui offrir pour culte des années de nobles actions. » Il y a une sorte de plaisir raffiné à manier un pareil monde ; car il n’y en a point où puissent naître de plus pures et de plus touchantes fleurs. […] Il s’y est attaché, il les aime, il a reçu d’elles le système entier de ses idées pratiques et spéculatives ; il ne flotte point, il ne doute plus, il sait ce qu’il doit croire et ce qu’il doit faire.

1714. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Peut-être aussi le succès inespéré que j’ai obtenu ici m’a attaché ; je suis arrivé au milieu de toutes les préventions suscitées contre moi, et j’ai tout vaincu : on paraît me regretter vivement. […] M. de Chateaubriand n’en restait pas moins attaché à madame Récamier ; il ne la rendait pas responsable des liens qui rattachaient sa nièce et son neveu au gouvernement de ses ennemis.

1715. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Les croisades leur avaient donné un renom, une importance et des possessions royales en Orient ; la royauté de Chypre et de Jérusalem était le seul titre imposant qu’ils eussent encore attaché à leur maison. […] Charles III de Savoie s’attache exclusivement à l’empereur : il était son beau-frère.

1716. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Il se désolait encore d’assister à une nouvelle ruine d’un pays auquel il était attaché d’une façon toute particulière, d’un pays qu’il avait habité pendant les belles années de sa jeunesse, et dans lequel il était revenu discuter les affaires publiques sous le pontificat précédent, et où il avait trouvé la plus cordiale réception et la plus éclatante bonne foi. […] Comme les ministres insistaient pour qu’on rédigeât et qu’on signât, séance tenante, la lettre qu’ils devaient porter à Sa Majesté le lendemain matin, en allant lui rendre compte de l’exécution de ses ordres, c’est-à-dire de la communication qu’on nous avait faite, nous courûmes le risque d’attacher nos noms à un document dont nous n’aurions pas été contents peut-être en le relisant à tête calme et après cette épouvantable occurrence.

1717. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Madame de Goethe prit aussitôt à son chapeau un ruban de couleur et l’attacha à la cafetière. […] Goethe avait écrit lui-même ces vers en lettres latines sur du vélin, et les avait attachés avec un ruban de soie dans un carton couvert de maroquin rouge.

1718. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Il voit le perfide Erath sur le rivage ; il l’atteint, le saisit, l’attache à un chêne ; de robustes liens enchaînent ses membres ; il charge les vents de ses hurlements. […] Tu as perdu le fils qui faisait ta force dans les combats ; tu as perdu la fille qui faisait ton orgueil au milieu de ses compagnes… Depuis cette nuit affreuse, toutes les fois que la tempête descend de la montagne, toutes les fois que le vent du nord soulève les flots, je vais m’asseoir sur le rivage, et mes regards s’attachent sur le rocher fatal.

1719. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Pendant que les esprits médiocres restaient attachés à la poésie nationale, les forts et les inventeurs cherchaient la tradition de l’ancien monde. […] Il était attaché à la cour de Philippe le Hardi.

1720. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Me convaincre que je pouvais faire mieux que je n’ai fait, c’est à peine m’apprendre un peu plus que je n’en sais déjà par la peine terrestre attachée à chaque infraction ; c’est trop peu pour me corriger. […] Bossuet à son tour le voit et l’entend ; il lui fait cortège comme ses autres disciples ; il en est le plus attaché et le plus tendre.

1721. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Pendant cet interrègne, libre à chacun de s’attacher à toute doctrine, d’être suivant son goût pythagoricien ou platonicien, stoïque ou péripatétique. […] Que ne puis-je faire comprendre comme je le sens que toute notre agitation politique et libérale est vaine et creuse, qu’elle serait bonne dans un État où les esprits seraient généralement cultivés et où beaucoup d’idées scientifiques se produiraient (car la science ne saurait exister sans liberté) ; mais que, dans une société composée en grande majorité d’ignorants ouverts à toutes les séductions et où la force intellectuelle est évidemment en décadence, se borner à défendre ces formes vides, c’est négliger l’essentiel pour s’attacher à des textes de lois à peu près insignifiants, puisque l’autorité peut toujours les tourner et les interpréter à son gré.

1722. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Sur la foule de nos frères et de nos ennemis, Tolstoï a attaché le regard limpide et tranquille le plus aigûment pénétrant qu’ils aient souffert, et y portant ses larges et calmes mains, il a jeté dans son œuvre le groupe d’êtres d’âmes et de chairs dont elles étaient pleines, un morceau de création soustrait en sa forme mentale à la ruine du transitoire, tel quel, moite encore de la vie surprise, mou, ductile, coloré et bruissant ; tendrement saisie, conservée toute comme le commandait son prix, et laissée emmêlée comme le commandait sa mollesse, cette pêche miraculeuse d’êtres vivants a déterminé la beauté même et la forme de l’œuvre dans laquelle expire leur souple animation. […] L’émotion de sympathie cordiale que suscite le spectacle de vies humaines bien conduites et heureuses, s’attache à l’union aimante de Lévine et de sa femme Kitty, à la noblesse naturelle de leur condition que tempèrent si véridiquement la médiocrité de leurs pensées, leurs inclinations simples comme leurs manières, tous les incidents ordinaires de leur ménage, des singuliers accès de jalousie du mari à la transformation graduelle de la femme en une ménagère sans grand génie.

1723. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Platon raconte que les statues de Dédale gesticulaient dans les ténèbres, étaient volontaires, et résistaient à leur maître, et qu’il fallait les attacher pour qu’elles ne s’en allassent pas. […] comment pouvez-vous retourner à ces jougs où vous étiez attachés ?

1724. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Des plantes aux animaux le passage n’est point subit et brusque ; on trouve dans la mer des êtres dont on douterait si ce sont des animaux ou des plantes ; ils sont adhérens aux autres corps, et beaucoup ne peuvent être détachés sans périr des corps auxquels ils sont attachés. » Et il cite, parmi ces êtres ambigus, les pinnes, les solens, les orties de mer, surtout les éponges. […] Outre le petit traité qu’il a composé sur cette matière, il a, dans l’Histoire des animaux, plusieurs observations dont l’exactitude peut être contestée, mais qui prouvent l’importance qu’il attachait à ce genre de questions.

1725. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Il attache des petites femmes à sa grosse corde et les conduit à la mort. […] Certes l’Académie Française paraissait mieux désignée pour connaître des talents nouveaux que certains groupements mondains ou politiques, et nous devons constater pourtant que le public attache plus d’intérêt à ces couronnes récentes qu’à celles que distribue l’institut.

1726. (1926) L’esprit contre la raison

Ces représentations très visuelles, voire stéréotypées, de l’envol léger de l’esprit loin de la maison-raison, rustaude et massive, attachée à la glèbe, reprennent l’opposition du titre au moment où l’on croyait s’être définitivement éloigné du sujet. […] Du premier coup, la preuve venait d’être faite que toute poésie est une révolution en ce qu’elle brise les chaînes qui attachent l’homme au rocher conventionnel.

1727. (1903) La renaissance classique pp. -

La grande beauté leur est à jamais fermée, — cette beauté dont un Virgile ou un Flaubert fut épris, cet art classique enfin qui, négligeant l’apparence de l’accident, ne s’attache qu’à la réalité substantielle des choses et les fixe en quelque sorte sous leur aspect d’éternité. […] Mais pour ceux-là qui veulent renouer la tradition classique, il est des raisons peut-être plus pressantes de rester attachés de tout leur cœur au symbole de la Patrie.

1728. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

On dit qu’il est toujours également facile, faible, rempli de puérilités, trop attaché à la table, trop renfermé.

1729. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Il semble même accorder volontiers à ceux de ses lecteurs qui ne se plaisent point à un endroit du livre de courir à un autre, et de jouer du pouce comme il dit ; tout cela est vrai, et cependant si l’on chemine avec lui et si l’on s’attache à sa suite, on est dédommagé, on a mieux que des faits originaux et singuliers, on rencontre de belles, d’admirables scènes.

1730. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Après s’être attaché d’abord à l’électeur de Brandebourg dont il commanda l’armée, il lia partie avec le prince d’Orange, l’accompagna dans son expédition d’Angleterre, l’y soutint de son épée, et ne périt que dans la victoire, après avoir tout fait pour lui assurer la couronne. « Ne trouvez-vous pas bien extraordinaire, disait Louis XIV au duc de Villeroi, que M. de Schomberg, qui est né Allemand, se soit fait naturaliser Hollandais, Anglais, Français et Portugais ? 

1731. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Je ne m’attacherai qu’aux circonstances principales où il se dessine avec toute son originalité et son caractère.

1732. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Jung s’est attaché d’abord, et avec un esprit de critique précise et rigoureuse, à bien déterminer, dans cette quantité de dépêches et de pièces diverses, celles qui peuvent être considérées avec quelque certitude comme étant directement de la main ou de la dictée de Henri IV, et non point de la rédaction de ses secrétaires.

1733. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

C’est assez, et il ne faut pas attacher des commentaires trop longs à cet esprit si rapide et tout de rencontre.

1734. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Félix Clément, dans un choix qu’il vient de publier des anciens chants chrétiens antérieurs à l’époque de la Renaissance (Carmina e poetis christianis excerpta, 1854), s’est attaché à faire connaître les auteurs de ces hymnes et de ces prières empreintes d’une originalité singulière et souvent touchante jusque dans leur rudesse ou leur subtilité.

1735. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Ce pauvre garçon s’attachait aux lieux où il passait quand ils lui plaisaient.

1736. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Il y épousa la fille de l’intendant de la duchesse d’Angoulême, et s’attacha dès lors à cette princesse, qui était de Bourgogne et née de La Guiche ; il eut un pied à la Cour.

1737. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Frédéric n’est pas tel envers son frère ; il l’aime, il s’impatiente (après en avoir souffert) de son système compassé de froideur et de bouderie ; il ne demanderait pas mieux que de se l’attacher, et il se donne de la peine pour y parvenir ; il le flattera même par moments et le caressera d’exquises louanges.

1738. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

La vertu qui lui manque, c’est de n’avoir pas appris que la première condition pour bien vivre est de savoir porter l’ennui, cette privation confuse, l’absence d’une vie plus agréable et plus conforme à nos goûts ; c’est de ne pas savoir se résigner tout bas sans rien faire paraître, de ne pas se créer à elle-même, soit dans l’amour de son enfant, soit dans une action utile sur ceux qui l’entourent, un emploi de son activité, une attache, un préservatif, un but.

1739. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Attachée au duc d’Orléans par une amitié qui survivait à un premier sentiment déjà entièrement éteint, elle nous montre d’abord la Révolution presque uniquement par ce côté du Palais-Royal et de Monceaux.

1740. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Et si l’on regarde à la nature des méchants propos qui sont restés attachés au nom de cette dame, on admire la délicatesse du peintre d’avoir ainsi loué une femme qui avait eu les plus odieux démêlés avec son mari et qui avait été chansonnée.

1741. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Elle s’attache à définir la résignation chrétienne dans les caractères qui lui sont propres, à la distinguer du fatalisme des Musulmans, du quiétisme des Hindous, à la suivre dans ses applications diverses et les plus délicates.

1742. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Nous regardons présentement, la reine et moi, tant que nous voulons, par une fenêtre qui n’a de vue que sur un grand jardin d’un couvent de religieuses qu’on appelle l’Incarnation, et qui est attaché au palais.

1743. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Mme de Staël se l’était attaché à titre de précepteur de ses enfants ; mais Schlegel, qui avait ses travers, affectait devant le monde de n’être auprès d’elle que sur le pied d’un ami. « Schlegel, écrivait-elle dans un moment d’épanchement, a des défauts qui me cachent quelquefois ses vertus. » Témoin journalier de l’humeur et même des ridicules de Schlegel (car il en avait qui sautaient aux yeux), Bonstetten disait plus gaiement et en y mettant moins de façon : « Les jours où Schlegel n’est pas gentil, il est impitoyablement fouetté, et le plus joli, c’est que Mme de Staël se charge elle-même de la punition ; alors elle a trois fois plus d’esprit. » Quoi qu’il en ait pu être de ces petites querelles amusantes, Schlegel lui fut, pendant des années, du plus grand usage par ses qualités, par son savoir ingénieux et profond.

1744. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Racine a beau faire, son père sera toujours un grand homme. » C’est un mot de Voltaire, et ces mots-là, quand vous les avez une fois entendus, vous restent attachés comme une flèche.

1745. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Les invités et les convives, c’étaient Antony Deschamps, Alfred de Wailly, Nisard, le lauréat de la Sainte-Barbe-Nicolle, dès lors attaché au journal et qui devait y rendre d’actifs services dans les deux années suivantes. — Vous n’en étiez pas, je dois le dire, ni vous, Sacy, ni vous-même, Saint-Marc Girardin, déjà pourtant si remarqués au journal et si en crédit ; mais on se méfia un peu ce jour-là et de votre bon sens classique et de votre gaieté railleuse. — Je n’oublierai point, parmi les personnes présentes, une habituée et une amie de la maison, Mme de Bawr, l’auteur d’une jolie pièce de théâtre et d’agréables romans.

1746. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Les envieux s’attachent à la peau restée sur le chemin et s’y logent, tandis que le serpent a déjà fait peau neuve et brillante, et qu’il continue de se dérouler au soleil.

1747. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Si vous voulez nous attacher, peignez-nous nos semblables ou nos analogues ; cherchez bien, et vous en trouverez, même là-bas.

1748. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Par Agathias (Hist.V) nous savons que Paul, « issu de parents haut placés et riche fils de « famille, s’était de bonne heure livré à l’étude et à l’éloquence, et par « son mérite personnel avait accru la renommée qui s’attachait à « son origine. » — Par Paul (Anthologie), nous savons qu’Agathias était légiste ; par Michel Scholasticus (ibid), qu’il cultivait l’éloquence comme son ami.

1749. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Rousset, n’ont de valeur que par le sens qu’on y attache.

1750. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Il s’est donc attaché à notre grand tragique, et il s’est complu à démontrer en lui une âme et une intelligence essentiellement historique, pleine de prévisions et de divinations : non qu’il ait jamais supposé que le vieux poète, en s’attaquant successivement aux divers points de l’histoire romaine pendant une si longue série de siècles, depuis Horace et la fondation de la République jusqu’à l’Empire d’Orient et aux invasions d’Attila, ait eu l’idée préconçue d’écrire un cours régulier d’histoire ; mais le critique était dans son droit et dans le vrai en faisant remarquer toutefois le singulier enchaînement qu’offre en ce sens l’œuvre dramatique de Corneille, et en relevant dans chacune de ses pièces historiques, même dans celles qu’on relit le moins et qu’on est dans l’habitude de dédaigner le plus, des passages étonnants, des pensées et des tirades dignes d’un esprit politique, véritablement romain.

1751. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Le Roy, le veneur ordinaire, un La Bruyère à cheval : « Né avec un goût vif pour les femmes, nous dit-il du roi, des principes de religion, et plus encore beaucoup de timidité naturelle, l’avaient tenu attaché à la reine, dont il avait eu déjà huit ou dix enfants.

1752. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Guizot se prononce décisivement en faveur de celles-ci : « Pour moi, dit-il, arrivé au terme d’une longue vie pleine de travail, de réflexions et d’épreuves, d’épreuves dans la pensée comme dans l’action, je demeure convaincu que les dogmes chrétiens sont les légitimes et efficaces solutions des problèmes religieux naturels que l’homme porte en lui-même, et auxquels il ne saurait échapper. » L’auteur, ou plutôt le penseur chrétien, ne s’arrête point, dans les Méditations qu’il nous offre aujourd’hui, à ce qui divise entre eux les chrétiens des diverses communions ; il ne s’attache en ce moment qu’aux dogmes fondamentaux dont la suite exacte et l’enchaînement satisfait aux doutes qui agitent l’âme humaine, dès qu’elle se recueille et s’interroge à la manière de Pascal.

1753. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Je suis loin de croire, à l’exemple de quelques éloquents philosophes ou orateurs, que dans une grande âme tout est grand ; il y a souvent bien du mélange : mais je dis en même temps qu’il y a dans toute organisation de génie une résultante totale qui se dégage et à laquelle il faut s’attacher.

1754. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Il est d’avis de ne pas s’arrêter sans doute à l’orthographe impertinente de Ramus, mais aussi de ne pas s’asservir à l’ancienne orthographe, « qui s’attache superstitieusement à toutes les lettres tirées des langues dont la nôtre a pris ses mots » ; il propose un juste milieu : ne pas revenir à cette ancienne orthographe surchargée de lettres qui ne se prononcent pas, mais suivre l’usage constant et retenir les restes de l’origine et les vestiges de l’antiquité autant que l’usage le permettra.

1755. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Si un tel spectacle attache fortement l’imagination, si l’on se plaît à retrouver dans la succession de l’espace ce qui semble n’appartenir qu’à la succession des temps, il faut se résoudre à ne voir que très peu de liens sociaux, nul caractère commun parmi des hommes qui semblent si peu appartenir à la même association. » S’il né semblait puéril et bien ingénu de prendre Talleyrand par le côté littéraire, on aurait à noter encore ce qui suit immédiatement, ces deux portraits de mœurs, le Bûcheron américain, le Pêcheur américain.

1756. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Aussi me suis-je attaché, et je crois y avoir réussi, à faire une description avant tout exacte.

1757. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Les penseurs, repoussés de toutes parts par la folie de l’esprit de parti, s’attachent à ces études ; et comme la puissance de la raison est toujours la même, à quelque objet qu’elle s’applique, l’esprit humain qui serait peut-être menacé d’une longue décadence, s’il n’avait eu que les querelles des factions pour aliment, l’esprit humain se conserve par les sciences exactes, jusqu’à ce que l’on puisse appliquer de nouveau la force de la pensée aux objets qui intéressent la gloire et le bonheur des sociétés.

1758. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

. — Une petite fille de deux ans et demi avait au cou une médaille bénite ; on lui avait dit : « C’est le bon Dieu », et elle répétait : « C’est le bo Du. » Un jour, assise sur les genoux de son oncle, elle lui prend son lorgnon et dit : « C’est le bo Du de mon oncle. » Il est clair qu’involontairement et naturellement elle avait fabriqué une classe d’individus pour laquelle nous n’avons pas de nom, celle des petits objets ronds, munis d’une queue, percés d’un trou et attachés au col par un cordon, qu’une tendance distincte, correspondante à ces quatre caractères généraux et que nous n’éprouvons point, s’était formée et agissait en elle. — Un an plus tard, la même enfant, à qui l’on faisait nommer toutes les parties du visage, disait, après un peu d’hésitation, en touchant ses paupières : « Ça, c’est les toiles des yeux. » — Un petit garçon d’un an avait voyagé plusieurs fois en chemin de fer.

1759. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Au lieu de les employer comme moyens d’où résulte la forme expressive et belle, l’idée d’agrément et de beauté s’attache à leur observance même ; un sec formalisme s’impose à la littérature, par une méprise analogue à celle de certains dévots qui croient gagner le ciel par des formules verbales et des actes physiques, sans l’élan du cœur et sans l’amour.

1760. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

De là la médiocre profondeur de son observation psychologique : le réaliste qui s’attache à garder aux choses extérieures tous les accidents de leur individualité, est forcé de se tenir aux vérités moyennes de la vie de l’âme.

1761. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

« Il était laid, nous dit un contemporain628 : sa taille ne présentait qu’un ensemble de contours massifs ; quand la vue s’attachait sur son visage, elle ne supportait qu’avec répugnance le teint gravé, olivâtre, les joues sillonnées de coutures ; l’œil s’enfonçant sous un haut sourcil, … la bouche irrégulièrement fendue ; enfin toute cette tête disproportionnée que portait une large poitrine… Sa voix n’était pas moins âpre que ses traits, et le reste d’une accentuation méridionale l’affectait encore ; mais il élevait cette voix, d’abord traînante et entrecoupée, peu à peu soutenue par les inflexions de l’esprit et du savoir, et tout à coup montait avec une souple mobilité au ton plein, varié, majestueux des pensées que développait son zèle. » Et Lemercier nous montre « les gestes prononcés et rares, le port altier » de Mirabeau, « le feu de ses regards, le tressaillement des muscles de son front, de sa face émue et pantelante ».

1762. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Pour se faire scientifique, elle n’a eu qu’à se pénétrer d’érudition : à mesure que s’imposait le document, à mesure que la critique des sources et des témoignages se faisait plus rigoureuse, à mesure aussi que les ambitions se restreignaient, que se passait la mode des conceptions universelles et des symboles immenses, les historiens, ne prétendant qu’à faire fonction d’historiens, s’attachèrent à reproduire exactement, par une recherche minutieuse, l’enchaînement des faits, à en définir le caractère et la signification.

1763. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

L’influence de la terre, la douceur des choses, les parfums, la beauté de la nature et la beauté des corps, les brises attiédies du soir y conseillent si clairement et si invinciblement l’amour qu’elles l’absolvent par là même et qu’on ne songe point à y attacher une idée de souillure.

1764. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

En dépit de Voltaire qui les tenait pour dûment esclaves, de la politique qui prescrivait, dans l’intérêt des colonies, « de ne pas affaiblir l’état d’humiliation attaché à leur espèce94 », la France, persuadée par Buffon, y reconnaissait des hommes, et, dès la quatrième séance des états généraux, un La Rochefoucauld invitait l’assemblée à prendre en considération la liberté des noirs.

1765. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Celui-ci va donc profiter de l’ardeur et de la conviction qui s’attachent au premier.

1766. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

D’un air de n’attacher aucune importance aux choses tristes qu’il disait, il me conta qu’il avait assez longtemps vécu très malheureux à Londres, pauvre professeur de français, qu’il avait beaucoup souffert dans l’énorme ville indifférente, de l’isolement et de la pénurie, et d’une maladie, comme de langueur, qui l’avait, pour un temps, rendu incapable d’application intellectuelle et de volonté littéraire.

1767. (1890) L’avenir de la science « V »

La question de l’avenir des religions doit donc être résolue diversement, suivant le sens qu’on attache à ce mot.

1768. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Les types à la Franklin, les hommes d’ici-bas (tout ce qu’il y a au monde de plus athée) sont souvent les plus étroitement attachés aux formules.

1769. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Tout le but de cette exposition esthétique, c’est de montrer « que l’harmonie est l’âme de l’art. » Pour cela, il faut s’attacher particulièrement aux deux sens esthétiques.

1770. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Le dogme n’envahit pas tout l’espace : on peul, avec ce port d’attache, voyager sur un large océan et dans l’abîme même du port on fait parfois des découvertes.

1771. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Dans l’éloge de Portal, voulant faire allusion au charlatanisme si connu dont ce médecin avait usé d’abord pour se mettre en renom, Pariset, après l’avoir couronné de tous les éloges, ajoute à la fin que « son seul tort, peut-être, a été, dans ses premières années, de prendre l’avenir en défiance, de ne pas croire à l’effet naturel de ses talents, et d’avoir voulu attacher des ailes à sa fortune ».

1772. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Pour réparer son échec de Pologne, il prend le parti de s’attacher entièrement aux jeunes princes de Vendôme, et s’insinue si bien par son esprit, qu’il devient le maître absolu de leurs affaires, l’intendant et l’arbitre de leurs plaisirs.

1773. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Après l’avoir peint dans son costume ordinaire, avec ses bottes de velours, son habit de drap bleu, et avoir décrit ainsi sa tête : « Sa chevelure, artistement relevée et contournée par le fer des coiffeurs sur les tempes, se renfermait derrière la nuque dans un ruban de soie noire flottant sur son collet » (ce qui, sans périphrase, veut dire qu’il avait une queue) ; après avoir ajouté, en parlant toujours de sa tête : « Elle était poudrée à blanc à la mode de nos pères, et cachait ainsi la blancheur de l’âge sous la neige artificielle de la toilette », le peintre en vient au caractère de la personne et au visage : On eût dit que le temps, l’exil, les fatigues, les infirmités, l’obésité lourde de sa nature, ne s’étaient attachés aux pieds et au tronc que pour faire mieux ressortir l’éternelle et vigoureuse jeunesse du visage.

1774. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Vous n’aurez pas de peine à croire qu’il y en a eu de bien penauds ; mais je suis bien aise qu’ils voient que je ne suis pas si dupe qu’ils s’étaient imaginé, et que le meilleur parti est de s’attacher à moi.

1775. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

[NdA] Dans ce même discours, Portalis, tout religieux qu’il est, explique en partie par l’amour-propre le triomphe du christianisme dès son origine : « Les préceptes de l’Évangile, dit-il, notifièrent la vraie morale à l’univers ; ses dogmes firent éprouver aux peuples devenus chrétiens la satisfaction d’avoir été assez éclairés pour adopter une religion qui vengeait en quelque sorte la divinité et l’esprit humain de l’espèce d’humiliation attachée aux superstitions grossières des peuples idolâtres » — Rapprocher cette explication de celle que donne Volney dans son Voyage en Égypte et en Syrie à propos des religieux du mont Sinaï et du discours que lui tient l’un d’eux sur les mobiles de leur vocation. — Ici Portalis et Volney, en les serrant de très près, se touchent.

1776. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Témoin de cette affluence publique qui dura plusieurs jours et qui ne se ralentit que lorsqu’on sut le blessé hors de danger, il m’a toujours semblé que Carrel, au lendemain de sa guérison, avait un autre rôle à prendre que celui de la veille, un rôle dans lequel il aurait tenu compte de l’importance même que les honnêtes gens de tout bord attachaient à sa conservation.

1777. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Ce qu’il faut rappeler à l’honneur de la reine Marguerite, c’est son esprit, c’est son talent de bien dire, c’est ce qu’on lit à son sujet dans les Mémoires du cardinal de Richelieu : « Elle était le refuge des hommes de lettres, aimait à les entendre parler ; sa table en était toujours environnée, et elle apprit tant en leur conversation qu’elle parlait mieux que femme de son temps, et écrivit plus élégamment que la condition ordinaire de son sexe ne portait. » C’est par là, c’est par quelques pages exquises qui sont une date de la langue, qu’elle est entrée à son tour dans l’histoire littéraire, ce noble refuge de tant de naufrages, et qu’un rayon dernier et durable s’attache à son nom.

1778. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Regnard, pour attacher sa vie et jeter plus sûrement cette ancre dont il a parlé et qui devait le retenir doucement au rivage, avait acheté la charge de lieutenant des eaux et forêts et des chasses de Dourdan, à onze lieues de Paris, et en même temps il acheta, dans le voisinage de cette petite ville, la terre de Grillon, dont le château est situé dans un vallon agréable entre deux forêts.

1779. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

C’est à cause de ce malentendu que le parti de la révolution s’est toujours attaché si énergiquement à la centralisation et à l’omnipotence de l’État.

1780. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Chez nous, par exemple, dès le moment où le tiers-état a commencé à se soustraire à la féodalité, c’est-à-dire vers le temps des croisades, il a commencé à être la nation même ; car la noblesse n’a plus eu qu’un ministère à l’égard de la société, c’est-à-dire un service public à accomplir : des honneurs sans doute étaient attachés à ce service public, mais enfin la nation tout entière marchait dans la direction progressive dont nous venons de parler.

1781. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

« Le crustacé s’entourait d’un squelette extérieur, — reprend Michelet, — le poisson se le fait au centre, sur l’axe où les nerfs, les muscles, tout organe viendra s’attacher. » Fantasque invention au rebours du bon sens, mais qui constitue le poisson, l’animal supérieur, la merveille !

1782. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Je comprends que l’audace juvénile de ces artistes, la nouveauté de leurs moyens d’exécution, leur sincère ardeur, la nouveauté et l’élévation des sujets auxquels ils s’attachèrent, la fraîcheur du coloris de quelques-uns d’entre eux vis-à-vis du morne poncif académique, aient pu faire illusion et donner l’espoir d’une vigoureuse renaissance.

1783. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Je ne vois plus de fluide, de monade, de mystère, mais seulement deux ordres de faits : un fait principal, le mouvement de destruction et de rénovation qu’on nomme vie ; des faits subordonnés, les fonctions et la structure qui rend ces fonctions possibles ; un rapport, la nécessité qui attache ces faits subordonnés au fait principal.

1784. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

La IXe Symphonie de Beethoven sort du cadre convenu, et c’est là ce qui avait choqué certains auditeurs de la première heure, en particulier les musiciens professionnels, trop servilement attachés aux formules antérieures et incapables par là même, — comme le sont trop souvent, hélas ! […] Il s’attache trop à transmettre les procédés et trop peu à stimuler les facultés créatrices. […] Quand le musicien traduit trop littéralement le sens des paroles, s’il s’attache trop étroitement à formuler sa musique d’après les paroles ou les actes auxquels elle s’ajoute, il fait fausse route, il fait parler aux sons un langage qui n’est pas le leur. […] Non moins variée est la signification qui s’attache à ces mélismes, dont le sens, en apparence indéfinissable, n’est pas cependant plus fugitif que celui des syllabes identiques, quoique autrement disposées, qui entrent dans la composition de toutes les langues connues. […] Mais, en dépit de la haute autorité qui s’attache à tout ce que pense et écrit un musicien de la valeur de M. 

1785. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

La Bretagne était entrée au xviiie  siècle en pleine culture française : Duclos et Maupertuis sont des écrivains français dont nous savons, sans y attacher d’importance, qu’ils sont nés en Bretagne. […] On attachera peu d’importance aux écrits historiques, qu’il a dictés à Sainte-Hélène expressément pour la postérité. […] Pendant dix ans, ayant Coppet pour port d’attache, instituant à Coppet le salon de l’Europe et regrettant toujours devant le lac désert le ruisseau de la rue du Bac, elle mène une vie de voyages, véhémente, inquiète, déçue. […] À cette importance française et weimarienne, de la question du théâtre, répond naturellement l’importance staëlienne attachée à tout ce qui concerne la vie de société. […] La Bouteille à la mer est le poème de l’entreprise humaine en tant qu’elle s’attache à ce qu’il y a de plus immatériel et qu’elle vit et meurt pour les idées.

1786. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Comme si leurs souffrances, en tant que femmes, les avaient affranchies de ce lien de la pesanteur qui attache les hommes à la terre, elles s’élèvent par leur propre poids, pour ainsi dire, vers la céleste demeure, sans ailes et sans anges qui les supportent et les aident à monter. […] n’y a-t-il donc pas une vérité à laquelle je puisse m’attacher ? […] je ne me suis attaché à rien d’éternel.

1787. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Le second est un sculpteur, le troisième un marbrier tumulaire, le quatrième un attaché aux Pompes funèbres. […] Si un sénateur a les opinions de ses appointements, mon jeune ami *** est attaché aux d’Orléans, parce qu’il a une sorte de promesse d’être quelque chose, s’ils reviennent. […] Mme Du Deffand dit quelque part, qu’il n’y a que deux personnes qui lui soient attachées : d’Alembert et sa femme de chambre… Oh !

1788. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Ses sonnets, il y en a de pires, son épopée, je n’en parle pas, parce que si je ne l’aime pas ce n’est pas une raison pour en dégoûter les autres, et aussi parce que je n’y attache point une extrême importance. […] Il y a un poème auquel il dut attacher de l’importance, car il le publia à part, c’est une Marie-Madeleine, contée selon l’imagerie populaire et comme un conte tout moderne, avec un Christ apparaissant, comme Uhde, le peintre bavarois, en peignit dans des intérieurs modernes d’ouvriers et de paysans, tout près, il est vrai, d’Oberammergau. […] Rimbaud n’y attache pas d’autre importance, puisqu’on ne retrouve plus de notations selon cette théorie dans ses autres écrits. […] Il faut dire que ce ne fut pas tout à fait la faute du public, beaucoup de jeunes artistes qui suivaient assez inconsidérément le mouvement nouveau, et qui étaient surtout sensibles à ses audaces qui furent, pour le symbolisme, ce que furent pour le romantisme ses truculences, attachèrent eux-mêmes un sens trop capital à ce sonnet et s’en firent candidement une esthétique. […] L’artiste, évidemment, se rangera à la théorie de l’art pour l’art, qui lui évite des mouvements inutiles, des efforts disparates, et il aura volontiers confiance aux purs savants pour délimiter les détails de l’existence des sociétés, attaché qu’il est à la contemplation des ressorts principaux.

1789. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Jal s’est fait commander par son ministre de la marine (appointements courants, sans doute), pour aller reconnaître l’oxydev d’une boucle d’airain scellée dans une pierre du quai extérieur de Gênes, et à laquelle il ne serait pas impossible que Christophe Colomb eût pu attacher la barque non pontée, dans laquelle il est parti de premier lieu, pour aller découvrir l’Amérique. […] Jal est allé jusqu’à Naples, et ses deux volumes concluent que, si Colomb n’a point attaché sa barque à cet anneau de bronze, il a incontestablement dû passer devant lui en quittant le fond du port. […] À Paris, si un écrivain est attaché d’une façon un peu apparente à un journal politique, ou à un recueil littéraire, sa position s’établit ; on le connaît. […] Dans cette nouvelle carrière qu’il franchissait au passage, il ne courait risque que de forger de nouvelles armes pour la critique, sans espoir d’attacher, même par le succès un nouvel éclat à son nom.

1790. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

On ne saurait attacher trop d’attention à ces impressions qui se sont fait sentir à nos premières années, qui ont façonné notre âme. […] C’est elle qui est l’ouvrière de la beauté, elle à qui nous devons les jouissances mêmes de cette vie ; car ces jouissances, si nous nous y attachons avec tant d’âpreté, c’est parce que nous savons qu’elles sont brèves et qu’elles vont nous échapper. […] Victor Hugo va les trouver dans ce jardin des Feuillantines, un jardin de couvent abandonné, où s’était établie la famille Hugo ; jardin plein de vieux arbres, de jeunes fleurs, auxquels le poète est resté plus tard toujours reconnaissant, et auxquels l’enfant était d’autant plus attaché qu’il craignait sans cesse qu’on vînt l’arracher à ce jardin. […] Et je n’attache pas plus d’importance qu’il n’en faut au pays d’origine d’un écrivain : deux écrivains peuvent être nés dans le même pays ou dans la même ville, et être extrêmement différents, ou même n’avoir entre eux aucun point commun.

1791. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Toujours elle portait un petit châle, attaché aux épaules par des épingles, et un serre-tête blanc bordé d’une auréole tuyautée. […] On avait réuni là les meilleurs restes de l’ancienne aisance : de gros meubles de style Empire, tous de l’acajou le plus foncé, des rideaux de lampas, d’un rouge presque noir, des coussins à bandes de tapisserie, la précieuse garniture de cheminée, lapis et or, et toutes les épaves où s’attachaient des souvenirs. […] Le souvenir de la pendule, à laquelle j’étais censée voir l’heure, est resté attaché à celui de cette grave méditation. […] L’une tenait une lanterne, au-dessus de la citerne, l’autre s’efforçait, avec des traits crispés, d’attacher une corde à l’anse d’un panier. […] Quand nous partons, pour nous accompagner un peu, la Chérie fait un bout de toilette ; elle met son auréole tuyautée, attache, sur ses épaules, un châle à franges…, et je reconnais le cher petit châle vert à palmes, qui a été teint en noir et où les dessins ne sont plus visibles… Et, tout à coup, je me souviens de la noce de Marie où, à cette même place, le petit châle vert, dans toute sa fraîcheur, fit sa première apparition… J’ai le cœur serré par un regret poignant.

1792. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

« Le style est l’homme même » est un propos de naturaliste, qui sait que le chant des oiseaux est déterminé par la forme de leur bec, l’attache de leur langue, le diamètre de leur gorge, la capacité de leurs poumons. […] Que l’on prenne le discours préliminaire des « Vies des Saints Pères des déserts », d’Arnaud d’Andilly ; on y verra tous les artifices de la rhétorique pieuse : « La sainte et bienheureuse retraite où il a plu à Dieu de m’appeler par son infinie miséricorde — les délices saintes — les grands prodiges — les plus fidèles serviteurs — les âmes si pieuses — ces belles vies — les plus célèbres auteurs — ferventes prières — puissantes exhortations » — et pendant de longues pages mornes chaque substantif malingre est attaché à son tuteur par un brin d’osier pourri ! […] Albalat donne le texte des éditions de Buffon ; voici celui du manuscrit de Bexon ; ainsi, on pourra faire une comparaison divertissante, sans recourir aux originaux : « Rien n’égale la vivacité des oiseaux-mouches, si ce n’est leur courage ou plutôt leur audace : on les voit poursuivre avec furie des oiseaux infiniment plus gros qu’eux, s’attacher à leur corps et, se laissant emporter par leur vol, les becqueter à coups redoublés, jusqu’à ce qu’ils aient assouvi leur petite colère. […] Mais la stylisation du lys est vraiment trop rudimentaire ; la tige, avec le relief si caractéristique de l’attache des feuilles tombées, ce chevelu trop vivant, ces feuilles trop naturelles, tout cela donne une impression de plante métallisée. […] Nul n’a jamais proféré : « Les grands manœuvres, une aide commissaire, une garde de Paris. » En ces mots comme en cornette, trompette, le genre est attaché non au mot lui-même, mais à l’idée que le mot évoque.

1793. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Ou sont-ils attachés à elle, dévots et curieux ? […] Vous vous attachez à l’histoire des aimables Jacquemer : soudain, voici l’histoire du pauvre Le Jas ; et vous lui accordez votre sympathie. […] Pourquoi donc s’étonne-t-il de nous voir attachés à une ancienne idée de la mort ? […] — sans maison et sans aucune attache dans la vie. […] Plus il était fécond et capable d’enchanter l’avenir, plus l’avenir les a respectés et plus ces pierres bâties demeurent énergiquement attachées à la terre.

1794. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Il ne dira pas de bien soit des protestants zélés, plus attachés que lui à la cause des Églises et à l’esprit religionnaire, soit des catholiques devenus royalistes à leur corps défendant, soit du tiers parti et de ces hommes politiques qui « nagent tant qu’ils peuvent », dit-il, « entre deux eaux », Villeroi, Jeannin.

1795. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Selon Gibbon, les Géorgiques de Virgile ont eu un grand à-propos sous Auguste, un but politique et patriotique mêlé à leur charme : il s’agissait d’apprivoiser aux travaux de la paix et d’attacher à la culture des champs des soldats vétérans devenus possesseurs de terres, et qui, avec leurs habitudes de licence, avaient quelque peine à s’y enchaîner : « Qu’y avait-il de plus assorti à la douce politique d’Auguste, que d’employer les chants harmonieux de son ami (son ami est une expression un peu jeune et un peu tendre) pour les réconcilier à leur nouvel état ?

1796. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Le premier mot, qui est emphatique, promet plus qu’il ne tient : « J’ai vécu, je voudrais être utile à ceux qui ont à vivre. » L’auteur, après quelques généralités assez vagues, s’attache, dans son examen des mœurs, à celles de notre nation, et particulièrement à celles de la société de Paris : « C’est dans Paris qu’il faut considérer le Français parce qu’il y est plus Français qu’ailleurs. » Il va parler de ce qu’il sait le mieux et de ce qui lui donnera le moins de peine.

1797. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Cet éloge funèbre du Grand Condé, dont Mme de Sévigné a esquissé une vive analyse dans une lettre à Bussy et dont elle se disait transportée, est d’un caractère à part et garde encore l’empreinte morale de la manière de Bourdaloue ; il laisse la vie glorieuse et mondaine du prince, ou plutôt, dans cette vie, il ne s’attache qu’à son cœur, à ce qui s’y conserve d’intègre, de droit, de fidèle, jusque dans ses infidélités envers son roi et envers son Dieu, et il va dégageant de plus en plus cette partie pure, héroïque et chrétienne, jusqu’à ce qu’il la considère en plein dans la maturité finale et un peu tardive de ses dernières années.

1798. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Il arrive que ce petit Julien, être sensible, passionné, nerveux, ambitieux, ayant tous les vices d’esprit d’un Jean-Jacques enfant, nourrissant l’envie du pauvre contre le riche et du protégé contre le puissant, s’insinue, se fait aimer de la mère, ne s’attache en rien aux enfants, et ne vise bientôt qu’à une seule chose, faire acte de force et de vengeance par vanité et par orgueil en tourmentant cette pauvre femme qu’il séduit et qu’il n’aime pas, et en déshonorant ce mari qu’il a en haine comme son supérieur.

1799. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Le seul défaut que j’y relèverai, c’est que le sage rapporteur n’y marque pas assez ce qui fut le charme et l’enchantement dans la manière du nouvel écrivain, ce par quoi il a fait avènement à son heure, et qu’il ne nous dit pas assez nettement ce qu’il faut toujours dire et proclamer à la vue des génies, même incomplets et mélangés : « La veille, il y avait un être de moins au monde ; le lendemain, il y a une création de plus. » De tout ce qu’on vient de lire il résulte, ce me semble, que si l’on veut considérer la littérature dite de l’Empire dans ses productions les plus saines, les plus honorables, on ne court aucun risque de s’attacher à M. 

1800. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Je sais qu’il y a eu de mauvaises langues jusque dans l’Antiquité qui ont médit de cet enthousiasme du philosophe pour Hermias, mais je ne m’attache ici qu’au souffle et à l’âme de sa poésie.

1801. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

L’Huillier était un autre lui-même, s’attacha à donner à son fils la meilleure éducation ; Chapelle étudia au collège des jésuites de la rue Saint-Jacques, où il rencontra Bernier et Molière, et il introduisit auprès de Gassendi ces deux condisciples : tous trois profitèrent diversement des leçons particulières du philosophe, mais ils en restèrent marqués.

1802. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

toi dont je sens le bras, ce vingtième hiver, étroitement attaché au mien, avec un plaisir tel que peut seule l’inspirer une tendresse fondée sur une longue expérience de ton mérite et de tes essentielles vertus, — je te prends à témoin d’une joie que tu as doublée depuis si longtemps !

1803. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Parcourant dans le plus grand détail le cercle entier des études, depuis les classes les plus humbles jusqu’à celles de rhétorique et de logique, il s’attache à exposer dans quel esprit, dans quelle mesure chaque ordre d’enseignement doit être dirigé et distribué.

1804. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Ne lui demandons point d’ailleurs un idéal qui n’est pas son fait, — ni le véritable idéal qui ennoblit la condition humaine et cherche à lui donner toute la beauté dont on la croit susceptible à de certaines heures, — ni ce faux idéal qui ne s’attache qu’aux apparences et qui se prend aux illusions ou ne songe qu’à s’en décorer.

1805. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Il n’en est pas de même des sentiments qui m’attachent à vous.

1806. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Je marcherai le regard attaché sur ces douces formes, et je passerai sans ressentir aucun froissement.

1807. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

A vrai dire, Boileau a raconté la chose aussi bien, aussi élégamment qu’un fait d’armes aussi compliqué peut se décrire en vers ; mais comme on a toujours affaire à des moqueurs, il n’a pas assez songé au parti qu’on tirerait contre son héros de cet éloge un peu fastueux où il l’a représenté comme inactif et immobile : « Louis, les animant du feu de son courage, Se plaint de sa grandeur qui l’attache au rivage. » Boileau, sans le vouloir, a porté par là préjudice à Louis XIV devant la postérité.

1808. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Chassang, dans le Mémoire devenu tout un livre qu’il a composé à ce sujet et que l’Académie des inscriptions a couronné, s’attache, avec sa sûreté de critique, avec la science dont il use et dispose en maître, à suivre, à démêler et à démasquer le roman sous toutes les formes mythiques, historiques, allégoriques, morales, sous lesquelles il se glissait : la Cyropédie de Xénophon était déjà un roman qui tenait du Télémaque ; l’Atlantide de Platon n’était qu’une fiction de Salente, plus idéale et plus grandiose.

1809. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Il ne manquerait cependant à l’oisiveté du sage qu’un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille, s’appelât travailler. » Il se flatte aujourd’hui d’avoir à peu près réalisé ce plan qu’il s’était proposé, d’avoir vécu en sage et en philosophe, étranger à ce qu’on appelle succès, indifférent à ce qu’on appelle gloire, et de s’être uniquement « attaché, en cultivant les lettres, à mettre en jeu les ressources de son intelligence, dans l’espoir de prendre une idée de l’ensemble des choses de ce monde où il ne fera que passer, et de purifier, autant qu’il est possible, son esprit et son âme par la méditation et l’étude. » Ce sont ses propres termes, et je n’ai pas voulu affaiblir l’expression de cette satisfaction élevée ; mais il est résulté de cette conscience habituelle de sa propre sagesse et de cette confiance tranquille en soi, qu’il a été enclin à voir les autres plus fous ou plus sots qu’ils n’étaient peut-être ; il se disait, en les écoutant, en les voyant animés de passions diverses : « Est-il possible que tous ces gens-là ne soient point raisonnables et sages comme moi-même ? 

1810. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Après une vie assez errante à l’étranger où il fut attaché d’abord à l’ambassade devienne, puis à l’éducation du duc de Parme, revenu à Paris et très mêlé aux Encyclopédistes, il portait dans cette société si tranchée d’opinion et si mordante d’accent une âme timide, craintive, rongée de scrupules.

1811. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Aussi l’impopularité du Clergé vers 1827 était-elle au comble ; ce siècle qui, à son aurore, avait applaudi et tressailli de joie à la restauration du culte, en était revenu à la haine du prêtre ; l’insulte s’attachait à l’habit90.

1812. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

L’idée du scandale attaché à son nom a pu en détourner jusqu’ici, je le conçois, les esprits sérieux ; on aurait tort pourtant de trop céder à ce scrupule.

1813. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Le nom de Denain, attaché à celui de Villars, ne fait que représenter et couronner les services des trois campagnes précédentes, méritoires et sans éclat.

1814. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Le rejeton de vieille race était attaché à ses rochers.

1815. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Il avait des guêtres, des souliers tout ronds, une longue rapière et un rabat sale, attaché par deux bouts de fil.

1816. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Lui, la force et la grandeur lui vont, et il s’y attache avec une visible complaisance.

1817. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Necker et le gagner à cette combinaison, prouvent toute la vivacité de son attache pour Brienne (19 août 1788) : « Je crains bien, dit-elle, que M. 

1818. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

C’est ce diadème doublé d’épines que, dans tout portrait fidèle, il faut lui voir nuit et jour attaché au front.

1819. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Les Touâreg du Sud, appartenant à l’Afrique centrale, ont été l’objet il y a quelques années, d’une exploration attentive de la part du docteur Barth, de Berlin, que notre jeune homme appelle « son savant ami et protecteur », et dont il s’attache à suivre la trace et les méthodes dans sa courageuse entreprise23.

1820. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Au commencement du siècle, l’art allemand du moyen âge fut en quelque sorte découvert, éclairé, restitué, grâce à de beaux travaux d’archéologie auxquels les frères Boisserée de Cologne attachèrent leur nom.

1821. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Jasmin a déjà eu à subir l’espèce de tentation nouvelle qui s’attache inévitablement au succès ; on lui a conseillé de venir à Paris, tout comme à M.

1822. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Il s’attache particulièrement à ces poëtes si mal famés de la littérature Louis XIII, Saint-Amant, le vieux Colletet, Cyrano, Scudéry, Scarron ; tous ensemble, ils paraissent se grouper assez bien autour du poëte Théophile, que son très-piquant et très-amusant homonyme s’efforce de réhabiliter (si le mot n’est pas trop solennel), et sur le compte duquel il s’étend avec verve, boutade et complaisance.

1823. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Elle arrange un peu les choses et explique son malheur à sa manière dans ses lettres à Mme Swetchine. » On n’a plus à espérer de voir rien paraître des autres productions inédites de Mme de Duras, auxquelles elle attachait pourtant bien du prix, dont elle avait par son testament désigné l’éditeur, et que la circonspection excessive de la famille a retenues assez longtemps pour que l’heure de les publier soit passée : les ouvrages d’esprit ont aussi leur saison.

1824. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Sa tête, mutilée et attachée à une pique par les vivandiers et les valets d’armée devant le tombeau de Patrobius, affranchi de Néron, puni par Galba, fut recueillie le jour suivant et réunie aux cendres de son corps déjà brûlé. » Quelle tragédie !

1825. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Et Boileau, voyez-le tailler, rogner, changer, abréger son Longin, sans autre loi que son goût et le désir d’éviter de la peine à son lecteur, écartant les « antiquailles » (entendez ce qui suppose une teinture d’histoire ou d’archéologie), supprimant ce qui est « entièrement attaché à la langue grecque » (entendez ce qui suppose la connaissance du grec), substituant, dans une citation de Sapho, un « frisson » à une « sueur froide », parce que « le mot de sueur en français ne peut jamais être agréable, et laisse une vilaine idée à l’esprit ».

1826. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Il ne fallait pas non plus s’arrêter aux surfaces, au décor de l’histoire : un imagier, comme M. de Barante, qui ne s’attache qu’à reproduire l’éclat extérieur de la narration des vieux chroniqueurs et qui étale aux yeux comme une suite magnifique de tapisseries à sujets historiques, manque au devoir essentiel de l’historien.

1827. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Mais laissons les formules qu’il attache comme des étiquettes sur chaque paquet de satires.

1828. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Enfin, comme c’est par l’accroissement de leur propre puissance qu’ils cherchent le bien spirituel des âmes, il leur arrive, à leur insu, de s’attacher au moyen plus qu’à la fin et de ne pas paraître entièrement désintéressés.

1829. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Il y a donc encore du respect en France, et quelque attache au passé, à la tradition.

1830. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Grandsire lui suggéra l’expédient de la tutelle officieuse ; tout individu, âgé de plus de cinquante ans, peut s’attacher un mineur de moins de quinze ans, etc… Il fut convenu qu’ils conféreraient ensuite l’adoption à leur pupille par voie testamentaire, etc… M. 

1831. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Évidemment sa personne, son talent, l’intérêt qui s’y attachait, n’avaient rien perdu, et l’on était plutôt disposé à lui passer désormais quelque chose d’extraordinaire.

1832. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

L’enfance des deux jumeaux est retracée d’une adorable façon : celui qui est censé l’aîné, Sylvinet, s’annonce de bonne heure comme le plus touchant, le plus sensible ; il a plus d’attache, Landry a plus de courage.

1833. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Pourtant, une juste reconnaissance doit s’attacher à leurs noms.

1834. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Dans l’explication de lui que nous lisons dans ce volume, et par laquelle il s’attache à réduire ces expressions mystiques et légèrement étranges à leur juste valeur, je suis frappé d’un tour habituel qui a déjà été remarqué, et qui est un trait du caractère de Fénelon.

1835. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

La mission de Voltaire, à ce moment, était de naturaliser en France les idées anglaises, les principes philosophiques qu’il avait puisés dans la lecture de Locke, dans la société de Bolingbroke ; mais surtout, ayant apprécié la solidité et l’immensité de la découverte de Newton, et rougissant de voir la France encore amusée à de vains systèmes, tandis que la pleine lumière régnait ailleurs, il s’attacha à propager la vraie doctrine de la connaissance du monde, à laquelle il mêlait des idées de déisme philosophique.

1836. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Il attachait la plus grande importance à cette façon de baptiser son monde ; il attribuait, d’après Sterne, aux noms propres une certaine puissance occulte en harmonie ou en ironie avec les caractères.

1837. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Je ne m’attacherai point à le rendre uniforme ; j’aurai toujours celui qui me viendra, j’en changerai selon mon humeur, sans scrupule ; je dirai chaque chose comme je la sens, comme je la vois, sans recherche, sans gêne, sans m’embarrasser de la bigarrure.

1838. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Un haut et tendre épicuréisme y respire, celui d’un Lucrèce parlant à son ami : Je compatis au malheur qui vous est arrivé de perdre une personne à laquelle vous vous étiez attaché.

1839. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Puis, passant du service militaire dans la diplomatie, on le voit attaché au baron de Breteuil en qualité de secrétaire.

1840. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Marie-Françoise-Sophie Nichault de Lavalette, née à Paris, le 1er juillet 1776, d’un père homme de finances, attaché à la maison de Monsieur (depuis Louis XVIII), et d’une mère très belle, dont la ressemblance avec Mlle Contat était frappante, reçut une très bonne éducation, une instruction très soignée, et se fit remarquer tout enfant par la gaieté piquante et la promptitude de ses reparties.

1841. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

On la lui offrait plus forte ; il crut devoir la réduire lui-même à ce chiffre modique, ne voulant y voir et y laisser subsister que la légère attache de l’obligation et du bienfait.

1842. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Vous n’ignorez pas, monsieur, que je m’occupe de ces études uniquement par goût, ou, pour mieux dire, par boutades et quand je n’ai point d’autre fantaisie ; que je n’y attache nulle importance et n’en tire nul profit ; que jamais on n’a vu mon nom en tête d’aucun livre… On entrevoit ici non seulement l’indépendance et le caprice, mais un peu la prétention et le travers.

1843. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Au point de vue physiologique, l’opposition actuelle des émotions et des représentations s’explique par ce fait que les représentations sont attachées à des organes déterminés, tandis que le plaisir et la douleur sont généralement produits par une stimulation et un surcroît de vie qui tend à se répandre dans l’organisme entier : c’est un phénomène qui correspond à la diffusion des courants nerveux en un sens favorable ou contraire à nos organes.

1844. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

J’ai senti qu’un lien, parfois desserré, mais inextricablement noué, nous attachait secrètement l’un à l’autre.

1845. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Les innovateurs scrupuleux de l’antique ont sans cesse les yeux attachés sur le phénomène, mais aucun d’eux n’en a la raison.

1846. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Il fit donc rendre un édit dès le commencement de son regne par le cardinal Jean-Baptiste Spinola, camerlingue du saint siege, qui défend à tous les proprietaires des lieux où l’on aura trouvé quelques vestiges de peinture antique, de démolir la maçonnerie où elles seroient attachées, sans une permission expresse.

1847. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Il faut que celle-ci attache son pagne de la main gauche et reste assise jusqu’à ce que l’amant soit rentré chez lui.

1848. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Il aime sa mère et honore son père mais est moins fortement attaché à ses frère et sœur en ce sens que son affection pour ceux-ci peut plus aisément s’affaiblir par suite des constants froissements du contact quotidien.

1849. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Attachés, ils secouent leurs attaches, et c’est leur manière de les secouer qui prouve leur grandeur et leur force.

1850. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Systématique et gouverné, très habile et sûr de lui-même, comme un tireur au pistolet qui met dans l’as de pique ou mouche une chandelle à trente pas, il n’aura pourtant avec ses livres, sans entrailles, sans chaleur, sans aucune de ces choses qui s’attachent généreusement et passionnément à l’âme des hommes, que tiré, toute sa vie, des coups de pistolet littéraires.

1851. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Or, malgré des qualités indéniables, malgré le bruit qui s’est attaché aux Histoires de Jacques II et de Guillaume III, en Angleterre et en Europe, ce n’est pas l’historien qui, dans l’avenir, aux yeux des connaisseurs, sera le plus élevé des deux.

1852. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Celui-ci, ayant son siège au groupe des brancardiers divisionnaires, ne peut joindre qu’avec peine des hommes trop nombreux disséminés sur un réseau trop étendu, mais lui, qui est attaché au groupe des brancardiers du bataillon, il circule dans les tranchées et vit familièrement avec ses frères d’armes.‌

1853. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Elle n’y prenait pas une place à part ; elle n’avait pas su attacher aux traditions religieuses et aux fêtes nationales quelques empreintes immortelles d’imagination et d’art, ; elle n’était pas entrée dans la vie des Romains, moins poétique et moins libre que celle des Grecs : et, si elle s’était mêlée parfois à ces œuvres artificielles du théâtre que Rome victorieuse chercha comme une distraction, elle n’avait eu, sous cette forme, qu’un rôle secondaire, dont le cadre même devenait difficile et rare sous le pouvoir absolu d’Auguste.

1854. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Son enthousiasme avait résisté à bien des attentats couverts du nom de liberté : ses malédictions s’attachèrent aux tentatives des coalisés contre la France et surtout à l’alliance de l’Angleterre avec l’impure et despotique souveraine de la Russie.

1855. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

En province surtout, où les longs loisirs amènent les longues rêveries, où les femmes, pourvu qu’elles aient quelque élégance de sentiments ou d’idées, quelque penchant ou quelque prétention poétique, sont si aisément portées à se croire incomprises, à chercher en dehors du cercle étroit de la vie commune une pâture à leurs romanesques songeries, madame de Mortsauf a été et peut être encore une patronne, un type auquel s’attachent les cœurs à la fois irrités et fiers de leurs secrètes blessures, prêts à voir un Félix de Vandenesse dans le premier parleur de poésie qui flattera leur chimère et leur orgueil. […] Les écrivains, avant d’exercer cet enseignement mondain et littéraire de la science sociale, économique et politique, n’avaient point passé par les affaires ; ils n’en connaissaient pas les difficultés matérielles, les rouages compliqués, les périls et les sacrifices attachés aux changements les plus spécieux, aux améliorations les plus désirables. […] Pourtant ne chicanons pas trop l’éminent écrivain, et ne nous plaignons pas de voir les penseurs rester attachés à ce que la pensée humaine peut concevoir, dans l’ordre politique, de plus généreux et de plus grand. […] Eh bien, ç’a été la force du christianisme naissant, que ce mélange de faiblesses et d’erreurs attachées aux conditions mêmes de notre nature ne fit que l’activer et l’affermir : c’est le triomphe de cette même vérité, aux temps d’examen et de critique historique, que tout ce que la science y découvre d’imparfait et d’humain à son origine n’en démontre qu’avec plus d’éclat la divinité et c’est l’honneur du livre de M.  […] Depuis quelque temps, une école s’est formée, qui s’attache à retrancher de nos livres saints tout leur côté surnaturel et divin, à faire de l’Ancien Testament et de l’Évangile quelque chose de pareil à un chapitre d’un Quinte-Curce juif ou d’un Tite-Live chrétien, revu et corrigé, à deux mille ans de distance, par des glossateurs sceptiques.

1856. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Cette évolution ou ce mouvement des lois du théâtre à travers, le temps, c’est ce que j’essayerai, c’est ce que je m’attacherai surtout à suivre dans ces conférences. […] Mais tout à l’heure, attachez-vous, je vous le demande, à suivre le dessin de ce style, et admirez-en l’aisance dans la précision, la facilité spirituelle, l’élégance et la solidité. […] On s’amusait soi-même de ses propres inventions, sans y attacher autrement d’importance, et l’amour-propre ou la vanité d’auteur y étaient seuls en jeu. […] Attachez-y, Messieurs, votre attention tout à l’heure, et, dès les premières scènes, admirez comment tous les personnages y sont posés, ou, pour mieux dire peut-être, déshabillés en quatre vers : Elmire, la belle indifférente, et sans doute la femme du monde qui aime le moins son mari ; — Marianne, une Agnès moins rusée, plus naïve, plus honnête, la plus moutonnière, je pense, des jeunes filles de Molière ; — Damis, un « vrai jeune homme », bien autrement vivant que l’Horace de l’École des femmes, et qui ne parle que de casser des vitres ou de rompre des reins ; — Mme Pernelle, la grand-mère confite en l’aigreur de sa dévotion, obstinée, radoteuse, acariâtre ; — Cléante, l’honnête homme, le raisonneur ; — et Dorine, la suivante maîtresse… Observez également de quels traits ils sont peints, familiers et caractéristiques, de quel coup de brosse large et précis, en action, dans les occupations, et comme qui dirait dans le train de leur vie quotidienne : Madame, là-haut, dans son salon ou plutôt dans sa ruelle, recevant ses visites ; — Orgon, vaquant à ses affaires ; — Laurent même, le valet de Tartufe, roulant ses yeux ronds et farouches ; — et enfin, à son tour, assis au haut bout de la table, et tandis qu’Orgon le couve des yeux « comme on ferait une maîtresse », qu’Elmire se plaint de sa migraine, que Marianne étudie les fleurs de son assiette, que Damis coule des regards furibonds vers Dorine, qui les sert, le « monstre lui-même », Tartufe, l’oreille rouge et le teint « bien fleuri », mangeant et buvant, lui tout seul « comme six » ; et mangeant quoi ? […] Je demeurai plus de vingt-quatre heures la bouche attachée sur le visage et sur les mains de ma chère Manon.

1857. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Attachée à la vie comme une enfant qu’elle était, emportée comme une Espagnole, mais généreuse et compatissante, Térésa Cabarrus n’usa de son influence sur Tallien, que pour faire donner des fêtes ridicules et inoffensives, ou pour adoucir le caractère farouche du conventionnel. […] Ce musicien qui savait autre chose que de la musique et dont les études sur Molière sont encore appréciées, n’attachait de prix, dit-il quelque part, qu’à ses œuvres provençales. […] La malencontreuse idée qu’ont eue les naturalistes, de ne s’attacher qu’à écrire et à raconter de vilaines choses, fausse les idées de la masse, qui ne peut voir l’art en eux, elle qui ne le voit en rien. […] Cette persistance à faire du localisme envers et contre tous, cette opiniâtreté à s’attacher au réel, n’étaient pas, d’ailleurs, les seules maladresses par lesquelles ce contempteur de la gloire repoussait les douceurs de la popularité. Né d’une famille attachée au prétendant, M. 

1858. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Je m’attacherai surtout à mettre trois points en lumière. […] Mais ce qui distingue bien plus profondément encore sa pratique ou sa critique de celle de Ronsard, c’est le prix qu’il attache à la forme ; et dont on ne saurait assurément le blâmer, dans une langue où, comme dans la nôtre, il n’y a pas de différence essentielle entre le vocabulaire de la prose et celui de la poésie. […] Sur la question de forme, en effet, et sur le prix qu’il y attachait, comment les Précieux l’eussent-ils pu contredire ? […] Ce sont les délassements d’un homme d’infiniment d’esprit, mais de moins de goût peut-être ; j’entends d’un goût peu sûr ; et qui ne m’a pas l’air d’attacher lui-même une grande importance aux jolies choses qu’il nous dit, D’ailleurs il ne me paraît pas qu’on l’ait beaucoup lu, ni que ses idées aient beaucoup agi. […] C’est à la différence qu’il s’attache ; et, ce qu’il peut y avoir dans son histoire ou dans ses sentiments de semblable ou d’analogue à ceux de tout le monde, c’est justement, en nous les racontant, ce qu’il en élimine. « Renversement du pour au contre », aurait pu dire ici Pascal.

1859. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

S’attacher à, &c. […] Ainsi par accident les Grammairiens entendent une propriété, qui, à la vérité, est attachée au mot, mais qui n’entre point dans la définition essentielle du mot ; car de ce qu’un mot sera primitif ou qu’il sera dérivé, simple ou composé, il n’en sera pas moins un terme ayant une signification. […] Cette préposition entre aussi dans la composition de plusieurs mots, tant en Latin qu’en François ; amare, aimer, adamare, aimer fort ; addition, donner, adonner ; on écrivoit autrefois addonner, s’appliquer à, s’attacher, se livrer : cet homme est adonné au vin., au jeu, &c. […] Il est évident que nous ne considérons même alors ces qualités qu’entant qu’elles sont attachées à quelque substance ou suppôt : le beau, c’est-à-dire, ce qui est beau ; le vrai, c’est-à-dire, ce qui est vrai, &c. […] Ainsi l’on dit ce chien est un animal bien attaché à son maître, ce lion est un animal féroce, &c.

1860. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

De Profundis Ce titre doit être traduit littéralement et non pris dans le sens tout à fait macabre et lettre de faire-part qu’on y attache en ce Paris peu latiniste. […] Leur cœur s’attachait de préférence aux nobles lignes que les beaux éphèbes déployaient dans les exercices du gymnase. […] À leur proie attachés. La tension du style est attachée à la tension de l’action, et il est évident que la poésie elle-même débarrassée d’ornements parasites, et tendant vers la fin prochaine, contracte quelque raideur et quelque inévitable sécheresse à chercher cette grande précision. […] Il nous faut donc accorder plus de crédit, témoigner plus de reconnaissance à Racine qu’à tout autre dramaturge français digne de ce nom (je fais allusion à Corneille, Rotrou, parfois Crébillon l’aîné, même Voltaire) pour l’intérêt, l’amusement même, si j’ose ainsi m’exprimer, dignes d’un lettré, qui nous attachent à la forme sévère du drame français d’il y a plus d’un ou de deux siècles.

1861. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Puis, au fond c’est trop grand, trop immense, et il y a trop de choses, et l’attention, comme diffuse, ne s’attache à rien. […] Ces manœuvres, aperçues d’un plateau un peu élevé, me font l’effet de rangées de petits soldats de plomb, que je verrais comme d’un ballon captif… C’est amusant par exemple, la vie, l’animation données par les manœuvres dans les villages, et les hommes et les femmes sur le pas des portes, et les enfants, les yeux ardents… Au retour, les jolis croquis pour un peintre : l’envahissement des cafés de village, les consommateurs, en l’effarement des servantes, allant eux-mêmes chercher au cellier, le vin, la bière, et l’encombrement de la rue par les voitures qui n’ont plus de place dans les écuries, par des chevaux attachés à un volet, et au milieu de la bousculade et du brouhaha, le défilé des soldats, des cavaliers couverts de poussière. […] Mais alors bientôt sur un roman qui prendra à partie la corporation des huissiers, l’auteur sera poursuivi sur la demande du ministre de la Justice ; sur un roman qui prendra à partie les attachés d’ambassade, l’auteur sera poursuivi à la demande du ministère des Affaires Étrangères ; sur un roman qui prendra à partie les maîtres d’école, l’auteur sera poursuivi à la demande du ministre de l’Instruction publique, etc., et ce sera ainsi pour tout roman, mettant à nu les canailleries d’un corps, car tous les corps de l’État appartiennent à un ministère.

1862. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Dans cet opuscule aride, je m’attache à distinguer avec netteté l’essence de la prose et celle des vers, parce que nos présents réformateurs me semblent faire de la prose sans le savoir, et j’explique de mon mieux la genèse de la versification française par la loi physiologique du moindre effort appliqué à l’acoustique du langage rythmé ; ce qui ne laisse aucune part à l’arbitraire, dans la constitution du vers. […] Le fond de ma pensée, c’est que ce sont là questions menues et auxquelles on attache trop d’importance. […] On se rue à des disputes byzantines, on s’attache aux futilités verbales, au lieu de se pencher sur les idées éternelles.

1863. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

La hantise de cette décadence était attachée, à elle, devenue presque une souffrance physique. […] Par exemple, s’il lui avait fallu dire comment il avait traversé tout ce beau monde tassé, comment il n’avait pas trébuché sur les marches, comment il avait pu regagner sa place, la croix attachée à sa redingote, la fameuse redingote faite exprès, il aurait été absolument incapable de l’expliquer. […] Quand je me suis à peu près attaché à l’une d’elles, je m’amuse à découvrir et à examiner tout ce qui m’en détache avec une curiosité de chimiste qui s’empoisonne pour expérimenter des venins. […] Au moment où les aides attachaient M. de Louverchal sur la planchette, Samson, qui s’était approché, sentit une main chercher la sienne, la saisir, malgré les liens des poignets, et la serrer fortement. […] L’estime particulière que m’a inspirée cet officier distingué, la confiance que j’ai dans son énergie et ses talents, me font attacher du prix au succès de mes sollicitations.

1864. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Elle ne ressemble guère à un dialogue de Platon, qui ne bafouait pas Socrate et s’attachait d’abord à exposer aussi complètement et aussi sérieusement que possible ses idées maîtresses. […] Prétendre substituer ces influences à celles de Chateaubriand et de Mme de Staël, n’est-ce point avouer qu’on n’attache guère d’importance qu’à la technique du vers ? […] Il est capable de variété et surtout d’abondance, mais très attaché à certains thèmes fondamentaux et à certaines allures caractéristiques. […] Un vif intérêt s’attache à tout ce qu’a produit cet écrivain subtil, souvent un peu quintessencié, mais toujours original. […] N’attache pas ton cœur à ce qui est passager… Si tu en as le pouvoir, sois généreux comme le palmier, et si tu en es empêché, sois libre comme le cyprès !

1865. (1896) Études et portraits littéraires

Lourde, la prose de Barbey d’Aurevilly… Ouvrez, pour voir, un de ces volumes et regardez comme ces feuilles volantes, attachées d’un fil, frémissent, prêtes encore à voler, aussi vives, aussi jeunes que lorsqu’elles furent jetées au vent, voici trente, quarante ans et plus. […] Venons-y de suite et attachons-nous à l’œuvre maîtresse, celle où Lesage a versé le meilleur de lui-même, fond premier et acquis, esprit, observation et style ; sans compter que l’auteur dramatique s’y montre à l’égal du romancier. […] Décrivant à merveille les organes, leurs points d’attache, leurs appartenances, ils ont fait de la géographie, disait Claude Bernard, qui répétait volontiers aussi le mot de son maître Méry : « Ce sont des commissionnaires qui courent les rues ; les maisons leur sont fermées, et ce qui s’y passe est un secret pour eux. » À peine meilleur, du reste, a été le succès des physiologistes. […] Cela suppose une certaine idée de l’homme, distincte de toute autre, de celle de l’animal, par exemple, et j’y ai attaché une signification de dignité, de noblesse, d’excellence. […] Point de lignes qui se continuent ; des entrelacs qui à peine se soudent, des guirlandes attachées d’une faveur, des grappes d’amour qui s’égrènent… Mais comment les Provinciales se sont-elles égarées en cette compagnie frivole ?

1866. (1888) Études sur le XIXe siècle

Avant de mourir, je vais protester contre cette invention de la faiblesse et de la vulgarité, et prier mes lecteurs de s’attacher à détruire mes observations et mes raisonnements plutôt que d’accuser mes maladies. » Si Leopardi, qui passait sa vie à se regarder penser, a vu juste en lui-même sur ce point important, c’est ce que nous allons rechercher en reprenant, aidés des documents nouveaux, encore une fois, le problème. […] À la fin, pour ne pas avoir l’air d’un ours, je fis observer que les peintres actuels semblaient attacher une grande importance à l’étude d’après nature. […] Rossetti a ce trait commun avec les grands peintres de la Renaissance italienne, qu’il s’attache plus à la peinture de l’homme qu’à celle de la nature. […] Il est plus imaginatif qu’eux, il attache plus d’importance à la représentation figurée de la pensée qu’à la pensée elle-même. […] L’homme seul lui paraît digne d’intérêt, et, quand il dresse un paysage autour de l’homme, il le fait d’une façon qui rappelle celle des peintres primitifs, les espaces à peine entrevus, les squelettes d’arbre dont l’ombre grêle ne cache jamais rien du visage… N’est-il pas plaisant de constater cette indifférence pour le monde matériel chez un écrivain auquel on a attaché l’étiquette de réaliste ?

1867. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

De plus, quelque prix qu’on attache à la modernité de l’expression, et avec raison sans doute, il faut encore en user avec tact et jugement. […] Elle ne s’attacha à aucun parti déterminé. […] La déesse, dont il est aimé, lui donne, au moment où il va livrer bataille aux Romains, un haubert magique auquel est attaché un étrange destin  : celui qui le portera sera invulnérable, mais il causera la perte de son pays. […] « Tout inspire la crainte, tout est sombre. » Point de brillante fantaisie autour des souvenirs qui s’attachent aux montagnes. […] Un intérêt particulier s’attache naturellement à l’œuvre de M. 

1868. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

C’est à lui que je m’attacherai aujourd’hui, moins encore au savant qu’à l’homme ; moi, le dernier venu et le plus indigne de sa postérité directe, je veux gagner mon titre d’héritier et lui consacrer, à lui le grand sceptique, cet article tout pieux, au moins en ce sens-là. […] Naudé s’attacha à ce cardinal, et le suivit en Italie à la fin de 1630 ou au commencement de 1631 ; il y resta onze années pleines, n’étant revenu à Paris qu’en mars 1642, pour y être bibliothécaire de Richelieu, puis de Mazarin.

1869. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Des valets de garde-robe apportent le reste de l’habillement ; le grand maître de garde-robe passe au roi la veste et le justaucorps, lui attache le cordon bleu, lui agrafe l’épée ; puis un valet préposé aux cravates en apporte plusieurs dans une corbeille, et le maître de garde-robe met au roi celle que le roi choisit. […] Sauf en quelques maisons princières, il n’est pas grand en meubles de campagne : on laisse cet étalage aux financiers. « Mais il est prodigieux en toutes les choses qui peuvent donner des jouissances à autrui, en chevaux, en voitures, en tables ouvertes, en logements donnés à des gens qui ne sont point attachés à la maison, en loges aux spectacles qu’on prête à ses amis, enfin en domestiques beaucoup plus nombreux qu’aujourd’hui. » — Par ce frottement mutuel et continu, les nobles les plus rustiques perdent la rouille qui encroûte encore leurs pareils d’Allemagne ou d’Angleterre.

1870. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Volpone sort déguisé, s’attache tour à tour à chacun d’eux, et achève de leur briser le cœur. […] Un sot prodigue, Asotus, veut devenir homme de cour et de belles manières ; il prend pour maître Amorphus, voyageur pédant, expert en galanterie, qui, à l’en croire lui-même, « est d’une essence sublime et raffinée par les voyages, qui le premier a enrichi son pays des véritables lois du duel, dont les nerfs optiques ont bu la quintessence de la beauté dans quelque cent soixante-dix-huit cours souveraines, et ont été gratifiés par l’amour de trois cent quarante-cinq dames, toutes de naissance noble, sinon royale ; si heureux en toute chose que l’admiration semble attacher ses baisers sur lui166. » Asotus apprend à cette bonne école la langue de la cour, se munit comme les autres de calembours, de jurons savants et de métaphores ; il lâche coup sur coup des tirades alambiquées, et imite convenablement les grimaces et le style tourmenté de ses maîtres.

1871. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Les seuls complices de ce meurtre furent les exécuteurs ; et ce sont précisément ces exécuteurs qui en ont accusé sa main pour masquer leur main : mais ce sang, qu’on s’efforce vainement de laver sur leurs noms, s’y attachera comme une éternelle vengeance. […] Les adulateurs du maître du monde ont rejeté sur ce ministre la réprobation universelle qui s’est attachée à la conception et à la conduite de l’affaire d’Espagne.

1872. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Le lien le plus intime m’attache depuis un demi-siècle au grand-duc, avec lui j’ai pendant un demi-siècle lutté et travaillé, et je mentirais si je disais que je sais un seul jour où le grand-duc n’a pas pensé à faire, à exécuter quelque chose qui ne serve pas au bien du pays, et qui ne soit pas calculé pour améliorer le sort de chaque individu. […] Le bras gauche, qui soutient l’arc, doit rester bien tendu sans bouger ; le droit, qui tire la corde, ne doit pas être moins fort ; les pieds, les cuisses, pour servir de base solide à la partie supérieure du corps, s’attachent avec énergie au sol ; l’œil, qui vise, les muscles du cou et de la nuque, tout est en activité et dans toute sa tension.

1873. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Par la suite des âges, un pouvoir pareil de signification émotionnelle s’attacha aux syllabes des mots : c’est un progrès tout comparable à celui de la musique pure, qui, d’abord, fut la mélodie, valant par les seuls rythmes et mouvements, et qui fut enfin l’harmonie, où chaque note (accord) acquit une force spéciale et propre d’émotion. […] Or, pour la rapidité de notre parole, nous avons atténué extrêmement cette vision du sens attaché aux mots.

1874. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Callias, il nous le montre sale, dégoûtant, comme si on l’avait ramassé dans le ruisseau, ivre à tomber, et cependant se tenant par la force de la volonté, en équilibre sur le bord du trottoir, sans jamais dévaler sur la chaussée, et toujours occupé à attacher à sa boutonnière une fleur fanée, un brin de verdure, un légume ramassé dans les ordures. […] Le jeune Benedetti qui a passé deux ans au Brésil, comme attaché à la légation, vient s’asseoir à côté de moi, et se met à causer de la fièvre jaune, de cette épouvantable maladie, qui lors même qu’elle n’est plus épidémique, ne continue pas moins d’enlever à Buenos-Ayres, tous les jours, au moins vingt-cinq personnes.

1875. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Ajoutons qu’un poète pindarique ne s’attache, par l’instinct même de son génie, qu’à chanter des choses grandes, permanentes, éternelles s’il le peut, des choses supérieures aux lieux, aux temps, aux mobiles opinions des hommes, aux passions variables et fugitives des partis et des factions, des choses, en un mot, aussi intéressantes et aussi vraies dans la postérité la plus reculée qu’aujourd’hui. […] Cela se conçoit ; on s’attache à ce que l’on fréquente.

1876. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Cependant au bout d’un quart d’heure, et peu de moments après que les quelques Formica flava qui étaient demeurées attachées au fragment de leur nid se furent retirées, les esclavagistes reprirent courage, revinrent chercher les nymphes et les emportèrent dans leur fourmilière. […] Je ne puis donc regarder comme impossible qu’une particularité quelconque de l’organisation soit attachée exclusivement à l’état de stérilité de certains membres des sociétés d’insectes.

1877. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Les sculptures qui sont constamment des égyptiens, c’est-à-dire, celles qui sont attachées aux bâtimens antiques de l’égypte, celles qui sont sur leurs obelisques et sur leurs mumies, n’approchent pas des sculptures faites en Grece et dans l’Italie. […] Raphaël en peignant les nopces de Psyché sur la voûte du sallon du petit farnese, a traité son sujet comme s’il étoit peint sur une tapisserie attachée à ce plafond.

1878. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Il est encore une autre espèce d’avantage qu’ils croient trouver dans ce commerce ; c’est ce qu’ils appellent considération, et qu’il ne faut pas confondre avec la réputation ; celle-ci est principalement le fruit des talents ou du savoir-faire ; celle-là est attachée au rang, à la place, aux richesses, ou en général au besoin qu’on a de ceux à qui on l’accorde. L’absence ou l’éloignement, loin d’affaiblir la réputation, lui est souvent utile ; l’autre, au contraire, toute extérieure, semble attachée à la présence.

1879. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Elle attachait un rêve à chaque coup qu’elle donnait à la pauvre feuille déchiquetée ; mais qui pouvait reconnaître, dans le travail de sa rêverie, la feuille brillante de l’arbre immortel dont on couronne le front des héros et des dieux ? […] Tous, plus ou moins, ont attaché leurs rêves à cette immense réalité de Shakespeare.

1880. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Le commerce et l’industrie d’ailleurs ne les attachaient pas exclusivement. […] Un grand nombre d’entre eux, néanmoins, parmi les moins hardis, restèrent attachés au sol, sous l’épithète trompeuse de « nouveaux convertis », attendant, en vérité, des jours meilleurs.

1881. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

En général sa méthode, ou sa tendance, consiste à montrer aux hommes que sans le savoir, ni le vouloir, ils sont extrêmement sceptiques, et beaucoup moins attachés qu’ils ne l’estiment aux croyances qu’ils aiment le plus. […] Elle n’est plus retenue même par un regret ; elle ne se sent plus attachée que par le devoir, ce dont il est facile de venir à bout. […] Il est homme du monde aimable, et même charmant, « la galanterie même auprès des femmes », dit un contemporain ; mais sans attachement durable ni profonde émotion ; « Je me suis attaché dans ma jeunesse à des femmes que j’ai cru qui m’aimaient. […] Je craignais seulement d’être égorgé cette nuit….  » 64. — Mille autres traits ; car c’est à cette idée qu’il s’attache de toutes ses forces. […] En cela, comme en autre affaire, c’est aux formes et à l’extérieur des choses qu’il s’attache.

1882. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Dans cette suite de confidences lamentables, un trait de ces lettres me fait sourire ; j’y vois comme le cachet et la couleur de l’époque, et aussi un reste de cette frivolité qui, chez Bernis, continuait encore de s’attacher même à l’homme public.

1883. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Dans ses brochures, il combat les deux unités de lieu et de temps, qui étaient encore rigoureusement recommandées ; il s’attache à montrer que pour des spectateurs qui viennent après la Révolution, après les guerres de l’Empire ; qui n’ont pas lu Quintilien, et qui ont fait la campagne de Moscou, il faut des cadres différents, et plus larges que ceux qui convenaient à la noble société de 1670.

1884. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Déjà, en 1791, à Montpellier, attaché comme commissaire des guerres à l’ordonnateur qui y résidait, il avait été incriminé pour ses relations avec le marquis de Bouzols, commandant du Languedoc, et avait eu à se défendre devant le club.

1885. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

En France, trop de science chez les femmes, et surtout l’affiche et le diplôme qui y serait attaché, nous a toujours paru contre nature : « Nous avons bien de la peine à permettre aux femmes un habit de muse, disait Ginguené en parlant de celles qui font honneur à l’Italie : comment pourrions-nous leur souffrir un bonnet de docteur ? 

1886. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Tu n’as point de somptueux atours ; tu n’as pas besoin, comme la Nuit, de relever des traits ordinaires par des grappes de diamants : une étoile ou deux luisant sur ton front te suffisent, sans compter que la lune t’appartient non moins qu’à elle, une lune modeste, non étalée d’en haut avec faste, mais attachée pourtant dans sa pleine rondeur à un pli de sa ceinture de pourpre.

1887. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

S’il n’y avait dans l’édition à laquelle est attaché le nom d’un arrière-neveu de l’auteur que des inexactitudes légères, en si grand nombre qu’elles fussent, j’aimerais à les passer sous silence : malheureusement toute la partie historique en est atteinte et compromise, ainsi qu’on va en juger.

1888. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

En paraissant attaché à Bossuet, il ne poursuivait que son propre intérêt et celui des siens.

1889. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

La Beaumelle convient de tous les avantages de M. de Voltaire, et il attaque très malignement les faiblesses et les travers dont il n’y a point de grand homme qui ne soit susceptible, mais qui, présentés par une main ennemie, forment un tableau de ridicule. » Il ne lui conteste point que ses ouvrages ne soient d’un très bel esprit, il s’attache à y relever les traits de petit esprit. « Naître avec de l’esprit, dit-il quelque part, c’est naître avec de beaux yeux.

1890. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

J’y opposerai seulement une certaine page des mémoires de Marolles où il se représente, sans y être obligé, comme singulièrement attaché à la pudeur, et n’ayant jamais manqué en rien d’essentiel aux devoirs de sa condition, et aussi cette autre page où, déplorant en 1650 la mort d’une petite fille née en son logis et sœur des deux autres personnes dont parle Jean Rou, il la regrette en des termes si touchants, si expressifs et si publics, que véritablement il ne semble pas soupçonner qu’on puisse attribuer sa douleur à un sentiment plus personnel : « Cela fait bien voir, dit-il simplement, ce que peut quelquefois la tendresse de l’innocence sur le cœur d’un philosophe quand il ne s’est pas dépouillé de toute humanité. » — Cette remarque faite pour l’acquit de ma conscience, chacun en croira pourtant ce qu’il voudra.

1891. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Mais je me sentais révolté de ces maximes, ‘ne comprenant pas comment on pouvait se parjurer ainsi, et se consacrer à Dieu, tout en restant attaché aux vanités du monde. » Cependant les impressions, une fois reçues, ne s’effacèrent point et eurent des suites.

1892. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

On conçoit que les Sahariens adorent leur pays ; que comme le Norvégien est attaché à son sol natal, à ses lacs plaintifs et à ses grandes forêts de sapins, les habitants d’une ville perdue dans une maigre oasis aux confins du désert soient fixés au sol et se sentent pris d’un grave et poignant amour pour « ce tableau ardent et inanimé, composé de soleil, d’étendue et de solitude ».

1893. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Nous n’avons dû nous attacher ici qu’au Cid connu de tous, au magnifique produit de la greffe pratiquée par Corneille sur l’arbre castillan.

1894. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Mais on veut plus, on veut un détail exact, infini ; on s’attache à certaines figures plus qu’à la marche de l’action et à l’ensemble même des choses ; on s’intéresse individuellement à ceux qui seront bientôt des victimes, et dès l’abord on épouse leur destinée.

1895. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Des mots terribles échappent de temps en temps à la plume de Marie-Thérèse, adjurant sa fille et la pressant de se corriger ; je sais qu’il n’y faut pas attacher un sens qu’ils n’ont pas et qu’ils ne pouvaient avoir au moment où elle les écrivait ; l’histoire aussi a ses superstitions rétrospectives, dont un esprit juste doit se garantir.

1896. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Nommé grand chambellan, il conserva pourtant une attache officielle, mais de pure montre.

1897. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Les matelots qui l’avaient prise en affection l’attachèrent dans les haubans : de là elle assista à la lutte.

1898. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Il s’attachait aux faits, interrogeait les voyageurs, s’enquérait des coutumes sauvages comme des anecdotes les plus civilisées ; s’intéressait à la forme d’une dague ou d’une liane, à la couleur d’un fruit, aux ingrédients d’un breuvage ; il rétrogradait sans répugnance et avec une nerveuse souplesse d’imagination aux mœurs antérieures, se faisait à volonté Espagnol, Corse, Illyrien, Africain, et de nos jours choisissait de préférence les curiosités rares, les singularités de passions, les cas étranges, débris de ces mœurs premières et qui ressortent avec le plus de saillie du milieu de notre époque blasée et nivelée ; des adultères, des duels, des coups de poignard, de bons scandales à notre morale d’étiquette.

1899. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Gresset, n’en déplaise à l’enthousiasme trop continu de son panégyriste, n’a fait dans sa vie que deux choses qui se puissent relire avec un vrai plaisir, et qui s’attacheront toujours à son nom : il a fait Vert-Vert à son moment le plus vif, et le Méchant à son moment le plus mûr.

1900. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Elle languit et s’altère avec lui ; elle a besoin de sa perfection et de sa santé et nous, qui la contemplons, nous avons beau nous attacher aux choses spirituelles, nous ne pouvons nous détacher des choses corporelles.

1901. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

La gloire anticipée et la faveur générale qui entourait le jeune Fénelon, firent craindre quelque enivrement du monde au vieil oncle, son tuteur, qui se hâta de le faire entrer dans le séminaire Saint-Sulpice, pour l’attacher au sacerdoce par des vœux.

1902. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Eugène Burnouf, s’excusant auprès des savants de donner quelques aperçus généraux, proteste qu’il ne le fait que pour le lecteur français et qu’il n’attache qu’une importance secondaire à un travail qui devra se faire plus tard, et qui, tel qu’il pourrait être fait aujourd’hui, serait nécessairement dépassé et rendu par la suite inutile.

1903. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

L’idée qu’on attache en général au mot progrès est non-seulement vague, mais erronée.

1904. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Et pas un mot de reconnaissance, pas un regard d’affection pour le pauvre homme attaché à la roue qui fait tourner son joyeux moulin !

1905. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Avant son mariage, il avait eu vers 1732, d’une dame française (Mme du Bouchet) qu’il avait rencontrée en Hollande, un fils naturel auquel il s’était attaché avec une extrême tendresse.

1906. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Marié à la fille du maréchal de Lorges, vivant vertueusement et à la fois dans le plus grand monde, il se montrait, en toute occasion, très jaloux de soutenir les prérogatives attachées au rang de duc et pair ; il s’engagea, à ce propos, dans plusieurs procès et contestations qu’il soutint avec chaleur, et qui lui donnaient, de son temps même, une légère teinte de manie et de ridicule.

1907. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Ce qui contribua beaucoup à la lui adoucir, c’est qu’il vit bientôt arriver en Angleterre la belle duchesse de Mazarin, la nièce même de celui qui était la cause première de son malheur : il s’attacha à elle et l’aima pour son esprit, pour ses qualités solides, autant que pour sa beauté.

1908. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Un homme de beaucoup d’esprit, et, ce qui vaut mieux, d’un très bon et judicieux esprit, M. de Sainte-Aulaire, a fait de cette vue l’idée principale de son Histoire de la Fronde ; il s’est attaché à en dégager en quelque sorte l’élément constitutionnel trop tôt masqué et dénaturé au gré des factions.

1909. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Le temps et l’éloignement, en éteignant les préventions, affaiblissent malheureusement aussi l’intérêt qui s’attachait à de pures questions littéraires : cet intérêt pourtant peut se retrouver, et plus durable, dans toute étude vraie qui pénètre jusqu’à l’homme.

1910. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Pellisson, qui fut un peu le Fontanes de ce temps-là, et que Louis XIV tira de la Bastille pour se l’attacher et pour en faire son rhéteur ordinaire, nous a transmis une Conversation, ou plutôt un discours qu’on recueillit au siège devant Lillep, le 23 août 1667, de la bouche même du roi.

1911. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Il n’a pas craint quelque part de comparer crûment la charge des peuples à celle des bêtes de somme, qui doit être proportionnée à leurs forces : « Il en est de même, ajoute-t-il, des subsides à l’égard des peuples ; s’ils n’étaient modérés, lors même qu’ils seraient utiles au public, ils ne laisseraient pas d’être injustes. » Dans tout ce que j’aurai à dire de Richelieu, je m’attacherai à le faire avec vérité, sans parti pris, sans idée de dénigrement : on est revenu, par expérience, de cette idée-là, qui tendait à méconnaître et à déprimer en lui l’un des plus généreux artisans de la grandeur de la France.

1912. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

En lelisant, je ne puis m’empêcher de penser à Pierre Loti : à travers ces lignes le plus souvent sèches, on entrevoit les mêmes visions qui passent dans Pêcheur d’Islande ; on devine l’inguérissable nostalgie du marin qui s’attache à chaque coin de terre où il séjourne, s’en fait une patrie, et ensuite ne se trouve plus chez lui nulle part, même au pays natal, ayant éparpillé de son cœur sur toute la surface du globe. « Le départ du Pola, qui nous laisse ici, rompt l’unique lien qui nous rattachait encore à la patrie.

1913. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Son esprit était fort peu synthétique, se déliait de ses forces, craignait les visions définies, s’attachait distinctement à ne point empêcher par des faits trop précis de s’épanouir sa sensibilité qui était extrêmement vive, douce et tendre.

1914. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Les grands seigneurs et les gentilshommes d’alors attachaient volontiers leurs noms à des fondations de cabarets.

1915. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Il observe, entr’autres, que l’auteur s’attache à décrier ce qu’il a fait briller par-tout ; le bel esprit qu’il est plus aisé de censurer que d’éviter : mais dans les défauts même de Fénélon, on reconnoît toujours sa belle ame.

1916. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Ces merveilleuses adaptations nous frappent d’étonnement dans le Pic et le Gui ; elles existent, bien que moins apparentes, dans le plus humble parasite qui s’attache aux poils d’un quadrupède ou aux plumes d’un oiseau, dans la structure du Coléoptère qui plonge sous l’eau, dans la graine ailée que la moindre brise emporte : en un mot, dans le monde organique tout entier, comme en chacun de ses détails nous voyons d’admirables harmonies.

1917. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

* * * En regard des fables — relativement rares — qui relatent les aventures d’animaux divers, il en est un grand nombre qui s’attachent avec complaisance à évoquer les tours pendables de frère lièvre à son éternelle dupe : l’hyène.

1918. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

On peut donc dire que du temps de Saint-Simon elle était d’hier… Excepté Dunois, le glorieux bâtard d’Orléans, qui fut un héros et qui racheta et effaça sa tache de bâtardise par les services qu’il rendit à la France, mais dont la postérité (la maison de Longueville) a gardé jusqu’à la dernière heure dans l’État, qu’elle n’a pas cessé de troubler, le caractère essentiel et pervers attaché à toute bâtardise, il faut descendre jusqu’à Louis XII pour trouver cette monstruosité de bâtards légitimés que Louis XIV, dans son orgueil de Nabuchodonosor, rendit plus monstrueuse encore.

1919. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Il faut s’attacher à la date de ce chapitre en le lisant.

1920. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Écrites avec pureté, et quelquefois avec une transparence colorée, ces Études, logiquement et scientifiquement sans valeur, ont des détails qui attireront, qui ont attiré déjà les esprits de peu de pensée et qui aiment l’expression partout où elle s’attache.

1921. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

, ait attaché à la tête de son livre une préface d’un ridicule à le tuer, sur le coup ?

1922. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Comment le savant ne pourrait-il se sentir solidaire du savant, attaché aux mêmes problèmes, conduit par le même espoir spirituel ?

1923. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Attaché à la psychologie, troisième fondateur de la science, auteur de descriptions abondantes, scrupuleuses et fines, il a été jeté par l’abstraction dans le chaos des notations trompeuses et des fantômes métaphysiques.

1924. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

L’orgueil cependant s’est élevé contre sa louange, lui faisant obstacle sans justice, et voulant par des bouches insensées avoir parlé, et attacher ainsi quelque tare secrète aux vertus des bons.

1925. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

De là, sans doute, l’intérêt moins grand qui s’attache au Purgatoire et au Paradis du Dante.

1926. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Son compagnon Ridley « dormit, la nuit qui précéda, aussi tranquillement que jamais en sa vie », et attaché au poteau, dit tout haut : « Père céleste, je te remercie humblement de m’avoir choisi pour être confesseur de la vérité même par ma mort. » À son tour, comme on allumait les fagots, Latimer s’écria : « Bon courage, maître Ridley, soyez homme, nous allons aujourd’hui, par la grâce de Dieu, allumer une chandelle en Angleterre, de telle sorte que, j’espère, on ne l’éteindra jamais. » Il baigna d’abord ses mains dans les flammes, et, recommandant son âme à Dieu, il mourut. […] Soudain la femme du geôlier l’éveilla, et lui apprit que c’était pour cette matinée. « Alors, dit-il, je n’ai pas besoin d’attacher mes aiguillettes. » Au milieu de la flamme, il n’avait pas l’air de souffrir. « Ses enfants étaient debout à côté de lui, le consolant ; en sorte qu’on aurait dit qu’ils le conduisaient à quelque joyeux mariage359. » — Un jeune homme de dix-neuf ans, William Hunter, apprenti chez un tisseur de soie, fut exhorté par sa mère à persévérer jusqu’au bout […] Un docteur, Leighton, est emprisonné quinze semaines dans une niche à chien, sans feu, sans toit, sans lit, aux fers ; ses cheveux et sa peau tombent, il est attaché au pilori parmi les frimas de novembre, puis fouetté, marqué au front, les oreilles coupées, le nez fendu, enfermé huit ans à la Flotte, et de là jeté dans la prison commune. […] Un jour, voyant un serpent passer sur la grand’route, il le frappa de son bâton sur le dos et l’étourdit. « Puis de mon bâton, je le forçai à ouvrir sa gueule, et lui arrachai son aiguillon avec mes doigts, action désespérée qui, si Dieu n’avait pas eu pitié de moi, m’aurait mené à ma fin412. » Dès ses premiers essais de conversion, il fut extrême dans ses émotions, et maîtrisé jusqu’au cœur par la vue des objets physiques, « adorant » le prêtre, l’office, l’autel, les vêtements. « Cette pensée était devenue si forte dans mon esprit, qu’à la seule vue d’un prêtre (si sale et débauchée que fût sa vie), je sentais mon cœur défaillir sous lui, et le vénérer, et se lier à lui ; oui, et pour l’amour que je leur portais, il me semblait que je me serais couché sous leurs pieds pour être foulé par eux, tant leur nom, leur habit, leur office m’enivraient et m’ensorcelaient413. » Déjà les idées s’attachaient à lui de cette prise invincible qui fait la monomanie ; absurdes ou non, il n’importait ; elles régnaient en lui, non par leur vérité, mais par leur présence.

1927. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Et leurs regards tranquilles auraient été sans cesse attachés sur toi, si je n’eusse craint tes dangereuses étincelles. […] Pétrarque, on le sait, était sincèrement attaché aux dogmes catholiques ; ses ouvrages philosophiques et sa correspondance ne laissent aucun doute à cet égard. […] C’est pourquoi nous trouvons qu’il a mauvaise grâce à dire qu’il n’attache aucune importance à la Dame de Lyon. […] L’invention de ce ressort, auquel on paraît attacher une si grande importance, n’appartient ni à M.  […] Tous ceux qui ont vu à l’œuvre David et Pradier savent très bien que le statuaire, en copiant le modèle, ne se croit pas obligé de construire le squelette avant d’attacher les muscles.

1928. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

En 1831, c’est-à-dire près de vingt ans avant les Lundis, Sainte-Beuve distinguait ces deux critiques dans une page connue, qui, tirée à hue et à dia par Marcel Proust et par moi, faillit nous mettre en guerre : Loin de nous, dit Sainte-Beuve, de penser que le devoir et l’office de la critique consistent uniquement à venir après les grands artistes, à suivre leurs traces lumineuses, à recueillir, à inventorier leur héritage, à orner leur monument de tout ce qui peut le faire valoir et l’éclairer… Il en est une autre, plus alerte, plus mêlée au bruit du jour et à la question vivante, plus armée en quelque sorte à la légère et donnant le signal aux esprits contemporains… Elle doit nommer ses héros, ses poètes ; elle doit s’attacher à eux de préférence, les entourer de son amour et de ses conseils, leur jeter hardiment les mots de gloire et de génie dont les assistants se scandalisent, faire honte à la médiocrité qui les coudoie, crier place autour d’eux comme le héraut d’armes, marcher devant leur char comme l’écuyer. […] Dans sa plus grande partie, la critique professionnelle est une critique de la chaire ; cette critique de la chaire a succédé à l’éloquence de la chaire, et, comme l’éloquence de la chaire, elle s’est attachée à faire de l’ordre. […] Si Taine aimait mieux les vers de Musset que les vers de Victor Hugo, la principale raison en est qu’à l’époque de Taine le public littéraire français se divisait en deux publics, dont chacun impliquait un goût différent : le public et le goût classiques, le public et le goût romantiques, Taine, que son tempérament portait vers le second, avait été, en matière de poésie, attaché au premier par son éducation normalienne. […] Nisard et Brunetière attachaient par exemple une grande importance, dans la littérature française, à la suite de la préciosité. […] La critique qui s’attache à un écrivain, qui le construit à la manière dont le peintre construit un portrait, ne pouvait travailler utilement qu’en s’installant dans sa durée, en le suivant dans la création progressive de lui-même par lui-même, en reliant par un fil les figures dissemblables qu’il a réalisées aux divers moments de la vie, de son œuvre, de son influence, de son action.

1929. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Aspasia délaissée, « marche sombre, les yeux humides et attachés sur la terre94. —  Elle ne se plaît qu’aux bois solitaires, et, quand elle voit une rive, —  toute pleine de fleurs, avec un soupir, elle dit à ses femmes, —  quelle jolie place ce serait pour y ensevelir des amants ; elle leur dit — de cueillir les fleurs et de l’en joncher comme une morte. —  Partout avec elle, elle porte sa peine, qui, comme une contagion, —  gagne tous les assistants. […] Considérez donc l’espèce ici, c’est-à-dire la race ; car les sœurs de l’Ophélia et de la Virginia de Shakspeare, de la Claire et de la Marguerite de Gœthe, de la Belvidera d’Otway, de la Paméla de Richardson, font une race à part, molles et blondes, avec des yeux bleus, d’une blancheur de lis, rougissantes, d’une délicatesse craintive, d’une douceur sérieuse, faites pour se subordonner, se plier et s’attacher. […] Pourquoi as-tu déchiré — ces cheveux bouclés où j’ai souvent attaché — des roses fraîches et des rubans, et où j’ai versé — des eaux distillées pour te parer et t’embellir, pour t’embaumer de senteurs plus douces que des bouquets un jour de noces ?

1930. (1925) Dissociations

Il est même possible que, dans l’avenir, on n’attache plus au témoignage humain une grande importance. […] Et alors pourquoi ne pas leur donner toutes facilités : cordes solidement attachées avec nœuds coulants, poisons variés et instructions sur la manière de s’en servir. […] Comme j’étais entré chez une fleuriste, je vis arriver une vieille dame qui choisit quelques brins de muguet, les attacha aussitôt à son corsage et sortit d’un pas plus léger.

1931. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Encore moins a-t-il songé à nous attacher par le charme et la variété des aventures, à nous intéresser à son héros. […] Si je m’occupais avec quelque attention des enfants, qui seuls n’avaient pas changé en gaieté, mes yeux, rencontrant ceux de madame de Couaën, constamment attachés à ces chers objets, y faisaient déborder l’amertume. […] L’empereur alors, de ses impériales mains, attacha à mon chapeau (un chapeau gris), préalablement déguisé en turban par son visir, une couple d’ornements en pierreries.

1932. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Chenavard est incapable de nier tout le bénéfice que la paresse tire du procédé qui consiste à exprimer la forme d’un objet sans la lumière diversement colorée qui s’attache à chacune de ses molécules ; seulement il prétend que ce sacrifice est glorieux et utile, et que la forme et l’idée y gagnent également. […] Le paysage Si tel assemblage d’arbres, de montagnes, d’eaux et de maisons, que nous appelons un paysage, est beau, ce n’est pas par lui-même, mais par moi, par ma grâce propre, par l’idée ou le sentiment que j’y attache. […] Ingres s’attache à lui.

1933. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Dans ces dernières années et depuis quelque temps, La Boétie a trouvé des investigateurs et des biographes qui se sont attachés particulièrement à le mettre en lumière.

1934. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Peut-être est-ce un défaut, et je le reconnais pour tel dans les occasions où le premier mouvement m’ôte le sang-froid ; mais quant à l’affection, ordinairement cela me donne joie et succès à ce que je fais ; cela peut plaire à ceux qui servent avec moi, me les attacher davantage et surtout à leur besogne.

1935. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

D’Argensen a écrit sur Cromwell de fortes pages où, en reconnaissant ses qualités, il s’attache à flétrir son hypocrisie, son machiavélisme, et ne peut se décider même à lui tenir compte des services rendus par lui à son pays : « Les hommes, dit-il, ne lui en avaient aucune obligation ; jamais homme n’a plus haï l’humanité et toute vertu gratuite. » À côté de ces pages moralement fort belles et qui méritent d’être lues telles qu’elles sont, il retombe dans des bonhomies de jugement.

1936. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Enfin il proportionne la guerre à cet échiquier nouveau, et s’attache à en ôter le dégoût aux officiers, leur donnant lui-même l’exemple de commander en personne une poignée d’hommes.

1937. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Gœthe a pensé à tout ; il a jugé d’un coup d’œil le jeune homme qui lui arrive ; il va l’essayer et se l’attacher comme auxiliaire : « Il ne faut pas que vous partiez si tôt, lui dit-il ; il faut que nous fassions plus ample connaissance. » Cette fois il paraît tout autre que la veille ; il a l’air vif et décidé comme un jeune homme.

1938. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Mais, encore une fois, je laisse l’action, très-secondaire dans le livre, je ne m’attache qu’à d’Albert, au jeune homme qu’elle rencontre et qui s’émeut d’abord à sa vue.

1939. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

. — On voit que Jean-Bon avait reçu le titre qui était ordinairement attaché à celui de préfet de l’Empire.

1940. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

S’agit-il de l’acclimatation, s’agit-il de l’agriculture et de l’élève des bestiaux, s’agit-il des haras, lisez ce qu’en écrivent journellement dans leurs rapports les administrateurs intelligents et entendus qui possèdent leur sujet ; pour moi, s’il m’arrive parfois de jeter les yeux sur ces comptes rendus, je l’avoue, ils m’attachent, ils piquent mon attention, même d’écrivain ; ils enrichissent mon vocabulaire et ma langue en même temps qu’ils m’instruisent.

1941. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Ces Annexes, que le présent biographe n’a pas dédaigné de joindre à son travail d’archives, sont curieuses ; je dirai presque qu’elles sont dignes de ce temps-ci où l’on n’oublie rien et où l’on attache une importance, parfois bien disproportionnée, à de pures vétilles, pourvu qu’elles commencent à vieillir.

1942. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Malouet. reprit la reine, n’oubliez jamais son nom. » — Ce mot mérite de rester attaché au nom de Malouet dans l’histoire.

1943. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Étienne Dolet a déjà composé en français un traité de l’Orateur ; quant à lui, Du Bellay, il va s’attacher à l’institution du Poète.

1944. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Dépose le limon qu’a soulevé l’orage ; L’abîme est loin encore, il nous faut l’oublier ; Il nous faut les douceurs d’une secrète plage : J’attache ma nacelle au tronc d’un peuplier.

1945. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Il n’en fut pas aussi satisfait que moi : la douleur aride et quelquefois rebelle du Lépreux lui paraissait, me dit-il, comme une autre lèpre qui desséchait son âme ; cet infortuné (ajoutait-il), révolté contre le sort, n’offrait guère à l’esprit que l’idée de la souffrance physique, et ne pouvait exciter que l’espèce de pitié vulgaire qui s’attache aux infirmités humaines.

1946. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Né à Paris d’un père franc-comtois, et qui fut d’abord attaché comme secrétaire et bibliothécaire à M. de Paulmy d’Argenson, M.

1947. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Je n’aurais pas fini de sitôt, si j’extrayais tout ce qui, chez lui, s’attache au souvenir et vous suit.

1948. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Mais, en ce qui concerne l’Histoire des Girondins, je ne me reproche en conscience que les cinq ou six pages que j’ai signalées ici moi-même à la vindicte des belles âmes, et je désire que ce commentaire expiatoire reste attaché au texte et fasse corps à cette édition du livre, pour prémunir les lecteurs, et surtout la jeunesse et le peuple, contre le danger de quelques sophismes qui pourraient fausser une idée dans leur esprit, ou atténuer dans leur cœur la sainte horreur de la vérité même, contre l’immoralité des moyens.

1949. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Très exactement informé, religieusement attaché à la vérité et aux documents qui la montrent, bon écrivain dont le style a de la solidité et du relief, ce clerc errant, de vie assez libre, est intraitable sur les privilèges et la mission du clergé ; c’est un de ces enfants perdus, de ces polémistes que rien n’effraie, qui, de leur autorité privée, se font défenseurs et régents de l’Église, aussi prompts à en invectiver la corruption qu’à réclamer pour elle toute la puissance : l’Eglise, de tout temps, a eu de ces serviteurs zélés, brutaux, indociles, qui la gênent, la compromettent autant qu’ils la servent, et, somme toute, lui font payer cher leurs services.

1950. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Si nous regardons seulement, la valeur intrinsèque et non l’influence, il n’y a à tenir compte que de l’œuvre profane de Marot : c’est à elle surtout qu’il faut nous attacher.

1951. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

C’est là par excellence la polémique voltairienne ; c’est à celle-là, non sans raison, que les générations suivantes, comme les contemporains, ont attaché le nom de l’homme ; c’est par elle qu’il a fait école, ou qu’il a été haï ; et c’est elle qui a été mise hors d’usage par une critique plus scientifique, plus impartiale, qu’elle avait rendue possible.

1952. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

C’est bien l’amour, l’amour des sens, ne vous déplaise, la « Vénus à sa proie attachée ».

1953. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Mais (et c’est là mon second regret) on sent trop, à certaines timidités, à certaines habiletés aussi, que l’histoire de ces princes a été écrite par leur cousin et leur héritier, qu’il leur est attaché par les liens du sang et de la reconnaissance.

1954. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Que de moyens de bon aloi pour nous attacher, nous tenir éveillés, nous surprendre !

1955. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

André Chénier est devenu païen, parce qu’il est poète, et nous le sommes un moment avec lui, parce que là où le vrai poète met son âme il y attache la nôtre.

1956. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Mais Verlaine est trop routinier : À la rime riche il s’attache.

1957. (1890) L’avenir de la science « II »

Eh bien, songez que l’humanité ne s’est jamais attachée à une façon d’envisager les choses pour la lâcher ensuite.

1958. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

En tout temps les esprits sont partagés ; en tout temps il y a des gens qui restent attachés au passé ou qui s’élancent dans l’avenir ; mais, en tout temps aussi, du conflit des opinions individuelles se dégage un courant plus fort, qui, malgré les remous et les contre-courants, entraîne la majorité de ceux qui pensent et la masse de ceux qui se reposent sur autrui de cette fatigue.

1959. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

La terreur s’attachait à ce poète terrible.

1960. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Ce qu’il y a de joli dans Le Vieux Célibataire, et de tout à fait engageant, c’est le refrain : Allons, Babet… , qui s’attache à la mémoire et qui continue longtemps de chanter en nous.

1961. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Quand une chose ou un homme lui déplaisait, ou ne valait pas la peine qu’il s’y arrêtât plus longtemps, il se détournait et portait son regard ailleurs dans ce vaste univers où il n’avait qu’à choisir ; non pas indifférent, mais non pas attaché ; curieux avec insistance, avec sollicitude, mais sans se prendre au fond ; bienveillant comme on se figure que le serait un dieu ; véritablement olympien : ce mot-là, de l’autre côté du Rhin, ne fait pas sourire.

1962. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

On a remarqué qu’il y a de curieux développements et des jeux d’esprit à la Sénèque : par exemple, l’endroit du quatrième acte où Antoine désespéré s’attache à se démontrer à lui-même qu’il a donné raison après coup à toutes les philippiques de Cicéron, et qu’il s’est conduit de telle sorte que les invectives de ce grand ennemi sembleront désormais les propos d’un flatteur : Flatteur !

1963. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Dupont eut même alors dans les bureaux de l’Institut une petite place qui l’attacha quelque temps en qualité d’aide aux travaux du Dictionnaire.

1964. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Cela dit, détournons vite le regard et attachons-nous à la réalité des choses, à l’élévation du but et des idées.

1965. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

L’air et le ton léger dont de vieux libertins savent tourner en badinage les scrupules de la vertu, et en ridicule les règles d’une honnêteté délicate, font que l’on s’accoutume à ne pas y attacher une sérieuse importance.

1966. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Quant à Mlle de Biron, comtesse de Bonneval, elle ne le prit pas si légèrement : il ne lui avait pas fallu un long temps pour s’attacher d’un goût très vif à ce brillant et volage aventurier, pour l’aimer même, bien qu’elle osât à peine se permettre un tel mot.

1967. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Je n’ai point de ruches à miel ; mais j’ai le plaisir tous les jours de voir les abeilles voltiger sur les fleurs de mes arbres, et, attachées à leur proie, s’enrichir du suc qu’elles en tirent, sans me faire aucun tort.

1968. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

L’histoire sociale s’attachera à l’histoire qu’oublie ou dédaigne l’histoire politique.

1969. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

C’est la loge de la souriante Samary, où c’est comme l’intérieur d’un rapin élégant, un intérieur, au plafond fait d’éventails japonais, attachés sur le châssis-blanc, aux croquis de Forain, au désordre de la toilette.

1970. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Remarquons d’ailleurs que les arts primitifs, aussi bien la poésie que le dessin et la sculpture, ont toujours commencé par la figuration des êtres animés ; ils ne se sont attachés que beaucoup plus tard à reproduire le milieu inanimé où ces êtres se meuvent.

1971. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Pour sa part, il continuait de rester fermement attaché aux principes de la critique rationaliste et d’avoir la même foi inébranlable dans l’avenir de la science ; aux autres, il recommandait une philosophie de doute universel, d’indifférence sceptique, d’insouciance.

1972. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Et chose plus grave, c’est diminuer l’intérêt qui s’attache à ses jugements.

1973. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Presque tous nos Dictionnaires françois s’attachent à les expliquer ; mais nous avons des Lexiques Lexiques particuliers où l’on interprête les façons de parler proverbiales.

1974. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Il me semble, maître Vien, qu’appuié contre le pié d’estal, les yeux attachés sur Alexandre et pleins d’admiration et de regrets ; ou, si vous l’aimez mieux, la tête penchée, humiliée, pensive, et les bras admiratifs, il eût mieux dit ce qu’il avoit à dire.

1975. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois Comme la poesie du stile consiste dans le choix et dans l’arrangement des mots, considerez en tant que les signes des idées : la mécanique de la poesie consiste dans le choix et dans l’arrangement des mots, considerez en tant que de simples sons ausquels il n’y auroit point une signification attachée.

1976. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Il faut qu’il y ait une énergie particulière attachée à une langue : ce n’est point par les conquêtes des armes qu’elle se propage.

1977. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Si c’était le lieu, dans une critique d’ensemble, de nous attacher à des vices ou à des débilités de traduction, nous en aurions signalé plusieurs en évoquant le texte des notes de M. 

1978. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Plus préoccupé, comme critique, — et selon nous avec raison, — de la moralité des œuvres, de leur portée dans l’intelligence humaine et des épouvantables dangers qu’elles créent aux sociétés qui les admirent que de leur valeur esthétique, il se recommande et se distingue par cette noble préoccupation, devenue un peu trop la distraction de la Critique moderne, exclusivement attachée à l’autre côté des choses et ne voyant guère, comme on sait, que la question de la forme en littérature.

1979. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Cela est, en effet, sous très peu de mots qui entrent en nous comme des agrafes et, pour s’y attacher davantage, nous font saigner sous leurs ardillons, cela est un siècle et cela est un homme qui porte l’idiosyncrasie de ce siècle fondue dans la sienne !

1980. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Je ne m’aventurerai pas sur ce terrain ; je ne puis cependant m’empêcher d’attacher quelque importance aux observations recueillies avec un si infatigable zèle par la Society for psychical Research.

1981. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Mill 57, sont d’ordinaire plus attachés à leurs dogmes que ceux des Églises universelles. — Toutes observations qui prouvent suffisamment l’influence de la quantité sociale non pas seulement sur la façon dont les hommes réalisent leurs idées et leurs sentiments, mais sur le ton même de ces sentiments et, le tour de ces idées.

1982. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

L’homme qui est né avec de la vigueur n’étant plus arrêté par des conventions, marche où le sentiment de sa vigueur l’entraîne ; l’esprit, dans sa marche fière, ose se porter de tous les côtés, ose fixer tous les objets ; l’énergie de l’âme passe aux idées, et il se forme un ensemble d’esprit et de caractère propre à concevoir et à produire un jour de grandes choses ; celui même qui par sa nature est incapable d’avoir un mouvement, s’attache à ceux qui ont une activité dominante et propre à entraîner : alors sa faiblesse même, jointe à une force étrangère, s’élève et devient partie de la force générale.

1983. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Il en est vraiment inspiré, quelquefois pour le louer, sans mesure et sans prévoyance, mais aussi pour attacher, jusque sur les pompes de son sacre carlovingien, cette inscription méritée : Il voulut recevoir son sanglant diadème Des mains d’où le pardon descend.

1984. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Il s’y est attaché davantage à mesure qu’il l’a mieux connue, mais comme on s’attache à une personne que l’on a formée soi-même, que l’on élève en vue d’un certain dessein. […] Ne vous attachez pas aux petits faits par où se marque dans la comédie le caractère d’Alceste. […] Mais déjà elle appartenait depuis l’année dernière au Théâtre-Français, qui se l’était attachée par avance. […] Au reste, je n’attache, comme vous le savez, qu’une médiocre importance à ces détails de costume. […] C’est que tous les spectateurs, ne sentant rien, se diront : Voilà un singulier idiot d’attacher tant d’importance à cette misère ?

1985. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Sainte-Beuve, c’est l’assentiment des esprits droits et des cœurs attachés à la morale. » Or, Sainte-Beuve ne quitta le Moniteur que onze ans plus tard, à la fin de 1868, pour entrer au Temps. […] Il enveloppe toutes ses visions d’une clarté stellaire… Qu’il peigne des êtres humains ou divins, il ne s’attache désormais qu’à la représentation des âmes. […] Ce long labeur sur un même sujet indique un esprit scrupuleux et très attaché à ses idées. […] Les étudiants de 1860 étaient tous romantiques, quelques-uns déjà baudelairiens, sous des professeurs encore attachés au classicisme. […] Il condamne sévèrement les artistes attachés à la perfection de la forme, les musiciens soucieux d’équilibre et de construction, les écrivains qui visent au style élégant et châtié.

1986. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Autrement, la critique doit s’attacher non à des œuvres, mais à des idées générales, devenir non une histoire naturelle des esprits, mais une esthétique. […] Sully Prudhomme s’attachera aux émotions raffinées d’un homme bien élevé et de culture profonde, comme auparavant Baudelaire aux « frissons nouveaux » d’une nature indépendante et tourmentée. […] Vigny, dont l’inspiration s’était repliée après un printemps précoce, s’attacha à méditer sur le destin du poète, à s’exaspérer sur la médiocrité de sa place. […] Très lié avec Manet, Whistler, il ne s’attacha que très peu aux correspondances picturales des mots, leur préférant celles de la musique. […] Il s’attacha avec ferveur à connaître sa langue.

1987. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Mais cet amour-là est nettement blâmé par tous les sermonnaires et moralistes chrétiens, qui ordonnent, même ici-bas, de ne s’attacher qu’à Dieu. […] Taine ne conteste pas, mais mentionne distraitement et s’attache à pallier autant que possible les vices devenus intolérables de ce régime d’oppression, contre lequel il était d’une élémentaire justice de revendiquer la liberté individuelle et la liberté de penser. […] Un inconvénient moral ou social du réalisme est d’attacher trop d’importance au réel et à ses inévitables défauts, par suite de mener soit aux noirs chagrins, soit aux colères outrées et aux utopies révolutionnaires. […] Mais il n’en résulte pas que notre monde soit hanté par d’invisibles monstres multidimensionnels, natifs de l’hyperespace et qui en viendraient pour « nous pénétrer comme la lumière pénètre le cristal et nous apporter le bonheur ou le malheur, la santé ou la mort », sans que nous nous en doutions ni peut-être qu’ils s’en doutent eux-mêmes ou qu’ils y attachent la moindre importance. […] mais en 1910 André Gide était depuis longtemps célèbre et Paul Valéry, qui s’attachait alors à se faire oublier, ne sortira de sa longue retraite, avec la Jeune Parque, qu’en 1917.

1988. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

— J’ai souvent déclaré que je ne comprenais pas, en art, la honte qui s’attache à l’acte de la génération. […] Une lumière indiquait la fenêtre du sous-officier attaché à l’infirmerie des chevaux. […] Je soufflai une minute ; j’attachai les cordons de mes souliers ; puis, tandis que me considérait le chien, assis sur son derrière, d’un air bonasse, brusquement je demeurais très bête ; car je me tenais là, les mains ballantes, — parfait ! […] Il attacha son cheval à la branche d’un pommier devant la porte, et nous entrâmes. […] René Maizeroy ; il a fort bien compris que la banalité et le ridicule ne s’attachent qu’aux choses de la mode, et que les caractères dont sont revêtus la plupart des personnages du roman moderne ne sont que des costumes, piquants aujourd’hui, flétris demain et bientôt tombés à la friperie.

1989. (1923) Nouvelles études et autres figures

Voué à « l’étrange entreprise de faire rire les honnêtes gens », il lui faudra ne s’attacher qu’au ridicule de toutes les passions, les dépouiller de leur noblesse ou de leurs souffrances et nous faire rire jusqu’au bout. […] Dans L’École des Maris, Ariste reproche à son frère Sganarelle de rester fortement attaché aux vieilles modes et de porter un accoutrement barbare. […] Il a solidement attaché sa barque au grand navire sonore ; et ce premier grand travail d’érudition sur Victor Hugo a bien des chances de rester définitif. […] Voudriez-vous me punir d’avoir eu un jour l’ambition d’être quelque chose, de développer des dons que la naissance a mis en moi et d’attacher un certain lustre à mon nom ? […] Plus il va, plus il est attaché à sa petite patrie, plus il est Bourguignon et Dijonnais.

1990. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Or, pour la rapidité de notre parole, nous avons atténué à l’infini cette vision des sens attachés aux mots. […] Un cygne se lamente, attaché par l’aile à la surface d’un lac dont les eaux sont gelées éternellement. […] Son aile est attachée à la surface du lac, éternellement. […] À chacun de ses vers, pour ainsi dire, il s’est efforcé d’attacher plusieurs sens superposés. […] Et je m’attachai surtout, naturellement, aux lois qui périmaient les niaises narrations de ma pauvre nourrice.

1991. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Je me dis : Voilà un jeune homme qui s’attache trop à un détail, mais le détail est pittoresque, et son expression restera dans le dictionnaire de nos tristesses. […] Il y avait en vous tout ce qui séduit, tout ce qui attache, tout ce qui charme le plus ; je ne sais quel demi-mystère qui laisse deviner ce qu’on n’a pas interrogé.

1992. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Jeudi 9 février Raffaëlli, en gaîté et en verve, cause à la fois d’une façon très amusante et très technique sur les cris de la rue, dont la mélopée le réjouit, l’intéresse, l’attache aux pas du crieur et de la crieuse ; et sur ces cris, il se livre à des remarques physiologiques. […] Une figure plate, un nez qui n’a rien de grec, des yeux à l’éclair fauve, des sourcils à la remontée un peu satanique, un enroulement autour de la tête de cheveux potassés, un buste aux seins attachés très bas : voilà la femme.

1993. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Si bien que je puis avoir dit le mot de tout le monde, quand, une fois, il sera dit… et attaché ce grelot, qui peut devenir une grosse cloche. […] Il avait vu Napoléon, qui cherchait partout des poitrines pour y attacher sa Légion d’Honneur, et qui, aussi faible que madame de Staël ce jour-là, crut que c’était là une poitrine, que celle de Gœthe, qui grandirait son institution.

1994. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Beau Silence, bouquet attaché sur ma gorge, Colombe respirant contre mon cou, pâmée… … referme sur moi tes tendres bras ouverts ; Que je presse tes mains en mes brûlantes paumes ; Tes deux mains de fraîcheur, au fond des soirs déserts… Pourtant, je ne sais s’il ne perce pas comme un regret dans ce dédain de l’amour humain, un regret de souffrances anciennes dans le paisible bonheur de l’instant : Le désir torturant devient une caresse Alors qu’on le perçoit, voguant parmi les choses ; Leur divine beauté jamais ne nous délaisse ; Si tu veux des baisers, mais baise donc les roses ! […] Cécile Sauvage La poésie de Cécile Sauvage est une poésie de plein air et de plein vent : elle a la souplesse et la sveltesse d’un arbre solidement attaché à la terre, mais qui s’élance de toutes ses branches vers la lumière. […] Mais, peu à peu, mes mains s’attachent à la soie, Mon corps apprivoisé la goûte et s’y complaît, Sa richesse m’épouse : il me faut désormais, Un seul manteau, un seul joyau, un seul abri : ma joie.

1995. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Cependant, pour fixer les idées, et sans attacher à une date plus d’importance qu’elle n’en mérite, on peut dire que la crise où nous sommes est devenue publique, intéressante pour tous, et a saisi l’opinion à peu près avec les premiers ouvrages de deux brillants esprits, M.  […] Taine peut se résumer dans l’idée d’une chaîne inflexible qui, par des liens de fer, attache et resserre tous les phénomènes de l’univers, la philosophie de M.  […] serait-ce un reste de piété naturelle qui, dans le vide fait par la réflexion, s’attache à une ombre conservée par l’imagination ?

1996. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Les malheureux condamnés éternellement à désirer la rive opposée, s’attachent à la barque : L’un la saisit en vain, et, renversé par son mouvement trop rapide, est replongé dans les eaux ; un autre l’embrasse et repousse avec les pieds ceux qui veulent aborder comme lui ; deux autres serrent avec les dents le bois qui leur échappe. […] Je m’attache surtout à l’esprit de cette peinture. […] Ingres, c’est qu’il s’applique plus volontiers aux femmes ; il les fait telles qu’il les voit, car on dirait qu’il les aime trop pour les vouloir changer ; il s’attache à leurs moindres beautés avec une âpreté de chirurgien ; il suit les plus légères ondulations de leurs lignes avec une servilité d’amoureux.

1997. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

On s’est attaché à l’accroissement continuel du volume du protoplasme, depuis la naissance de la cellule jusqu’à sa mort 4. […] A ceux-là s’attachera une explication mécanistique du vieillissement. […] Quant à l’imitation artificielle de l’aspect extérieur du protoplasme, doit-on y attacher une réelle importance théorique, alors qu’on n’est pas encore fixé sur la configuration physique de cette substance ?

1998. (1927) Des romantiques à nous

Il ne pensait pas que le don lyrique, si beau fût-il en lui-même, désignât un mortel particulièrement habile à discerner les maximes qui fondent la santé des âmes, le vrai culte de Dieu, l’équilibre et le salut de l’Etat, ni particulièrement attaché et dévoué à ces sereines et sublimes maximes une fois reconnues. […] Cette réconciliation du mari et de l’amant, je dis mieux, cette sorte de bénédiction sacramentelle qu’une dame attachée à la paix demande à un mari grave et de moralité supérieure pour un amant de conscience plus fragile, mais délicieux, est une conception qui a fait école dans la littérature romanesque de 1830. […] Sainte-Beuve, dans un admirable aperçu, indique comment un grand artiste qui s’attacherait à l’entreprise de la ressusciter par la poésie devrait accorder cette divine enfance d’une âme toute mystique avec cette verdeur et ce primesaut rustique du tempérament, avec cette acuité naïve de l’esprit. […] Mais ces émotions, ces passions nobles, imprégnées de la plus fine civilisation morale, ont chez les êtres que le musicien met en scène, et qui sont son propre être diversifié et multiplié, une ingénuité, une intégrité, une fraîcheur, difficiles à analyser et auxquelles s’attache un charme.

1999. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Toutefois, le plus remarquable, dans ce deuxième ouvrage, c’est que Maurice Martin du Gard s’y soit occupé de littérateurs qui, sans vraiment apporter à la création, ont eu le talent de lui donner un relief insoupçonné : nous ne retiendrons que la figure de Benjamin Crémieux qui, s’il fut l’auteur d’un seul roman5, reste attaché à l’histoire de La NRF jusqu’au début de la Deuxième Guerre mondiale et avant sa disparition dans les camps nazis en 1944. […] Un conteur qui s’attache surtout à rendre les figures d’hommes, un poète rude et tumultueux de la nature dont notre Occident n’offre que d’assez rares exemples. […] Son œuvre, déjà si brillante, si rapidement nouée, s’est attachée à peindre l’humour de nos alliés comme dans Les silences du colonel Bramble 129 et Les discours du docteur O’Grady 130, et la poésie ou plus précisément l’existence poétique d’un Anglais, dans Ariel ou la vie de Shelley 131. […] Les Anglais débarquaient bientôt et André Maurois fut attaché à un de leurs régiments en qualité d’interprète.

2000. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Même crevant de faim, même dupé et s’en rendant presque compte, le grand nombre s’attache à la fiction de sa toute-puissance ; il hisse au pouvoir, pour le représenter, des médiocres à son image et il crée ainsi le milieu de bassesse où les malins s’engraissent parmi la sottise et le dépérissement de tous. […] C’est parce que vous vous attachez au sens analytique au lieu de rechercher le sens psychologique… La grossièreté de votre intelligence vous empêche de vous élever jusqu’à la hauteur de ce divin poème. — Mais, coûte que coûte, vous l’entendrez tout entier. […] Mais le fruit s’attache à sa main, fond et pétille en jetant des étincelles. […] Balayant l’amas superficiel de préjugés que je devais à mon éducation, il s’est attaché à découvrir les éléments premiers de mon âme la plus essentielle.

2001. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

La lecture de chacune de ces pièces une fois entamée, l’esprit n’est pas libre de s’arrêter ; il s’attache aux premiers mouvements de cette pensée personnifiée, et ne se repose qu’après l’avoir vue se reposer elle-même ou expirer dans la lutte. […] Çà et là il y a bien trace d’un amour immodéré pour la réalité visible, mais, en général, le poète s’attache de préférence à chercher, à montrer l’origine des maux qu’il contemple. […] À l’exemple du public, la critique n’a pas semblé attacher grande importance aux préfaces pessimistes du romancier, et sans doute ses nombreuses et inutiles professions de foi seraient aujourd’hui effacées de toutes les mémoires, si l’auteur n’eût pris la peine de les rappeler et de les contredire dans les premières pages de son nouveau livre. […] À la place de la sympathie, elle met la raison ; au lieu de pleurer sur les souffrances de la vie humaine, elle détourne ses yeux du spectacle de la douleur, et s’attache courageusement à découvrir les mobiles les plus mesquins de nos actions ; elle néglige à dessein les moments où l’âme exaltée atteint les cimes les plus hautes du dévouement, de l’abnégation, et se renferme dans l’analyse de l’amour de soi ; elle suit l’égoïsme humain à travers ses diverses métamorphoses. […] Il s’attache à reproduire les mouvements du cœur et de la pensée, sans tenir compte de la nature diverse de ces mouvements ; et il espère, grâce à cette impartialité courageuse, ne pas rester au-dessous de la réalité.

2002. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Au début, quelqu’un représentait à Boileau que, s’il s’attachait à la satire, il se ferait des ennemis qui auraient toujours les yeux sur lui. […] Mais nous, après l’incendie de notre patrie, traînées de mer en mer, il nous fallut, enfantant dans l’esclavage, subir l’insolence du fils d’Achille… Bientôt il s’attache à Hermione, race de Léda, et va dans Sparte rechercher sa main. […] Cet homme d’esprit, et qui avait même quelquefois plus que de l’esprit, restait si attaché au Paris de sa jeunesse et à ses admirations des temps heureux, que sans doute il ne pouvait consentir qu’il se fît quelque chose de tout à fait bien depuis qu’il n’était plus là. […] La comtesse de Pimbêche, c’était la comtesse de Crissé, attachée à la maison de la duchesse douairière d’Orléans, et vieille plaideuse connue pour sa manie. […] La principale chose à quoi je me suis attaché, ç’a été de ne rien changer ni aux mœurs ni aux coutumes de la nation.

2003. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Quant aux députés et sénateurs, lesquels sont censés contrôler les éphémères gouvernements, qui s’éboulent, puis se réédifient pour s’ébouler encore, au sein de l’insanité constitutionnelle, ils s’attachent au système, non seulement en raison des commodités qu’il leur procure, mais aussi en raison du divertissement qu’il leur apporte. […] Sa fameuse Critique de la Révolution française (qui fit scandale, à l’époque où elle parut) est une critique pittoresque et fort littéraire, mais « conservatrice » et ne s’appuyant guère que sur des raisons sentimentales et morales, alors qu’une critique « réactionnaire » se serait surtout attachée aux erreurs politiques des Droits de l’Homme. […] Il s’attache aux tempéraments violents, aux cœurs indomptables, aux âmes de tempête, aux esprits d’orgueil. […] Ces mots ont bénéficié, au XIXe, de l’atmosphère de crédulité qui s’attachait aux autorités littéraires et scientifiques, remplaçant, ou prétendant remplacer l’autorité politique royale et le dogme religieux. […] Leurs masques, mal attachés, faisaient rire ; et en se ralliant à l’erreur politique, ils lui apportaient un appoint nouveau.

2004. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Mais considérez qu’il est homme de loi et homme de finances : rien d’étonnant qu’il soit très attaché aux règles écrites ; et, d’autre part, occupé du matin au soir (car il faut bien qu’il vous gagne votre vie), il n’a guère eu le loisir, soit de découvrir en vous tous ces besoins supérieurs dont vous ne vous êtes vous-même avisée que sous le coup d’une émotion extraordinaire, soit de se faire, lui aussi, une morale et une religion personnelles. […] En outre, Ibsen défend dans son théâtre, avec beaucoup de suite et de vigueur, ce que ses commentateurs appellent, un peu vaguement, l’individualisme, c’est-à-dire, si je comprends bien, les droits de la conscience individuelle en face des lois écrites, qui ne prévoient pas les cas particuliers, et des conventions sociales, souvent hypocrites et qui n’attachent de prix qu’aux apparences. […] Or, il n’y a assurément pas de théâtre d’où la religion et le sentiment religieux soient plus radicalement absents ; et, n’étaient Don Juan et le Tartuffe, où la piété est tournée en ridicule, rien, absolument rien dans ce théâtre n’indique que les mœurs qui y sont dépeintes étaient celles d’un grand pays catholique très ferme dans sa foi et très attaché aux pratiques du culte. […] … Ainsi, s’il se passe quelque chose entre nous, tu n’y attacheras aucune importance ?  […] On donne, à tout hasard, l’illusion du bien, Ou l’espoir d’attacher ce frêle et pur lien Que met, entre deux cœurs séparés par le reste, L’humaine, sympathie ou la pitié céleste.

2005. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Un énorme intérêt m’attache à ce livre que je veux savoir par cœur. […] Race silencieuse, tenace et patiente, d’âme primitive sous certains aspects, antireligieuse mais encore très attachée à des superstitions, à des coutumes, où l’on reconnaît la même source  « Toi, tu es de chez nous !  […] Il est, comme lui, épris d’Edgar Poe et le traduit : et c’est, semble-t-il, à travers le traducteur de Poe que Mallarmé s’attache au poète du « Corbeau ».

2006. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Guidé par ce fil mystérieux, le lecteur comprend sans peine pourquoi l’écrivain semble si peu s’attacher à la déduction logique des pensées ; car chez lui le sentiment domine la science. […] Il a choisi dans Alceste le côté le plus facile, celui que MM. les comédiens ordinaires du roi s’attachent à mettre en relief, et il a calculé ses effets de scène en vue de cette préférence. […] Il n’a pas de valet à sa dévotion, il ne doit compter que sur lui-même pour attirer la proie qu’il a convoitée ; mais le courage ne lui manque pas : le nœud de rubans attachés sur ses épaules, et le velours de son pourpoint sont de puissants auxiliaires. […] Nous savons qu’il prend son art au sérieux ; il s’attache à composer ses rôles, et s’il ne réussit pas toujours à se renouveler, ce n’est pas inattention de sa part, c’est plutôt la faute des couplets tragiques qu’il a récités depuis dix ans, et qui l’ont habitué à une sorte d’inflexibilité. […] Pour le surprendre et l’attacher, il ne faut pas prendre la vérité à la lettre.

2007. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Et quand l’écuyer a tout dit, et la soumission inattendue des quatre rois, et leurs façons étranges, et la peine qu’il eut, lui Henri Crystède, qui savait leur langue et avait été attaché à leurs personnes, à leur enseigner les belles manières et les bienséances indispensables ; quand il les a montrés apprivoisés peu à peu et amenés à se laisser faire chevaliers de la main du roi Richard en l’église cathédrale de Dublin, puis dînant ce jour-là avec le roi ; et après qu’il a ajouté que c’était chose très intéressante et qui eût été pour Froissart tout à fait neuve à regarder : « Henri, répond Froissart, à qui l’eau est venue à la bouche d’un tel récit, je le crois bien et voudrois qu’il m’eût coûté du mien et que j’eusse été là. » C’est absolument comme quand Saint-Simon, à une certaine scène de cour (le mariage de Mlle d’Orléans avec le duc de Berry), en un moment où toutes les intrigues et les cabales étaient en jeu, nous dit : « Je n’ai point su ce qui se passa chez elle (la duchesse de Bourbon, une des ennemies) dans ces étranges moments, où j’aurais acheté cher une cache derrière la tapisserie. » Pour Froissart, qui est d’une curiosité moins compliquée et moins dévorante, ce n’est jamais derrière la tapisserie qu’il désirerait se cacher, mais bien être dans quelque coin d’où il pût voir à l’aise le devant du spectacle et de la cérémonie.

2008. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Un honnête homme se passe aisément de la fortune, mais il ne saurait s’accommoder du manque de considération qui, en France, est indispensablement attaché à ce genre de vie.

2009. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Cette fois, c’était l’érudit, l’économiste, l’antiquaire, qui se préoccupait encore plus de l’état des choses que des plaisirs de la société, et qui s’attacha surtout à l’étude de Rome et de ses environs.

2010. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Boissonade dans le Journal de l’Empire, articles que, dans sa modestie, il signait de la dernière lettre de l’alphabet grec, d’un fi, n’ont pas et n’eurent jamais l’importance qu’on leur prête aujourd’hui après coup ; ils n’obtinrent jamais le succès et la vogue, plus ou moins mérités, qui s’attachaient dans le temps aux articles des Geoffroy, des Dussault, des Feletz, des Hoffman ; ils ne sont pas toute la critique littéraire du premier Empire ; que dis-je ?

2011. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Il ne choisissait pas mal ses points d’attache.

2012. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

., plus incontestablement accepté, reconnu plus convenable et plus utile que le récit que fait annuellement l’Académie des actes de vertu, et les récompenses, si modérées d’ailleurs, qu’elle y attache.

2013. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Dans le temps d’ailleurs qu’il publiait ces productions de troisième ordre, productions peu authentiques, où il ne trempait souvent que comme collaborateur et auxquelles il n’attacha jamais son nom, M. de Balzac ne s’en exagérait pas la valeur, et trouvant un jour un de ses récents volumes aux mains d’un ami qui le lisait : « Ne lisez pas cela, lui dit-il ; j’ai bien dans la tête des romans que je crois bons, mais je ne sais quand ils pourront sortir. » Nous avons eu la curiosité de retrouver et de feuilleter la plupart de ces romans oubliés, espérant y saisir quelque trace du brillant écrivain d’aujourd’hui.

2014. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

La Bruyère écrivait juste un siècle avant 1789607 : « L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et remuent avec une opiniâtreté invincible.

2015. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

IV Ce substitut est l’image ; à côté des sensations proprement dites, lesquelles, de leur nature, sont temporaires, attachées à l’ébranlement des nerfs, presque toujours incapables de renaître spontanément, et situées dans les centres sensitifs, il y a en nous une autre série d’événements absolument analogues, lesquels, de leur nature, sont durables, survivent à l’ébranlement du nerf, peuvent renaître spontanément et sont situés dans les hémisphères ou lobes cérébraux.

2016. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Il est aisé de suivre l’enchaînement des idées de Jean de Meung et de voir comment tout son système a pu s’attacher à la fiction du Jeune Homme amoureux de la Rose.

2017. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Entre la fin de la guerre de Cent Ans et le commencement des guerres de religion s’étend une période de paix intérieure, où, sous la domination protectrice d’une royauté qui se fait absolue, la bourgeoisie, moins opprimée, moins inquiète, plus riche, s’attache avec passion aux représentations dramatiques.

2018. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

C’est à lui pourtant que s’attacha Pouchkine.

2019. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Un homme surpris un jeu de cartes dans les mains, était attaché au poteau infamant, ses cartes sur l’épaule.

2020. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Cicéron, tendre père d’une fille charmante, père désespéré quand il la perdit, en est meilleur citoyen, plus attaché à ses amis, plus épris de la vérité, laquelle devient plus chère à l’homme chez qui la tendresse de cœur se communique à l’esprit, et qui aime la vérité à la fois comme une lumière et comme un sentiment.

2021. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Je vais jusqu’à dire que, si jamais l’esclavage a pu être nécessaire à l’existence de la société, l’esclavage a été légitime : car alors les esclaves ont été esclaves de l’humanité 171, esclaves de l’œuvre divine, ce qui ne répugne pas plus que l’existence de tant d’êtres attachés fatalement au joug d’une idée qui leur est supérieure et qu’ils ne comprennent pas 172.

2022. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Elle ne va pas sans entraîner la disparition de cette humble et légendaire fidélité qui les attachait à une maison comme des meubles familiers ou des animaux domestiques.

2023. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Il est encore nuit ; une voix gronde sur la tour du palais d’Argos comme la plainte d’un chien à l’attache.

2024. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

On se souvient de la terrible scène où la mère d’Olympe le cabas au bras et le tartan au dos, arrive de Paris à Berlin, où son gendre est attaché d’ambassade, pour tirer son épingle du grand jeu de sa fille.

2025. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

— Je vais trop loin… » — L’enfant s’attache à sa robe, comme s’il pressentait qu’il va perdre sa mère s’il la laisse aller.

2026. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

C’est par suite de ce voisinage qu’elle avait connu Mirabeau, qui n’attachait à ce commerce que peu d’importance.

2027. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Devant moi une grande roue, et sur la roue le bras nu d’un homme, la manche relevée ; à côté, le dos d’un autre homme en blouse grise, encrant et chargeant une planche de cuivre sur la boite, l’essuyant avec la paume de sa main, la tamponnant avec de la gaze, la bordant et la margeant avec du blanc d’Espagne ; aux murs deux caricatures au fusain attachées par des épingles ; dans un coin un vieux coucou qui semble respirer bruyamment chaque seconde de l’heure ; au fond, au milieu de grands cartons debout sur deux rayons, un poêle en fonte, au pied duquel est aplati un chien noir dormant et ronflant.

2028. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Ce que voyant, l’homme se tranquillise, il met sa tête hors de son trou, et regarde de tous côtés ; il fait un pas, puis deux, comme je ne sais plus quelle souris de La Fontaine, puis il se hasarde à sortir tout à fait de dessous son échafaudage, puis il saute dessus, le raccommode, le restaure, le fourbit, le caresse, le fait jouer, le fait reluire, se remet à suifer la vieille mécanique rouillée que l’oisiveté détraquait ; tout à coup il se retourne, saisit au hasard par les cheveux dans la première prison venue un de ces infortunés qui comptaient sur la vie, le tire à lui, le dépouille, l’attache, le boucle, et voilà les exécutions qui recommencent.

2029. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Ce stylite des colonnes trajanes est ankylosé sur son piédestal ; il a sur sa tête la fiente des aigles libres ; il est néant plus que gloire ; des bandelettes du sépulcre attachent cette couronne de lauriers.

2030. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

La France, qui, depuis le xviiie  siècle et surtout de nos jours, a les principaux caractères d’une société démocratique, a établi chez elle la liberté religieuse, et c’est une des conquêtes de 89 auxquelles elle est le plus attachée.

2031. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

: bruit des grelots attachés en bracelets aux chevilles des enfants = Dindelinn ?

2032. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Vous avez encore le Berger et le Roi, où sont exposés les inconvénients de la grandeur, les misères attachées aux fonctions élevées, et où tout cela est exposé avec, non plus beaucoup de bonhomie, mais avec beaucoup d’éloquence, et d’éloquence presque lyrique.

2033. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Après un tel aveu, je ne vous dirai pas Que votre passion est pour moi sans appas, Et que d’aucun plaisir je ne me sens touchée, Lorsqu’à tant de respect je la vois attachée.

2034. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Mais n’importe, servons-nous des termes usités, après y avoir attaché l’idée précise qui leur convient.

2035. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Les âmes basses ne comprendront rien à la beauté cachée de ce récit, dont celle qui le fait et qui a les yeux attachés sur la source de la Beauté éternelle, ne se doute, certes, pas non plus !

2036. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Peu avant cette belle fin, Lapierre avait écrit à ses amis de l’Humanité cette page testamentaire :‌ Nous sommés soldats des armées de la République menacée par le militarisme allemand, mais nous restons tous inébranlablement attachés à notre grand idéal et à l’organisation qui en est la forme vivante… Socialistes au cœur humain et au sentiment généreux, nous avons un devoir sacré à remplir, au milieu de tant de colères et de haines : éviter que les bas instincts ne sèment dans l’âme de nos camarades de combat les idées de vandalisme et de sauvagerie.

2037. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

On répugnera peut-être à l’emploi du mot si l’on y attache un sens anthropomorphique.

2038. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Vue du dehors, la nature apparaît comme une immense efflorescence d’imprévisible nouveauté ; la force qui l’anime semble créer avec amour, pour rien, pour le plaisir, la variété sans fin des espèces végétales et animales ; à chacune elle confère la valeur absolue d’une grande œuvre d’art ; on dirait qu’elle s’attache à la première venue autant qu’aux autres, autant qu’à l’homme.

2039. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Le corps conserve des habitudes motrices capables de jouer à nouveau le passé ; il peut reprendre des attitudes où le passé s’insérera ; ou bien encore, par la répétition de certains phénomènes cérébraux qui ont prolongé d’anciennes perceptions, il fournira au souvenir un point d’attache avec l’actuel, un moyen de reconquérir sur la réalité présente une influence perdue : mais en aucun cas le cerveau n’emmagasinera des souvenirs ou des images.

2040. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Ils attachaient cette action civile au domaine du fond qui dépend de la cité et dérive de la force pour ainsi dire centrale qui lui est propre.

2041. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Ce sont les fonctionnaires attachés aux dépôts de documents. […] On s’attache à former des familles de documents, de la même manière que l’on forme des familles de manuscrits. […] Pflugk-Harttung. « Les parties les plus hautes de la science historique, dit cet auteur dans ses Geschichtsbetrachtungen121, sont dédaignées : on n’attache de prix qu’à des observations micrologiques, à la correction parfaite de détails sans importance. […] Ces virtuoses ne s’attachent pas à relier leurs travaux à quelque idée générale, par exemple à critiquer systématiquement tous les documents relatifs à une question, pour s’en procurer l’intelligence ; ils critiquent indifféremment des textes relatifs à des questions très diverses, à la seule condition que ces textes soient gravement corrompus. […] C’est le don de voir les problèmes importants et le goût de s’y attacher, aussi bien que la puissance de les résoudre, qui, dans toutes les sciences, font les hommes de premier ordre. — Mais supposons le sujet choisi d’une façon rationnelle.

2042. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

(J’aurais grande joie à vous citer le morceau, si mon dessein n’était de m’attacher principalement aux parties ironiques de ce mélodrame.) […] Ce qui la pousse, c’est donc la haine toute pure, une haine impersonnelle, — car son mari est un bon mari, — une haine qui s’attache au sexe mâle tout entier, et qui ne voit en lui qu’un instrument malheureusement nécessaire de procréation. […] Il marche, les yeux attachés sur de fuyants et toujours renaissants mirages d’entreprises industrielles et de spéculations financières, dont il ne voit que la beauté abstraite, — travail et intelligence mués en argent, que l’intelligence et l’audace de nouveau multiplient, — avec l’illusion qu’il est un beau lutteur, un homme à idées, bien qu’il n’ait jamais pu en préciser une seule… « C’est un homme… vague, qui commet des actions… vagues », dit de lui son beau-frère le magistrat. […] Dans l’instant où elle se dispose à suivre le brutal dompteur, son enfant, dont elle ne s’était guère souciée jusque-là, s’attache à elle, ne veut pas la laisser partir. […] Voilà certes de quoi troubler son imagination et son cœur, sinon sa raison. — Ajoutez à cela que la tradition a longtemps attaché la souillure à l’acte matériel, quelle que fût la pensée qui a dirigé la main.

2043. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

En nous voyant, ses prunelles grises brillèrent, et il nous donna un shakehand si vigoureux que si notre bras n’eût pas été solidement attaché à notre épaule, il lui fût resté à la main, et il se mit à nous parler avec un accent anglais si fort, que nous comprenions à peine ce qu’il disait. […] Lorsqu’il sortit de l’école, — c’était le temps de la grande insurrection romantique : Eugène Devéria, qui, depuis, s’est retiré de la lice et se console dans la religion d’un chagrin inconnu, arrivait jeune et superbe avec sa Naissance de Henri IV et se posait comme un Paul Véronèse français ; Ary Scheffer, alors coloriste, précipitait les femmes du Souli du haut de leur rocher ; Louis Boulanger attachait Mazeppa au dos du cheval indompté ; E.  […] Hugo, dans une odelette charmante, l’a appelé le statuaire du bijou ; Balzac, le Dante de la Comédie humaine, ne manque jamais d’attacher au bras de ses grandes dames ou de ses courtisanes, de ses duchesses de Maufrigneuse et de ses Aurélie Schontz, un bracelet de Froment Meurice. […] Le Théâtre-Français doit avoir le remords de ne s’être pas attaché cette grande actrice, comme il aura plus tard le regret d’avoir laissé Frédérick, un acteur plus grand et plus vaste que Talma, s’abrutir à la Porte-Saint-Martin ou courir la province. […] » Il était ardent, passionné, amer, mélancolique, et bien qu’il n’ait jamais joué les jeunes premiers dans le sens qu’on attache aujourd’hui à ce mot, personne n’a exprimé l’amour avec plus de flamme, d’énergie, de puissance, d’entraînement et de séduction.

2044. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Il avait les dents blanches, les lèvres sympathiques, le cou bien attaché sur de puissantes épaules et, malgré sa taille de cinq pieds neuf pouces, une main et un pied de femme. […] L’auteur, dès la première page, avait déclaré ceci : « La civilisation actuelle s’en va au mal profond… peut-être n’est-il pas inutile que, tout en demeurant dans son rôle d’artiste, l’écrivain s’attache à sonder ces problèmes… » Sur la foi de ces axiomes, je comptais sur l’analyse d’une des nombreuses maladies sociales dont nous sommes atteints. […] François Coppée doit prendre, tôt ou tard, la place de Béranger dans l’admiration populaire, d’autant plus que cette admiration manque d’objet où elle puisse raisonnablement s’attacher. […] À travers le cours des événements et la diversité des fortunes, cette nation demeure inflexiblement attachée au même programme et à la même foi. […] Aujourd’hui, si je m’en tenais à la galette d’avoine que je viens de goûter, je déclarerais qu’on vit plantureusement dans ce village… Je sens vraiment ici la valeur de ce mot : « le pain quotidien » que, depuis l’enfance, nous avons murmuré chaque jour, sans y attacher notre esprit. « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien » ; qu’est-ce que cela signifie, pour des gens qui, comme nous, se réjouissent quand ils ont bien faim ?

2045. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

N’ai-je pas peut-être assez souvent essayé de le montrer : que, s’ils n’ont pas pour objet de nous faire abdiquer notre sens propre aux mains de la religion, tous les arguments que l’on va répétant contre le pessimisme ne servent en vérité que d’un masque pour couvrir notre attache aux plaisirs de la vie ? […] Je n’ai fait qu’aimer et sentir, Mais sans pouvoir anéantir Ma pensée et sa vieille attache ; Il couve en ma joie un tourment, Car sous l’objet le plus charmant, Je veux savoir ce qu’il me cache. […] Tout change autour de nous, on nous le dit, et nous le voyons bien, et nous sentons que nous changeons nous-mêmes : il n’y a précisément que nos préjugés qui ne changent guère ; et, dans la fuite universelle des choses, nous nous y attachons comme aux plus sûrs témoins de notre identité. […] Aussi bien vivons-nous dans un temps où chacun se plaît d’attacher aux mots le sens qui lui convient, sans se préoccuper autrement ni de leur signification, ni de leur histoire, ni de leur origine. […] Si cependant, prenant le mot de rhétorique dans son sens le plus étroit, et laissant là le fond des choses pour ne nous attacher uniquement qu’à la forme, nous acceptons la définition qu’en donnent ceux-là mêmes qui la méprisent le plus, les arguments ne manquent pas encore pour leur répondre, nombreux et décisifs, parmi lesquels je n’en choisirai qu’un.

2046. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Comme dans la biographie de Molière, il y a des lacunes dans celle de Pascal, et quelques-unes aux endroits mêmes que nous attacherions le plus de prix à bien connaître. […] Mais le faible bruit de la voix de Vinet s’est comme évanoui dans le retentissement de la grande voix sonore de Cousin, et c’est au « pyrrhonisme » ou au « scepticisme » de Pascal que continuent de s’attacher, les uns pour en démontrer, les autres pour en nier la réalité, les interprètes, annotateurs et éditeurs des Pensées. […] L’incomparable supériorité de Gil Blas, le secret de l’universel intérêt qui s’y est attaché, c’est que Le Sage a dégagé de la gangue du roman picaresque ce qui s’y pouvait trouver enveloppé de véritablement humain. […] Mais, après avoir noté la ressemblance, attachons-nous plutôt aux différences. […] « L’amour me fit sentir tout d’un coup qu’il avait attaché le bonheur de ma vie à ce qu’il me faisait voir, et que ce n’était plus du sort ni de mon propre choix qu’il le fallait attendre… » Et quelles déclarations exquises !

2047. (1894) Critique de combat

Ce n’est pas nous qui lui reprocherons d’attacher une importance extrême à la réforme intérieure, de rendre aux forces morales la part considérable qui leur revient dans l’évolution des choses humaines. […] Tout cela prouve l’intérêt grandissant qui s’attache à cet ordre de connaissances. […] Loin de séparer par des abîmes les différents ordres de phénomènes, l’auteur s’attache à passer de l’un à l’autre par une transition insensible. […] C’est Vénus tout entière à sa proie attachée. […] Faguet s’attache à prouver que le déisme de Voltaire équivaut à l’athéisme, attendu qu’il « n’avait pas l’idée de Dieu présente à son esprit d’une manière constante » et que « l’idée de Dieu n’est rien, si elle n’est pas tout ».

2048. (1897) Aspects pp. -215

Mis aux fers, attaché à une barre sur le pont, D’Axa vogue vers sa douce patrie. […] J’ai le malheur de n’attacher aucune importance au bibelot. […] Jullien moins que d’autres — attachent une importance très grande à l’exactitude des détails matériels. […] Qu’un prosateur aie à faire un récit, il s’attachera à la description, il notera une foule de détails caractéristiques — il expliquera. […] En outre, ses membres étaient si bizarrement entortillés qu’on eût dit que ses jambes s’attachaient aux épaules et ses bras au bassin.

2049. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Entre ces deux opinions, on trouve ceci : a Une transplantation trop fréquente empêche aussi l’avancement des plantes, d’autant que, par ce changement, elles n’ont pas loisir de prendre nourriture et de s’attacher à la terre. » Bacon est un grand conciliateur. […] — Les facultés très connues de l’âme, sont l’intelligence, la raison, l’imagination, la mémoire, l’appétit, la volonté, etc, . ; mais, dans les doctrines de l’âme, il faut traiter de l’origine des facultés, et d’une manière physique, en tant qu’elles sont innées dans l’âme et qu’elles y sont attachées (50). […] Des personnes distinguées par leur savoir et leur logique admirent difficilement qu’un séminariste, ayant quitté l’Eglise, demeurât attaché à l’Eglise ; qu’un négateur de la divinité du Christ conservât de la tendresse pour la doctrine évangélique ; qu’un athée avouât des sentiments monarchistes ; qu’un libre-penseur, en un mot, ne fût pas un parfait démocrate. […] On trouve encore, là, un certain goût de la perfection, mais qui ne recherche que des formes transitoires, mobiles, infiniment variables, tandis que le goût véritable de la perfection s’attache à créer pour tous les objets une forme générale parfaitement fixée, dans laquelle puissent s’inscrire toutes les formes particulières. […] Attacher du prix à… — Riccoboni.

2050. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

L’artisan, dans son étroite échoppe, attaché à son métier machinal, occupé tout le jour par sa pensée d’un écu, perd le sens du beau, l’aisance d’esprit, la hardiesse des désirs, et son âme se rapetisse avec ses pensées. […] — Le collier dont je suis attaché De ce que vous voyez est peut-être la cause.

2051. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Mais moi, de tout mon cœur et de toute ma puissance, Je l’ai dit, je veux aimer jusqu’à la fin Mon cher cœur, mon fidèle chevalier, À qui mon cœur s’est si fort attaché, Comme lui à moi, que cela durera toujours190 ! […] Elle prouve qu’elle a bien fait de se marier cinq fois, et elle le prouve d’un style clair, en femme expérimentée203 : « Dieu nous a dit de croître et de multiplier. » Voilà un « gentil texte », elle a « bien su le comprendre. »  — « Je sais aussi que Dieu a dit que mon mari quitterait père et mère et s’attacherait à moi.

2052. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

IV Est-il rien de plus agréable en ce bas monde que de s’asseoir, avec trois ou quatre vieux camarades, devant une table bien servie, dans l’antique salle à manger de ses pères ; et là, de s’attacher gravement la serviette au menton, de plonger la cuillère dans une bonne soupe aux queues d’écrevisses qui embaume, et de passer les assiettes en disant : « Goûtez-moi cela, mes amis, et vous m’en donnerez des nouvelles. » Qu’on est heureux de commencer un pareil dîner, les fenêtres ouvertes, sur le ciel bleu du printemps ou de l’automne ! […] » Et, songeant à ces choses, il s’habillait et descendait ; les gens de la ferme avaient fini leur repas du matin ; ils attachaient la charrue et se mettaient en route.

2053. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Mais tous ces moyens sont des signaux auxquels une éducation préalable a attaché, par association, l’idée du sommeil. […] L’attention volontaire est celle qui dépend de l’intérêt offert par quelque représentation à laquelle elle s’attache, et cet intérêt provient de ce que cette représentation est associée avec un groupe d’autres représentations d’un caractère agréable ou pénible.

2054. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Après, dans une autre salle, étroite, haute comme une tour, j’étais attaché par les pieds, la tête en bas, nu, sous une cloche de verre, et il me tombait sur le corps une masse de petites étincelles, d’une lumière verdâtre, qui m’enveloppaient la peau, et qui à mesure qu’elles tombaient, me procuraient le sentiment de fraîcheur d’un souffle sur une tempe baignée d’eau de Cologne. […] — On rencontre des hommes si bassement attachés à la religion d’une mémoire célèbre, qu’ils vous font l’effet de laquais d’une immortalité.

2055. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Au bout de la table, en haut, un ménage d’origine mexicaine, d’insulaires venus d’une Canarie quelconque : la femme, une vraie femelle avec une tête de bonne singesse, une peau café au lait, les bras comme des antennes de sauterelles, des gestes pour découper qui lui retournent les mains à la façon de spattes, horriblement maigre, séchée, ratatinée sous son châle de petite fille, couleur caca d’oie, et attaché à son cou par une immense plaque, remplie par la photographie de son mari ; on croirait voir une contemporaine de Montezuma, exhumée de ces cruches mexicaines, où l’on empote les morts. […] Il nous conte, du plus grand sérieux du monde, qu’il éprouve un certain ennui de finir son roman, tant il est attaché à ses personnages… Au milieu du développement de son ennui, un coup de sifflet dans la falaise : c’est Mme Feydeau qui arrive avec un pliant, toute charmante en sa fleur de beauté, et délicieusement coiffée d’une de ces coiffures du Directoire, qui ont l’air d’en faire une fille de Mme Tallien.

2056. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Lucien était le représentant de ce murmure sourd de la république déçue ; il était de plus orateur et poète ; à tous ces titres une popularité aussi littéraire que politique s’attachait à son nom. […] Son inspiration se rétrécit à la mesure des cinq ou six vers auxquels on attachait le refrain comme un grelot de folie à la robe d’Épicure.

2057. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Je me suis attaché à montrer principalement que les âmes humaines se développent suivant un rythme qui leur est propre, et que la poésie n’est pas autre chose que la traduction harmonique des rapports spontanés qui s’établissent entre les états successifs d’une même âme, et qui représentent des aspects divers de la vie et du développement de cette âme. […] Ils ont chacun leur valeur propre ; chacun d’eux répond à une réalité particulière, et tout le tort de nos devanciers fut de s’attacher uniquement à l’un d’eux pour nier les autres, ou de mélanger naïvement et grossièrement comme certains symbolistes le firent, des principes qui étaient sans rapports entre eux.

2058. (1930) Le roman français pp. 1-197

Ce qu’on peut distinguer de plus clair dans tout cela c’est la disparition inévitable du style oratoire des romantiques, à quoi je me résignerais assez aisément, tandis que — ce qui est regrettable — la belle manière analytique du xviiie  siècle à laquelle Stendhal et Balzac, bien qu’ils ne fussent pas de grands artistes du style, sont demeurés attachés, sortira de l’aventure passablement ébréchée : celle-ci ne va pas encore assez vite. […] Reste la « virginité » à laquelle certaines classes de la société, de moins en moins nombreuses, attachent encore quelque importance ; mais voici déjà près de quarante ans que M.  […] La religieuse si attachée à ses devoirs, ne retrouve pas sa famille. […] Il est sûr que cette jeune génération d’écrivains est arrivée avec des conceptions nouvelles, une manière nouvelle d’écrire, de composer — ou de ne plus « composer », du moins au sens qu’on attachait jadis à ce mot — avec des buts ou des idéals nouveaux : à tel point qu’ils nous montrent leur nombreuse cohorte, qui marche d’ailleurs en ordre très dispersé, comme en voie d’accomplir, dans tous les genres de la littérature, plus particulièrement dans celui du roman, une révolution aussi importante et radicale que celle qu’accomplit, il y a un siècle et davantage —  si l’on fait remonter comme on doit les origines de l’ancienne révolution à Rousseau et Chateaubriand — le romantisme. […] André Berge s’attache à rechercher, sympathiquement, « l’Esprit de la Littérature moderne », dans La Trahison des clercs, M. 

2059. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Tous les ornements, toutes les émotions sont exclus du style de Hobbes ; ce n’est qu’un amas de raisons et de faits serrés dans un petit espace, attachés entre eux par la déduction comme par des crampons de fer. […] Il est comte, chambellan, riche ; il pensionne et patronne les poëtes comme il ferait des coquettes, c’est-à-dire pour se divertir sans s’attacher. […] Ils s’attachent médiocrement au fond, et beaucoup à la forme. […] nourrice, je me pavanerai avec les meilleures d’entre elles toutes659. » Elle est prudente pourtant, elle sait que son père a « son fouet de chiens à la ceinture », et « qu’il la secouera ferme. » Elle prend ses précautions en conséquence : « Dites donc, nourrice, faites attention de vous mettre entre moi et mon père, car vous savez ses tours, il me jetterait par terre d’un coup de poing660. » Voilà la vraie sanction morale ; pour un si beau naturel, il n’y en a pas d’autre, et sir Tunbelly fait bien de la tenir à l’attache, avec un régime suivi de coups de pied quotidiens661.

2060. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Et peut-être est-ce ce qui reste en vous d’inconnu qui m’attache si incurablement à vous… M.  […] Mais notre vie reste pour eux lettre close ; elle n’est, à leurs yeux, qu’une suite d’images assez ternes, auxquelles ils n’attachent aucune signification… Je suis content que des fragments si divers de l’immense humanité soient en ce moment rassemblés à Paris. […] Et alors j’ai eu plaisir à songer que l’homme, demi-employé, demi-paysan, qui roulait mes colis, avait quelque part, au village voisin, un toit, un lit, une soupe qui l’attendaient, un foyer indigent, mais stable et attaché au sol… Ne vous est-il jamais arrivé, ma cousine, quand vous voyagez la nuit, d’être tout attendrie en apercevant, par la portière, les fenêtres éclairées de quelque pauvre maison, un coin d’intérieur, des têtes autour d’une lampe, et d’en avoir tout à coup le cœur serré de regret et de tristesse ? […] Mais à une condition expresse : ils devaient se montrer alors d’autant plus scrupuleusement soumis au roi et d’autant plus étroitement attachés à sa personne.

2061. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Or, au contraire, la société apparaît avec de grandes divisions ou professions qui font l’homme et lui donnent une physionomie plus saillante encore que celle qui lui est faite par ses instincts naturels ; les principales passions de homme s’attachent à sa profession sociale, elle exerce une pression sur ses idées, ses désirs, son but, ses actions. […] Les gazetiers-punaises Ces gazetiers-punaises, ces écrivains acarus sont excellents pour la santé littéraire des gens auxquels ils s’attachent, et qui auraient tort de se gratter un peu fort, car ils les écraseraient. […] À madame Sand Madame, Un homme s’avance sur une grande route, y marche trente ans, faisant à chaque pas des découvertes ; un certain nombre de voyageurs s’attachent à lui et chantent ses louanges sans relâche, admirant tout ce qu’il voit et ne pouvant rien voir de ce qu’il ne voit pas. […] Ils défendent avec acharnement le vers, parce que les idées fausses, ampoulées, grotesques y ont un droit d’asile consacré, y reçoivent le baptême de la rime et entrent par cela seul dans la religion du beau et du bon, en vertu de cette prétendue musique qu’y attache la rime.

2062. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Il doit y avoir plus de luttes et d’intéressants débats dans l’âme, par exemple, d’une impératrice détrônée qui a connu toutes les gloires et toutes les ruines, que dans l’âme d’une femme de ménage dont le mari rentre habituellement ivre et la bat, ou dans celle d’un Sioux attaché au poteau de guerre ! […] Pour ma part, je m’attache, au contraire, à n’employer, dans mes vers, que des mots pour ainsi dire usuels des mots qui sont dans le Petit Larousse. […] Sans doute, il est merveilleux, ce jeu d’esprit joué sur l’échiquier mental d’Helvétius et de Condillac, mais il faut le prendre pour ce qu’il vaut et s’en délecter, par virtuosité d’esprit, mais sans y attacher de souveraine importance. […] Polémiste extraordinairement vigoureux, il s’est fait autant d’ennemis par la crâne et impétueuse énergie de ses attaques, qu’il s’est attaché d’amis sûrs par la belle générosité de ses plaidoiries en faveur de talents méconnus.

2063. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Mais vivre, malheureux, c’est sonner dans la mémoire des hommes, et, pour sonner, il faut bien que quelqu’un attache le grelot.. […] Si un écrivain pouvait sortir de l’inspiration de son temps, il serait semblable, comme l’a dit Sainte-Beuve, à « l’antique et fabuleux Antée, qui perd terre » ; mais, s’il ne s’élève pas au-dessus de son temps, la terre où il s’attache le garde et le dévore. […] Cependant, il faut avouer que la grande gloire populaire lui manque et lui manquera toujours, et que le lien qui l’attache à la vie est assez fragile, la pensée, chez lui, ayant relativement peu de valeur, et presque tout le prix de ses poésies étant dans une forme qui n’intéresse que les artistes. […] Mais les hommes de simple talent, qui n’ont que leurs moyens humains pour réussir, attachent une importance vitale à ne point se compromettre par la moindre tache qui déshonore leur écriture. […] Preuve de médiocrité intellectuelle des hommes, le prix que ceux-ci attachent encore au style.

2064. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

On commence par accepter un morceau de galette sans y attacher d’importance : on finit par se laisser entretenir. — Mais, songeait l’homme (qui est un brave homme), si je refuse cette innocente friandise, je ferai de la peine à de bonnes filles et au plus courtois des directeurs. […] Francisque Sarcey fera des conférences à l’Odéon, je m’attacherai aux pas de cet homme sagace et jovial, et je recueillerai la manne abondante de sa parole. […] la duchesse, à genoux, le prenant à bras-le-corps : Non, je m’attache à vous. […] Mais un excès de modestie vous empêche d’en convenir… Tout vous fait voir que c’est vous que j’aime… Je vous suis déjà attachée par la reconnaissance… » Ariste, à part. […] » Comme on sent bien qu’au fond cet homme fort attache à ce vocable le même sens saugrenu, mystérieux et vaguement effrayant que lui donnent, en province, les clercs de notaire tout jeunes et les bourgeois effarouchés des petites villes.

2065. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Le souvenir d’Agrippine ne reste attaché à aucune mesure de cette sorte. […] Elle n’avait rien du tout de l’ambition proprement virile, de celle qui s’attache aux choses et non aux apparences. […] Les immortels, instruits de sa naissance, Pour l’admirer descendirent des cieux : Sur lui, sur vous, ils attachaient leurs yeux, Leurs yeux charmés ; et dans un doux silence, Ils souriaient au plus puissant des dieux. […] Il vient, à l’heure où commencent les sommes, Quand, sous leurs toits, les vivants sont couchés, Pour réjouir tous les petits bonshommes Que le vernis tient au vase attachés… Et si, dès l’aube, une maîtresse active Jette à ses pots son regard empressé, Elle voit bien, tant la couleur est vive, Que le dieu Pu dans l’armoire a passé. […] Il lui a chuchoté cela sur l’oreiller, sans y attacher autrement d’importance, pour amuser sa bonne amie, pour avoir l’air d’un monsieur qui sait des choses, et parce qu’il y a des minutes dans la vie qui portent à faire des confidences pour rien, pour le plaisir… Et Nohan n’en est pas moins un « galant homme », n’y ayant point de galant homme qui n’ait quelques petites infamies sur la conscience.

2066. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Un honnête homme, le conseiller Taubenheim, s’éprend de lui, l’installe dans sa demeure, à sa table de famille, l’apprécie tous les jours davantage, essaie de se l’attacher par des liens plus étroits, et finalement lui offre la main de sa fille aînée. […] En attendant, je me suis attaché surtout, comme l’avait fait M.  […] Mais au lieu de se jouer à la superficie des choses, il attacha son observation aux drames éternellement humains, qui se jouent entre marquis et baronnes, comme entre couturières et mécaniciens. […] Mais, comme nous n’attachons pas tous le même sens aux mêmes mots, et que le langage n’exprime jamais que la moindre partie de notre pensée, ils savent aussi combien de sentiments différents s’expriment par des gestes ou des mouvements extérieurs analogues, et ils veulent pénétrer plus avant. […] Cependant — et quoiqu’il soit d’un petit esprit, je le sais, de vouloir attacher aux mots des sens précis et déterminés — ce qu’il peut bien rester de la notion de religion quand on en a successivement éliminé, comme M. 

2067. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

C’est une roue massive fixée sur la cime de la plus haute montagne ; à ses rayons énormes sont attachées et emmortaisées dix mille choses moindres. […] Traqué par ses ennemis, « attaché comme un ours au poteau », il combat, inquiet seulement de la prédiction des sorcières, sûr d’être invulnérable tant que l’homme qu’elles ont désigné n’aura point paru. […] C’est un papillon doré qui s’agite dans la boue, et Shakspeare, en peignant ses misères, lui garde toute sa beauté : Viens, assieds-toi sur ce lit de fleurs — pendant que je caresse tes joues charmantes, —  et que j’attache des roses musquées au poil luisant de ta tête, —  et que je baise tes belles et larges oreilles, ô ma chère joie !

2068. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Je pourrais dire comme Corneille, en reconnaissant la distance infinie qui me sépare de lui comme poète : Mon génie au théâtre a voulu m’attacher ; Il en a fait mon fort, je dois m’y retrancher.

2069. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Votre plus humble et attachée servante, Marceline Valmore.

2070. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Si on n’avait de ce prince que les longues épîtres et les pièces de quelque étendue ou même les rondeaux, on serait forcé, sur ce point, de donner raison contre lui à Rœderer, qui s’est attaché à le dénigrer en tout.

2071. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

La faute première en est à Euripide, grand ennemi des femmes : pour moi, je m’attache à sa jeunesse, à son unique amour, à sa primitive innocence ; sa passion m’attendrit beaucoup plus que celle de Phèdre, car elle est bien moins coupable.

2072. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Je lus un jour, en Syrie, dans les journaux français, que nos troupes s’étaient emparées de deux femmes errantes qui paraissaient être du parti de la duchesse de Berri, mais dont on n’avait pu encore découvrir le nom, qu’elles cachaient avec soin à leurs persécuteurs ; que l’une de ces femmes inconnues portait un poignard attaché à sa jarretière, avec lequel elle s’était défendue. « Oh !

2073. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Tous les deux sont nés gentilshommes, et tous les deux s’attachent au parti royal : Balzac y avait plus de mérite que Malherbe, parce qu’il était plus jeune, qu’il avait vu ce parti avoir le dessous, et qu’il avait rempli des fonctions de confiance auprès du duc d’Epernon et du cardinal de la Valette, deux des chefs les plus marquants du parti des princes.

2074. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Ainsi l’homme s’attache, au petit bonheur, à quelque idéal restreint et borné, à quelque honneur particulier.

2075. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

La malédiction d’OEdipe s’attacha donc à ses fils et elle en fit deux Caïn.

2076. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

La vraie trame uniforme sur laquelle se dessinent toutes les broderies, c’est la conscience continue d’un bien-être attaché à l’être même, à l’action, au vouloir, et tendant à se maintenir au milieu de tous les obstacles.

2077. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

* * * — J’ai vu aujourd’hui le modèle des maîtresses, la maîtresse d’un jeune Anglais phtisique, une Italienne assez attachée à la poitrine de son amant, pour l’empêcher de sortir tous les soirs, s’enfermant avec lui, causant, fumant des cigarettes, lisant, toujours couchée sur une chaise longue, et dans une attitude qui montre un bout de jupon blanc et les bouffettes rouges de ses pantoufles.

2078. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Et l’une des deux prise de dysenterie et attachée avec des cordes sur le cheval.

2079. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Est-ce que la pauvre fille, la dernière des personnes qui me soit sérieusement attachée, est-ce que je vais la perdre, et rester tout seul, tout seul sur la terre, sans une affection, sans un dévouement.

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