Mlle de Ruffey avait dû épouser Buffon, dont la gloire du moins couronnait la mâle et verte vieillesse. […] « M. de Saint-Mauris, dit Mirabeau, me voulut pour témoin de sa gloire, et je dus à sa vanité la permission de venir à Pontarlier. » Mirabeau fit plus, il fut l’historiographe de la fête (25 juin 1775).
C’est à toute la jeunesse du royaume, à toutes les gardes nationales, de prendre les couleurs du deuil, lorsque l’assassinat de leurs frères est parmi nous un titre de gloire pour des étrangers. […] Il y a là l’élégie royale dans toute sa gloire, puis, tout à côté, le mystère d’un réduit riant et studieux couronné de rameaux, et propice au rêve du poète, au rêve de l’amant.
* * * — On peut dire qu’en France, le jour où le chef du gouvernement a eu sur le dos, comme uniforme, un habit noir, c’en a été à jamais fait de sa puissance et de sa gloire militaires. […] Du temps de notre gloire, il y avait un peintre isolé, comme Vernet, comme Raffet, mais non tout un petit monde, pouvant faire les frais d’une exposition spéciale.
Il met, comme un sculpteur, l’empreinte de son pouce Sur leurs fronts rayonnants de la gloire des cieux, Et l’ardente auréole en gerbes d’or y pousse. […] Il déplorait, — c’était dans les beaux temps du Romantisme, — que celui à qui l’opinion publique faisait une gloire parallèle à la sienne commît de si monstrueuses erreurs à l’endroit de la beauté.
Vous entendrez dire que ces hommes travaillent pour la gloire et qu’ils tirent leurs joies les plus vives de l’admiration qu’ils inspirent. […] Mais celui qui est sûr, absolument sûr, d’avoir produit une œuvre viable et durable, celui-là n’a plus que faire de l’éloge et se sent au-dessus de la gloire, parce qu’il est créateur, parce qu’il le sait, et parce que la joie qu’il en éprouve est une joie divine.
Dans son jugement de Rhadamiste, qui parut en brochure, le critique, après avoir reconnu qu’il y a dans la pièce des traits hardis, heureux, et des situations intéressantes, se met à la suivre scène par scène et à démontrer les invraisemblancesk, les incohérences du sujet, l’action peu liée, les caractères peu soutenus ; il n’en laisse à peu près rien subsister : Enfin, dit-il, je n’ai pas d’idée d’avoir jamais lu une tragédie plus embarrassée, plus fausse, et moins intelligible ; j’ai l’avantage de pouvoir dire ici tout ce que je pense, sans crainte de faire tort à l’auteurl ; car, ou je m’égare dans le jugement que j’expose, et en ce cas le public le vengera de moi, ou le public déférera à mes remarques, et en ce cas même il en rejaillira beaucoup de gloire à M. de Crébillon : on estimera à la vérité un peu moins sa pièce, mais il paraîtra d’autant plus grand, qu’il aura mieux trouvé l’art de fasciner les esprits, en leur cachant les défauts de sa tragédie à force de splendeur et de magnificence.
Je ne saurais mieux définir le sentiment de profonde affection et comme de piété que je portais alors jusque dans la critique littéraire, qu’en rappelant un passage de mon roman de Volupté, où Amaury s’écrie (chap. xxi) : « … Dans les Lettres mêmes, il est ainsi des âmes tendres, des âmes secondes, qui épousent une âme illustre et s’asservissent à une gloire : Wolff, a dit quelqu’un, fut le prêtre de Leibnitz.
Du moins nos pères furent bien excusables de s’y méprendre, et il est beau de voir avec quelle indulgence, dictée par une raison impartiale et supérieure, le jeune historien leur pardonne de s’être jetés dans fies bras du héros, et de s’être laissé enivrer à tant de gloire.
La vie, le sentiment de la réalité, y respirent ; de frais paysages, l’intelligence poétique symbolique de la nature, une conversation animée et sur tous les tons, l’existence sociale du xviiie siècle dans toute sa délicatesse et sa liberté, des figures déjà connues et d’autres qui le sont du moment qu’il les peint, d’Holbach et le père Hoop, Grimm et Leroy, Galiani le cynique ; puis ces femmes qui entendent le mot pour rire et qui toutefois savent aimer plus et mieux qu’on ne prétend ; la tendre et voluptueuse madame d’Épinay, la poitrine à demi nue, des boucles éparses sur la gorge et sur ses épaules, les autres retenues avec un cordon bleu qui lui serre le front, la bouche entr’ouverte aux paroles de Grimm, et les yeux chargés de langueurs ; madame d’Houdetot, si charmante après boire, et qui s’enivrait si spirituellement à table avec le vin blanc que buvait son voisin ; madame d’Aine, gaie, grasse et rieuse, toujours aux prises avec le père Hoop, et madame d’Holbach, si fine et si belle, au teint vermeil, coiffée en cheveux, avec une espèce d’habit de marmotte, d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze à travers la blancheur de laquelle on voyait percer çà et là la couleur de rose ; et au milieu de tout ce monde une causerie si mélangée, parfois frivole, souvent souillée d’agréables ordures, et tout d’un coup redevenant si sublime ; des entretiens d’art, de poésie, de philosophie et d’amour ; la grandeur et la vanité de la gloire, le cœur humain et ses abîmes, les nations diverses et leurs mœurs, la nature et ce que peut être Dieu, l’espace et le temps, la mort et la vie ; puis, plus au fond encore et plus avant dans l’âme de notre philosophe, l’amitié de Grimm et l’amour de Sophie ; cet amour chez Diderot, aussi vrai, aussi pur, aussi idéal par moments que l’amour dans le sens éthéré de Dante, de Pétrarque ou de notre Lamartine ; cet amour dominant et effaçant tout le reste, se complaisant en lui-même et en ses fraîches images ; laissant là plus d’une fois la philosophie, les salons et tous ces raffinements de la pensée et du bien-être, pour des souvenirs bourgeois de la maison paternelle, de la famille, du coin du feu de province ou du toit champêtre d’un bon curé, à peu près comme fera plus tard Werther amoureux de Charlotte : voilà, et avec mille autres accidents encore, ce qu’on rencontre à chaque ligne dans ces lettres délicieuses, véritable trésor retrouvé ; voilà ce qui émeut, pénètre et attendrit ; ce qui nous initie à l’intérieur le plus secret de Diderot, et nous le fait comprendre, aimer, à la façon qu’il aurait voulu, comme s’il était vivant, comme si nous l’avions pratiqué.
S’il nous juge un peuple malin et dénigrant plutôt qu’admiratif, il se trompe ; nulle part on ne croit à la gloire comme chez nous.
Rien qu’il envie ne manque à sa gloire ; car la renommée lui serait insupportable.
Ils savent que leur royaume n’est pas de ce monde et que la gloire ne fleurit guère que sur les tombeaux.
Et en effet, aux environs de 1750, voici Montesquieu qui disparaît, sa tâche faite ; Voltaire, qui va chercher hors de sa patrie un asile où il puisse dire librement ce qu’il pense ; Rousseau, qui entre dans la gloire par un coup de foudre ; Diderot, qui se fait mettre en prison pour son début dans la littérature philosophique ; Buffon, qui publie les trois premiers volumes de son Histoire naturelle ; l’Encyclopédie, cette énorme machine de guerre, qui commence à battre en brèche les remparts croulants de l’ancien régime.
Même en sa jeunesse première, dans la gloire de sa beauté blonde, quand il portait fièrement la tête d’un Christ qui rêve d’être Madeleine : cet être à deux faces jouisseuses aima surtout les besognes crépusculaires et équivoques.
Les fables de La Fontaine seront bien aussi victorieuses du temps, et ne dureront pas moins que les plus beaux monumens consacrés à la gloire de Louis XIV.
Je vois sortir de la bouche de cet artiste en légende : de contemnenda gloria ; écrit en rouleau autour de son ébauchoir : de pane lucrando ; et sur la frange de son habit : fi de la gloire, et vivent les écus !
Il a un fils né avec l’étoffe d’un habile homme, mais à qui il a malheureusement appris à aimer le repos et à mépriser la gloire.
La premiere idée qui lui vint à la vûë de la statuë de ce heros grec, dont la renommée avoit porté la gloire aux extrémitez de la terre, ne fut point l’idée des fautes qu’Alexandre avoit faites dans ses expeditions.
Mais il en est, et ce sont, je crois, les plus nombreux, qui sont obscurs volontairement et de propos fait, pour s’acquérir la gloire délicate et précieuse d’auteurs obscurs, et voici comment ils ont procédé.
L’esprit de conquête, réduit à sa cruelle nudité, du moins sera déshérité de toute gloire.
Franz de Champagny a eu, un jour, cette première sensation d’une gloire qui va peut-être naître, et que Vauvenargues comparait à la douceur des premiers rayons d’une aurore.
Tout à l’heure viendront, pour le compte de l’historien lui-même, des pages de ce comique plus tuant pour la gloire de la Révolution que les tragédies les plus horribles, — car l’horrible dégrade moins que l’abject, — mais en ce moment, dominé par l’idée de la fin de cet homme taillé dans toutes les élégances de l’héroïsme français, Vitu n’a songé qu’à être pathétique.
Mais ce fut une idée de Cormenin vieillissant, retiré de la mêlée, pensant à sa gloire qu’il voulait peut-être justifier, que ces portraits, publiés isolément d’abord, et qu’il tenta de relier entre eux par des idées intermédiaires et de ranger sur un fond de théories comme sur un lambris.
Lessing savait bien ce que Voltaire ne savait qu’à peu près ou mal… Linguiste immense, fort dans les langues anciennes, dont Voltaire avait seulement éraflé le dictionnaire, Lessing lisait dans leur propre langue tous les théâtres de l’Europe moderne, et encore par là il tenait Voltaire, ce menteur et ce pickpocket de Voltaire, qui aurait si bien escroqué la gloire d’autrui, si on l’eût laissé faire.
Ernest Renan, quoique sorti du séminaire, n’était pas précisément la gloire de ce respectable établissement ?
Avoir du talent, mais se garder de l’invention comme de la peste, n’avoir pas surtout l’insolent privilège de l’originalité qui choque tant les esprits vulgaires et viole trop cette chère loi de l’égalité ; avoir du talent et même s’en permettre beaucoup si on peut, mais sous la condition expresse que ce sera sur un mode connu, accepté, qui ne dérangera rien dans les habitudes intellectuelles et ne sera point, pour ceux qui se comparent, une différence par trop cruelle, telle est la meilleure et la plus prudente combinaison qu’il y ait pour se faire un succès, qui suffit à la vie et même à la fatuité dans la vie et pour se passer très bien de la gloire, — ce morceau de pain toujours inutile, gagné en mourant de faim par ces imbéciles d’inventeurs qui ne le mangent pas !
… La gloire de de Musset ce sillon rose dans l’air que le temps n’efface pas et qui traînera longtemps encore derrière ce jeune homme, lient autant à la légèreté de son esprit qu’à sa passion et à son éclat ; et, pour mon compte, je suis persuadé qu’un livre moderne, plein des choses modernes, qui aurait le bonheur d’être écrit avec la légèreté perdue des Mémoires du chevalier de Grammont, par exemple, nous paraîtrait un phénomène et nous tournerait la tête à tous, graves caboches du dix-neuvième siècle !
Ils conviennent à l’esprit de franchise, qui caractérise les républiques populaires, ennemies des mystères dont l’aristocratie aime à s’envelopper ; elles conviennent encore plus à l’esprit généreux des monarchies : les monarques dans ces jugements se font gloire d’être supérieurs aux lois et de ne dépendre que de leur conscience et de Dieu. — Des jugements humains, tels que les modernes les pratiquent pendant la paix, sont sortis les trois systèmes du droit de la guerre que nous devons à Grotius, à Selden, et à Pufendorf.
Il chante, dédaigneux de l’antique Memnon : Car ton soleil se lève et l’illumine, ô Gloire ! […] Le poète évoque toutes les gloires de la France, les énumère l’une après l’autre, lentement, sans rien omettre, et les montre humiliées par la honte de Sedan ; l’énumération, qui n’est souvent, chez Victor Hugo, qu’un procédé où la rhétorique se fait trop sentir, est naturelle ici et magnifiquement à sa place : Alors la Gaule, alors la France, alors la gloire, Alors Brennus, l’audace, et Clovis, la victoire. […] le monument de nos gloires ! […] Gloire vient de gloria ; o a donné oi par l’attraction de l’i ; j’en suis fort aise : mais d’où vient gloria ? […] Mon immortalité, ce n’est pas la gloire, c’est mon amour !
Il a été l’émule d’Henrik Ibsen ; et sa gloire fut peut-être plus étendue encore, plus aimée. […] Cet écrivain : quelque dramaturge à la mode, plein de gloire et qui premièrement n’est pas très effrayé des sophismes qu’il éparpille. […] Et il a écrit la Gloire du Néant, qui est une superbe révolte idéologique. […] Henri Poincaré ait reçu de ses contemporains la récompense, au lieu d’un châtiment, la récompense de la gloire. […] Et l’on a raison de le dire, si l’on tâche ainsi de marquer, par l’analogie d’une gloire incontestée, l’importance de son œuvre.
Ce fut lorsqu’elle tenta de s’élargir qu’elle fut renversée, après un long règne de gloire. […] Il a été l’occasion d’un magnifique épanouissement lyrique ; ce sera son éternelle gloire. […] Un point qui me tient surtout au cœur, c’est de répondre au reproche qu’on me fait d’insulter nos gloires. […] C’est ma gloire de les défendre, ces vieilles idées. […] Anne d’Autriche a chargé le capitaine Coq-Hardy de négocier avec le grand Condé, qui revient de Lens chargé de gloire.
» C’est la marque de la portée d’une comédie que ses traits caractéristiques soient éternels ; c’est la marque aussi qu’elle ne corrige point, et le signe de sa gloire est le signe de sa vanité. […] Une gloire, en termes de peinture, est la représentation du ciel ouvert avec des personnes célestes, Dieu, anges, saints, etc. Mignard, le peintre célèbre de Louis XIV, avait peint une gloire au dôme de l’église du Val-de-Grâce ; Molière fut prié de célébrer en vers cette belle œuvre d’art. […] Comptez encore que s’il vous naît un fils, ce que j’espère, il se peut qu’il soit d’un sang à couvrir de gloire votre nom, déjà agréable, par sa bravoure son esprit et son mérite. […] Elle s’est persuadé que la gloire de la femme est de s’élever au-dessus des sens, au-dessus de la vile matière et de mépriser les Sollicitations de la nature.
Leur père Dankrât, qui en mourant leur laissa son héritage, était doué d’une grande force ; dans sa jeunesse, il avait aussi acquis beaucoup de gloire. […] quelle grande gloire il conquit en ce monde ! […] « Du bon temps de Sîfrit et des jours de sa jeunesse, on peut raconter bien des merveilles ; quelle gloire s’attachait à son nom, et combien son corps était beau ! […] Sigemunt et Sigelint méritent d’obtenir grande gloire pour leur générosité ; leur main fit de grandes largesses, d’où il advint qu’on vit dans le pays beaucoup d’étrangers chevauchant avec eux. […] En maintes choses sa gloire est grande, ne le crois-tu pas, Brunhilt ?
Ils aiment la gloire ou la vanité, qui en est la fausse image. […] Ils empruntent et ne rendent point, et s’ils peuvent tromper, ils en perdent rarement l’occasion ; étant sans sincérité dans le service et dans tous autres engagements ; sans bonne foi dans le commerce, où ils trompent si finement, qu’on y est toujours attrapé ; avides de bien et de vaine gloire, d’estime et de réputation, qu’ils recherchent par tous moyens. Destitués comme ils sont de la véritable vertu, ils s’attachent à se revêtir de son apparence, soit pour s’imposer à eux-mêmes, soit pour mieux parvenir aux fins de leur vaine gloire, de leur ambition et de leur volupté. […] Ils font leurs prières et leurs purifications aux temps marqués, et dans la dévotion la plus apparente: ils tiennent les plus sages discours et les plus pieux qu’il se puisse, parlant continuellement de la gloire et de la grandeur de Dieu dans les plus excellents termes, et avec tout l’extérieur de la foi la plus ardente.
Gabriel Sarrazin s’est acquis des titres à notre reconnaissance pour avoir un des premiers en France pressenti la gloire future du grand méconnu, de l’archange foudroyé qui écrivit le Prométhée délivré. […] Je voudrais évidemment pouvoir en indiquer beaucoup, car Victor Hugo se faisait un légitime titre de gloire d’avoir inventé des strophes nouvelles ; mais si j’en connais encore très peu, je conçois que leur nombre ne puisse être limité que par la puissance créatrice de la vie même. […] Il brisa les cadres factices dans lesquels on voulait l’enfermer, mit le bonnet rouge au vieux dictionnaire, et se fit une gloire de ne plus distinguer entre les « mots nobles » et ceux qui ne l’étaient pas. […] Cherchons pour nous une autre gloire. » Et ces quelques mots encore, qu’il nous faut bien entendre : « Tout s’est écroulé derrière nous.
Le retour de l’île d’Elbe, les préparatifs de la campagne de 1815, et cette fatale journée de Waterloo dont il reste à dégager du moins la gloire lugubre, et sur laquelle nous croyons savoir qu’entre les partis contradictoires M.
Le vœu ici est le même que dans la VIIIe idylle de Théocrite, quand le berger Daphnis chante ce couplet qu’on ne saurait oublier, et où il ne souhaite ni la terre de Pélops, ni les richesses, ni la gloire, mais de tenir entre ses bras l’objet aimé, en contemplant la mer de Sicile.
XXXIII Ce serait encore une gloire, dans cette grande confusion de la société qui commence, d’avoir été les derniers des délicats. — Soyons les derniers de notre ordre, de notre ordre d’esprits.
Sous la Restauration, l’idéal, c’est-à-dire ce qu’on n’avait pas, se reportait à la gloire de l’Empire et aux luttes de la Révolution ; depuis 1830, c’est-à-dire depuis que nous sommes devenus vainqueurs et glorieux apparemment, notre idéal se repose et semble être aux délices de Capoue, à ce bon xviiie siècle d’avant la Révolution, que, dès Louis XIV jusqu’après Pompadour, nous confondons volontiers sous le nom de Régence.
On sort du collège, et, à peine sorti, on a déjà choisi son point de mire, son modèle dans quelque écrivain célèbre, dans quelque poëte préféré : on lui adresse son admiration, on lui porte ses premiers vers ; on devient son disciple, son ami, pour peu qu’il soit bon prince ; on est lancé déjà ; à sa recommandation peut-être, un libraire consent à imprimer gratis vos premiers vers ; un journal du moins les insère ; on y glisse de la prose en l’honneur du saint qu’on s’est choisi et à la plus grande gloire des doctrines dont on a le culte juvénile : comment revenir après cela ?
L’héroïsme de la morale, l’enthousiasme de l’éloquence, l’ambition de la gloire donnent des jouissances surnaturelles qui ne sont nécessaires qu’aux âmes à la fois exaltées et mélancoliques, fatiguées de tout ce qui se mesure, de tout ce qui est passager, d’un terme enfin, à quelque distance qu’on le place.
Les Français feraient un livre mieux que les Anglais, en leur prenant leurs idées ; ils les présenteraient avec plus d’ordre et de précision : comme ils suppriment beaucoup d’intermédiaires, leurs ouvrages exigent plus d’attention pour être compris ; mais la classification des idées y gagne, soit par la rapidité, soit par la rectitude de la route que l’on fait suivre à l’esprit En Angleterre, c’est presque toujours par le suffrage de la multitude que commence la gloire ; elle remonte ensuite vers les classes supérieures.
Il le dut au flair littéraire du baron Taylor et au flair artistique de Mlle Mars, qui, parvenue alors à la cinquantaine, devina, dans le personnage de Catherine de Clèves, un rôle où elle se renouvellerait à sa gloire.
Tant de dons précieux, un esprit si fin, un tact si délicat, une fantaisie si mobile et si riche, une gloire si précoce, un si soudain épanouissement de beauté et de génie, et au même instant les angoisses, le dégoût, les larmes et les cris !
La gloire et la joie sont de les poursuivre.
Ce n’étaient pas des poètes méconnus qu’une gloire soudaine sortait de l’ombre.
Cependant, je vous le dis, Salomon dans toute sa gloire n’était pas vêtu comme l’un d’eux.
« Montrons, dans un prince admiré de tout l’univers, que ce qui fait les héros, ce qui porte la gloire du monde jusqu’au comble : valeur, magnanimité, bonté naturelle, voilà pour le cœur ; vivacité, pénétration, grandeur et sublimité de génie, voilà pour l’esprit ; ne seraient qu’une illusion, si la piété ne s’y était jointe, et enfin que la piété est le tout de l’homme. » 10.
Elle a gagné principalement, lorsqu’on n’a plus eu les grands écrivains du siècle de Louis XIV, Racine, Boileau, la Fontaine, Molière, la Bruyère, ces génies immortels que le sçavant Huet se félicitoit d’avoir connus, comme Ovide se fait gloire, dans une élégie, d’avoir vu Horace, Virgile, Tibulle, Properce & Gallus.
Le titre de confrère & d’ancien ami de l’auteur, ne parut pas suffisant à Gibert pour l’empêcher de le citer au tribunal du public, de vouloir le dépouiller d’une gloire usurpée, & faire mettre en balance qui des deux méritoit de l’emporter pour le goût, le talent & les lumières : il osa même adresser ses observations à Rollin.
Les traités de l’Amitié & de la Gloire par M. de Saci, ami de Madame de Lambert, & digne de l’être de tous les honnêtes gens, sont un tissu de sentimens nobles, délicats & vertueux qu’on ne voit presque que dans les livres.
C’est que tout ce qui s’est fait de bien chez un peuple se rapporte à un seul homme ; c’est que cet homme jaloux de toute gloire ne souffre pas qu’un autre soit honoré, c’est qu’il n’y a que lui.
Sans beaucoup de peine et d’efforts, et en restant dans les travaux de toute sa vie, il pouvait conquérir littérairement le nom d’Asiatique et se faire une gloire éclatante et facile, à une époque où l’esprit d’aberration philosophique qui mène le monde s’est engoué de l’Asie, et poétiquement, scientifiquement, politiquement, — de toutes les manières enfin, — en a monstrueusement exagéré la grandeur.
et que les bénéfices du temps et la gloire pour l’historien ou le critique littéraire, c’est de voir ce que les hommes comme Malherbe, Vaugelas, le cardinal de Richelieu, pour agir comme ils ont fait, ne pouvaient pas regarder !
Depuis Henri IV et Louis XIV, qui reconnaissaient leurs bâtards et leur donnaient des maisons princières, jusqu’à Louis XV, qui éleva l’adultère à la Fonction dans la personne de madame de Pompadour et de madame du Barry, des générations successives de maîtresses avaient suivi des générations successives de Bourbons sur le trône, en sorte que l’on aurait pu croire que, si le Roi ne mourait pas en France, la Maîtresse du Roi ne mourait pas non plus… Nous ne craignons pas de le dire : c’est là le grand crime des Bourbons, la tache indélébile qu’on ne lavera point dans toute leur gloire.
Depuis Henri IV et Louis XIV, qui reconnaissaient leurs bâtards et leur donnaient des maisons princières, jusqu’à Louis XV, qui éleva l’adultère à la Fonction, dans la personne de Mme de Pompadour et de Mme Du Barry, des générations successives de maîtresses avaient suivi des générations successives de Bourbons sur le trône, en sorte que l’on aurait pu croire que si le Roi ne mourait pas en France, la Maîtresse du Roi ne mourait pas non plus… Nous ne craignons pas de le dire, c’est là le grand crime des Bourbons, la tache indélébile qu’on ne lavera point dans toute leur gloire.
Dans ce livre important sur la Babylone écarlate, le protestant Ranke avait montré pour quelques grandes figures, la gloire éternelle du catholicisme et du monde, une admiration si indépendante et si simple, qu’elle fit croire à ces esprits qu’un mot enlève et qui font de leur désir une espérance, que Ranke pourrait bien finir comme le poète Zacharias Werner ou le fameux Frédéric Hürter, l’illustre chroniqueur d’Innocent III, et qu’il embrasserait le Catholicisme.
Il raconte Granvelle, cette figure impassible qui a tant de sensibilité par-dessous… ce cardinal qui a la beauté calme d’une physionomie militaire, cet homme blanchi à quarante-six ans par des soucis affreux, impopulaire, — la gloire vraie de tous les grands ministres !
Un homme qui aimerait autant que moi Madame de Staël n’aurait jamais, par respect pour elle, publié ces bribes vulgaires ; car tout ce qui n’augmente pas la gloire doit la diminuer.
Il ne s’agit pas ici, bien entendu, des talents du gymnaste intellectuel que l’on appelle un philosophe, ni même de la dorure de bec de la Gloire, qui répète parfois et crie des noms, comme les perroquets, sans rien y comprendre, mais il s’agit des hommes qui représentent pour les avoir réellement exprimées le petit nombre de vérités nécessaires à la vie et à l’honneur de l’esprit humain.
Qu’on le sache et qu’on le nie, avec l’hypocrisie des partis qui ont leur chemin à faire et qui veulent tourner pacifiquement les résistances, ou qu’on l’avoue, au contraire, avec cette foi exaltée aux idées fausses qui a ses racines dans l’orgueil, de tels systèmes, si on les acceptait comme on les donne, ne seraient pas seulement avec le passé une rupture haineuse et profonde, ils mèneraient droit à l’effacement radical de tout ce qui a produit pendant dix-huit siècles la gloire, la force et les vertus de la société européenne.
Aussi, pour peu qu’on aimât les lettres et qu’on tînt à elles, au bien qu’elles font, à la gloire qu’elles donnent, par quelque ardente sympathie, on était heureux de penser que les lettres seules avaient préservé les quarante premières têtes de France de cette contagion d’idées fausses qui, à cette époque, avait saisi tous les esprits, et les savants plus que personne.
Et n’a-t-il pas fallu, et seulement en ces derniers temps, un voyant historique comme Thomas Carlyle, pour nous prouver que ce grand homme, qui n’a qu’une tache sur toute une gloire immense, fut, comme Mahomet, un être de la plus noble et de la plus profonde sincérité ?
Excepté le drapeau de la Révolution, racheté par la gloire de cent héroïques batailles, le comte de Chambord, dans toutes ses manifestations politiques, a accepté tout ce que les révolutionnaires appellent fièrement les conquêtes de la Révolution victorieuse.
Cela met du romanesque dans une gloire qui n’est elle-même qu’un roman.
Cette langue elle-même qui était naguères la gloire de la poésie de l’auteur des Odes, cette langue arrachée au xvie siècle par un travail d’imitation énergique et passionné, n’a plus dans les Odes funambulesques d’aujourd’hui que des destinations étranges.
Mais tout cela, mon père, a fatigué mon âme Sans l’user, — tout cela, amour, jeunesse et femme, La gloire du Sénat, celle des bataillons, Et le peuple en drap d’or, et le peuple en haillons, Tout cela m’a bientôt paru fortune aride ; En le voyant de près, j’en ai trouvé le vide, Et, déchirant ma robe au fer de mes talons, J’ai porté mes regards vers de plus hauts jalons !
Les Grecs ayant retrouvé dans toutes les contrées du monde un caractère de fondateurs des sociétés analogue à celui de leur Hercule de Thèbes, ils placèrent partout son nom et le firent voyager par toute la terre qu’il purgeait de monstres sans en rapporter dans sa patrie autre chose que de la gloire.
Les interprètes du droit romain ont fait consister toute la gloire de la métaphysique légale dans l’examen de l’indivisibilité des droits en traitant la fameuse matière de dividuis et individuis.
Parmi tous ses titres de gloire, c’en est un sur lequel peut-être on n’a pas assez insisté. […] Mais la gloire de cette belle invention ne lui appartient pas, et, s’il le dit, c’est qu’il l’a su de La Beaumelle, toujours. […] Il en demeurerait dix ou douze, trois ou quatre purs chefs-d’œuvre dans ce petit nombre, et ce serait assez pour la gloire de Marivaux. […] La gloire ou le reproche, comme on le voudra prendre, en revient pour une part à Voltaire et pour une part à Rousseau, mais peut-être pour la principale aux ouvriers de l’Encyclopédie. […] « Les feux de l’aurore, a dit Vauvenargues, ne sont pas plus doux que les premiers regards de la gloire. » L’auteur du Traité de la monnaie l’éprouva.
En voyageant en Savoie, et en visitant un ami d’enfance qui était le neveu des de Maistre, alors justement estimés, mais encore ignorés de la gloire, je tombai par accident dans le nid champêtre qui avait vu naître cette couvée d’hommes extraordinaires. […] Gloire aux larmes ! […] La nouveauté, c’est le symptôme des gloires futures.
A Paris, Rousseau apportait quinze louis, une comédie de Narcisse, et un système nouveau de notation musicale qui devait lui donner gloire et fortune. […] Aussi prit-il, en pleine gloire, la résolution de quitter ce noir, fiévreux, assourdissant et asservissant Paris : ses amis les philosophes, qui n’avaient pas le tempérament bucolique et vivaient aux bougies comme le poisson dans l’eau, ne comprirent rien à cette lubie, essayèrent de le retenir, et n’arrivèrent qu’à le froisser. […] Partout il nous fait voir l’espèce humaine meilleure, plus sage et plus heureuse dans sa constitution primitive ; aveugle, misérable et méchante, à mesure qu’elle s’en éloigne ; son but est de redresser l’erreur de nos jugements, pour retarder le progrès de nos vices, et de nous montrer que, là où nous cherchons la gloire et l’éclat, nous ne trouvons en effet qu’erreurs et misères.
Est-il croyable qu’il n’existe pas dans toute l’Europe une seule chaire de linguistique et que le Collège de France, qui met sa gloire à représenter dans son enseignement l’ensemble de l’esprit humain, n’ait pas de chaire pour une des branches les plus importantes de la connaissance humaine que le XIXe siècle ait créées ? […] Bossuet, dont la gloire est de représenter dans un merveilleux abrégé tout le XVIIe siècle, sa grandeur comme sa faiblesse, eût-il porté dans son exégèse une si détestable critique, si, au lieu de faire son éducation dans saint Augustin, il l’eût faite dans Eichhorn ou de Wette 149. […] Nous n’ôterons rien à la gloire de l’illustre auteur du Génie du Christianisme en lui refusant le titre d’helléniste.
Le Comte Léon Tolstoï Il y a deux ans à peine, le nom du comte Léon Tolstoï était inconnu en France ; l’on n’a cessé d’y ignorer la gloire de cet auteur, l’un des plus grands de ceux qui vivent dans ce temps, que pour apprendre le mépris et l’abandon qu’il fait lui-même de son génie. […] La grandeur du mal, la beauté artistique des vices, tous ces actes coupables, passionnés et calculés qui souillent d’ombres vigoureuses le monde et dont l’âpre analyse fait la gloire de La Comédie humaine, est ignorée, et quand l’écrivain russe s’attaque dans Anna Karénine à la liaison adultère de deux amants, éperdument épris pourtant, c’est avec de singuliers ménagements et en négligeant de décrire les transports de félicité qui eussent dû compenser les infortunes finales. […] Cet homme qui jeune, fut musculeux et trapu, le visage oblong, le front bombé par les côtés et arrondi par le haut, les yeux clairs enfoncés sous les sourcils broussailleux, le nez puissant, les lèvres charnues et rondes dans la barbe épaisse, l’air énergique et mâle, brusque et bon, bien Russe, qui, né noble et riche, prit part aux guerres du Caucase et à la défense de Sébastopol, qui parcourut l’Europe, mena à Saint-Pétersbourg et Moscou la grande vie du gentilhomme, qui fut cassant et orgueilleux, insolent pour Tourguénef, qui devint célèbre et dont la gloire a conquis ces dernières années la France et l’Allemagne, s’est tout à coup détourné de sa nature, de son génie, de sa renommée et contraint mystérieusement par les commandements de sa conscience, renonçant à ses habitudes, à ses appétits, à l’exercice de sa puissante intelligence, s’est retiré du monde, de l’art, de la jouissance même de ses richesses.
« Environne-toi de grandeur et de magnificence, revêts-toi de gloire et de majesté. […] « Jette les yeux sur les impies, et qu’ils soient confondus ; foule-les aux pieds dans le lieu de leur gloire. […] L’homme n’a qu’une véritable gloire : s’humilier !
» Virgile, l’une d’entre ces âmes, est reconnu par ses pareils Gloire au souverain poète ! […] « À la gloire », commence-t-il, « de celui qui meut toute chose ( mens agitat molem ), qui pénètre de son essence l’univers entier, et qui resplendit avec plus d’évidence dans certaines parties de son œuvre, avec moins de clarté dans d’autres ; je suis monté, moi, dans le ciel, et j’y ai vu des choses qu’on ne peut redire quand on est redescendu ici-bas ! […] » Un chant tout entier est consacré à un récit des destinées politiques de l’Italie et à la gloire de Justinien ; Un autre à expliquer le mystère de Dieu sacrifiant son fils innocent représentant d’une nature coupable.
Bien plus, génie, vertu, sont des manifestations, et les plus élevées, de cette énergie dont il n’a été départi à chaque peuple qu’une somme limitée, en sorte que la vie collective se dépense tout autant, plus peut-être par les héros, les martyrs, les grands hommes, que par ces générations obscures d’individus sans mérite et sans gloire dont les flots déroulent à travers quelques siècles et sur un point du globe les destinées fatalement bornées d’une nation. […] On lui a même fait l’honneur de croire qu’Aristote s’était enrichi, sans le nommer, de ses dépouilles ; il serait un de ceux dont, au dire de Bacon, le philosophe de Stagyre aurait étouffé la gloire, « de même que les sultans de Constantinople se débarrassaient des frères qui portaient ombrage à leur pouvoir. » Mais Aristote a cité tous ses devanciers, et surtout Démocrite, dont il parle en maint endroit avec éloge ; il avait même discuté ses opinions dans un traité spécial qui est perdu. […] En tout cas, c’est sans doute à sa théorie de l’âme qu’Aristote a dû d’ajouter à tant d’autres gloires celle d’avoir fondé la psychologie comparée.
Et puisque la gloire consiste dans ce que les autres hommes pensent de nous, la mienne, plus restreinte, serait assurément plus réelle, plus sensible, que celle de M. […] Ma gloire me serait, si je puis dire, plus présente. […] Enfin, vous aimerez la beauté des mots, doublée par la place qu’ils occupent, leur sonorité, leur éclat, l’air de gloire et d’allégresse héroïque répandu sur ces alexandrins si savants. […] Mounet-Sully, chargé de gloire, vous dit tranquillement de Jean-Paul : « C’est lui qui a du génie. » Et, comme il est parfaitement sincère, cela est touchant. […] Songez qu’elle a connu la gloire énorme, concrète, enivrante, affolante, la gloire des conquérants et des césars.
Chateaubriand s’est ennuyé dans ce voyage, corvée littéraire pour son épopée et pour sa gloire, et qu’il avait hâte de terminer par la rencontre que la romanesque Mme de Mouchy lui avait fixée à Grenade. Il allait chercher dit-il « de la gloire pour se faire aimer ». […] Paris l’enveloppait d’une gloire immense, monumentale. […] Le demi-siècle qui s’est écoulé depuis sa mort a été aussi riche que le temps de sa vie en débats passionnés sur sa personne, sa place et sa gloire. […] Précisément parce que le théâtre est un haut-parleur, que la soirée d’Hernani fit plus pour la gloire de Victor Hugo que son plus pur lyrisme, Hugo vit dans le théâtre un moyen de « parler » plus haut, le champ naturel et nécessaire de sa gloire poétique, le champ d’entraînement, la carrière de son génie politique.
Maurras seul vit tout de suite dans ce faux une gloire pour le faussaire et une déroute pour l’accusé. […] Gloire à Ponchon au plus haut des cieux. […] Il ne pouvait savoir que la gloire de Stendhal grandirait prodigieusement et que tout de lui nous intéresserait, même de simples brouillons. […] Puisqu’elle aimait la littérature, ou du moins la gloire qu’on en peut espérer, elle avait fait un heureux choix. […] Il est, je le veux, des chefs habiles ; il en est aussi d’heureux, dont la gloire n’est pas moindre.
Eh bien, ces purs enfants de gloire et de lumière, ce sont les poètes, parmi lesquels Lamartine a sa place ; il est un de ceux, en effet, qui n’ont que des visions glorieuses et lumineuses. […] Enfin, dans ses dernières pièces, ce qu’il va dire, c’est le Napoléon de l’exil, frappé dans ses rêves d’empereur, dans sa gloire aussi bien que dans ses affections de père. […] Dans mon orgueil muet, dans ma tombe sans gloire, Dussé-je m’engloutir pour l’éternité noire, Je ne te vendrai pas mon ivresse ou mon mal. […] Je n’ai pas besoin de vous dire que tous ne sont pas parvenus à la gloire. […] L’orgue, — j’emprunte toutes ces définitions à un livre de théorie sur la poésie décadente, — l’orgue exprime la monotonie, le doute et la simplesse ; la harpe exprime la sérénité ; le violon, la passion et la prière ; la trompette, la gloire et l’ovation ; la flûte exprime l’ingénuité et le sourire.
Voilà des gens qui, comme nous, parlent le français de naissance et d’enfance, qui ne sont pourtant pas le moins du monde obligés d’être Français de sentiments, puisqu’ils appartiennent à une autre nation ; ils ne nous ont vus que de loin ou en passant ; depuis les guerres de la Révolution et par nos annexions ou conquêtes, nous les dérangeons dans leur vie, nous les blessons dans leur nationalité, dans leurs convictions ou leurs habitudes les plus chères ; nous troublons tout chez eux ou autour d’eux ; s’ils sont liés intimement avec des Français, c’est avec des personnes de la haute société et de l’aristocratie, qui demeurent hostiles aux principes du nouveau régime et qui sont peu sensibles à ses gloires. […] En revanche, les Mélanges du prince de Ligne, arrangés et publiés par Mme de Staël, « une vraie crème fouettée », obtiennent un succès fou ; ils ont jusqu’à trois et quatre éditions de suite dans la même année (1809) : « Et toute cette gloire, remarque Sismondi, a un peu consolé le vieux général des malheurs de sa patrie. » C’était l’année de Wagram en effet, et ce succès disproportionné qu’on faisait à un livre léger s’explique très-bien par la générosité française, j’aime à le croire, et aussi par ce goût d’opposition naturel de tout temps à certains salons.
Puisque vous aspirez encore à la gloire, changez de route ; méprisez des règles surannées qui contrarient la nature, qui offensent la raison : élancez-vous dans la carrière que Shakespeare et Schiller, Otway et Goethe ont illustrée, sans la fermer. […] c’est que les étrangers sont aussi envieux de la gloire éminente de notre littérature, qu’ils l’ont été de celle de nos armes ; et qu’il leur conviendrait de nous importer ou imposer Shakespeare et Schiller, pour qu’il ne soit plus parlé enfin de Voltaire, Racine, Molière et Corneille.
Ainsi le romantisme, après avoir sonné tous les tumultueux tocsins de la révolte, après avoir eu ses jours de gloire et de bataille, perdit de sa force et de sa grâce, abdiqua ses audaces héroïques, se fit rangé, sceptique et plein de bon sens ; dans l’honorable et mesquine tentative des Parnassiens, il espéra de fallacieux renouveaux, puis finalement, tel un monarque tombé en enfance, il se laissa déposer par le naturalisme auquel on ne peut accorder sérieusement qu’une valeur de protestation légitime, mais mal avisée, contre les fadeurs de quelques romanciers alors à la mode. […] Un art que vous connaissez bien, car il est la gloire du pays adorable dont vous êtes originaire, la sculpture grecque n’a pas trop souffert de cet esprit d’imitation qui inspirait ses écoles.
Servières, « au moment où commençait dans les concerts la vogue de Richard Wagner auprès du grand public, c’est-à-dire au moment où le triomphe des œuvres du maître aurait dû suffire à sa gloire, et où semblait se clore l’ère des vaines polémiques quelques partisans de Wagner se sont dits : « Maintenant que l’œuvre de Wagner a triomphé, il serait peut-être temps d’essayer de la comprendre. […] Il quitte la félicité et la gloire pour secourir Elsa, pour vivre auprès d’elle, pour partager ses peines et ses joies, pour l’aimer.
Je ne sais si Descartes a réellement fondé une philosophie, et, quoique quelques-uns de ses soi-disant disciples me l’assurent, j’en doute ; mais je sais bien qu’il a fait main basse sur les derniers empêchements que la scolastique mettait à l’esprit humain, et c’est là sa gloire. […] à ceux qui ont un grand intérêt et une grande responsabilité de gloire : à vous et à moi, par exemple !
Et d’abord une grande pièce éclairée par le jour morne d’une cour, et, tout autour, dans des poses affaissées et pleurantes, les hardes de la morte, hardes de femmes, hardes de reines ; les sorties de bal de satin blanc et les robes d’Athalie, tous les chiffons-reliques de ce corps, tous les costumes de cette gloire, accrochés en grappes, comme aux murs d’une Morgue, avec un aspect d’enveloppes fantomatiques et de vêtements ondoyants et radieux de rêves, immobilisés et morts au premier rayon du jour. […] La Gloire y a des ulcères et la matrice des Reines des avortements.
Aussi, « ce qui doit mériter la gloire dans l’art, et il faut comprendre sous ce mot toutes les créations de la pensée, c’est surtout le courage ; un courage dont le vulgaire ne se doute pas ; penser, rêver, concevoir de belles œuvres, est une occupation délicieuse, c’est mener la vie de courtisane occupée à sa fantaisie, mais produire ! […] L’histoire littéraire et artistique d’un peuple, pourvu qu’on ait soin d’en éliminer les œuvres dont le succès fut nul et d’y considérer chaque auteur dans la mesure de sa gloire nationale, présente donc « la série des organisations mentales types d’une nation, c’est-à-dire des évolutions psychologiques de cette nation ».
Cependant le célébre Antoine Arnauld, Docteur de Sorbonne, avoit pris long-tems auparavant la défense de l’Abbé du Pin, qui resta possesseur tranquille de la gloire que lui avoit procuré son ouvrage, dont le plan étoit excellent. […] Dieu, comment nous privez-vous de la gloire pour la donner à un Prêtre boiteux ?
On a vu sans doute, depuis cette guerre, plusieurs monarques entreprendre des expéditions belliqueuses et s’illustrer par la gloire des armes ; mais l’esprit militaire, proprement dit, est devenu toujours plus étranger à l’esprit des peuples. […] Il me semble néanmoins facile de concevoir, malgré nos habitudes contraires, que ce trait, emprunté de la vie commune, est plus propre que la description la plus pathétique à faire ressortir la situation du héros de la pièce, d’un vieux guerrier couvert de gloire, fier de ses droits héréditaires et de son opulence antique, chef naguère de vassaux nombreux, maintenant renfermé dans un dernier asile, et luttant avec quelques amis intrépides et fidèles contre les horreurs de la disette et la vengeance de l’empereur.
Alfred de Musset, dans la Nuit de mai, n’a fait que développer à sa manière cette vérité psychologique : absorbé dans ses souvenirs douloureux, le poète ne saurait chanter Ni la gloire, ni l’espérance, Hélas ! […] , p. 308 : « Je ne chante ni l’espérance, / Ni la gloire, ni le bonheur, / Hélas !
Il n’y a rien qui gâte l’homme comme ces deux choses, la première parce qu’on en a toujours un souvenir un peu irrité ; la seconde, parce que quand on ne retrouve plus la même vogue, le même succès, le même enivrement de la gloire naissante, on s’imagine — ou on peut s’imaginer — pour cela, que l’on a des ennemis, que l’on a des envieux, et la manie de la persécution finit par s’installer en vous Mais il est bien certain que, ces différences étant établies, il y a dans La Fontaine un Rousseau qui ne pouvait pas aller jusqu’au bout des conséquences désastreuses que le caractère de Rousseau comportait. […] Je suis chose légère, et vole à tout sujet, Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet ; A beaucoup de plaisirs je mêle un peu de gloire ; J’irais plus haut, peut-être, au Temple de Mémoire, Si dans un genre seul j’avais usé mes jours.
Ce rêve fût-il impossible à réaliser, il n’en demeure pas moins le fait significatif, l’effort héroïque et la gloire de notre histoire. […] De là nos inventions, depuis la roue primitive jusqu’au moteur électrique ; de là nos institutions et nos codes ; en un mot, cet immense effort vers l’idéal, qui est la gloire de l’humanité.
On n’a point manqué de crier à l’attentat : mais ce n’est pas plus attenter à la gloire de la Fontaine, qu’un bon Musicien qui mettroit en musique les Cantates de Rousseau n’attenteroit à la gloire de ce Poete.
S’ils te prenaient, quelle gloire !
La renommée de madame de Staël était due également à l’opposition politique, à la persécution qui la rendait intéressante, et à la philosophie sentimentale qui était en vogue alors dans tout un certain monde ; l’art n’entrait presque pour rien dans leur gloire ; à ce titre d’artistes, on était disposé plutôt à les railler.
Lui a-t-elle semblé devoir engendrer avec les siècles un ordre de choses devant lequel pâliraient les puissances et les gloires du passé, et qui serait un âge d’or incomparable pour le genre humain ?
Toi-même, qui es reine, puisses-tu, pour moi, qui fus reine, survivre à ta gloire, ainsi que moi, misérable !
Rien de tragique au reste dans cette âme inquiète et dans cette vie orageuse : Bayle est une figure originale de savant à la vieille mode : paisible, doux, gai, sans ambition, indifférent à la gloire littéraire, il s’enferme dans son cabinet, et ne se croit jamais malheureux, dès qu’il peut lire, écrire, imprimer en liberté.
Ne craignez rien ; vous valez beaucoup de passereaux 882. » — « Quiconque, disait-il encore, me confessera devant les hommes, je le reconnaîtrai devant mon Père ; mais quiconque aura rougi de moi devant les hommes, je le renierai devant les anges, quand je viendrai entouré de la gloire de mon Père, qui est aux deux 883. » Dans ces accès de rigueur, il allait jusqu’à supprimer la chair.
Non-seulement l’incrédule Nazareth continuait à repousser celui qui devait faire sa gloire ; non-seulement ses frères persistaient à ne pas croire en lui 910 ; les villes du lac elles-mêmes, en général bienveillantes, n’étaient pas toutes converties.
Les admirateurs du génie de Molière ont besoin de chercher des excuses à son Amphitryon, dans son désir immodéré de plaire au prince qui Pavait subjugué par sa gloire et ses bienfaits, dans la corruption générale qui demandait au poète comique de faire rire le public aux dépens des époux malheureux, peut-être même dans l’espèce d’héroïsme auquel le poète avait voulu s’élever en se rangeant du côté des rieurs, lui à qui les désordres de sa femme avaient couté tant de larmes amères.
Les partisans de l’illustre Fénélon ont fait le contraire ; ils ont soutenu que la versification n’est pas de l’essence de la poësie Croyant assurer à la nation la gloire d’avoir enfin un poëme épique, ils décorèrent de ce nom le Télémaque, quoique l’auteur lui-même ne l’ait jamais fait paroître sous ce titre, mais sous celui d’ Aventures de Télémaque.
On ne l’eût point accusé de flatterie ; et il aurait eu la gloire de contribuer peut-être à faire cette réforme dans les cours de quelques souverains, qui conservaient ce ridicule usage.
Voilà le profit, voilà le point important ; c’est cela que nous voulons, c’est cela que nous conseillons, d’accord avec tous les grands écrivains qui, de Ronsard à Chénier, ne se sont point mal trouvés d’avoir étudié et aimé le divin poète « depuis trois mille ans jeune encore de gloire et d’immortalité » !
J’aurais mieux aimé qu’elle fût restée dans cette pénombre qu’avec son goût et son détachement de toute gloire, elle avait choisie.
Pour moi, ils sont les produits les plus authentiques et quelquefois les plus éclatants de l’originalité et de la supériorité humaines, — qu’elles aient gardé leurs noms propres ou les aient perdus dans les hasards bêtes de la gloire.
La seule foi bien établie en quelque chose, la seule conviction que j’aie trouvée sous les phrases légères comme le vide de Prévost-Paradol, c’est l’idée, qui brille partout dans ses livres, que par les temps actuels, — ces temps durs, ingrats, injustes, malhonnêtes, comme la fièvre de la princesse Uranie dans le sonnet de Trissotin, — Prévost-Paradol avait manqué fatalement sa gloire !
Il a publié deux Études assez courtes, mais très substantielles, qu’il a dû détacher de son volume sur la littérature de l’Angleterre actuelle, et ces deux Études, dont l’une traite de l’Idéalisme et l’autre du Positivisme anglais contemporains, méritent vraiment de la Critique le coup d’œil à part, qu’à part elles sollicitent… En effet, elles font connaître mieux que des tendances d’esprit générales, mais deux individualités fort curieuses et fort intéressantes, dont la renommée, qui n’est pas encore de la gloire, commence de s’importer chez nous… L’une de ces deux individualités intellectuelles n’est rien moins que Thomas Carlyle, l’intraduisible Carlyle, comme disent ces fats d’Anglais, lesquels croient leurs grands esprits inabordables comme leur île, mais à qui M.
Il portera ce chiffre marqué sur son cœur jusque devant Dieu, et devant Dieu même ce sera sa gloire !
Ils sont en train d’avoir leur gloire.
Ce fut le bon sens et sa charmante fille, la plaisanterie, qui l’empêcha de tomber là-dedans, puisque ce ne furent point la religion et ses bons anges… Eh bien, cela suffirait, je ne dis pas à la gloire, mais à l’excuse de sa vie !
Les honneurs et la gloire ne peuvent pas grand-chose, j’imagine, sur ce casanier de l’érudition qui, depuis qu’il n’est plus curé, s’est cloîtré dans la science, et qui doit joindre l’insouciante bonhomie du savant à l’indifférence du saint pour les choses du siècle.
Il n’a pas, il est vrai, l’audace hypocrite de ce révolté, ni sa violence, ni sa rétorsion de dialectique, ni le scandale qui fut sa gloire, ni saint Bernard qui fut son adversaire ni Héloïse… ni ce malheur inexprimable ici et pleuré par les grisettes, et dont sa philosophie ne l’a pas consolé.
Lui devait y être un humble soldat, — un solitaire, — un vagabond, — un pauvre, — un pauvre plus dénué et plus pauvre que saint François d’Assise lui-même, le père de la pauvreté ; car saint François a fondé un Ordre qui est sa gloire et sa richesse, tandis que Labre devait y être uniquement le pauvre, dans toute l’abjection de la pauvreté et son néant.
Qu’ils se taisent donc et dévorent leur mépris, mais qu’ils comprennent enfin qu’où il n’y a plus de religion d’État, il n’y a plus d’indissolubilité religieuse possible ; et puisque nous n’avons su la défendre, cette religion d’État qui fit la force morale et la gloire de la France, ce n’est pas sans elle que nous sauverons le mariage chrétien.
On se rappelle le bruit que fit naguères cette première gloire littéraire de l’Amérique, qui éclata tout à coup comme un aloès qui fleurit et dont la fleur est déjà tombée… Des philanthropes, Narcisses humanitaires qui trouvaient l’humanité jolie en se regardant, prirent sur le poing et présentèrent à l’Europe attendrie cette Mistress Edgeworth américaine, et placèrent son livre sous la protection d’une telle émeute de sensibilité insurgée, que si la critique littéraire avait osé planter son scalpel dans cette œuvre esthétiquement médiocre, les Wilberforce du journalisme auraient crié au scandale, comme si on eût voulu toucher littérairement à l’Imitation de Jésus-Christ.
mais autant la Fornarina que sa gloire, autant d’être mort où vous savez que d’avoir vécu dans l’assomption du travail, son astral pinceau à la main !
C’est le poète du labor improbus dans sa gloire manquée.
Homme de génie, secoué par la conscience qu’il est fait pour le commandement, et d’une ambition tellement effrénée qu’elle en est épouvantablement maladroite et qu’elle en devient un jour presque sacrilège, il a, ainsi que le dit un des personnages du roman, la folie de la mitre, comme il aurait dû avoir la folie de la croix, et c’est cette folie de la mitre qui en fait, tout le long du roman, le furibond torrent de haine et de colère humaine que le prêtre ne peut endiguer, mais dont l’Église, à la fin et malgré tout, s’empare, parce qu’elle a reconnu, elle, le lynx divin, aux yeux maternels, que cette tempête d’homme assagi par elle peut avoir, un jour, vertu d’archevêque, et peut-être de Pape dans l’avenir… Le livre de Ferdinand Fabre, dont je viens de dire la conclusion, est, au fond, — si vous en ôtez deux ou trois nuances d’opinion que je n’y voudrais pas voir parce qu’elles blessent mon catholicisme, — un livre écrit à la gloire du prêtre et de l’Église, de cette Église à qui ses ennemis voudraient de petites vertus dont ils pussent se moquer, et non de grandes, devant lesquelles ils tremblent !
Il n’a point, lui, l’immoralité de ces réalistes impassibles, sans tête et sans cœur, qui se font une gloire de ne rien sentir de ce qu’ils décrivent, et, qu’on me pardonne un tel mot qui dit exactement l’abjection de leur procédé, qui ne sont rien de plus que les mouchards de la nature et de toute réalité, quelle qu’elle soit… Devant les monstruosités en ronde-bosse si extraordinairement entassées dans son ouvrage, M.
Aujourd’hui qu’il n’est plus et que la popularité de l’auteur du Juif errant est fort diminuée, lui fabriquera-t-on une gloire de meilleur aloi et de plus de résistance ?
Janin, si l’Académie française ne donnait pas à l’auteur de La Fin du Neveu de Rameau le fauteuil de Diderot, dont il a pris le talent et dont il va partager la gloire, elle manquerait terriblement de sens critique, l’Académie !
La plus tracassée à coup sûr de toutes celles qu’on agite dans ce livre, elle y est suspendue, à ce qu’il paraît, aux reins de ce râblé, qui, de prêtre, finit par se faire imprimeur et par épouser, pour le bonheur et la gloire de poser cette question du mariage des prêtres devant l’autorité civile, une abominable souillon, comme disait Francisque Sarcey l’autre jour, avec une délicatesse digne de la chose.
Il ne sera pas mis non plus parmi ces grands hommes d’état nés pour être conquérants et législateurs, puissants par leur génie, grands par leur propre force, qui ont créé leur siècle et leur nation, sans rien devoir ni à leur nation ni à leur siècle : cette classe des souverains n’est guère plus nombreuse que la première ; mais il en est une troisième qui a droit aussi à la renommée : ce sont ceux qui, placés par la nature dans une époque où leur nation était capable de grandes choses, ont su profiter des circonstances sans les faire naître ; ceux qui avec des défauts ont déployé néanmoins un esprit ferme et toute la vigueur du gouvernement, qui, suppléant par le caractère au génie, ont su rassembler autour d’eux les forces de leur siècle et les diriger, ce qui est une autre espèce de génie pour les rois ; ceux qui, désirant d’être utiles, mais prenant l’éclat pour la grandeur, et quelquefois la gloire d’un seul pour l’utilité de tous, ont cependant donné un grand mouvement aux choses et aux hommes, et laissé après eux une trace forte et profonde.
… De toute la vertu sur la terre épandue Tout le prix à vos Dieux, toute la gloire est due ! […] Si ce n’est pas celui de ses titres de gloire sur lequel on a le plus insisté, ce n’en est pas peut-être le moindre, et nous le verrons bien quand nous nous occuperons prochainement de sa Phèdre… 3 décembre 1891. […] c’était cela qu’il appelait sa gloire ! […] Les deux filles ont beaucoup contribué à la gloire du nom de leur père, et à juste titre, car, si nous en croyons les Mémoires ou les Correspondances du temps, ce devaient être de bien aimables personnes. […] Les comédiens, vous ne l’ignorez pas, étaient alors un peu les maîtres des auteurs, et Voltaire même, Voltaire, chargé de gloire et d’années, n’en fera pas tout ce qu’il voudra.
Avec ses qualités, avec ses défauts, avec ses parties qu’on peut discuter et, soit tourner à la gloire de M. […] J’aurai la consolation, en quittant ce monde, que mon nom me survivra plus de cent ans. » Piété et amour de la gloire (« eh ! […] Armande, distinguée, fine, élégante, mais précieuse, et croyant, quoiqu’elle aime Clitandre, qu’il y va de sa gloire de faire une belle défense et de mépriser les réalités de l’amour, se refuse longtemps. […] Quant à Mme Sarah Bernhard, elle a fort bien fait pour sa gloire, sinon pour celle d’Hugo, de remonter Angelo. […] Non, ce n’est pas un hymne à la gloire de la femme que l’Enfant malade ; et l’on n’aurait pas pu le donner comme pièce d’inauguration du Théâtre féministe.
C’est là la difficulté de l’art, mais c’est aussi sa gloire. […] Nous voudrions la remettre en honneur, en rappelant l’attention sur les qualités qui ont fait sa gloire. […] Et il ne faut pas oublier que Shakspeare est à peu près seul dans son temps, tandis qu’après Corneille vient Racine, qui pourrait suffire à la gloire poétique d’une nation. […] Mais la gloire, dira-t-on, la passion de la gloire, voilà ce qui a inspiré Régulus ; c’est donc encore l’intérêt qui explique l’apparent héroïsme du vieux Romain. […] À celui-ci la passion de la gloire tient lieu des plaisirs des sens ; à celui-là le plaisir de la domination paraît bien supérieur à celui de la gloire.
On conçoit que de tels diplômes seraient avantageux pour le bon ordre et la régularité de la gloire. […] C’est la gloire de l’homme d’oser toutes les idées. […] C’est assez pour sa gloire et pour notre profit qu’il ait sollicité vivement toutes les âmes pensantes. […] Les âmes ont une fleur que la gloire efface. […] Il ne conçoit pas, par exemple, qu’on puisse s’intéresser à la sûreté et à la gloire de la patrie.
L’Amour Sacré est aussi un poème à la gloire de la volonté. […] Dieu a créé les âmes pour sa gloire et satisfaire son besoin d’expansion. […] Tôt ou tard il reprend le cours de son rythme sûr et traditionnel qui fit sa gloire comme sa sagesse. […] Le magicien, à qui s’est donnée la petite ballerine, prépare l’œuvre de gloire. […] Ô fleur royale, Gloire de siècles éternels !
Ils s’occupèrent, dit-on, de tout autre chose que de la gloire de leur poulain, à qui ils ne rapportèrent qu’une petite cravate rouge et verte. […] Et l’on comprend tout le plaisir que put tirer de la conversation de l’Amazone celui qui fait sa gloire. […] Il y songe, il la désire toujours, et comment se consolerait-il, en vérité, pour une gloire plus confortable et que tous lui prédisent, d’abandonner cette Kyra Kyralina qui lui conseille le vagabondage, la poésie et l’amitié ? […] Deux choses m’ont fait étudier, avoue Stendhal, dans sa correspondance : la crainte de l’ennui et l’amour de la gloire. […] Et dans ces odes, en l’honneur de la puissance des machines, à la gloire du sport, il y gronde, il y trépigne une obscure cohue de mots écrits avec le sang.
La reine Élisabeth, qui se proclamait protectrice des arts et des lettres, ne fit aucune attention à lui ; son pays l’oublia pendant près de deux siècles ; sa grande gloire d’aujourd’hui ne fut qu’une lente réaction du temps. […] La jeune élève, sans guide dans la vie, sans fortune et sans gloire, s’était sentie flattée de trouver tous ces titres dans un seul homme. […] Voici sa carrière admirablement notée par Aimé Martin ; on ne s’informait pas alors si un écrivain comme l’auteur de Macbeth, ou comme l’auteur du Tartuffe, était né dans la démocratie ou dans l’aristocratie ; la gloire était neutre, le génie n’avait point de caste. […] Ne vous enflez donc pas d’une si grande gloire, Pour les petits brillants d’une faible victoire ;33 Et corrigez un peu l’orgueil de vos appas, De traiter pour cela les gens de haut en bas.
Elle chantait sa mère, elle appelait la gloire, Elle enivrait la foule… et les femmes tremblaient.
M. de Chateaubriand et M. de Maistre n’ont pas fait ainsi : le premier, dans les jeunes œuvres qui ont d’abord fondé sa gloire, a beaucoup dû (et il l’a proclamé assez souvent) a Fontanes, à Joubert, à un petit cercle d’amis choisis qu’il osait consulter avec ouverture, et qui, plus d’une fois, lui ont fait refaire ce qu’on admire à jamais comme les plus accomplis témoignages d’une telle muse.
Sous lui du moins la liberté était sauve, sans que la gloire militaire cessât d’être florissante ; nous avons eu depuis de plus mauvais jours.
Il écrit ses deux romans à cinquante ans passés, et meurt consul à Civita-Vecchia, sans avoir connu la gloire qu’il avait tant désirée.
Mais Renard sûrement, sans doute Schwob, et peut-être Bourges l’auront, cette gloire méritée, sinon ambitionnée.
Ils parlaient pour la gloire plus grande d’un dogme religieux, politique ou littéraire, ils parlaient pour dire quelque chose et le fond de leur pensée leur importait plus que la forme, ils parlaient pour le plus grand nombre possible d’auditeurs à instruire, à entraîner ou à convertir.
Repose maintenant dans ta gloire, noble initiateur.
« Il les publie, dît-il dans sa préface, pour faire valoir l’esprit de ses illustres amies, et pour ne rien ôter à si reconnaissance et à leur gloire. » Il ajoute : « Je leur dois rendre le témoignage que leurs innocentes faveurs ont adouci tout le chagrin de ma vie et m’ont mis en état de me passer plus aisément de ce qu’on appelle fortune… Les femmes de qualité ont poli mes mœurs et cultivé mon esprit ; et comme je ne leur ai jamais eu d’obligation pour ma fortune, je n’ai jamais souffert auprès d’elles de servitude ni de contrainte. » Ces paroles ne sont pas d’un homme méprisable.
On doit dire, à la gloire du duc d’Aremberg, du comte de Lannoy & du prince de Latour-Taxis, qu’ils ne l’abandonnèrent point dans ses malheurs.
Une autre raison pour laquelle on manque de bons traducteurs, c’est l’injustice qu’on a de ne pas attacher de la gloire à leur occupation.
projet de tableau à la gloire de sa majesté le roi de Pologne, duc de Lorraine . esquisse du même.
Assurément, et surtout en histoire, tous les travaux, même les plus petits, même les plus enfantins, peuvent avoir leur utilité, même ceux de la « petite horde » dans Fourier ; mais ce grattage des mots éloquents ou expressifs dans l’histoire, lesquels, vrais ou arrangés par l’art qui suit la gloire et aime à la parer, illuminent d’un jour vrai tout un caractère, est un travail mauvais en soi et d’une tendance funeste, car on ne va à rien moins, en faisant ainsi, qu’à désillustrer l’histoire sous prétexte de la purifier !
Malgré ces noms de Sixte-Quint et de Henri IV, dont il a étoilé le front de son ouvrage, l’auteur n’est pas un biographe à la manière de notre Audin, le grand et délicieux biographe qui n’est pas encore estimé ce qu’il vaut, et dont la gloire, comme les chênes, est si lente à venir !
Et ce sera sa gloire, à cet Anglais !
II Rien de plus creux, en effet, que ce volume d’Hoffmann ou sur Hoffmann ; et la faute n’en est pas à Champfleury, qui a remué, comme on dit, le ciel et la terre, pour rendre son ouvrage digne de l’attention des curieux et pour augmenter une gloire déjà trop grande et qui ne pouvait plus que diminuer.
Voilà la gloire sérieuse de cet esprit, léger seulement par l’expression, qui a porté dans la science un sourire inconnu et charmant.
C’est là, en effet, ce qui a perdu Cousin, — et je dis perdu, malgré une position qu’il prend probablement pour de la gloire : — l’ambition de créer à son tour en philosophie !
Je n’effacerais pas de mon front le signe du révolté, qui serait mon titre de gloire.
… Il a tout ce qu’il faut pour produire ce scandale qui est au succès ce que la Renommée est à la Gloire.
Ces qualités — et c’est leur gloire — ne sont pas du tout celles de la poésie de ce temps dévasté de poésie.
Quand il arrive à la jeunesse de Cortez, d’ailleurs peu connue, de ce grand homme qui commença par le ribaud, de ce mauvais sujet obscur dont le visage physique, « couleur de cendre, — dit-il, — mais aux yeux de braise », n’a été illuminé plus tard que par la gloire, José-Maria de Heredia a moins l’aisance de son talent, trop large pour s’étrangler dans une biographie qui tourne au portrait.
C’est un artiste qui voit l’œuvre avant tout, ne pensant qu’après à la gloire, et c’est déjà une fière distinction à une époque où l’on donnerait toutes les beautés du génie pour quelque argent et quelque bruit… C’est déjà assez humouristique, cela, de la part de l’auteur des sonnets qui portent ce nom !
Ce sont eux qui sont aujourd’hui responsables de ce qui reste de gloire encore à Mme de Girardin.
Malgré les frères et amis, qui ne le vantent pas, malgré une fortune qu’on dit considérable, — une fortune à payer des condottieri, s’il en voulait, — et la bassesse des journaux toujours prêts à la réclame, Laurent Pichat avait la distinction d’être obscur, et pour moi, qui aime les distinctions et qui l’avoue sous ce régime d’égalité républicaine, celle que j’aime le plus, par ce temps de gloires insultantes, c’est l’obscurité !
Mais s’il l’est, il n’a pas fait encore le livre qu’il faut pour sortir des petits bruits et pour entrer dans le grand bruit, sans tapage, qui s’appelle la gloire.
Deux célébrités contemporaines de trop de bruit, d’un bruit qui ne fut pas toujours de la gloire, et qui en vont faire encore, l’un du fond de sa tombe, l’autre du fond de sa vieillesse, en nous condamnant à lire ces deux volumes d’Elle et Lui et de Lui et Elle, à la lueur cruelle de leur triste célébrité.
d’un bruit qui ne fut pas toujours de la gloire, et qui, insatiables, veulent en faire encore, l’un du fond de sa tombe, l’autre du fond de sa vieillesse, en nous condamnant, tous les deux, à lire ces deux volumes d’Elle et Lui et de Lui et Elle, à la lueur cruelle de leur triste célébrité !
L’abaissement de son exécution fait resplendir qu’il a eu, en écrivant, les yeux attachés sur le public pour lequel il écrivait ; qu’il lui en a fourré selon ses goûts ; qu’il l’a pris par ses préoccupations les plus momentanées ; que l’homme s’est fait enfin le courtisan du public et non son dompteur de génie… cherchant, avant la gloire de l’art, le petit chatouillement de la popularité.
Ils comblent le prince de tout ce qu’ils peuvent accorder à l’homme ; et quand sa carrière est finie, alors ils l’appellent pour habiter avec eux dans les palais célestes ; il monte, et sa gloire reste sur la terre. » Il me semble qu’il y a peu de morceaux chez les anciens qui vaillent celui-là pour la raison, la justesse et la vérité.
Les vieux se carrent dans leur gloire et leur puissance, s’occupant peu de ceux qui viendront après eux. […] Voilà où conduit la négation des gloires acquises ; c’est vous qui l’avez voulu ! […] Poussés par une sorte d’opinion publique qui a besoin de se manifester, nous voilà les uns à lui enlever son manteau politique, les autres à lui ôter sa couronne de poète, et à lui faire expier trente ans de gloire… Après tout, s’il a eu trente années de gloire parce qu’il l’a enlevée par surprise, que peut-il demander de plus ? […] Les jeunes gens ne désirent plus que cette place, c’est le rêve de toutes les imaginations ardentes, de tous les Narcisses qui recherchent la gloire pour s’en faire un plumet. […] Aujourd’hui on se fait chroniqueur par vocation, on cherche une gloire facile et productive.
Bref, c’est la gloire. […] Quelle gloire égale la vôtre ? […] La poésie lyrique manque à la gloire du siècle de Louis XIV. […] Elle durera donc juste autant que la gloire de Stendhal. […] Pourtant ici je vois la guerre, la guerre dans son trantran sans gloire, dans sa ténacité paisible et son immobilité.
Ses poésies sont donc des suites d’apothéoses, de « gloires », comme on disait autrefois. […] Cela est souvent très beau et donne vraiment l’impression d’un monde surhumain, d’un Olympe ou d’un Eden nageant dans la gloire et dans la clarté. […] C’est sa gloire qu’on puisse au moins se poser la question. […] Toute la gloire au commencement ! […] Sa gloire lui rit dans tous les regards.
Seulement, il en résulte qu’il se rend ainsi justiciable, dans son œuvre et dans sa personne, de tous ceux qu’il invite, pour en accroître d’autant la sienne, à lui quitter leur part de gloire. […] Et ils n’allaient pas sans doute renoncer à l’étalage d’une érudition dont ils se faisaient gloire, mais enfin, ils allaient s’efforcer de donner à cette érudition même quelque chose de l’air de la cour ou du monde. […] Vous voyez, que bien loin de vouloir diminuer la gloire de son nom, je l’augmenterais, si je le pouvais. […] Là est son œuvre, et là sa gloire : là aussi le principe de son influence. […] et se peut-il qu’il ignore que c’est là son titre de gloire ?
Revanche, ce matin, c’est un mot tout neuf, tout rayonnant de vérité, de joie et de gloire. » La chance tourne ; il faut que nos armées se replient, de sorte qu’on ne sait plus et qu’on pose des questions. […] C’est Chateaubriand qui eut toute la gloire du chagrin ; puis l’allégresse de Chateaubriand, — quelle allégresse du génie ! […] Et, dans les brousses du Zoulouland, un expiateur aussi, le misérable enfant impérial, cet héritier de tant d’impitoyables gloires ! […] … La gloire de son nom ? […] Mais il pense, avec une infinie douleur, à la France meurtrie, au sol souillé, dévasté, à l’Alsace perdue, à la Lorraine perdue, à la gloire perdue.
Aussi bien, le patriotisme n’est-il pas, comme la justice, la vertu, la gloire, une de ces « chimères sublimes et surhumaines » que les dieux avaient envoyées aux hommes pour les consoler de leur ennui, et dont l’influence bienfaisante a cessé depuis que les hommes leur ont « imprudemment préféré la Vérité ? […] C’est la réalisation du rêve de Pétrarque ; la gloire presque assurée après la mort, et l’existence libre des fardeaux qu’elle impose ; la célébrité discrète, c’est-à-dire auprès des frères d’élection dont on éprouve directement la sympathie intellectuelle, la caresse douce de ces admirations délicates et qui vous sont chères, loin du bruit fastidieux des applaudissements vulgaires. […] « Et chaque nation construira un temple grandiose, sur la façade duquel on écrira : Gloire à tous les morts des guerres humaines ! […] Pour courir après un peu de renommée, un peu de gloire, sans jamais pouvoir atteindre au but que se proposerait mon ambition ? […] J’ai vieilli tellement en peu d’années, sans acquérir un seul talent ou une seule connaissance de plus, qu’il serait ridicule que je conservasse encore les illusions de grandeur et de gloire qui ont bercé mes jeunes années.
C’est un de ces caractères éminemment poétiques qui plaisent à notre imagination qu’ils élèvent, un de ces personnages dans le genre de l’Achille d’Homère qui font le sort d’un État, et semblent mener avec eux la fortune et la gloire ; une de ces âmes nobles et ardentes qui ne peuvent pardonner à l’injustice, parce qu’elles ne la conçoivent pas, et qui se plaisent à punir les ingrats et les méchants, comme on aime à écraser les bêtes rampantes et venimeuses. Mais ce qui plaît surtout dans ce caractère si fier et si indomptable, c’est cet amour filial auquel se rapportent toutes les vertus de Coriolan, et qui fait seul plier son orgueil offensé. « Et comme aux autres la fin qui leur faisoit aimer la vertu estoit la gloire ; aussi à luy, la fin qui lui faisoit aimer la gloire estoit la joye qu’il voyoit que sa mère en recevoit ; car il estimoit n’y avoir rien qui le rendît plus heureux, ne plus honoré, que de faire que sa mère l’ouist priser et louer de tout le monde, et le veist retourner tousjours couronné, et qu’elle l’embrassast à son retour, ayant les larmes aux yeux espraintes de joye. » — (Plutarque, trad. d’Amyot.) […] C’est là sans doute une catastrophe tragique, et le fond de la première pièce, qui a pour sujet le premier pas de Henri V vers la gloire, en exigeait une de ce genre ; mais la peinture des égarements de la jeunesse du prince n’en forme pas moins la partie la plus importante de l’ouvrage, dont le caractère principal est Falstaff. […] Mais il paraît que l’opinion générale vengeait suffisamment le jeune prince ; et sans croire précisément avec Hollinshed, qui d’ailleurs se contredit sur ce point, que Henri ait toujours eu soin « de contenir ses affections dans le sentier de la vertu », on est porté à supposer quelque exagération dans le récit des déportements de sa jeunesse rendus plus remarquables par la révolution subite qui les a terminés, et par l’éclat de gloire qui les a suivis. […] Rien n’est plus beau que cette peinture des deux héros, l’un mourant, l’autre à peine né à la vie des guerriers ; le premier, rassasié de gloire, et, dans son anxiété paternelle, occupé de sauver plutôt la vie que l’honneur de son fils ; l’autre, sévère, inflexible, et ne songeant à prouver son affection filiale que par la mort qu’il est déterminé à chercher auprès de son père, et par le soin qu’il aura de conserver ainsi l’honneur de sa race.
Que dirons-nous encore que soient les Histoires de Michelet, sinon la notation lyrique des émotions qu’il éprouve à revivre, dans le silence apaisé des archives, les hontes ou les gloires du passé ? […] Ce ne sont point ses impressions qu’il nous donne ; c’est la réalité qu’il tâche à ressaisir, et la réalité tout entière ; l’ampleur de son dessein l’indique ; et dans sa Comédie humaine, mettant à s’oublier lui-même autant de gloire que les romantiques à nous fatiguer d’eux, son ambition n’a été que de nous offrir, de l’histoire de son temps, le miroir le plus fidèle, et à peine un peu grossissant. […] La gloire de Sainte-Beuve est d’avoir pressenti cette vérité si simple, que d’ailleurs il n’a pas toujours eu le courage d’appliquer. […] C’est ainsi que Renan n’a jamais voulu convenir, ne s’est jamais douté peut-être à quel point il était pénétré de l’esprit d’Auguste Comte ; et Taine, qui se faisait gloire au contraire d’être positiviste, à travers la philosophie de Stuart Mill, ne s’étonnait pas seulement, on l’affligeait, quand on lui montrait quelles œuvres sont sorties de son Essai sur Balzac, 1858, et de son Histoire de la littérature anglaise, 1863. […] et dirai-je qu’à partir de son Marquis de Villemer, 1860, ou de Monsieur Silvestre, 1865, si l’on veut, chaque volume nouveau qu’elle ajoute à son œuvre en est un qu’elle retranche de sa gloire ?
De toutes les fleurs écloses au soleil du Midi sous la main des deux grands paganismes, il cueillait librement les plus parfumées et les plus exquises, mais sans se tacher à la boue qui les entourait. « Je prends Dieu à témoin, écrivait-il plus tard, que dans tous ces endroits où il y a tant de licence, j’ai vécu pur et exempt de toute espèce de vice et d’infamie, portant continuellement dans mon esprit cette pensée, que si je pouvais échapper aux regards des hommes, je ne pouvais pas échapper à ceux de Dieu434. » Au milieu des galanteries licencieuses et des sonnets vides, tels que les sigisbés et les académiciens les prodiguaient, il avait gardé sa sublime idée de la poésie ; il songeait à choisir un sujet héroïque dans l’ancienne histoire d’Angleterre, et se confirmait dans l’opinion435 « que celui qui veut bien écrire sur des choses louables, doit, pour ne pas être frustré de son espérance, être lui-même un vrai poëme, c’est-à-dire un ensemble et un modèle des choses les plus honorables et les meilleures ; n’ayant pas la présomption de chanter les hautes louanges des hommes héroïques ou des cités fameuses, sans avoir en lui-même l’expérience et la pratique de tout ce qui est digne de louange436. » Entre tous il aimait Dante et Pétrarque à cause de leur pureté, se disant à lui-même « que si l’impudicité dans la femme que saint Paul appelle la gloire de l’homme est un si grand scandale et un si grand déshonneur, certainement dans l’homme, qui est à la fois l’image et la gloire de Dieu, elle doit être, quoique communément on ne pense pas ainsi, un vice bien plus déshonorant et bien plus infâme437. » Il pensa « que toute âme noble et libre doit être de naissance et sans serment un chevalier », pour la pratique et la défense de la chasteté, et garda sa virginité jusqu’à son mariage438. […] Au milieu de ses syllogismes, Milton prie, soutenu par l’accent des prophètes, entouré par les souvenirs de la Bible, ravi des splendeurs de l’Apocalypse, mais retenu à la porte de l’hallucination par la science et la logique, au plus haut de l’air serein et sublime, sans monter dans la région brûlante où l’extase fond la raison avec une majesté d’éloquence et une grandeur solennelle que rien ne surpasse, dont la perfection prouve qu’il est entré dans son domaine, et au-delà du prosateur promet le poëte484 : « Toi qui siéges dans une gloire et dans une lumière inaccessibles, père des anges et des hommes ! […] Quoique plus faible en force, il reste supérieur en noblesse, puisqu’il préfère l’indépendance souffrante à la servilité heureuse, et qu’il embrasse sa défaite et ses tortures comme une gloire, comme une liberté et comme un bonheur. […] Pour atteindre cette gloire, la seule voie est de montrer que, comme vous avez vaincu vos ennemis par la guerre, de même vous pouvez dans la paix, plus courageusement que tous les autres hommes, abattre l’ambition, l’avarice, le luxe, tous les vices qui corrompent la fortune prospère et tiennent subjugués le reste des mortels, — et que vous avez pour conserver la liberté autant de modération, de tempérance et de justice que vous avez eu de valeur pour repousser la servitude. » 447.
Il rêve la bibliothèque publique et universelle avec la même persistance et la même chaleur que Diderot a pu mettre à l’Encyclopédie ; il se consume à l’édifier par toutes sortes de travaux et de voyages ; il n’aime la gloire que sous cette forme, mais c’est à ses yeux une belle gloire aussi, et, au moment où il semble l’avoir atteinte, il échoue, ou du moins il peut croire qu’il a échoué. […] Il s’agit de je ne sais quel conseil (page 229) dont Saint-Ange croit que les politiques d’alors pourraient tirer grand profit ; Mascurat répond : « Quand ils le feroient, Saint-Ange, ils ne réussiroient pas mieux au gouvernement des États et empires que les plus doctes médecins font à celui des malades ; car il faut nécessairement que les uns et les autres prennent fin, tantôt d’une façon et tantôt de l’autre : Quotidie aliquid in tam magno orbe mutatur, nova urbium fundamenta jaciuntur, nova gentium nomina, extinctis nominibus prioribus aut in accessionem validioris conversis, oriuntur (chaque jour quelque changement s’opère en ce vaste univers ; on jette les fondations de villes nouvelles ; de nouvelles nations s’élèvent sur la ruine des anciennes dont le nom s’éteint ou va se perdre dans la gloire d’un État plus puissant).
Le général d’armée, impatient de couvrir sa personne de gloire, ne peut mener ses soldats au feu sans l’ordre de son gouvernement. […] Les grands motifs de l’art dramatique sont les principes éternels de la religion et de la morale, la Famille, la Patrie, l’État, l’Église, la gloire, l’amitié, etc., et particulièrement dans l’art romantique, l’honneur et l’amour . […] Nées de l’imitation des anciens, les figures tragiques des Français ne peuvent guère être regardées que comme de simples personnifications des passions déterminées de l’amour, de l’honneur, de la gloire de l’ambition, de la tyrannie ; etc.
Ainsi traîne et finit presque toujours lugubrement et misérablement le dernier acte de la comédie humaine ; au bout de tant d’années, après tant d’efforts soutenus, parmi tant de gloire et de génie, on aperçoit un pauvre corps affaibli qui radote et agonise entre une servante et un curé. […] La gloire et la vertu consistent dans la puissance ; les scrupules sont faits pour les âmes viles ; le propre d’un cœur haut est de tout désirer et de tout oser. « Ici, la conscience est une souillure, la fortune tient lieu de vertu, la passion de loi, la complaisance de talent, le gain de gloire, et tout le reste est vain. » Ravi de cette grandeur d’âme, Séjan s’écrie : Royale princesse ; À présent que je vois votre sagesse ; votre jugement ; votre énergie, Votre décision et votre promptitude à saisir les moyens De votre bien et de votre grandeur, je proteste Que je me sens tout enflammé et tout brûlé D’amour pour vous125.
C’est là que les ministres véritablement historiques, tels que Richelieu, Mazarin, le duc de Choiseul, les deux Pitt, Metternich, Talleyrand, posent devant nous, et laissent la postérité prononcer à distance sur la valeur, sur la vertu, sur les vices, sur la justice, sur l’habileté, sur la moralité enfin de leurs négociations, à la honte, à la gloire ou à la perte de leur pays. […] Certes, ce ne fut pas l’Autriche qui formula la révolution française et qui dressa l’échafaud de sa propre maison ; ce ne fut pas l’Autriche qui poussa Napoléon à la folie de Moscou ; ce ne fut pas M. de Metternich qui poussa Napoléon à refuser toute paix acceptable au congrès de Prague et à poser obstinément ainsi la question européenne entre le monde et la France : l’asservissement du monde à un homme, ou l’anéantissement de la France pour la gloire d’un homme. […] Cette foule rappelait les jours de 1814, où, dans un congrès intime entre l’empereur de Russie, le roi de Prusse, les ministres de toute l’Europe et le souverain diplomate, ce même palais d’un particulier avait vu disposer du sort de l’Europe, et la paix sortir de la guerre dans cette même capitale dont la guerre était tant de fois sortie pour le malheur de tous et pour la gloire d’un seul !
Il s’acquit ici, près de moi, gloire et grand honneur. […] L’audacieux Dancwart en acquit beaucoup de gloire. […] Tant de gloire et d’honneur avait péri.
Un atelier de feuilletons bien achalandé, s’il ne procurait pas la gloire, garantissait des revenus solides. […] C’était son ami, le sculpteur Aimé Millet, qui n’était encore qu’un stagiaire de la gloire artistique. […] De tout temps, il exista des associations fictives entre des parvenus de lettres et de modestes compagnons, plus affamés de pain que de gloire.
Homère est plus sublime peut-être dans l’Iliade, il est plus intéressant dans l’Odyssée ; la gloire a des accents plus éclatants, la nature en a de plus intimes et de plus pathétiques. […] Si elles se ravalent à imaginer, soyez sûrs que c’est qu’il leur a manqué quelque chose à aimer : leur gloire publique n’est que l’éclat de leur malheur secret. […] Parce que la bonne et savante madame Dacier adorait Homère, son modèle, plus qu’aucun autre traducteur ne l’a jamais adoré ; parce que l’amour est une révélation ; parce qu’enfin, sans s’inquiéter jamais de sa propre gloire d’écrivain, cette femme, forte de l’érudition antique, ne s’appliquait qu’à faire sentir, non littéralement, mais par analogies et par périphrases quelquefois ridicules, mais toujours sincères, la pensée ou le sentiment de son poète ; miroir souvent terni, mais miroir vivant, qui défigure parfois l’image, mais qui rend ce qu’il y a de plus intraduisible dans l’image : la ressemblance et la vie !
On ne lui dispute pas la gloire d’écrire purement, & d’expliquer avec clarté des choses obscures ; éloge qu’il se donne lui-même. […] (*) La Monnoye a beau lui dire dans une épigramme connuë : Quand Sograis affranchi des terrestres liens, Descendit plein de gloire aux champs élisiens, Virgile en beau françois lui fit une harangue : Et comme à ce discours Segrais parut surpris, Si je sçais, lui dit-il, le fin de votre langue, C’est vous qui me l’avez appris. […] Le traducteur auroit beaucoup plus fait pour la gloire de son auteur, dit M. de Querlon, s’il n’eût traduit que les ouvrages qui méritoient de l’occuper, comme le Poëme de la Moselle, l’Amour fustigé, les Roses, quelques Epigrammes, la plûpart des Epîtres en vers ou en prose & le remerciement à Gratien, tout singulier qu’il est, ou même à cause de sa singularité.
On s’est apperçû dans tous les temps que la gloire de l’esprit étoit tellement reservée à de certaines contrées, que les païs limitrophes ne la partageoient gueres avec elles. […] Quoique les égyptiens soient des premiers inventeurs de la peinture et de la sculpture, ils n’ont point la même part que les grecs et que les italiens à la gloire de ces deux arts. […] Dans la même ville, mais en d’autres temps, Raphaël mort aussi jeune que l’étoient ses éleves, avoit formé dans le cours de dix ou douze années une école de cinq ou six peintres, dont les ouvrages font encore une partie de la gloire du maître.
Il m’écrivait un jour, pour me définir son triste état, que je ne savais pas si grave et si désespéré : « C’est la situation d’Augustin Thierry, à la gloire près. […] Et tout cela pour obtenir la gloire ?
Et pourtant l’art est quelque chose ; la gloire a ses droits ; elle parle aussi à son heure, même aux plus négligentes de ces divines natures. […] Heureux le poëte lyrique, le frère harmonieux des Coleridge et des Wordsworth, qui peut à temps, et mieux qu’eux, se ménager une œuvre d’ensemble ; une œuvre (s’il est possible) qu’une lente perfection accomplisse ; où ne sera pas plus de génie assurément que dans ces feuilles sibyllines éparses, âme sacrée du poëte, mais une œuvre plus commode à comprendre et à saisir des générations survenantes ; — espèce d’urne portative que la Caravane humaine, en ses marches forcées, ne laisse pas derrière, et dans laquelle elle conserve à jamais une gloire !
Cette gloire-là est, à mes yeux, toute pareille à celle du convive intrépide qui jouit lui-même de la fête et met en train les autres. […] Mais sur un seul point, en ce qui est de la chanson proprement dite (et j’ai bien le droit de glisser ici la réserve, puisque je proclame assez franchement la gloire), sur un seul point Désaugiers garde l’avantage, c’est sur le chapitre de la gaieté franche.
Nous disons qu’il a eu tort pour sa gloire, mais c’est un rare mérite moral que de faire ainsi ; toute sagesse ici-bas est plus ou moins une contrition. […] il s’y fondera à côté de la science une gloire plus durable ; Pétrarque doit la sienne à ses vers vulgaires, qui seuls ont vécu.
Le nôtre reçut des circonstances où il jaillit un caractère particulier qui le rend à la fois plus solennel et plus sinistre : la gloire et le crime, la victoire et la mort semblent entrelacés dans ses refrains. […] XXVII La Marseillaise conserve un retentissement de chant de gloire et de cri de mort ; glorieuse comme l’un, funèbre comme l’autre, elle rassure la patrie et fait pâlir les citoyens.
) de célébrer sa gloire et même ses ruines : voyez le morceau intitulé Rome, dédié à la duchesse de Devonshire. […] si la céleste gloire Leur eût ravi tout souvenir humain, Tu nous aurais enlevé leur mémoire : Nos pleurs sur eux couleraient-ils en vain ?
Sa gloire et sa joie, c’est de comprendre et de ressusciter l’âme des générations éteintes, et sa plus grande originalité consiste à pénétrer dans l’âme des autres siècles. […] Par-delà l’épaisseur de ce sépulcre (mot illisible) Sur qui gronde le bruit sinistre de ton pas, Je ferai bouillonner les mondes dans leur gloire ; Et qui t’y cherchera ne t’y trouvera pas !
Aussi nous nous adressons à tous les Wagnéristes français, et à tous ceux qui ont souci de l’Art, et à ceux qui comprennent que la gloire de notre pays doit être, avant tout, une gloire artistique.
Aujourd’hui sa gloire est plus splendide. […] Et c’est l’oubli de soi-même, l’envahissement total du cœur par l’éblouissante Gloire.
Son immense gloire de poète national peut être expliquée de même. […] Etre de cet ensemble inouï un fragment notable, suffit à la gloire d’un homme.
Passons donc sur ces exclamations qui sont agréables, mais un peu fades, et lisons ce qui suit : Echo, qui ne tait rien, vous conta ces amours ; Vous les vîtes gravés au fond des antres sourds : Faites que j’en retrouve au temple de Mémoire Les monuments sacrés, sources de votre gloire, Et que, m’étant formé sous vos savantes mains, Ces vers puissent passer aux derniers des humains ! […] La jeune Iris à peine achevait cette histoire ; Et ses sœurs avouaient qu’un chemin à la gloire C’est l’amour.
Feydeau a tout eu, et tout de suite, dans les bénéfices de la renommée, et la quantité qu’il ne méritait pas, et la qualité qu’il ne méritait pas davantage, car seul un écrivain de moralité irréprochable pouvait goûter, comme un raffinement légitime dans les jouissances de sa gloire, l’injure exquise des hommes qui n’ont pas le droit d’avoir une pudeur. […] Fanny a eu le sien, et nous n’y serions pas revenus si Daniel ne nous y ramenait de vive force, Daniel qui pouvait confirmer la gloire exagérée faite à Fanny et qui pourrait bien l’effacer !
Nous vivons dans le climat et dans le siècle de la philosophie et de la raison ; les lumières de toutes les sciences semblent se réunir à la fois pour éclairer nos yeux et nous guider dans cet obscur labyrinthe de la vie humaine ; les plus beaux génies de tous les âges réunissent leurs leçons pour nous instruire ; d’immenses bibliothèques sont ouvertes au public ; des multitudes de collèges et d’universités nous offrent dès l’enfance l’expérience et la méditation de quatre mille ans ; l’immortalité, la gloire, la richesse et souvent les honneurs sont le prix des plus dignes dans l’art d’instruire et d’éclairer les hommes : tout concourt à perfectionner notre entendement et à prodiguer à chacun de nous tout ce qui peut former et cultiver la raison : en sommes-nous devenus meilleurs ou plus sages ?
« Le caractère de plusieurs généraux, a dit Napoléon, avait été détrempé par les événements de 18H ; ils avaient perdu quelque chose de cette audace, de cette résolution et de cette confiance qui leur avaient valu tant de gloire et avaient tant contribué aux succès des campagnes passées. » À tous ces éléments humains de fatalité s’ajouta, la veille du dernier jour, un orage du ciel, un obstacle matériel considérable et imprévu.
Voici enfin l’article du Globe (il est temps d’y arriver) qu’il écrivit sur les deux traductions de Lucrèce en vers et en prose, par M. de Pongerville (nº du 13 avril 1830) : « La gloire de Lucrèce, respectée de génération en génération, avait traversé dix-sept siècles, et brillait encore du plus vif éclat sous le règne de Louis XIV
par quelle combinaison toute neuve de sujets et de chants a-t-il trouvé moyen de satisfaire aux convenances morales de l’âge, des rapports privés, à l’attente du pays et à sa propre gloire ?
Sans remonter si haut, si de nos jours le vénérable Goethe, dérogeant une fois à cet esprit de sagesse et d’à-propos qu’il sait porter en toutes choses, s’avisait sur la fin de sa carrière d’un effort malencontreux, qui de nous aurait le courage ou plutôt la lâcheté de relever sans pitié l’illusion du grand poëte, et de rompre par de rudes et inutiles vérités le calme religieux dans lequel il jouit de sa gloire ?
Les Anglais séparés du continent, semotos orbe Britannos , s’associèrent peu, de tout temps, à l’histoire et aux mœurs des peuples voisins : ils ont un caractère à eux dans chaque genre ; leur poésie n’est semblable qu’à celle des Français, ni même à celle des Allemands : mais ils n’ont pas atteint à cette invention des fables et des faits poétiques, qui est la principale gloire de la littérature grecque et de la littérature italienne.
L’on a fait de son nom une injure pour nous ; mais sa gloire est impérissable.
Elles avaient la gloire De compter dans leur race, ainsi que dit l’histoire, L’une certaine chèvre, au mérite sans pair, Dont Polyphème fit présent à Galathée ; Et l’autre la chèvre Amalthée Par qui fut nourri Jupiter.
Rompant tous ses liens, rejetant la gêne de la loi morale, l’oppression des préjugés et des respects traditionnels, l’individu tend à être le plus longtemps possible : il affirme que sa valeur est en lui, et de lui ; le mérite seul inégalise l’égalité naturelle des hommes ; l’idée de la gloire raffine l’égoïsme instinctif, et fournit un principe d’action suffisamment revêtu de beauté ; par elle, l’individu emploie sa vie à se créer une vie idéale après la mort, plus prochaine et plus humaine en quelque sorte que l’éternité promise au juste chrétien.
Silvestre ne jouât un rôle que dans l’un des deux cas ; et, comme il est visible que ses incongruités l’amusent le premier, c’est donc en écrivant la Gloire du souvenir et les Ailes d’or qu’il se serait moqué de nous ?
Cette époque fut, chez nous, celle de la floraison de la raison pure et il est assez facile de la reconnaître sous sa livrée chrétienne, cette raison qui ne s’était pas abdiquée, bien qu’elle prît gloire à servir la messe.
La gloire du café-concert était à son apogée.
C’est la race sémitique 83 qui a la gloire d’avoir fait la religion de l’humanité.
Par l’infamie, Verlaine entra dans la renommée, puis dans la gloire.
Monsieur Alphonse Bonaparte épousa, pour obtenir un commandement, la maîtresse de Barras : Monsieur Alphonse d’Annunzio fit la conquête de l’actrice qui pouvait servir sa gloire en jouant ses drames avec amour et rêva de la cantatrice dont la voix donnerait à ses vers une beauté nouvelle.
Pourtant certain air de gloire répandu dans l’ensemble trahit à mes yeux le goût de Louis XIII jusqu’en plein goût de Louis XIV.
Nous considérerions comme une simple preuve d’ignorance de méconnaître les gloires étrangères ; le nom de Byron, par exemple, a été beaucoup moins contesté en France qu’en Angleterre ; de même pour celui de Shelley, du moins à partir du jour où il a été connu.
Dans l’éloge de Dumarsais, qui se trouve à la tête d’un volume de l’Encyclopédie, on lui attribue, en partie, la gloire de ce changement, & l’on a raison.
Les folies de la chevalerie disparurent ; & un homme inconnu, qu’un ministre barbare détenoit dans un cachot, eut la gloire de corriger la nation qui méconnoissoit son génie.
Ils disent aussi que la gloire qui remplit le haut du tableau est un peu lourde, et il faut leur accorder ce point ; d’autant plus que l’éclat qu’ils y désirent n’aurait pas éteint le reste d’une composition peinte très fortement.
C’est la gloire de l’artiste de ne pas reproduire seulement, mais d’interpréter. — L’interprétation peut varier à l’infini, elle restera toujours vraie : celui-ci reçoit de la vue d’un paysage une impression mélancolique ; cet autre, devant le même paysage, sent palpiter en lui une émotion joyeuse.
Cela prouve encore que la gloire de M.
Quoi qu’il en soit, moins nous adoucirons la rigueur de nos lois poétiques, plus il y aura de gloire à la surmonter.
Entre ces deux hommes, si différents en apparence, il s’établit promptement une véritable intimité, qui eut sa source dans le besoin que Mirabeau, dévoré de la soif de la gloire littéraire, avait du talent de Chamfort ; et dans l’amour-propre de Chamfort, que savait si bien caresser l’homme le plus habile qui fut jamais à se faire des amis de ceux qui pouvaient lui être utiles.
Tantôt c’est à sa gloire future qu’il sacrifie son repos actuel, tantôt c’est à sa patrie, tantôt c’est à ses enfants, tantôt enfin c’est à une félicité dont les trésors ne peuvent s’ouvrir pour lui qu’au-delà du tombeau.
Eugénie de Guérin surtout, classique maintenant comme Mme de Sévigné, — car pour la première fois la Gloire, presque toujours aveugle quand elle est contemporaine, n’a pas fait sa bêtise ordinaire de préférer au diamant le strass, parce qu’il est plus gros.
si on réussit, on l’ôtera, ce masque, et on jouira de sa petite gloire, à visage découvert… Or, comme en attendant cet heureux jour, on l’avait levé pour la Critique qu’il faut séduire, et qui n’étant pas une Lucrèce, mais une femme des plus galantes, avait fait à l’auteur du Bluet force articles favorables et madrigalesques, la personne mystérieuse qui signe Gustave Haller, avait, enchantée, levé un bout de masque aussi du côté du public.
Mme André Léo n’avait pas de tels empêchements à sa gloire.
Comme tous les bas-bleus qui se démènent dans toute gloire qu’on peut faire aux femmes, et qui croient, en s’y démenant, combattre pour leurs foyers et pour leurs autels, Mlle Bader ?
A côté de celle-là, toutes les autres civilisations disparaissent, ou plutôt elles apparaissent toutes, et même celles que les esprits comme Faliés estiment les plus grandes, comme des Barbaries plus ou moins glorieuses, plus ou moins savantes, plus ou moins artistes, mais, au fond, sous cette fleur de gloire, de science ou d’art, d’épouvantables Barbaries.
Depuis sa mort, tout a été englouti et noyé dans le flot de gloire qui a déferlé sur sa tombe pour avoir fait ses deux chefs-d’œuvre, qui ne sont pas les chefs-d’œuvre de tous les siècles, mais les chefs-d’œuvre du xviiie , et par lesquels tous les livres du xviiie siècle (par qui soient-ils faits)peuvent se tenir vaincus.
Quoiqu’il ait écrit des Poésies, ce n’est pas un poète cependant, dans le sens absolu de ce grand nom qui suffit à la gloire d’un homme quand il le mérite ; il n’est point un poète dans sa plus haute signifiance, mais il a de l’imagination poétique, et le livre que voici en est la preuve la plus incontestable.
Mignet et Pichot ne sont que les metteurs en œuvre, — ne fut ni un Dioclétien de seconde épreuve, ni un de ces grands Pénitents de la Royauté, qui ne souffrent plus sur leur front, dans la gloire de leur abaissement, d’autre couronne que la couronne d’épines du Divin Maître.
son peuple même qui entourait le roi de sa complicité, qui lui souriait, l’encourageait, comme si, habituée par les Bourbons à la jolie gloire de la galanterie, la France ne pouvait comprendre un jeune souverain sans une Gabrielle, et comme si, dans l’amour de ses maîtres, elle trouvait une flatterie et une satisfaction de son orgueil national !
IV La biographie en question, qui termine, dans une gloire, le volume de Profils et Grimaces, quoique écrite évidemment en vue du public a pris la forme, adroite du reste (mais Vacquerie se soucie bien d’être adroit !)
Le roman du temps, le roman folie, le roman usurpateur de gloire, le roman qui empêchait les duchesses habillées de sortir et d’aller au bal, la Nouvelle Héloïse est en lettres, et le roman qui clôt le siècle, le monstrueux et infernal roman de Laclos, — les Liaisons dangereuses, — l’est aussi.
Elle fut le conseil de ce Roi qui n’eut que le cœur de royal et ne put jamais être Roi comme Numa et donner des lois à son peuple ; et elle le poussa, mais en vain, à être un grand homme, cet homme pour qui la gloire fut la seule femme qu’il ne pût séduire.
C’est le roman moderne, subtil, maladif, affecté, allemand, le roman des affinités électives, transporté de Goëthe dans l’Évangile, pour expliquer les sentiments que l’Évangile avait assez expliqués, en les voilant de son texte inviolable et sacré, pour la gloire de sainte Marie-Madeleine et l’édification de ceux qui croient en elle !
Malgré la gloire qu’on lui badigeonne en ce moment, l’auteur de la Philosophie positive n’est que la cent quarantième incarnation de ce matérialisme, qui depuis La Mettrie et son homme-chou jusqu’à M.
c’était évidemment plus animé et plus utile, que de refaire, à froid, une petite gloire d’une minute, à des hommes qui n’en eurent déjà qu’une trop grande de leur vivant.
Dieu l’eût sans doute sauvée pour la justification de ses promesses ; mais la gloire des grands hommes est de se servir de leur liberté et de leur intelligence de manière à économiser l’action directe de Dieu sur la terre et à lui ménager l’effet des grands coups de sa providence.
… Assurément, quand on parcourt l’inventaire d’hommes et de choses que nous venons de traverser d’un regard, et qui forme la philosophie française au xixe siècle, il faut bien avouer qu’un philosophe un peu carré de base n’a pas besoin de l’être beaucoup du sommet pour se faire à bon marché une très belle gloire, à plus forte raison quand il a les facultés de grande volée que l’abbé Gratry a montrées en ces deux volumes qui ne sont, nous le répétons, que les prodromes d’un système intégral arrêté et creusé depuis de longues années dans la pensée de son auteur.
Prenez-le comme il est là, assis sur ce banc, qui est probablement le banc de pierre du corps de garde, son képi posé près de lui avec ses deux simples contre-épaulettes, sa large poitrine, qui n’a pour toute décoration que son pauvre cœur intrépide, et son sabre, entre ses deux jambes écartées, sur lequel il s’appuie comme sur un ami sans avoir besoin de le regarder : il est, en vérité, à sa façon, aussi simple que M. de Turenne, ce soldat d’hier mort aujourd’hui tout entier, mais dans l’ombre du drapeau, qui vaut presque la gloire !
Si ce n’était pas de la gloire, cela en était bien près.
Jules De La Madenène17 I Il n’y a pas longtemps18, nous annoncions le poëme provençal de Miréio, — cette grande chose qui a réussi comme si elle avait été une petite, une œuvre dont la jeune gloire va s’embellir en vieillissant, comme font les marbres. — Or, après Miréio, voici un autre livre, différent d’inspiration, de composition, de langage, et cependant ayant beaucoup de consanguinités et de saveurs communes avec le poëme de M.
Prosper Mérimée a eu le bonheur de naître à la littérature en cet instant, qui sera probablement unique dans l’histoire du dix-neuvième siècle, où la France, lasse de guerre et de politique, sembla vouloir changer de gloire, et se retourna vers les choses de l’esprit avec cette furie française qui n’a d’égale que les mollesses qui la suivent.
Fermons ici le bilan de ce jeune homme qui n’a imité qu’un seul jour, et puis qui, tout de suite, a été lui-même, d’une humour à lui, d’une poésie à lui, d’une langue à lui, et dont l’écueil, je l’ai dit, pour son succès immédiat et sa gloire, est la distinction même de son talent.
J’ai parlé tout à l’heure de Pinelli, du classique Pinelli qui est maintenant une gloire bien diminuée.
Le plus célèbre d’entre eux fut Hérode Atticus ; il descendait de Miltiade, avait eu un de ses ancêtres consul à Rome, fut lui-même consul, devint le maître de Marc-Aurèle, et posséda des richesses immenses ; mais il préférait à tous ces titres la gloire de parler sur-le-champ d’une manière éloquente : il reçut des leçons d’un fameux orateur de Smyrne, et pour premier essai prononça sur-le-champ l’éloge de son père.
Peer recherche la gloire de chef de religion, comme Franck la gloire de chef d’armée. […] Il a fait un rêve, un rêve de gloire autant que de justice, et de dilettantisme peut-être autant que de gloire. […] Je croyais pourtant avoir montré assez de zèle pour la gloire de M. […] Victorien Sardou, qui lui a valu la gloire, mais qui lui a fait tort aussi quelquefois en offusquant ses autres qualités. […] C’est un type excellent et de haut relief, la joie et la gloire de cette comédie aux fonds grisâtres.
Mais remarquez le genre très particulier aussi de gloire qui s’attache à ces hommes et à ces œuvres. […] Ceux-ci, à la vérité, leur sont très dévoués, sont même ardents pour eux, mais ce n’est pas là la vraie gloire, la gloire incontestée et universelle, la gloire classique. […] Car risquer tout, en cédant à son inspiration, c’est de l’héroïsme ; mais rester stoïquement, fidèle à l’ordre, esclave de l’ordre, alors qu’on se dit qu’il y a peut-être la gloire de Desaix à conquérir, sachons bien que c’est aussi de l’héroïsme. […] S’ils sont de notre avis, ils nous féliciteront d’avoir été éclairés d’un tel flambeau ; et s’ils sont d’un avis contraire, ils nous plaindront d’avoir été abusés par un tel chanteur ; et dans les deux cas toute la gloire lui reviendra. […] Ils auront sans doute bien des affaires et définiront d’une ligne bien rapide nos plus grandes gloires.
Les maisons paraissent recueillies comme des cellules, et certaines boutiques, peuplées d’images de porcelaine qui racontent la gloire de saint Yves, ressemblent à des reposoirs. […] Mais un autre esprit puissant lui a succédé pour la gloire de notre France ! […] Leconte de Lisle n’a pas cherché la notoriété, et il atteint la gloire, qui est faite, pour une bonne part, de désintéressement et de dédain. […] Il écrivit, en ce temps-là, un roman, l’Art en exil, où il criait son violent désir de gloire, et dénonçait la torpeur malfaisante des petites villes. « La gloire, disait-il, la gloire !
— n’était pas le même pour lui que pour ses rivaux de gloire et de popularité. […] On jugera que c’est sans doute assez pour la gloire de son nom ; — et pour la durée de sa philosophie. […] Ce qui est plus obscur, c’est de savoir comment on l’écrira, de quel style, si la forme en sera plus simple, plus limpide et plus rapide, ou au contraire, pourvu qu’il soit vivant, s’il se souciera peu de la gloire d’être « bien écrit ». […] Puisqu’il est évident que ce siècle est en train de régler ses comptes, et si j’ose employer cette expression familière, de faire le tri de ses gloires, nous espérons donc que M. […] Mais M. de Goncourt ne connaît pas les ménagements ; et quand une censure, pourtant bien indulgente, a porté la main sur sa prose, on lui disputerait la gloire d’avoir inventé le « japonisme » et découvert le xviiie siècle, qu’il n’aurait pas crié plus fort !
Nous signalerons à la jeune génération actuelle ceux qui, ayant pénétré par surprise dans le sanctuaire de la gloire, n’auraient jamais dû en dépasser le vestibule. […] Étranger à toute coterie, éloigné de toute influence, ennemi de tout système, nous apportons toutes les garanties possibles de sincérité et de franchise : beaucoup de loyauté, des convictions fortes, de la jeunesse et de l’audace. — Nous encouragerons de notre humble voix toutes les tentatives originales ; nous travaillerons à recruter un auditoire aux talents jeunes et vigoureux que la gloire n’a pas encore visités. Nous rendrons hommage à ces nobles esprits qui consacrent leur vie et leur fortune à agrandir les voies de l’art, à élever sa mission ; mais nous serons sans pitié pour les faux talents comme pour les fausses gloires. — Nous irons du plus petit au plus grand, des noms les plus obscurs aux noms les plus rayonnants, apportant partout la même hardiesse et la même indépendance et, convaincu que la voix d’un honnête homme disant une chose juste a toujours droit à l’attention, nous rappellerons à la dignité de leur gloire ceux, parmi les plus illustres, qui défigurent leurs propres chefs-d’œuvre et battent monnaie avec les rognures de leur génie. — Enfin, partout et toujours, nous aurons la justice pour muse et pour conseillère. […] Pareil à ces grands diplomates dont tout le prestige consiste dans un silence affecté, l’absence de publicité fut l’unique secret de sa gloire et de sa force. […] Alexandre Weill, tout ébloui de sa gloire nouvelle, s’était trop hâté de gravir le piédestal qu’on venait de lui dresser.
Comme nous chérissions la gloire ! […] Jules Lemaître tourne à la gloire de Chateaubriand. […] Cet instant de surhumaine beauté suffirait à la gloire de son nom. […] Une belle gloire d’artiste et de conteur emportée ! […] quelle splendeur, quelle pompe, quelle gloire m’attendent !
Est-ce qu’il n’y a plus d’amour, de gloire, de travaux ? […] On y voit le tableau d’une enfance comprimée, au collège, en butte aux railleries de tous, en proie intérieurement à tous les rêves, rêves de voyage, rêves de gloire, rêves de la Rome de Néron, rêves de moyen âge, et des apostrophes à la Rousseau : « Malheur aux hommes qui m’ont rendu corrompu et méchant, de bon que j’étais ! […] Dans le monde bourgeois (et aussi dans l’autre), l’amour ne s’isole pas plus de l’argent que dans la tragédie classique il ne s’isolait de l’ambition, de la gloire, des affaires des rois. […] Maintenant qu’il a travaillé pour la gloire et dans la gloire littéraire, il aime à jouir des bénéfices de cette gloire. […] L’œuvre de Flaubert en a tiré un double bénéfice : elle montre sa force intérieure par la nombreuse postérité qu’elle engendre, elle garde la gloire de n’avoir pas été égalée par cette postérité.
Qu’elle se renferme dans ses fonctions nouvelles ; qu’elle n’essaye pas de pénétrer dans le domaine de l’invisible ; qu’elle renonce à ce qu’il faut ignorer ; elle n’a point son but en elle-même, elle n’est qu’un moyen ; l’homme n’est point fait pour elle, elle est faite pour l’homme ; elle ressemble à ces thermomètres et à ces piles qu’elle construit pour ses expériences ; toute sa gloire, tout son mérite, tout son office est d’être un instrument. […] Macaulay l’aime par intérêt, parce qu’elle est la seule garantie des biens, du bonheur et de la vie des particuliers ; il l’aime par orgueil, parce qu’elle est l’honneur de l’homme ; il l’aime par patriotisme, parce qu’elle est un héritage légué par les générations précédentes, parce que, depuis deux cents ans, une succession d’hommes honnêtes et de grands hommes l’ont défendue contre toutes les attaques et sauvée de tous les dangers, parce qu’elle fait la force et la gloire de l’Angleterre, parce qu’en enseignant aux citoyens à vouloir et à juger par eux-mêmes, elle accroît leur dignité et leur intelligence, parce qu’en assurant la paix intérieure et le progrès continu, elle garantit le pays des révolutions sanglantes et de la décadence tranquille. […] Pitt, dit-il, fit au collége des vers latins sur la mort de George Ier. « Dans cette pièce, les Muses sont priées de venir pleurer sur l’urne de César ; car César, dit le poëte, aimait les Muses, César qui n’était pas capable de lire un vers de Pope, et qui n’aimait rien que le punch et les femmes grasses. » — Ailleurs, dans la biographie de miss Burney, il raconte comment la pauvre jeune fille, devenue célèbre par ses deux premiers romans, reçut en récompense, et par grande faveur, une place de femme de chambre chez la reine Charlotte ; comment, épuisée de veilles, malade, presque mourante, elle demanda en grâce la permission de s’en aller ; comment « la douce reine » s’indigna de cette impertinence, ne pouvant comprendre qu’on refusât de mourir à son service et pour son service, ou qu’une femme de lettres préférât la santé, la vie et la gloire, à l’honneur de plier les robes de Sa Majesté. […] Cette évocation de l’histoire, de la gloire et de la constitution nationale forme un tableau d’un genre unique.
Alors lâchant ses hautes théories, en aparté, il me parle de ses ambitions d’enfance, de tout ce qu’éveillait en lui à Boulogne, sous l’Empire, le passage des troupes… de son envie d’alors d’être militaire : « Il n’y a que la gloire militaire, il n’y a que cette gloire-là. […] Quand j’entends Sainte-Beuve avec ses petites phrases toucher à un mort, il me semble voir des fourmis envahir un cadavre : il vous nettoie une gloire en dix minutes, et laisse du monsieur illustre, un squelette bien net. […] Jamais avec son petit parlage écrit, il n’a baptisé un homme, ou donné la signification définitive d’une œuvre en un mot ou en une phrase ; jamais enfin il n’a coulé dans du bronze, la médaille d’une gloire… Et vous, en dépit de son envie de vous être agréable, comment pourrait-il entrer dans votre peau ?
Mais ces élites sont d’ordinaire assez jalouses de leurs plaisirs et peu soucieuses d’étendre la gloire de leurs écrivains préférés. […] On aime que sans fausse modestie, et dans la conscience de ses forces, il se soit rangé parmi les grands artistes qui ont célébré la gloire de Venise. […] Cette gloire française et cette hégémonie de Paris ne servirent plus qu’à répandre les divagations d’un furieux. […] Deux gloires romantiques, Victor Hugo et Michelet, en fournissent la preuve. […] Soupçonne-t-il dans quelle mesure Geneviève a collaboré à l’obtention de ses honneurs et de sa gloire ?
Ce n’est pas là un titre de gloire ; c’est un fait de psychologie, et rien de plus. […] Ils voulaient prouver la bonté de leur cause ou gagner des fidèles à leur foi particulière ou encore, tout bonnement, travailler à la gloire de Dieu. […] A quoi tient la gloire de La Fontaine ? […] Nul, en pays démocratique, n’entre de plain-pied dans la gloire ; et plus ce pays est cultivé, plus l’instruction moyenne y est répandue, plus la trouée est dure à tailler dans la muraille de l’indifférence. […] Comme Verlaine, comme d’autres, Mallarmé attendit longtemps une lueur de gloire, mais avec beaucoup de patience, semble-t-il.
Je ne sais pourtant quel sourd murmure d’ambition et de gloire gronde dans son cœur contre les projets d’une félicité trop prochaine. […] Cette concession leur paraissait conduire le christianisme, à travers beaucoup de gloire et de triomphes apparents, à un autre seizième siècle, que leurs pieuses craintes leur présageaient plus funeste que le premier. […] De cette hauteur passagère où l’avait élevé un amour idéal, il retombe vers la passion vulgaire ; il y entraîne Rachel avec lui ; elle pleurait sa gloire d’ange, elle pleure maintenant sa gloire de femme ; elle cherchait à fixer dans son âme un confus souvenir du ciel ; elle tâche maintenant d’oublier qu’il y a un Dieu et un Christ. […] Hors du principe de l’obéissance à Dieu, talent, science, industrie, prospérité publique, gloire nationale, tout n’est qu’un jeu, un vrai jeu d’enfants. […] Il nous déclare déchus de notre gloire et de notre force premières, séparés de Dieu, et incapables, par nous-mêmes, de nous réunir à lui.
Accroîtra-t-elle l’héritage de gloire qu’il a laissé à ses petits-fils, héritage immense, incomparable ? […] Plus tard il vient finir ses études au lycée Saint-Louis : gloire à M. […] Puis c’est l’effondrement de la gloire académique et littéraire, la supercherie des faux manuscrits dévoilée en séance publique. — M. […] Il le rendra illustre, et plus grande sera sa gloire quand on verra vers quelles hautes cimes s’élance ce prétendu décadent. […] Honneur, gloire et respect au mariage religieux seul !
Il ne veut pas d’une gloire dérobée, même pour ajouter à celle de son père. […] Le corps du roi n’était pas encore refroidi sur l’échafaud que le peuple doutait de l’acte qu’il venait d’accomplir, et se demandait, avec une anxiété voisine du remords, si le sang qu’il venait de répandre était une tache sur la gloire de la France ou le sceau de la liberté.
Ce sang de femme retombait sur sa gloire sans cimenter sa liberté. […] Tous les partis se sont, pour ainsi dire, accordé mutuellement son nom pour en faire l’objet d’une injure et d’une exécration communes : les royalistes, parce qu’il fut un des plus grands moteurs de la Révolution ; les républicains, parce que sa mort fut une des plus odieuses ingratitudes de la république ; le peuple, parce qu’il était prince ; les aristocrates, parce qu’il s’était fait peuple ; les factieux, parce qu’il refusa de prêter son nom à leurs conspirations alternatives contre la patrie ; tous, parce qu’il voulut imiter cette gloire suspecte qu’on appelle l’héroïsme de Brutus.
Chose à noter, à leur gloire, ces humanistes, bourgeois d’origine et de cœur, se font en général remarquer par la vivacité de leur patriotisme. […] Ce grand docteur, la plus grande gloire de Navarre avant Bossuet, théologien et lettré, en qui s’unissait la rude subtilité du scolastique aux tendresses ardentes du mystique, âme pure et loyale parmi les corruptions et les intrigues du siècle, passa sa vie à se dévouer pour l’Université, pour l’Église, pour la France, pour le peuple, sans une pensée pour lui-même, sans autre souci que de la loi, de la justice et de la charité.
Cette Histoire du Consulat et de l’Empire 700 est d’un homme d’État bien imprudent et aveugle : avec Béranger et Victor Hugo, Thiers a créé le grand mouvement d’idolâtrie napoléonienne d’où devait sortir le second empire ; il s’imaginait un peu trop aisément que toute la gloire de Napoléon s’escompterait au profit de la monarchie de Juillet, qui avait ramené les trois couleurs. Il fut emporté par son imagination : ce petit homme positif avait la religion du succès ; indulgent aux triomphateurs, la grandeur militaire l’éblouissait, et la gloire militaire l’enivrait.
., qu’aiment-elles et quelle gloire leur faut-il, sinon de prouver la force incommensurable de leur volonté par quelque sacrifice absurde et qui ne paraît point leur coûter, tant elles en sont payées par leur orgueil ? […] Puits de vérité, clair et noir, Où tremble une étoile livide, Un phare ironique, infernal, Flambeau des grâces sataniques, Soulagement et gloires uniques : La conscience dans le mal68.
…) Suit cette réflexion : « Plus je lis, plus je pénètre sous les voiles qui me cachaient nos grandes gloires, moins j’ose écrire ; je suis frappée de crainte, comme un ver luisant mis au soleil. » — À propos du retour des cendres : « Les vers de Hugo sont dans le Siècle, 14 décembre. […] Vous savez qu’il s’était attelé à la gloire de cette humble femme.
Viennent ensuite le chiffonnier, qui rêve dans l’ivresse gloire, batailles et royauté ; — l’assassin, qui cherche dans le vin l’oubli du remords, et n’y trouve que les âcres ferments du délire et de l’impiété ; — le poète et l’amant, qui demandent au sang de la vigne tous les ravissements de l’esprit et de l’amour ! […] » Je ne crois pas que jamais plus beau cantique ait été chanté à la gloire du Poète, ni qu’on ait jamais exprimé en plus beaux vers la noblesse de la douleur et la résignation des âmes privilégiées.
Parmi ceux-ci, qui sont une inondation, Gustave Flaubert a des admirateurs passionnés et presque des fanatiques, qui lui ont fait une gloire aussi disproportionnée avec son talent que le mérite de ses œuvres avec l’effort de travail qu’elles lui ont coûté. Il a été tout de suite, lui aussi, un de ces heureux à qui on n’a pas marchandé la gloire, et quoiqu’il ait fait tout ce qu’il fallait pour la perdre, elle lui est restée fidèle, comme ces femmes qui restent fidèles aux maris indignes qui les trompent.
Dans l’histoire du genre humain, nous voyons s’élever d’abord des caractères grossiers et barbares, comme le Polyphème d’Homère ; puis il en vient d’orgueilleux et de magnanimes, tels qu’Achille ; ensuite de justes et de vaillants, des Aristides, des Scipions ; plus tard nous apparaissent avec de nobles images de vertus, et en même temps avec de grands vices, ceux qui au jugement du vulgaire obtiennent la véritable gloire, les Césars et les Alexandres ; plus tard des caractères sombres, d’une méchanceté réfléchie, des Tibères ; enfin des furieux qui s’abandonnent en même temps à une dissolution sans pudeur, comme les Caligulas, les Nérons, les Domitiens. […] La gloire du commerce maritime appartint en dernier lieu à ceux de Rhodes qui élevèrent à l’entrée de leur port le fameux colosse du Soleil.
Ils chantaient la gloire même et les triomphes de cette récente et gigantesque époque la plus guerrière qui ait été.
Il faut supposer qu’elle a été faite pour une belle personne qui, dans un bal costumé, était en lune ou en Reine de la nui t : Son corps était couvert d’un voile en gaze noire Où, sans nombre, on voyait luire des diamants ; Son front, plein du frisson magique de la gloire, Portait le croissant mince et pur des firmaments.
Le bienfait de ces hommes rares est loin d’égaler le bruit, l’éclat, le tapage qui fait la gloire, — ce dont on aime mieux à entendre parler.
Un des Valois se marie, Richelieu foudroie La Rochelle, le prince Eugène gagne une bataille, le vaisseau le Vengeur s’abîme avec gloire, et voilà tous nos poëtes qui ont chanté.
Or, voir une chose en se souvenant d’une autre, soutenir, au sein de sa pensée, des rapports multiples et presque contraires en les dominant, c’est l’opposé du taureau ardent, c’est le propre du jugement humain par excellence ; et, dans l’exécution des œuvres, c’est la gloire de l’art.
D’honorables érudits protestaient sans doute çà et là par leur persévérance ; mais les plus brillants d’entre les littérateurs du jour se passaient aisément d’un fonds que deux siècles déjà d’une gloire toute moderne semblaient recouvrir et suppléer.
Puis on s’est rejeté sur le tort qu’une semblable publication faisait à la mémoire de Fléchier, et on s’est porté pour vengeur de sa gloire officielle, comme si, après tout à l’heure deux siècles, il y avait une meilleure recommandation auprès d’une postérité blasée que de parvenir à l’intéresser encore, à l’instruire avec agrément et à faire preuve auprès d’elle des diverses sortes de qualités qui brillent dans cet écrit familier, esprit d’observation, grâce, ironie et finesse.
Cet éloge si simple d’un grand homme, cette gradation qui donne pour dernier terme de la gloire les affections de son pays, fait éprouver à l’âme la plus profonde émotion.
« Je juge le monde et le considère comme les ombres chinoises… Je pense au néant de la gloire… Je pense au néant de l’ambition. » Et la nuit descend, enveloppant le songeur ; les Tartares font rentrer leurs moutons ; une voix tombe du haut minaret : recueillant ses pensées, l’homme s’enfonce dans la nuit sur un cheval tartare611 .
Il s’attacha aux Choiseul, et leur sacrifia ses espérances de gloire scientifique ; il a fait pourtant d’utiles travaux sur la numismatique, sur l’alphabet phénicien, etc,L’Anacharsis parut en 1788. 4 vol. in-4.
Quelques tracasseries qui n’ont rien d’effrayant, des ennuis, non pas une persécution, et nous n’avons pas même assez de souffrance pour en faire un peu de gloire.
Le poète avait décidément renié ce qu’il avait adoré avec l’ardeur irréfléchie d’un jeune créole… Leconte de Lisle n’a pas cherché la notoriété, et il atteint la gloire qui est faite, pour une bonne part, de désintéressement et de dédain.
Élémir Bourges, la gloire de la plus jeune prose imprimée.
Aux yeux de ceux-là, nous sommes fiers de passer pour des gens d’un autre âge, pour des fous et des rêveurs ; nous nous faisons gloire d’entendre moins bien qu’eux la routine de la vie, nous aimons à proclamer nos études inutiles ; leur mépris est pour nous ce qui les relève.
Cette question correspond encore, en hautes sciences, à certains autres problèmes, fort connus des savants, mais que les poètes se font ordinairement gloire d’ignorer.
Henri Mazel, ce défenseur obstiné de la gloire latine.
Il a eu bien raison de dire : Peut-être d’autres héros, M’auraient moins acquis de gloire.
et il ajoute, en foule, collectif. « Il vous jettera comme une balle dans un champ spacieux, et c’est à quoi se réduira le char de votre gloire » : voilà des alliances de mots et une poésie bien extraordinaires.
Si l’enseignement n’a pendant toute sa durée qu’un seul et unique objet, l’étudiant à qui la nature n’aura donné que peu ou point d’aptitude à cette étude, sera constamment humilié et découragé ; mais si l’enseignement embrasse plusieurs objets à la fois, après son moment de honte viendra son moment de triomphe et de gloire, et ses parents s’en retourneront de l’exercice public avec quelque consolation.
C’est alors, c’est à partir de ce moment seulement que l’écrivain de génie peut demander et recevoir la gloire : Paris-centre a seul la voix assez puissante pour faire entendre au monde entier le nom qu’il lui crie.
Le mot restera et suffit à la gloire d’un homme. » Voilà comment Stendhal est notre bête noire33 ; voilà notre mépris et notre pitié, et c’est ce qu’on appelle « prendre quelqu’un par la peau du cou et le jeter par la fenêtre », Nous avons, au contraire, on le voit, loué précisément ce qui, de l’avis de tous, caractérise le talent et l’originalité de Stendhal.
… C’est peut-être le dernier combat que livrera l’Église pour la gloire du monde qu’elle a créé ou pour sa fin… Teste, qui est chrétien, et qui cherche à se faire avec des souvenirs une espérance, invoque l’Histoire à toute page de son livre, et rappelle les nombreuses et effroyables épreuves dont la Papauté est toujours sortie victorieuse.
Partout ailleurs que sous le gouvernement de l’Église et en dehors de son orthodoxie, le Mysticisme, — et il en faut bien prévenir des âmes ardentes et pures qu’une telle coupe à vider tenterait, — le Mysticisme n’a donc été et ne continuera d’être qu’une immense erreur et une éblouissante ivresse de cette faculté de l’infini, la gloire de l’homme et son danger, et qui fait de lui, — diraient les naturalistes, — un animal religieux.
Elles m’apprennent, en effet, le secret de la vie et du malheur de Réa Delcroix, « veuve… d’un mari vivant », dit-elle quelque part, et la minceur de l’âme, tout à la fois violente et tremblante, du très pauvre homme qu’elle a aimé, et qui, transfiguré par l’amour, est placé par elle dans une gloire de lumière, — aveuglement cruel, puisqu’elle éclaire sa médiocrité… Hélas !
On ne peut pas dire qu’il ait déchiré d’un seul coup cette nuée impatientante, ce je ne sais quoi d’importun et d’opaque qui sépare parfois, pendant si longtemps, les plus grands talents de la gloire ; car son nom se dégageait déjà de l’obscurité et montait, sans lutte, dans la lumière, à mesure que les chapitres de son livre, imprimés d’abord dans une Revue, passaient sous les yeux du public.
— qui n’avait que des monosyllabes quand il parlait, n’écrivait pas de son vivant, et ce fut sa gloire et presque son esprit… Il avait des secrétaires, même pour ses billets du matin ; et si ses Mémoires ne sont pas une mystification dernière, qu’on se rappelle qu’il leur infligea diplomatiquement trente ans de silence avant de paraître.
Réduite à la copie des styles traditionnels, à la plate virtuosité, au style neutre, aux recommencements stériles, on a pu croire que son unique destin consistait à détailler les gloires du grec, du gothique, du roman, du renaissant.
Il croyait à la gloire. […] Quelle gloire ! […] Le soldat, ne comprenant guère que la gloire militaire, s’étonne de l’importance qu’a prise la littérature, et fait de Dumas un portrait aussi désagréable que peu ressemblant. […] Enveloppé dans la gloire de sa jeunesse, de la pourpre impériale et des nuages de l’apothéose de Sainte-Hélène, ainsi nous apparaissait Napoléon, ainsi nous en étions-nous contentés jusqu’ici. […] C’était à croire que la gloire de Napoléon resterait à jamais ensevelie sous cet effondrement.
Il consiste à copier ce qu’ont dit les grands écrivains, latins ou français, sur un sujet donné, la gloire, la vertu, le courage. […] C’est l’image de la mort qui a donné de la gloire à leur vie. […] sa gloire sera ensevelie avec lui dans le tombeau, et sa mort développera la honte de sa vie. […] On le dépouillera alors de cette gloire barbare et injuste dont il avait joui ; on lui rendra l’infamie et la mauvaise foi de ses attentats, qu’on avait bien voulu se cacher à soi-même. […] « Ces défauts sautent aux yeux, et la gloire de Gorgias fut vite contestée.
Il aura eu deux gloires, en dernière analyse : avoir été le fondateur du Globe et un des inspirateurs de George Sand. […] Il écrivit ode sur ode à la gloire des révolutionnaires parisiens. […] À ce jeu charmant, qui est un jeu noble et magnifique, on gagne une gloire très pure. […] En général, les hommes de talent, de gloire ou simplement de notoriété, sont aimés deux fois : la première comme tout le monde, entre vingt et trente, la seconde après gloire faite, comme on doit dire chez les commerçants. […] Il n’y a pas de gloire « argent comptant » à recueillir dans la carrière de pédagogue.
Le véritable orgueil n’a pas besoin du succès et de la gloire pour être entier, pour être sans défaillance et pour être actif. […] La vanité française ne devient orgueil collectif qu’assez rarement et sous l’impulsion d’une volonté puissante et dans l’exaltation d’une grande gloire acquise. […] Ce qui a frappé ensuite, c’est l’attitude arrogante des débauchés se faisant gloire de leurs mauvaises mœurs. […] Imaginez, après Balzac, Descartes, Corneille, Molière, La Rochefoucauld, Sévigné, Bossuet, Racine, Boileau, La Bruyère et le retentissement de ces grands noms dans toute l’Europe et la diffusion, grâce à eux, de la langue française dans toute l’Europe, et la gloire européenne de la France, gloire qu’elle sent qu’elle doit principalement à ses hommes de lettres, imaginez bien ce que c’est qu’un homme de lettres en 1700. […] Mauguin, bien oublié, s’était fait une spécialité de ce jeu-là et y avait récolté presque de la gloire.
On a beaucoup dit que cette publication était inutile, ne devant rien ajouter à la gloire de Victor Hugo, et même malencontreuse, devant y nuire. […] Elle est très belle, elle est intéressante et elle n’est pas sans gloire. […] Dès lors ils entrent dans la vraie gloire. […] Sur l’apparat Des gloires, j’ai rué les fureurs de Marat ; Et du fond de la brasserie, affreuse cave, Où la choucroute est en colère, ou le bock bave, Avec Béchut, cette oie, et ce mouchard, Stramir, Vil, j’empêche là-haut les gloires de dormir. […] porté dans les bras de la gloire ?
Théophile Gautier dit que, dans tout Corneille, il y a un seul vers « pittoresque » qui ouvre un horizon sur la nature : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles ; et Gautier ajoute, pour la plus grande gloire de la rime et même de la cheville, que ce vers, intercalé pour amener la rime de « voiles » dont le poète avait besoin, est, en réalité, « une cheville magnifique taillée par des mains souveraines dans le cèdre des parvis célestes ». […] Zola parle quelque part de cette humidité parfumée d’encens qui refroidit l’atmosphère des chapelles. » Daudet peint ainsi un troupeau : — « Là-bas, au lointain, nous voyons le troupeau s’avancer dansune gloire de poussière. […] Je vous porte apaisé Les fragments de ce cœur tout plein de votre gloire Que vous avez brisé.
» C’est que ni la gloire, ni même le travail ou l’invention, ne suffisent à ces âmes véhémentes ; l’amour seul peut les combler, parce qu’avec leurs sens et leur cœur il contente aussi leur cerveau, et que toutes les puissances de l’homme, l’imagination comme le reste, trouvent en lui leur concentration et leur emploi. « L’amour est mon péché204 », disait-il, comme Musset et comme Heine, et dans les Sonnets on démêle encore les traces d’autres passions aussi abandonnées, une surtout qui semble pour une grande dame. […] Il avait deux ou trois cents livres sterling de rente, environ vingt ou trente mille francs d’aujourd’hui, et, selon la tradition, il vivait de bonne humeur et en bons termes avec ses voisins ; en tout cas, il ne paraît pas qu’il s’inquiétât beaucoup de sa gloire littéraire, car il n’a pas même pris le soin d’éditer et de rassembler ses œuvres. […] Il la peindra violente et avide des sensations violentes de la gloire. […] Vices et vertus, gloire et misères, grandeurs et faiblesses, la passion sans frein qui fait son être lui a tout donné. […] Ensuite le soldat, — plein de jurons bizarres, barbu comme un léopard, — jaloux de son honneur, brusque et violent en querelles ; — cherchant la fumée de la gloire — à la gueule du canon.
Heureusement, il n’est pas nécessaire, pour sa gloire, que ces comparaisons soient justes. […] Cette gloire-là survivra, selon moi, à l’effort, d’ailleurs très-noble, du dogmatisme mitigé sous le nom d’éclectisme, ou plutôt l’éclectisme, bien à le prendre, ne serait qu’une méthode et une clef appropriée à ce genre d’histoire. […] Guizot en l’année 1820, lorsque cette énergique intelligence se jetait avec passion aux sérieux travaux qui feront sa gloire : il en causait à fond avec Fauriel, il lui en écrivait en plein sujet85 La verve de ces esprits décisifs et prompts à l’exécution tranche singulièrement avec l’habitude si différente et le procédé temporisateur de leur ami. […] Mais cette tâche leur est bientôt ravie par la fortune ; elle retombe à Charles Martel et à Charlemagne, qui en confisquent aussi toute la gloire. […] Il excelle à analyser et à recomposer le fond d’une époque, à suivre dans un état social troublé la part des vainqueurs, la part des vaincus, à donner au lecteur le sentiment de la manière d’exister en ces âges obscurs ; puis, quand il ne s’agit plus des choses, mais d’un homme et d’un grand homme, il hésite et tâtonne un peu, ou du moins il s’enferme dans des lignes circonspectes, rigoureuses ; il ne rassemble pas son coup-d’œil en un seul éclair ; ces éclairs sont la gloire des Montesquieu.
« S’il a paru autrefois des impies, — s’écrie Massillon dans son Petit Carême, — le monde lui-même les a regardés avec horreur… Mais aujourd’hui l’impiété est presque devenue un air de distinction et de gloire ; c’est un mérite qui donne accès auprès des grands, qui relève, pour ainsi dire, la bassesse du nom et de la naissance, qui donne à des hommes obscurs, auprès des princes du peuple, un privilège de familiarité. » [Cf. […] Admettons que ce soit Diderot, et, aussi bien, puisqu’il en a revendiqué la gloire, admettons qu’il ait « pâli » sur les premiers ouvrages de Rousseau. […] Né pour être vous-même, unique peut-être en votre espèce, vous avez accepté la tyrannie de la mode, et vous avez mis votre gloire à ressembler à d’autres, aux autres, à tous les autres. […] Voltaire à la cour. — Ses relations avec Mme de Châteauroux ; — et surtout avec Mme de Pompadour. — Il se flatte que la nouvelle maîtresse fera passer le roi du côté des philosophes ; — et il l’accable de ses flatteries ; — qui lui valent le titre d’historiographe de France [1745]. — Le Poème de Fontenoy, 1745, et Le Temple de la Gloire, 1745. — Élection et réception de Voltaire à l’Académie française [mai 1746]. — Il est nommé gentilhomme ordinaire du roi [décembre 1746]. — Imprudences de Voltaire. — Il fatigue le roi de ses flagorneries ; — Mme de Pompadour de ses familiarités ; — et les courtisans de son importance. […] Carrière militaire et campagnes de Vauvenargues ; — son amour de la gloire ; — sa générosité de cœur ; — et son amour de l’humanité. — Comparaison à cet égard de Vauvenargues et de La Rochefoucauld. — Si Vauvenargues a une doctrine ?
Tout homme que je rencontre, et encore plus toute femme, croirait manquer au plus indispensable des devoirs, si elle ne m’adressait un long et ingénieux discours à ma gloire. » Présenté à Versailles, le futur Louis XVI âgé de dix ans, le futur Louis XVIII âgé de huit ans et le futur Charles X âgé de quatre ans, lui récitent chacun un compliment sur son livre Je n’ai pas besoin de conter le retour de Voltaire, son triomphe, l’Académie en corps venant le recevoir, sa voiture arrêtée par la foule, les rues comblées, les fenêtres, les escaliers et les balcons chargés d’admirateurs, au théâtre une salle enivrée qui ne cesse de l’applaudir, au dehors un peuple entier qui le reconduit avec des vivats, dans ses salons une affluence aussi continue que chez le roi, de grands seigneurs pressés contre la porte et tendant l’oreille pour saisir un de ses mots, de grandes dames debout sur la pointe du pied épiant son moindre geste501. « Pour concevoir ce que j’éprouvais, dit un des assistants, il faudrait être dans l’atmosphère où je vivais : c’était celle de l’enthousiasme. » — « Je lui ai parlé », ce seul mot faisait alors du premier venu un personnage. […] Nous préférions un mot d’éloge de d’Alembert, de Diderot, à la faveur la plus signalée d’un prince… Il était impossible de passer la soirée chez d’Alembert, d’aller à l’hôtel de La Rochefoucauld chez les amis de Turgot, d’assister au déjeuner de l’abbé Raynal, d’être admis dans la société et la famille de M. de Malesherbes, enfin d’approcher de la reine la plus aimable et du roi le plus vertueux, sans croire que nous entrions dans une sorte d’âge d’or dont les siècles précédents ne nous donnaient aucune idée… Nous étions éblouis par le prisme des idées et des doctrines nouvelles, rayonnants d’espérance, brûlants d’ardeur pour toutes les gloires, d’enthousiasme pour tous les talents et bercés des rêves séduisants d’une philosophie qui voulait assurer le bonheur du genre humain.
Les princes eux-mêmes, plus entraînés qu’alarmés par ce mouvement vertigineux des esprits en ébullition dans leurs contrées, participaient à ces enivrements de gloire littéraire. […] La cour de Weimar, sous les auspices de ces deux amis, dont l’un prêtait sa gloire, l’autre sa puissance à une pensée commune, devint en peu d’années le foyer de l’art, du théâtre, de la renommée en Allemagne.
Son commerce n’en aurait pas besoin ; ses colonies pourraient s’anéantir sans ruiner la mère patrie, décoration plutôt qu’élément vital de sa puissance : mais son aptitude à la marine militaire, mais ses grandes gloires et la défense de ses côtes, ne lui permettent pas cette abdication. […] Les États-Unis italiens, voilà le mot de la situation, voilà la politique de la France, voilà la gloire et la liberté de l’Italie.
Obéissons pour notre avantage, obéissons pour la gloire de Dieu ! […] Du patriarche d’Arabie au mage de Perse, du grand roi de Persépolis au démagogue d’Athènes, du consul de Rome aristocratique au César de Rome asservie dans le bas empire, du César païen au pontife chrétien souverain dans le Capitole ; de Louis XIV, souverain divinisé par son fanatisme dans sa presque divinité royale, aux chefs du peuple élevés tour à tour sur le pavois de la popularité ou sur l’échafaud où ils remplaçaient leurs victimes ; des démagogues de 1793, du despote des soldats, Napoléon, affamé de trônes, aux Bourbons rappelés pour empêcher le démembrement de la patrie ; des Bourbons providentiels de 1814 aux Bourbons électifs de 1830, des Bourbons électifs, précipités du trône, à la république, surgie pour remplir le vide du trône écroulé par la dictature de la nation debout ; de la république au second empire, second empire né des souvenirs de trop de gloire, mais second empire infiniment plus politique que le premier, calmant dix ans l’Europe avant d’agiter de nouveau la terre, agitant et agité aujourd’hui lui-même par les contrecoups de son alliance sarde, insatiable en Italie, contrecoups qui, si la France ne prononce pas le quos ego à cette tempête des Alpes, vont s’étendre du Piémont en Germanie, de Germanie en Scythie, de Scythie en Orient, et créer sur l’univers en feu la souveraineté du hasard ; de tous ces gouvernements et de tous ces gouvernants, la souveraineté, souvent dans de mauvaises mains, mais toujours présente, n’a jamais failli ; c’est-à-dire que la souveraineté, instinct conservateur et résurrecteur de la société naturelle et nécessaire à l’homme, n’a pas été éclipsée un instant dans l’esprit humain.
« Vous recepvrez des tokeus de moy pour vous ramentevoir de faire prier pour l’âme de vostre pauvre cousine, destituée de tout ayde et conseil, que de celuy de Dieu, qui me donne force et courage de résister seule à tant de loups hurlants après moy : à Dieu en soyt la gloire ! […] Jésus crucifié pour nous et tous les saints martyrs nous rendent, par leur intercession, dignes de la volontaire offerte de nos corps à sa gloire !
Qui m’aurait dit alors, que quinze ans plus tard, la poésie inonderait l’âme de toute la jeunesse française, qu’une foule de talents d’un ordre divers et nouveau, auraient surgi de cette terre morte et froide ; que la presse multipliée à l’infini ne suffirait pas à répandre les idées ferventes d’une armée de jeunes écrivains ; que les drames se heurteraient à la porte de tous les théâtres ; que l’âme lyrique et religieuse d’une génération de bardes chrétiens inventerait une nouvelle langue pour révéler des enthousiasmes inconnus ; que la liberté, la foi, la philosophie, la politique, les doctrines les plus antiques comme les plus neuves, lutteraient, à la face du soleil, de génie, de gloire, de talents et d’ardeur, et qu’une vaste et sublime mêlée des intelligences, couvrirait la France et le monde du plus beau comme du plus hardi mouvement intellectuel qu’aucun de nos siècles eût encore vu ? […] Les arbres entiers brûlaient dans le large foyer ; les moutons, les chevreaux, les cerfs étaient étalés par piles dans les vastes salles, et les outres séculaires des vins d’or du Liban, apportées de la cave par ses serviteurs, coulaient pour nous et pour notre escorte ; après avoir passé quelques jours à étudier ces belles mœurs homériques, poétiques comme les lieux mêmes où nous les retrouvions, le scheik me donna son fils aîné et un certain nombre de cavaliers arabes pour me conduire aux cèdres de Salomon ; arbres fameux qui consacrent encore la plus haute cime du Liban et que l’on vient vénérer depuis des siècles, comme les derniers témoins de la gloire de Salomon.
L’année 1638 commença la gloire et les malheurs de Port-Royal et du jansénisme : cette année-là, Antoine Le Maître335, avocat, conseiller d’État, quitta l’espoir d’une haute fortune pour se retirer à Port-Royal. […] Toute la force et toute la gloire littéraires de Port-Royal, en somme, si l’on met Racine à part, sont ramassées dans Pascal : il représente pour nous toute la hauteur intellectuelle et morale de la doctrine janséniste, qu’il agrandit de la vaste originalité de son génie.
Ce prêtre était ensuite leur gloire, leur enfant, leur honneur. […] Je compris la gloire, que j’avais cherchée si vaguement à la voûte de la chapelle de Tréguier.
Sainte-Beuve nous montre, à peu près dans le même temps, trois talents occupés du même sujet et visant chacun à la gloire difficile d’un poème sur la nature des choses. […] C’est évidemment à la contrainte d’une forme impossible qu’il faut attribuer des vers pareils à ceux-ci ; il s’agit de réveiller le poète de sa langueur : Mais si je lui montrais la Gloire Sonnant ses vers sous un laurier ?
L’être créé, paré du rayon baptismal, En des temps dont nous seuls conservons la mémoire, Planait dans la splendeur sur des ailes de gloire ; Tout était chant, encens, flammes, éblouissement ; L’être errait, aile d’or, dans un rayon charmant, Et de tous les parfums tour à tour était l’hôte ; Tout nageait, — tout volait. […] C’est ce génie qui, de nature, nous appartient à nous autres, chrétiens, gens du passe, intelligences historiques, et qui en nous trahissant s’est encore plus trahi que nous ; c’est cette imagination heureusement indomptable, quoiqu’on lui ait mis des caparaçons bien étranges et des caveçons presque honteux, qui n’a pas voulu rester ce que Dieu l’avait faite pour sa gloire et la sienne, et qui s’est transformée en contemptrice aveugle de ce passé qui lui donne son talent encore, lorsqu’elle le peint en le ravalant !
Je croyais véritablement que l’esprit de parti, la badauderie et la bassesse devant toute puissance reconnue, ces trois choses malheureusement françaises, tambourineraient, une fois de plus, avec fureur, la gloire et le génie du grand poète dont on dit : le Poète, comme on dit : le Pape. […] Il n’y a plus que les amis et les enfants qui puissent battre encore le rappel autour du grand homme défait, diminué, et qu’on abandonne ; mais ce serait la générale qu’il faudrait battre, car génie, gloire, popularité (popularité surtout), tout, pour le moment, dans Hugo, est terriblement en danger !
C’est à cette ambassade qu’il nous faut venir pour apprécier au complet le président Jeannin, dont elle est demeurée le principal titre de gloire.
La gloire n’est, pas un vain mot, et nous autres critiques et historiens, nous rendons, en un sens un vrai jugement de Dieu.
On sort du collège, et, à peine sorti, on a déjà choisi son point de mire, son modèle dans quelque écrivain célèbre, dans quelque poète préféré : on lui adresse son admiration, on, lui porte ses premiers vers ; on devient son disciple, son ami, pour peu qu’il soit bon prince ; on est lancé déjà ; à sa recommandation peut-être, un libraire consent à imprimer gratis vos premiers vers ; un journal du moins les insère ; on y glisse de la prose en l’honneur du saint qu’on s’est choisi et à la plus grande gloire des doctrines dont on a le culte juvénile : comment revenir après cela ?
Veyrat restera donc une gloire de la Savoie plutôt qu’il ne deviendra une des nôtres.
La dignité même de l’art l’y excite, la gloire du dehors l’y pousse, l’inégalité de renom fait prestige autour de lui.
Chaque canton du monde tour à tour met la gloire dans ce qui l’intéresse et ce qui le sert.
Il donna à ses amis, à Pintrel, à Maucroix, le seul bien qu’il eût, tout ce qu’il pouvait donner, c’est-à-dire son temps et sa gloire, traduisant des vers pour eux, mettant son nom à côté du leur pour qu’on lût leurs ouvrages.
S’il est excellent de se mesurer avec certaines opinions hautaines, extrêmes, injustes, proclamées par des esprits puissants et sincères en un bon style, on ne saurait trop éviter l’erreur terne et sans relief, capable de s’insinuer parce qu’elle n’a pas la force de choquer, les demi-vérités dont les esprits vulgaires et laborieux, cherchant la gloire du paradoxe, font de pleines et plates erreurs.
Tout ce qu’il n’avait pas pu dire dans ses articles, il le jetait dans d’autres ouvrages ; ce n’était pas pour la gloire, ni pour le gain qu’il écrivait : c’était pour lui, pour évacuer sa pensée.
Et puis, à Paris, la lutte pour la vie et pour la gloire est d’une extrême âpreté : il y a des petits jeunes gens qui égorgeraient leur meilleur ami — surtout leur meilleur ami — pour arriver plus vite à la « notoriété » ou à la fortune.
Michelet approuverait les innombrables absolutions maritales qui font, depuis quelques années, la gloire de nos comédies et de nos romans.
Quelle gloire d’affirmer devant tout un peuple son dire et sa foi !
L’ornement et la gloire de cette troupe, la perle des Gelosi, c’était la femme de cet acteur, Isabella Andreini.
Leur gloire ne me dispose ni pour ni contre eux.
Devenue pour tous un objet d’amour ou de haine, convoitée par deux fanatismes rivaux, la Galilée devait, pour prix de sa gloire, se changer en désert.
Le Messie apparaîtra dans les nuages, revêtu de gloire et de majesté, au son des trompettes, entouré d’anges.
Tu aurais légué la gloire à ta maison, et tu aurais une grande tombe sur le rivage d’au-delà des mers. » — « Mais, ô Père !
Secrétaire d’un ministre à vingt-trois ans, il sauve l’Europe, qui n’en a jamais rien su, en disant deux mots à l’oreille d’Ibrahim-Pacha, et il revient de sa campagne d’Egypte, chamarré de croix, illuminé de gloire, pourvu d’un consulat de première classe, en attendant mieux.
Elle prit sur elle de dissimuler pendant huit jours, eu égard à l’équipage qu’on lui faisait et aux cadeaux ; puis elle ne se contint plus : Je crus, dit-elle, qu’il y allait de ma gloire de ne point paraître entêtée d’un homme que personne n’estimait, et je donnai un si libre cours à mon aversion pour lui, qu’en un mois toute la France en fut informée.
Ce. principe est la gloire du xviiie siècle.
Les poètes les plus distingués se firent gloire de composer des hymnes religieuses en l’honneur de Bacchus, et d’y ajouter tout ce que la musique et la danse pouvaient y répandre d’agréments.
Il y a bien là-bas dans la brume, rangés autour de son trône, une île qui s’appelle l’Angleterre, une vaste contrée qui s’appelle l’Allemagne, de petits lopins de terre comme la Suisse, la Belgique, la Hollande, le Danemark, des territoires entassés au centre de l’Europe, par-delà les mers une informe agglomération humaine, les États-Unis d’Amérique, plus loin une terre sauvage nommée Australie, d’autres contrées encore : mais quelque soit leur vie, leur originalité, leur valeur, leur population, leur avenir, leur richesse, ce ne sont là, après tout, que des pays vulgaires, sans gloire, sans tradition, sans lumière, sans culture.
La gloire de Darwin n’en est pas diminuée.
L’époque de Thucydide est celle où Socrate fondait la morale, où Platon cultivait avec tant de gloire la métaphysique ; c’est pour Athènes l’âge de la civilisation la plus raffinée.
Les vestiges qui nous en restent ne répondent pas aux conceptions hardies dont ce nom a gardé le tort ou la gloire ; dans les annales de la philosophie.
La réaction de la morale contre le rite est le vrai fait de la Réformation, sa gloire, le titre qui lui appartient. […] Passant ensuite aux passions, il s’attaque en particulier à l’ambition qu’il déprime fort : « L’ambition, qui est une faim d’honneur et de gloire, un désir glouton et excessif de grandeur, est une bien douce passion, qui se coule aisément ès esprits plus genereux, et ne s’en tire qu’à peine. […] Je dis que les philosophes qui se sont faits, au dix-huitième siècle, les parrains de la gloire pâlie de Charron, n’ont pu lui savoir gré d’une doctrine qui, enlevant à la loi naturelle toute autorité naturelle, ne laisse de choix, pour la direction de la vie, qu’entre la religion positive et la loi positive, et nous livre ainsi à la révélation sous deux formes différentes. […] Contemporain de Bacon, il partage avec l’illustre Anglais la gloire d’avoir créé la philosophie expérimentale, cette philosophie qui, à la place des préjugés, des confiances, des superstitions du passé, ne se permet de conclure que d’après l’observation des faits. […] Si vous remontez à son principe, vous verrez que « l’amour de la gloire, la crainte de la honte, le dessein de faire fortune, le désir de rendre notre vie commode et agréable, et l’envie d’abaisser les autres, sont souvent les causes de cette valeur si célèbre parmi les hommes201 ».
Après avoir vaincu sans péril au milieu de ses collègues, l’historien du Consulat et de l’Empire s’est vu condamné à triompher sans gloire à la séance générale de l’Institut où sa nomination devait être ratifiée. […] En Angleterre, un grand nombre d’éditions est une gloire pour l’écrivain ; chez nous, ce n’est trop souvent qu’une honte pour le lecteur. […] Il faut un appétit bien robuste pour se nourrir à cette gamelle de gloire et pour savoir gré à ceux qui vous y font place. […] La façon dont il a déclaré récemment la guerre aux compagnies de chemins de fer dans le Constitutionnel, et la vigueur avec laquelle il conduit les hostilités, n’indiquent aucun désir de se dérober, le cas échéant, aux gloires du triomphe. […] Aux uns il faut une plus grande masse de profits et d’avantages matériels ; d’autres vivent de plus de gloire et recherchent plus de grandeur.
Henri Meilhac est la gloire et l’orgueil de l’Institution Dumas fils, qui ne compte qu’un élève. […] Qu’on ne lui parle plus de gloire et d’avenir : pauvres mots, qui pâlissent et s’effacent devant ce mot flamboyant, la passion ! […] Puis, quelle gloire d’introduire dans la poésie française une foule de mots exotiques et de noms à consonances bizarres, qu’elle ne connaissait point encore ! […] Non, je n’imagine pas de plus vraie et de plus heureuse gloire que celle de ce félibre qui s’inquiète de faire des citoyens en faisant de beaux vers ! […] On parlera de sa gloire Sous le chaume bien longtemps !
Correspondance Il semble que rien de nouveau ne reste à révéler sur Victor Hugo, et que l’éclat de sa gloire ait aussi bien éclairé sa vie privée que sa vie publique ; on ne le connaîtra pourtant complètement qu’après avoir lu, dans cette correspondance, l’histoire de son amitié et de sa rupture avec Sainte-Beuve. […] … » L’unité, la fameuse unité qu’on lui fait une gloire si grande de vouloir rétablir dans l’Église, ce n’est là que l’ambition furieuse et aveugle d’un conquérant qui élargit son empire, sans se demander si les nouveaux peuples soumis ne vont pas désorganiser son ancien peuple… N’est-ce pas à la fois un danger et une honte, cette prétendue alliance avec la démocratie, cette politique que suffit à condamner l’esprit séculaire de la papauté ? […] Anacréon et Paul de Kock, Lamartine et Rabelais, voilà les dieux auxquels sacrifie tour à tour Armand Silvestre et ceux-ci doivent parfois lui sourire du haut de leur immortelle gloire. […] Bien d’autres pièces mériteraient aussi d’être signalées et, parmi celles-là : le Faune, Gloire, la Traversée, le Silence musicien, aussi pures de forme et ne trahissant d’autre inquiétude que d’emprunter sa simplicité à la nature qui les inspire. […] L’auteur, s’oubliant soi-même en sa ferveur, cherche la gloire de l’aimée avant la sienne, ainsi qu’il apparaît par ces vers : J’abandonne au néant pour rançon de sa gloire Mes songes, mon orgueil, mon labeur illusoire, Et qu’à ce prix mon vœu dernier soit entendu : Ainsi que l’ouvrier dont le nom s’est perdu Lègue aux siècles l’émail infrangible où demeure La grâce d’un profil immortel, que je meure Obscur mais ayant su redire sa beauté Dans un seul vers qui rende un son d’éternité.
La gloire de Bacon repose, en grande partie, sur l’indulgence de ses lecteurs, de ses commentateurs et de ses traducteurs. […] Schopenhauer affirme que la vie est mauvaise, et il l’aime, il en jouit Vienne la gloire, et on le voit s’épanouir. […] Il affecte de mépriser jusqu’à sa gloire, pour laquelle cependant il travaille. […] Ce sont leurs ennemis qui ont créé la gloire de Ronsard et celle de Victor Hugo. […] Là est le secret ; là est la gloire.
La gloire du maître de Bayreuth, — est-il besoin de l’ajouter ? […] Ce sont des chefs-d’œuvre d’émotion et de musique : à eux seuls, ils suffiraient pour la gloire d’un écrivain. […] Ni lui-même ni personne autour de lui n’aurait alors supposé qu’il dût être bientôt l’une des gloires d’Oxford. […] Comme je vous l’avais annoncé, je me suis lié avec un grand nombre des écrivains d’ici, non pas avec les vieilles gloires, il n’y a rien à en tirer, — mais avec les jeunes, ceux qui vont de l’avant. […] Giacosa est aussi de ce sentiment ; mais il pense que l’heure est prochaine où la gloire des écrivains italiens pourra enfin se répandre sans entraves à tous les coins de l’univers.
L’épouse, en entrant sous le toit de son mari, sait qu’elle se donne tout entière36, « qu’elle n’aura avec lui qu’un corps, qu’une vie ; qu’elle n’aura nulle pensée, nul désir au-delà ; qu’elle sera la compagne de ses périls et de ses travaux ; qu’elle souffrira et osera autant que lui dans la paix et dans la guerre. » Comme elle, il sait se donner : quand il a choisi son chef, il s’oublie en lui, il lui attribue sa gloire, il se fait tuer pour lui ; « celui-là est infâme pour toute sa vie, qui revient sans son chef du champ de bataille37. » C’est sur cette subordination volontaire que s’assiéra la société féodale. […] — devant la gloire de ton esprit. — D’une seule voix, elles appellent le Christ ! […] La splendeur de l’univers, la beauté du firmament, la grâce de la nature, la gloire du jour, le distributeur des heures. — Qu’est ce que la mer ?
Il est comme une entente, pour nous empêcher de prendre possession, de notre vivant, de notre petit morceau de gloire. […] Un Christ qui est un frater commun, sanguin et rose, peint, ainsi que disent les scoliastes du tableau, peint de couleurs pour le jour de l’autre vie, — montant pesamment au ciel, au bout de pieds de modèle ; un Moïse et un Élie s’enlevant, en sa compagnie, avec des poings sur la hanche de danseurs, et rien là, d’une fulguration, d’un rayonnement, d’une gloire, avec lesquels les moins imaginatifs des peintres essayent de faire le ciel des bienheureux. […] Puis il nous parle de choses ignorées, d’une proposition de la Russie, effrayée des résultats de la bataille de Sadowa, proposition, répétée deux fois, de se donner franchement à la France, mais à la condition qu’on ne lui parlerait plus de la Pologne, offrant une alliance entière, et déclarant qu’il n’y avait que cette union des deux grandes puissances pour remettre l’équilibre en Europe, — dût cette alliance ne pas durer plus longtemps que les traités de 1815, une cinquantaine d’années, un laps de temps suffisant pour faire la gloire des deux souverains qui auraient signé cette alliance.
Serait-ce point afin de ne rien devoir à Boileau, qui a dit, en parlant de Ronsard : Ce poète orgueilleux trébuche de si haut… Voici une fort jolie correction : « J’aurais été heureux de rencontrer Pellico et Manzoni, rayons d’adieu de la gloire italienne. » Au lieu de : « Derniers rayons de la gloire italienne prête à s’éteindre. » Phrase languissante. […] Quand ce n’est point la curiosité, ni la soif de la science qui mènent les pas parmi les débris de la gloire humaine, entre le Parthénon et l’Erechthéion, alors l’on voit dans son âme et l’on y puise la force de se griser de toute cette mort comme d’un élixir de vie… Maurice Barrès a senti vivement combien tout dans ce pays de l’Antique répugne au théâtral. […] Si un seul conquérant use plusieurs générations de braves, une vie de grand poète use aussi, en quelque sorte, plusieurs générations d’admirateurs ; il se fait presque toujours, de lustre en lustre, comme un renouvellement autour de sa gloire. […] Il est possible que la gloire de ce poète devienne enviable, mais sa vie est empoisonnée à jamais. […] … J’ai pénétré dans le vieux Menton par la rue consacrée à la gloire du général Bréa, qui fut un enfant du pays.
Cet auteur a été autrefois admiré et fêté : il sied de respecter en lui sa gloire passée. […] Quand il veut louer Montesquieu, il écrit : « Bossuet n’a pas mieux parlé. » La gloire de Bossuet est comme la propriété de M. […] Gloire au plus haut des cieux à George Sand, qui fut un si grand artisan d’idéal ! […] Immolera-t-il sur ses autels les antiques gloires de la patrie ? […] La gloire d’Alfred de Vigny lui paraît ressembler à une étoile lointaine par son éclat adouci, son mystère, sa hauteur sereine et sa pureté.
Je lui ferai sans doute plaisir et j’accomplirai un devoir en posant la candidature à la gloire du vers où nous émeuvent simultanément Les sanglots des Christs… le mutisme des chevaux. […] Pourtant, — si l’on oublie l’immortel Petit Chose et cette Vie d’enfant dont Batisto Bonnet a fait un merveilleux livre provençal et dont j’eus la gloire d’aider Alphonse Daudet à faire un livre français — les femmes ont mieux que les hommes murmuré, souriantes d’aujourd’hui et frémissantes d’autrefois, les tempêtes des petits cœurs et les primes floraisons pas tout à fait écloses des imaginations. […] Jahel repousse la honte de tels présents et recommande à l’enfant la gloire du martyre. […] Car ils disent, ces héroïques applaudissements, « que la France aime à acclamer d’incontestables gloires dont l’éclat dissimule la rareté, aux époques où son prestige de première nation du monde subit quelques défaillances ». […] Mais il aspire à la gloire littéraire.
Mais qu’ajouter à la gloire de M. […] Il confirma cette gloire naissante par André Cornélis. […] « La Gloire ! […] Et ils s’en font gloire ! […] Monographie attachante, au demeurant, écrite dans cette jolie langue souple et dorée que vous connaissez bien, avec je ne sais quelle vague tristesse, comme un rappel de souvenirs, la gloire perdue, l’oubli qui vient… Le livre s’appelle : Toute la jeunesse.
. — Tous individus bien français, n’est-ce pas, et que Drumont revendiquerait comme des gloires nationales, s’ils n’avaient tété la vache à Colas. […] Tous étaient de parfaites canailles, s’assassinant, se parjurant, se trompant, se traînant aux gémonies pour la plus grande gloire de Dieu dont tous s’affirmaient les mandataires exclusifs. […] Libre aujourd’hui, déjà centenaire, mais toujours vigoureux, il irradie, en gerbes retombantes, la gloire de ses branches. […] Il vous serait facile de vous en consoler à l’exemple de mon ami Signoret, lorsqu’il s’écrie : « J’ai ennobli la gloire même, l’ayant méritée. » Car Signoret n’attend pas qu’on le loue. […] A-t-il compris que l’esprit militaire abêtit et déforme, génération après génération, les troupeaux humains qui peinent pour sa gloire et celle de ses confrères ?
Le Français sociable et égalitaire, se rallie autour de son roi qui lui donne la paix publique, la gloire extérieure, et le magnifique étalage d’une cour somptueuse, d’une administration réglée, d’une discipline uniforme, d’une prépondérance européenne et d’une littérature universelle. […] Les plus grands seigneurs y mettent leur gloire ; quantité de gentlemen de campagne n’ont pas d’autre emploi ; le prince Albert, a près de Windsor, une ferme modèle, et cette ferme rapporte de l’argent ; il y a quelques années, les journaux annonçaient que la reine avait découvert un remède pour la maladie des dindonneaux.
Ce n’est pas sur le héros coupable de la seconde invasion qu’il faut appeler l’intérêt au nom de la gloire d’un homme, c’est sur la nation dont il creuse la fosse arrosée de sang innocent dans cette plaine sinistre de Waterloo. […] Un officier anglais, parlementaire, s’avance et crie au bataillon : — Braves Français, vous avez assez fait pour la gloire, la fortune a décidé ; rendez-vous pour sauver à l’humanité un meurtre inutile !
Nous avons vu comment Molière entre malgré sa famille dans une troupe de comédiens, où l’amour le convie et le retient ; voyons comment Shakespeare échappe même à la famille et à l’amour pour aller entrer dans une troupe de comédiens aussi par la porte des plus ignobles emplois ; ni dans l’un ni dans l’autre, aucune prétention, aucun système, le besoin de vivre, de gagner son pain ; à côté du pain ils trouvent, par surcroît, la gloire. […] Sa gloire fut ainsi ensevelie jusqu’au grand comédien Garrik, qui la fit revivre.
Béranger792 Aucun des romantiques, pas même Hugo, ne pouvait rivaliser, aux environs de 1830, avec la gloire de Béranger. […] Il a le don de rapetisser, d’enniaiser tous les grands sujets, quand il y touche : la religion, par son Dieu des bonnes gens, ami de la joie et tendre aux mauvais sujets, par son agaçante conception d’un christianisme de pacotille qui met à l’aise tous les instincts matériels, par ses curés bénisseurs et bons vivants dont la perfection suprême est de ne pas être des gêneurs ; — le patriotisme, par un chauvinisme de méchant aloi, par l’exploitation fastidieuse de la gloire napoléonienne, avilie, vulgarisée, réduite aux puériles légendes de la redingote grise et du petit caporal ; — l’amour, par une sentimentalité frelatée, un mélange de grivoiserie et d’attendrissement qui exclut à la fois l’intensité de la passion sensuelle et la hauteur du sentiment moral ; — la morale, par une étroite et basse conception de la vie, mesquine dans la vertu, mesquine dans la jouissance, bien aménagée en un confortable égoïsme sans excès et sans danger.
Leur gloire est d’être en sympathie si profonde avec l’âme incessamment créatrice que tous les battements du grand cœur ont un retentissement sous leur plume. Les relever par leur individualité, c’est les abaisser ; c’est détruire leur gloire véritable pour les ennoblir par des chimères.
Wotan s’éteindra dans l’inexorable crépuscule, malgré Siegmund mort pour lui, malgré Siegfried assassiné à cause de lui ; et la walkyrie Brünehilde, la déesse devenue femme, la divinité devenue humanité, terrible sur son cheval dont les grandes ailes palpitent comme des flammes blanches sur les flammes du bûcher, proclamera la fin des dieux engloutis dans l’abîme de leur faute, et la gloire enfin de l’homme extasié dans l’amour. […] La main d’Eva lui appartient, il a conquis sa bien-aimée ; il a conquis la Muse, et Sachs, ayant préparé sa gloire, le bénit.
La lumière pourpre enveloppe les chevaliers et sa gloire les inonde d’un baptême de feu. […] Et c’est la philosophie spencérienne dont la gloire est précisément d’avoir fixé les lois de toute évolution, de celle d’une nébuleuse à celle d’une semence, qui permettra de déterminer si le drame musical est en effet le terme dernier actuel de l’art.
Ainsi considérée, on peut voir dans chacune de ses notes le monde entier que les fakirs trouvent toujours dans la contemplation de leur nombril ; l’admiration qu’on a pour Wagner, et qu’on lui doit, ne peut pas être le monopole de quelques vieilles dames empaillées et de quelques jeunes gens aux sens déviés, minés par la névrose ; Wagner nous appartient à tous et sa gloire est indépendante des nôtres ; l’Art français doit bénéficier de ses progrès en les appropriant à son génie national, sans emprunt, sans imitations. […] Je vois poindre là un incident dans lequel la gloire de Richard Wagner n’a rien à gagner, et d’où vous sortirez meurtri, mon vieil ami.
Cette noble idée de gloire se confondait chez Villehardouin, et chez les plus généreux des croisés, avec celle de gagner le bonheur dans l’autre vie par le juste et pieux emploi de leur force ici-bas.
Pierre Jeannin, l’une des gloires de la Bourgogne, né à Autun, en 1540, d’un père tanneur qualifié citoyen et échevin de la ville, et qui, bien que sans lettres, était réputé homme de très grande vertu et de très grand sens, offre par son exemple une preuve de plus qu’avec du mérite, et tout en étant du tiers état, on s’élevait et on parvenait très haut dans l’ancienne monarchie ; même avant la Ligue, il était dans une belle voie d’honneur et de considération dans sa province.
Et d’ailleurs ces vertus trop rentrées, et qui sentent le philosophe, ne sont pas celles qui atteignent le but ; il faut aux hommes des signes assortis aux choses ; à la gloire militaire convient une éloquence militaire aussi.
Je ne suis pas insensible à voir la France dans un tel état de considération au dehors et de prospérité au dedans, et de penser que la gloire et le bonheur de ma patrie datent de mon entrée au ministère ; mais, si vous m’ôtez cette satisfaction d’un honnête homme, il ne me reste qu’un profond ennui de ma place, de la lassitude de tout, du mépris pour les hommes beaucoup augmenté, et l’envie d’aller mourir loin du bruit, en paix et oublié dans quelque coin du monde : voilà l’effet de l’encens sur moi.
Elleseurent les honneurs des prix-Montyon de cette année, et obtinrent de la bouche du plus éloquent des académiciens2 ces éloges délicats qui, même sobrement donnés, sont un à-compte de gloire, et qui, cette fois, s’épanchèrent plus abondamment que de coutume.
Vauvenargues, voulant exprimer le charme qu’a pour le talent un premier succès et un début heureux dans la jeunesse, a dit avec bien de la grâce : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » De même pour le critique qui étudie un talent, il n’est rien de tel que de le surprendre dans son premier feu, dans son premier jet, de le respirer à son heure matinale, dans sa fleur d’âme et de jeunesse.
Elle ne trouve, en le quittant, à lui promettre que la gloire, des honneurs, un nom ; et elle s’éloigne au moment où il a le plus besoin d’être consolé et assisté.
» Plus de quarante ans après, lorsque Cervantes eut fait la première partie de Don Quichotte et qu’un intrus s’avisa de la continuer en voulant lui ravir sa gloire, ce continuateur pseudonyme eut la malheureuse pensée d’insulter non-seulement à la vieillesse du noble et original écrivain, mais encore à son infirmité, à sa blessure, et de dire, en parlant au singulier de sa main et avec intention, « qu’il avait plus de langue que de mains. » Sur quoi Cervantes, dans la préface de la seconde partie de Don Quichotte, répliqua : « Ce que je n’ai pu m’empêcher de ressentir, c’est qu’il m’appelle injurieusement vieux et manchot, comme s’il avait été en mon pouvoir de retenir le temps, de faire qu’il ne passât point pour moi, ou comme si ma main eût été brisée dans quelque taverne, et non dans la plus éclatante rencontre qu’aient vue les siècles passés et présents, et qu’espèrent voir les siècles à venir.
Son ambition était d’une trempe au-dessus du commun et s’élevait vers la vraie gloire qui était son idole.
On peut faire mieux, on peut faire autrement ; on ne remplace pas plus une pensée poétique qu’on ne remplace une âme : chaque création de ce genre, pour autant qu’elle est poétique, est unique et irréparable ; ce qui a été dit par un poëte, un autre ne le redira pas. » De nos jours, où toutes les vocations sont remuées et où tous les numéros, même incomplets, ont chance de sortir, combien ne savons-nous pas de ces âmes poétiques qui essayent de s’exprimer partout où elles sont, en province, dans le fond d’un bureau, au creux d’une vallée, au bord de leur nid enfin, et cela sans trop de manie d’imitation, sans trop de rêve de gloire, mais pour se satisfaire humblement et se suffire !
C’est la gloire propre de Bernardin de Saint-Pierre d’avoir, le premier, reproduit et comme découvert ce nouveau monde éclatant, d’en avoir nommé par leur vrai nom les magnificences, les félicités, les tempêtes, dans sa grande et virginale idylle.
Les Allemands n’ont point une patrie politique ; mais ils se sont fait une patrie littéraire et philosophique, pour la gloire de laquelle ils sont remplis du plus noble enthousiasme.
L’érudit patient est comme le bon artisan du moyen âge qui s’appliquait à bien tailler sa pierre pour la cathédrale future sans savoir où cette pierre serait posée ni si elle serait vue des fidèles, heureux pourtant de collaborer pour son humble part au monument élevé à la gloire de Dieu.
On objectera qu’il en est de même en tous pays, et que la fabrication de la gloire est partout aussi singulièrement outillée.
Lesquels des écrivains d’hier résument la gloire ou le succès ?
Tu chasseras les ténèbres et toute la gloire du monde t’appartiendra.
Mais jamais, en aucun cas, ils n’ont blasphémé nos vraies gloires, et leur patriotisme se révolte lorsqu’ils voient des ouvrages inférieurs, médiocres, détestables, sots poèmes et ignobles musiques, donnés en tous pays comme des productions très excellentes de notre art national.
Comme elle était coquette pour sa gloire !
C’est que Pascal n’est pas seulement un raisonneur, un homme qui presse dans tous les sens son adversaire, qui lui porte mille défis sur tous les points qui sont d’ordinaire l’orgueil et la gloire de l’entendement ; Pascal est à la fois une âme qui souffre, qui a ressenti et qui exprime en lui la lutte et l’agonie.
Son établissement miraculeux, son triomphe sur les démons & sur les passions des hommes, la violence qu’elle nous commande de faire à nos desirs, la réformation du cœur, la sublimité de ses mystères & de ses dogmes, l’éternité de gloire & de supplices qu’elle nous présente, l’héroisme de ses généreux athlètes ; toutes ces idées, véritablement grandes, prêtent plus à l’éloquence, au génie heureusement né pour l’art oratoire, que les intérêts des plus grands états.
Je me crois donc autorisé à conclure que la Prose est la gloire essentielle, le partage de la France.
Si j’ai bien pénétré les vues de l’ointe que le Seigneur a accordée à la Russie pour leur gloire réciproque, et pour se faire pardonner par moi plusieurs fredaines graves de ma connaissance, je dois croire que Sa Majesté cherche à introduire dans les villes de son empire la magistrature municipale, et à en étendre et relever les fonctions.
Apparemment les auteurs attendaient une autre gloire et espéraient pousser par la curiosité leurs plus lointains arrière-neveux à lire aussi le contenu.
Tout, hommes et choses, est outrecuidamment grandi, dans ce livre sans proportion, excepté elle-même, la lauréate adorée autrefois de l’Académie ; tombée, dans sa vieillesse, jusqu’à n’être plus que la vivandière de Garibaldi, lui cuisinant sa gloire, et mettant dans ses sauces par trop de laurier !
Écoutez-le, ou plutôt écoutez son sosie, Durtal101, s’abîmer en extase devant le sanctuaire : « Elle est un résumé du ciel et de la terre ; du ciel dont elle nous montre la phalange serrée des habitants, Prophètes, Patriarches, Anges et Saints éclairant avec leurs corps diaphanes l’intérieur de l’Église, chantant la gloire de la Mère et du Fils ; de la terre, car elle prêche la montée de l’âme, l’ascension de l’homme ; elle indique nettement, en effet, aux chrétiens, l’itinéraire de la vie parfaite Et cette allégorie de la vie mystique, décelée par l’intérieur de la Cathédrale, se complète au dehors par l’aspect suppliant de l’édifice.
Je prends pour doctrine « cette philosophie qui commence avec Socrate et Platon, que l’Évangile a répandue dans le monde, que Descartes a mise sous les formes sévères du génie moderne, qui a été au dix-septième siècle une des gloires et des forces de la patrie, qui a péri avec la grandeur nationale, et qu’au commencement de celui-ci M.
Le tumulte et la gloire des cités l’assombrissent ; il voudrait que le soleil ne les éclairât plus. […] Leur union composait la gloire. […] L’irréalisme des idées et des désirs avait pu faire la gloire de Jean-Jacques, dont la magnifique inconscience soutenait à merveille un enthousiasme factice. […] La gloire et l’amitié se prodiguent à cette âme avide, prompte à faire éclat de ses misères, mais qui se tait sur la profondeur de ses plaisirs. […] Les facilités de la gloire permirent au vrai René de multiplier autour de lui ces complications, de pratiquer à l’infini ces dosages de poison et de nectar.
S’il y gagna d’ignorer la popularité, même la gloire, et d’échapper au disciple, cette proie et cette lèpre du grand homme, c’est un avantage qu’il paya par d’autres inconvénients. […] Il s’attaquait à la gloire, au triomphe, et de là des excès de représailles. […] Une telle gloire, où l’imagination a sa part dans la science pour la féconder, en vaut bien une autre, ce me semble. […] Il insiste encore sur ce qu’il ne s’agit pas seulement de compiler, de prendre chez les historiens et les critiques une matière toute digérée, mais de saisir par ordre les livres essentiels, les monuments principaux, chacun dans son moment, et alors, non pas en les lisant jusqu’au bout et tout entiers, mais en les dégustant, en sachant en saisir l’objet, le style, la méthode, d’évoquer par une sorte d’enchantement magique le génie littéraire d’un temps. — Et cela, il le conseille, non point pour la pure gloire des lettres, non pour le pur amour ardent qu’il leur porte (bien qu’il en soit dévoré), non par pure curiosité poussée à l’extrême (avis à nous autres, amateurs trop minutieux !)
Mais il écrit en parfait honnête homme, on voit qu’il ne cherche point du tout la gloire d’orateur ; il veut persuader solidement, rien de plus. […] Leur gloire n’est point dans leurs livres, mais dans leurs œuvres. […] Une hauteur d’orgueil qui ne fut surpassée que par celle de son fils, une arrogance qui réduisait ses collègues à l’état de subalternes, un patriotisme romain qui réclamait pour l’Angleterre la tyrannie universelle, une ambition qui prodiguait l’argent et les hommes, communiquait à la nation sa rapacité et sa fougue, et n’apercevait de repos que dans les perspectives lointaines de la gloire éblouissante et de la puissance illimitée, une imagination qui transportait dans le Parlement la véhémence de la déclamation théâtrale, les éclats de l’inspiration saccadée, la témérité des images poétiques, voilà les sources de son éloquence : Hier encore l’Angleterre eût pu se tenir debout contre le monde ; aujourd’hui, « personne si pauvre qui lui rende hommage ! […] Un seul point leur manque, la haute spéculation ; c’est justement ce point qui, dans le manque du reste, fait à ce moment la gloire de la France, et leurs caricatures montrent avec un bon sens burlesque, face à face et dans une opposition étrange, d’un côté le Français dans une chaumière lézardée, grelottant, les dents longues, maigre, ayant pour tout repas des escargots et une poignée de racines, du reste enchanté de son sort, consolé par une cocarde républicaine et des proclamations humanitaires ; de l’autre l’Anglais rouge et bouffi de graisse, attablé dans une chambre confortable devant le plus succulent des roastbeefs, avec un pot de bière écumante, occupé à gronder contre la détresse publique et ces traîtres de ministres qui vont tout ruiner.
Plus tard, il répétera à satiété que son cas est unique, qu’il n’a jamais pensé à la gloire, qu’il n’a pris la plume que vers quarante ans, et pour son malheur. […] « … Je me livrais pleinement, dit-il, au plaisir de savourer ma gloire… Ceux qui ont vu cette représentation doivent s’en souvenir, car l’effet en fut unique. » Et voici le revers, — lamentable, hélas ! […] Mais il tient à nous faire savoir que tout cet éclat ne l’éblouit point et qu’il garde, au milieu de tant de gloire, sa simplicité. […] Depuis que la gloire lui était venue, il était, aux yeux de tous les agités, le professeur public de vertu, le réformateur de la société. […] Je crois simplement que Rousseau à Montmorency reprit et revit, vers 1760-1761, ses vieux cahiers de Venise, parce qu’il était très touché de la gloire de Montesquieu (qu’il raille sans le nommer au livre II du Contrat).
Admiration juvénile, exaltée, pour les gloires de la Révolution et du premier Empire, qu’on avait tendance à confondre. […] Depuis Hugo nulle gloire n’avait été plus universellement reconnue. […] Ils se sont sacrifiés pour la faire plus grande : la seule gloire, immortelle est pour elle. […] Et son meilleur livre, Les Bestiaires, très beau roman qui exalte la gloire, la beauté des courses de taureaux, l’énergie de ces bestiaires, se termine païennement par une invocation « au Soleil Invaincu » ! […] L’instrument n’était pas bon, il s’émoussait tout de suite ; il fallut attendre Rousseau… Or les créateurs d’un nouvel outil, d’un nouveau style, méritent incontestablement le nom et la gloire d’inventeurs.
Il achète un domaine, tâche d’enterrer l’apothicaire, et s’étale dans sa gloire nouvelle de propriétaire terrien. […] Oui, je suis reconnaissant d’avoir reçu un cœur capable de connaître et d’apprécier la beauté et la gloire immense du don que Dieu m’a fait. Sûrement l’amour vincit omnia ; il est à cent mille lieues au-dessus de toute ambition, plus précieux que la richesse, plus noble que la gloire.
Je serais volé, moi qui n’ai fait de la littérature, que dans l’espérance d’une gloire à perpétuité. Une gloire de dix mille, de vingt mille, de cent mille années seulement, ça vaut-il le mal que je me suis donné, les privations que je me suis imposées ? […] Et l’homme qui a le mieux servi cette hostilité du classicisme et du romantisme, a été M. de Vogüé, qui a attribué à une littérature étrangère, une originalité qu’elle n’avait pas, et lui a apporté une gloire, qui nous était légitimement due.
Parfois ils acquièrent comme Tolstoï, cette sorte de gloire magnétique qui « civilise » les âmes malgré elles. […] Il donnera aux Paraboles la gloire aristocratique qu’il leur faut. […] Je lui garantis pourtant le succès, la gloire, les valeurs de l’élite comme celles du snob, le jour où il fera oublier le benoît Monsieur, en écrivant des romans d’aventures, qui seront épatants.
C’est maintenant la grande floraison ; il est superflu de détailler les titres, les cycles ; l’épopée nationale, une des gloires de la littérature française, est suffisamment connue dans ses traits essentiels. […] Le principe de la raison universelle est à la base de la royauté absolue ; il atteint son apogée dans la gloire du xviie siècle, et se manifeste avec une évidence particulière dans la littérature qui en raconte les trois étapes. […] Quelle que soit donc, en France, l’inconnue celtique, voici quelques éléments plus sûrs : une colonisation romaine intense, d’où une vie intellectuelle qui égalait celle de la métropole et qui dura d’une façon plus constante à travers tout le moyen âge ; une résistance matérielle moins prolongée à l’invasion des barbares, d’où une assimilation réciproque plus rapide et plus harmonieuse ; à la différence de l’Italie, aucun passé de gloire qui pesât sur l’avenir, attirât sans cesse de nouveaux conquérants et prolongeât l’anarchie ; un pays tout à l’ouest du continent, adossé à la mer en bonne partie, qui n’était point une route à passer, une plaine à traverser, mais qui, une fois conquis, put travailler à un nouvel équilibre ; un pays de grandeur moyenne, non point plat comme l’Allemagne ou démesurément allongé comme l’Italie, mais compact, admirablement varié par ses fleuves et ses montagnes, où les provinces semblaient se faire d’elles-mêmes, éléments futurs d’une plus grande unité ; non point isolé comme l’Espagne et l’Angleterre, mais de contact facile ; un sol fertile ; un climat tempéré, ni la grisaille des longs brouillards, ni la voluptueuse lassitude des cieux ardents.
Une mouche survient et des chevaux s’approche, Prétend les animer par son bourdonnement, Pique l’un, pique l’autre et pense à tout moment Qu’elle fait aller la machine ; S’assied sur le timon, sur le nez du cocher ; Aussitôt que le char chemine, Et qu’elle voit les gens marcher, Elle s’en attribue uniquement la gloire, Va, vient, fait l’empressée ; il semble que ce soit Un sergent de bataille, allant à chaque endroit Faire avancer ses gens et, hâter la victoire. […] « Certainement, Romains, votre gloire est grande pour les victoires que vous avez remportées et pour avoir triomphé de tant de nations ; sachez néanmoins qu’à l’avenir votre infamie sera encore bien plus grande à cause des cruautés que vous avez exercées.
Âme cynique dans son enfance, vicieuse dans sa jeunesse ; soif de la gloire, par le paradoxe dans sa vie d’écrivain ; recherche dédaigneuse de la société aristocratique dans son âge mûr ; affectation de la popularité démocratique par le cynisme du désintéressement et par la pauvreté volontaire dans ses dernières années ; démence évidente et suicide problématique à la fin. […] Rousseau est parvenu à se faire regarder ; c’est un sauvage sublime, un ilote de la pensée, que la société admet dans ses salons pour le voir avec curiosité et pour l’entendre avec complaisance blasphémer avec un éloquent délire contre la pensée même qui fait son existence, sa force et sa gloire.
Quelque bourgeois y a gravé les insignes de sa noblesse de cloches, la gloire de son échevinage oublié. […] On ne peut pas le louer plus haut, ce mot suffirait pour sa gloire.
ce n’était pas un désir de gloire qui me conduisait dans cet exil. […] « Le nombre de mes dessins augmentait ; ma collection se complétait ; je commençai à rêver la gloire ; le burin d’un graveur européen ne pourrait-il pas éterniser l’œuvre de ma jeunesse, le résultat de ce labeur continu et de ce zèle persévérant ?
Malebranche n’a pas été trop sévère pour ces savants « qui font de leur tête un garde-meuble, dans lequel ils entassent, sans discernement et sans ordre, tout ce qui porte un certain caractère d’érudition, et qui se font gloire de ressembler à ces cabinets de curiosités et d’antiques, qui n’ont rien de riche, ni de solide, et dont le prix ne dépend que de la fantaisie, de la passion et du hasard ». […] C’est la gloire du christianisme d’occuper encore la moitié de nos pensées et d’absorber l’attention de tous les penseurs, de ceux qui luttent comme de ceux qui croient.
Vendredi 20 août Le petit Houssaye, en dînant, ce soir, avec moi aux Ambassadeurs, constatait, avec une certaine amertume, l’amoindrissement de la gloire de Théophile Gautier, en train de disparaître sous la gloire de Flaubert.
J’ai ajouté à l’arithmétique, à l’algèbre et à la géométrie la science, des combinaisons ou le calcul des probabilités, parce que tout se combine et que, hors des mathématiques, le reste n’est que probabilité ; que cette partie de l’enseignement estd’un usage immense dans les affaires de la vie ; qu’elle embrasse et les choses les plus graves et les choses les plus frivoles ; qu’elle s’étend à nos vues d’ambition, à nos projets de fortune et de gloire, et à nos amusements, et que les éléments n’en sont pas plus difficiles que ceux de l’arithmétique. […] La gloire littéraire est le fondement de toutes les autres : les grandes actions tombent dans l’oubli ou dégénèrent en fables extravagantes, sans un historien fidèle qui les raconte, un grand orateur qui les préconise, un poète sacré qui les chante, ou des arts plastiques qui les représentent à nos yeux.
Delacroix est depuis longtemps un génie illustre, une gloire acceptée et accordée ; il a donné cette année quatre tableaux ; M. […] Eugène Devéria, et chaque fois qu’il prend à cette vieille gloire romantique la fantaisie de se montrer au jour, ils l’ensevelissent dévotement dans la Naissance de Henri IV, et brûlent quelques cierges en l’honneur de cette ruine.
En un mot, pour la gloire de notre nation, recueillir en un corps d’histoire tout ce qui concerne la littérature française, c’est ce que personne n’avait encore exécuté et ce qu’entreprit le courageux solitaire.
Bossuet, dans le Discours sur l’histoire universelle, après avoir énuméré les principales écoles philosophiques de la Grèce, celles de Platon, d’Aristote, de Zénon, d’Épicure, ajoute en passant brusquement aux Romains : Les Romains avaient dans le même temps une autre espèce de philosophie, qui ne consistait point en disputes ni en discours, mais dans la frugalité, dans la pauvreté, dans les travaux de la vie rustique et dans ceux de la guerre, où ils faisaient leur gloire de celle de leur patrie et du nom romain ; ce qui les rendit enfin maîtres de l’Italie et de Carthage.
Ainsi donc, il dut beaucoup dès le principe à sa famille et à sa race du bon pays d’Artois, comme il l’appelait ; même lorsqu’il affligeait ses proches par ses écarts et qu’il les étonnait par ses aventures, il continuait de leur être fidèle par bien des traits et de leur appartenir d’une manière reconnaissable : et aujourd’hui, après un siècle presque écoulé, lorsque la renommée a fait le choix dans ses œuvres, lorsque l’oubli a pris ce qu’il a dû prendre et que, seule, la partie immortelle et vraiment humaine survit, — aujourd’hui, en leur apportant plus que jamais ce renom de grâce, de facilité, de naturel, de pathétique naïf, qui est son lot et qui le distingue, il trouve encore à leur emprunter de cette estime solide, de cette autorité bien acquise et de cette considération publique universelle qui s’ajoute si bien à la gloire.
Le théâtre de Marivaux est resté sa gloire.
Et puis, outre cette culture du millet qu’on a rappelée spirituellement, il y a, ne l’oublions pas, à compter aussi cette autre semence invisible et légère qu’on appelle la gloire, qui n’est point aussi vaine qu’on le croirait, qui étouffe et chasse des cœurs les tièdes mollesses, les empêche à temps de se corrompre, et qui, impérissable par essence, s’entretient dans les âmes et les races généreuses à travers les siècles86.
Nous aimons trop chez nous les gloires simples, commodes, et qui se résument en un petit nombre de noms consacrés que nous faisons revenir sans cesse et dont nous abusons.
La gloire de Bossuet est devenue l’une des religions de la France ; on la reconnaît, on la proclame, on s’honore soi-même en y apportant chaque jour un nouveau tribut, en lui trouvant de nouvelles raisons d’être et de s’accroître ; on ne la discute plus.
Ces recherches de Bailly (1762-1766) seront toujours son premier, son principal titre de gloire scientifique, a dit M.
« Rien que les larmes, disait-elle, font croire à l’immortalité. » — Et de ses lectures : « Ce n’est pas pour m’instruire, c’est pour m’élever que je lis. » Mlle de Guérin, dans sa piété de plus en plus épurée, caressait pourtant une idée encore terrestre, c’était de voir recueillis en un volume les productions, les essais trop épars de ce frère chéri et qui, tout à la poésie, n’avait pas eu le temps de songer à la gloire.
On n’a jamais été moins ébloui qu’elle par les réputations contemporaines et par les gloires d’un jour.
Beuvron, dès auparavant amoureux, en avait été quelque temps détourné, parce que « la légèreté qu’elle témoignait en toutes choses lui faisait appréhender de s’embarquer avec elle. » L’abbé Fouquet, le frère du surintendant, intrigant au premier chef, homme de sac et de corde, et qui avait la conduite la plus éloignée de sa profession, « s’était embarqué d’abord à aimer plus par gloire que par amour » ; mais le goût lui en était venu par degrés ; et il n’est bientôt plus question que de ses embarquements.
Il n’était pas fâché, tout en rendant une éclatante justice à l’Antiquité et aux nations étrangères, de faire une sorte de réaction contre la gloire littéraire de la France. « Ce ne sera pas un désavantage à nos yeux, écrivait son traducteur anglais, qu’il ait été impitoyable dans ses hostilités contre la littérature de nos ennemis40. » Il y eut là un coin de faiblesse et, on peut dire, d’infirmité chez un si grand esprit.
S’imagine-t-on bien le caractère original et tout moderne de ce nouvel Empire, qui, sincèrement, ne repousse pas la liberté, qui possède la gloire, et en qui la tradition, dans sa chaîne auguste, se renoue déjà ?
Mais qui ne voit que glorieux est pris ici dans le sens de gloire et splendeur, de nimbe, éclatant, rayonnant ?
Ne faites pas à votre popularité des sacrifices que payerait un jour votre gloire.
Pour lui, sinon pour vous, je donnerai les raisons qui m’ont guidé, afin qu’il sache qu’un architecte athénien, soigneux de sa réputation, mais plus encore de la gloire d’Athènes, ne fait rien sans avoir mûrement réfléchi sur les dispositions et les apparences qu’il doit donner aux monuments dont la construction lui est confiée.
Ce qu’on savait moins, c’est que de prétendues beautés qui tenaient à des leçons mal lues disparaissent et s’évanouissent (ainsi le passage où il est question d’Horace, vainqueur des Curiaces et meurtrier de sa sœur, mais absous en vue de sa gloire : Et facinus intra gloriam fuit, devient tout simple et ordinaire, si on lit infra).
Le poëte se compare tout d’abord à cet ange de Klopstock, Abbadona, entraîné dans la révolte de Lucifer et qui était resté, jusque dans l’Enfer, triste et malade du regret des cieux : Sire, quand Lucifer, le prince de lumière, Se lassant de marcher dans sa gloire première, Ivre d’orgueil, osa, contre celle de Dieu, Déployer dans le ciel sa bannière de feu, Parmi les révoltés de la sombre phalange Un esprit se trouvait, doux et sensible archange, Qui, découvrant soudain dans le camp des élus Un ami qu’il aimait et qu’il ne verrait plus, Pencha son front, brisé d’un désespoir sublime, Et s’en alla pleurer dans un coin de l’abîme.
Amarante, fleur éclatante Comme un panache de guerrier, Rivale, en ta rougeur constante, Du vert feuillage du laurier ; Toi dont le velours magnifique, Toi dont la pourpre honorifique Proclame aux yeux la royauté, Ô fleur de mémoire durable, Signe de gloire inaltérable, Symbole d’immortalité, Tout sentiment vrai qui défie L’effort du malheur ou des ans, Dans ta fleur se personnifie, Pour échapper aux jours présents : Pour parer leur pieuse enceinte, L’amour pur et l’amitié sainte Disent par toi : — Fidélité !
L’un deux disait : « Messieurs, mon mérite et ma gloire Sont connus en bon lieu ; le roi m’a voulu voir, Et si je meurs, il veut avoir Un manchon de ma peau, tant elle est bigarrée, Pleine de taches, marquetée, Et vergetée, et mouchetée. » La bigarrure plaît : partant, chacun le vit.
Quelque chose de la gloire sanglante des armées de Napoléon se reflétait sur cette belle figure.
On s’explique ainsi la gloire de cet homme, devant qui s’inclinaient et Descartes et Corneille, et dont les moindres pages faisaient événement dans l’Hôtel de Rambouillet.
A propos d’un mauvais drame de Ponson du Terrail, il nous trace de Henri IV, envisagé par certains côtés secrets, un portrait, avec preuves à l’appui, qu’il est impossible d’oublier. « … Il faut donc conclure, pour Henri IV jeune ou vieux, à un fonds ingénu de vilenie bestiale qu’il dominait moins dans son âge mûr et sa vieillesse, mais qui au temps de sa jeunesse, n’étant point revêtu par la gloire, choquait plus en sa nudité. » — A propos de Kléber, drame militaire, il développe ingénieusement et magnifiquement « le rêve oriental de Napoléon ». — A propos du Nouveau Monde, de M.
Un divorce, un adultère d’artistes inspirent à cette caste une joie haineuse que les intellectuels ne soupçonnent pas : c’est l’objet des commentaires méprisants ou fielleux de mainte bourgeoise et de maint rentier enrageant de leur obscurité, conscients de leur nullité morale, et ravis de se retrancher derrière les principes honnêtes et la légalité pour se venger de la beauté, de la gloire et de l’indépendance représentées par les artistes.
Il faut parler toujours sans rien dire pour sembler spirituelle ; rire sans sujet pour paraître enjouée ; se redresser à tout moment pour étaler sa gorge ; ouvrir les yeux pour les agrandir, se mordre les lèvres pour les rougir ; parler de la tête à l’un, de l’éventail à l’autre ; donner une louange à celle-ci, un lardon à celle-là ; enfin, badiner, gesticuler, minauder60. » L’arrivée du printemps, qui amène le départ des officiers, jette le désarroi dans le monde des promeneuses, et les force à se rabattre sur les robins et les petits collets fort peu demandés en hiver : Heureux les bourgeois de Paris, Quand le plumet court à la gloire !
À la bravoure et à l’amour de la gloire, naturels aux Français, ils joignaient un grand respect pour la discipline, et une confiance sans bornes en leur chef, premiers éléments du succès… Les soldats d’aujourd’hui marchent dignement sur les traces de leurs devanciers ; et le courage, la patience, l’énergie qu’ils ne cessent de montrer dans la longue et pénible guerre d’Afrique, prouvent que toujours et partout ils répondront aux besoins et aux exigences de la patrie.
Je n’avais pas oublié les bontés qu’il m’avait témoignées dans le temps de sa gloire.
Le Voyage proprement dit s’ouvre avec bonheur et avec émotion par une visite à Épaminondas, le plus parfait des héros anciens ; il se termine, au dernier chapitre, par un portrait du jeune Alexandre : le récit tout entier s’encadre entre cette première visite à Thèbes, où le sujet apparaît dans toute sa gloire, et la bataille de Chéronée, où périt la liberté de la Grèce.
L’emploi d’une forme de style, l’expression d’une conception particulière quelconque, que cet emploi soit original ou qu’il puisse paraître entaché d’imitation, est un fait ayant pour cause prochaine, comme tout le livre, la toile, la partition dont il s’agit, un acte physique de leur auteur, poussé par quelque besoin de gloire, d’argent, par un mobile, instinctif, n’importe, de faire une de ces œuvres.
Il se sustenta tant bien que mal de sa plume, en une carrière misérable dont il faut lire le détail dans l’article de M. de Vogüé, et il n’est pas jusqu’à son enterrement qui ne fut sinistre, fantastique et brutal, avec déjà pourtant l’aube de gloire qui s’est depuis levée sur lui.
Ils sont, grâces aux dieux, dignes de leur patrie ; Aucun étonnement n’a leur gloire flétrie ; Et j’ai vu leur honneur croître de la moitié Quand ils ont des deux camps refusé la pitié.
Mais d’un autre côté quelques-unes de ces actions comme le secours de Cambrai, et la retraite de devant Arras, étoient si brillantes qu’il devoit être bien mortifiant pour un fils amoureux de la gloire de son pere, de les supprimer dans l’espece de temple qu’il élevoit à la memoire de ce heros.
Ce qui domine, pour moi, dans ce livre, c’est l’esprit ; l’esprit étincelant, brillant, damasquiné ; l’esprit du dialogue, et du mot, et de la réplique ; l’esprit français dans toute sa gloire, qui ferait merveille à la scène, si on l’y parlait, — si Droz, par exemple, s’avisait un jour de faire du théâtre.
Il n’a jamais voulu être qu’un savant et n’a jamais aspiré qu’à la gloire un peu sévère qui récompense les beaux travaux d’érudition : le reste lui a été donné par surcroît. […] Il est bien étrange que l’on conspue Renan pour avoir éprouvé et traduit çà et là un sentiment qui, continu chez certains autres grands écrivains, leur est devenu un titre de gloire. […] Parvenu à ce point de gloire, que lui manque-t-il ? […] Le Théâtre-Libre a eu cette gloire de créer, en trois ou quatre ans, un poncif : celui de la comédie pessimiste et brutale. […] Il montre sa tête sous le meilleur angle et cherche des effets de draperie, pour la plus grande gloire de Dieu.
C’était la gloire. […] La gloire de M. […] Cette gloire n’est pas du tout insignifiante ; elle a des inconvénients redoutables. […] Ils admettaient que les cieux racontent la gloire de Dieu : les cieux et l’univers entier. […] Aimables images, et qui datent du temps des premières amours, de l’ivresse et de la jeune gloire !
Je ne chante ni l’espérance, Ni la gloire, ni le bonheur Hélas, pas même la souffrance, La bouche garde le silence Pour écouter parler le cœur. […] Il suffit je pense, de rappeler la part que prennent le désir de la gloire, l’ambition d’une place, le souci de se faire une position, etc., dans les inventions d’un roman, d’un volume de vers, d’une thèse de doctorat Les préoccupations sociales, l’envie quelquefois violente de faire triompher une idée qui nous est chère, une réforme qui paraît désirable ont inspiré beaucoup de livres, de discours, de systèmes de pensées. […] « David, gravure de Moreau, soleil couchant, splendeur, gloire, puissance. […] Avec les idées de puissance, gloire militaire et les approches de la mort, il s’agit d’en bâtir : Niveler tout un peuple aux tailles de quinze ans... […] Souvent même il usurpe la place des véritables inventeurs, et se fait à leur dépens une gloire plus vive, mais généralement aussi plus vite fanée.
Ne serait-ce pas pour lui une nécessité de demander à la gloire le prestige dont la toute-puissance a besoin pour se faire accepter ? […] Le public, refusant de servir de complice à l’auteur, vient donc d’applaudir Renée, la grande Vendéenne, et de siffler son triste mari, qu’il faut pousser par les épaules au péril et à la gloire. […] C’est la bohème dorée qui s’attablait dans les antichambres de la renommée en attendant la gloire, et menait une joyeuse vie qu’elle escomptait sur les succès de l’avenir. […] Le souffle lui manque, l’idéal qu’elle poursuit n’a point ce caractère de grandeur et de noblesse qu’on ne rencontre que dans l’école spiritualiste ; il a deux noms, la jouissance et ce bruit que font dans la mer du temps quelques flots privilégiés avant d’aller se jeter dans les gouffres de l’éternité, et que la vanité appelle la gloire. […] Ceux qui prennent la velléité qu’ils ont de devenir illustres pour de la volonté, l’ennui que leur cause un travail régulier pour un signe de prédestination à la gloire, et leur paresse pour du génie ; c’est la bohème ignorée dont Mürger a dit : « Ce n’est pas un chemin, c’est un cul-de-sac. » Vient ensuite la bohème des buveurs d’eau, que Mürger n’apprécie guère et qu’il n’a pas pratiquée.
Je prends par exemple dans sa préface, dédiée à une femme avec qui il a respectueusement platonisé, « ce verbe insulté et sali par notre époque vile », les lignes suivantes ; … Je me crus transporté en arrière de ce siècle et de ce pays ochlocratisés ; la Parisienne, transformée en princesse florentine, parlait de gloire et non de modes ; et la majesté de la mer cessa devant cette parole : « Je cherche l’androgyne et le secret de Polyclète. » Ah ! […] On s’est beaucoup occupé du peintre qui est une de nos gloires et on n’a pas assez constaté que l’écrivain, le poète étaient à la hauteur de l’artiste. […] La sécheresse de David, des écrivains de l’Empire, avait tué le charme de la peinture et des lettres dans notre pays, tout semblait perdu, et voilà que de ce qu’on croyait des ruines sont sortis Victor Hugo, Musset, Delacroix, Rude et tant d’autres dont le bronze des statues consacre aujourd’hui la gloire. […] C’est à un érudit de premier ordre, à un écrivain dont la plume fuit les aridités pédantesques, à un conteur charmant, à notre éminent confrère Auguste Vitu que les éditeurs se sont adressés pour obtenir ce livre qui est un véritable monument élevé à la gloire de Paris. […] Auguste Vitu n’a rien exagéré de la beauté, de l’attraction, des gloires et de la grandeur de notre capitale.
Elle a de l’ambition pour lui et ne croit pas trop s’avancer en lui promettant la gloire au bout d’un roman qu’il n’y a plus qu’à écrire. […] Depuis trente-huit ans, nous prodiguons les milliards afin d’instruire, d’équiper, d’armer la nation qui connut les gloires de Valmy, d’Austerlitz et de Moscou, les victoires plus récentes de Sébastopol et de Solferino. […] Secondement, il a très bien choisi son personnage du jeune Omer Héricourt, enfant conçu dans la gloire d’Austerlitz quand sa mère eut rejoint, aux bivouacs de Moravie, l’époux en train de conquérir l’Europe. […] C’est dommage que Paul Adam soit mort, quand la France a besoin de ses fils les plus certainement destinés à la gloire, pour que brille son intelligence égale à ses vertus. […] Ce très saint homme avait passé quarante années dans une petite chambre de dix pieds carrés à méditer sur les attributs et la gloire de Dieu.
Ce sont : 1ºOnnén Oujino Hotaroubi, Transformation de la haine en feu des lucioles de Ouji (3 volumes). — 2º Oya Yuzouri Hanano Kômiô, L’héritage du parent, la gloire du nez (3 volumes). […] La même année 1808 Hokousaï illustre Kataki-onti Miyorino Miôgô, La Gloire d’une vengeance . […] Attristé de cette imperfection je me suis brûlé à y remédier et à y apporter ce qui manquait… Il y a indubitablement dans mes dessins des défauts, des excès, mais tout de même mes élèves veulent s’en servir comme modèles. » Sur la première page des Gloires de la Chine et du Japon est un Mars bouddhique, aux cheveux droits sur la tête, aux sourcils et aux moustaches coléreusement retroussés, se détachant d’un grand nimbe dans son armure ornementale. […] Alors j’ai pensé qu’il ne fallait pas oublier la gloire des armes, surtout quand on vivait en paix et, malgré mon âge qui a dépassé soixante-dix ans, j’ai ramassé du courage pour dessiner les anciens héros qui ont été des modèles de gloire. » Le livre pour lequel Hokousaï ramasse sa vieille énergie s’appelle Yéhon Sakigaké, Les Héros . […] Sur le côté gauche de la pierre tombale, en hauteur, trois noms religieux : 1ºNansô-in kiyo Hokousaï shinji (Le chevalier de la foi, Hokousaï à la gloire pittoresque), Nansô (religieux du sud de Sô)28 ; 2ºSeizen-in Hö-okou Miôju shin-nio, un nom de femme morte en 1828, qui pourrait être sa seconde femme ; 3ºJô-oun Miôshin Shin-nio, un autre nom de femme morte en 1821, qui serait celui d’une de ses filles.
Il semblait, — dit un historien, dont je me reprocherais d’emprunter l’idée sans en reproduire aussi la phrase, — « il semblait que la volupté s’empressât d’entourer de ses guirlandes et de couvrir de ses fleurs ce trône qu’elle se montrait jalouse de disputer à la gloire » [Cf. […] La fortune littéraire, l’autorité, la gloire, la réputation ne s’acquièrent plus autrement. […] Socrate chrétien, p. 239, 240] — ne semblent l’avoir lu sans profit. — Mais Corneille surtout l’a médité [Cf. les quatre Dissertations politiques, à Mme de Rambouillet, sur les Romains et sur la gloire]. […] 3º L’Influence immédiate de l’Académie. — Elle a substitué d’abord l’autorité d’un centre littéraire à la dispersion des coteries ; — et ainsi les efforts individuels ont commencé par elle et en elle de converger vers un but commun. — Inconvénients et avantages de la centralisation littéraire. — L’institution de l’Académie a enfoncé dans les esprits cette idée que la gloire des lettres fait partie intégrante et nécessaire de la grandeur d’un peuple [Cf. […] Que le succès de tous ces romans a été considérable. — C’est ainsi que l’on connaît quatre ou cinq éditions, en moins de vingt ans, de la Cassandre de La Calprenède. — Les Elzevier ont imprimé sa Cléopâtre, ce qui était le commencement de la gloire [Cf. la lettre de Balzac à MM. les Elzevier dans A.
Elle ne pouvait nous être connue que par Rousseau ; un rayon de sa gloire est tombé sur elle : le rayon se retirant, elle est rentrée dans l’ombre et l’on perd sa trace79. […] Voilà sans doute pourquoi on estime peu la vieillesse, et on a raison ; car on ne fait de grandes choses que par l’amour de la gloire. — Nos petits-enfants en sont pourvus : votre Théophile (Théophile Bremond d’Ars, son petit-neveu) a toutes les vertus des temps jadis : je désire qu’Hector (Hector Le Veneur, son petit-fils) l’ait rencontré à Postdam… » On voit, par ces lettres, que jusqu’à la fin celle qui se qualifiait « votre antique parente » avait conservé la chaleur du cœur.
Paul Je l’ai cru jadis, à cause d’Harmodios et d’Aristogiton, à qui Athènes dressa des statues, et dont la gloire a bercé notre classique enfance. […] Pierre Et je dois convenir qu’on eût frustré Mlle de Lespinasse d’une gloire immortelle en supprimant les siennes.
Méphistophélès, c’est le diable de nos jours, c’est le Satan civilisé, c’est le démon de bonne compagnie qu’on appelle ricanement quand il dénigre l’enthousiasme, envie quand il salit la gloire, libertinage quand il profane l’amour, scepticisme quand il ridiculise la vertu, force d’âme quand il nie Dieu en le respirant par tous les pores. […] Un soldat, à demi ivre de douleur plus que de vin, revient de l’armée ; il a appris en approchant de la ville la honte de sa sœur chérie, qu’il célébrait partout comme la gloire et la beauté de la famille.
Sans doute la médiocrité de fortune d’Arioste fut l’obstacle qui s’opposa à leur union, car elle l’aimait et elle pressentait sa gloire. […] On prie le chevalier inconnu qui n’a pas eu la gloire, mais le mérite de prendre la cause de Ginevra, de se découvrir : son casque, qui tombe, laisse reconnaître Ariodant, l’amant de Ginevra ; tout en la croyant coupable, il avait voulu vaincre pour elle ou mourir pour elle.
Il a une conscience naïve de sa gloire qui ne peut déplaire parce qu’il est occupé de tous les autres talents, et si véritablement sensible à tout ce qui se fait de bon, partout et dans tous les genres. […] Aujourd’hui ce sont des hommes faits ; mais la gloire littéraire de leur grand-père ne les a point tentés.
Mais Boileau les eût-il connues, il n’eût pas donné la gloire d’avoir débrouillé nos vieux romanciers à un poëte qui les continue fidèlement, et qui ne hasarde, hors du cercle de leurs inventions, que quelques pièces imitées de la poésie italienne. […] Villon n’a pas su quelle destinée auraient ses vers mais il semble qu’il ait eu la pudeur de la gloire qui l’attendait.
C’était pour eux assez de gloire qu’il les choisît entre tous les Grecs, pour les absoudre de leur offense et devenir leur ami. — Les Spartiates parlèrent à leur tour : — Athènes écouterait-elle ce tyran, messager d’un autre tyran ? […] La gloire seule pouvait l’inspirer : Clio, la muse de l’histoire, sonne d’un clairon de triomphe, et se couronne de lauriers.
La petite-fille de Boucher, femme galante… En effet, c’était un peu dans le sang du peintre des Grâces impures… * * * — Ô Jeunesse des écoles, jeunesse autrefois jeune, qui poussait de ses deux mains battantes le style à la gloire ! […] Allons il fait temps d’arriver et de toucher notre gloire.
» — Et cependant, monsieur Sainte-Beuve, si j’ai voulu exprimer que le ciel était jaune de la nuance jaune rosée d’une rose thé, d’une gloire de Dijon par exemple, et n’était pas du tout du rosé de la nuance de la rose ordinaire ? […] » blasphème le journaliste qui, à chaque article, touche le viager de sa courte gloire, et ne la veut pas plus longue pour les autres, non récompensés de leur vivant, — pas plus que pour les livres méconnus qui espèrent leur paye de la postérité.
« Je n’ai connu, dit-il, un moment après, que deux passionnés, mais deux vraiment passionnés de la gloire, et c’étaient les seuls dans l’armée : Espinasse et de Lourmel. […] L’aristocratie du talent est en train d’être tuée par le petit journal, qui dispose de la gloire, et n’en débite que pour les siens.
Sa gloire, quoiqu’il ait eu, à un moment, un certain talent, sa gloire sera celle d’un agréable et loquace causeur.
Aux pommettes de la petite fille pendent mortes, tenaille, deux mains de gloire : à leur paume de ventouse, le reflux de l’épiderme est bu, et l’attention hulule des deux yeux subits d’effroi presque, ronds boucliers. […] Cette pièce n’ajoutera rien à la gloire de M.
Heureux le prince qui, durant le cours d’un règne long et florissant, jouit à loisir des fruits de sa gloire, de l’amour de ses peuples, de l’estime de ses ennemis, de l’admiration de l’univers… !
Il accordait à l’Académie française la gloire un peu exagérée d’avoir la première institué la discussion littéraire dans ces termes philosophiques, et d’avoir conclu de l’admiration mal fondée que l’on avait eue pour les vieux philosophes, qu’il fallait examiner de plus près celle que l’on avait encore pour les anciens poètes : « L’ouverture de cette dispute, disait-il un peu magnifiquement, a achevé de rendre à l’esprit humain toute sa dignité, en l’affranchissant aussi sur les belles-lettres du joug ridicule de la prévention. » C’était par là que Terrasson croyait qu’il nous appartenait de devenir littérairement supérieurs aux Latins, lesquels, supérieurs de fait aux Grecs, n’avaient jamais osé en secouer le joug.
Mais cela n’empêche pas (et cette contradiction même ajoute à son mérite) qu’il n’y ait en lui une veine patriarcale ou pastorale bien prononcée, qui revient sans cesse au milieu de ses sentiments publics, et qui lui faisait dire un jour, avant sa gloire, parlant à un ami : Au lieu de bruire avec fracas comme un torrent éphémère, je voudrais, si jamais je parviens à être connu, que ma réputation ressemblât au ruisseau paisible, toujours clair, toujours pur, ombragé de rameaux qu’il féconde : souvent utile, toujours riant, il est le charme et les délices des campagnes qu’il arrose… Ensuite il se perd… Voilà le coin d’idylle chez Bailly.
Tu ne peux de si bas remonter à la gloire : Vulcain impunément ne tomba point des cieux.
Maynard, après avoir épuisé le récit des infortunes d’Apollon et de ses exils terrestres, le montre rétabli dans sa gloire, mais jusque dans l’Olympe ayant à lutter toujours et à travailler, trouvant « avec l’honneur la fatigue mêlée » ; et il en tire une morale poétique qui semble d’abord toute dans le sens de Despréaux : Ne te rebute point ; change, corrige, efface.
Elle aurait dû, pour sa gloire, quitter l’Espagne après ce triomphe de sa politique et de sa cause, après la victoire de Villaviciosa (décembre 1710) qui consacra la réconciliation de l’aristocratie espagnole et du souverain.
Un certain oncle Bouvet, personnage un peu solennel, le lui prédisait dès 1804, en lui rappelant l’exemple des hommes de talent qui s’étaient formés d’eux-mêmes : « La mesure de votre gloire sera celle des difficultés que vous aurez vaincues ; j’aime à me le persuader et vous attends impatiemment au but. » Un second point qui me frappe dans ce commencement de la Correspondance et qui a été contesté cependant, c’est la gaîté, une gaîté entremêlée de réflexion, de travail, de méditation même ; mais je maintiens la gaîté.
« C’était un homme composé d’apparence, d’un génie plus brillant que solide, plein d’une gloire présomptueuse, tout à lui, sans confiance et sans estime pour les autres, trop occupé des petites choses, souvent sans étendue et sans résolution dans les grandes ; capable cependant de les précipiter par entêtement.
En 1653, atteint d’un assez grave dérangement d’estomac et d’intestins, il remet la plupart des remèdes après la campagne, pour le moment où il sera de retour à Paris : « … Sa Majesté m’ayant dit plusieurs fois (c’est Vallot qui parle), après la remontrance que je lui faisais de la conséquence de son mal, qu’elle aimait mieux mourir que de manquer la moindre occasion où il y allait de sa gloire et du rétablissement de son État.
Exemple trop unique, même au gré de celui à qui la gloire en était due !
Qu’on se représente où en était, en général, le libéralisme sur la fin de la Restauration ; quelle doctrine peu élevée, peu intelligente du passé, et du passé même le plus récent, méconnaissant et méprisant tout de ses adversaires, purement tournée aux difficultés et au combat du moment, pleine d’illusions sur l’avenir, se figurant que, l’obstacle ministériel ou dynastique renversé, on allait en toute chose obtenir immédiatement le triomphe des idées et des talents, le règne du bien et du beau, une richesse intellectuelle et sociale assurée, une gloire facile, une prospérité universelle.
Les liens de l’estime et de la confraternité ne peuvent plus exister entre nous et ceux qui professent des principes contraires, et si l’honneur pouvait être solidaire entre des hommes qui exercent la même profession à des distances Considérables, je me hâterais de protester contre un pareil abus, et je vous dirais hautement : L’avocat qui « chargé volontairement. de défendre un guerrier traître et rebelle à son roi, s’oublie jusqu’à justifier l’action en elle-même, qui cite comme un titre de gloire pour l’accusé le nom d’une bataille (celle de Waterloo) où il acheva de se rendre criminel en combattant contre son maître ; qui invoque à son secours le témoignage d’autres rebelles et les excite à rappeler les moyens qu’ils avaient pour forcer leur roi à la clémence ; l’avocat qui, s’entourant de honteux détours, de méprisables subterfuges, d’ignobles entraves, enlève ainsi au prévenu, autant qu’il est en lui, son dernier honneur, celui du courage, cet avocat a perdu son titre à nos yeux : je me sépare à jamais de lui. » On a beau dire que tout moyen est bon à un avocat pour sauver son client, M. de Martignac passait ici toute mesure, et il est difficile d’admettre qu’il n’obéissait pas lui-même, en s’exprimant de la sorte, à un accès de la fièvre politique qui sévissait partout autour de lui.
En vérité, il ne faut qu’une cabane dans un séjour d’apparition où nous ne sommes que des Ombres occupées à en voir passer d’autres, et où les mots d’établissement, de projets, de gloire, de grandeurs, ne peuvent exciter que la pitié. » Et tout à coup, une autre fois, à propos de la mort ou de la maladie de quelques membres de l’Académie, Condillac, Watelet, M. de Beauvau : « Mon ami, je regarde nos quarante fauteuils comme quarante tombes qui se pressent les unes contre les autres. » Mais ceci tourne à l’imagination funèbre et devient trop effrayant.
Tu te trompes si tu crois cela, et tu ne me connais pas, Clinias. » Et puis les vanteries ordinaires aux hommes d’âge, les contrastes de leur conduite à celle des jeunes gens d’aujourd’hui : « A ton âge j’étais occupé à tout autre chose qu’à l’amour ; pauvre, je suis allé en Asie porter les armes, et là j’ai su acquérir du bien à la fois et de la gloire. » C’était le refrain.
Ses belles fleurs jaillissaient avec toute l’ardeur du désir vers la pure lumière du ciel ; ses nobles feuilles, taillées tout exprès par la nature pour couronner la gloire, lavées par la bruine des jets d’eau, étincelaient comme des émeraudes au soleil.
C’est là que grandit, pour la gloire et le bonheur de l’espèce humaine, ce peuple artiste et poète qui s’éleva à la connaissance de la justice par le culte de la beauté. » Le livre de M.
Il y a des mots usurpateurs : tel mot, se décorant d’une fausse acception, appelant pouvoir ce qui est abus, ou liberté ce qui serait excès, disant la gloire pour la guerre, ou la foi pour la persécution, peut semer la propagande, égarer les esprits, soulever les peuples, ébranler les trônes, rompre l’équilibre des empires, troubler le monde, et retarder de cent ans la marche de la civilisation !
« Vertueuse Esther, le temps de l’épreuve est passé, celui de la gloire commence !
Il a eu, dans ces derniers temps, un rafraîchissement de renommée parmi nous, s’il est permis de le remarquer d’un souverain si uni, si simple, si étranger aux vaines idées de gloire.
Quand on est assez vieux pour avoir vu une grande destinée individuelle s’accomplir à travers ses inégalités, ses caprices, ses luttes, ou même ses scandales, il est bon de vieillir encore pour voir comment tout cela se réduit et se capitalise dans une somme de qualités éminentes et de gloire consacrée. » Se peut-il un jugement plus élevé et mieux rendu ?
J’étudiai l’histoire de la marine militaire, celle de sa gloire et de sa décadence.
« Justement effrayé des fonctions dont je sens la périlleuse importance, j’ai besoin de me rassurer par le sentiment de ce que votre gloire doit apporter de moyens et de facilités dans les négociations.
Un célèbre poëte de nos jours, qu’on a souvent comparé à La Fontaine pour sa bonhomie aiguisée de malice, et qui a, comme lui, la gloire d’être créateur inimitable dans un genre qu’on croyait usé, le même poëte populaire qui, dans ce moment d’émotion politique, est rendu, après une trop longue captivité, a ses amis et à la France, Béranger, n’a commencé aussi que vers quarante ans à concevoir et à composer ses immortelles chansons.
Et puis la gloire des armes représente surtout à ce fils de vigneron tourangeau des champs ravagés, des paysans ruinés.
Jusqu’ici du moins, ce n’étaient que de pauvres diables d’écrivains, sans talent et sans gloire, qui avaient vécu aux gages des libraires.
» On ôterait à Buffon le meilleur de sa gloire si l’on doutait que le grand seigneur libéral, qui porta le premier à la tribune politique de la France la question des noirs, eût lu ce sévère et énergique appel à l’humanité.
Cependant, le développement des études historiques, en favorisant la connaissance des milieux et la comparaison entre les époques, attira bientôt l’attention sur le phénomène, longtemps négligé des variations du goût : on remarqua qu’un siècle ne ratifie pas toujours les jugements du siècle précédent ; que telle tragédie portée aux nues à son apparition peut cependant tomber dans un oubli définitif ; que des gloires illustres entre toutes s’éclipsent pendant des périodes entières et ne reparaissent ensuite dans leur éclat que sous l’influence de circonstances qu’il est possible de déterminer ; que les poètes préférés d’une nation demeurent souvent incompris par la nation voisine.
Ils sont destinés à la gloire précoce et viagère, au succès d’argent, au mariage d’argent, à la légion d’honneur, au fauteuil académique.
On y pourrait joindre tout de suite L’Enlèvement d’une redoute, de Mérimée, qui montre aussi la gloire militaire par son revers sombre.
Il avait rêvé, un instant, la gloire des lettres, celle du théâtre.
Ils reviennent bientôt de cette expédition d’Ukraine, l’ambassadeur et lui, couverts de gloire et de lauriers, ou plutôt de boue et de lauriers : Nous avons trouvé ici la reine fort bien revenue de ses dernières maladies, et d’une magnificence d’habits que rien ne peut égaler.
Son malheur prolongé, en réveillant la pitié publique, et en mettant à découvert ses amis fidèles, a fait sa gloire ; on n’inspire jamais de tels dévouements parmi l’élite des esprits, sans avoir, plus ou moins, de quoi les mériter53.
Zelmis se couvre de gloire dans la défense ; mais le corsaire naturellement l’emporte, et voilà les deux amants et le mari emmenés prisonniers par le Turc.
Franklin rougissait beaucoup de ce vers, et il en rougissait avec sincérité ; il aurait bien voulu qu’on supprimât cet éloge extravagant selon lui, et qui exagérait en effet son rôle ; mais il avait affaire à une nation monarchique, qui aime avant tout que quelqu’un tout seul ait tout fait, et qui a besoin de personnifier ses admirations dans un seul nom et dans une seule gloire.
À la fin de cette fable d’Un animal dans la Lune, La Fontaine célèbre le bonheur de l’Angleterre qui échappait alors aux chances de la guerre, et, dans cette première et pleine gloire de Louis XIV, il fait entendre des paroles de paix ; il le fait avec délicatesse et en saluant les exploits du monarque, en reconnaissant que cette paix si désirée n’est point nécessaire : La paix fait nos souhaits, et non point nos soupirs.
Les libelles continuèrent, s’acharnant sur ces gloires, pieux.
Il y a eu en effet en France un faux classique, non sans honneur et sans gloire, mais qui a nui au classique véritable en imitant et en discréditant les formes extérieures de celui-ci.
Au XVIe siècle, un humaniste est un homme que le problème religieux, ou plus exactement ce qu’il y a de problèmes dans le sentiment religieux et dans la croyance, ne torture pas ; au XVIIe siècle, « le partisan des anciens » est un homme que la gloire de Louis le Grand, encore qu’elle le touche, n’éblouit point et n’hypnotise pas ; au XVIIIe siècle, l’homme de goût (très rare) est celui qui n’est pas très persuadé que l’univers vient pour la première fois d’ouvrir les yeux à la raison éternelle et que le monde date d’hier, d’aujourd’hui ou plutôt de demain ; au XIXe siècle, le classique, vraiment digne de ce nom, est celui qui n’est pas comme subjugué par les Hugo et les Lamartine et qui s’aperçoit, de tout ce qu’il y a, Dieu merci, de classique dans Hugo, Lamartine et Musset, et qui garde assez de liberté d’esprit pour lire Homère pour Homère lui-même et non pas en tant qu’homme qui annonce Hugo et qui semble quelquefois être son disciple.
Mais cette longue histoire, qui est sa vie et qui, s’il l’avait voulu, eût été sa gloire, ne suffit pas à la pétulance de ses facultés, et de temps à autre il l’interrompt par toutes sortes de publications inattendues.
Ce qu’ils ont été pour l’art contemporain, on le comprendra plus tard, lorsque la mort de ces artistes amènera celle de quelques-uns des préjugés qui s’opposent maintenant à leur gloire.
Le jour venu, les applaudissements, la popularité, les annonces des journaux, l’affluence du public, l’intérêt de parti, le sentiment de la gloire, le transportaient jusqu’au génie.
Ce livre, composé d’après une méthode inflexible, écrit avec une éloquence entraînante, rempli de vues supérieures, paré d’images magnifiques et naturelles, n’est connu que des philosophes : l’auteur ne va pas chez les personnes influentes ; voyant qu’il ne se loue point, on ne le loue point ; il a oublié que la gloire se fabrique.
Quand, rentré dans sa patrie, il écrivit son histoire d’Espagne, il protesta contre les assertions des chansons de geste, et revendiqua la défaite de Roland comme un titre de gloire pour l’Espagne. […] Antoine de la Sale préludait par là, je l’ai dit, à ces narrations qui devaient faire sa gloire ; celles-là n’ont plus rien de fantastique, et il y a porté à sa perfection le don d’observation fidèle et minutieuse qu’il manifestait déjà dans l’agréable récit de sa visite à la montagne sibylline. […] Quand Christ, portant sa lourde croix, arriva là, il s’appuya pour se reposer à la maison du cordonnier et s’y arrêta quelque peu, mais lui, par colère et mauvais vouloir et pour s’en faire gloire auprès des autres Juifs, chassa le Seigneur Christ et lui dit de s’en aller où il devait aller, sur quoi Jésus le regarda fixement et lui adressa ces paroles : Je m’arrêterai et me reposerai, mais toi tu marcheras jusqu’au jugement dernier. […] On lira certainement avec plaisir les extraits que je vais donner de son récit, bien que la traduction leur enlève forcément une bonne partie de leur grâce : À l’honneur et gloire de Dieu tout-puissant en Trinité, Père, Fils et Esprit-Saint, et de Marie toujours vierge et de toute la cour céleste de Paradis, moi, pauvre pécheur ou pour mieux dire grand et habituel et large pécheur, je ferai ici record dans ce mien volume d’une des choses les plus merveilleuses que peut-être par aventure la plus grande partie de ceux qui vivent aujourd’hui aient jamais entendues. […] En tout cas, elle était inconnue au xiiie siècle, car l’auteur du poème latin sur la maison de Roncevaux, qui en énumère toutes les gloires, ne fait aucune mention de la Vierge miraculeuse.
La source, c’est la pensée de l’écrivain, et l’exploitation de cette pensée a pour fin suprême, non pas le bénéfice d’argent ou de gloire que lui-même en peut tirer, mais un accroissement de l’intelligence nationale, si bien que cette intelligence nationale apparaît — pour parler la langue mathématique — comme fonction de ces intelligences individuelles. […] Le risque de mal placer cette aide pécuniaire est compensé largement par la chance de préserver un beau talent, dont les créations et les découvertes enrichiront le patrimoine de gloire de la patrie, et même son patrimoine tout court. […] Sans doute, l’homme eût été plus heureux, mais n’est-ce pas l’occasion de citer la page des Illusions perdues, où Daniel d’Arthez, le porte-parole de Balzac, traduit, pour tous les candidats à la gloire, la profession de foi du véritable ouvrier littéraire : « On ne peut pas être grand homme à bon marché. […] J’arrête ici cette nomenclature des gloires scolaires du premier quart du dix-neuvième siècle. […] S’il se trouve à l’heure présente, en Berry, en Normandie, en Provence, un jeune homme qui porte en lui de quoi écrire une Lélia, une Madame Bovary, une Sapho, soyez assuré qu’il médite de prendre le train pour ce Paris, appelé par Baudelaire trop justement « le vrai pays de gloire ».
On avait accusé les représentants proscrits de n’avoir pas assez pris en main les intérêts de nos armées, de ne s’être pas souciés de leurs besoins ni de leur gloire, de s’être méfiés de leur intervention dans la politique, et en dernier lieu de leur approche. […] Je ne sais pourquoi vous négligez la gloire. […] « Ce 20 août (1816), Coppet. » Le retour à Paris annoncé comme prochain fut retardé par l’état de santé de M. de Rocca, et c’est de Coppet encore que, sur la nouvelle de son élection, Mme de Staël écrivait à Camille en l’exhortant vivement de reprendre la vie politique comme elle l’avait précédemment convié à la gloire littéraire « Coppet, ce 12 septembre 1816.
« Il a une conscience naïve de sa gloire qui ne peut déplaire, parce qu’il est occupé de tous les autres talents. » Mais la lettre citée se terminait par cette phrase assez épigrammatique : « Vous allez croire que la manie admirative des Allemands pour leur poète m’a gagné. […] L’Allemagne aussi était plus loin, plus séparée de la France que l’Angleterre ; le contact, le conflit des deux gloires n’avait pas eu lieu. […] Sans doute, en s’y attachant avec suite, il eût contribué plus sûrement à sa renommée, à son autorité, sinon à sa gloire : il eût composé un livre excellent et durable, en vue de tous, à l’usage de tous ; il eût continué de faire l’éducation supérieure de plusieurs générations successives ; quiconque se fût essayé dans cette voie critique l’eût rencontré sans cesse sur son chemin et pendant ces quinze dernières années et dans celles qui suivront ; on aurait eu, en chaque sujet littéraire, à compter avec lui ; mais en lui imposant cette tâche, en lui supposant ce souci, suis-je bien entré dans l’esprit de l’homme, ne l’ai-je point tiré un peu trop à moi et dans le sens de ce que je préfère moi-même ?
Il y a des états sociaux où le peuple jouit des plaisirs de ses nobles, se complaît en ses princes, dit : “nos princes”, fait de leur gloire sa gloire. […] Il meurt volontiers pour la gloire d’un chef, c’est-à-dire pour quelque chose où il n’a aucun profil direct.
Benjamin Constant et madame de Charrière96 Rien de plus intéressant que de pouvoir saisir les personnages célèbres avant leur gloire, au moment où ils se forment, où ils sont déjà formés et où ils n’ont point éclaté encore ; rien de plus instructif que de contempler à nu l’homme avant le personnage, de découvrir les fibres secrètes et premières, de les voir s’essayer sans but et d’instinct, d’étudier le caractère même dans sa nature, à la veille du rôle. […] Un plus large horizon s’ouvre à ses regards, un monde d’idées se révèle ; une carrière d’activité et de gloire le tente. […] Puisque avec toute cette affectation d’expérience, de profondeur, de machiavélisme, d’apathie, je n’en suis pas plus heureux, au diable la gloire de la satiété ! […] Cette conviction et le sentiment profond et constant de la brièveté de la vie me fait tomber le livre ou la plume des mains, toutes les fois que j’étudie… Nous n’avons pas plus de motifs pour acquérir de la gloire, pour conquérir un empire ou pour faire un bon livre, que nous n’en avons pour faire une promenade ou une partie de whist… » 178.
. — Mais Victoire n’est pas une femme de son temps : elle dédaigne l’argent et préfère la gloire. […] Quand on lèvera le rideau, vous ne verrez que des payants dans la salle, — des purs, des sincères, et toute la gloire que vous recueillerez désormais sera en bonne monnaie. […] Mais le Charançon, qui travaille seulement pour la gloire, ne demande pas d’abord à être payé. […] Au milieu du foyer, l’auteur, appuyé contre la cheminée, déboutonne son frac devenu trop étroit pour contenir cette indigestion de gloire, et met intérieurement une rallonge aux félicitations que lui viennent offrir ses amis. […] Depuis longtemps la gloire lui avait dit son dernier mot, et, si elle avait encore quelque chose à demander à la vie, ce ne pouvait être que le repos
Je prends les années déjà lointaines de 1846 et 1847, parce qu’elles marquent l’apogée d’influence et de gloire où s’éleva le nom de George Sand, une gloire formée dans la tempête. […] Enfin, un beau jour (oui, ce fut un beau jour pour son talent et sa gloire) elle éprouvera comme une grande lassitude de cette agitation d’idées dans le vide, de ces théories, immaculées et superbes tant qu’elles demeurent sur le trône intérieur de la pensée pure, et qui, dès qu’elles descendent dans les aventures de la politique active et dans les mouvements de la rue, se laissent avilir et souiller par les événements. […] C’est la gloire de George Sand d’avoir, dans sa longue carrière, toujours échappé à ce péril, et toujours épargné à ses amis inconnus cet affreux déboire. […] C’est ce que répondent d’ordinaire les grands avocats consultants de la gloire à tous les solliciteurs qui les importunent et à qui ils envoient bien vite, pour s’en débarrasser, quelque compliment stéréotypé, avec leur bénédiction littéraire. […] » Ce qu’elle ne se lassait pas d’admirer, c’est l’entente et la force scénique, la vis dramatica prédestinée à de si grands succès qu’elle se faisait gloire d’avoir devinés : « Vous souvenez-vous que je vous ai dit, après Diane de Lys, que vous les enterreriez tous !
Je ne suis pas assez éclairé pour savoir si je dois publier ce livre De veritate ; s’il peut contribuer à ta gloire, je te conjure de m’accorder un signe venant du ciel ; si tu me le refuses, je suis résolu à le supprimer.” […] Je me suis souvent demandé ce que Shakespeare penserait de ces entreprises faites pour propager sa gloire, si, par un artifice magique, on pouvait le réveiller un instant du sommeil de l’éternité. […] Il ne pleure pas seulement le rêve de son amour évanoui, il pleure aussi sa gloire détruite et ses triomphes découronnés. […] L’oncle Toby, qui pour prix de sa bravoure avait recueilli une retraite obscure et une blessure à l’aine, ne prêche pas plus éloquemment la vanité de la gloire militaire que toi la vanité de la gloire littéraire. […] Et aujourd’hui voilà qu’on pourrait presque t’appliquer les fameux vers de ton élégie sur les Miltons inconnus et les Cromwells sans gloire qui dorment dans la paix du néant !
Il est dommage que sa dernière manière de vivre soit allée si fort jusqu’à la manie : car on conçoit un philosophe, un sage un peu marqué d’humeur, ayant écrit ces libres Histoires et se taisant désormais, renonçant au bruit, à la gloire, pour la plus grande indépendance, et se cachant pour bien finir.
Il est épris de la noble gloire et des luttes généreuses d’un Cicéron ; il se nourrit sans cesse de l’esprit et des ouvrages de « ce grand auteur », qu’il appelle « toute une bibliothèque de raison et d’éloquence ».
Il cherche l’estime et non les récompenses. » Duclos, en effet, n’a point ce désir de gloire qui, en admettant dans le cœur un peu de vent peut-être et une légère fumée, le remue, l’exalte et élève quelquefois tout l’homme au-dessus de lui-même.
Il n’en est point qui n’aiment l’indépendance, il en est peu qui n’aient embrassé quelques illusions de gloire ; et presque tous se trouvent cependant obligés de se contenter de ces illusions, et de s’astreindre à des occupations qui ne sont point selon leurs goûts.
Traînant une chaîne qu’il ne peut vouloir rompre, son seul bonheur est de souffrir pour celle qu’il aime ; lui qui pourrait aspirer à la gloire et y atteindre, il n’a plus d’autre but que son sourire : ambitions plus hautes, adieu !
les chapeaux en l’air au bout des baïonnettes ; les compliments du maître à ses guerriers ; la visite des retranchements, des villages et des redoutes si intactes ; la joie, la gloire, la tendresse.
Elle est le modèle et comme le type idéal, dans l’ordre poétique, des sœurs aînées, admiratrices, inquiètes vigilantes, prêtes à se sacrifier pour le salut ou la gloire d’un frère chéri.
Louis XIV et son époque introduisirent avant tout, la pompe, l’éclat, la majesté, la gloire, et, dans tous les genres, une sorte d’aspiration à la grandeur.
Liautard comme un de ses titres de vertu et de gloire sont assez significatifs88.
« La constance des sages n’est qu’un art avec lequel ils savent enfermer leur agitation dans leur cœur. » La générosité n’est que le désir de se donner le rôle où l’on se trouve le plus grand, le plus à sa gloire ; ou, comme il le dit avec sa subtilité profonde, « c’est un industrieux emploi du désintéressement pour aller plus tôt à un plus grand intérêt. » La magnanimité n’est qu’un trafic plus grand et plus hardi que les autres : « La magnanimité méprise tout, pour avoir tout. » Ou encore (et ceci, je le crois, est inédit en effet) : la magnanimité, c’est « le bon sens de l’orgueil et la voie la plus noble pour recevoir des louanges. » Les plus humbles vertus, après les grandes, y passent à leur tour ; pas une ne trouve grâce devant lui.
Villars, dans ses Mémoires, parle avec grand dédain et pitié de cette campagne de 1711, si peu féconde en entreprises et en résultats, et où l’on se ruinait misérablement en détail : l’historien des Mémoires militaires, qui a suivi de près le général dans ses moindres mouvements et dans ses lettres au roi et au ministre, lui rend plus de justice pour « la fermeté de ses vues, la justesse de ses combinaisons et la précision de ses manœuvres », pour être parvenu aussi à rétablir le bon esprit et la confiance dans l’officier et le soldat : « En résumant, dit-il, les détails contenus dans ce Mémoire, et en se rappelant non seulement les progrès que les alliés avaient faits la campagne précédente sur les frontières du royaume, mais aussi les vastes projets que leurs généraux avaient formés pour celle-ci, il est difficile de refuser à M. le maréchal de Villars la gloire d’avoir, pour la troisième fois, sauvé la France. » II.
« Il n’y a plus à choisir entre la mort et un nom ; la gloire n’est plus qu’un mot creux : il ne sonne pas l’argent.
Cette divine cantatrice n’est autre que l’élève, la fille chérie, la création, l’esclave, la maîtresse (comme vous voudrez l’appeler) du duc Pompée qui, au temps de ses triomphes désordonnés et de sa gloire, lui avait donné son nom, procuré une fortune, et qui l’a laissée dans la douleur en s’éclipsant… Enfin elle a fait son deuil et elle rentre… La conversation s’engage alors forcément sur ce duc Pompée, ce mystérieux élégant si soudainement disparu : M. de Noirmont ne dit que ce qu’il en faut pour satisfaire à la curiosité des personnes présentes qui ne soupçonnent pas Pompée dans le comte Herman.
La reine n’y paraît point écrasée, et malgré cette gloire d’apparat et cette ampleur d’alentour, elle est mignonne.
Au moment le plus beau et le moins endommagé encore de son règne, Louis XVI, pénétré de la lecture des Voyages de Cook et jaloux pour la France de cette gloire des conquêtes géographiques, voulut donner lui-même à Laperouse, en le chargeant d’une expédition lointaine, des instructions en quelque sorte morales, et, dans sa sollicitude de philanthrope, il les rédigeait ainsi : « Si des circonstances impérieuses, qu’il est de la prudence de prévoir, obligeaient jamais le sieur de La Peyrouse à faire usage de la supériorité de ses armes sur celles des peuples sauvages, pour se procurer, malgré leur opposition, les objets nécessaires à la vie, telles que des subsistances, du bois, de l’eau, il n’userait de la force qu’avec la plus grande modération et punirait avec une extrême rigueur ceux de ses gens qui auraient outrepassé ses ordres.
. — Au printemps suivant (mai 1744), à grand renfort de Mme de Châteauroux, du duc de Richelieu et du maréchal de Noailles, ligués et conspirant pour sa gloire, Louis XV se décide enfin ; il visite ses frontières du nord et se met à la tête de l’armée.
Il n’avait pas toujours réussi dans cette petite Cour dont il est aujourd’hui la plus belle gloire.
Le prince de Clermont avait eu cette permission du pape Clément XII, qui avait jugé que l’état ecclésiastique devait être subordonné à celui de la guerre dans l’arrière-petit-fils du grand Condé. » Ce petit-fils eut là, en ces années, quelques éclairs, dignes de la gloire de son aïeul : par son intrépidité personnelle, il fit en toute rencontre honneur à son nom.
Dès ce moment, études, voyages sur les traces de la sainte, manuscrits à consulter, renseignements et traditions populaires à recueillir, l’auteur fervent ne négligea rien ; il embrassa cette chère mémoire : il se fit le desservant, après des âges, de cette gloire séraphique oubliée.
Vous nous accusez, nous autres d’ici, d’être enfants de Du Bartas, et voilà que du pays de Du Bartas, tout à côté, naît à l’improviste un poëte vrai, franc, naturel et populaire, qui nous ressemble peu, direz-vous, mais que nous saluons parce qu’il nous rend aussi et nous chante à sa manière cette même espérance que nous avons : « Non, la poésie n’est pas morte et ne peut mourir. » La publication de l’Aveugle a mis, dans le pays, le comble à la gloire de Jasmin.
… Cependant si, après sa première campagne, il revient du tumulte des camps, avide de gloire, et pourtant satisfait, dans votre paisible demeure ; s’il est encore doux et facile pour vos anciens domestiques, soigneux et gai avec vos vieux amis ; si son regard serein, son rire encore enfant, sa tendresse attentive et soumise vous font sentir qu’il se plaît près de vous… oh !
Cette société offrait donc plutôt dans son ensemble, et malgré ses gloires récentes, un beau et dernier ressouvenir, un des reflets qui accompagnaient les espérances subsistantes de la Restauration, une lueur du couchant qui avait besoin de mille circonstances de nuages et de soleil, et qui ne devait plus se retrouver.
Le premier volume contenait déjà quelques indications précieuses : Pindare et Platon, n’ayant pas l’heur de plaire aux dames et d’en être compris, étaient vivement bousculés ; mais le troisième volume ne laissa plus rien à désirer, et par la bouche de son abbé, Perrault fit un bel abatis des gloires de l’antiquité.
Après que le roi païen a convoqué ses émirs et fait annoncer la guerre jusqu’aux bornes fantastiques de son mystérieux empire, le poète nous montre les chrétiens offrant leur vie à Dieu, qui par un de ses anges la reçoit et leur promet sa récompense : après la bataille, où tous périssent, l’ange bénit leur sacrifice et confirme leur gloire.
La gloire et le profit s’y rencontraient : aussi les jeunes auteurs se portent-ils avec ardeur de ce côté.
Grandi par l’exil, déifié par la passion politique, il gagne bien sa gloire, qu’il sait administrer : c’est un robuste ouvrier aux forces intactes, et dans les huit années qui suivent le coup d’État, il donne trois grands recueils de poèmes, définitive expression de son talent.
Sa philosophie est plus parfaite que celle de l’artiste qui écrit — et qui trahit par là quelque ingénuité, car il se figure apparemment qu’il vaut la peine d’écrire et que la gloire littéraire est quelque chose.
Alphonse Daudet, renonçant au fauteuil qu’on lui tenait tout prêt, ne renonce à rien, puisqu’il a déjà tout, « la gloire et la fortune », comme dans la chanson.
Voici une de ses meilleures phrases, une des vingt qui paraîtront belles à la lecture sommeillante d’un voyageur de sleeping-car : « Comme les conquérants qui agrandissent leurs conquêtes par l’imagination, il faisait du présent victorieux le piédestal d’un avenir de gloire. » Il n’est pas besoin d’un psychologue profond (Paul Bourget lui-même suffirait à la tâche) pour remarquer qu’aux yeux d’un jeune ambitieux l’avenir n’est pas une statue précise, mais une succession de degrés qu’une lumière de féerie soulève l’un après l’autre et où monte un vertige joyeux.
Ce fut Jean-Jacques qui le premier eut la gloire de découvrir la nature en elle-même et de la peindre ; la nature de Suisse, celle des montagnes, des lacs, des libres forêts, il fit aimer ces beautés toutes nouvelles.
Il n’est pas de ceux qu’enivrent et qu’entêtent ces honneurs de municipalité, ces « dignités de quartier », comme il les appelle, et dont tout le bruit « ne se promène que d’un carrefour de rue à l’autre » : s’il était homme à se prendre à la gloire, il la verrait plus en grand et la mettrait plus haut.
C’était lui, fils légitime, dont sa mère rougissait, tandis que les autres, les fils adultérins, s’étalaient par elle avec gloire.
Courier, peu zélé de tout temps pour le métier des armes et pour la gloire militaire, avait déserté son poste à l’heure de Wagram.
Villemain avait besoin, dans son rapport, d’un morceau à applaudissement, d’un air de bravoure qui fît épigramme contre l’état de choses présent, et il crut l’avoir trouvé dans cette ancienne séance où Bernardin célébrait l’aigle impériale, alors au plus haut de son vol et au zénith de sa gloire.
Un contemporain, en le voyant à l’époque de sa gloire, et en ayant présent son buste par Houdon, nous l’a peint comme il suit : Il était, dit le duc de Nivernais, de la taille la plus haute et la mieux proportionnée.
On établirait aussi que telles suites de vers libres ne sont que des alexandrins décomposés ; on donnerait comme exemples, sinon comme preuves : Car vois | les marbres d’or aux cannelures fines | Sont riches du soleil qui décline, | versant Avec sa joie la soif des vins | qu’elle mûrit ; | fragment qui dans l’original forme cinq vers de 2, 10, 9, 10, 4 syllabes ; Oui c’est l’orfroi, | ce sont les pourpres constellées | Des rêves orgueilleux comme des nefs | s’inclinent | Ma gloire, à moi, | c’est d’embrasser tes deux genoux | Ramenant vers leur cou | leur tunique défaite, | Protégeant de leurs mains leurs regards aveuglés | Baissent la tête | autour de nous, | silencieux | Tu ris !
La beauté de toute chose ici-bas, c’est de pouvoir se perfectionner ; tout est doué de cette propriété : croître, s’augmenter, se fortifier, gagner, avancer, valoir mieux aujourd’hui qu’hier ; c’est à la fois la gloire et la vie.
Mais ces gens, qui se moquent de la gloire de la nation, des progrès et de la durée de l’art, de l’instruction et de l’amusement publics, n’entendent rien à leur propre intérêt.
On dirait qu’ils veulent disputer aux Instrumentistes, dans un autre genre, la gloire du ridicule.
Ce sont ceux qui ne croient pas les femmes plus à leur place là qu’ici, — au bal masqué de l’Opéra qu’au bal de la littérature, — et qui souffrent dans la notion pure, élevée, délicate qu’ils ont de la femme, de ses vertus et même de sa gloire, — en la voyant se travestir comme Mme Stern, non plus seulement en artiste et en femme de lettres, mais mieux que cela, en philosophe !
On enfla sa gloire, comme une vessie, de tous les souffles.
Son livre des Blasphèmes restera tranquillement dans sa gloire et dans son danger.
Que les temps sont loin où notre Jeanne d’Arc se faisait gloire de filer « aussi bien que femme de France » !
Au reste, tout conspire pour décharger Chimène du plus inhumain des devoirs ; les conseils de l’infante, la gloire de Rodrigue, la sagesse et la bonté du roi : Les Maures en fuyant ont emporté son crime. […] Ce qui donne la gloire dans ce monde-là, c’est d’être le plus fort en combat singulier. […] Et cela sans doute nous enseigne la vanité de la gloire littéraire ; cela nous apprend que nous ne devons point nous attribuer le mérite de ce qui s’élabore en nous de passable ; et c’est là une excellente leçon ; mais en même temps l’incertitude continuelle sur le résultat de ce travail intérieur est pleine d’angoisse et de souffrance. […] S’il n’a plus la jeunesse et la beauté du corps, il a la bonté, il a l’esprit, il a le prestige de la gloire et du génie, et il ne m’en coûtera pas trop d’être son initiatrice. […] Mais Pallas leur dérobe le cœur et l’apporte encore palpitant à Jupiter, qui reforme autour de ce centre le corps de son fils, foudroie les Titans et l’associe à sa gloire.
» En voilà plus qu’il n’en faut pour ma gloire. […] Ainsi, dans Claude Lantier, je trouve un peu de Manet, de Pissarrob, de Cézanne, de Monet, le café Baudequin, de l’avenue de Clichy, c’est le café Guerbois, la rue d’Enfer, c’est la rue Nollet, la rue de Londres où Sandoz demeure successivement et à mesure que grandissent sa gloire et sa fortune, c’est l’impasse des Feuillantines, c’est la rue Truffaut et la rue de Boulogne, où le romancier vit maintenant au milieu du luxe artistique qu’il a toujours rêvé et que son labeur lui a si justement conquis. […] Disciple ardent de Schopenhauer, amer, vaincu, révolté, Robert Guérin avait passé une partie de la nuit à dire son fait à la vie, à la décrépitude sociale, à l’humanité déchue, aux vanités de la gloire… et surtout à l’amour, source empoisonnée de toutes les misères et de tous les crimes d’ici-bas… Rien n’était resté debout, sauf les institutions… Mais, dans ces vingt pages enflammées, qu’il estimait, non sans orgueil, devoir faire quelque bruit, il avait pris soin de ne point tracer une seule fois, de peur de le rendre impérissable, le nom de l’indigne Christiane.
— À la gloire ! […] À la gloire par la mort, c’est la devise même du chrétien. […] Ce n’est certainement pas une raison pour la proscrire ; mais encore ce ne lui est pas un titre de gloire et ce n’est pas une raison pour la vénérer. […] Tous les siècles à venir jetteront sur cet âge de perfection un regard plein d’envie et de respect ; car le mouvement de nations dont sortira cette gloire guerrière n’est que le contre-coup de l’effort de Napoléon et n’existerait pas sans Napoléon. […] Beaucoup : richesses, honneurs, gloire, orgueil satisfait.
A Catherine : « Le dernier acte de votre grande tragédie paraît bien beau ; le théâtre ne sera pas ensanglanté et la gloire fera le dénouement. » — A Frédéric qui lui envoyait une médaille de regno redintegrato, représentant la Prusse jadis polonaise offrant à Frédéric une carte de ses nouvelles possessions : « Je remercie Votre Majesté de ce bijou du Nord. […] En principe il dit : « J’ose supposer qu’un ministre éclairé et magnanime, un prélat humain et sage, un prince qui sait que son intérêt consiste dans le grand nombre de ses sujets et sa gloire dans leur bonheur, daigne jeter les yeux sur cet écrit informe et défectueux. […] Ils ne détestaient que ceux qui, attaquant et niant le polythéisme lui-même, le polythéisme en son principe, attaquaient le fondement de leur croyance, la gloire de leurs annales et, ils le sentaient bien aussi, une des bases de leur institution politique. […] Elle se vante elle-même d’être sortie d’Egypte comme une horde de voleurs emportant tout ce quelle avait emprunté des Egyptiens ; elle se fait gloire de n’avoir jamais épargné ni la vieillesse ni le sexe ni l’enfance dans les villages et dans les bourgs dont elle a pu s’emparer. […] Par politique, Henri IV accorda l’édit de pacification ou plutôt le traité de paix qu’on appelle l’Edit de Nantes. « Il paraît étrange que le cardinal de Richelieu, absolu et si audacieux, n’abolit pas ce fameux Edit. » C’est que, théologien, il avait, avec le Père Joseph, l’intention de convertir quelques pasteurs, puis d’autres, de ramener peu à peu tous les protestants au giron de l’Église, et de joindre à sa gloire de conquérant et d’homme d’Etat celle d’apôtre.
Passer le temps agréablement, voilà toute son affaire. « On ne s’ennuya plus dans l’armée, dit Hamilton, dès qu’il y fut. » C’est là sa gloire et son objet ; il ne se pique ni ne se soucie d’autre chose. […] Pour la première fois, on voyait chez lui comme chez Descartes, mais avec excès et en plus haut relief, la forme d’esprit qui fit par toute l’Europe l’âge classique : non pas l’indépendance de l’inspiration et du génie comme à la Renaissance ; non pas la maturité des méthodes expérimentales et des conceptions d’ensemble comme dans l’âge présent ; mais l’indépendance de la raison raisonnante, qui, écartant l’imagination, s’affranchissant de la tradition, pratiquant mal l’expérience, trouve dans la logique sa reine, dans les mathématiques son modèle, dans le discours son organe, dans la société polie son auditoire, dans les vérités moyennes son emploi, dans l’homme abstrait sa matière, dans l’idéologie sa formule, dans la révolution française sa gloire et sa condamnation, son triomphe et sa fin. […] Cela va si loin, que les plus galants tâchent d’être tout à fait Français, de mêler dans toutes leurs phrases des bribes de phrases françaises. « Parler en bon anglais, dit Wycherley, est maintenant une marque de mauvaise éducation, comme écrire en bon anglais, avoir le sens droit ou la main brave. » Ces fats francisés626 sont des complimenteurs, toujours poudrés, parfumés, « éminents pour être bien gantés627. » Ils affectent la délicatesse, font les dégoûtés, trouvent les Anglais brutaux, tristes et roides, essayent d’être évaporés, étourdis, rient, bavardent à tort et à travers, et mettent la gloire de l’homme dans la perfection de la perruque et des saluts. […] De là, s’attaquant à la gloire et à l’argent, il avait jeté coup sur coup à la scène les pièces les plus diverses et les plus applaudies, comédies, farce, opéra, vers sérieux ; il avait acheté, exploité un grand théâtre sans avoir un sou, improvisé les succès et les bénéfices, et mené la vie élégante parmi les plaisirs les plus vifs de la société et de la famille, au milieu de l’admiration et de l’étonnement universels. […] Aussi bien l’inventeur est un écrivain ; si, par verve et par esprit de société, il a voulu divertir autrui et se divertir lui-même, il n’a pas oublié les intérêts de son talent et le soin de sa gloire.
Mercier, qui, dans une longue déclaration de principes sur la poésie dramatique, fut un véritable précurseur du réalisme et enleva ainsi à notre temps la gloire d’avoir inventé ce genre de littérature… L’auteur du mémoire parcourt ensuite et juge toutes les formes que cet art a reçues chez nous, le naturalisme, l’art pour l’art, le réalisme positiviste, et, étendant sa vue au-delà de nos frontières, il touche2 au réalisme religieux ou moraliste de l’Angleterre et de la Russie. […] On pourrait disputer à Henri Monnier la gloire d’avoir donné le premier calque de la sottise bourgeoise, quand on a pris, comme Furetière, la peine de dessiner trait à trait les Javotte, les Jean Bedout, les Vollichon et tant d’autres. […] Laissant donc à d’autres la gloire de rapprocher le sublime du grotesque, il déclare que cette alliance ne peut donner naissance qu’à un genre faux, « parce qu’on y confond deux genres éloignés et séparés par une barrière naturelle. […] C’est son moindre titre de gloire. […] L’amoureux ne pense qu’à son amour, le soldat qu’à sa campagne et à la gloire ; le romancier et le poète doivent avoir l’âme plus large, afin de comprendre à la fois le sentiment de l’amoureux et celui du soldat, afin de concevoir les mille intérêts divers qui sont également dans la nature ; il doit avoir la clairvoyance du prince André.
Le secret est là, très simple, des succès sans pareils et sans analogues qu’elle a remportés durant sa vie, du déclin aussi et du demi-effacement, et de l’assourdissement plutôt de sa gloire, depuis l’heure de sa mort. […] Ses mots les plus éloquents lui viennent de son ardeur à le poursuivre ou à le rêver : « Ils réduisent à chercher la gloire ceux qui se seraient contentés de l’affection. » — « En cherchant la gloire (dit Corinne), j’ai toujours espéré qu’elle me ferait aimer. » — « La gloire elle-même ne saurait être pour une femme qu’un deuil éclatant du bonheur. » Et, tout à la fin de son Allemagne, quand elle arrive au chapitre de l’Enthousiasme, de quel ton elle s’écrie : « Il est temps de parler du bonheur ! […] Le sentiment est celui de la misère humaine, et surtout de la misère qui suit les grandes âmes dans leur recherche ou du bonheur ou de la gloire. […] Précisément, en ces siècles obscurs, c’est l’art qui a décliné, mais c’est la pensée qui a marché, et plus on ira, plus on reconnaîtra sans doute que c’est la philosophie du moyen âge qui est la vraie gloire littéraire de cette époque. […] C’était sa tournure d’esprit qui était créatrice ; et cela, pour son malheur au moment où il écrivait, pour sa grande gloire auprès de la postérité, en un temps précisément où un renouvellement de l’art, dans une direction toute différente, se produisait ; en un temps où les puissances endormies de l’imagination française, sous l’impulsion souveraine de Chateaubriand, s’ébranlaient et s’élançaient de toutes parts.
Le succès est nécessaire, et la gloire est nécessaire, et quand l’homme de lettres a distingué avec clarté ces deux ordres, quand il a compris de plus que la gloire n’est pas l’ordre premier et qu’au-delà il en est encore un autre, qui est à la gloire ce que la gloire est au succès, ce que le succès est à la réclame, alors il possède la paix de l’âme, ou du moins il a réalisé l’une de ses conditions. […] « Hélène de Sparte, fille du Cygne et de Léda, était depuis cinquante ans la belle Hélène. » Elle est « pleine de souvenirs » d’amour, elle a été aimée des hommes, c’est elle maintenant qui veut aimer, et qui, repoussée avec mépris, traitée de « vieille enragée » par un beau capitaine des gardes « eût donné toute sa gloire pour n’être qu’une fille de quinze ans, simplement gentille ». […] Trop ingénieux, car ce major, soucieux d’en obtenir la gloire et le galon, découvrait devant tout venant et particulièrement devant les huiles le malade et l’appareil auxquels il avait donné tous ses soins : le sportsman allait sans doute guérir, mais, à force d’être mis à nu et expliqué à des officiers considérables, il attrapa une bronchite dont il mourut. […] Mais, comme à côté d’un Roumanille la Provence a produit un Mistral, la Suisse romande, au-dessus de sa riche littérature locale, élève une grande littérature européenne, gloire spirituelle et couronne du Léman, pareille aux Alpes roses qui l’environnent le soir. […] Vous direz peut-être que le glacier naturaliste ressemble à celui qu’on pouvait voir à la porte d’Augias quand Hercule eut passé chez lui ; vous me rajeunirez de vingt ans avec ces facéties d’autrefois qui firent à Émile Zola le meilleur de sa gloire populaire.
Un craquement secoua le confessionnal ; la mère de Dieu, dans une gloire, dans l’éblouissement de sa couronne et de son manteau d’or, sourit tendrement à l’Enfant Jésus de ses lèvres peintes ; l’horloge, réchauffée, battit l’heure à coups plus vifs. […] L’astre triomphant mettait dans sa gloire la croix, les chandeliers, la chasuble, le voile du calice, tout cet or pâlissant sous ces rayons. […] J’ai, trouvé mon chemin de Damas, et l’amour vrai m’est apparu dans sa gloire, resplendissant sur la nue ; il m’a touché de sa grâce et mes fausses idoles gisent dans la poussière. […] Nous sommes deux gentilshommes campagnards, comme vous dites, et nous vivons sans gloire, mais non sans honneur. […] La pièce est jugée bonne, l’auteur trouvé charmant ; bref, la tragédie va être jouée, et la tragédienne est vite installée avec Philippe dans un délicieux hôtel que celui-ci a loué sans consulter autre chose que son cœur et ses rêves de fortune et de gloire.
Un tel esprit, contemporain de tous les siècles, concitoyen de tous les poètes et de tous les savants, n’est étranger dans aucun pays de gloire. […] Un de ces tableaux montrait la meule en pleine gloire. […] L’artiste s’empare du succès et de la gloire, grâce à la vigueur de son talent et du plaisir intellectuel qu’il vient apporter. […] mais non par des chemins de traverse, non pas en forçant mes émotions à dire plus qu’elles ne valent en réalité, non pas en prenant quelque dada du jour pour me porter à la gloire. […] — tant qu’on reste persuadé que le monde ne sait pas encore ce que vous êtes, on remplace par sa fierté la gloire qu’on attend ; c’est un équivalent.
Quelques faits, des mots qu’on cite, des anecdotes, épars et puis groupés dans la tradition, réalisent autour de ce nom comme une légende fantastique, de gloire tout ensemble et de scandale, de turpitude et de beauté. […] Et celui-ci s’enthousiasme, crie au miracle et hâtivement répond au poète qu’il l’attend : il le recevra, l’hébergera chez lui, l’installera dans la gloire qu’il mérite. […] Quel baptême De gloire intrinsèque, attirer un « Je vous aime » ! […] Amertume des souvenirs d’amour, ambitions meurtries, beaux désirs déçus, amertume aussi de la gloire et détresse de la définitive solitude, — tout cela, d’ailleurs, rehaussé d’orgueil, voilà l’âme de ces Stances. […] S’adressant un jour « aux jeunes gens pressés », l’auteur de la Chevauchée d’Yeldis écrivait : « Savez-vous qu’on a peur de nommer trop haut celui qu’on estime, de peur que la gloire ne l’enlève, et le gâte, et l’annule ?
Je veux bien que la connaissance profonde des littératures anciennes, que le culte qu’on leur vouait, aient eu une influence sur sa direction et sur son apparence… Je ne nie pas qu’un Racine, qu’un La Fontaine, qu’un La Bruyère se soient fait gloire d’imiter les Grecs… Mais quand je me reporte à ceux qu’ils imitaient, ou qu’ils prétendaient imiter, je trouve un primitif, Esope, le plus frelaté des classiques, Euripide, un alexandrin, Théophraste. […] Il prétend que nous le jugions en fonction de sa gloire acquise, grand poète toujours, pour une fois français. […] Or, en dépit des protestations de maints critiques, la gloire du tragique continue à participer de la gloire de Port-Royal. […] On est trop tenté de considérer les grands artistes du passé dans la brume d’or de la gloire, comme une race de demi-dieux qui exploitent à l’infini un fonds illimité, inépuisable, et qui mépriseraient, sans doute, les faiblesses de nos hommes de lettres d’aujourd’hui. […] Rostand non seulement de l’impitoyable poétique du Parnasse, mais aussi de ces recherches rythmiques, dérivées de Banville, de Verlaine, de Laforgue, qui font la discrète gloire des poètes de la génération symboliste.
Tous ces gens-là sont sujets non-seulement à préférer leur gloire à leurs amis, mais à ne voir dans leurs amis, dans la nature, dans les événements, que des récits, des tableaux, des réflexions à faire et à publier. » Nous croyons que Constance se trompe pour Racine, La Fontaine et Fénelon ; nous craignons qu’elle ne fasse que reporter un peu trop en arrière ce qui était vrai de son siècle, ce qui l’est surtout du nôtre234. […] Depuis plus de trois ans, je vois, j’entends Gatimozin partout, et la plainte commencée meurt sur mes lèvres, et, dans le silence auquel je me force, mon âme se raffermit. » Elle avait peu compté sur l’amour, elle n’avait pas désiré la gloire ; mais, lors même que la raison fait bon marché des chimères, la sensibilité sevrée se retrouve là-dessous et n’y perd rien.
. — César étoit né avec deux passions violentes : la gloire et l’amour, qui l’entraînoient comme deux torrents42… » Quant à Pétrone, il était fort à la mode en ce moment. […] Les plus grands de l’esprit, autant que j’en puis juger, c’est la véritable gloire et les belles connoissances, et je prends garde que ces gens-là ne les ont que bien peu, qui s’attachent beaucoup aux plaisirs du corps.
Dorénavant pour les premiers personnages du royaume, hommes et femmes, ecclésiastiques et laïques, la grande affaire, le principal emploi de la vie, le vrai travail, sera d’être à toute heure, en tout lieu, sous les yeux du roi, à portée de sa parole ou de son regard. « Qui considérera, dit La Bruyère, que le visage du prince fait toute la félicité du courtisan, qu’il s’occupe et se remplit toute sa vie de le voir et d’en être vu, comprendra un peu comment voir Dieu fait toute la gloire et toute la félicité des saints. » Il y eut alors des prodiges d’assiduité et d’assujettissement volontaire. […] Cinq fois par semaine, chez le duc de Choiseul, à dix heures du soir, le maître d’hôtel vient jeter un coup d’œil dans les salons, dans l’immense galerie pleine, et, au juger, fait mettre cinquante, soixante, quatre-vingts couverts197 ; bientôt, sur cet exemple, toutes les riches maisons se font gloire de tenir table ouverte à tous venants Naturellement, les parvenus, les financiers qui achètent ou se donnent un nom de terre, tous ces traitants et fils de traitants qui, depuis Law, frayent avec la noblesse, copient ses façons.
. — Placé dans cet isthme de sa condition moyenne, — sage avec des obscurités, grand avec des imperfections, — avec trop de connaissances pour tomber dans le doute du sceptique, — avec trop de faiblesse pour monter jusqu’à l’orgueil du stoïcien, — il est suspendu entre les deux ; ne sachant s’il doit agir ou se tenir tranquille, — s’il doit s’estimer un Dieu ou une bête, — s’il doit préférer son esprit ou son corps, — ne naissant que pour mourir, ne raisonnant que pour s’égarer, — sa raison ainsi faite qu’il demeure également dans l’ignorance, — soit qu’il pense trop, soit qu’il pense trop peu, — chaos de pensée et de passion, tout pêle-mêle, — toujours par lui-même abusé ou désabusé, — créé à moitié pour s’élever, à moitié pour tomber, — souverain seigneur et proie de toutes choses, — seul juge de la vérité, précipité dans l’erreur infinie, — la gloire, le jouet et l’énigme du monde. […] Il vaut mieux renoncer à ces apologies partielles, et avouer franchement qu’en somme ce grand poëte, la gloire de son siècle, est ennuyeux ; il est ennuyeux pour le nôtre. « Une femme de quarante ans, disait Stendhal, n’est jolie que pour ceux qui l’ont aimée dans leur jeunesse. » La pauvre muse dont il s’agit n’a pas quarante ans pour nous ; elle en a cent quarante.
Il avait eu son temps de suprématie et de gloire, dont on retrouve encore la mention lointaine dans l’Iliade. […] Zeus, dans sa gloire, apparaîtra à Io redevenue femme, et il apaisera son esprit.
En 1292, au moment où Dante achève sa Vita nuova, il a déjà conçu un grand poème à la gloire de Béatrice ; il ne l’écrira que quelque vingt ans plus tard, et certes la Divina Commedia est bien différente de cette première idée de 1292 ; elle s’est enrichie d’expériences et de science ; mais enfin, la première intuition, quoique non exprimée, est certaine et nécessaire. […] Un autre exemple, d’un genre différent : au milieu des atrocités, souvent sadiques, de La Nave, il y a une scène consacrée à la gloire de Venise et de la marine italienne (sujet très cher à D’Annunzio) ; c’est la prophétie de la diaconesse Ema (dans le troisième épisode).
Je demande si cela ne vaudrait pas mieux pour la gloire du poète et pour le plaisir du lecteur.
J’ai cru toujours, depuis que je vous ai connu, que vous étiez destiné à vivre heureux par les plaisirs du cabinet et de la société ; que toute autre marche était un écart de la route du bonheur, et que ce n’étaient que les qualités réunies d’homme de lettres et d’homme aimable de société, qui pouvaient vous procurer gloire, honneur, plaisirs, et une suite continuelle de jouissances.
Il se recommande à leurs prières, les jours de défaite comme les jours de victoire ; il sait que leur deuil est le sien, et que sa gloire est leur joie.
On l’a vu donner à ce prince mourant des larmes amères, en donner même à sa mémoire, le chercher dans ce superbe palais qu’il remplissait de l’éclat de sa personne et de ses vertus, dire souvent qu’il y manquait, et porter toujours depuis sa mort une plaie profonde, dont toute la gloire de son fils n’a pu lui ôter le sentiment.
Dans l’intervalle, et pendant le séjour qu’il fit en Lombardie, à Milan, à Brescia, à Bergame, à cet âge de moins de vingt ans ; au milieu de ces émotions de la gloire et de la jeunesse, de ces enchantements du climat, du plaisir et de la beauté, il acheva son éducation véritable, et il prit la forme intérieure qu’il ne fera plus que développer et mûrir depuis : il eut son idéal de beaux-arts, de nature, il eut sa patrie d’élection.
En un mot, la pièce me parut si belle que je ne consultai pas longtemps sur ce sujet ; je crus d’abord, sans m’en conseiller qu’à moi-même, qu’un ouvrage également avantageux à deux si excellents hommes ne se devait point cacher, et que n’y allant pas moins, à le mettre au jour, de la gloire de M. de Balzac, à qui il s’adresse, que de l’honneur de mon parent, pour qui il est fait, je devais, pour la satisfaction de tout le monde, faire un présent au public de l’apologie de M. de Voiture ainsi que j’avais fait de ses œuvres.
Qui voudrait recueillir dans les correspondances du temps les mots et les jugements de Mme Du Deffand, du président Hénault et autres de ce monde-là sur Voltaire, les jugements du président de Brosses, de Frédéric, de Mme de Créqui (j’en ai donné des échantillons), quiconque ferait cela aurait l’idée d’un Voltaire vrai, non convenu, non idéalisé et ennobli par l’esprit de parti, et auquel on laisserait toutefois la gloire entière de ses talents.
. — Ce serait un bonhomme, disait-il encore, s’il n’était point si cupide de gloire et si jaloux de tous ceux qui en ont acquis par leurs ouvrages, surtout en fait de traduction. » Dans tous ces passages, et dans d’autres que je supprime, Chapelain n’a pas manqué de bien saisir et de noter cette faculté (dirai-je heureuse ?)
Mais il n’y avait pas en cela de motif de rivalité ; on mettait cette prédilection sur le compte de la Russie et de la reconnaissance ; et la gloire de M. de Maistre, d’ailleurs, était encore chez nous à l’état de paradoxe.
La gloire d’une mère est un pesant fardeau !
Vous n’avez aucun revenu, vous ne voulez plus écrire : comment pourrez-vous vivre, si vous vous obstinez à refuser à vos meilleurs amis le plaisir et la gloire de vous secourir ?
Ceux même qui ne connaissent ces choses d’Église que par le Lutrin, savent que la Discorde régnait en ce temps-là et se faisait gloire de diviser Cordeliers, Carmes, Célestins, Augustins : M. de Harlay rétablit la discipline et la paix dans ces camps séditieux ou dissolus n’était guère de communauté de l’un et de l’autre sexe, ou de corporation ecclésiastique, Doctrinaires, Prémontrés, Carmes, Moines de Cîteaux, Moines de Cluny, Jacobins, etc., dont il ne parvînt à remettre la règle en vigueur, à résoudre ou à assoupir les différends.
Son âme généreuse et fière appartenait à ces siècles de grandeur et de gloire que j’ai cherché à faire connaître.
Ce rapport est des plus simples, et le vainqueur y paraît surtout occupé de rendre justice à tous ; après qu’il a nommé tout le monde, il craint encore d’avoir oublié quelqu’un : « Je puis manquer dans cette Relation, disait-il, à rendre les bons offices que plusieurs particuliers, et même des troupes, méritent dans cette occasion où tout le monde s’est bien employé ; je dois à leur bonne volonté et à leur secours la gloire qui peut retomber sur moi de ce combat. » Il faut lire d’autres relations que la sienne pour apprendre que Catinat, voyant que la lutte s’opiniâtrait, se mit à la tête de troupes fraîches tirées de la brigade Du Plessis-Bellière, les mena à la charge, et décida la victoire.
Il y avait entre les deux frères, alors si unis en apparence, un malentendu secret qui les séparait à leur insu et qui allait grandir et grossir de plus en plus et démesurément : ce malentendu, c’était le génie, d’écrivain et la gloire, pour lesquels l’un était fait et pas l’autre.
On m’assure qu’à propos de cette manie qu’avait Louis-Philippe de démolir ses ministres les uns par les autres, et de les user pour sa plus grande gloire, on y lit cette phrase ou quelque chose d’approchant : « Je n’aime pas ces ogres de réputation qui croient augmenter la leur en dévorant celle des autres. » 44.
ce sont de vains besoins du cœur qu’il faut étouffer, car à cette heure-là nos amis sont occupés ailleurs : l’un songe à la gloire, l’autre à ses amours, un autre boude on ne sait pourquoi, et l’on reste seul.
Le chevalier voulait se faire relever de ses vœux de Malte et l’épouser ; elle s’y opposa avec constance, par égard pour la gloire et la considération de son amant.
C’est de quoi fonder solidement une gloire.
, fierté des gloires militaires de la Révolution et de l’Empire, rêve d’une France libre, glorieuse et honorée parmi les hommes », cela composait une sorte de religion civique, commune alors à un très grand nombre de Français, et faite de très antiques bons sentiments, mais qui, naturellement, revêtaient les formes accidentelles propres à cette époque : on n’était pas clérical dans la maison ; on était de ces Parisiens qui, à l’endroit des « capucinades » officielles de la Restauration, retrouvaient les propos de la Satire Ménippée ; et, le samedi soir, on se réunissait entre amis, sous la tonnelle, pour chanter les premières chansons de Béranger.
On y vivait pour tous : c’est à-dire pour l’admiration, la reconnaissance, la gloire.
On y vivait pour tous : c’est-à-dire pour l’admiration, la reconnaissance, la gloire.
Tel livre devra son insuccès aux vues nouvelles dont il est plein et qui lui vaudront au bout d’un siècle la réparation d’une gloire tardive.
Zeus laissa faire et ferma les yeux, — « Ce ne fut pas contre sa volonté », — dit Hésiode — « que le fils robuste d’Alcmène aux beaux pieds délivra le fils de Japet, mais afin que la gloire d’Hercule, né dans Thèbes, fût encore plus grande sur la terre nourricière.
Elle ne rêve pour lui ni le génie ni la gloire — les chances en sont trop vagues et trop hasardeuses — mais un riche mariage, une position acquise moins par le talent que par le savoir-faire.
Tantôt, faisant allusion aux prix annuels, il plaisante dédaigneusement l’Académie « qui décerne en médaille d’or son aumône de gloire aux pauvres honteux de la littérature ».
De loin, sans les confondre, on tient compte volontiers de leur double gloire, on les voit un peu l’un dans l’autre, et l’éclat du nom y a gagné.
C’est assez de gloire, c’est trop de plaisirs ; il est temps de nous donner des vertus.
Et ses voisins verront sa gloire, et n’y pourront atteindre… Et quand je pouvais éclairer de mon flambeau et le Breton et l’Espagnol, et le Germain et l’habitant du Nord, parce que rien ne m’est impossible, je ne l’ai pourtant pas fait.
Byron ou Goethe, en le lisant, prenaient une idée juste et complète de la littérature et du train de vie de ce temps-là ; et Byron lui a donné le plus bel éloge, en traçant nonchalamment sur son journal ou Memorandum écrit à Ravenne ces mots qui deviennent une gloire : « Somme toute, c’est un grand homme dans son genre. » Nous autres Français, qui savons d’avance, et par la tradition, quantité des choses qui se trouvent dans Grimm, il ne nous faut pas le lire de suite, mais le prendre par places et aux endroits significatifs.
Un bruit accru par des échos Ressemble beaucoup à la gloire.
Ce fut là tout ce qu’il connut de la gloire.
Elles l’appelaient leur honneur et, mieux encore, leur gloire. Ce mot « ma gloire » revient continuellement, avec ce sens particulier, dans les romans de l’époque, et les Chimène, les Pauline, les Émilie et, mieux encore, les Pulchérie, les Laodice, les Rodelinde, l’ont toujours à la bouche. […] Ainsi, lorsqu’elle supplie Placide de la tuer (encore, à ce qu’elle dit, une inspiration qui lui vient de Dieu) : Vous devez cette grâce à votre propre gloire ; En m’arrachant la mienne on va la déchirer ! (Entendez : en m’arrachant ma gloire on va déchirer la vôtre. ) Corneille substitue donc au vocabulaire chrétien le vocabulaire mondain et romanesque. […] » Il assassinera qui l’on voudra pour la gloire de Dieu, mais pas une femme. — Pourquoi ?
Cherchez la coupable, cherchez la femme, comme dans les romans sans nombre écrits à la gloire des agents de police ! […] Son récit reflète à merveille ces années héroïques et tumultueuses où abondent les prouesses et les trahisons, où figurent aux armées des guillotines et des femmes hussards, où sortent de l’ombre des généraux improvisés, tantôt plus habiles à retourner une omelette qu’à commander un régiment, tantôt promis à la gloire et s’appelant Hoche, Marceau, Desaix. […] Il se fait gloire de rendre ce qu’il voit avec « une sainte brutalité de touche ». […] J’entends par là un homme sorti du peuple (suivant l’heureuse expression d’un ministre sorti lui-même du ministère), un homme qui, ayant eu la chance d’avoir un billet gagnant à la loterie de la gloire et de la fortune, se trouve en état de vivre à l’aise au-dessus de sa condition d’origine. […] Gloire, victoire, Napoléon, canon, mitraille, bataille !
De ce côté-là, il eut quelques déceptions : son grand ouvrage parut au milieu de l’universelle indifférence, et il ne put pas arriver à se faire une place dans l’enseignement officiel, mais son Essai sur le libre arbitre fut couronné par l’Académie de Norvège ; la gloire vint à lui, d’autant plus douce sans doute qu’elle s’était plus longtemps fait attendre, en sorte qu’il eut une vieillesse heureuse, entourée de disciples amis. […] Avec la haute opinion qu’il avait de lui-même, je crois qu’il pourrait s’en consoler ; à ceux qui seraient tentés de s’apitoyer sur son sort, il répondrait, en haussant les épaules, par un de ses plus beaux aphorismes : « Ce qu’il y a de précieux, ce n’est pas la gloire, c’est de la mériter. » III. […] Ajoutez qu’il est dans ses opinions d’une ténacité qui va jusqu’à l’entêtement ; qu’il ne se ferait pas une gloire de passer pour libéral, tandis qu’il lui en coûte peu de passer pour un homme à préjugés, et même de l’être ; qu’il est naturellement combattif, souvent hargneux, toujours habile à l’attaque ; qu’il ne ménage jamais ses adversaires. […] Tout ce qu’on en peut conserver, c’est que le comte Tolstoï a renoncé à écrire pour augmenter sa gloire ou sa fortune ; que les ouvrages qu’il publie à présent, dégagés de toute préoccupation littéraire, sont des espèces de « traités », dont le but unique est de répandre la doctrine morale et religieuse à laquelle il s’est rallié ; que, cherchant à être conséquent avec ses nouveaux principes, il a renoncé au luxe, partage les travaux de ses paysans, considère le travail manuel comme le seul qui convienne à la condition humaine. […] Nous disons la civilisation assyrienne ou la civilisation égyptienne, et ces désignations générales enferment, sans même que nous y songions, toute l’infinie variété d’êtres, de talents, d’idées, d’efforts, de gloire et d’ambition que comportent des âges historiques deux ou trois fois plus vastes que les périodes dont nous possédons le détail.
Artistes incomplets, médiocres artisans, les jeunes écrivains vont jusqu’à se faire gloire d’ignorer leur métier. […] Qu’est-ce que la gloire ? […] Santé, gloire, richesse, quand nous les recherchons pour nous, autant de vanités. […] Au contraire tous ces exercices de dévotion devaient tourner à la plus grande gloire des lettres. […] On a humilié devant lui les gloires les plus hautes de la littérature de tous les temps.
Cela me rendit désireux d’une sainte vie et passionné pour faire quelque chose en l’honneur et à la gloire du nom du Seigneur Jésus. […] « L’entretien qu’ils avaient avec les bienheureux resplendissants était sur la gloire de la cité. Et ceux-ci leur disaient que sa gloire et sa beauté étaient inexprimables. […] Car nous voyons ceux qui étaient comme eslongnés de Dieu et se trouvaient assurés et allaient la tête levée, sitôt qu’il leur manifeste sa gloire, être ébranlés et effarouchés, en sorte qu’ils sont opprimés, voire engloutis en l’horreur de mort et qu’ils s’évanouissent. » (Calvin, Institution chrétienne, liv.
Entre les célèbres professeurs berlinois, il y en avait un dont la gloire attirait d’abord les jeunes Suisses philosophes : c’était Schelling. […] À son insu il veut la gloire de son peuple et croit à sa supériorité. […] C’est le dessous que leur font ceux qui ont réussi. « Le Livre d’Or, dit Amiel, ne contient qu’une partie des génies réels ; il ne nomme que ceux qui ont fait volontairement l’effraction de la gloire. » Teste va plus loin.. Cette effraction volontaire de la gloire, c’est pour le génie une manière de péché originel.
Demeurées à cet état, il faut bien savoir et il faut oser dire que les idées générales ne sont que des aperçus presque accidentels de l’intelligence, d’heureuses rencontres, utiles à la gloire posthume, quand d’autres, en leur faisant une grande destinée, ont la délicatesse de les rapporter à celui qui en a eu la première intuition ; mais qui ne prouvent aucune force, ni aucune largeur, ni aucune pénétration, à peine une certaine vivacité et éveil alerte de l’esprit. […] — Et vous étudiez Stendhal comme théoricien littéraire sans dire un mot de la théorie des milieux, de cette vue de génie qui a simplement renouvelé la critique tout entière, disons mieux, qui l’a créée, puisqu’elle en a fait une science… — Non, je ne parlerai pas de la théorie des milieux, je ne citerai pas cette ligne : « Mon but est d’exposer avec clarté comment chaque civilisation produit ses poètes » ; ni celle-ci, d’ailleurs bizarre ; car je ne vois pas les énormes différences qu’il y a entre le climat de Londres et celui de Paris, ni entre le système politique de Louis XIV et celui d’Elisabeth : « Le climat tempéré et la monarchie font naître des admirateurs pour Racine ; l’orageuse liberté et les climats extrêmes produisent des enthousiastes de Shakespeare » ; et je ne chercherai pas à réduire en système les considérations incohérentes de l’Introduction à l’histoire de la peinture en Italie, d’où l’on peut conclure tour à tour, de dix en dix lignes, que le despotisme est éminemment favorable et absolument mortel aux beaux-arts ; je laisserai de côté ces vues profondes ; parce que Stendhal n’en a rien tiré, parce qu’une théorie n’a de valeur et ne devient titre de gloire que quand on s’en sert pour expliquer un certain nombre de faits, et pour grouper et pour soutenir et pour éclairer un certain nombre de vérités particulières ; parce que, quand un auteur n’a pas fait sienne une théorie par cet usage, ne la pas vérifiée par ces applications et ne l’a pas confirmée par cette suite, on peut toujours dire à coup sûr qu’à cet état rudimentaire elle était déjà dans un de ses prédécesseurs, et que tant s’en faut qu’elle fasse honneur, qu’au contraire en avoir eu l’idée et n’en avoir tiré rien est presque une preuve que tout en la découvrant on ne l’a pour ainsi dire pas comprise. — C’est bien, je crois, le cas de Stendhal. […] Il est très vrai qu’il est le restaurateur du réalisme en France, et, sans doute, si l’école réaliste de 1850 n’avait pas existé, il aurait moins de gloire ; mais il n’en aurait pas moins de mérite. […] La démocratie sera toujours conservatrice jusqu’à conserver assez patiemment les choses mêmes, débris des anciens régimes, qui sont contre son principe. — Cette vue, qui a reçu, depuis rétablissement du suffrage universel en France, une confirmation si éclatante qu’elle a la gloire d’être devenue banale, était aussi originale que possible au temps où Tocqueville l’exprimait. […] En 1824, il avait vingt ans, avait fait de très bonnes études et désirait passionnément trois choses : des succès mondains, la gloire littéraire et tout comprendre.
Il n’a fait depuis cette année 1796, où des prêtres émigrés imprimaient ce livre à Constance, jusqu’en cette année 1840 où il mourut, membre de l’Académie française, ancien pair de France et chargé de gloire, que développer les axiomes politiques posés dans ce premier ouvrage, soit qu’il en précisât encore l’enchaînement logique dans les paragraphes serrés de la Législation primitive, soit qu’il en poursuivît une application particulière sur tel ou tel point ; — ainsi dans son opuscule du Divorce ; — ainsi encore dans ses Observations sur un ouvrage de Mme de Staël relatif à la Révolution française, son chef-d’œuvre peut-être. […] Il avait défendu de son mieux sa vie privée contre l’indiscrétion et la réclame, ces deux misérables rançons de la gloire. […] C’est en pleurant et en me retenant de crier que j’accouche d’une idée qui m’enivre, mais dont je suis mortellement honteux et dégoûté le lendemain matin… Mon talent, instrument de ma gloire, est l’instrument de mon supplice, puisque je ne sais pas, travailler sans souffrir. […] Je les ai lues, avec une attention passionnée, ces confidences de la jeunesse d’un talent sans gloire, et j’ai trop bien compris alors que cette disproportion entre l’âme et la vie avait commencé chez d’Aurevilly dès son arrivée à Paris.
Ils viennent à la cour, ils quittent leurs mœurs : les quatre repas qui suffisaient à peine à la voracité antique se réduisent à deux ; les gentilshommes sont bientôt des raffinés, qui mettent leur gloire dans la recherche et la singularité de leurs amusements et de leur parure. […] — Celui qui va prendre dans les choses inanimées ses pensées d’amour — dépare leur pompe et leur plus grande gloire, — et ne monte dans le ciel de l’amour qu’avec des ailes appesanties313. » Je veux bien croire qu’alors les choses n’étaient point plus belles qu’aujourd’hui ; mais je suis sûr que les hommes les trouvaient plus belles. […] L’orgueilleuse Lucifera s’avance sur un char paré de guirlandes et d’or, rayonnante comme l’aurore, entourée d’un peuple de courtisans qu’elle éblouit de sa gloire et de sa splendeur : six bêtes inégales la traînent, et chacune d’elles est montée par un Vice. […] Une multitude d’hommes étaient assemblés là, — de toutes les races et de toutes les nations sous le ciel, — qui avec un grand tumulte se pressaient pour approcher — de la partie supérieure, où se dressait bien haut — un trône pompeux de majesté souveraine. — Et dessus était assise une femme magnifiquement parée — et opulemment vêtue des robes de la royauté, — tellement que jamais prince terrestre, d’un semblable appareil — ne releva sa gloire et ne déploya un orgueil si fastueux. — Elle, assise dans sa pompe resplendissante, — tenait une grande chaîne d’or aux anneaux bien unis, — dont un bout était attaché au plus haut du ciel, — et dont l’autre atteignait au plus bas enfer338. […] Nul n’a parlé avec une émotion plus éloquente de la mort, de l’énorme nuit de l’oubli, de l’engloutissement où toute chose sombre, de la vanité humaine, qui, avec de la gloire ou des pierres sculptées, essaye de se fabriquer une immortalité éphémère.
Les encouragements de l’académicien Pierre Lebrun aidant, Hégésippe partit pour Paris à la conquête de la gloire. […] Oui, ceux qui ont vu Brunetière tout jeune regretteront peut-être que son très pénétrant critique ne se soit pas préoccupé de le représenter tel qu’il était avant la gloire, avant l’heure du puissant crédit. […] Telle est sa gloire à elle aussi. » Hélas ! […] Il pourrait rappeler aux réformateurs et aux déformateurs du vers français, à leurs disciples, s’il en reste, que les poètes les plus grands ont dû la moitié de leur gloire à la possession complète du métier : si l’on prétend trouver à cette règle une exception, ce n’est pas plus Verlaine que Gautier qui la fournit. […] Mais il avait acquis enfin chez les littérateurs une réelle popularité : sachant mieux que personne ce qu’il avait été et ce qu’il n’était plus, il subissait sa gloire.
Beaucoup sont des viveurs, des viveurs tristes, sortes de Musset et de Murger, qui s’abandonnent et s’étourdissent, capables des rêves les plus poétiques et les plus purs, des attendrissements les plus délicats et les plus touchants, et qui, néanmoins, ne savent que miner leur santé et gâter leur gloire. […] Qu’il vous suffise de savoir que vous aurez la gloire de fournir un père à ce qu’un si brave père a engendré. […] Les deux natures vont chacune à son extrême ; chez les uns vers l’audace, l’esprit d’entreprise et de résistance, le caractère guerrier, impérieux et rude ; chez les autres vers la douceur, l’abnégation, la patience, l’affection inépuisable83 ; chose inconnue dans les pays lointains, surtout en France, la femme ici se donne sans se reprendre, et met sa gloire et son devoir à obéir, à pardonner, à adorer, sans souhaiter ni prétendre autre chose que se fondre et s’absorber chaque jour davantage en celui qu’elle a volontairement et pour toujours choisi84.
Ils le suivent, parce qu’il y a de la gloire et surtout de l’avancement à gagner. « Deux officiers, dit Stendhal, commandaient une batterie à Talavera ; un boulet arrive qui renverse le capitaine. — Bon ! […] En vérité, il avait l’âme féodale. « Pendant toute sa vie, dit son gendre, son orgueil principal fut d’être reconnu membre d’une famille historique1209. » — « Sa première et sa dernière ambition mondaine fut d’être lui-même le fondateur d’une branche distincte. » La gloire littéraire ne venait qu’en second lieu ; son talent n’était pour lui qu’un instrument. […] C’est ailleurs qu’était sa gloire, et il y avait une partie solide dans son esprit comme dans ses écrits.
Ce sont moins des remarques, dit-il, que des doutes : « J’aime votre gloire, c’est ce qui me rend peut-être trop difficile. » Puis il félicite Voltaire de ce talent que Dieu lui a donné, de corriger les ridicules de son siècle, et de les corriger en riant, et en faisant rire ceux qui ont conservé le goût de la bonne compagnie.
Je n’ai pas à développer tous les mérites et les perfections que Roederer reconnaît en Louis XII ; il en fait je ne sais quel type accompli, il semble, en vérité, que du moment que Bonaparte, premier consul, ne s’était point tenu dans sa forme première et avait brisé le cadre où il s’était plu d’abord à l’enfermer, Roederer s’était, de regret, rejeté en arrière, et qu’il avait cherché loin des régions historiques brillantes, loin de la sphère de l’admiration et de la gloire, et, comme il dit, « dans l’obscure profondeur d’un gouvernement utile », un héros d’un nouveau genre, pour se consoler et se dédommager de celui qu’il n’avait pu fixer.
Au moment de sa mort (12 juin 1847), j’écrivis pour moi seul alors ce qui me revient en ce moment : Ballanche vient de mourir ; il a eu en partage une douce gloire, et il en a joui.
Parlant des derniers rebelles qu’on réduisit, Villars laisse échapper un mot qui est bien d’un noble soldat : « Ravanel, dit-il, mourut de ses blessures dans une caverne ; La Rose, Salomon, La Valette, Masson, Brue, Joanni, Fidel, de La Salle, noms dont je ne devrais pas me souvenir, se soumirent, et je leur fis grâce, quoiqu’il y eût parmi eux des scélérats qui n’en méritaient aucune. » On sent, à ce simple mot de regret d’avoir pu loger de tels noms dans sa mémoire, le guerrier fait pour des luttes, plus généreuses et pour la gloire des héros, celui qui a hâte de jouer la partie en face des Marlborough et des Eugène.
Sur un point j’ai dit qu’il avait moins raison au fond : c’est qu’avec sa théorie du plaisir, et qui ne va qu’à désennuyer l’homme, à l’amuser, il n’entre pas dans le sentiment élevé, largement conçu, patriotique et social, qui transporte, qui enivre les générations et les peuples de l’idée de gloire, sentiment qui respire comme une flamme dans l’âme d’Achille, dans celle de son chantre, qui de là passe un jour dans celle d’Alexandre, et qui va encore après trois mille ans faire battre d’émulation un cœur généreux.
Eckermann donne la réplique au maître, ne le contredit jamais, et l’excite seulement à causer dans le sens où il a envie de donner ce jour-là : avec lui, Gœthe cause de lui-même, de la littérature contemporaine en Allemagne, en Angleterre, en Italie, en France, en Chine, partout ; et après des années d’un commerce intime, il lui rendra ce témoignage qui fait aujourd’hui sa gloire : « Le fidèle Eckart est pour moi d’un grand secours.
Pasquier, en un mot, entre les deux grandes voix, les deux gloires de tribune dont j’ai parlé précédemment, et dans l’intervalle, était lui-même un orateur. — Mais j’ai déjà outrepassé toutes mes limites, et il est plus que temps de clore.
Viollet-Le-Duc : « Montrez-moi l’architecture d’un peuple, et je vous dirai ce qu’il est. » Ou encore : « Les édifices sont l’enveloppe de la société à une époque. » Le Parthénon d’Athènes, le Panthéon de Rome, Sainte-Sophie de Constantinople, et une nef, une façade gothique dans toute sa gloire, Notre-Dame de Paris : voilà les quatre points culminants de l’histoire de l’architecture, en tant que l’invention y préside, que la beauté s’y joint à la sincérité, et que le fond et la forme s’y marient.
Nous en sommes à la période ascendante de la gloire de Catinat et au plus beau moment de sa carrière militaire.
C’était à qui substituerait ses plans et ses projets à ceux du général en chef : « Les personnes d’esprit, écrivait-il à ce propos, et surtout les personnes éloquentes sont très dangereuses dans une armée, parce que leurs opinions font des prosélytes, et si le général n’est un personnage opiniâtre et entêté de son opinion, ce qui est un défaut, ils lui donnent des incertitudes capables de lui faire commettre de grandes fautes : c’est le cas où je me trouve… La politique, nos pertes (à Lawfeld), et notre amour-propre peut-être, nous ont échauffés sur cette entreprise (de Berg-op-Zoom), au point que nous sommes prêts à y sacrifier l’armée, la gloire de nos armes et celle du roi.
Au reste, homme du monde, et très-semblable à ce que les lecteurs pourront voir dans Arthur, le travail et l’idée de la gloire ne furent que des éclairs dans une vie donnée plutôt aux sentiments et aux émotions.
Les principaux chefs et agents de la diplomatie secrète que Louis XV entretenait à l’insu de son ministère étaient très-opposés à cette alliance, selon eux décevante et inféconde, avec le cabinet de Vienne, et ils ne cessaient de conseiller le retour aux anciennes traditions où la France avait puisé si longtemps gloire et influence.
Il regardait la gloire avec assurance, en homme qui en connaissait le prix et qui savait qu’on la regarderait bientôt sur son propre front.
L’ouvrage est devenu ainsi de jour en jour davantage quelque chose de plus que l’épopée de Renart, l’apothéose de renardie : et renardie, c’est l’esprit au service de l’égoïsme, c’est pis encore, c’est l’esprit faisant de la « malfaisance » un art, et se faisant gloire de n’être jamais court d’invention pour procurer le mal d’autrui.