/ 2224
1078. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

. — Il a maintenu, en présence du religieux catholique, l’autorité supérieure et souveraine de l’Évangile ; et comme s’il estimait, par là, avoir suffisamment assuré son drapeau, il a cru pouvoir aller plus loin que le récipiendaire qui s’était borné à faire allusion, en passant, à la question romaine. — Ici je demande la permission de ne pas insister.

1079. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « TABLE » pp. 340-348

. — Discussion de la loi sur l’enseignement supérieur à la Chambre des pairs. — Réfutation d’un article de M.

1080. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

La Bruyère parle quelque part des grands et sublimes artistes qui sortent de l’art pour l’étendre et l’ennoblir ou le rehausser, qui marchent seuls et sans compagnie, et qui tirent de leur irrégularité même des avantages supérieurs ; et il ajoute : « Les esprits justes, doux, modérés, non seulement ne les atteignent pas, ne les admirent pas, mais ils ne les comprennent point, et voudraient encore moins les imiter.

1081. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Victorin Fabre avait des qualités de jeune homme, et supérieures à celles que cet âge présente d’ordinaire : il avait la générosité de la jeunesse, il y joignait un esprit grave, une application constante, une faculté d’analyse et d’examen qui, dans l’expression, savait se revêtir de nombre et d’un certain éclat.

1082. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

C’est donc dans les qualités privées, dans les sentiments philanthropiques et dans quelques écrits supérieurs qu’il faut examiner les progrès de la morale.

1083. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Pendant que dans les régions supérieures de la pensée et de la foi se séparent les courants de la philosophie et de la réforme, une foule de provinces et de ressorts spéciaux se constituent dans le domaine d’abord indivis de la Renaissance.

1084. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Les dominant par la forte éducation qu’il avait, comme tous ses contemporains, puisée chez les grands maîtres de l’antiquité, il put se servir de ce qu’il avait sous la main, en restant toujours supérieur.

1085. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

Mais vous avez vu cent fois ces deux scènes se succéder en un clin d’œil, lorsqu’au milieu d’une campagne immense quelque nuage épais porté par les vents qui régnaient dans la partie supérieure de l’atmosphère, tandis que la partie qui vous entourait était immobile et tranquille, allait à votre insu s’interposer entre l’astre du jour et la terre.

1086. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Malgré les maux infinis que les opinions religieuses ont faits à l’humanité, malgré les inconvénients d’un système qui met la confiance des peuples entre les mains du prêtre, toujours rival dangereux du souverain, qui donne un supérieur au chef de la société et qui institue des lois plus respectables et plus saintes que les siennes ; elle est persuadée que la somme des petits biens journaliers que la croyance produit dans tous les États compense la somme des maux occasionnés entre les citoyens par les sectes et entre les nations par l’intolérance, espèce de fureur maniaque à laquelle il n’y a point de remède81.

1087. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

Le céremonial est aujourd’hui à la mode, et ils tâchent d’être supérieurs dans sa pratique aux autres peuples, comme ils le furent autrefois dans la discipline militaire.

1088. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Très concluant et supérieur de bon sens en tout ce qui touche à la politique de Henri IV, aux difficultés de son temps, aux luttes des partis et aux impossibilités d’une situation connue et fréquente dans l’histoire et qui doit toujours y amener les mêmes catastrophes, il ne l’est plus au même degré en tout ce qui touche aux passions de ce premier roi Bourbon, qui introduisit la bâtardise dans la maison royale de France et qui abaissa la notion sainte de la famille aux yeux de son peuple.

1089. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

où souffle le vent d’un principe, une ligne où l’on sente que l’auteur a en lui ce point fixe des notions premières qui sont comme les gonds de la vie et sur lesquels elle tourne, mais sans jamais s’en détacher… Eh bien, à part cette nécessité d’être moraliste pour être vraiment supérieur dans un livre comme Les Réfractaires, y a-t-il même dans le coup de pinceau de Vallès, qui est énergique, autre chose que de la force qui fait montre de ses biceps, comme messieurs ces Hercules qu’il aime ?

1090. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Fils d’un tisserand du Palatinat, son père, qui avait émigré, s’était marié dans cette douce contrée, le pays de la bonhomie vraie qu’on appelle l’Oberland badois, et c’est là, entre le Rhin et les hauteurs boisées de la Forêt Noire, que ce poète de la bonhomie — car tel est le caractère distinctif de la poésie de Hebel et son originalité supérieure — nourrit son génie de ces premières impressions qu’on devait toujours y retrouver, et qui entrent dans la pensée d’un homme profondément organisé comme le goût du thym dans le miel de l’abeille et la saveur des serpolets vierges dans la chair sauvage des chevreuils.

1091. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Louandre10 La littérature nous a offert dans ces derniers temps quelques livres supérieurs à ce qui se publie d’ordinaire, et nous les avons examinés avec le soin et la conscience que tout homme qui a le respect du travail et de l’effort ne manquera jamais d’avoir, même quand il s’agirait d’œuvres surfaites.

1092. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

En vain nous chante-t-il Endymion et Phœbé, comme un Grec réveillé tout à coup du sommeil d’Épiménide, et nous traduit-il Sannazar une parenté en génie ; puis, las de tordre et d’assouplir cette ferme langue française qui reste toujours de l’acier, même quand on en fait de la dentelle, se met-il à écrire le sonnet dans sa langue maternelle, la langue italienne, qu’il manie avec une morbidesse fleurie qui eût charmé Pétrarque et qui convient si bien à la nature ingénieuse et raffinée de sa pensée, Gramont est plus qu’un écrivain qui se joue dans les difficultés de deux langues, un archaïste d’une exécution supérieure.

1093. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Le troisième éloge est, pour l’exécution et le sujet, d’un mérite fort supérieur à celui-là ; c’est l’éloge funèbre d’un roi, adressé à son fils : ce roi, grand homme assez obscur, se nommait Évagoras, et était souverain de l’île de Chypre.

1094. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

En général, lorsque les Grecs et les Latins rapportaient quelqu’une de leurs paroles, de leurs actions à un principe supérieur, ils disaient un dieu l’a voulu ainsi.

1095. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Il suffit que moi, qui viens tard, je ne sois pas indigne de lui, que je l’honore par mon goût dans un siècle bien différent déjà, et que jamais du moins je n’aie faussé son lointain et supérieur accord par mes accents. » Dans cette sobriété et cette paresse même du poëte, se retrouve donc un sentiment touchant, modeste, et qu’on peut dire pieux. […] Cette fois, l’auteur, pénétré de la majesté de son sujet, n’a nulle part fléchi ; il est égal par maint détail, et par l’ensemble il est supérieur aux Discours en vers de Voltaire ; il atteint en français, et comme original à son tour, la perfection de Pope en ces matières, concision, énergie : Vers ces globes lointains qu’observa Cassini, Mortel, prends ton essor ; monte par la pensée, Et cherche où du grand Tout la borne fut placée. […] Madame de Staël ne se vengea qu’en retrouvant à l’instant son rôle de femme, qu’on l’accusait d’abandonner, et en le marquant par la bonne grâce supérieure et inaltérable de ses réponses123. […] En face de ces hommes prodigieux qui apparaissent d’intervalle en intervalle avec le caractère de la grandeur et de la domination, il proclamait, comme non moins utile au gouvernement des États qu’à la conduite de la vie, le bon sens trop méprisé, cette qualité que nous présente le héros américain dans un degré supérieur, et qui donne plus de bonheur que de gloire à ceux qui la possèdent comme à ceux qui en ressentent les effets  : « Il me semble que, des hauteurs de ce magnifique dôme, Washington crie à toute la France : Peuple magnanime, qui sais si bien honorer la gloire, j’ai vaincu pour l’indépendance ; mais le bonheur de ma patrie fut le prix de cette victoire. […] Il convenait pourtant que, dans l’Oreste et l’Oedipe de Voltaire, Talma était supérieur à Le Kain ; ce qui, de sa part, devenait le suprême aveu.

1096. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il a été pareillement décidé que la copie de la lettre du sieur Lekain et la réponse de monseigneur le duc de Duras, mentionnées dans l’exposé ci-dessus, seraient annexées à la présente délibération, comme la preuve la plus authentique de l’adhésion des supérieurs. […] A ce sujet, messieurs, nous croyons devoir vous instruire que nous avons délibéré, sous le bon plaisir de nos supérieurs, de consacrer le bénéfice entier de cette représentation à l’érection de la statue de Molière, de cet homme unique en son genre, et le plus grand peut-être qu’ait produit la littérature française ! […] Proportions gardées, il a en lui à la fois du Don Quichotte et du Sancho, de ce maigre chevalier qu’on risque d’éborgner en lui tirant des feux d’artifice dans les yeux, et de ce gros écuyer qu’on fait sauter si bien sur la couverture, mais qui, l’un et l’autre, l’un avec sa fièvre de dévouement, l’autre avec son bon sens terrible, nous paraissent si supérieurs à la foule qui les entoure. […] On devine alors, on sent ou l’on entend dans son rire ou dans sa tristesse passer quelque chose de supérieur, de shakespearien. […] Et cette bouche ironique et confiante à la fois, regardez-la ; regardez cette lèvre supérieure, arquée comme celle d’Alceste, cette lèvre inférieure déjà lasse et froncée comme celle d’Arnolphe.

1097. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Ils n’atteignent point l’élégance complète, ni la philosophie supérieure ; ils alourdissent les délicatesses françaises qu’ils imitent, et s’effrayent des hardiesses françaises qu’ils suggèrent ; ils restent à demi bourgeois et à demi barbares ; ils n’inventent que des idées insulaires, et des améliorations anglaises, et se confirment dans leur respect pour leur constitution et leur tradition. […] Même dans la classe moyenne ou supérieure, cette patience et cet endurcissement morne sont fréquents ; on pense, en les voyant, à ces pauvres bêtes de somme déformées par le harnais, qui demeurent immobiles sous la pluie sans songer à s’en garantir. […] Partout il y a des inférieurs et des supérieurs qui se sentent tels ; le mécanisme du pouvoir établi se dérangerait, qu’on le verrait bientôt se reformer de lui-même ; par-dessous la constitution légale s’étend la constitution sociale, et l’action humaine entre forcément dans un moule solide qui est tout prêt.

1098. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

L’aristocratie de la maison se composait de cinq ou six élèves véritablement supérieurs à la masse indifférente et incapable. […] Virieu et moi, nous étions souvent en froid avec lui ; il nous était trop supérieur en intelligence et en connaissance du monde pour être notre égal. […] Nous reprîmes, après un frugal repas, la route de Belley, ne cessant de parler à nos compagnons de cette découverte d’une littérature nouvelle et selon nous supérieure à tout ce que nous avions lu jusque-là, contenue dans quelques pages de l’oncle de notre ami, et nous nous promîmes d’en rechercher partout d’autres pages.

1099. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Cependant ma mère, femme supérieure et sainte, épiait jour à jour ma pensée, pour la tourner à sa première apparition vers Dieu, comme on épie le ruisseau à sa source pour le faire couler vers le pré où l’on veut faire reverdir l’herbe nouvelle. […] X Quoi qu’il en soit, cette première composition littéraire, échappée à une imagination de douze ans, parut aux maîtres et aux élèves supérieure au moins, par sa naïveté, aux redites classiques de mes condisciples ; on y reconnaissait l’accent, on y entendait le cri du coteau natal sous le soleil aimé du pauvre villageois à Midi. […] XVIII Après avoir salué, avec une aisance mêlée de respect, ses deux voisins, supérieurs en âge et en rang à lui, l’abbé m’abandonnait ses chiens, que je tenais en laisse ; il étendait avec soin son fusil, aussi poli que de l’or bruni, sur la mousse, et il s’asseyait dans la troisième chaire de roche que la nature semblait avoir taillée pour ces trois amis.

1100. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Il est supérieur par la méthode qui y regne à celui d’Horace ; & lorsqu’il imite ce Poëte, il semble moins copier ses pensées que les créer. […] Rousseau lui est infiniment supérieur ; & si l’on excepte Marot, son modèle, il n’a point d’égal dans le genre de l’épigramme. […] Il se croyoit pourtant fort au-dessous de Phédre, mais Fontenelle a très-bien dit qu’il ne lui cédoit le pas que par bêtise : mot plaisant qui exprime avec finesse le caractère d’un génie supérieur qui se meconnoît, faute de se regarder avec assez d’attention.

1101. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

La Peinture religieuse, pour avoir paru la première, est-elle de soi nécessairement supérieure à la Peinture de paysage, par exemple ? […] Votre dessein, dit-il à sort adversaire, était de montrer que pour la connaissance surtout des beaux-arts, et pour le mérite des belles-lettres, notre siècle, ou, pour mieux parler, le siècle de Louis le Grand, est non seulement comparable, mais supérieur à tous les plus fameux siècles de l’antiquité et même au siècle d’Auguste. […] Admirez en passant comment, avec quelle ingénieuse et rapide industrie, fondant ensemble ses idées et celles de Chateaubriand, elle leur donne tout de suite une portée très supérieure à celle qu’elles avaient dans le livre de son illustre rival. […] Il faut que la critique juge, puisqu’elle n’a été précisément inventée que pour cela, pour trouver à nos impressions des motifs plus généraux qu’elles-mêmes, des justifications qui les dépassent, des causes enfin qui leur soient antérieures, extérieures, supérieures. […] Et ce fut l’œuvre de Cousin, de Guizot, de Villemain, dans ces cours mémorables qui, si nous en voulions croire quelques juges trop dédaigneux, auraient égaré pour quarante ou cinquante ans notre enseignement supérieur dans les généralités oratoires les plus brillantes, mais aussi les plus vides, et les plus corruptrices de la science et de la saine érudition.

1102. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Il existe un vrai supérieur qui est vrai à l’exclusion de tout à peu près de vérité. […] C’est aux esprits supérieurs seulement qu’il appartient d’atteindre ces sommets où ils s’arrêtent, et auxquels ils subordonnent tout ce que leur vue embrasse. […] Grâce à ce mélange de modestie et de noble confiance, qui forme comme le tempérament des intelligences à la fois supérieures et droites, M.  […] Cela exclut-il nécessairement des qualités supérieures de bonté et de charité ; et, au besoin, la vocation qui élève ? […] En 1702, dans une promotion, cinq de ses cadets lui sont préférés pour un grade supérieur.

1103. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Ils vous accorderont peu à peu leur confiance, s’ils sentent en vous une fraternelle pensée et que vous ne vous croyez pas meilleurs qu’eux ni d’une essence supérieure. […] N’étaient les petites lâchetés, insoupçonnées d’eux-mêmes, où les entraîne la nécessité de marier leurs filles, M. et Mme Pétermann méritent notre respect et sont d’un niveau moral supérieur à celui de la plupart des misérables catholiques que nous sommes. […] Il y a la scène où la grande comédienne est gamine et fait rire ; la scène où elle se déshabille, largement ; la scène où, les yeux chavirés, elle s’abandonne à des étreintes furibondes et colle sa bouche sur celle de son amant ; la scène attendrissante et généreuse où elle nous découvre la délicatesse de son cœur ; la scène de jalousie et la scène de rupture, où, parmi les sanglots et les hoquets, elle crie (du nez) sa souffrance, sa rage, son désespoir et, par surcroît, son mépris de l’humanité ; la scène philosophique où elle se révèle femme supérieure et experte aux ironies désenchantées… Et enfin il y a la scène non prévue, celle où elle fait ce qu’on ne l’avait pas encore vue faire. […] Il ne serait pas fâché de s’offrir l’étoile en exploitant les anciens souvenirs ; mais, douce et grave, un peu solennelle et faisant paraître dans ses discours la hautaine mélancolie d’une âme supérieure, la grue arrivée lui explique qu’il y a des souvenirs si poétiques, si frais, si « ailes de papillon », qu’il ne faut pas commettre ce sacrilège de les dévelouter.

1104. (1896) Écrivains étrangers. Première série

En rendant un service, le bienfaiteur s’est fait supérieur à celui qu’il a obligé : celui-ci reprend sa supériorité par l’effort de la reconnaissance. […] Et il faut voir sur quel ton supérieur il le lui reproche. […] Dans toute l’Europe il a détaché d’eux les âmes supérieures : il est en train de leur prendre l’élite des jeunes gens de leur parti. […] Hauptmann, qui lui sont bien supérieurs pour l’habileté et la largeur de la pensée. […] Et je puis vous certifier à ce propos que notre influence sur la jeune école allemande est infiniment supérieure à celle des auteurs français.

1105. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Combien de talents incomplets, mais qui avaient quelques parties distinguées, n’ont-ils pas pressenti et précédé le talent supérieur qui seul éclatera aux yeux de tous et qui les fera oublier !

1106. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Ce qui nous paraît d’un intérêt supérieur aux particularités biographiques que M. 

1107. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Les jouissances du pouvoir et des intérêts politiques remportent presque toujours sur les succès purement littéraires ; et quand la forme du gouvernement appelle les talents supérieurs à l’exercice des emplois publics, c’est vers l’éloquence, l’histoire et la philosophie, c’est vers la partie de la littérature qui tient le plus immédiatement à la connaissance des hommes et des événements, que se dirigent les travaux.

1108. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Plusieurs poètes lui sont supérieurs par la puissance, et plusieurs par la renommée.

1109. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

« On a vu, dit-il, trois mois durant, certain nombre de ceux de sa faction sortir tous les matins de leur quartier, & prendre leur département de deux en deux, avec ordre de m’aller rendre de mauvais offices en toutes les contrées du petit monde & de semer par-tout leur doctrine médisante, avec intention de soulever contre moi le peuple, & le porter à faire de ma personne ce que leur supérieur a fait de mon livre… Ils ont été rechercher, pour grossir leur troupe, des hommes condamnés par la voix publique, fameux par leurs débauches & par le scandale de leur vie, connus de toute la France par les mauvais sentimens qu’ils ont de la foi. » Toutes les actions du P.

1110. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Ses supérieurs & ses confrères regardèrent sa sortie de la société comme une perte pour elle.

1111. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

On peut reprocher au Paradis perdu de Milton, ainsi qu’à l’Enfer du Dante, le défaut dont nous avons parlé : le merveilleux est le sujet et non la machine de l’ouvrage ; mais on y trouve des beautés supérieures, qui tiennent essentiellement à notre religion.

1112. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

Adam, ravi de sa beauté et de ses grâces soumises, sourit avec un supérieur amour : tel est le sourire que le ciel laisse au printemps tomber sur les nuées, et qui fait couler la vie dans ces nuées grosses de la semence des fleurs.

1113. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

La lèvre supérieure s’est ressentie de ce mouvement et s’est relevée.

1114. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

Le second paysage dont je vais vous parler est fort supérieur à celui-ci.

1115. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

Très au-dessous de Charles-Quint, son père, dont il n’avait, si l’on en croit ses portraits, que la mâchoire lourde et les poils roux dans une face inanimée et pâle ; ce scribe, qui écrivait ses ordres, défiant qu’il était jusque de l’écho de sa voix ; ce solitaire, noir de costume, de solitude et de silence, et qui cachait le roi net (el rey netto), au fond de l’Escurial, comme s’il eût voulu y cacher la netteté de sa médiocrité royale ; Philippe II, ingrat pour ses meilleurs serviteurs, jaloux de son frère don Juan, le vainqueur de Lépante, jaloux d’Alexandre Farnèse, jaloux de tout homme supérieur comme d’un despote qui menaçait son despotisme, Forneron l’a très bien jugé, réduit à sa personne humaine, dans le dernier chapitre de son ouvrage, résumé dont la forte empreinte restera marquée sur sa mémoire, comme il a bien jugé aussi Élisabeth, plus difficile à juger encore, parce qu’elle eut le succès pour elle et qu’on ne la voit qu’à travers le préjugé de sa gloire.

1116. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

nous excusons facilement bien des genres d’illusion dans un homme, et l’illusion de la jeunesse, et l’illusion de l’admiration pour l’être supérieur qui fascine jusqu’au point de faire croire qu’on est digne d’en écrire la vie, et l’illusion même du plus mince talent, dont les premières révélations portent dans l’âme un trouble qui ne manque pas de grâce quoique demain cela doive être de la vanité ; mais à laquelle de ces illusions innocentes devons-nous l’histoire d’Émile Bégin ?

1117. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

Chateaubriand, cet artiste surfait, ce Lucain en prose de notre décadence, a trouvé rarement sous sa plume à effet des pages sincères, mais la lettre d’Amélie dans René, cette lettre criée à moitié par l’amour, à moitié étouffée par la pudeur et par la peur du crime, est bien supérieure en passion profonde à toute la correspondance de cette autre religieuse, qui ne se cache plus, qui ne rougit plus, et qui, à chaque page, reboit froidement sa honte en recommençant ses aveux.

1118. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

Dumas tous deux par l’absence de principes, de moralité littéraire, de philosophie supérieure, l’un, le père, fut l’inspiration, — non pas la divine, non !

1119. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Le panégyriste de Tibère devait l’être de Séjan ; aussi, dans le même ouvrage, Séjan est-il peint comme un grand homme ; on nous apprend qu’il fut choisi pour seconder Tibère, parce que c’est la règle que les hommes supérieurs emploient des hommes de génie21 ; enfin, dans les dernières lignes, la servitude à genoux implore hautement tous les dieux de Rome, pour demander, au nom de l’univers, la conservation de qui ?

1120. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

À peine était-il né, et, rampant sur terre, avait-il jeté un faible cri, que dans son sein Calliope le reçut, et dépouilla pour la première fois le long deuil d’Orphée : Enfant, dit-elle, consacré désormais aux Muses, et bientôt supérieur aux poëtes antiques, ce ne sont ni les fleuves, ni les bêtes féroces, ni les forêts gétiques, que tu remueras de ta lyre ; mais les Sept Collines, le Tibre du dieu Mars, les chevaliers et le sénat vêtu de la pourpre, tu les entraîneras par l’éloquence de ton chant. » Le poëte alors rappelait ces premiers essais de Lucain qui lui valurent la jalousie de Néron, et ce poëme inachevé qui lui mérita la mort.

1121. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Je profiterai de l’occasion inappréciable qui m’est offerte pour parler de Camille Jordan, pour rappeler ce qu’il fut dans la vie publique et pour le montrer dans l’intimité, aimé, goûté, presque adoré de femmes supérieures ou charmantes, et justifiant la vivacité de cette prédilection par des qualités et des trésors de simplicité, de sincérité, de candeur, d’honneur, de dévouement et de franchise. […] De quelque nom que notre haute philosophie se plaise à les désigner, quelles que soient les jouissances plus exquises auxquelles nous pensons qu’elle nous admet, c’est là que le peuple a arrêté ses volontés, c’est là qu’il a fixé ses affections ; il nous suffit, et tous nos systèmes doivent s’abaisser devant sa volonté souveraine. » Tout en s’exprimant en philosophe, on le voit, mais en philosophe politique qui cherche à donner un fondement profond à la moralité, et qui ne dédaigne pas de lui trouver la sanction la plus intime, il essayait d’attendrir pour la première fois la législation, et, en la laissant égale pour tous les cultes, de lui infuser une pensée de sollicitude et d’intérêt supérieur pour chacun d’eux : « Que la liberté que vous accordez à tous les cultes ne soit donc point en vous l’effet d’une égale indifférence, encore moins d’un égal mépris, comme cette tolérance dont se parèrent longtemps de dangereux sophistes ; mais qu’elle soit le fruit d’une sincère affection. […] Si, comme je le crois, vous avez depuis senti combien les principes de la liberté sont supérieurs à tout cela, vous écrirez une fois de manière à vous faire connaître, et vous vous classerez quand vous le voudrez dans un parti qui recevra toujours le talent et le courage avec reconnaissance. […] Je n’ai jamais vu une aversion du chiffre et du millésime aussi complète que dans les lettres de cette femme supérieure. […] « Mes compliments à votre enfant et à la mère, si elle le permet. » Cette sorte de crainte que Mme Camille avait de Mme de Staël et cette première glace à briser, de la part d’une jeune femme timide en présence d’une femme supérieure, ne tinrent pas, et d’autres lettres nous la laissent voir en tiers avec son mari et celle qui savait si bien se proportionner.

1122. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Diderot, après Voltaire, bien entendu, est certainement supérieur à tous ses compagnons de siècle ou d’encyclopédie. […] Ils firent du roman, mais ils en faussèrent la conception supérieure, — ou, pour mieux dire, ils ne la connaissaient pas. […] L’Allemagne seule, l’Allemagne, cet engoulevent en fait d’idées, pouvait se prendre et se barbouiller à cette mousse, et même Lessing, si supérieur de tête à Diderot, l’avala, et en l’avalant crut ajouter à la substance de son esprit. […] « Le critique, — dit Villemain, — supérieur de sensibilité, manquait de justesse. […] Diderot, que j’ai dit ressembler à Gœthe, et qui lui est supérieur par la flamme, durera moins que Gœthe le glaçon, parce qu’il vaut mieux que lui par la passion et par la vie, et parce que, dans cette dernière minute d’un monde fini et pourri dans sa glace, le mot de Machiavel, que « le monde appartient aux esprits froids », est plus que jamais une vérité.

1123. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Les imbéciles n’en ont pas et les hommes supérieurs ne sont supérieurs que parce qu’ils en ont plusieurs. […] On ne peut s’empêcher, s’ils ont été distingués de les voir supérieurs et, s’ils se sont montrés supérieurs, de les voir immenses. […] Helbig ; d’abord parce que Lauffen est son supérieur ; ensuite parce qu’il semble bien que Helbig a fait irruption chez Lauffen, l’a violenté et que Lauffen n’a frappé qu’en état de légitime défense. […] lui disaient que ce n’était une langue à part que parce qu’elle était supérieure. […] Tout au contraire Mme Cernya joué le rôle qu’on lui a fait vingt fois et qui est le seul où elle soit supérieure, celui de la coquette perfide et sans cœur, de la Oalila.

1124. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Quelques extraits, bien choisis, mis en ordre, coordonnés sous quelques axiomes supérieurs, pourraient donc largement suffire à tout ce que nous réclamons. […] Le bouddhisme et le christianisme sont nés de l’impossibilité même de porter le poids de la vie, sans y être aidé par quelque secours extérieur et supérieur à la vie. […] Faute de pouvoir atteindre à la vérité supérieure du caractère, si Dancourt faisait des préfaces, il dirait que la représentation du train de la vie quotidienne est l’objet propre de la comédie. […] Un peu moins âgé que ne le croyaient ses supérieurs, Prévost n’avait que trente et un ans. […] Je n’ose pas non plus m’expliquer sur ce « bref de translation » dont il est dit deux mots dans la supplique des supérieurs de Saint-Maur.

1125. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

On retrouve à la Restauration quelque nom de femme supérieure qui la représente dans la meilleure partie de ses mœurs et dans la distinction modérée de ses nuances. […] Son style est fort clair et fort net ; on entend tout ce qu’il dit. » Elle pensait, et avec raison, qu’il y a un ccin un peu meilleur, une marque de style encore supérieure à celle-là. […] Tantôt inspirée par sa sensibilité naturelle, elle laisse échapper son âme ; mais tout à coup l’argumentation se réveille et vient contrarier les élans du cœur… Ce livre est donc un mélange singulier de vérités et d’erreurs. » Les éloges accordés au talent s’assaisonnent parfois d’une malice galante et mondaine : « En amour, Mme de Staël a commenté Phèdre… Ses observations sont fines, et l’on voit par la leçon du scholiaste qu’il a parfaitement entendu son texte. » La lettre se termine par une double apostrophe éloquente : « Voici ce que j’oserais lui dire, si j’avais l’honneur de la connaître : Vous êtes sans doute une femme supérieure. […] Avec un esprit si supérieur, n’allez-vous pas quelquefois au fond de tout, c’est-à-dire jusqu’à la peine ?  […] Rien, au dire des témoins, n’était éblouissant et supérieur comme leur conversation engagée dans ce cercle choisi, eux deux tenant la raquette magique du discours et se renvoyant, durant des heures, sans manquer jamais, le volant de mille pensées entre-croisées.

1126. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

» Ainsi donc ce jeune magistrat, si opposé par sa nuance religieuse à notre vieille race parlementaire et gallicane des L’Hôpital et des de Thou, si supérieur par la gravité des mœurs à cette autre postérité plus récente et bien docte encore de nos gentilshommes de robe, de Brosses ou Montesquieu, M. de Maistre était autant versé qu’aucun d’eux dans les hautes études ; il vaquait tout le jour aux fonctions de sa charge, à l’approfondissement du droit, et il lisait Pindare en grec, les soirs. […] c’est ce qu’il a été impossible d’éclaircir, et l’on n’a pu recueillir à ce sujet que la particularité que voici : Trop de latitude accordée au pouvoir militaire en matière civile avant amené quelques abus dans une petite ville de Savoie, M. de Maistre témoigna assez hautement sa désapprobation pour s’attirer, de la part de l’autorité supérieure à Turin, une vive réprimande. […] En conversation, il se montrait encore supérieur à ses écrits ; ce qui s’y laisse voir de saillant, de roide, d’un peu mauvais goût parfois, venait mieux à point et comme en jeu dans la parole même, et supporté par sa personne. […] Celui qui consent à se laisser emporter dans cette sphère supérieure, et à diriger son regard selon le rayon, sent par degrés, en montant, de grandes difficultés s’aplanir, et bien des notes discordantes d’ici-bas s’apaiser en harmonie. […] Et pour que l’on comprenne mieux dans quel sens analogue à celui de M. de Maistre, voici ce qu’après un préambule sur ses principes spiritualistes et sur la liberté morale, Saint-Martin disait à son ami : « Supposant donc… toutes ces bases établies et toutes ces vérités reconnues entre nous deux, je reviens, après cette légère excursion, me réunir à toi, te parler comme à un croyant, te faire, dans ton langage, ma profession de foi sur la Révolution française, et t’exposer pourquoi je pense que la Providence s’en mêle, soit directement, soit indirectement, et par conséquent pourquoi je ne doute pas que cette Révolution n’atteigne à son terme, puisqu’il ne convient pas que la Providence soit déçue et qu’elle recule. » « En considérant la Révolution française dès son origine, et au moment où a commencé son explosion, je ne trouve rien à quoi je puisse mieux la comparer qu’à une image abrégée du Jugement dernier, où les trompettes expriment les sons imposants qu’une voix supérieure leur fait prononcer, où toutes les puissances de la terre et des cieux sont ébranlées, et où les justes et les méchants reçoivent dans un instant leur récompense ; car, indépendamment des crises par lesquelles la nature physique sembla prophétiser d’avance cette Révolution, n’avons-nous pas vu, lorsqu’elle a éclaté, toutes les grandeurs et tous les ordres de l’État fuir rapidement, pressés par la seule terreur, et sans qu’il y eût d’autre force qu’une main invisible qui les poursuivît ?

1127. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Ou encore, je constate avec Flaubert qu’« un beau vers qui ne signifie rien est supérieur à un vers moins beau qui signifie quelque chose ». […] Ceci, en revenant à Fagus, lorsqu’il nous dit, d’accord avec notre correspondant comme avec tous les vrais poètes : le vers de Victor Hugo-« l’ombre était nuptiale… » témoigne combien la poésie constitue un idiome à part de tous ; où les mots, à travers leurs sens usuels, révèlent un sens nouveau, inédit, supérieur, surnaturel et nécessaire. s’ils ne faisaient que nous révéler « un sens nouveau », cette révélation n’aurait rien de « surnaturel », de poétique. […] La connaissance particulière que nous étudions chez le poète ou chez le mystique, n’est pas infra, elle est supra-rationnelle ; raison supérieure, plus raisonnable que l’autre. […] Pour moi, Bossuet est poète, au sens le plus rigoureux du mot, et poète infiniment supérieur à Boileau. […] « le beau, c’est la beauté vue avec les yeux de l’âme. » on doit regarder les arts comme une sorte de langue à part, comme un moyen unique de communication entre les habitants d’une sphère supérieure et nous.

1128. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Comment empêcher le poète de s’exalter en faveur de cet être supérieur, de nous faire la confidence de son enthousiasme, de son admiration, de sa haine même, où l’admiration entre encore ? […] La forme tombe sous les sens par la couleur, la surface, le contour ; nous la corrigeons suivant un modèle supérieur, un idéal qui est en nous. […] Ainsi le réalisme du Moyen-Âge, qui s’est avili par ses excès au point de laisser pressentir parfois le réalisme de notre temps, lui est incomparablement supérieur par la noblesse de ses origines et de ses intentions. […] S’il daigne la considérer, c’est avec le dédain supérieur d’un monarque honorant d’un regard une fête populaire. […] On nous dira que parler ainsi rabaisse le mérite de Millet, qu’il faut le défendre contre ses propres aveux par l’examen de certains de ses tableaux qui sont d’un caractère supérieur.

1129. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

La littérature nous sert d’interprète universel : ce privilège la rend égale en nécessité aux plus hautes sciences, et supérieure en agrément aux beaux-arts. […] Ces ouvrages eux seuls embrassent dans leur rapprochement toute l’histoire de Rome, et sont les plus grands témoignages du génie supérieur de Corneille. […] Le genre supérieur en cette classe, le plus difficile, le plus philosophique, est la Comédie ; c’est-à-dire, l’art de représenter les inégalités et les ridicules des hommes, en exposant leurs travers de façon à les corriger par le rire. […] Sont-ce des génies d’un monde supérieur ? […] Son talent adroit s’efforce à l’ébranler de sa place en vantant les beautés que chacun y reconnaît, louant à peine ses autres beautés supérieures qu’il n’avait pas atteintes.

1130. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Il était grand, très fort, avec une belle figure joyeuse, un peu déparée par un accident qui lui avait fendu la lèvre supérieure. […] Ainsi transformée, je fus jugée digne d’être présentée à la supérieure du couvent. […] Au fond, vers le milieu, sont placés trois sièges pour la supérieure et ses deux assistantes. […] La supérieure elle-même parut, et s’avança vers nous, à grands pas. […] La supérieure sortait du jardin, à ce moment, voile baissé, à cause du vieux jardinier ; elle me vit, et ce geste bien innocent la mit hors d’elle-même.

1131. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

, Ainsi, et seulement ainsi, la critique fait une œuvre supérieure. « Mon métier est de semer des doutes » Ce mot de Pierre Bayle confient toute une méthode et toute une morale. […] C’est pourquoi le témoignage des sens est supérieur au témoignage intellectuel, toujours vicié par une émotion née à propos de l’objet et non sortie de l’objet même. […] La mentalité diffère de l’âme en ceci qu’elle est contagieuse  ; cela se gagne comme la variole et cela s’inocule et cela est bon ou mauvais selon que la mentalité est du type supérieur ou de l’inférieur. […] Que c’est supérieur à Homère (à l’Homère de M. de Lisle) ! […] Elles eurent de l’esprit tout de même, et une culture supérieure, et un sens de la langue française et de son génie que leur envieraient les meilleurs écrivains de cette année.

1132. (1910) Rousseau contre Molière

Donc c’est un très honnête homme, mais non point un homme supérieur moralement parlant. […] Cela, de supérieur qu’il était à Eliante, le fait descendre au rang d’inférieur. […] J’ai été professeur et homme de lettres à un degré un peu supérieur à celui de mon père. […] C’est un homme qui veut s’élever d’une classe inférieure à une classe supérieure ? […] Voilà l’expédient, qui est d’une adresse supérieure.

1133. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Pétrone, parlant d’un poëme de la Guerre civile, en esquisse largement la poétique en ces termes : « Il ne s’agit pas, dit-il, de comprendre en vers tout le récit des faits, les historiens y réussiront beaucoup mieux ; mais il faut, par de merveilleux détours, par l’emploi des divinités, et moyennant tout un torrent de fables heureuses, que le libre génie du poëte se fasse jour et se précipite de manière qu’on sente partout le souffle sacré, et nullement le scrupule d’un circonspect récit qui ne marche qu’à couvert des témoignages102. » On se ressouvient involontairement de cette recommandation en lisant les Argonautes ; non certes que les fables et les prodiges y fassent défaut : ils sortent de terre à chaque pas ; mais ici ces fables et ces prodiges sont, en quelque sorte, la suite des faits mêmes, et il ne s’y rencontre aucune machine supérieure, aucune invention dominante et imprévue, pour donner au poëme son tour, son impulsion, sa composition particulière. […] Il m’est impossible (quelque réserve qu’on doive mettre à juger de soi-même les Anciens) de ne pas le trouver en cet endroit un grand poëte, ou du moins un poëte supérieur ; il sort tout à fait de l’æquali mediocritate dont l’a qualifié Quintilien ; il fait mieux que de ne jamais tomber, comme l’en a loué Longin, il s’élève ; et, si ce n’est pas du grandiose ni du sublime, à proprement parler, il a du moins plus d’un trait admirable dans le gracieux ; on ne l’a pas assez dit, et j’espère parvenir, sans beaucoup de peine, à le montrer à l’aide de l’analyse et des traductions suivantes. […] Tableau pathétique et charmant, et bien supérieur par tout ce qu’il renferme à la situation des deux sœurs dans Virgile ; car Anna soror a beau faire, elle n’est qu’une très-noble confidente et n’a pas d’autre rôle que celui d’une magnifique utilité.

1134. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Jusqu’ici, rien d’original ni de supérieur ; tout cerveau de mammifère est capable d’associations pareilles ; un renard qui saisit un lapin, a certainement imaginé d’avance le cri aigu et sec que pousse le lapin ; un chien de chasse qui entend le rappel d’une perdrix, imagine certainement la forme visuelle de la perdrix dans l’air, et, quant à la reproduction instinctive du son entendu, on connaît les perroquets et plusieurs autres espèces d’animaux imitateurs. […] En minéralogie notamment, il n’y a pas encore de classification véritable. — Mais pour la plupart des espèces et des genres d’animaux et de plantes, pour les familles végétales de Jussieu, pour les ordres et pour les trois embranchements supérieurs de Cuvier, l’idée générale acquise correspond à une chose effectivement générale, c’est-à-dire à un groupe de caractères qui s’entraînent ou tendent à s’entraîner l’un l’autre, quels que soient les individus et les circonstances dans lesquelles l’un d’eux est donné. […] Ces caractères sont appelés chiffres ; on convient qu’un chiffre placé à la gauche d’un autre désigne des unités de l’ordre immédiatement supérieur, c’est-à-dire dix fois plus grandes ; on compose une liste de neuf chiffres distincts pour représenter les neuf premiers à nombres ; on ajoute à cette liste un zéro pour représenter l’absence d’unité ou de nombre, et désormais, au lieu de cinquante-cinq caractères, on n’en emploie plus que sept pour représenter une collection de 2 327 648 unités.

1135. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Non seulement les hommes ont commencé par la science, mais par une science différente de la nôtre et supérieure à la nôtre, parce qu’elle commençait plus haut, ce qui la rendait même très dangereuse ; et ceci vous explique pourquoi la science dans son principe fut toujours mystérieuse et renfermée dans les temples, où elle s’éteignit enfin lorsque cette flamme ne pouvait plus servir qu’à brûler. […] Son oisiveté le consumait autant que son génie ; il y faisait diversion par une immense correspondance avec tous les esprits supérieurs de l’Europe qui sympathisaient avec ses principes en religion ou en monarchie. […] XV Quant à l’écrivain politique, on ne peut contester dans ses écrits un esprit net, ferme, original, distinct de son siècle, supérieur aux engouements momentanés et aux réactions du temps.

1136. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

La mère, femme de cœur et d’esprit, jadis belle et rivale en beauté de madame Récamier, avait été aussi liée d’amitié avec M. de Chateaubriand plus jeune ; c’était une intelligence très supérieure à sa réputation, mais une intelligence passionnée qui prodiguait son esprit et son cœur sans compter comme madame Récamier. […] Je n’ose prononcer, mais je crois que l’inspiration du lyrique est supérieure à la combinaison du machiniste qui fait jouer sur la scène ces marionnettes humaines qu’on appelle des personnages dramatiques ; seulement, quand ces personnages parlent comme les font parler les grands poètes dramatiques, le génie est égal et l’emploi est différent. […] Cette correspondance, selon nous, est bien supérieure en intérêt aux Mémoires d’apparat du grand prosateur du dix-neuvième siècle.

1137. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Il faut y ajouter l’invention dramatique, qui le rend en prose égal et souvent supérieur à Molière. Je sais qu’à ce mot, un cri de scandale et de sacrilège va s’élever de toute la France ; mais, sans rien enlever à l’auteur du Misanthrope de ce que la perfection de son vers ajoute à l’originalité de son talent, et en le proclamant, comme tout le monde, l’incomparable et l’inimitable, mon enthousiasme pour le grand comique du siècle de Louis XIV ne me rendra jamais injuste ni ingrat envers un autre homme inférieur en diction, égal, si ce n’est supérieur, en conception, incomparable aussi en fécondité : Balzac ! […] Leur porte est ouverte en deux parties pleines, grossièrement ferrées, dont la supérieure se replie intérieurement, et dont l’inférieure, armée d’une sonnette à ressort, va et vient constamment.

1138. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Ils sont des opéras : des ouvrages essentiellement de musique, avec paroles, en forme dialoguée et concertante, et accompagnés de spectacle ; la générale ordonnance des pièces et la spéciale ordonnance de chaque scène est soumise, par principe, à l’ordonnance supérieure de formes purement musicales, airs, duos, chœurs, morceaux d’ensemble, finales ; toutes tendances dramatiques, soucis de l’expression, d’une humaine vérité, faisant ces œuvres des opéras plus dramatiques, plus expressifs, plus vrais, les laissent, encore, des opéras, des festivals de concert perfectionnés, des chefs-d’œuvre musicaux, la continuation d’Alceste, d’Euryanthe, d’énormes essais, tourmentés, des floraisons étranges miraculeusement surgies au dessus des banales forêts connues, d’indécises croissances, vagues enfantements de désir. — Tristan et la Tétralogie sont des drames littéraires, avec musique et plastique : le texte littéraire est fondamental de l’œuvre, il est le commencement, le moyen, et la fin ; la représentation scénique l’éclaire seulement, et la musique, aussi, l’éclaire, par son commentaire, sa psychique explication, prodigieuse glose à la parole et à l’acte. […] Il nous a donné le moyen de réaliser le plus grand bonheur, par la Compassion, si nous conservons l’Apparence actuelle ; et, si nous lui renonçons, par l’Apparence supérieure de la Production artistique. […] Avec son sens supérieur, sa conscience clairvoyante et tout son savoir il ne voulait être rien autre chose que pleinement et complètement un homme, un homme capable de sentir et d’éveiller des impressions chaleureuses.

1139. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Son esprit que je suppose supérieur, en plaçant des idées centrales parmi les idées isolées et traînantes de la société où elle se trouve, fera éprouver le charme de ce que j’appelle harmonie à toutes les personnes qui l’écoutent. […] L’esprit du siècle, dégagé des débris du vieux âge, s’était montré tellement supérieur aux institutions tombées, que déjà, l’absence de ces institutions était un bien.

/ 2224