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678. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

L’hymne de la nuit, celle du matin et du soir, celle de l’Enfant au réveil, la Cantate pour les enfants d’une maison de charité, la Lampe du temple et quelques autres pièces encore, ont toute la sérénité et la mansuétude d’une âme fidèle, virginale, d’un cœur doux et résigné, qui croit, qui espère et qui adore.

679. (1874) Premiers lundis. Tome II « Adam Mickiewicz. Le Livre des pèlerins polonais. »

L’acteur qui change chaque soir de costume, de visage et de rôle, doit éprouver quelque chose de semblable.

680. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Et voilà qu’avant le soir un roman nous donne le fin mot de cette péripétie sanglante, N’est-ce pas là tomber dans l’art à bout portant comme le pratique Marillac ?

681. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

À LA CITÉ DE CARCASSONNE De la tour de Justice à la tour du Trésaut, Le soir apaise enfin l’horizon solitaire ; D’implacables destins ont désolé ces terres, Mais leur fière beauté garde encor des vassaux.

682. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Mais il est indifférent à cette vérité comme un homme, un diplomate, sur le soir d’un beau jour, qui aurait pris enfin son parti sur la présence du vice dans les choses humaines, et qui même irait jusqu’à croire qu’il y entre comme un ingrédient… Tels sont, en somme, les qualités et les défauts de ce livre à double titre, qui s’appelle également Gabrielle d’Estrées ou la Politique de Henri IV, et dont le second titre pourrait bien être le premier dans la pensée de son auteur.

683. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

« Un doux éclat de soleil couchant — nous dit-il plus loin, avec ce sentiment de poète qui sent la poésie dans les autres, — rayonne de l’âme de Hebel, pure et tranquille, et teint de rose toutes les hauteurs qu’il fait surgir. » Et Jean-Paul ajoute cette phrase mélodique et enchantée du ranz des vaches que son imagination pastorale jouait toujours : « Hebel embouche d’une main la trompe alpestre des aspirations et des joies juvéniles, tout en montrant, de l’autre, les reflets du couchant sur les hauts glaciers, et commence à prier quand la cloche du soir se met à sonner sur les montagnes. » De son côté, Goethe, ce grand critique, ce grand esprit lymphatique, ce Talleyrand littéraire qui fait illusion par la majesté de l’attitude sur la force de sa pensée, cet homme que l’on a cru un marbré parce qu’il en a la froideur, Goethe, ce blank dead, comme l’appelleraient les Anglais, ce système sans émotion et dont le talent fut à froid une combinaison perpétuelle, disait de cette voix glacée qui impose : « L’auteur des poésies allemaniques est en train de se conquérir une place sur le Parnasse allemand.

684. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Le professeur d’esthétique avait conseillé au bout du verger un étang, d’où monterait en chœur le cri des grenouilles, effectivement si harmonieux de loin le soir, dans la tranquillité des airs. […] Trois fois par semaine, le soir, Fontanes allait causer aux Tuileries. […] Ainsi, quand d’une fleur nouvelle, Vers le soir, l’éclat s’est flétri, Les airs parfumés autour d’elle Indiquent la place fidèle Où le matin elle a fleuri. […] Le lendemain, il semblait mieux ; après quelques courtes alternatives, dans l’intervalle desquelles on le retrouva plus vivant d’esprit et de conversation que jamais, l’apoplexie le frappa le mercredi soir. […] M. de Fontanes, qui s’en tenait aux anciens, s’irritait surtout qu’on en vînt à causer comme de la prose le beau vers racinien un peu chanté. — Souvent, dans ces conversations du soir, l’Empereur indiquait à Fontanes et développait à plaisir d’étonnants canevas de tragédies historiques ; le poëte en sortait tout rempli.

685. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Chaque soir le même glas sonnait sous son crène : l’hérédité, l’effrayante hérédité, la peur de devenir fou. […] Un soir que Napoléon travaillait avec son ministre, on vint lui annoncer l’arrivée de Mlle Bourgoin. […] Tantôt il s’agissait de petites filles en haillons, envoyées à onze heures du soir, par une tempête de neige, chez le marchand de charbon ou de bière. […] J’en instruisis mon père en revenant le soir avec lui à Paris ; il me recommanda le silence. […] La fable : le Vieillard et les trois Jeunes Hommes est un beau soir d’octobre.

686. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

« Cela représente huit heures du soir en été », comme dit Augier quelque part Pas même cela ; car cela peut se peindre ; cela représentait avec des mots l’état d’une âme tendre à huit heures du soir en été ou en automne. […] Avec ces qualités-là il eût été merveilleux pour ce que j’appellerais les poésies d’automne, les regrets attendris de l’âge mûr, la mélancolie douce des soirs tombants. […] Du soir et du matin ondoyantes lueurs ! […] Un semeur dans un champ, le soir. […]  » — « Les grands chars gémissants qui reviennent le soir.

687. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Sous la rigueur du climat et de la concurrence, parmi les chômages de l’industrie, les faibles, les imprévoyants périssent ou s’avilissent ; le gin arrive alors, et fait son office ; de là ces longues files de misérables femmes qui s’offrent le soir dans le Strand pour payer leur terme ; de là ces quartiers honteux de Londres, de Liverpool, et de toutes les grandes villes, ces spectres déguenillés, mornes ou ivres, qui encombrent les échoppes d’eau-de-vie, qui emplissent les rues de leur triste linge et de leurs haillons pendus aux cordes, qui couchent sur un tas de suie, parmi des troupeaux d’enfants pâles ; horrible bas-fonds où descendent tous ceux que leurs bras blessés, paresseux ou débiles n’ont pu soutenir à la surface du grand courant. […] Tel a bâti un pont à ses frais, tel autre une chapelle, une maison d’école ; plusieurs établissent des bibliothèques qui prêtent des livres, avec des chambres chauffées ou éclairées, où les villageois trouvent le soir des journaux, des jeux, du thé à bon marché, bref des divertissements honnêtes qui les détournent du cabaret et du gin. […] Il y en a dans le mariage, où l’homme règne incontesté, suivi par sa femme jusqu’au bout du monde, fidèlement attendu le soir, libre dans ses affaires qu’il ne communique pas.

688. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

J’étais revenu le matin, à midi, le soir, étudier les différents effets des heures du jour sur cette statue du Génie de la Mort. […] Le cardinal premier ministre, Consalvi, y venait tous les soirs prendre le vent de l’Europe ; il s’y délassait, dans des entretiens aussi libres que fins, des soucis du gouvernement pontifical entièrement remis à ses soins. […] XLV Le soir, M. 

689. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Je le répète aujourd’hui comme je l’ai écrit en 1876, à Bayreuth même, au milieu des énergumènes qui tout simplement voulurent me tuer à coups de pavés qui pleuvaient sur moi un soir, au retour d’une promenade en voiture découverte. […] Le 19 au soir, dans un salon, en présence de nombreuses personnes. […] Le Montagshlatt de Berlin du 25 publiait le récit suivant :   … L’empereur ayant demandé à l’un de ses officiers des nouvelles de la Société Philarmonique, l’Excellence expliqua qu’un compositeur français de grand talent, Saint-Saëns, qui n’est pas seulement très anti-allemand, mais qui s’est exprimé ces derniers temps avec énergie, oralement et verbalement, contre tout ce qui est allemand et aussi contre la musique allemande, jouerait ce soir au concert de la Société Philharmonique, et que des démonstrations étaient possibles, d’autant plus que la presse avait signalé plusieurs fois l’attitude de M. 

690. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Ici commence le récit dialogué du poète épique : « Un soir, Kounti, la mère fugitive que le brahmane avait recueillie, était restée seule à la maison avec un de ses fils, nommé Bhima, pendant que les autres enfants étaient allés mendier leur nourriture dans la ville. […] Le soleil et la lune, le feu et le vent, la terre et le firmament, et la vaste étendue des eaux, le jour et la nuit, les deux crépuscules du matin et du soir, tous les éléments sont les témoins des actions les plus secrètes de l’homme : s’il n’a point agi contre la voix intérieure de sa conscience, le juge incorruptible le fait jouir d’une félicité éternelle ; mais si en étouffant cette voix il s’adonne au crime, il est condamné aux plus terribles châtiments. » Un tel discours, dans un tel moment, est déplacé ; on voit que dans ces poèmes les situations les plus pathétiques servent moins au développement des passions qu’au développement de la haute morale qui domine dans l’âme des poètes les passions elles-mêmes. […] Douchmanta et Sacountala se séparent au chant de l’oiseau du soir, qui annonce la nuit à la forêt.

691. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Une lutte tragique s’est livrée l’autre soir, dans l’âme de M.  […] (On a un peu trop simplifié tout cela, l’autre soir, au théâtre ancien. ) Une fée a emmené dans son royaume Arlequin dont elle est éprise. […] Nous avons vu, l’autre soir, qu’il y faisait encore bonne et solide figure. […] Le soir, elle est revenue. […] Car, si nous avions l’esprit mieux fait, nous aurions pu rapporter, l’autre soir, du Théâtre-Libre, une excellente leçon.

692. (1923) Nouvelles études et autres figures

Et cependant il semble qu’il l’ait écrite aux sons de la musique et que ses personnages soient nés un soir de danse. […] C’était le soir ; on entendit sonner à toute volée le bourdon de Notre-Dame et les cloches des autres églises. […] Cependant il sortait peu, travaillait beaucoup ; quelques rares visiteurs, de mine grave, montaient chez lui, plutôt vers le soir ; et un certain M.  […] Le soir, on le voyait tomber dans un brusque sommeil, la tête près du feu, et se réveiller les yeux et l’esprit chargés de rêve. […] » Mais qu’attendre des hommes qui auraient volontiers illuminé, le soir de Sadowa, en l’honneur de la Prusse, de la Science et de Luther ?

693. (1911) Études pp. 9-261

C’est pourquoi Pierre de Craon a bâti son église qui est triple ; à l’Église du Matin il a soudé l’Église du Soir et l’Église de la Nuit. […] Elle s’arrête le soir et songe, comme ceux qui voyagent sans retour. […] Ainsi que dans l’esprit plusieurs idées toujours s’élèvent à la fois, de même le cœur a le sentiment de tout le simultané ; il voit tout ce qui est contenu en chaque instant, tout ce qui y participe d’un bout à l’autre du monde : J’entends, autour, les bruits errants des choses… Je me souviens… J’y vins un soir au clair de lune. […] Connaître la vie secrète d’Isabelle de Saint-Auréol ; savoir par quels chemins parfumés, pathétiques et ténébreux339… Gérard écoute son âme en lui fiévreusement attentive ; c’est elle qui plus que tout l’intéresse : Jusqu’au soir mon esprit, dont je renonce à peindre le désordre, fut uniquement occupé par l’attente. […] On le voit préférer cette ardeur accablée qui nous dévore à la dureté impassible de l’idéal : Car j’eusse avec ferveur baisé ton noble corps, Et depuis tes pieds frais jusqu’à tes noires tresses Déroulé le trésor des profondes caresses, Si, quelque soir, d’un pleur obtenu sans effort Tu pouvais seulement, ô reine des cruelles !

694. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

A peine arrivé à Beaune, le soir, à la comédie, à un endroit des Fourberies de Scapin, comme on riait trop, un jeune homme du parterre s’écria : « Paix donc, messieurs ! […] Piron donc, suivant ce dernier, s’était un soir enivré avec un acteur, un musicien et un maître à danser ; il s’en revenait bras dessus, bras dessous, avec ses convives, faisant bacchanal dans les rues. […] On a les deux hommes en présence : Piron fait bien de noter complaisamment ses triomphes d’un soir ; Voltaire tient le haut bout auprès des neveux ; il le gardera. […] On joue ce soir aux Français Rodogune ou Cinna : cela nous tournerait la tête du côté qu’il ne faut pas ; allons au boulevard !

695. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

C’était un soir où, ayant « plaqué » une petite amie, il était venu chercher l’apaisement aux Folies-Bergère. […] L’autre endroit, c’est quand, le soir de l’enlèvement, le républicain Bergerin, l’amant de Paméla, découvre le petit roi dans le panier de blanchisseuse. […] Il s’arrête à cette solution : « Je serai ce soir au Temple. — J’y serai aussi !  […] Attiré par la vedette de l’affiche, Dufresne l’attend, un soir, à sa sortie des Ambassadeurs.

696. (1774) Correspondance générale

Je crie, depuis le matin jusqu’au soir. […] Hatmann m’a envoyé un clavecin ; nous en causerons ce soir. […] Je suis arrivé hier au soir, afin d’embrasser ma femme, mes enfants et petits-enfants, et arranger quelques petites affaires domestiques. […] Ce mercredi au soir. […] Bref, si on veut vous confier la pièce un de ces soirs pour deux heures, je la lirai, à tête reposée, et j’écrirai tout ce que j’en penserai.

697. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

C’est lui qu’on voit le soir, quand les Heures voilées Entrouvrent du couchant les portes étoilées.

698. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Mais cette morale n’est pas précisément celle qui répond au but indiqué par l’arrêté ; elle est à l’adresse des pères plus encore que des enfants, et ce ne serait en bonne logique qu’une juste conséquence si un fils aimable, morigéné le matin par son père pour quelques dissipations, et assistant le soir avec lui à la représentation des Jeunes Gens, lui disait, de ce ton de familiarité qu’autorisent les mœurs modernes : “Eh bien, qui de nous deux, ce matin, avait raison ?

699. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Il le surpasse de beaucoup par le ton et la couleur, lorsque, parlant d’une femme de sa connaissance que mademoiselle Voland jugeait coquette, il dit : « Vous vous trompez ; elle n’est point coquette ; mais elle s’est aperçue que cet intérêt vrai ou simulé que les hommes portent aux femmes, les rend plus vifs, plus ingénieux, plus affectionnés, plus gais ; que les heures se passent ainsi plus rapides et plus amusées ; elle se prête seulement : c’est un essaim de papillons qu’elle assemble autour de sa tête, le soir elle secoue la poussière qui s’est détachée de leurs ailes, et il n’y paraît plus. » C’est avec madame Legendre surtout que notre philosophe aime à marivauder, comme il dit, à l’égal de la fée Taupe de Crébillon.

700. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

qu’il me soit permis maintenant de briser ma vie malheureuse, tandis que des inquiétudes douteuses, tandis que l’espérance incertaine de l’avenir m’agitent, tandis que je t’embrasse encore, toi mon enfant, toi la seule volupté du soir de ma vie, qu’il me soit permis de mourir, de peur qu’un messager cruel ne déchire mon cœur… 30.

701. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Il la suit un soir dans son petit hôtel, bien résolu à oublier _l’autre_.

702. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

III Je voudrais rencontrer une brute, un être primitif et sensitif frissonnant aux frissons de la forêt, rêveur à cause du murmure des roseaux frôlés par le vent aux rives des fleuves, illuminé d’un doux rire puéril aux querelles des oiseaux, heureux par la pureté du soleil qui se lève et surtout épris, sans le savoir, de quelque Ève apparue un soir de printemps, au lointain bleu d’une allée, enfuie depuis, Dieu sait vers quels saules.

703. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Rien ne trouble sa fin, c’est le soir d’un beau jour.

704. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

II Excepté ce livre : Les Français de la décadence 26, j’ignore à peu près tout de Rochefort, et ce livre est fait avec les chroniques du Figaro, qui, du matin au soir, l’ont classé.

705. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

de dessous le nom de son père, que par sa fameuse Dame aux camélias, qui, roman, ne l’avait pas tiré de dessous ce nom écrasant, mais qui, drame, un soir, l’en tira.

706. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

cherchez dans ce volume des poésies étoffées, par exemple, comme Les Ponts d’Ayr, le Samedi soir dans la chaumière, La Requête au Diable, La Mort et le docteur Hornbook6, ces chefs-d’œuvre d’humour rustique, vous ne les trouverez pas !

707. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Ce respect du foyer domestique était commun aux barbares du moyen âge, puisque même au temps de Boccace, qui nous l’atteste dans sa Généalogie des dieux, c’était l’usage à Florence, qu’au commencement de chaque année, le père de famille assis à son foyer près d’un tronc d’arbre auquel il mettait le feu, jetait de l’encens et versait du vin dans la flamme ; usage encore observé, par le bas peuple de Naples, le soir de la vigile de Noël.

708. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

C’est la voix du désert ou la voix du torrent, Ou le roi des tilleuls, ou le fantôme errant, Qui, le soir, au vallon, vient siffler ou se plaindre, Des figures enfin qu’un pinceau ne peut peindre.

709. (1904) Zangwill pp. 7-90

Cette affirmation que je fais emplira de stupeur, sincère, un assez grand nombre de braves gens qui modestement ; du matin au soir, jouent avec l’absolu, et qui ne s’en doutent jamais ; comment, diront-ils en toute sincérité, comment peut-on nous supposer de telles intentions ; nous sommes des petits professeurs ; nous sommes de modestes et d’honnêtes universitaires ; nous n’occupons aucune situation dans l’État ; nous sommes assez maltraités par nos supérieurs ; nous n’avons aucun pouvoir dans l’État ; nous ne déterminons aucuns événements ; nous sommes les plus mal rétribués des fonctionnaires ; nul ne nous entend ; nous poursuivons modestement notre enquête sur les hommes et sur les événements passés ; par situation, par métier, par méthode, nous n’avons ni vanité ni orgueil, ni présomption, ni cupidité de la domination ; l’invention des méthodes historiques modernes a été proprement l’introduction de la modestie dans le domaine historique. […] Le magnifique fleuve déploie le cortège de ses eaux bleues entre deux rangées de montagnes aussi nobles que lui ; leurs cimes s’allongent par étages jusqu’au bout de l’horizon dont la ceinture lumineuse les accueille et les relie ; le soleil pose une splendeur sereine sur leurs vieux flancs tailladés, sur leur dôme de forêts toujours vivantes ; le soir, ces grandes images flottent dans des ondulations d’or et de pourpre, et le fleuve couché dans la brume ressemble à un roi heureux et pacifique qui, avant de s’endormir, rassemble autour de lui les plis dorés de son manteau. […] On n’entre jamais ici dans un atelier sans inquiétude ; fussiez-vous prince et brodé d’or, ces gamins en manches sales vous auront pesé en une minute, tout gros monsieur que vous êtes, et il est presque sûr que vous leur servirez de marionnette à la sortie du soir. « Ce sont là des raisonnements de voyageur, tels qu’on en fait en errant à l’aventure dans des rues inconnues ou en tournant le soir dans sa chambre d’auberge. […] Le ciel et le paysage lui tiennent lieu de conversation ; il n’a point d’autres poëmes ; ce ne sont point les lectures et les entretiens qui remplissent son esprit, mais les formes et les couleurs qui l’entourent ; il y rêve, la main appuyée sur le manche de la charrue ; il en sent la sérénité ou la tristesse quand le soir il rentre assis sur son cheval, les jambes pendantes, et que ses yeux suivent sans réflexion les bandes rouges du couchant.

710. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Ensuite il reprenait ses études jusqu’à six heures, et le soir s’entretenait avec ses amis. […] Sa religion vient chez lui le soir, prie, soupe largement, est conduite à un lit somptueux, se lève, est saluée ; après un coup de malvoisie ou de quelque breuvage bien épicé, sa religion fait un bon déjeuner, sort à huit heures, et laisse son excellent hôte dans la boutique, trafiquant tout le jour, sans sa religion479. » Il a daigné railler un instant, avec quelle poignante ironie vous venez de le voir. […] Tâchez de retrouver en vous-même l’antique exaltation des psalmistes et des apôtres, de recréer la divine légende, de ressentir l’ébranlement sublime par lequel l’esprit inspiré et désorganisé aperçoit Dieu ; au même instant, le grand vers lyrique roulera chargé de magnificences ; ainsi troublés, nous n’examinerons point si c’est Adam ou le Messie qui parle ; nous n’exigerons point qu’ils soient réels et construits par une main de psychologue, nous ne nous soucierons point de leurs actions puériles ou étranges ; nous serons jetés hors de nous-mêmes, nous participerons à votre déraison créatrice ; nous serons entraînés par le flot des images téméraires ou soulevés par l’entassement des métaphores gigantesques ; nous serons troublés comme Eschyle, lorsque son Prométhée foudroyé entend l’universel concert des fleuves, des mers, des forêts et des créatures qui le pleurent, comme David devant Jéhovah, « qui emporte mille ans ainsi qu’un torrent d’eau, pour qui les âges sont une herbe fleurie le matin et séchée le soir. » Mais le siècle de l’inspiration métaphysique, écoulé depuis longtemps, n’avait point reparu encore. […] Voilà de la vertu et de la morale anglaises, et chaque famille, le soir, pourra la lire en guise de Bible à ses enfants. […] Le soleil tombait, revêtant d’or et de pourpre reflétés — les nuages qui font le cortége de son trône occidental. —  Alors se leva le soir tranquille, et le crépuscule gris — habilla toutes les choses de sa grave livrée. —  Le silence le suivit, car, oiseaux et bêtes, —  les uns sur leurs lits de gazon, les autres dans leurs nids, —  s’étaient retirés, tous, excepté le rossignol qui veille. —  Tout le long de la nuit, il chanta sa mélodie amoureuse. —  Le silence était charmé.

711. (1891) Esquisses contemporaines

Je compris ce soir-là qu’il avait beaucoup plus que je ne l’aurais pensé, des manières de moi, des idées, des sensations pareilles aux miennes. » Paroles touchantes dont l’accent n’est pas sans charme ! […] Que de fois, demeuré seul sur les pentes élevées, par un beau soir d’automne, ayant au-dessus de nous la voûte étincelante d’un ciel roulant dans l’infini de ses mondes, combien de fois notre pensée interdite ne s’est-elle pas troublée au-dedans de nous ! […] Nous citerons cependant une petite pièce, celle qui dans les Aveux ouvre la série ravissante des Soirs d’été. […] Et sur son aile errante, l’heure Emporte, avec le soir d’été, Le cœur gai, triste ou dégoûté Vers la même obscure demeure. […] Les allures de ce dialogue sont graves et pressantes ; le décor en est mélancolique, tout imprégné de la poésie sévère qui pare les champs de bataille au soir de la défaite.

712. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Jouissant à ma pension d’une grande liberté, parce que je n’en abusais pas, j’allais tous les soirs à l’Athénée rue de Valois au Palais-Royal, de 7 à 10 heures, suivre des cours de physiologie, de chimie, d’histoire naturelle de MM.  […] Je le rencontrai un soir chez Hugo, car les familles se connaissaient ; mais on ignorait chez Hugo que Musset fît des vers. […] Sainte-Beuve, qui allait le suivre de si près, ne crut pouvoir mieux honorer la mémoire du grand poète qu’en relisant un soir, à table, après le dîner, d’une voix et d’un accent inspirés par le sujet même et dont la douceur et le charme pénétraient ceux qui l’entouraient, ces belles strophes, la plus belle musique de deuil qu’on ait écrite en poésie, et qui ont pour titre le Passé : Arrêtons-nous sur la colline À l’heure où partageant les jours, etc.

713. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Les soirs même de dimanche, en cet Arsenal toujours gracieux et embelli, s’il s’oublie quelquefois, comme par mégarde, à causer et à rajeunir, si, debout à la cheminée, il s’engage en un attachant récit qui ne va plus cesser, à mesure que sa parole élégante et flexible se déroule, écoutez, assistez ! […] Même dans les plus expansives et sereines réminiscences des soirs d’automne de la maturité, même quand il semble le plus loin de Charles Munster et de Gaston de Germancé, quand il n’est plus que Maxime Odin, le doux railleur légèrement attendri, quand près de sa Séraphine, en d’aimables gronderies, il est assis sur le banc de l’allée des marronniers, le lendemain de sa nocturne enjambée au bassin des Salamandres ; quand se multiplient et se diversifient à ravir sous son récit les plus rougissantes scènes adolescentes et (idéal du premier désir !) […] Il s’en délasse à moins de frais, avec une plus vraie douceur, en famille, les soirs, en cet Arsenal rajeunissant, où tous ceux qui y reviennent après des années retrouvent un passé encore présent, un frais sentiment d’eux-mêmes, et des souvenirs qui semblent à peine des regrets, dans une atmosphère de poésie, de grâce et d’indulgence.

714. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Le jour, ces collines semblent arides et calcinées par le soleil romain ; le soir, le jeu de l’ombre qui grandit et de la lumière qui se retire les revêt d’une apparence de fertilité qui caresse agréablement le regard ; on dirait aussi qu’elles se meuvent dans le lointain bleuâtre de l’horizon comme des vagues sombres de la haute mer au souffle d’un vent du soir. […] XXV Cependant il y a un soir pour la vie des hommes heureux comme pour la vie des hommes obscurs ; celle d’Auguste touchait à son déclin ; ce déclin de son bonheur se révélait par la mort de Drusus, à qui il destinait le trône et qui promettait de rendre la liberté aux Romains.

715. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Cette scène d’évanouissement, qui se renouvelait presque tous les soirs de grande réunion à Clichy, à une heure avancée de la soirée, n’était pas une coquetterie de la jeune maîtresse de ce beau lieu, c’était un prétexte suscité par la mère et par le mari de madame Récamier pour dérober la jeune femme à l’empressement insatiable de la foule importune de ses admirateurs ; elle était trop naïve pour jouer d’elle-même ces agaceries, mais il fallait l’emporter sur les bras des familiers de la maison pour laisser le voile de ses rideaux entre elle et un monde insatiable de tant d’attraits. […] Elle avait aux yeux l’âge qu’on voulait, car les âges étaient réunis dans ses traits : grâce d’enfant, gravité noble d’âge mûr, mélancolie du soir, sérénité d’immortalité, tout y était selon le pli de lèvres ou de sourcils que donnait la conversation au visage ; comme dans les instruments bien accordés le mode change le ton, le mouvement changeait l’impression. […] Ce costume semblait être tombé des doigts distraits de la Mode tout exprès pour une personne de cet âge ; l’art de la femme alors est de s’effacer de peur que sa parure ne l’efface ; heure du demi-jour dans les soirs d’automne où l’on n’allume pas encore la lampe pour jouir de ce qu’on appelle familièrement de l’entre chien et loup du jour mourant.

716. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Cette nouvelle prit à peine consistance que l’on parla de faire le soir même la cérémonie du baisement des mains. […] Le soir venu, le doyen et les cardinaux, réunis autour de lui, vinrent en corps baiser la main de Chiaramonti. […] Il partit par mer pour Rome, une frégate vénitienne le porta à Ancône ; il y arriva le même soir que la nouvelle de la bataille de Marengo qui humiliait l’Autriche, et qui lui donnait l’espoir de résister plus efficacement à la demande des trois légations.

717. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Ainsi, le soir où les Parisiens soupçonnent qu’elle veut s’enfuir de Paris avec le jeune roi, elle est obligée d’ouvrir tout grand le palais royal à la foule et le futur Roi-Soleil, qui dormait ou faisait semblant, resta plus d’une heure sous la surveillance d’un officier de la garde bourgeoise qui se trouva être un ancien laquais. […] D’ailleurs, c’est un parent de l’Impératrice, un prince de la maison d’Autriche, avec qui nous sommes en amitié et dont l’ambassadeur était présent ce soir à la représentation. » Ce dernier motif est une véritable trouvaille. […] Les uns, après avoir donné leur jeunesse à l’action, consacrent le soir de leurs jours à raconter ce qu’ils ont fait et se plaisent à revivre ainsi leur vie trop tôt passée.

718. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

» Schiller, Christophe-Colomb C’était un soir d’hiver, voici de cela quelque trente années. […] Donc, cet attristé, que tant d’oisifs eussent trouvé mûr pour le suicide était assis, ce soir là, devant certain notable commerçant — qui, jambes croisées en face de lui, l’observait curieusement, aux lueurs d’une morne chandelle, en lui souriant d’un air familier. […] Voyant que sa suggestion n’était accueillie que par un doux sourire, il bondit, selon son devoir, hors de la chambre, (le cœur gros), et courut, à toutes jambes, requérir quelques médecins-aliénistes pour fourrer à Bicêtre, le soir même, vu l’urgence, son malheureux protégé.

719. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

et je voudrais bien qu’Alfred de Musset eût reçu du ciel ce complément de la journée humaine qu’on appelle le soir. […] N’était-ce pas hier, qu’à la fleur de ton âge, Tu traversais l’Europe, une lyre à la main, Dans la mer, en riant, te jetant à la nage, Chantant la tarentelle au ciel napolitain, Cœur d’ange et de lion, libre oiseau de passage, Naïve enfant ce soir, sainte artiste demain ? […] Être rouge ce soir, blanc demain, ma foi, non.

720. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

C’était un samedi soir. […] Donnons-nous au complet le sentiment de cette belle page : Quand ce vint au soir, le prince de Galles donna à souper en sa tente au roi de France et à monseigneur Philippe son fils, à monseigneur Jacques de Bourbon et à la plus grande partie des comtes et des barons de France qui étoient prisonniers ; et le prince fit asseoir le roi de France et son fils, et monseigneur Jacques de Bourbon… (je supprime la suite des noms) à une table très haute et bien couverte, et tous les autres barons et chevaliers aux autres tables.

721. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Le jour, je me promène sous des hêtres pareils à ceux que Saint-Amant dépeint dans sa Solitude ; et, depuis six heures du soir que la nuit vient, jusqu’à minuit qui est l’heure où je me couche, je suis tout seul dans une grosse tour, à plus de deux cents pas d’aucune créature vivante : je crois que vous aurez peur des esprits en lisant seulement cette peinture de la vie que je mène… Les circonstances qui précédèrent et suivirent ce mariage furent assez singulières, et achevèrent de donner à Lassay, de lui confirmer aux yeux du monde le caractère de bizarrerie et d’excentricité qui tenait plus aux personnes auxquelles il s’était lié, qu’à lui-même. […] À quatre-vingt-six ans, arrivé au terme, il écrivait : « Je sens que je suis usé : je tombe avec le soleil ; le soir je me trouve dans un état misérable ; le sommeil me redonne des forces, et le matin, en m’éveillant, je me porte bien. » — M. de Lassay mourut à Paris, le 21 février 1738.

722. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Ce soir j’ai deux ou trois dames pour lire ensemble. […] Il demeura même, raconte-t-il dans ses lettres, « morose et soucieux depuis le matin jusqu’au soir pendant une couple de semaines. » Au bout de ce temps, il rétrécit son nid de moitié, et trouva qu’il y était encore parfaitement à l’aise.

723. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Ces coins obscurs dont vous vous réservez l’enceinte, ces bosquets mystérieux dans le champ du souvenir, où vous nous avez introduit une fois et d’où vous ne sortez vous-même chaque soir que les yeux humides de pleurs, nous vous les laisserons, ô poëte ! […] Et jusque-là, jusqu’à ce grand moment, Avant le soir d’héroïque disgrâce, Du drame entier, dès le commencement, Témoin caché dont je poursuis la trace.

724. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Je me rappelle avoir été témoin, certain soir et dans un hôtel de la meilleure compagnie, d’un drame domestique réel très-imprévu, et qui justifiait tous ceux de Dumas. […] Ce Wolf est un original qui, s’étant laissé aller un soir d’ivresse à faire une confidence indiscrète à un ami qu’il n’avait jamais vu jusque-là, va le forcer le lendemain matin à se couper la gorge avec lui pour que le secret ne soit plus partagé.

725. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Il était déjà dix heures du soir. […] M. le Dauphin, qui s’était montré triste et inquiet la veille au soir, le paraissait encore davantage le matin.

726. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Mariotto, abbé du monastère, présenta les uns aux autres ses doctes amis ; et le reste du jour, car c’était vers le soir que cette rencontre eut lieu, se passa à écouter les discours d’Alberti, dont Landino nous peint le génie et les talents sous le jour le plus favorable. […] Politien, génie vraiment antique et digne d’Horace ne s’enivra pas de cette faveur ; il était né d’une bonne famille à Montepulciano, petite ville de la Toscane, comme Flaccus, en Calabre ; c’est de là qu’il prit son nom. « Je ne me sens pas plus enorgueilli des flatteries de mes amis, ou humilié des satires de mes ennemis, disait-il, que je ne le suis par l’ombre de mon corps ; car, quoique mon ombre soit plus grande le matin ou le soir qu’elle ne l’est au milieu du jour, je ne me persuaderai point que je sois plus grand moi-même dans l’un ou l’autre de ces moments que je ne le suis à midi. » XI Le pape étant mort en ce temps-là, Laurent de Médicis fit un voyage à Rome, pour recommander Julien, son jeune frère, à Sa Sainteté, dans le but de le faire élire au cardinalat.

727. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

La femme de Saverny, répudiée par, lui, le fait assassiner par le Sarrasin Yacoub le soir de ses noces avec une autre femme. […] Point d’intrigue, un minimum d’action : « C’est l’histoire d’un homme qui a écrit une lettre le matin, et qui attend la réponse jusqu’au soir ; elle arrive, et le tue ».

728. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

En lisant, le soir, dans mon lit quelques histoires de revenant, je frissonnerai au craquement d’une boiserie, pourvu que l’auteur se montre aussi crédule, aussi peureux que moi. […] « Le poison filtre à travers son écorce, en gouttes fondues par l’ardeur du midi ; le soir, il se fige en gomme épaisse et transparente.

729. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Cette opération est difficile et douloureuse ; mais croyez bien que, si ma conscience morale ne s’y opposait pas, si Dieu venait ce soir me dire que cela lui est agréable, je le ferais. […] Je crus devoir poursuivre dès lors ce que les circonstances avaient si bien commencé pour moi ; je fis en un jour ce que je comptais faire en quelques semaines, et, le soir même de mon arrivée, je ne faisais partie ni du séminaire ni de la maison des Carmes.

730. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Mais ce délai ne fait point le compte de l’Américain, qui part le soir, pour prendre, au Havre, le paquebot du matin. […] Cette fois, le public, aguerri pourtant aux coups d’audace de l’auteur, s’est résolument défendu : il a sifflé la pièce, et, le premier soir, il l’a fait tomber.

731. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Le roi la remarquait, lui envoyait galamment de son gibier ; puis, le soir, quelque valet de chambre, parent de la famille, insinuait au maître tous les détails désirables et offrait ses services à bonne fin. […] Elle avait tout à craindre à chaque minute, car, avec un tel homme, tout était possible ; un sourire même de lui et une mine plus ou moins gracieuse ne prouvaient rien : Vous ne le connaissez pas, ma bonne, disait-elle un jour à Mme Du Hausset, avec qui elle causait de je ne sais quelle rivale qu’on avait essayé de lui susciter ; s’il devait la mettre ce soir dans mon appartement, il la traiterait froidement devant le monde, et me traiterait avec la plus grande amitié.

732. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Que de bonheur dans ces modestes réunions du soir, où, sans déborder, la parole ne tarit jamais ; où l’idée flotte à la dérive, et, dans les mille sinuosités d’une causerie sans prétention, découvre çà et là mille sites étranges, mille points de vue inconnus et ravissants. […] Vous vous rappelez le grand et malheureux Jean-Jacques, copiant le matin de la musique, et se faisant le soir l’apôtre du sentiment moral, l’énergique tribun du spiritualisme ?

733. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Qu’on se rappelle le début du premier volume, le vol chez Mgr Myriel et le pardon de l’évêque, la lutte intérieure, chez Jean Valjean, entre l’instinct mauvais et la conscience qui s’éveille : quel est l’ouvrier, l’apprenti enfermé avec son livre, un soir de dimanche, qui ne comprendra pas cela ? […] Et plus loin, lorsque sur le champ de bataille, à huit heures du soir, la Garde de l’Empereur s’ébranle, n’a-t-on pas, toutes les imaginations humaines n’ont-elles pas la vision du drame, dans ces lignes de Victor Hugo : « Quand les hauts bonnets des grenadiers de la Garde, avec la plaque à l’aigle, apparurent, symétriques, alignés, tranquilles, superbes, dans la brume de cette mêlée, l’ennemi sentit le respect de la France ; on crut voir vingt victoires entrer sur le champ de bataille, ailes éployées, et ceux qui étaient vainqueurs, s’estimant vaincus, reculèrent, mais Wellington cria : “Debout, gardes, et visez juste !”

734. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

Je n’aurais qu’à supposer que le soir ayant lu, avant de m’endormir, quelques pages des Analecta alexandrina, les auteurs eux-mêmes m’apparurent en songe, accompagnés de toute la foule des ombres poétiques dont le temps a dispersé les restes et nivelé les tombeaux.

735. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Ce fut une marque de civisme, aussitôt après le 9 thermidor, de remplacer la carmagnole par un habit carré et décolleté, les cheveux sales et plats par des cadenettes et un peigne, de passer sa journée au Palais-Royal à lire l’Orateur du peuple de Fréron et les brochures politiques ; d’aller le soir, avec un crêpe au bras, au Bal des victimes ou au salon de madame Tallien ; d’entendre le chanteur Garat à Feydeau, ou La Harpe déclamant au Lycée contre le tutoiement révolutionnaire.

736. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Aussi inaccessible aux craintes qu’aux séductions, aux menaces d’assassinat qu’aux insinuations amicales, il persiste dans ses projets de fructidor, une fois qu’il les a jugés nécessaires à la liberté, et, sous les poignards des chouans, continue paisiblement ses promenades de chaque soir au Jardin des plantes.

737. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Homme d’ordre, de probité ferme, de régularité judicieuse et laborieuse, d’amélioration sociale moyennant l’action administrative, il a surtout apprécié l’époque par cet aspect ; lui-même, dans son rang secondaire, il avait mérité l’estime de l’empereur ; son excellent travail de premier commis passait tous les soirs sous cet œil d’aigle.

738. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Souvent, le soir, regardant quelque coin de ciel, des toits lointains, çà et là un rare feuillage, je me suis dit qu’un tableau qui retracerait exactement cette vue si simple serait divin ; puis j’ai compris que cette fidélité entière était impossible à saisir directement ; que mon émotion résultait du tableau en lui-même et de ma disposition sentimentale à le réfléchir ; que, de l’observation directe de l’objet, et aussi de la réflexion modifiée de cet objet au sein du miroir intérieur, l’art devait tirer une troisième image créée qui n’était tout à fait ni la copie de la nature, ni la traduction aux yeux de l’impression insaisissable, mais qui avait d’autant plus de prix et de vérité, qu’elle participait davantage de l’une et de l’autre19.

739. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Si l’excès du moderne style munichois nous importune le jour, le soir c’est un enchantement, un conte des mille et une nuits.

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