Sous ses branches touffues je découvris une multitude de nids d’oiseaux ; il y avait une famille de petites mésanges à tête noire et à gorge blanche ; elles étaient sept dans le même nid ; puis des pinsons et des chardonnerets ; les pères et les mères volaient sur ma tête, cherchant à donner la becquée à leurs petits.
Il m’en était resté dans les yeux et en même temps dans le cœur une première impression très agréable ; des yeux très noirs et pleins d’une douce flamme, joints (chose rare) à une peau très blanche et à des cheveux blonds, donnaient à sa beauté un éclat dont il était difficile de ne pas demeurer frappé, et auquel on échappait malaisément.
À chaque pas de cette même route où s’étaient dissipées en venant ma douleur et mes noires pensées, je les retrouvai au retour plus poignantes.
Le miel du mont Hymette les rendait chères aux Athéniens : « On distingue plusieurs espèces d’abeilles : la meilleure est petite, ronde et de plusieurs couleurs ; la seconde est allongée et semblable au frelon ; la troisième est l’abeille qu’on nomme voleuse : sa couleur est noire, son ventre large ; la quatrième espèce est celle du bourdon : il est plus grand que les abeilles des trois premières espèces.
Aussi prit-il, en pleine gloire, la résolution de quitter ce noir, fiévreux, assourdissant et asservissant Paris : ses amis les philosophes, qui n’avaient pas le tempérament bucolique et vivaient aux bougies comme le poisson dans l’eau, ne comprirent rien à cette lubie, essayèrent de le retenir, et n’arrivèrent qu’à le froisser.
Et ce sont ces hommes, dont les traits, aux yeux de l’univers, représentent la France moderne, que l’on voudrait montrer aujourd’hui dans une sorte de fresque grotesque, brossée avec des fards et des tons cadavériques, à la Van Dongen, comme une troupe de bouffons noirs, de canailles emphatiques, de gâteux grandiloquents, de diaboliques gredins, je ne crains pas de le dire, ceux qui agissent ainsi font, au regard de la vérité critique, une œuvre impie et méprisable, et, si l’on se place au point de vue national, une besogne de malfaiteurs.
Dans les prescriptions de l’amour, tes dents cure traduit, avec une naïveté grossière, le careant rubigine dentes d’Ovide, et S’en tes ongles a point de noir, Ne l’y laisse pas remanoir, n’est que la paraphrase de … Sint sine sordibus ungues.
» dit toujours le maître en parlant des noirs, quand c’est lui-même qui les tient dans la dégradation.
. — Dans le troisième acte, on remarquera surtout ce trait caractéristique, que, Tristan se donne lui-même la mort, rouvrant sa blessure ; tandis que dans les poèmes antérieurs on le trompait, en lui annonçant que le vaisseau arrivait avec des voiles noires ; cette nouvelle le tuait, puisqu’elle montrait qu’Isolde n’était point sur le vaisseau80.
Dans les sons dissonants, la perception même des sons tend à être détruite, car, par suite des battements et des interférences les tons se supplantent, se repoussent, s’arrêtent ; le sentiment de supplantation et d’arrêt se traduit, ici encore, en déplaisir, comme la supplantation des rayons lumineux dans le noir.
Est-ce qu’un miroir n’est identique à lui-même que grâce à ce qu’il ne reflète jamais des contradictoires, par exemple une chose à la fois blanche et noire sous le même rapport ?
On donne des couleurs aimables aux actions les plus basses, & les plus noires : on peint en beau l’ingratitude, la supercherie, la fraude, la trahison : on court après les tableaux satyriques, ou les tableaux licentieux.
En vérité, tout cet attirail de messe noire ne pouvait produire des miracles et le secours qu’il demandait à tant de gestes, de lieux, d’êtres artificiels suffisait à prouver combien il était traître à soi-même celui qui osait parler d’un culte du moi, alors que son esprit, insuffisant à ses grands desseins, pour vivre, avait besoin d’un âne, d’une petite fille, d’un jardin.
venir les chercher, jusqu’au pied de l’autel, ces hommes noirs, et les vouer à l’exécration publique ! […] Ce Don Juan est une œuvre à mille faces ; on le peut admirer à outrance, on le peut critiquer sans pitié, et même on ne voit pas à quel point l’on pourrait soutenir, sans quelque danger, que cette très sérieuse comédie, établie sur un fond si noir, et dans laquelle se montrent à nu les plus honteuses passions du cœur de l’homme : le vice sans frein, l’ironie sans respect, le doute sans examen, l’athéisme sans motif ; un drame où le héros, qui insulte Dieu, ne sait pas même rendre à son père des respects apparents, soit en effet une comédie irréprochable.
Il y a, dans la vie de Voltaire, des méchancetés noires, des mensonges odieux, des platitudes, même des actes d’improbité. […] Et encore : Diderot abusait de ma confiance pour donner à mes écrits ce ton dur et cet air noir qu’ils n’eurent plus quand il cessa de me diriger. […] Sa célébrité subite a pu les ennuyer un moment ; mais je crois qu’ils ne lui furent ennemis que plus tard, après qu’il les eut lassés par ses défiances et ses noires humeurs, et surtout après qu’il se fut déclaré nettement et solennellement contre le parti des philosophes. […] Mais surtout il se souvient de mademoiselle de Breil, chez les Gouvon, où il était laquais : Mademoiselle de Breil était une jeune personne à peu près de mon âge, bien faite, assez grande, très blanche, avec des cheveux très noirs et, quoique brune, portant sur son visage cet air de douceur des blondes auquel mon cœur n’a jamais résisté.
Mais quand il a tout à fait bien choisi, ou trouvé, comme dans la Mort du loup, dans la Colère de Samson, dans la Maison du berger, — alors, c’est le cas de citer le vers de Virgile, — son inspiration s’élève autant au-dessus de celle de ses contemporains, Quantum lenta solent inter viburna cupressi, qu’au-dessus des viornes flexibles la cime aiguë du noir cyprès… De semblables trouvailles ne pouvaient être que rares ; — et on le conçoit aisément. […] Ida, j’adore Ida, la légère bacchante, Ses cheveux noirs, mêlés de grappes et d’acanthes Sur le tigre, attachés par une griffe d’or, Roulent abandonnés ; sa bouche rit encor En chantant Évohé ; sa démarche chancelle, Ses pieds nus, ses genoux que la robe décèle, S’élancent, et son œil, de feux étincelant, Brille comme Phœbus sous ce signe brûlant. […] D’ailleurs, un grand écrivain en tout genre est celui qui sait exprimer clairement des idées même obscures, qui le demeurent encore après qu’il a parlé : Bossuet, quand il nous montre Dieu « développant du centre de son éternité l’ordre des siècles » ; ou Hugo lorsqu’il nous fait voir : ……… tous les morceaux noirs qui tombent Du grand fronton de l’inconnu. […] Ils ont essayé d’imiter la vie sans en connaître autre chose que ce qu’on en apprend dans les livres — et non pas même dans toute sorte de livres — mais dans les livres singuliers et rares, dans le Rouge et Noir, dans les Fleurs du mal, dans l’Éducation sentimentale. […] Les paradoxes qu’ils ont donc échangés sur la littérature ou sur l’art, en prenant une absinthe au Chat noir, voilà ce qu’ils appellent des « documents » ; et, dans les environs du Val-de-Grâce ou du Panthéon, s’ils ont connu quelque fille de brasserie, c’est l’amour, et c’est une « expérience ».
« Qu’on enchaîne, s’écria-t-il, en montrant Fossombrone, qu’on enchaîne incessamment cet apostat ; qu’enséveli dans le plus noir cachot, il y soit tourmenté le reste de ses jours ». […] « Il y en a qui se revêtent d’une haire, & se faisant des capuchons pour retourner en enfance, imitent les chouettes & les hiboux… Fuis ceux-là que tu verras ayant une barbe de bouc, un manteau noir & les pieds nuds, endurcis au froid. […] Le défenseur de l’éternité de l’ordre au manteau blanc & noir, osa la garantir sur la vertu du saint scapulaire, sur tous les privilèges accordés par la sainte Vierge, au bienheureux Simon Stoch.
Je crois qu’il serait heureux d’aimer tout le monde comme noire prochain, et de n’avoir aucun attachement particulier ; mais je doute fort que cela fût possible.
C’est ainsi que du plus noir de ses monstres, de Richard III, Shakespeare avait fait un personnage comique223.
Par exemple, dans les Fêtes de Cynthia, trois enfants arrivent, se disputant le manteau de velours noir que d’ordinaire l’acteur met pour dire le prologue.
Ceux-là étaient sortis, en simple habit noir, de leur retraite, non pour être remarqués, mais pour se rendre à eux-mêmes le témoignage de la fidélité de leur mémoire et de leur reconnaissance au-delà du tombeau.
Elle mourut en réputation de sainteté parmi le peuple de Ferrare ; les médailles que nous avons sous les yeux, et ses portraits, la représentent comme le profil de la mélancolie et de la douceur ; des yeux bleus, une chevelure noire, un front sans nuage, une bouche où l’intelligence fine donne de l’agrément à un sourire naturellement rêveur, un ovale arrondi des joues, un port de tête un peu incliné en avant, comme celui d’une figure qui écoute, ou comme le buste d’une princesse qui se penche pour accueillir avec pitié les malheureux, enfin la grâce française de sa mère mêlée à la gravité pensive d’une Italienne, font aimer cette femme, que son tendre intérêt pour le Tasse associe à jamais à son immortalité.
« La nature, dit-il, a fait la propriété nécessaire : donc elle a nécessairement créé l’espèce d’homme nécessaire à la culture de cette propriété. » C’est encore l’argumentation des blancs possesseurs des noirs dans nos colonies, et il a fallu une révolution pour saper ce faux raisonnement.
Lui-même avouait son idéal : « un Raphaël noir, couleur sombre, forme angélique ».
Il fut enterré dans la cathédrale de Saint-Patrick, et sur une plaque de marbre noir fut gravée cette inscription qu’il avait lui-même composée : hic depositum est corpus JONATHAN SWIFT S.
Comment donc a lieu cette harmonie entre noire sensibilité et les choses réelles ?
On les regarde de travers, Et personne ne les écoute, Ce qui les fâche fort sans doute ; En la noire habitation Il en est plus d’un million ; Comme à Paris chose certaine, Chaque ruë en a la centaine De ceux qu’on appelle plaisans, Rimeurs burlesques soi-disans, Du nombre desquels on me compte ; Dont j’ai souvent un peu de honte.
Les esclaves sont noires et moitié plus petites que leurs maîtres, qui sont de couleur rouge, de sorte que le contraste est trop grand pour qu’aucune méprise soit possible.
Les chinois si curieux des peintures de leurs païs, ont peu de goût pour les tableaux d’Europe, où, disent-ils, on voit trop de taches noires.
La grande France, dévote et mondaine, avait sa bête noire en la petite, chagrine, austère, qui, sans rien dire, contrastait par ses mœurs, importunait de son triste regard90. » Ce petit peuple héroïque des Réformés de France possédait en lui des trésors d’énergie pour l’avenir.
Le soir des débuts de Cruvelli, elle s’était habillée en fiancée ; elle avait mis une robe blanche, des rubans blancs, des souliers blancs, et un bouquet de fleurs d’oranger dans ses cheveux noirs comme l’ébène. […] Madame Lauters a une voix superbe, mais je crains bien qu’elle ne réussisse jamais à l’utiliser que dans les œuvres de pacotille. » Quelle opinion voulez-vous que se forment de la presse les artistes, ses justiciables, et les lecteurs, ses clients, en voyant deux hommes qui savent à fond les choses dont ils parlent, affirmer le blanc et le noir avec la même chaleur convaincue, s’enthousiasmer et se fâcher absolument pour les mêmes motifs ?
« Mais d’un veuvage affreux les tristes insomnies « Ne m’arracheront point de noires perfidies j « Et je veux chez les morts emporter, si je peux, « Un cœur qui ne brûla que de ses premiers feux. […] Sganarelle reproche à son frère de ne pas garder sa pupille aussi sévèrement qu’il garde Isabelle : « Vous souffrez que la vôtre aille leste et pimpante, « Je le veux bien ; qu’elle ait et laquais et suivante, « J’y consens ; qu’elle courre, aime l’oisiveté, « Et soit des damoiseaux flairée en liberté, « J’en suis fort satisfait : mais j’entends que la mienne « Vive à ma fantaisie et non pas à la sienne ; « Que d’une serge honnête elle ait son vêtement, « Et ne porte le noir qu’aux bons jours seulement ; « Qu’enfermée au logis, en personne bien sage, « Elle s’applique toute aux choses du ménage, « À recoudre mon linge aux heures de loisir, « Ou bien à tricoter quelques bas par plaisir ; « Qu’aux discours des muguets elle ferme l’oreille, « Et ne sorte jamais sans avoir qui la veille. […] « Si votre âme les suit, et fuit d’être coquette, « Elle sera toujours, comme un lys, blanche et nette : « Mais s’il faut qu’à l’honneur elle fasse un faux bond,’ « Elle deviendra lors noire comme un charbon ; « Vous paraîtrez à tous un objet effroyable, « Et vous irez un jour, vrai partage du diable, « Bouillir dans les enfers à toute éternité, « Dont vous veuille garder la céleste bonté !
Il arrivait à la société française ce qui arriva au monde après le déluge : à mesure que les vagues baissaient, les traces de la végétation commençaient à reparaître ; c’est ainsi que dans une maison qui avait pour enseigne la Vache noire, et qui était située à Paris, rue Saint-Jacques, presque en face de celle où est aujourd’hui la communauté religieuse de Saint-Michel, quelques débris de l’ancienne compagnie de Saint-Sulpice se réunirent ; un des premiers élèves de ce séminaire naissant fut M. de Quélen.
. — Cette « coquette » est d’une inconscience naïve qui n’a rien de noir, rien surtout de calculé pour l’effet et pour le « frisson » ; elle est abjecte et bonne femme ; elle a perdu tout scrupule et n’a point perdu toute honnêteté ; car, notez ce point, elle est capable encore d’être blessée de la perversité des autres : « Ah ! […] Le Leone-Leoni de George Sand, encore qu’un peu poussé au noir, est très bien vu à cet égard23. […] Il se relève par d’autres côtés, et nous finirons par le trouver moins noir que je ne le fais en ce moment ; parce que l’intelligence sert à quelque chose.
Cette société-là est la bête noire, ou, si vous voulez, le troupeau noir de Nietzsche. […] La religion, devenant peu à peu force sociologique et bien social, est devenue chose commune et non plus individuelle ; mais elle a toujours son caractère primitif d’amour jaloux et méfiant, et si ce n’est plus d’homme à homme qu’on se soupçonne et celui-ci qui accuse celui-là de vouloir lui voler son fétiche, c’est de secte à secte qu’on se regarde de mauvais œil, c’est la secte blanche qui accuse la secte noire de vouloir attirer à elle le Dieu de la secte blanche, de vouloir le détourner et le corrompre, et qui, pour cette raison, attaque, égorge et massacre furieusement la secte noire.
AM. de La Chalotais il écrit, le 28 février 1763 : « Je vous remercie de proscrire l’étude chez les laboureurs », — ce qui le départage lui-même, puisque sur cette question il dit blanc à Damilaville, noir à Linguet, et enfin blanc à La Chalotais. […] Il oublie et tient à oublier que si les Chrétiens, et c’est leur tort, ont adopté le livre de Jéhovah et ont trop souvent retenu quelque chose du tempérament de Jéhovah, ils ont été Chrétiens aussi, malgré tout, et ont souvent, aux temps les plus noirs, prêché la paix, là fraternité ; établi ou essayé d’établir la trêve de Dieu ; modéré, c’est un Pape qui l’a fait, le zèle d’un saint Louis contre les blasphémateurs, et même prêché en propres termes la tolérance religieuse. — Il ne l’oublie pas tout à fait et c’est à lui que j’emprunte cette liste très incomplète des déclarations de chrétiens et de gens d’église chrétiens en faveur de la liberté de conscience. « C’est une impiété d’ôter en matière de religion la liberté aux hommes, d’empêcher qu’ils fassent choix d’une divinité ; aucun homme, aucun Dieu ne voudrait d’un service forcé. » (Apologétique.) « Si on usait de violence pour l’exercice de la foi, les évêques s’y opposeraient. » (Saint Hilaire.) « La religion forcée n’est plus religion ; il faut persuader et non contraindre ; la religion ne se commande pas. » — « C’est une exécrable hérésie de vouloir attirer par la force, par les coups, par les emprisonnements ceux qu’on n’a pu convaincre par la raison. » (Saint Athanase.) « Rien n’est plus contraire à la religion que la contrainte. » (Saint Justin, martyr.) « Persécuterons-nous ceux que Dieu tolère ?
Joffre les chassera de France ; Albéric Magnard balaye le devant de sa maison » ; — le sonneur d’angélus là-bas, vers les Vosges, — « c’est un confrère, cet homme obscur qui fait un si charmant bruit dans le noir ; que dit-il, ce gazetier du ciel, ce journaliste dans les nuages ? […] Michelet ne sait pas réprimer ses larmes d’enthousiasme, le 4 mars 1848, lorsque, devant la Madeleine, il découvre parmi les drapeaux qu’apportent les exilés de tous pays « le grand drapeau de l’Allemagne, si noble, noir, rouge et or, le saint drapeau de Luther, Kant et Fichte, Schiller, Beethoven, et à côté le charmant tricolore vert de l’Italie… » Vingt-deux ans plus tard, il s’écrie : « Quelle émotion, que de vœux pour l’unité de ces peuples ! […] Des mineurs passent, l’échine ployée, tout noirs, avec les yeux qui brillent « dans la pâleur de l’aube, pareils à des globes d’argent ». […] La petite Duchesne, Marie, a des cheveux noirs, un teint pâle, une physionomie douloureuse et de longs cils qui font de l’ombre sur ses joues.
Et contre Des Fontaines d’abord, sa bête noire : — c’est l’éternelle guerre du poëte contre son critique.
La mer était de tous côtés bordée de rivages qu’éclairaient les derniers rayons du jour : à droite Missolonghi blanchissait dans ses lagunes au pied des rochers sauvages et presque déserts de l’Acarnanie ; devant nous Céphalonie élevait au ciel des masses noires et semblait une forteresse bâtie au milieu des flots pour garder le passage ; sur ces masses que le crépuscule assombrissait, se dessinait la petite île d’Ithaque avec sa double montagne ; plus loin, dans la mer, je distinguais les collines et les plaines de Zante, la fleur du Levant, et à gauche les montagnes de l’Achaïe s’abaissaient en se rapprochant des grasses campagnes de l’Élide.
Ceux qui ont dit que la neige est noire ont laissé des successeurs qui, s’ils ne disent la même impertinence, en diront d’autres qui ne seront pas de meilleure mise.
Écoutez-la, elle prend de la limaille , elle est maigre ; à force d’aller à la chasse aux petits oiseaux dans ses voyages d’Ablon, elle est hâlée et noire comme un corbeau .
Ainsi, dans L’École des femmes, la meilleure et la plus gaie des grandes comédies de noire auteur94, Arnolphe reçoit les conseils d’un ami philosophe, un peu moins édifiant toutefois, rendons-lui cette justice, que la plupart de ses collègues du nom d’Ariste ou de Cléante.
Souvent, en Égypte, cette passion éclatait en murmures, quelquefois même en suicides ; mais la présence du général en chef, son langage, son activité incessante faisaient évanouir ces noires vapeurs.
Narcisse est le noir complaisant de tous les vices d’autrui pour contenter les siens.
La momie servait aussi à fabriquer pour les peintres un beau noir qui, paraît-il, n’aurait pas été remplacé, ce qui n’a plus d’importance, toute la peinture étant désormais couleur jus d’herbe et sirop de groseille.
Mais les soirs d’austère solitude, où je sens peser sur moi toute la gravité de la vie et les noirs nuages du destin, j’aime Vigny religieusement.
Semblables à des spectateurs arrêtés au bord d’un océan d’ombre, nous contemplons ravis l’essor prodigieux de fusées lumineuses qui crèvent dans le ciel noir de nos esprits et le transforment une seconde en un grand soleil d’or.
Pour les tragédies, la salle était tendue en noir, et, dans l’inventaire des propriétés d’une troupe de comédiens, en 1598, on trouve des « membres de Maures, quatre têtes de Turcs et celle du vieux Méhémet, une roue pour le siège de Londres, un grand cheval avec ses jambes, un dragon, une bouche d’enfer, un rocher, une cage », etc. ; monument singulier des moyens d’intérêt dont le théâtre croyait avoir besoin. […] Le pourpoint était écarlate et la robe noire.
Si ce sont les yeux qui sont affectés, nous disons que l’objet est coloré, qu’il est ou blanc, ou noir, ou rouge, ou bleu, &c. […] Ainsi ces mots blanc, noir, rouge, bleu, doux, amer, aigre, fade, &c. sont autant de qualifications que nous donnons aux objets, & sont par conséquent autant de noms adjectifs. […] Chapeau noir. […] Des yeux noirs. […] Il y a aussi plusieurs qualificatifs qui sont devenus noms propres d’hommes, tels que le blanc, le noir, le brun, le beau, le bel, le blond, &c.
Virgile, qui chante un héros troyen, avait quelque intérêt à peindre des plus noires couleurs le destructeur de Troie : la férocité de Pyrrhus nous glace d’horreur dans l’Énéide. […] Il est presque impossible d’établir la scène dans l’appartement des femmes avec quelque ombre de vraisemblance, puisque le sultan et les eunuques noirs sont les seuls qui puissent y mettre le pied.
Je crus apercevoir dans l’ombre un homme à robe noire & à bonnet triangulaire qui lui glissait tacitement l’Andrienne. […] Il discutait la nature du nitre, celle du feu, celle de la lumiere, il composa, pour l’utilité publique, son Æthiops Martial, ou sa poudre noire. […] Qui ne connaît le noble pathétique du second chant, l’éloquence mâle du discours de Pothier, le noir & terrible sacrifice des Ligueurs, le songe sublime de Henri IV ; tant de magnifiques descriptions, tant de portraits frappés au meilleur coin ?
L’Auberge des Adrets était, dans la pensée de ceux qui l’écrivirent, un mélodrame des plus noirs égayé seulement par des scènes épisodiques et par les deux rôles accessoires de Robert Macaire et de Bertrand ; mais on confia le rôle de Robert Macaire à Frédéric Lemaître, qui, transformant de fond en comble le caractère de la pièce… fit si bien que l’accessoire devint le principal et que la sombre tragédie avorta ou s’épanouit en farce des plus gaies.
Assez et trop longtemps « des hommes revêtus de noir et le bonnet carré en tête nous ont proposé les ouvrages des anciens, non seulement comme les plus belles choses du monde, mais comme l’idée même du Beau » ! […] Mais si la tragédie n’avait réussi à se constituer qu’en expulsant de sa définition l’usage du romanesque, il y rentre avec le noir poète, et même il y « coule à pleins bords ». […] Jal, dans son Dictionnaire, et Henri Chardon, Monsieur de Modène, etc.]. — Il renonce à la charge de tapissier valet de chambre du roi pour se faire comédien, 1643. — Fondation de l’Illustre Théâtre, 1643. — L’entreprise ne réussit pas ; — une seconde échoue plus rapidement encore au jeu de paume de la Croix Noire ; — Molière prisonnier pour dettes, 1645. — Modification de la troupe, et départ de Molière pour la province, fin 1646 ou commencement de 1647.
Il y aurait dans ce sacrifice moins à perdre qu’à gagner ; car cet ouvrage passera sans faire la moindre sensation, malgré le nom et la célébrité de l’auteur, à qui il n’en restera qu’un petit vernis d’homme noir. […] Un morceau de pain, noir ou blanc peu importe, un pot d’eau claire, quelques livres, un ami, et de temps en temps les charmes d’un petit entretien féminin ; voilà, avec une conscience tranquille, tout ce qu’il me faut. […] L’efficace de ces trois sacro-saints versets est d’assurer prédestination, et arrondir le dévot pantagruéliste à vue d’œil, tenir œil clair, teint frais, pituite douce, sperme loyal et mirifiquement titillant, chose qui n’est pas à mépriser, comme le cher docteur vous le certifiera et assurera, et ce, soit dit en commémoration de certaines cènes, faites à huis clos chez certain général, un peu rebours à doctrine saine et pantagruélique, avec certaine demoiselle, qui seroit parfaitement dans les vrais principes, sans certaines lubies napolitaines, qui pourroient venir à crise fâcheuse, si ladite demoiselle n’y met ordre, comme tristesse, bête noire, défaillance de gaieté et d’originalité, que Dieu lui garde en toute plénitude et sans déclin jusqu’à la fin de ses jours.
Cependant, nous serions choqués si on introduisait dans une comédie contemporaine en habits noirs un personnage babillé à la mode de 1830. […] La difficulté était précisément dans le grand nombre de traits précis et particuliers dont, relativement à cette époque peu éloignée de nous, noire imagination est encore encombrée. […] C’est là son modèle ; il s’efforce d’en bien concevoir les formes lumineuses, qui se dessineront dans la chambre noire de sa pensée.
Une poupée, vêtue de noir, débite des lazzi en compagnie du diable. […] Mais, d’autre part, la maison était pleine de recoins obscurs, « ce qui lui donnait le frisson », la rue triste et noire, le rez-de-chaussée privé d’air et de lumière, et comme étouffé sous le poids des galeries qui s’avançaient en saillie aux étages supérieurs. […] « Quand j’ai mis du noir sur du blanc », dit le Famulus de Faust qui ne comprend rien à l’hypocondrie de son maître, « je me sens l’âme toute ragaillardie. » Sous ce mot plaisant d’un nigaud et sous ce contentement d’un barbouilleur de papier, il y a une observation, triste sans doute pour la nature humaine, mais juste et vraie.
Les singes, habitants domiciliés de ces forêts, se jouent dans leurs sombres rameaux, dont ils se détachent par leur poil gris et verdâtre, et leur face toute noire ; quelques-uns s’y suspendent par la queue et se balancent en l’air ; d’autres sautent de branche en branche, portant leurs petits dans leurs bras.
Qu’il eût quelque secret contentement d’orgueil à ne souffrir de grandeur, comme dit Saint-Simon, que par émanation de la sienne, à faire donner du monseigneur à ses ministres, à leur permettre l’habit de qualité au lieu de l’habit noir, à recevoir leurs femmes à sa table et dans ses carrosses, le dernier coup n’en fut pas moins justement porté à tout ce reste de féodalité turbulente, qui avait relevé la tête sous Mazarin ; et l’idée d’égaler, par l’étiquette de cour, les roturiers capables aux hommes simplement nés, fut plutôt une vue supérieure qu’un raffinement de l’égoïsme royal.
Philoctète tombe dans ses accès de souffrance ; un sang noir coule de sa plaie.
Là travaillaient des êtres humains, étendus sur le flanc, abattant le charbon, qui leur tombait sur la face, et le remplaçant au fur et à mesure par des rondins pour n’être pas écrasés par le plafond… Glissant je ne sais comment, j’arrivai à un carrefour où des masses noires, silencieuses, avec des gestes d’ombre, s’occupaient à couper menu quelque chose de tout point semblable au charbon sur lequel elles gisaient : « Les voilà qui dînent, les gaillards, nous dit l’ingénieur aimable qui nous guidait.
. — Les Scènes du désert ; Les Anecdotes sur Alger ; Les Consultations du docteur Noir ; Laurette ou le Cachet Rouge ; Quitte pour la peur.
., 1866, p. 43 : la phrase citée par Egger se situe dans l’étude de Taine sur Le Rouge et le Noir.