* * * — À voir ce qui commence, le régime de la liberté sera le plus effroyable despotisme qui ait jamais existé : le despotisme d’un gouvernement, un jour, maître et possesseur de tout.
Le mot Napoléon Ier fera surgir en son âme un fantôme de statue, le mot Révolution une lutte de titans, le mot Liberté des hommes déliés qui s’embrassent en pleurant.
Je dis au vieux jardinier de rappeler ma jument noire, qui paissait en liberté dans un verger voisin, et de la seller pour moi.
Les entités de la science, de quelque nom qu’on les appelle, — nature, matière, énergie, mouvement, attraction, affinité, principe vital — n’ont pas plus d’être eu soi, de réalité substantielle, de ressemblance ou d’analogie avec leur objet, que celles de la métaphysique : finalité, causalité, spontanéité, liberté, etc.
Dans l’état actuel de nos connaissances, nous ne savons pas avec certitude ce que c’est que l’État, la souveraineté, la liberté politique, la démocratie, le socialisme, le communisme, etc., la méthode voudrait donc que l’on s’interdît tout usage de ces concepts, tant qu’ils ne sont pas scientifiquement constitués.
notre liberté théâtrale. — Ces résultats déjà connus d’une méthode divergente et confuse, qui étourdit l’esprit au lieu de le former et le rend inappliqué sur plusieurs points au lieu de le fixer utilement sur un seul, nous est un garant d’un retour prochain à la vérité dans une question… » La phrase est si longue qu’on l’abrège.
Pour eux, aucune liberté, je veux dire aucune libre respiration, si rien d’allemand pèse sur le territoire et le génie de la France.
Ainsi durent être attribuées à Romulus toutes les lois relatives à la division des ordres ; à Numa tous les règlements qui concernaient les choses saintes et les cérémonies sacrées ; à Tullus Hostilius toutes les lois et ordonnances militaires ; à Servius-Tullius le cens, base de toute démocratie50, et beaucoup d’autres lois favorables à la liberté populaire ; à Tarquin l’Ancien, tous les signes et emblèmes, qui, aux temps les plus brillants de Rome, contribuèrent à la majesté de l’empire.
Et, enfin, il reste vrai, quoique beaucoup de sots l’aient dit, qu’il a été l’apôtre le plus persévérant de la tolérance et de la liberté de conscience, et que, tout compte fait, nous devons beaucoup au petit vieillard qui sourit si diaboliquement dans le foyer de la Comédie-Française. […] Elle demande à Humbert de faire mettre en liberté cet homme qui pour lui est un criminel et par surcroît un rival. […] Il est fier, il est brave, il a le culte de la patrie ; il chérit et vénère, dans le comte de Rysoor, un bienfaiteur, un ami, et l’espoir même de la liberté des Flandres. […] Car, si Pugnol a tué par jalousie, ce n’est donc plus un vulgaire assassin, c’est un meurtrier de roman : il n’est pas vraisemblable qu’il ait massacré trois malheureux pour s’évader ; et surtout il n’est pas possible que, aussitôt sa liberté reconquise, il ait formé le projet de tuer pour voler. […] Ils y sont passables à trop bon compte, et en même temps ils n’ont plus assez de liberté pour y être supérieurs, quand ils le pourraient.
La poësie, où les transpositions sont permises, & même où elles ont quelquefois des graces, a sur ce point plus de liberté que la prose. […] Il y a quelques adjectifs qu’il a plû aux Maîtres à écrire de terminer par un x au lieu de s, qui finissant en dedans ne donnent pas à la main la liberté de faire de ces figures inutiles qu’ils appellent traits ; il faut regarder cet x comme une véritable s ; ainsi on dit : il est jaloux, & ils sont jaloux ; il est doux, & ils sont doux ; l’époux, les époux, &c. […] Con, co, avec ; col tempo, avec le tems ; colla liberta, avec la liberté.
Retourne à tes vieilles idoles aux têtes d’éperviers ou de singes, tandis que les Dieux charmants et superbes qu’elles ont enfantés sans le savoir répandent sur le monde la vie, la liberté, la lumière ! […] Il se dépouille lui-même de sa toute-puissance pour la partager entre le Sénat et le peuple ; il essaye de faire revivre la liberté dans l’Empire. […] C’étaient des combats de taureaux presque aussi sanglants que les spectacles du Cirque antique, des auto-da-fé allumés aux grands jours comme des feux d’artifice humains, des processions moitié galantes et moitié mystiques où les sigisbés des filles du palais avaient la liberté de courtiser leurs maîtresses ; pendant la semaine sainte, des courses nocturnes de femmes parées cherchant leurs amants d’église en église. […] Après leur avoir donné sa liberté, son temps, son loisir, il est contraint de leur livrer sa personne. […] Ses caravanes promènent au milieu des civilisations laborieuses, je ne sais quel chimérique étendard de loisir et de liberté.
En dehors de leur anglophilie, il n’y a rien de commun entre Mme Daudet, Parisienne qui note avec précision ce qu’elle voit ou qui s’excuse de « quelque élévation courte et subite d’une pensée féminine vers ce qui n’est pas la tâche journalière ou l’obligation mondaine » ; — et Max Lyan, méridionale un peu farouche, indifférente à la vie si elle n’est illuminée et parfumée d’amour, amie des féeries et des chimères, esprit presque anglais mais imagination presque orientale, qui relit les Mille et une Nuits, quand elle ne lit pas Dickens ou Rhoda Broughton, amoureuse des Pyrénées, venue tardivement à Paris et, semble-t-il, pour y mieux cacher la liberté de ses longues rêveries. […] Elle est secrétaire de cette Ligue de l’Affranchissement des Femmes qui pétitionna pour la « liberté du costume ». […] La prose poétique, par sa grâce jeune et comme inachevée, par la liberté de son lyrisme équivoque, est un genre féminin, comme au théâtre les travestis sont des emplois féminins. […] Quand j’entends une conférence de Léopold Lacour, abstraite et doctorale, hérissée de citations, de discussions de textes, de subtilités et d’ergotages, une de ces conférences où il conquiert la liberté avec les mêmes armes et le même charme dont Brunetière protège l’autorité, je suis sûr que c’est lui qui vient de la rue d’Ulm.
Tous ceux dont abusent certaines philosophies politiques, justice, vérité, égalité, démocratie, liberté, et cent autres, n’ont de valeur que par la valeur sentimentale que leur attribue celui qui les profère. […] C’est cependant une grande satisfaction pour l’esprit que rétablissement des catégories : on est rassuré ; on inspecte la nature avec calme ; on garde l’intime conviction que les troupeaux, fatigués de leur liberté, regagneront un jour ou l’autre les délicieux bercails où le foin de la logique pend à toutes les crèches. […] Elle a gagné en liberté d’allures, en imprévu ; elle a perdu en pureté de forme, en clarté. […] L’art n’a pas encore perdu en France toutes ses vieilles libertés et il est encore permis, ce que les nations protestantes répriment sévèrement, comme un retour au paganisme, de mêler & l’ingénuité des fleurs et des feuillages la nudité idéale de l’homme et de la femme.
À quoi, monsieur, ne servirait pas peu encore quelque autre ouvrage latin ou français sur la nouvelle largesse du roi dans la liberté qu’il a procurée par la terreur de ses armes et par l’effusion de ses trésors aux chrétiens captifs en Barbarie, qu’on n’attend que l’heure de voir revenir délivrés… L’estimable Chapelain suggérait là à son jeune ami un nouveau sujet de poème officiel et ennuyeux, pour trouver occasion de le faire valoir en Cour et auprès de Colbert.
Il y avait là, dans le manuscrit, bien des noms contemporains traités avec plus ou moins de liberté et selon l’impression des lectures.
C’est dans un tel état de choses, anarchique tant qu’on le voudra, mais riche d’éléments, fécond de germes, et qui a peut-être encore son avenir, si, comme nous l’espérons, la France a le sien, — c’est dans un tel moment ou jamais que de telles œuvres peuvent avoir à la fois toute leur liberté d’exécution et leur part d’efficacité.
Il savoit l’état où j’étois à la cour ; je lui dis mes vues, mais que sa considération me retiendroit toujours, et que je n’essaierois point à prendre des liaisons avec Mme de Longueville, s’il ne m’en laissoit la liberté.
Les deux enfants revinrent bientôt, chargés de plus d’herbes et de feuilles qu’il n’en fallait pour les cinq brebis et les trois chèvres ; mais la liberté manquait aux pauvres bêtes : elles nous regardaient et semblaient nous demander de l’œil pourquoi nous ne les laissions plus brouter et bondir à leur fantaisie dans le ravin et sur le rocher.
Le retour au sentiment religieux par la liberté était moins populaire, mais plus réellement pieux.
— « … Nous sommes partis et revenus avec M. de Lamennais qui nous a ramenés jusqu’à la porte… Je te laisse à juger si l’on a parlé progrès, religion, liberté, avenir humanitaire !
Les peuples vont se redresser, puisque le roi tombe ; la liberté des langues entraînent la chute de Babel. — « Les nations de la terre d’Asie n’obéiront plus longtemps à la loi des Perses ; elles ne payeront plus longtemps les tributs de la servitude.
Là-dessus le vieil Houssaye parlait d’un homme de lettres, dont il taisait le nom, et qui lui disait, il y a quelques jours : « Moi, à midi, tous les jours, j’ai fait deux feuilletons… je ne cours pas après les gros prix… 25 francs, c’est le prix que me donne La Liberté ou L’Estafette.
Quand cette même Athènes voulait témoigner sa reconnaissance à l’orateur qui avait servi l’état et charmé ses concitoyens, elle décernait à Démosthène une couronne d’or ; et, si quelque rival ou quelque ennemi, usant du privilége de la liberté, réclamait contre cet honneur, les nations accouraient de toutes les contrées de la Grèce pour assister à ce combat des talens contre l’envie, et proclamer la victoire d’un grand homme.
En principe, il n’y a qu’à laisser les forces individuelles se développer en liberté pour qu’elles s’organisent socialement.
Les romantiques ont aussi épargné La Fontaine parce qu’ils ont senti que La Fontaine était tellement en dehors de toutes les querelles d’école, et même de toutes les classifications, qu’il ne pouvait point les gêner et que même, à certains égards (par la liberté qu’il a prise dans ses vers irréguliers), il était leur auxiliaire et qu’il pouvait leur servir d’argument, de raison ou d’exemple.
Liberté, égalité, droits de l’homme, avènement de la raison, toutes ces vagues et sublimes images flottent devant leurs yeux quand ils gravissent sous la mitraille l’escarpement de Jemmapes, ou quand ils hivernent, pieds nus, dans la neige des Vosges.
Nul plus que nous ne se préoccupe du raffermissement d’une autorité ébranlée ; nul ne prend plus en considération les grands motifs que nous avons fait valoir de voiler, pendant certaines phases, les côtés dangereux de l’histoire, comme Montesquieu veut qu’on voile la statue de la Liberté ; de contenir la vérité dans son intérêt même, car elle est une ; enfin, de mettre la main autour du flambeau pour sauver la lumière, parce que l’air est agité encore.
Et cela lui permet d’écrire avec une liberté tout olympienne : Et je les vis, | assises Dans leur gloire, sur leurs trônes d’or | ou debout, [ Reines de clarté \ dans la clarté. | Mais surtout, etc… ou bien : …….. […] L’Esprit du mal songe d’abord à faire un monde entièrement mauvais et souffrant ; mais un tel monde ne durerait pas : afin qu’il souffre et persiste à vivre, l’Esprit du mal lui donne l’amour, le désir, les trêves perfides, les illusions, les biens apparents pour voiler les maux réels, l’ignorance irrémédiable et jamais résignée, le mensonge atroce de la liberté : Oui, que l’homme choisisse et marche en proie au doute, Créateur de ses pas et non point de sa route, Artisan de son crime et non de son penchant ; Coupable, étant mauvais, d’avoir été méchant ; Cause inintelligible et vaine, condamnée A vouloir pour trahir sa propre destinée, Et pour qu’ayant créé son but et ses efforts, Ce dieu puisse être indigne et rongé de remords… L’Esprit du bien, de son côté, voulant créer un monde le plus heureux possible, songe d’abord à ne faire de tout le chaos que deux âmes en deux corps qui s’aimeront et s’embrasseront éternellement. […] Mais l’absolu savoir ne laisse rien à désirer ; la recherche vaut donc mieux ; et le mérite moral, le dévouement, le sacrifice, sont encore au-dessus… En fin de compte, il donne à l’homme, tout comme avait fait l’Esprit du mal, le désir, l’illusion, la douleur, la liberté. […] Elle croit qu’une nature bien douée, si on la laisse se développer en liberté, y va d’elle-même. […] Si c’est un dogme, on s’insurge et on réclame la liberté de l’art.
Ainsi la retraite qu’il s’est imposée, ne voulant plus solliciter le suffrage des électeurs, refusant d’entrer dans un Parlement dont les tendances lui répugnent, cette résolution, prise en toute liberté, trahit une réelle fermeté de caractère… … Donc M. […] Savez-vous quel est son plaisir, quand son rhumatisme lui laisse un moment de liberté ?
Il traduisit ses œuvres, non sans prendre de grandes libertés d’arrogance, et les fit jouer à Madrid, où elles obtinrent un grand succès. […] Dugazon et Dazincourt ont pris ces libertés avec la prose de Molière, car vous savez qu’on n’avait pas pour elle, à cette époque, le respect légèrement superstitieux que nous professons aujourd’hui. […] On trouve qu’une femme est laide et sotte, et on la flatte sur son esprit et sur sa beauté ; on reconnaît que la justice ne doit jamais être influencée, et l’on va trouver son juge ; on pense que des vers sont exécrables, et l’on en fait compliment à l’auteur ; et pour sortir des exemples qu’a choisis Molière, et transporter la discussion sur un terrain plus vaste, on proclame hautement que la liberté de penser et d’écrire est de droit naturel, et dans la pratique on traite par le mépris, ou par la prison, ceux qui en usent ; on déclare que l’adultère est le pire de tous les crimes, et l’on prend la femme de son voisin ; et l’on a pour soi l’assentiment tacite du monde, qui vous accablera d’ailleurs, si le voisin se met à sonner l’alarme. […] Veut-il se rappeler l’année où fut proclamée la liberté des théâtres ? […] Je n’ai pas peur de l’honnête liberté de ses discours.
Cette famille fut son milieu de liberté et de joie, plus précisément, et dans tout le sens religieux qu’il put donner au mot, de littérature. […] Mais il s’arrangeait pour mériter cette épitaphe, qui nous a été conservée : « Ci-gît un homme adonné à tous les vices. » Le Garçon flamboyait à l’horizon rouennais, comme une vive image d’affranchissement, de cynisme, de liberté de parole, de goinfrerie et de sexe débridés. […] L’autre ira à la synthèse, se créera par un mouvement de composition, s’épanouira en décors, en phrases, verra dans l’antiquité d’une époque une liberté et une occasion de la surestimer. C’est précisément cette liberté qui eût fait défaut à Flaubert dans un sujet égyptien, où il craignait d’être débordé par l’inépuisable documentation. […] Si, dans Salammbô, Flaubert avait trouvé d’abord une occasion de s’évader, si Carthage lui avait semblé posée comme une liberté et une joie par-delà l’horizon à la fin exaspérant d’Yonville, il ne tarda pas à s’apercevoir que cela non plus n’était pas un travail drôle.
Cher maître, On a tant réclamé d’égalités et de libertés pour les femmes, et tant de gens intelligents et éclairés s’en sont moqués, que ces seuls mots de droits des femmes nous remplissent d’une mauvaise honte, et pourtant le droit ou l’égalité que nous réclamons n’ont rien à faire avec la politique et ne touchent d’aucune part ni au nihilisme, ni au socialisme, ni au bonapartisme, ni au droit de voter, ni à l’éligibilité des femmes. […] Et pourquoi cette injustice envers la femme qui est prouvée mille fois plus courageuse, plus vaillante, ayant, outre la pauvreté malheureusement commune aux uns et aux autres, à lutter contre de terribles préjugés et des difficultés sans nombre, n’ayant même pas la liberté d’allures de l’homme ? C’est à l’homme qui, par sa nature même, a toutes les facilités d’étudier, que l’on donne tous les moyens, et c’est à la femme, qui est naturellement privée de la liberté d’allures et qui a à lutter contre tout et tous, c’est à la femme qu’on refuse cet enseignement.
Elle est la décente amie de M. de Nivernais ; car en ce pays aucune intimité n’est permise que sous le voile de l’amitié. » Le duc a son mérite ; comme écrivain, il est « au sommet du médiocre », et Horace Walpole cite à ce propos le mot de Mme Geoffrin, qu’il corrige légèrement, puis il ajoute : Il serait disposé à penser avec liberté, s’il n’avait l’ambition de devenir gouverneur du dauphin (Louis XVI), et de plus il craint sa femme et sa fille qui sont des fagots d’Église.
» Le voyageur lassé va même jusqu’à préférer Paris à toutes les villes, parce que le peuple y est bon et qu’on y vit en liberté.
Non-seulement les hommes, mais les animaux eux-mêmes me demandent compte de leur nourriture ; voilà la prairie où depuis quinze ans j’avais, comme à un brave et pauvre invalide, rendu la liberté sans service à mon cheval, pour qu’il pût, dans sa vieillesse, errer oisif parmi les herbes de la montagne, et hennir auprès de son compagnon frappé d’une balle aux barricades de Juin, sous Pierre Bonaparte, qui combattait ce jour-là à mes cotés !
Il fallut, sur ce point, modérer à plusieurs reprises, par des règlements, la liberté de la langue des Enfants sans souci.
Comment laisser de côté Lamennais, qui, vers la même époque, faisait entrer dans ses ardentes tirades : l’évangile, la liberté, la démocratie, la Pologne, éléments bien divers qu’unissait pourtant un grand souffle de fraternité, un amour sincère et violent des petits et des opprimés ?
Elle continue ses questions inquiètes. » Liberté !
Cette fusion intime entre le poème et la musique, ou pour mieux dire, cette simultanéité de conception impliquant une seule pensée créatrice et la double faculté musicale et poétique dans un même cerveau, est un des points auxquels Wagner s’attache le plus, avec raison. « L’exécution musicale de Tristan dit-il, n’offre plus une seule répétition de mots, la mélodie est déjà construite poétiquement. » La forme musicale se trouvant ainsi figurée d’avance dans le poème et lui donnant une valeur particulière qui répond exactement au but poétique, il reste à savoir si l’invention mélodique n’y perd rien de la liberté d’allures nécessaire à son développement.
Au troisième acte, l’action s’embrouille et se brusque : Olympe a pris son parti, elle veut de l’argent et sa liberté.
Ce mot de spontanéité n’a aucun sens intelligible : Kant ne peut prétendre que l’entendement crée en toute liberté les formes qu’il applique aux choses et les rapports qu’il établit entre elles ; d’autre part, il n’admet pas que l’application de l’esprit dans l’attention soit libre ; que signifie alors la spontanéité ?
L’art n’est autre chose que l’économie, et dans chaque tableau se trouve contenue l’idée du cadre ; qui veut dessiner une girafe, doit la dessiner avec un cou long ; s’il se croit assez libre pour dessiner une girafe avec un cou court il se prive par cela même de la liberté de dessiner la girafe.
Ce père, homme hautain, vivait, depuis l’avènement de Louis XIV, retiré dans son gouvernement de Blaye, à la façon des anciens barons, si absolu dans son petit État que le roi lui envoyait la liste des demandeurs de places avec liberté entière d’y choisir ou de prendre en dehors, et de renvoyer ou d’avancer qui bon lui semblait.
En un mot, ou plutôt en dix, car il en faudra bien une dizaine, l’humour est détachement, liberté souveraine d’esprit, demi-optimisme, demi-pessimisme, plutôt « par-delà le pessimisme et l’optimisme », sourire, gaîté douce et par-dessus tout « bienveillance ». […] Il insiste sur ceci que Shakespeare n’a pas été démocrate, qu’il a parlé du peuple comme M. de Voltaire parlait de la canaille, qu’il l’a personnifié dans Caliban, qu’il l’a peint toutes les fois qu’il en a eu l’occasion — et l’on voit qu’il recherche cette occasion et qu’il la fait naître — sous les couleurs les moins flatteuses et à peu près comme la bête de l’Apocalypse ; qu’à peine il fait dire à Brutus et Cassius quelques paroles assez fortes « dans le sens de la liberté », et qu’encore il n’a pas songé à montrer en César une force démocratique qui se déclarait et s’affirmait… J’accorderai tout, sur ce point, à M. […] Je veux l’extinction des cohortes guerrières Et je veux, d’un désir ardent, passionné, La grande liberté de toutes les lumières Au vieux monde enchaîné. […] Sans citer aucun de ses détracteurs (pas une ligne ; c’est très distingué), George Sand répond par une simple analyse de Lélia, analyse qui, contre l’habitude de George Sand, est d’une précision, d’une netteté, d’une littéralité à servir de modèle : « On m’accuse, dit-elle, d’avoir écrit contre les lois sociales et en faveur de je ne sais quelle liberté de la passion déchaînée.
La liberté des théâtres existe depuis tout près d’un demi-siècle. […] La liberté des théâtres établie, vers 1860, on a essayé ici et là. […] Elle y avait jeté les libertés du mélodrame. […] Longtemps il fut compté parmi ceux qui profitaient de la liberté de faire ce qu’on voulait pour ne rien faire du tout. […] Est commerçant qui veut : la loi laisse tout faire ; Sous ce rapport au moins entière liberté.
» je vais vous citer la plainte exquise que dit l’homme au masque de fer dans sa prison, la gracieuse élégie, un peu molle de ton, mais charmante, par où s’ouvre l’acte II : Le sommeil ne met pas mon âme en liberté ; Dans mes songes jamais un ami ne me nomme : Le matin, quand j’en sors, je ne suis pas un homme Allant, venant, parlant, plein de joie et d’orgueil, Je suis un mort pensif qui vit dans son cercueil. […] Quand l’article revient, ayant paru tout cru en tête de la Liberté, stupeur et éclat de rire de tout Paris : il est en vers ! […] Ils conversent avec la liberté de bons camarades qui est d’usage dans le monde artiste. […] Il se croit vaincu, peut-être avec un vague espoir que d’ici à ce soir… car il se passe tant de choses en trois heures… Enfin il rend au prince Jean sa liberté.
Marlowe, comme Greene, comme Kett35, est un incrédule, nie Dieu et le Christ, blasphème la Trinité36, prétend que Moïse était un imposteur, que le Christ était plus digne de mort que Barrabas, que « si lui, Marlowe, entreprenait d’écrire une nouvelle religion, il la ferait meilleure », et « dans chaque compagnie où il va, prêche son athéisme. » Voilà les colères, les témérités et les excès que la liberté de penser met dans ces esprits neufs, qui, pour la première fois après tant de siècles, osent marcher sans entraves. […] Avec quelle énergie, avec quel dédain des ménagements, avec quelle violence de vérité elle ose frapper et marteler la médaille humaine, avec quelle liberté elle peut reproduire l’âpreté entière des caractères frustes et les extrêmes saillies de la nature vierge, c’est ce que ses œuvres vont montrer.
Les grands intérêts se réduisent à être en péril de perdre la vie, ou l’honneur, ou la liberté, ou un trône, ou son ami, ou sa maîtresse. […] On n’entend pas ici ces délibérations tranquilles où se balancent de grands intérêts, de sang-froid, et avec toute la liberté de l’esprit et de la raison : mais on entend plus particulièrement ces chocs violents de passions qui se combattent réciproquement, ces cruelles irrésolutions du cœur placées entre deux partis également douloureux pour lui.
C’est dans ce genre surtout qu’il faut choisir avec sévérité ; car la fantaisie est d’autant plus dangereuse qu’elle est plus facile et plus ouverte ; dangereuse comme la poésie en prose, comme le roman, elle ressemble à l’amour qu’inspire une prostituée et qui tombe bien vite dans la puérilité ou dans la bassesse ; dangereuse comme toute liberté absolue. […] D’ailleurs, ceux qui peuvent avoir quelque raison de se plaindre trouveront des vengeurs ou des consolateurs bien nombreux, sans compter celui de nos amis que vous chargerez de l’analyse de la prochaine exposition, et à qui vous donnerez les mêmes libertés que vous avez bien voulu m’accorder.
Si le crime de Thalès demeure impuni, « c’en est fait de la sécurité de la ville, citoyens ; et cette liberté dont vous êtes si fiers, Thalès va l’anéantir. » Voilà qui s’appelle « élargir une cause. » Il invoque la loi de Chairondas sur les sévices ; il admire les beautés de ce texte, puis, avec un dédain d’homme supérieur : « C’est que Chairondas habitait une cité, Thalès ; mais toi, tu ignores ce que c’est qu’une cité et comment une cité s’administre. » Ce Thalès est, en effet, un homme sans domicile, — et sans lettres ni politesse : au lieu que lui, Battaros, est un homme bien posé, bien élevé, et qui a des lumières… « Bref, citoyens, reprend-il, j’ai été roué de coups ; la porte de ma maison a été défoncée (et je paye le tiers du loyer), le linteau a été roussi… » Mais, segnius irritant animos, etc… Battaros se souvient tout à coup du procédé pathétique recommandé par les rhéteurs anciens et dont Racine se servira dans les Plaideurs. […] Seule, peut-être, l’anarchie littéraire de notre temps rendra possible, deux siècles après, des libertés et des « bonheurs » analogues, quoique, à vrai dire, la littérature d’aujourd’hui demeure peut-être moins folle, moins trouble, moins aventureuse, moins indisciplinée que celle de cette benoîte époque de Louis XIII. […] , où les auteurs qui suivront mon exemple pourront désormais marcher avec plus de hardiesse et de liberté… Deux systèmes partagent la littérature.
À cette liberté dont il a joui de très bonne heure, à cette éducation faite par le monde et par un certain monde, il a gagné sans doute d’acquérir une expérience rapide et solide. […] Dans le mariage, tel qu’il était constitué avant l’adoption du divorce, l’épouse sans reproche restait éternellement rivée à un compagnon indigne, sans pouvoir reprendre ni sa liberté ni son nom. — C’est contre ces injustices que s’élève M. […] Ils ont voulu que rien ne fût perdu des idées remuées dans « l’un des derniers cénacles de la vraie liberté de penser et de parler ». […] Mais, d’autre part, on a remarqué que, si l’on s’en rapporte à la relation des Goncourt, tous les propos tenus dans ce « dernier cénacle de la liberté de penser » étaient marqués à un même coin, qui est celui de la niaiserie. […] Il aime cette époque privilégiée, pour ses mœurs d’abord qui étaient si probes, honnêtes sans sévérité, aisées et enjouées sans licence, pour le ton de délicatesse et d’élévation qui régnait dans la société, pour la sagesse d’un gouvernement qui a donné à la France la plus grande somme connue de liberté et de bonheur. 1840 est à ses yeux la date lumineuse, l’année qui représente dans la période contemporaine le point de perfection, une sorte d’année décrétoire qui marque un sommet dans le développement moral, intellectuel et politique de la nation française.
Une certaine légèreté d’agrément qui est, à proprement parler, l’honneur poétique et littéraire, manqua donc à la culture genevoise ; Senebier le reconnaît lui-même et en recherche les raisons : « La plupart des écrivains genevois, profonds dans l’invention et la déduction de leurs idées, sont faibles pour le coloris et pesants dans le style ; ces défauts ne naîtraient-ils pas de la gravité et de la réflexion que le sentiment de la liberté inspire, que le goût de prononcer sur les objets importants du gouvernement nourrit109… » Cela me paraît venir surtout de ce qu’en écrivant, les auteurs genevois, même ceux qui ont le sentiment du style, ne se sentent pas complétement chez eux dans leur langue ; la vraie mesure, le vrai niveau si mobile de cette langue, n’est pas au bord du Léman, mais au bord de la Seine ; ils le savent bien, ils s’efforcent, ils se contraignent de loin pour y atteindre, et l’on s’en aperçoit.
Le début du Consulat s’ouvre dans une assez belle proportion encore d’ordre et de liberté, et on sait quelles œuvres brillantes ont honoré cette date glorieuse.
Si vous voulez, nous la lirons ensemble le premier jour de promenade au mont Colombier ; on nous y porte à dîner à cause de la distance, et nous aurons le temps de la lire en liberté et en solitude, entre le dîner et le retour. » Nous acceptâmes le rendez-vous avec joie, et nous attendions avec impatience que le jour de la longue promenade au mont Colombier fût ramené par la saison.
Que dire de cette liberté indéfinie de créer, de ce caprice sans limite, de cette richesse, de cette exubérance, de cette complication qui nous dépasse ?
Le sage rachète la liberté du bien et du beau en abandonnant sa chair aux avides qui, tandis qu’ils mangent ces dépouilles matérielles, le laissent en repos, ainsi que ce qu’il aime.
Mais il les traite avec beaucoup de liberté ; tantôt il fond ensemble deux anecdotes ou deux paraboles pour en faire une 70 ; tantôt il en décompose une pour en faire deux 71.
Pourquoi crée-t-elle un certain nombre d’individus humains, doués de conscience et de liberté ?
La Liberté du 18 ; chronique (anonyme) : questions du patriotisme et de l’art, leur indépendance, mais la situation est telle aujourd’hui qu’il faut sacrifier les principes à ces considérations d’ordre public … La sagesse veut qu’on s’abstienne … La Justice du 18 ; feuilleton de M.
En un mot, l’expression de la joie est une expression générale de liberté et, par cela même, de libéralité.
Ils étaient tous les trois, dans des mesures diverses et pour des causes différentes, ennemis du despotisme militaire qui avait succédé à l’anarchie de la Révolution, et qui pesait alors sur les esprits plus encore que sur les institutions : mon père, par attachement chevaleresque aux rois de sa jeunesse, pour lesquels il avait versé son sang et joué sa tête ; M. de Vaudran, par amertume d’une situation élevée conquise par ses talents, perdue dans l’écroulement général des choses ; l’abbé Dumont, par ardeur pour la liberté dont il avait déploré les excès dans sa première jeunesse, mais dont il s’indignait maintenant de voir la respiration même étouffée en lui et autour de lui.
« Je vais », dit-il, « faire camper ma suite à quelque distance dans la forêt, afin d’avoir la liberté de la revoir ainsi encore, car seule elle occupe mon âme tout entière ; en vain je voudrais m’éloigner, mon corps peut bien tenter de le faire, mais mon âme toute troublée rétrograde vers elle : telle la flamme de l’étendard que l’on porte contre le vent !