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796. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Pour tranquilliser donc, ceux des lecteurs qui aiment, à savoir d’avance de qui on leur parle, je dirai que M.  […] Le lecteur lui-même, M. 

797. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Au lieu d’attacher le lecteur par la nouveauté des événements, par l’arrangement et la variété des matières et par une narration nette et pressée…, il essaie, comme la plupart des autres sophistes, de le retenir par des descriptions hors d’œuvre ; il l’écarte hors du grand chemin, et pendant qu’il lui fait voir tant de pays…, il consume et use son attention… J’ai traduit avec plaisir ce roman dans mon enfance : aussi est-ce le seul âge où il doit plaire… » J’en supprime encore. […] « On ferait bien, concluait-il, de relire le livre une fois tous les ans, pour s’en renouveler l’impression dans toute sa fraîcheur. » Qu’il y ait eu un peu d’excès dans cette admiration pour une œuvre composée de tant de parties et d’éléments dès longtemps trouvés, que le puissant lecteur, tout plein d’harmonieux souvenirs, ait prêté un peu à cette production du déclin comme à un dernier né qu’on gâte et qu’on favorise, je l’accorderai aisément ; Goethe abondait dans son sens en exaltant si fort le perpétuel âge d’or de la Grèce : mais ce qui ne le trompait pas, c’était le sentiment régnant, respirant dans ce dernier ; tableau, et par lui reconnu et salué, de tout un monde idéal, serein, fortuné, à ciel fixe, à horizon bleu, — l’horizon de la mer de Sicile ou des mers de l’Archipel12.

798. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Je tâcherai de le suivre, à ma manière, dans cette agréable promenade, et d’en faire profiter nos lecteurs. […] Les tourments qu’il fait endurer au lecteur et au spectateur, il les a endurés le premier comme auteur. » Ce gentilhomme piémontais qui s’adonna à la pure langue toscane n’en eut jamais la douceur.

799. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Le plus grand poëte pour nous est celui qui, dans ses œuvres, a donné le plus à imaginer et à rêver à son lecteur, qui l’a le plus excité à poétiser lui-même. […] Il n’est rien de tel, pour exalter et nourrir l’admiration, que ces poëtes inachevés et inépuisables ; car on veut dorénavant que la poésie soit dans le lecteur presque autant que dans l’auteur.

800. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Au xviie  siècle, il s’est fait un grand progrès chez nos historiens militaires, un progrès sensible même pour le simple lecteur instruit. […] Les divers Mémoires de Monglat, de Saint-Hilaire, l’Histoire militaire du règne de Louis le Grand, par Quincy, donnent assez couramment au lecteur l’intelligence des mouvements qu’ils racontent et qu’ils exposent ; mais c’est surtout Feuquières qui est le grand critique de cette époque, et qui passe au crible les opérations de tous les généraux de son temps, sans faire grâce à aucun.

801. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Ici, la critique de détail est indispensable, et j’en demande pardon au lecteur. […] Dès le début, il voudrait nous faire croire qu’il est en lutte avec le génie comme avec Protée ; mais tout cet attirail convenu de regard furieux, de ministre terrible, de souffle invincible, de tête échevelée, de sainte manie, d’assaut victorieux, de joug impérieux, ne trompe pas le lecteur, et le soi-disant inspiré ressemble trop à ces faux braves qui, après s’être frotté le visage et ébouriffé la perruque, se prétendent échappés avec honneur d’une rencontre périlleuse.

802. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Tout sera régulier, uniforme, sentencieux, sévère ; et notre recueil de préceptes, démontré par un recueil d’exemples, laissera le lecteur sans émotion, mais convaincu. […] Que le lecteur tire du récit ce précepte ou cet autre, s’il est intéressé ou ému, nous sommes contents ; notre démonstration est assez solide, si est belle, et la fable est utile dès qu’elle a plu.

803. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Ronsard, subjectif et lyrique, point moraliste, ni psychologue, n’a rien qui engage les lecteurs du xviie  siècle à vaincre l’obstacle et le dégoût de sa forme surannée. […] Philippe Desportes, né en 1546, fut en grande faveur auprès de Henri III, qui le fit son lecteur, et abbé de nombreuses abbayes, notamment celle de Tiron.

804. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Je crois, et tout lecteur réfléchi croira de même, que ceux qui se seraient attendus à trouver exactement en lui l’homme de son livre, une espèce de curé-médecin, jovial, bouffon, toujours en ripaille et à moitié ivre, auraient été fort désappointés. […] Les lecteurs qui sont de bonne foi avoueront qu’ils ont peine à mordre à ces endroits-là, et même à les entendre.

805. (1887) La banqueroute du naturalisme

On ne se serait pas indigné de la sorte, si l’on ne s’était flatté, avec les affaires de son indignation, de faire aussi celles de son esprit, et par surcroît la joie de ses lecteurs. […] Zola, qui comptera toujours sur les mêmes lecteurs, pour se les attacher encore davantage, ne se souciera dans un prochain roman que de faire plus fort que lui-même ?

806. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Le lecteur voit que cette théorie se réduit à des fautes de langue. […] Formons un de ces jugements et une de ces idées sous les yeux du lecteur ; il saura comment les uns et les autres se forment en les voyant se former.

807. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

Les lecteurs vont se dédommager à présent, et ils goûteront ce discours net, ingénieux et sensé, nourri de conseils, aiguisé d’une douce malice, et qui, vers la fin, présente un portrait si noble et si élevé du savant pur.

808. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Espérons qu’il sera bientôt en état de le poursuivre, et qu’échappé à une maladie qui menaçait de le ravir aux lettres et aux libertés publiques, il trouvera encore de longs jours pour se souvenir et pour raconter, Il est du petit nombre de ces hommes qu’on aime toujours à entendre sur les personnages et sur les choses d’autrefois ; et, pour lui appliquer à lui-même ce qu’il a dit de M. de Malesherbes, quand il cause avec son lecteur, personne n’est tenté de mettre le signet.

809. (1874) Premiers lundis. Tome II « Li Romans de Berte aus Grans piés »

Tel est le sec canevas de ce poème, dont la parfaite naïveté éveille involontairement dans l’esprit du lecteur l’essaim des moqueries familières à l’Arioste.

810. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Celle qu’on appelle ainsi, au lieu de classer les ouvrages, classe les lecteurs (ou les auditeurs).

811. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

C’est le but que nous nous proposons dans cette étude ; mais, pour l’atteindre, nous serons obligé de faire un assez long circuit ; comme nous passerons par des sentiers peu connus au moins du grand nombre des lecteurs, nous espérons qu’ils ne feront pas de difficulté de nous suivre.

812. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 196-203

Soit qu’il peigne les Hommes, soit qu’il parle de Littérature, de Morale ou de Politique, il fait briller par-tout une finesse de raison, qui ne laisse rien à désirer au Lecteur.

813. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

Un trait que La Fontaine raconte en quatre vers, lui donne lieu de causer avec son lecteur, mais pour le jeter dans des questions métaphysiques auxquelles il n’entendait pas grand’chose.

814. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 5, que Platon ne bannit les poëtes de sa republique, qu’à cause de l’impression trop grande que leurs imitations peuvent faire » pp. 43-50

Enfin un bon poëte sçait disposer de maniere les peintures qu’il fait des vices et des passions, que ses lecteurs en aiment davantage la sagesse et la vertu.

815. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 25, des personnages et des actions allegoriques, par rapport à la poësie » pp. 213-220

Le lecteur fera de lui-même la reflexion que Venus, l’amour, Mars et les autres divinitez du paganisme, sont des personnages historiques dans l’éneïde.

816. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Gabriel Ferry »

Ses personnages, à lui, ne sont que les ciceroni de l’odyssée qu’il fait faire à son lecteur à travers les plaines et les beautés grandioses du continent américain.

817. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

Trois principes fondamentaux Maintenant, afin d’éprouver si les propositions que nous avons présentées comme les éléments de la Science nouvelle, peuvent donner forme aux matériaux préparés dans la table chronologique, nous prions le lecteur de réfléchir à tout ce qu’on a jamais écrit sur les principes du savoir divin et humain des Gentils, et d’examiner s’il y trouvera rien qui contredise toutes ces propositions, ou plusieurs d’entre elles, ou même une seule ; chacune étant étroitement liée avec toutes les autres, en ébranler une, c’est les ébranler toutes.

818. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

À ce compte, les lecteurs égoïstes vont désirer, je le crains, que M.  […] Charles Reynaud et l’esprit de son lecteur, pourvu que ce lecteur ne soit pas tout à fait momifié par le positif de la vie ? […] Cette doctrine si haute, cette prose si limpide et si belle, se levant brusquement au milieu des lecteurs de M.  […] Mais, grâce à l’élévation de leurs aperçus et à la bonne foi de leurs jugements, un lecteur catholique peut en rapporter cette impression, et ne se croire, en la constatant, ni leur contradicteur, ni leur adversaire. […] Janin s’est fait le commentateur de son commentaire, guindant lui-même le lecteur à travers ces capricieux méandres, le replaçant au vrai point de vue, ravivant d’un trait les linéaments effacés, et recomposant un livre nouveau avec les débris d’un vieux livre.

819. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

De là l’emploi obligatoire du symbole, des images accumulées, pour acheminer peu à peu le lecteur au point où son esprit coïncidera avec le nôtre. […] Faute de mots qui la moulent, on s’ingéniera donc à la susciter, cette émotion, à l’évoquer chez le lecteur, jusqu’à ce que, subjugué, il la vive entièrement, jusqu’à ce qu’il en éprouve toutes les fines résonances en son cœur, jusqu’à ce que son âme en réfracte les plus ténues colorations. […] Et maintenant, avec mes Paysages introspectifs, je remets mon âme aux mains du lecteur. […] Alors les mots choisis seraient tellement impermutables qu’ils suppléeraient à tous les autres ; l’adjectif posé d’une si ingénieuse et d’une si définitive façon qu’il ne pourrait être légalement dépossédé de sa place, ouvrirait de telles perspectives que le lecteur pourrait rêver, pendant des semaines entières, sur son sens, tout à la fois précis et multiplet constaterait le présent, reconstruirait le passé, devinerait l’avenir d’âmes des personnages, révélés par les lueurs de cette épithète unique. […] La plupart des lecteurs et même des écrivains ne leur demandent qu’un sens.

820. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Cependant comme ce qu’on méprise le plus, n’est pas toûjours ce qu’on aime le moins, on a vû le tems où ils ne manquoient ni de lecteurs ni de Mecenes. […] & qu’il ne doit y entrer qu’indirectement & en passant, de peur d’affadir le lecteur ». […] Tout ce qui est bas, commun, incapable d’exciter la surprise, l’admiration, ou la curiosité d’un lecteur judicieux, est déplacé dans l’épopée. […] Nous avons profité de quelques-unes de ses réflexions sur la fable, & nous renvoyons encore le lecteur à son discours, comme à un morceau de poétique excellent à beaucoup d’égards. Mais avec la même sincérité nous avons crû devoir observer ses erreurs dans la théorie, & ses fautes dans la pratique, ou du moins ce qui nous a paru tel ; c’est au lecteur à nous juger.

821. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Le lecteur sera pourtant bien aise de trouver ici ce qui arriva la premiere fois que M.  […] Habile  ; le lecteur sent combien il seroit aisé & ennuyeux de déclamer sur ces matieres. […] Il y a des hauteurs généreuses ; & le lecteur dira que ce sont les plus estimables. […] Le tems est si cher, & l’histoire si immense, qu’il faut épargner aux lecteurs de telles fables & de telles moralités. […] Mais si les malheureux auteurs de ces inepties ont eu la liberté de tromper les lecteurs, il faut user ici de la liberté de les détromper.

822. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

On se rappelle l’éblouissement des lecteurs de ces articles.

823. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Pourtant, par un instinct analogue à celui de quiconque, ayant connu la nouvelle ce matin par les journaux, en cause volontiers cet après-midi avec les amis rencontrés, ne puis-je m’empêcher de dire mon sentiment à des lecteurs familiers.

824. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Aux spectateurs et aux lecteurs, il donne des avis qui peuvent se résumer ainsi : — Lisez tel livre et vous y aurez profit.

825. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » pp. 238-247

L’Auteur pense & fait penser son Lecteur ; les détails les plus arides, les matieres les plus abstraites deviennent intéressantes sous sa plume, par la maniere agréable dont il les présente, & par l’air d’originalité qu’il leur donne.

826. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Mais il est peut-être d’autres lecteurs qui n’ont pas trouvé inutile d’étudier la pensée d’esthétique et de philosophie cachée dans ce livre, qui ont bien voulu, en lisant Notre-Dame de Paris, se plaire à démêler sous le roman autre chose que le roman, et à suivre, qu’on nous passe ces expressions un peu ambitieuses, le système de l’historien et le but de l’artiste à travers la création telle quelle du poëte.

827. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

Girac prit vîte la plume ; &, pour avoir plus de lecteurs, il abandonna la langue.

828. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 11, les romains partageoient souvent la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont l’un prononçoit tandis que l’autre faisoit des gestes » pp. 174-184

Il est à propos de faire penser ici le lecteur à trois choses.

829. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Aucun auteur n’a plus souvent traité ses lecteurs d’imbéciles. […] Qu’il est à la fois horriblement vaniteux et horriblement timide, comme il arrive toujours, et qu’en écrivant il songe à son lecteur. […] L’impression d’un lecteur français de 1900, ou même de 1860, est qu’à la fin de Rouge et Noir tous les personnages perdent la tête. […] Le malheur encore, quoique moindre pour la plupart des lecteurs, c’est que la signification morale du rôle de la duchesse est de faible importance. […] Elles délassaient le lecteur, comme Proudhon peut délasser, par un changement d’exercice violent, mais enfin elles délassaient et amusaient l’esprit.

830. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Mais il faut y prendre garde cependant : quand cette confidence mérite d’être divulguée par les lecteurs d’élite, étonnés et charmés de ce qu’ils découvrent d’inattendu dans ces pages, la confidence ne reste pas longtemps un secret entre l’auteur et ses amis ; le public écoute aux portes, l’admiration passe du dedans au dehors par les trous de la serrure, et la France se dit avant qu’on y ait pensé : « J’ai un vrai poète de plus. » IV J’ai subi moi-même cet inconvénient de publicité éclose en une nuit, dans ma jeunesse : complétement inconnu la veille, j’étais célèbre le lendemain. […] Je demande pardon au lecteur de ces vers de les insérer pour son plaisir dans ces pages. […] J’analyserai avant peu de mois sous les yeux du lecteur ces poèmes maritimes, ruraux et guerriers, où l’on retrouve tant d’échos d’Homère, de Théocrite ou de Tyrtée.

831. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Aujourd’hui des légions et des flottes, et, ce qu’on avait vu plus rarement encore, les prétoriens et les soldats, gardiens de la ville, marchaient au combat. » II Selon l’admirable économie de ses récits, ordonnés comme des poèmes, Tacite profite de la lenteur d’Othon dans sa marche vers les Gaules pour reporter les regards de son lecteur vers une autre région de l’empire où se noue un autre drame militaire pour un troisième dénouement déjà prévu. […] Voyez le délire de l’amour de Néron pour Poppée, et ces soupçons d’inceste jetés dans l’ombre pour préparer l’esprit du lecteur à tous les genres de forfaits. […] On verra que je n’apostasie rien que l’erreur dans laquelle je suis une ou deux fois tombé, et quelques expressions mal sonnantes ou mal interprétées par mes nombreux lecteurs ; que j’ai mûri mes idées sur les conditions naturelles du pouvoir ; que j’ai profité de l’expérience et des temps, mais que je suis après ce que j’étais avant, l’homme qui se corrige des moyens sans se détourner du but : la liberté par l’honnêteté, le gouvernement spiritualiste.

832. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

La prétention n’en est que le masque : ce masque, au lieu de montrer un homme racontant simplement les pensées et les événements de sa vie, montre sans cesse un personnage en attitude de pose devant le lecteur, pour se faire admirer ; voilà pour la naïveté, il n’y en avait point, il ne pouvait y en avoir, l’attitude est l’inverse de la nature, la volonté tue le génie : c’est de la naïveté de commande, c’est-à-dire de la naïveté voulue. […] Quant à l’intérêt que l’auteur prétend emprunter au récit des choses de son temps, les Mémoires sont un cadre trop étroit pour un siècle ; ils ne peuvent donner que les généralités et les aperçus dont l’effet est trop fugitif et trop rapide pour le lecteur. […] C’est ce que les lecteurs du Génie du Christianisme eurent le droit de conclure, surtout en ne voyant pas éclater, dans la vie de ce Tertullien, les vertus chrétiennes dont il faisait profession dans son livre.

833. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Lectrice des philosophes du xviiie  siècle, amie de Barbès, de Michel (de Bourges), de Pierre Leroux, de Jean Raynaud819, et surtout bonne, d’une bonté immense et profonde, elle adopte la religion de l’humanité. […] Beaucoup de lecteurs s’en plaignent : toutes ces aventures et toutes ces analyses les surprennent, les laissent incrédules et étourdis. […] La même coquetterie se fait paraître par d’autres procédés ; ainsi quand dans la Chronique de Charles IX il laisse au lecteur le soin de choisir le dénouement qui lui plaira : grossier défaut, mais défaut voulu.

834. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Valéry Larbaud, les réclamer avec insistance et que, d’autre part, ils ne procurent à ceux qui les obtiennent ni des lecteurs, ni même des éditeurs. […] Je crois que d’ici peu, les prix ne serviront de rien auprès des lecteurs, et qu’on y renoncera. […] Je ne connais qu’à peine Alain-Fournier et j’avais, plus proche de moi, des amis, des enfants de la maison que j’habite, où je ne suis rien qu’un lecteur qui demande à ne pas s’embêter en lisant un livre, mais qui se laisserait volontiers aller à préférer celui-ci ou celui-là parce qu’on le connaît mieux 1.

835. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Sous quelque point de vue qu’on l’ait regardé, soit qu’on y ait cherché l’instruction ou la distraction, peu d’écrivains, depuis trois siècles, ont eu plus de lecteurs dans notre pays, et des lecteurs plus amis de leur auteur. […] Méthode attrayante, mêlée de tous les genres et de tous les tons ; le dogmatique arrêté à temps, coupé par des récits et de piquantes confidences sur lui-même, jamais pédantesque, même aux endroits où Montaigne paraît être le plus sérieusement de l’opinion qu’il professe la causerie jamais vaine ; l’auteur remplaçant à propos par un discours serré le laisser-aller du causeur ; tous les genres de style agréablement mêlés, depuis le plus relevé jusqu’au plus familier, sans attendre que le relevé ait trop tendu l’esprit du lecteur, ni que le familier l’ait relâché, toutes les formes du discours appelant toutes les ressources de la langue.

836. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Et je m’étonne que si peu de lecteurs y puisent cette paix de l’esprit et de l’âme. […] Leurs lecteurs sont une clientèle, et ils ont des partisans plutôt que des admirateurs, ce que, du reste, ils ont dû souhaiter. […] Quelques lecteurs remarqueront et blâmeront l’absence, au commencement du volume, d’un état général de l’esprit public et de l’opinion en France en 1815. […] Stapfer représente encore le gros de l’armée des lecteurs français. […] Ne sera pas un art vraiment littéraire l’art qui laissera l’esprit du lecteur sans une pensée générale sur l’ensemble des choses humaines, pensée qui pourra peu à peu, élaborée et reprise en différents sens par l’esprit du lecteur, aboutir à une règle de vie, c’est-à-dire à une morale.

837. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Le roman de Flaubert a blessé un grand nombre de ses lecteurs. […] Les annales de l’humanité en témoignent, pour l’effroi du lecteur. […] » Le lecteur s’ennuie également. […] Le lecteur est difficile, exigeant, capricieux. […] L’auteur l’a-t-il simplifiée, à l’usage de son lecteur ?

838. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Ce lecteur tombe sur un roman qui date de 1837. […] Notre lecteur continue à feuilleter le roman où il a rencontré cette prédiction, puis ceux de la série où ce livre rentre. […] Continuons de suivre l’impression produite sur le lecteur de tout à l’heure, et supposons qu’il raisonne par analogie. […] Le lecteur de 1902, lui, aperçoit distinctement l’accord entre les deux Balzac. […] Mais quel est le lecteur qui veut admettre que des causeurs de ce brillant, de ce scintillant, aient aussi dans l’esprit la profondeur sincère ?

839. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

S’il m’en coûte de livrer ainsi, toutes vivantes, au jugement sévère du lecteur, des pages d’un si consciencieux travail, je me serais reproché bien davantage, à l’égard d’un écrivain de si grand renom, une censure dépourvue de preuves. […] Ce fut dans le voyage de Jacquemont une mémorable circonstance dont nous voulons donner le récit complet à nos lecteurs ; aussi les renvoyons-nous à un prochain article. […] Il nous faut ici prévenir ceux de nos lecteurs qui trouvent que Jacquemont a payé un peu cher le plaisir de mystifier un misérable, que ces roupies données si libéralement ne lui coûtent absolument rien, que la peine de les recevoir ; encore est-ce l’office de son trésorier. […] Ce nouveau voyage dans un pays à peine exploré, cette pointe hardie vers les tropiques, toute cette vie encore une fois jetée dans les aventures, quel vaste champ pour la curiosité du lecteur ! […] Trompé de plus en plus par les apparences qu’une fatalité singulière semble accumuler contre la princesse, et perdu dans une série d’aventures dont nous voulons laisser la surprise à ceux de nos lecteurs qui aiment le romanesque, tout le reste de son histoire est le récit d’une mystification complète.

840. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

J’ai fort peu profité de cette permission je suppose que les lecteurs ne s’en plaindront pas. […] Bien que Stendhal ait déclaré qu’il n’écrivait que pour cent lecteurs, on ne s’étonnera pas trop qu’il ait fini par en trouver quinze cents. […] Je crois bien qu’on a parlé de chef-d’œuvre… La plupart des lecteurs tireront de cet ouvrage, à divers points de vue, de vives satisfactions. […] Il faudrait, pour contenter tout le monde, autant d’anthologies que de lecteurs, et chacun serait peut-être sage de se confectionner la sienne. […] Et le lecteur n’y songe qu’à la réflexion, étant d’abord empoigné par l’intérêt des événements.

841. (1929) Dialogues critiques

Paul Vautel est un excellent journaliste, qui tous les jours trouve une idée d’article et amuse un million de lecteurs. […] Ses lectrices n’en reviendront pas, qui, souvent, perdent pied dans les subtils enchaînements que lui fournit sans relâche sa faculté d’invention dialectique. […] Sans même parler de conscience, de justice, de respect des bonnes lettres, du lecteur, et des talents, à qui l’on fait tort en louant des niaiseries, cela lui est physiquement impossible. […] Pierre Parce que les lecteurs rectifieront d’eux-mêmes !

842. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Les vers varient leurs hémistiches et leur repos pour laisser respirer le lecteur ; ils se relèvent aux derniers vers de la stance pour remettre l’oreille en route et pour dire, comme le coursier de Job : Allons ! […] Tellement bien Nore chantait que les autres, en même temps, d’un penchement de front l’accompagnaient, sympathiques, comme les touffes de souchet qui, pendantes et dociles, se laissent aller ensemble au courant d’une fontaine. » Et vous, lecteur, que dites-vous de ce chant de Nore ? […] XXVII Mais n’allons pas plus avant ; nous enlèverions aux lecteurs futurs de ce poète des chaumières l’intérêt qui s’attache à tout dénouement. […] J’espère que mes lecteurs me pardonneront cette digression.

843. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Une distribution des rangs qui peut avoir pour effet d’ôter des lecteurs à Bossuet, et de faire trop admirer Massillon, est une erreur que la critique doit relever. […] Dirai-je aussi que la dialectique, dont l’effet est si grand du haut d’une chaire ou d’une tribune, d’où elle semble jeter sur l’auditeur comme un filet invisible, ne paraît guère, aux yeux d’un lecteur tranquille, qui en suit froidement les déductions, qu’un procédé artificiel et spécieux, plus propre à faire tort à la vérité qu’à la servir ? […] Il faut réserver le titre de critique à celui qui nous avertit, non de ce qu’il nous est loisible, mais de ce qu’il nous est périlleux d’écrire, et qui nous enseigne les devoirs de l’écrivain et les droits du lecteur. […] Vauvenargues juge pour les lecteurs de sa façon, pour ceux qui jugent par sentiment ; mais ils sont rares ceux qui lisent comme ceux qui écrivent avec le cœur.

844. (1909) De la poésie scientifique

Mais, comme il n’était pas possible de supprimer pourtant le vivace acquis du double mouvement que nous avons rappelé : « Symboliste », d’une part, et « Scientifique », d’autre part  d’un tacite pacte entre gardiens du dogme et divers poètes nouveaux (ou retardataires, avons-nous dit), l’on parut discuter les théories émises, surtout techniques, sans les exposer d’ailleurs, et de manière assez habile pour, du mélange, créer le plus d’incertitude dans l’esprit du lecteur non averti, et donc, les amoindrir toutes, les dénaturer, les disperser s’il eût été possible ! […] Mais logiquement elle devait, si elle en portait les puissances, atteindre les créateurs eux-mêmes, les Poètes, et ceux-ci qui par leur acquis intellectuel, leur intuition et leur sensitivité, s’égalent quasi à eux, Lecteurs ainsi que re-créateurs des œuvres. […] (Les Temps nouveaux, mai 1907 et 1908)… Je relis ceci, avec le lecteur, non pour m’enorgueillir, car, hélas ! […] « Il sera sans doute intéressant pour les lecteurs anglais d’apprendre qu’il est un des très peu nombreux poètes Français dont les, œuvres sont acquises, dès qu’elles paraissent, par la Librairie du British Muséum. » (Daily Chronicle, Londres, mars 1897.)

845. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Tout cela s’efface même pour lui, à plus forte raison pour ses lecteurs, derrière les pensées ou actions véritablement expressives de sa vie et de la vie. […] Le mot, voilà le tyran des littérateurs de décadence : son culte remplace celui de l’idée ; au lieu du vrai, et par conséquent de la loi ou du fait, on cherche l’effet, c’est-à-dire une sensation forte révélant au lecteur une puissance chez l’auteur, n’ayant pour but que de satisfaire l’orgueil de l’un en même temps que la sensualité de l’autre. […] Une telle façon d’entendre la poésie est suffisante, peut-être, pour le poète lui-même, en qui ses propres vers éveillent une foule d’idées complémentaires, explicatives surtout ; mais pour le lecteur il n’en est point ainsi. […] En réalité, l’esthétique n’est qu’un effort pour créer la vie, — une vie quelconque, — pourvu qu’elle puisse exciter la sympathie du lecteur ; et cette vie peut n’être que la reproduction puissante de notre vie propre avec toutes ses injustices, ses misères, ses souffrances, ses folies, ses hontes mêmes.

846. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Quand il apprit cette mort trop prévue, il entra dans un deuil sombre : « Jamais je ne vis tant d’affliction, dit son lecteur M. de Catt dans des mémoires encore inédits ; volets fermés, un peu de jour éclairant sa chambre, des lectures sérieuses : Bossuet, Oraisons funèbres ; Fléchier, Mascaron ; un volume d’Young, qu’il me demanda. » Il a consacré à sa mémoire une noble page dans son Histoire de la guerre de Sept Ans. […] Je ne veux rien diminuer des mérites de la margrave, après m’être attaché avec tant de soin à les rassembler et à les offrir aux yeux du lecteur.

847. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Boiteau ne permet pas de laisser passer de telles exagérations ; elles ont choqué à bon droit et même irrité plus d’un lecteur. […] Il donne encore d’autres raisons plus justes de son refus, son peu d’habitude du théâtre, son peu de fonds en connaissances classiques : « Enfin, j’ai bien fouillé dans tous les plis de mon cerveau, et il ne me semble point y trouver cette forme légère, ces tournures piquantes, cette facilité de style qui rendent un article agréable aux lecteurs, et permettent à celui qui les possède de parler cent fois de la même chose en paraissanttoujours nouveau.

848. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Les chances, si vous me demandez, mon cher lecteur pour qui elles sont dans la première de ces deux élections, je serai fort embarrassé de vous le dire. […] C’est vous-même, vous qui m’adressez cette question, cher lecteur, qui allez m’aider à y répondre.

849. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Chacun se retrouve lui-même dans le poète, et, en réalité, il y a autant d’Homères qu’il y a de lecteurs d’Homère, comme un paysage est aussi divers qu’il y a de divers spectateurs. » Mais que de conditions ne sont-elles pas nécessaires pour bien lire, pour lire du plus près possible, et en se rapprochant de l’esprit qui les a inspirés, ces antiques poèmes, pour se dépouiller des sentiments acquis ou perfectionnés qui, à tout instant, font anachronisme avec ceux des personnages héroïques, et qui viennent créer comme un malentendu entre eux et nous ! […] Elle s’applique aux Anciens et à tous ceux des grands poètes qui sont déjà, à quelques égards, ou qui seront un jour eux-mêmes des Anciens, à tous ceux qui ne sont plus nos contemporains et vers lesquels on ne revient qu’en remontant à force de rames le courant du passé : « Les œuvres des grands poètes, dit-il, demandent qu’on les approche au début avec une foi entière en leur excellence ; le lecteur doit être convaincu que, s’il ne les admire point pleinement, c’est sa faute et non la leur.

850. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Le devoir de la critique dans tout sujet est avant tout de l’envisager sans parti pris, de se tenir exempte de préventions, fussent-elles des mieux fondées, et de ne pas sacrifier davantage à celles de ses lecteurs. […] Ne pouvant qu’effleurer cette existence de Talleyrand, qu’éclairer deux ou trois points saillants, et tout au plus donner un coup de sonde a deux ou trois endroits, je ne voudrais rien dire que d’exact, de sûr, et en même temps mettre le lecteur à même de juger, ou du moins d’entrevoir les éléments divers du jugement.

851. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Cette contradiction, dans le courant du livre, est continuelle et frappante, je ne dis pas seulement pour un croyant, mais pour un lecteur exercé. […] On prendrait, d’après notre sèche discussion, une idée bien inexacte du dernier livre de M. de La Mennais, si l’on ne s’attendait pas cependant à y trouver un vrai charme de récit, et, sauf le deuil de la foi perdue, auquel peu de lecteurs seront sensibles, bien des richesses d’une grande âme restée naïve, La gaieté elle-même n’en est pas absente : je n’en veux pour preuve que cette page légère où se jouent toutes les grâces d’ironie d’une plume laïque et mondaine.

852. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Le lecteur y trouve l’expression parfaite de ses vagues tendances, et de l’esprit général du siècle : mais Boileau y a mis quelque chose de plus, une doctrine originale et personnelle, qui, dans la vaste unité du siècle, sépare un certain groupe d’esprits, exprime l’idéal d’une école littéraire. […] Nous ferions bon marché peut-être de l’art, du caractère esthétique, mais non pas de la rhétorique, au bon sens du mot, des qualités de composition et de style qui diminuent l’effort et accroissent le plaisir du lecteur.

853. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Le goût des— lecteurs y poussait : les médiocres romans historiques que donnent les imitatrices de Mme de la Fayette497, les méchants mémoires apocryphes que fabrique Sandras de Courtilz498, plaisent par l’apparence vraie, par la prétention d’être vrais, par la conformité des faits qu’ils racontent avec les faits communs de la vie réelle, et même avec les faits particuliers de l’histoire. La Bruyère, par ses Caractères, développa chez les lecteurs la curiosité du détail extérieur, des signes par lesquels l’homme intime se révèle.

854. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Mais le plus célèbre et le plus influent des salons philosophiques fut celui de Mlle de Lespinasse573, l’ancienne lectrice de Mme du Deffand. […] Devenue aveugle, elle prit pour lectrice Mlle de Lespinasse, à qui elle ne pardonna point d’avoir charmé par son esprit beaucoup de ses amis.

855. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

C’est à de tels lecteurs que j’offre mes écrits. […] La dixième satire de l’auteur, publiée en 1693 contre les femmes, parle d’une                                                    Précieuse, Reste de ces esprits jadis si renommés, Que d’un coup de son art Molière a diffamés… C’est chez elle toujours que de fades auteurs S’en vont se consoler du mépris des lecteurs ; Elle y reçoit leur plainte, et sa docte demeure.

856. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

La phrase maigre et monotone tisse interminablement de l’ennui et, parmi les bâillements longs et répétés, le lecteur songe nostalgique à Barbey d’Aurevilly, comme, perdu dans un feuilleton morne de Jules Mary, il songerait au père Dumas. […] De telles notes, restent longtemps claires pour qui les prit, mais elles font pour le lecteur un chaos lourd et mort.

857. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Les lecteurs même qui ne voudraient pas remonter bien haut, ni se jeter dans la curiosité érudite, ceux qui ne voudraient se composer qu’une petite bibliothèque française toute moderne ne sauraient se dispenser d’y admettre et Montaigne et Commynes. […] Les lecteurs, qui liront désormais Commynes avec plus de plaisir et de facilité, y mêleront un sentiment d’estime pour l’excellent éditeur.

/ 2011