Amédée Thierry est étendue, souvent exacte, quoique sa traduction des historiens latins ne le soit pas toujours. […] Pour arriver à ce résultat, il a consulté Priscus, toutes les chroniques du ve siècle, Jornandès, Prosper d’Aquitaine, les poèmes teutons, les légendes latines et orientales, les chants de la Germanie et enfin les traditions hongroises, dont il ferme avec émotion le dernier et éblouissant anneau ; et c’est de tous ces mirages pourtant, c’est de toutes ces fantasmagories qu’il a fait jaillir une figure qu’il appelle la vraie, et qui est peut-être la fausse, car où est la réalité ? […] Moderne, délicat, il ne trempa que l’extrémité de son pinceau dans le cuvier de couleur barbare ou de couleur mystique et légendaire qui aurait pu lui servir de palette, s’il avait été le peintre géant qu’il fallait, et par cela seul qu’il ne voulut pas être barbare, comme n’aurait pas manqué de l’être tout grand artiste qui aurait eu à peindre un sujet barbare comme le sien, il resta de fait au-dessous, comme effet d’impression, de tous ces moines qui avaient moins de goût que lui, mais qui avaient plus d’énergie, et dont son histoire, pour ceux qui savent les lire, ne remplacera pas les chroniques et le mauvais latin, si sublime dans son incorrecte grandeur !
A cinq ans, il lisait le latin et, avant de savoir tenir une plume, il dictait des vers. […] Il savait trop peu de latin pour aborder la littéralité. […] Foyer, maison, cirque, parents, clients, citoyens, n’ont plus en français le même sens qu’en latin. […] Armelin nous présente une traduction qui a ceci d’original qu’elle rend vers par vers le texte latin. […] Il a fait passer chaque vers latin dans un vers français.
Auguste Angellier vient de publier sous ce titre : À l’Amie perdue, et avec cette jolie épigraphe latine, dans le goût ancien : Amissæ Amicæ .
Ce qui fortifie cette opinion, est sa Traduction des Harangues choisies de quelques Auteurs Latins, où il est toujours le même, quoique ses originaux soient pleins de chaleur & de vie.
Comme ils savaient le latin !
Quoique nous ne puissions suivre qu’obscurément l’histoire des peuples aryens depuis leur patrie commune jusqu’à leurs patries définitives, nous pouvons affirmer cependant que la profonde différence qui se montre entre les races germaniques d’une part et les races helléniques et latines de l’autre, provient en grande partie de la différence des contrées où elles se sont établies, les unes dans les pays froids et humides, au fond d’âpres forêts marécageuses ou sur les bords d’un océan sauvage, enfermées dans les sensations mélancoliques ou violentes, inclinées vers l’ivrognerie et la grosse nourriture, tournées vers la vie militante et carnassière ; les autres au contraire au milieu des plus beaux paysages, au bord d’une mer éclatante et riante, invitées à la navigation et au commerce, exemptes des besoins grossiers de l’estomac, dirigées dès l’abord vers les habitudes sociales, vers l’organisation politique, vers les sentiments et les facultés qui développent l’art de parler, le talent de jouir, l’invention des sciences, des lettres et des arts. — Tantôt les circonstances politiques ont travaillé, comme dans les deux civilisations italiennes : la première tournée tout entière vers l’action, la conquête, le gouvernement et la législation, par la situation primitive d’une cité de refuge, d’un emporium de frontière, et d’une aristocratie armée qui, important et enrégimentant sous elle les étrangers et les vaincus, mettait debout deux corps hostiles l’un en face de l’autre, et ne trouvait de débouché à ses embarras intérieurs et à ses instincts rapaces que dans la guerre systématique ; la seconde exclue de l’unité et de la grande ambition politique par la permanence de sa forme municipale, par la situation cosmopolite de son pape et par l’intervention militaire des nations voisines, reportée tout entière, sur la pente de son magnifique et harmonieux génie, vers le culte de la volupté et de la beauté. — Tantôt enfin les conditions sociales ont imprimé leur marque, comme il y a dix-huit siècles par le christianisme, et vingt-cinq siècles par le bouddhisme, lorsque autour de la Méditerranée comme dans l’Hindoustan, les suites extrêmes de la conquête et de l’organisation aryenne amenèrent l’oppression intolérable, l’écrasement de l’individu, le désespoir complet, la malédiction jetée sur le monde, avec le développement de la métaphysique et du rêve, et que l’homme dans ce cachot de misères, sentant son cœur se fondre, conçut l’abnégation, la charité, l’amour tendre, la douceur, l’humilité, la fraternité humaine, là-bas dans l’idée du néant universel, ici sous la paternité de Dieu. — Que l’on regarde autour de soi les instincts régulateurs et les facultés implantées dans une race, bref le tour d’esprit d’après lequel aujourd’hui elle pense et elle agit ; on y découvrira le plus souvent l’œuvre de quelqu’une de ces situations prolongées, de ces circonstances enveloppantes, de ces persistantes et gigantesques pressions exercées sur un amas d’hommes qui, un à un, et tous ensemble, de génération en génération, n’ont pas cessé d’être ployés et façonnés par leur effort : en Espagne, une croisade de huit siècles contre les Musulmans, prolongée encore au-delà et jusqu’à l’épuisement de la nation par l’expulsion des Maures, par la spoliation des juifs, par l’établissement de l’inquisition, par les guerres catholiques ; en Angleterre, un établissement politique de huit siècles qui maintient l’homme debout et respectueux, dans l’indépendance et l’obéissance, et l’accoutume à lutter en corps sous l’autorité de la loi ; en France, une organisation latine qui, imposée d’abord à des barbares dociles, puis brisée dans la démolition universelle, se reforme d’elle-même sous la conspiration latente de l’instinct national, se développe sous des rois héréditaires, et finit par une sorte de république égalitaire, centralisée, administrative, sous des dynasties exposées à des révolutions. […] Considérez, par exemple, deux moments d’une littérature ou d’un art, la tragédie française sous Corneille et sous Voltaire, le théâtre grec sous Eschyle et sous Euripide, la poésie latine sous Lucrèce et sous Claudien, la peinture italienne sous Vinci et sous le Guide. […] Parmi les anciens, la littérature latine est nulle au commencement, puis empruntée et imitée.
Car, d’abord, rien n’est moins « artiste » qu’un membre de la Lice chansonnière : et il se pourrait qu’Horace fût, dans ses vers lyriques, le plus purement artiste des poètes latins. […] Joignez qu’Horace a, le premier, introduit dans la poésie latine les plus belles variétés de strophes grecques, sans compter certaines combinaisons de vers qui lui sont, je crois, personnelles. […] On eût dit, en feuilletant cette prose, qu’il vous partait des étincelles sous les doigts… Et néanmoins, je ne sais comment, dans ses plus vives audaces, Daudet savait se garder, soit du « précieux », soit du charabia impressionniste ; il conservait un instinct de la tradition latine, un respect spontané du génie de la langue. […] Mais que dire de ce Latin harmonieux ?
Le goût régnant portait les gens du côté du bel esprit, de l’éloquence, des règles classiques, de l’imitation latine ; il y cède vingt fois, mais toujours il revient à lui-même. […] Nous ne savons marcher qu’au signal d’autrui sous un chef, et dans les compartiments du grand établissement latin qui, par l’Eglise, l’Etat, le droit, la langue, la foi, les lettres, nous enrégimente et nous mène depuis dix-huit cents ans.
Aulugelle qui écrivoit sous l’empereur Adrien, louë l’étimologie que Caïus Bassus donnoit au mot latin persona, qui signifioit un masque, en faisant venir ce terme du verbe personare, qui veut dire resonner. […] Voilà pourquoi les latins ont donné le nom de persona aux masques qui font retentir et resonner la voix de ceux qui les portent.
Lorsque la poésie française a voulu s’exprimer en prose, elle a dû affecter l’imitation de la langue grecque ; lorsqu’elle a voulu s’exprimer en vers, elle a dû affecter l’imitation de la langue latine. […] Le seul écueil que nous ayons à éviter, lorsque nous voulons introduire la poésie dans la prose française, c’est, à mon avis, l’imitation de la poésie latine.
Il a beaucoup vécu en Italie, et son esprit a dû s’y italianiser, sans rien perdre de toutes ses qualités françaises… C’est un latin, — comme la France fut une nation latine.
« Jamais population italienne ou latine — dit M. de Coulanges — ne s’établit en Gaule, et ce qu’il y vint de Romains est imperceptible. » Sans les Gaulois, César lui-même ne serait pas venu à bout des Gaulois. […] « Le latin — dit l’historien, qui pense à tout, — ne fut point relégué au second rang, comme en Angleterre le saxon, après la conquête normande. » Toujours les Mérovingiens voulurent être Romains.
Gaston Boissier n’est pas encore de l’époque des tabourets… Il a du talent, — un talent agréable, — agreabilis, comme disait M. de Jouy, une des gloires latines de l’Académie française. […] Boissier y perdra son latin, ce qui sera une perte, mais ne diminuera pas plus la corruption romaine que le Christianisme.
Sur cette terre de l’art où il n’avait qu’à choisir entre le beau moderne, la grâce grecque et la sévérité latine, il se livra au culte de la forme, à la recherche patiente et laborieuse de la correction. […] Ces études durent se composer surtout de langue et de littérature latines, de recherches théologiques et de droit canon. […] Il semble que tout est usé, et de même qu’au seizième siècle on a voulu conquérir le Capitole, et parler en français, grec et latin, de même, à tous les coins de l’Europe, le lettré veut parler autrement que le vulgaire, et contraint de remplacer le latin démodé par la langue commune, il la veut ennoblir et faire sienne. […] Le comité organisateur des fêtes latines de Montpellier en 1878, désirant faire représenter au grand théâtre une pièce félibrenque, eut le choix entre deux œuvres importantes. […] Paul Mariéton ; mais, quand il s’agit d’un Latin, et d’un Provençal surtout, est-on jamais assuré qu’une origine helléno-orientale ne justifiera point, sans les prouver, les hypothèses de la critique ?
Des feux de mon bûcher, j’irai jusqu’en l’abîme Allumer dans ton cœur les remords de ton crime ; Et mon ombre par-tout te suivant pas à pas, Te montrera par-tout ton crime & ton trépas ; Et jusque dans l’Enfer faisant vivre ma haine, Mon ame, chez les Morts, jouira de ta peine, Ceux qui connoissent les vers Latins, verront qu’il seroit difficile de les rendre plus fidélement.
On a encore de cet Auteur plusieurs Ouvrages de Géométrie, de Philosophie, de Morale, de Politique, d’Histoire, de Critique, de Grammaire, de Poésie Grecque & Latine, dont la plupart sont estimés.
L’Abrégé de la Médecine-pratique, traduit du latin, par M.
Que ceux qui ne voudroient pas faire le choix du sujet d’un poëme épique, tel que je le propose, alleguent donc leur veritable excuse : c’est que le secours de la poësie des anciens leur étant necessaire, pour rendre leur verve feconde, ils aiment mieux traiter les mêmes sujets que les poëtes grecs et les poëtes latins ont traitez, que des sujets modernes où ils ne pourroient pas s’aider aussi facilement de la poësie du stile et de l’invention des premiers.
Aristides Quintilianus nous a laissé un excellent livre sur la musique, écrit en langue grecque, et cet auteur vivoit sous le regne de Domitien ou sous celui de Trajan, comme le conjecture sur de bonnes raisons Monsieur Meibomius qui a fait imprimer avec une traduction latine l’ouvrage dont je parle.
Trois ans après, il remporta encore un prix d’éloquence latine proposé aux élèves de l’Université qui visaient au professorat. […] En attendant, il succédait, au collège d’Amiens, à ces jésuites dont il allait introduire en français les procédés de vers latins et tant de descriptions didactiques ingénieuses. […] Le Beau, professeur d’éloquence latine au Collège de France, l’appela à professer, comme suppléant d’abord, la poésie qui était comprise dans cette chaire. […] Dans la littérature latine, les poèmes de la Pêche, de la Chasse, les descriptions sans fin de villes, de fleuves et de poissons, qu’on retrouve si souvent chez Ausone, n’ont plus rien de cette beauté de peinture, de ces hautes vues et pensées, dont Lucrèce et Virgile avaient fait la principale inspiration de leurs poèmes. […] La critique la plus célèbre qui parut contre les Jardins est celle de Rivarol, c’est-à-dire le Dialogue du Chou et du Navet, qui se plaignent d’avoir été oubliés par l’abbé-poète dans ses peintures de luxe : Le navet n’a-t-il pas, dans le pays latin, Longtemps composé seul ton modeste festin, Avant que dans Paris ta muse froide et mince Égayât les soupers du commis et du prince ?
Le jeune homme nous récita quelques vers, dans ce doux et nerveux idiome provençal qui rappelle tantôt l’accent latin, tantôt la grâce attique, tantôt l’âpreté toscane. Mon habitude des patois latins parlés uniquement par moi jusqu’à l’âge de douze ans, dans les montagnes de mon pays, me rendait ce bel idiome intelligible. […] C’était une idée fausse, quoique paternelle ; heureusement la Providence la trompa : le jeune homme étudiait le grec, le latin, le grimoire de jurisprudence par obéissance ; mais la veste de velours du paysan provençal et ses guêtres de cuir tanné lui paraissaient aussi nobles que la toge râpée du trafiquant de paroles, et, de plus, le souvenir mordant de sa jeune mère, qui l’adorait et qui pleurait son absence, le rappelait sans cesse à ses oliviers de Maillane. […] Ces vers sont mâles comme le latin, femelles comme l’italien, transparents pour le français, comme des mots de famille qui se reconnaissent à travers quelque différence d’accent. […] « À son bonnet écarlate, comme en ont les riverains des mers latines, il avait gentiment une plume de coq ; et en foulant les sentiers il faisait fuir les couleuvres vagabondes, et des sonores tas de pierre avec son bâton il chassait les cailloux.
Il ne faut pas que des noms de forme hébraïque ou latine nous trompent. […] M. de Gourmont prend la poésie latine mystique à ses sources obscures et la montre sortant du latin populaire. […] Considérant le latin du moyen âge M. […] Ce latin-là, quand il en est question, nous avons aujourd’hui l’habitude de l’accompagner de quelque épithète désobligeante : nous disons que c’est un latin barbare, nous l’appelons le bas latin. […] Il est vrai qu’ils n’ont rien de classique : mais si le sentiment de la charité, comme cela en a tout l’air, a été d’abord nommé dans cette langue, n’est-ce pas injuste, par amour du latin de l’antiquité, d’en faire un reproche au bas latin ?
Intempéries, répond quelqu’un… “Messieurs, s’écrie Cousin, nous devons apporter une certaine réserve dans le choix des mots que nous avons l’honneur de consacrer ; intempéries n’est pas du latin, ça n’existe dans aucun auteur de bonne latinité : c’est du latin de cuisine.” […] “Tacite, mais ce n’est pas du latin, reprend Cousin, c’est du latin bon pour le romantisme, n’est-ce pas Patin, vous qui savez le latin ? ” Mais avant que Patin eût pris la parole, on entendit sortir de la haute cravate de Royer-Collard, avec une intonation nasillarde et méprisamment moqueuse : “Messieurs, Cousin et Patin sont des messieurs qui savent du latin !
Après tout, la belle poésie latine était-elle autre chose ?
Telle expression noble dans le Latin, devient ridicule dans le François.
Vous connaissez les bons auteurs français ; vous entendez les poètes latins ; que ne les lisez-vous donc ?
Trogue Pompée avoit, à l’imitation de Diodore de Sicile, donné une histoire universelle en latin. […] Le Jésuite Turselin écrivit une histoire en latin élégant, & son ouvrage qui a été traduit en françois en quatre vol. […] Quinte-Curce qui traita le même sujet en latin, est plus Rhéteur. […] L’histoire des guerres civiles de France, par Davila, traduite du latin en françois par l’Abbé Mallet en 3. vol. […] Le Chancelier Bacon donna l’histoire de Henri VII. en latin.
Pensare, par exemple, en latin, signifie directement peser ; ce nom d’un phénomène sensible a été étendu à son analogue empirique, mais non sensible, l’acte de penser ; puis, par une nouvelle extension, due aux philosophes, le mot penser a souvent été employé pour désigner une idée métaphysique, analogue à l’idée empirique fournie par la conscience. […] Brachet range avec raison parmi les mots dérivés du latin les onomatopées latines qui se sont transformées en mots français. […] « En grec […], masculin à cause de […], et en latin up-up-a, féminin à cause de hæc avis, désignent l’oiseau qui fait entendre le son ap ap (oreilles grecques), ou up up (oreilles latines) ; ces mots sont donc des onomatopées. Du latin up-up-a est venu le français huppe, (oiseau). […] Le même phénomène, amplifié et plus saillant, se passe dans l’esprit d’un bon écolier qui, ayant fait le mot à mot d’une phrase grecque ou latine, n’est pas satisfait du sens qu’il a trouvé et recommence à chercher dans son dictionnaire.
Toute mon âme s’employait, sérieuse, à apprendre et à savoir pour travailler par là au bien commun ; je me croyais né pour cette fin, pour être le promoteur de toute vérité et de toute droiture. » En effet, à l’école, puis à Cambridge, puis chez son père, il se munissait et se préparait de toute sa force, « libre de tout reproche, et approuvé par tous les hommes de bien », parcourant l’immense champ des littératures grecque et latine, non-seulement les grands écrivains, mais tous les écrivains, et jusqu’au milieu du moyen âge ; en même temps l’hébreu ancien, le syriaque et l’hébreu des rabbins, le français et l’espagnol, l’ancienne littérature anglaise, toute la littérature italienne, avec tant de profit et de zèle, qu’il écrivait en vers et en prose italienne et latine comme un Italien et un Latin ; par-dessus tout cela, la musique, les mathématiques, la théologie, et d’autres choses encore. […] Partout son érudition, son beau style italien et latin lui conciliaient l’amitié et les empressements des humanistes, tellement que, revenant à Florence, « il s’y trouvait aussi bien que dans sa propre patrie. » Il faisait provision de livres et de musique qu’il envoyait en Angleterre, et songeait à parcourir la Sicile et la Grèce, ces deux patries des lettres et des arts antiques. […] On essaye de se figurer la lourde éducation latine, les exercices physiques, les rudes traitements, les idées rares, les dogmes imposés, qui occupaient, opprimaient, fortifiaient, endurcissaient autrefois la jeunesse, et l’on croit voir un ossuaire de mégatheriums et de mastodontes reconstruits par Cuvier. […] Mais il avait encore d’autres maîtres, Beaumont, Fletcher, Burton, Drummond, Ben Jonson, Shakspeare, toute la splendide Renaissance anglaise, et par derrière elle la poésie italienne, l’antiquité latine, la belle littérature grecque, et toutes les sources d’où la Renaissance anglaise avait jailli. […] Quelle que fût la langue où il écrivît, anglaise, italienne ou latine, quel que fût le genre qu’il touchât, sonnets, hymnes, stances, tragédies ou épopées, il y revenait toujours.
Cinq années après, il passait sa thèse de théologie en présence du prince de Condé, qui fut tenté, dit-on, de disputer avec lui, la théologie ne lui étant pas moins familière que le latin. […] Il faisait des vers grecs et latins. […] La Déclaration du clergé de France, et la Défense que Bossuet en fit en latin, obligent encore aujourd’hui, dans l’ordre ecclésiastique, toutes les consciences. […] A la différence de Bossuet, qui est plus latin que grec, Fénelon est plus grec que latin ; et, parmi les auteurs grecs, il goûtait surtout Platon, dans les écrits duquel il n’est pas malaisé de trouver tous les excès des opinions idéalistes, et même le quiétisme, que Bayle y a découvert presque sans paradoxe. […] A Rome, on se disputait les juges par des traités ex professo écrits en latin ; à Paris, on se disputait les lecteurs par des attaques et des répliques en français.
Formei du latin de Wolff, in-4°. 1758.
Au lieu d’emprunter des heros aux grecs et aux latins, qu’on ose donc en faire de nos rois et de nos princes.
Il n’en est pas de même pour la comédie : les caractères de la nouvelle comédie à Athènes furent tous imaginés par les poètes du temps, auxquels une loi défendait de jouer des personnages réels, et ils le furent avec tant de bonheur, que les Latins, avec tout leur orgueil, reconnaissent la supériorité des Grecs dans la comédie.
je te croisai en un fiacre au galop, moi, et tu courais et je ne pus t’appeler ni te faire signe ; mais j’ai gardé à jamais ton image tragiquement cordiale de ce jour, dans cette rue en pente du quartier Latin. […] On me découvrit quelque chose, on me traita par l’iodure de potassium qui détermina une ébullition, un bouillon de mauvais sang et d’« humeurs peccantes » (ils appellent plus terriblement que dans Molière, aujourd’hui nos bons médecins qui sont les mêmes que ceux du grand siècle, car je suis sûr qu’au fond Fagon et ses confrères en savaient plus long que leur latin de cuisine, de même ceux-ci sont évidemment au-dessus des mots dérivés du grec, qu’ils emploient, comme microbes et du latin, aussi, bacilles, etc.). […] À l’âge où l’on se décidait, sérieusement, pour les Lettres ou pour les Sciences, son goût pour le grec et le latin l’emporta sur son amour héréditaire de l’épaulette, car son rêve était d’être officier comme son père. […] À cet effet, il me proposa un échange de leçons, s’offrant de me perfectionner en anglais, alors que je l’aiderais dans l’étude du grec et du latin. […] Mot latin tourné en… franco-grec : certamen, combat ; certamène, combative, « Femme de querelle » (voy.
Le même prélat a fait mettre en trois gros volumes latins ses ouvrages que peu de gens lisent en françois. […] Confucius est-il le Numa des Latins ? […] D’ailleurs, il n’entendoit pas cette langue non plus que le Latin. […] Quelques pièces de poësie Latine qu’il donna dès son arrivée, le firent connoître dans toute l’université de Paris. […] Parler Latin comme un cordelier, c’étoit le proverbe.
Ce fut surtout à la triple antiquité biblique, grecque et latine que s’appliqua son zèle studieux. […] Les Latins, les Italiens, les Anglais y passent. […] Le Bain nous représente encore une inspiration latine. […] Avoir ignoré le latin et surtout le grec a créé les lacunes de son talent et de son œuvre. […] Les Latins lui sont familiers comme ils l’étaient à Corneille, à Segrais, à Brébeuf.
Il évite toute étroitesse de jugement et ne verse jamais dans la sombre septentriomanie des contempteurs du génie latin. […] Fortunat Strowski, peu suspect de partialité en la matière, a donné le texte latin, que Pascal résume. […] « Si l’on a banni le vers latin, dit M. […] l’on a banni bien d’autres choses que les vers latins ! […] Il n’oublia jamais son latin ni son grec, et revenait avec amour aux maîtres antiques.
Mais à part ce mérite, partagé par tant de savants d’alors, de déterreurs d’une société finie et de langues mortes, quoi donc pourrait recommander, à l’attention et même à la curiosité, l’existence imperceptiblement domestique ou publique d’hommes perdus dans des études effrayantes sur des vocables latins ou grecs, et dont les travaux, utiles comme le mortier et les pierres qui ont servi à bâtir un monument, ne sont pas plus regardés que ce mortier et ces pierres, quand le monument est debout ?
. — La Renaissance latine En 1901, M. […] Venu des bords latins de cette terre provençale où flottent encore parmi l’harmonieux souvenir d’Hellas, ces images de beauté et ces méthodes précises qu’y apportèrent les colons phocéens et les architectes des camps proconsulaires, il reste fidèle au nombre, à la sonorité, à l’intégrité de la forme. […] Au tronc millénaire du laurier latin jaillit une branche vigoureuse et sereine. […] Souchon, Larguier, Gasquet leur vient de leur atavisme latin.
Descendants des Romains, ou du moins enfants d’adoption de la race latine, cette race initiée elle-même au culte du beau par les Grecs, nous avons à embrasser, à comprendre, à ne jamais déserter l’héritage de ces maîtres et de ces pères illustres, héritage qui, depuis Homère jusqu’au dernier des classiques d’hier (s’il y a eu hier un classique71), forme le plus clair et le plus solide de notre fonds intellectuel. […] Il ne s’agit pas ici de distinguer entre les Grecs et les Latins ; leur héritage pour nous et leurs bienfaits se confondent. […] En Grèce seulement, par une fortune singulière et un reste de privilège natal, cette littérature sacrée, dans la bouche des Basile et des Chrysostome, retrouva sans effort l’abondance et l’harmonie, et comme des accents de Platon ; mais à Rome, mais en Afrique, le latin des premiers Pères fut dur, recherché, tourmenté, en même temps que la pensée neuve, excellente et souvent sublime.
Il avait demandé à La Monnoye un distique latin pour servir d’inscription au portrait du maître ; La Monnoye lit deux vers dont voici le sens : « Je suis ce Bayle qui corrige les autres quand ils se trompent, et qui sais moi-même toujours plaire, même en péchant. » Peu satisfait de l’aveu trop humble, Marais le pria de refaire un autre distique plus élogieux : « Je n’ai jamais pu souffrir, écrit-il à Mme de Mérigniac, que notre commune maîtresse eût des défauts. » Quand il ne peut nier absolument ces défauts de son auteur chéri, il les atténue et les explique. […] Dans le passage cité de Phèdre et que Bayle applique à Boileau, il y a : Naris emunctæ senex, Ésope, ce vieillard au nez fin ; Bayle, en citant, a eu le soin d’oublier ce vieillard ; personne, en effet, n’est charmé de s’entendre appeler vieillard, même en latin, et même dans un compliment. […] Legrelle, qui a pour titre : Holberg considéré comme imitateur de Molière (librairie Hachette). — Voici le passage même de l’autobiographie latine d’Holberg qui est relatif à la Bibliothèque Mazarine ; le voyageur vient de parler de la Bibliothèque de Saint-Victor qui était, dit-il, très peu fréquentée et même tout à fait solitaire, et il ajoute qu’il n’en était pas du tout ainsi de la Mazarine : « At in bibliotheca Mazariniana non tanta erat solitudo, nam situm est collegium quatuor nationum in meditullio suburbii vel potius regionis Sancti Germani.
Bayle, né au Carlat, dans le comté de Foix, en 1647, d’une famille patriarcale de ministres calvinistes, fut mis de bonne heure aux études, au latin, au grec, d’abord dans la maison paternelle, puis à l’académie de Puy-Laurens. […] Cette absence de Paris est sans doute cause que Bayle paraît à la fois en avance et en retard sur son siècle, en retard d’au moins cinquante ans par son langage, sa façon de parler, sinon provinciale, du moins gauloise, par plus d’une phrase longue, interminable, à la latine, à la manière du xvie siècle, à peu près impossible à bien ponctuer127 ; en avance par son dégagement d’esprit et son peu de préoccupation pour les formes régulières et les doctrines que le xviie siècle remit en honneur après la grande anarchie du xvie . […] Hermant, docteur de Sorbonne, qui a composé en françois les Vies de quatre Pères de l’Église grecque, vient de publier celle de saint Ambroise, l’un des Pères de l’Église latine.
. — Je présume que vous l’aurez déjà traduit en latin, comme vous me l’aviez promis ; car il n’y a pas d’occupation à laquelle je me dévoue avec autant d’ardeur qu’à celle qui peut me découvrir la route du vrai bonheur. […] Heureusement que les amis de Laurent ne se piquèrent pas, sur ce point, d’autant de discrétion que lui : Politien, dans son poëme sur Julien, a célébré la maîtresse de Laurent sous le nom de Lucretia ; et Ugolino Verini, dans sa Fiammetta, a adressé à cette dame un poëme latin, en vers élégiaques, dans lequel il plaide avec beaucoup de chaleur en faveur de Laurent, et il prétend que, quelles que puissent être ses rares perfections, elle trouve en lui un amant digne de toute sa tendresse. […] Il se nommait Girolamo Olgiato et mourut en Romain sur l’échafaud ; dépouillé et nu devant le bourreau, il prononça ces paroles latines qui retentirent dans beaucoup de cœurs : Mors acerba, fama perpetua, stabit vetus memoria facti. — Mort amère, éternelle mémoire !
D’ailleurs, quant à la question de date et d’origine, le russe n’est pas un dérivé du slavon, comme le romaïque, par exemple, est un dérivé du grec ancien ; ce sont deux dialectes issus d’une source commune, deux rameaux s’élevant de la même souche et qui ont pris en croissant chacun son développement particulier ; de même que le français et l’italien, provenant l’un et l’autre du latin, mais obéissant à des lois distinctes de transformation. […] À Rome autrefois, on n’aurait osé écrire en latin qu’en s’abritant sous l’autorité d’un Grec. […] Le latin seul peut donner une idée de la concision du russe : At vir virum — misit ad antchar superbo vultu, — et ille obedienter viam ingressus est, — et rediit mane cum veneno.
Il n’était pas ignorant des belles-lettres ; il savait quelque chose des poètes latins, et mille beaux endroits des poètes français : il aimait assez les bons mots et s’y connaissait fort bien. […] [NdA] Aquila en latin ; à cette date, aigle était encore féminin en français. […] [NdA] Une simple remarque résume les goûts littéraires un peu gâtés de Bussy : il aimait fort Ovide, il n’avait pas lu Horace, et il s’amusait, dans l’extrême vieillesse, à traduire un petit conte latin et libertin du poète Théophile.
L’étude des belles lettres, qui l’occupait d’abord et où il excellait, se subordonna d’elle-même dans sa pensée dès qu’il eut jeté les yeux sur la Bible, ce qui lui arriva dans son année de seconde ou de rhétorique : ce moment où il rencontra et lut pour la première fois une Bible latine, et l’impression de joie et de lumière qu’il en ressentit, lui restèrent toujours présents, et il en parlait encore dans ses derniers jours ; il en fut comme révélé à lui-même ; il devint l’enfant et bientôt l’homme de l’Écriture et de la parole sainte. […] Au travail, il jetait sur le papier son dessin, son texte, ses preuves, en français ou en latin indifféremment, sans s’astreindre ni aux paroles, ni au tour de l’expression, ni aux figures : autrement, lui a-t-on ouï dire cent fois, son action aurait langui et son discours se serait énervé.
On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !
Il va au-devant des barbares, ou les gagne aussitôt après leur entrée ; service énorme ; jugeons-en par un seul fait : dans la Grande-Bretagne, devenue latine comme la Gaule, mais dont les conquérants demeurèrent païens pendant un siècle et demi, arts, industries, société, langue, tout fut détruit ; d’un peuple entier massacré ou fugitif, il ne resta que des esclaves ; encore faut-il deviner leurs traces ; réduits à l’état de bêtes de somme, ils disparaissent de l’histoire. […] Jusqu’à la fin du douzième siècle, si le clergé pèse sur les princes, c’est surtout pour refréner en eux et au-dessous d’eux les appétits brutaux, les rébellions de la chair et du sang, les retours et les accès de sauvagerie irrésistible qui démolissaient la société. — Cependant, dans ses églises et dans ses couvents, il conservait les anciennes acquisitions du genre humain, la langue latine, la littérature et la théologie chrétiennes, une portion de la littérature et des sciences païennes, l’architecture, la sculpture, la peinture, les arts et les industries qui servent au culte, les industries plus précieuses qui donnent à l’homme le pain, le vêtement et l’habitation, surtout la meilleure de toutes les acquisitions humaines et la plus contraire à l’humeur vagabonde du barbare pillard et paresseux, je veux dire l’habitude et le goût du travail.
Voulez-vous que je vous dise pourquoi en latin ? » — En latin ou en français, pourvu que vous me le disiez.
Il a pris à la fréquentation les Muses helléniques et latines une gravité harmonieuse et hautaine, un reflet lumineux et calme.
Traduire avec autant de force que d’exactitude les Auteurs Grecs & Latins, analyser avec clarté & précision les Peres de l’Eglise, présenter avec une simplicité éloquente la substance des décisions des Conciles, raconter les événemens, ou plutôt les peindre de manière que le Lecteur croit en être témoin ; tel est le résultat du travail de M. l’Abbé Fleury.
On reconnaît ceux du bel âge de la France à la fermeté de leur style, au peu de recherche de leurs expressions, à la simplicité de leurs tours, et pourtant à une certaine construction de phrase grecque et latine qui, sans nuire au génie de la langue française, annonce les modèles dont ces hommes s’étaient nourris.
L’inscription sepulcrale n’est que de quatre mots latins : je vivois cependant en Arcadie, et in Arcadia ego.
Les Latins en conservèrent epulæ, banquets somptueux, le plus souvent donnés par les grands ; epulum, repas donné au peuple par la république ; epulones, prêtres qui prenaient part au repas sacré.
Chez toutes ces nations on ne trouve rien d’écrit qu’en latin barbare, langue qu’entendaient seuls un bien petit nombre de nobles qui étaient ecclésiastiques.
On nous imposait autrefois, pour nous enseigner le latin, des recueils d’expressions choisies, qui n’étaient que des expressions toutes faites, de purs clichés pouvant servir tout au plus à pasticher un latin artificiel. […] Amyot et les auteurs latins ont créé Montaigne, et les tragiques grecs Racine. […] Les Latins ont imité les Grecs. […] Bossuet a aussi écrit une fable latine qu’il fit circuler sous le nom de Phèdre. […] Oui, latet anguis in herba : tout cela en somme est traduit du latin.
Roze, de l’Académie, après avoir traduit en latin le couplet que chante Sganarelle, et qui finit par ces vers : Ah ! […] Quel impudent personnage a pu imaginer cette grossièreté ; et comment ce parterre si renommé, ce parterre du pays latin, a-t-il pu la supporter ? […] Boileau et madame Dacier préféraient, dit-on, la pièce latine ; mais persistons à ne pas juger sur parole. […] Le prologue. — Le poète latin fait annoncer par Mercure ce qui doit arriver dans le courant de la pièce, et par là en détruit l’intérêt ; nous n’avons pas à faire un pareil reproche à Molière, et cependant Boileau préférait, dit-on60, le prologue latin. […] Le dénouement. — Le latin, amené et fait sans art ; le français, rempli de finesse et d’économie dramatique.
Amédée Pommier sur les trafiquants littéraires ; ces vers-là, pour n’en rien dire davantage, nous semblent bien crus et d’une verve terriblement latine.
Ils agirent comme un puissant réactif, ajoutant sans doute aux éléments celtique et latin, mais surtout les forçant à se combiner, à s’organiser en une forme nouvelle : en leur présence, et à leur contact, se forma, se fixa ce composé qui sera la nation française, composé merveilleux, où l’on ne distingue plus rien de gaulois, de romain ni de tudesque, et dont on affirmerait l’absolue simplicité, si l’histoire ne nous faisait assister à l’opération qui l’a produit.
Elle s’écoula presque tout entière en Avignon, comme on dit là-bas, où il était né et où il mourut, après y avoir vécu cinquante-sept ans (1829-1886)… Son œuvre offre partout la clarté native du génie latin.
Personne ne possédoit mieux les Auteurs Grecs & Latins ; & ne s’est plus appliqué à les commenter, à les éclaircir, & à les faire paroître sur la Scène avec tout le cortége d’une Edition travaillée avec soin.
Ce qui acheve de prouver qu’il est un de nos meilleurs Littérateurs, est l’érudition qu’il joint au mérite du style & de la Poésie ; érudition qui n’est point fantastique & mendiée, comme celle de tant d’Ecrivains dont le fond consiste dans quelques Extraits lus sans réflexion, & insétés uniquement pour faire étalage, mais une érudition solide, étendue, choisie, dirigée par le goût, appuyée sur la connoissance de l’Hébreu, du Grec, du Latin, & de plusieurs Langues vivantes.