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1149. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Il a parlé quelque part de cette forme et de cette espèce de directeur à la mode et très goûté de son temps, « qui semble n’avoir reçu mission de Dieu que pour une seule âme, à laquelle il donne toute son attention ; qui, plusieurs fois chaque semaine, passe régulièrement avec elle des heures entières, ou au tribunal de la pénitence ou hors du tribunal, dans des conversations dont on ne peut imaginer le sujet, ni concevoir l’utilité ; qui expédie toute autre dans l’espace de quelques moments, et l’a bientôt congédiée, mais ne saurait presque finir dès qu’il s’agit de celle-ci » : directeur délicieux et renchéri, exclusif et mystérieux, dont Fénelon est le type idéal le plus charmant (le Fénelon de Mme Guyon et avant l’exil de Cambrai). […] Il avait eu le temps de voir les éclatants débuts de Massillon, et il les avait salués de cette parole prononcée pour la première fois par saint Jean-Baptiste, parole de précurseur où le vieil athlète vaincu disparaît dans le chrétien, et où la tristesse inévitable de celui qui finit se retourne en vœux et en bénédictions vers celui qui commence : « Illum oportet crescere, me autem minui… À lui désormais de grandir et de croître, à moi de m’effacer et de décliner ! 

1150. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

— Et en Angleterre où il ira de guerre lasse et où il finira ses jours, que lui veut le roi Jacques ? […] On aurait à relever bien d’autres choses dans le journal de Casaubon ; on y apprend bien des particularités sur les hommes célèbres du temps avec lesquels il est en relation, et sur son beau-père Henri Estienne, devenu le plus bizarre des hommes en vieillissant, qui avait si bien commencé et qui a si mal fini, et sur Théodore de Bèze dont la vieillesse, au contraire, est merveilleuse ; et sur des personnages considérables de la Cour de France, le duc de Bouillon et d’autres ; mais le personnage intéressant, c’est lui-même, lui, à toutes les pages, nous faisant l’histoire de son âme : aussi, pour ceux qui aiment ce genre de littérature morale intime qui nous vient de saint Augustin, on peut dire qu’il existe maintenant un livre de confessions de plus.

1151. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Mais ne pressons même pas trop cette moralité dans la Psyché première, dans celle d’Apulée qui nous la représente ; car tout l’ensemble de la fable ne s’y accorde pas, et le conte finit par le plus grand bonheur et l’apothéose de celle même qui a manqué de prudence, et qui a désobéi à bien des reprises aux plus tendres conseils. […] Au lieu de finir par une plaisanterie et par une épigramme sanglante contre les femmes comme dans le Lucius grec, nous avons ici une conclusion sérieuse et même sacerdotale.

1152. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

., tout peut devenir matière à cette sorte d’avarice doublée d’amour-propre, et qui finit par être un tic, la Collection. […] Et pourtant, à la longue et toute seule, tu finirais par rebuter insensiblement, par rassasier ; tu es trop souvent plate, vulgaire et lassante.

1153. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Il continue de plaider pour lui jusque dans la sévérité dont il poursuit son successeur, et il n’estimera avoir fini sa tâche d’apologiste en faveur de M. de Harlay que quand il aura achevé de critiquer, de diminuer et de rabaisser jusqu’au mépris le cardinal de Noailles. […] Et si on le considère en lui-même, c’est un personnage, sinon un caractère, tout plein de belles qualités, avec un seul défaut, capital il est vrai, et qui finit par dominer trop insolemment et par éclipser le reste.

1154. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

C’était donc Balzac, Léon Gozlan, Jules Sandeau, Théophile Gautier, Méry, Mélesville ; — Forgues, que la nature a fait distingué et que la politique a laissé esprit libre ; Edouard Ourliac, d’une verve, d’un entrain si naturel, si communicatif, et qui devait finir par une conversion grave ; un italien réfugié, patriote et virtuose dans tous les arts, le comte Valentini, qui payait sa bienvenue en débitant d’une voix sonore et d’un riche accent le début de la Divine Comédie : Per me si va… C’était le médecin phrénologue Aussandon, qui signait Minimus Lavater et qui avait la carrure d’un Hercule ; Laurent-Jan, esprit singulier, tout en saillies pétillantes et mousseuses ; le marquis de Chennevières, esprit poétique et délicat, qui admire avec passion, qui écoute avec finesse ; — nommerai-je, parmi les plus anciens, Lassailly l’excentrique, qui, même en son bon temps, frisait déjà l’extravagance, qui ne la séparait pas dans sa pensée de la poésie, et qui me remercia un jour très sincèrement pour l’avoir appelé Thymbræus Apollo ? […] Tel est le triste spectateur final que Gavarni va donner à la farce humaine après que le bal est fini, quand le feu d’artifice est tiré, et qu’il ne reste plus que les lampions fumants et des décors vus à l’envers.

1155. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

. — Oui, ce sont bien là les intérieurs garnis, à hauteur d’homme, de carreaux de faïence formant des mosaïques comme dans les salles de l’Alhambra, les fines nattes de jonc, les tapis de Kabylie, les piles de coussins et les belles femmes aux sourcils rejoints par le furmeh, aux paupières bleuies de kh’ol, aux joues blanches avivées d’une couche de fard, qui, nonchalamment accoudées, fument le narguilhé ou prennent le café que leur offre, dans une petite tasse à soucoupe de filigrane, une négresse au large rire blanc. » C’est sur cet admirable petit tableau que finissait le premier article57. […] Hook, de ce sentiment d’une poésie presque banale, a fait un tableau délicieux. » Jusqu’ici tout est bien ; mais écoutez la fin, qui est d’une mélancolique poésie : « Cependant l’enduit rouge des palais s’écaille comme le fard aux joues d’une courtisane ; la vase et les herbes marines envahissent les canaux déserts ; des linges sèchent aux fenêtres bouchées de planches, et le crabe monte sur les marches où Violante et la reine Cornaro58 posaient leur pantoufle d’or. » Et le feuilleton du Moniteur finit là-dessus.

1156. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

remy, qui, jeune, ne trouva pas à ouvrir sa voie dans les tentatives d’alors, et qui dissipa ses premiers efforts dans les conceptions les plus hasardées, fit preuve, à un certain moment, d’une volonté forte et d’un bien rare courage : il rompit brusquement avec cette imagination qui ne lui répondait pas, avec ce passé qu’il avait fini par réprouver ; il aborda les études sévères, les hautes sources du savoir et du goût, et il en sortit après plusieurs années comme régénéré. […] Fremy est si en peine de trouver et de poursuivre partout le madrigal, qu’il n’a pas craint d’en dénoncer un dans les vers qui terminent cette adorable pièce de la Jeune Captive : Ces chants, de ma prison témoins harmonieux, Feront à quelque amant des loisirs studieux Chercher quelle fut cette belle : La grâce décorait son front et ses discours, Et comme elles craindront de voir finir leurs jours Ceux qui les passeront près d’elle !

1157. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

L’éloignement n’avait fait qu’exalter sa tendresse ; elle n’avait guère autre chose à quoi penser ; les questions, les compliments de tous ceux qu’elle voyait la ramenaient là-dessus ; cette chère et presque unique affection de son cœur avait fini par être à la longue pour elle une contenance, dont elle avait besoin comme d’un éventail. […] Il me semble qu’on s’est efforcé en général de le faire finir un peu trop tôt.

1158. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Ici c’est un contour plus ferme, plus fini, sur un sujet plus désintéressé ; l’observation du monde y tient plus de place, sans que l’attendrissement y fasse faute ; l’affection et l’ironie s’y balancent par des demi-teintes savamment ménagées. […] La maréchale tient dans l’action toute la partie moralisante, et elle en use avec un à-propos qui ne manque jamais son but ; Athénaïs et Eugène sont le caprice et la poésie, qui ont quelque peine à se laisser régler, mais qui finissent par obéir, tout en sachant attendrir leur maître.

1159. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Elle avait fini par lire couramment la pensée du cachet qui se variait sans cesse avec caprice, facile blason de coquetterie encore plus que d’amour, et qui ne demande qu’à être compris. […] Il avait fini lorsqu’il vit dans l’ombre une main qui s’avançait comme pour chercher la sienne ; il la donna et sentit qu’après une tremblante étreinte, celle de Christel ne se retirait qu’après lui avoir remis celle même de sa mère.

1160. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Au reste, on peut dire que dès lors la période d’invention est finie pour le théâtre du moyen âge : il est en possession de tous les éléments, caractères, procédés, qui lui serviront jusqu’à la fin du xvie siècle. […] Il ne faut pas finir cette étude des origines du théâtre comique, sans rappeler que certaines œuvres qui n’ont aucun rapport avec le théâtre, contiennent cependant des germes précieux.

1161. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

On connaît la qualité d’une passion à deux moments principaux : lorsqu’elle commence, et lorsqu’elle finit. […] Les honnêtes gens finissent par ne plus rire que du bout des lèvres et par demander autre chose.

1162. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Une fois les lourds battants feutrés retombés derrière vous, tout est fini, rien de tout cela n’existe plus : vous entrez dans un monde nouveau, dans un lieu de mystère où vous pouvez croire que la vie est un vague et mauvais rêve allégé par des trêves bienfaisantes qui font pressentir le réveil ailleurs ; et vous sortirez avec une douceur dans l’âme et une résignation un peu moins inutile que la révolte. « Venez, vous qui peinez et qui êtes chargés, et je vous soulagerai. » Mais, au lieu de gueux et de claque-patins, des messieurs, qui ont toutes sortes de raisons pour se consoler de vivre, viennent occuper les places d’abonnés, les stalles de velours en face de la chaire. […] Un prêtre dans la chaire expose le dogme ; quand il a fini, un petit vicaire, assis en face, au banc d’oeuvre, se lève : il représente l’Erreur. « Je rends hommage, dit le prestolet, à l’éloquence de l’éminent prédicateur ; mais, nous autres protestants, nous sommes entêtés. » Et il fait alors des objections ridicules, aggravées de facéties qui mettent en joie les dévotes.

1163. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Et la lamentation de Sandoz s’élève ; car l’artiste triomphant est aussi triste que l’artiste vaincu ; il doute de son œuvre, il doute de tout, et le livre finit par un chant de désespoir. […] S’il ne sort de Médan, il finira par des livres d’un naturalisme apocalyptique, qui pourront, d’ailleurs, être fort beaux.

1164. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Souvent il commence par adopter et par soutenir un mensonge de groupe, en sachant parfaitement que c’est un mensonge : puis, à force de l’entendre et de le répéter, il finit par oublier sa nature mensongère et par le soutenir mordicus comme une vérité. Le cas du menteur qui finit par croire à son propre mensonge n’est pas rare.

1165. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Mais La Bruyère, fin polisseur de statuettes, a tort de blâmer le moins fini et le moins élégant des statues, et il eût été bien incapable de dresser la cariatide, un peu lourde sans doute, qui supporte une action. […] On finit par reconnaître que l’atmosphère est empoisonnée et que les vivants, aussitôt entrés ici, meurent.

1166. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Elle le jugea du premier coup d’œil, le prit en dégoût, le quitta, essaya par moments de se remettre avec lui, en trouva l’ennui trop grand, et finit par se passer avec franchise toutes les fautes et les inconséquences qui pouvaient nuire à la considération, même en ce monde de mœurs relâchées et faciles. […] J’engage les curieux à relire le passage qui commence par ces mots : « Dites-moi pourquoi, détestant la vie, je redoute la mort… » et qui finit par ces mots : « J’avoue qu’un rêve vaudrait mieux. » Un critique anglais, au moment où les Lettres parurent à Londres, remarquait avec justesse que Mme Du Deffand semble avoir combiné dans la trempe de son esprit quelque chose des qualités des deux nations, le tour d’agrément et la légèreté de l’une avec la hardiesse et le jugement vigoureux de l’autre.

1167. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

à un endroit, par exemple, où il vient de parler admirablement de la Grèce et de Fénelon, il dira : « Si Napoléon en avait fini avec les rois, il n’en avait pas fini avec moi. » Tout au sortir d’un mot digne de Sophocle, on a tiré phrase à la Cyrano.

1168. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

C’est cette attitude et ce rôle unique qu’elle affecte dans son langage, dans ses entretiens, dans sa correspondance, et, pour peu qu’on la lise avec suite, elle finit presque par vous convaincre. […]  » Et après l’avoir entendue un peu plus longtemps, on finit par le dire sérieusement avec elle : Oui, la pauvre femme en effet !

1169. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il est un pur amateur qui dit son avis ; c’est son droit et son plaisir : L’agréable dispute où nous amusons Passera, sans finir, jusqu’aux races futures ;      Nous dirons toujours des raisons,      Ils diront toujours des injures45. […] On finit par s’en rapporter dans cette grave affaire à l’avis de Bossuet, lequel donna moins de tort à Perrault que ne l’avait fait Arnauld ; et, sur ces entrefaites, Racine ménagea entre les deux adversaires une réconciliation qui, sans être jamais fort tendre, fut honnête du moins et suffisante.

1170. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Ainsi, un jour, étant au lit (car il se levait tard) et débitant au docteur Arnauld, qui l’était venu voir, sa troisième Épître où se trouve le beau passage qui finit par ces vers : Hâtons-nous, le temps fuit, et nous traîne avec soi : Le moment où je parle est déjà loin de moi ! […] Boileau finit par la vendre, mais ce ne fut que quand ses infirmités lui eurent rendu la vie plus difficile et la conversation tout à fait pénible.

1171. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Converti d’abord par politique, il paraît qu’il le fut ensuite plus sérieusement et plus sincèrement avec les années, et que les raisons de conscience finirent par se joindre en lui aux autres considérations du personnage public et du roi. […] … Considérez qu’alors le monde finira pour ce qui vous regarde ; il n’y en aura plus pour vous ; il renversera sens dessus dessous devant vos yeux… Considérez les grands et langoureux adieux que votre âme dira à ce bas monde, etc.

1172. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Originairement, l’intelligence n’a pas d’autre objet que les différents plaisirs ou déplaisirs : c’est la première chose qui l’intéresse et l’éveille ; en se développant, elle est obligée de faire attention aux ressemblances ou aux différences, à l’ordre des phénomènes, et elle finit par y faire une attention telle qu’elle cesse de se rappeler le plaisir et la peine ; absorbée dans la relation, elle oublie les termes de la relation même, qui deviennent peu à peu pour elle de simples moyens secondaires, des signes, des symboles de plus en plus dépouillés de leur caractère affectif et émouvant. […] De la même manière, quand quelque partie d’un animal, comme le cœur d’un vertébré, a des fonctions consistant en de tels mouvements rythmiques, la transmission de sensations agréables ou pénibles au cerveau cesse d’être utile et finit par disparaître faute d’exercice.

1173. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

En second lieu, l’intelligence finit par prendre intérêt aux ressemblances et différences pour elles-mêmes, parce que le discernement des ressemblances et différences est sa loi propre, conséquemment sa tendance normale. […] Après avoir été surtout, à l’origine, un témoin de la lutte des idées, la conscience finit par être la principale force de sélection parmi les idées ; elle tend même à devenir de plus en plus dominante dans l’humanité : purement imitatrice au début, elle devient en un sens créatrice.

1174. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Alors Zola d’énumérer les phénomènes morbides, qui lui donnent la peur de ne pouvoir jamais finir les onze volumes, lui restant à écrire. […] L’examen fini, la juive s’est laissée tomber sur une chaise longue, et la tête penchée de côté, et montrant au sommet un enroulement de cheveux, qui ressemblait à un nœud de couleuvres, elle s’est indolemment plainte, avec toutes sortes d’interrogations amusantes de la mine et du bout du nez, de cette exigence des moralistes et des romanciers, demandant aux femmes qu’elles ne fussent pas des créatures humaines, et qu’elles n’eussent pas dans l’amour les mêmes lassitudes et les mêmes dégoûts que les hommes.

1175. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Aux autres pages des Mémoires, on applaudit et l’on ne regrette rien de cette gouaillerie grandiose et comique, infligée par ce grand seigneur, en gaîté de mépris, à un homme, moins qu’un homme d’attitude première, mais qui finit par montrer qu’il pouvait s’élever et se tenir en homme sur son piédestal de boue, lorsque la mort, — cette épouvantable justicière de Dieu, — le renversa dessus pour qu’il ne pût pas en descendre. Mais ici, en cet endroit suprême de ces Mémoires qui finissent, on peut demander à Saint-Simon quelque chose de plus que les invariables cruautés du mépris ; oui, on peut lui demander autre chose pour l’honneur de la vérité.

1176. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Écoute. » Il s’agenouillait devant lui, lui entourait le cou de ses bras ; leurs deux têtes s’appuyaient l’une à l’autre, et, pendant quelques minutes, on n’entendait plus rien que le chuchotement des lèvres… Puis, après l’avoir entendu, il lui parlait, le fortifiait, l’enthousiasmait, et, quand c’était fini et que le petit était encore mieux qu’avant disposé à tous les sacrifices, il l’embrassait ». […] » Et ce prêtre finissait toujours ses histoires par cette phrase fièrement et tristement jetée : « Nous avons fait notre devoir.

1177. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Il a acheté un piano, il a fait élever sa fille comme une dame, il a envoyé son fils dans les grandes écoles, il a fini par quitter lui-même son village, où il faisait figure, pour s’engloutir dans les villes où sa trace s’est perdue et où sa race s’est tarie. […] C’est fini, nos petits-enfants collectionneront comme des reliques de musée les dernières coiffes de lin.

1178. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Enfin, à ce mouvement expansif, finit tôt ou tard par en succéder un troisième qui en est comme la suite et le complément ; non-seulement la sensibilité se porte vers l’objet, mais elle tend à le ramener à elle, à se l’assimiler, s’il est possible. […] Ils prennent alors la plante, et, refaisant le travail, finissent par arriver au sens.

1179. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Un jour était fini. […] On a fini par nous conduire à croire qu’on ne l’espérait plus, qu’on ne l’attendait plus. […] Il imprime la collection de ses « œuvres complètes », comme s’il avait à jamais fini de prononcer une parole. […] Velléda, vendue comme esclave, ils la traînent par la Germanie : elle finira sur un marché de Rome. « Mon cheval ! […] Oui, quand je constate qu’au surplus, toutes les conjectures qu’il examine, il finit par les rejeter.

1180. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Sur Adolphe de Benjamin Constant » pp. 432-438

Je doute cependant que tous liens de la sorte (comme il les appelle) finissent aussi misérablement que la liaison de son héros et de son héroïne.

1181. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

Bref on finit par en être excédé et par crier grâce, surtout quand il n’arrive pas de nouveau sujet, de nouveau tremblement de terre, de nouveau chef-d’œuvre.

1182. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

Son plus grand défaut, vous l’avez dit, est de ne pas distinguer net et d’un coup d’œil inexorable l’endroit où finit le délicat élégant et où commence l’élégant commun : il accorde un peu trop à celui-ci ; mais, en somme, il est au premier rang dans la seconde ligne critique qui vient après Villemain.

1183. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Je m’en fis même une objection quand mon ami Ampère voulut me présenter à l’Abbaye-au-Bois ; mais je finis par céder à ses instances, et c’est dans ce salon que je retrouvai M. de Chateaubriand comme dans son cadre le plus naturel et où il était décidé à être le plus aimable.

1184. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

Au milieu de l’espèce de lac, il y avait un grand courant, un Rhône qui traversait, qui ébranlait la masse et qui finit par la précipiter ; sur ce courant du milieu, s’agitaient des orateurs, des guerriers, la jeunesse à la nage, le peuple, un poëte libéral, un seul vrai, Béranger avec sa lyre !

1185. (1874) Premiers lundis. Tome I « M.A. Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes — I »

Placé entre l’exagération de la Commune et la modération des dantonistes, craignant également d’être entraîné ou ralenti, le Comité, pour en finir, frappa des deux côtés et annula tourte résistance.

1186. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. L’Angleterre en 1688 et la France en 1830 »

En Angleterre, les partis politiques qui avaient conservé leurs formes religieuses même sous la Restauration, et qui s’étaient successivement brouillés ou réunis, selon leurs intérêts, finirent par s’entendre, en haine du papisme qui les opprimait, et la Révolution de 1688 aboutit au triomphe complet de l’anglicanisme, à la tolérance pour les non-conformistes protestants, à la proscription contre les catholiques.

1187. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

Après quoi, coupant court à une tâche sans cesse recommençante et qui n’a aucune raison naturelle de finir, nous prendrons, s’il se peut, congé du présent pour quelque Étude moins mobile, pour quelque œuvre plus recueillie.

1188. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Grâce à cette multitude de biographies secondaires qui se prolongent, reviennent et s’entrecroisent sans cesse, la série des Études de Mœurs de M. de Balzac finit par ressembler à l’inextricable lacis des corridors dans certaines mines ou catacombes.

1189. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Cette littérature, sans autre but que les plaisirs de l’esprit, ne peut avoir l’énergie de celle qui a fini par ébranler le trône.

1190. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les snobs » pp. 95-102

Tout critique affecte de voir à certains moments et finit par voir dans un ouvrage ce que les autres n’y voient pas, et pourrait dire comme Philaminte : Je ne sais pas, pour moi, si chacun me ressemble, Mais j’entends là-dessous un million de mots.

1191. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Je prends maintenant mon point de départ là où finit la tâche du commentateur, et je trace ma carrière au-delà.

1192. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

Quand l’adolescent a fini un nombre suffisant de phrases commencées par son maître, quand il les a ornées d’adjectifs modérés, quand il a, en temps convenable, emmailloté des idées qu’il n’avait point conçues, le grade de bachelier ès lettres vient témoigner qu’il a appris par là à se rendre maître de ses propres pensées.

1193. (1911) La valeur de la science « Introduction »

Il ne faut pas comparer la marche de la Science aux transformations d’une ville, où les édifices vieillis sont impitoyablement jetés à bas pour faire place aux constructions nouvelles, mais à l’évolution continue des types zoologiques qui se développent sans cesse et finissent par devenir méconnaissables aux regards vulgaires, mais où un œil exercé retrouve toujours les traces du travail antérieur des siècles passés.

1194. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VII. L’Histoire de la Physique mathématique. »

Plus ils sont généraux, en effet, plus on a fréquemment l’occasion de les contrôler et les vérifications, en se multipliant, en prenant les formes les plus variées et les plus inattendues, finissent par ne plus laisser de place au doute.

1195. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

La guerre de la Fronde finit en 1652, ayant duré quatre ans.

1196. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 439-450

Palissot, finit par ces mots : « Soyez persuadé de ma reconnoissance, de mon estime, & du très-sincere attachement avec lequel j’ai l’honneur d’être, &c.

1197. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

Mais, si le mal tant vous oppresse Qu’il ne reçoive guérison, Dessous le figuier de Tymon, Allez finir votre tristesse.

1198. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Mais tous ces mouvemens de vengeance ne furent que les vains efforts d’un homme qui, chargé d’un poids énorme & voulant le secouer, finit par en être accablé.

1199. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

Rousseau trouva la pièce très-bonne en général, en releva quelques endroits, & finit par exhorter l’auteur à travailler dans ce goût, à s’élever toujours ainsi sur les pas de Corneille & de Racine.

1200. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Avertissement » pp. -

C’est un parti qu’il faut nous décider à prendre, si nous commençons à craindre que l’attention ne se lasse, et surtout qu’à voir ainsi défiler triomphalement tant d’auteurs, le sentiment des distinctions et des distances qui les séparent ne finisse par s’y abolir.

1201. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

Le méchant ne durera, qu’un moment ; le grand homme ne finira point. » Voilà ce que je me suis dit, et voici ce que je me suis répondu : « Je cloute qu’un méchant puisse être véritablement grand.

1202. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 29, si les poëtes tragiques sont obligez de se conformer à ce que la geographie, l’histoire et la chronologie nous apprennent positivement » pp. 243-254

Doutez vous que l’Euxin ne me porte en deux jours aux lieux où le Danube y vient finir son cours ?

1203. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

C’est mal, Francisque ; vous finirez par collaborer avec Siraudin.

1204. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

de cet inexplicable roi, qui n’était constipé que du cœur, et Baschet finit son livre, comme il l’a commencé, par une déclaration d’ignorance sur le compte de ce Louis XIII qui n’était pas véritablement digne de tant de recherche et d’anxiété !

1205. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Préface » pp. -

Un roman comme Daphnis et Chloé n’est qu’une bucolique dont un génie chrétien peut faire, au bout de quinze cents ans, une autre bucolique, intitulée Paul et Virginie ; mais ce n’est pas assurément une telle composition, — pas plus que ces récits naïfs du Moyen-Age rajeunis par le pauvre marquis de Tressan, qui peuvent rappeler en quoi que ce puisse être, ces créations de l’Imagination et de l’Observation tout ensemble, qui commencent à La Princesse de Clèves et qui finissent aux Parents pauvres et aux Paysans.

1206. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Plusieurs stances ou odes de Malherbe finissent sur cet adverbe, comme sur la tonique et fondamentale par excellence. […] Julien Benda fait un détour, et montre avec verdeur qu’il n’a pas fini de ferrailler contre Belphégor et les clercs suspects. […] Maurice Rostand finira-t-il par ressusciter l’épître. […] La vérité finira toujours par imposer ses droits et par ruiner les mensonges vitaux ou soi-disant tels. […] Et l’on n’est pas fâché d’avoir fini.

1207. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Elle allait portant dans sa poche une petite autobiographie manuscrite qu’elle lisait à tout venant et qu’elle finit par faire imprimer. […] Puis, quand la fête fut finie, la morphine en consola plus d’une des tristesses du déclin. […] Mais nous n’aurions jamais fini, s’il nous fallait indiquer toute cette zoologie merveilleuse. […] On s’arrête à tous les buissons fleuris du sentier, et c’est une promenade qui n’en finit plus. […] À cette date de 1664, le pauvre Scarron avait fini de souffrir et de se moquer.

1208. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Avez-vous remarqué que tous ses romans « finissent bien » ? […] La procession venait de finir. […] On ne sait pas où commence la mer et où finit le ciel. […] Rod finit par trouver le bonheur dans le mariage. […] Il y fut décidé qu’à tout prix on en finirait avec le gars.

1209. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Aujourd’hui c’est fini de rire, et l’on marche à grands pas à la famine, ou tout au moins pour le moment à une gastrite générale. […] Il me crie d’un ton léger : « Tout est fini, l’armée rentre !  […] Le ministre ne le laisse pas finir, lui dit : « Mon cher enfant, vous savez combien je vous aime !  […] Ce bruit ne semble jamais finir. […] Enfin il remonta à son visage qu’il fixa longtemps, et il finit par dire : — « Non, non, l’autre était plus grêlé ! 

1210. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Je finis de plus, après m’être déterminé ; en soupçonnant encore que mon orguëil pourroit bien m’abuser. […] En ce cas, je lui laisserai finir le combat ; et je connois trop bien le peu d’importance de la matiere, pour en fatiguer davantage le public. […] L’action de ce poëme n’est pas de chercher et de trouver Ulisse, on voit bien que ce n’est que l’occasion de commencer les voyages, et le prétexte de les finir. […] Despreaux, aux dépens de ceux qui traduisent les poëtes en prose ; et il finit enfin en m’assurant que mon ouvrage me feroit honneur ; et qu’il aimeroit presque autant avoir traduit l’iliade comme je la traduisois, que d’avoir fait l’iliade même. […] Enfin je crois avoir fini ce morceau d’une maniere plus noble qu’Homere.

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