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1355. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Les sensations propres à la migraine, à l’indigestion, aux palpitations, nous empêchent d’ignorer où sont les organes même sans avoir disséqué, dit ce dernier.

1356. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

De peur qu’on ne le pénétrât, je me faisais saigner pour m’empêcher de rougir. » On voit qu’une des précautions de cette vie mystérieuse consistait à lui ôter tout air de mystère, et voilà pourquoi jusqu’en 1672, la société de madame Scarron continuait à la voir habituellement.

1357. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

» — « Ne laisse point périr en nous la race de PéIops : ainsi tu vivras, bien que tu sois mort. » — « Les enfants sauvent la renommée du père qui n’est plus, pareils au liège qui porte le rets et l’empêche de s’enfoncer dans l’abîme. » Cette fois l’Ombre est assurément réveillée ; sortie du sépulcre, elle enveloppe son vengeur ; le spectre ne fait plus qu’un avec le vivant. — Avant d’agir, Oreste veut savoir pourquoi ces libations envoyées au mort, « don misérable si fort au-dessous du crime ».

1358. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Ce n’est point pourtant un baron Hulot ; sa haute nature l’a toujours empêché de franchir la limite douteuse où le vice succède à la galanterie.

1359. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

M. de Lamartine assurément ne le croit pas, car il nous dit, en parlant de sa formation précoce : Cette vie entièrement paysannesque, et cette ignorance absolue de ce que les autres enfants savent à cet âge, n’empêchaient pas que, sous le rapport des sentiments et des idées, mon éducation familière, surveillée par ma mère, ne fit de moi un des esprits les plus justes, un des cœurs les plus aimants, etc., etc.

1360. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Grammont, dangereusement malade, et pressé de se convertir par Dangeau, que lui avait envoyé le roi, se retourne vers sa femme, fort dévote elle-même : « Comtesse, dit-il, si vous n’y prenez garde, voilà Dangeau qui va vous escamoter ma conversion. » Ce qui n’empêcha pas, en fin de compte, la conversion d’être suffisamment sincère.

1361. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

J’eus besoin de toute mon autorité pour maintenir l’ordre dans la marche et pour empêcher chacun de quitter son rang.

1362. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Que le cerveau soit l’organe de la pensée et de l’intelligence, c’est ce qui paraît suffisamment attesté par le fait que nous sentons notre pensée dans la tête, que la contention du travail intellectuel nous y cause de la douleur, que toute affection cérébrale empêche ou altère les fonctions intellectuelles.

1363. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Un sujet de pure imagination préviendrait le spectateur incrédule et l’empêcherait de concourir à se laisser tromper.

1364. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

A l’égard de la forme, je vous dirai qu’en approuvant le genre épistolaire dont le reviseur ou le compilateur s’est servi, j’aurois voulu qu’il en eût proscrit l’enflure, l’affectation, la déclamation, le ton de collège, la superfluité des mots & les répétitions importunes ; ce qui n’empêche pas que le style en général ne soit assez bon.

1365. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Ainsi je ne puis m’empêcher de croire que lorsque le peuple assemblé s’amusait à considérer des hommes nus aux bains, dans les gymnases, dans les jeux publics, il y avait, sans qu’ils s’en doutassent, dans le tribut d’admiration qu’ils rendaient à la beauté, une teinte mêlée de sacré et de profane, je ne sais quel mélange bizarre de libertinage et de dévotion.

1366. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

De sorte que lire le critique avant l’auteur, c’est m’empêcher de comprendre l’auteur moi-même ; c’est me forcer à ne l’entendre que d’une oreille préparée et presque formée par un autre ; c’est bien travailler à me mettre dans l’impossibilité d’être touché directement, et c’est-à-dire c’est bien travailler à me rendre incapable de jouissance.

1367. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Ces aménités étoilent alors d’usage entre savants, et, en rapprochant même les Factums de Furetière des libelles publiés par Saumaise et par Scaliger contre leurs antagonistes, ou ne peut s’empêcher de trouver sa modération égale à la verve de son esprit.

1368. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Mais heureusement pour nous, et j’ose dire heureusement pour elle, — car l’âme des saints doit être avide, même dans le ciel, de faire, par leur exemple, d’autres saints sur la terre, — il y eut dans sa vie, toujours cachée ou empêchée, le hasard providentiel de la rencontre d’un poëte et d’un cœur religieux, sans lequel nous n’aurions aujourd’hui ni l’immense poëte qu’elle fut, elle, ni la sainte aux grâces transcendantes, que M. 

1369. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Mais c’est l’un et l’autre de ces Mazarins, avec quelque chose de plus essentiellement lui-même… avec ce quelque chose d’inexpliqué jusqu’ici, mais non d’inexplicable, qui fait que l’Histoire, malgré la gravité de son langage et les immenses services rendus par le cardinal à la France, ne peut s’empêcher de l’appeler, d’une façon un peu méprisante : le Mazarin !

1370. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Je ne vois nulle part, dans ces deux vagues et confuses publications, le portrait que j’aurais voulu, — le portrait net, précis, essuyé de tout rêve et de toute rêverie, d’une matérialité vivante, qui crochèterait la pensée de la force de sa réalité et l’empêcherait d’errer jamais sur le compte de ce beau visage que les hommes ne reverront plus ; car le Léonard de Vinci de cette Joconde du xixe  siècle, qu’aurait pu être Chateaubriand qui ne l’a pas été, ne viendra jamais.

1371. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Si vous relisez avec attention les pièces qui composent le délicieux Spectacle dans un fauteuil d’Alfred de Musset, vous verrez qu’il n’y a rien dans ces pièces, si nonchalamment insouciantes des règles de théâtre, qui puisse empêcher de les y jouer, et aussi les y a-t-on jouées, et avec quel triomphe !

1372. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

 » Sa conclusion est également typique : « Pourtant, après ces fêtes où vient de se manifester, avec tant d’éclat, la force nationale de nos voisins, je ne puis m’empêcher de songer bien tristement aux luttes stériles qui nous épuisent aux périls extérieurs qui nous menacent ; et j’ai frissonné, en me demandant avec angoisse si, dans mes veines de Latin, je ne sentais pas couler le poison de la décadence. »‌ Voici enfin mon troisième texte dû à M. 

1373. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Certes, rien n’empêchera de supposer, à un moment donné, que le système de référence est lui-même en mouvement.

1374. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

N’empêche que d’un côté il y a de l’imaginé, du pur possible, tandis que de l’autre côté c’est du perçu et du réel.

1375. (1915) La philosophie française « I »

Attaché à Pascal autant qu’à Maine de Biran, épris de l’art grec autant que de la philosophie grecque, Ravaisson nous fait admirablement comprendre comment l’originalité de chaque philosophe français ne l’empêche pas de se relier à une certaine tradition, et comment cette tradition elle-même rejoint la tradition classique.

1376. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Il ne leur imposait point l’obligation d’admirer ou de croire ; il les laissait libres, et cependant les guidait avec une bonté si complaisante et par des sentiers si unis, qu’on ne pouvait s’empêcher de le suivre et de l’aimer.

1377. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Il ne suffit pas pour cela de la sévérité de son dialogue avec Alcée, tel que le cite Aristote69 : « Je veux », disait le hardi poëte, « te dire quelque chose ; mais la pudeur m’empêche. » Et Sapho de répondre : « Si tu avais le désir de choses nobles et belles, ni ta langue ne serait liée de peur de dire le mal, ni la pudeur ne retiendrait tes regards ; mais tu parlerais librement de ce qui est légitime. » Rien de mieux raisonné, sans doute ; mais tant d’autres témoignages nous la montrent différente !

1378. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Priscien prétend que cette seconde personne est la racine génératrice des fréquentatifs agitare, legitare, fugitare : mais c’est abandonner gratuitement l’analogie de cette espece de formation, puisque rien n’empêche de recourir encore ici au supin. […] Si elle est vivante, la mobilité perpétuelle de l’usage empêche qu’on ne puisse l’assigner d’une maniere fixe ; ses oracles n’ont qu’une vérité momentanée. […] Nous l’aurions souhaité, & nous l’avions même insinué à notre illustre prédécesseur : mais le tems ne nous a pas permis de le faire nous-mêmes ; & notre respect pour le public nous empêche de lui présenter des jugemens hasardés ou copiés. […] Si elle commence le mot, elle empêche l’élision de la voyelle finale du mot précédent, ou elle en rend muette la consonne finale. […] La tmèse n’est qu’une figure de diction, puisqu’elle ne tombe que sur le matériel d’un mot qui est coupé en deux ; & le nom même de tmèse ou coupure, avertissoit assez qu’il étoit question du matériel d’un seul mot, pour empêcher qu’on ne rapportât cette figure à la construction de la phrase.

1379. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Pourtant, en bon libéral, il tient « aux deux chambres et à la liberté de la presse », et le voilà bien empêché. […] — Comme dans toutes les commissions. — Le bavard m’empêchait de placer une idée. […] Il fait et il empêche de faire. […] L’égalitaire proteste contre ce fait, le libéral, l’individualiste ne peut pas s’empêcher de le défendre. […] C’est une des misères de la condition humaine que ce qui devrait mener à une conviction empêche presque nécessairement d’en avoir une.

1380. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Du moins, les sentiments religieux ne sont pas ce qui l’empêche de tourner mal. […] Une fine complaisance de l’esprit suffit à l’empêcher de méconnaître les pensées qui ne sont pas spontanément les siennes. […] Pour empêcher leur bonheur, il y a Octave. […] Avec leurs hérédités et avec leur individualité, ils ont leur ample et libre destinée : l’auteur ne les empêche pas de vivre et ne les soumet point à ses intentions… « L’art du roman (dit M.  […] … Et : — Très bien (répond Lafcadio) ; je n’y vois pas de difficulté ; « romancier, qui vous empêche ?

1381. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

L’état d’esprit anachronique dans une partie de la nation empêche la nation de marcher d’un pas égal. […] Quelle qu’elle soit, et par quelques philosophes qu’elle ait été enseignée, et dans quelque système qu’on l’ait fait entrer, elle est précisément ce qui empêche le plus les hommes de vivre en harmonie. […] Et la première chose à faire pour cela, c’est de renoncer à la civilisation tout entière, qui offusque cet ordre naturel et nous empêche de le voir. […] L’instinct de la lutte est peut-être son instinct le plus fort, et en tous cas, un instinct si puissant en elle qu’il y a à parier qu’il l’empêchera toujours et de céder aux impulsions altruistes, et même de voir son intérêt vrai. […] Rien ne défigure l’histoire comme cela, et rien n’empêche autant de la reconnaître quand on est véritablement en face d’elle.

1382. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Daudet est en dehors, et pourtant, c’est lui qui a le mieux appliqué les théories du naturalisme, ce qui n’empêche pas que le naturalisme, c’est Zola, Zola tout seul. […] Ma grand’mère est de Corfou ; ce qui ne m’empêche pas d’avoir la folie de la clarté ! […] Cela ne nous empêchera pas de faire du théâtre tel que nous le sentons, et je plains sincèrement les symbolistes de ne pouvoir admettre et comprendre qu’eux seuls, quelquefois même un seul d’entre eux. […] Qu’on rompe comme on voudra l’alexandrin intime, que même on change la césure de place, je veux bien… parce que je ne suis pas maître de l’empêcher ! […] La chaleur de la pièce empêchait décidément le monocle de tenir, il retomba.

1383. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Cela n’empêche pas son livre d’être fort intéressant. […] Rien n’est indispensable en pareille matière comme de donner tous les détails, et rien n’est difficile comme d’empêcher la multiplicité des détails exacts d’offusquer et voiler l’ensemble et les arbres de cacher la forêt. […] Je dirai seulement qu’il y a chez lui une certaine liberté de contradiction, très agréable, mais qui, à force de s’éloigner du pédantesque, empêche un peu son livre d’être didactique. […] Quand bien même le mot ne serait pour lui qu’un beau son, encore ne peut-il empêcher ce mot d’avoir son sens, d’apporter une idée avec lui et de la répandre. […] Le monde va de lui-même ; c’est-à-dire que le monde va en vertu de certaines lois naturelles, de certains principes primitifs et universels et, grâce à Dieu, il n’est pas au pouvoir des hommes de l’empêcher d’aller.

1384. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Qui donc n’a jamais souffert de la pudeur sentimentale, de cette fausse honte qui nous prend à la gorge et nous empêche de dire, faute de termes ou d’élan, ce dont le silence nous torture ? […] Ces penseurs ont leur portée lointaine qui empêche, dans un temps de foi décroissante, la veulerie au jour le jour et secoue les engourdis par l’effrayant tableau d’un destin qu’ils n’interrogeaient plus. […] Si vous m’empêchez de parler franc, je vais recourir aux moyens indirects, aux allusions empoisonnées, aux détours perfides. […] Ceci n’empêche point d’ailleurs le style coloré, la disposition picturale. […] Les associations ordinaires sont ici brisées, mais un axe très fort et solide empêche l’incohérence.

1385. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

On ne peut d’abord s’empêcher de trouver sa méthode, comme son idée même, ingénieuse sans contredit, mais plus hasardeuse encore qu’ingénieuse, et non seulement hardie, mais surtout arbitraire. […] Rien ne l’empêche, s’il le peut un jour, de s’y introduire. […] Il écrivit, il négocia, on lui donna des espérances, mais deux considérations l’empêchèrent finalement de partir, et c’est lui qui nous les huit connaître : ses dettes, et l’impossibilité de réunir la somme nécessaire au voyage. […] Déjà semblable à quelque héros de nos romans modernes, « sous un visage en joie et tranquille, il porte un fond secret d’inquiétude et de mélancolie, qui l’excite sans cesse à désirer quelque chose qui lui manque, et ce besoin dévorant, cette absence d’un bien inconnu, l’empêchent d’être entièrement heureux ». […] On le trouble dans ses plaisirs, on l’empêche de recruter des acteurs pour son théâtre parmi la jeunesse de Genève : « Les prêtres de Genève ont une faction horrible contre la comédie ; je ferai tirer sur le premier prêtre socinien qui passera sur mon territoire.

1386. (1925) Dissociations

Un jaloux peut crever sa jalousie, il ne peut empêcher sa femme de disparaître dans une voiture, le tramway, le métro. […] Mais, en dehors de toute admiration (ce sentiment ne doit pas être prodigué), on ne peut s’empêcher de trouver quelque caractère à cet acte froidement exécuté. […] Ils empêchent d’envier les morts. […] Il y a partout une accommodation merveilleuse, et Rouen a été récompensé de son ingéniosité par la conservation de son caractère, ce qui ne l’empêche pas de s’étendre extérieurement, le long de la Seine, et de grimper aux collines voisines.

1387. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

On peut répondre à cela que l’un n’empêche pas l’autre ; la préciosité et la platitude vont très bien de compagnie, et l’auteur d’une récente publication en vers, que je ne nommerai pas puisqu’on n’en parle plus, a suffisamment démontré la possibilité de cette alliance. […] Ôtez de l’arsenal de Victor Hugo les sesquipedalia verla : flamboiement, rugissement, formidable, monstrueux, surhumain, etc., il se trouvera fort empêché, car sa poésie ne se compose de plus en plus que de cela. […] Mais pour être grammatical il faut dire absolument le contraire de sa pensée. — “Je crains pour lui un malheur,” très bien, je comprends. — Empêchons qu’il ne lui arrive malheur, je ne comprends plus. […] Mais cela n’empêche pas que les généralisations bien faites ne soient le couronnement et l’effort suprême de la science. […] La bonne économie est absente de ses dépenses pécuniaires comme de ses productions poétiques, et l’on ne peut s’empêcher d’être frappé du parallélisme que présentent l’administration de sa fortune et l’administration de ses talents.

1388. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Cela n’empêche pas qu’en vous lisant et en me reportant à mes souvenirs, je ne me sois fait quelques objections çà et là sur la mesure exacte selon laquelle vous jugez certains hommes. […] C’est ce qui l’a empêché, tout en imitant les anciens, entre autres Euripide, de reproduire la couleur et la souplesse qui les distingue. […] — Cela n’empêche pas, ajouta-t-il par manière de parenthèse, que ce Garibaldi ne m’intéresse prodigieusement. […] Son livre est néanmoins une fort agréable lecture qui n’empêchera personne en France de se renseigner plus exactement sur les chefs d’œuvres de la littérature allemande, et qui pourra même servir d’encouragement dans ce sens. […] Bouilhet, Baudelaire, de Banville, sont restés fidèles à la manière du maître, ce qui ne les empêche pas d’avoir chacun un talent fort différent.

1389. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Rien n’y fait, il part ; et la scène de la séparation navrante, terrible, ne l’empêche pas de réaliser son projet. […] Jusqu’au bout, il serait là, même mort, pour les empêcher d’être ensemble. […] Lui aussi n’a pu s’empêcher de se peindre, au milieu de ses amis, die ceux qu’il a vus passer dans sa vie d’artiste. […] Je trouve cependant, dans son roman, une page exquise, entre bien d’autres, que je ne puis m’empêcher de transcrire comme un chef-d’œuvre : de délicatesse de sentiment et d’expression. […] Pourtant, il revint vers elle ils se contemplèrent, hésitants, étranglés d’une émotion qui les empêcha encore de parler.

1390. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

— Je ne puis pas empêcher de chanter des gens qui s’ennuient. […] Il ne put s’empêcher, sans doute, de faire une autre réflexion qui, vu son âge, était innocente. […] Tous ces précurseurs, acharnés contre Henri IV, contre Richelieu, contre Mazarin, n’ont pas empêché le triomphe final des gens d’esprit et des gens de cœur. […] La fantasmagorie de leurs rues, de leurs boulevards, de leurs boutiques, éclipse les vitraux et empêche le passant de dire bonjour aux statues de pierre qui se morfondent dans les niches des portails. […] Et cela n’empêche pas le Quercy d’être un pays d’espérance et de gaieté.

1391. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

C’est un ridicule de plus, qui ne doit pas empêcher un auteur de peindre les bourgeois avec les mœurs bourgeoises. […] L’imagination qui dominoit dans Malebranche, l’a entraîné malgré lui dans ce qu’il appelloit la recherche de la vérité, & il n’a pû s’empêcher de s’y livrer dans le genre d’écrit où il étoit le plus dangereux de la suivre. […] les décences exigent que l’emportement soit noble, & n’empêchent pas qu’il ne soit excessif. […] On voit qu’Aristote n’admet le merveilleux, que dans les sujets dont la constitution est telle qu’ils ne peuvent s’en passer, en quoi l’auteur de Semiramis est d’un avis précisément contraire : Je voudrois sur-tout ; dit-il, que l’intervention de ces êtres surnaturels ne parût pas absolument nécessaire ; & sur ce principe l’ombre de Ninus vient empêcher le mariage incestueux de Semiramis avec Ninias, tandis que la seule lettre de Ninus, déposée dans les mains du grand-prêtre, auroit suffi pour empêcher cet inceste. […] Cependant dès qu’un génie audacieux & mâle a conduit le pinceau, on a vû éclore des morceaux sublimes ; les difficultés de l’art n’ont pas empêché Raphael de peindre la transfiguration, Rubens le massacre des innocens, Poussin les horreurs de la peste & le déluge, &c.

1392. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Ce monde bizarre, mystérieux et muet, où les paroles n’empêchent pas d’entendre la musique, devait, d’ailleurs, inviter sa fantaisie. […] Gautier — Au théâtre également : il empêche de voir les toiles de fond. […] Dans Salammbô, comme l’homme pourrait « empêcher de voir les toiles de fond », on l’a rejeté derrière le décor. […] Je serais fort empêché de leur serrer la main, ne leur voyant pas de corps. […] Et, d’ailleurs, qui vous empêche d’être indépendant, le soir, au café ?

1393. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Elles ressemblent à ces froncements et à ces rides qu’impriment volontairement à leur visage les voyageurs traversant les pays polaires, pour ranimer leurs muscles et empêcher leurs traits de se figer sous le froid. […] En réalité un mouvement beau ou gracieux a toujours quelque chose de vivant, et nous ne pouvons nous empêcher de placer par derrière un moteur semblable à nous. […] Aurait-on pu empêcher un Mozart, un Haydn, un Rossini même, d’entendre, dès l’âge de dix ou douze ans, ses voix intérieures, de chanter comme l’oiseau et de composer d’instinct sonates ou opéras ? […] Son oreille l’a généralement empêché de faillir là même où sa théorie était en défaut. […] Les voyelles constituant ainsi comme la coloration du langage, les consonnes ou articulations ne sont que les lignes qui séparent les unes des autres les diverses bandes colorées et les empêchent de se confondre.

1394. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

 » Il priait qu’on empêchât les généraux de s’emparer capricieusement des chevaux de l’artillerie. […] Elle obtint, en janvier 1794, un certificat de civisme, ce qui ne l’empêcha pas d’être enfermée à la prison des Carmes, où elle se consola par un manège de coquetterie réglée avec le général Hoche, emprisonné aussi. […] L’incomparable volubilité de cette femme éminente empêche le Premier Consul de dormir. […] L’attention passionnée avec laquelle il observait déjà les progrès de la Russie et les empiétements de l’Autriche ne l’empêchait pas de regarder et d’entendre, autour du Divan oriental, la perpétuelle discorde du « concert européen ». […] Il n’intervenait que pour empêcher d’agir.

1395. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Il est vrai que Goethe ne s’est fixé sur rien, et notre siècle, dont la constance sera un jour proposée pour modèle aux siècles futurs, n’a pu s’empêcher de blâmer hautement cette perpétuelle instabilité. […] Des amis l’entraînèrent hors de la maison du Seigneur, pour empêcher qu’il n’arrivât quelque pire scandale. […] Quand je le regarde lui-même, quand j’écoute ses doctrines, quand je vois sa violence sombre, je ne puis m’empêcher de le blâmer. […] Freytag, ne doit pas nous empêcher d’y reconnaître des qualités, sinon plus précieuses, du moins plus spéciales au romancier et plus rares chez les Allemands. […] Il ne faut pas que même la guerre l’empêche d’être fidèle à ses engagements ; il ne faut pas qu’une insulte, même lointaine, ternisse son nom.

1396. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Ces deux tiges de l’art, si l’on empêche leurs rameaux de se mêler, si on les sépare systématiquement, produiront pour tous fruits, d’une part des abstractions de vices, de ridicules ; de l’autre, des abstractions de crime, d’héroïsme et de vertu. […] Nous concevons qu’on pourrait dire : — Il y a dans des changements trop fréquents de décoration quelque chose qui embrouille et fatigue le spectateur, et qui produit sur son attention l’effet de l’éblouissement ; il peut aussi se faire que des translations multipliées d’un lieu à un autre lieu, d’un temps à un autre temps, exigent des contre-expositions qui le refroidissent ; il faut craindre encore de laisser dans le milieu d’une action des lacunes qui empêchent les parties du drame d’adhérer étroitement entre elles, et qui en outre déconcertent le spectateur parce qu’il ne se rend pas compte de ce qu’il peut y avoir dans ces vides… — Mais ce sont là précisément les difficultés de l’art. […] Mais cette forme est une forme de bronze qui encadre la pensée dans son mètre, sous laquelle le drame est indestructible, qui le grave plus avant dans l’esprit de l’acteur, avertit celui-ci de ce qu’il omet et de ce qu’il ajoute, l’empêche d’altérer son rôle, de se substituer à l’auteur, rend chaque mot sacré, et fait que ce qu’a dit le poëte se retrouve longtemps après encore debout dans la mémoire de l’auditeur.

1397. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Je ne crois pas aux présages, mais je ne peux jamais m’empêcher de penser que cette aimable paternité du célèbre écrivain avait jeté une bonne influence d’esprit sur ma vie, et que c’était à cette bénédiction du grand historien que je devais peut-être ma prédilection passionnée pour la haute histoire, le seul poème véritablement épique des âges de raison. […] Figure rêveuse, physionomie plus que belle, car elle était ineffaçable ; âme molle comme l’attitude ; caractère qui se pliait à tous ceux de ses amis comme une étoffe moelleuse à laquelle l’artiste n’a point donné de forme, mais dont on se drape au gré de la saison ; voix musicale qui résonnait jusqu’au fond de l’âme ; imagination poétique que la langueur des sensations empêchait de produire, mais toujours prête à rêver mieux que vous vos propres rêves et à ruminer mieux que vous vos propres vers ; un homme-écho enfin, si l’on peut se servir de cette expression, mais un écho sensible, intelligent, qui ne restait muet que par paresse, et inerte que par amour du sommeil. […] Son indolence l’empêchait de produire lui-même des œuvres achevées, mais il était capable de tout ce qu’il admirait.

1398. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Rien n’empêche de substituer à cette perception, toute pénétrée de notre passé, la perception qu’aurait une conscience adulte et formée, mais enfermée dans le présent, et absorbée, à l’exclusion de tout autre travail, dans la tâche de se mouler sur l’objet extérieur. […] La perception ressemble donc bien à ces phénomènes de réflexion qui viennent d’une réfraction empêchée ; c’est comme un effet de mirage. […] Mais de quelque manière qu’on s’y prenne, on ne peut s’empêcher de la poser d’abord : l’unique question est donc de savoir pourquoi et comment cette image est choisie pour faire partie de ma perception, alors qu’une infinité d’autres images en demeurent exclues.

1399. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il y a de longues années aussi que la maladie empêche Henri Duparc d’écrire. […] L’idée de la fatalité le menait à se résigner, l’empêchait au moins de se manifester en cris de désespoir. […] Les agréments qu’elle a, ses finesses jolies n’empêchent pas qu’elle ne soit puissante. […] … Tout de même, cela n’empêche pas la métaphysique — et c’est-à-dire la philosophie — de mourir, ou bien d’être morte. […] Une sincérité suffisante, et enfin tout ce que le prochain peut, sans niaiserie, attendre de nous en fait de sincérité, ne nous empêche pas d’arranger un peu notre personnage.

1400. (1891) Esquisses contemporaines

Néanmoins, une extrême bienveillance l’empêche de se plaindre de personne. […] La vérité est accessible à tous, et les différences des hommes n’empêchent aucun d’y parvenir. […] Mais il ne faut pas que ce travail de réflexion altère le libre épanouissement de la vie subjective et empêche la mainmise de l’être personnel sur le monde extérieur. […] Peut-être quelque étude absorbait-elle ma pensée ; peut-être était-ce le bruit de la rue qui m’empêchait de t’entendre. […] Ceux qui seraient empêchés de le faire nous sauront gré peut-être d’en citer quelques fragments.

1401. (1887) George Sand

Cela n’empêche pas que mes instincts ne m’aient fait, à mon insu, la théorie que je vais établir, que j’ai généralement suivie sans m’en rendre compte, et qui, à l’heure où j’écris, est encore en discussion. […] Ce que je veux uniquement, c’est rétablir la responsabilité là où elle doit être, et empêcher qu’on n’aggrave encore des faiblesses trop réelles par ces complaisances de doctrines empressées à les absoudre. […] Il faut tenir sa raison bien en garde pour l’empêcher d’être entraînée. […] Leibniz d’abord, et puis Lamennais, Lessing, puis Herder expliqué par Quinet, Pierre Leroux, Jean Reynaud enfin, voilà les principaux maîtres qui l’empêchèrent, par des secours successifs, de trop flotter dans sa route à travers les diverses tentatives de la philosophie moderne. […] Soit dans les descriptions, soit dans les analyses, soit dans la suite des événements, il suit l’idée d’un mouvement continu, il l’exprime et le manifeste avec une aisance et une fluidité qui n’empêchent pas la force.

1402. (1903) Le problème de l’avenir latin

L’histoire impartiale, en dépit de son parti-pris coutumier, ne peut s’empêcher d’ailleurs de le constater. […] Je ne puis m’empêcher de songer au précepte de Platon bannissant ce qu’il appelle les « poètes », et ce qu’on nommerait plus justement les sophistes, de sa République. […] Ce qui nous empêche peut-être d’en reconnaître loyalement la légitimité, c’est qu’accoutumés de borner notre vision à notre petite patrie, nous négligeons d’embrasser du regard l’ensemble du monde. […] Il ne faudrait pas croire que la nécessité de la solidarité empêchât celle de la sélection. […] Je ne puis m’empêcher de rappeler ici un conte, au symbolisme transparent et de signification saisissante, qu’un poète écrivit un jour, — sans se douter peut-être de toute la profondeur dont il est empreint.

1403. (1899) Arabesques pp. 1-223

Drumont a beau crier qu’il n’agite qu’une question de race et non de religion, il ne peut s’empêcher de dévoiler ses mobiles véritables en attaquant, parallèlement aux Juifs, les Protestants. […] Le violent amour qu’ils portent à l’Alsace-Lorraine ne les empêche pourtant pas de traiter M.  […] Il sait très bien que la Bourgeoisie, partagée entre son désir d’un frein qui empêcherait ses esclaves de se révolter et ses traditions anticléricales, tâche de tout concilier en usant de finasseries plutôt répugnantes. […] Il a beau se représenter à soi-même qu’il agit au mieux de ses intérêts, il est pourtant obligé de s’avouer tout bas qu’il est inique d’empêcher son semblable de dormir à l’abri. […] Cette aberration singulière qui fait qu’on s’acharne à gouverner ou à être gouverné empêche non seulement la liberté mais encore la véritable égalité d’exister.

1404. (1902) Le critique mort jeune

. — Il vient d’écrire sur le lac Majeur ceci que je ne puis m’empêcher de transcrire : « Les montagnes y sont si belles, avec leurs courbes infiniment souples et fières, et leur aisance de beautés naissantes que je ne leur sens d’analogue que le jeune corps des femmes de Corrège ou les sentiments de pureté virile des jeunes gens de Platon. […] (On ne peut non plus s’empêcher de se rappeler que Napoléon avait prescrit le célibat aux professeurs de ses lycées.) […] Mais, s’il y a une bonté, une vertu, une justice spontanées et primitives, ces disciplines ne sont pas seulement inutiles, elles sont l’artifice méchant qui empêche le paradis naturel de s’épanouir. […] Ce qui ne l’empêcha pas, lorsqu’elle fut en âge de prendre mari, de rougir d’émotion et de pudeur à la première parole d’amour que lui adressa son fiancé. […] La perspicacité de ces prophètes n’empêche pas que les maires et les curés ne célèbrent autant d’épousailles que devant.

1405. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

En lisant ces pages pittoresques et vives, où la lumière se joue, on ne peut s’empêcher de partager les espérances de l’auteur, lorsque, vers la fin, en vue de l’avenir de l’art dans ces contrées où il n’eut point de passé, on l’entend qui s’écrie : « Toutefois, Suisse, ma belle, ma chère patrie, les temps sont venus peut-être ! […] On ne saurait croire, hors de Paris, combien nous sommes sensibles, au delà de tout, aux plus légers manques de distinction à l’extrême surface, et c’est aussi la seule raison (si raison il y a) qui m’empêchera d’oser considérer comme chef-d’œuvre l’Héritage, dont l’idée est très-heureuse, et l’exécution souvent fine et toujours franche.

1406. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Ce serait vraiment une trop sotte pruderie que celle qui m’empêcherait d’oser parler à ma guise d’un charmant poëte qui a eu, en son temps, de très-vives légèretés et de graves torts, mais qui a occupé une grande place dans la littérature de son siècle et du commencement du nôtre, dont les élégies ont été réputées classiques en naissant, que les plumes les plus sérieuses ont longtemps salué le premier des modernes en ce genre, et dont la mort a été pleurée par nos plus chers lyriques comme celle d’un Anacréon. […] Grande chère, bon vin, pas trop poëtes ; cependant nous ne pûmes nous empêcher de l’être un peu. » 170.

1407. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

« Il vit heureux de peu celui qui, sur sa table frugale, se contente de voir briller la salière de ses aïeux ; celui que ni la crainte de perdre, ni la cupidité de gagner, n’empêchent de jouir de sommeils légers ! […] Ce dédain, il l’exprime comme il le sent, avec l’audace d’un homme qui n’espère rien de la multitude : « Je hais le profane vulgaire, et je l’écarte. » Cela ne l’empêche pas de chanter la vertu civique pour elle-même dans les strophes les plus mâles qui aient jamais été écrites à la gloire de l’héroïsme civil.

1408. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

On ne sait quel amour instinctif des collines de Florence empêchait Machiavel d’abandonner cette terre ingrate ; cet amour lui coûta l’aisance et le repos. […] « Jamais, dit Machiavel, le roi de France n’aurait dû consentir à affaiblir ou à laisser absorber ces petites puissances, parce que, tant qu’elles auraient existé, elles auraient empêché les ennemis de la France devenus trop puissants de trop grandir.

1409. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

« Questions graves et obscures, à la dernière desquelles tout physiologiste eût probablement répondu non, et sans hésiter, s’il eût vu à Toulon, aux heures de repos qui étaient pour Jean Valjean des heures de rêverie, assis, les bras croisés, sur la barre de quelque cabestan, le bout de sa chaîne enfoncé dans sa poche pour l’empêcher de traîner, ce galérien morne, sérieux, silencieux et pensif, paria des lois qui regardait l’homme avec colère, damné de la civilisation qui regardait le ciel avec sévérité. […] Pas une voix ne s’éleva, pas un bras ne s’étendit pour l’empêcher.

1410. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Le zodiaque réussit sur eux au point de les empêcher de voir l’enfant qui pleure. […] être monté, cela n’empêche pas de tomber.

1411. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Lorsqu’il fut à la porte du jardin, je ne pus m’empêcher de le regarder encore une fois : je le vis tourner ses yeux vers moi pour me demander un secours que je ne pouvais lui donner. […] Du ciel, où j’espère aller, je veillerai sur toi ; je prierai Dieu qu’il te donne le courage de supporter la vie avec résignation, jusqu’à ce qu’il lui plaise de nous réunir dans un autre monde : alors je pourrai te montrer toute mon affection ; rien ne m’empêchera plus de t’approcher, et rien ne pourra nous séparer.

1412. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Fénelon, qui, après avoir reconnu formellement l’autorité des commissaires, fit tous ses efforts pour empêcher la condamnation de Mme Guyon, fut associé à la signature des articles (10 mars 1695). […] Tant d’ouvrages et de controverses, et de grands emplois dont il fut revêtu à la Cour ou à Paris — premier aumônier de la Dauphine, puis de la duchesse de Bourgogne, supérieur de la maison de Navarre, conservateur de l’Université, conseiller d’État d’Église — n’empêchèrent pas Bossuet de donner son principal soin à son diocèse et d’y faire ordinairement résidence.

1413. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

En voulant empêcher ce mariage, elle devient la cause involontaire de la mort de Henri et, brisée par de si fortes émotions, meurt lentement d’une maladie de cœur. […] Tout l’esprit de MM. de Goncourt, étant moins une fleur de bon sens qu’une fleur d’imagination, et ayant ses origines dans leur extrême impressionnabilité, ne les empêche pas de nous émouvoir, et même assez souvent.

1414. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Les dissentiments des économistes n’empêchent point la science de se faire peu à peu, et de détruire par des raisons solides de prétendus axiomes de sens commun. […] Ceux qui ont reproché à ces tentatives d’émancipation, de manquer de fondement, qui ont dit à la morale et à la psychologie : « Il est antiphilosophique de chercher à vous passer d’une métaphysique préalable ; votre début est arbitraire, vos data sont affirmés, non discutés ; vous n’êtes point fixés sur les principes », comment n’ont-ils pas vu que c’était là une nécessité logique et que les sciences qui discutent tout ne résolvent rien, et que les débats sur les principes empêchent d’arriver jamais aux conséquences ?

1415. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Sa physionomie, ordinairement si ouverte et si répandue sur tous ses traits, changeait tout à coup d’expression ; elle se recueillait, comme la lueur d’une lampe quand on la couvre de la main contre le vent, pour l’empêcher de vaciller çà et là et de s’éteindre. […] Ses deux chiens courants, au poil fauve, qui me connaissaient, venaient se coucher auprès de moi sur l’herbe chaude ; je détachais leurs colliers, pour que le tintement de leurs grelots ne m’empêchât pas d’entendre la lecture ou la conversation des trois amis.

1416. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

M. de Voltaire, qui d’ailleurs n’aime pas Danchet, ne peut s’empêcher de louer ses opéra. […] Mais ces petites taches n’empêchent point qu’il ne soit le premier parmi les modernes, & qu’il n’ait surpassé les anciens.

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