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1990. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

« Le culte et l’amour ardent du beau sont des vertus qui nous appartiennent ; notre honte est d’avoir été contraints d’obéir pendant des siècles ; c’est pour cela que notre mimique, tout en étant belle et passionnée, reste défiante et n’est pas toujours franche… Le Toscan est le plus Italien de tous les Italiens, et, par conséquent, le plus défiant et le plus réservé de tous ; le Napolitain fait avec les bras des gestes de télégraphe ; le Romagnol est rude et franc ; le Romain, dans ses mouvements dignes de la statuaire, garde toujours gravées en caractères invisibles les lettres fatidiques S.

1991. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Nous sommes loin, on le voit, de définir l’idée de liberté : « le concept abstrait de la force des concepts172. » Au reste, même en réduisant l’idée de liberté à cette formule digne de Zénon d’Elée, si manifestement incomplète, l’idée de liberté aurait encore une influence.

1992. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Il est très possible que des formes, aujourd’hui généralement considérées comme de simples variétés, soient plus tard jugées dignes d’un nom spécifique, comme il en serait par exemple de la Primevère et du Coucou ; et en ce cas le langage scientifique se mettrait d’accord avec la langue vulgaire.

1993. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Ses efforts qui ne se reposent jamais, ses créations incessamment fécondes, ses tâtonnements, ses longues méditations, ses rivalités, ses chutes même sont dignes d’avoir leur histoire.

1994. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Nulle science digne de ce nom ne se borne à l’observation, à l’analyse et à la description des faits ; toutes les sciences, quel qu’en soit l’objet, que ce soit la nature, l’homme ou la société, ne s’arrêtent point dans leurs recherches avant qu’elles n’aient découvert et formulé les lois qui régissent les phénomènes.

1995. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

s’écria Pierre avec un accent de colère, tu n’es pas digne d’elle ! […] Le cocher Potapu fut obligé d’aller à sa place faire la provision d’eau, ce dont le digne Potapu n’était nullement satisfait.

1996. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Les triomphes de Bossuet sur Jurieu130, la plus impétueuse plume du parti, et d’un savoir réel, quoique faussé par l’emportement et la mauvaise foi, aujourd’hui paraissent à peine dignes de ce grand homme. […] Depuis Balzac, qui en avait adoré en Louis XIII, caché derrière Richelieu, la première image, jusqu’à Bossuet, qui la voyait dans toute sa grandeur, et qui mourut avant ses dernières fautes, personne de marque ne s’était avisé d’avoir, sur ce point, un autre sentiment que la France, réunie enfin et serrée autour d’un roi digne d’être la tête de ce grand corps.

1997. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Mais, cette restriction faite, les poèmes de Sapho furent, pour Renée Vivien, un stimulant de son imagination ; et davantage encore : dans la digne sérénité de la poétesse grecque, la muse française a trouvé le beau courage de chanter à haute voix les joies, les bonheurs et les tristesses d’amours secrètes. […] L’exaltation passée, la poétesse réintègre sa tristesse solitaire, et j’aime cette plainte biblique, digne et sobre : Jamais il ne m’a dit : « Je suis ton bien-aimé »… ……………………………………………………………………………………… Toi qui dois me quitter, garde-moi la douceur D’une pensée et d’une larme… Jamais il ne m’a dit : « Je suis ton bien-aimé… » Et pourtant, et pourtant, il est mon bien-aimé !

1998. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Par quelque côté qu’on la considère, l’attitude sera droite, fière, vraiment digne d’admiration et réservée d’ailleurs à une élite. […] Elle n’en avait pas moins commencé avec l’enseignement de l’Évangile, pour se continuer indéfiniment : autre chose est un idéal simplement présenté aux hommes par des sages dignes d’admiration, autre chose celui qui fut lancé à travers le monde dans un message chargé d’amour, qui appelait l’amour.

1999. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Quand il nous eut rejoints, le digne homme, étalant son petit papier, zébré d’accolades, répétait triomphant : « elle est toute là » ! […] vous parlez de poésie pure, me dit-il, et je n’en connais pas d’autre, du moins digne de ce nom. à merveille.

2000. (1881) Le roman expérimental

N’est-ce pas là un travail plus vraiment utile, plus sérieux et plus digne que de se planter sur un rocher, une lyre au bras, et d’encourager les hommes par une fanfare sonore ? […] Il ignorait que le succès d’un bon ouvrage est la seule récompense digne d’un artiste ; que si les princes et les ministres veulent se faire honneur en récompensant cette espèce de mérite, il y a plus d’honneur encore d’attendre ces faveurs sans les demander ; et que, si un bon écrivain ambitionne la fortune, il doit la faire soi-même. » Nous voilà loin de la singulière vanité que Balzac mettait à se dire pensionné ; mais pourtant Voltaire ne refuse pas les pensions, il dit seulement qu’on doit savoir les attendre. […] La France, comme on le dit, est certainement assez riche pour payer sa gloire ; seulement, entre un écrivain qui s’est rendu libre et digne par ses œuvres, et un écrivain qui tend la main, après avoir vécu dans l’insouciance de son talent et de ses dettes, l’opinion publique n’hésite plus, elle est tendre au premier et sévère au second. […] Et veut-on savoir ce qui doit aujourd’hui nous faire dignes et respectés : c’est l’argent. […] Quand ce travail sera fait, nous verrons de quel air digne les directeurs parleront de leurs abonnés, à la moindre audace d’analyse d’un romancier moraliste.

2001. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Sept cents familles de Cateau-Cambrésis55 dressent une supplique pour garder les dignes abbés et religieux de l’abbaye de Saint-André, leurs pères communs et bienfaiteurs, qui les ont nourris pendant la grêle ».

2002. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

« Ô spectacle merveilleux, digne de celui qui nous l’a préparé, et fait seulement pour ceux qui savent le contempler !

2003. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

La description de ce sauvage jardin est digne de Paul et Virginie.

2004. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

« Il ne faut point rechercher la cause de l’ordre que je vous ai signifié dans le silence que vous avez gardé à l’égard de l’empereur dans votre dernier ouvrage, ce serait une erreur : il ne pouvait pas y trouver une place qui fût digne de lui.

2005. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

D’ailleurs, si on a quelques chances de rencontrer çà et là des aristes isolés, il est plus difficile de trouver une aristocratie digne de ce nom.

2006. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

La science vraiment digne de ce nom n’est donc possible qu’à la condition de la plus parfaite autonomie.

2007. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Elles sont, ainsi, pour tous, un enseignement, et pour les rares initiés de l’Art, une joie ; et, s’il les eût connues, Richard Wagner, notre divin Maître, les eut trouvées un hommage digne de sa grande âme.

2008. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Songez aussi que les décorations, absolument inutiles à la signification musicale, n’existent que pour compléter le livret dramatique ; puisqu’il y avait forme dramatique, il fallait bien qu’il y eût décors ; et, si Wagner a voulu magnifiques les décorations, c’est qu’obligé à des décorations il voulut des panoramas dignes du déploîment très spécial au théâtre où son œuvre s’ouvrait.

2009. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Je suis le seul saint digne d’être connu.

2010. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

On prête aux Roland, aux Guillaume, aux Renaud, des vertus qui excèdent la mesure de l’humanité ; on leur attribue des exploits dignes de leurs vertus ; on arme l’un de sa « Durandal », on met l’autre à cheval sur « Bayard ».

2011. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

S’il a fallu des centaines ou des milliers d’années pour modifier et améliorer la plupart de nos végétaux domestiques, jusqu’à ce qu’ils aient acquis leur degré actuel d’utilité, il devient facile de comprendre pourquoi ni l’Australie, ni le cap de Bonne-Espérance, ni aucune région habitée par des peuplades sans civilisation ne nous ont fourni une seule plante digne de culture.

2012. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Cornélius Népos a écrit les vies des grands capitaines romains et étrangers ; il est digne du siècle d’Auguste, s’il n’en est pas ; le superstitieux, abondant, large et majestueux Tite-Live, l’histoire ecclésiastique et civile de l’Empire ; Velleius Paterculus, des morceaux d’histoires diverses et d’histoire romaine d’un style ingénieux, élégant, mais quelquefois obscur et raboteux ; Valère Maxime,, auteur de mauvais goût, barbare et pointu, des dits et faits mémorables ; le philosophe Sénèque, grand moraliste, mais d’une lecture tardive ; Pomponius Mêla, de la chorographie, et Columelle de l’économie rustique, tous deux purs et corrects ; Quinte-Curce, courant après les qualités d’un bon écrivain, des guerres d’Alexandre ; Pline le naturaliste, subtil, ingénieux, sublime quelquefois, toujours serré, souvent obscur, de tout, de trop de choses pour ne pas fourmiller d’erreurs ; Tacite, le hardi, éloquent, très-éloquent, le sublime peintre Tacite, mais un peu détracteur de la nature humaine, toujours obscur par sa brièveté et son sens profond, des annales de l’Empire et des vies des premiers empereurs ; quand il loue, ne rabattez rien de son éloge ; c’est là qu’un souverain se perfectionnera dans l’art que Tacite appelle les forfaits de la domination75 et que nous appelons la raison d’Etal.

2013. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Certainement ils ne sont pas dignes du génie qu’on est en train, pour le moment, de lui reconnaître.

2014. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

de nous avoir jugés dignes d’assister, aujourd’hui même, près de ton tabernacle, et de supplier la miséricorde pour nos péchés et pour les ignorances du peuple.

2015. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

. — Ailleurs (Idées républicaines) il demande la liberté de la presse restreinte par des lois pénales : « Dans une république digne de ce nom, la liberté de publier ses pensées est le droit naturel du citoyen. […] Tels sont à peu près les tours de gobelets de nos politiques ; après avoir démembré le corps social par un prestige digne de la foire, ils rassemblent les pièces on ne sait comment.  » La séparation des pouvoirs est, en effet, après l’existence des corps intermédiaires et plus même que l’existence d’un corps ayant le dépôt des lois, la sauvegarde même de la liberté publique et des droits de l’homme, et par conséquent Jean-Jacques Rousseau ne saurait la souffrir. […] Il l’est, non par souci de limiter l’autorité souveraine, mais par désir de la fonder sur l’ignorance populaire ; et non par désir de hiérarchiser la nation, mais par passion de maintenir une énorme distance entre le peuple et les hautes classes : « Je crois que nous ne nous entendons pas sur l’article du peuple, que vous croyez digne d’être instruit. […] Sur le collecteur d’impôt, soutenu de ses satellites, le juge n’a pas de prise ; mais sitôt qu’il s’agit de châtier un rebelle, un désobéissant ou simplement un homme qui déplaît, le juge est là, dont on ne peut se passer et qui ne punit pas, qui n’envoie pas en prison ou aux galères celui qu’il estime être dans son droit, dont il estime que le droit est lésé, ou que simplement il trouve digne d’indulgence. […] Ma mère m’a crue digne de penser de moi-même et de choisir un jour un époux moi-même.

2016. (1923) Nouvelles études et autres figures

Ce grand Collège a enfin trouvé un historien digne de lui. […] Il conseillera à Keats de venir par bateau, car « la France n’est pas digne d’être vue ». […] De là nous sautons au xixe  siècle où le général Hugo prononce assurément une parole digne du Cid, d’Éviradnus et de Roland et où de pauvres gens se montrent aussi humains, aussi généreux, que les plus généreux des personnages bibliques, Où y a-t-il progrès ? […] Berret, que l’âme soit, suivant l’expression des spirites, désincarnée pour aller revêtir la forme supérieure dont sa moralité l’a rendue digne.

2017. (1897) Aspects pp. -215

Une foule braillarde, digne sans doute de remplacer derrière leurs grilles les animaux du jardin, se joint aux policier ». […] Ces promenades motivent de longues descriptions parfois très intenses et dignes du grand paysagiste qu’est M.  […] Les plus dignes, les plus hauts sont foudroyés comme si le ciel se trompait, punissait en eux les crimes de la terre… Ô Dieu puissant, que votre volonté soit donc faite ! […] Cette description est à coup sûr un morceau de maître digne de prendre place à côté de l’incomparable récit de guerre qui termine le Mystère des Foules.

2018. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

À côté de ce monde lugubre, fétide et grotesque des malfaiteurs, elles lui ont presque semblé, dans beaucoup de circonstances, constituer, elles aussi, un monde assez peu digne d’émouvoir. […] Lavedan n’a-t-il voulu voir les choses que comme elles sont, sans les aggraver pour « l’effet », nous présentant, à côté des écervelées et de celles qui tourneront à gauche, des jeunes filles dignes de ce nom et qui sont comme la réserve de notre société. […] Daudet, le dernier paru : Le Voyage de Shakespeare, sous-titré : « roman d’histoire et d’aventures », est riche d’une incroyable abondance de sève de jeunesse, de recherches psychologiques, physiologiques, d’un monde d’idées qui, comme des prisonnières, se précipitent ardentes et tumultueuses, s’étouffant plus ou moins, vers l’issue ouverte ; celles qui s’échappent, par exemple, les plus fortes, sont vraiment dignes de leur liberté et c’est plaisir de voir comme elles en usent, courant à tout, regardant, étudiant avidement chaque chose nouvelle pour elles, se heurtant, jouant des coudes pour se faire place, dire bien vite ce qu’elles ont à dire, disparaître d’ici pour reparaître là-bas. […] Je n’insisterai pas sur ce point très délicat, bien que reconnaissant que les Altesses d’aujourd’hui ne sont pas toutes dignes des majuscules respectueuses qui précèdent leurs titres dans l’almanach de Gotha.

2019. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Et ce roman fabuleux, où se trouve un méli-mélo de géographie exacte et de récits impossibles, et de planches dignes d’une icthyologie sérieuse à côté de sirènes, finit par une interminable généalogie de Tamétomo dont les rois de l’île de Lieou-Khieou seraient des descendants. […] Le baron de Hubner, dans sa Promenade autour du monde, raconte qu’à Odawara, après le repas dans la grande maison de thé de la ville, un homme s’est présenté, porteur d’une boîte divisée en quatre compartiments contenant du sable rouge, bleu, noir, blanc, et qui, en le jetant sur le plancher comme un cultivateur jette la semence, dessinait et peignait à la fois des fleurs des oiseaux, et à la fin, — au milieu des rires bruyants des hommes et des femmes, des sujets érotiques dignes de la Chambre secrète de Pompéi. […] Gonse cite trois kakémonos représentant des courtisanes, kakémonos non signés mais dignes de lui être attribués.

2020. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

. — Je n’ai nul intérêt, monsieur, dans cette protestation posthume ; mais vous me paraissez digne de la vérité, et je viens de la dire. — Au reste, si vous teniez aux détails réels de la vie intime de Delille, je vous offre le manuscrit laissé par sa veuve… » Ce manuscrit nous a été communiqué, en effet, par la confiance de la personne qui l’a entre les mains, et nous en avons tenu compte dans cette réimpression.

2021. (1929) Dialogues critiques

Qu’on est injuste pour ces dignes bousingots !

2022. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

C’est une flamme généreuse, qui, consumant dans notre âme tout ce qui est impur et personnel, en fait, pour ainsi dire, un temple digne de recevoir la beauté.

2023. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Rien n’étouffe cette gaieté, ni l’âge, ni l’exil, ni le malheur ; en 1793, elle durait encore dans les prisons de la République  Un homme en place n’est point alors gêné par son habit, raidi par son emploi, obligé de garder l’air important et digne, astreint à cette gravité de commande que l’envie démocratique nous impose comme une rançon.

2024. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Ce qui est indépendant et permanent lui semble seul digne d’attention, et désormais, pour peupler la scène de l’être, il met au premier rang cette Possibilité et les autres semblables. — Par contrecoup, il écarte ou laisse de côté comme peu importantes les sensations fugitives ; à force de les omettre, il oublie que les propriétés, les pouvoirs et les forces n’en sont qu’un extrait.

2025. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Il n’y a au monde qu’une œuvre digne d’un homme, l’enfantement d’une vérité à laquelle on se livre et à laquelle on croit.

2026. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Il se montra de bonne heure digne de cette tutelle sur sa famille par la sagesse de sa conduite, le bon sens de son esprit, la gravité précoce de ses mœurs, l’élégance de ses manières à la cour des princes de la maison d’Este.

2027. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Croyez-moi, mon cher ami, il y a quelque grand secret dans les larmes : vous êtes digne de l’apprendre un jour !

2028. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Je lui répondis que ses paroles m’impressionnaient vivement, et que je les jugeais dignes d’être portées à la connaissance du Pape, auquel j’allais les transmettre.

2029. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Ayant, dans ces dernières années, passé un hiver à Charleston, en compagnie de mon digne ami Bachman, je remarquai que ce charmant oiseau faisait son apparition dans cette ville et les faubourgs, au mois de décembre.

2030. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

» La langue de ces portraits est celle de La Bruyère passée à un digne héritier.

2031. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Que serait-ce si, abordant la philosophie de l’histoire, je montrais que cette science merveilleuse, qui sera un jour la science maîtresse, n’arrivera à se constituer d’une manière sérieuse et digne que par le secours de la plus scrupuleuse érudition, que jusque-là elle restera au point où en étaient les sciences physiques avant Bacon, errant d’hypothèse en hypothèse, sans marche arrêtée, ne sachant quelle forme donner à ses lois et ne dépassant jamais la sphère des créations artificielles et fantastiques ?

2032. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

On commence à comprendre aussi qu’un musée digne de ce nom, au lieu de ranger côte à côte dans des galeries quelconques des œuvres séparées souvent par une large distance dans l’espace et le temps, œuvres disparates qui hurlent de ce rapprochement forcé, devrait replacer chaque groupe de tableaux et de statues dans un intérieur aménagé, meublé, orné à la mode de l’époque et du pays où ils naquirent.

2033. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Quelques Thespiens furent seuls jugés dignes de rester et de mourir dans leurs rangs.

2034. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Samedi 22 août Ce matin, l’embarcadère de Giessbach s’offrait aux regards, comme le plus charmant tableau de genre, comme un tableau digne de la touche spirituelle de Knaus.

2035. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Il est surtout à citer parmi les congénères de Poe par ses étranges et passionnantes et effrayantes musiques, où son talent se hausse presque au génie, où alternent les lourdes magnificences du chant grégorien, les dissonances dignes, subites et comme livides de la démence, l’essor navré et lourd de larmes d’un chant d’exténuée tristesse, écrasée sans cesse et rompue par le sévère retour des fermâtes sacerdotales.

2036. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

L’Angleterre est digne d’avoir un jour son Shakespeare dans l’histoire comme elle l’a eu dans le drame.

2037. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Laissons cela, et pour nous soulager de la petitesse de cette composition vraiment digne et du personnage qui l’a commandée et des personnages qui la composent, prouvons par un dernier exemple que le plus grand tableau de poésie que je connoisse seroit très ingrat pour un peintre, même de plats-fonds ou de galerie.

2038. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Les naturalistes ont signalé, comme un fait digne de remarque, l’étonnante facilité avec laquelle beaucoup de vertébrés et même quelques insectes arrivent à se diriger dans l’espace.

2039. (1895) Hommes et livres

Quand il fallut se séparer, le digne maître d’école tendit la main à son fils et lui dit : Félix, va… va… : jamais vale tout entier n’arriva à sortir de sa bouche, et Félix continua sa route le cœur gros. […] Elle portait, comme c’était alors la mode, un tablier vert à bavette montante et des souliers blancs. » Arrêtez-vous à cette bonne femme en tablier vert et à souliers blancs ; regardez-la : elle est exquise vraiment, et digne encore de Rousseau. […] Ne craignons point, afin de nous en rendre dignes, de forcer les ondes et les tempêtes pour aller faire connaître le nom de Dieu, notre Créateur, à tant de peuples barbares, privés de toute civilité, qui nous appellent, qui nous tendent les bras, qui sont prêts de s’assujettir à nous, afin que, par saints enseignements et par bons exemples, nous les mettions en la voie de salut. […] Tout ce qui ne parle pas à ce monde de lui-même, de ce qui règle sa vie ou amuse son loisir, n’est pas un digne objet de l’activité littéraire : la comédie en dépérira, réduite à la peinture des ridicules mondains. […] Voyez ses précieux inventer des tours de rapin, et sur les lèvres de ses Célimènes fleurir des trivialités dignes de Régnier.

2040. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Et ils l’ont eue leur réclame, une réclame digne de Richebourg… Des banquets… je vous demande un peu… Il haussa les épaules, et parut se calmer, comme après un grand effort. […] » Quand on écrit ça, on est un ignorant pas même digne d’être le premier à l’école primaire, ou un mystificateur, et ceux qui prônent ça, également. […] Mallarmé mis à part, surtout, en ceci : car c’est, lui, un homme d’intérieur, absolument digne de nos respects.) […] Et rien d’utopique à ce vœu : n’a-t-elle pas un public, bien digne de son fastueux crétinisme, dans les raffinés, ces cumulards de toutes les bêtises ?

2041. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Alors, spectacle digne d’une mémoire éternelle, cette vérité chrétienne, qui est la vérité morale elle-même, s’échappe enfin de l’enceinte où elle était comme incarcérée, et répand au loin le ferment de la plus noble des insurrections. […] qui peut remonter à Dieu sans reconnaître que c’est à lui que doit se rapporter, et de lui que doit dériver toute morale digne de ce nom ? […] Un fait digne de remarque, c’est la place assignée à l’Ancien Testament vis-à-vis du Nouveau, dans le seizième et le dix-septième siècle. […] Il ne faut pas s’en laisser imposer : « L’intérêt parle toutes sortes de langues et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé221. » « La persévérance, qu’on estime fort, n’est digne ni de blâme ni de louange, parce qu’elle n’est que la durée des goûts et des sentiments, qu’on ne s’ôte et qu’on ne se donne point222. » « Ce qui paraît générosité n’est souvent qu’une ambition déguisée, qui méprise de petits intérêts, pour aller à de plus grands223. […] L’égoïsme de notre temps, l’égoïsme dompté, apprivoisé, mais non amoindri par la civilisation, fournirait matière à une étude digne d’intérêt ; on y verrait un calcul par lequel nous renonçons à une portion de nos jouissances, afin de mieux nous assurer les autres ; ce serait l’égoïsme transigeant avec lui-même et avec les usages d’aujourd’hui.

2042. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Nous ne sommes pas des victimes, nous n’étions pas dignes de faire de l’art, et nous sommes entrés par erreur dans ce beau et rude chemin qui mène à la popularité. […] Non seulement l’historien des Bourgeois de Molinchart, dont la vue ne pénètre pas au-delà de l’écorce extérieure des choses, reproduit dans toute leur sécheresse glaciale les événements de la rie réelle, il n’en voit encore qu’une partie et la moins digne d’attention.

2043. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

» — Et les fils sont dignes du père : à la fin comme au commencement de la civilisation, ce qui domine en eux, c’est l’esprit ; il a toujours primé le caractère, maintenant il lui survit. […] Mais les institutions et les rites du moyen âge subsistent encore, et, en Italie comme en Flandre, vous voyez dans les plus belles œuvres le contraste choquant des figures et du sujet ; des martyrs qui semblent sortir d’un gymnase antique, des Christs qui sont des Jupiters foudroyants ou des Apollons tranquilles, des Vierges dignes d’un amour profane, des Anges aussi gracieux que des Cupidons, parfois même des Madeleines qui sont des sirènes trop florissantes et des saints Sébastiens qui sont des Hercules trop gaillards ; bref, une assemblée de saints et de saintes qui, parmi des instruments de pénitence et de passion, gardent la vigoureuse santé, la belle carnation, la fière attitude qui conviendrait pour une fête heureuse de nobles canéphores et d’athlètes parfaits. — Aujourd’hui l’encombrement de la tête humaine, la multiplicité et la contradiction des doctrines, l’excès de la vie cérébrale, les habitudes sédentaires, le régime artificiel, l’excitation fiévreuse des capitales, ont exagéré l’agitation nerveuse, outré le besoin des sensations fortes et neuves, développé les tristesses sourdes, les aspirations vagues, les convoitises illimitées.

2044. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

*** Le chef de cabinet d’un ministère racontait l’autre jour, dans un salon, qu’il avait eu le matin sous les yeux une demande signée d’un nom très-connu dans l’industrie, et qui était ainsi conçue : « Monsieur le ministre,  » J’ai un mot à dire à Votre Excellence : je la prie de vouloir bien m’accorder, pour samedi prochain, une audience de deux heures. » *** Dans une maison où elle avait été invitée, et où on l’avait reçue avec toutes les attentions que l’on doit à une femme et à une artiste de talent, mademoiselle *** oublie un soir qu’elle était dans le monde, elle prend le lustre pour la rampe, le parquet pour les planches, et, se croyant en scène, elle commença une conversation où se trouvaient des réflexions dignes de figurer dans le dialogue d’une Lisette avec un Scapin. […] L’amour-propre entre donc bien un peu pour quelque chose dans tout le mal qu’on se donne à ce propos ; mais le motif est véritablement trop digne d’éloges pour qu’on puisse faire autrement que d’applaudir. […] Peut-être trouvera-t-on que c’est là chercher querelle à une innocente manie ; mais il y a dans cette manie un symptôme qui caractérise l’esprit du temps : jamais il n’a été plus indifféremment hostile aux œuvres sérieusement dignes d’attirer l’attention ; jamais il ne s’est montré plus sympathique à celles qui le sont moins. — L’époque est surtout propice aux exagérations du grotesque et aux extravagances de la parodie.

2045. (1887) George Sand

C’était aussi la conception, l’idéal d’une femme aimante, telle qu’elle l’imaginait alors ; c’est pour son propre compte qu’elle s’intéressait à la peinture d’un amour naïf et profond, exalté et sincère, passionné et chaste, que sa naïveté même trahit, que sa sincérité livre en proie et sans autre défense que le hasard à l’égoïsme voluptueux et féroce d’un homme du monde, et que sauve enfin du dernier désespoir un cœur héroïquement silencieux, un cœur digne d’elle, digne de la réconcilier avec la vie et l’amitié. […] Que la ravissante Edmée aime son cousin Bernard, qu’elle l’ait aimé dès sa rencontre avec lui dans la société épouvantable des Mauprat, qu’elle ait tacitement choisi ce rustre, ce sauvage qui sait à peine signer son nom, qu’elle ait pris à tâche de le civiliser pour le rendre digne d’elle, qu’elle ait réussi enfin, à force de dévouement actif et silencieux, à en faire un vaillant homme, un honnête homme, en l’élevant jusqu’au niveau de son cœur, tout cela, c’est le roman même, et quel beau, quel noble roman !

2046. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Les conséquences de l’imperfection des inventaires descriptifs sont dignes d’attention. — D’une part, on n’est jamais certain d’avoir épuisé toutes les sources d’information : qui sait ce que tiennent en réserve les dépôts et les fonds non catalogués37 ? […] Les documents de l’histoire moderne et contemporaine ne sont pas moins dignes d’intérêt que ceux de l’antiquité ou du haut moyen âge, parce que leur provenance apparente, étant presque toujours la vraie, ne soulève point de ces délicats problèmes d’attribution où se déploie la virtuosité des critiques93. […] Ils se bornent à examiner si l’auteur a été en général contemporain des faits, s’il en a été témoin oculaire ; s’il a été sincère et bien informé, s’il a su la vérité ou s’il a voulu la dire ; ou même, résumant tout en une formule, s’il a été digne de foi . […] Le mouvement naturel est de faire en bloc la critique de tout un auteur ou au moins de tout un document, de classer en deux catégories, à droite les brebis, à gauche les boucs ; d’un côté les auteurs dignes de foi ou les bons documents, de l’autre les auteurs suspects ou les mauvais documents.

2047. (1903) La pensée et le mouvant

L’Homo sapiens, né de la réflexion de l’Homo faber sur sa fabrication, nous paraît tout aussi digne d’estime tant qu’il résout par la pure intelligence les problèmes qui ne dépendent que d’elle : dans le choix de ces problèmes un philosophe peut se tromper, un autre philosophe le détrompera ; tous deux auront travaillé de leur mieux ; tous deux pourront mériter notre reconnaissance et notre admiration. […] Un philosophe digne de ce nom n’a jamais dit qu’une seule chose : encore a-t-il plutôt cherché à la dire qu’il ne l’a dite véritablement. […] Mais un empirisme digne de ce nom, un empirisme qui ne travaille que sur mesure, se voit obligé, pour chaque nouvel objet qu’il étudie, de fournir un effort absolument nouveau. […] Sans s’arrêter à l’opinion qui tient quelques penseurs pour dignes d’attention, les autres pour négligeables, il lut tout, en homme qui sait ce que peut la réflexion sincère et comment, par la seule force de cet instrument, les plus humbles ouvriers ont extrait du plus vil minerai quelques parcelles d’or.

2048. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Il les fonde, les trouvât-on injustes, et le fussent-ils, comme créateur de cette immense injustice qu’on appelle le monde, et qu’il a voulue en tant que châtiment et épreuve ; et libre à vous de les estimer une forme de l’iniquité ; il ne faut pas plus ni s’en étonner ni s’en défendre que de toute l’injustice générale qui vous entoure ; et la révolte est la même contre le roi ou contre l’ordre du monde ; — mais aussi il les juge comme créateur de la justice éternelle où il nous appelle, et où il nous convie à adhérer d’avance par nos actes pour être dignes un jour de vivre en elle. […] après le xviiie  siècle, qui a passé son temps à regarder par la fenêtre, qui a fait tant d’histoire naturelle, de relations de voyages, d’histoire anecdotique, de mémoires mondains, de romans et de systèmes politiques, cette dernière catégorie d’études rentrant dans la précédente, et qui s’est désaccoutumé avec tant de soin, et non sans plaisir, de réfléchir sur l’homme et d’essayer de le voir tel qu’il est ; sans doute, reprendre la tâche de Pascal est la vraie tâche, et utile peut-être, et à coup sûr originale, et digne d’un penseur, et qui doit tenter un chrétien. — Et sans doute encore, lorsque les restaurateurs de la pensée chrétienne et du système monarchique sont un Chateaubriand qui fait du christianisme un chapitre d’esthétique, et un de Maistre, si éblouissant, mais trop spirituel pour convaincre, trop insolent pour persuader, le moment est à merveille, à un penseur grave, pour tirer d’une forte et profonde morale une politique tout entière et une démonstration de la religion qu’il croit la vraie. […] Il était original, et aussi digne d’un penseur austère, et aussi fort à  propos, de restaurer cette doctrine, qui, en effet, est bien la doctrine centrale, non du christianisme primitif, mais du premier christianisme philosophique, retrempé dans la Bible et vigoureusement rattaché à la tradition. […] C’est là qu’elle se retrouve tout entière, dans la sphère de sentiments et de pensées qui lui sont chers, avec sa personnalité vigoureuse, son besoin d’expansion énergique, sa confiance en soi, et sa confiance en l’homme, à cause de sa confiance en soi ; son optimisme en un mot, sa conviction que l’homme est grand, qu’il est digne et qu’il est capable d’être libre, parce qu’il est fort.

2049. (1922) Gustave Flaubert

René Dumesnil, s’efforce de montrer que si Flaubert ne fut pas médecin, il était digne de l’être, dignus intrare in illo docto corpore. […] un éloge digne de Thomas ? […] Ernest Chevalier, qui devait entrer bientôt, pour n’en plus sortir, dans la peau et la robe d’un digne magistrat, plaisait à Gustave peut-être moins par lui-même que par sa famille où, au contraire de celle des Flaubert, on aimait la littérature. […] Le père Flaubert ne se voit qu’un digne héritier. […] Sans être bouvardier au point de le mettre au-dessus de toute littérature, je trouve que c’est un livre très fort dans l’ensemble, mais traité dans le détail avec de terribles partis pris et une étrange lourdeur, en tout cas très digne de Flaubert, achevant avec originalité sa carrière littéraire, marquant une heure au cadran artistique du xixe  siècle, et qu’il devait écrire.

2050. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Faisons-nous même une loi de ne représenter que ce que nous estimons beau en soi, et digne qu’on en fixe à jamais l’image. […] Elle assigne aux artistes, comme terme de leur effort, un but bien défini, et digne de cet effort. […] Mais plus l’objet a de valeur propre et de dignité, plus il est digne qu’on le représente exactement. […] On sait l’anecdote de ce sculpteur grec qui, ne trouvant aucun modèle digne de poser d’ensemble pour la déesse de beauté, fit, dit-on, comparaître devant lui un certain nombre de belles jeunes femmes, et de la tête de l’une, des bras de l’autre, de la gorge de celle-ci, des jambes de celle-là composa sa Vénus.

2051. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Toujours est-il que c’est quant, à l’absurdité foncière du romantisme (si digne de son fouet) qu’il est le moins mastigophore. […] Des squelettes baroques, dans des pourpoints, y mènent la danse macabre d’Holbein, sans susciter l’émotion ni le rêve ; Barbey d’Aurevilly, qui est un lyrique, alternativement concentré et débridé, et chez qui la vigueur de la conception, adéquate à la magnificence du verbe, pousse et exalte ce verbe à mesure, dans une émulation digne du XVIe siècle, Barbey d’Aurevilly s’attaque aux sujets forts, durables, éternels. […] Un des meilleurs et des plus fins critiques des progrès prétendus de la science, de la littérature, de la politique, que j’aie fréquentés, était le comte Eugène de Lur Saluces, dont on trouvera quelques fermes propos, dignes du XVIIe siècle, dans l’Enquête sur la Monarchie de Maurras, ce bréviaire du salut français. […] Il s’interrompit, regarda la nature resplendissante et murmura : « Elle se fout de nous, ça c’est bien vrai ; mais elle est la seule qui ne nous dise point des mentelies. » Ceci pour vous montrer que bien des académiciens ne seraient pas dignes de chausser les sabots d’Emile, ces sabots dont le bruit rythmique, sur la terre dure, annonce que le gel est prochain.

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