/ 1977
1855. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

X Le moment était délicat et décisif pour la diplomatie de la France.

1856. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

On s’était rendu coupable quand on avait manqué aux nuances délicates de la flatterie, en n’abandonnant pas quiconque était frappé de sa disgrâce.

1857. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Les formes et les nuances des intelligences individuelles sont trop délicates et trop subtiles pour pouvoir être expliquées par ce grossier parallélisme.

1858. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

L’œuvre d’art originale n’est autre chose que le contre-coup de ce qu’il y a de nouveau dans le présent, sur une organisation particulièrement délicate.

1859. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Nala, dont la peau délicate n’est protégée que par la moitié d’un manteau ?

1860. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Ma mère, qui est de Paris et qui a été élevée à la cour, nous a transmis les goûts et les sentiments délicats du monde où elle a vécu dans son premier âge.

1861. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Personne ne suppose que plusieurs de nos produits les plus délicats sont le résultat d’une seule déviation de la souche originale !

1862. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Moins théologien, moins éloquent que saint Grégoire, Synésius a pourtant de grands traits de similitude avec lui, la même science et le même amour des lettres profanes, le même goût de l’élégance et de l’harmonie, et, ce qui vaut mieux, la même élévation de cœur, la même fierté sensible et délicate, à travers tout l’effort de l’humilité chrétienne.

1863. (1929) La société des grands esprits

Sur la poésie de cet incomparable créateur de mythes, sur les dons plastiques de ce merveilleux visuel qui ne croyait qu’à l’invisible, sur le grand artiste qu’était ce grand philosophe, Pater a des pages jolies et délicates. […] Émile Bourguet pour composer cet ouvrage, où la plus éminente érudition technique s’allie au sentiment artistique le plus délicat. […] Il les admire, comme Ruskin, parce que ces vieux architectes y ont fait largement entrer la nature, « les jardins, les vergers, les espaliers après la forêt et les rochers, et tous les légumes amis de la chaumière, et toutes les légendes aimées des pauvres, et tous les plus délicats détails comme les plus sublimes épisodes de la vie ». […] Où il est bon, il va jusqu’à l’exquis et à l’excellent ; il peut être le mets des plus délicats ». […] Pour l’ordure, oui, il y en a, souvent par monceaux, et il se peut que la canaille en soit charmée, mais les plus délicats sont également autorisés à y trouver quelque plaisir, à un double titre : premièrement, parce que ces thèmes grossiers et scatologiques sont traités par Rabelais d’un style admirable, dont la truculence fait songer aux tableaux des Téniers et des Jordaëns, que des détails analogues n’empêchent pas de compter dans l’histoire de la peinture ; ensuite parce que ces choses ne sont pas mises là simplement pour dérider la dite canaille, mais parce qu’elles ont un sens philosophique, qui a complètement échappé à La Bruyère.

1864. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

On y voit combien Malherbe connaissait notre langue, et était né à notre poésie ; combien son oreille était délicate et pure… » Quand j’avais de ma foi l’innocence première, Si la nuit de la mort m’eût privé de lumière, Je n’aurais pas la peur de l’immortelle nuit. […] Franc-Nohain, l’amour proprement dit n’occupa aucune place dans sa vie, et il ne fut point un amant, mais un voluptueux et un libertin, voire peu délicat, préférant les « Jeannetons » aux « Clymènes ». […] Celui-ci raffole de sociabilité, d’urbanité, d’esprit délicat et demande même qu’on instruise les femmes, par souci de l’amour. […] D’autre part, on lisait dans le Chasseur vert : « Dans la simplicité noble du ton qu’il osa prendre spontanément avec Mme de Chasteller, Lucien sut faire apparaître, sans se permettre assurément rien qui pût choquer la délicatesse la plus scrupuleuse, cette nuance de familiarité délicate qui convient à deux âmes de même portée, lorsqu’elles se rencontrent et se reconnaissent au milieu des masques de cet ignoble bal masqué qu’on appelle le monde. […] Il évoque librement les souvenirs de ses fréquents séjours, sans s’astreindre à un plan méthodique, et son livre a cette allure de flânerie délicate qu’imposent le charme et la topographie de Venise.

1865. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

« Ces œuvres d’ailleurs, à part l’exaltation de la composition et l’intérêt qu’inspirait le sujet même, étaient si remplies de sentiment, de pensées profondes, d’éclairs de génie, de finesse d’observation psychologique ; la langue en était devenue si souple et si puissante, si délicate et si passionnée, que ces productions devaient nécessairement communiquer l’ivresse et l’éblouissement. » Tel était le prestige qu’exerçait notre Romantisme sur les jeunes imaginations allemandes. […] C’était plutôt un conciliateur timide, poli, délicat, rempli de réticences et d’égards et qui, semblable à M.  […] Ils sont délicats et polis dans leur critique, tandis que nos savants allemands pensent que leur devoir est de haïr tous ceux qui ne pensent pas comme eux. […] Quelques œuvres délicates et senties telles que Manon Lescaut, Gil Blas, Paul et Virginie, Bélisaire le relevèrent, et ce ne fut qu’aux abords de la Révolution qu’on le vit atteindre aux sphères purement idéales, dans la Nouvelle Héloïse. […] Ils trempèrent et polirent la bonne lame de Tolède de Victor Hugo et les cordes délicates de la lyre de Lamartine.

1866. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

C’en était fait de l’épicurisme élégant où son imagination délicate s’était complu jusqu’alors ; et c’en était fait de ce goût du romanesque et du rêve où l’on avait pu craindre qu’il ne s’attardât. […] Que si cependant quelques délicats, trouvant que ce mérite est d’un archéologue ou d’un érudit autant que d’un poète, le reconnaissaient, mais ne l’admiraient que du bout des lèvres, on n’insisterait pas — et par exemple, on ne leur ferait pas observer qu’ils n’en louent pas eux-mêmes de plus éminent dans Théocrite ou dans Virgile — mais on leur rappellerait que personne n’a peint avec plus de grandeur et de vérité que Leconte de Lisle ces tableaux de la nature, dont la Panthère noire et le Sommeil du Condor, les Éléphants et les Hurleurs, les Jungles et la Forêt vierge sont peut-être les chefs-d’œuvre. […] N’est-ce pas aussi bien ce qui arrive presque toutes les fois que l’on s’en sert, comme d’un instrument plus délicat ou d’une pointe plus subtile, pour anatomiser ce que des esprits qui se croient libres appellent du nom de préjugés ? […] Ce qu’il est d’ailleurs intéressant de noter, c’est ce que la figure d’Henriette Scilly doit de plus fin et de plus délicat, à la conception même et aux exigences du roman psychologique. […] Ainsi balancée par l’influence de l’individu, — dont tout ce que l’on pourrait dire pour la diminuer, c’est qu’elle est moins constante peut-être, et d’une appréciation plus délicate, — l’influence de la « lutte des races » dans l’histoire, ou dans le processus même de leur formation, ne laisse pas d’être déjà singulièrement réduite.

1867. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Admiré des plus grands princes, jalousé par un grand ministre, estimé des plus grands hommes du siècle, il fut l’objet des hommages les plus spontanés et les plus délicats de son vivant ; sa mort fut un deuil général, et bien longtemps après qu’il fut descendu dans la tombe, sa mémoire, ainsi que nous allons le dire, fut honorée dans la personne de ses descendants. […] On peut dire que la tragédie chez l’un prend les formes d’une statue qui frappe par la fierté, la hardiesse de ses proportions ; que chez l’autre, c’est un tableau dont l’expression tendre, délicate, naturelle, animée, charme les yeux et touche le cœur. […] Son esprit fin, délicat, plein de noblesse et d’élévation, saisissait avec un grand bonheur les nuances du sentiment. […] Répandre sur tes vers les grâces et la vie D’un sentiment aimable et délicat ; Surpasser Lecouvreur, étonner Melpomène, Et remontrer sur notre scène Bérénice avec plus d’éclat, Que tu n’en sus prêter aux pleurs de cette reine.

1868. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Par une compensation délicate, la Grèce lui avait confié le patronage des jeunes créatures. […] je te coifferai d’une peau de lion et j’armerai ta main d’une massue. » — Ce moucheron déguisé en Hercule ne rappelle-t-il pas les délicates caricatures des vases grecs ? […] Qu’ils vivent avec sécurité, sachant que c’est sous Marc-Aurèle. » Il défendit même avec une compassion délicate qu’on reprochât en justice aux enfants de Cassius le crime de leur père. […] Contraste bizarre de l’imagination la plus délicate unie au caractère le plus intraitable ! […] » Ou bien encore : « En vérité, je ne crois pas que les Anciens aient jamais rien produit d’aussi beau. » Ce roi, gaulois et batailleur, mais sensuel jusqu’au bout des ongles, tombe en adoration devant les délicates figurines que lui pétrit cette main d’enchanteur.

1869. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Écrits avec un art délicat, en un style qui sent la bonne compagnie et qui révèle une fine culture, ces Mémoires nous découvrent les impressions d’un étranger, entraîné à notre suite dans une prodigieuse aventure, et assez détaché de nos passions pour apprécier impartialement la valeur relative des hommes et des choses. […] L’église de Saint-Thiébault, à Thann, est petite comme un oratoire, mais elle est délicate, précieuse comme un reliquaire. […] Je voudrais que l’aimable et délicat romancier des Oberlé eût saisi d’un trait plus puissant cette invincible influence de la maison sur l’homme.

1870. (1774) Correspondance générale

Je viens de recevoir de bien loin une autre lettre sur la même matière, et l’on me propose à cette occasion cinq ou six questions bien délicates à discuter ; mais comment faire au milieu des énormes occupations dont je suis accablé ? […] Je connais tous les avantages prétendus d’un sophisme et d’un mauvais procédé, d’un sophisme bien délicat, d’un procédé bien obscur, bien ténébreux ; mais je trouve en moi une égale répugnance à mal raisonner et à mal faire. […] Je le vois à son bureau ; il a devant lui la vie de son héros, il la suit pas à pas ; à chaque ligne de l’histoire il écrit sa ligne oratoire ; il s’achemine de ligne en ligne jusqu’à ce qu’il soit à la fin de son discours ; coulant, faible, nombreux et doux comme Isocrate, mais bien moins plein, bien moins penseur, bien moins délicat que l’Athénien. […] J’ai plus de mérite que vous ne pensez peut-être à vous rendre toute cette justice ; car avec un odorat un peu délicat, on croit s’apercevoir que vous ne faites pas grand cas de la philosophie et des lettres.

1871. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Plus délicat encore est le problème, s’il s’agit non des meneurs de la foule, mais de ceux qui en ont fait partie. […] De tous ces paradoxes débités en cent façons, répandus par le livre, par le théâtre, par les journaux, mis en aphorismes par les beaux esprits à prétentions de penseurs, en analyses quintessenciées à l’usage des délicats, en drames et en romans feuilletons à l’usage du peuple, un faux idéal s’est dégagé. […] Sur ces questions délicates nous laissons la parole à son biographe. […] Les premiers recueils de Verlaine : les Poèmes saturniens, les Fêtes galantes, la Bonne Chanson, contenaient plusieurs des pièces qu’on devait par la suite admirer comme autant de bijoux délicats et de frêles chefs-d’œuvre.

1872. (1929) Dialogues critiques

C’est plus délicat de les conserver, mais des héritiers ne le peuvent pas toujours.

1873. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Quand nous sommes ainsi devenus sensibles à la dimension, nous n’avons plus besoin d’employer les mesures de longueur, et c’est là un talent acquis qui facilite beaucoup d’opérations mécaniques ; par exemple, pour dessiner, peindre, graver, et dans les arts plastiques, il faut absolument avoir acquis ce discernement des plus délicates différences. » Reste un troisième point de vue ; car il y a non seulement divers degrés d’intensité et de durée, mais divers degrés de vélocité dans nos mouvements musculaires, et la même contraction des mêmes muscles éveille en nous deux sensations musculaires différentes, selon qu’elle est rapide ou lente.

1874. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

« Autant les Platon et les Aristote mettent d’apprêt et de tournure dans leurs maximes, autant ils s’échafaudent pour soutenir leurs principes, autant ils sont délicats dans le choix des détails, autant ce livre est simple, naturel et loyal.

1875. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Tout en elle était accompli, et je jouissais tranquillement du charme de sa personne en la regardant s’en aller, car, lorsqu’elle était devant moi, mon imagination était fascinée par ses yeux si purs et si calmes et par sa bouche si délicate.

1876. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Les fils poétiques sont si délicats et si indissolublement ajustés dans la trame qu’en enlever un c’est faire écheveler la trame entière ; citons-en plutôt quelques passages au hasard, et par induction jugez de l’ensemble du chant.

1877. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

La prétendue impassibilité de Goethe n’est que sa supériorité ; certes, on ne peut soupçonner l’auteur de Werther, de Charlotte, de Mignon, de Marguerite, de n’avoir pas eu dans l’âme toutes les puissances, et même les plus délicates, de sentir, d’aimer, de souffrir ; celui qui fait pleurer ne fait que prêter ses propres larmes à ceux qui le lisent ; il en a donc lui-même une source chaude, amère et abondante dans son propre cœur.

1878. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

L’homme délicat et sensible qui a écrit ce livre du Lépreux passe pour le second dans sa famille !

1879. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

XXIII Les tentatives de madame la duchesse de Berry, son emprisonnement, ses aventures, ses désastres, ses ruptures et ses réconciliations avec la famille royale mécontente, furent l’occasion de quelques nouvelles missions officielles de M. de Chateaubriand ; il fut le premier ministre de ces domesticités délicates de la cour proscrite, l’homme de confiance de la royauté de l’exil, chargé de jeter le manteau de la dignité et du respect sur des cicatrices de famille.

1880. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Mademoiselle de Guérin avait vingt-huit ans ; elle n’était pas jolie, selon le vulgaire, bien que les yeux, où se reflète le génie, la bouche, où s’épanouit la bonté, le contour harmonieux et délicat du visage, qui encadre le caractère, les cheveux, grâce de la figure, la taille svelte et souple, qui fait ressortir les formes du corps, la vivacité de la démarche, qui transporte la personne avec la rapidité de la pensée, fissent de cet ensemble un aspect très agréable, plus que suffisant au bonheur d’un époux.

1881. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Mon plaisir le plus vif, c’était la musique des bouffes au théâtre nouveau ; mais toujours cette mélodie, si délicate qu’elle fût, me laissait dans l’âme un long et triste murmure de mélancolie ; et alors s’éveillaient en moi, par milliers, les idées les plus sombres et les plus funestes.

1882. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Il s’était retiré, après de longues et délicates contestations, dans une petite maison de campagne achetée non loin de Paris.

1883. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

De là sans doute cette faveur, dont les délicats, les derniers honnêtes gens des lettres, ont fait bénéficier un Stendhal, un Mérimée, un Sainte-Beuve, cette prédilection pour Baudelaire « Boileau exaspéré », pour l’exquis Nerval, ce romantique « que nous pouvons aimer » (Montfort), enfin ce retour, chez bon nombre d’écrivains, à la forme condensée, toute de nombre et de mesure d’un Jean Moréas, d’un Tellier, d’un Maurras.

1884. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

On en trouve presque à chaque page les traits aimables et délicats : ici une bouche que la bonté rend souriante ; là un froncement de sourcils au souvenir de quelque injustice ou sous la pointe de la souffrance ; ailleurs les rides avant l’âge, stigmates touchants des injures de sa destinée.

1885. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Mais nous ne lui en savons que d’autant plus gré : ce nous avoir ménagé, au milieu de banals applaudissements et de nos propres sensations suraiguës, ces bonnes et innocentes joies de « délicats ».

1886. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

C’est pourquoi nous avons vu les sens supérieurs, principalement la vue et l’ouïe, condenser en un moment rapide une infinité de plaisirs délicats et subtils, plutôt objets de luxe que de nécessité pour la vie matérielle.

1887. (1909) De la poésie scientifique

René Ghil, d’où découle le principe de Philosophie qui soutient de sa charpente toute l’œuvre, s’échafaude avec la splendeur et le charme délicat d’idéalité d’une théogonie indoue. » — Gaston et Jules Couturat : René Ghil (Revue Indépendante, Août 1891) La philosophie et l’éthique  morale sociale Donc, l’univers phénoménal contient et éternellement développe sa Finalité.

1888. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Très souvent, ce personnage original a avec lui, un garçonnet délicat, élégant, frêle et frileux, suspendu à son bras, et se faisant traîner paresseusement, à la façon d’un pâle enfant fatigué, un garçonnet auquel il parle brusquement, et qu’il fait volter, à tout moment, sous la secousse et la tempête de son agitation nerveuse.

1889. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Il fait faire le portrait de sa fille par un cirier, par un délicat sculpteur, qui a retrouvé les procédés anciens de l’art.

1890. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Il y a là, certes, une qualité délicate de dévouement particulière à la femme, et que l’homme ne possède jamais d’une manière si réglée, si continue, si persistante.

1891. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Le rieur est fin, acéré, poli, délicat, presque galant, et courrait même le risque quelquefois de se rapetisser dans toutes ces coquetteries s’il n’avait le profond sens poétique de la renaissance.

1892. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

XXVIII La France était jeune dans les lettres quand il parut ; elle pouvait se jeter dans les excès de jeunesse et de sève, écarts antipathiques à son génie national, génie vrai, sensé, modéré, logique, délicat, génie qui avait besoin, comme la jeunesse, d’un instituteur sévère et un peu froid.

1893. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Il apprécie l’utilité de la vivisection et lui doit des observations délicates sur les mouvemens des muscles intercostaux du caméléon.

1894. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

La formation, qui s’accumule ainsi, participera donc de la nature minéralogique des terrains dénudés ; mais aussitôt que la mer atteindra la ligne d’affleurement des deux terrains superposés, toutes choses demeurant, du reste, dans le même état et la région entière continuant de s’affaisser avec la même vitesse, il en résultera cependant un changement dans la nature minéralogique du dépôt en voie de s’accumuler, et probablement aussi une différence dans la vitesse d’accumulation, provenant d’une différence dans la vitesse de désagrégation des nouvelles formations côtières, qui peuvent être plus ou moins dures que les anciennes Mais il est probable que pendant qu’une formation quelconque se dépose au sein de la mer, plusieurs de ces lois se combinent entre elles de manière à fournir un résultat extrêmement complexe et d’une analyse très délicate ; quant aux causes qui ont concouru à l’obtenir.

1895. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

La belle peau ; la vie et l’incarnat du sang transpirent à travers ; je suis sous cette envelope délicate et sensible le cours imperceptible et bleuâtre des veines et des artères.

1896. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Bref, le mot aux contours bien arrêtés, le mot brutal, qui emmagasine ce qu’il y a de stable, de commun et par conséquent d’impersonnel dans les impressions de l’humanité, écrase ou tout au moins recouvre les impressions délicates et fugitives de notre conscience individuelle.

1897. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Gaullieur ne comprend pas moins les devoirs rigoureux de discrétion que cette possession délicate impose. […] Ma délicate sagesse n’aime pas cette indécence ex professo, et je me dis : « Voilà un fou bien dégoûtant qu’on devrait enfermer avec les fous de Bicêtre. » Et quand on me dira : « L’original Rétif de La Bretonne, le bouillant Rétif, etc. », je penserai : C’est un siècle bien malheureux que celui où on prend la saleté pour du génie, la crapule pour de l’originalité, et des excréments pour des fleurs.

1898. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Mme George Sand me parut une petite femme d’un aspect assez délicat, de 30 ans environ, ayant de beaux et nombreux cheveux et un visage fort noble. […] C’est une chose si délicate qu’un grand nom passé aux mains d’une femme auteur, dont la vie est agitée par les continuelles vicissitudes de la fortune.

1899. (1903) Le problème de l’avenir latin

On trouve sous la plume de Fustel de Coulanges ces lignes suggestives : « On est saisi de tristesse en pensant que ce sont ces délicats et ces raffinés qui vont se trouver en présence des barbares… Tandis que les classes inférieures manquaient d’énergie à cause de leur dépendance même, la classe élevée en manquait tout autant malgré sa supériorité. […] Cet enseignement est tout au plus propre à former de bons fonctionnaires et de mauvais littérateurs, des avocats et des hommes de salon, des cerveaux faibles ou déments, des êtres délicats et souples qui passeront leur existence vide à effleurer les choses au lieu de les étreindre. […] Leurs idées, leurs sentiments, leurs sensations, tout est réduit en formules algébriques ; et ces formules ont été à leur tour transmuées en applications par le plus patient et le plus délicat machinisme.

1900. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

L’emendatio conjecturale des textes latins et grecs, en effet, est un sport où l’on réussit d’autant mieux que l’on a, avec un esprit plus ingénieux et plus d’imagination paléographique, un sens plus juste, plus prompt et plus délicat des finesses des langues classiques. […] Les documents de l’histoire moderne et contemporaine ne sont pas moins dignes d’intérêt que ceux de l’antiquité ou du haut moyen âge, parce que leur provenance apparente, étant presque toujours la vraie, ne soulève point de ces délicats problèmes d’attribution où se déploie la virtuosité des critiques93. […] La mémoire est un appareil d’enregistrement très délicat, mais si peu précis, qu’une pareille audace est sans excuse. […] La chimie et la biologie ont besoin de saisir des faits délicats, des mouvements rapides, des états passagers, et de les mesurer en chiffres précis. […] Entre ces trois ordres le choix est délicat, il doit se décider par des raisons différentes suivant le sujet et suivant l’espèce de public pour lequel on travaille.

1901. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Il n’est histoire littéraire où il ne soit nommé en son lieu ; mais, à l’ordinaire, on n’en a pas lu une ligne, et l’on ne cite son nom que pour exprimer à son endroit cette répulsion accompagnée de scandale qui est un hommage délicat que les critiques aiment à se rendre à eux-mêmes. […] L’abbé d’Aubignac était un délicat. […] Albert Giraud, dont naguère je fis l’éloge pour une conférence sur Victor Hugo, et qui est lui-même un poète très distingué et très délicat. […] c’est assez maladroitement imité de La joie fait peur et de Il ne faut jurer de rien. » Elle est de Mme de Genlis, aussi, cette délicate et gracieuse Galatée qui a été si joliment jouée il y a deux ans à l’Odéon, par l’aimable Mlle Piérat, toute fraîche encore du Conservatoire.

1902. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Pour m’éprouver, je me touchai avec ingéniosité de mille traits aigus d’analyse jusque dans les fibres les plus délicates de ma pensée. […] …‌ Il lui semble que s’il pouvait se retirer, s’emprisonner dans un cercle d’habitudes précises, isoler son âme dans un cadre de choses toutes recueillies, tout intimes, il retrouverait en lui l’âme délicate et tendre du poète lakiste, et dans ce Paris, où il est contraint de vivre, ce sont les coins les plus abandonnés qu’il affectionne, les quartiers presque provinciaux, les paysages de banlieue :‌ Les dimanches d’été, le soir, vers les six heures, ‌ Quand le peuple empressé déserte ses demeures,‌ Et va s’ébattre aux champs, ‌ Ma persienne fermée, assis à ma fenêtre…‌ C’est la campagne du bord de Paris :‌ Oh !

1903. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Moins grand, plus faible et plus délicat que Ronsard, il a quelque chose de plus pénétrant, et — je le dirai, quoique l’on ait bien abusé du mot — il a véritablement quelque chose de plus moderne. […] Ce que la discussion du dogme a de plus métaphysique ; et que la dialectique a de plus pressant et parfois de plus audacieux ; ce que la narration historique a de plus vivant et de plus coloré ; ce que la critique des textes et leur interprétation ont de plus épineux, de plus délicat, de plus subtil aussi : ce que l’éloquence enfin du pasteur qui veut conquérir ou ramener des âmes ont de plus persuasif et de plus convaincant, de plus impérieux et de plus insinuant tour à tour, la promesse et la menace, l’indignation et l’ironie, le conseil et la prière, l’adjuration et l’anathème, tout est réuni dans ce livre qu’à peine quelques curieux lisent encore de nos jours ; — dont Hallam disait à bon droit qu’il était la plus formidable machine qu’on eût jamais dirigée contre le protestantisme ; — que ceux mêmes qui l’ont lu n’osent pas admirer publiquement ; et qui n’en demeure pas moins le plus beau livre de la langue française, comme joignant à ses autres mérites celui d’en être à la fois le plus sincère et le plus passionné. […] La question est assez délicate ; et, pour le moment, je ne sais pas encore si la cause du progrès était juste, était bonne, était sainte. […] Un public nouveau se forme, lentement, moins délicat, mais plus nombreux, plus étendu, plus divers que l’ancien.

1904. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Il est sensuel et triste ; il est tendre et désabusé, il est violent et délicat, et il donne à ses personnages une âme vivante et des paroles qui vont au cœur et le déchirent. […] Tout plein de ces pensées, il arrange ses affaires de façon que ceux qu’il aime trouvent la route aplanie devant eux, et, longtemps avant que la mort vienne le saisir, il dénoue d’une main délicate les liens qui le rattachent à sa famille et à ses amis. […] Tout cela est dit en une langue transparente, sans lacune comme sans ornements, qui fait apercevoir toutes les palpitations des événements et leur nervure délicate, un petit chef-d’œuvre qui rivalise en finesse et en fragilité avec les Chardonnerets eux-mêmes qui en sont le titre. […] Et c’est l’étude exacte d’une des manifestations les plus délicates de l’existence, du langage, qui donnera cette signification précise à la théorie mystique de l’harmonie sociale.

1905. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Mais ici je touche au point le plus délicat du problème moral de la comédie, et à l’essence même de cet art.

1906. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Le prix est excessif, mais c’est à ce prix qu’on fabrique les très délicats parfums.

1907. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Le fer s’y enfonce et s’abreuve de son sang, l’habit qui couvre sa gorge délicate en est inondé : elle sent qu’elle va mourir ; ses genoux fléchissent et se dérobent sous elle.

1908. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Je restai quelques heures avec lui ; et lui ayant demandé congé, je trouvai à mon auberge ma table couverte de quelques plats délicats, qu’il avait eu la bonté de m’y envoyer, avec d’excellent vin.

1909. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Par exemple, c’est une jeune fille dont les pieds sont si légers et si délicats, qu’elle pouvait se balancer sur une fleur sans la briser.

1910. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

— Les œuvres extraordinaires que ces hommes produisent, dit Goethe, supposent une organisation très délicate, car il faut qu’ils aient une sensibilité exceptionnelle et puissent entendre la voix des êtres célestes.

1911. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Associés successivement, appelés à coopérer tous à un même résultat, les arts avaient fourni, par leur concours, le moyen de rendre intelligibles à un peuple assemblé les buts les plus élevés et les plus profonds de l’humanité ; puis les différentes parties constituantes de l’art s’étaient séparées, et désormais, au lieu d’être l’instituteur et l’inspirateur de la voix publique, l’art n’était, plus que l’agréable passe-temps de l’amateur, et, tandis que la multitude courait aux combats de gladiateurs ou de bêtes féroces dont on faisait l’amusement public, les plus délicats égayaient leur solitude en s’occupant des lettres ou de la peinture.

1912. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

À l’égard des autres personnes, notre conduite doit être contenue, car autour de chacun il y a certaines limites délicates qu’on ne peut dépasser ; — il y a une individualité dans laquelle nul ne peut pénétrer.

1913. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Et malgré son adultère avec l’Arès grec, on la voit mieux encore que sur le Mars romain de Lucrèce, « mollement répandue » — circumfusa super — sur le corps de fer du rude artisan ; car ce sont ses caresses qui insinuent à ses doigts nerveux les reliefs exquis et les contours délicats qu’il imprime ensuite à ses œuvres.

1914. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Cette jeune fille, d’une taille élevée, d’une souplesse énergique d’avant-bras, d’une physionomie noble et douce, d’un regard de reine tempéré par une délicate réserve, montrait encore à quatre-vingts ans les traces d’une beauté qui avait dû éblouir les élèves du maître d’armes.

1915. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Toute cellule achevée ou en voie de construction étantainsi revêtue d’un solide couronnement de cire, les Abeilles peuvent se rassembler et courir sur le rayon sans crainte d’endommager les délicates cloisons de leurs prismes.

1916. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Il est trop délicat d’entreprendre le recensement des poëtes vivans.

/ 1977