Tout porte l’esprit aux idées générales plutôt qu’aux observations particulières ; mais lorsque les sociétés brillantes de la cour et de la ville ont un grand crédit politique, le besoin de les observer pour y réussir développe un grand nombre de pensées fines ; et si, d’un côté, il y a moins de philosophie pratique dans un tel pays, de l’autre, les esprits sont nécessairement plus capables de pénétration et de sagacité.
Francis Vielé-Griffin, son compagnon de route et qu’il faut compter également parmi eux, fut aussi de « ces jeunes hommes qui, guidés par leur seule foi dans l’Art, s’en furent chercher Verlaine au fond de la cour Saint-François, blottie sous le chemin de fer de Vincennes, pour l’escorter de leurs acclamations vers la gloire haute que donne l’élite ; qui montèrent, chaque semaine, la rue de Rome, porter l’hommage de leur respect et de leur dévouement à Stéphane Mallarmé, hautainement isolé dans son rêve ; qui entourèrent Léon Dierx d’une déférence sans défaillance et firent à Villiers de l’Isle-Adam, courbe par la vie, une couronne de leurs enthousiasmes ».
M. une entrée très singulière, qui avait été goûtée de toute la cour.
Des ombres traversent rapidement la cour inondée et viennent échouer dans le couloir avec un froissement d’étoffes mouillées, un bruit sec de parapluies refermés brusquement.
Un daimio, du nom de Takumi-no-Kami, portant un message du mikado à la cour de Yédo, fut cruellement offensé par Kotsuké, l’un des grands fonctionnaires du Shogun56.
suis-je à la cour ?
Il y fut l’homme de toute sa vie, l’homme qu’il était au confessionnal, à la tête de son diocèse ou de l’État, dans son opposition respectueuse aux mesures politiques de la cour de Rome, enfin partout, même sur les champs de bataille, c’est-à-dire le champion du droit strict et de la justice armée.
Mais que mademoiselle de Lenclos ait été honorée dans son infamie par le siècle même de l’honneur, que cette déesse Raison, qui précéda les autres déesses de ce nom et de ces mœurs, soit allée de pair avec les plus illustres dames de la cour de la Convenance, que la prude madame de Sévigné en ait rêvé, que la comtesse de Sandwich l’ait recherchée, que la reine Christine ait voulu l’emmener à Rome comme son amie, que madame de Maintenon ait été liée avec elle, que Louis XIV ait eu la pensée de se la faire présenter, c’est là un de ces spectacles qui font croire à l’enivrement de tout le monde, mais le philtre qui a produit cette ivresse, ce n’est pas Ninon qui l’avait versé !
… le Racine de la poésie italienne, comme l’a osé dire de Silvio cette menteuse de littérature pour faire sa cour à la politique, le Racine de la poésie italienne ne sera plus peut-être qu’un imbécile, quelque chose de niais et de plat, — un Pradon !
Il avait la netteté positive et profonde des esprits italiens, qui sont, pour moi (preuve l’ancienne Rome et la cour pontificale romaine), les premiers politiques du monde.
… le Racine de la poésie italienne, comme l’a osé dire de Silvio cette menteuse de littérature, pour faire sa cour à la politique, le Racine de la poésie italienne ne sera plus peut-être qu’un imbécile, quelque chose de niais et de plat, — un Pradon !
Ce sont des rois, ce sont des reines, Assis au milieu de leur cour !
La doctrine de l’antiquité a tellement fait plier le génie de la cour que leur éducation à cet égard est plus sévère que celle des fils des simples citoyens. […] L’Europe traiterait sûrement de roman et de fictions ce que la cour et la capitale voient en ce genre. » « Le souverain, disent ailleurs les mêmes missionnaires européens, est en Chine le chef de la littérature. […] Depuis le soixante et unième livre jusqu’au cent soixante-dix-septième inclusivement, on parle en détail de tous les officiers publics, mandarins, dignitaires et magistrats, de toutes les dynasties et de tous les ordres, soit à la cour, soit dans les provinces, soit auprès de l’empereur, soit dans les tribunaux, soit pour les affaires politiques, civiles, judiciaires, économiques, criminelles, religieuses et littéraires, soit pour la guerre.
Jean de Meung n’était pas moins populaire en Angleterre et en Italie qu’en France, Chaucer traduisait en anglais le Roman de la Rose pour la cour anglo-française d’Édouard. […] Pauvres et riches, sages et fous, nobles et vilains, dames de la cour « Mort saisit tout sans exception » ; Et meure Paris ou Hélène, Quiconques meurt, meurt à douleur. […] Il était attaché à la cour de Philippe le Hardi.
Préférait-on l’inattendu de l’intrigue aux effets prévus de la comédie de caractère, le bon rire des bourgeois au fin sourire des gens de cour ? […] Mais parlez de deux jeunes fiancés qui, pour s’éprouver, se font la cour sous un déguisement, l’un de valet, l’autre de soubrette, tout le monde s’en souvient et nomme les Jeux de l’amour et du hasard. […] Mais quiconque voudra payer de l’ennui de les lire le droit de les juger, en fera le même cas que ces seigneurs de la cour de Naples, qui se permirent de « bâiller » au Père de famille, pendant que leur roi fondait en larmes63.
Nous ne voulons que des Achilles ou des Céladons, & nous ne pensons pas que celui qui a crayonné Énée a voulu en faire, non seulement un fameux guerrier & un conquérant, mais un grand politique, un véritable législateur, un prince essentiellement religieux ; tel qu’on nous assure avoir été Auguste : car c’est pour flatter les dévots de sa cour, c’est d’après le caractère de ce grand homme que Virgile a tracé le caractère d’Énée. […] On voit encore à Toulouse un exemplaire de la Philoména en langue originale, c’est-à-dire, romance ou polie, telle que la parloient alors les gens bien élevés, & surtout ceux qui vivoient à la cour. […] Il représente ce goût, pour la galanterie, plus pestiféré que la peste même, dominant à la cour, à la ville, & dans toutes les provinces.
Et qu’importe alors que nous soyons dévorés par une cour, par un directoire, par une assemblée du peuple ? […] Ton cœur ne connaît point la dépendance, tu ne sais ce que c’est que de ramper dans une cour ou de caresser un tigre populaire. […] Il passe l’été, avec la cour, à Baïes ; il fréquente chez Aglaé, très riche et très élégante dame. […] Pourquoi ai-je été royaliste contre mon instinct, dans un temps où une véritable race de cour ne pouvait ni m’entendre ni me comprendre ? […] À la cour, dans les camps, dans les charges publiques comme dans ses livres, il est lui, et il n’est que lui, ermite de Combourg, solitaire de la Floride.
L’hypocrisie n’infestera la cour et la ville que vingt ou vingt-cinq ans plus tard. […] Boursault avait découpé dans La Fontaine les cinq actes d’Esope à la ville et d’Esope à la cour. […] Socrate médite dans la cour de sa maison. […] Le roi ordonne à Louise de quitter la cour. […] la cour du Conservatoire pendant les entr’actes !
Au xviiie siècle, n’est-ce pas ainsi encore qu’on voit la duchesse du Maine, dans ses joutes de bel esprit avec La Motte, lui lancer à l’occasion quelque madrigal qu’elle s’était fait rimer par Sainte-Aulaire, par Mlle de Launay ou tel autre poëte ordinaire de sa petite Cour ? […] Dans les dernières années de François Ier, l’influence de Marguerite, celle même de la duchesse d’Étampes, favorisaient à la cour une sorte de poésie semi-calviniste ; les courtisans chantaient les psaumes de Marot ; Diane de Poitiers, en arrivant à la pleine puissance, désira d’autres chansons, et le cardinal de Lorraine, bon catholique, fut de son avis.
Et, pour épuiser cette question qui, bien que subsidiaire et incidente, se rattache si directement à une loi de la presse, j’ai lu depuis, messieurs, les considérants du jugement rendu par la Cour impériale dans le procès de neuf journaux poursuivis et condamnés déjà en police correctionnelle. […] Ce n’est qu’en appel, six mois après, le 22 janvier 1828, devant la Cour royale, que le noble, l’intègre écrivain, sur la défense éloquente de Me Berville, fut renvoyé de la plainte. — Mais de quoi vous plaignez-vous vous-même, me dira-t-on, puisque cet accusé a été finalement acquitté ?
Viennent ensuite la nièce même de cette princesse, la seconde Marguerite de Valois fille de Henri II et femme de Henri IV, auteur de quelques pages de Mémoires que l’Académie française, par un jugement où il entrait peut-être de la galanterie, regardait comme le modèle de la prose au xvie siècle158 ; le cardinal d’Ossat, ambassadeur de Henri IV près la cour de Rome, esprit pénétrant, simple et droit, qui expose au roi son maître, d’un style abondant et ferme, toute sa négociation relative à certains projets politiques de Henri IV, et notamment à l’affaire de l’abjuration 159 ; Brantôme, dont la curiosité ne se renferme pas dans les choses de son temps et de son pays ; qui recueille çà et là dans les livres et dans les ouï-dire les matériaux de sa chronique scandaleuse ; du reste, dans ce goût peu honorable pour les immondices de l’histoire, plein de sens, de finesse et d’excellent style, et plus à blâmer peut-être pour avoir eu la plus malhonnête curiosité dans un siècle si curieux, celle des musées secrets, que pour avoir exploité de propos délibéré la corruption de son temps160 ; le maréchal de Montluc, dont Henri IV appelait les Mémoires la Bible des soldats, jugement qui peint le livre161. […] Pendant qu’il hésitait, Henri IV lui fit dire par un de ses amis qu’il désirait de lui un ouvrage qui servit de méthode à toutes les personnes de la cour et du grand monde, sans en excepter les rois et les princes, pour vivre chrétiennement, chacun dans son état.
Elle est traduite devant une cour de justice féodale, qui la condamne à subir le Jugement de Dieu. […] L’absence de loges particulières et la riche décoration de la loge grand-ducale lui donnent tout à fait l’apparence d’un théâtre de cour, et l’effet général est loin d’y perdre.
Dans Fragoletta, en effet, l’auteur affecte d’étaler sur le premier plan les horreurs de la révolution de Naples en 1798, les cruautés et les réactions de la populace et de la cour après l’évacuation de l’armée française ; mais il se complaît beaucoup trop à décrire les royales délices qu’il prétend flétrir. […] Arlequin lui offrirait son crédit à la Cour pour la restitution d’Avignon, et le pape l’en remercierait.
Parmi les signataires de cette adresse, on remarquait Gladstone, ministre du commerce, lord Dangannon, lord Courtnay, Coleridge, de la cour du banc de la reine. […] Cité devant la cour des Arches, Oakeley partagea le sort de l’homme qu’il avait si grandement défendu12.
Il a été une coqueluche de cour, quand il y avait une cour, et il l’est de la ville toujours, et il le sera encore demain de la province.
C’est que, bons ou mauvais, ils ont une vertu romanesque indéniable : une tête empanachée ; le droit d’avoir des rêves comme le commun des hommes et, plus que d’autres, le pouvoir de les suivre ; une cour où l’imagination peut impunément loger l’invraisemblable, réunir toutes les beautés à toutes les perfidies, tous les caprices, tous les crimes, tous les luxes, toutes les grandiloquences et toutes les idées même, sans que la conscience du lecteur, enfantine à jamais devant l’image d’un roi, s’en émeuve et proteste. […] Nous ne connaissons rien en France qui rappelle une cour, même de loin.
Ces sentiments, parés du plus beau langage, éclataient alors dans les vers, non pas d’un poëte de cour (Philippe II n’en avait pas), mais d’un Espagnol de Séville exprimant avec enthousiasme la joie religieuse et l’orgueil national de son pays. […] À l’abri sous cette paisible fermeté d’âme, Luis de Léon cependant n’eut jamais, dans la suite, aucune part aux dignités de l’Église, aux faveurs de la cour.
Comme un enchantement d’espérance et de joie, Il vient avec sa cour et ses chœurs gracieux, Où, sous des réseaux d’or et des voiles de soie, S’enchaînent des Esprits inconnus dans les cieux ; Soit que, dans un soleil où le jour n’a point d’ombre, Il me promène errant sur un firmament bleu, Soit qu’il marche, suivi de Sylphides sans nombre Qui jettent dans la nuit leurs aigrettes de feu : L’une tombe en riant et danse dans la plaine, Et l’autre dans l’azur parcourt un blanc sillon ; L’une au zéphyr du soir emprunte son haleine, A l’astre du berger l’autre vole un rayon.
La cour des rois lui apparaît comme un lieu où les gens ont de beaux habits 139.
Il peignit La Mothe comme un mécontent de la cour d’Apollon, qui cherchoit à se venger de n’avoir pas eu ses faveurs, en détournant les autres de les recevoir.
Il pouvait le louer d’avoir banni ces fous de cour si multipliés en Europe, d’avoir substitué à cet amusement misérable, les plaisirs nobles de l’esprit et de la société.
Par exemple, les jurés doivent, après avoir écouté avec calme leur conscience, rester impassibles à tous les bruits des villes ; car c’est le cri de l’opinion publique qui obligea une cour souveraine à condamner les Calas.
Bonhomme, est un éducateur beaucoup plus substantiel que le Lord anglais, ce puritain de cour et de frivolité.
Sophie Arnould commença par chanter dans les églises, à la Cour, puis à l’Opéra, où cette voix expressive, cette voix d’esprit, lutta contre la vraie musique, — la musique de Gluck qu’elle avait appelée « une bête » et contre laquelle elle se brisa.
À quelque temps de là, Mademoiselle de Condé alla reprendre à la cour son rang de princesse et La Gervaisais rentra dans les rangs de son régiment.
Ce poète, ce grand seigneur, cet homme de cour, qui n’aima jamais que deux paysannes, deux filles tout près de la nature, rencontrées au bord des rivières et des bois : Simples glayeuls, à couleur arc-en-cine, et qu’il engrava en ses vers sous les noms, de Marie et de Cassandre, — car la troisième, qu’on y trouve aussi sous le nom de Synope, il n’est pas bien sûr qu’il l’ait aimée, — aima donc au-dessous de lui, comme les hommes vraiment grands, qui descendent presque toujours vers la femme qu’ils aiment, tandis que les petits veulent monter vers elle, — et il eut dans l’expression de son double amour une ampleur d’embrassement, un si vaste réchauffement de cœur, un emportement de geste si impérieux dans la caresse, que ses Sonnets et ses autres pièces intitulées : Amours, effacent par la passion, le mouvement et l’image, tout ce qui a jamais parlé d’amour.
Enfin Mme d’Aulnoy, qui suivit Louise d’Orléans en Espagne, nous a esquissé au crayon noir sur papier rose une vue des mœurs et de la cour de ce pays, qui restera comme une peinture d’histoire, plus sinistre, je crois, que le plus sombre des Goya… Plus tard, tout descendant et se rapetissant, on ne trouve plus, il est vrai, au dix-huitième siècle que l’insignifiante Mme de Haussez de chez la Pompadour.
L’abbé Julio de la Clavière, brochurier et journaliste, est une espèce de Jean Huss rabougri à la taille du xixe siècle, que l’abbé Trois-Étoiles aurait pu faire brûler secrètement dans la cour fermée de l’Inquisition (puisqu’elle aurait été fermée !)
Les derniers discours de Démosthène à l’officier qui voulait lui persuader de venir à la cour de son maître, sont de ce genre d’éloquence qui naît bien plus du caractère que de l’esprit.
Il emprisonna ou fit périr sur l’échafaud plusieurs des amis de ce prince, le maltraita lui-même, l’obligea plus d’une fois, à force de persécutions, de fuir de la cour et de sortir de France, déclara tous ses partisans coupables de lèse-majesté, et fit ériger une chambre pour les proscrire.
Rastignac, qui fait là ses premières armes, et que nous verrons reparaître dans vingt autres romans, y acquiert les rudiments de la science sociale, en écoutant pérorer Vautrin, ce même Vautrin dont M. de Balzac a tant abusé, dont il a fait le dieu Wishnou de la cour d’assises et du bagne, narguant, en mille incarnations différentes, la société et la police. […] L’année même où parut le Père Goriot, un procès célèbre, dont on a récemment réveillé le souvenir, amena sur le banc de la cour d’assises un accusé spirituel et lettré ; il s’exprimait avec élégance, il faisait des vers, il avait presque du talent : un degré de plus, et on lui aurait trouvé du génie. […] La cour et la ville, Paris et la province, la France et l’Europe, s’infectaient de libertinage et d’athéisme, et, pendant ce temps, la révocation de l’édit de Nantes allongeait encore son ombre stérile sur ce siècle déshérité. […] Au fond, ce ne fut pas lui qui défendit ou vengea Calas, Sirven et la Barre ; car il n’y eût pas seulement songé s’il eût vécu alors à la cour de Louis XV, de Frédéric ou de Catherine ; ce furent les Génevois, et je me rencontre ici avec M. […] Il semble que cette hérésie qui passionne les âmes, divise les évêques, obtient çà et là les préférences de l’empereur et de sa cour et amoindrit l’éblouissement des intelligences en face du mystère de la Trinité, il semble que cette hérésie va compromettre à jamais l’unité de l’Église.
Peu de temps après ce mariage, lord Herbert, âgé d’environ vingt ans, vint à Londres et se présenta à la cour (1600), où il fut remarqué par la reine Élisabeth, qui avait encore trois années à vivre. […] Pendant son premier séjour en France, lord Herbert allait fréquemment à la cour de la reine Marguerite, la première femme de Henri IV, et voici ce qu’il y vit un certain soir. […] Vraiment, dit l’un, c’est une très belle fille, elle faisait dernièrement votre éloge devant Quelqu’un malgré la cour assidue que lui fait un certain grand personnage. […] La Mort tient ses assises dans ce palais et examine les candidats qui peuvent aspirer à la cour de l’un ou de l’autre des deux souverains qui se partagent le monde invisible. […] L’enfer du ministre gallois est, à proprement parler, la cour du roi Pétaud.
Ceci se passe dans une cour. Dans une cour il y a toujours entremêlement et entrelacement d’amour et d’ambition. […] Au troisième acte, nous voyons avec un certain étonnement Domitian faire la cour à Bérénice en prétextant que l’empereur le veut ainsi. […] — Non, Madame ; mais il me le dit. » Resté seul avec Domitie, Domitian lui tient des propos obscurs un peu ; mais à travers lesquels on peut voir que Domitian a fait la cour à Bérénice pour exciter la jalousie de Domitie et pour la ramener à lui. […] En somme, c’est une comédie de cour, une intrigue de cour arrangée en comédie.
Souvent, sur un propos qui réveillait en lui le collectionneur passionné, la conversation se continuait dans le grand salon du rez-de-chaussée où étaient ses plus beaux dessins du XVIIIe siècle, devant quelque vitrine contenant ses bibelots les plus précieux qu’il regardait avec amour ou maniait de ses fines mains nerveuses, dans ce salon à l’opulent mobilier d’Aubusson où des « préparations » de La Tour voisinaient avec des « griffonnis » de Saint-Aubin, des crayons de Boucher et des sanguines de Watteau, ce salon qui donnait par une porte vitrée sur la terrasse d’où l’on descendait dans l’étroit jardin au fond duquel une fontaine en rocaille se cour tournait, adossée à un treillage vert qu’enguirlandaient des roses grimpantes. […] Homme de cour, homme de société, le comte Primoli avait en lui de l’homme de Lettres. […] Catholiques ou protestants, gens de cour, de ville ou des camps, gentilshommes ou bourgeois, il n’ignorait rien d’eux. […] Jacquesson de la Chevreuse la lançait par la fenêtre dans la cour où les élèves frileux allaient, chacun à son tour, la chercher et la remontaient, ce qui leur mettait le sang en mouvement et leur dégourdissait les jambes. […] Elles sont soigneusement arrosées, et si l’eau qu’on leur distribue n’est pas puisée à l’antique puits qu’elles environnent et fleurissent, cette eau n’entretient pas moins en fraîcheur la petite académie qu’elles forment et qui tient séance dans la cour de l’Institut.
Sa cour, dit-il, était une vraie galère, où chacun ramait selon l’ordonnance. […] Waliszewski nous y montre la jeune cour, la lutte pour le trône et la victoire qui le donna à Catherine. […] L’art de la mise en scène, dans lequel elle fut incomparable, est d’ailleurs resté de tradition à la cour de Russie. Une dame de la cour de Vienne nous racontait un jour, ses impressions à l’arrivée de l’empereur Nicolas dans cette dernière capitale. […] Il prit par la main ces amis fidèles, et, laissant là les amphores de vin à demi vidées, les roses effeuillées, les lyres et les flûtes renversées pêle-mêle sur des coupes encore pleines, Platon les conduisit dans la cour intérieure de la maison.
Il n’est pas une tragédie de Racine qui n’ait été jouée cent fois en cour d’assises par des comparses hideux. […] Dieu écarté, la morale tombe, comme un cérémonial de cour à la chute de la royauté. […] X., avocat à la cour impériale de N. ; par M. […] La jeune fille de Laclos est d’un monde qui touche à la cour ; elle diffère à peine de celle de Casanova et de celle de Restif. […] Alcan, 1900), où, à propos des drames sexuels de cour d’assises, Racine est, comme référence et point de comparaison, cité toutes les dix pages.
Avant cette époque, elle avoit sans doute de la force & de la majesté, parce que c’étoient des Républicains qui la parloient ; mais elle n’avoit pas cette douceur, cette élégance, cette urbanité, qu’une Cour polie & voluptueuse sut y répandre ; car les mœurs influent sur la langue, autant que le génie, témoin l’Atticisme & le Laconisme : l’un étoit le fruit de tous les Arts & de toutes les Sciences dont Athènes étoit l’asile ; l’autre répondoit à la sévérité des mœurs de Lacédémone, où l’on ne cultivoit que les vertus du plus austère patriotisme. […] Les Grands alors, loin de rougir d’ajouter à leurs titres celui de Savans, étoient de tous les gens de Lettres les plus instruits ; ils le seroient encore aujourd’hui, s’ils vouloient se persuader, que l’éclat d’un beau nom ne suffit pas pour acquérir une véritable considération ; que destinés par leur naissance à former la Cour des Rois, ils sont faits aussi pour entrer dans leurs Conseils ; que là, autant leurs talens & leur mérite sont utiles au Prince, à l’Etat, aux Peuples, autant leur ignorance est préjudiciable au bien public ; enfin, que plus ils sont élevés au-dessus des autres hommes, plus ils doivent s’efforcer de mériter de l’être, & faire cesser ce murmure jaloux, qui réclame sans cesse les droits de l’égalité, & ceux du mérite négligé, contre les caprices d’une aveugle fortune. […] Ne diroit-on pas qu’il est au milieu d’eux, comme étoit autrefois Sully au milieu des jeunes Courtisans de la Cour de Louis XIII ? […] Un Roi jeune & victorieux, une Cour brillante, qui ne respiroit que la gloire & la galanterie, où l’on ne songeoit qu’à plaire, où du sein des plaisirs on voloit à la victoire, frappèrent les premiers regards de Racine ; ainsi, lorsqu’il choisit l’amour pour être l’ame de ses Tragédies, il suivoit à la fois le goût qui dominoit alors, & le penchant de son cœur.
La liberté des opinions a commencé, en France, par des attaques contre la religion catholique ; d’abord, parce que c’étaient les seules hardiesses sans conséquence pour l’auteur, et, en second lieu, parce que Voltaire, le premier homme qui ait popularisé la philosophie en France, trouvait dans ce sujet un fonds inépuisable de plaisanteries, toutes dans l’esprit français, toutes dans l’esprit même des hommes de la cour.
Le bas clergé est hostile aux prélats, les gentilshommes de province à la noblesse de cour, le vassal au seigneur, le paysan au citadin, la population urbaine à l’oligarchie municipale, la corporation à la corporation, la paroisse à la paroisse, le voisin au voisin.
Finalement, il fait à Louason sa cour pendant plus d’un an sans arriver à rien.
Mais longtemps encore il faudra pardonner aux savants de n’être ni philosophes, ni hommes du monde, ni hommes d’État, même quand ils s’intitulent, comme en Allemagne, conseillers de cour.
Les concessions qu’il fallait faire à la cour, à la société, au clergé étaient pires que les petits désagréments que peut nous infliger la démocratie.
Cette protestation fut faite à l’occasion du compte qu’il rendit de la traduction nouvelle de Pétrone, ce courtisan emporté par la satyre & la débauche, ou plutôt ce pédagogue enflé qui ne connoissoit la cour que par oui-dire.
Sous le regne de Henri IV le ton et l’accent des gascons s’introduisoient à la cour de France.
La première de ces deux trompettes, qui est vraiment un instrument de publicité formidable, auquel les échos semblent faire la cour, tant ils sont empressés de répéter tout ce qu’il sonne, c’est M.
Quand on lit Tallemant et quand on est, comme lui, un homme de lettres, on se coule dans sa peau par la pensée et on trouve le xviie siècle un bien grand siècle, parce que les plus nobles compagnies voient l’homme de lettres à côté des seigneurs et des hommes les plus élégants de la cour.
Il convient d’une préciosité de bourgeoisie et de province, qui méritait, dit-il, tout sur ce point : « les piquants tableaux de Molière et de Saumaise » ; mais celle-là dont l’hôtel de Rambouillet fut le berceau et le théâtre, c’est-à-dire celle des femmes de la ville et de la cour, ne mérite que l’intérêt et le respect de l’histoire.
La présence des femmes de la cour qui, du haut des loges, assistaient au banquet, la fumée des vins, les lumières, les glaces, le spectacle que les convives s’offraient à eux-mêmes, les périls de la monarchie, l’attente de l’imprévu, tout se réunissait pour égarer la raison.
Et voici Alexandre Weill, qui n’est pas Allemand, mais qui ne doit pas être né très loin de l’Allemagne si j’en crois certains reflets gardés sur sa pensée, qui pense à son tour qu’en disant sans biaiser à mademoiselle sa fille ses idées, à lui, sur les femmes et sur le gendre qui doit lui agréer, il trouvera ce merle blanc, comme il l’appelle, qui n’est blanc souvent que parce qu’il s’est fourré de la poudre de riz quand il allait faire la cour à sa femme, mais qui finit toujours par redevenir l’autre merle que nous connaissons.
L’histoire de la Femme au xviiie siècle, qui est très complexe, — qui, socialement, n’est pas la femme égalitaire simplifiée du xixe , mais qui se scindait en plusieurs classes, qui était timbrée de plusieurs estampilles : titrée et à la cour, bourgeoise et à Paris, — cette femme différait de société, de salon, de langage, de mœurs et de ton.
Là, il eut son désert, sa Pathmos, mais une Pathmos tranquille, ce Carmel dont il parla un jour dans son oraison de Marie-Thérèse avec un accent qui troubla ces gens de la cour et leur fit entrevoir tout à coup la douceur des pieuses retraites dans des horizons éloignés.
C’est une cour moresque tapissée d’arbustes et de plantes comme on en voit tant à Séville.