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1404. (1896) Études et portraits littéraires

Et à peine réussissons-nous à le comprendre, nous Latins, à qui manquent le mot et la chose. […] Il a compris aussi la poésie du désert, des sables fauves sans fin. […] Ainsi comprise, la morale prescrit plutôt un bel arrangement, une belle disposition de l’âme, qu’elle ne promulgue un code. […] Le Stagirite eût-il été compris s’il l’eût formulée ? […] Refusé sur le mot à mot du catéchisme, il sut montrer avec ardeur qu’il le comprenait ; il pleura et fit pleurer ses juges.

1405. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Les événements comprennent une période de quatre années, depuis la retraite du peuple au Mont-Sacré, l’an de Rome 262, jusqu’à la mort de Coriolan. […] Si le poëte n’a pas donné à l’usurpateur cette physionomie odieuse qui produit la haine et les passions dramatiques, il suffit de lire l’histoire pour en comprendre la cause. […] Rien ne pourrait mieux faire comprendre que ce vieux drame la merveilleuse transformation qu’opéra Shakspeare dans les représentations théâtrales du siècle d’Élisabeth. […] Ce drame comprend un espace de quatorze ans, depuis 1471 jusqu’en 1485. […] La pièce comprend un espace de douze ans, depuis 1521 jusqu’en 1533.

1406. (1895) Hommes et livres

On les dit extravagantes ou obscures : c’est qu’on n’en comprend pas la mise en scène. […] Il ne comprend une passion, un caractère que par l’analyse, qui étale tout le dedans de l’âme. […] Sinon, le public était dérouté ; il ne comprenait plus : et quoi qu’on ait dit, il aimait à comprendre, parce que, faute de comprendre, adieu l’illusion, partant le plaisir. […] Au reste, Molière le dépassait trop pour qu’il le comprît. […] Il faut, pour comprendre cette transformation décisive de la comédie, revenir à Destouches.

1407. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — [Note.] » pp. 444-445

Il n’a compris son erreur qu’après avoir atteint le but élevé qu’il s’était proposé.

1408. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XX » pp. 84-86

… et moi je ne vis que l’âme… » Je n’eus jamais un sentiment plus religieux de ma mission que dans ce cours de deux années ; jamais je ne compris mieux le sacerdoce, le pontificat de l’histoire ; je portais tout ce passé, comme j’aurais porté les cendres de mon père ou de mon fils… » Et tout cela pour dire qu’il ne méritait pas l’outrage ; non, mais il méritait le sourire.

1409. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « APPENDICE. — LEOPARDI, page 363. » pp. 472-473

Les poëtes anglais, tels que William Cowper, ou ceux qu’on a compris sous le nom de Lakistes, offrent à chaque page des pièces dans ce genre moral, familier, domestique, que j’aurais voulu voir se naturaliser en France, et que j’ai tout fait à mon heure pour y introduire.

1410. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Angellier, Auguste (1848-1911) »

Il comprend cent soixante-dix sonnets développant tout un roman d’amour qui commence par la floraison des aveux et des premières tendresses, se continue au bord des flots bleus, dans les monts, s’attriste d’une querelle, se poursuit en rêveries, devant la mélancolie des vagues grises, se termine enfin par le sacrifice, le deuil et l’acceptation virile qui n’est pas l’oubli… C’est bien l’histoire commune et éternelle des cœurs… C’est un véritable écrin que l’Amie perdue, un écrin plein de colliers et de bracelets pour l’adorée, et aussi de pleurs s’égrenant en rosaire harmonieux… C’est un des plus nobles livres d’amour que j’aie lus, parce qu’il est plein d’adorations et exempt de bassesses, parce que la joie et la douleur y sont chantées sur un mode toujours élevé, entre ciel et terre, comme le vol des cygnes qui ne s’abaisse pas même quand leur aile s’ensanglante d’une blessure… Je vous assure qu’il est là tel sonnet que les amants de tous les âges à venir, même le plus lointains, aimeront à relire, où ils retrouveront leur propre pensée et leur propre rêve, comme le doux André Chénier souhaitait qu’il en fût de ses vers d’amour… [Le Journal (26 juillet 1896).]

1411. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Maurice de (1810-1839) »

Son ambition n’est pas tant de la décrire que de la comprendre, et les derniers versets du Centaure révèlent assez le tourment d’une ardente imagination qui ne se contente pas des mots et des images, mais qui interroge avec ferveur les mystères de la création.

1412. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre II. Pourquoi il faut préférer la méthode inductive » pp. 13-14

Mais il faut se garder de confondre le point d’arrivée avec le point de départ ; l’on a droit d’espérer qu’un jour, dans quelques siècles peut-être, on pourra comprendre ainsi l’histoire des littératures ; mais aujourd’hui elle n’est pas, non plus que les autres branches des sciences sociales, assez avancée pour se prêter à de rigoureuses déductions.

1413. (1912) L’art de lire « Chapitre I. Lire lentement »

» Même sans dessein d’écrire soi-même, il faut lire avec lenteur, quoi que ce soit, en se demandant toujours si l’on a bien compris et si l’idée que vous venez de recevoir est bien celle de l’auteur et non la vôtre. « Est-ce bien cela ? 

1414. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

De même aussi on comprend que l’homme, qui peut modifier à son gré la nature physique de ses aliments, ne soit arrêté à aucun d’eux et puisse être omnivore. […] On comprend que de telles expériences sont difficiles sur les animaux, parce qu’ils ne nous rendent pas compte directement de leurs sensations. […] Mais il est difficile de comprendre comment ils arrivèrent à trouver que ce liquide était acide dans certaines circonstances. […] La figure 26 vous fera comprendre comment l’opération est pratiquée. […] Vous comprenez, Messieurs, l’importance de ces observations.

1415. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

. — Tu comprends bien ma blessure. — Elle est sanglante. — Je n’ose pas plus que toi-même appuyer sur la terrible épreuve qui est maintenant accomplie sur la terre. […] Dieu me fera peut-être la grâce de la comprendre. — Ah ! […] Sans être plus méchants que nous, les riches ne peuvent absolument pas comprendre que l’on n’ait pas toujours assez pour les besoins les plus humbles de la vie. […] Rien ne se guérit dans mon triste cœur : mais aussi rien n’y sèche, et tout est vivant de mes larmes. » Cette dernière sœur elle-même mourait ; la mesure des deuils était comblée, et il y eut des moments où, dans sa plénitude d’amertume, l’humble cœur sans murmure ne put s’empêcher toutefois d’élever des questions sur la Providence, comme Job, et de se demander le pourquoi de tant de douleurs et d’afflictions réunies en une seule destinée : « (30 janvier 1855)… J’ai depuis bien longtemps la stricte mesure de mon impuissance ; mais tu comprends qu’elle se fait sentir par secousses terribles quand je sonde l’abîme de tout ce qui m’est allié par le cœur et par la détresse.

1416. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

La Fronde présente donc la seconde période de la vie de M. de La Rochefoucauld ; la troisième comprend les dix ou douze années qui suivirent, et durant lesquelles il se refit, comme il put, de ses blessures au physique, et s’en vengea, s’en amusa, s’en releva au moral dans ses Maximes. […] » On leur reprochait aussi de l’obscurité ; Mme de Schomberg ne leur en trouvait pas, et se plaignait plutôt de trop les comprendre ; Mme de Sévigné écrivait à sa fille en lui envoyant l’édition de 1672 : « Il y en a de divines ; et, à ma honte, il y en a que je n’entends pas. » Corbinelli les commentait. […] « Quoi qu’il en soit, il y a tant d’esprit dans cet ouvrage et une si grande pénétration pour connoître le véritable état de l’homme, à ne regarder que sa nature, que toutes les personnes de bon sens y trouveront une infinité de choses qu’ils (sic) auroient peut-être ignorées toute leur vie, si cet auteur ne les avoit tirées du chaos du cœur de l’homme pour les mettre dans un jour où quasi tout le monde peut les voir et les comprendre sans peine. » En envoyant ce projet d’article à M. de La Rochefoucauld, Mme de Sablé y joignait le petit billet suivant, daté du 18 février 1665 : « Je vous envoie ce que j’ai pu tirer de ma tête pour mettre dans le Journal des Savants. […] La simple comparaison fait mieux comprendre à quel point (ce à quoi autrement on ne songe guère) La Rochefoucauld est un écrivain.

1417. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Ils se regardaient entre eux, ils comprenaient cette misère, ils regardaient la masse, la magnificence et la verte vieillesse féconde de l’arbre ; ils détournaient le tranchant de leurs haches sur lesquelles quelques gouttes de leurs yeux tombaient silencieusement. […] CVI Magdalena resta immobile, pétrifiée, muette à ces paroles dont elle comprit bien la malice. […] tellement que je ne me comprenais pas moi-même, et que ma tante disait à mon père, qui ne m’entendait plus si folâtre : « Ne t’inquiète pas, mon frère, c’est la mue. […] CXXVIII Mais Hyeronimo, qui ne comprenait rien à mes changements, à mes silences et à mes éloignements de lui, paraissait lui-même malade de cœur et d’humeur, de la même fièvre et de la même langueur que moi ; à mon dépit, il semblait à présent moins me chercher que me fuir ; il ne me regardait plus en face et jusqu’au fond du regard comme auparavant ; il frissonnait comme la feuille du tremble quand, par hasard, il fallait que sa main touchât la mienne en jetant les panouilles de maïs dans mon tablier ou en retournant les figues dans le même panier sur le toit ; nous ne nous parlions plus que de côté, quand il fallait absolument se parler pour une chose ou pour une autre, et pourtant, nous ne nous haïssions pas, car, à notre insu, nous étions aussi habiles à nous chercher qu’à nous fuir, tellement qu’on aurait dit que nous ne nous fuyions que pour nous retrouver, et que nous ne nous retrouvions que pour nous fuir.

1418. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

L’Église ne le comprit pas. […] Très curieux d’art, il n’était pas artiste ; et le grand mouvement littéraire de son temps s’accomplit sans qu’il y comprit rien. […] Il avait compris que de lier le prêtre à l’autel, à ses offices en latin, à son cérémonial séculaire, à sa prédication traditionnelle des lieux communs sans date, c’était l’éloigner du peuple, c’était inutiliser, tuer l’Église et la religion, sous prétexte de ne pas les compromettre. […] Cette vive intelligence ne pouvait pas ignorer, comprenait tout, décidait tout, et ne se sentait jamais écrasée, ni dépassée.

1419. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Deschanel comprend Racine de la bonne façon : en l’aimant. […] , n’a jamais compris ni aimé la femme, qui est inconscience, faiblesse et charme. […] Et, si l’on aime tant son théâtre, je comprends peu qu’on étudie sa vie et son caractère dans un esprit de malveillance et de chicane. […] Par exemple, bien qu’il comprenne le romantisme à la façon de Stendhal, M. 

1420. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Si vous avez jamais eu pitié de l’agonie d’une fleur ou de l’évaporation d’un parfum, si la matière, languissante et blessée sous une forme exquise, a parfois éveillé en vous une de ces vagues sympathies qui ferait croire à des affinités inconnues, vous comprendrez peut-être l’étrangeté de cette sensation confuse. […] La province ne comprend rien aux subtilités des fantaisies parisiennes. […] Il ne comprend rien, d’abord, à ses questions, à ses coquetteries, à ses intimités conquérantes ; mais la vue de la bague, qui brille au doigt de Diane, est pour lui une révélation. […] Il ne s’est pas fait aimer de sa femme, c’est vrai, peut-être est-ce sa faute à lui ; mais qu’elle se rappelle ses froideurs, ses antipathies, ses disgrâces, et peut-être comprendra-t-elle qu’il ait fait preuve de discrétion en lui épargnant son amour ; cependant, il en est temps encore, et peut-être, en se connaissant mieux, finiront-ils par s’entendre.

1421. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Mais il est clair que des conceptions jusqu’à présent aussi incomplètes ne doivent point entrer, comme partie essentielle, dans un cours de philosophie positive qui ne doit comprendre, autant que possible, que des doctrines ayant un caractère fixe et nettement déterminé. […] Il en résulte également un nouveau motif de ne pas comprendre un tel ordre d’idées dans un cours de philosophie positive, puisque, loin de pouvoir contribuer à la formation systématique de cette philosophie, les théories générales propres aux différents arts principaux doivent, au contraire, comme nous le voyons, être vraisemblablement plus tard une des conséquences les plus utiles de sa construction. […] Cette considération me semble d’une telle importance, que je ne crois pas possible de comprendre réellement, sans y avoir égard, l’histoire de l’esprit humain. […] En effet, les phénomènes naturels ayant été classés de telle sorte, que ceux qui sont réellement homogènes restent toujours compris dans une même étude, tandis que ceux qui ont été affectés à des études différentes sont effectivement hétérogènes, il doit nécessairement en résulter que la Méthode positive générale sera constamment modifiée d’une manière uniforme dans l’étendue d’une même science fondamentale, et qu’elle éprouvera sans cesse des modifications différentes et de plus en plus composées, en passant d’une science à une autre.

1422. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Il y a de grands auteurs qui n’ont pas besoin du tout de leur biographie pour qu’ils soient expliqués ; on peut les comprendre tout entiers sans rien savoir de leur existence. Il est certain, par exemple, que nous pouvons parfaitement comprendre Corneille sans rien savoir de ce qui lui est arrivé ; j’en dirai autant, presque autant, de Racine, et, contre votre attente, j’en dirai presque autant encore de Molière. […] Je me suis aperçu très vite qu’il était précisément de ces auteurs qui ont besoin qu’on fasse leur biographie pour les faire comprendre. […] Rose finit par dire à Benserade : « Je vois bien, je comprends, il vous faut un Marot ! 

1423. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Enfermés, pressés dans les limites d’un chapitre, nous n’indiquons que des résultats ; mais on comprend quels ferments de déception haineuse et féroce de tels résultats durent laisser dans les âmes que le Protestantisme avait corrompues. […] En vain Clément XIII, qui comprenait au moins son rôle de pontife, et qui avait répondu à l’édit souverain de Louis XV par la bulle Apostolicum, demanda-t-il à Charles III la raison d’une proscription plus inconcevable en Espagne qu’ailleurs ; on ne lui répondit que par le silence. […] Ils écrivent tout près de l’abolition qui les foudroie, et déjà ils ont devancé le calme des temps futurs et la miséricorde attardée de l’histoire, qui pardonne chaque jour davantage, parce que chaque jour elle comprend mieux : « On sait — dit le Père Mozzi — que Clément était disposé à renoncer au Pontificat plutôt que d’en venir à cette extrémité (l’abolition) ; il le déclara bien souvent, et toutefois il y est venu. […] Alors on comprend les mots du Jésuite à ses frères : « Le temps propice n’est pas encore arrivé pour vous, il viendra et passera pour d’autres.

1424. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Une pensée historique ressort avec évidence de la lecture de ces lettres de Rancé et jusque du sein de la réforme qu’il tente avec une énergie si héroïque : c’est que le temps des moines est fini, que le monde n’en veut plus, ne les comprend ni ne les comporte plus. […] La différence profonde qui, dans le sentiment de Rancé et d’après l’institution rigoureuse de l’Église, devait distinguer les moines proprement dits d’avec le corps du clergé séculier, s’effaçait de plus en plus dans les esprits et n’était plus parfaitement comprise, même des estimables Sainte-Marthe, même des vénérables Mabillon.

1425. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Mais d’abord les honnêtes gens ne comprirent pas, d’autant que cette impartiale critique s’annonçait sous le nom de Satire. […] Le public, d’abord étonné de voir ce jeune homme inconnu prendre plaisir à se mettre à dos toute la bande rancunière des écrivains, comprit insensiblement le sens et le but de ces attaques, en les voyant multiplier et redoubler.

1426. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

vous comprenez l’embêtement de l’existence, vous ! […] Quand tu compris l’élan de tes nefs inutile.

1427. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

On comprend ce que l’acteur français Des Lauriers, surnommé Bruscambille, disait, à quelque temps de là, dans un de ses prologues en parlant de la farce française : « Je puis dire avec vérité que la plus chaste comédie italienne est cent fois plus dépravée de paroles et d’actions qu’aucune des nôtres. » Bornons-nous à quelques indications sur ce point délicat. […] Niccolo Barbieri dit Beltrame, dans sa Supplica, nous explique une amélioration que nous aurions, sans lui, quelque peine à comprendre.

1428. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

Qui ne comprend cependant que si les lois fondamentales de l’esprit étaient découvertes, si les circonstances qui les modifient étaient connues, si nous tenions, en un mot, l’essentiel et l’accidentel, comme dans le cas des marées, cité plus haut par M. Mill ; si nous pouvions reconstituer par synthèse une situation psychologique, comme nous pouvons calculer une position astronomique ; si nous étions capables de prévoir ; qui ne comprend que ce serait là un secret important pour la connaissance des hommes, pour l’éducation, pour la politique, pour toutes les sciences morales et sociales, et que la psychologie serait leur base, comme la physique est celle des sciences de la matière ?

1429. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

La Nation a déjà compris, &, sans nous, l’expérience eût suffi pour lui faire comprendre, que les inventions en Littérature sont moins des moyens de perfection & des signes de fécondité, que des causes de dépérissement & des preuves de foiblesse ; que la révolte contre les principes religieux est un symptome de vertige, & ne sauroit être le fruit du développement de la raison.

1430. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Comment se fait-il qu’on ne comprenne point ? […] Ce que nous voulons accomplir, peu d’hommes l’ont encore compris.

1431. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

et la comprendre ! […] Et certes nous préférerons ceux qui ont compris les hommes, qui ont puisé dans le monde la matière à repétrir !

1432. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

D’abord tout bas, pour que l’on comprenne leur pensée ; car la plupart d’entre nous, par l’effet de l’habitude, ne comprennent guère qu’à moitié ce qu’ils lisent tout haut ; ensuite à haute voix, pour que l’oreille se rende compte du nombre et de l’harmonie, sans que, cette fois, l’esprit laisse échapper le sens, puisqu’il s’en sera préalablement rempli.

1433. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Alors, mais seulement alors, il comprit que l’exploitation régulière serait forcée, pour ne pas périr, de s’élever jusqu’à la conquête, et cette conquête, il résolut de la tenter. […] Cette explication qui n’est que le pléonasme de l’ignorance, et que l’homme jette à l’événement lorsqu’il ne le comprend plus.

1434. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Il y a plus, et, selon nous, l’histoire ne l’a pas assez signalé : s’il y avait des esprits capables de comprendre les causes politiques de la Révolution française, s’il y avait des hommes qui, par l’étendue de leurs lumières, la flexibilité pratique de leur génie et leur sentiment de la réalité politique, ressemblassent peu aux chefs aveugles et sourds d’une société mourant de corruption et de métaphysique, c’étaient assurément les hommes de la société de Jésus. […] si ce fut le besoin des temps, tel que le comprenait sa sagesse, qui décida le souverain pontife, l’Europe avait donc le besoin du triomphe de la philosophie, de la diminution de l’autorité catholique, du relâchement dans les mœurs et dans les doctrines, de la révolte sous toutes les formes ?

1435. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Les hommes d’imagination (pour lesquels seuls j’écris) ne me comprendront-ils pas ?… Il y a bien moins dans les étincellements de Gozlan du diamant que de l’émeraude… Talent miroitant qu’on ne peut comprendre qu’à force de comparaisons.

1436. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Et qu’on me comprenne bien ! […] À sa misanthropie on comprend qu’il soit observateur ; il n’est même misanthrope que parce qu’il a observé, et cette observation, très spirituellement pénétrante, est, au fond, celle d’un moraliste qui fait prévoir le moraliste futur.

1437. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

C’est pour ne pas l’avoir compris que les philosophes ont dû distinguer deux espèces de quantité, l’une extensive, l’autre intensive, sans jamais réussir à expliquer ce qu’elles avaient de commun entre elles, ni comment on pouvait employer, pour des choses aussi dissemblables, les mêmes mots « croître » et « diminuer ». […] Mais nous comprendrions aussi par l’effet de quelle illusion les uns se croient obligés de nier la liberté, les autres de la définir.

1438. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Je ne vous comprends pas et je ne peux pas m’empêcher de bouillonner ! […] Ici, il faut comprendre. […] On n’aura pas besoin, pour les comprendre, de rechercher, aux Archives nationales, les vieux prospectus du Louvre et du Bon Marché. […] On maudissait généralement les années comprises entre 395, date de la mort de Théodose, et 1453, date de la prise de Constantinople par le sultan Mahomet. […] Ai-je parfaitement compris le sens de cette parabole ?

1439. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Avons-nous compris le motif secret de telle action ? […] Mais il ne peut rien comprendre aux contradictions d’Atala, qui l’aime et le repousse. […] C’est toi, Être suprême, source d’amour et de beauté, c’est toi seul qui me créas tel que je suis, et toi seul me peux comprendre ! […] Je comprends que l’on s’attache à ce qui reste de l’acropole d’Athènes, du forum romain, ou de la petite ville de Pompéi. […] « Louis XVIII, dit-il, consentait toujours à m’éloigner. » (On le comprend assez.)

1440. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugues, Clovis (1851-1907) »

Hugues l’a compris et l’a pris ainsi tout bonnement, sans se marteler la cervelle ; et il n’a pas eu tort.

1441. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Avant-propos » pp. 1-5

Il est donc arrivé que les passages de la poetique d’Aristote, que ceux de Ciceron, de Quintilien et des meilleurs écrivains de l’antiquité où il est fait mention de leur musique, ont été mal entendus par les commentateurs, qui s’imaginant que dans ces endroits là il étoit question de notre danse et de notre chant, c’est-à-dire, de la danse et du chant proprement dits, n’ont jamais pu comprendre le veritable sens de leurs passages.

1442. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — II. Le fils des bâri »

Et ses parents se désolaient, ne pouvant rien comprendre à tout cela.

1443. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Préface de l’auteur »

Préface de l’auteur Quelques mots sur l’origine de ce travail en feront comprendre l’intention.

1444. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

J’ai eu de la peine à comprendre moi-même ce phénomène de la mise en vente pendant dix ans, à grandes pertes pour moi, à grands bénéfices pour les acquéreurs, sans qu’un seul capitaliste fût tenté par ces bénéfices. […] L’orateur, le poète, le moraliste, le philosophe s’appuient sur ce livre, et tout ce que nous pouvons dire de plus fort à sa gloire, ajoutent-ils, c’est que, après l’invasion des superstitions indiennes, tartares ou thibétaines en Chine, si l’idolâtrie, qui est la religion des empereurs et du peuple, n’est pas devenue la religion du gouvernement, c’est ce livre de Confucius qui l’a empêché, et si notre religion chrétienne, disent-ils enfin, n’a jamais été attaquée par les savants lettrés du conseil impérial, c’est qu’on a craint de condamner, dans la morale du christianisme, ce qu’on loue et ce qu’on vénère dans le livre de Confucius. » Il commence par des maximes de sagesse que nous traduisons ici du latin, dans lequel les jésuites ont traduit, il y a un siècle, ces passages : « C’est le Tien, Dieu, le Ciel, trois noms signifiant le même grand Être, qui a donné aux hommes l’intelligence du vrai et l’amour du bien, ou la rectitude instinctive de l’esprit et de la conscience, pour qu’ils ne puissent pas dévier impunément de la raison…… En créant les hommes, Dieu leur a donné une règle intérieure droite et inflexible, qu’on appelle conscience : c’est la nature morale ; en Dieu elle est divine, dans l’homme elle est naturelle… « Le Tien (Dieu) pénètre et comprend toutes choses ; il n’a point d’oreilles, et il entend tout ; il n’a point d’yeux, et il voit tout, aussi bien dans le gouvernement de l’empire que dans la vie privée du peuple. […] Aucun document à la fois politique et littéraire, dans les annales de la Chine, n’est de nature à faire mieux comprendre la constitution libre, paternelle et raisonnée de ce gouvernement par la persuasion. […] Il reprend ensuite en ces termes : « Quant à moi, plus j’ai étudié et compris l’histoire, plus je me suis confirmé dans l’idée de ne pas laisser connaître, en mon vivant, le choix que j’aurai fait de mon successeur. […] Je n’ai rien dit qui ne soit à la portée de tout le monde et que tout le monde ne puisse comprendre avec la plus légère attention.

1445. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Voilà toute l’histoire du jeune villageois de Maillane ; cette histoire était nécessaire pour comprendre son poème. […] La Provence a passé tout entière dans l’âme de son poète ; Mireille, c’est la transfiguration de la nature et du cœur humain en poésie dans toute cette partie de la basse Provence comprise entre les Alpines, Avignon, Arles, Salon et la mer de Marseille. […] « Et les six mules, belles et luisantes, suivaient, sans détourner ni s’arrêter, le sillon ; elles semblaient, en tirant, comprendre elles-mêmes pourquoi il faut labourer la terre sans marcher trop lentement et sans courir, vers le sol baissant le museau, patientes, attentives à l’ouvrage, et le cou tendu comme un arc !  […] XXVIII Or pourquoi aucune des œuvres achevées cependant de nos poètes européens actuels (y compris, bien entendu, mes faibles essais), pourquoi ces œuvres du travail et de la méditation n’ont-elles pas pour moi autant de charme que cette œuvre spontanée d’un jeune laboureur de Provence ? Pourquoi chez nous (et je comprends dans ce mot nous les plus grands poètes métaphysiques français, anglais ou allemands du siècle, Byron, Goethe, Klopstock, Schiller, et leurs émules), pourquoi, dans les œuvres de ces grands écrivains consommés, la sève est-elle moins limpide, le style moins naïf, les images moins primitives, les couleurs moins printanières, les clartés moins sereines, les impressions enfin qu’on reçoit à la lecture de leurs œuvres méditées moins inattendues, moins fraîches, moins originales, moins personnelles, que les impressions qui jaillissent des pages incultes de ces poètes des veillées de la Provence ?

1446. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

« Elle dit, et évite ainsi de parler à son père bien-aimé du doux mariage, mais il a tout compris et lui répond : « “Certes, ma fille, je ne te refuse ni des mules, ni rien autre chose. […] Souvenez-vous de Sterne, débarqué à Calais, et causant avec le pauvre moine qu’il a l’intention de railler un peu sur sa robe, sur son oisiveté, sur sa mendicité volontaire ; le pauvre moine ne l’entend pas, ou fait semblant de ne pas le comprendre par bonhomie et par humilité ; il s’incline, et, ouvrant sa tabatière de buis, il offre à son caustique étranger une prise de son tabac. […] — Non, dit-il, laissez-les faire, ils savent ce qu’ils font ; ils comprennent plus vite que nous qui nous sommes et qui nous aimons ! […] Voyez le chien du Lépreux dans Xavier de Maistre, votre ami, comme c’est vrai, comme c’est compris, comme c’est senti ! […] Il savait où il allait ; les hommes n’avaient voulu comprendre ni son âme immense, ni sa poésie ; il les quittait sans peine pour la patrie des méconnus.

1447. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Je ne rechercherai donc pas si la poésie lyrique, ainsi comprise, mérite l’impertinente qualification que Montesquieu appliquait à celle de son temps : une harmonieuse extravagance. […] Par une revanche facile à comprendre, les poètes ou leurs amis ont parfois prétendu réduire la musique au rôle accessoire. […] On commence à comprendre aussi qu’un musée digne de ce nom, au lieu de ranger côte à côte dans des galeries quelconques des œuvres séparées souvent par une large distance dans l’espace et le temps, œuvres disparates qui hurlent de ce rapprochement forcé, devrait replacer chaque groupe de tableaux et de statues dans un intérieur aménagé, meublé, orné à la mode de l’époque et du pays où ils naquirent. […] On comprend que dans l’enfilade de ces salles élégamment aménagées, embaumées du parfum des fleurs, revêtues de tapis mœlleux, illuminées de l’éclat des bougies, grands seigneurs et grandes dames aient pu prendre plaisir à mille jeux d’esprit impossibles ailleurs, s’amuser à des bouts-rimés et à des énigmes, se divertir à tracer des caractères ou à chercher des formules brillantes à leurs pensées ; on comprend que les jeunes filles s’y soient parfois déguisées en nymphes et en bergères ; que la galanterie et la poésie légère y aient germé comme sur leur terrain naturel139.

1448. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

On comprendra que pour un chef-d’œuvre tel que l’Iphigénie en Aulide de Gluck, il se soit fait envoyer de Paris la partition dans son édition originale, et que, rejetant les travaux de ses devanciers et même de Spontini, il ait établi une version allemande qui produisit sur le public l’impression d’une œuvre nouvelle (V, 149, etc.). […] Wilder comprend la langue concise et simple de Wagner. […] Comprise de cette façon, l’œuvre dramatique présentera à l’étude une coïncidence, un conflit de motifs visuels et auditifs se complétant, se superposant et se répondant d’une façon constante. […] Comme on le comprendra par la suite, cette division est extrêmement importante, car le motif énoncé est comme la formule impassible de l’idée du Drame, indépendamment du Drame lui-même, ou, si l’on veut, du Gral avant et après Parsifal : et il contient en germe tous les éléments de l’action musicale qui en sortiront par des altérations successives de son impassibilité et de sa précision. […] On peut comprendre qu’il est devenu le rédempteur en même temps qu’il s’est sauvé lui-même.

1449. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Il le comprend vaguement lui-même, il souffre de souffrir d’une manière si pauvre, et il aspire à élargir sa blessure, sans y parvenir. « Quelquefois, il semble qu’une harmonie étrangère au tourbillon des hommes vibre de sphère en sphère jusqu’à moi ; il semble qu’une possibilité de douleurs tranquilles et majestueuses s’offre à l’horizon de ma pensée comme les fleuves des pays lointains à l’horizon de l’imagination. […] Pour bien comprendre cette tendance, il faut songer que dans ces cerveaux affaiblis, où les réactions sont lentes à se produire, une image forte se fixe aisément et devient facilement obsédante. […] Prendre ainsi le moi pour centre et pour but, c’est méconnaître, somme toute, sa réelle grandeur ; y borner son regard, c’est enfermer la pensée et l’existence dans un cerveau humain, c’est oublier que la loi fondamentale des êtres et des esprits est un perpétuel rayonnement. « Connais-toi toi-même », dit l’antique sagesse ; oui, car se connaître, c’est s’expliquer à soi-même, par conséquent comprendre aussi les autres et se rapprocher d’eux ; le seul moyen que nous ayons de voir, c’est assurément de recourir à nos propres yeux et à notre propre conscience : nous sommes nous-mêmes notre flambeau, et nous ne pouvons que veiller à ce que tout serve en nous à alimenter la petite flamme qui éclaire le reste. […] Celui dont les pensers, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, Qui plane sur la vie et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes ! […] L’émotion esthétique se ramenant en grande partie à la contagion nerveuse, on comprend que les puissants génies littéraires s’attachent volontiers à vice représenter le plutôt que la vertu.

1450. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

On comprend que les hommes qui vivaient dans ces années stériles de l’Europe aient cru un moment à la stérilité finale et à la caducité irrémédiable des littératures. […] plus je considère les pas de cette aiguille de l’esprit humain sur ce cadran, moins je puis comprendre ces prophètes de malheur qui menacent l’Europe littéraire de vieillesse, de décrépitude, de silence et de stérilité. […] » Pour comprendre pourquoi je n’ai pas été cet homme, il faudrait être au fond de mes pensées les plus intimes à cette époque, et connaître en même temps les mystères de la situation vraiment étrange où la France elle-même était haletante pendant la révolution soudaine, imprévue et cernée de périls du commencement de la république. […] — Je jure en toute conscience, à ces critiques, qu’il n’y a pas l’ombre de vanité ni de ridicule complaisance pour moi-même dans ce procédé de mon esprit, qui se met quelquefois ici en scène, cœur et âme, pour faire comprendre et sentir aux autres ce que j’ai senti et compris moi-même en traversant la vie, les hommes et les livres.

1451. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

On ne comprend guère comment ce jeune homme, au lieu de débuter, comme nous débutons tous, par un excès d’enthousiasme, débute par un excès de licence d’esprit. […] Et ce retour amer et délicieux à l’âge de pureté et d’innocence par l’air oublié et retrouvé d’un orgue dans la rue, comme il est compris et rendu dans ces vers funèbres. […] Ses enfants demi-nus sortent de la bruyère, Et viennent lui conter comme leur pauvre mère Est morte sous le chaume avec des cris affreux ; Mais maintenant au loin tout est silencieux ; Le misérable écoute, et comprend sa ruine. […] Je t’aurais compris, et je t’aurais compati à toi vivant, comme je te comprends et comme je te compatis dans la tombe.

1452. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Vous l’avez parfaitement compris. […] Je ne suis pas d’ici, moi, et vous me l’avez trop laissé comprendre. » Mais tout de même, dans le fond, elle sent ce qui lui fait défaut ; elle a le respect et la superstition du seul luxe qui manque aux rois de l’or du nouveau monde : l’ancienneté des noms et des souvenirs, une tradition, des meubles et des portraits de famille, et les façons d’être qui sont liées à cette ancienneté. […] Demolins et de moi-même, quelque chose d’irréductible s’oppose à ce que nous soyons jamais des Anglo-Saxons, quelque chose d’intime et de séculaire qui est heurté, bousculé, offensé par ce qu’on sent de brutal et d’insociable dans ces pétarades de l’individualisme et dans ces excessives énergies transatlantiques, — et enfin par l’impudeur de ces « flirts », la pudeur étant mieux comprise, malgré tout, par le vieux peuple corrompu que nous sommes. — Mais, tout cela, M.  […] Le petit, encouragé, demande des nouvelles de sa mère, comprend qu’elle est morte, sanglote et se pâme. […] Je les ai entrevus, et cela m’a peu réussi… Et mon seul vœu, c’est, après quelques années d’exil nécessaire, de reprendre ici cette vie pâle et douce, où j’avais la lâcheté de me croire malheureuse. » Bref, elle s’est ressaisie ; la foi, le courage et la paix lui sont revenus ; et elle a définitivement compris que ce fameux « droit au bonheur », dont de bouillants Norvégiens lui ont peut-être parlé, est un mot dépourvu de sens pour une chrétienne.

1453. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

« Maintenant, je comprendrais votre réclamation, arrivant à son heure, si le nom de Faustin était la propriété exclusive de vous, monsieur, et de votre famille, mais il n’en est rien, indépendamment des Faustin de toutes professions qui peuvent exister en province, j’ouvre le Bottin de Paris et je trouve M.  […] Or, c’est amusant, devant le mystère de cette boutique sous une tente, où le marchand fait la bête, de voir s’arrêter des femmes cherchant à comprendre ce qu’on y vend, et tout à coup devinant le commerce de l’endroit, s’enfuyant toutes rouges, inquiètes, si un passant a surpris leur attention devant l’étalage. […] — Vous ne comprenez pas l’harmonie du silence ? […] Ces trois hommes étaient deux agents de police, et Proudhon, qui s’écriait dans le trajet à la citadelle « qu’il ne pouvait comprendre cette décision, qu’il était un homme qui pensait, écrivait, passait pour être une intelligence, et qu’on l’enfermait avec des Raspail, des Blanqui, des Albert, les brutes du pavillon !  […] Et c’est aussitôt, avec une vivacité, un entrain, un brio de la parole, l’histoire de ses tournées à travers l’univers, nous donnant ce curieux détail, que sur l’annonce de futures représentations aux États-Unis, annonce toujours faite un an d’avance, une cargaison de professeurs de français est demandée, pour mettre les jeunes gens et les miss de là-bas, en état de comprendre et de suivre les pièces qu’elle doit jouer.

1454. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Ajoutez à cela une certaine vue pessimiste de la nature humaine et de ses égoïsmes, comme on en trouve facilement chez toute âme de diplomate, et vous comprendrez la parenté étroite qui relie les visions déjà sanglantes de l’auteur de Rouge et Noir aux drames sombres de Zola. […] La même méthode : la méthode expérimentale, qui, outre l’observation, comprend l’expérimentation. […] Non, ce qui est vrai, c’est que le roman, s’il n’est point un traité scientifique, doit être d’esprit scientifique ; le progrès des sciences est tel de nos jours qu’il y a un certain nombre d’idées et de théories dont il faut tenir compte pour édifier le roman, pour faire comprendre et accepter ses personnages. […] D’ailleurs, le personnage extraordinaire et tout d’une pièce n’est souvent, comme nous l’avons montré déjà, qu’un artifice, un aveu d’impuissance à tout embrasser et à tout comprendre de la part de l’écrivain. […] Certaines personnes, n’ayant point de vraie distinction dans la tête ou dans le cœur, la cherchent dans leur mobilier, dans leurs habits, dans la noble tenue de leurs laquais ; les romanciers ne doivent point se laisser prendre à cette comédie ni croire qu’ils ont peint un monde distingué parce qu’ils ont peint un monde où chacun voudrait l’être et croit l’être, — y compris les concierges.

1455. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain »

Villemain la comprit, l’aima, la dépeignit en traits immortels.

1456. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Conclusion La cause et la loi que nous venons d’assigner aux variations du goût ont ce mérite et ce défaut d’être très générales ; l’une fait comprendre pourquoi l’évolution littéraire est incessante ; l’autre permet de tracer la trajectoire sinueuse et pourtant régulière que parcourt une littérature.

1457. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 230-234

Toutes les classes d’esprits y apprendront à régler, les uns leurs prétentions, les autres leur enthousiasme ; ceux qui s’érigent en maîtres, à ne pas sacrifier la reconnoissance à la vanité, à savoir rendre hommage à leurs prédécesseurs, à ne pas regarder comme un bien propre & personnel ce qu’ils ont recueilli sur des fonds étrangers ; ceux qui les admirent trop facilement, comprendront qu’il est essentiel de ne pas croire sur parole, de se tenir en garde contre les manéges de la présomption, & de s’instruire avant de vouloir assigner les rangs & fixer les réputations ; le vrai Philosophe enfin en tirera de nouveaux motifs de s’éclairer & d’être modeste, en apprenant que le cercle des idées humaines est étroit, & que l’agiter sans cesse, n’est ni l’étendre, ni le renouveler.

1458. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Chaque langue, chaque race a ses traditions naturelles, en art comme en littérature, il est dangereux d’en sortir, si l’on tient à être compris, et surtout à être goûté. […] Il faudrait faire comprendre au poète que la rime est faite pour l’oreille et non pour l’œil. […] Pour l’avoir compris, Gustave Kahn est, vaporeusement, très bon poète ; tandis que, ne donnant aucunes sensations musicales, Maeterlinck et de Régnier sont plutôt… mauvais. […] Elle ne renaîtra pleine, riche, sonore qu’aux heures d’expansion et de rumeurs ; j’ai toujours ainsi compris la rime et m’en suis servi d’instinct, au gré du lyrisme, et me confortant dans cette esthétique naturelle par l’exemple de Laforgue, de Kahn, de Verlaine surtout. […] Ainsi l’ont compris instinctivement les Verhaeren et les Griffin.

1459. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Que l’enfant devienne adolescent, puis homme mûr, enfin vieillard, cela se comprend quand on considère que l’évolution vitale est ici la réalité même. […] Pour les anciens, le temps comprend autant de périodes indivises que notre perception naturelle et notre langage y découpent de faits successifs présentant une espèce d’individualité. […] Sa synthèse ne comprend, semble-t-il, qu’une fraction de la réalité. […] Quand une fois on les a saisies dans leur essence en adoptant leur mouvement, on comprend comment le reste de la réalité dérive d’elles. […] Ainsi comprise, la philosophie n’est pas seulement le retour de l’esprit a lui-même, la coïncidence de la conscience humaine avec le principe vivant d’où elle émane, une prise de contact avec l’effort créateur.

1460. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVII » pp. 109-112

Le roi et toute la famille, y compris le petit comte de Paris (il n’y avait d’absents que la duchesse d’Orléans et Madame Adélaïde) ont manqué être renversés de la voiture où ils étaient, dans l’écluse.

1461. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cros, Charles (1842-1888) »

De la taille des plus hauts entre les écrivains de premier ordre, il a parfois sur eux ce quasi avantage et cette presque infériorité de se voir compris, mal, à la vérité, dans la plupart des cas, et c’est heureux et honorable, par des lecteurs d’ordinaire rebelles à telles œuvres de valeur exceptionnelle en art et en philosophie.

1462. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « Appendice »

Le résultat est presque toujours le même, et l’on comprend pourquoi Taine recommandait cette traduction.

1463. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Une brouille à laquelle tous ceux qui en furent les témoins attristés ne comprirent rien, ni moi non plus, survint entre nous vers 1871. […] exclama le substitut qui, naturellement ne comprend pas le faubourien — qu’on la ramène ! […] Tout d’abord je fus irrité de voir que mes conseils étaient mal compris. […] En dépit de notre commune difficulté à comprendre l’un et l’autre les paroles de chacun, nous parvînmes à nous faire entendre, et ce dernier me confia ses plans d’avenir. […] La campagne fut le principal objet de la leçon, et j’eus plus de satisfaction, sinon plus d’agrément, vous le comprendrez, à instruire ces nouveaux élèves que leurs jeunes condisciples.

1464. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

On ne peut pas comprendre tout à fait si l’on n’est pas capable d’égaler. […] Bergeret : « Je ne te comprends pas, Lucien. […] Étant Français de France, bourgeois de Paris, imbu de la meilleure sève de notre sol, imprégné de toute la bonne humeur de notre race, il ne comprend pas (lui qui comprend tant de choses) que l’on s’abandonne aux délectations moroses de l’intolérance et du fanatisme. […] Je ne sais s’il comprend cette langue « euskarienne », qui a dérouté tant de philologues. […] Leur inaptitude à comprendre était armée de suffisance autoritaire.

1465. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Antoine a bien compris l’importance, ici, de la mise en scène). […] Celle-là comprend, surtout en France, d’abondantes manifestations. […] On se comprendrait mieux, certes. […] Et de ces besoins on comprend que M.  […] Si je comprends bien M. 

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