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1003. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Ils découvrent et ils inventent sans cesse. […] Shylock une fois puni, on cesse de le voir, Il disparaît, et avec lui se retire la réalité hargneuse et terrible, dont il est une des faces les plus sinistres et les plus meurtrières. […] Quand les hommes ont perdu tout contact avec l’amour, l’amour cesse d’être un mot pour devenir un être. […] L’Atlante qui raisonne avec le Cruel et fait sans cesse choir dans l’absurde le soi-disant pragmatisme de ce radical-socialiste-national représente une sagesse avertie, logicienne et rigoureuse dont il serait pourtant bon qu’elle ne restât point vouée à l’oubli facile des adolescents. […] Il devait arriver que cette âme profonde et délicieuse, que la vie a tourmentée sans qu’elle cesse de lui sourire, projetât sa vive et exquise lumière sur d’autres que ses amis de lettres.

1004. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Fénelon, Pascal, Racine, sainte Thérèse, Job et Virgile s’entremêlent sans cesse ; il est vrai que tout à côté l’auteur compare avec délectation Delille et Saint-Lambert, qu’il groupe ensemble Léonard, Florian et Berquin, comme ne formant à eux trois qu’un seul génie ; Goethe, par son Werther, lui paraît pourtant supérieur. […] » Après le 8 août 182911, il écrivait : « Maintenant, tournons nos regards vers le trône de Charles X, et conjurons le roi qui jura la Charte de faire enfin cesser la perturbation du 8 août. […] Ce dernier, ainsi que l’abbé Gerbet, est devenu son ami, et la contradiction première a cessé bientôt dans une conciliation que le Christianisme qui leur est commun rend solide et naturelle. […] Durant la route, les voyageurs montaient et descendaient sans cesse.

1005. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

J’ai vu de mon temps cette habitude cesser partout et à bon droit… Les seigneurs ne leur sont plus bons à rien ; il est tout simple qu’ils en soient oubliés comme ils les oublient… Personne ne connaissant plus le seigneur dans ses terres, tout le monde le pille, et c’est bien fait52. » Partout, sauf en des coins écartés, l’affection, l’union des deux classes a disparu ; le berger s’est séparé du troupeau, et les pasteurs du peuple ont fini par être considérés comme ses parasites. […] Dans le diocèse d’Auxerre, pendant l’été de 1789, les Bernardins de Rigny « se sont dépouillés, en faveur des habitants des villages voisins, de tout ce qu’ils possédaient : pain, grains, argent et autres secours, tout a été prodigué envers douze cents personnes qui, pendant plus de six semaines, n’ont cessé de venir se présenter chaque jour à leur porte… Emprunts, avances prises sur les fermiers, crédit chez les fournisseurs de la maison, tout a concouru à leur faciliter les moyens de soulager le peuple ». — J’omets beaucoup d’autres traits aussi forts ; on voit que les seigneurs ecclésiastiques ou laïques ne sont point de simples égoïstes quand ils résident. […] Instituée pour gouverner, une aristocratie se détache du sol lorsqu’elle ne gouverne plus, et elle a cessé de gouverner depuis que, par un empiètement croissant et continu, presque toute la justice, toute l’administration, toute la police, chaque détail du gouvernement local ou général, toute initiative, collaboration ou contrôle en matière d’impôts, d’élections, de routes, de travaux et de charités, a passé dans les mains de l’intendant et du subdélégué, sous la direction suprême du contrôleur général et du Conseil du roi74. […] Sombre aspect que celui d’un pays où le cœur cesse de pousser le sang dans les veines.

1006. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Nous n’arrivons qu’après un progrès, et encore par des détours, sans cesse flottant entre deux sentiments, comme ces corps légers qui descendent lentement une rivière, et sont encore ballottés çà et là par les moindres flots. […] Ses originaux s’égarent sans cesse à côté de leur objet. […] Parcourant, sans cesser, ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines Ce que Cérès nous donne et vend aux animaux ;          Que cette suite de travaux Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes, Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux, On croyait l’honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l’indulgence des dieux. […] La Fontaine bâille, cesse de lire et commence à feuilleter.)

1007. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

La pension dont j’ai parlé plus haut cessa de m’être payée à l’époque de l’invasion de Ferrare par les Français. […] Il professait donc une maxime, maxime mise par lui en pratique dès le principe et qu’il m’inculquait sans cesse avec beaucoup d’autres excellentes, — je veux payer ce tribut de reconnaissance à sa mémoire. — Le cardinal me disait : « Il ne faut rien demander, ne jamais faire la cour pour avancer, mais s’arranger de manière à franchir tous les obstacles par l’accomplissement le plus ponctuel de ses devoirs et par une bonne réputation. » « Je suivis toujours ce conseil, et quand j’étais à l’Académie ecclésiastique, je ne flattai jamais le célèbre abbé Zaccaria, — que cependant j’estimais beaucoup. […] Mais voyant que, malgré cela, ils voulaient exécuter leur projet et qu’ils touchaient les vêtements de sa femme, il fit volte-face et leur dit avec douceur que c’était son épouse, et qu’il les priait de cesser leurs poursuites et leurs obsessions. […] C’était le jour destiné par la Providence pour faire cesser le veuvage de l’Église romaine, et pour donner un suprême pasteur aux fidèles, après une vacance du Saint-Siège de six mois et seize jours, et après trois mois et quatorze jours de conclave.

1008. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Il jugeait, comme il avait tout jugé, trop légèrement, cette nouvelle phase de la révolution ; il voulait prendre les devants sur l’opinion, se faire craindre, peut-être apprécier ; il méditait un éclat de tribune, dont le retentissement rejaillirait sur son amie et ferait cesser les ménagements que le gouvernement avait encore pour elle. […] Je suis à cet égard de son avis. » On voit que l’impatience de madame de Staël pour le séjour de Paris l’emportait encore dans son âme sur l’horreur du meurtre du duc d’Enghien et qu’elle consentait à implorer celui qu’elle avait cessé d’estimer (dégradation de dignité du caractère qu’on ne pardonnerait pas dans un homme et qu’on déplore même dans une femme) ! […] Il fallait, pour plaire à notre maître, vraiment habile dans l’art de dégrader ce qu’il reste encore d’âmes fières, il fallait que je me déshonorasse pour obtenir mon retour en France, qu’il se moquât de mon zèle à le louer, lui qui n’avait cessé de me persécuter, et que ce zèle ne me servît à rien. […] Il se sent au milieu des merveilles du monde comme un être à la fois créateur et créé, qui doit mourir et qui ne peut cesser d’être, et dont le cœur tremblant et fort en même temps, s’enorgueillit en lui-même et se prosterne devant Dieu.

1009. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

  Notre littérature française, qui, depuis cent ans, a demeuré toujours, si étrangement, la même, s’est, en revanche, divertie à vêtir, sans cesse, les plus contraires appellations. […] Il nous incite à refaire, sans cesse, activement, notre création intérieure ; à compâtir, à mettre en ce monde l’unité, et notre vie dans un monde nouveau ; et il nous incite, le Maître Vénéré, à souffrir, à constater de cruelles énigmes, à courir vers la mort, puisqu’en ces tourments est, plus intense et plus divine, notre Joie. […] À partir de ce moment il en est séparé par une nécessité inéluctable : celle qui rend impossible l’union d’un être divin avec une simple femme, dès que celle-ci cesse d’obéir à l’impulsion de son cœur, qui seule peut l’élever jusqu’à lui. […]   Les concerts étant arrêtés, à Paris et en France, durant tout l’été, aucune audition wagnérienne ne paraît pouvoir être notée ; les œuvres de Wagner sont, pourtant, encore exécutées à Paris, et les deux faits Wagnériens suivants, montreront l’expansion sans cesse plus grande, parmi nous, de l’œuvre Wagnérienne : 21 juin : Inauguration du cabaret du Chat Noir : Romance de l’Etoile, par M. 

1010. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

la poésie ou l’émotion par le beau, la poésie, cette essence des choses contenue dans une certaine proportion en toute chose créée par Dieu, la poésie cessera d’être ce qu’elle est, parce que le poète doué de ce sens sublime, l’émotion par le beau, ne consentira pas à ravaler ce sens intellectuel à une puérile symétrie et à une vaine consonance de sonorité ? […] Nala, dans les loisirs de la paix qui l’ont ramené à la cour de son père, entend vanter sans cesse, par tous les étrangers qui traversent sa capitale, la merveilleuse beauté et les vertus pieuses de la jeune Damayanti, fille unique du roi d’un royaume voisin ; son imagination allume son cœur ; il brûle de voir et de posséder pour épouse Damayanti. Damayanti, de son côté, est sans cesse obsédée des récits que la renommée fait de la beauté, de l’héroïsme et de la vertu de Nala. […] Comme le balancier qui va et revient, Nala part et revient sans cesse ; enfin il a fui.

1011. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Royer-Collard cessa de présider le Conseil de l’Instruction publique, Jouffroy avait attaqué le christianisme et compromis par là même l’enseignement. […] Damiron, il n’a cessé de le traiter comme un pur disciple.

1012. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Plus bas, en effet, la reproduction, le changement, le renouvellement nous entourent ; le sol actif et fécond se recouvre éternellement de parure ou de fruits, et Dieu semble approcher de nous sa main pour que nous y puisions le vivre de l’été et les provisions de l’hiver ; mais ici où cette main semble s’être retirée, c’est au plus profond du cœur que l’on ressent de neuves impressions d’abandon et de terreur, que l’on entrevoit comme à nu l’incomparable faiblesse de l’homme, sa prochaine et éternelle destruction si, pour un instant seulement, la divine bonté cessait de l’entourer de soins tendres et de secours infinis. […] Près de mourir, Töpffer reviendra sur cette idée d’assujettissement, d’acquiescement intime et volontaire qui était le trait essentiel de sa foi : « Qui dispute, doute ; qui acquiesce, croit… Je crois et je me confie, deux choses qui peuvent être des sentiments vagues, sans cesser d’être des sentiments forts et indestructibles. » Dès le temps où il visitait la Grande-Chartreuse, Töpffer, voyant ce renoncement absolu qui imprime le respect et une sorte de terreur, s’était posé dans toute sa précision le problème qui est fait pour troubler une âme préoccupée des destinées futures : le chartreux, le trappiste, en effet, le disciple de saint Bruno ou de Rancé vit chaque jour en vue de sa tombe, tandis que d’autres, la plupart, ne vivent jamais qu’en vue de la vie et comme s’ils ne devaient jamais mourir : Destinée étrange que celle de l’homme !

1013. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Malgré les découvertes et les exhumations qu’on n’a cessé de faire dans cette étude de notre Moyen Âge, malgré les publications nombreuses dont il a été l’objet depuis quelques années, on peut dire encore avec l’ancien bénédictin don Brial et avec Daunou qu’à part quelques écrits de petite dimension, quelques textes de lois, quelques sermons, et sans parler des traductions de livres sacrés, la relation de Villehardouin est le premier ouvrage original étendu qu’on ait en prose française. […] Les chartes et traités ayant été dressés et scellés, on les apporta en cérémonie devant le doge, en présence du grand et du petit Conseil ; le doge, en les délivrant aux députés, s’agenouilla en pleurant derechef, et jura sur les saints Évangiles qu’il en observerait de bonne foi toutes les conditions ; ce que jurèrent également les membres des Conseils, puis les députés contractants : « Sachez, dit Villehardouin, que là y eut mainte larme plorée de pitié. » Nous avons déjà fait cette remarque à propos de Joinville ; ces pleurs naïfs et d’hommes naturels émus reviennent sans cesse chez ces historiens primitifs, comme chez Homère : « Il versa des larmes fraîches », est-il dit bien souvent d’un héros grec ou troyen dans l’Iliade ou dans l’Odyssée.

1014. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Henri IV mort, le président continua d’être un des principaux conseillers de l’État, et pendant près de douze années encore (1610-1622) il ne cessa, sauf un court intervalle marqué par le premier ministère de Richelieu, de servir chaque jour soit dans les finances, dont il eût le maniement en chef, soit dans toutes les affaires si compliquées de la régence et des premières années de la majorité. […] Nous aimons trop chez nous les gloires simples, commodes, et qui se résument en un petit nombre de noms consacrés que nous faisons revenir sans cesse et dont nous abusons.

1015. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

C’est Fénelon (et non Bossuet) qui lisait et goûtait entre tous Horace, qui le savait par cœur, qui le citait sans cesse, qui, dans sa correspondance des dernières années avec M.  […] Et sans refuser la louange que méritent certains traits ingénieux et fins de ce portrait, je me permettrai de demander plus sérieusement : Est-il convenable, est-il bienséant de peindre ainsi Bossuet enfant, de caresser ainsi du pinceau, comme on ferait d’une danseuse grecque ou d’un bel enfant de l’aristocratie anglaise, celui qui ne cessa de grandir à l’ombre du temple, cet adolescent sérieux qui promettait le grand homme simple, tout esprit et toute parole ?

1016. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

et au contraire, ceux qui sont une fois connus, adoptés par l’opinion et par la renommée, nous les avons sans cesse à la bouche et nous les accablons de couronnes. […] Son regard est d’une vivacité et d’une franchise qui inspirent à la fois la crainte et la confiance… On a beau critiquer son système et son ouvrage, les doutes cessent quand on l’entend, et l’on ne peut être son ami sans devenir son disciple.

1017. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Il n’y dit jamais de mal de lui, mais dans le bien qu’il en raconte, dans ses récits les plus avantageux, il y a tant d’esprit, de gaieté, de bons mots joints à l’action, de belle et vaillante humeur française, il est si bien un héros de notre nation, que ses défauts cessent d’y déplaire. […] Il dut à sa conduite à Senef, où il ne cessa de combattre, bien que blessé au commencement de l’action, d’être nommé colonel de cavalerie ; il avait vingt et un ans.

1018. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

. — I… (un Piémontais prisonnier), qui était présent à la revue qui se fit avant de sortir de Moscow, m’a fait peur à moi-même en me disant : « Lorsque je le voyais passer devant le front, mon cœur battait comme lorsqu’on a couru de toutes ses forces, et mon front se couvrait de sueur, quoiqu’il fît très froid. » Ici nous touchons au grand problème que de Maistre se pose sans cesse, mais qu’il ne résout pas, ou du moins qu’il ne résout jamais que dans un sens exclusif, celui du passé. […] ) La puissance de la nation française pour agir sur les autres, même sur les moins changeantes, même sur celles qui la haïssent, est un phénomène que je n’ai jamais cessé d’admirer sans le comprendre.

1019. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Jouffroy, dans un récit moral célèbre, a fait parler le philosophe durant cette veille pleine d’angoisses, dans cette première nuit de doute et de trouble, où le voile du sanctuaire se déchire tout d’un coup devant ses yeux et où il cesse d’être un croyant. […] Si vous-même vous êtes né pauvre et assujetti, si, aux prises avec la vie commune, vous ne rougissez pas d’en nommer les moindres détails, et si vous ne vous rebutez pas aux misères mêmes de la réalité ; si, en revanche, vous ne faites pas fi des joies bourgeoises ou populaires, si les souvenirs de l’enfance n’ont pas cessé de vous émouvoir, si l’aspect de la vallée ou de la montagne natale, le seuil de la ferme où vous alliez, enfant, vous régaler de laitage et de fruits les jours de promenade, rit en songe à votre cœur, alors vous trouverez votre compte avec Rousseau, même dans ces quelques lettres qu’on nous donne ici ; vous lui passerez bien des préoccupations vulgaires en faveur des élans de sensibilité et d’âme par lesquels il les rachète ; vous l’aimerez pour ces accents de cordialité sincère que toute son humeur ne parvient pas à étouffer.

1020. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Ses précepteurs, son confesseur, sa femme, chacun dans sa voie, ne cessèrent de le guider ou de le mener. […] Fénelon, qui n’était plus alors à Versailles, mais qui ne cessait de le suivre de l’œil et de l’environner de conseils, sentait bien le défaut capital joint à la qualité que nous signalons, et il en avertit dans beaucoup de ses lettres, pour qu’on y prenne garde et qu’on n’y abonde pas.

1021. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Ce fut son dernier effort, son dernier éclair d’intérêt à la vie ; et le mal le reprit pour ne plus cesser. […] J’ai vécu dans les assemblées, et j’ai été frappé d’une chose : c’est que dès qu’un orateur faisait ce qu’on appelle une phrase, l’auditoire souriait avec un indéfinissable dédain et cessait d’écouter.

1022. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

C’est là une ironie et une malice qui nous fait plus simples que nous ne le sommes, et qui compte trop sur le béotisme des lecteurs ; c’est aller contre son but ; cela avertirait, si l’on n’y pensait pas, de faire à l’auteur une question à laquelle son détail infini nous provoque sans cesse, et de lui demander : D’où le savez-vous ? […] Qu’on me permette de m’étendre et de dire, une bonne fois, comment j’entends qu’on soit vrai dans l’art, et comment, selon moi, on peut cesser de l’être en y visant trop.

1023. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

» D’autres romanciers (et nous ne les en louons pas) n’ont cessé, dans leurs livres, de chatouiller les vices de leur temps : M.  […] C’est insensé : car d’abord Raoul n’a point là-dessus de parti pris absolu et irrévocable ; car, de plus, Sibylle, qui exerce un grand ascendant sur lui, doit espérer, Dieu aidant, de modifier son opinion et de l’amener à la sienne ; car, même chrétiennement parlant, il n’y a pas lieu, en pareil cas, de jeter le manche après la cognée, puisque saint Paul a écrit que « la femme fidèle justifierait le mari infidèle. » Aussi, à partir de ce moment, tout intérêt selon moi, cesse raisonnablement de s’attacher à Sibylle, qui se conduit en personne peu éclairée, en fille volontaire et opiniâtre, en fanatique fidèle à la lettre plus qu’à l’esprit, et, pour trancher le mot, comme une petite sotte.

1024. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Lefebvre eut cessé de parler, elle leva la tête et tourna vers lui ce visage sillonné moins encore par le temps que par les soucis du trône : son regard avait, en ce moment, quelque chose de dur et de sinistre qui semblait dire que toutes ces explications arrivaient trop tard. […] Wieland n’avait eu que lui (Wieland) pour objet, elle n’était jamais sortie de ce cercle ; sans cesse elle y avait été ramenée par lui, par moi, par une conséquence des faiblesses de son âge.

1025. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Louis XIV mort, il ne cessa de pousser sa fortune ; il s’y rencontra encore de légères et courtes vicissitudes ; mais, depuis le ministère du cardinal de Fleury, il n’avait cessé d’avoir le vent en poupe.

1026. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

En attendant, la guerre est un de ces grands faits historiques qu’il faut reconnaître et savoir étudier dans le passé : du moment qu’elle cesse d’être une pure dévastation et un brigandage, c’est un art, une science, et digne, à ce titre, de toute l’attention des esprits éclairés. […] Ce sont ces deux écrivains militaires que Jomini, jeune, avait surtout étudiés et qu’il s’appliqua, le premier, à faire connaître à la France, en les résumant, les analysant et les mettant sans cesse aux prises dans son Traité.

1027. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

» Cette concurrence, qui fait peut-être le prix des thèmes et poésies populaires, est médiocrement favorable, nous le croyons, aux monuments des génies individuels, vastes et consommés ; dans tous les cas, elle cesse du moment qu’un de ces génies a pris possession de l’œuvre et l’a consacrée de son sceau. […] C’est pourtant singulier et piquant que nous qui, en 1836, étions si peu chaud pour les souvenirs du premier Empire, nous ayons si franchement accepté le second, non point par enthousiasme sans doute, mais par bon sens, et comme la solution pratique la meilleure aux difficultés où était alors engagée la France, et que nous nous trouvions aujourd’hui si à distance des poëtes qui n’avaient cessé, durant toute leur jeunesse, de préconiser et de chanter, que dis-je ?

1028. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

C’est que dans ce temps de mœurs littéraires si mauvaises et si gâtées, en ce temps de grossièreté où la littérature, ce qu’on ose appeler ainsi, trop souvent imite la rue et n’en a pas la police, il importe que l’Académie reste un lieu où la politesse, l’esprit de société, les rapports convenables et faciles, une transaction aimable ou du moins suffisante, la civilisation enfin en littérature, continuent et ne cessent jamais de régner. […] Ce tact, cette justesse délicate qu’il n’a cessé de garder sur des scènes plus passionnées, ne pouvait lui manquer au sein de l’Académie, où il est permis d’en faire preuve à loisir.

1029. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Talent naturel et vrai, mais trop docile, il ne s’est pas assez connu lui-même, et a sans cesse accordé aux conseils une grande part dans ses choix. […] D’une physionomie aimable, d’une taille élevée, assez blond, il avait, sauf les lunettes qu’il portait sans cesse, toute l’élégance du jeune homme.

1030. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Le caractère romain, ce miracle de l’orgueil national et des institutions politiques, n’existait plus : les habitants de l’Italie étaient dégoûtés de toute idée de gloire ; ils ne croyaient plus qu’à la volupté, ils admettaient tous les dieux en l’honneur desquels on célébrait des fêtes ; ils recevaient tous les maîtres que quelques soldats élevaient ou renversaient à leur gré ; sans cesse menacés d’une proscription arbitraire, ils bravaient la mort, non par le secours du courage, mais par l’étourdissement du vice. […] La chevalerie était nécessaire pour adoucir la férocité militaire par le culte des femmes et l’esprit religieux ; mais la chevalerie, comme un ordre, comme une secte, comme tout ce qui sépare les hommes au lieu de les réunir, dut être considérée comme un mal funeste, dès qu’elle cessa d’être un remède indispensable.

1031. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Elle cessera aisément d’être particulière et complexe si elle l’est à peine ; on en tirera tout de suite la maxime si elle n’est que la maxime elle-même mal déguisée. […] S’il décrit un paysage, les détails seront choisis pour faire tous la même impression ; ils seront ordonnés pour faire tour à tour une impression plus grande ; ils seront ordonnés et choisis pour laisser dans l’âme un même sentiment sans cesse accru.

1032. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Il répétait sans cesse qu’il faut faire plus que les anciens sages n’avaient dit 240. […] Purifiez vos pensées ; cessez de mal faire, apprenez le bien, cherchez la justice, et venez alors 259. » Dans les derniers temps, quelques docteurs, Siméon le Juste 260, Jésus, fils de Sirach 261, Hillel 262, touchèrent presque le but, et déclarèrent que l’abrégé de la Loi était la justice.

1033. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Rappelons-nous, encore une fois, pour ne pas les imiter, ces hommes d’esprit que nous avons connus dans notre jeunesse et qui nous paraissaient plus ou moins d’un autre âge : ils avaient cessé de prendre la société de droit fil ; ils avaient contracté leur pli à une certaine date restée pour eux mémorable bien plus que pour nous. […] Mais plutôt mettez votre honneur et votre supériorité à n’avoir ni dépit ni colère, à garder de vos idées ce que vous en croyez juste et durable, sauf à les confronter perpétuellement avec l’état de la société, à les corriger sans cesse par l’observation de ce monde qui marche et qui change, et qui de nos jours tourne si vite à l’indifférence du passé.

1034. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Après avoir relevé les principaux traits de cette constitution populaire d’Athènes et de l’esprit du peuple athénien, après avoir signalé l’influence souvent souveraine de ses grands hommes, des Thémistocle et des Périclès, Grimm (ou l’auteur, quel qu’il soit, de ce chapitre) tirait hardiment cette conclusion : Il est donc permis de dire que la démocratie la plus démocratique qu’il y ait eu peut-être au monde n’eut point de moyen plus sûr de se soutenir que de cesser souvent de l’être, et que c’est toutes les fois qu’elle fut le moins démocratique de fait qu’elle jouit aussi du sort le plus brillant, le plus véritablement digne d’envie. […] On la dirait imitée d’une tempête de l’Énéide, et faite de seconde main ; par exemple : Cependant l’horizon se chargeait au loin de vapeurs ardentes et sombres ; le soleil commençait à pâlir ; la surface des eaux, unie et sans mouvement, se couvrait de couleurs lugubres dont les teintes variaient sans cesse, etc.

1035. (1903) Zola pp. 3-31

Richepin : « La pornographie cesse où le talent commence », dangereuse parce qu’elle n’est pas tout à fait fausse et parce qu’elle est enveloppée d’une jolie formule, sert de couverture à beaucoup de plaisirs secrets et peu avouables. […] C’est par ces morceaux où a passé souvent le souffle de Notre-Dame de Paris et de la Kermesse que Zola pourra se survivre dans les anthologies du xxe  siècle, alors qu’on aura cessé de lire ses pesants volumes.

1036. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

C’est une attention de tous les instants, à mettre si bien toutes les circonstances à leur place, qu’elles soient nécessaires où on les met, et que d’ailleurs elles s’éclaircissent et s’embellissent toutes réciproquement ; à tout arranger pour les effets qu’on a en vue, sans laisser apercevoir de dessein ; de manière enfin que le spectateur suive toujours une action et ne sente jamais un ouvrage : autrement l’illusion cesse, et on ne voit plus que le poète au lieu des personnages. […] Cette circonstance, toute nécessaire qu’elle est, cesse de vous le paraître, parce que, dans un moment que le spectateur ne pouvait point la prévoir, Tancrède a déjà résolu de partir sans voir Aménaïde.

1037. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Le peintre de genre a sa scène sans cesse présente sous ses yeux ; le peintre d’histoire ou n’a jamais vu ou n’a vu qu’un instant la sienne. […] La peinture en portrait et l’art du buste doivent être honorés chez un peuple républicain où il convient d’attacher sans cesse les regards des citoyens sur les défenseurs de leurs droits et de leur liberté.

1038. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Toutefois, depuis Malherbe, il fut donc décrété, malgré qu’on eût cessé dès longtemps de prononcer les consonnes finales, que l’identité de la consonne muette suffirait pour constituer la rime aux yeux, l’identité de la consonne qui la précède n’étant point exigée. […] (Cesse de Noailles).

1039. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Souvent, en devenant érudit, on cesse d’être homme. […] Les luttes avaient cessé ; cette noble philosophie était éteinte ; la société qu’elle éclairait était à jamais ensevelie ; la langue même dans laquelle toutes ces grandes choses avaient été pensées et écrites avait fait place à une autre langue, qui elle-même n’était qu’une transition à une langue nouvelle. 

1040. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Je suis escorté de quelqu’un qui me chuchote sans cesse que la vie bien entendue doit être une continuelle persécution, tout vaillant homme un persécuteur, et que c’est là la seule manière d’être vraiment poète. […] Il y avait aussi quelques vierges navrées d’amour, et tout ce monde avait cessé de se posséder. […] C’est pourquoi tant d’héroïsmes ont cessé d’être silencieux et tant de langues insolentes d’être captives. […] D’ailleurs, lui-même en parle sans cesse avec le diabolique instinct de profanation particulier à l’éréthisme sénile. […] Pour n’être pas les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous sans cesse !

1041. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

Dans ce qu’il a dit de ses longs et patients travaux pour la mesure d’un arc du méridien, il a insisté sur les diversions littéraires que s’accordait le savant, et sur l’attention tout humaine qu’il ne cessait d’apporter à travers ses mesures et ses calculs, aux mœurs des populations parmi lesquelles il vivait.

1042. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

Venir lapider sans cesse Marie-Joseph avec les ossements d’André, c’est violer soi-même la piété qu’on doit aux morts, et prendre plaisir à ce sacrilége qu’on fait mine d’exécrer.

1043. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

J’ai toujours paru ne me préoccuper d’art qu’incidemment ; j’en ai rarement écrit, bien persuadé que, pour être tout à fait compétent en ces matières, il faut y passer sa vie ; mais je n’ai cessé tant que j’ai pu de voir et de regarder, et je n’ai pas laissé l’occasion de dire mon mot et de donner mon coup de collier à ma manière.

1044. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Les circonstances y sont pour beaucoup ; car, grâce à un parti, Voltaire n’a pas cessé d’être, ou, pour mieux dire, il est redevenu pour nous l’homme de la circonstance.

1045. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chénier, André (1762-1794) »

On cessera de louer en lui ce titre de novateur qui a fait sa première gloire, et on regrettera même de l’avoir vu appliquer les efforts de sa muse à changer les détails d’une langue poétique fixée par l’autorité d’un grand siècle.

1046. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 40-47

Corneille ne cessera donc jamais d’être le Grand Corneille, malgré les efforts de ceux qui, n’ayant pu l’imiter, cherchent à miner le Colosse de sa réputation.

1047. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Introduction »

Le monde de la connaissance, dit Schopenhauer, n’existerait plus si cette sorte d’objets qu’on appelle cerveaux « ne pullulaient sans cesse, pareils à des champignons, pour recevoir le monde prêt à sombrer dans le néant et se renvoyer entre eux, comme un ballon, cette grande image identique en tous, dont ils expriment l’identité par le mot d’objet ».

1048. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — II »

Ces actes cessent en quelque sorte d’exister pour celui qui les accomplit dans le moment qu’il les accomplit.

1049. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Panurge » pp. 222-228

» Cette question qu’il propose à Pantagruel près de l’île Caneph, est bien celle qui l’intrigue, et qu’il résout sans cesse, par son insouciance, un grand manque de scrupules, cette parfaite légèreté et indolence d’âme, qu’on appelle « avoir de la philosophie » ; certaine gayeté d’esprit, dit Rabelais, conficte en mespris des choses fortuites, pantagruélisme sain et dégourt, et prêt à boire si voulez. » *** Derrière ce personnage, grossi en caricature et décrit de verve, il y a plus qu’une imagination de Rabelais.

1050. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — IV. Les ailes dérobées »

Donc attends-toi à la mort car, dans un instant, tu auras cessé de vivre.

1051. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

A une époque où les renommées littéraires se font et s’entretiennent par d’habiles réclames, où nous voyons avec tristesse des hommes que leur talent seul suffirait à rendre glorieux, pris de la rage de s’exhiber en public, eux, leur famille et leurs animaux domestiques, — c’était un spectacle salutaire que celui de ce philosophe sans cesse occupé à dérober aux regards des marchands de publicité sa vie de labeur et d’étude. »‌ Voilà qui est parfaitement dit ; je me hâte d’y souscrire, pour reprendre bien vite le droit de présenter quelques objections.‌

1052. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

ce n’est pas comme en 70 : cette petite phrase revient sans cesse, acharnée, heureuse, à l’esprit de qui se souvient. […] La maladie de l’Europe : une maladie à soigner sans cesse, ou à traiter par la chirurgie. […] Puis il cessa de se rappeler Marie continuellement. […] … » Le vacarme diminue, et cesse ; les gens écoutent : et ils entendent des vérités opportunes, avec docilité. […] J’éprouve ce même sentiment et je dis sans cesse : Mon Dieu, sauvez la France, dussé-je mourir sans la revoir ! 

1053. (1886) Le roman russe pp. -351

Le réalisme devient odieux dès qu’il cesse d’être charitable. […] L’anarchie barbare et païenne, les luttes de tribu à tribu se poursuivent là-bas deux ou trois siècles après qu’elles ont cessé chez nous. […] On avait cessé de regarder dans ce puissant cerveau, depuis longtemps vide d’images et de joies. […] Quand on lit les biographies des hommes de ce temps, on les voit évoluer sans cesse de la « droite hégélienne » à la « gauche hégélienne ». […] Mais ce cœur a cessé de battre : ceux qui l’ont connu sont rares, et ce sont des hommes ; ils vont vite oublier et mourir.

1054. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Ils ont cru qu’ils pouvaient tirer avantage de deux choses : de ce que certains oracles païens avaient annoncé l’avènement du christianisme, et de ce que, le Christ venu, les oracles avaient cessé. […] Lope de Vega et Calderon, c’est-à-dire Corneille et Racine ; car il n’y a pas à s’y tromper, malgré ce que ces pseudonymes peuvent, avoir de surprenant ; voilà les dieux qu’il ne cesse d’opposer au héros du jour. […] Scélérat, un tel homme l’est de temps on temps, quand l’occasion s’en présente ; burlesque, il l’est sans cesse, dans toute parole et dans tout geste, et de toute sa personne et de toute la suite naturelle de sa vie. […] Dès que j’ai cessé de le croire, je m’en suis détaché soudain25 ». […] Voltaire n’a pas cessé d’avoir de ces singulières délicatesses et de ces étranges dégoûts.

1055. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

car, pour me servir de la pensée d’un ancien, voilà les véritables spectateurs que nous devons nous proposer ; et nous devons sans cesse nous demander : Que diraient Homère et Virgile, s’ils lisaient ces vers ? […] Il ne cessait de prendre des leçons de cithare du virtuose Terpnus, et l’écoutait jusque bien avant dans la nuit, avec le plus vif enthousiasme. […] Voltaire, qui ne cesse de crier contré la barbarie des Velches, ne fait-il pas ici lui-même un jugement de Velche ? […] Cessons du reste d’être surpris que les Athéniens eussent une manière de voir si opposée à la nôtre : songeons que la mode exerce presque autant d’empire sur les sentiments que sur les habits. […] Voici un échantillon de son talent pour la versification : Yeux, quand cesserez-vous ces torrens larmoyeux ?

1056. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Ainsi se forme une expérience d’un tout autre ordre et qui se dépose dans le corps, une série de mécanismes tout montés, avec des réactions de plus en plus nombreuses et variées aux excitations extérieures, avec des répliques toutes prêtes à un nombre sans cesse croissant d’interpellations possibles. […] Sans cesse inhibée par la conscience pratique et utile du moment présent, c’est-à-dire par l’équilibre sensori-moteur d’un système nerveux tendu entre la perception et l’action, cette mémoire attend simplement qu’une fissure se déclare entre l’impression actuelle et le mouvement concomitant pour y faire passer ses images. […] Ainsi, nous créons ou reconstruisons sans cesse. […] Mais, dans un cas comme dans l’autre, ce sont des mouvements actuels qui seront lésés ou des mouvements à venir qui cesseront d’être préparés : il n’y aura pas eu destruction de souvenirs. […] Nous sommes tenus de chercher ce que deviennent les faits connus, quand on cesse de considérer le cerveau comme dépositaire de souvenirs 82.

1057. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Après tout, le demi-cercle, sans cesse recommencé jamais fermé, que s’efforcent de clore les penseurs, n’apparaît-il pas l’horizon essentiel vers quoi s’achemine toute philosophie. […] Une acclimatation sans cesse renouvelée des œuvres au milieu s’impose. […] « Il y en a comme des agneaux dans une prairie couverte de linges38… » C’est donc au moyen de transpositions perpétuelles, en variant sans cesse sa palette et ses tonalités, et grâce à des harmonies successives que le poète symboliste parvient à manifester sa pensée, à dire son âme sans trop l’oblitérer39. […] Si donc le sentiment, — je ne dis pas la sensiblerie, — constitue l’essence et l’originalité de notre personne, et se transforme qualitativement en une infinité de nuances, à mesure qu’augmente ou que diminue sa clarté intensive, l’expression, capable de longer fidèlement (comme un chemin fleuri le cours tortilleux d’un ruisseau) les méandres compliqués des passions humaines, a besoin elle aussi de se transformer sans cesse, pour demeurer en adéquation parfaite avec l’impression fuyante. […] Étant donnée la nature ondoyante et diverse du cœur, la complexité de nos passions sans cesse en mouvement, un vers libéré des entraves conventionnelles qui figent la poésie dans des attitudes pétrifiées, pouvait seul permettre aux symbolistes de saisir en instantané leurs plus imperceptibles émotions, au moment où elles traversent le champ de la conscience pour rentrer dans la nuit du néant.

1058. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

12° Les relations de peuple à peuple vont sans cesse en s’améliorant. […] Il n’a jamais cessé de l’être, en même temps qu’il est, pour ses parents, une école de patience et de fermeté. Mais le père de famille, frappé et molesté par des lois iniques et aveugles, a cessé de le comprendre et de le sentir. […] Il est sans cesse menacé par la convoitise et la cupidité des meneurs et dupeurs du peuple. […] Le malade en crachait sans cesse des fragments mortifiés.

1059. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

Très répandu dans le grand monde, affectionnant particulièrement celui des duchesses dont les noms revenaient sans cesse comme par hasard à sa bouche58, il mettait de la méthode jusque dans les dissipations de chaque journée.

1060. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Jeune, au sein de la pauvreté, à travers les entraînements de l’âge, il ne cessa, par un travail secret, opiniâtre, de se préparer un talent supérieur aux choses légères et déjà charmantes auxquelles il s’essayait.

1061. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 4. Physionomie générale du moyen âge. »

Elle est envahie par les misères du siècle, par la brutalité, l’ignorance, la superstition, et son peuple de moines appelle sans cesse la colère et le zèle des réformateurs.

1062. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

Ce poète simple a voulu s’y compliquer et, comme son essence était d’être simple, compliqué il a cessé d’être ; d’où Les Névroses.

1063. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Et ce combat d’opinions ne cesse pas : il se renouvelle avec chaque génération ; l’histoire devient ainsi un perpétuel recommencement.

1064. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » pp. 238-247

Tout ce que nous nous permettons de dire, au sujet de ces événemens, c’est que, malgré ses démêlés avec plusieurs Ministres de France, elle n’a pas cessé d’être fidelle à son Roi, avec qui elle a eu une correspondance secrete qui a duré près de vingt ans, & qui duroit encore à l’époque de la derniere maladie de ce Prince.

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