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601. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Elle est à son côté, cette épée dont le premier coup est toujours suivi de la mort. […] Ses noirs sourcils sont à moitié cachés sous l’acier de son casque ; son épée pend librement à son côté. […] Sa terrible épée pend à son côté. […] Étranger, tu parles avec audace à Clessamor, parce qu’il est seul ; mais mon épée frémit à mon côté, impatiente de briller dans ma main. […] La nuit dernière, j’ai dormi à ton côté sur la bruyère.

602. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Voyez-le ce dernier : il est assis de face, les jambes écartées, la tête de profil rejetée un peu en arrière et regardant de côté, le coude gauche appuyé sur un genou, et la main montant en l’air, où elle joue inoccupée. […] 7 avril Nous dînons chez Broggi, à côté d’un petit vieillard à cheveux blancs, qui est un des grands, des purs, des beaux caractères de ce siècle, asservi à l’argent. […] Mettez à côté les livres remarquables des jeunes gens depuis 1848. […] maintenant, ça a un bon côté ! […] Le couvent développe chez les jeunes filles, destinées à être des femmes d’ouvriers, des côtés poétiques, hostiles au foyer laborieux.

603. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

” « Ensuite je me tournai de leur côté et je leur parlai, et je commençai ainsi : “Ô Francesca ! […] N’eût-il eu que ces deux scènes, Dante mériterait d’être nommé à côté d’eux. […] Une vieille femme, l’aïeule sans doute, se tient à quelques pas en arrière, accroupie la tête dans son tablier ; ses cheveux blancs découverts remuent, légèrement agités par le vent de la musette, comme des duvets de chardon mort sous l’haleine du chameau qui broute à côté. […] À la fin, au sortir d’une forêt enchantée, peuplée des plus charmantes apparitions féminines, — Béatrice elle-même lui apparaît de l’autre côté d’un ruisseau. […] « Elle m’apparut », poursuit le poète, « de l’autre côté du ruisseau verdi par l’ombre de ses bords ; elle m’apparut à travers son voile, et elle effaçait sa beauté première par sa beauté présente autant que jadis elle effaçait toutes les autres beautés d’ici-bas.

604. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Il n’exprime qu’un côté de la vérité, et rejette tous les autres. […] D’un antre côté, quelles difficultés ! […] Puis-je d’abord mettre d’un côté la blancheur et de l’autre la couleur ? […] Tout objet naturel, si beau qu’il soit, est défectueux par quelque côté. […] Le côté idéal de cette beauté.

605. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Nous ne voulons examiner aujourd’hui que le côté philosophique de l’ouvrage de M.  […] C’est là une scène touchante ; mais elle me choque par un côté. […] parce qu’il ne la tenait que par un côté, pour ainsi dire, par le côté de la gloire, oubliant qu’elle avait aussi une passion de liberté à satisfaire. […] Son bon sens triomphe précisément par le côté qui frappe l’imagination des Asiatiques, par sa fermeté, par sa soudaineté, par sa justesse. […] Elle fit donc monter Saint-Julien, non plus sur le siège, mais sur les moelleux coussins de sa berline, où il s’établit à côté d’elle.

606. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Je ne saurais dire combien, en lisant quelques écrits peu connus de Marivaux, j’ai appris à goûter certains côtés sérieux de son esprit. […] Et comment, par exemple, n’appellerait-on point précieux un observateur qui vous dit, en voyant dans une foule les figures laides faire assaut de coquetterie avec les figures plus jolies (la page est curieuse et dispense d’en lire beaucoup d’autres ; mais, à côté du bon Marivaux, il faut bien qu’on sache où est le mauvais) : J’examinais donc tous ces porteurs de visages, hommes et femmes ; je tâchais de démêler ce que chacun pensait de son lot, comment il s’en trouvait : par exemple, s’il y en avait quelqu’un qui prît le sien en patience, faute de pouvoir faire mieux ; mais je n’en découvris pas un dont la contenance ne me dît : « Je m’y tiens. » J’en voyais cependant, surtout des femmes, qui n’auraient pas dû être contentes, et qui auraient pu se plaindre de leur partage, sans passer pour trop difficiles ; il me semblait même qu’à la rencontre de certains visages mieux traités, elles avaient peur d’être obligées d’estimer moins le leur ; l’âme souffrait : aussi l’occasion était-elle chaude. […] La place de Marivaux en son temps n’est qu’à côté et un peu au-dessus de celle de Crébillon fils. […] C’est ici que commence, à proprement parler, le roman : chaque événement va y être détaillé, analysé dans ses moindres circonstances, et la quintessence morale s’ensuivra : « Je ne sais point philosopher, dit Marianne, et je ne m’en soucie guère, car je crois que cela n’apprend rien qu’à discourir. » En attendant et en faisant l’ignorante et la simple, elle va discourir pertinemment sur toutes choses, se regarder de côté tout en agissant et en marchant, avoir des clins d’œil sur elle-même et comme un aparté continuel, dans lequel sa finesse et, si j’ose dire, sa pédanterie couleur de rose lorgnera et décrira avec complaisance son ingénuité.

607. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Un jour, il avait vingt-deux ans, il allait rejoindre le régiment de Foix à Bordeaux ; se trouvant dans une auberge, à Poitiers, avec un officier d’un autre corps qui avait trente-six ans, il fut d’un étonnement extrême de voir cet homme faire encore le galant auprès du sexe et le séducteur ; il ne pouvait se persuader qu’à trente-six ans ces façons de jeunesse ne fussent point mises de côté pour des soins plus sérieux, et il dit à ce sujet des choses d’une grande innocence peut-être, mais d’une belle et pure élévation. […] Et la raison qu’il en trouvait, c’est que l’élève se donne toujours tout entier, tandis que le maître se réserve par un côté et se dissimule toujours. […] Au commencement de la Révolution, Saint-Martin jouissait d’une espèce de célébrité qui avait son côté sombre pour les trois quarts et aussi son côté lumineux ; les uns l’ignoraient encore tout à fait, les autres commençaient à le connaître et à le révérer.

608. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Villars, espérant peu désormais de M. de Vendôme, réclamait instamment qu’on fit une diversion du côté du Rhin ; il se voyait en danger d’être isolé et cerné au sein de l’empire, coupé de toute communication avec la France, et même investi dans son camp. […] Il ne se cachait nullement de ses profits ni de la source, et dans un compte de sa fortune qu’il adressa au roi en 1705 sans qu’on le lui demandât, il faisait monter le produit des sauvegardes dans l’empire à deux cent dix mille livres. — Il est plus agréable de se reporter sur ses grandes qualités de capitaine, et lui-même il est le premier à nous y convier et à nous avertir que c’est là le côté principal par lequel il convient de considérer surtout un homme de son métier, lorsqu’écrivant à l’un de ses amis pendant cette campagne du Danube, il dit avec une vive justesse : Mais à propos (il venait de citer le nom de M. de Feuquières), pourquoi ne s’en sert-on pas, de ce Feuquières ? […] J’en fis arrêter vingt des plus méchantes… Il voit des gens jusque-là réputés fort sages, un maire d’Alais, par exemple, à qui la tête tourne subitement et qui se croit prophète à côté d’une prophétesse, fou d’ailleurs sur ce seul point et sensé sur tous les autres, comme don Quichotte qui ne déraisonnait que quand il était question de chevalerie errante. […] Or cette intention, c’est avant tout que la frontière soit couverte, que, placé entre Villeroy qui commande en Flandre et Martin qui est en Alsace, Villars, qui tient le centre à Metz et à Thionville, veille de tous côtés, fortifie au besoin les autres généraux s’ils sont menacés, soit secouru d’eux s’il leur fait appel, et que ce parfait concert défensif déjoue les manœuvres combinées des adversaires.

609. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

J’ai la confiance qu’avec votre courage et votre discipline vous sortirez glorieusement de cette position ; de l’autre côté de l’Apennin, vous trouverez un pays fertile qui pourvoira à tous vos besoins ; avant d’y pénétrer, vous aurez des marches forcées à faire, de nombreux combats à livrer : nos efforts réunis surmonteront toutes les difficultés. » Ce discours, que j’ai trouvé dans les archives de la 18e demi-brigade, ne produisit qu’un médiocre effet sur la troupe ; elle ne pouvait avoir confiance dans les promesses d’un jeune homme dont elle connaissait à peine le nom. […] Sur le côté moral et le chapitre de l’intégrité. […] Pelleport en est lui-même une preuve lorsqu’au commencement de la retraite de Moscou et de ces fatigues sans nom, supportées par une partie de l’armée avec tant d’héroïsme, il dit tout d’un coup et en y revenant sans qu’on s’y attende : « Je crois, tout amour-propre de côté, que nous avons, en cette circonstance, laissé bien loin de nous les Romains, dont l’Empereur nous parlait tant en Italie et en Égypte. » Pelleport, très occupé du détail et de ce qu’il voit, nous apprend un fait assez singulier, c’est que dans les combats de Chobrakhit, qui précédèrent la bataille des Pyramides, il y eut du tâtonnement et quelque inhabileté pratique à exécuter les commandements du chef : L’armée d’Italie, bien que brave et intelligente, manquait de flexibilité pour les manœuvres ; les officiers inférieurs et supérieurs, les généraux eux-mêmes qui venaient de faire la guerre, avec une grande distinction, avaient négligé l’étude de la petite tactique (manœuvres) ; aussi se trouvèrent-ils embarrassés pour former les carrés tels qu’ils avaient été indiqués par Bonaparte : il fallut prendre successivement les pelotons et bataillons par la main pour les porter sur le terrain qu’ils devaient occuper dans la disposition générale. […] La conversation roulait sur les événements politiques ; s’interrompant au milieu d’une de ces périodes à effet comme il savait les faire, le général lui dit : « Rappelez-vous, Pelleport, et vous êtes trop jeune pour que vous ne puissiez un jour ou l’autre mettre à profit mon avertissement, rappelez-vous qu’en révolution il ne faut jamais se mettre du côté des honnêtes gens : ils sont toujours balayés. » — « Après ce court dialogue, ajoute Pelleport, la conversation reprit son cours ordinaire, et je me promis bien de désobéir à mon général. » De retour en France, Pelleport continue sa marche d’un pas égal.

610. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Après les femmes de Jean-Jacques et à côté, il y eut donc sous Louis XVI comme une seconde série, un sous-genre, les femmes de Florian, les pastorales, laitières et bergères, celles de Trianon et qui en sortaient peu, et celles qui, plus naïves et pour rendre hommage à Gessner et à la nature, faisaient déjà leur pèlerinage de Suisse. […] Elle l’avait pour amant déjà, depuis quelques années, et n’en faisait point mystère : on a des couplets d’elle, où elle s’en vante à la face de la première duchesse de Luxembourg, laquelle avait pour ami de son côté Pont-de-Veyle, de même que Mme du Châtelet avait Voltaire. […] Malgré cette grande liaison avec la maîtresse, elle n’en était pas moins bien traitée par la reine qu’elle amusait, et qui, de son côté, poussait l’amitié pour elle jusqu’à la confidence. […] Celle-ci, de son côté, cédait sans doute un peu moins dans ses dernières années à l’impétuosité de son caractère, à son esprit d’épigrammes, et se donnait un peu plus de peine pour persuader à ses amis qu’elle les aimait.

611. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Je mets ce Pierre Poupo de la fin du xvie siècle à côté du Roger de Collerye du commencement, et je suis tenté de les renvoyer dos à dos. […] Que diriez-vous si, voulant écrire l’histoire de la poésie au xixe  siècle, on allait mettre en ligne un à un, à côté des cinq ou six noms de maîtres qui ont donné le coup d’archet et mené la marche, les auteurs des innombrables recueils de vers, publiés depuis trente ou quarante ans, sous prétexte que dans presque chacun de ces volumes il y a quelque chose ? […] Folie, citée à comparaître, demande qu’un dieu plaide pour elle : elle craindrait, si elle plaidait en personne, les murmures de la cabale des jeunes dieux, toujours portés « du côté d’Amour. » La Folie n’est pas si folle. […] Ce sonnet de La Boétie est digne d’être mis à côté des deux ou trois sonnets de Louise Labé, pour la dureté des sons et aussi pour la flamme.

612. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Je crois que M. de Feuquières pourra bien jouer des siennes et faire valoir des sentiments fondés sur des raisons bonnes pour ceux qui ne voient pas les choses… » Je ne me fais pas juge entre Catinat et Feuquières, ce serait une grande impertinence ; je ne me fais point le défenseur de Feuquières, ce n’est point mon rôle, et il y aurait à ceci de l’impertinence encore et, qui plus est, de l’injustice ; mais enfin, pour voir le double côté de la question, pour l’envisager à sa juste hauteur et la dégager autant que possible des personnalités dont elle est restée masquée jusqu’à ce jour, qu’on veuille supposer un instant ceci : il y a dans l’armée de Catinat un militaire, incomplet dans la pratique, mais d’un génie élevé, qui a, dès 1690, l’instinct et le pressentiment des grandes opérations possibles sur cet admirable échiquier de la haute Italie ; ce militaire, à tout moment, conçoit ce qu’on pourrait faire et ce qu’on ne fait pas ; il blâme, il critique, il raille même, il hausse les épaules, il est ce qu’on appelle un coucheur, et ce qu’on appelait alors être incompatible : tel était Feuquières, qui à des vues supérieures joignait, il faut en convenir, une malignité particulière. […] Louis XIV se refusa de ce côté aux dépenses nécessaires, et l’on se borna au statu quo comme si c’était possible. […] À côté des amis chagrins, des amis inattendus, des amis enthousiastes que vous fait tout grand bonheur, il y avait aussi les ulcérés et les irréconciliables. […] C’est ce dernier côté qu’il a choisi.

613. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

D’où je conclus que, puisqu’il en est ainsi, et que la littérature critique (car il s’agit d’elle surtout) se trouve en présence d’un monde nouveau et d’un public qui n’est plus dans les conditions d’autrefois, qui n’est plus un cercle d’amateurs studieux, vibrant aux impressions les plus fines et les plus fugitives ; puisqu’elle-même serait bien embarrassée à ressaisir cette légèreté et cette grâce fondues dans la magie unique du talent, il y a nécessité pour elle de se renouveler d’ailleurs, de se fortifier par d’autres côtés plus sûrs, de ceindre courageusement ses reins comme pour une suite de marches fermes et laborieuses. […] Que ce dernier mot n’effraye pas : que l’on n’aille pas crier tout d’abord au matérialisme, comme je l’ai entendu d’un certain côté. […] Lorsque l’enfant s’est endormi au sein et se réveille ivre de lait, lorsqu’il ouvre les yeux en souriant, tiède et moite dans le coin du bras qui lui sert de nid, rose de la chaleur maternelle, et rose surtout d’une joue, de la joue qui touchait le sein, comme la pêche du côté du soleil, ah ! […] encore une fois, sans doute, il est certaines beautés naturelles, simples, éternelles, de ces grands peintres du cœur humain, qui ont été senties de tout temps ; mais, dans les intervalles et pour l’ensemble de l’œuvre, que de restrictions, que de méprises, que de blâmes ou d’admirations à côté, avant que la critique historique fût venue pour éclairer les époques, les mœurs, le procédé de composition et de formation, tout le fond et les alentours de la société au sein de laquelle se produisirent ces grands monuments littéraires !

614. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Tous les trois se prirent de préférence au côté spiritualiste, rêveur, enthousiaste, de leur auteur, et le fécondèrent selon leur propre génie. […] Lamartine n’est pas un homme qui élabore et qui cherche ; il ramasse, il sème, il moissonne sur sa route ; il passe à côté, il néglige ou laisse tomber de ses mains ; sa ressource surabondante est en lui ; il ne veut que ce qui lui demeure facile et toujours présent. […] Le point central de ce double monde, à mi-chemin des  Hauts-lieux et du Vallon, le miroir complet qui réfléchit le côté métaphysique et le côté amoureux, est le Lac, le Lac, perfection inespérée, assemblage profond et limpide, image une fois trouvée et reconnue par tous les cœurs.

615. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Mais on est heureux lorsqu’à travers cette variété d’emplois et de talents on arrive de tous les côtés, on revient par tous les chemins au moraliste et à l’homme, à une physionomie distincte et vivante qu’on reconnaît d’abord et qui sourit. […] Les Mémoires d’un Homme d’État sont venus depuis éclairer d’un jour nouveau et par le côté étranger toute cette portion longtemps voilée de la politique européenne ; les mille causes qui déjouèrent la diplomatie de M. de Ségur, et qui auraient fait échouer tout autre en sa place, y sont parfaitement définies175. […] Quant au point de vue extérieur et européen, ce livre d’un diplomate instruit et qui avait tenu en main quelques-uns des premiers fils, commençait pour la première fois en France à tirer un coin du voile que les Mémoires d’un Homme d’État ont, bien plus tard, soulevé par l’autre côté. […] A côté des exemples à la Plutarque dont il l’autorise, et qui feraient un peu trop lieu-commun en se prolongeant, arrive un souvenir d’hier, un mot de Catherine, une de ces anecdotes de xviiie  siècle que M. de Ségur conte si bien ; on passe avec lui d’Épaminondas à l’abbé de Breteuil, et le tout s’assaisonne, et l’on rentre en souriant dans le réel de la vie.

616. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

D’une part, à côté des hommes qui représentent le goût moyen du moment, on est sûr de rencontrer des attardés et des précurseurs. […] D’autre part, de même que dans la marche d’un fleuve, à côté du grand courant qui entraîne la masse clés eaux vers la mer, il se produit sur les bords ou dans les profondeurs des remous et des contre-courants, de même dans l’évolution d’une société, à côté de la tendance maîtresse qui est suivie par le gros des esprits, il existe aussi des tendances secondaires qui la contrarient et la limitent sans pouvoir l’arrêter. […] A côté des auteurs dramatiques qui font jouer devant le public le mécanisme secret des passions, il est des analystes qui préfèrent le démonter. […] Il faut, à côté d’eux, placer les hommes et les ouvrages secondaires, qui a défaut d’autre mérite servent du moins à montrer, soit réduites au niveau moyen les qualités, soit portés à outrance les défauts des maîtres et de leurs productions géniales.

617. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Par ce côté d’une gaieté naïve, d’une ronde et franche bonhomie, l’aimable Désaugiers lui reste supérieur. […] C’est là un côté petit des chansons de Béranger, et que l’avenir même, fût-il le plus démocratique du monde, ne relèvera pas. D’autres côtés grandiront et survivront : ce sont ceux qu’a touchés le souffle pur et frais de la poésie. […] Mais cette observation se marque-t-elle assez dans ses œuvres, et ne semble-t-il pas souvent, à le lire, que toute la sagesse, toute la raison soit d’un côté, le tort et la déraison de l’autre ?

618. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Il me venait un courant d’air de son côté. […] Quand une chose ou un homme lui déplaisait, ou ne valait pas la peine qu’il s’y arrêtât plus longtemps, il se détournait et portait son regard ailleurs dans ce vaste univers où il n’avait qu’à choisir ; non pas indifférent, mais non pas attaché ; curieux avec insistance, avec sollicitude, mais sans se prendre au fond ; bienveillant comme on se figure que le serait un dieu ; véritablement olympien : ce mot-là, de l’autre côté du Rhin, ne fait pas sourire. […] Mais, tout à côté, il y a des légèretés et des fraîcheurs de pensée et d’expression ravissantes. […] Dans le sang répandu des héros tyroliens, il n’a vu encore qu’un parfum de poésie : « Tu as raison, écrivait-il à Bettina, de dire que le sang des héros répandu sur la terre renaît dans chaque fleur. » Encore un coup, l’héroïsme n’est pas le côté supérieur de Goethe.

619. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Mme de La Vallière s’y portait de son côté avec tout le zèle d’une femme de chambre, dont la fortune dépendrait des agréments qu’elle prêterait à sa maîtresse. […] Tout à côté on retrouve des pensées plus douces, plus conformes à l’idée qu’on se fait de cette âme délicate et timide : « Car, hélas ! […] Il exhortait et fortifiait de son mieux la pauvre âme en peine, que Bossuet soutenait et excitait de son côté : J’ai vu M. de Condom (Bossuet), et lui ai ouvert mon cœur, écrivait Mme de La Vallière au maréchal (21 novembre 1673) : il admire la grande miséricorde de Dieu sur moi, et me presse d’exécuter sur-le-champ sa sainte volonté ; il est même persuadé que je le ferai plus tôt que je ne crois. […] » Il répondait avec vigueur au nom de cette âme généreuse qui va, au contraire, s’en prendre au corps comme à son plus dangereux séducteur, qui déclare une guerre immortelle et irréconciliable à tous les plaisirs, puisqu’ils l’ont trompée une fois, et qui, venant enfin à s’assiéger elle-même, s’impose de toutes parts des bornes, des clôtures et des contraintes, de peur de laisser à sa liberté le moindre jour par où elle puisse s’égarer : « Ainsi resserrée de toutes parts, disait-il, elle ne peut plus respirer que du côté du ciel. » Une fois entrée dans cette voie de prière et de pénitence, Mme de La Vallière ne se retourna pas en arrière un seul instant.

620. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Necker et de Montmorin ; mais il les avait trouvés tellement resserrés et timides, tellement en méfiance et en répugnance de traiter avec Mirabeau, qu’il n’avait pas cru devoir insister inutilement, et l’ouverture en était restée là de ce côté. […] Mais rien n’était à espérer de ce côté tant que M.  […] Cette correspondance était à peine entamée qu’il en mettait soigneusement de côté les pages, et il les adressait à M. de La Marck (15 juillet 1790) avec ces mots : « Voilà, mon cher comte, deux paquets que vous ne remettrez qu’à moi, quelque chose qu’il arrive, et qu’en cas de mort vous communiquerez à qui prendra assez d’intérêt à ma mémoire pour la défendre. […] Le jugement est tenté de se reverser du côté des idées solennelles et vastes qu’on exprime si bien et avec tant d’applaudissement.

621. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Il paraît qu’elle était, du côté paternel, héritière de biens considérables. […] Mme de Lambert marque à mes yeux le terme moyen entre ces deux salons ; elle est à mi-chemin, et elle regarde déjà du côté du plus moderne. […] Les conseils que Mme de Lambert donne à sa fille sont remarquables surtout par une extrême intelligence de tous les côtés tendres et vulnérables du sexe, et par une crainte extrême qui lui fait appeler à son aide toutes les précautions et toutes les ressources. […] Je n’ai fait en tout ceci que nommer Mme Necker, inscrire son nom à côté et en regard de celui de Mme de Lambert, pour marquer dès à présent mon dessein et ouvrir une vue.

622. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Ces apparences qu’on prenait pour des réalités, ces princes, ces rois, se dissipent ; il ne demeure que ce qui doit demeurer : l’esprit humain d’un côté, les esprits divins de l’autre ; la vraie œuvre et les vrais ouvriers ; la sociabilité à compléter et à féconder, la science cherchant le vrai, l’art créant le beau, la soif de pensée, tourment et bonheur de l’homme, la vie inférieure aspirant à la vie supérieure. […] La foule admire du côté où est cela. […] Avoir vingt ans combattu sciemment la vérité, dans l’espoir qu’elle serait vaincue, s’apercevoir un beau matin qu’elle a la vie dure, qu’elle est la plus forte et qu’il pourrait bien se faire qu’elle fût chargée de composer un cabinet, et alors passer brusquement de son côté, autre piédestal, une statue à M.  […] Il n’y a pas longues années qu’un économiste anglais, homme d’autorité, faisant, à côté des questions sociales, une excursion littéraire, affirmait dans une digression hautaine et sans perdre un instant l’aplomb, ceci : — Shakespeare ne peut vivre parce qu’il a surtout traité des sujets étrangers ou anciens, Hamlet, Othello, Roméo et Juliette, Macbeth, Lear, Jules César, Coriolan, Timon d’Athènes, etc., etc. ; or il n’y a de viable en littérature que les choses d’observation immédiate et les ouvrages faits sur des sujets contemporains. — Que dites-vous de la théorie ?

623. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

À côté du gouverneur qui vient rendre ses comptes à l’empereur, des ambassades qui lui apportent des réclamations, des troupes qu’il fait changer de garnison, des vétérans qui gagnent la colonie qu’il leur a assignée, commerçants, rhéteurs, médecins se croisent sur les larges chaussées en ligne droite, avec les étudiants, les pèlerins, les touristes. […] Mais n’allons-nous pas rencontrer, de ce côté, des faits tout contraires à notre thèse ? […] Circonstance importante : quand nous connaissons les tenants et les aboutissants des individus qu’un concours ou un litige nous donne à comparer, nous risquons de pencher a priori d’un côté ou de l’autre. […] Et c’était Thiers qui se trompait en déclarant que deux morceaux de fer mis à côté l’un de l’autre ne changeraient pas grand-chose au monde.

624. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

Car voyez la perspective : d’un côté, un dominicain avec M. de Tocqueville pour sujet, c’est-à-dire la démocratie américaine pour champ illimité ; et de l’autre côté, pour vis-à-vis, le directeur de l’Académie, M. 

625. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Molé qui, de son côté, avait, à cette séance, une attitude hautaine, sentant un peu trop son grand seigneur. Cette légère réserve faite, je ne sais rien de mieux raconté. » M. le comte de Circourt enfin, cet homme de haute conscience et de forte littérature, dans une lettre qu’il m’écrivait le 24 avril 1864, reconnaissait la vérité du Portrait et s’exprimait en ces termes par lesquels je terminerai et qui me couvrent suffisamment : « Les grands côtés du talent de M. de Vigny sont mis par vous en relief d’une manière tout à la fois large et fine ; et malgré la sévérité de quelques-unes de vos appréciations, je n’ai rien à souhaiter de mieux pour la mémoire de M. de Vigny, si ce n’est que la postérité s’en tienne sur lui à votre jugement, ce que j’espère ; j’apprends que ses vrais (et par conséquent rares) amis sont tout à fait de ce sentiment. » 79.

626. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

Ils ne peuvent au plus qu’être les premiers d’une seconde classe, et exceller dans le médiocre. » Je ne sais si je suis précisément de ces esprits doux définis par le savant moraliste, mais sans me faire plus sévère envers moi-même que je ne le dois, je ne serais pas éloigné d’avouer et de confesser quelque chose de cette médiocrité de nature qu’il leur attribue, si ce n’est que je ne suis jamais demeuré tranquille dans ma sphère, que je me suis continuellement inquiété des grandes choses et des productions singulières que je voyais surgir autour de moi et qui me dépassaient de beaucoup, et qu’à leur occasion je me suis bien souvent posé cette question épineuse : Pourquoi suis-je si sensible à l’admiration pour certaines parties, et tout à côté à la répulsion pour certaines autres ? […] Hugo, en me répondant à l’instant, et en louant mes vers, sut très-bien indiquer, par les points mêmes sur lesquels portait son éloge, quelles étaient tout à côté mes faiblesses.

627. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Louis XIV, d’après le sage avis de Torcy, voulait que son ambassadeur gouvernât sans paraître dans le Conseil ; madame des Ursins de son côté, par son autorité sur l’esprit de la reine, et par l’ascendant de celle-ci sur le roi, devait, dans les entretiens de l’intimité, nourrir l’affection du prince pour son aïeul. […] Pourtant elle se montre aussi par de bons côtés, et nous essayerons dans un second article de rendre fidèlement l’impression qu’elle fait ici.

628. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Une autre cause nuisit au succès ; à côté des odes de circonstance se trouvaient dans le premier recueil des pièces telles que la Chauve-Souris et le Cauchemar, qui trahissaient chez M.  […] Il en est résulté des impressions fâcheuses contre l’auteur ; le ridicule s’est tourné de ce côté pour se venger d’un poète trop dédaigneux de la faveur populaire ; et, laissant les nobles parties dans l’ombre, on a fait de son talent, aux yeux de bien des gens, une sorte de monstre hideux et grotesque, assez semblable à l’un des nains de ses romans.

629. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

L’originalité des grands poètes, on le sait, consiste surtout à voir et à exprimer la nature, la vie et les hommes par un côté intime et nouveau. […] Il nous prend où nous sommes, chemine quelque temps avec les plus simples, et ne s’élève que par les côtés où le cœur surtout peut s’élever.

630. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

En un mot, bourgeois en masse d’un côté, Corps électoral uniquement composé des prolétaires de l’autre, ce serait ainsi que nous entreverrions sa classification nouvelle du Corps politique. […] Nous les engageons à donner de plus en plus à ce côté de leur recueil une attention qui tournera elle-même au profit des idées générales dont ils sont les promoteurs.

631. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

Nous relevons au sommaire, à côté des noms de Victor Hugo, Michelet, Sainte-Beuve, ceux de Théodore de Banville, Sully Prudhomme, Arthur Rimbaud, Catulle Mendès, François Coppée, Claretie, Glatigny, Paul Verlaine, Armand Silvestre, Stéphane Mallarmé, Léon Dierx, Charles Cros, Albert Mérat, Léon Valade, Ernest d’Hervilly, Emmanuel des Essarts, Louis-Xavier de Ricard, de Heredia, etc. […] On reprend le mot sceptique de Voltaire : « Quand on est aimé d’une jolie femme, on se tire toujours d’affaire », mais on épingle à côté cette pensée de Joubert qui va devenir l’évangile symboliste : « Les beaux vers sont ceux qui s’exhalent comme des sons ou des parfums. » La querelle des idéalistes et des réalistes s’y poursuit.

632. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

Impuissants à faire revivre en eux l’âme antique, les hommes de la Révolution en ont été réduits à imiter les Romains et les Grecs par les côtés extérieurs. […] L’Italie, qui avait précédé la France dans la découverte et dans l’imitation de l’antique, lui présenta, à côté des modèles de l’Attique et de Rome, des modèles italiens, des œuvres déjà parfaites en quelques ordres, dans la peinture notamment et dans la sculpture.

633. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

On lui a si souvent reproché de se renfermer en elle-même, de ne point prendre part aux travaux qui se font à côté d’elle et qui touchent de si près à ses études, qu’on voudra bien lui permettre, malgré son incompétence anatomique, de recueillir dans les écrits des maîtres les plus autorisés tout ce qui peut l’intéresser, et intéresser les esprits cultivés dans ce genre de recherches. […] Tandis que certains physiologistes portaient leurs études jusque sur les confins de la philosophie, il est juste de dire que les philosophes de leur côté essayaient une marche en sens inverse.

634. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

Ce sont ces reflets infinis des ombres et des corps qui engendrent l’harmonie sur votre bureau où le travail et le génie ont jeté la brochure à côté du livre, le livre à côté du cornet, le cornet au milieu de cinquante objets disparates de nature, de forme et de couleur.

635. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Les peuples n’ont pas les yeux levés en haut pour voir de quel côté les cieux s’abaisseront ; ils n’attendent point de législateur nouveau. […] Dans un temps où les princes de la terre avaient sur les peuples des droits dont les limites étaient inconnues, était-ce donc un si grand malheur que les rois eussent au-dessus d’eux une puissance mystérieuse qui venait les épouvanter et leur annoncer, les oracles de la justice éternelle, une puissance qui venait leur dire : Ce sceptre que vous tenez de Dieu, Dieu peut vous l’enlever ; ce glaive que vous portez à votre côté peut être réduit en poussière par le glaive de la parole ?

636. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Malgré le peu de pente de l’esprit tout politique de l’auteur de Gabrielle d’Estrées à regarder du côté des causes morales, qui sont les influences décisives de l’histoire, cependant il ne peut s’empêcher de dire à plus d’une place de son ouvrage que les nombreuses amours publiques de ce chef d’État durent choquer si profondément l’esprit religieux et les mœurs de son siècle, que, son système politique eût-il réussi, il fût tombé par là encore ! […] On le sait, les plus célèbres de ces incroyables promesses furent celles qu’il fit d’abord à Diane de Guiche, la belle Corisandre, ensuite à Gabrielle d’Estrées, laquelle mourut de son parjure quand il épousa Marie de Médicis, enfin, à Henriette d’Entragues, marquise de Verneuil, à qui on le vit, incorrigible, en signer une encore au moment où ses ambassadeurs signaient de leur côté à Rome le mariage qui tua Gabrielle.

637. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Aux yeux du penseur qui nous donne aujourd’hui, dans un écrit fortement condensé, le droit public d’une quatrième race, la révolution française a deux côtés que l’on a toujours trop confondus. Comme la révolution sociale, dont Proudhon s’est fait le prophète, elle est, par un de ses côtés, humanitaire, métaphysique et inutile ; mais, par l’autre, elle est politique, nationale, nécessaire.

638. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Chère toujours à la race sans idées et sans cœur des païens de la fantaisie, cette école, qui a trouvé sa colonne d’Hercule dans le dernier livre (Émaux et Camées) de Gautier, — le seul de ses enfants posthumes dont le vieux Ronsard se sentirait de l’orgueil, — cette école pourrait réclamer Gramont comme un des poètes de sa pléiade, mais, tout esclave qu’il en est par le plus large côté de ses œuvres, il lui échappe cependant, et, en résumé, il vaut mieux qu’elle. […] De tous les deuils de la pensée du poète, c’est celui dont l’expression revient le plus dans ses poésies, et il est si beau, et il y jette un éclat d’idéal si sévère, qu’on n’en voudrait pas d’autre à côté.

639. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Si Belmontet s’était contenté de nous dire qu’à côté des inspirations de la poésie individuelle il y avait, grâce à l’Empire et aux souvenirs  qu’il a laissés dans la mémoire des hommes, une autre source de poésie ouverte et coulant à pleins bords dans le xixe  siècle, nous n’eussions pas réclamé contre une telle poésie ; car rien n’est plus vrai. […] car ce n’étaient ni leurs opinions politiques ni leurs sympathies naturelles qui les entraînaient du côté où ils sont involontairement allés tous.

640. (1887) Essais sur l’école romantique

D’un côté, le vrai Dieu ; de l’autre, Baal : choisissez. […] De là, dans leurs poésies, ces profondes études des ressources de la langue, à côté d’une étrange facilité à mettre les mots les premiers venus ; de là cette vigoureuse sévérité de facture, à côté d’un dédaigneux oubli des règles de la prosodie ; de là le manque d’unité dans leur style. […] Je ne suis pas bien sûr que M. de Norvins me sache gré de mettre son nom à côté d’un nom si nouveau. […] J’ai bien peur aussi que M. de Musset ne me soit pas très obligé de mettre son nom à côté d’un nom si ancien. […] De quelque côté qu’on le regarde, comme sa figure se détache nettement du milieu de toutes les figures contemporaines !

641. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Vice de ce côté du Tropique, vertu de l’autre côté. […] De tous côtés, on tresse des couronnes pour M.  […] D’un côté, la cour d’assises, de l’autre une prime de deux millions. […] Des deux côtés efforts désespérés pour se convaincre ; mais des deux côtés on compte moins sur la force des arguments que sur le trouble des sens. […] Et de tous côtés on s’étonnait, faut-il le dire ?

642. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Quelques-uns de leurs philosophes jetaient parfois sur les objets de faibles lumières qui n’en éclairaient qu’un côté, et rendaient plus grande l’ombre de l’autre. […] Elle sentira que tout dans la création n’est pas humainement beau, que le laid y existe à côté du beau, le difforme près du gracieux, le grotesque au revers du sublime, le mal avec le bien, l’ombre avec la lumière. […] À côté des chars olympiques, qu’est-ce que la charrette de Thespis ? […] Les deux types, ainsi isolés et livrés à eux-mêmes, s’en iront chacun de leur côté, laissant entre eux le réel, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. […] Si le vrai talent pouvait abdiquer à ce point sa propre nature, et laisser ainsi de côté son originalité personnelle, pour se transformer en autrui, il perdrait tout à jouer ce rôle de Sosie.

643. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

On sentait que la vie, le public, la raison du plus fort, étaient du côté des vengeurs des principes monarchiques et chrétiens, longtemps calomniés et méconnus. […] oui, il faut s’y résigner, M. de Balzac a échoué au théâtre, et ce désastre lui fut d’autant plus sensible, qu’il avait rêvé de ce côté-là ses plus riches couronnes. […] On peut, dans ce simple détail, constater comment la manière primitive du poëte s’est aggravée et exagérée, comment il est tombé du côté où il penchait. […] C’est là le côté faible, et je voudrais le généraliser afin de n’être, à mon tour, ni indiscret ni offensant. […] Il a pris un bon moyen pour échapper à ces deux excès qu’il signale, et dont chacun cache un des côtés de la vérité.

644. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

« Peu après la perte du cardinal duc d’York, que je respectais et aimais tant et qui me chérissait si paternellement de son côté, mon cœur fut frappé du coup le plus cruel qu’il pût jamais recevoir. […] « J’étais à ses côtés quand il expira. […] Le cardinal Fesch nous avait placés à part d’un côté, en demi-cercle, tous les autres cardinaux étant de l’autre. […] Alors il demanda, en peu de mots, aux cardinaux qui étaient de l’autre côté, s’ils avaient entendu son discours. […] On en retrouve des preuves dans ce testament écrit à loisir où nul n’est oublié ni devant Dieu, ni devant les hommes, de tous ceux qu’il a aimés sans acception de rangs, de professions, de situations plus ou moins profanes, en contraste avec sa profession de cardinal ministre ; il fait un signe de l’autre côté de la tombe, pour dire : « Je vous aime comme je vous ai aimés. » Nous n’en citerons que deux exemples : Cimarosa, le fameux musicien de Naples, qui par ses opéras égala au commencement du siècle ce messie de la musique, Mozart, et qui ne chercha dans la musique que l’organe le plus pénétrant de son cœur.

645. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Ce qui, par le côté physiologique, est simplement un processus nerveux, par le côté psychologique est un processus sensitif. […] Et tandis que l’humeur envahissante de la physiologie la conduisait à étendre constamment son domaine, et même à en sortir de tout côté, la psychologie, confinée dans d’étroites limites, laissait échapper mainte portion de son domaine, et ne demandait qu’à subsister. […] Laissons de côté le premier argument tiré de ce préjugé universel que le cerveau est le seul sensorium ; car c’est là une simple pétition de principe. Laissons de côté un second argument, tiré de ce que beaucoup d’actions ont lieu sans éveiller une conscience ou une attention distincte (comme respirer, digérer, etc.).

646. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Il n’y a, ici comme là, ni le côté grandement chrétien, ni les bons Évêques, ni les Saints, ni les Héros comme Saint Louis et Joinville… Le Cid lui-même, qui tient tant de place dans le Romancero du second de ces deux volumes, est bien plus féodal que catholique de mœurs et d’accent, ce qui est faux historiquement, mais ce qui, de plus, est un contresens en Espagne. […] On voit qu’il pouvait y marcher d’une plus brave manière… Il y avait du chemin à côté. […] Il l’y tourne de volonté, comme Darius tournait la tête de son cheval du côté du soleil… La poésie vraie, la poésie sincère de Hugo est bien plutôt du côté contraire. Elle est surtout du côté du fini et du réel.

647. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Les unes aiment l’Inspecteur, les autres le détestent, toutes commèrent… mais de ces femmes de la Halle, prises uniquement par le côté physique, comme M.  […] À côté des pains de beurre à la livre, dans des feuilles de poirée, s’élargissait un cantal géant, comme fendu à coups de hache ; puis venaient un chester, couleur d’or, un gruyère, pareil à une roue tombée de quelque char barbare (c’est beau et glorieux pour un fromage !) […] ; tandis que, dans un plat, à côté, des fromages de chèvre, gros comme un poing d’enfant, durs et grisâtres, rappelaient les cailloux que les boucs, menant leur troupeau, font rouler aux coudes des sentiers pierreux. […] Il les y met sur sa langue, comme un chimiste… Et, par ce côté de l’ordure, La Faute de l’abbé Mouret est de la même famille que Le Ventre de Paris. […] Les aveugles seuls ne le voient pas : le xixe  siècle coule à pleins bords du côté du Matérialisme, du Positivisme et des sciences physiques, et y pousse M. 

648. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Voici deux ou trois tentatives qui n’ont pas réussi contre Vanves et Issy, et les fédérés semblent passer de la défensive à l’offensive, du côté d’Asnières. […] Bientôt, ça éclate de tous côtés ; bientôt, ça éclate tout près. […] Le lieutenant, lui, était resté immobile à côté du premier mort, tranquille comme un homme qui méditerait dans un jardin. […] Il y a aux côtés de la femme en marmotte, la femme en robe de soie. […] De l’autre côté du quai, le Palais de Justice a le toit de sa tour ronde décapité.

649. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Cette poursuite de mariage qu’il expose avec une vivacité si expressive a pour effet, même en échouant, de le lier étroitement avec le duc de Beauvillers et avec ce côté probe et sérieux de la Cour. […] Là encore toutefois la marque de l’honnêteté se fait sentir ; c’est par les bons côtés du prince, par ses parties louables, intègres et tant calomniées que Saint-Simon lui demeurera attaché inviolablement ; c’est à cette noble moitié de sa nature qu’il fera énergiquement appel dans les situations critiques déplorables où il le verra tombé ; et, dans ce perpétuel contact avec le plus généreux et le plus spirituel des débauchés, il se préservera de toute souillure. […] Est-ce à dire qu’un autre observateur et un autre peintre placé à côté du premier, mais à un point de vue différent, ne présenterait pas une autre peinture qui aurait d’autres couleurs, et peut-être aussi quelques autres traits de dessin ? […] Bien moins connu, bien moins en vue, vous avez dès les premières pages le vieux Montal, « ce grand vieillard de quatre-vingts ans qui avait perdu un œil à la guerre, où il avait été couvert de coups », et qui se vit injustement mis de côté dans une promotion nombreuse de maréchaux : « Tout cria pour lui hors lui-même ; sa modestie et sa sagesse le firent admirer. » Il continua de servir avec dévouement et de commander avec honneur jusqu’à sa mort. […] L’inconvénient de ces publications tronquées, comme aussi des extraits mis au jour par Lemontey et portant sur les notes manuscrites annexées au Journal de Dangeau, c’était de ne donner idée que de ce qu’on appelait la causticité de Saint-Simon, en dérobant tout à fait un autre côté de sa manière qui est la grandeur.

650. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Nous étions des roseaux, mais des roseaux rebelles ; on voulait nous courber d’un côté, nous nous courbions du côté contraire. […] V Il avait environ vingt ans ; ses cheveux, secoués sur son front comme par un coup de vent perpétuel, formaient d’un côté de la tête une masse ondoyante et ruisselante le long de sa joue ; la ligne de ce front était longue, droite, renflée seulement par les deux lobes de la pensée. […] Cette marque attirait quelquefois de ce côté mon attention, qui bientôt n’était plus pour la cicatrice. […] On y voit des champs labourés et des prairies terminées d’un côté par les remparts antiques que les Romains élevèrent pour lui servir d’enceinte, et de l’autre par les murailles de quelques jardins. […] J’avais ménagé de chaque côté un petit sentier, le long duquel nous pouvions nous promener et converser ensemble sans nous voir et sans trop nous approcher.

651. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Certains côtés sinistres de Shakespeare sont hantés par les spectres. […] Il faut qu’ils restent de l’autre côté. […] Vois, ils te rendent tous des remerciements du fond de leur cœur. — Le nombre des convives est égal des deux côtés. […] Je te prie, regarde de ce côté ; vois là, vois. […] Ce sont des soldats anglais qui ont coupé les rameaux des arbres et qui marchent couverts de leur feuillage du côté du fort.

652. (1914) Boulevard et coulisses

Nous allons essayer de le faire par un certain côté, sur la surface des boulevards, dans les coulisses des théâtres, des journaux et de la finance. C’est le petit côté de la question, si vous voulez, mais non le moins significatif. […] Entre le public et les coulisses, il existait encore une sorte de cloison étanche de chaque côté de laquelle on se tenait à sa place. […] Examinons-la sous les deux aspects qu’elle présente suivant qu’on la considère du côté du public ou du côté de l’écrivain. […] Elles viennent à la fois du côté du public et du côté de l’écrivain.

653. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Il sauta le talus de l’autre côté, se trouva devant la porte grande ouverte de l’infirmerie des chevaux. […] Miserey s’était jeté de côté. […] Point, et c’est là qu’est le côté nouveau du roman. […] Tout à coup, il parla, tandis que sur lui se penchait une cornette et que de l’autre côté du lit, une manche galonnée introduisait un thermomètre sous son aisselle. […] Et il a pu vivre trente-cinq ans à côté d’elle sans la connaître… Un frisson d’horreur le secoue, au souvenir de tant d’abominations qu’il vient d’entendre.

654. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Ils ne ressemblent pas en ce point-là à nos gens qui abandonnent leur chemise au premier qui la veut prendre, et qui secouent la poussière de leurs pieds lorsqu’on les chasse de leur patrie… Un tel aveu dispense de tout commentaire, et l’on voit encore par là de quel côté était alors la moralité, la vertu sociale ; pour être à l’état brut, elle n’en existait pas moins ; et l’on conçoit que les vainqueurs, parodiant les vaincus dans une mascarade de triomphe, se soient promenés dans les rues de Constantinople vêtus de robes, coiffés à la byzantine, et tenant en main pour toutes armes du papier, de l’encre et des écritoires. […] Il est curieux, pour l’étude de la langue, de lire à côté du texte la traduction ou paraphrase qu’en a donnée Du Cange. […] La poésie, comme l’histoire, à voir les choses simplement, elle était plutôt à cette heure du côté des croisés que des Byzantins, malgré toutes leurs divinités et leurs Aréthuses, — la poésie, et j’entends par là la véritable, à la fois le souffle, l’inspiration, la fleur et déjà l’art de l’expression, et aussi l’artifice du rythme.

655. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Le tome III s’ouvre au 1er octobre de l’année 1689, quand la France est engagée dans une grande guerre européenne qui chaque jour s’étend et qui oblige de faire face sur toutes les frontières, sur le Rhin, en Flandre et aux Pyrénées, bientôt du côté des Alpes, et déjà aussi dans les colonies et sur les mers. […] Les nouvelles les plus importantes de la guerre s’y entremêlent et sont enregistrées à côté : on a la physionomie exacte des choses. […] Il voulait qu’elles retournassent dans la ville ; mais elles persistèrent à n’y vouloir point retourner, et apparemment le roi aura la bonté de se relâcher ; il leur a même envoyé à souper. » Et le lendemain le roi envoie des carrosses à ces dames pour les conduire à une abbaye voisine. « Outre les quarante femmes qui sont sorties du côté du roi, il y en a eu encore trente, dit Dangeau, qui sont sorties du côté de M. de Boufflers. » Le roi, tout souffrant et peu valide qu’il est, s’expose suffisamment.

656. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Maxime du Camp, avec moins de fini, se rattache par le côté de Théophile Gautier à l’école de Victor Hugo ; il aime et cultive la description pour elle-même, il la cherche ; un de ses premiers soins a été de visiter cet Orient que le maître n’avait chanté que de loin et sur la foi du rêve. […] Il ne voit pas que si les poètes qui entrent à l’Académie font un pas vers elle, elle en fait un aussi vers eux en les accueillant, et que, s’il y a une demi-conversion, elle a lieu également des deux côtés. […] Encore une fois, je puis le certifier à M. du Camp avec toute l’impartialité d’un homme qui a très peu l’esprit de corps, — à cet endroit où il parle de l’Académie, il frappe fort, mais il frappe à côté.

657. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

L’ennemi fuit de tous côtés sur Troyes. […] Mais qu’on mette en regard, d’un côté ce livre si souverainement conduit et si harmonieusement terminé, et, de l’autre, quelques années d’un pouvoir semblable à ce qu’on voyait trop souvent par le passé, — d’un pouvoir partagé, disputé, insulté, parfois calomnié d’en bas, parfois déjoué d’en haut et du côté où l’on devait le moins s’y attendre, — d’un pouvoir le plus souvent aussi paralysé dans l’action que magnifique et brillant par le discours, mais par un discours encore qui s’envolait et ne se fixait pas en des pages durables : — et qu’on me dise, au point de vue de la gloire solide, ce qui vaut le mieux !

658. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Joubert livré à lui-même était exposé à une redoutable épreuve ; là où Bonaparte n’avait pas cru pouvoir demeurer impunément pour sa gloire pendant un an encore ou dix-huit mois, dans un Paris en fermentation, à côté d’un gouvernement encore existant, mais déjà condamné, qui achevait de se décomposer et de s’user, — de pourrir (c’est le mot) —, comment Joubert aurait-il pu résister ? […] Le Directoire faisait l’effet d’un arbre à moitié déraciné et déchaussé de toutes parts ; il ne s’agissait plus que de savoir de quel côté il tomberait, — à droite ou à gauche ? […] Je ne pus lire autre chose dans son regard oblique. » Sieyès avait déjà sans doute son arrière-penséeq, qui se trahit par ce mot fameux : « Il nous faut une tête et une épée. » Il entendait la tête d’un côté, — c’était lui, — l’épée de l’autre, un général quelconque : combinaison abstraite et de cabinet !

659. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Mais quand l’homme n’est pas ambitieux d’un côté, il l’est d’un autre. […] Biot n’était pas moins opposé, dans l’histoire particulière des savants, à ce qui les fait trop connaître par les côtés singuliers et intimes de leur nature. […] J’ai dit, en me faisant l’écho des voix les plus autorisées, que l’invention n’était pas son fort ; mais il était très curieux et très empressé a se porter du côté où s’annonçaient des découvertes nouvelles.

660. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Chaque ouvrage d’un auteur vu, examiné de la sorte, à son point, après qu’on l’a replacé dans son cadre et entouré de toutes les circonstances qui l’ont vu naître, acquiert tout son sens, — son sens historique, son sens littéraire, — reprend son degré juste d’originalité, de nouveauté ou d’imitation, et l’on ne court pas risque, en le jugeant, d’inventer des beautés à faux et d’admirer à côté, comme cela est inévitable quand on s’en tient à la pure rhétorique. […] Les académies, les chaires oratoires sont plutôt destinées à montrer la société et la littérature par les côtés spécieux et par l’endroit ; il n’est pas indispensable ni peut-être même très-utile que ceux qui ont pour fonction de déployer et de faire valoir éloquemment les belles tentures et les tapisseries, les regardent et les connaissent trop par le dessous et par l’envers : cela les gênerait. […] Jeune ou vieux, il n’a cessé de se peindre, et, ce qui vaut mieux, de se montrer, de se laisser voir, et, en posant solennellement d’un côté, de se livrer nonchalamment de l’autre, à son insu et avec une sorte de distraction.

661. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

On se le demandait, et bientôt on sut qu’en artiste ironique et fier, qui prétend ne pas dépendre du public ni de son propre succès, résistant à tout conseil et à toute insinuation, opiniâtre et inflexible, il laissait de côté pour un temps le roman moderne où il avait, une première fois, presque excellé, et qu’il se transportait ailleurs avec ses goûts, ses prédilections, ses ambitions secrètes ; voyageur en Orient, il voulait revoir quelques-unes des contrées qu’il avait traversées et les étudier de nouveau pour les mieux peindre ; antiquaire, il s’éprenait d’une civilisation perdue, anéantie, et ne visait à rien moins qu’à la ressusciter, à la recréer tout entière. […] Habitant à côté des prêtres eunuques consacrés à la déesse et qu’elle convoque souvent dans sa maison, Salammbô s’est tenue isolée et s’est fait un asile tout particulier de rêverie, d’innocence et de mysticisme. […] Tout au haut de l’Acropole, dans le bois de cyprès, les chevaux d’Eschmoûn, sentant venir la lumière, posaient leurs sabots sur le parapet de marbre et hennissaient du côté du soleil. » Puis, après l’aube, l’aurore, Carthage s’éveille ; « Tout s’agitait dans une rougeur épandue, car le Dieu, comme se déchirant, versait à pleins rayons sur Carthage la pluie d’or de ses veines.

662. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Essayons-en pourtant cette fois envers un confrère et un romancier hors ligne, que j’appréciais sans doute depuis longtemps par bien des côtés, mais que je ne me suis mis à bien connaître tout entier que depuis quelques jours. […] C’est le côté par où l’art de M.  […] cet homme, jeune encore d’air et d’années, est assis devant vous, de côté, près d’une fenêtre ; le soleil se couche ; un rayon glisse et l’effleure, et alors, sur cette tête si riche et si fière de sa brune parure, vous voyez tout à coup se dessiner, avec une précision désespérante, quelques mèches qu’on ne soupçonnait pas et qui ont beau être mêlées artistement aux autres plus naturelles : une couleur rougeâtre, sous cette lumière rasante, les a trahies.

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