Nous n’avons qu’une civilisation artificielle, qui nous recouvre sans nous pénétrer : d’un côté, ceux qu’on nommait autrefois les lettrés, les nobles, et qu’on appelle aujourd’hui les Parisiens et les fonctionnaires ; de l’autre côté, les bourgeois, les provinciaux, les paysans. […] C’est ce qui met à part et au-dessus de tous, les pauvres fous, malheureux ou naïfs, qui les trouvent ; on appellera les autres « grands hommes si l’on veut, mais poëtes, non pas. » Nous en avons eu un (ce n’est guère), un seul et qui, par un hasard admirable s’étant trouvé Gaulois d’instinct, mais développé par la culture latine et le commerce de la société la plus polie, nous a donné notre oeuvre poétique la plus nationale, la plus achevée et la plus originale ; c’est pour cela que j’en ai parlé si longuement, trop longuement Peut-être.
D’abord on ne croit guère en eux, non plus qu’au langage prêté aux bêtes ; la fiction appelle la fiction, et on sourit en voyant Jupiter cousin de l’éléphant, comme en écoutant plaider le lapin et la belette. […] Les anciens n’avaient point tort de l’appeler divine, et de trouver dans l’étrange puissance qui la forme une image des puissances immortelles qui opèrent dans l’univers.
De là l’influence de ce qu’on appelle les phrases toutes faites, les clichés. […] Il arrive à chaque moment qu’un son appelle un son et le mot un mot : on s’amuse de leur cliquetis, et le hasard fait parfois qu’il en jaillit l’étincelle d’une idée : quand on regarde ce qu’on dit, après qu’on a parlé, il se trouve qu’on a dit quelque chose ; l’oreille a chassé pour l’esprit. « Traduttore, traditore », dit-on : sans la ressemblance des sons, on n’eût peut-être pas sitôt ni si bien remarqué la trahison que faisaient les traducteurs à leurs originaux.
I Ce qui distingue et ce qui honore les poète de la seconde génération romantique et plus encore ceux de la troisième, ceux qu’on a appelés les Parnassiens, il me semble que c’est leur grand effort vers la perfection absolue. […] ), et qu’il nous parle ainsi de cet autre exil d’où rien ni personne n’est jamais revenu et qui s’appelle le passé : Dans ce vallon sauvage où César t’exila, Sur la roche moussue, au chemin d’Ardiège, Penchant ton front qu’argente une précoce neige, Chaque soir, à pas lents, tu viens t’accouder là.
Le fait de la femelle dévorant le mâle après en avoir joui, fait si fréquent dans certaines espèces, surtout chez les insectes, est le prélude et l’annonce de ce qu’on appelle si justement le « duel des sexes » dans l’espèce humaine. […] On peut admettre, pour faire la part de la sociabilité, que l’incohérence sentimentale qui caractérise la sensibilité humaine est en partie créée ou tout au moins favorisée par l’état de discorde et d’incohérence des institutions sociales, par ce que les sociologues appellent le manque d’intégration sociale.
» Jésus avait alors de fines réponses, qui exaspéraient les hypocrites : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin 521 » ; ou bien : « Le berger qui a perdu une brebis sur cent laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres pour courir après la perdue, et, quand il l’a trouvée, il la rapporte avec joie sur ses épaules 522 » ; ou bien : « Le fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu 523 » ; ou encore : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs 524 » ; enfin cette délicieuse parabole du fils prodigue, où celui qui a failli est présenté comme ayant une sorte de privilège d’amour sur celui qui a toujours été juste. […] Cela s’appelait la « Bonne Nouvelle » ; la doctrine n’avait pas d’autre nom.
Il n’est guère possible de douter qu’il n’ait lui-même choisi parmi ses disciples ceux qu’on appelait par excellence les « apôtres » ou les « douze », puisqu’au lendemain de sa mort on les trouve formant un corps et remplissant par élection les vides qui se produisaient dans leur sein 818. […] Les fils de Zébédée voulaient qu’il appelât le feu du ciel sur les villes inhospitalières 832.
L’idée de ce quelque chose de fixe qui se distingue de nos impressions flottantes, par ce caractère que Kant appelle la permanence ; c’est là notre croyance à la matière. […] Or, cette théorie porte un nom spécial, elle s’appelle phénoménisme.
Après comme avant les Trophées, le premier des sonnettistes français, — et ce n’est pas un bien grand homme — s’appelle Maynard. […] Pendant trois cents vers encore, je m’étonne et m’amuse de l’ingéniosité des coupes, de ce que j’oserai appeler la ligne svelte et sinueuse du vers.
J’y vois la preuve que ces rares esprits ont conservé dans son intégrité la religion littéraire, la foi au lendemain, à ce qu’on appelait anciennement la postérité. […] En restaurant le texte altéré des éditions de Pascal, et en montrant qu’un travail analogue est à faire sur presque tous nos auteurs classiques, il a créé ce qu’on peut appeler la philologie française, et il l’a passionnée en naissant.
Nous avons déjà signalé le principe que nous croyons appelé à dominer la psychologie : ubiquité de la conscience et de la volonté sous des formes plus ou moins rudimentaires, mais qui enveloppent toutes un germe de discernement, un germe de bien-être ou de malaise, enfin un germe de préférence, par conséquent le processus fondamental dont l’idée-force est la forme la plus haute. […] Selon nous, les cellules de la moelle ne conçoivent rien et ne veulent rien expressément : mais elles n’en sont pas moins dans un état plus ou moins analogue à ce que nous appelons sentir.
On n’avoit point touché la continuité de l’action, la liaison des scènes, les intervalles des actes, & toutes les particularités qui concourent à la perfection des drames, à l’exécution, & que l’abbé d’Aubignac appelle la pratique du théâtre. […] Un jour elle écrivit à Pélisson, que Despréaux : appelle vilain garçon, plus laid qu’un singe & qu’un diable : Enfin, Achante, il faut se rendre ; Votre esprit a charmé le mien.
Elle a des paradoxes, des apparences de contradiction, des conclusions de système et de concession, des opinions de sectes, des conjectures même, et même des paralogismes156. » Si nous en croyons Buffon, « ce qu’on appelle vérités mathématiques se réduit à des identités d’idées, et n’a aucune réalité 157. » Enfin l’abbé de Condillac, affectant pour les géomètres le même mépris qu’Hobbes, dit, en parlant d’eux : « Quand ils sortent de leurs calculs pour entrer dans des recherches d’une nature différente, on ne leur trouve plus la même clarté, la même précision ni la même étendue d’esprit. […] N’aime-t-on pas autant l’ignorance de Platon, qui appelle cette même nature une poésie mystérieuse ?
Il l’appelle : le lapin, qui trottinait par la chambre, s’arrête soudain et se met à écouter le maître en se faisant la barbe avec ses pattes. — Dans un coin, une rainette à la robe verte grimpe après un arbuscule fiché entre deux carreaux ; tout auprès, une grenouille fait la planche dans une cuvette qui joue le rôle de bassin. […] Mais cet élément poétique — ceci est de toute évidence — ne peut être saisi par les quelques morceaux de bois et de cuivre qui s’appellent un instrument photographique ; partant, l’instrument ne le reproduira point.
Mais pourquoi donc appelez-vous cela un jardin des plantes, puisqu’il n’y a ni ours, ni singes ? […] L’Empereur, très intrigué, s’arrête et fait appeler le maire de la ville pour avoir l’explication de cette inscription énigmatique.
C’est à vous, Messieurs, que j’en appelle : n’était-il pas l’image vivante du vieillard de Téos ? […] J’en appelle à tous les âges, à tous les états : la chanson n’est-elle pas la source des plus douces jouissances ?
Depuis que son esprit et ses succès l’avaient lancé dans le grand monde, il n’y était pas resté spectateur oisif, ni, si l’on veut, spectateur bénévole ; les vices qu’on appelait aimables, les ridicules consacrés et passés en usage, avaient fixé ses regards ; et c’était par le plaisir de les peindre qu’il se dédommageait souvent de l’ennui et de la fatigue de les voir. […] Et cependant je pouvais le faire en sûreté, ajoutait-il ; je ne craignais pas du moins d’être jeté à la voirie du Panthéon. » C’était ainsi qu’il l’appelait depuis l’apothéose de Marat.
Là elle toucha à Chateaubriand et à Sainte-Beuve et s’en mit une goutte dans son verre d’eau claire, où depuis tombèrent des larmes qui firent reprendre au verre d’eau sa limpidité et sa clarté premières… Mme Swetchine, sans sa piété vraie et avec son éducation pédantesque, aurait été un bas-bleu de forte espèce, parfaitement caractérisé, et Mme de Blocqueville tient beaucoup plus d’elle que d’Eugénie de Guérin, sous le charme de laquelle elle se débat un peu, comme elle se débat, mais plus convulsivement, sous la puissance magique de cet enchanteur à poison qui s’appelle Henri Heine, et qui est le péché mignon de la haute Dévote de son livre, — la duchesse Eltha, qui pourrait bien, au fond, n’être qu’une marquise… Mme de Blocqueville a beau assurer dans sa préface, avec des airs oraculaires et mystérieux, qu’Eltha et Lucio, qui se font l’amour tout le temps du livre, ne sont pas des amants et qu’elle ne peut pas en dire davantage. […] La duchesse Eltha, le fulgurant bas-bleu, qui s’appelle aussi Lucifera — diable de bon nom pour une comète !
Franz et faire des X comme un mathématicien, quand il s’agit de nommer les gens par leur nom, car il n’y a pas que son amant qui s’appelle X… dans ses Souvenirs. […] Aime-t-on, a-t-on réellement aimé, dans ce livre de Souvenirs, qu’un critique, qui croit un peu trop vite ce qu’on dit, appelait dernièrement les indiscrétions de l’amour ?
appelle congrûment « un baiser nasal ». […] La civilisation païenne, ou ce qu’on appelle de ce nom, était un champ parcouru et épuisé où la herse de tous les travailleurs en civilisation avait passé.
Mais le goût, l’applaudissement des masses, la popularité des œuvres, ne font rien, n’ajoutent rien à cette entité toute-puissante qui s’appelle le Génie et qui est parce qu’il est, comme Dieu. […] Il a pour eux ce que j’appellerai des faiblesses… Savage Landor, ce républicain insensé (et c’est son excuse), qui légua sa fortune à celui qui assassinerait Napoléon III (un utilitaire de la démocratie), l’insulteur de Pitt et de Fox à la fois ; Thomas Hood, l’auteur du chant socialiste de la Chemise, que Barot nous traduit comme une merveille ; madame Browning, l’auteur du Cri des enfants, qui, par parenthèse, n’est pas naïf comme l’enfance ; Swinburne, le transfuge de l’aristocratie dans le camp populaire ; Alfred Austin, le satirique contre les rois et les prêtres ; madame George Eliot, madame Beecher-Stowe, tout ce menu fretin littéraire s’ils ne lui paraissent pas des colosses, lui paraissent cependant plus grands qu’ils ne sont en réalité.
Que la vulgarité de l’âme et de l’inspiration d’Horace passât à travers la pureté de sa forme littéraire, Rigault ne pouvait l’empêcher pour ceux qui savent la voir ; mais qu’avait-il besoin d’appeler distinction cette vulgarité ? […] Enfin, à propos d’Horace, il se remet à souffler dans ce vieux cornet à bouquin qu’on appelle l’ordre et la liberté, et nous assure qu’Horace était conservateur.
Il était excellent, mais il était trop aimable et ses lèvres pâles avaient un sourire trop fin pour qu’on pût l’appeler un bonhomme. […] D’ailleurs, Fénelon est un grand homme de lettres qui a laissé derrière lui de ces constructions qu’on appelle des livres, et Joubert n’a point ce génie des castors.
Comme le livre de Lerminier sur les Législateurs et les Constitutions de la Grèce antique, le livre du comte de Champagny sur les Césars 8, ou plutôt sur le monde romain au commencement de l’Empire, est destiné à faire tomber tout ce qui reste de préjugés ou de confusion touchant ce qu’on appelait autrefois la classique Antiquité. […] Forme d’un instant dans la durée, la République ne fut, à Rome, rien de ce qu’elle avait été pour la Grèce, et cependant, grâce à cette forme plus ou moins anarchique, de la chute des rois à l’Empire, l’histoire de Rome pourrait bien ne s’appeler que l’histoire des révolutions romaines.
Malgré la contradiction, qui n’est jamais à la surface des mots que quand elle est au fond des choses, ils l’ont toujours appelée et ils l’appellent encore « une révolution conservatrice ».
La Critique, qui est aussi une sentinelle, doit le dire à tous ceux qui s’occupent d’histoire : dans l’état présent des travaux historiques, qui sont réels, avancés, l’heure est sonnée pour les esprits robustes d’aller aux ensembles et aux résumantes individualités historiques, et de planter là les monographies et ce qu’on peut appeler la petite histoire, l’histoire oubliée. […] Il y avait au xviiie siècle — on l’y voit passer dans quelques coins de lettres de mesdames Necker ou Du Deffand — un homme presque mystérieux, dont personne ne parle maintenant, qui s’appelait tout uniment Dubucq, et qui n’a laissé que des mots, mais frappés comme des médailles d’or à l’effigie du génie.
… Dans ce fouillis de gloire qu’on appelle les Montmorency, il doit y avoir, si on fait l’histoire de chaque tombe, bien de hautes vertus, de fières et chastes physionomies de femmes, de destinées sublimes de grandeur et de simplicité, qu’on pourrait nommer aussi : Madame de Montmorency, comme l’héroïne de Renée, et qu’on ne distinguerait pas, à la première vue, sous ce nom collectif porté comme un pavois par soixante générations, et qui nous brouille tout de sa splendeur. […] Il la tuait avec une douceur immense, un respect profond et ce que les indifférents appellent des procédés généraux ; mais rien ne mourut dans ce cœur frappé de tant de coups !
Ils se prennent à la magie de cette espièglerie française qui les enivre de plaisir, et, quand ils sont enivrés, leur fait écrire des phrases idolâtres, que l’auteur des Lettres satiriques appellerait des sottises s’il les trouvait sous une autre plume que la sienne, mais qui n’y seraient pas, du reste, de cette façon-là ! […] Elle ne rompt jamais le charme… Voyez-la, dans le livre de Babou, avec cet affreux pédant de Ménage, qui méritait si bien de s’appeler Gilles !
… Il y a dans le Musée d’armes de la Critique embarrassée une vieille machine de précaution qui s’appelait autrefois : la conspiration du silence. […] Nicolardot ne connaît pas ce sentiment qu’on pourrait appeler l’importunité de la gloire, mais il n’en connaît pas non plus la servilité.
Il s’appelait Jacques Crétineau-Joly, et, de fait, il était un Jacques. […] Nous nous attendions à une de ces compositions historiques trop étroite de proportions pour être une histoire et qu’on appelle une biographie, et nous avons eu un dossier.
Il s’applique aussi à cette autre comédie qui s’appelle l’art en littérature, et à cet autre comédien qu’on nomme l’écrivain. […] Ce roseau pensant de Pascal, qui n’avait pas besoin que la nature s’armât pour l’écraser quand il remuait, lui, l’univers, et qui, comme tous les roseaux, aimait le bord de l’eau, même la plus humble, ce fortuné de renommée qui s’appelait Félicité, le nom le plus mélancoliquement moqueur qui puisse être donné à un homme, ne fut jamais heureux et n’était rien de plus qu’une âme triste dans un corps malade.
Cette correspondance inédite appartient, nous dit M. de Mouy, aux archives de la famille Poniatowski, et va nous éclairer par-dedans ce singulier Roi, entré dans l’Histoire par la porte du roman et dont le règne ne fut qu’un roman assez triste, qui pourrait s’appeler : « le Règne impossible ». […] , j’ajouterais encore : la moins apte à sentir le coup de cette foudre qu’on appelle la beauté !
Seulement, nulle part, ni en Allemagne, ni en France, les deux pays à idées, — l’Angleterre n’est qu’un pays à intérêts, — les hommes qui s’appellent humanitaires n’accepteront, pour l’explication de leur dogme et le dernier mot de leur foi, la profession de M. […] Mais ce dont nous sommes dispensés, nous les hommes du passé et les mystiques, comme nous appellent nos ennemis, M.
Mais ce n’est pas là une raison pour qu’il ne soit pas cartésien lui-même, comme Cousin, — philosophe déraillé, qui, dans son déraillement, alla jusqu’à cet abîme d’absurdités qu’on appelle Hégel. […] L’histoire de cette sophistique, toujours la même sous des noms changeants, soit qu’elle s’appelle « l’éristique », dans l’Antiquité, soit « l’antinomistique », dans les temps modernes, et montrée exclusivement dans son essence et dans ses résultats généraux, suffisait.
C’est donc une élégie que le livre de Dargaud, et ce qu’on appelait, il y a quelques années, « un livre intime ». […] En regard et en contraste, d’un autre côté, je pourrais citer, avant tout, pour prouver ce que j’ose appeler le catholicisme inné des facultés de Dargaud, cette sereine figure du curé et celle plus divine encore de la vieille tante Berthe, deux anges captifs dans des corps de vieillards, deux adorables têtes de saints comme le catholicisme seul en peut produire et le sentiment deviné du catholicisme en peut seul exprimer !
Et si ce n’était qu’en matière d’idées que Merlin fût un ruminement, je ne m’en étonnerais pas, car les têtes toutes-puissantes qui renouvellent leur inventaire intellectuel et aient plus d’une source d’inspiration à leur service, le nombre en est infiniment restreint parmi les poètes, même parmi ceux que le monde appelle les plus grands. […] Quinet, l’auteur de Merlin l’Enchanteur, a toujours, en sa qualité d’esprit allemand, été panthéiste ; son Dieu a toujours été « le Dieu inconnu du bon Merlin » qu’il appelle, ce bâtard d’un incube et d’une Sainte violée : « Le prophète des jours heureux dans les temps futurs », et c’est ce Dieu-là, dont le livre de M.
son livre y gagnerait et son idée aussi) ; sa Messaline blonde n’est une Messaline que pour le monde, le monde sot qui l’appelle ainsi avec son génie d’observation ordinaire ; mais, en réalité, elle ne l’est pas. […] elle est parfaitement hypocrite ; et Messaline, emportée et stupide d’emportement, ne pourrait jamais être cette chose volontaire, réglée, surveillée, travaillée, et admirable de force dans sa perversité, que l’on appelle une hypocrite.
Ces pages admirables, je les appelais un prélude. […] Notons ces mots ; je les emprunte au poème que j’appelais l’Art poétique de Mme de Noailles. […] Mais on tient à la main son paroissien ; puis les cloches sonnent et vous appellent. […] Comparetti, sénateur et latiniste, a écrit un beau livre qui s’appelle Virgilio nel medio evo. […] Nous nous efforçons de leur laisser ce que les philosophes appellent un caractère objectif.
— Les enfants qu’on fait débuter à l’Odéon, frère et sœur de mademoiselle Rachel, s’appellent Raphaël et Rébecca, un Cid et une Chimène, — deux jeunes et intéressants Israélites, comme disent les petits journaux, — deux enfants hardis et de race, qui ne doutent de rien. — Léon Gozlan est auteur de plusieurs romans dont aucun ne se désigne bien particulièrement ; mais il fait très-bien dans les Revues de jolis articles fantastiques qui doivent faire envie parfois à Charles Nodier lui-même, et qui sont, en effet, spirituels.
Que dirai-je de mademoiselle Plessy, si admirable dans le rôle d’Ève, quand on a déjà appelé mademoiselle Mars un diamant ?
Tout le mouvement de la librairie savante, de ce qu’on peut appeler encore de ce nom, est dans le même sens.
Le rapprochement des dates est fâcheux, ou du moins le serait en un temps où l’on ferait encore quelque attention à ce qu’on appelle bon goût.
On aurait mieux fait de l’appeler le cygne gris ou le cygne malade.
Chantefable un peu naïve pourrait s’appeler : Au pays des fées.
Il semble qu’il soit sorti meurtri de sa lutte avec cette pieuvre énorme et horrible appelée le Travail littéraire, et ses beaux cheveux sont de ceux qui consolent les gens chauves d’être chauves, car on voit que cette noire, lourde, charmante et fabuleuse chevelure le dévore !
Tel était le but de ce petit livre, — et de suggérer peut-être que, si nous percevons directement nos mouvements et notre fondamental rythme, (ce que, par un inconscient appel du futur, nous appelons notre être), l’harmonie demeure au fond de nous cachée et comme sommeillante et n’affirme point sa présence, sinon lorsqu’en face des formes décisivement ordonnées, elle se révèle en se reconnaissant.
Je me suis donc abstenu, attendant que l’ordre, rétabli dans la société et dans les esprits, me permît de les juger, non comme des auxiliaires appelés en de mauvais jours pour des œuvres de destruction, mais comme des maîtres de l’art et comme les guides de l’esprit humain au dix-huitième siècle.
La société est un système plus ou moins compliqué de relations sociales au sein desquelles un individu humain est appelé à vivre.
Un vieux Prêtre énergumene, déclamant contre sa Religion, & renversant, par frénésie, des Autels qu’il avoit servis toute sa vie ; de longues tirades contre tous les Cultes ; de fréquentes oraisons à la Divinité ; des personnages tous Déïstes, venant, chacun à leur tour, exhaler leur dépit contre le Sacerdoce & la Religion ; des allusions prétendues ingénieuses, & qui n’ont décélé que de l’audace ou des puérilités ; toutes ces heureuses combinaisons ont été crues propres à répandre dans les esprits ce que le Monde philosophique appelle des lumieres.
Serons-nous encore accusés d’être trop séveres, si nous remarquons que, dans certaines de ses Fables, le naturel n’est pas toujours aussi bien saisi qu’il pourroit l’être ; que ce qu’on appelle les mœurs dans les animaux, n’est pas d’accord avec les idées que nous en avons ; que la moralité vient quelquefois trop brusquement, & n’est ni aussi juste, ni aussi saillante, que le récit le promettoit, & que, parmi ses Historiettes, il y en a plusieurs dont la trivialité du sujet n’est rachetée, ni par la nouveauté des tours, ni par l’agrément du style ?
Ici, ce sont trois vieillards qui discourent en allant de Gnosse à l’antre de Jupiter, et qui se reposent sous des cyprès, et dans de riantes prairies ; là, c’est le meurtrier involontaire, qui, un pied dans la mer, fait des libations à Neptune : plus loin, un poète étranger est reçu avec des chants et des parfums : on l’appelle un homme divin, on le couronne de lauriers, et on le conduit, chargé d’honneurs, hors du territoire de la République.
Les deux tailleurs, appelés au palais, exhibèrent, avec force vanteries — rien du tout. […] Et, si votre volonté m’appelle à être le fossoyeur de votre sainte religion, ah ! […] Pourquoi semble-t-il dire que le vers est appelé à disparaître ou plutôt à se fondre dans la prose rythmée ? […] Esclave de quiconque l’appelle, sa bonté secourt les gens. […] On appelle ces chiffonniers : les journalistes.
La Vénus nouvelle s’appelle : Madeleine. […] Ce n’est pas ce loisir que j’appelais la noblesse des primates. […] Il appelle quelque part la chasteté « une vertu comique ». […] Houssay appelle ces esprits des « cinématiques ». […] Pendant cette période, elle se manifeste par ce qu’on appelle le style.
Vandal appelle les « révolutionnaires nantis ». […] Je ne sais si cette assertion même n’appellerait pas certaines réserves. […] Ainsi se forme un être collectif, le public, dont la pensée s’appelle : l’opinion. […] Il ne s’appelait pas d’Aurevilly. […] Notez que c’était celui-là même qu’on appelait d’Aurevilly.
À Sorrente, lorsque j’y ai passé l’hiver, la population ne m’appelait que il Polacco. […] Et il en voit d’autres encore qui ne sont pas de Brooklyn, mais qui souffrent et qui l’appellent. […] Le monde, qui lui avait semblé jadis peuplé de dieux, à présent se peuplait pour lui de voix douloureuses qui l’appelaient. […] Spencer nous apprend, en outre, que “ce que nous appelons les propriétés de la matière ne sont rien que des agents extérieurs, à jamais inconnus et inconnaissables”. […] Elle s’appelait, jusqu’au printemps passé, Mlle Hélène Swarth, et c’est sous ce nom qu’elle a publié ses premiers recueils.
Vers le huitième siècle, la décomposition finale du grand cadavre romain, que Charlemagne avait tenté de relever et qui s’affaissait dans sa pourriture, les appela comme des vautours à la proie. […] — devant la gloire de ton esprit. — D’une seule voix, elles appellent le Christ ! […] « Il arriva autrefois qu’il y avait un joueur de harpe dans le pays qu’on appelait Thrace ; c’était un pays en Grèce. […] Il avait une femme très-bonne, elle s’appelait Eurydice. […] Il faut appeler ici les choses par leur nom, appliquer les yeux des gens sur une grosse idée bien visible.
Il s’appelle Puissant. […] Le soir venu, nous avons vagué avec Théophile Gautier, autour de ce grand monstre de choses, qu’on appelle l’Exposition. […] Les paysans l’appellent Napoléon IV. […] Pendant ce, Soulié lit le Cadio de Mme Sand dans la Revue des Deux Mondes, le prince Gabrielli, qu’on appelle ici le prince Charmant, brunit les duretés d’une eau-forte, représentant le profil de sa femme, qui, dans la berceuse, paressant, et inoccupée, et joliment boulotte, rappelle la Doudou de Byron. […] La princesse devient sérieuse et paraît souffrante… Dans le salon, Sainte-Beuve, tâchant de sourire, assis au bout du canapé jonquille, arc-bouté de ses deux poings sur la soie, se laisse aller à conter les tristesses de sa jeunesse, de sa vie sans chaleur avec les gens du Globe, Cousin, Vitet : gens qui ne lui donnaient que leur esprit, leur amabilité, rien de plus, et souvent le déconcertaient par des discussions, où il était tout étonné d’entendre Cousin appeler Louis XIV « un godelureau ».
» Il se passa sous la table un petit drame amoureux, complet, qui pouvait s’appeler la séduction, commençant à la déclaration et finissant à un abandon complet. […] On a voulu voir en lui le chef d’une école prétendue réaliste, et que nous appellerions, nous, s’il était permis de faire un si monstrueux barbarisme, l’école trivialiste. […] Philoxène Boyer, le même qui se voit menacé, dit-on, d’appeler incessamment M. […] Celui-ci se sent descendu au fond d’un abîme où la nuit l’enveloppe de toutes parts, mais il lutte, il se débat, il aspire à remonter, il appelle le soleil. — Le dix-neuvième siècle est-il autre chose qu’un grand combat ? […] Le premier s’appelle l’Itinéraire de M. de Chateaubriand ; le second est le Voyage en Orient de M. de Lamartine.
Parfois la robe à la mode dont sa muse est revêtue dans les Poésies parisiennes prend des plis de tunique et appelle quelque chaste statue grecque.
Ses personnages n’existent qu’à l’état d’entités sentimentales ou symboliques ; ils s’appellent l’Amant, l’Amante, la Courtisane, la Mendiante ; ils ont si peu de réalité extérieure, qu’on ne sait à quelle époque les situer et quels costumes leur donner.
Laurent Pichat vient, parmi eux, de gagner sa place, — mais, il faut en convenir, Baudelaire, la mâle Ackermann, et, plus près de nous, Jean Richepin, l’auteur de la Chanson des gueux , Richepin qui rirait bien de Pichat avec sa religion du progrès, qui n’est que du christianisme déplacé, sont des blasphémateurs d’un autre poing montré au ciel et d’un autre calibre de passion impie que Pichat, l’égorgeur de songes, comme il s’appelle et le pleureur sur les légendes religieuses auxquelles il a cru, et que, du fond de sa stérile et vide raison, il a l’air de regretter encore… Quoique l’auteur des Réveils n’en ait, que je sache, jamais recommencé d’aussi beaux, il y en a pourtant d’autres qu’on lit après ceux-là et qui dénotent une puissance de variété singulière dans l’inspiration et dans l’originalité… C’est dans de tels vers et par de tels vers que Laurent Pichat, l’athée et le démocrate, reconquiert son blason de poète.
La gaieté du ciel et des arbres, le piaillement criard des moineaux, l’allégresse des cloches qui appelaient aux vêpres du dimanche, la quiétude heureuse, l’apaisement des choses de ce coin provincial, accentuaient le délabrement de la salle nue et froide où toussait ce pauvre malade, en qui les yeux seuls brillaient, comme si tout le vœu de vivre s’y était réfugié.