Le caractere de la poësie du stile a toujours decidé du bon ou du mauvais succès des poëmes, même de ceux qui par leur étenduë semblent dépendre le plus de l’oeconomie du plan, de la distribution de l’action et de la décence des moeurs.
C’est ce que nous appellons être general dans l’action.
La réputation des jurisconsultes romains était fondée sur leur cavere ; répondre sur le droit, ce n’était pour eux autre chose que précautionner les consultants, et les préparer à circonstancier devant les tribunaux le cas contesté de manière que les formules d’action s’y rapportassent de point en point, et que le préteur ne pût refuser de les appliquer.
C’est qu’ils sont eux-mêmes des hommes publics, engagés dans l’action, ayant part au gouvernement, instruits par l’expérience quotidienne et personnelle. […] « Le pouvoir absolu, dit l’une d’elles, est une maladie mortelle qui, en corrompant insensiblement les qualités morales, finit par détruire les États… Les actions des souverains sont soumises à la censure de leurs propres sujets comme à celle de l’univers… La France est détruite, si l’administration présente subsiste530. » — Lorsque, sous Louis XVI, une nouvelle administration avance et retire des velléités de réformes, leur critique demeure aussi ferme. « Enfance, faiblesse, inconséquence continuelle « écrit une autre531, nous changeons sans cesse et pour être plus mal que nous n’étions d’abord. […] Les paroles sont devenues des actions, et tous les cœurs sensibles vantent avec transport un mémoire que l’humanité anime et qui paraît plein de talent, parce qu’il est plein d’âme ».
D’ailleurs, en admettant qu’un jury, sauvage appréciateur des circonstances, de l’urgence, de la pitié du misérable, l’eût condamné à cinq ans de travaux forcés pour cette bonne action d’un oncle devenu un moment fou de miséricorde pour sa famille, quand la loi de 1795 ne le condamnait qu’à un an de prison ; quand on l’aurait ensuite condamné à mort pour le vol d’une pièce de quarante sous à un enfant qui n’avait de témoin que ses larmes ; quand toutes ces pénalités romanesques seraient aussi vraies qu’elles sont heureusement fausses, y avait-il là quelque chose qui fût de nature à changer en bête féroce un pauvre homme injustement condamné, et à en faire un assassin d’occasion du seul homme de Dieu qu’il eût rencontré à son premier pas sur sa route, l’évêque de Digne ? […] Mais voilà un homme qui a commis une faute plutôt qu’un crime, à bonne intention, et qui devrait être fier de son innocence foncière et des cinq ans de peine infligés à sa bonne action ; le voilà qui, après s’être nourri dix-neuf ans de son venin, s’échappe de ses fers et rentre dans le monde de la liberté. […] Remplissaient est bien le mot, et certes cette journée de l’évêque était bien pleine jusqu’aux bords de bonnes pensées, de bonnes paroles et de bonnes actions.
Quoique leurs talents, aussi supérieurs chez l’orateur romain que chez le poëte et le prosateur français, fussent d’un ordre très-différent, ils se ressemblent plus qu’on ne pense par ces trois caractères de leur génie : la justesse, l’universalité et l’action. […] Cette œuvre lui fit plus de renommée et plus d’ennemis, il irritait l’envie, au lieu de la désarmer ; il n’était point méchant, mais il avait ces malignités spirituelles de l’épigramme, petite monnaie de la repartie, qui font plus d’ennemis que des perversités en action. […] Son intarissable gaieté d’esprit attestait la constante sérénité de son cœur ; c’était l’optimisme en action ; pas une heure morose n’assombrissait sa vie.
Elle ne sera plus épique ; l’homme a trop vécu, trop réfléchi pour se laisser amuser, intéresser par les longs écrits de l’épopée, et l’expérience a détruit sa foi aux merveilles dont le poème épique enchantait sa crédulité ; elle ne sera plus dramatique ; parce que la scène de la vie réelle a, dans nos temps de liberté et d’action politique, un intérêt plus pressant, plus réel et plus intime que la scène du théâtre ; parce que les classes élevées de la société ne vont plus au théâtre pour être émues, mais pour juger ; parce que la société est devenue critique de naïve qu’elle était. […] Non sans doute ; elle aura plus de vie, plus d’intensité, plus d’action qu’elle n’en eut encore ! […] Mais quelle qu’ait été, quelle que puisse être encore la diversité de ces impressions jetées par la nature dans mon âme, et par mon âme dans mes vers, le fond en fut toujours un profond instinct de la divinité dans toutes choses ; une vive évidence, une intuition plus ou moins éclatante de l’existence et de l’action de Dieu dans la création matérielle et dans l’humanité pensante ; une conviction ferme et inébranlable que Dieu était le dernier mot de tout !
Les années de discordes et de misères qui chez nous retrempèrent l’énergie des âmes, les disposèrent à se faire un catholicisme viril, dur, ascétique, qui, demandant beaucoup à l’homme, lui rendit beaucoup en profondeur d’émotion et en force pour l’action. […] Si donc on traite la religion comme un fait, les miracles, les évangiles comme des faits, la raison, critiquant ces réalités sensibles, pourra y faire apparaître avec évidence un élément surnaturel et surhumain : l’action divine, insaisissable en elle-même, sera atteinte dans ses manifestations historiques. […] C’est qu’avec la précision de son génie scientifique, Pascal ne nous montre aucun objet, qu’il ne lui ait arraché le secret de son essence intime, et qu’il n’ait suivi, aussi loin que la pensée peut aller, l’action qui en rayonne à travers l’infinité de la nature.
» et cette fois la volonté était toute puissante, car c’était la volonté d’un roi. » Ensuite il parlait d’une quantité de choses à propos de cette action en trois actes, — c’est le mot qu’il substitue à celui d’opéra, — il revenait sur le temps de son séjour chez nous et se félicitait chaudement de l’insuccès de Tannhaeuser : langage bien différent de celui qu’il tiendra plus tard dans ses causeries avec madame Judith Gautier et dans sa lettre à M. […] Wagner a rêvé d’une chimère en croyant qu’il étendrait indéfiniment la sphère d’action de la musique ; et ni lui ni personne n’y saurait réussir. […] Pour dominer ainsi les exigences harmoniques, associer ces rythmes brisés, fondre ces modulations féroces, fusionner enfin en un cristal unique tous ces cristaux partiels si dissemblables, il faut non seulement une volonté de fer, mais aussi une pénétration inouïe des ressources inhérentes à chaque élément de l’action.
Et cependant, cette histoire, individuellement dramatique, pouvait s’ouvrir à plus larges battants, et l’action du premier Guise se produire sur un grand fond qui n’est pas ici, et qui devait être le tableau complet, moral et intellectuel de l’Europe. […] Forneron continue d’être, vis-à-vis de l’action et du gouvernement de Philippe II, l’homme moderne qui ne voit que les fautes et que les abus de ce gouvernement. […] Il eut son Inquisition, son Inquisition espagnole contre l’Inquisition romaine, et cette Inquisition fut sans cesse, dans son action, ses jugements et sa procédure, en opposition avec l’Inquisition romaine, et, au détriment et presque au déshonneur de l’Inquisition romaine, fit prendre l’une pour l’autre par l’Opinion, — cette sorte d’Opinion publique qui ne sait rien et confond tout.
Car, homme d’action surtout et voulant agir immédiatement, il cherchait quelque chose avec quoi il pût agir. […] Le catholicisme peut prendre en sa main la cause de tous les peuples opprimés et à tous donner un point d’appui central, extérieur à eux, et les soutenir les uns par les autres et les réunir dans une action commune. […] Jeté dans l’action, il faudra qu’il dise, et un peu qu’il sache, avec qui il est dans la grande mêlée des partis, religieux et philosophiques. […] Il l’avait cru trouver dans l’action de Dieu sur le monde, ou, au moins, dans l’action sur le monde de l’idée que le monde se fait de Dieu. […] A mesure que le travail physiologique est plus divisé dans un être, l’être est plus parfait, comme on dit, et, disons simplement, est plus propre à l’acte et possède une plus grande sphère d’action.
Nous avons affaire à un homme uniquement de parole et d’action, qui, par la parole et par l’action, a fondé la République. […] Il avait de l’action sur les hommes par sa cordialité et son don inouï d’être sympathique de prime abord ; il avait de l’action sur les hommes par sa bonté vraie, profondément vraie, et par son ardent patriotisme ; mais avec cela on est aimé, et rien de plus, ce qui du reste est quelque chose. […] Le pouvoir est une volonté commune à un groupe social assez nombreux pour avoir de l’action sur la foule. […] Après tout, dans sa retraite boudeuse, ce n’est pas tant le pouvoir que regrettait amèrement Bismarck, c’était l’action. […] L’esthète anglais est le rejeton d’une race robuste, sanguine, pratique, éminemment faite pour l’action et pour l’action démesurément énergique.
Grâce aux documents conservés et par des procédés exacts de reconstruction méthodique, nous pouvons aujourd’hui supprimer la distance du temps, nous représenter en spécimens plus ou moins nombreux le Français ou l’Anglais du dix-septième siècle ou du moyen âge, l’ancien Romain, et même l’Indou de l’époque bouddhique, nous figurer sa vie privée, publique, industrielle, agricole, politique, religieuse, philosophique, littéraire, bref, faire la psychologie descriptive de son état moral et mental et l’analyse circonstanciée de son milieu physique et social, puis de ces éléments passer à des éléments plus simples encore, démêler les aptitudes et les tendances qui se retrouvent efficaces et prépondérantes dans toutes les démarches de son esprit et de son cœur, noter les conceptions d’ensemble qui déterminent tout le détail de ses idées, marquer les inclinations générales qui déterminent le sens de toutes ses actions, bref, distinguer les forces primordiales qui, présentes et agissantes à chaque moment de la vie de chaque individu, impriment au groupe total, c’est-à-dire à la société et au siècle, les caractères que l’observation lui a reconnus115. […] Ainsi Laplace admet que notre système était d’abord une immense nébuleuse épandue autour d’un noyau central116 ; que cette vaste atmosphère, condensée par le refroidissement, s’est divisée en zones de vapeur concentriques semblables aux anneaux de Saturne ; que, par une condensation et un refroidissement ultérieurs, ces zones se sont ramassées en planètes gazeuses, puis liquides, puis solides ; et, de cette condensation graduelle jointe à la loi de la gravitation, il déduit, par un ajustement merveilleux, les principaux caractères et même les particularités singulières que notre système présente aujourd’hui. — Reprenant la supposition au point où Laplace la laisse, les géologues suivent avec vraisemblance l’épaississement de la croûte terrestre, et, d’époque en époque, avec des lacunes de moins en moins grandes, ils expliquent le dépôt et la superposition des couches, leurs soulèvements partiels, leurs érosions, leurs ruptures, la disposition présente de nos continents et de nos mers, par le jeu prolongé des forces minérales ou organiques au milieu desquelles maintenant encore nous vivons117. — À côté d’eux, les minéralogistes et les chimistes ; leurs auxiliaires, voient des roches et des amalgames semblables à ceux que présentent les terrains se former sous leurs mains ou sous leurs yeux, par des actions lentes, par un échauffement prolongé, par une compression continue, par des additions moléculaires118, et, des procédés qu’ils constatent aujourd’hui dans leur petit laboratoire artificiel, ils concluent, avec les précautions convenables, aux procédés analogues par lesquels l’amalgame et la roche se sont faits jadis dans le grand laboratoire naturel. […] Soit un couple quelconque de données quelconques ; sitôt qu’elles sont effectivement liées, il y a une raison, un parce que, un intermédiaire qui explique, démontre et nécessite leur liaison. — Cela est vrai pour les cas ou couples de données particulières, comme pour les lois proprement dites ou couples de données générales ; il y a une raison pour la chute de cette feuille qui vient de tomber tout à l’heure et pour la gravitation de toutes les planètes vers le soleil, pour la rosée de cette nuit et pour la liquéfaction de toute vapeur, pour le battement de pouls que je constate sur mon poignet en ce moment même et pour la présence d’une fonction ou d’un appareil quelconque dans un être vivant quelconque. — Cela est vrai pour les lois dans lesquelles la première donnée est un composé plus complexe, comme pour les lois dans lesquelles la première donnée est un composé plus simple ; il y a une raison pour les actions totales d’une société humaine et pour les actions individuelles de ses membres, pour les propriétés d’un composé chimique et pour les propriétés de ses substances constituantes, pour les effets d’une machine et pour les effets de ses rouages. — Cela est aussi vrai pour les lois qui concernent les composés mentaux que pour les lois qui concernent les composés réels ; il y a une raison pour les propriétés de l’ellipse ou du cylindre comme pour les propriétés de l’eau ou du granit. — Cela est aussi vrai pour les lois qui régissent la formation d’un composé que pour celles qui lui rattachent ses caractères ; il y a une raison pour la formation comme pour les propriétés d’une planète ou d’une espèce. — Mais le point le plus remarquable, c’est que cela est aussi vrai pour les lois dont l’explication nous manque que pour celles dont nous avons aujourd’hui l’explication. […] Bien mieux, nous indiquons d’avance l’emplacement et les traits principaux de l’intermédiaire qui nous échappe encore. — Nous admettons que, si deux masses s’attirent, c’est en vertu d’un caractère plus simple et plus général, inclus dans le groupe des caractères qui constituent ces masses, tel que serait une impulsion incessamment répétée, laquelle à chaque instant surajouterait un effet à l’effet précédent, ce qu’on exprime en disant que l’attraction est une force dont l’action n’est pas instantanée mais continue, ce qui permet de concevoir la vitesse de la masse tombante comme la somme de toutes les vitesses acquises depuis le premier instant de sa chute, ce qui a conduit quelques physiciens à expliquer l’attraction de deux masses par la poussée continue d’un éther environnant. — Nous admettons que, si l’oxygène présente tels ou tels caractères, c’est en vertu de caractères plus généraux et plus simples qui appartiennent à ses éléments, et qui sont les masses, les distances, les mouvements intestins de ses atomes composants. — Nous admettons que, si un liquide sans forme s’organise en une cellule, c’est grâce aux réactions mutuelles et à l’état antérieur des particules très compliquées dont il est l’ensemble, et que, si autrefois notre nébuleuse est née, c’est grâce aux forces de ses molécules et à l’influence d’un état antérieur que, même par conjecture, nous ne pouvons nous représenter. — À nos yeux, dans tous ces couples, non seulement l’intermédiaire explicatif et démonstratif existe, quoiqu’il se dérobe à nos prises ; mais encore il est un caractère plus général et plus simple que la première donnée du couple, il est inclus en elle, il appartient à ses éléments, et les propriétés de cette première donnée, aussi bien que sa naissance, ont pour dernière raison d’être les caractères et l’état antérieur de ses derniers éléments.
Je trouve la dénomination un peu petite, pour un esprit de la grandeur du vôtre. » À quoi, il répond, en parlant de l’action de Voltaire à Ferney, de l’action de Goethe à Weimar, et de l’indépendance littéraire, qui fait en dehors des centres de population, dans les petits coins. […] Là-dessus, à la suite de son père, le jeune Daudet déclare sans respect pour les théories de Zola, que la symphonie est la seule forme haute de la musique, et professe très éloquemment, que la musique ne doit avoir qu’une action auditive, et donner un plaisir des sens, s’étend sur Beethoven, et en parle un long temps en passionné, un long temps, pendant lequel Zola garde le silence… au bout de quoi, après un profond soupir, et avec la voix presque plaintive d’un enfant, il laisse tomber : « Pourquoi voulez-vous contrarier mon projet d’opéra ? […] Puisque j’intente action contre Poëris et Phtônis son frère, je demande qu’ils soient cités devant toi, et qu’après mûr examen, on rende la décision convenable. […] Dubreuilh comptant les mille premiers mots de Manette Salomon, répartis en sept groupes : Êtres et Choses (substantifs et prénoms), Qualités (adjectifs qualificatifs), Déterminations, Actions, Modifications, Relations, Connexions, Interjections, et les rapprochant des premiers mille mots du Discours de la méthode, de Descartes, des premiers mille mots de l’Esprit des lois, de Montesquieu, des premiers mille mots de Télémaque, de Fénelon, etc., etc., me trouve beaucoup plus riche en Déterminations (adjectifs et articles) qu’en Connexions (les mots qui servent à lier les êtres et les choses) et déclarant que je suis l’écrivain qui s’éloigne le plus de Descartes, il me classe, en la haute et respectable compagnie de Bossuet et de Chateaubriand.
Quintilien, analysant avec une conscience scrupuleuse, et souvent avec une rare pénétration, tous les exercices qui forment un orateur, passe vingt fois à côté de la parole intérieure sans la remarquer11 ; il ne l’aperçoit ni dans la lecture, ni dans l’action d’écrire, ni dans la méditation, et, s’il y fait enfin une allusion quand il recommande de s’exercer en silence à l’improvisation, il semble croire que l’esprit peut à volonté se passer de la parole intérieure ou s’en servir ; car il conseille de la provoquer quand nous n’avons rien de mieux à faire12. […] A côté du langage audible, seul propre à l’expression des idées générales, spirituelles et morales, il y a le langage visible des gestes, ou « langage d’action », auquel correspond, dans la vie intérieure de l’âme, la succession des images, et qui n’exprime que les idées matérielles et particulières ; ne pouvant exprimer l’idée de l’être et ses temps, il ne peut renfermer aucun verbe. […] Ensuite, de même que nous n’avons aucun pouvoir sur nos sensations, nous n’en avons presque aucun sur le souvenir de nos sensations ; au contraire, « nous exerçons un empire absolu sur nos organes moteurs », en particulier sur les organes de la phonation ; or la parole intérieure est tout autant « à notre disposition » que la parole extérieure ; elle suit donc la loi de la parole extérieure au lieu de suivre celle des autres souvenirs sensibles95. — A cette double anomalie, Cardaillac propose une explication que nous ne pouvons, comme lui, trouver « satisfaisante » : notre parole extérieure est un mouvement dont un son résulte ; le son et le mouvement sont liés dans nos habitudes par une association invétérée ; au lieu de vouloir fermement parler tout haut, « modérons l’action de la volonté » : nous parlerons tout bas, le larynx restant immobile, et en même temps se réveillera en nous le souvenir des sons que nous aurions pu émettre au dehors ; si la volonté de parler est encore plus modérée, nous n’éprouverons, tandis que nous entendrons toujours la parole intérieure, qu’un très léger « frémissement » de l’organe vocal ; ainsi la parole, même intérieure, participe aux lois du mouvement, parce qu’elle est l’effet habituel d’un mouvement96. […] L’habitude de parler intérieurement serait donc une synthèse de deux habitudes, l’habitude de la parole et l’habitude du silence, et celle-ci serait une conquête de la volonté sur la nature, tandis que la première serait un instinct confirmé par la volonté. — Faut-il croire que l’action seule est naturelle à l’homme et qu’il crée son imagination, sa mémoire des sensations ? […] Maspero nous signale, avec ce fait linguistique, l’existence d’un document égyptien inédit qui traduit aux yeux cette métaphore du langage : l’action de réfléchir est représentée par un homme qui fait la conversation avec son âme placée en face de lui. — Dans la langue polynésienne, penser est parler dans l’estomac (Max Müller, Nouv. leçons sur la science du langage, 2e leçon, p. 92).
Si votre fils, soumis à votre puissance, a commis un délit, l’action en justice est donnée contre vous. […] Il reste à chercher quelle a été l’action de ces croyances sur la morale dans les sociétés primitives. […] Elle est présente, comme la conscience même, à ses moindres actions. […] Elle, réglait toutes les actions de l’homme, disposait de tous les instants de sa vie, fixait toutes ses habitudes. […] Ils voulaient dire que leurs lois n’avaient de valeur et d’action qu’entre membres d’une même cité.
Mais elle le remet ensuite et oblige Saint-Preux à s’absenter deux jours pour une bonne action qu’il serait inutile de vous expliquer. […] Je n’ai considéré que l’action même du roman, — « l’histoire ». […] L’action est simple ; les situations et les faits y sont produits par les sentiments […] Il faut substituer la loi à l’homme ; armer les volontés générales d’une force réelle, supérieure à l’action de toute volonté particulière. […] Et voici pour l’homme : — L’homme est libre dans ses actions et, comme tel, animé d’une substance immatérielle.
Au premier aspect, le Don Juan de Byron ne paraît être qu’un jeune homme amoureux du plaisir et de l’action. […] Les deux poètes russes que je viens de nommer ont exercé sur la jeunesse de leur temps une action profonde, le dernier surtout. […] Cette action était facilitée par des souvenirs vivaces de haine contre l’Empire. […] Ironique action de grâces envers la Providence ! […] On voit donc en lui un nouvel exemple de l’action dissolvante du siècle sur la fermeté des croyances et sur la solidité des convictions.
L’action, — et ici l’action c’est l’évolution de caractère, — n’y fait pas un pas. […] … Pour prix de votre action d’éclat, Au baiser daignez joindre un petit chocolat. […] L’action vous prend presque dès le début de votre petite affaire, et il faut la suivre ventre k terre. […] On comprend au développement donné à l’analyse du caractère de Bouif que Bouif aura une énorme importance dans l’action. […] Nous critiquons leurs scènes épisodiques, leurs scènes sans rapport à l’action, etc., etc.
Ce dialogue impétueux, tout nourri d’action, tout éclatant d’images suggestives, n’est-ce pas celui des Sept Chefs ? […] Dès 1897, il groupait, dans un livre intitulé Vers la Pensée et vers l’Action, quelques chants inédits, au milieu desquels s’élève ce noble cri de tendresse et d’admiration : Aux Femmes d’Alsace. […] C’est qu’il avait trouvé à Marseille un champ d’action, et qu’il lui répugnait de le quitter. […] Mais n’allons point fausser le sens d’une vie qui fut avant tout d’action et d’effort, en permettant à nos regrets mal dirigés d’y agrandir, sans que Jouffret nous l’ait permis, la part du rêve. […] La même éducation formait d’ailleurs, je me hâte de le reconnaître, des pédagogues décidés, des esprits agiles, au sens latin du mot, c’est-à-dire enchantés d’exercer leur action, et dogmatiques « avec délices ».
La première est une ouverture si étroite que je n’eusse pu jamais m’étriquer assez pour y passer ; la seconde, je l’ai toujours haïe : il y avait de la boue même à l’entrée1143. » Les bas métiers oppriment l’âme encore plus que le corps : l’homme y périt et il est obligé d’y périr ; il faut qu’il ne reste de lui qu’une machine ; car dans cette action où tout est monotone, où tout le long de la longue journée les bras lèvent le même fléau et enfoncent la même charrue, si la pensée ne prend pas ce mouvement uniforme, l’ouvrage est mal fait. […] Notez qu’il ne se réduisit pas aux rêveries platoniques ; il fut leste d’actions et aussi de paroles ; la gaudriole perce volontiers dans ses poésies. […] Les costumes, les paysages, les dehors sont seuls exacts ; actions, discours, sentiments, tout le reste est civilisé, embelli, arrangé à la moderne. […] Il n’a pas besoin, pour être ému, de spectacles splendides ni d’actions extraordinaires. […] On apprend par Wordsworth et par Byron, par le protestantisme approfondi1236 et par le scepticisme institué, que, dans cet établissement sacré que le cant protége, il y a matière à réforme ou à révolte ; qu’on peut trouver des valeurs morales autres que celles que la loi timbre et que l’opinion reçoit ; qu’en dehors des confessions officielles, il y a des vérités ; qu’en dehors des conditions respectées, il y a des grandeurs ; qu’en dehors des situations régulières, il y a des vertus ; que la grandeur est dans le cœur et dans le génie, et que tout le reste, actions et croyances, est subalterne.
Lorsqu’on lit les réflexions et fragments de cet autre généreux écrivain enlevé comme lui dès le début, de Vauvenargues, et qu’on en pénètre l’esprit, l’inspiration secrète, on voit certes un homme de pensée, mais on reconnaît encore plus un homme de caractère et d’action qui a manqué sa destinée et qui en souffre. Vauvenargues, ou l’homme d’action mutilé et étouffé, ce point de vue serait à développer et, je crois, ne serait qu’exact.
., etc ; et dont voici le sens : Tandis que Duclos raconte les grandes actions de Louis XI, les femmes sont sous le charme, suspendues à son doux langage. […] Parlant des insultes de nos côtes, de la descente des Anglais en Bretagne et du combat de Saint-Cast, où ils furent vaillamment rejetés à la mer (septembre 1758), Duclos, après avoir cité quelques actions glorieuses de cette journée toute bretonne et toute française, ajoute avec une vigueur d’ironie patriotique : « On vit dans cette occasion ce que peut la persuasion la plus légère d’avoir une patrie. » Dans cet examen rapide de Duclos historien, mon intention n’a pas été de diminuer l’idée qu’on doit avoir de son esprit, mais seulement de bien montrer à quoi s’est réduit son travail.
M. de Choiseul était loin de se douter qu’il faisait cette belle action en y plaçant Saint-Martin ; mais celui-ci a toujours regardé le ministre comme le premier instrument de son bonheur. […] Le maréchal de Richelieu, la marquise de Coislin, le duc de Bouillon, la duchesse de Bourbon, le duc d’Orléans (Égalité), quantité de princes russes, tout ce monde aristocratique aimait à connaître, à rencontrer M. de Saint-Martin, homme de qualité, ancien militaire et, vers la fin, chevalier de Saint-Louis, très protégé des Montbarrey ; et Saint-Martin, doux, poli, curieux, naïf, toujours digne pourtant, s’y prêtait, sans s’exagérer auprès d’eux son genre d’action et d’influence : « J’abhorre l’esprit du monde, disait-il, et cependant j’aime le monde et la société ; voilà où les trois quarts et demi de mes juges se sont trompés. » Il y a un très joli mot de lui sur les gens du monde qu’il faut prendre au vol pour les convertir : Les gens des grandes villes et surtout des villes de plaisir et de frivolité comme Paris, sont des êtres qu’il faudrait en quelque sorte tirer à la volée, si l’on voulait les atteindre.
Généraux d’armée ou chefs de parti, tous les Antoines qui changent de manœuvre au milieu de l’action pour suivre la galère d’une Cléopâtre se font mépriser. […] Tous deux sont blasés, et expriment ce fond d’ennui dont ils sont pleins, sous la forme d’un petit livre qui reste leur chef-d’œuvre : mais l’un, grand artiste, ajoute à son ennui la flamme, et l’on a René ; l’autre y met de son ennui et de sa tristesse partout, et l’on a Adolphe, qui, pour les connaisseurs psychologues, ne le cède pourtant point à l’autre, mais qui n’a ni l’action sur le public ni le prestige.
Tout peut se dire ; toutes les opinions sincères ont le droit de sortir et de s’exprimer ; il y a, certes, lieu pour des critiques doctes et fins de disserter longuement et de faire mainte distinction à propos d’Horace Vernet ; mais le ton de Gustave Planche parlant d’un homme de ce talent et de cette renommée, d’un homme de ce passé et de cet avenir, qui était à la veille de se développer de plus en plus, et qui allait nous traduire aux yeux notre guerre d’Afrique, nous montrer notre jeune armée en action, à l’œuvre, dans sa physionomie toute moderne et expressive, ce ton est d’une insolence et d’une fatuité vraiment ineffables : « À ne peser que les cendres de sa gloire, s’écrie-t-il, nous les trouvons légères, et nous les jetons au vent ! […] Ce n’est pas de la poésie, si vous voulez ; mais c’est de la prose facile, rapide, presque de l’action, comme dit M.
Ce contraste du roi le plus sombre et le plus despotique, maître de tant de royaumes, et du cœur républicain le plus brûlant, le plus épanoui, le plus vaste, battant pour toute l’humanité et enveloppant dans son amour le monde entier, avec toutes les races futures, visant à réaliser au plus tôt le bonheur de l’espèce ou par le fils, le royal héritier de tant de sceptres, ou directement par le père même dès qu’il se flatte d’avoir action et prise sur lui, ce contraste une fois admis amenait des scènes d’un grand effet et d’une beauté morale saisissante, toujours à la condition de se laisser enfermer dans le cercle magique du poète. […] Cet acte qu’on possède témoigne, de sa part, de sentiments honorables et meilleurs que ses actions : ce n’étaient pas les bons mouvements qui manquaient à ce malheureux prince, mais c’était la suite, la force de les régler, de tempérer ses impatiences et de réprimer ses penchants vicieux : il était en tout d’une organisation instable, défectueuse.
Toujours alerte, infatigable, se montrer partout, paraître et disparaître, se diviser, se rejoindre, se multiplier comme par enchantement ; à la tête d’une vaillante élite, simuler le nombre, décupler le chiffre par la qualité et la vélocité ; en couvrant les siens, en les éclairant, tromper l’ennemi, lui donner le change, lui faire craindre un piège, lui faire croire qu’on est appuyé ; dans les retraites profiter des moindres replis, d’un ruisseau, d’un mur, du moindre obstacle, pour le chicaner, pour le retarder, « pour l’obliger à mettre trois ou quatre heures à faire une lieue de chemin » ; victorieux, le soir ou le lendemain des grandes journées, fondre et donner sans répit, à bride abattue, s’imposer à force d’assurance, et avec une poignée de braves ramasser des colonnes entières d’infanterie, les ramener prisonnières ; à chaque instant, à nouveaux frais, sur un échiquier nouveau, proportionner son jeu à l’action voulue, y faire des prodiges de coup d’œil, d’adresse, de tactique non moins que d’élan et d’intrépidité : — si tel est le rôle d’un parfait officier de cavalerie légère, nul n’y surpassa Franceschi. […] « Le maréchal Soult demandait au roi d’Espagne de manœuvrer avec ses forces réunies devant lord Wellington, de manière à le tenir en échec, mais sans hasarder une action sérieuse, jusqu’à ce que l’armée du maréchal fût en mesure d’attaquer l’armée anglaise par son flanc gauche et ses derrières, sur la rive droite du Tage, et de lui couper toute retraite.
Ampère un personnage littéraire très-caractérisé, un maître très à part en critique, et, pour ainsi dire, une méthode en action. […] Parmi les actions les plus directes qui ont de bonne heure pénétré dans le talent et la méthode critique de M.
On peut soupçonner toutefois qu’en y rattachant si expressément en tête le nom assez disparate du roi de Prusse, en serrant de près avec une exactitude sévère le règne de ce champion si empressé de la coalition, qui fut le premier à rengainer l’épée et à déserter dans l’action ses alliés compromis, M. de Ségur prenait à sa manière, et comme il lui convenait, sa revanche de la non-réussite de Berlin. […] Ce fut à coup sûr une noble action que de se refuser à quelques instances plus pressantes ; le libraire-éditeur ne lui demandait qu’un quatrième volume qu’il aurait intitulé Empire.
Il est visible que dans l’Heptaméron l’intérêt ne va pas surtout aux actions, mais aux mobiles, aux antécédents intérieurs des actions.
L’action, que j’abrège fort, est simple, grande et poignante, et les principaux états d’esprit qu’a dû engendrer la rencontre des deux religions y sont tous représentés. […] Et le caractère de cet enfant se marque plus clairement par le voisinage d’un autre enfant doué de qualités différentes, mieux armé pour la lutte et pour l’action : le petit Fontanet, « ingénieux comme Ulysse », si malin, si déluré, si débrouillard, qui deviendra « avocat, conseiller général, administrateur de diverses compagnies, député ».
Mais enfin l’amour fait le principal intérêt des histoires qu’il écrit ; l’amour y inspire des actions extraordinaires, et ses héros et ses héroïnes sont les plus distingués que puisse concevoir l’imagination des femmes et dos adolescents. […] Et, si ce sont là actions pures, au moins nous avons vécu pendant une heure au milieu d’une humanité plus belle et plus noble, ce qui est un grand plaisir pour ceux qui n’aiment pas la réalité ou qui ne savent pas la voir.
Grâce à l’amitié qu’il garda constamment à sa sœur, on lui fit honneur des actions les plus personnelles de Marguerite, et on put croire qu’il approuvait tout ce qu’il ne désavouait pas. […] Quand notre aimable veuve ne prêche pas, ce qui lui arrive trop souvent, et qu’elle ne fait que tirer de ces récits des leçons de conduite mondaine, rien de plus neuf dans les lettres françaises que ces premières applications de la morale universelle au jugement des caractères et des actions.
La philosophie pure n’a pas exercé d’action bien immédiate sur la marche de l’humanité avant le XVIIIe siècle, et il est beaucoup plus vrai de dire que les époques historiques font les philosophies qu’il ne l’est de dire que les philosophies font les époques. […] Retenez bien au moins que les théories du progrès sont inconciliables avec la vieille théodicée, qu’elles n’ont de sens qu’en attribuant à l’esprit humain une action divine, en admettant en un mot comme puissance primordiale dans le monde le pouvoir réformateur de l’esprit.
Les nombreuses lois sur la presse qui se sont succédé dans nos codes sont de la sorte assez différentes ; mais quiconque voudra faire l’histoire de la littérature en France au xixe siècle devra les examiner de près, car elles ont exercé une action considérable sur le journalisme et, par le journalisme, sur la production littéraire. […] Elles sont toutes modernes ; la première, si je ne me trompe, date de 1791 ; leur action n’a donc pu se faire sentir qu’en notre siècle.
Mais si la littérature a de la sorte agi sur la vie du monde, elle en a bien davantage subi l’action ; elle doit même à cette influence un de ses caractères essentiels durant toute notre période classique. La cour, les ruelles, les salons, par qui cette action s’exerce, sont toujours le rendez-vous d’une société triée ; aristocratie de naissance, aristocratie de fortune, aristocratie de talent s’y rencontrent et y fraternisent.
Dès son premier ouvrage, le caractère de Lesage se dessine à merveille ; c’est du La Bruyère en scène et en action, sans trace d’effort. […] Toutes ces scènes chez l’archevêque sont admirables de naturel, et respirent une douce comédie insensiblement mêlée à toutes les actions de la vie.
Notre théâtre est devenu non seulement le témoignage éclatant de tout le dévergondage et de toute la démence auxquels l’esprit humain peut se livrer quand il est abandonné sans aucun frein, mais il est devenu encore une école de débauche, une école de crimes, et une école qui fait des disciples que l’on revoit ensuite sur les bancs des cours d’assises attester par leur langage, après l’avoir prouvé par leurs actions, et la profonde dégradation de leur intelligence et la profonde dépravation de leurs âmes. […] Depuis lors M. de Broglie était rentré au sein de ce qu’on pouvait appeler la plus honorable retraite, et il ne reparut qu’à de rares moments dans l’action politique.
Il en faisait une petite pièce, une parade en action, s’agitant, se démenant, dialoguant chaque scène avec la gentillesse la plus naïve, faisant accepter les libertés et les indécences, même de Mme Necker, même de Mme Geoffrin. […] Non, il ne disait pas de bêtises ; mais, à Naples, le genre de talent qu’il avait au plus haut degré était plus commun ; on y remarquait moins le jeu, l’action, chose plus habituelle, et on ne savait pas y discerner tout ce que Galiani mettait là-dessous d’excellent et d’unique.
En vérité, ses sentiments ont quelque chose de si divin, que je ne puis y penser sans être en de continuelles actions de grâces : et la marque du doigt de Dieu, c’est la force et l’humilité qui accompagnent toutes ses pensées ; c’est l’ouvrage du Saint-Esprit… cela me ravit et me confond ; je parle, et elle fait ; j’ai les discours, elle a les œuvres. […] Qu’on juge de l’attente en pareille occasion : Cette belle et courageuse personne, écrit Mme de Sévigné, fit cette action comme toutes les autres de sa vie, d’une manière noble et charmante : elle était d’une beauté qui surprit tout le monde ; mais ce qui vous étonnera, c’est que le sermon de M. de Condom (Bossuet) ne fut point aussi divin qu’on l’espérait.
Cette action, quoique inconsidérée, me paraissant partir d’un bon cœur (c’est-à-dire d’un généreux cœur), qui ne peut souffrir d’injures, fit plus d’effet sur moi que le conseil de mes amis et le secours que le cardinal me donnait. […] Il demande et obtient une audience de Louis XIV pour se justifier dans son esprit : Il me donna, dit-il de ce roi, une audience très favorable ; je lui rendis compte de toute ma vie, et je finis par la grâce que je lui demandais, de juger de moi par mes actions seulement, et non par le rapport de mes ennemis.
Pour qui n’a eu d’autre action que celle de l’esprit, la tombe est l’élimination de l’obstacle. […] Un jeune homme de vingt ans fait cette action héroïque d’épouser une belle jeune fille ; on lui dresse des arcs de triomphe, on vient le voir par curiosité, on lui envoie le grand-cordon comme le lendemain d’une bataille, on couvre les places publiques de feux d’artifice, des gens qui pourraient avoir des barbes blanches mettent des perruques pour venir le haranguer presque à genoux, on jette en l’air des millions sterling en fusées et en pétards aux applaudissements d’une multitude en haillons, qui ne mangera pas demain ; le Lancashire affamé fait pendant à la noce ; on s’extasie, on tire le canon, on sonne les cloches, Rule, Britannia !
Sans ce frein, je les regarderai comme des animaux féroces qui, à la vérité, ne me mangeront pas quand ils sortiront d’un long repas, et qu’ils digéreront doucement sur un canapé avec leurs maîtresses, mais qui certainement me mangeront, s’ils me rencontrent sous leurs griffes quand ils auront faim, et qui, après m’avoir mangé, ne croiront pas seulement avoir fait une mauvaise action. » (Tom. […] Les moralités qu’on trouve dans Homère sont presque toujours indépendantes de l’action céleste ; c’est une simple réflexion que le poète fait sur l’événement qu’il raconte, ou la catastrophe qu’il décrit.
L’éloquence dans les livres est à peu près comme la musique sur le papier, muette, nulle, et sans vie ; elle y perd du moins sa plus grande force ; et elle a besoin de l’action pour se déployer. […] L’effet du sentiment en nous est plus concentré ; celui de l’imagination est plus fait pour se répandre au dehors ; l’action de celle-ci est plus violente et plus courte, celle du sentiment est plus forte et plus constante.
Nuls comparses, nulle action étrangère, nulle thèse. […] Pour exercer sur les hommes une action bienfaisante, il faut être homme soi-même, avant tout ; il faut avoir vécu pour connaître la vie, et mille Sommes de Thomas d’Aquin ne sauraient remplacer une heure d’existence réelle.
Là, plus qu’ailleurs, se sont marqués les rapides contrecoups de la France sur l’imagination et la pensée des hommes : d’abord, l’action des lettres françaises et de cette liberté spéculative reçue avec tant d’ardeur par les Italiens, depuis le noble philanthrope Beccaria jusqu’au noble poëte Alfieri ; bientôt après, un sentiment tout opposé, l’inquiétude, la résistance, soulevées dans quelques âmes du moins par les instincts de liberté et de justice contre le despotisme de la conquête et de l’opinion ; enfin, comme un dédommagement de tout, l’association plus ou moins apparente ou réelle du peuple assujetti dans les grandeurs du peuple conquérant assujetti lui-même. […] Quelle en fut l’action sur son cœur et sur son art !
La vie et l’action, voilà tout le théâtre ! […] Elle admirait les héros et les belles dames, les beaux vers et les grandes actions, et elle applaudissait des mains et du cœur. […] Et d’ailleurs, puisque ce bouffon vous faisait envie, pourquoi le séparer de l’action principale ? […] Tantôt elle sépare le récit de l’action, tantôt elle mêle l’action au récit. […] » — Ceci dit, il est impossible de ne pas reconnaître la vivacité et la bonne humeur de l’action comique.
Les étrangers ne l’ignorent pas, et qu’aucune autre ne saurait se vanter d’avoir exercé pendant cent cinquante ans une pareille action dans le monde. […] Et cet endroit inconnu à l’homme dans ses propres actions et dans ses propres démarches, c’est par où Dieu agit, et le ressort qu’il remue. […] Les politiques, les hommes d’action, eux, se rangent plus volontiers à l’hypothèse du Progrès, laquelle en effet à ce grand avantage de mettre dans l’humanité le principe de son mouvement et le terme idéal de son activité. […] Dans ses Pensées sur la comète, il veut, par exemple, établir que les opinions des hommes ne sont pas toujours les règles de leurs actions ; et il en donne sept preuves. […] Il ne faut pas prétendre conformer nos actions à un ordre universel dont nous ne pouvons affirmer l’existence qu’autant que nous le tirons d’une certaine idée que nous nous formons de l’ordre, ce qui est un cercle vicieux.
Gens très utiles, dont la foule ne soupçonne pas l’action efficace, et sur lesquels Eugène Labiche a soulagé copieusement son excessif besoin d’hilarité. […] Ces silhouettes d’arbres et de collines, nous en retrouverons, malgré nous, l’action inévitable dans la trame de nos sentiments, de nos paroles, de nos actions à venir. […] Les phases par lesquelles a passé la conception avant qu’elle devienne action sont là, permanentes. […] François Ier fut poussé par la voix populaire vers des actions héroïques et utiles. […] Dans cette page, qu’anime une généreuse fièvre d’action, ce n’est plus l’auteur qui parle, c’est l’homme même.
Ne l’oublions pas : si l’Italie a pour elle sa beauté, le don inné des arts et le génie impérissable de sa race, nous ne sommes pas déshérités non plus, nous avons l’action, le foyer ardent et les lumières.
Soumet, sur le ton solennel d’un prône ou d’un ordre du jour : « Les lettres sont aujourd’hui comme la politique et la religion ; elles ont leur profession de foi, et c’est en ne méconnaissant plus l’obligation qui leur est imposée que nos écrivains pourront se réunir, comme les prêtres d’un même culte, autour des autels de la vérité ; ils auront aussi leur sainte alliance ; ils n’useront pas à s’attaquer mutuellement des forces destinées à un plus noble usage ; ils voudront que leurs ouvrages soient jugés comme des actions, avant de l’être comme des écrits ; ils ne reculeront jamais devant les conséquences, devant les dangers d’une parole courageuse, et ils se rappelleront que le dieu qui rendait les oracles du temple de Delphes, avait été représenté sortant d’un combat. » Une fois qu’on en venait à un combat dans les formes avec les idées dominantes, on était certain de ne pas vaincre.
Et nous nous disions : Si, au lieu d’une Vie de Napoléon Bonaparte, Walter Scott avait eu l’idée d’écrire un roman historique où ce personnage eût joué un rôle, s’il avait saisi cette occasion pour peindre des scènes de la Révolution française et pour montrer en action quelques-uns des caractères principaux qui s’y rencontrent, il eût fait un ouvrage plus intéressant à coup sûr que son histoire, mais également plein de vues fausses, de descriptions superficielles, et de portraits de fantaisie : et pourtant Walter Scott a eu sur cette période contemporaine autant et plus de renseignements que sur les époques d’Ivanhoë, de Quentin Dthrward, d’Élisabeth, de Cromwell et des Puritains.
On ne trouve donc point, dans les écrits de ce temps, le caractère qu’imprime toujours l’espoir d’être utile, cette juste mesure qui a pour but de déterminer une action, d’amener par la parole un résultat actuel et positif.
L’éclosion, l’organisation de la littérature classique se firent sous son action prolongée à travers le siècle.
Il corrige donc les caractères des dieux, des héros, leurs actions brutales, leurs injurieux discours, la prolixité des descriptions, la négligence des redites, tout ce qui choque la morale, la politesse, le goût d’un siècle éclairé.
Les grandes actions ont leur répercussion jusque dans les intelligences ; et quoi d’étonnant à ce que des événements qui ont bouleversé les destinées nationales modifient également la sensibilité des particuliers ?
Il publia dans ce but « La Supplica, discours familier de Nicolo Barbieri dit Beltrame, adressée à ceux qui, en écrivant ou en parlant, s’occupent des acteurs pour obscurcir les mérites de leurs actions vertueuses ; lecture destinée à ces galants hommes qui ne sont pas critiqueurs de parti pris ni tout à fait sots (1634)27 ».
Toute fable suppose une action.
C’est l’art des sacrifices que doivent arriver à pratiquer à divers degrés tous ceux qui veulent avoir une action sur un public impatient, comme l’est le lecteur en France.
Et il y a sur la toile du peintre, deux, trois, quatre figures semblables ; elles y sont environnées d’une foule d’autres figures d’hommes d’un aussi beau caractère, toutes concourent de la manière la plus grande, la plus simple, la plus vraie, à une action extraordinaire, intéressante ; et rien ne m’appelle, rien ne me parle, rien ne m’arrête !
Un pouvoir, si vigoureux et si intelligent qu’il soit, ne change pas tout à coup, même en France, où son action est plus irrésistible qu’ailleurs, l’âme tout entière d’une époque.