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1653. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Une espèce d’autopsie qui semble aspirer, absorber notre existence, si bien qu’il nous semble ne plus exister de notre vie propre, mais de la vie de l’homme que nous étudions, que nous fouillons, que nous creusons, de l’homme derrière lequel nous emboîtons le pas, entraînés dans le tourbillon de cette activité vagabonde de Juif-Errant d’affaires et d’amour, qui nous fatigue à sa fatigue.

1654. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Le Richelieu du laissez-aller l’écoute, puis lui répond simplement : « Depuis quelque temps, j’étudie beaucoup un philosophe chinois, dont je mets la sagesse en pratique : c’est le philosophe Ye-men-fou. » 5 janvier Dîner Magny.

1655. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Une pièce amusante, des caractères délicatement étudiés, du fin comique, un habile transport des détails et des aspects de la vie intime sur les planches, et une œuvre ne présentant pas de danger.

1656. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Je rentrai silencieux et recueilli, en suivant les bords du fleuve resplendissant sous les palais qui se reflétaient dans ses ondes, résolu à étudier sérieusement les chefs-d’œuvre de cette belle littérature dont je venais d’entendre pendant cinq heures, chez la comtesse d’Albany, une si riche nomenclature et de si éloquents commentaires.

1657. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Entré dans l’ordre des Dominicains, il alla étudier à Paris sous Albert le Grand, théologien célèbre, alors que la théologie était la science unique.

1658. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Ce monument, qu’il faudra compulser sans cesse toutes les fois qu’on voudra étudier, pour s’y modeler soi-même, l’empreinte d’un puissant génie d’expression dans une langue qui tient plus du Titan que de l’homme, n’est point un monument de conception, mais un monument de style.

1659. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Tu scais étudier la nature, mais tu ignores le cœur humain.

1660. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Plus la figure littéraire est simple, douce, pure, élégante, sensible sans grande passion, plus il devient précieux d’en étudier de près l’originalité au sein même de cette ressemblance. […] Son frère aîné avait étudié au collège des Oratoriens de Niort ; mais lui, le second, sans doute à cause de la gêne domestique, fut confié d’abord à un simple curé de village, ancien oratorien, le Père Bory, par malheur outré janséniste.

1661. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Alexandre Dumas, sans doute pour y étudier la marine sur le lac d’Ischia ou dans les tableaux du Tempesta. […] Maintenant je vais avoir dans mon pays une occupation agréable : ce sera de veiller tous ces noms-là au passage ; de suivre leur marche ; d’étudier leur portée ; de lire leurs œuvres et de les mieux apprécier.

1662. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

C’est qu’il fait partie essentielle de sa constitution mentale, conséquence de cette plasticité dont nous avons étudié déjà un saisissant exemple. […] C’est peu d’utiliser les moyens d’action dont on dispose, il faut encore les étudier par le détail pour saisir l’infinité de leurs nuances.

1663. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Un village tout entier, parèdre en tête, interroge et écoute curieusement des voyageurs. « Ce qui est le plus remarquable, c’est l’application infatigable des écoliers, petits ou grands ; des domestiques trouvent le loisir, tout en faisant leur service, de passer leurs examens d’avocats ou de médecins. « On rencontre à Athènes toutes les espèces d’étudiants, excepté l’étudiant qui n’étudie pas. » A cet égard nulle race n’a été si bien dotée par la nature, et il semble que toutes les circonstances se soient assemblées pour délier leur intelligence et aiguiser leurs facultés. […] Avec notre goût émoussé, violenté, accoutumé aux liqueurs fortes, nous sommes d’abord tentés de déclarer ce breuvage insipide ; mais quand pendant quelques mois nous y avons trempé nos lèvres, nous ne voulons plus boire que cette eau si pure et si fraîche, et nous trouvons que les autres littératures sont des piments, des ragoûts ou des poisons. — Suivez cette disposition dans leur art, et notamment dans celui que nous étudions, la sculpture ; c’est grâce à ce tour d’esprit qu’ils l’ont portée à la perfection et que véritablement elle est leur art national ; car il n’y a pas d’art qui exige davantage un esprit, des sentiments et un goût simples.

1664. (1903) Le problème de l’avenir latin

Je laisse à d’autres le soin d’étudier le même problème au point de vue particulier de leurs patries respectives ; et précisément, au moment même où ce livre paraît, le sénateur Vitelleschi expose à ses compatriotes italiens des idées parallèles à celles qu’on trouvera ici. […] D’une telle personnalité, qu’il faudrait pouvoir étudier à loisir, si riche, si pleine, tellement significative, émane une révélation. […] Vacher de Lapouge qui, dans un livre récent, extrêmement remarquable et hardi — L’Aryen — a étudié scientifiquement ce problème, tout se réduit à une question de race.

1665. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Il ne voit presque jamais son fils, qui étudie à la ville voisine. […] Il alléguera que ce n’est ni dans le peuple ni dans la petite bourgeoisie, mais seulement dans la classe oisive et opulente, où la vie passionnelle n’est pas contrainte par les soucis matériels, que l’amour, plus libre en ses démarches et plus riche de nuances, est plus intéressant à étudier. — Admettons-le : cela entraîne-t-il forcément toutes ces respectueuses descriptions des détails de la vie élégante, de cette vie où, d’ailleurs, ont su parfois se rendre éminents des gens qui, dans le fond de leur âme, n’étaient que des goujats ? Quand les écrivains de jadis voulaient étudier « l’amour en liberté » et tel qu’il se comporte chez des personnes dont il est la seule occupation, ils faisaient de leurs personnages des bergers et des nymphes, comme dans l’Astrée, ou des rois et des princesses, comme dans les tragédies. […] Répondant à ceux qui le traitaient de « libelliste » et d’« homme de parti » : « Tous les honnêtes gens, écrit Geoffroy savent bien qu’un bon critique est toujours, pour les mauvais auteurs, un libelliste ; qu’un écrivain courageux, attaché aux vrais principes, est toujours, aux yeux des brouillons, un homme de parti ; comme si l’on pouvait appeler un parti le bon goût, la saine morale, et les bases éternelles de l’ordre social. » En outre, le souci des rapports de la littérature avec les mœurs conduit Geoffroy à étudier surtout, dans les pièces soumises à son jugement, ce qu’elles contiennent de vraiment intéressant, de sérieux, d’humain : caractères, passions, esprit ou tendances philosophiques, et à considérer les œuvres par l’intérieur : en sorte que sa critique est rarement insignifiante. — Enfin, les relations des mœurs avec la littérature à travers les siècles enveloppant les rapports des diverses formes littéraires avec les sociétés qui les ont produites et goûtées, la théorie favorite de Geoffroy insinue en lui, peu à peu, des commencements d’intelligence historique, ce que M.  […] Je m’établis son compatriote et son contemporain, et jamais il ne me paraît plus piquant que lorsqu’il choque nos coutumes et nos idées actuelles… J’étudie le siècle de Louis XIV dans ses poètes dramatiques : les comédies de ce temps-là sont pour moi des histoires », etc., etc.

1666. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Et c’est pourquoi, quand je promis de parler de Jean-Jacques, je me proposais d’étudier surtout en lui le père de quelques-unes des plus fortes erreurs du xviiie et du xixe  siècle. […] Lanson, que tout, dans Rousseau et même le Contrat social, se rapporte à un seul principe ; ou, comme Faguet, que tout s’y rapporte en effet, excepté le Contrat social ; — suivre, à propos de chacun de ses livres, la fructification posthume des erreurs qu’il y a déposées ; — ou bien démontrer que Jean-Jacques, quel qu’il soit d’ailleurs, est dans le fond, avant et après tout, un protestant chez qui le protestantisme a prématurément produit ses extrêmes conséquences ; — ou bien encore étudier, dans sa vie et dans ses livres, l’histoire d’une âme, d’une pauvre âme, une très lente mais très véritable évolution morale… Et je pouvais grouper, sous ces divers chefs, tout ce que m’aurait suggéré la lecture de Rousseau. — Le plus simple était d’ailleurs, à première vue, de présenter d’abord sa vie, puis ses ouvrages. […] Mais d’Alembert ne pouvait manquer d’opposer l’auteur du Devin à l’auteur de la Lettre sur les spectacles ; et c’est ce qu’il fait en termes bien spirituels : La plupart de nos orateurs chrétiens, en attaquant la comédie, condamnent ce qu’ils ne connaissent pas : vous avez au contraire étudié, analysé, composé vous-même, pour en mieux juger les effets, le poison dangereux dont vous cherchez à nous préserver ; et vous décriez nos pièces de théâtre avec l’avantage non seulement d’en avoir vu, mais d’en avoir fait… Oh ! […] Émile voyage donc « pour étudier les gouvernements et les mœurs ».

1667. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Étudions donc les nobles auteurs qui ont consumé leur existence à éterniser par leurs talents les mémorables exemples religieux, politiques, et militaires. […] messieurs, nous qui étudions, qui commentons les anciens, n’oserons-nous, en nous créant des fantômes de considération, imiter les philosophes d’Athènes qui se succédaient dans les mêmes lycées pour s’y réfuter mutuellement, et pour y disputer de lumières ? […] Loin de prendre la peine de discourir sur l’art des poètes et des orateurs, je n’en parlerais que pour vous démontrer ce qu’il a de pernicieux, si je n’y voyais qu’un instrument fabriqué pour donner un faux relief aux hideux caractères du crime, et pour l’étaler en spectacle à notre admiration : je ne vous dirais pas : Étudiez les beaux poèmes, mais brûlez-les, de peur que leur poison n’infecte les esprits : craignez que leurs exemples n’instruisent le talent à faire briller l’imposture, et ne vous fassent mépriser l’honnête et le juste.

1668. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

C’en est un encore, dût-il en coûter à l’amour-propre (et certes, vous avez trop ménagé le mien), que de se voir étudié avec un soin si attentif ; tant d’attention ressemble un peu à de l’affection ; et quel profit d’ailleurs n’y a-t-il pas à être l’objet d’une si pénétrante critique ? […] Sainte-Beuve dit quelque part : « Quand Port-Royal ne serait pour nous qu’une occasion, une méthode pour traverser l’époque, et quand on s’en apercevrait, l’inconvénient ne serait pas grand101. » On serait tenté d’aller plus loin et de croire qu’il n’a cherché dans son sujet qu’un grand et beau prétexte d’étudier l’homme à la lumière du christianisme, comme le christianisme lui-même à la lumière de Port-Royal. […] Sainte-Beuve est réellement historique ; Port-Royal est bien son objet prochain ; il l’a étudié avec toute la curiosité et la préoccupation d’un véritable amour, et à la lumière d’une maxime qu’il a bien fait de professer à une époque où tant de gens font de l’histoire à priori : C’est toujours du plus près possible qu’il faut regarder les hommes et les choses : rien n’existe définitivement qu’en soi. […] Il faut laisser aux naturalistes le privilège de reconstruire tout un animal sur la simple inspection d’un ou deux fragments de son squelette : les individualités humaines ne se reconstruisent pas ainsi ; elles sont, sans contredit, fort liées, parfaitement logiques ; mais enfin ce sont des individualités, et l’on ne saurait les étudier comme des espèces. […] Puis, quand on étudie le christianisme dans la vie du chrétien, on découvre avec admiration que chacun de ces principes rivaux paraît occuper toute l’âme.

1669. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Victorien Sardou ne nous montre ici que la superficie des choses ; qu’il eût été intéressant d’étudier un peu à fond le type du parvenu de l’Empire, de l’homme du peuple devenu prince par son épée, mélange de simplicité, de brutalité et d’idéalisme (car, pour le soldat de ce temps-là, la guerre fut réellement, pendant vingt ans, un métier, — ce qui ne s’est pas revu depuis, — et il y eut en lui du condottiere et de l’homme de proie, et aussi du troubadour, comme en témoigne la naïve et fastueuse phraséologie du temps ; et tout cela ensemble faisait un héros), si vous regrettez que l’auteur de Madame Sans-Gêne n’ait point essayé de nous peindre « l’état d’âme » très spécial et très curieux d’un de ces protagonistes soudains de la grande épopée, et les contre-coups et les retentissements d’une si invraisemblable fortune dans une âme fruste et mal préparée, et les étonnements, et l’espèce d’assurance éblouie devant une pareille destinée… je vous répéterai que M.  […] Et un rôle meilleur encore, je veux dire plus étudié et plus vrai, c’est le rôle antipathique de Mme de Laversée. […] Il serait intéressant de l’étudier d’un peu près, de noter en quoi elle diffère de celle même d’il y a trente ou quarante ans, de celle des Chavette et des Rochefort, et comment les récentes conceptions ou manies littéraires, naturalisme, pessimisme, cruellisme, mysticisme même, ont contribué (car tout se tient) à la modifier et à la compliquer… Nommerai-je Grosclaude, Alphonse Allais, Georges Auriol, Willy, Jules Renard, Pierre Veber ?

1670. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Ne vaudrait-il pas mieux ne s’occuper de rien, que de ces riens ; tandis que l’art de se rendre heureux, qu’on étudierait toute sa vie, serait encore ignoré ? […] L’éloge de Lucilius ; la description des bains de Baïes ; les différentes classes de sages ; que peu d’hommes connaissent leurs défauts ; les infirmités auxquelles notre philosophe était sujet ; la maison de Vatia, à l’entrée de laquelle on aurait pu graver, comme au fronton de la plupart de nos palais : CI-GIT LE BONHEUR ; son séjour à Baïes ; la possibilité de méditer, d’étudier, d’écrire au milieu du tumulte ; du premier mouvement dans la passion ; de la division des êtres, selon Platon ; de la disette de la langue latine ; de la différence de la joie et de la volupté ; de l’objet méprisable des vœux et des prières du vulgaire  ; de la soumission du sage à la nécessité : « La nécessité n’est que pour le rebelle ; le sage n’obéit point au destin ; ils veulent tous deux » ; voilà ce qui remplit l’espace de la Lettre XLIXe à la LXIIe , où notre philosophe se reproche d’avoir pleuré sans mesure la perte de son ami Sérénus, et nous dit : « Vous avez inhumé votre ami ; eh bien, cherchez quelqu’un à aimer » ; comme si ce quelqu’un-là se trouvait en un moment. […] Sénèque a dit : « Une âme qui connaît la vérité, qui sait distinguer le bien du mal ; qui n’apprécie les choses que d’après leur nature, sans égard pour l’opinion ; qui se porte dans tout l’univers par la pensée, en étudie la marche prodigieuse et revient de la contemplation à la pratique ; dont la grandeur et la force ont pour base la justice ; qui sait résister aux menaces comme aux caresses ; qui commande à la mauvaise fortune comme à la bonne ; qui s’élève au-dessus des événements nécessaires ou contingents ; qui ne voudrait pas de la beauté sans la décence, de la force sans la tempérance et la frugalité ; une âme intrépide, inébranlable, que la violence ne peut abattre, que le sort ne peut ni humilier ni enorgueillir ; une telle âme est l’image de la vertu, etc.. » Voilà le philosophe dont SaintEvremond a osé dire qu’il ne lisait jamais les écrits sans s’éloigner des sentiments qu’il voulait lui inspirer ; voilà les pointes avec lesquelles il écrivait de la vertu. […] Il sait le latin, bien qu’il ait passé dans les écoles de la Compagnie de Jésus, ainsi que beaucoup d’autres, sans en excepter les censeurs, cinq ou six années à l’étudier, sans l’avoir appris.

1671. (1887) Essais sur l’école romantique

Cela se concevrait et se dirait à merveille de ces hommes d’école, comme il s’en rencontre sur tous les chemins par où le génie a passé, ramassant ce qu’il laisse ou dédaigne ; mouches infécondes qui vont butiner les fleurs après que l’abeille en a pris tout le suc : esprits pauvres et sans invention, qui, n’ayant rien à démêler avec l’avenir, s’étudient à tirer du présent le meilleur parti, et, attentifs à prendre le vent du succès pécuniaire, passent d’une école à l’autre, sans honneur ni profit pour aucune. […] Elle n’osa pas dire à ces enfants de vingt ans qu’au lieu d’étudier l’art dramatique dans le drame contemporain, qui en a fait une industrie si facile, il fallait en aller méditer les profondeurs et les difficultés dans les œuvres de Racine et de Shakespeare ; que là seulement on pouvait sentir sa force, parce que l’on sentait les obstacles ; qu’on ne se tuait jamais pour n’être pas un homme de génie, tandis qu’on pouvait bien se tuer, en effet, pour avoir manqué d’être un industriel heureux ! […] De même, il faut avoir quelque inquiétude pour l’écrivain éprouvé que l’étude d’un grand homme a laissé inférieur à lui-même, et qui, au lieu d’y trouver le secret des caractères supérieurs, ne sait que s’y substituer, à tout propos, au sujet qu’il étudie, et s’y mirer en quelque sorte dans une glace qui reproduirait fidèlement sa propre figure.

1672. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Il n’a pas voulu considérer que la situation n’admet pas des ornements si gais ; qu’Œdipe et Jocaste, dans un moment aussi terrible, n’ont pas le loisir de faire des descriptions étudiées et des phrases poétiques. […] D’après ce calcul, M. de La Harpe, et les auteurs tragiques actuels, doivent être fort supérieurs à Voltaire ; car depuis soixante ans l’art a fait des progrès : on a eu le temps d’étudier les grands modèles, et surtout leurs fautes. Il paraît que, d’après le conseil de Condorcet, les disciples de à Voltaire se sont particulièrement attaches à étudier ses fautes, car ils ont réussi à les bien imiter ; et ce sont les fautes de Voltaire qui font leurs beautés : de pareilles assertions ne méritent guère une réfutation sérieuse, et rien n’est plus comique que la gravité magistrale avec laquelle on érige en axiomes ces erreurs et ces mensonges de l’ignorance. […] Marivaux a dédaigné d’étudier les mœurs et les caractères ; il s’est égaré dans le labyrinthe du cœur des femmes, occupé à fureter et à sonder une foule de plis et de replis qu’elles ne connaissent pas elles-mêmes.

1673. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Les lettres patentes du roi, qui contiennent cet arrêt, portent que « Ramus avoit été téméraire & impudent d’avoir réprouvé & condamné le train & art de logique reçu de toutes les nations, que lui-même ignoroit ; & que, parce qu’en son livre des animadversions, il reprenoit Aristote, étoit évidemment connue, & manifeste son ignorance. » Cette victime, de la haine de tant de docteurs ignorans, ne se refroidit point pour la recherche de la vérité ; il l’aima & l’étudia toujours, & fut persécuté de ses confrères tout autant de fois qu’il la leur présenta. […] Presque toute la jeune noblesse de France étudie à leur collège. […] Il fit ses humanités en France, & fut étudier en théologie à Louvain.

1674. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Nous aurons assez d’occasions d’en étudier les traits et la forme tout originale entre les diverses sortes d’incrédulité et de désespoir.

1675. (1813) Réflexions sur le suicide

Asham revint le lendemain et nous allâmes encore une fois sur les bords de cette Tamise, l’orgueil de notre belle contrée ; j’essayai de reprendre mes sujets habituels d’entretien, je récitai quelques passages des beaux chants de l’Iliade et de Virgile, que nous avions étudiés ensemble, mais la poésie sert surtout à se pénétrer d’un noble enthousiasme pour l’existence, le mélange séducteur des pensées et des images, de la nature et de l’âme, de l’harmonie du langage et des émotions qu’il retrace, nous enivre de la puissance de sentir et d’admirer ; et ce n’était plus pour moi que ces plaisirs étaient faits !

1676. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Un jour Richardson le trouve occupé à lire un pamphlet que Cibber avait fait contre lui : « Ces choses-là, dit Pope, font mon divertissement » ; et pendant qu’il lit, on voit ses traits contractés par la violence de son angoisse. « Dieu me préserve, dit Richardson, d’un divertissement pareil à celui-là. » En somme, son grand ressort est la vanité littéraire ; il veut être admiré, rien de plus ; sa vie est celle d’une coquette qui s’étudie à la glace, se farde, minaude, accroche des compliments, et cependant déclare que les compliments l’ennuient, que le fard salit et qu’elle a horreur des minauderies.

1677. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Quel autre que lui pouvait établir les plans de campagne, étudier sur les cartes et sur les lieux la topographie des champs de bataille, faire mouvoir les masses au doigt même du général en chef, porter l’œil et le jour sur les innombrables accidents de la lutte, débrouiller la mêlée, donner la raison secrète de la victoire ou de la déroute ?

1678. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

La Toscane entière, jalouse de Ferrare, de Naples et de Rome, sembla s’étudier à faire oublier au Tasse les envieux dénigrements de l’Académie de la Crusca.

1679. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Sans cesse elle fait naître le souvenir des Vierges maternelles de Raphaël et des plus beaux tableaux de la Charité ; — sans efforts elle est posée comme elles ; comme elles aussi, elle porte, elle emmène, elle assied ses enfants, qui ne semblent jamais pouvoir être séparés de leur gracieuse mère ; offrant ainsi aux peintres des groupes dignes de leur étude, et qui ne semblent pas étudiés.

1680. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Custeri ; le cardinal de Médicis, depuis Clément VII, le voit, le reconnaît et l’envoie à Bologne pour étudier la grande orfèvrerie artistique chez l’un, la flûte chez un autre.

1681. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Mais il ne sait pas d’avance comment on tient une cour de justice, quels sont les usages dans les parlements, ou au couronnement d’un empereur, et pour ne pas, en pareils sujets, blesser la vérité, il faut que le poète étudie ou voie par lui-même.

1682. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

C’est la loi du sort ; et cette loi compensatrice est consolante à étudier.

1683. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Cependant, ils infestent le public d’idées fausses ; ils répandent parmi le peuple une foule de notions erronées sur le monde, qu’ils ne connaissent point ou n’ont jamais étudié, sur la vie, sur le devoir ; ils accumulent avec une douce impunité les plus fabuleuses inepties.

1684. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Je cherchai donc, à mon tour, à l’aide des données communes, et sans inventer ce que je ne pouvais découvrir, à retracer en quelques pages cette existence dont une ambition constamment déçue fait l’unité, à exposer et à étudier ces œuvres dont l’épanchement d’un cœur blessé fait la principale grandeur, et je soumets maintenant cet essai, avec une juste défiance, à ce petit nombre de personnes qui me récompensent amplement de mon travail en voulant bien me juger.

1685. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Et c’est vraiment curieux de l’étudier en sa tendre spécialité, dans quelques toiles qu’il n’a pas encore vendues, et dans un nombre immense de dessins qu’il dit être la représentation de gestes intimes, et qui sont d’admirables études de mains enveloppantes de mères, et de têtes de téteurs, où dans ces visages vaguement mamelonnés, il n’y a que les méplats du bout du nez, des lèvres, et la valeur de la prunelle, et où, sans apparence de linéature, c’est le dessin photographique du momaque, et la configuration cabossée de son crâne.

1686. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Or le petit-fils du tailleur étudia pendant ce nombre d’années chez un précepteur ecclésiastique, logé dans les environs de la Bastille.

1687. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Waterhouse que je dois d’avoir étudié cette question.

1688. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

C’est par cette double face de son talent et de son livre que nous allons l’étudier.

1689. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Après avoir étudié d’un peu près les personnages de cette sinistre tragédie, la vérité m’est apparue peu à peu jusqu’à devenir éclatante.‌

1690. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Étudiez l’histoire des grandes nations modernes : vous y trouverez nombre de grands savants, de grands artistes, de grands soldats, de grands spécialistes en toute matière, — mais combien de grands hommes d’État ?

1691. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Le petit Latimer étudia âprement, prit ses grades, et resta longtemps bon catholique, ou, comme il disait, « dans les ténèbres et l’ombre de la mort. » Vers trente ans, ayant fréquenté Bilney le martyr, et surtout ayant connu le monde et pensé par lui-même, il commença « à flairer la parole de Dieu et à abandonner les docteurs d’école et les sottises de ce genre », bientôt à prêcher, et tout de suite à passer « pour un séditieux grandement incommode aux gens en place qui étaient injustes. » Car ce fut là d’abord le trait saillant de son éloquence ; il parlait aux gens de leurs devoirs, et en termes précis. […] Avec une santé mauvaise, attaqué par de grands maux de tête, par des douleurs d’entrailles, par la pleurésie, par la pierre, il faisait un travail énorme, voyageant, écrivant, prêchant, prononçant à soixante-sept ans deux sermons chaque dimanche, et le plus souvent se levant à deux heures du matin, été comme hiver, pour étudier.

1692. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Charles de Pomairols a étudié avec une rare et amoureuse pénétration la « spiritualité » du style de Lamartine. […] Je voudrais étudier les Harmonies avec un peu de méthode.

1693. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Tous les mois, à cette place, nous passerons en revue les publications récentes, ou nous étudierons quelque figure importante des lettres modernes. […] — Certains côtés de la vie de province et des mœurs de petite ville y étaient étudiés et rendus avec une grande sagacité de pénétration, avec une irrécusable clairvoyance.

1694. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

« Rien de moins semblable que l’examen d’un poème en vue de le trouver bon ou mauvais, besogne presque judiciaire et communication confidentielle qui consiste, en beaucoup de périphrases, à porter des arrêts et à avouer des préférences, ou l’analyse de ce poème, en quête de renseignements esthétiques, psychologiques, sociologiques, travail de science pure, où l’on s’applique à démêler des causes sous des faits, des lois sous des phénomènes, étudiés sans partialité et sans choix. » J’ai tenu à reproduire ce passage, inscrit en l’avant-propos de son ouvrage, parce qu’il résume la théorie d’Émile Hennequin en matière de critique, et qu’il définit clairement cette méthode hardie et vaste qu’il applique avec une facilité surprenante à l’étude d’hommes comme Victor Hugo, Wagner, Flaubert, Tolstoï, Dickens. […] Si l’on conçoit la suite des sciences qui, prenant la matière organique à ses débuts, dans les cornues des chimistes ou l’abîme des mers, en conduisent l’étude à travers la série ascendante des plantes et des animaux jusqu’à l’homme, la décrivent et l’analysent dans son corps, ses os, ses muscles, ses humeurs, le dissèquent dans ses nerfs et son esprit ; si, abandonnant ici l’homme individu, on passe à la série des sciences qui étudient l’être social, de l’ethnographie à l’histoire, on verra que ces deux ordres de connaissances, les plus importantes, sans aucun doute et celles auxquelles s’attache l’intérêt le plus prochain, se terminent en un point où ils se joignent : dans la notion de l’individu social, dans la connaissance intégrale, biologique, psychologique de l’individu digne de marquer dans la société, constituant lui-même par ses adhérents et ses similaires, un groupe noble, propageant dans son ensemble particulier ou dans l’ensemble total, ces grandes séries d’admirations, d’entreprises, d’institutions communes, qui forment les États et agrègent l’humanité. » Et plus loin : « Dans l’ethnopsychologie des littérateurs, dans la physiologie biographique des héros, ces hommes sont mis debout, analysés et révélés par le dedans, décrits et montrés par le dehors, reproduits à la tête du mouvement social dont ils sont les chefs, érigés, avant leurs exemplaires, un et plusieurs, individus et foule, en des tableaux qui, basés sur une analyse scientifique nécessitant le recours à tout l’édifice des sciences vitales, et sur une synthèse qui suppose l’aide de toute la méthode historique et littéraire moderne, peuvent passer pour la condensation la plus haute de notions anthropologiques que l’on puisse accomplir aujourd’hui. » Voilà ce qu’Émile Hennequin eût fait pour notre temps. […] Bien peu, même parmi ceux-là qui eurent la prétention de les étudier, osèrent descendre dans ces âmes de ténèbres.

1695. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Même absurdité chez les éducateurs de Port-Royal, où l’on étudie, où l’on traduit avec zèle les auteurs dramatiques de la Grèce et de Rome, pendant qu’un des maîtres, Lancelot, aime mieux renoncer au préceptorat des princes de Conti que de les accompagner au théâtre11. […] La raison raisonnable de l’insuccès final de Monod, c’est donc d’abord l’anachronisme d’un style trop étudié, plus emprunté aux livres et aux modèles classiques que moderne et vivant ; et c’est aussi l’anachronisme d’une pensée trop orthodoxe pour avoir été en parfaite harmonie avec la conscience et la raison contemporaines. […] Sarcey attribue, avec toute évidence, le fâcheux abandon de la grande comédie en cinq actes qui développe une sérieuse thèse morale ou étudie minutieusement des caractères, à l’heure tardive des dîners parisiens.

1696. (1888) Impressions de théâtre. Première série

« Mais peu à peu je me suis fait de ce présent une douce habitude ; pendant quinze ans je me suis étudié à te parer de toutes les grâces et de toutes les vertus ; j’ai fait de toi mon plus cher trésor, la consolation et l’espoir de ma vieillesse… » Conclusion :              Ils m’ôtent tout cela, ces dieux ; Et tu veux que je n’aie aucun sujet de plainte Sur cet affreux arrêt dont je souffre l’atteinte ? […] Remarquez que le type de don Juan, même réduit à ce que je viens de dire, déborde déjà celui que nous avons pris l’habitude de nous figurer, soit celui de Byron, soit celui de Musset : l’homme dont la vocation et la fonction est d’être aimé de toutes les femmes, et de croire qu’il les aime, celui qu’étudie M.  […] Comme Racine étudie exclusivement le mécanisme des sentiments et des passions et qu’il élimine, soit de parti pris, soit par manque de le sentir, presque tout le pittoresque de la vie humaine, sa « couleur locale » reste tout intérieure, toute psychologique, et est, par suite, moins saisissante. […] On dit que les classiques étudient surtout l’homme en général, l’homme de tous les temps, et qu’ils sont fort peu soucieux de « couleur locale ».

1697. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Autrefois, c’était l’âme qu’on étudiait ; c’étaient ses mouvements et ses affections qu’on soumettait à l’analyse, et qui fournissaient au roman et au théâtre leurs ressorts, leurs péripéties, leur principal intérêt. Aujourd’hui, ce qu’on étudie, ce qu’on analyse, ce qu’on décrit avec amour, ce sont les emportements des sens, les brutalités de la passion, les phénomènes sanguins ou nerveux qui en déterminent ou en accompagnent les explosions. […] Nous voulons donc étudier ici, dans leurs symptômes et leurs effets généraux, les maladies morales que la littérature a inoculées aux générations contemporaines, ou dont elle a développé en elles le germe. […] Mais sans aller chercher dans un monde exceptionnel les traces du mal que nous étudions, ne suffit-il pas, quelque part qu’on se trouve, de jeter les yeux autour de soi pour en apercevoir les signes manifestes ?

1698. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Rien de plus naturel et de plus facile à comprendre, et pour celui qui a éprouvé la longue infortune, et pour celui qui a un peu étudié le cœur humain. […] On pèse ses premières démarches ; on prête l’oreille, et l’on interprète ses propos les plus indifférents ; on étudie ses penchants, on épie ses goûts, on cherche à démêler son caractère, on attend que le masque se lève. […] Tigellin étudie les défiances de son maître, et règle ses accusations sur ses découvertes. « Plautus, dit-il à Néron, est opulent, actif, et du nombre de ceux qui réunissent à l’affectation des mœurs antiques l’arrogance des stoïciens, gens intrigants et brouillons162. » Et voilà comment un courtisan artificieux prépare de loin la perte d’un philosophe. […] Celui qui se sera étudié lui-même, sera bien avancé dans la connaissance des autres, s’il n’y a, comme je le pense, ni vertu qui soit étrangère au méchant, ni vice qui soit étranger au bon.

1699. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Je vais étudier une des maladies de la race française, la plus répandue et l’une des plus profondes à la fois et des plus aiguës. […] Mon intention très arrêtée est d’étudier cette affection comme si j’écrivais sur un sujet de l’antiquité, comme si cléricalisme, anticléricalisme, catholicisme et France même avaient disparu depuis dix siècles ; et comme si tous ces objets faisaient partie du domaine de la philologie ou de l’archéologie. […] Nous savons, parce que nous avons étudié l’histoire, parce que nous avons jeté les yeux en dehors de chez nous, vers les pays qui marchent, qui progressent, — tandis que nous nous attardons dans les luttes, dans les querelles stériles, — nous savons où va le progrès humain et nous avons la conviction que nous sommes dans la bonne voie. […] Supposez un député qui étudie une bonne réforme à faire, consciencieusement, sérieusement.

1700. (1902) La poésie nouvelle

Et si, dans l’analyse de l’âme humaine, les Parnassiens se montrèrent également méthodiques et circonspects, c’est que la psychologie, elle aussi, se constituait alors comme une science positive : Sully-Prudhomme étudie le mécanisme délicat de ses émotions et de ses pensées, ainsi, qu’un entomologiste dissèque de menus et subtils organismes ; il en décrit avec rigueur l’activité.‌ […] Il étudie les philosophes et sa rêverie est sans cesse hantée de leurs systèmes. « Je vague, dit-il, ‌ à jamais innocent, ‌ Par les grands parcs ésotériques ‌ De l’Armide métaphysique.‌ […] De l’ancienne langue, Moréas recherche même parfois les singularités ; c’est ainsi que, suivant la mode archaïque des pléonasmes avec le relatif, il écrit : « Et toi, son cou, qui pour la fête tu te pares… »‌ Toutes les pièces du Pèlerin passionné ne sont pas également archaïques de forme ; certaines semblent toutes modernes, d’autres sont incompréhensibles si l’on n’a pas étudié l’ancien français :‌ Ô qui, sur le double mont, D’un miel attique la coupe Levez, dont la voix semond Les buccins à riche houppe, ‌ Nymphes, gracieuse troupe, A l’ignorant mal-appris ‌ Qui clos tenez vos pourpris, etc… L’archaïsme, d’ailleurs, n’est pas seulement dans la forme, il est aussi dans l’idée, et l’on a souvent l’impression que Moréas s’est fait une âme contemporaine de la langue qu’il affectionne.

1701. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Il eût peut-être appris à traiter l’Ode de cette manière, s’il eût mieux lu, étudié, compris la langue et le ton de Pindare, qu’il méprisait beaucoup, au lieu de chercher à le connaître un peu. » Tout cela est vrai et le paraîtra surtout, si on relit l’Ode en question.

1702. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Quand M. de Rémusat se fut mis à étudier de près la scolastique et à lire au long les traités originaux, il a pu ainsi se dégoûter un moment de son premier Abélard et le trouver moins ressemblant que celui qu’il restaurait de point en point.

1703. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Si ma vie se prolonge, je ne renonce pas à traiter d’autres matières encore ; mais quiconque voudra s’appliquer à étudier mes ouvrages de philosophie reconnaîtra qu’il n’y a point de lecture dont on puisse recueillir plus de fruit. » Il part de là pour faire contre Épicure la plus magnifique théorie de la vertu et des différentes théories du bien qui ait été écrite en aucune langue humaine.

1704. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Plus j’ai étudié les faits, les hommes, les événements de la Révolution française, plus ce livre a baissé dans mon esprit ; mais habent sua fata libelli .

1705. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Et puis ces sciences, ces langues, ces histoires qu’on étudierait, contiennent au gré des âmes délicates et tendres trop peu de suc essentiel sous trop d’écorces et d’enveloppes ; une nourriture exquise et pulpeuse convient mieux aux estomacs débiles.

1706. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Il le fit participer aux affaires, il l’arracha aux préjugés de son éducation, « pour lui faire voir les hommes, dit Saint-Simon, les lui faire étudier, entretenir, sans se livrer à eux, lui apprendre à parler avec force et à acquérir une autorité douce. » Il lui ôta peu à peu ces vaines délicatesses et ces doutes serviles de lui-même où l’avait élevé Fénelon, et il l’eût rendu digne de réparer les malheurs de sa vieillesse et les fautes de sa trop longue vie.

1707. (1925) La fin de l’art

On croit que je la connais ; je l’ai étudiée et l’étudié encore tous les jours, mais c’est précisément pour cela que je m’y perds encore, car elle est pleine de contradictions.

1708. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Zola par la bouche de son romancier typique : « Etudiez l’homme tel qu’il est, non plus le pantin métaphysique, mais l’homme physiologique, déterminé par le milieu, agissant sous le jeu de tous ses organes… N’est-ce pas une farce que cette étude continue et exclusive de la fonction du cerveau… La pensée, la pensée ; eh !

1709. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

La librairie Hachette m’avait envoyé, avant le siège, pour en rendre compte dans un journal, la traduction de ses Œuvres complètes, et, entre deux gardes, je les étudiais, revenant, pour les affermir ou pour les jeter bas en moi, à des opinions que j’avais déjà exprimées, çà et là, avec des formes trop rapides et trop brèves, sur cet homme qui vaut bien qu’on s’arrête pour lui porter des coups plus droits, 1 plus plongeants, plus à fond… Eh bien, le croirez-vous ?

1710. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

D’une part, la métaphysique va au-delà du vrai jusqu’au réel ; elle étudie l’essence de l’être et de la vie16.

1711. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Leurs fictions, plus que toutes autres, inspirent confiance ; on peut y étudier la vie comme dans la vie elle-même ; les faits, transposés selon le ton nécessaire, loin d’être défigurés, sont encore accentués et rendus plus vivants par l’art qui les remet en leur place et en leur lumière logiques. […] Les Goncourt perpétuèrent, en le rénovant, le véritable romantisme des romanciers, celui de Balzac ; si l’on veut bien étudier leur œuvre d’un peu près, se remémorer Renée Mauperin ou Sœur Philomène, ou même la tragique Germinie Lacerteux, on sera forcé de le reconnaître et on le reconnnaîtra un jour ou l’autre si équivoque que cela paraisse à cette heure, après l’oraison funèbre de M. 

1712. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Il y a plus : deux ou trois fois Marivaux s’intéresse à ses personnages en dehors de l’action à laquelle ils sont mêlés ; il semble les étudier pour eux-mêmes, dans des détails très menus et très familiers et dont l’histoire qu’il conte pourrait se passer. […] La suggestion proprement dite, comme l’entendent ceux qui étudient aujourd’hui les maladies nerveuses, n’est qu’un cas particulier de cette universelle suggestion que Rabelais décrit si magnifiquement dans son chapitre sur les « debteurs et emprunteurs ». […] Qu’elle étudie donc sur elle-même comment, par quelles inflexions de voix et quelles attitudes, se traduisent naturellement les grandes douleurs, les sentiments profonds. […] Le candidat aurait quatre ou cinq heures pour l’apprendre et l’étudier ; et l’on pourrait beaucoup mieux juger de son intelligence.

1713. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Voici la vanité sentencieuse, réfléchie, compassée, qui s’étale en discours étudiés.

1714. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Voyons ce génie, et, tout en blâmant l’auteur, étudions l’ouvrage ; et, si nous ne connaissions pas Chatterton, voyons si nous n’aurions pas pleuré !

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