Taine a écrit d’admirables études d’ensemble sur l’art en Grèce, en Italie, aux Pays-Bas ; mais vouloir connaître le génie propre et personnel de tel sculpteur ou de tel peintre d’après ces études de milieux extérieurs, c’est comme, si on voulait déterminer l’âge d’un individu d’après la moyenne d’une statistique, pu les principaux événements d’une vie par l’histoire d’un siècle.
De même le Rat et l’Huître, où le rat, personnage, ailleurs, dans La Fontaine, très prudent, très rusé et très sage, surtout, il est vrai, quand il a un peu d’âge, mais enfin, le rat qui n’est pas sot, dans La Fontaine, nous est peint ici comme un petit étourdi qui se laisse prendre le nez par une huître entr’ouverte pour avoir trouvé ce mets délicieux et avoir voulu s’en régaler.
« Encore quelques mots sur Mme de Longueville (nous dit-il en finissant son histoire de Mme de Hautefort), et nous aurons dit adieu à ces rêves de notre loisir que caressa notre jeunesse et qui nous ont accompagné jusqu’au terme de notre âge mûr. » C’est à faire trembler !
Le jeune homme timide et réservé — car tel a été, dit-on le caractère de Zola, dans la jeunesse comme dans l’âge mûr — était enfermé avec ses fraîches énergies dans une mansarde, d’où le panorama du monde de Paris se déployait au-dessous de lui.
Leur vie grandissante emplit la maison, comme les enfants arrivés à l’âge d’hommes.
Elles aussi tendent vers l’universalité ; les dogmes précis, apanages d’une secte, d’une cité, ou d’une nation font place peu à peu à des croyances vagues qui embrassent le monde, et, en même temps qu’elles s’élargissent, se fondent d’ailleurs les unes dans les autres ; c’est l’âge des « congrès de religions ».
En effet, c’est là que nous trouverons les différences dues aux influences de l’âge, du sexe, de l’espèce, de la race, de l’état d’abstinence ou de digestion, etc. […] Le même individu ne se ressemble pas lui-même à toutes les périodes de son évolution, c’est ce qui amène les différences relatives à l’âge. […] Mais il resterait encore d’autres conditions qu’il faudrait de même établir expérimentalement et qui varient avec l’âge, la taille, l’état de digestion, etc. ; telles sont toutes les conditions physiologiques, qui, dans ces mesures, doivent toujours tenir le premier rang. […] Mais dans ce cas même, jamais deux malades ne se ressemblent exactement ; l’âge, le sexe, le tempérament, et une foule d’autres circonstances apporteront toujours des différences, d’où il résulte que la moyenne ou le rapport que l’on déduira de la comparaison des faits sera toujours sujet à contestation.
Je dirai même plus : que la musique symphonique est, dans tout le domaine de l’Art, la seule apparition absolument nouvelle et originale qui appartienne bien en propre à l’homme des âges récents. […] Si le poète a lutté longtemps contre le musicien, c’est que les circonstances de l’éducation première de Wagner, notamment l’influence de son oncle, l’avaient éloigné de l’art des sons et poussé vers les lettres à un âge où la personnalité n’est pas encore formée et subit facilement toutes les empreintes. […] « De tous les arts qui se développent toujours dans un terrain déterminé de culture, dans des conditions particulières sociales et politiques, la musique apparaît comme la dernière de toutes les floraisons, dans l’automne et au déclin de la civilisation dont elle dépend, lorsque déjà s’annoncent les premiers symptômes messagers d’un nouveau printemps : souvent même la musique sonne comme la langue d’un âge déjà disparu, dans un monde étonné et renouvelé ; elle vient trop tard. […] Le moyen âge a connu un art musical profondément expressif, de tout point adéquat par son caractère tantôt sombre, tantôt étrangement émouvant, au mysticisme tour à tour exalté et attendri des âges médiévaux ; cette musique, c’est le plain-chant et toute l’hymnodie de l’Église catholique. […] Vagues mélopées prosodiques des premiers âges chrétiens ; développement des éléments rythmiques européens dans la chanson populaire du moyen âge ; spécialisation de plus en plus caractérisée de l’harmonie dans le déchant ; puis, dans l’école des polyphonistes vocaux, la mélodie et même le rythme demeurant en leur état primitif ; ensuite, développement de celle-ci d’une façon distincte, pour elle-même, chez les premiers dramatistes italiens ; combinaison des deux éléments (harmonie et mélodie) par les maîtres du xviie siècle ; prodigieuse efflorescence du rythme surajouté aux deux autres éléments dans l’œuvre colossale de Bach ; nouvelle spécialisation des résultats acquis ; la mélodie instrumentale née de la mélodie vocale, merveilleusement enrichie par Philippe-Emmanuel Bach, Haydn et Mozart, pour se fusionner de nouveau avec toutes les richesses de l’harmonie et du rythme dans la symphonie de Beethoven ; nouvelle réaction purement mélodique dans les œuvres des dramatistes italiens du commencement de ce siècle ; et, de nouveau, mouvement concentrique opéré par Wagner, tous les arts concourant au spectacle dramatique, fusionnés, ou plutôt concentrés dans l’esprit de la symphonie : voilà, en quelques mots, l’histoire de huit siècles d’art musical.
cela était bon pour les maîtres de cérémonies des anciens âges. […] Il a le droit de juger la vie ; ses maximes appartiennent à son âge ; devenues des traits de mœurs, elles perdent leur air doctoral ; on les écoute avec complaisance, et l’on aperçoit, en tournant la page, le sourire calme et triste qui les a dictées.
Trôler dans l’immense bâtiment, s’asseoir sur la chaise au pied du lit des fillettes de son âge et causer avec elles, aller jeter de l’eau bénite sur le corps d’une morte : c’est devenu une vie presque distrayante pour elle. […] Nous allons dîner ensemble, et en dînant, Geffroy me parle d’un livre, qu’il se prépare à faire et qu’il veut me dédier, un livre où il veut suivre et étudier une fillette du peuple, jusqu’à l’âge où j’ai mené ma Chérie.
Ce Dieu, je le redis, a souvent dans les âges Subi le hochement de tête des vieux sages ; …………………………………………………… Soit. […] La pensée du Lac est la pensée épicurienne d’Horace sur la fuite des jours : « Hâtons-nous, jouissons », qui est assez mal fondue avec l’idée de l’océan des âges, et avec le sentiment moderne de l’amour.
Il connoissoit d’ailleurs l’antiquité en homme de goût ; mais que pouvoit-on attendre d’un homme qui écrivoit vîte à l’âge de 80. ans ? […] Cet historien mercénaire mourut à Florence en 1552., dans la 69me. année de son âge.
Considérations sur la Révolution française, voilà son livre de jeunesse, et tous ses autres livres sont les ouvrages de son âge mûr. […] Le philosophe Saint-Martin disait : « Le monde et moi, nous ne sommes pas du même âge. » C’est tout à fait le cas de de Maistre. […] Vive et gaie en sa jeunesse, où elle voit le bonheur devant elle et croit l’atteindre ; vive et triste dans son âge mûr, avec l’éternel élan vers le bonheur et l’éternel désenchantement de ne le point saisir. […] Pour ce qui est du Discours, elle dit : « Il voulait ramener les hommes à une sorte d’état dont l’âge d’or de la fable donne seul l’idée. […] C’étaient alors des histoires très insignifiantes, moitié effusions de l’âge naïf, moitié exercices de style d’une jeune personne très intelligente qui a lu la Nouvelle Héloïse.
Ce texte résume le règlement d’un groupe de camarades du même âge, qui s’appelait, par romantisme, la « Compagnie de la Hulotte ». […] Capitaine en 1882, chef d’escadron en 1895, colonel en 1907, brigadier en 1910 et, le 14 mai 1914 atteint par la limite d’âge, il passe au cadre de réserve. […] Déjà le duc d’Aumale écartait ce nom des Trois Grâces et les remplaçait par cet autre les Trois Ages de la Femme, chacune tenant une boule qui figure le monde, « ce qui signifie », disait-il aux dames, « qu’à tout âge la femme tient l’empire du monde. » Une autre hypothèse, que M.
L’âge où je suis arrivé est celui où l’on vit principalement dans ses souvenirs.
On se rend fort bien compte de la nature de ces soutiens et de leur façon de croître, quand on examine une série de jeunes sujets d’âges différents.
Ils ne suffisent pas à créer l’avenir d’un inconnu, et cela est si vrai qu’on tend à reculer la limite d’âge et qu’on a couronné des jeunes approchant la quarantaine et ayant déjà un bagage.
Mais sa muse, en français parlant grec et latin, Vit dans l’âge suivant, par un retour grotesque Tomber de ses grands mots le faste pédantesque.
Quant aux jeunes qui sont encore débattus, dont quelques-uns n’ont pas fini de se débattre avec eux-mêmes, l’avenir dira si leur âge viril a tenu les promesses de leur jeunesse et réalisé des espérances que je partage avec les plus prévenus de leurs amis.
Toutes leurs paroles me semblaient des oracles ; j’avais un tel respect pour eux, que je n’eus jamais un doute sur ce qu’ils me dirent avant l’âge de seize ans, quand je vins à Paris.
Elle possède, comme je vous le disais, une très-vieille langue musicale, familière à tous les Russes, et qui est devenue avec les âges pour ainsi dire naturelle : cette langue lui est fournie par nos chansons populaires slaves.
… Seule Sarah Bernhardt, par son âge, est au-delà de tout soupçon.
Ne devait-on point sentir que, de même que la vague emmène et ramène éternellement la suavité ou le délire d’une immensité dont on sait les limites, — des temps situés entre les Âges énormes de l’Intuition perpétuée aux livres que plus haut nous évoquâmes, et la genèse, à horizons d’éclairs !
C’est de la masse et du concours de toutes ces mesquines satisfactions matérielles que devait se recruter, pour l’action politique simultanée et collective, cette grande force motrice, capable de remuer jusque dans ses fondements le moyen âge et de faire place à l’âge intellectuel.
L’âge la fit déchoir : adieu tous les amants.
Je ne demanderais pas mieux de respecter ce lieu commun à cause de son grand âge, mais mes confrères sont-ils bien certains que le théâtre ait pour but la distraction des petites filles, et qu’il n’y ait pas un danger tout aussi grand, par exemple, à conduire nos sœurs et nos femmes aux pièces de Molière ? […] Mais comme sa phrase d’apparat ne sert que rarement elle a, — vous avez pu vous en convaincre, — l’allure d’un autre âge, et traîne avec elle je ne sais quelle odeur de vieilles armoires où l’écrivain la tient enfermée. […] Une théorie sur le beau et le bon peut être comparée à ces arcs de triomphe, monuments d’un autre âge : si l’art contemporain n’y passe pas, l’émotion en croupe, ce n’est plus qu’une ruine !
Magistrat quelques années ; voyageur en Amérique et en rapportant un très beau livre ; député très considéré une douzaine d’années ; ministre sous la présidence Louis-Napoléon, après avoir combattu la candidature Louis-Napoléon ; rentré dans la vie privée après le coup d’Etat et publiant son admirable travail sur l’Ancien régime ; saisi, sur le tard, d’une maladie de poitrine, il s’en alla s’éteindre à Cannes à l’âge de 54 ans, très peu de temps après avoir cité quelque part cette parole d’un philosophe antique : « Supporte patiemment la mort en songeant que tu n’as pas à te séparer d’hommes qui pensent comme toi. » C’était ce que nos écrivains classiques appelaient un « généreux », une âme loyale, pure, dévouée aux grandes causes, très courageuse, très désintéressée, capable des sentiments de famille dans toute leur délicatesse, d’amitiés pour des amis obscurs, c’est-à-dire d’amitiés véritables, très dédaigneuse, mais par suite non pas de l’estime de soi, mais de cet étonnement que les médiocrités de l’esprit et du cœur inspirent aux natures élevées ; et dans ce cas le dédain n’est pas précisément de la répulsion, mais une sorte de désorientation et de gaucherie en pays inconnu. […] « L’ouvrier libre est payé, mais il fait plus vite que l’esclave… Le noir n’a rien à réclamer pour prix de ses sueurs, mais on est obligé de le nourrir en tout temps ; il faut le soutenir dans sa vieillesse comme dans son âge mûr, dans sa stérile enfance comme dans les années fécondes de sa jeunesse, pendant la maladie comme en santé… » Conclusion : la production est plus grande dans le pays de travail libre ; mais l’ouvrier libre est beaucoup moins heureux dans son enfance, pendant ses maladies, dans sa vieillesse, et beaucoup plus chargé de travail quand il est valide, que le travailleur esclave. […] « A un certain âge de la vie, si votre maison ne se peuple pas d’enfants, elle se remplit de manies et de vices. » — « Mûrir, mûrir ! […] Il n’a pas de saint… Une telle disposition neutre l’a conduit très loin. » Indifférence et neutralité qui n’exclut ni la curiosité ni la conscience, ce n’est pas ce qu’a été toujours Sainte-Beuve ; mais c’est ce qu’il aurait tenu à être, et à quoi il a réussi quelquefois, à quoi il a fini, l’âge aidant, par tout à fait réussir.
Il a cité devant son tribunal toutes les doctrines, toutes les sciences ; ni la métaphysique de l’âge précédent avec ses systèmes imposants, ni les arts avec leur prestige, ni les gouvernements avec leur vieille autorité, ni les religions avec leur majesté, rien n’a trouvé grâce devant lui. […] Le xviiie siècle a été l’âge de la critique et des destructions ; le xixe doit être celui des réhabilitations intelligentes. […] C’en est fait de la littérature de l’âge précédent. […] Il prêche, et à sa parole sont suspendus les assistants de tout sexe, de tout âge, dans les attitudes les plus variées. […] Les révolutions de la santé, l’âge, les événements apportent dans nos goûts, dans nos humeurs, de grandes modifications.
Je veux croire que l’auteur de Latréaumont n’a pas appris la vénerie dans les livres, et qu’il a lui-même mis en pratique les savants et excellents préceptes qu’il expose dans le texte et dans les notes de son roman ; j’irai même, si l’on veut, jusqu’à espérer qu’il ne se tromperait pas de trois mois sur l’âge d’un cerf en interrogeant les fumées du gibier. […] Sue, en traitant avec de nombreux développements de l’âge et des mœurs du gibier, n’a pas réussi à contenter les chasseurs de profession qui, sans doute, lui reprocheront plus d’une lacune, et j’ai l’assurance qu’il n’a pas conquis un disciple à l’art savant de la vénerie. […] À l’âge où la plupart des hommes se reposent, M. de Chateaubriandi se remet à la tâche, comme s’il avait sa gloire à faire et son nom à fonder. […] Nous pensons que tous les âges de la vie humaine ont une valeur digne d’étude et féconde en enseignements ; nous sommes convaincu sans retour que l’originalité la plus puissante a toujours beaucoup à gagner dans l’intime contemplation des monuments antiques.
Geffroy a fait revivre cette figure d’un autre âge, ce personnage aussi antipathique, même aux foules révolutionnaires, que Barbès leur était sympathique. « Blanqui, c’est un tigré ! […] » Ainsi, l’histoire du monde nous révèle un progrès qui s’est continué à travers les âges. […] Nous, paléontologistes, dont la vie se passe à constater les progrès des êtres animés à tous les âges, nous devons être pleins d’espoir ; nous affirmons qu’en dépit de maux passagers, nous progresserons encore ! […] Les petits cadeaux ne révoltaient pas d’ailleurs son orgueil ibérique, et il avait, du premier coup d’œil, guigné le superbe œil-de-chat, entouré de rubis, qu’une Anglaise portait à l’annulaire et qu’il entendait bien faire passer à son petit doigt. » On devine que ces récits ne sont pas faits pour être lus aux demoiselles du couvent des Oiseaux ni à celles de Saint-Denis ou d’Écouen, mais, malgré leur liberté d’allure, leur grivoiserie, je persiste à les déclarer sans danger, et bien plus acceptables que ces soi-disant études à but moral, qui ne sont que des prétextes à révélation de mœurs étranges et de véritables cours de putréfaction morale à l’usage de tous les âges. […] C’est là sans doute une des raisons majeures des succès obtenus pendant les guerres de la Révolution : les généraux étaient jeunes, ils avaient cette vertu suprême de n’avoir point l’expérience — c’est-à-dire l’âge — et d’oser.
Qui ne sait même, à un point de vue plus général encore, combien nous sommes exposés à gâter nos plus chers souvenirs, quand dans l’âge mûr nous avons la faiblesse de rouvrir les livres qui nous ont ravis dans notre jeunesse. En pareil cas, on se console naïvement en disant que l’œuvre a vieilli, tandis que c’est tout le contraire qui est le vrai : l’œuvre a gardé son âge, et nous seuls nous avons vieilli. […] Nous avons tous vu des théâtres de formes les plus diverses, les uns ouverts, les autres fermés, souvent chez différents peuples ; nous avons assisté à de nombreuses représentations dramatiques ; nous possédons dans notre imagination une ample collection, un peu confuse, mais très riche, de costumes de tous les âges ; nous connaissons plus ou moins les mœurs des nations anciennes et modernes ayant joué un rôle important dans l’histoire ; enfin, nous sommes familiers avec les légendes héroïques, les mythologies, souvent même avec les langues des pays étrangers. […] Sans doute, tous ne sentent pas le beau avec une force égale, et ne sont pas d’ailleurs disposés ou préparés à subir le joug du poète ; mais par l’effet physiologique de la contagion, qui se produit dans toute foule humaine, les plus indécis et les plus tièdes sont ébranlés par le spectacle de l’émotion que leur donnent les plus ardents, et bientôt il s’établit, entre ces spectateurs de tout âge et de toute condition, une sorte de communion émotionnelle, qui fait qu’une salle tout entière fond en larmes au même instant ou éclate en applaudissements. […] Il est, en effet, à penser qu’une modification au costume sera nécessaire chaque fois que le rôle changera de titulaire ; car la première loi du costume de théâtre, c’est d’être en rapport avec l’âge, la stature et l’air de la personne qui doit le porter.
Mais jamais « ce doucet » n’a l’air meilleure personne que lorsqu’il a gagné de l’âge et de l’embonpoint.
Ma tante et mon père vous diront que nous nous étions appris dès notre tendre âge, Hyeronimo et moi, à jouer aussi bien l’un que l’autre de cet instrument, et que mes doigts connaissaient les trous du chalumeau aussi bien que les doigts de l’organiste des Camaldules connaissent, sans qu’il les regarde, les touches obéissantes de son orgue.
Comme le cloître était bien long et que le frère Hilario marchait pesamment, à cause de son âge, nous causions, Hyeronimo, mon frère et moi, pendant la distance d’un bout du cloître à l’autre bout ; le chien même semblait s’en mêler, monsieur, et ses yeux semblaient véritablement pleurer autant que les miens, quand je regardais Fior d’Aliza ou Hyeronimo.
Sous sa rhétorique romaine et sa subtilité espagnole, c’est un Danois des anciens âges, un Northmann, un homme de fer et de glace, un monstre, un barbare.
Leur jeunesse est lyrique, leur maturité est épique ou romanesque — c’est la même chose, leur âge critique est dramatique.
Un musicien n’est plus guère qui se veuille contenter de pure musique ; à tous sont des émotions terribles, énormes, totales ; aucun ne consent à écrire, s’il ne doit chanter une damnation de Faust ; le romantisme, vraiment, n’était pas en 1830, aujourd’hui il est ; nous vivons dans un âge effroyablement dramatique.
Pour que l’humanité fût délivrée des traditions de mort qui pesaient sur elle, il fallait que des dieux meilleurs l’eussent emporté sur les divinités féroces des vieux âges, il fallait aussi que ces divinités de terreur, subalternisées mais non abolies, se transformassent elles-mêmes, en se ralliant à l’ordre nouveau.
À l’âge de quatorze ans, il a commencé à être décapité par les Taï-Ping, et n’a dû son salut qu’à sa queue, qu’il se désole d’avoir moins belle que celle de ses compatriotes.
On ne pourrait pas dire aujourd’hui quel tort a fait à la littérature, à la langue, combien d’intelligences, de talents a viciés cette préoccupation de plaire à toutes les classes et à tous les âges.
Le jeune homme sérieux, « l’espoir du siècle », comme disait son ami Stendhal, qui se moquait de tous les pédantismes, n’était pas encore né, ou il était en bien bas âge… Il écrivait dans un journal de petites dames, — La Vie parisienne, — et c’est là que le Graindorge, qui pouvait s’appeler Graindepoivre, fut publié.
Ailleurs il fait la distinction classique entre les inégalités naturelles et les inégalités sociales, montre que les secondes sont des dérivations et des aggravations des premières, et qu’elles aboutissent enfin toutes à la seule ou presque seule inégalité de richesse, qui marque le terme extrême de la corruption de la cité : « Je conçois dans l’espèce humaine deux sortes d’inégalités : l’une que j’appellerai naturelle ou physique, parce qu’elle est établie par la nature et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps et des qualités de l’esprit et de l’âme ; l’autre qu’on peut appeler inégalité morale ou politique parce qu’elle dépend d’une sorte de convention et qu’elle est établie ou du moins autorisée par le consentement des hommes. […] Les pères y condamnaient autrefois les enfants dès le berceau ; aujourd’hui ils s’y vouent eux-mêmes dès l’âge de quatorze ans, ce qui revient à peu près à la même chose. […] Se pourrait-il qu’à l’âge de six-vingts ans, Moïse, n’étant conduit que par lui-même, eût été si inhumain, si endurci au carnage, qu’il eût commandé aux Lévites de massacrer sans distinction leurs frères jusqu’au nombre de vingt-trois mille, pour la prévarication de son propre frère, qui devait plutôt mourir que de faire un veau pour être adoré. […] … » « Leurs maximes n’ont pas laissé quelquefois d’exercer une influence sur les nôtres jusque dans l’enceinte des lois : « En l’an de grâce 1673, dans le plus beau siècle de la France, l’avocat général Orner Talon parla ainsi en plein parlement, au sujet d’une demoiselle de Canillac : « Au chapitre xiii du Deutéronome, Dieu dit : « Si tu te rencontres dans une ville ou dans un lieu où règne l’Idolâtrie, mets tout au fil de l’épée, sans exception d’âge, de sexe ni de condition. […] Je souhaiterais que les Jésuites, qui ont les premiers fait entrer les mathématiques dans l’instruction des jeunes gens, fussent aussi les premiers à enseigner des vérités si sublimes, qu’il faudra bien qu’ils enseignent un jour, quand il n’y aura plus d’honneur à les connaître, mais seulement de la honte à les ignorer. » Il a jeté quelque part, sur l’éducation des filles, une boutade qui est piquante, un peu amère, non sans bon sens, et qu’on peut relever pour mémoire et divertissement : « … Vous êtes bien raisonnable pour votre âge.
Tout ce que la prudence de l’âge a pu m’apprendre, c’est de me contenter d’entr’ouvrir les doigts, — peut-être aussi afin que tout ne s’échappe pas d’un seul coup et que le plaisir dure plus longtemps. — Le mal, à mon avis, ne vient pas ordinairement des vérités que l’on montre, mais des vérités que l’on cache. […] On a ordinairement le tort de se représenter chaque grand écrivain ou artiste sous l’aspect qu’il avait en pleine gloire, ou bien à l’âge où la mort l’a surpris. […] Don Diègue ainsi outragé met l’épée à la main ; malheureusement, affaibli par l’âge, il la laisse tomber au choc de l’adversaire, qui triomphe et l’accable de son ironie. […] Rotrou suivit les mêmes errements, aventureux et libres, et, depuis l’âge de dix-neuf ans jusqu’à sa mort, ne laissa guère passer une année sans faire représenter une, deux, trois pièces, quelquefois quatre.
. — Peu à peu, à mesure qu’il avance en âge, il apprend de nouveaux mots ; il les applique aux couples anciens de représentations que l’expérience antérieure a déjà établis en lui, et aux couples nouveaux de représentations que l’expérience incessante établit en lui tous les jours ; ainsi naissent de nouveaux couples de mots compris, c’est-à-dire d’idées. — C’est de dix-huit mois à cinq ou six ans que la majeure partie de ce travail s’accomplit ; plus tard, jusqu’à l’âge adulte, il continue, mais avec des acquisitions moindres.
« Il avait atteint l’âge de chevaucher vers la cour. […] « Lorsqu’il fut dans la force de l’âge et qu’il put porter des armes, ou lui donna tout ce qui lui était nécessaire.
Lentement, savamment, elle préparait la vengeance d’injures qui pour nous étaient des faits d’un autre âge, avec lequel nous ne nous sentions aucun lien et dont nous ne croyions nullement porter la responsabilité. […] L’officier de notre future Landwehr, milice locale sans cesse exercée, deviendrait vite un hobereau de village, et cette fonction aurait souvent une tendance à être héréditaire ; le capitaine cantonal, vers l’âge de cinquante ans, aimerait à transmettre son office à son fils, qu’il aurait formé et que tous connaîtraient.
Est-ce que cet âge voit durer ses douleurs morales pendant tant de pages, et ne savons-nous pas combien la consolation est prompte à descendre sur la jeunesse et à lui rendre la force d’avancer dans la vie ? […] Son grand malheur est d’être toujours restée à quinze ans, ce qui n’est pas l’âge où s’arrête une immortelle.
Je ne sais pas, mais je n’ai pas confiance, il ne me paraît pas retrouver dans cette plèbe braillarde les premiers bonshommes de l’ancienne Marseillaise : ça me semble simplement des voyous d’âge, en joie et en esbaudissement, des voyous sceptiques, faisant de la casse politique, et n’ayant rien, sous la mamelle gauche, pour les grands sacrifices à la patrie. […] Samedi 8 octobre Dans les rues, on rencontre, avec une croix rouge sur le cœur, de grasses lorettes hors d’âge, qui se préparent, toutes éjouies, à tripoter des blessés avec des mains sensuelles, et à ramasser de l’amour parmi les amputations. […] tout fout le camp avec la République… Vous pensez bien que maintenant je ne puis recommencer à faire ma vie… Je redeviens un manœuvre à mon âge… Un mur pour fumer ma pipe au soleil, et deux fois, la soupe par semaine, c’est tout ce que je demande… Ce qu’il y a de plus horrible, c’est l’espèce d’hypocrisie qu’il faut maintenant que je mette dans les choses que je fabrique… vous comprenez, il faut que mes descriptions soient tricolores !
Mais n’est-il pas surprenant qu’il parle avec maîtrise, à l’âge où d’autres savent à peine écouter, et qu’on ne l’ait jamais connu écolier, et que son premier livre, Eleusis, soit aussi substantiel que l’Orient vierge, qui paraissait naguère ? […] Babylas est en effet une figuration de la vie représentée par l’absence même de la vie ; c’est la créature à laquelle il n’arrive jamais rien que de très ordinaire, qui se meut dans un milieu on dirait fluide où les chocs sont rares et adoucis, à laquelle rien ne réussit, mais qui, d’ailleurs, n’entreprend à peu près rien ; souffre-douleur né, mais souffrant peu comme il s’amuse peu, Babylas est surtout content d’être assis sans rien faire « dans une pose de petite fille qui s’ennuie à la messe » ; changeant d’âge sans changer de besoins, il est à peine touché par la puberté, enfin meurt encore jeune, ou toujours vieux, sans avoir jamais pu, malgré des luttes contre sa couardise maladive, se renseigner personnellement sur la différence des sexes. […] Ephraim Mikhael Puisqu’il ne nous laissa que de trop brèves pages, l’œuvre seulement de quelques années ; puisqu’il est mort à l’âge où plus d’un beau génie dormait encore, parfum inconnu, dans le calice fermé de la fleur, Mikhaël ne devrait pas être jugé, mais seulement aimé.
Michelet, Histoire de France ; Louis XV] ; et grâce aux femmes, et pour s’emparer d’elles, la sensibilité s’émancipe de la tutelle étroite et soupçonneuse où l’avaient retenue les maîtres de l’âge précédent. […] On ébranchait les préjugés sans en atteindre ou sans en voir seulement la racine, et comment voulait-on qu’elle ne poussât pas d’âge en âge de nouveaux rejetons ?
Quel âge as-tu donc ? […] Allez chez une somnambule et faites-lui flairer ma lettre, elle vous dira mon âge, la couleur de mes cheveux, ce qui m’entoure, etc. […] Elle possède des cahiers où elle a noté ses impressions depuis l’âge de douze ans.
Paul Claudel Paul Claudel, poète chrétien Certes le nom de Cœuvre ne s’éteindra point dans les âges. […] On le devine inquiété de plus près, de plus bas par le monde et prêt à se joindre enfin à lui : J’avais l’âge où la vie commence à prendre un goût plus douteux sur les lèvres ; où l’on sent chaque instant tomber d’un peu moins haut déjà dans le passé318. […] Elle est indécise et un peu languissante comme un enfant qui change d’âge.
L’Âge moderne (1801-1875) [Discours] I L’un des premiers effets de la désorganisation de l’idéal classique ne pouvait être que de remettre « l’individu » en liberté ; de le rendre à son indépendance naturelle ; et de faire de lui, selon le mot du philosophe ou du sophiste antique, « la mesure de toutes choses ». […] Ce qu’en tout cas ils ont bien compris, c’est que douze ou quinze cents spectateurs, de tout âge et de toute condition, ne se renferment pas pendant quatre ou cinq heures dans une salle close pour y entendre un auteur leur parler de lui-même. […] Il voulait dire : combien de spectateurs de tout âge et de toute condition, qui ne sont point « artistes » ? […] I et II, — s’est détendue à mesure qu’il avançait en âge [Cf., dans les Affaires de Rome, ses descriptions de voyage] ; — et que, s’il y a du pastiche, — et de la déclamation dans les Paroles d’un croyant, — il y a aussi de la poésie.
Nous préférions un mot d’éloge de d’Alembert, de Diderot, à la faveur la plus signalée d’un prince… Il était impossible de passer la soirée chez d’Alembert, d’aller à l’hôtel de La Rochefoucauld chez les amis de Turgot, d’assister au déjeuner de l’abbé Raynal, d’être admis dans la société et la famille de M. de Malesherbes, enfin d’approcher de la reine la plus aimable et du roi le plus vertueux, sans croire que nous entrions dans une sorte d’âge d’or dont les siècles précédents ne nous donnaient aucune idée… Nous étions éblouis par le prisme des idées et des doctrines nouvelles, rayonnants d’espérance, brûlants d’ardeur pour toutes les gloires, d’enthousiasme pour tous les talents et bercés des rêves séduisants d’une philosophie qui voulait assurer le bonheur du genre humain.
Nous ne connaissons rien dans les langues modernes d’analogue à ce charmant et sévère morceau d’antiquité transporté dans notre âge.
Il s’étonnait que la reine Christine prît des leçons de grec d’Isaac Vossius, disant qu’il en avait appris tout son soûl au collège étant petit garçon, et qu’il se savait bon gré d’avoir tout oublié à l’âge du raisonnement.
Dans sa Messe des Morts, restée si moderne, malgré son âge vénérable de près d’un demi siècle déjà (1840), le début de l’Agnus est conforme à la conclusion du morceau précédant, tandis que, au milieu de ce Final, le compositeur ramène la seconde moitié du premier morceau, le Te decet Hymnus même, en dépit de l’ordre du texte rituel, avec les mêmes paroles de cette partie de l’Introitus.
Celle-là remonte, pour sa part, aux plus anciens âges de l’humanité, toutes les civilisations eurent des poètes qui parlèrent de la question interdite, de ce doute qui tue le bonheur avec la foi.
J'aurois peut-être dû m'épargner à moi-même la honte d'être descendu jusqu'à répondre à un tel Calomniateur ; mais j'ai jugé qu'il étoit nécessaire de détruire, dans l'esprit de ceux qui le connoissent personnellement, les préventions que la gravité de son caractere & de son âge auroit pu inspirer en faveur de son imputation ; & dès-lors, par amour pour la vérité & par respect pour les Honnêtes Gens qui la cherchent de bonne foi, je me suis abstenu de lui marquer le mépris que je lui devois.
Samedi 2 septembre À mon âge, et dans mon métier, quand on se sent, certains jours, talonné par la mort, l’angoisse est affreuse de savoir, s’il vous sera donné de terminer le livre commencé, et si la cécité, le ramollissement du cerveau, ou enfin la mort, n’inscriront pas le mot fin, au milieu de votre œuvre.
Il a donné le Ballet des âges, les Amours des dieux, les Indes Galantes, le Carnaval du Parnasse.
Las de nos regards lustrateurs de vieux âges.