Cette faveur du public à laquelle il est accoutumé et qui avait accueilli avidement son précédent discours, qui avait comme saisi ce discours au premier mot, si bien que c’était à croire (pour employer l’expression du moment) qu’on venait de lâcher l’écluse, — cette faveur ne lui a point fait défaut cette fois sur une surface plus unie et dans des niveaux plus calmes.
Aussi cet esprit de feu qui avait animé sa parole publique ne lui a pas fait défaut dans la solitude du cabinet, et l’ancien travail refondu en est ressorti très-vivant.
Mais combien sa conclusion surtout résume sa qualité brillante et son défaut, et représente vivement ce périlleux esprit, je ne dirai plus de pompéianisme, mais de girondinisme, qui s’est longtemps glissé dans nos habitudes et dans notre littérature !
L’on juge les défauts de leurs écrits comme ceux de la nature, et non comme ceux de l’art.
Son seul défaut est de s’abandonner trop : il est prolixe jusqu’à nous étourdir d’un excès de jolis propos où la substance est trop diluée.
Nous lui devons de la reconnaissance et le louer même pour les défauts qui constituent, si je puis ainsi dire, ses qualités, — cette étroitesse sans quoi nous n’aurions pas l’unité de ses efforts, cette grossièreté au-delà de laquelle il a parfois trouvé la grandeur.
Le grand défaut des religions dont nous parlons était leur caractère essentiellement superstitieux ; ce qu’elles jetèrent dans le monde, ce furent des millions d’amulettes et d’abraxas.
Il suffirait d’ailleurs, pour la justification de Bossuet, d’observer que madame de Maintenon est la seule de tous ses contemporains qui se soit permis, en cette occasion, de donner comme un témoignage de mollesse, ou comme un défaut d’esprit de la cour, une conduite pleine de bienséance et conforme aux maximes de la prudence chrétienne.
Or cette absurdité le romancier anglais s’y complaît, et c’est le défaut radical de son livre.
C’est là un genre de religion qui s’est trop affaibli dans les âmes comme les autres religions, et dont le défaut se traduit dans la pratique en un seul fait trop évident : parmi ceux qui écrivent, combien en est-il qui cherchent à faire de leur mieux aujourd’hui ?
Cet aimable et charmant débris de cour n’avait qu’un défaut : il ne pensait pas.
Après en avoir analysé les beautés & les défauts, il trouve que l’Heautontimoruménos n’étoit pas dans les règles du théâtre.
Voilà le principal défaut de ce tableau, auquel on peut encore reprocher une couleur un peu crue et, comme dans le Mariage de la Vierge, plus forte que vraie.
Nos châteaux représentaient les temps de la chevalerie et de la féodalité ; il faut qu’ils disparaissent ; et les anciens propriétaires eux-mêmes, au défaut de la bande noire, s’empresseraient de détruire des demeures fastueuses qui ne sont plus en rapport avec nos besoins et nos existences.
Elle n’a pas, à défaut du discernement qui lui manque, ce que j’appelle la caresse des œuvres que Mme de Staël rend plus belles, en les caressant.
Seulement, au lieu du coqueluchon du xviiie siècle, elle a mis le bonnet rouge des tricoteuses… Mme de Genlis, tout bas-bleu qu’elle fût, échappait aux défauts de tous les bas-bleus en général, et de Mme André Léo en particulier, par sa haine du philosophisme révolutionnaire et par l’idée chrétienne qui souvent affermit son bon sens.
Guizot, malgré les qualités de son esprit et même en raison de ces qualités qui ont leur envers, c’est-à-dire leur défaut, ne nous paraît pas apte à traduire comme il faut Shakespeare.
Les facultés naïves, abondantes, plantureuses, abandonnées, confiantes, d’une grâce diffuse ou onduleuse, qui sont l’étoffe à pleine main et foisonnante du génie, firent toujours défaut à Montesquieu.
Il a assez triomphé par ses défauts même, voilés sous d’éblouissantes qualités, pour avoir, comme beaucoup de triomphateurs, l’aveuglement de son triomphe.
Toujours poète, c’est là son défaut, comme Μ. des Mazures : « Je me penche sur ses yeux profonds, — dit-il (les yeux de la chatte), — et il me semble voir là-bas, — tout au fond, — je ne sais quoi qui se débat, comme un malheureux tombé dans un puits et qui s’efforce de remonter, et qui appelle à l’aide, et qui se raccroche aux parois, et qui retombe toujours, — une âme, je le crois.
Et, en effet, il est bâclé, et l’amitié n’excuse pas, dans un livre, les défauts de composition.
Malgré ce défaut qui l’a suivi partout, excepté en ces lettres, et malgré des inconvénients bien plus graves qui tenaient à de véritables indigences de cerveau, — par exemple son manque de métaphysique et son scepticisme religieux, et même très souvent scientifique, — il n’en fut pas moins — je ne l’ai pas contesté en ce chapitre — une des forces spirituelles de son temps, mais il ne fut point le grand homme absolu qu’on l’a fait.
Grand talent descriptif, qui sait encore mieux distribuer et encadrer ses tableaux que les peindre, il a précisément, comme peintre, le défaut de sa qualité souveraine : il pèche par l’ardeur ; il est froid comme l’exactitude et comme la majesté.
Malgré ce défaut qui l’a suivi partout, excepté en ces lettres, et malgré des inconvénients bien plus graves qui tenaient à de véritables indigences de cerveau, — par exemple, son manque de métaphysique et son scepticisme religieux, et même très souvent scientifique, — il n’en fut pas moins — je ne l’ai pas contesté en ce chapitre — une des forces spirituelles de son temps, mais il ne fut point le grand homme absolu qu’on l’a fait.
Tel est le défaut ou plutôt le malheur d’un livre que nous aurions voulu plus complet.
Je n’ai pas voulu déchirer cet opulent et soyeux tissu pour y chercher quelques légers défauts, quelques fils manqués ou rompus dans sa trame.
« Après tout, — reprend Limayrac, — cette mauvaise fortune du livre de l’Amour n’est qu’apparente ; car, lorsqu’il aura conquis la popularité qui ne peut lui faire défaut et qui aura été longue à venir seulement, il ne l’aura pas achetée par des concessions, et il sera populaire en conservant sa qualité superfine. » Pour notre compte, nous ne savons pas si un esprit superfin comme Stendhal-Beyle, de cette saveur et de ce haut goût, sera jamais populaire, mais ce que nous savons, c’est qu’il a résolu le problème le plus difficile dans les lettres, comme dans les arts, comme dans la politique, et qui consiste à exercer une grande puissance sans avoir une grande popularité.
Telles les qualités françaises et incorrigiblement françaises qui, dans le grand art du roman qu’il abordait, sont des défauts immenses, et qui firent immédiatement réussir Le Sage.
Féval, à qui je voudrais montrer ses qualités et ses défauts à la lumière de ces grands noms, a, lui, l’ironie, l’ironie qui lui a fait rechercher souvent les sujets où l’auteur se moque de lui-même.
Une seule occasion, paraît-il, mit en défaut sa soumission. […] La sûreté du dessein et la sobriété du développement font encore défaut à Montchrétien. […] Tous les défauts du livre viennent de là. […] Il le fut, c’est son mérite ; il ne fut que cela, c’est son défaut. […] À défaut d’idéalisme, trouvera-t-on au moins dans le théâtre du xviiie siècle une représentation exacte de la réalité ?
Ce sont tout à fait des jeunes premiers, chacun avec un défaut, ou plutôt une manie destinée à former obstacle au bonheur et à amener la catastrophe, mais manie qui semble ajoutée après coup et né fait point très logiquement partie de leur caractère ; du reste d’une noblesse convenue, d’une distinction vague et d’une idéalité abstraite. […] Un art qui n’avait, en effet, rien de classique, ni de pseudo-classique, une littérature qui n’était ni de seconde ni de première imitation, qui ne devait même ses défauts qu’à elle-même, qui séduisait au moins par son incontestable naïveté, voilà ce qu’elle découvrait du premier regard. […] Il a été très français, gardant toujours ces qualités, ou ces défauts, de clarté, d’unité, d’ordre, de composition bien ordonnée, d’abondance et de mouvement oratoires qui sont les marques mêmes de notre race, peu philosophique à tout prendre, et plus éloquent que philosophe, peu mystérieux, peu abstrait, médiocrement sentimental, et bien plutôt effervescence d’imagination qu’épanchement de sensibilité. […] J’ai déjà donné, je donnerai encore raison à ceux qui signalent dans Constant un certain défaut d’imagination.
Dans une pareille société, l’adultère est flagrant, public, effréné, frappant à toutes les portes ; il est reçu, salué, fêté ; on en rit : le mariage n’existe plus. » Lorsque la femme, qui est le sentiment dans la nature humaine, se lance dans le mal, parce qu’elle ne sait plus où est le bien, et que, l’ancien bien n’étant plus le bien, la règle du bien lui fait défaut, il est impossible que la société ne s’abîme vite et avec fracas. […] Je vous comprends : à défaut d’une loi morale, vous voulez, comme dit De Maistre, remédier au mal par des lois impitoyables ; mais, au lieu de séparer les deux sexes et de frapper le second sexe tout entier, vous tracez une ligne entre les classes, et vous dites : D’un côté de cette ligne le vice sera permis, de l’autre prohibé. […] Le vice, ce n’est pas le vice en lui-même, c’est le défaut d’argent. […] Tous les arts qui sont l’expression d’une société véritable font défaut aujourd’hui, comme cette société.
Je ne veux ni donner ni recevoir des lois, Et mes mains ourdiraient les entrailles du prêtre A défaut de cordon pour étrangler les rois ! […] Elle ne voit pas que les défauts dans les œuvres. Elle y voit et fait voir aussi les beautés, souvent inaperçues, autant que les défauts. […] Quand il n’y a ni beautés ni défauts dans une œuvre, qu’au lieu de médiocre elle est nulle ; quand l’artiste n’a pas su lutter avec les difficultés de son sujet et qu’il a été accablé et anéanti par elles, la Critique refait à sa manière ce que l’artiste n’a pas su faire, et, ici, elle devient inventive, elle crée… Et il est incroyable que Diderot, qui parfois a créé ainsi, ait pu l’oublier et se soit, en méconnaissant la Critique, traité de sot lui-même, lui qui, ce jour-là, pour avoir dit cette sottise, en a été un.
avoir une garantie en soi contre bien des défauts, bien des travers et des vices d’esprit. […] Il répondit alors un mot d’une mélancolie profonde, où éclate toute la tristesse née de son abandon : « Je suis accoutumé à ses défauts, dit-il. […] Il avait trouvé l’art de faire voir les défauts de tout le monde, sans qu’on s’en pût offenser, et les peignait au naturel dans des comédies qu’il composait encore avec plus de succès qu’il ne les récitait, quoi qu’il excellât dans l’un et dans l’autre. […] Vous ne me dites pas tout ; vous vous entendez avec la Mort et vous venez voir les défauts des Dieux pour en aller divertir les Mortels. […] Mais, Molière, à ta gloire il ne manquerait rien Si parmi les défauts que tu peignis si bien Tu leur avais repris de leur ingratitude60.
Ces écrivains nus ont un autre défaut, nous dit M. […] A défaut de métaphores, l’Astrée est pleine de fines observations notées avec délicatesse. […] A cette heure, à défaut du grand public, qui ne veut entendre parler que de trois ou quatre noms, les poètes sont en assez grand nombre pour composer à eux seuls un public vivant, parce qu’il est passionné. […] L’orthographe actuelle, qui a sa valeur, a de graves défauts. […] Le latin, sur la fin de l’empire, en était plein, si bien que, les grammairiens faisant défaut, elles sont tombées, tout doucement.
À force de vouloir être de son temps et de son pays, tout connaître et tout comprendre, Renan semblait parfois montrer pour les défauts mêmes du caractère français une indulgence allant jusqu’à la complicité. […] Quelques semaines plus tard, Taine subissait à son tour un douloureux échec causé par l’ensemble exceptionnel de qualités et de défauts qui faisait sa rare originalité et que M. […] On oublie les défauts de l’enfant ; sa vue seule fait aimer la nature et bénir la vie. Comment n’oublierions-nous pas les défauts de Michelet, quand nous apprenons de lui à aimer, à agir, à espérer ? […] J’ai cru y reconnaître un désir sincère et un effort énergique pour se corriger de son défaut principal, qui est un goût excessif pour l’abstraction.
De ces défauts il gardera les uns jusqu’à la fin85, et il les fondra dans cettes manière compassée et ornée, qui, s’appuyant d’une période nombreuse et d’une parfaite justesse de diction, composera son éloquence. D’autres défauts pourtant tenaient à sa jeunesse, et ils disparaîtront avec l’âge.
Un autre jour, c’est la fête de Claire ; puis les airs royalistes ne font pas défaut, Charmante Gabrielle ! […] Ce n’est qu’après la publication de l’écrit de Mme de Staël sur la Révolution française qu’elle eut l’idée et le courage de rassembler encore une fois ses souvenirs ; à défaut du premier et incomparable récit, ceux qui liront l’autre un jour auront de quoi se consoler.
Il a beau s’égarer ou se salir ; il n’en convient que mieux à son auditoire, et ses défauts lui servent autant que ses qualités. — Après une première génération d’esprits sains, voici la seconde, où l’équilibre mental n’est plus exact. […] L’auteur est toujours auteur, et communique son défaut à ses personnages ; sa Julie plaide et disserte pendant vingt pages de suite sur le duel, sur l’amour, sur le devoir, avec une logique, un talent et des phrases qui feraient honneur à un académicien moraliste.
Partout ce sont les mêmes textes découpés et séparés de ce qui les explique, les mêmes syllogismes triomphants, mais posant sur le vide, les mêmes défauts de critique historique, provenant de la confusion des dates et des milieux. […] Ici, je dois le dire, je trouvai la sagesse de mes pieux directeurs un peu en défaut.
Elle consiste dans le défaut d’homogénéité qui a toujours existé jusqu’à ces derniers temps entre les différentes parties du système intellectuel, les unes étant successivement devenues positives, tandis que les autres restaient théologiques ou métaphysiques. […] De tels défauts secondaires, qui sont strictement inévitables, ne sauraient prévaloir contre une classification qui remplirait d’ailleurs convenablement les conditions principales.
J’ai parlé d’art grec : est-il rien qui le rappelle et le représente plus heureusement que ce conseil donné à un sculpteur de se choisir des sujets calmes et gracieusement sévères, comme des hors-d’œuvre à son ciseau, dans les intervalles de la verve et de l’ivresse : Sculpteur, cherche avec soin, en attendant l’extase, Un marbre sans défaut pour en faire un beau vase : Cherche longtemps sa forme, et n’y retrace pas D’amours mystérieux ni de divins combats.
Elle n’avait pour défaut qu’un peu d’impatience et de ne pas toujours goûter assez la douceur de la retraite, d’y ressentir des amertumes d’esprit.
J’ai un autre défaut pour le moment présent : je m’habitue difficilement à parler en public ; je cherche mes mots, et j’écoute mes idées ; je vois à côté de moi des gens qui raisonnent mal et qui parlent bien : cela me met dans un désespoir continuel.
pourquoi y feraient-ils défaut, tout les premiers ?
Indépendamment des défauts et des torts corrélatifs, pour ainsi dire, à ses qualités, comme chez Rousseau, il en a de gratuits et par surérogation comme menteur, mal élevé, ami de Richelieu, sans décence et sans dignité dans sa grandeur.
La république des lettres ne s’étend point dans des lieux où elle sait qu’elle n’a que des ennemis, occupés sans cesse à désapprendre ou à oublier ce que la curiosité leur avoit fait rechercher, pour renfermer toute leur application et leur étude dans le seul livre de Jésus-Christ. » Chaque fois que l’incorrigible Nicaise recommence, Rancé réitère cette profession d’oubli : « Tous les livres dont vous me parlez ne viennent point jusqu’à nous, parce qu’on les regarde comme perdus et comme jetés dans un puits d’où il ne doit rien revenir. » Le bon abbé Nicaise ne se décourage point pourtant ; à défaut des ouvrages d’autrui, il enverra les siens propres, et il espère apprendre du moins ce qu’on en pense.
A défaut du cadre en lui-même, on peut du moins en montrer les impressions dans l’âme des amants et y suivre, par le sentiment ému, les belles ombres plus flottantes.
Cela a l’air des choses antiques, sans rien d’artificiel : c’est une poésie légère, limpide, plastique, baignée de lumière, aux formes harmonieuses et faciles, qui semblent spontanément écloses, un art sûr et sobre, qui se dérobe partout, et jamais ne défaut.
Il saisit de toute son intelligence, de tout son cœur le rôle qui lui était présenté ; et tout en lui, défauts et qualités, y servit.
La minutie de l’étude, le poids du livre ne sont pas des défauts dans une thèse de doctorat qui n’est pas pour les gens du monde.
Paul Desjardins lui-même fait défaut à la cause du « devoir présent » !
On tâche, comme on l’a déjà fait une première fois d’après l’œuvre, d’arriver à une ou à plusieurs qualités maîtresses, en se rappelant qu’une qualité est d’ordinaire doublée d’un défaut correspondant ; qui dit brave, dit souvent téméraire ; austérité confine à rigidité.
Après avoir cité quelques vers du style héroïque, il dit : Sur un ton si hardi sans être téméraire Racan pourrait chanter à défaut d’un Homère.
Français, nous avons depuis quelque temps tous nos défauts ; gardons au moins quelques-unes de nos qualités.
Ces lettres ont été écrites au hasard de la plume, sans livres, et les faits historiques ou les textes littéraires qu’elles contiennent çà et là sont cités de mémoire ; or la mémoire fait défaut quelquefois Ainsi, par exemple, dans la Lettre neuvième, l’auteur dit que Barberousse voulut se croiser pour la seconde ou la troisième fois, et dans la Lettre dix-septième il parle des nombreuses croisades de Frédéric Barberousse.
Elle invoquait cette remarquable maxime de l’empereur Napoléon Ier : « C’est un grand défaut dans un gouvernement que de vouloir être trop père : à forcede sollicitude, il ruine la liberté et la propriété4. » Telles étaient les doctrines de l’école économiste, telles qu’on les trouve exposées dans les écrits de J.
Diomede nous dit bien que ce fut un Rosius Gallus, qui le premier porta un masque sur le théatre à Rome pour cacher le défaut de ses yeux qui étoient bigles, mais il ne nous dit pas quand Rosius vivoit.
Quand on appréhende de ne pouvoir se satisfaire, il est plus commode de se déclarer d’abord satisfait ; et, de peur de se trouver trop de défauts, il sera toujours plus simple de croire qu’on n’en a point.
Dans ces portraits de tous les genres que d’Arpentigny fait passer devant nous et où nous retrouvons cette touche particulière qu’il n’aurait point si sa main n’avait pas fait longtemps siffler une cravache ou une épée, dans ces portraits s’attestent avec éloquence toutes les qualités qui créent les grands portraitistes : la finesse des nuances, l’observation concentrée, et ce magique sentiment des analogies dont on est obligé de parler beaucoup quand on parle du capitaine d’Arpentigny, car les défauts de son esprit comme les plus brillants avantages de son talent viennent de ce sentiment puissant et dangereux : « Chopin — dit d’Arpentigny — n’était pas de ceux-là qui ont les nerfs en harmonie avec leur tempérament.
Littérairement, artistement, on peut signaler des défauts et des inégalités dans ce long ouvrage, mais ils sont couverts par de grandes qualités, et, dans un temps donné, ces qualités les couvriront mieux encore.
Selon nous, à défaut d’autres marques, cela seul eût prouvé qu’ils le reconnaissaient pour un des leurs, c’est-à-dire pour un philosophe, malgré sa foi et son titre de prêtre — et ils avaient raison, du reste, car, malgré tout cela, il en est un !
Mais, tel que nous l’avons, avec ses défauts, sa manière, sa préciosité (Monselet s’est aussi comparé à Voiture), avec la fausseté de beaucoup de rapprochements qui ont trompé un œil qu’on ne trompera plus quand il sera attentif, et enfin les souvenirs d’études, les grandes herbes qu’a poussées le xviiie siècle au milieu de tout cela, Monsieur de Cupidon, ce livre dont on peut trop dire encore ce qu’un critique exquis (Joubert) disait de Gil Blas : « On sent qu’il a été écrit au café, entre deux parties de dominos », Monsieur de Cupidon nous fait croire à un autre livre de Monselet qui établirait et fixerait sa renommée.
VI Et c’est, du reste, ce qui rachètera tout des défauts de ses livres, dans lesquels il y a des parties éclatantes de chefs-d’œuvre, mais point de chefs-d’œuvre complets qu’on puisse mettre debout devant soi et admirer comme une chose accomplie.
trop souvent, la femme d’esprit se mêle à la femme de cœur, en ces lettres aussi spirituelles — et c’est leur défaut — qu’elles sont palpitantes d’émotion, l’esprit, du moins, n’y empêche jamais l’émotion de naître.
L’élan était donné, mais la création décisive faisait encore défaut.
On l’a blâmé, on le blâmera encore ; je ne l’accuse, ni ne le justifie : je remarquerai seulement que plus un peuple a de vanité au lieu d’orgueil, plus il met de prix à l’art important de flatter et d’être flatté, plus il cherche à se faire valoir par de petites choses au défaut des grandes, et plus il est blessé de cette franchise altière ou de la naïve simplicité d’une âme qui s’estime de bonne foi et ne craint pas de le dire.
Tel enfin parut, dans Constantinople, un orateur, que six empereurs honorèrent successivement ; qui, panégyriste, ne parla jamais que pour dire aux princes les vérités les plus nobles ; à qui l’admiration éleva des statues, sans que l’envie même osât murmurer ; et qui, malgré ses imperfections et ses défauts, eut un caractère fort supérieur à l’esprit général de son temps ; c’est le philosophe Thémiste.
J’ajouterais qu’à mon avis, les lacunes ou les défauts n’en sont pas où l’on croit les voir, mais ailleurs, et qu’assurément ce n’est point Voltaire qui les a réparés, dans son Essai sur les mœurs, avec ce qu’il y dit de l’Ezour-Veidam ou de l’empereur Kam-Hi… Mais ce qu’il est plus intéressant de montrer, c’est le dessein que Bossuet s’est proposé dans son Discours ; ce sont les raisons particulières qu’il a eues de le publier. […] De telle sorte que, ce qui était un charme dans les Essais devient un défaut dans les Pensées sur la comète. […] « Exceptons un petit nombre de personnes qui, par la bonté du tempérament, ou par une supériorité de raison et de génie, ou par l’application aux sciences, ou par la faveur du ciel, corrigent les défauts de la nature, et se relèvent des préjugés de l’enfance. […] Intolérants et orgueilleux, difficiles à manier, chagrins et moroses, méprisants et austères, affectant la religion jusque dans leur costume, les protestants possédaient, en revanche, les vertus dont ces défauts étaient comme l’enveloppe, et, grâce à elles, on peut dire que depuis plus d’un siècle, ils représentaient la substance morale de la France. […] Car, à feuilleter ses Mémoires, et à voir quels furent ses amis, Fontenelle, et ce vieux Chaulieu, qui lui adressait, à plus de quatre-vingts ans, les vers que l’on connaît : Launay, qui souverainement Possèdes le talent de plaire, Qui sais de tes défauts te faire un agrément.
Aurel a tous les défauts que l’on voudra ; mais non pas celui de la vulgarité. […] Il est vrai qu’il est difficile d’avoir de l’esprit sans tomber un peu dans ce défaut-là. […] Ce n’est cependant pas sa faute si l’occasion lui a fait défaut. […] Certes, j’estime qu’il me faudrait un peu chercher pour trouver des défauts à M. […] — IV : Quels sont les défauts que la raison et le goût proscrivent dans nos représentations théâtrales ?
Aussi peut-on affirmer qu’aucune éventualité politique ne prendrait la France au dépourvu ; elle a des doublures pour tous les rôles, et, à défaut d’hommes, les noms ne lui manqueront pas. […] Le grand défaut de la pièce de Lady Tartufe me paraît le titre, que M. […] On ne transpose pas impunément les défauts d’un sexe dans l’autre. […] Dans les deux derniers dessins, le défaut que je reproche à M. […] Ni ses qualités ni ses défauts ne sont de ceux qui s’harmonisent avec le génie français, le plus despotique et le plus intolérant en fait de composition littéraire.
Dans la suite, ce fut la ressource d’un goût national qui, au défaut d’objets importants, s’exerçait sur des frivolités ; un besoin de pérorer, qu’on satisfaisait sans se compromettre ; le premier pas vers la corruption de l’éloquence, qui commençait à perdre de sa simplicité, de sa grandeur, et à prendre le ton emphatique de l’école et du théâtre. […] La débauche et l’artifice sont les moindres défauts de Poppée. […] Le feu prend en un même instant à des magasins de marchandises combustibles et les embrase tous à la fois : rapide à sa naissance, le vent ajoute à son activité, et le défaut de maisons revêtues de gros murs, ou de temples munis de remparts, favorise ses progrès ; il ravage les espaces de niveau, il monte, il redescend avec plus de force. […] Nous devons à Plutarque et à quelques autres biographes anciens, et nos neveux devront à Moréri, à Bayle, à Chaufepié, à Marchand, à Fontenelle, à D’Alembert, à Condorcet, à notre Académie française, la connaissance utile des vertus sociales ou des défauts domestiques qui rendirent agréables ou fâcheux le commerce des hommes célèbres dont ils admireront les ouvrages210. […] Ses imitateurs ne s’élèveront jamais à la hauteur de ses beautés originales ; et il serait à craindre que les jeunes gens, captivés par les défauts séduisants de ce modèle, n’en devinssent que d’insipides et ridicules copistes.
Un observateur attentif, exempt de préventions, remarque maints défauts, dans la société humaine, défauts de bonheur, défauts de moralité. Si l’on a voulu consentir que les hommes ne sont pas rigoureusement bons, c’est à leurs torts que l’on impute les défauts de leur société : alors on s’établit moraliste. […] Descharmes borne le tort des deux bonshommes à ceci : défaut de méthode. […] Voire, il a certains défauts tout récents, les défauts de la dernière mode. […] L’on y retrouve les mêmes caractères, qualités ou défauts.
La Rochefoucauld a tous les défauts de son genre et de son génie. […] — Il est vrai qu’il a les prodigieux mérites de ses prodigieux défauts. […] Quel est son défaut ? Son défaut est un excès d’intelligence. […] Nulle ne domine et là serait le défaut.
Dans les temps modernes, si la poésie proprement dite a fait défaut à ce genre de tradition, le roman n’a pas cessé ; sous une forme ou sous une autre, certaines douces figures ont gardé le privilège de servir d’entretien aux générations et aux jeunesses successives. […] Chagrin sans être triste, misanthrope sans être sauvage, toujours vrai et naturel dans ses différents changements, il plaît par ses propres défauts, et l’on serait bien fâché qu’il fût plus parfait. » Sans être un bel-esprit, comme cela devenait de mode à cette date, le chevalier d’Aydie avait de la lecture et du jugement ; il savait écouter et goûter ; son suffrage était de ceux qu’on ne négligeait pas. […] Je suis remplie de défauts, mais je respecte et j’aime la vertu… » Cette idée de vertu entra donc distinctement pour la première fois dans ce cœur qui était fait pour elle, qui y aspirait d’instinct, qui était malade de son absence, mais qui n’en avait encore rencontré jusque-là aucun vrai modèle.
Je ne suis pas d’ici, moi, et vous me l’avez trop laissé comprendre. » Mais tout de même, dans le fond, elle sent ce qui lui fait défaut ; elle a le respect et la superstition du seul luxe qui manque aux rois de l’or du nouveau monde : l’ancienneté des noms et des souvenirs, une tradition, des meubles et des portraits de famille, et les façons d’être qui sont liées à cette ancienneté. […] C’est là son seul défaut ; mais il est, j’en ai peur, rédhibitoire. […] Ce n’est pas très commode ; car l’éparpillement de l’action et de l’intérêt est le plus grand et sans doute l’unique défaut de cette comédie.
Ce perfectionnement, ce point suprême au-delà duquel l’esprit humain est condamné à déchoir, c’est Racine qui l’atteignit ; Racine, un de ces génies accomplis de la famille des Virgile, des Raphaël, des Mozart, non moins étonnants pour s’être gardés de tous les défauts que pour avoir réuni toutes les qualités ; lumières douces et pénétrantes, qui éclairent les plus ignorants comme les plus versés dans la science des choses humaines, et qui n’éblouissent personne ; esprits harmonieux, chez qui nulle qualité n’est poussée jusqu’à son défaut, mais qui possèdent une qualité supérieure et charmante par laquelle ils sont les premiers parmi les hommes de génie, la sensibilité. […] On y sent à toutes les pages l’imitation ; et puisque les défauts seuls s’imitent, c’est tour à tour la complication d’amours croisées, les raisonnements, la galanterie mêlée de politique, qu’emprunte à Corneille le jeune Racine.
Elles ont fait défaut en 1830. […] Dès le premier jour, il avait discerné ce défaut de son prince et nous assistons presque à chaque page à son prudent travail pour se mettre en garde là contre. […] De tels documents ont une grande valeur quand ils émanent d’un homme mêlé à de grands événements ; leur défaut est de tourner aussitôt au plaidoyer. […] C’était leur défaut, cette démesure, mais elles étaient nobles et hautes. […] Le problème était, voulant ce résultat, de discerner ceux de ces écrivains capables de ce retour, de les enrôler sans rien leur demander que de bien prendre conscience de leurs qualités et de leurs défauts, puis de développer leur génie dans ses justes limites.
On lui reprochoit d’être foible & dissimulé : quelques-uns donnoient à ces défauts le nom de politique ; d’autres les interprétoient d’une manière très-odieuse. […] Il a surtout un grand défaut : c’est le mélange des stiles emphatique & déclamatoire dans certains articles ; diffus & languissant dans d’autres : dans ceux-ci, chargés de phrases & de lambeaux pris de toutes parts. […] Il mettoit en opposition les beautés & les défauts des deux poëmes ; &, après avoir bien examiné tout, il donnoit la préférence au dernier. […] Sûr d’être avoué de sa compagnie, il écrivit avec confiance contre le Tasse, & ne craignit point de grossir les défauts de ce poëte. […] Ce n’est pas qu’elle n’ait de grands défauts.
La jouissance personnelle ne lui suffit pas ; il lui faut encore la paix de la conscience et les effusions du cœur Voilà l’homme tel que Dieu l’a fait et l’a voulu ; il n’y a point de défaut dans sa structure. […] Confessions , Livre I, I, et fin du Ve livre. — Première lettre à M. de Malesherbes. « Je connais mes grands défauts, et je sens vivement tous mes vices.
La modération et la douceur rendent la vieillesse agréable ; les défauts contraires font le malheur de l’homme âgé, comme ils feraient celui de l’homme jeune. » Il cite ces vers de Pindare à l’appui de son opinion, sur le bonheur de vieillir dans l’honneur et dans l’aisance : « L’espérance l’accompagne en berçant doucement son cœur et allaitant sa vieillesse, l’espérance, qui gouverne à son gré l’esprit flottant des mortels, etc. […] La mobilité et l’universalité, c’est à la fois son défaut et sa vertu.
Un ami de Mme de Staël, M. de Sismondi, Toscan d’origine, Genevois de séjour, Français de goût, l’embarrassait beaucoup par ses correspondances très indiscrètes ; il ne cessait de la provoquer, avec un défaut de tact qui touchait par la candeur à une ingénuité presque niaise, à se prononcer contre l’Empire. […] Comme il n’est rien qu’avec effort, comme il veut toujours paraître au lieu d’être lui-même, ses défauts sont tachés comme ses qualités, et une vérité profonde, une vérité sur laquelle on se repose avec assurance, n’anime pas tous ses écrits.
Ces deux écrivains ont à eux seuls occupé l’espace de tout leur siècle ; ils ont tellement confondu leur nom avec le nom même de leur patrie qu’on ne peut dire Cicéron sans que Rome tout entière se présente à l’imagination du lecteur, et qu’on ne peut dire Voltaire sans que la France apparaisse avec toutes ses grandeurs littéraires, tous ses talents et tous ses défauts, à l’esprit de l’Europe. […] Cette erreur incompréhensible dans la métaphysique religieuse de Voltaire est un vice de raisonnement ou un défaut de réflexion qui engendre en lui mille autres erreurs en physique.
Il lui doit ses plus grandes beautés et ses défauts les plus saillants. […] Il est de la race, désormais éteinte sans doute, des génies universels, de ceux qui n’ont point de mesure, parce qu’ils voient tout plus grand que nature ; de ceux qui, se dégageant de haute lutte et par bonds des entraves communes, embrassent de jour en jour une plus large sphère par le débordement de leurs qualités natives et de leurs défauts non moins extraordinaires ; de ceux qui cessent parfois d’être aisément compréhensibles, parce que l’envolée de leur imagination les emporte jusqu’à l’inconnaissable, et qu’ils sont possédés par elle plus qu’ils ne la possèdent et ne la dirigent ; parce que leur âme contient une part de toutes les âmes ; parce que les choses, enfin, n’existent et ne valent que par le cerveau qui les conçoit et par les yeux qui les contemplent.
C’est une des plus grandes sources de sophismes et d’erreurs, ou, pour demeurer dans notre comparaison, je dirai : c’est un des plus grands magasins de sophismes et d’erreurs que cette négligence de considérer, cette faute de considérer, ce défaut de considérer, je veux dire que cette négligence qui consiste à ne pas considérer, à négliger de considérer que du tout neuf n’est pas forcément du tout nouveau. […] Ce n’est pas celle qui n’a pas de défauts.
Elle n’a qu’un défaut, c’est qu’elle est morte. […] À défaut du martyre, il courtisa si bien la mort, que cette froide fiancée, la seule qu’il ait aimée, finit par le prendre.
Ceux dont la vie est à l’abri des soucis d’argent forment une catégorie qui a des mérites et des défauts particuliers. […] A leur défaut, des financiers, qui ont eu l’esprit de s’enrichir, savent dépenser un bien trop souvent mal acquis en Mécènes généreux, tel ce fastueux et malheureux Fouquet dont le nom doit à la courageuse reconnaissance de ses protégés une espèce de persistante auréole.
Son œuvre porte donc l’empreinte exagérée des qualités et des défauts de la race germanique. […] Gounod : « Je suis pour la représentation, bien que Lohengrin ait un grand défaut : l’héroïne ne chante pas de valse.
Il ne pouvait pas ne pas l’être et, précisément, les défauts dont on lui tient rigueur, et que nous signalerons (surtout son manque de mesure), témoignent en faveur de l’intensité lyrique de ses dons. […] Et ces défauts sont encore plus apparents dans le théâtre actuel de Maurice Magre, toute son œuvre présente ainsi l’aspect du camp de Wallenstein.
Sa faveur et sa disgrâce, son éducation et son naturel, ses qualités et ses défauts l’y avaient porté. […] Tout le monde sait que le défaut de nos poètes classiques est de mettre en scène non des hommes, mais des idées générales ; leurs personnages sont des passions abstraites qui marchent et dissertent.
Macdonald a un défaut, c’est un peu d’orgueil ; mais c’est un brave homme qui a du talent.
Tous les défauts, au reste, de l’esprit et de l’œuvre de Lamennais sont dénoncés et marqués avec précision par M.
que Voltaire, avec tous ses défauts qu’il se passait trop librement, est utile, au contraire, quand on n’y abonde pas et qu’on sait y joindre à propos les correctifs !
A pareille mésaventure, les excuses comme les explications font défaut et expirent sur les lèvres.
Mais en suivant la destinée poétique de Mme Tastu, en la voyant cheminer si pure, si attentive et discrète, si comprimée parfois dans sa ligne tracée ; en lui entendant opposer d’autres talents de femmes, plus brûlants, plus passionnés en apparence, et non pas soutenus d’âmes plus profondes, je me suis dit que bien des bonnes et essentielles qualités interdisent souvent à des qualités plus spécieuses ou à de brillants défauts de se produire avec avantage.
En nous tenant strictement ici à ce qui concerne le fondateur de la Revue des Deux Mondes (et cette fondation est le vrai titre d’honneur de M.Buloz), nous pourrions bien lui affirmer que ce n’est point tant à cause des inconvénients, des imperfections et des défauts que toute œuvre collective et tout homme de publicité apportent presque inévitablement jusqu’au sein de leurs qualités et de leurs mérites, qu’il est attaqué et injurié avec cette violence en ce moment, mais c’est précisément à cause de ses qualités mêmes (qu’il le sache bien et qu’il en redouble de courage, s’il en avait besoin), c’est pour sa fermeté à repousser de mauvaises doctrines, de mauvaises pratiques littéraires, et pour l’espèce de digue qu’il est parvenu à élever contre elles et dont s’irritent les vanités déchaînées par les intérêts.
Mais ces défauts si réels ne doivent pas faire condamner absolument un travail dans lequel l’auteur paraît d’ailleurs avoir apporté des soins, s’être entouré de beaucoup de secours, et qui, empruntant presque à chaque page l’alliance élégante du dessin et s’adressant aux gens du monde bien plutôt qu’aux savants, a chance de ne pas remplir trop incomplétement son objet. — Pour nous ç’a été du moins un prétexte que nous avons saisi, de nous arrêter une fois et de nous incliner devant cette grande figure d’Homère, et c’est tout ce que nous voulions.
Il n’avait voulu que changer de branche, mais, la dernière branche lui faisant défaut, il prit son grand vol, et, comme on dit, la clef des champs.
Il y a quelques défauts dans la forme, dans le style, et nous les dirons sincèrement.
Je sais bien que c’est un reste de l’ancienne et première Constitution auquel on n’a pas voulu renoncer ; mais ce n’est plus qu’un anneau brisé : la chaîne fait défaut, puisque les ministres deviennent, en définitive, responsables devant le Corps législatif.
Après avoir essayé de montrer quelles sont les causes premières des beautés originales de la poésie grecque, et des défauts qu’elle devait avoir à l’époque la plus reculée de la civilisation, il me reste à examiner comment le gouvernement et l’esprit national d’Athènes ont influé sur le rapide développement de tous les genres de littérature.
Il connaît la peinture, la musique : je ne dis pas qu’il n’en raisonne un peu à tort et à travers ; mais jamais le défaut de connaissances précises ou techniques n’est la source de ses déviations de jugement.
Cette forte doctrine a le défaut de tout expliquer : elle ne fait pas apparaître les éléments encore inexplicables de l’œuvre littéraire.
Il restera une foule de ces vers admirables qui n’empêchent pas les poèmes d’être médiocres, et qui sont les dernières fleurs dont se parent les poésies mourantes ; il restera le souvenir de grandes facultés poétiques, supérieures à ce qui en sera sorti ; il restera le nom harmonieux et sonore d’un poète auquel son siècle aura été trop doux et la gloire trop facile, et en qui ses contemporains auront trop aimé leurs propres défauts.
Il a montré la femme telle qu’elle est, mais sans amertume, et même l’exaltation de ses défauts en est devenue belle.
Son étude sur les émotions qui sera exposée plus tard, excellente dans le détail, n’est qu’une suite de fragments dont la connexion ne paraît pas assez clairement ; et ce défaut, c’est ici, croyons-nous, qu’en est la source.
Mais peut-être est-ce là un défaut inhérent aux travaux de cette nature, où le nombre et la variété des observations sont tels qu’on peut s’orienter à peine dans la foule.
A défaut d’un père, il a eu une mère bonne et tendre.
Nous retrouvons ainsi des ressources dans nos inconvénients, et nous sommes ramenés à notre qualité par nos défauts mêmes.
Ce que vous qualifiez défaut, je le qualifie accent.
On y remarqua cependant des défauts ; mais on appuya davantage sur quelques méchancetés qu’on crut y voir.
Si la forme est ce qu’il y a de plus essentiel dans le cerveau, il sera permis, à défaut d’autres moyens, de prendre le cerveau humain comme le type le plus parfait, puisque c’est l’homme qui est l’animal le plus intelligent.
Un outrage vengé, dans le Cid, a enfanté seul ce chef-d’œuvre d’intrigue, que le public révolté, comme dit Despréaux, s’est obstiné à toujours admirer, malgré une cabale puissante, des raisonnements spécieux et quantité de visibles défauts.
On devine à ce brusque revirement une de ces natures impétueuses, irascibles, passant d’une extrémité à l’autre, et incapables, au lendemain de l’insulte, d’apercevoir une seule des qualités de l’homme dont elles ne voyaient pas la veille les défauts.
Mazarin, l’Italien Mazarin, résume en lui les qualités et les défauts de l’Italie des derniers temps.
Les défauts qui tiennent à la nature, sont quelquefois piquants ; les beautés qu’on emprunte sont presque toujours sans effet : il y manque pour ainsi dire l’assortiment et l’ensemble.
La plûpart de nos grammairiens françois qui n’ont eu que le mérite d’appliquer comme ils ont pû la grammaire latine à notre langue, ont copié presque tous ces défauts. […] Quoiqu’il semble que certaines langues n’ayent pas d’expressions propres à déterminer quelques points de vûe pour lesquels d’autres en ont de fixées par leur analogie usuelle, aucune cependant n’est effectivement en défaut ; chacune trouve des ressources en elle-même. […] Il ne paroît pas que dans la langue italienne, dans l’espagnole, & dans la françoise, on ait beaucoup raisonné pour nommer ni pour employer la lettre G & sa correspondante C ; & ce défaut pourroit bien, malgré toutes les conjectures contraires, leur venir de la langue latine, qui est leur source commune. […] Il faut avouer qu’il y a bien de la vérité dans cette remarque, & qu’à parler en général, une langue débarrassée de toutes les inflexions qui ne marquent que des rapports, seroit plus facile à apprendre que toute autre qui a adopté cette maniere ; mais il faut avouer aussi que les langues n’ont point été instituées pour être apprises par les étrangers, mais pour être parlées dans la nation qui en fait usage ; que les fautes des étrangers ne peuvent rien prouver contre une langue, & que les erreurs des naturels sont encore dans le même cas, parce qu’elles ne sont qu’une suite ou d’un défaut d’éducation, ou d’un défaut d’attention : enfin, que reprocher à une langue un procédé qui lui est particulier, c’est reprocher à la nation son génie, sa tournure d’idées, sa maniere de concevoir, les circonstances où elle s’est trouvée involontairement dans les différens tems de sa durée ; toutes causes qui ont sur le langage une influence irrésistible. […] Chaque langue doit donc nécessairement tenir des perfections & des défauts du peuple qui la parle.
Pour mieux dire il en avait gardé les défauts et n’avait gardé aucune de ses qualités. […] Si la jument de Roland avait un défaut qui effaçait toutes ses qualités, les mauvaises institutions que foudroyaient les philosophes du xviiie siècle avaient une infortune qui devait faire excuser tous leurs défauts et par laquelle elles revenaient à l’innocence. […] L’éloquence, qui, sans être précisément un défaut, est un des plus grands dangers qu’un homme puisse porter avec soi ; elle a des suites graves chez les entêtés. […] Cette division les frappe comme une infériorité de notre part, elle est, pour notre monde chrétien, le défaut de la cuirasse. […] Quinet qui, du reste, n’a jamais écrit un livre comme William Shakespeare, tombe bien souvent dan » ce défaut.
Si chez lui la forme n’a pas toujours toute la pureté, toute la perfection désirable, ce défaut est amplement racheté par la grâce souveraine, par la grandeur des images qu’il appelle au secours de sa pensée. […] Le défaut général de Raphaël, qui se retrouve presque à chaque page, c’est l’abus de l’infini. Ce défaut se montre aussi parfois dans les Confidences ; mais il n’a pas, comme dans Raphaël, un caractère systématique. […] Malheureusement ces défauts ne sont pas les seuls que je doive signaler dans Geneviève. […] Je ne parle pas de la singularité de plusieurs comparaisons employées par l’auteur pour exprimer la forme de ses livres et de ses porcelaines, et dont le plus grand défaut est d’être absolument inintelligibles pour les oiseaux envolés.
Proudhon, je ne trouve qu’un défaut, c’est que les idées n’y sont absolument pour rien. […] Ses défauts viennent de là, comme ses qualités. […] Pour lui, il est sceptique, et c’est, si vous voulez, son défaut, qui tient à son talent même ; on n’est pas impunément critique à ce point. […] Indulgents pour eux-mêmes, ils se complaisent à disséquer les défauts d’autrui. […] Ses défauts même seront aimables, parce qu’ils seront sincères comme ses qualités.
Sa femme et ses enfants reconnaissent en lui un chef dont la sagesse et la fermeté ne sont jamais en défaut. […] Les hommes lui font défaut. […] Ce qui fait défaut, c’est l’éducation de cette énergie, c’est l’habitude de l’employer librement, solitairement, avec la conscience et avec l’audace de la responsabilité. […] » Cet orgueil était légitime, et à défaut du large public, les connaisseurs l’avaient dès longtemps reconnu. […] La légende a si bien déformé cette physionomie, pourtant frappante, que la plus simple exactitude a fait défaut aux neuf dixièmes des articles publiés à son occasion.
Ely Star avait le défaut, ou l’agrément, d’escamoter fort adroitement les pièces de cent sous. […] Le courant d’air On peut diviser l’humanité de bien des manières, selon les qualités, selon les défauts les plus répandus. […] On dira que j’exagère, mais j’ai vu assez de films italiens pour juger qu’ils n’ont qu’un défaut, celui d’être parfaitement inanes et du sentimentalisme le plus odieux, quoique le plus convenable et le plus sirupeux. […] Et l’on s’en prit aussitôt au défaut d’hygiène, aux taudis.
Au reste, on ne doit jamais parler, et surtout publiquement, de ses défauts et de ceux d’autrui ; à moins qu’on ne songe à faire ainsi quelque bien. […] C’est un morceau magistral de critique générale, qui semble écrit de verve, dans l’ardeur d’une conviction toute fraîche : je ne crois pas qu’on ait jamais marqué en traits plus frappants le défaut de la littérature vieillie qui agonisait avec la société dont elle était l’expression. […] Car, tandis que les bourgeois s’efforcent, avec un zèle honorable, à compenser par leur savoir leur défaut d’origine, les nobles s’appliquent avec une louable émulation à relever encore leur éclat natif par le mérite le plus éclatant. […] Cela montre comment les défauts ne sont que des vertus déplacées. […] C’est un fils des hommes qui a beaucoup de défauts, et cependant l’un des meilleurs… » Cette bonne opinion qu’il avait de sa première pièce, Goethe ne la perdit jamais.
Ce défaut est radical. […] Toute une grande partie de son œuvre est consacrée à corriger ce défaut d’information. […] Ses contemporains le fâchent par leur défaut de futilité. […] Elles affichent leurs défauts. […] Leurs défauts les signalent plus que leurs qualités honnêtes à l’attention d’un public nombreux ; et, plus faciles à imiter que leurs qualités honnêtes, leurs défauts leur valent des adhérents.
L’unité d’esprit fera par suite un peu défaut aux vingt volumes qui composent l’histoire des Rougon-Macquart. […] Est-ce de sa part dédain, légèreté, excès de chauvinisme ou simplement défaut d’information ? […] Mais, comme tout homme, il a les défauts de ses qualités. […] Aussi la mélancolie et la pitié n’y font-elles point défaut. […] En voilà plus qu’il n’en faut sans doute sur les graves défauts qui me gâtent le livre de M.
Ce défaut devient d’autant plus grave, à mesure qu’on se rapproche de l’époque moderne où les affaires semblent relever davantage de l’opinion. […] Il semble bien que, jusqu’au bout, leur clairvoyance ait été en défaut et que ni le souci de leurs intérêts, ni la plus complète antipathie de nature n’aient suffi à les inquiéter. […] Dénué de psychologie autant que de sens historique, mais doué de la faculté de grossissement, peintre et conteur, il était servi cette fois par ses défauts aussi bien que par ses qualités. […] C’est une rengaine dont on nous a suffisamment rebattu les oreilles, mais qui, en outre, a le défaut de ne rien signifier. […] « L’ensemble de mon œuvre en vers et en prose témoigne assez, d’aucuns trouvent que c’est trop, de beaucoup de défauts, de vices même et d’encore plus de malchance plus ou moins dignement supportée.
À peine avait-il fait la connaissance d’un nouveau professeur qu’il découvrait les défauts de son enseignement, et les définissait avec l’étonnante précision qu’il apportait à juger toute chose. […] Il eut toujours un extraordinaire défaut de sens pratique. […] Animer des personnages d’autrefois de sentiments et de pensées modernes, comme ont fait Walter Scott et tous ses successeurs, n’est pas moins déraisonnable que de vouloir échapper à ce défaut, comme a fait Flaubert, en créant des personnages d’autrefois qui n’ont ni sentiments ni pensées. […] Et il y aurait retrouvé le même défaut, un défaut que M. […] Mais, à défaut d’une réelle valeur philosophique, ces articles m’ont, paru offrir un intérêt d’un autre ordre : ils constituent un précieux document psychologique, attestant une fois de plus combien il est désormais difficile à un honnête homme de parler librement et de se faire entendre.
La conception, malgré son défaut d’afféterie et de mignardise, la méritait en effet ; mais c’était une conception, cela sortait de l’esprit, cela n’était pas une explosion du cœur. […] Le reste du volume, à Moïse près, parut empreint des mêmes qualités et des mêmes défauts. […] Le drame, qu’on a accusé de ne pas se rapprocher assez de l’exactitude de l’histoire dans les scènes secondaires, n’a qu’un défaut : c’est celui du genre, c’est celui de Walter Scott lui-même.
et encore celle-ci, « que la science n’a vraiment commencé que le jour où la raison s’est prise au sérieux et s’est dit à elle-même : tout me fait défaut, de moi seule me viendra mon salut » ? […] A défaut d’une certitude entière, mathématique et raisonnée, si nous avons l’impérieux besoin de nous former une idée de ce que nous sommes, et si le lien social ne peut subsister qu’à cette condition, les sciences peuvent nous y aider, mais il ne leur appartient pas de déterminer et encore bien moins de juger cette idée. […] Mais je crois d’autre part les avoir assez loués ; « Intolérants et orgueilleux, — disais-je encore, il n’y a pas trois ans, — difficiles à manier, chagrins et moroses, méprisants et austères, affectant la religion jusque dans leur costume, les protestants, en revanche, possédaient la vertu dont ces défauts étaient comme l’enveloppe, et grâce à elle on peut dire qu’en 1685 et depuis plus d’un siècle, ils représentaient la substance morale de la France… Écartés des tentations par les mesures mêmes qui les éloignaient des emplois, ils se dressaient, dans la société du temps de Louis XIV, comme un enseignement vivant par l’ardeur de leur foi, par leur constante préoccupation du salut, parleuréloignement des plaisirs faciles, par la dignité de leurs mœurs, par la raideur même enfin et la fierté de leur attitude. » Ne pouvant pas abuser ici du droit de me citer moi-même, je renvoie le lecteur à l’étude, Sur la formation de l’idée de progrès dont je tire ces lignes.
Le premier écrivain réaliste, si ma mémoire ne me fait pas défaut, est, il me semble, M. […] Quand l’imagination fait défaut, on lui supplée le dictionnaire de médecine ou un rapport de la Galette des hôpitaux. […] Nous voulons la prendre telle qu’elle est, mélangée de qualités et de défauts, de vertus et de vices.
Après s’être amusé à railler l’insuffisance de toutes les définitions de l’Art, le comte Tolstoï aboutit à en formuler une dont le moindre défaut est de substituer l’effet à la cause, d’établir une confusion entre l’objet et les conséquences qu’il produit. […] Nous en revenons toujours au même défaut chez Tolstoï. […] De façon que même les faiblesses ou les défauts de l’œuvre en sont une portion intégrante, indispensable, qu’on ne saurait éliminer. […] Son récitatif : peu de viande, déjà plus d’os et beaucoup de bouillon… En ce qui concerne le leitmotiv, toute comparaison culinaire me fait défaut. […] Affectation, voilà le défaut non seulement de notre musique, mais de tout notre art moderne.
Courtoisie à part, il y a dans ces vers, malgré le talent, un grave défaut, qui est celui de la grossièreté. […] « Le poète si célèbre et si admiré a ses défauts et ceux de son temps. […] Il en frappe son adversaire et le blesse au défaut de la cuirasse. […] L’Œdipe de Corneille Il y a dans le Traité du sublime de Longin9 un chapitre intitulé : Si l’on doit préférer le médiocre parfait au sublime qui a quelques défauts. […] Cela se découvre à peu près comme dans Sophocle ; mais l’art et la grande poésie y font défaut.
Cependant il faut l’avouer : quelque chose subsiste de la critique de Jules Romains et il y a certains défauts de méthode chez Freud dont il faut absolument que nous soyons avertis et que nous tenions compte avant de nous engager à sa suite. […] Même s’il les décrit avec trop de précision (c’est toujours un peu son défaut) et s’il les typifie par trop, c’est une nouveauté admirable que de seulement les dévoiler. […] Tant qu’il n’y réussit pas, la sensation de ses dons lui fait défaut. […] Et cette condition-là est réalisée quand, — à ce moment où il nous a fait défaut — à la recherche des plaisirs que son agrément nous donnait, s’est brusquement substitué en nous un besoin anxieux, qui a pour objet cet être même, un besoin absurde, que les lois de ce monde rendent impossible à satisfaire et difficile à guérir — le besoin insensé et douloureux de le posséder 57. […] Mais ce qu’il faut dire, ce qu’il faut à nouveau fortement appréhender ici, c’est que ce défaut de la psychologie proustienne, s’il est réel, était inévitable, et qu’il est la rançon, bien modique, bien bénigne de l’approfondissement colossal qu’elle fait subir à notre connaissance du cœur humain.
Doumic à outrer leurs bizarreries et leurs défauts ; jusqu’à quel point, au contraire, ils ont contribué à les corriger et à les remettre dans la juste voie, c’est proprement l’invérifiable. […] Mais c’est leur particularité, — leur défaut, si l’on préfère — qu’on n’en saurait parler sans les interpréter et que toute interprétation risque d’être personnelle et, partant, inexacte. […] Si le défaut d’imagination peut servir à caractériser M. […] Il mettait en système une nature inculte en même temps que toutes ses sortes de défauts ; sa sensibilité indignée et plaintive dressée en manière de loi lui servait de critérium décisif contre l’univers. […] Ici, c’est heureusement sur une chute sans défaut et que l’équité veut que l’on cite : « … Une autre montre des tortues, mais c’est à celle de Trevi qu’il faut boire en quittant la ville.
« Ces représentations, dont, à défaut d’autres monuments, nous retrouvons l’image sur des monnaies et des pierres gravées, contrastent avec les formes élégantes que ces mêmes hommes avaient su donner à leurs vases et avec le raffinement de leur goût en fait de luxe. […] Je ne sentais que ce qu’on éprouve à la vue d’une œuvre sans défaut, un plaisir négatif ; mais une impression réelle et forte, une volupté neuve, puissante, involontaire, point !
« Il se demanda si la société humaine pouvait avoir le droit de faire également subir à ses membres, dans un cas son imprévoyance déraisonnable, et dans l’autre cas sa prévoyance impitoyable ; et de saisir à jamais un pauvre homme entre un défaut et un excès, défaut de travail, excès de châtiment ; « S’il n’était pas exorbitant que la société traitât ainsi précisément ses membres les plus mal dotés dans la répartition des biens que fait le hasard, et par conséquent les plus dignes de ménagements.
C’est le défaut de l’écrivain, de trop rire du passé et de se moquer des aïeux. […] ” Nous négligeons ici quelques défauts de conception et de goût dans l’œuvre d’art de Victor Hugo, et nous disons en nous résumant : Le livre est dangereux, parce que le danger suprême en fait de sociabilité, l’excès séduisant l’idéal, le pervertit.
. — Aux yeux des songeurs, ces génies occupent des trônes dans l’idéal. » Cette strophe n’a qu’un défaut : elle exagère, elle n’est pas vraie ; l’enthousiasme y devient engouement. […] Ayez le plus grand soin d’épier et de choisir le moment convenable, car il faut que cela soit fait ce soir, et à quelque distance du palais, et ne perdez pas de vue que j’en veux paraître entièrement innocent, et afin qu’il ne reste dans l’ouvrage ni accrocs ni défauts, qu’avec Banquo son fils Fleance qui l’accompagne, et dont l’absence n’est pas moins importante pour moi que celle de son père, subisse les destinées de cette heure de ténèbres.
A défaut des exemples domestiques, le goût des spéculations de morale eût entretenu en lui la croyance du chrétien, tant il est impossible de s’occuper de morale sans rencontrer le christianisme, qui en est la science la plus complète. […] Avant de se passionner pour les remèdes à l’aide desquels la religion nous guérit, il avait admiré la profonde connaissance qu’elle a de nos maladies ; avant d’y croire comme à la seule certitude, il lui avait semblé, selon ses paroles, qu’on ne pouvait avoir que de l’estime pour une religion qui connaît si bien tous nos défauts.
Lamoureux l’a tel qu’il le voulut, tel qu’on le rêve, sans défauts, enviable aux meilleurs théâtres allemands, doux, féroce, et sublime. […] Le sujet devient ce qu’il peut ; on n’y sent plus qu’incohérence d’idées, division d’effets et nullité d’ensemble ; car deux effets distincts ne peuvent concourir à cette unité qu’on désire et sans laquelle il n’est point de charme au spectacle. » Et, de l’autre côté de la page : « Je ne puis assez le redire, et je prie qu’on y réfléchisse : trop de musique dans la musique est le défaut de nos grands opéras.
Un autre défaut de la méthode ordinaire c’est qu’elle a conduit, comme elle le devait, à l’abstraction. […] III) dans des essais très incomplets et surtout très vagues, dont la diffusion n’est pas le moindre défaut.
Le vrai défaut de la théorie exposée par Spencer, c’est qu’elle est trop purement physiologique : il n’a pas tenu compte des effets différents produits par le caractère agréable ou pénible des émotions. […] Par exemple, dans la comédie de la douleur, l’expression est presque toujours exagérée et hors de proportion avec les causes : le visage n’est point pâle, la peau conserve sa couleur normale, il n’y a pas d’harmonie dans la mimique, certaines contractions ou certains relâchements des muscles font défaut ; le pouls, tâté par le médecin, trahit le secret ; une surprise imprévue, une distraction subite fait disparaître tout d’un coup la mimique de la douleur ; enfin et surtout, l’expression est presque toujours centrifuge, elle manque presque absolument de ces formes concentriques qui accompagnent la douleur sincère : tout, comme on dit, reste en dehors.
Ailleurs enfin le défaut de sa méthode est visible ; la Peinture aux Pays-Bas et la Peinture en Italie, s’ils expliquent Rubens et le Titien, n’ont rien de pertinent à nous dire sur Rembrandt et sur Léonard de Vincidq. […] A moins donc d’admettre qu’une même particularité esthétique correspond à deux sortes de facultés, il nous faut conclure que les admirateurs d’une œuvre d’art doivent posséder une organisation psychologique analogue à celle de son auteur, et l’âme de ce dernier étant connue par l’analyse, il sera légitime d’attribuer à ses admirateurs les facultés, les défauts, les excès, toutes les particularités saillantes de l’organisation mentale qui lui aura été reconnue.
» Le héros toujours incrédule, se retournant vers les femmes âgées témoins de cette scène : « Vénérables femmes, on dirait que la ruse est un défaut inné dans le sexe féminin, même parmi les êtres étrangers à notre espèce ? […] « Si Kalidasa est l’Euripide de l’Inde, il est un Euripide sobre, chaste, naïf, exempt des défauts d’affectation dont l’Euripide grec abonde.
Je sais des juges plus sévères et qui, sans avoir étudié de bien près Vicq d’Azyr, le rejettent à première vue et le rabaissent beaucoup trop dédaigneusement en ne le prenant que par ses défauts fleuris.
Au milieu de tous ses défauts et de ses excès de nature, il était religieux ; il ne s’était jamais trouvé dans aucune entreprise sans invoquer Dieu à son aide, et il nous a laissé la formule de l’oraison qu’il prononçait dans les périls, et qui, lui rendant la netteté de l’entendement, chassait de lui toute crainte.
De la curiosité, une fantaisie parfois saisissante, une moralité affectueuse et qui pénètre, la vigoureuse peinture de deux avares qui n’ont peut-être d’autre défaut que de se corriger à la fin (les avares ne se corrigent pas), recommandent cette nouvelle dont l’auteur est M.
La vie ne paraît qu’un instant auprès de l’éternité, et la félicité humaine, un songe ; et, s’il faut parler franchement, ce n’est pas seulement contre la mort qu’on peut tirer des forces de la foi ; elle nous est d’un grand secours dans toutes les misères humaines ; il n’y a point de disgrâces qu’elle n’adoucisse, point de larmes qu’elle n’essuie, point de pertes qu’elle ne répare ; elle console du mépris, de la pauvreté, de l’infortune, du défaut de santé, qui est la plus rude affliction que puissent éprouver les hommes, et il n’en est aucun de si humilié, de si abandonné, qui, dans son désespoir et son abattement, ne trouve en elle de l’appui, des espérances, du courage : mais cette même foi, qui est la consolation de misérables, est le supplice des heureux ; c’est elle qui empoisonne leurs plaisirs, qui trouble leur félicité présente, qui leur donne des regrets sur le passé, et des craintes sur l’avenir ; c’est elle, enfin, qui tyrannise leurs passions, et qui veut leur interdire les deux sources d’où la nature fait couler nos biens et nos maux, l’amour-propre et la volupté, c’est-à-dire tous les plaisirs des sens, et toutes les joies du cœur… Vauvenargues avait vingt-quatre ans quand il écrivait ces lignes.
En lisant cette belle histoire qui sans doute a ses défauts, ses redites et ses longueurs, mais où rien n’est oublié ; où toutes les sources contemporaines se sont versées dans un plein et vaste courant ; où se déploie, sous air de facilité, une si grande puissance de travail ; où tout est naturel, — naturellement pensé —, naturellement dit ; si magnifique partout de clarté et d’étendue, et qui offre dans le détail des touches de la plus heureuse finesse ; où le style même, auquel ni l’historien ni le lecteur ne songent, a par endroits des veines rapides et comme des venues d’autant plus charmantes ; — en achevant de lire cette histoire, à laquelle il ne manque plus qu’un ou deux volumes de complément et de surcroît, je dirai encore ce que diront à distance tous ceux qui la liront : c’est que, quelque regret qu’ait droit d’avoir l’historien dans l’ordre de ses convictions politiques, la postérité trouvera qu’il n’eût pu employer les années fécondes de son entière maturité à rien de mieux qu’à édifier un tel monument.
Chauvelin, il disait : « Il s’ennuyait de ce que je vivais trop longtemps ; c’est un défaut dont je n’ai pas envie de me corriger si tôt. » Rencontrant dans un de ses salons, au milieu de trente personnes, M. de Bissy, dont on lui avait apparemment rapporté quelque propos, il va droit à lui, et le regardant en face : « Monsieur, vous voyez que je me porte bien ; cependant je ne mets point de rouge pour me donner un bon visage. » M. de Puységur, qui avait quatre-vingt-quatre ans77, demandait depuis longtemps d’être chevalier de l’Ordre, et il pressait là-dessus le cardinal, qui lui répondit tout naturellement : « Monsieur, il faut un peu attendre. » L’archevêque de Paris, M. de Vintimille, fort âgé, mais un peu moins que le cardinal, sollicitait un régiment pour son neveu, et faisait remarquer au cardinal qu’il importait de l’obtenir promptement, d’autant plus que, quand lui, oncle, ne serait plus là, ce serait pour le jeune homme un grand appui de moins : « Soyez tranquille, répondait le cardinal, je m’engage à lui servir de père et de protecteur. » Sur quoi M. de Vintimille, malgré toute sa politesse, ne put s’empêcher d’éclater : « Pour moi, monseigneur, je sens bien que je suis mortel, mais je me recommande à Votre Immortalité. » Jamais on n’a mieux compris qu’en lisant les présents mémoires cette lente et coriace ténacité, ce doux et câlin acharnement au pouvoir qui caractérise l’ancien précepteur de Louis XV.
La parodie, indique bien le défaut.
Cette inquiétude de sa vanité est encore plus sensible en regard de la belle humeur de son aimable vis-à-vis ; ses défauts s’éclairent mieux des saillies qu’ils provoquent en elle.
À défaut d’une force régulière et toute préparée, il courait alors sur tous les esprits un souffle et une flamme.
Leur conclusion au sujet de l’héroïne d’Orléans, de cette généreuse Pucelle, qui a mis en défaut jusqu’ici toute espèce de fantaisie ou de fiction, et que la vérité seule peut désormais louer, est aussi fort sage.
On a besoin, il faut bien le dire, de quelque défaut secondaire et d’un travers qu’on ne sait trop où placer, pour s’expliquer le guignon constant de Cervantes.
Singulier mélange, en effet, que cet abbé de Pradt, instruit de tant de choses et qui croyait s’entendre à toutes ; homme d’Église qui l’était si peu, qui savait à fond la théologie, et qui avait à apprendre son catéchisme ; publiciste fécond, fertile en idées, en vues politiques d’avenir, ayant par moments des airs de prophète ; écrivain né des circonstances, romantique et pittoresque s’il en fut ; le roi des brochuriers, toujours le nez au vent, à l’affût de l’à-propos dans les deux mondes, le premier à fulminer contre tout congrès de la vieille Europe ou à préconiser les jeunes républiques à la Bolivar ; alliant bien des feux follets à de vraies lumières ; d’un talent qui n’allait jamais jusqu’au livre, mais qui avait partout des pages ; habile à rendre le jeu des scènes dans les tragi-comédies historiques où il avait assisté, à reproduire l’accent et la physionomie des acteurs, les entretiens rapides, originaux, à saisir au vol les paroles animées sans les amortir, à en trouver lui-même, à créer des alliances de mots qui couraient désormais le monde et qui ne se perdaient plus ; et avec cela oublieux, inconséquent, disparate, et semblant par moments sans mémoire ; sans tact certainement et sans goût ; orateur de salon, jaseur infatigable, abusant de sa verve jusqu’à l’ennui ; s’emparant des gens et ne les lâchant plus, les endoctrinant sur ce qu’ils savaient le mieux ; homme à entreprendre Ouvrard sur les finances, Jomini sur la stratégie, tenant tout un soir, chez Mme de Staël, le duc de Wellington sur la tactique militaire et la lui enseignant ; dérogeant à tout instant à sa dignité, à son caractère ecclésiastique, avec lequel la plupart de ses défauts ou, si l’on aime mieux, de ses qualités se trouvaient dans un désaccord criant ; un vrai Mirabeau-Scapin, pour parler comme lui, un archevêque Turpin et Turlupin.
Même dans l’absence des prophètes et à leur défaut, « tout l’état de la nation est prophétique. » Ô le sublime et incomparable interprète, non-seulement de n’être jamais en peine, mais de trouver à volonté, d’avoir à son service de telles explications et appellations pour ce qui caractérise et distingue un peuple qui ne serait pour d’autres que le plus crédule et le plus superstitieux des peuples !
Sans chercher à se grandir ou à s’ennoblir, il a peint quelques-uns de ses contemporains tels qu’il les a vus ; il l’a fait avec une plume qui, au milieu de quelques défauts, a des qualités rares et des traits ineffaçables.
En revanche, on lit dans ce même Journal de Luynes, vers ces mêmes années, qu’un jour le roi étant allé voir le château d’Anet, appartenant à la duchesse du Maine, au défaut de la duchesse qui ne s’y trouvait pas, les princes ses fils, le prince de Dombes et le comte d’Eu lui en firent les honneurs : « M. le comte de Clermont y était aussi ; il s’éloigna dans le moment que le roi se mit à table, pour que M. le prince de Dombes pût présenter la serviette à Sa Majesté. » Ainsi il voulut bien, dans ce cas d’exception, céder l’insigne honneur de présenter la serviette, prérogative à laquelle il tenait beaucoup sans doute, mais à laquelle certainement les mêmes personnes, qui devaient bientôt s’opposer à ses désirs académiques comme à une dérogation, attachaient un souverain prix.
Le défaut de force dans les membres, l’impossibilité de dire : « Je vivrai dans toutes les situations où un homme peut vivre ; » cet assujettissement joint à l’immense difficulté de soutenir une femme, des enfants, sans revenus fixes, sans autres moyens que des débris à recueillir à des époques inconnues, sans état (même très-longtemps sans papiers et sans droits de citoyen), sans dettes, sans aucune intrigue, surtout aussi avec le sort contre soi, avec ce qu’on appelle du malheur (excepté la faveur marquée du sort en 1798 et en quelques autres circonstances rares), tout cela a rendu ma vie morale laborieuse et triste.
Avec tous les dons qu’elle a reçus, si sur quelque point il pouvait y avoir défaut, l’intelligence supérieure intervient à temps et achève.
Ce funeste trait de lumière frappe la raison avant d’avoir détaché le cœur ; poursuivi par l’ancienne opinion à laquelle il faut renoncer, on aime encore en mésestimant ; on se conduit comme si l’on espérait, en souffrant, comme s’il n’existait plus d’espérances ; on s’élance vers l’image qu’on s’était créée ; on s’adresse à ces mêmes traits qu’on avait regardés jadis comme l’emblème de la vertu, et l’on est repoussé par ce qui est bien plus cruel que la haine, par le défaut de toutes les émotions sensibles et profondes : on se demande, si l’on est d’une autre nature, si l’on est insensé dans ses mouvements ; on voudrait croire à sa propre folie, pour éviter de juger le cœur de ce qu’on aimait ; le passé même ne reste plus pour faire vivre de souvenirs : l’opinion qu’on est forcé de concevoir, se rejette sur les temps où l’on était déçu ; on se rappelle ce qui devait éclairer, alors le malheur s’étend sur toutes les époques de la vie, les regrets tiennent du remords, et la mélancolie, dernier espoir des malheureux, ne peut plus adoucir ces repentirs, qui vous agitent, qui vous dévorent, et vous font craindre la solitude sans vous rendre capable de distraction.
Si, lors du mouvement symboliste, à peine terminé depuis trois ans après avoir occupé douze années, lors de cette confuse aspiration de la jeunesse française vers une réunion de tous les arts sous l’influence de Wagner et de l’internationalisme, un critique de haut sens moral s’était levé pour arrêter les polémiques inutiles et substituer la logique aux dédains des critiques et aux saillies des nouveaux venus, il aurait précisé l’un des plus curieux mouvements intellectuels du siècle, et peut-être développé deux ou trois conséquences fécondes de cette crise pleine d’intentions et de promesses ; il y avait là un rôle considérable et bienfaisant à remplir, le rôle de Heine dans le second romantisme allemand, après Schlegel et Tieck, le rôle de Baudelaire, de Gautier et de Nerval, en 1840, le rôle de Taine dans les débuts du rationalisme, le rôle de William Morris dans les tentatives de socialisation d’art qui suivirent le préraphaélisme, le rôle professoral de César Franck dans l’école symphonique après Wagner ; ce rôle, personne ne se présenta pour le tenir, et si le symbolisme a avorté, s’est restreint à un dilettantisme de chapelle alors qu’il était parti pour une bien plus grande tentative, c’est à cause des obstinées plaisanteries des critiques superficiels, à cause du manque d’intelligence logique dans l’école, autant et plus qu’à cause des défauts eux-mêmes des symbolistes.
La rédaction qui en est donnée par Cailhava est, il est vrai, plus moderne ; à défaut d’autre, nous devons nous contenter de la reproduire ; mais il nous sera permis de rétablir les noms de la troupe qui joua à Paris de 1662 à 1671.
Mais, à défaut des clients qui découpent et collectionnent les rez-de-chaussée d’Henry Gréville, les jeunesses instruites, celle qui bouquine sous l’Odéon, celle de Nancy, celle de Marseille, sont avec les écrivains d’aujourd’hui, dont le suc un peu fort séduit leurs palais éduqués.
Son esprit, assez juste et prompt, « saisissait et comprenait rapidement les choses dont on lui parlait », mais n’avait ni une grande étendue ni une grande portée, rien en un mot de ce qui répare le défaut d’éducation ou de ce qui supplée à l’expérience.
Je le remarque à la fois comme défaut et comme titre d’éloge.
Pascal, il faudrait y rectifier en beaucoup d’endroits les idées imparfaites qu’il y donne de la philosophie du paganisme ; la véritable religion n’a pas besoin de supposer, dans ses adversaires ou dans ses émules, des défauts qui n’y sont pas.
Ceci tient à un défaut général de l’époque où est venu M.
Royer-Collard, on peut le croire, était injuste, car il parlait d’un régime où, à défaut d’élévation, il se faisait encore de belles applications de talent et où il se poursuivait bien des études honorables.
Le désagrément réciproque, suite du défaut de la mémoire, n’est plus à craindre.
Le second défaut de cette méthode, avons-nous dit, est de rendre l’histoire inutile.
chez nous manque de curiosité, insuffisance de culture, et par suite défaut de patriotisme littéraire.
Et si cette originalité fait défaut dans un livre personnel et dans lequel la personnalité de l’auteur est intéressée et blessée, que doit être cette absence d’originalité dans des livres qui ont la prétention d’être impersonnels ?
. — En France, le triomphe du catholicisme est aussi celui de l’unité nationale ; « Paris vaut bien une messe » n’est pas une boutade, c’est un mot qui résume une grande nécessité ; ce catholicisme-là n’asservit pas la pensée ; pour plusieurs écrivains, qui nous l’ont dit expressément, il est la liberté ; il ne soumet pas la France à la Papauté, il mène au gallicanisme de Bossuet ; de même, la tradition académique, malgré tous ses défauts, contribue à la discipline nationale.
Tout s’y tient, tout s’accorde pour définir le génie de l’auteur ; tout indique la domination définitive de la faculté maîtresse que nous avons reconnue dans les beautés et dans les défauts de son style, dans ses goûts et dans son impuissance d’historien et de peintre, et que nous reconnaissons dans le but, comme dans toutes les parties de sa philosophie, dans sa théorie de la certitude, de la raison, de la Divinité, de la justice et de l’art.
Né avec un sentiment vigoureux et prompt, il s’élancera avec rapidité, et par saillies, d’un objet à l’autre ; semblable à ces animaux agiles, qui, placés dans les Pyrénées ou dans les Alpes, et vivant sur la cime des montagnes, bondissent d’un rocher à l’autre, en sautant par-dessus les précipices : l’animal sage et tranquille, qui dans le vallon traîne ses pas et mesure lentement, mais sûrement, le terrain qui le porte, les observe de loin, et ne conçoit pas cette marche, qui pourtant est dans la nature comme la sienne ; mais que l’auteur prenne garde : tout a ses défauts et ses dangers.
C’était surtout le défaut d’élévation lyrique, et, pour la muse encore rustique du Latium, l’impuissance d’atteindre à ces grâces majestueuses et libres de la muse d’Athènes.
Il suppose donc en celui qui l’éprouve un manque, un défaut, et jusqu’à un certain point, une souffrance. […] Une simple déclamation bien accentuée est assurément préférable à des accompagnements étourdissants ; mais il faut laisser à la musique son caractère, et ne lui enlever ni ses défauts ni ses avantages. […] De là ses qualités et aussi ses défauts. […] Nous répondons que cette qualité est bien rachetée par le grave défaut qu’il lui doit aussi, le manque d’idéalité dans les figures ; et c’est de la France qu’il a appris à réparer ce défaut par la beauté de l’expression morale. […] On peut reprocher à Le Nôtre une régularité peut-être excessive et un peu de manière dans les détails ; mais il a deux qualités qui rachètent bien des défauts, la grandeur et le sentiment.
Tous ces écrivains à qui la vocation ne commande pas, mais qu’entraîne la vanité ou le hasard, travaillent sans règle comme sans idéal ; leur seul but, leur seule règle, c’est le succès ; c’est une popularité dont l’essence est la vulgarité, et qui fait la condamnation d’un artiste ; car, dans les conditions actuelles de l’opinion et de la publicité, c’est surtout par ses défauts qu’une œuvre devient populaire. […] Ce défaut de richesse, de variété, d’énergie dans le style, témoigne de l’état moral aussi bien que le fond des idées recouvert par cette transparence banale du langage.
Tout se réduit donc à trouver des mobiles efficaces ; s’ils font défaut, l’attention volontaire ne se constitue pas. […] Ce procédé ; outre qu’il entraîne de perpétuelles redites, a le défaut plus grave de ne pas mettre le fait de l’attention en pleine lumière. […] Il y a un défaut d’équilibre physiologique, dû probablement à l’état de nutrition des centres cérébraux. […] Il est inévitable que, chez les débilités, le travail de réserve fasse défaut et que par suite l’épuisement se produise à bref délai.
Or il serait aisé de faire voir, si l’on voulait consentir à examiner les choses de près, que ce sont là les défauts habituels de l’école positiviste, qui pourrait rendre les plus grands services en se contentant d’être une philosophie des sciences, au lieu de vouloir, comme elle le prétend hautement, être la philosophie tout entière. […] Arago ne peuvent passer pour suspects de préventions trop favorables à la métaphysique, et qu’ils étaient plutôt eux-mêmes des exemples du défaut dont ils se plaignaient. […] Si au contraire ils sont vraiment versés dans les sciences et en parlent avec exactitude et précision, ce sont alors les connaissances philosophiques qui leur font défaut. […] Est-ce un défaut d’audace et de conséquence qui recule devant le mot, tout en admettant la chose ?
A défaut de démon intérieur, des suggestions extérieures l’y engagèrent. […] Un Être d’ailleurs qui, par rapport à notre monde d’individus, peut aussi bien être dit un Non-Être, dans la pureté duquel l’univers n’apparaît que comme un défaut. C’est ce défaut que nous prenons pour l’être. […] Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes Sont le défaut de ton grand diamant !
Il n’y a pas que les pièces qui manquent, les acteurs eux aussi font défaut. […] Et même, en acceptant le cadre qu’il a choisi, que de défauts, que d’erreurs dramatiques ! […] Il n’y a là qu’un défaut de construction. […] Elle est pleine de mots excellents, et n’a qu’un défaut, celui de tourner un peu trop sur elle-même. […] Il comptait sûrement sur beaucoup d’appuis, qui lui ont fait défaut au dernier moment.
Les citations que nous avons faites précédemment nous montrent une grande variété apparente dans les définitions de la vie ; elles présentent toutes cependant un fond commun qui constitue précisément leur défaut. […] On peut dire que la vie de la graine à l’état latent est purement virtuelle : elle existe prête à se manifester, si on lui fournit les conditions extérieures convenables, mais elle ne se manifeste aucunement si ces conditions font défaut. […] Ils passent donc tour à tour dans un état de mort apparente et de résurrection sous l’influence d’une condition physique qui existe ou fait défaut. […] Mais on peut faire en sorte qu’une seule des autres conditions nécessaires fasse défaut, l’aération par exemple ; si on la fait intervenir après humectation prolongée, la reviviscence se produira dans des temps sensiblement égaux. […] Le substratum de la vie existe bien dans la graine ; mais si les conditions physico-chimiques externes font défaut, tout conflit, tout mouvement vital est suspendu.
De la sorte, au pis aller, les gens compétents y trouvent, à défaut du meilleur texte, ce qu’il faut pour l’établir75. […] Examinons les dispositions naturelles qui habilitent, et les défauts vraiment rédhibitoires qui disqualifient, pour les travaux de critique externe. […] Les défauts de leurs méthodes sont déjà vus, définis, condamnés. […] Il ne faut pas s’inquiéter de ce défaut de symétrie ; une période ne doit pas être un nombre fixe d’années, mais le temps employé à une partie distincte de l’évolution. […] Les défauts des ouvrages historiques destinés au public incompétent — défauts parfois énormes, qui ont discrédité, pour beaucoup de bons esprits, le genre même de la vulgarisation — sont les conséquences de la préparation insuffisante ou de la mauvaise éducation littéraire des « vulgarisateurs ».
Cependant il ne faudrait pas rejeter, sans en rien retenir, un idéal de désintéressement qui n’a d’autre défaut que d’être trop sublime. […] Les défauts, les contradictions, les bizarreries, un peu de mystérieuses ténèbres, bien loin de leur être préjudiciables, leur rendent un service vraiment vital en excitant sans fin ni terme l’intelligence et l’imagination lancées dans une carrière immense. […] On se tromperait, d’ailleurs, lourdement, si l’on croyait que dans l’ordre scientifique lui-même la qualité, j’entends le génie, venant à faire défaut, il ne tienne qu’au temps de réparer cette perte, et qu’un substitut d’égale valeur se présente alors à coup sûr dans la quantité des intelligences et des talents médiocres. […] Aucun État ne fut jamais assez tranquille et assez pacifique pour laisser longtemps sans emploi les braves qui ne demandent qu’à donner des coups au voisin et à risquer leur peau ; à défaut d’une guerre en Europe ou dans les colonies, les grands voyages de découvertes présentent aujourd’hui à leur ardeur entreprenante et belliqueuse une satisfaction analogue. […] Elle dirait tout, si l’écrivain avait donné à entendre que les circonstances font quelquefois défaut et ne peuvent alors jouer leur rôle de révélatrices des hommes, et que, parfois aussi, au lieu d’être la lampe qui éclaire les génies et les caractères, elles remplissent l’office odieux d’éteignoirs.
De cette sorte d’abstraction découlent, joints dans une même conséquence, les qualités et les défauts de sa peinture. […] Cependant il semble qu’à peindre ces confusions Ravel ne réussisse si bien que parce qu’il y utilise un défaut. […] Ravel mérite le nom d’impressionniste avec toutes les vertus et tous les défauts qu’il comporte. […] Mais il l’appelle liberté ; et du même coup s’aperçoit que cette liberté nous fait cruellement défaut. […] Ainsi ai-je été conduit à insister surtout sur son défaut.
Dans le premier, le caractère explicatif est un des éléments les moins stables de l’antécédent ; que la vibration puisse ou non se propager, cela ne dépend point d’elle, mais de plusieurs conditions surajoutées et tantôt présentes, tantôt absentes ; il lui faut la rencontre d’un milieu favorable, d’un nerf intact, d’un cerveau sain ; elle ne peut se propager, si ces alentours lui font défaut ; elle pourra donc exister sans se propager ; il suffira pour cela que le milieu ambiant manque ou que l’état du nerf et des centres cérébraux ne soit pas normal. […] Telle est la vertu des facteurs ou éléments primitifs, lorsqu’ils sont aussi simples, aussi abstraits, aussi généraux que possible : de leurs lois dérivent les lois de leurs composés moins généraux et moins abstraits, et ainsi de suite, d’étage en étage, par une descente graduelle, sans que jamais, d’un étage à l’autre et du plus haut flot à la plus basse nappe, la continuité fasse défaut. […] Il manquera donc son intermédiaire, comme nous manquons le nôtre, par un défaut de méthode, auquel on peut remédier chez lui, auquel on ne peut pas remédier chez nous.
Au lieu de se compléter et de s’harmoniser dans la contemplation panthéiste, on s’ingénia à exagérer ses défauts dans l’espoir de les sublimer, à déformer et pervertir ses facultés sensitives et actives, dans l’atmosphère viciée des officines intellectuelles. […] Le défaut d’une sensibilité naturelle et une éthique individualiste s’opposèrent cependant à la réalisation d’un tel concept. […] L’irréalité de tout ceci, le défaut de pathétique nous accable d’ennui et l’aventure poétique ne correspond à aucune de nos émotions habituelles et journalières.
Si l’émotion passionnée manque souvent à la poésie, la sublime émotion des idées ne fait pas moins défaut à la musique. […] Songez qu’il va nous donner Le Cinématomaai qui fera saillir les vérités suprêmes, c’est-à-dire les vérités hypothétiques, des plus humbles passants anecdotes, au gré d’une fantaisie lucide et sans défaut, va représenter de lui des pièces dont on ne saurait dire qu’elles appartiennent à la tragédie, à la comédie, au vaudeville, à l’opérette, ou au mélodrame. […] Guy Lavaud est un poète, un pur et exquis poète, la puissance et le souffle qui lui font peut-être défaut sont remplacés ici par une délicatesse de touche et un sens affiné des symboles, peut-être unique dans notre littérature.
A défaut de dérangements physiques, ce sont les douleurs morales qui arrivent comme une condition de la haute pensée, du sentiment profond et du génie. […] Heureux si, à défaut d’une exposition complète de système, cette étude de biographie psychologique a insinué à quelques-uns la connaissance, ou du moins l’avant-goût, d’un homme dont la noble ingénuité égale la profondeur, et si cette explication intérieure et continue que nous avons cherché à démêler en lui peut servir de prolégomènes en quelque sorte à ses prolégomènes !
Comment voulez-vous interdire la chasse à vos curés, si vous passez votre vie à leur en donner l’exemple Sire, pour mes curés la chasse est leur défaut ; pour moi, c’est le défaut de mes ancêtres. » — Lorsque l’amour-propre de caste monte ainsi la garde autour d’un droit, c’est avec une vigilance intraitable.
Le plus grand défaut pour une femme, mon cher enfant, c’est d’être homme. […] Voilà, selon nous, les défauts du grand écrivain.
Pourtant, sachez-le bien, si, à quelques défauts près, qui ne sont que des taches sur un beau corps, mon naturel est vertueux, mes inclinations droites, mon âme innocente et pure (qu’on me passe pour cette fois les louanges que je me donne) ; si avec raison on ne peut rien me reprocher de bas, rien de sordide, rien de honteux ; si enfin je suis cher à mes amis, c’est à mon excellent père que je le dois. […] La veille de la bataille, ces deux chefs de l’émigration romaine se firent l’un à l’autre le serment de ne pas survivre à la défaite, si le sort des armes faisait défaut à la justice de leur cause.
Ce bredouillement, l’incohérence de ses paroles, le flux de mots où il noyait sa pensée, son manque apparent de logique, attribués à un défaut d’éducation, étaient affectés, et seront suffisamment expliqués par quelques événements de cette histoire. […] Le pavé de la cour offrait ces teintes noirâtres produites avec le temps par les mousses, par les herbes, par le défaut de mouvement.
On a cru qu’elle voulait simplement entraîner ses deux alliés dans une guerre d’intervention uniquement française et monarchique, au lieu de combiner avec Londres et Madrid une démarche armée désintéressée, européenne, et a pour cela été redoutée et abandonnée ; or, de deux choses l’une : ou la France était sincère et elle ne voulait agir que dans l’intérêt commun, et alors il fallait s’expliquer nettement d’avance et n’agir qu’après un concert diplomatique et militaire européen à égal emploi de forces, qui ne donnât motif à aucune plainte de réticence et de défaut de franchise contre son intervention ; ou la France, voulant agir seule, devait agir avec des forces françaises dignes d’elle, et ne pas débuter par planter son drapeau protecteur au Mexique avec une poignée d’hommes héroïques, mais abandonnés de leurs auxiliaires, et insuffisants à l’accomplissement de sa pensée. […] Moi qui avais obstinément blâmé les planches du livre que mon père m’avait donné ; moi dont la critique avait relevé mille défauts dans ces portraits, combien je fus honteux quand mes patients efforts n’aboutirent qu’à des résultats si misérables, qu’à peine pouvais-je reconnaître moi-même l’oiseau que je venais de dessiner !
C’était un mince petit volume d’une magnifique impression, édité à cinq ou six cents exemplaires, et qui paraissait plus fait pour être offert par un auteur timide à un petit nombre d’amis d’élite et de femmes de goût, qu’à être lancé à grand nombre dans le rapide courant de la publicité anonyme ; je n’avais pas même permis à M. de Genoude et au duc de Rohan, mes amis, qui s’en occupaient à mon défaut, d’y mettre mon nom. « Si cela réussit, leur disais-je, on saura bien le découvrir, et si cela échoue, l’insaisissable anonyme ne donnera qu’une ombre sans corps à saisir à la critique. » III Le volume ne fut mis en vente que la veille de mon départ de Paris. […] Mais sa légèreté n’était qu’une qualité et nullement un défaut de son esprit.
Quoi qu’il en soit, Bonaparte la connaissait très-bien ; il discerne promptement le mauvais côté de chacun, car c’est par leurs défauts qu’il soumet les hommes à son empire. […] Dans le moyen âge, l’imagination était forte, mais le langage imparfait ; de nos jours le langage est pur, mais l’imagination est en défaut.
L’ironie enveloppe un plaisir spécial : celui que nous goûtons à voir la pensée sociale prise en défaut par l’intuition individuelle. […] Les soi-disant aristocraties intellectuelles n’échappent pas aux défauts des autres aristocraties, elles sont étroites ; elles ont leur esprit grégaire, leurs préjugés, leur misonéisme, leur infatuation.
Il a des accès de férocité qui inspirent la crainte à défaut du respect. […] La littérature aura des qualités et des défauts aristocratiques : élégance et mièvrerie, noblesse de style et allure guindée, etc.
La série des inexactitudes, des omissions et des défauts de Dickens serait longue. […] À peine a-t-il l’oreille du public qu’il se lance, inconsidérément souvent, dans une lutte acharnée contre tout ce qu’il prenait pour des abus, l’institution pourtant utile des workhouses, les mauvaises écoles, la rapacité des gens de loi, l’insolence des bureaucrates, tous les vices et les défauts que nous l’avons vu flageller.
« Le défaut essentiel de ce livre, dit-il, c’est de ne pas remplir son titre. […] Rien de moins bourgeois que Mme de Staël ; elle avait bien des défauts et nous les reconnaissons… Pédante, si l’on veut, quelquefois sans grâce et précieuse, esprit faux en philosophie, bas-bleu, à ravir l’Angleterre de l’éclat enragé de son indigo, Mme de Staël, par la distinction de sa pensée, par la subtilité de son observation sociale, par son style brillant d’aperçus, par ses goûts, ses préoccupations, ses passions même, tendait vers la plus haute aristocratie, vers la civilisation la plus raffinée.
Qu’il se défie de son érudition, qu’il se défie même de son goût — mais c’est là un illustre défaut, — et ce tableau contient assez d’originalité pour promettre un heureux avenir. […] Bartolini comme le morceau capital du salon de sculpture. — Nous savons que quelques-uns des sculptiers dont nous allons parler sont très-aptes à relever les quelques défauts d’exécution de ce marbre, un peu trop de mollesse, une absence de fermeté ; bref, certaines parties veules et des bras un peu grêles ; — mais aucun d’eux n’a su trouver un aussi joli motif ; aucun d’eux n’a ce grand goût et cette pureté d’intentions, cette chasteté de lignes qui n’exclut pas du tout l’originalité. — Les jambes sont charmantes ; la tête est d’un caractère mutin et gracieux ; il est probable que c’est tout simplement un modèle bien choisi3. — Moins l’ouvrier se laisse voir dans une œuvre et plus l’intention en est pure et claire, plus nous sommes charmés.
M. de Meilhan eut des défauts saillants qui lui appartenaient, et même des vices qui tenaient aussi à son siècle : mais il fut un homme de beaucoup d’esprit, un des plus distingués parmi les gens du monde, un des plus fertiles en idées et des plus originaux parmi les écrivains amateurs.
Il n’apprit point le latin. » Ce qui ne veut pas dire que Bailly n’en ait appris plus tard ce qui lui était nécessaire pour comprendre les livres de science écrits en cette langue, et pour choisir à ses divers ouvrages des épigraphes bien appropriées ; mais il manqua d’un premier fonds classique régulier et sévère, et ce défaut, qui qualifie en général son époque, contribua à donner ou à laisser quelque mollesse à sa manière, d’ailleurs agréable et pure.
Peut-être est-ce le défaut des peintres : ils aiment trop à être bien, à avoir une vie qui ressemble à celle des bons propriétaires… À Venise, il se laisse peu à peu gagner à la couleur : il voudrait donner au costume de ses pêcheurs et de ses femmes quelque chose qui rappellerait les étoffes vénitiennes des siècles précédents : Les femmes en hiver ont des robes en laine avec d’immenses dessins de toutes les couleurs les plus vives.
De leurs défauts combinés avec d’autres parties meilleures, il peut s’engendrer, chemin faisant, de bonnes choses et sortir des effets non méprisables.
Si la conversation de Mme Cornuel et de Mme Olonne est de lui, il n’a pas échappé à l’un des inconvénients et des défauts de son moment, au pédantisme et au dogmatique dans la galanterie.
Il nous donne dans un récit très complet la suite des dits et gestes, des pérégrinations, des inconstances et des querelles (les érudits d’alors en avaient beaucoup) de ce Marius, assez peu digne d’ailleurs de son père, dont, avec quelques qualités, il outrait les défauts.
Il ne garde de ses défauts que les qualités.
les expressions lui manquent, et la langue elle-même, qu’il possède si bien, lui fait défaut : Je n’écris jamais de sang-froid, s’écrie-t-il, dès qu’une fois mon cœur a prononcé le nom de ma grande amie ; mais aujourd’hui c’est une émotion, un transport, par l’espérance qu’elle me donne d’une faveur prochaine qui mettrait le comble à mon bonheur. « J’irai en pèlerinage à cette tour.
Ces quelques mots nous indiquent déjà le tour d’esprit de Bonstetten et un léger défaut dont son talent plus tard se ressentira.
j’ai dit les défauts ; voyons les avantages.
Encore une fois, le Casimir Perier de l’attaque fit défaut, il n’y eut que des Mauguin.
Guizot dans la défense du système : « Je sais, disait-il, que les doctrinaires ont de grands défauts et qu’ils n’ont pas l’art de se faire aimer du gros public ; il n’y a qu’eux pourtant qui veuillent franchement ce que j’ai voulu.
En un mot, le tout est sensé, judicieux et fin, bien analysé, bien dit, mais aussi (et voici les défauts) diffus, un peu prolixe, sans saillie, sans relief, sans rien qui pénètre ni qui marque, ni qui se grave, sans rien qu’on retienne et qu’on emporte avec soi, malgré soi.
David fait le tour de l’atelier et dit à chacun son mot ; le défaut ou la qualité qu’il remarque chez l’élève, dans l’ouvrage commencé qu’il a sous les yeux, lui devient un sujet de réflexions plus générales.
Ceux qui croiraient pourtant que le sentiment de l’antique a fait défaut à M.
Malgré tout et dussé-je trahir mon côté profane, mon côté faible, il m’est impossible, à parler franc, d’admirer autant qu’on le fait cette sécheresse extrême de la première partie du Discours sur l’Histoire universelle ; elle serait un vrai défaut, si cette première partie était capitale et le fonds même du Discours.
Quel plus triste métier après tout, quand on a l’honneur d’être le contemporain d’un grand esprit qui a des défauts de caractère, que de passer son temps et de consacrer sa vie à le harceler, à l’irriter, à lui faire faire toutes les fautes dont il est capable !
L’Homme rouge que j’ai sous les yeux, satire hebdomadaire en vers, qui parut à Lyon du 2 avril au 25 août 1833, n’est qu’une imitation exagérée et grossière de la Némésis, sans aucun des traits malins qui, chez nos deux satiriques émérites de Paris, allaient atteindre au défaut de la cuirasse quelques-uns des hommes du juste-milieu.
. — À défaut du Temps, il fût allé au Journal de Paris, qu’il se faisait lire tous les soirs en dilettante et avec une prédilection marquée.
Jomini eut de bonne heure cela de particulier d’être organisé pour concevoir et deviner les plans militaires de Napoléon ; on aurait dit que, par une sorte d’harmonie préétablie, sa montre avait été réglée sur celle du grand capitaine, dont il devait être le meilleur commentateur, le critique le plus perspicace et dont il semble, en vérité, qu’il aurait pu être le chef d’état-major accompli ; mais, pour un tel office, j’oublie qu’il joignait à ses qualités un défaut incompatible et incurable : c’était d’avoir en toute occurrence son avis, à lui, et de raisonner.
Mais c’est assez et trop insister sur les défauts auxquels nous espérons que M.
En un mot, c’était la disposition lyrique qui prévalait évidemment dans le poëte, et qui le plus souvent, au défaut d’épanchement convenable, débordait dans ces larmes dont nous avons parlé.
Ses allégories sont jugées tout d’une voix : baroques, métaphysiques, sophistiquées, sèches, inextricables, nul défaut n’y manque.
Il nous est impossible à nous autres, nés d’autre part et nourris, si l’on veut, d’autres défauts, d’avoir pour ces endroits, je ne dirai pas un pareil enthousiasme, mais même la moindre préférence.
Néanmoins tous ces défauts avaient eu leur utilité ; et l’on s’aperçoit, à la renaissance des lettres, que les siècles appelés barbares ont servi, comme les autres, d’abord à la civilisation d’un plus grand nombre de peuples, puis au perfectionnement même de l’esprit humain.
Il y a dans tous les caractères des défauts qui jadis étaient découverts, ou par le flambeau de l’histoire, ou par un très petit nombre de philosophes contemporains que le mouvement général n’avait point enivrés ; aujourd’hui celui qui veut se distinguer est en guerre avec l’amour-propre de tous ; on le menace du niveau à chaque pas qui l’élève, et la masse des hommes éclairés prend une sorte d’orgueil actif, destructeur des succès individuels.
Il faut compter dans chaque caractère les douleurs qui naissent des contrastes de bonheur ou d’infortune, de gloire ou de revers dont une même destinée offre l’exemple ; il faut compter les défauts au rang des malheurs, les passions parmi les coups du sort, et plus même, les caractères peuvent être accusés de singularité, plus ils commandent l’attention du philosophe ; les moralistes doivent être comme cet ordre de religieux placés sur le sommet du mont St.
Car le défaut de la Pléiade, c’était le pastiche, l’artificiel ; et il ne fut pas mauvais que les poètes fussent rappelés à l’actualité, sollicités de vivre de la vie de leur temps, de tirer de leurs âmes les communes émotions de toutes les âmes contemporaines.
Puis il avait, à défaut du génie, l’esprit juste, le goût assez fin.
Et M. de Pomairols, qui faillit être élu, est pourtant beaucoup plus comme-il-faut que Baudelaire, quant à Balzac et Verlaine (pour ne citer qu’eux), l’un avait des dettes, l’autre des… défauts.
Ils sont quasi sans défauts, parce qu’il n’y a que l’intérêt et l’ambition qui les gouvernent.
Tel, moins contaminé, reconnaîtra qu’il est plus modeste, plus pieux, de s’humilier, de s’avouer borné, c’est-à-dire limité à la conscience de soi-même, de ne pas prêcher par conséquent sa petite religion (ce qui est d’un orgueil inouï, quand fait défaut toute révélation), et, même pour soi, de ne pas sacrifier d’un cœur léger la rectitude de son intelligence au vagabondage de sa sensibilité ; il ne conclura pas, comme M.
Mais leur principal défaut est d’avoir été écrits par un spéculatif ; ils sont graves et froids.
Les défauts, il y en a beaucoup ; qui le sait mieux que lui, lui qui aime les anciens, qui les lit et relit à plaisir, et sait les goûter pour eux-mêmes ?
Ayons la sincérité et le naturel de nos propres pensées, de nos sentiments, cela se peut toujours ; joignons-y, ce qui est plus difficile, l’élévation, la direction, s’il se peut, vers quelque but haut placé ; et tout en parlant notre langue, en subissant les conditions des âges où nous sommes jetés et où nous puisons notre force comme nos défauts, demandons-nous de temps en temps, le front levé vers les collines et les yeux attachés aux groupes des mortels révérés : Que diraient-ils de nous ?
Le droit de la branche aînée, il l’admettait encore ; il reconnaissait jusqu’à un certain point cette légitimité antique et antérieure : mais, à leur défaut, pourquoi d’autres ?
Les premiers jours on a peine à s’y accoutumer ; on attend machinalement, habitué qu’on est à recevoir son occupation du dehors ; il semble que l’huissier soit en défaut.
Il sent bien que c’est là le côté faible de la démocratie et de la forme de gouvernement qui en découle ; il le redira à la fin de sa vie et quand l’Amérique se sera donné sa Constitution définitive (1789) : « Nous nous sommes mis en garde contre un mal auquel les vieux États sont très sujets, l’excès de pouvoir dans les gouvernants ; mais notre danger présent semble être le défaut d’obéissance dans les gouvernés. » Enfin, au milieu des luttes politiques déjà très vives que Franklin a à soutenir dans la Chambre et dans les élections de Philadelphie, survient la nouvelle du fameux acte du Timbre (1764).
Cette coutume morale différente viendrait ici comme une branchie de poisson mise à la place d’un poumon de mammifère, elle ne correspondrait à aucune des nécessités de l’organisme auquel on voudrait l’appliquer, et par ce défaut de coïncidence, y causerait un désordre mortel.
Le mélange des êtres allégoriques et réels donne à l’histoire l’air d’un conte, et pour trancher le mot, ce défaut défigure pour moi la plupart des compositions de Rubens.
VII Eh bien, c’est cette souveraine équation entre la puissance du talent et la sincérité, qu’atteste, dans sa terrible beauté, le livre des Névroses, — même avec ses excès, ses défauts et ses indigences ; car certainement il en a, et je les connais aussi bien que vous !
Un tel fouillis, dans lequel la nature humaine disparaît sous l’artifice et les chinoiseries et les dépravations d’une civilisation dégoûtée, qui ne sait que faire pour se ragoûter, est un défaut qui peut devenir grave, même dans un écrivain léger.
Là encore la jeunesse, l’inexpérience du lecteur est un grave défaut.
Cet amour passionné de la démonstration pure qui fait le philosophe, ce scrupule inquiet sur le sens des mots, ces habitudes algébriques, ce retour incessant sur soi-même, ce doute inné qui l’empêche de se faire illusion et le porte à mesurer perpétuellement le degré de probabilité de ce que les autres appellent certitude, ce mépris du sens commun, cette haine pour les arguments du cœur, cette foi absolue en l’observation et en la preuve, ce besoin éternel de vérifications nouvelles, voilà les qualités qui seraient des défauts dans un orateur.
D’où il arrive que, lorsqu’il considère l’avènement de cet esprit, il n’y voit point, comme fait le public, la naissance d’un genre particulier, ayant son domaine, mais ayant ses limites, ayant ses mérites, mais ayant ses défauts.
Quand il revit sa femme, il lui demanda pourquoi elle ne l’avait pas averti de ce défaut. […] Les Jacobites sont une de ces œuvres où les « beautés », comme disaient nos pères, l’emportent de beaucoup sur les défauts ; mais c’est précisément la définition de toutes les belles œuvres, en ce monde misérable où nul n’accomplit entièrement ses rêves. […] Puis je dirai quels en sont peut-être les défauts, ou, si vous voulez, ce qu’on regrette d’y voir çà et là, et aussi ce qu’on regrette de n’y point voir. […] J’accorde la dureté et la gaucherie de certains vers, quelquefois le défaut d’exactitude dans l’expression, quelquefois aussi un peu de banalité dans les images (il y a trop d’aigles, de nuits, de tempêtes, de « sommets » des siècles ou de la gloire). Encore faudrait-il distinguer entre les parties de l’œuvre : ces défauts se rencontrent surtout au deuxième et au troisième acte.
Ce fut le défaut que l’on reprocha avec raison à Diderot, mais ce fut aussi sa vertu capitale. […] Quinet les qualités et les défauts de la muse germanique. […] Victor Hugo est un grand peintre en poésie et c’est là précisément son grand talent et son grand défaut. […] La vraie critique devrait tenir compte des beautés comme des défauts, se montrer initiée au langage mystérieux des poètes, et applaudir à leurs élans plutôt qu’à leurs chûtes. […] On trouvait dans cette pièce une poésie pleine d’élan, mais qui avait le défaut d’être trop lyrique, au point qu’on en a pu dire, comme de plusieurs autres qui suivirent, qu’elles n’étaient que des odes.
Par le courage de son idéalisme, il fit passer à l’être ce défaut d’être. […] Il ne justifie pas le silence par le défaut de la langue, mais il porte la langue à la conquête du silence, d’un silence que l’on reconnaisse encore dans la parole qui l’exprime, comme la neige vite apportée demeure intacte dans la paume chaude qui la tient sans la serrer. […] Tout ce qui sert d’intermédiaire, de chaînon entre les sensations, le genre commun qui les unit, cette clarté, cet ordre, cette logique du discours qui les fondent dans la pâte oratoire, tout cela fait défaut à Mallarmé, et de ce défaut s’élancent ensemble la nouveauté et la nudité de son art : des visions ramenées vers leur essence et vers leur cœur, comme Pour ouïr sans la chair pleurer le diamant. […] « À l’égal de créer : la notion d’un objet, échappant, qui fait défaut. […] A ces intersections se placent les moments du poème, ou plutôt ils sont ces intersections mêmes, dans leur ambiguïté, leur défaut d’être.
La mémoire pittoresque fait donc défaut ; et c’est justement pour cela que la personne en question n’a jamais su dessiner. […] S’il en est qui sont en cela moins bien doués que les autres, leurs œuvres auront un défaut spécial qui révélera ce vice d’organisation : ils feront plat. […] Ayez ce don de poésie, tout le reste sera facile, et le procédé d’expression ne vous fera jamais défaut. […] Si quelque chose en elle lui déplaît, il a vite fait de corriger ce défaut. […] Le défaut de ce procédé est que l’imagination, ainsi abandonnée à elle-même, se laisse trop aisément aller au cauchemar.
Elle a pour premier défaut d’être démentie par les faits, comme tout à l’heure l’hypothèse sur la spécificité des genres. […] Ce sont bien les défauts que ses ennemis ont toujours reprochés à Gautier, et je concède qu’il y a souvent touché. […] On sent que l’auteur voit avec une extrême perspicacité les défauts de l’ancien régime, et qu’il ne prévoit encore aucun des vices du nouveau. […] Certains défauts sont la rançon inévitable de certaines puissances. […] Reprenez son premier recueil, le Reliquaire ; vous y admirerez le tact averti avec lequel l’apprenti-poète a retenu de cette école l’enseignement légitime ; et il en a, instinctivement, rejeté les défauts.
En faisant pressentir quelque chose de ce défaut chez l’auteur distingué que nous étudions, nous sommes très-loin, au reste, de penser que Fauriel, à l’exemple de tant d’érudits, fût indifférent au style, à l’expression ; une telle lacune serait trop inexplicable chez un homme d’une sensibilité littéraire si vive et si exquise, d’un goût si fin et, pour tout dire, si toscan. […] A défaut de tant d’éloquents discours et des jeunes paroles aux ailes légères qu’on ne peut ressaisir73, la traduction que Fauriel publia, en 1823, de Carmagnola, d’Adelchi et de quelques morceaux critiques qui s’y rapportent, offre du moins un témoignage subsistant de ce moment littéraire si animé et si plein d’intérêt. […] Si Fauriel a eu en un sens le génie historique (et il n’est que juste de lui en accorder une part bien originale), on peut dire que ç’a été dans l’application à la littérature et à la poésie qu’il en a fait preuve le plus heureusement ; lorsqu’il a abordé l’histoire pure, une certaine vigueur de coup-d’œil peut-être dans l’appréciation politique des grands hommes, et à coup sûr certaines qualités d’exécution, lui ont fait défaut pour remplir l’idée qu’on peut concevoir de l’historien complet ; mais, dans l’interprétation et l’intelligence historique des poésies et chants nationaux, des romances ou épopées populaires, il a été un maître sagace, incomparable, et le premier qui ait donné l’éveil chez nous. […] Il y a plus : c’est précisément ce défaut d’art ou cet emploi imparfait de l’art, c’est cette espèce de contraste ou de disproportion entre la simplicité du moyen et la plénitude de l’effet, qui font le charme principal d’une telle composition. […] J’ai parlé tout à l’heure de sa manière de bâtir : on peut ajouter que l’échafaudage, chez lui, reste, jusqu’à la fin, inséparable du monument ; mais ces défauts-là sont assez sensibles, et nous avons dû insister plutôt sur les mérites intérieurs et plus cachés.
Il y a bien des défauts et bien de la grossièreté dans cette Nichina qui a mis en lumière le nom de M. […] C’est un défaut assez fréquent dans les anciennes proses latines où le rythme et la rime riche empiètent sur le sens. […] Il n’y a qu’un défaut dans Monelle, c’est que le premier chapitre est une préface et que les paroles de Monelle, obscures et fermes, n’ont point d’application inévitable dans l’histoire de Madge, de Bargette ou de la petite Femme de Barbe-Bleue, toutes pages, et d’autres, d’une psychologie infiniment délicate, avec ce qu’il faut de mystère pour relever un récit d’entre les anecdotes. […] Quant aux défauts des œuvres qu’il aimait, il les voyait bien, mais il préféra souvent les taire, sachant que l’éloge doit, pour porter, être un peu partial, et sachant aussi que le rôle du critique est de nous signaler des beautés et des joies, non des imperfections et des causes de tristesse. […] Mais le plus grave défaut de ce livre fut qu’il n’exprimait plus, quand il fut achevé, les tendances esthétiques de l’auteur, ou qu’il n’en exprimait que la moitié et la partie la moins neuve et la plus caduque.
Laissant toujours à part les derniers pamphlets de Voltaire et les derniers volumes de l’Histoire naturelle de Buffon qui sont des « suites », on ne trouve, en dix ans, de 1775 à 1785, que deux « nouveautés » qui survivent, et ce sont deux comédies, qui peuvent d’ailleurs avoir toutes les autres qualités ou défauts que l’on voudra, mais dont l’inspiration est « classique ». […] — Ce que Sainte-Beuve a voulu dire, en disant « que les ouvrages de Montesquieu n’étaient guère qu’une reprise idéale de ses lectures » ; — et que cela équivaut à dire qu’ils manquent d’ordre et de logique. — Du mot de Mme du Deffand sur l’Esprit des lois ; — et qu’il caractérise bien les défauts de la manière de Montesquieu. — Mais, que toutes ces observations n’empêchent pas Montesquieu d’avoir fait entrer dans le domaine de la littérature tout un ordre d’idées qui n’en faisait point partie ; — d’avoir esquissé le premier une philosophie de l’histoire purement laïque ; — d’avoir entrevu les analogies de l’histoire avec l’histoire naturelle ; — et, à un point de vue plus général, d’avoir éloquemment exprimé, — sur la liberté, — sur la tolérance, — et sur l’humanité, — des idées qui ne sont point, même de nos jours, aussi banales et aussi répandues qu’on le dit. — Succès de l’Esprit des lois, tant à l’étranger qu’en France ; — et si les défauts du livre n’y ont pas contribué autant que ses qualités ? […] Comment, en s’ajoutant les uns aux autres ; — et en s’aggravant du fait même de son succès ; — tous ces défauts ont réduit les autres histoires de Voltaire, — comme par exemple, son Histoire du Parlement, 1769, — à n’être que de simples pamphlets ; — et ainsi rabaissé l’histoire à n’être plus que l’instrument de ses passions philosophiques. — L’histoire, comme la tragédie, veut être traitée pour elle-même ; — mais cela n’empêche pas l’Essai sur les mœurs, — ni le Siècle de Louis XIV surtout, d’avoir fait époque dans la manière d’écrire l’histoire ; — et Voltaire lui-même d’avoir exercé sur la direction des études historiques, — une influence presque aussi considérable, sinon peut-être plus considérable, qu’au théâtre même. […] De l’éducation des enfants, Paris, 1721]. — Le grand défaut de l’Émile ; — et qu’ayant formé le dessein de composer un traité d’éducation, — il est fâcheux que l’auteur ait débuté par poser ou supposer un enfant sans père ni mère ; — un enfant riche ; — un enfant sans hérédité, tempérament ni caractère ; — et d’autre part un précepteur dont toute la vie soit subordonnée à celle dudit enfant ; — ce qui fait deux suppositions également contraires à la vérité de la nature, — et de la société. — Que sous cette réserve, dont on ne saurait exagérer l’importance, — trois grandes raisons expliquent le succès de l’Émile, à savoir : — l’exaltation du sentiment moral [Cf. en particulier la Profession de foi du vicaire savoyard] ; — une ardeur de spiritualisme qu’on était heureux d’opposer au lourd matérialisme de l’Encyclopédie ; — et une confiance entière dans la possibilité du progrès moral par l’éducation. — Comparaison à cet égard de l’Émile et du livre De l’esprit ; — et de quelques idées communes à Helvétius et à Rousseau. — L’Émile est d’ailleurs le chef-d’œuvre littéraire de Rousseau ; — moins guindé que La Nouvelle Héloïse ; — plus souple, plus varié que le Contrat social ; — et toujours oratoire, mais moins déclamatoire que les Discours de 1750 et 1755. — De quelques idées secondaires de l’Émile ; — sur l’allaitement maternel ; — sur l’importance de l’éducation physique ; — sur l’utilité d’un métier manuel ; — sur ce que l’on a depuis lors appelé les « leçons de choses » ; — et qu’elles n’ont pas moins fait pour le succès du livre, — que les idées générales qui en sont l’armature, — et que les persécutions dont il allait être l’objet.
C’est l’âme, il faut bien le dire, qui manque à la plupart des Alexandrins, et ce défaut nous le constaterons plus d’une fois chez ceux qui veulent imiter la nature par plaisir et par amusement. […] Mais, au nord, les Barbares, gardant plus fidèlement leurs défauts avec leurs qualités, compromettent la notion juste de l’art. […] Quoi qu’il en soit, une école contemporaine de Raphaël ne souffre pas de méprise : car tout éclate dans la peinture vénitienne, qualités et défauts. […] Vous avez oublié que les caractères des hommes sont mixtes, qu’un ridicule ne va jamais seul, qu’un vice ordinairement est étayé par d’autres vices, que vouloir détacher un défaut de ceux qui l’environnent et l’avoisinent, c’est peindre sans observer la dégradation des ombres et des couleurs. » L’âme de l’homme est ce qu’il y a de plus complexe et de plus mystérieux au monde. […] De bonne foi, y a-t-il beaucoup de prêtres « galopant » le De profundis comme ceux de l’enterrement d’Ornans, ou discutant, trinquant, ronflant dans une chambre mortuaire, comme le curé Bournisien, caricature affligeante et grotesque, bouc émissaire que Flaubert a chargé de tous les défauts et de tous les vices, comme il s’est plu à écraser Bouvard et Pécuchet sous l’amoncellement de toutes les sottises humaines.
Mais enfin la différence entre Henry et Jules, la différence spécifique qui fait de Jules et de Flaubert des artistes, c’est que l’éducation sentimentale de Jules n’a pas été achevée, est restée devant lui comme une page blanche : à défaut de la page blanche à vivre la page blanche à écrire ; à défaut du Liban, Croisset. […] « Je pense, écrit-il, que ce livre aura un grand défaut, à savoir le défaut de proportion matérielle, j’ai déjà 260 pages et qui ne contiennent que des préparations d’action… Ma conclusion, qui sera le récit de la mort de ma petite femme, son enterrement et les tristesses du mari qui suivent, aura 260 pages au moins. […] C’est précisément cette liberté qui eût fait défaut à Flaubert dans un sujet égyptien, où il craignait d’être débordé par l’inépuisable documentation. […] Salammbô est, comme le furent longtemps les Fleurs du mal, l’objet d’un malentendu persistant entre la critique qui croit en démontrer les défauts et en démonter les trucs, et une élite, qui persista à l’admirer. […] Trois Contes attestent que l’inspiration fait défaut pour les grands livres et ne remplit plus que de petits cadres.
Que si le système adopté par lui l’a conduit à forcer un peu dans l’application certaines lois dont le sens général est vrai, à mettre parfois trop d’ordre et de régularité dans l’étude qu’il a faite des éléments divers du passé, n’est-ce pas là une faute heureuse et préférable au défaut contraire, et n’est-il pas infiniment mieux d’avoir introduit un peu trop d’ordre dont on peut toujours rabattre, que d’avoir laissé subsister une confusion d’où l’on ne serait pas sorti ? […] Au lieu d’opposer l’un à l’autre, au lieu d’instituer entre les auteurs ou les œuvres un parallèle et un contraste désormais inévitable, et dont le public sera un juge peu indulgent, j’aurais voulu réunir et fondre, combiner les avantages sans les défauts.
Oui, celle qui ne vous a jamais vu, qui n’a fait que vous lire, qui, sur un mot sorti un jour de votre âme, se met à croire en vous, à s’y attacher, à vous suivre dans toutes vos vicissitudes ; qui se hasarde, après des années, à vous le dire en tremblant, sans se nommer ; qui est prête, parce que vous l’avez consolée une fois, à accourir si vous souffrez, si vous êtes dans le malheur, si seulement l’ennui vous prend et le dégoût du monde, de ses flatteries ou de ses amertumes ; qui vous dit : « Le jour où vous en aurez assez des plaisirs, où vous sentirez que les bons instants sont devenus bien rares et que le dévouement d’une femme ou d’une fille vous fait défaut, ce jour-là, souvenez-vous de moi, appelez-moi, faites un signe, et je viendrai » ; celle-là, dût-on ne jamais user de ce sacrifice charmant, donne au poète, fût-il de l’âme la plus altière et un mépriseur d’hommes comme Byron, le plus flatteur des diplômes et des certificats de poésie, la plus chère conscience de lui-même et sa plus belle couronne. […] Avant la fièvre, je charmais les douleurs de mon bras en chantant vos charmants airs ; je me suis bien affligée dans ce moment de la médiocrité de ma voix ; j’aurais voulu pouvoir rendre toute la mélodie de cette délicieuse musique : mais elle est si parfaite que, malgré le défaut de mon expression, tout le monde en était charmé ; je la quittais pour vous lire.
Mais vivant, mais brillant d’esprit et de grâces, on l’aimait, on jouissait de lui jusque dans ses défauts, dulcibus vitiis. […] Un autre défaut considérable de la manière de M. l’abbé Delille, c’est une vaine apparence de richesse et d’abondance qui ne consiste que dans des mots accumulés ou des énumérations fatigantes….. » (Année littéraire, 1782, lettre VIII.)
Son livre pourrait être meilleur que le mien, mais il a un défaut, c’est qu’il ne le fera pas ; il n’a jamais rien publié, et il est incapable d’amener rien à terme. […] Sinon, Apulée seul est en défaut comme latiniste.
Ce désintéressement d’ambition est un défaut selon le monde, qui le regarde comme une faiblesse de la volonté ; en réalité c’est une force de la raison ; cette abnégation personnelle laisse le sang-froid au cœur dans les affaires publiques, et par là même elle donne plus de lumière à l’esprit. […] C’est un dernier sacrifice à l’attitude et au décorum, ce défaut de sa vie ; partout ailleurs il est simple et vrai.
— Vous dites mieux que vous ne pensez, reprit le professeur en disant sourire, car vous allez voir que l’Arioste ne déride jamais son génie jusqu’à la bouffonnerie, ce défaut de ses prédécesseurs dans la poésie héroï-comique, mais seulement jusqu’à la légère plaisanterie. […] C’est là cependant le défaut de l’œuvre ; le fil multiplié et embrouillé des aventures se rompt trop souvent, pour se renouer et se rompre encore.
Plusieurs années après seulement, je m’aperçus que mon malheur ne venait que du besoin, ou, pour mieux dire, de la nécessité de sentir en même temps mon cœur occupé d’un noble amour, et ma pensée d’une œuvre élevée ; chaque fois que l’une de ces deux choses m’a fait défaut, je suis resté incapable de l’autre, dégoûté, ennuyé et tourmenté au-delà de toute expression. […] De cette méthode, que j’ai voulu caractériser avec détail, il est peut-être résulté une chose : c’est que mes tragédies dans leur ensemble, et malgré les nombreux défauts que j’y vois, sans compter tous ceux que peut-être je n’y vois pas, ont du moins le mérite d’être, ou, si l’on veut, de paraître pour la plupart venues d’un seul jet et rattachées à un seul nœud, de telle sorte que les pensées, le style, l’action du cinquième acte s’identifient étroitement avec la disposition, le style, les pensées du quatrième, et ainsi de suite, en remontant jusqu’aux premiers vers du premier, ce qui a du moins l’avantage de provoquer, en la soutenant, l’attention de l’auditeur, et d’entretenir la chaleur de l’action.
Je boitais bien un peu de la jambe gauche, mais tant d’autres avec des défauts avaient reçu leur feuille de route tout de même ! […] Je vais avoir l’air d’un garçon qui n’a pas de défauts, et même qui se porte très-bien ; c’est le vinaigre qui me monte à la tête.
Et, parfois, le défaut qu’elle a d’être vague devient une qualité précieuse ; elle excelle à rendre sensibles certains états d’âme imprécis et crépusculaires ; elle est le langage de la rêverie, de l’indéterminé, de l’indéfinissable130. […] On a dit d’elle140 : « Tout en elle était sonore : ses amours, ses amitiés, ses haines, ses défauts, ses vertus. » Elle avait le verbe haut, la parole vive, animée.
Serait-ce le moment de réfuter cette armée de savants, d’esthéticiens, de critiques qui nous prouvent que la suprême qualité de Tristan est son grand défaut ? […] Je crois que nous sommes encore loin de la connaître assez bien pour pouvoir en distinguer les défauts avec la précision utile.
Ces variations, selon Darwin, sont tout accidentelles, toutes de hasard, et c’est, nous l’avons vu, cette part exagérée faite aux accidents extérieurs qui est le défaut du darwinisme. […] Le changement, l’inquiétude, comme disaient les anciens, est-ce l’essence même de l’action ou seulement le résultat des limites de l’action, de son défaut, de la résistance extérieure qu’elle rencontre ?
Quels que soient les innombrables défauts de ce poème épique du Dante dans la fable, on ne peut nier que ce ne fût, à l’époque où il vivait, et encore à la nôtre, le seul véritable texte d’une vaste épopée qui restât à chanter aux hommes. […] Le Dante, malgré ses défauts, est certainement pour notre époque un de ces glaciers inabordables d’où ces eaux fécondes coulent sous les nuées et sous les ténèbres du moyen âge.
Flint, ce n’est pas la nature qui est trop grande, ce n’est pas la nature qui est en excès, c’est l’homme qui est trop petit, c’est l’homme qui est en défaut. […] On remarquera la pénétration avec laquelle Tertullien signale ici le défaut le plus grave peut-être de la méthode de la vivisection, celui d’altérer profondément les conditions normales de la vie, et l’état même des organes qu’il s’agit d’observer.
Avec un esprit comme le sien, — et nous en dirons les qualités et les défauts, — Audin devait aller de prime saut aux choses ambiantes et se pénétrer des préoccupations générales qui circulaient autour de lui. […] Les défauts ne sont pas, chez lui comme chez tant d’autres, la conséquence des fausses équerres de l’esprit, d’une altération dans le bon sens ou de quelque pauvreté de l’âme ; ils viennent justement de ce qui le crée artiste au même degré qu’il est savant.
Elle était complètement femme dans ses goûts, dans ses ambitions, dans ses défauts mêmes.
Il y est distingué, mais point grand ; ses défauts s’y montrent.
aurait-il sauvé ses défauts, et son caractère eût-il été fixé par son cœur ?
Sévère jusqu’à l’injustice pour ces hommes de science positive, Buffon sensible au talent, au grandiose, à la réflexion humaine quand elle se projette à travers les vues physiques, fait plus de cas d’un Pline à l’esprit fier, triste et sublime, bien qu’il déprise toujours l’homme pour exalter la nature ; il ne parle de cet ancien qu’avec une impression de respect et en laissant sous le voile ses nombreux défauts.
Les défauts de Maucroix, comme ceux de La Fontaine, étaient purement naturels, et jusque dans leur malice ou leur licence gardaient de la bonhomie.
Ce qui m’y avait poussé était principalement le fait de Blois (l’assassinat du duc et du cardinal de Guise) qui m’a fort affligé, non pour autre raison que pour le défaut que je trouvais en la manière et procédure de l’exécution.
On citerait de Charron quantité de beaux et judicieux passages pour la tolérance et contre les dogmatistes opiniâtres, qui veulent donner la loi au monde : « Où le moyen ordinaire fait défaut, l’on y ajoute le commandement, la force, le fer, le feu. » Il parle avec bien de l’humanité et du bon sens contre la question et la torture : avec bien du sens aussi contre l’autorité en matière de science.
Et il touche un coin de défaut de la comtesse, qui nous est également attesté par les contemporains : si elle était capable d’affaires et de dévouement utile, elle l’était aussi de rancunes et d’intrigues ; elle en voulait à ceux des serviteurs de Henri qu’elle jugeait opposés à elle et à son influence, à Castille, à d’Aubigné : Faites, pour Dieu !
Très libertin, très joueur, un peu duelliste même, il avait ses propres penchants, auxquels il avait joint par vanité quelques-uns des défauts à la mode.
Il y est surtout question de Lulli qui venait de mourir, de ses qualités et de ses défauts, de ses talents et de ses vices.
Mais l’élan ne se soutient pas ; le style fait défaut, et la pensée se fatigue à vouloir s’élever et à remplir un rythme incomplet, mais encore trop large pour elle.
À défaut d’une grande étendue et élévation d’esprit, on doit le vénérer pour l’intégrité et sainteté de sa vie ; un sentiment moral, profond, respire dans ses mémoires inédits, trop prolixes et trop informes pour être publiés en entier ; M.
Les Lettres de Lamennais publiées déjà ou encore à publier, corrigeront heureusement ce que ses derniers excès de parole en 1848 avaient pu laisser de trop défavorable dans les esprits à son sujet ; elles le montrent au naturel, avec tous ses défauts, avec ses compensations et ses avantages.
Plus tard, hors du cercle de l’école ; dans la page écrite pour le public, ce soin continuel, cette perpétuité, cette contention d’élégance, se feront sentir au milieu même des vivacités heureuses et pourront devenir un défaut.
Quand il a voulu aborder la haute scène, où quelquefois il a très joliment réussi, ses défauts d’observation directe pourtant se sont fait sentir ; et trop souvent vers la fin, sur la scène de la Comédie-Française, ses personnages n’étaient plus que des ressorts habillés en rois ou en reines, en ministres, etc.
Ces défauts étaient revêtus de plusieurs belles qualités : il était bien fait, il avait les manières agréables et polies, il parlait bien diverses langues ; il avait de l’esprit, du savoir, de la valeur, et tous les dehors du mérite, sans mérite même. » Huit jours avant sa mort, était arrivée la nouvelle du mariage de Mademoiselle, qui s’était fait à Fontainebleau par procuration, le Prince de Conti y représentant le roi d’Espagne.
Le seul défaut, à mon sens, de ces strophes si bien faites, si bien découpées, est de trop rappeler la sculpture, d’en avoir le poli et aussi un peu la dureté : cette poésie fait à l’oreille ce que le marbre fait au doigt : Et puis, pourquoi traduire un art par un art ?
Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux ; tous les défauts peuvent servir le talent, hormis la faiblesse.
Et tout d’abord, à défaut d’un Shakspeare que nous n’avons pas, il disait de celui des nôtres qui en approche le plus, de notre grand Molière : « Molière est si grand, que chaque fois qu’on le relit on éprouve un nouvel étonnement.
Decazes, ministre de la police, gagnait chaque jour en crédit auprès du roi et devait, lui aussi, avec infiniment moins d’élévation, mais avec bien de l’insinuation et de l’habileté, devenir à son tour l’un des agents actifs de la politique modérée et conciliante : il ne l’était pas encore décidément à cette première date, et plusieurs de ceux avec qui il marcha bientôt de concert, étaient plutôt sensibles d’abord à ses défauts apparents qui étaient un ton de suffisance et des airs de favori déguisant mal quelque vulgarité.
Nous avons besoin d’indulgence ; mais les privilèges de ces complexions fortes en rachètent tous les défauts.
Quand la société s’est compliquée, que les mœurs se sont effacées à force de se polir, que le goût usé se blase de chefs-d’œuvre, il faut cependant faire quelque chose, ou répéter dans une suite de contre-épreuves, de plus en plus pâles, les types classiques… Si Marivaux n’avait pas les défauts que l’on critique en lui et qui ne sont, à vrai dire, que des qualités poussées à l’excès, il se perdrait obscurément parmi la foule obscure des plats imitateurs de Molière.
Les procès-verbaux sont ci-joints en original, lesquels sont signés des officiers des lieux, afin que l’on ne puisse point dire que ces pièces aient été faites après coup. » Avait-on retrouvé heureusement ces pièces réclamées par Louvois, ou bien, en cas de défaut et de manque, y avait-on suppléé, comme il l’avait désiré ?
Au point de vue moral complet et de l’expérience, ce qui peut sembler surtout avoir fait défaut à ces existences si méritantes, si austères, et ce qui, par son absence, a nui un peu à l’équilibre, ç’a été de toutes les sociétés la plus douce, celle qui fait perdre le plus de temps et le plus agréablement du monde, la société des femmes, cette sorte d’idéal plus ou moins romanesque qu’on caresse avec lenteur et qui nous le rend en mille grâces insensibles : ces laborieux, ces éloquents et ces empressés dévoreurs de livres n’ont pas été à même de cultiver de bonne heure cet art de plaire et de s’insinuer qui apprend aussi plus d’un secret utile pour la pratique et la philosophie de la vie.
sa vénérable mère dans cette mise antique et simple, avec cette physionomie forte et profonde, tendrement austère, qui me rappelait celle des mères de Port-Royal, et telle qu’à défaut d’un Philippe de Champagne, un peintre des plus délicats nous l’a rendue ; cette mère du temps des Cévennes, à laquelle il resta jusqu’à la fin le fils le plus déférent et le plus soumis, celle à laquelle, adolescent, il avait adressé une admirable lettre à l’époque de sa première communion dans la Suisse française20 ; je la crois voir encore en ce salon du ministre où elle ne faisait que passer, et où elle représentait la foi, la simplicité, les vertus subsistantes de la persécution et du désert : M.
Quand la nature crée un homme supérieur et d’une supériorité de premier ordre, quand elle l’a fondu et coulé tout d’un jet dans un de ses plus beaux moules humains, si cet homme, après avoir fourni sa grande carrière, tombe ou sort de la scène dans la plénitude de la vie et de ses facultés, sans que la maladie ou l’âge soit venu l’altérer ou l’affaiblir, il est bien clair qu’il est et qu’il a dû rester le même pendant toute cette durée de son rôle actif, que les événements n’ont fait que le produire, un peu plus tôt ; un peu plus tard, sous ses aspects différents, le montrer et le développer plus ou moins dans quelques-unes de ses dispositions naturelles et donner occasion à ses qualités ou à ses défauts primitifs de se manifester dans tout leur relief ou même dans leur exagération ; mais il y avait en lui, dès le principe, le germe et remboîtement de tout ce qui est sorti.
Ce qu’on a appelé le siècle de Louis XV se partage en deux ; la fin de la première moitié demeure assez belle : la figure du maréchal de Saxe apparaît de loin dans nos dernières victoires et perce le nuage ; il rejoint la chaîne historique, il tend la main aux Kléber ; malgré des défauts, malgré des vices, il est d’une ampleur et d’une générosité de nature qui le fait sympathique à la France nouvelle, et de lui aussi on peut dire avec quelque vérité : C’est le Mirabeau des camps.
Benoît, auteur d’un Discours couronné par l’Académie : « Si, dans nos anciennes causeries, ce sujet (de Chateaubriand) s’est rencontré, vous m’aurez vu sans doute plus affecté que la postérité ne veut l’être de ses défauts qui heurtaient rudement le temps présent, mais qui se fondent aujourd’hui comme des nuances dans le caractère esthétique du grand artiste ou dans la perspective du passé.
Un homme public, comme tous les hommes, a ses défauts, ses passions ou même ses vices ; mais il ne faut point, comme à Talleyrand, que ces vices prennent toute la place et occupent tout le fond de sa vie.
. — A défaut de M. de Balzac, qui ne semble pas en mesure de modifier la verve croissante de ces entraînements, et en se garant surtout du ruisseau impur des imitateurs, c’est à tels ou tels de ses disciples rivaux et de ses héritiers vraiment distingués qu’on voudrait demander parfois l’œuvre agréable dans laquelle le choix de l’expression, le soin du détail, quelque art littéraire enfin, se joindraient à toutes les veines délicates qu’ils ont141.
J’en ai fait faire un errata ; mais ce sont de légers remèdes pour un défaut considérable.
La première époque de la littérature latine étant très rapprochée de la dernière de la littérature des Grecs, on y remarque aussi les mêmes défauts, qui tiennent, comme ceux des Grecs, à ce que le monde connu n’existait pas depuis longtemps.
Tout le corps parle ; souvent, à défaut du mot, c’est le geste qui exprime ; une grimace, un haut-le-corps, un bruit imitatif deviennent signes à la place du nom ; pour désigner une allée de vieux chênes, la taille se dresse droite, les pieds se prennent au sol, les bras s’étendent raides, puis se cassent aux coudes en angles noueux ; pour désigner un fourré de chèvrefeuille et de lierre, les dix doigts étendus se recourbent et tracent des arabesques dans l’air, pendant que les muscles du visage se recourbent en petits plis mouvants. — Cette mimique est le langage naturel, et, si vous avez quelque habitude de l’observation intérieure, vous devinez à quel état intérieur elle correspond.
Des circonstances qu’on peut imaginer, et tout au plus entrevoir, mais sur lesquelles des données précises et suffisantes font défaut, l’ont engagé dans le tourbillon social.
Sans doute, si cette courbe est trop capricieuse, nous serons choqués (et même nous soupçonnerons des erreurs d’expérience), mais le principe ne sera pas directement mis en défaut.
Je suis persuadé que, si cette école célèbre fût restée dans la ligne de Saint-Simon, qui, bien que superficiel par défaut d’éducation première, avait réellement l’esprit scientifique, et sous la direction de Bazard, qui était bien certainement un philosophe dans la plus belle acception du mot, elle fût devenue la philosophie originale de la France au XIXe siècle.
Le défaut du développement intellectuel de l’Allemagne, c’est l’abus de la réflexion, je veux dire l’application, faite avec conscience et délibération, à la production spontanée des lois reconnues dans les phases antérieures de la pensée.
Le défaut de l’ouvrage nous paraît être dans sa classification des phénomènes affectifs.
Je voudrais qu’en disant nos belles qualités comme peuple, à des hommes qui en sont déjà assez pénétrés, on ajoutât, en le prouvant quelquefois par des exemples, que nous avons aussi quelques défauts ; qu’en France ce qu’on a le plus, c’est l’essor et l’élan, que ce qui manque, c’est la consistance et le caractère ; que cela a manqué à la noblesse autrefois et pourrait bien manquer au peuple aujourd’hui, et qu’il faut se prémunir de ce côté et se tenir sur ses gardes.
Il avait cette finesse de réflexion de laquelle dépend l’élégance et le goût, et il communique à ses lecteurs une certaine liberté d’esprit, une hardiesse de pensée qui est le germe de la philosophie… Le jugement de Buffon est extrêmement favorable à Pline ; il semble que le grand écrivain ait eu pour lui de la reconnaissance, qu’il ait deviné qu’on lui reprocherait un jour à lui-même quelques-uns des défauts qu’on peut imputer à l’auteur romain, et qu’il se soit plu d’avance à saluer en lui quelques-unes de ses propres qualités, quelques-uns des traits généraux de sa manière.
Dans un chapitre du Génie du christianisme, où il examine pourquoi les Français ont tant de bons mémoires et si peu de bonnes histoires, M. de Chateaubriand, touchant à un défaut qu’il sentait mieux que personne, a dit : Le Français a été dans tous les temps, même lorsqu’il était barbare, vain, léger et sociable.
Trois boutons de roses blanches, qui devaient être offerts à Lina pour sa fête, n’ont fleuri que pour orner son cercueil : « Si je voyais de jeunes femmes, disait l’auteur, placer dans leurs cheveux trois boutons de roses blanches, en mémoire d’un événement réel que j’ai retracé, je le déclare, je serais plus fier que si toutes les Académies de l’Empire décidaient que mon ouvrage est sans défaut. » On m’assure que son vœu fut accompli, et que les roses à la Lina eurent leur mode d’une saison.
Ces volumes, je le répète, sont intéressants, bien que remplis de défauts, de négligences et de licences de composition.
Malouet lui écrivait en 1791 : « Nous qui raisonnons juste, nous ne rencontrons presque jamais avec précision aucun événement, parce que les actions des hommes ont fort peu de ressemblance aux bons raisonnements. » Cela est vrai pour tous les peuples et pour tous les hommes ; mais cela est encore plus vrai en France, car la nature française résume en elle avec plus de rapidité et de contraste les défauts et peut-être aussi les qualités de l’espèce.
Ce traité a un défaut dans la forme, c’est de renfermer trop de choses, et de mettre toutes ces choses sur le même plan, sans qu’aucune se détache avec relief.
La reine Marguerite, si peu scrupuleuse en morale, est meilleure que ses frères ; elle a des Valois finissants les qualités et bien des défauts, mais elle n’a pas la cruauté.
La Jeune Femme colère (1804), assez généralement louée, me plaît peu : la leçon morale qui consiste, de la part du jeune mari, à vouloir corriger le défaut de sa femme en l’imitant lui-même et en le lui présentant comme dans un miroir grossissant, me paraît brusque, outrée et peu vraisemblable.
Je m’étais dit d’abord : cette fin n’est pas naturelle ; puisque Angélique aime réellement Valère, elle doit l’épouser malgré son défaut, et lui il continuera de jouer, sauf à la rendre malheureuse : ainsi les deux passions auront leur satisfaction et atteindront leur fin.
Mérimée, qui n’aime que ce qui est sûr, s’en abstient strictement ; il aborde l’histoire par ses monuments les plus authentiques et ses témoignages les plus précis, s’en écarte peu, ne les combine qu’autant qu’il lui semble que les faits s’y prêtent, et s’arrête dès que la donnée positive fait défaut.
Deux choses indispensables : 1° S’entendre avec soi-même sur le sens du mot génie, que le vulgaire emploie d’une manière confuse et indéterminée, comme tous les mots complexes ; analyser cette idée, afin de bien savoir de quoi l’on parle ; 2° ouvrir le corps d’un très grand nombre d’hommes de génie, disséquer leur cerveau, et montrer à nos sens une certaine modification particulière, qui, se rencontrant à la fois chez les idiots et chez les hommes de génie, et ne se rencontrant que chez eux, fasse défaut à tous les hommes médiocres et doués de raison.
. — Mais, dit Candide, n’y a-t-il pas du plaisir à tout critiquer, à sentir des défauts-là où les autres hommes croient voir des beautés ?
Le romancier qui soutient trop une thèse (voilà le défaut, malgré la grâce et les ressources de son talent), pose en fait que tous les gouvernements sont, (l’essence, les ennemis de la pensée, de l’art, de la poésie, ce qui n’est pas nécessairement, et il le prouve (on prouve tout ce qu’on veut quand on a de l’esprit et de l’invention dans l’esprit) par trois romans historiques qu’il a comme incrustés dans un premier roman, qui est la base même de sa thèse, discutée entre Stello, le poète spleenétique, et le docteur Noir, son médecin.
Le portrait de femme par Burne-Jones, exposé au salon du Champ-de-Mars en 1896, celui auquel nous faisions allusion au début de cette étude, et qui présente tous les défauts de l’artiste poussés à leur plus haute puissance, fut l’objet, de la part d’un critique parisien37, d’un jugement cruel mais juste, que je prends plaisir a mentionner ici, en l’opposant aux louanges enthousiastes qui ont accablé l’artiste au cours de sa carrière : Hélas !
Les contemporains d’une œuvre de valeur relative, frappés par l’exactitude du détail, par la justesse extérieure du portrait, par les allusions aux mœurs du jour, flattés dans leurs défauts mêmes, les contemporains sont trop partie intéressée pour être de bons juges ; ils confondent aisément ce qui n’est que photographie instantanée avec ce qui est œuvre d’art.
Déjà arrêté par les circonstances, il était encore gêné par un défaut.
Qu’il parle de lord Clive, de Warren Hastings, de sir William Temple, d’Addison, de Milton, ou de tout autre, il s’applique avant tout à mesurer exactement le nombre et la grandeur de leurs défauts ou de leurs vertus ; il s’interrompt au milieu d’une narration pour examiner si l’action qu’il raconte est juste ou injuste ; il la considère en légiste et en moraliste, d’après la loi positive et d’après la loi naturelle ; il tient compte au prévenu de l’état de l’opinion publique, des exemples qui l’entouraient, des principes qu’il professait, de l’éducation qu’il avait reçue ; il appuie son opinion sur des analogies qu’il tire de la vie ordinaire, de l’histoire de tous les peuples, de la législation de tous les pays ; il apporte tant de preuves, des faits si certains, des raisonnements si concluants, que le meilleur avocat pourrait trouver en lui un modèle, et quand enfin il prononce la sentence, on croit entendre le résumé d’un président de cour d’assises. […] Voilà quelques-uns des défauts qui ne peuvent manquer de frapper toute personne qui examinera l’Acte de Tolérance d’après ces lois de la raison qui sont les mêmes dans tous les pays et dans tous les âges. Mais ces défauts paraîtront peut-être des mérites, si nous prenons garde aux passions et aux préjugés de ceux pour qui l’Acte de Tolérance fut composé.
Mais combien ce défaut peu évitable est racheté par des beautés de premier ordre ! […] Chaque manière (même la bonne, la meilleure, si l’on veut) est voisine d’un défaut. […] Tel adversaire conviendrait mieux au fond que tel allié. » En fait de croyances religieuses, il exprime partout l’idée qu’elles sont nécessaires aux sociétés humaines comme aux individus, qu’elles seules remplissent une place qu’à leur défaut envahissent mille tyrans ou mille fantômes ; et, à propos des superstitions des incrédules, il rappelle de belles paroles que Bonnet lui adressait en sa maison de Genthod, lorsqu’il l’y visitait en 1787 : « Il faut laisser des aliments sains à l’imagination humaine, si on ne veut pas qu’elle se nourrisse de poisons118. » Je trouve, dans ce même Mémorial, un parfait et incontestable jugement de Fontanes sur Mirabeau119, et un autre, bien impartial, sur La Fayette, qu’on croyait encore prisonnier à Olmütz120 : s’il exprime simplement une honorable compassion pour le général, il n’a que des paroles d’admiration pour son héroïque épouse ; de même qu’en un autre endroit il sait allier à une expression peu flattée sur l’ancien ministre Roland un hommage rendu à l’esprit supérieur et aux grâces naturelles de madame Roland, avec laquelle il avait eu occasion de passer quelques jours près de Lyon, en 1791. […] « Il faut faire remarquer le désordre perpétuel des finances, le chaos des assemblées provinciales, les prétentions des parlements, le défaut de règle et de ressorts dans l’administration ; cette France bigarrée, sans unité de lois et d’administration, étant plutôt une réunion de vingt royaumes qu’un seul État ; de sorte qu’on respire en arrivant à l’époque où l’on a joui des bienfaits dus à l’unité des lois, d’administration et de territoire.
Le vieux palotin se contentait, il est vrai, de jongler avec des Montmertre, à tel point inoffensifs que, mis à bout par ce défaut d’imagination, et, en même temps, tout pénétré de Jarry dont on venait de rééditer Ubu roi, je murmurai, malgré moi, Montmerdre. […] Qu’elles se trouvent remises au beau (ou plutôt vilain) milieu de leur monde, ce sera pour ne plus saisir que les défauts de ce qu’elles avaient, dans l’extase de la vie toute neuve, appelé leur paradis terrestre. […] De longues reniflades essayaient de corriger ce défaut. […] Et, dès maintenant, parce que, toujours et encore, la dent des vieux préjugés veut mordre dans l’œuvre révolutionnaire, parce que, jamais, ne se dissipe la menace des obscurantismes, parce que n’est point assez clairement dénoncée la méthode dont le défaut interdit d’aller de la nuit au jour par une aube illuminée de rêves, parce que les spécialistes ne cessent de nous la nasiller à la réalité, parce que le conventionnel esthétique, l’apriorisme moral renaissent de leurs cendres, il importe de rappeler, non en guise de conclusion, mais comme signal de départ la définition donnée par Breton, dans son premier Manifeste du surréalisme.
Avec quelle avidité ai-je lu à peu près tout ce que l’on a écrit sur sa vie intime, ses habitudes, ses goûts, tout ce qui me permettait de me faire de lui à défaut d’un souvenir vécu, un image vivante ! […] Elle a bien des défauts et sa huppe est un oiseau insupportable, mais elle m’a promis de m’expliquer toutes les énigmes… » Je rencontre souvent, en rêve, Gérard de Nerval. […] Dès 1846, en effet, la gêne commençait à se faire sentir et le moment approchait où il faudrait chercher dans le travail les ressources qui allaient faire défaut. […] Certes, il ne fut ni sans défauts ni sans ridicules, mais il eut sa valeur et son mérite personnels. […] A défaut des anneaux lointains de cette chaîne de visages dont nous sommes le chaînon actuel, reportons-nous à ceux qui sont jusqu’à nous parvenus.
Songez, si l’on allait prendre Pasteur en défaut ? […] On a souvent attribué le cannibalisme au défaut, chez certaines tribus de nourriture animale, par la rareté des bêtes domestiques ou sauvages, On y a vu aussi, soit un geste de vengeance, soit un acte de gourmandise. […] De là l’importance donnée aux habitudes et au défaut d’exercice des organes. […] A défaut de l’ami attendu, en voici un autre. A défaut de l’amie, voici une autre amie.
Et c’est ce fondement qui, pour le malheur séculaire des peuples latins, leur fait défaut. […] Toutes les autres qualités sociales peuvent être précieuses ou délicieuses ; si celles-là manquent, c’est le fond même qui fait défaut. […] Et c’est toujours par défaut de caractère que les nations se sont effondrées, en ces grands écroulements historiques qui dévoilèrent une immense misère intérieure cachée sous des dehors d’éclatante prospérité. […] Quand vous verrez un peuple composé d’individus aux corps sains et vigoureux, quels que soient sa condition, ses limitations ou ses vicissitudes, ses défauts ou ses entraves, ayez confiance en lui. […] C’est, dit un médecin anglais, « une ségrégation obligatoire dans le but d’éliminer quelques-uns des défauts de la race ».
…) — Pour l’ensemble, j’estime que, si la véracité de Jean-Jacques peut être en défaut, il faut croire du moins à sa sincérité. […] Mais Thérèse elle-même, malgré ses défauts, me paraît bien lui avoir été, pour le moins, aussi douce, aussi consolante et utile que funeste. […] Sur ce point déjà, ils ne peuvent que dégénérer : Le corps de l’homme sauvage, étant le seul instrument qu’il connaisse, il l’emploie à divers usages, dont, par le défaut d’exercice, les nôtres sont incapables ; et c’est notre industrie qui nous ôte la force et l’agilité que la nécessité l’oblige d’acquérir. […] Ainsi, voulant exposer à la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l’homme aimable, de l’homme de société, après avoir joué tant de ridicules, il lui restait à jouer celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu. […] Je donnai à l’une des deux un amant dont l’autre fut la tendre amie, et même quelque chose de plus… Épris de mes deux charmants modèles, je m’identifiais avec l’amant et l’ami le plus qu’il m’était possible ; mais je le fis aimable et jeune, en lui donnant au surplus les vertus et les défauts que je me sentais.
Il est bien certain qu’on n’écrit pas des mémoires pour s’humilier ni pour se donner tort ; même lorsqu’on a l’air de vouloir confesser ses défauts, on a soin de les montrer par le beau côté.
Plus tard, quand il se flattait d’être tout à fait impartial et indifférent sur les croyances, il est permis de supposer que, même sans se l’avouer, il nourrissait contre la pensée religieuse une secrète et froide rancune comme envers un adversaire qui vous a un jour atteint au défaut de la cuirasse et qui vous a blessé.
La phrase y peut paraître longue, traînante, et c’est là une lettre persane qui ne ressemble en rien assurément pour la forme à celles de Montesquieu ; mais le fond est d’un grand sens, et consulté par Chapelle, il lui répond en le mettant de son mieux en garde contre les principaux défauts auxquels il le sait bien sujet, et aussi contre les conclusions où va trop volontiers la philosophie de Gassendi, leur maître commun.
Le monde a changé de tour et de manière de voir ; il est devenu positif, comme on dit : je le répète sans idée de blâme : car, si par positif on entend disposé à tenir compte avant tout des faits, y compris même les intérêts, — disposé à ne pas donner à la théorie le pas sur l’expérience, — disposé à l’étude patiente avant la généralisation empressée et brillante, — disposé au travail et même à la discipline plutôt que tourné à la fougue sonore et au rêve ; si par positif on entend toutes ces choses et d’autres qui peuvent devenir d’essentielles qualités, au milieu de tout ce que laisserait de regrettable l’espèce des qualités et des défauts contraires, il y aurait encore de quoi se raffermir et se consoler.
Qualités et défauts ainsi amalgamés et arborés avec faste faisaient de lui un homme des plus en vue, toujours en avant, actif, infatigable, moins incommode encore qu’amusant, dont tout le monde se moquait, mais qui dans ce rôle naïf qu’il avait accepté, et dont il prenait les bénéfices avec les charges, trouvait parfois des mots piquants, des ripostes imprévues, comme il arrive aux sots qui ont quelque esprit.
Il y a bien quelques défauts à relever dans la distribution des lettres, et quelques légères inexactitudes dans les notes.
C’est un court récit, une vive morale en action, où figurent en général des animaux, des plantes, des êtres plus ou moins voisins de l’homme, et qui représentent ses vices ou ses vertus, ses défauts ou ses qualités.
L’air de Rome lui allait ; il le trouvait « très plaisant et sain. » Surtout il ne s’y ennuyait pas un seul instant : « Je n’ai rien, disait-il, si ennemi à ma santé que l’ennui et oisiveté : là j’avais toujours quelque occupation, sinon si plaisante que j’eusse pu désirer, au moins suffisante à me désennuyer », Et il les énumère : à défaut d’antiquités, aller voir les Vignes « qui sont des jardins et lieux de plaisir de beauté singulière, où j’ai appris, ajoute-t-il, combien l’art se pouvait servir bien à point d’un lieu bossu, montueux et inégal » à d’autres jours, à défaut de promenades, aller entendre des sermons, des thèses, ou faire la conversation chez les dames : il mêle tout cela.
Quant à cette classe de romans si nombreux dont on ne peut dire que ce soient des chefs-d’œuvre, et en y faisant la part des faiblesses, des défauts, même des remplissages, il est encore pour eux une manière honorable et fort agréable de s’en tirer, c’est quand ils offrent des scènes vraies, vives, naturelles, monuments et témoins des mœurs d’un temps, ou quelque épisode mémorable qui se détache et qui, à lui seul, paye pour tout le reste.
avoir une garantie en soi contre bien des défauts, bien des travers et des vices d’esprit.
Mais à un endroit il est allé plus loin, il essaye de me prendre en défaut sur la logique.
Il aurait pu le critiquer, il ne le fait pas ; mais, en décrivant comme amoureusement ses tableaux, il énerve à dessein son expression, il la subtilise et l’effrange pour ainsi dire, il la rend plus diaphane ou plus miroitante que de raison ; il donne à son propre style quelques-uns de ces agréables défauts du peintre, s’inquiétant peu, pourvu qu’il les exprime, qu’on l’accuse ensuite de les partager : « M.
Et dès l’abord, disons-nous bien de qui nous parlons : aucun des adversaires de Louis XIV, y compris le prince d’Orange, ne fut plus nuisible au glorieux monarque et n’apporta un appoint plus fâcheux, plus malencontreux, dans la coalition européenne qui se forma contre lui et qu’avaient provoquée les violences et les hauteurs du grand roi et de son ministre, nul ne pesa plus à contretemps pour nous et plus à notre détriment dans la balance, que ce petit souverain qui, dans son plus grand effort, n’avait au plus qu’un budget de six millions et une force militaire de dix mille hommes ; nul, à un moment donné, ne prit Louis XIV plus en flanc, au défaut de la cuirasse, par le côté faible.
Il n’y a rien de plus aisé que de faire de Pope une caricature ; mais rien n’est plus injuste que de prendre d’excellents esprits par leurs défauts uniquement et par les petits côtés ou les côtés faibles de leur nature.
« Les agréments ont tant de pouvoir sur Thémire, qu’ils lui font souvent tolérer les plus grands défauts ; elle accorde son estime aux personnes vertueuses, son penchant l’entraîne vers celles qui sont aimables.
. — La reine, en ces commencements du règne, prise à partie par son frère Joseph qui ne demandait qu’à la conseiller, et questionnée par lui sur les qualités et défauts de son époux, lui répondait (27 juin 1774) : « Vous voulez, pour m’en dire davantage, que j’entre dans des détails particuliers et confidentiels, et à cœur ouvert, sur le caractère du roi : c’est quelque chose de bien délicat à écrire.
S’ils faisaient défaut, quelque historien à imagination ardente et prompt à la réaction pourrait venir un jour, qui traiterait ces premiers débuts à la légère et les sacrifierait d’un trait de plume, ennuyé d’entendre appeler Aristide le Juste.
Ceux qui ont vécu dans les montagnes, au voisinage des glaciers, savent que chaque chose a son nom ; les habitants du pays ou, à leur défaut, les savants, ont tout observé, tout nommé.
J’étais accoutumé à considérer comme un ensemble chacun des poëmes d’Homère, et je les voyais là séparés et dispersés, et, tandis que mon esprit se prêtait à cette idée, un sentiment traditionnel ramenait tout sur-le-champ à un point unique ; une certaine complaisance que nous inspirent toutes les productions vraiment poétiques me faisait passer avec bienveillance sur les lacunes, les différences et les défauts qui m’étaient révélés. » Mais n’était-ce qu’une illusion et une complaisance de sentiment, comme Gœthe paraît le croire ?
Dans la suite, le temps épura son caractère sans corriger tous les défauts de son esprit.
Bernardin de Saint-Pierre, admiré par MM. de Goncourt, le savait bien ; Sénancour-Oberman le savait aussi ; Maurice de Guérin, qu’ils critiquent en passant et qu’ils ne prennent que par un de ses défauts, ne l’ignorait pas.
Nous autres critiques qui, à défaut d’ouvrages, nous faisons souvent des questions (car c’est notre devoir comme aussi notre plaisir), nous nous demandons, ou, pour parler plus simplement, Messieurs, je me suis demandé quelquefois : Que serait-il arrivé si un poëte dramatique éminent de cette école que vous m’accorderez la permission de ne pas définir, mais que j’appellerai franchement l’école classique, si, au moment du plus grand assaut contraire et jusqu’au plus fort d’un entraînement qu’on jugera comme on le voudra, mais qui certainement a eu lieu, si, dis-je, ce poëte dramatique, en possession jusque-là de la faveur publique, avait résisté plutôt que cédé, s’il n’en avait tiré occasion et motif que pour remonter davantage à ses sources à lui, et redoubler de netteté dans la couleur, de simplicité dans les moyens, d’unité dans l’action, attentif à creuser de plus en plus, pour nous les rendre grandioses, ennoblies et dans l’austère attitude tragique, les passions vraies de la nature humaine ; si ce poëte n’avait usé du changement d’alentour que pour se modifier, lui, en ce sens-là, en ce sens unique, de plus en plus classique (dans la franche acception du mot), je me le suis demandé souvent, que serait-il arrivé ?
Sans doute (et, au défaut des nombreux mémoires du temps, les anecdotes racontées par Mme de Sévigné elle-même en feraient foi), sans doute d’horribles désordres, des orgies grossières se transmettent encore parmi cette jeune noblesse à laquelle Louis XIV impose pour prix de sa faveur la dignité, la politesse et l’élégance ; sans doute, sous cette superficie brillante et cette dorure de carrousel, il y a bien assez de vices pour déborder de nouveau en une autre régence, surtout quand le bigotisme d’une fin de règne les aura fait fermenter.
C’est dans Charles et Marie que se trouve ce mot ingénieux, souvent cité : « Les défauts dont on a la prétention ressemblent à la laideur parée ; on les voit dans tout leur jour. » Si le voyage en Angleterre, le ciel et la verdure de cette contrée jetèrent une teinte lactée, vaporeuse, sur ce roman de Charles et Marie, on trouve dans celui d’Eugénie et Mathilde, qui parut seulement en 1811, des reflets non moins frappants de la nature du Nord, des rivages de Hollande, des rades de la Baltique, où s’était assez longtemps prolongé l’exil de Mme de Flahaut. « La verdure dans les climats du Nord a une teinte particulière dont la couleur égale et tendre, peu à peu, vous repose et vous calme… Cet aspect ne produisant aucune surprise laisse l’âme dans la même situation ; état qui a ses charmes, et peut-être plus encore lorsqu’on est malheureux.
Elle en implique ou en explique à la fois les lacunes et les défauts, la puissance et la beauté.
Mais les œuvres font défaut.
Hugo est excellente et supérieure : à défaut d’idées nettes, il a des tendances énergiques, et il agite en nous certaines angoisses sociales et métaphysiques.
Je résume sa seconde conférence, une de celles qui donnent l’idée la plus complète de ses qualités et de ses défauts.
Ainsi l’observation directe et récente des milieux fait évidemment défaut dans l’Œuvre.
Hugo : il lui doit ses plus grandes beautés et ses défauts les plus saillants ; c’est par là qu’il s’élève quelquefois à des effets jusqu’ici inconnus, et c’est là aussi ce qui le fait tomber dans ce qu’on prendrait pour de misérables jeux de mots10.
A défaut de talent il a des poumons.
Dans le chapitre « Des menteurs », par exemple, après s’être étendu en commençant sur son défaut de mémoire, et avoir déduit les raisons diverses qu’il a de s’en consoler, il ajoutera tout à coup cette raison jeune et charmante : « D’autre part (grâce à cette faculté d’oubli), les lieux et les livres que je revois me rient toujours d’une fraîche nouvelleté. » C’est ainsi que, sur tous les propos qu’il touche, il recommence sans cesse, et fait jaillir des sources de fraîcheur.
Mme de Maintenon aida autant que personne et tint la main à cette réforme dont le xviiie siècle hérita : « Je me corrigerai des fautes de style que vous remarquez dans mes lettres, lui écrivait le duc du Maine ; mais je crois que les longues phrases seront pour moi un long défaut. » Mme de Maintenon dit et écrit en perfection.
Le défaut féminin Mme des Ursins était de ce côté : « la galanterie et l’entêtement de sa personne fut en elle la faiblesse dominante et surnageante à tout, jusque dans sa dernière vieillesse ».
C’est en ce sens que ce n’est déjà plus la même littérature que celle de Rousseau et de Voltaire, bien plus intellectuelle même dans ses vices et ses défauts.
En un mot, chacun de ces beaux génies aurait abondé dans ses défauts.
Nous touchons là au genre de talent et aussi à ce qui sera le défaut général de l’abbé Barthélemy dans Anacharsis : un peu trop d’assaisonnement dans l’érudition, et un affaiblissement élégant de l’Antiquité par les grâces mondaines.
À l’histoire seule appartient le devoir de l’apprécier dans son ensemble, de marquer avec impartialité les mérites, les grandeurs et les défauts du souverain, et de prendre toute sa mesure : c’est assez pour la critique littéraire, si elle a pu rendre sur un point un hommage et une justice bien dus au plus littéraire des rois.
Là, Hugo a un morceau de la plus haute éloquence, qu’il termine par ces mots : « Oui, je le sais, le défaut c’est l’élection par les membres en faisant partie… Il y a dans l’homme une tendance à choisir son inférieur… Pour que l’institution fût complète, il faudrait que l’élection fût faite sur une liste présentée par l’Institut, débattue par le journalisme, nommée par le suffrage universel. » Sur cette thèse, qui semble un de ses habituels morceaux de bravoure, il est, je le répète, très éloquent, plein d’aperçus, de hautes paroles, d’éclairs.
Pour ne point parler des autres défauts des compositeurs anciens, leur perspective est ordinairement mauvaise.
Un des défauts de nos critiques, c’est de raisonner avant que d’avoir refléchi.
Le sens pratique des relations de droit commun entre les personnalités de l’ordre et de la famille fait défaut à cette moraliste qui veut juger la société.
Mérimée voyait trop le défaut ; il était trop critique… Mais je dis, moi, très hardiment, qu’il ne l’a pas aimée du tout !
Ce n’est pas Calvin qui eût écrit cette phrase : « Il n’y a pas d’homme qu’on ne puisse gagner avec des opinions mesurées. » Et encore : « Les vertus poussées à l’excès deviennent des défauts. » Et encore — (si Calvin avait eu le triste avantage de vivre après la Révolution française) : « De quoi pourriez-vous vous plaindre ?
Il voudrait sauver la Pologne, parce que les Polonais, avec leurs défauts et leurs extravagances, sont des patriotes et des citoyens. […] Je n’ai pas besoin de dire que le socialisme latent du Discours sur l’Inégalité a irrité Voltaire bien plus encore que celui de Pascal : « Le grand défaut de tous ces livres à paradoxes n’est-il pas de supposer la nature humaine autrement qu’elle n’est ? […] Le peuple vit leur retour avec des transports de joie. » Le peuple, malgré les défauts incontestables des anciens Parlements, ne se trompait pas tout à fait. […] » — Mais il faut avouer que cette religion a quelques défauts : « … elle trompe les hommes, les rend crédules, superstitieux, noie le vrai culte de la Divinité dans un vain cérémonial. » Il peut lui arriver même, dans le cas où elle devient exclusive et tyrannique, de « rendre le peuple sanguinaire et intolérant » à l’égard des autres nations, « ce qui le met dans un état naturel de guerre avec tous les autres, très nuisible à sa propre sûreté. » Que faire donc ? […] Dans l’Emile, Rousseau suppose un père de famille du XVIIIe siècle, qui, convaincu que la société dont il fait partie est complètement gangrenée, que lui-même ne pourrait donner à son fils que des défauts, des vices, des sentiments faux et des idées fauses, confie son fils à un-ange, non pas pour l’instruire, car il ne faut pas enseigner, mais pour surveiller et guider très légèrement dans cet enfant le développement naturel du cœur et de l’esprit.
Pourquoi, en effet, nous voyons depuis si longtemps la Littérature désorganisée et sans production notable, c’est parce qu’elle manque d’une autorité supérieure, d’une doctrine élaborée ou suivie par les écrivains ; parce qu’une inspiration unanime émanant de l’âme véritable du présent et nécessitée par la condition de tous les hommes lui fait défaut. […] (Il est vrai, devons-nous accorder entre parenthèses, que jusqu’ici la forme de la Littérature ne fut pas celle qui convient à cette fonction et c’est pourquoi sans doute, il nous faut constater ce défaut de concordance.) […] Le caractère essentiel de la Littérature sociale : un objectivisme voulu, lui faisait complètement défaut.
Je ne ferai point défaut, quoique je ne les croie pas assez forts de nombre et de cœur pour faire grand’chose ; mais en avant ! […] À défaut d’action, il avait les rêves, et il ne se réduisait aux rêves qu’à défaut d’action.
Ou bien, simplement, méprisant la critique, il surabonde dans son propre sens, il rêve on ne sait quoi d’énorme, il enfante des œuvres déséquilibrées et obscures, où il se répète en se déformant, où ses anciens défauts s’exagèrent jusqu’à la manie. […] En vain l’oncle, qui sait bien que ce n’est qu’un rôle, s’ingénie à trouver le neveu en défaut. […] Son seul défaut est même d’être amusante quand elle voudrait être terrible. […] Voilà qui est plus horrible, à mes yeux, que tous les défauts de composition. […] Mais, trop rapprochés maintenant par la vie commune, le bonhomme Pasquinot et le bonhomme Bergamin se découvrent réciproquement des défauts insupportables ; ils se disputent toute la journée, ils en viennent aux gros mots.
Hervieu en ferait bien vite un défaut si elles étaient outrées, et que la préciosité sur ce terrain, viendrait facilement exagérer cette quintessence de délicatesses ingénieuses. […] De plus, Daniel avait pu concevoir et avait conçu, par défaut de confidences, des doutes si Vareilh aimait ou n’aimait point. […] Catulle Mendès sait peindre le dehors et le dedans des êtres ; il décrit tout ce qu’il voit tout ce qu’il rêve, et je lui reprocherai peut-être de trop voir et de trop rêver, mais quels beaux défauts ! […] Maintenant que j’ai signalé ce qui me paraît un défaut et qui n’est peut-être que l’aspiration à la perfection, je dois dire que j’ai lu peu de livres de vers aussi remplis de hautes pensées. […] Or, comme Becker doit nécessairement s’en abstenir avec lui, il y a à la fois inconvenance, mauvais goût et défaut de tact à se le permettre avec lui.
Pourtant, j’ai entendu affirmer si positivement que, malgré leurs défauts et leur impéritie ils s’efforcent d’arriver à la vérité en remontant à la source, que votre affirmation m’étonne. […] Son dessin est souvent médiocre, avec des fautes évidentes : presque toutes ses femmes ont des mains trop grandes, et le défaut est d’autant plus frappant qu’il aime à les représenter jouant des instruments à cordes ; très souvent, les étoffes qui les drapent paraissent révéler d’étranges imperfections physiques, un bras trop court ou une épaule rentrée. […] Capuana n’entrait pas dans la littérature d’imagination comme on y entre d’habitude, avec un premier livre écrit un peu au hasard, ou en débutant qui cherche à apprendre « le métier », à jeter plus ou moins pêle-mêle ses premières observations : il y arrivait préparé par de longs travaux antérieurs, par une connaissance approfondie des littératures étrangères aussi bien que de la littérature nationale, en écrivain réfléchi, conscient de ses moyens, connaissant ses défauts comme ses qualités et capable de développer celles-ci et d’atténuer ceux-là. […] Ce sont là, si l’on veut, des défauts. Mais ces défauts, qu’il ne faudrait pas confondre avec les maladresses et les imperfections de forme d’un écrivain inhabile, tiennent à la nature même du talent de M. de Amicis et ont la même source que ses qualités, dont ils sont inséparables.
Ce défaut de vie & de coloris viendroit-il de l’âge auquel il a composé cette histoire ? […] Au défaut de bonnes raisons que Morin ne pouvoit avoir à dire, il vomit un torrent d’injures contre Gassendi, dans un écrit impertinent sous ce titre : Les autels de la terre brisés. […] Cela peut être, lui a-t-on répondu ; mais la musique Italienne a le même défaut. […] Ce défaut de publicité a causé & cause encore bien des regrets. […] Il voyoit trop de défauts dans les autres, & pas assez dans lui-même.
L’honneur de la présenter est réservé aux fils et aux petits-fils de France, à leur défaut aux princes du sang ou légitimés, au défaut de ceux-ci au grand chambellan ou au premier gentilhomme ; notez que ce dernier cas est rare, les princes étant obligés d’assister au lever du roi, comme les princesses à celui de la reine178.
Nos successeurs, plus heureux que nous, auront pour cette étude des lumières non pas plus impartiales, mais plus éclatantes que les nôtres : car M. de Talleyrand a écrit, dans les dernières années de sa vie, ses Mémoires ; mais, avec cette souveraine sagacité qui ne lui fit jamais défaut ni dans sa vie ni dans sa mort, il a, par son testament, ajourné la publication de ces Mémoires à trente ans après son décès. […] Mais cette infirmité ressemblait à une hésitation volontaire de sa contenance : son adresse savait changer en grâces jusqu’aux défauts de la nature.
si on la voyait de jour, cette statue, elle ne serait pas si belle, et on lui a mis un voile pour cacher ses défauts.” […] « Quoique le duc eût été témoin de l’approbation de notre excellente école, cela ne l’empêcha pas de dire qu’il était bien aise que j’eusse obtenu cette petite satisfaction, parce qu’elle m’exciterait à l’achever ; mais que ma statue étant tout à fait découverte et vue de tous les côtés, on y trouverait des défauts qu’on n’avait point aperçus, et que je devais m’armer de patience.
« Ce que nous avons dit de la constitution de Phaléas suffit pour qu’on en juge les mérites et les défauts. » XXIII Aristote met en poudre dans les chapitres suivants tous les systèmes de communauté, tous les rêves de Socrate et de Platon, toutes les législations de Crète et de Sparte, celle même de Solon faisant régir les hommes par le hasard du sort ; il examine ensuite ce qu’est devenu le citoyen. […] Quant à la forme du style de ce traité, elle est sans défaut ; et il n’y manque aucune perfection du style pensé ou raisonné : ordre, liaison, logique, clarté, conséquence du principe avec la conclusion, cela semble écrit par la logique elle-même.
Avec une extrême clairvoyance raisonnée, il note les défauts de la musique contemporaine ; et la musique logique, la musique de l’avenir, lui apparaît bientôt, par la critique même des œuvres actuelles. […] Au défaut de la gloire musicale, la gloire d’avoir enrichi la machinerie dramatique n’a-t-elle point ses charmes ?
Héphestos déplore son cruel ouvrage, mais il s’y applique ; il entend qu’il soit sans défaut et qu’on n’y trouve rien à reprendre. […] Zeus se sent frappé à sa partie vulnérable, au défaut de sa toute-puissance.
Au contraire, le plus grand de leurs défauts est de les avoir imitez trop servilement ; c’est d’avoir voulu parler grec et latin avec des mots françois. […] Il a tous les défauts que nous avons reprochez aux ouvrages de peinture faits avant Raphaël.
Paul Féval, à qui je voudrais montrer ses qualités et ses défauts à la lumière de ces grands noms, a, lui, l’ironie, l’ironie qui lui a fait rechercher souvent les sujets où l’auteur se moque de lui-même. […] Malgré les défauts de ce nouveau roman d’aventures, on est tellement saisi par cette gaîté, comme on n’en voit plus dans les livres de cette heure du siècle, qu’elle fait disparaître tout le reste dans son enchantement !
Il tomba par ce défaut, et quelquefois en public, dans les absurdités les plus grossières. » Si je cite ce trait, c’est pour établir que Louis XIV fut à son insu, une proie offerte aux plus bruyants ou aux plus astucieux, et que sa volonté fut sans cesse à la merci de son entourage, de ses maîtresses et du clergé. […] 3° Bien que les preuves exactes fassent défaut de sa participation effective au « conseil de conscience » qui prépara la Révocation de l’Édit de Nantes, il est indéniable qu’il approuvait hautement cet acte néfaste, auquel devait aboutir fatalement sa politique vis-à-vis des protestants, puisqu’aussitôt après la signature de l’édit révocateur, il fait éclater sa joie en des termes qui ne laissent aucun doute sur ses sentiments à l’égard de cette mesure.
Les premiers n’arrivent guère à sentir les beautés d’une langue étrangère, par l’habitude qu’ils ont de chercher toujours les défauts. […] Ouvrage très superficiel et qui exagère tous les défauts du Voyage d’Anacharsis.
Ces vers de Bernis, faits à vingt et un ans, ont tous les défauts de Gresset ; ils ont aussi de sa facilité et de son coulant.
Il y avait alors dans le royaume un roi digne de l’être, avec toutes les qualités qu’on sait, au milieu des défauts que chacun concourait à favoriser et à recouvrir ; un roi homme de mérite, « toujours maître et toujours roi, mais plus honnête homme encore et plus chrétien qu’il n’était maître et roi : C’est ce mérite qui la toucha, dit très bien le père Cathalan.
Cette pièce est empreinte de sa manière la plus vigoureuse, avec ses qualités et ses défauts ; elle a de l’inégalité de style, de la complication de pensée, mais de la grandeur, et elle décèle, dans ce poète qui ne passe que pour celui des régions moyennes, un disciple énergique de Milton.
Ceux qui voudront ajouter foi à un récit qui fut sans doute inventé ou tout au moins brodé par la malignité, pourront y trouver une confirmation dans ces Mémoires, par la manière tout exaltée et tendre dont il est parlé de Mme de Castelmoron : cependant ils n’y trouveront que bien peu de chose sur les défauts de Mme Du Deffand qui sont l’autre moitié de la scène.
Girac exposait le procédé de l’archidiacre qui avait eu l’air de se piquer, au nom de tous les amis de Voiture, d’une dissertation ignorée qu’il avait été le premier à divulguer et à faire connaître : « Avouez le vrai, lui disait Girac, c’est que vous aviez besoin de matière pour exercer votre bel esprit, fût-ce aux dépens de vos meilleurs amis, et pour ne pas perdre tant de bons mots que vous gardiez dans vos recueils. » Observant la méthode que lui avait tracée Costar, Girac repassait en revue la plupart des assertions de l’adversaire ; il revenait par conséquent sur les défauts de Voiture et insistait particulièrement sur le peu de solidité de ce bel esprit en matière de science.
Richelieu tout le premier montra qu’au fond il jugeait mieux de Rohan lorsqu’il lui confia ensuite le corps d’armée destiné à entrer dans la Valteline, et que, dans une lettre de lui adressée à ce général victorieux, il lui dit « qu’il sera toujours très volontiers sa caution envers le roi que lui, Rohan, saura conserver les avantages acquis et ne perdra aucune occasion de les augmenter. » Mais, en ce moment de la guerre civile, ce sont deux génies, deux âmes rivales et antagonistes qui sont aux prises, et tous les défauts, toutes les complications et enchevêtrements de la conduite et du rôle de Rohan lui apparaissent : il les impute à son caractère, et il les exprime avec excès, avec injustice sans nul doute, mais avec discernement du point faible et en des termes qui ne s’oublient pas.
Les prétendus mémoires font mourir la marquise de Créqui à l’âge de 98 ans au commencement de 1803, et il y est dit, dès les premières lignes, qu’elle était née je ne sais quand (les registre de l’état civil faisant défaut) et approximativement de 1699 à 1701, ce qui même la ferait mourir à plus de cent ans.
Villars s’y abandonna à toute sa hauteur et s’y accorda largement tous ses défauts.
Mais ce qu’il a et ce qui rachète bien des défauts, c’est (je ne parle que du présent volume et du journal) une certaine richesse de vues, la présence et la suggestion de plusieurs solutions possibles à la fois, la plénitude du problème bien posé et considéré sans cesse, la sincérité parfaite, l’honnêteté, la bonté, la profondeur à force de candeur, un sentiment moral qui anime et personnifie ses recherches, qui les rend touchantes, et qui y donne (avec plus de douceur et d’affection) quelque chose de l’intérêt qu’auront éternellement les angoisses et les fluctuations orageuses de Pascal à la poursuite du bonheur.
À côté d’une faculté qui dévie et qui divague, il peut, dans le même homme, s’en rencontrer une autre où il excelle et où il mérite d’être considéré ; et tel qui le raille aisément pour des défauts qui sautent aux yeux, aurait tout profit d’aller à son école pour la qualité qu’il a.
Je ne pouvais en dire moins sur les défauts et les lacunes de M. de Pontmartin comme critique sans me mentir à moi-même ; j’en viens avec plaisir aux qualités.
Elle ne rend pas du tout justice, il est vrai, à l’éloquence de Mme de Staël, mais elle ne se trompe pas trop sur les défauts d’obscurité et de subtilité qu’elle reproche à son ouvrage.
Même dans ce pays de désolante ardeur où il n’y a plus lieu de dire avec Bernardin de Saint-Pierre « qu’un paysage est le fond du tableau de la vie humaine », même au sein de cette accablante nature, avec lui, l’homme ne fait jamais défaut ; la pensée et la vie du témoin, sa sympathie, ne sont jamais absentes.
» Ce tact et ce bon conseil de M. de Choiseul firent trop vite défaut à Marie-Antoinette.
Des divers généraux que Louis XIV avait alors sous la main, nul n’était plus propre que Catinat à cette guerre du Piémont qui était devenue en quelque sorte sa spécialité, sa partie d’échecs et ses qualités, ses défauts même de trop de réserve et de prudence convenaient également aux fins proposées.
Talleyrand, si sagace qu’il fût, mais trop étranger au sentiment de la pudeur publique qui seule, et au défaut même de la prudence politique, aurait dû l’avertir, ne se dit point alors que c’était trop de deux à la fois, que la double pilule était trop amère pour l’estomac de la légitimité, et qu’une réaction prochaine inévitable devait les revomir l’un et l’autre.
Je ne promets pas de me rendre aveuglément à toutes vos critiques (quoique vous en soyez trop avare avec moi) : nous avons tous une partie de nous-même en jeu dans nos œuvres, et nous tenons souvent autant à nos défauts qu’à nos qualités ; mais un lecteur éclairé voit mieux que nous, quand nous rendons bien ou mal nos idées les plus personnelles, et nous empêche de donner une mauvaise forme à nos sentiments.
Si Mlle de Liron n’était bien autre chose pour nous qu’une charmante composition littéraire ; si nous ne l’aimions pas comme une personne que nous aurions connue, avec ses défauts même et ses singularités de langage, nous reprendrions en elle certains mots qui pourraient choquer les oreilles non accoutumées à les entendre de sa bouche.
Ce défaut de cuirasse, en fait de métaphore, n’est pas d’un grand inconvénient ; il suffit qu’il n’y ait pas contradiction ni disparate.
Suivant, comme il dit, son « ver coquin », il a tous les bénéfices comme tous les défauts de l’inspiration : le mot hardi, imprévu, éclatant, l’image riche, inoubliable, un cours naturel et aisé de langage, qui enregistre toutes les inégalités de la pensée.
Les traits sont exacts, les épithètes sont justes : l’impression d’ensemble fait défaut.
Les hommes qui la composent exaltent inconsciemment dans les siècles passés ceux qui ont eu des qualités et des défauts pareils aux leurs ; ils rabaissent ou négligent les autres.
A défaut de traité formel et signé, une sympathie instinctive vient-elle à créer une liaison entre la France et un peuple luttant pour son indépendance, cela se traduit vite dans une foule d’écrits.
S’il va de la succession des phénomènes externes ou internes à leur nature essentielle, il se trouve également en défaut.
Ce n’était pas, jusqu’à présent, le défaut des jeunes filles du répertoire de M.
Il appelle ces amis de son choix, à qui il resta de tout temps fidèle, « des hommes remplis de défauts, mais de probité, de caractère et de courage ».
Aujourd’hui je n’ai voulu qu’insister sur des mémoires curieux et presque naïfs d’une époque raffinée, sur un monument singulier des mœurs d’un siècle, et aussi rappeler l’attention sur une femme dont on peut dire, à sa louange, que, dans tous ses défauts comme dans ses qualités, elle fut et resta toujours vraiment femme, ce qui devient rare.
Il n’avait pas été long à sentir ce qui manquait à cet enfant qu’il voulait former, et dont il avait fait l’occupation et le but de sa vie : En scrutant à fond votre personne, lui disait-il, je n’ai, Dieu merci, découvert jusqu’ici aucun vice du cœur ni aucune faiblesse de la tête ; mais j’ai découvert de la paresse, de l’inattention et de l’indifférence, défauts qui ne sont pardonnables que dans les personnes âgées, qui, sur le déclin de leur vie, quand la santé et la vivacité tombent, ont une espèce de droit à cette sorte de tranquillité.
Je n’ai jamais vu, depuis que j’existe, personne qui atteigne si au vif les défauts, les vanités, les faux airs d’un chacun, qui vous les développe avec tant de netteté, et qui vous en convainque si aisément.
Blessée devant Paris le 8 septembre, elle voit pour la première fois la fortune lui manquer, et le conseil de ses voix en défaut, ou du moins ce conseil paralysé et mis à néant par l’hésitation obstinée et le mauvais vouloir des hommes.
Si rien ne nous mène au secret du cœur, il faut gagner au moins leur esprit par des louanges ; car, au défaut des amants à qui tout cède, celui-là plaît le mieux qui leur donne le moyen de se plaire davantage.
La Fayette, qui l’avait vu de près et qui le juge sans rancune, dit, à propos d’un premier échec que Biron essuya près de Valenciennes, qu’avec toutes ses qualités brillantes il était « dépourvu du tact militaire si indispensable à la guerre », et que son esprit lui en faisant plus vivement sentir le défaut, il était sujet à tomber dans l’irrésolution38.
Je voudrais bien entrer en lice avec vous pour la déclamation, mais un défaut de langue très prononcé me le défend.
Il disait un jour de quelqu’un de ses proches : « Un tel n’est point menteur, mais il n’a qu’un défaut, c’est qu’il ne peut dire les choses comme elles sont. » C’est aussi ce qu’il faisait lui-même, on vient de l’entendre ; et c’est de cette façon dramatique, et à travers ce prisme trompeur, que nous sont apparus trop souvent les spectacles de cette orageuse époque, et que la vue de ceux qui n’étaient point contemporains a été surprise et abusée.
On voit déjà les qualités et les défauts que ce parti amène avec soi.
Les Lettres persanes, avec tous leurs défauts, sont un des livres de génie qu’a produits notre littérature.
Le comte de Provence a dit d’ailleurs, sur Marius à Minturnes, un mot juste : « La pièce est d’un genre trop austère. » Ces trois actes représentés le 19 mai 1794, sans un rôle de femme, sans trop de déclamation, et avec les touches nues de l’histoire, font honneur à la simplicité sensée du jeune poète ; il y résonne comme un mâle écho de Lucain et de Corneille : mais l’action s’y dessine à peine ; l’émotion manque, le pathétique fait défaut.
De ce défaut fondamental, commun à presque tous les philosophes modernes, naît une sécheresse et une sorte de pauvreté relative, lorsqu’on compare leurs œuvres à celles des anciens.
Il faut connaître celui que l’on veut dominer, de façon à tirer parti tant de ses défauts que de ses qualités en vue du but que l’on se propose.
À ses défauts et aux faiblesses de son livre, on la reconnaîtrait pour telle encore, car elle y manque de ce qui manque à toutes les femmes, même à celles que le monde, toujours un peu séduit quand il s’agit de femmes, appelle galamment des génies, je veux dire de force constructive et de grande originalité.
Hello s’est élevé parce que son sujet le portait plus haut, comme l’aile gonflée d’un cygne s’enlève plus aisément dans un éther plus pur… Les Saints étant au-dessus de l’homme, Hello a été au-dessus de ce qu’il est dans l’Homme, avec les mêmes qualités, et, disons-le, les mêmes défauts.
Comparant, ainsi que nous en avons le droit, l’humanité à l’homme, nous voyons que les nations primitives, ainsi que Virginie, ne conçoivent pas la caricature et n’ont pas de comédies (les livres sacrés, à quelques nations qu’ils appartiennent, ne rient jamais), et que, s’avançant peu à peu vers les pics nébuleux de l’intelligence, ou se penchant sur les fournaises ténébreuses de la métaphysique, les nations se mettent à rire diaboliquement du rire de Melmoth ; et, enfin, que si dans ces mêmes nations ultra-civilisées, une intelligence, poussée par une ambition supérieure, veut franchir les limites de l’orgueil mondain et s’élancer hardiment vers la poésie pure, dans cette poésie, limpide et profonde comme la nature, le rire fera défaut comme dans l’âme du Sage.
Jamais la pensée humaine n’osa si prodigieuse invention, et ce qui en est le défaut en est aussi la merveille : je veux dire la longueur de cette invention et l’inépuisable emploi de la même pensée, l’idéal de la grandeur divine et l’idéal de l’amour humain.
En même temps que des cartes pour le grand dessein, il emporta en Amérique beaucoup de papier pour le raconter, et, à défaut du journal de l’homme qui le réalise, il écrira le journal de l’homme qui ne le réalise pas. […] On voit en Chateaubriand un des rares écrivains — le seul grand écrivain français — qui ait uni à la vie traditionnelle de la noblesse, et même à un puritanisme de sa caste, une carrière, une pratique, des qualités et des défauts, d’homme de lettres. […] Et pourtant il peut passer pour le premier en date des écrivains proprement genevois, avec les qualités et les défauts que comportent toutes les branches de cette famille littéraire : Considérations à la manière de sa fille (Essai sur l’Importance des opinions religieuses) ; prêche de pasteur qui a appris le beau style dans Thomas (Cours de morale religieuse) ; humour un peu laborieux, mais agréable et fin comme celui de Töpffer et de Petit-Senn (Le Bonheur des sots). […] Mais, auteur dramatique sifflé, rédacteur du Mercure, la prestance et l’autorité avaient fait défaut à ce nain très instruit, intelligent, jaloux, pugnace, péremptoire et coléreux, dont la figure, selon Piron, appelait les soufflets, et qui, disait un de ses confrères, arrivait toujours à l’Académie l’oreille déchirée. […] Comme, dans une telle histoire, il s’agit surtout d’œuvres qui sont restées, la critique des beautés (pour employer une expression de Chateaubriand qui appliquera ce principe dans le Génie) tient plus de place que la critique des défauts.
Pour suppléer à ce défaut, on s’est avisé, depuis environ cent ans, de se servir des accens, & l’on a cru que ce secours étoit suffisant pour distinguer dans l’écriture ces trois sortes d’e, qui sont si bien distingués dans la prononciation. […] La position supplée au défaut des cas. […] On peut blâmer dans cet alphabet le défaut d’ordre. […] Ce défaut d’ordre est si considérable, que l’o bref est la quinzieme lettre de l’alphabet, & le grand o ou o long est la vingt-quatrieme & derniere, l’e bref est la cinquieme, & l’e long la septieme, &c. […] C’est un défaut qu’un même son soit représenté par plusieurs caracteres différens : mais ce n’est pas le seul qui se trouve dans notre alphabet.
Je n’ai pas assisté aux conférences, et je ne connais que le volume ; mais ce qui pouvait faire la perfection des conférences fait un peu le défaut de ces pages. […] Sa probité, dans l’ordre esthétique, eût été un défaut d’être. […] Faguet remarque que « la critique des défauts a été inventée par les critiques et la critique des beautés par les auteurs ». […] Il faut pécher par lourdeur et par excès, ou bien par légèreté et par défaut. […] Andler, le dernier présentant, lui aussi, plutôt les qualités et les défauts de la critique germanique que ceux de la critique française.
… Malgré tous leurs défauts, il crient : la vérité. […] Zola les défauts de ses qualités. […] Moore parce qu’il nous présente deux hommes n’ayant qu’une âme, confinés dans la variété : gent de-lettres, et qui, sans s’en apercevoir, se croyant toujours incomparables, se sont révélés complets, avec tous leurs défauts et toutes leurs qualités. […] Flamand, il aime sa race, il en montre les qualités sans en pallier les défauts. […] D’abord la solidarité ne fit jamais défaut à M.
Paul de Saint-Victor a des défauts aussi grands que ses qualités, et l’on ne saurait le louer ou le critiquer avec trop de force. […] Seconde question : Pourquoi, monsieur le chroniqueur de la Revue des Deux-Mondes, après avoir affirmé, presque sous forme d’axiome, que le défaut capital du compositeur lombard, c’est une absence complète d’imagination (ce qui signifie stérilité de motifs et d’idées), arrivez-vous à louer plus bas certaines qualités mélodiques et originales dont le compositeur vous paraît doué à un degré éminent ? […] ô le défaut charmant et irréparable ! […] Il faut appliquer au critique du Pays (vers lequel, malgré tous ses défauts, je me sens pourtant irrésistiblement entraîné) le jugement de Rivarol sur l’abbé Delille, et dire de M. de Saint-Victor qu’il est si fort occupé du soin d’assurer un sort à chacune de ses phrases, qu’il n’a vraiment pas le loisir de songer à l’avenir de son feuilleton.
Paul Delaroche, Or, le défaut du tableau est aussi celui de la tragédie. […] Le défaut capital de mademoiselle Anaïs, c’est de ne jamais modérer son ambition, et de chercher à tous propos les grands effets. […] Ce drame réunit toutes les qualités et tous les défauts particuliers à M. […] Au reste, ce défaut, que je blâme en toute sincérité, est, pour la plupart des lecteurs, une qualité précieuse. […] Son œuvre, avec ses défauts et ses qualités, ne relève absolument que de sa libre fantaisie.
Il y a une vérité dogmatique, et, à son défaut, il y aurait une vérité psychologique dans cette idée chrétienne que les fils ont à payer pour leurs pères. […] D’ailleurs, ce n’est pas tout à fait le défaut de notre auteur. […] Seulement, avec une remarquable santé physique et morale, intellectuelle aussi, François a un défaut que M. Marcel Boulenger ne lui reproche pas, et que je lui reproche ; ce défaut : un goût tel de la clarté que tout mystère lui échappe. […] Le défaut de cette comédie ?
Le corps de jupe est assez haut par devant ; mais par derrière on leur voit jusqu’à la moitié du dos, tant il est découvert, et ce n’est pas une chose trop charmante, car elles sont toutes d’une maigreur effroyable ; et elles seraient bien fâchées d’être grasses : c’est un défaut essentiel parmi elles. […] « Savez-vous bien, disait La Fontaine, que, pour peu que j’aime, je ne vois les défauts des personnes non plus qu’une taupe qui aurait cent pieds de terre sur elle ? […] Nanteuil, renvoyer un mendiant sans lui rien donner ; à défaut d’argent, il donnait ses habits ; sans lui, X… (le critique) serait mort six ans plus tôt à l’hôpital ; tous les soirs, il lui glissait dans la main de quoi dîner. » Personne n’a moins tenu à l’argent, soit pour le garder, soit pour l’acquérir. […] A défaut de la vie, l’art leur offrait asile ; avec des formes et des couleurs, il voulut leur donner un corps. […] Mais, sur les Assemblées, les partis et les foules, ses jugements sont aussi exacts que pénétrants ; là-dessus, en refaisant son travail, je ne l’ai jamais trouvé en défaut ; les documents de toutes mains, authentiques et multipliés, autorisent ses descriptions les plus sombres et ses sévérités les plus âpres.
Cet entourage ne lui a pas fait défaut. […] Malgré le caractère modeste de la vie et des écrits que je viens d’apprécier, une célébrité tardive n’a pas complètement fait défaut à Senancour. […] Aux gens d’esprit, c’est peine perdue de conter leurs défauts. […] Il fait comprendre tous ses défauts, mais il ne les excuse pas, et il ne semble point avoir la pensée de les faire aimer. […] Chaque époque se personnifie dans l’homme qui représente le plus complément ses qualités ou ses défauts.
Certes, je n’ose pas faire allusion à ces Examens où le grand Corneille cherchait les défauts de ses tragédies avec le scrupule d’un chrétien qui se prépare au sacrement de la pénitence. […] Certes, je ne me dissimule pas les défauts de ce livre. […] Nous lui parlerons de cet article. » Ces déclarations indiquaient une grande confiance dans les lumières de mistress L…, mais semblaient marquer, dans ce ménage, d’ailleurs charmant, un léger défaut d’intimité. […] me dit-il ; je connais comme vous les défauts de notre démocratie. […] Il l’a aimé, avec ses qualités et avec ses défauts, comme on aime malgré soi, un être jeune, inachevé, dont les enthousiasmes ont de la grâce et dont l’égoïsme même est séduisant.
Taine n’est pas, assurément, le seul Français curieux de philosophie qui ait eu à souffrir d’une instruction scindée et incomplète, mais le défaut — M. […] Et nous touchons sans doute au seul défaut de cette critique si scrupuleuse et si soucieuse du vrai, du bien, de la beauté morale. […] Tout en voyant mieux que personne les lacunes et les défauts de ces deux importants ouvrages, M. […] Sans l’incitation de tel ou tel tableautin réaliste des Fleurs du mal que tout le monde a dans l’esprit, ces vers, d’un abandon plein d’artifice, et si prenants, feraient défaut dans les Poèmes saturniens, et toutefois, en relisant cette page verlainienne, on pense presque autant à d’autres vers qui n’auraient pas sans doute été écrits, si les Poèmes saturniens n’étaient pas bientôt devenus, pour quelques lecteurs rares, mais ardents, de vrais modèles. […] Et cette passion si chaste, si sincère, si forte et si émouvante néanmoins. » Au sortir de cette lecture, Verlaine ressentit plus vivement qu’il n’avait pu le faire jusque-là le principal défaut des infaillibles Parnassiens, leur sécheresse foncière ; il écrira plus tard en parlant d’eux : « Du bois, du bois et encore du bois. » Mais ce qui est autrement curieux, c’est qu’à lui, à l’auteur des Fêtes galantes, la bonne Marceline réservait une surprise de métier : il apprit d’elle et de sa poésie « un peu naïve, sous le rapport de la forme », que le plus inspiré perd quelque chose à n’avoir pas l’absolue possession du mécanisme de son art, mais que la virtuosité extrême offre encore plus de périls, et qu’il est presque nécessaire au vrai talent, pour n’être pas sournoisement ensorcelé, garrotté, étouffé par son propre acquis, de recourir à l’abandon d’une partie de ses moyens, de deviner le prix de l’ignorance.
. — Défauts de ce genre. — Pourquoi il réussit moins en Angleterre qu’ailleurs. — Sir Walter Scott. — Son éducation. — Ses études d’antiquaire. — Ses goûts nobiliaires. — Sa vie. — Ses poëmes. — Ses romans. — Insuffisance de ses imitations historiques. — Excellence de ses peintures nationales. — Ses tableaux d’intérieur. — Sa moquerie aimable. — Ses intentions morales. — Sa place dans la civilisation moderne. — Développement du roman en Angleterre. — Réalisme et honnêteté. — En quoi ce genre est bourgeois et anglais. […] La philosophie entre dans la littérature. — Inconvénients du genre. — Wordsworth. — Son caractère. — Sa condition. — Sa vie. — Peinture de la vie morale dans la vie vulgaire. — Introduction du style terne et des compartiments psychologiques. — Défauts du genre. — Noblesse des sonnets. — L’Excursion. […] Ils sont tout près de nous : si nous ne les voyons pas, c’est que nous ne savons pas les voir ; le défaut est dans nos yeux, non dans les choses.
Marcel Batilliat, jeune homme inconnu, est peut-être, malgré de graves défauts, le plus curieux spécimen de cette religiosité érotique que des cœurs zélés se donnent pour songe ou pour idéal ; mais il y eut une manifestation fameuse l’Aphrodite de M. […] Il faudrait donc comparer les femmes entre elles, exclusivement, les juger comme des femmes et ne pas les mépriser pour ce qui leur manque d’égoïsme ou de personnalité : ce défaut, hors de la littérature et de l’art, est généralement estimé à l’égal d’une vertu positive. […] Voici, dans le ton moyen, un lied qui est vraiment sans défaut : L’heure du nuage blanc s’est fondue sur la plaine En reflets de sang, en flocons de laine, Ô bruyères roses, ô ciel couleur de sang.
Tant d’équipages, de livrées, une table somptueuse ; le concours des grands, les hommages du peuple ; une politique qui a mis plus d’une fois la leur en défaut ; une politesse aisée qui toujours est à tout et s’étend à tout le monde, donnent au cardinal de Bernis un crédit, un ascendant, que ses grands talents soutiennent d’une manière imposante.
Il y a toujours un degré de vivacité qui ne se trouve point entre les personnes du même sexe ; de plus, les défauts qui désunissent, comme l’envie et la concurrence, de quelque nature que ce soit, ne se trouvent point dans ces sortes de liaisons.
Saint-Martin répondit par une Lettre qui est une pièce importante, et qui aurait pu porter pour épigraphe cette pensée de lui : J’ai vu la marche des docteurs philosophiques sur la terre, j’ai vu que, par leurs incommensurables divagations lorsqu’ils discutaient, ils éloignaient tellement la vérité, qu’ils ne se doutaient seulement plus de sa présence ; et, après l’avoir ainsi chassée, ils la condamnaient par défaut.
Léon Fougère, qui a pour titre : Caractères et Portraits du xvie siècle ; ces volumes, joints à relui des Femmes poètes du même siècle (Didier, quai des Augustins), offrent, défaut d’originalité, de bons résultats d’étude, assez complets sur chaque point, et en général fort, judicieusement exposés.
De ce qu’ils ont une qualité à un degré éminent, il ne s’ensuit pas qu’ils n’en aient pas d’autres, au second plan pour ainsi dire, et qui ne se produisent que par intervalle, à l’occasion, mais qui ne leur font pas défaut.
Le récit se déroule en couplets ou douzains auxquels aucune condition de l’art pittoresque et sévère ne fait défaut.
La force ou la volonté fit défaut pour l’achèvement : la cathédrale des rois, au sein de la capitale et jusque dans sa grandeur, est restée découronnée.
ayons toutes les qualités, s’il se peut, et le moins possible les défauts de nos divers âges ; mais gardons-nous, tout en faisant pour la forme nos légers mea culpa, de prétendre retoucher à notre jeunesse, — aux œuvres et aux actes de notre jeunesse ; — et surtout si ç’a été celle du grand Corneille.
Je connais et j’ai présentes en ce moment à la pensée un certain nombre de femmes instruites, méritantes, éprouvées, natures vaillantes et probes, qui, sorties du peuple ou presque du peuple, ont conquis l’éducation, les lettres, les sciences, les arts même, — quelques-unes la poésie ; — qui pensent et s’expriment avec fermeté, avec nombre et non sans grâce ; qui comptent dans leur intérieur à tous les titres ; qui doublent et affermissent l’intelligence du frère ou de l’époux, le secondent dans sa carrière, l’aident modestement dans ses travaux, et, à défaut d’une certaine fleur peut-être, font goûter les fruits les plus sûrs et ce qu’il y a de meilleur dans le trésor domestique.
Ils ont, demi-formés des mains de la tendresse, La grâce et les défauts, enfants de la paresse.
A défaut de la contrefaçon étrangère qu’on ne peut atteindre, il y a des manières de contrefaçon à l’intérieur, sinon pour les livres, du moins pour les feuilletons : il y a des journaux voleurs qui vous citent et vous copient.
abusé. « Ce n’est plus un violon qu’a votre Apollon, me disait quelqu’un, c’est un rebec. » Charles Loyson salua la venue de Lamartine d’un applaudissement sympathique où se mêlèrent tout d’abord les conseils prudents142 : « Edera crescentem ornate poetam, s’écrie-t-il en commençant ; voici quelque chose d’assez rare à annoncer aujourd’hui : ce sont des vers d’un poëte. » Et il insiste sur cette haute qualification si souvent usurpée, puis il ajoute : « C’est là ce qui distingue proprement l’auteur de cet ouvrage : il est poëte, voilà le principe de toutes ses qualités, et une excuse qui manque rarement à ses défauts.
Au milieu de tant d’influences à fracas et de méthodes plutôt subversives, il nous paraît bon d’insister sur une manière neuve et sobre, ingénieuse et judicieuse, fertile en vues, vérifiable toujours, qui, entre mille avantages, a ses imperfections et quelques défauts sans doute, mais aucun de ceux qui égarent. — Il ne nous restera, tout cela démontré, qu’à supplier l’amitié elle-même de nous pardonner d’avoir pu être si analyseur à son égard, et d’avoir tant osé distinguer ici et là.
Je suis fâché pour l’érudition, qui y est fort étendue et de source, que certains détails de reproduction matérielle aient fait défaut.
En somme, Corneille, génie pur, incomplet, avec ses hautes parties et ses défauts, me fait l’effet de ces grands arbres, nus, rugueux, tristes et monotones par le tronc, et garnis de rameaux et de sombre verdure seulement à leur sommet.
Mais ce défaut expliqué ou excusé, l’œuvre de Fénelon n’est pas moins sublime.
Puis c’était dans ses vers que s’accusait surtout son défaut.
Telle qu’elle est, c’est un des exemplaires, je ne dis pas les plus nobles, mais les plus complets et les plus curieux des qualités et des défauts de la race française, de ces Welhies dont il a dit tant de mal, et qui se sont aimés en lui.
Et Sylvestre Bonnard devait aimer aussi les créatures qui sont douces, bonnes, vertueuses ou héroïques sans le savoir, ou plutôt sans y tâcher et parce qu’elles sont comme cela : Mme de Cabry, l’adorable Jeanne Alexandre, la petite Mme Coccoz, plus tard princesse Trépof, même l’oncle Victor, encore que son héroïsme soit mêlé d’abominables défauts, et Thérèse, la servante maussade et fidèle, abondante en locutions proverbiales, riche de préjugés, de vertu et de dévoûment.
Au contraire, tout en sentant qu’il devait moralement y perdre, mais pour la piquante saveur du geste qui devait en résulter, il se laissa aller si voluptueusement, devant les choses, à son goût de n’en saisir que le défaut, que ce fut miracle si, en en décrétant l’étrange et manifeste irrespectabilité, il lui resta encore assez de cœur pour en amuser seulement sa chère âme conciliatrice.
Or, qualités et défauts tiennent à l’idée qu’ils se font du rôle de l’écrivain.
» A défaut d’autres témoignages, les vertueuses doctrines dont tous ses poèmes sont tissus attesteraient son initiation.
J’ai dû relever ce défaut, parce qu’il est unique dans ce drame profondément vrai et vivant, qui ne laisse une objection ni à l’esprit ni à la conscience.
Au reste, ces défauts que j’indique peuvent se marquer en avançant dans la vie ; mais, à dix-neuf ans, ce n’est qu’un piquant de plus et qu’une grâce.
Elle n’avait qu’un défaut, c’était de faire trop bien, de trop aller au cœur par certains accents : « On continue à représenter Esther, écrivait Mme de Sévigné à sa fille (11 février 1689) : Mme de Caylus, qui en était la Champmeslé, ne joue plus ; elle faisait trop bien, elle était trop touchante : on ne veut que la simplicité toute pure de ces petites âmes innocentes. » Mme de Caylus passe pour avoir été la dernière personne, la dernière actrice qui ait conservé la déclamation pure de Racine, le degré de cadence et de chant qui convenait à ce vers mélodieux, tout fait exprès pour l’organe d’une Caylus ou d’une La Vallière.
Cette jeune fille que Mme de Girardin décrit avec une complaisance de sœur, Ayant un peu d’orgueil peut-être pour défaut, Mais femme de génie, et femme comme il faut, a tous les enthousiasmes d’abord, tous les cultes et les amours d’un cœur de jeune fille, et il est permis de supposer que le poète lui en a prêté quelques-uns des siens.
Une des pièces sérieuses qui me semblent le plus propres à démontrer ses qualités et ses défauts est celle qui a pour titre : Un quart d’heure de dévotion.
Les défauts qu’on y remarque encore par instants, les déviations et les écarts qui naissent surtout de l’impétuosité et du conflit de ses talents divers, ne tiennent peut-être qu’à ce qu’il n’a pas été mis à même par la fortune d’être tout entier et toujours cet homme d’État qu’il est si souvent ; on peut croire qu’il ne lui a manqué que d’être élevé, une fois pour toutes, à son niveau et dans sa plus haute sphère.
Eux seuls peuvent sentir que dans les hommes de génie tout est précieux, jusqu’aux défauts, et que c’est une sottise que de vouloir les corriger. » Quand Marmontel retoucha Quinault (ce qui était moins grave), on lui reprocha d’avoir mis Quinault en vers de Chapelain.
On dit qu’un homme a l’esprit de critique, lorsqu’il a reçu du ciel non seulement la faculté de distinguer les beautés et les défauts des productions qu’il juge, mais une âme qui se passionne pour les unes et s’irrite des autres, une âme que le beau ravit, que le sublime transporte, et qui, furieuse contre la médiocrité, la flétrit de ses dédains et l’accable de son ennui.
N’a pas ce défaut qui veut.
Ma morale serait donc (et je ne sais si, en la dégageant, je ne songe pas involontairement à quelques-uns des beaux esprits d’un temps plus voisin, à quelques-uns des héritiers mêmes de Voltaire), ma morale, c’est qu’en ayant tous nos défauts, le pire de tous encore est de ne pas être sincère, véridique, et de se rompre à mentir.
Au moment où l’auteur veut détruire le surnaturel, il prétend l’évoquer, et le surnaturel lui fait défaut : il n’embrasse qu’un fantôme.
Les sphères sont nombreuses et leur nombre augmente à mesure que, dans les médiocres foules parlementaires, s’accroît, par défaut d’intelligence, le besoin de l’imitation.
Que l’on conçoive un travail psychologique, historique, littéraire de cette sorte, accompli parfaitement pour l’art, les artistes et les admirateurs dans une époque, dans un peuple ; que l’on sache celui-ci divisé par un procédé approximatif, en une série de types intellectuels et de similaires, à constitution déterminée par termes scientifiques précis : que ces types soient connus et posés comme des hommes vivants et en chair, ces foules comme des agrégats tumultueux, vivants, animés, logés, vêtus, gesticulant, ayant une conduite, une religion, une politique, des intérêts, des entreprises, une patrie, — qu’à ces groupes ainsi déterminés et montrés, on associe, si l’histoire en porte trace, cette tourbe inférieure ne participant ni à l’art ni à la vie luxueuse ou politique communeee, et dont on peut vaguement soupçonner l’être, par le défaut même des aptitudes reconnues aux autres classes ; que l’on condense enfin cette immense masse d’intelligence, de cerveaux, de corps, qu’on la range sous ses chefs et ses types, on aura atteint d’une époque ou d’un peuple la connaissance la plus parfaite que nous puissions concevoir dans l’état actuel de la science, la plus profonde pénétration dans les limbes du passé, la plus saisissante évocation des légions d’ombres évanouies.
On déclare que ce sont les défauts de la petitesse, et l’on se hâte de les reprocher au colosse.
Creusez et vous trouvez ceci : Sparte n’est que la ville de la logique ; Carthage n’est que la ville de la matière ; à l’une et à l’autre l’amour fait défaut.
Quant à ceux qui font un crime au christianisme d’avoir ajouté la force morale à la force religieuse, ils trouveront ma réponse dans le dernier chapitre de cet ouvrage, où je montre qu’au défaut de l’esclavage antique, les peuples modernes doivent avoir un frein puissant dans leur religion.
Autres défauts.
C’est par cet aplatissement volontaire que nous en expliquerions tous les défauts.
. ; mais ces appréciations tardives font-elles saillir en ces écrivains et dans leurs œuvres, ou quelque grand défaut qu’on n’avait pas remarqué encore, ou quelque supériorité dont on ne se doutait pas ?
. — Or, l’étroitesse même de leur cercle d’action n’est-elle pas une des raisons pour lesquelles le trait essentiel des républiques d’aujourd’hui fait défaut à la république d’autrefois ?
Voici tantôt plus de soixante ans que la conception de Faust m’est venue en pleine jeunesse, parfaitement nette, distincte, toutes les scènes se déroulant devant mes yeux dans leur ordre de succession ; le plan, depuis ce jour, ne m’a pas quitté, et vivant avec cette idée, je la reprenais en détail et j’en composais tour à tour les morceaux qui dans le moment m’intéressaient davantage ; de telle sorte que, quand cet intérêt m’a fait défaut, il en est résulté des lacunes, comme dans la seconde partie. […] Un autre défaut auquel les artistes remédient instinctivement quand ils ont du goût, c’est la brièveté des jambes, si accentuée dans les photographies de femmes nues. […] Cela est si naïf qu’on ose à peine l’exprimer, mais les intelligences supérieures faisant défaut dans une période, le pullulement des médiocres devient extrêmement sensible et actif, et, comme le médiocre est un imitateur, les époques que l’on a qualifiées justement de décadentes ne sont autre chose que des époques d’imitation. […] L’inexactitude serait un défaut plus grave ; M. […] Il voit la question par le côté extérieur : il est plein de sympathie, mais il manque, et c’est bien son droit, de cet amour qui adore jusqu’aux défauts de sa passion et qui veut que l’être unique triomphe tout entier, même contre tout droit, toute justice et sagesse.
Clemenceau, lorsqu’il nous prêche le sérieux, la vigilance et la persévérance, sous couleur de blâmer les Athéniens qui en furent trop dépourvus et à qui leurs aimables défauts coûtèrent la liberté. […] Ce défaut de sympathie pour le protestantisme a pu lui valoir des indulgences catholiques, bien que son livre ait été de son vivant censuré par Rome, puis définitivement mis à l’Index en 1676 et interdit en France pendant tout le reste du règne de Louis XIV. […] Il n’est pas facile de prendre Voltaire en défaut. […] Mais si la nouvelle école a tout à fait raison en général et, d’ailleurs, renoue une tradition ancienne, ce n’est pas à dire qu’elle n’ait aussi ses manies et ses défauts. […] Il me paraît inutile d’entrer dans le point de vue même de l’œuvre, auquel les défauts précédents enlèvent tout intérêt ».
Elle t’attend de pied ferme pour continuer le roman. » Et plus loin : « Ménage-la, si tu la séduis, mon cher Châtenet ; songe que c’est une vierge. » — Et, dans la deuxième lettre au même : « Je suis fâché qu’Eugénie (sans doute une camarade) m’ait mal jugé ; elle est la première personne qui m’ait reproché le défaut de sensibilité. » Si, par sensibilité, elle entendait la tendresse, peut-être Eugénie ne se trompait-elle pas tant. […] Un peu, car il en a ; mais c’est beaucoup plus pour certains de ses défauts, ou plutôt pour les causes profondes dont ils sont les effets ; pour sa puissance de désir et de dégoût ; pour son imagination, son orgueil, son ennui, et parce que toute cette ardeur et toute cette tristesse, il les a traduites par des mots qui nous sont un enchantement. […] En 1839, instruit par trente années, il écrit dans ses Mémoires : « Le défaut des Martyrs tient au merveilleux direct, que, dans le reste de mes préjugés classiques, j’avais mal à propos employé. […] À propos du blocus continental : « C’était prendre l’engagement de conquérir le monde… Tout cela n’offre que vues fausses, qu’entreprises petites à force d’être gigantesques, défaut de raison et de bon sens, rêves d’un fou et d’un furieux. […] Il ne s’y donnait que des défauts avantageux et fiers.
Mais, malgré ce défaut qu’on ne saurait nier, Joseph Andrews a remporté sur Paméla la même victoire que Don Quichotte sur les livres de chevalerie. […] Autant la fausse modestie est ridicule et banale, autant l’aveu public et sincère de ses défauts est digne d’éloges et de sympathie. […] Ce défaut se retrouve jusque dans la prononciation, et c’est ce qui explique l’opposition anglaise contre le talent dramatique de miss Smithson : le public de Londres ne peut lui pardonner son accent. […] Il y a dans Jocelyn un autre défaut, qui n’est pas précisément l’incorrection, mais qui appartient à la même famille, et qui relève comme elle de l’indolence ; je veux parler de la prolixité. […] Le devoir accompli religieusement, en vue d’un perfectionnement individuel, est laborieux, sévère ; souvent le courage fait défaut avant l’achèvement de la tâche.
Dès lors nous ne pouvons la recréer vivante : nous songeons involontairement que, si ressemblante d’aspect à un homme réel, cette statue a sur lui une infériorité : le défaut de ne se point mouvoir. […] Mallarmé n’était, d’abord, ni un musicien, ni un peintre : mais, aidé en cela, peut-être, par ce même défaut naturel, il a su choisir pour chaque sujet les images, les rythmes et les sons qu’il y a compris les plus adéquats. […] Mais qu’importent ces défauts, dès que l’on comprend la valeur superbe de l’effort artistique ! […] De là, et de certains défauts attenant à sa nature princière, une impuissance à nous faire revivre cette vie dont il subit lui-même une trop violente impression. […] Voilà pourquoi ses histoires, malgré leurs défauts, et leur différence avec ce que veulent nos habitudes littéraires, et malgré que nous ne puissions pas les revivre comme histoires, nous émeuvent encore indiciblement.
Considérez celle de Dickens, vous y apercevrez la cause de ses défauts et de ses mérites, de sa puissance et de ses excès. […] Un autre défaut que donne l’habitude de commander et de lutter est l’orgueil.
Le parfait de tout point, l’impeccable ne saurait nous intéresser, parce qu’il aurait toujours ce défaut de n’être point vivant, en relation et en société avec nous. […] Son défaut fut d’avoir le cœur emphatique.
Nous choisissons cette œuvre parce qu’elle est classique, et que personne n’en peut nier aujourd’hui la valeur pas plus que les défauts. […] Bourget a remarqué que, quand Salammbô s’empare du zaimph, de ce manteau de la Déesse « tout à la fois bleuâtre comme la nuit, jaune comme l’aurore, pourpre comme le soleil, nombreux, diaphane, étincelant, léger… », elle est surprise, comme Emma entre les bras de Léon, de ne pas éprouver ce bonheur qu’elle imaginait autrefois : « Elle reste mélancolique dans son rêve accompli… » L’ermite saint Antoine, sur la montagne de la Thébaïde, ayant, lui aussi, réalisé sa chimère mystique, comprend que la puissance de sentir lui fait défaut ; il cherche avec angoisse la fontaine d’émotions pieuses qui jadis s’épanchait du ciel dans son cœur : « Elle est tarie maintenant, et pourquoi… ?
Shakespeare, qu’il faut toujours avoir devant soi quand on regarde Gœthe, parce qu’il l’éclaire bien, mais d’une terrible lumière, Shakespeare, sans lequel, au théâtre, Gœthe n’aurait jamais existé, a, je l’ai dit déjà, le grave défaut de manquer de cohésion dans la structure de ses drames : c’est la tache au soleil dans ce soleil. […] A part l’aventure du dénoûment, Werther, pour un accoucheur du génie, est tout Gœthe en germe, avec toutes ses facultés et tous ses défauts en puissance.
À défaut du cor d’argent cher à Siegfried, je gonfle ma poitrine du souffle énorme accumulé sous les ogives de verdure de cette cathédrale aux fûts élancés ; avec tous ceux de ma race, moi, je crie mon bonheur d’être, l’ivresse des jours anciens, l’espoir des temps nouveaux, et ma voix, et toutes les voix que je résume, la forêt magique les redit, les propage dans le vent qui s’élève, accrues immensément, car cette forêt n’est autre que moi-même mille et mille fois réfléchi. […] Nous verrons que le Mysticisme n’a d’autre fonction que de suppléer à ce défaut au moyen de symboles.
Barbauld reprochait à son poème de manquer de morale : et voici quelle était sa réponse : Je lui dis qu’à mon avis, ce poème en avait trop ; et que le seul, ou plutôt, si j’ose ainsi m’exprimer, le principal défaut est que le sentiment moral soit si ouvertement imposé au lecteur comme principe ou cause d’action dans un ouvrage qui n’est que d’imagination pure. […] Suivant un jugement qui est chez eux séculaire, la poésie française est vouée à une sorte d’infériorité constitutionnelle parce que, d’une part, la race dont elle émane a justement les qualités qui tendent à la prose et manque de celles qui sont proprement poétiques, puisqu’elle est raisonneuse, sceptique et intellectuelle, beaucoup plus qu’imaginative, sensible et passionnée ; d’autre part, parce que les mêmes caractères, les mêmes tendances, se marquent jusque dans la langue, à laquelle font défaut la couleur, la force de l’accent, la brusque envolée du lyrisme. […] Voilà, je crois, tout ce qu’il y a d’essentiel à la poésie. » C’est lui qui, continuant d’une marche assurée, a critiqué Homère, a montré qu’il était plein de défauts, l’a massacré pour l’embellir, a resserré en douze chants les vingt-quatre chants de l’Iliade ; et encore a-t-il fait comparaître l’ombre d’Homère, pour le féliciter personnellement, lui, La Motte, d’avoir accompli un si beau travail. […] Seulement, pour réussir à leur enlever ainsi leur caractère maléfique, il faut tout un travail, une connaissance analytique et précise de leurs espèces et de leurs effets, d’habiles transferts, des exercices de raison et de volonté, « la préméditation et l’industrie par laquelle on peut corriger les défauts de son naturel, en s’exerçant à séparer en soi les mouvements du sang et des esprits d’avec les pensées auxquelles ils ont coutume d’être joints44 » : tous efforts qui dépassent la sagesse humaine en général, et celle de l’homme de sentiment en particulier.
Cette haine, si je ne me trompe, avait deux causes, et voici la première : Tout jeunes alors, quelques-uns d’entre nous n’étaient pas sans défauts ; ce qui ne veut pas dire que, vieillis, ils soient devenus parfaits. […] Pour moi, malgré tous ses défauts, que je sais mieux qu’aucun autre, je ne puis jamais songer à elle sans un doux tremblement au cœur et sans un sourire de tendresse, comme un homme qui, au milieu des angoisses et même du bonheur, se souvient de sa première amourette. […] Si ceux que l’on appelait alors les Fantaisistes avaient voulu se conformer à la coutume de la Renaissance, je crois, en vérité, que, pour les portraits, ce n’est pas les modèles qui eussent fait défaut ! […] L’équilibre dans leurs puissantes facultés intellectuelles, la continuité de l’inspiration leur font malheureusement défaut. […] Si ces défauts sont comme un charme de plus dans le Soir d’octobre ou dans Au jardin que je vous lisais tout à l’heure, et dans d’autres morceaux tels que Juin, la Nuit d’été, les Remous, les Filaos, il faut bien avouer qu’ils trouvent un emploi moins heureux dans les œuvres où la précision et la clarté de la conception primitive exigeraient une expression non moins nette et non moins directe.
La critique d’art réclame l’union de tant de qualités et glisse si vite dans tant de défauts qu’il en reste tout juste à peu près durablement dans notre littérature une demi-douzaine de volumes : les Salons de Diderot, deux ou trois volumes de Taine, peut-être l’Art au dix-huitième siècle des Goncourt, un volume de Baudelaire, le livre de Fromentin. […] Mais des œuvres parfaites elles-mêmes Fromentin dit qu’aucune n’est une œuvre sans défaut. […] Mais mise en lumière des qualités et reconnaissance des défauts ne sont pas des résultats derniers. […] Pour Fromentin c’est encore cela, mais c’est aussi et surtout d’arriver à un point d’intelligence où se trouve le principe qui explique à la fois dans un chef-d’œuvre ses mérites et ses faiblesses, chez un artiste ses qualités et ses défauts. […] Mais précisément ce défaut d’adaptation, cet intervalle nous paraissent une ouverture sur la réalité et l’indépendance de l’âme.
» Et ici, on vit percer le boulevardier, qui croit bien connaître les gens, quanti il a trouvé le défaut de la cuirasse. « C’était un grand poète, qui faisait difficilement ses vers. […] On dirait presque que, pour des natures sensuelles comme celle de Verlaine, l’Église catholique incarne le mieux l’idéal de la vie païenne, si elle n’a\ ait un petit défaut : son manque de réalité. […] — « C’est naturellement un défaut de l’écrivain, s’il a besoin d’expliquer après coup ce qu’il a voulu faire », dit Barrès en continuant. « On n’a pas été maître absolu de sa pensée et de toutes les conséquences qui en découlent, au moment d’écrire, et on en a manqué le point saillant. […] « Peut-être aussi ce que j’ai voulu dire est-il plus compliqué qu’un récit de romancier, mais, tout bien pesé, puisque je ne suis pas clair, je reste en défaut. […] Il faut être mieux préparé pour cela, et c’est l’outillage qui nous fait défaut.
Encore que ses héros et ses héroïnes soient, presque toujours, bien habillés, il évite ce défaut si répandu chez les gens de lettres qui peignent les gens du monde, ce défaut excusable mais si agaçant que M. […] On remarque aisément, par cet exemple, les qualités et les défauts du style de M. […] » Je veux parler de ce sophisme si commun qui consiste à donner comme type de toute une classe une abstraction faite de tous les défauts d’un groupe de cette classe. […] Un roman romanesque, un peu étouffé par le détail des anecdotes épisodiques et des personnages accessoires ; — un album de paysages ; — une amusante galerie de profils cosmopolites ; — une suite unique de réflexions sur l’amour, sur le mariage, sur l’adultère (réflexions aiguës qui piquent l’esprit et vont souvent jusqu’au fond du cœur) ; — l’analyse poignante d’un conflit entre deux passions impérieuses ; — l’option finale pour une de ces deux passions : — telle est cette œuvre complexe, touffue, dont l’unique défaut est peut-être une surabondance de richesse et de vigueur. […] Mais je constate ceci : toutes les fois que la littérature française a cessé d’être, par ses emprunts et par ses apports, une littérature européenne, elle a cessé de compter, elle a manqué à la mission que notre caractère, notre histoire, nos qualités et même nos défauts lui assignent.
C’est le défaut des braves. […] Jules Lemaître pour affirmer qu’il est admis par tous les lettrés que certains écrivains existent, malgré leurs défauts, tandis que d’autres n’existent pas. […] Son génie trouble ceux qui lui cherchent des défauts. […] Car vos pires défauts sont infiniment préférables à la vulgaritédes auteurs que chérit la foule. […] Avec d’effroyables défauts et un tapage insupportable de style, il est écrivain de race et maître de sa phrase.
Faut-il que les raisons de cour, les protections, certains emplois déjà occupés, le grand âge, de longs mais froids services… Il s’embrouille dans sa phrase (ce qui lui arrive quelquefois quand les phrases sont longues), et il ne l’achève pas ; mais il suit très bien sa pensée, et il veut dire ce qu’il redit souvent encore ailleurs en des termes que je résume ainsi : « Les hommes à la guerre sont rares ; avec mes défauts, je crois en être un ; essayez de moi. » Villars, à la tête d’un détachement considérable et par le fait général en chef, investi de la confiance du roi, ne songe qu’à la justifier.
Et n’est-ce pas chez lui qu’on doit aller chercher le mot le plus expressif pour rendre la douceur même (the milk of human kindness), cette qualité que je demande toujours aux talents énergiques de mêler à leur force pour qu’ils ne tombent point dans la dureté et dans la brutale offense, de même qu’aux beaux talents qui inclinent à être trop doux, je demanderai, pour se sauver de la fadeur, qu’il s’y ajoute un peu de ce que Pline et Lucien appellent amertume, ce sel de la force ; car c’est ainsi que les talents se complètent ; et Shakespeare, à sa manière (et sauf les défauts de son temps), a été complet.
Les peuples, à défaut d’histoire précise, se font un fantôme d’un certain nom, et ils le brodent, ils l’habillent, ils l’embellissent : c’est un travail où chacun s’évertue et où l’on renchérit à l’envi l’un sur l’autre.
Elle s’aperçut de bonne heure que de toutes les privations que la maladie révèle dans ces existences pauvres, la plus fréquente de toutes, c’est le défaut de linge, si nécessaire pourtant en pareil cas.
« Quand je songe, écrivait-il à son ancien collègue, aux épreuves qu’une poignée d’aventuriers politiques ont fait subir à ce malheureux pays ; lorsque je pense qu’au sein de cette société riche et industrieuse on est parvenu à mettre, avec quelque apparence de probabilité, en doute l’existence même du droit de propriété ; quand je me rappelle ces choses, et que je me figure, comme cela est la vérité, l’espèce humaine composée en majorité d’âmes faibles, honnêtes et communes, je suis tenté d’excuser cette prodigieuse énervation morale dont nous sommes témoins, et de réserver toute mon irritation et tout mon mépris pour les intrigants et les fous qui ont jeté dans de telles extrémités notre pauvre pays. » C’était peut-être, il est vrai, pour consoler le chef de l’ancienne Opposition de gauche et le promoteur des fameux banquets qu’il écrivait de la sorte : quoi qu’il en soit, le philosophe est ici en défaut, et il paraît trop vite oublier ce qu’il a reconnu ailleurs, que ce ne sont pas les partis extrêmes qui ont renversé Louis-Philippe, mais que c’est la classe moyenne le jour où elle fit cause commune avec eux.
Son père, né à Flamicour, village près de Péronne, homme vif, mobile, probablement spirituel, d’une imagination entreprenante et peu régulière, assez de l’ancien régime par l’humeur et les défauts, aspira constamment, dans le cours d’une vie pleine d’aventures, à une condition plus relevée que celle dont il était sorti.
Un garçon de la chambre avait été chargé de ce soin ; son attention n’était jamais en défaut.
Dans cette crise, il n’y a qu’une chose à faire pour ne point languir et croupir en décadence : passer vite et marcher ferme vers un ordre d’idées raisonnables, probables, enchaînées, qui donne des convictions, au défaut de croyances, et qui, tout en laissant aux restes de croyances environnantes toute liberté et sécurité, prépare chez tous les esprits neufs et robustes un point d’appui pour l’avenir.
Mais à vingt-cinq ans, à cette époque précise, où la vie cesse de croître, il se fait un cruel changement dans votre existence ; on commence à juger votre situation ; tout n’est plus avenir dans votre destinée ; à beaucoup d’égards votre sort est fixé, et les hommes réfléchissent alors s’il leur convient d’y lier le leur ; s’ils y voient moins d’avantages qu’ils n’avaient cru, si de quelque manière leur attente est trompée ; au moment où ils sont résolus à s’éloigner de vous, ils veulent se motiver à eux-mêmes leur tort envers vous ; ils vous cherchent mille défauts pour s’absoudre du plus grand de tous ; les amis qui se rendent coupables d’ingratitude, vous accablent pour se justifier, ils nient le dévouement, ils supposent l’exigence, ils essayent enfin de moyens séparés, de moyens contradictoires pour envelopper votre conduite et la leur d’une sorte d’incertitude que chacun explique à son gré.
. — Chez le paysan, chez le villageois, chez l’homme appliqué dès son enfance au travail manuel, non seulement le réseau des conceptions supérieures fait défaut, mais encore les instruments internes qui pourraient le tisser ne sont pas formés.
Son esprit l’élevait au-dessus de son sexe, mais sans lui donner la plus légère apparence de vanité ou de présomption ; et elle s’était garantie d’un défaut trop commun parmi les femmes, qui, lorsqu’elles se croient de l’esprit et de la pénétration, deviennent pour la plupart insupportables.
Les plus apparentes et vulgaires beautés de l’art font défaut à son œuvre : il n’a ni souci ni science de la composition, des proportions, des convenances.
L’amour pur d’Armande et de Bélise dans les Femmes savantes, celui même de Cathos et de Madelon dans les Précieuses ridicules n’ont d’autre défaut que d’être affectés et de couvrir le néant sous un pathos ridicule.
Les scolastiques se moqueraient de cela et triompheraient à montrer là un défaut de logique, En vérité, beau triomphe de montrer ce qui est clair !
Le résultat de leur sensibilité médiocre sera vraisemblablement l’amour de la science ou de la vérité abstraite, et le défaut de goût et de chaleur.
Un mot lui échappe pourtant qui trahit le meurtre ; le fer impatient perce sa guirlande : — « Pour le reste, ma vigilance ne sera point en défaut, et j’accomplirai ce que veut la destinée, avec l’aide des dieux. » La réponse d’Agamemnon est brève et défiante : — « Fille de Léda, tu as parlé dans la mesure de mon absence, longuement ; mais les vraies louanges ce sont celles dont les étrangers nous honorent. » — L’homme de l’Iliade est choqué de ces flatteries orientales, il veut être salué, non pas adoré.
D’un autre côté, l’amour lui fait défaut : celui de Paul et de Marguerite est un enfantillage, celui de Diane et de M. de Pienne une pantomime.
— Je suis très accoutumé, disait-il encore en une autre occasion, aux boutades et aux espèces d’accès auxquels les gens de Lettres sont sujets ; je ne m’en offense jamais, parce que je sais que ce sont de petits défauts inséparables de leurs talents.
L’imagination publique, assez d’accord avec ses défauts, les eût, au contraire, protégés et agrandis.
Quoi qu’il en soit, avec tous ses défauts, son inclination aux plaisirs, son goût connu et son talent irrésistible pour les épigrammes et les chansons, avec ses désordres de conduite, son grain de libertinage et d’esprit fort, sa fureur du jeu, où il avait un bonheur insolent, Bussy, vers 1659, était en passe d’arriver à la plus haute fortune militaire, lorsque la paix vint le livrer sans distraction à ses périlleux penchants.
Une question d’étiquette, une chasse, un gala, un grand lever, un cortège, le triomphe de Maximilien, la quantité de carrosses qu’avaient les dames suivant le roi au camp devant Mons, la nécessité d’avoir des vices conformes aux défauts de sa majesté, les horloges de Charles-Quint, les serrures de Louis XVI, le bouillon refusé par Louis XV à son sacre, annonce d’un bon roi ; et comme quoi le prince de Galles siège à la chambre des lords, non en qualité de prince de Galles, mais en qualité de duc de Cornouailles ; et comme quoi Auguste l’ivrogne a nommé sous-échanson de la couronne le prince Lubormirsky qui est staroste de Kasimirow ; et comme quoi Charles d’Espagne a donné le commandement de l’armée de Catalogne à Pimentel parce que les Pimentel ont la grandesse de Benavente depuis 1308 ; et comme quoi Frédéric de Brandebourg a octroyé un fief de quarante mille écus à un piqueur qui lui a fait tuer un beau cerf ; et comme quoi Louis Antoine, grand-maître de l’Ordre teutonique et prince palatin, mourut à Liège du déplaisir de n’avoir pu s’en faire élire évêque ; et comme quoi la princesse Borghèse, douairière de la Mirandole et de maison papale, épousa le prince de Cellamare, fils du duc de Giovenazzo ; et comme quoi mylord Seaton, qui est Montgomery, a suivi Jacques II en France ; et comme quoi l’empereur a ordonné au duc de Mantoue, qui est feudataire de l’Empire, de chasser de sa cour le marquis Amorati ; et comme quoi il y a toujours deux cardinaux Barberins vivants, etc., etc., tout cela est grosse affaire.
Elles ont été suffisantes, avec ce qui nous restait de haute culture et de foi religieuse, pour suppléer, dans ces heures de grande crise, à la discipline qui nous faisait défaut.
A défaut de la consécration suprême, ils possèdent cette gloire de continuer à être utiles.
Car ce poëte, ce musicien, est un sage, un disciple immédiat de l’école philosophique la plus pure avant Socrate et Platon, de cette école pythagoricienne qui, mêlant l’ardeur ascétique à la science, inspira les premiers martyrs de la vérité morale et forma plus tard le héros le plus honnête homme de l’antiquité, Épaminondas, élève du chanteur Olympiodore et du philosophe Lysis, en même temps que le plus agile coureur de la lice thébaine8, Épaminondas, grand homme, sans les vices trop fréquents des héros antiques et les défauts ordinaires des hommes.
Dans les lettres comme en politique, un peuple suit d’instinct les hommes qu’il sent lui appartenir, qui sont faits de sa chair et de son génie, pétris de ses qualités et de ses défauts. […] Les petits brûlots se glissèrent un à un, de 1847 à 1851, sans malice apparente, abrités sous leur pavillon poétique ; le public n’en comprit pas d’abord le sens caché, la vigilante censure elle-même fut prise en défaut. […] Pour son début, le romancier touchait au vif un des grands défauts de l’esprit russe et donnait à ses compatriotes une utile leçon ; il leur disait que les aspirations magnifiques ne suffisent pas, qu’il y faut joindre le sens pratique, l’application, le gouvernement de soi-même. […] Ce roman n’est pas sans défauts, l’exposition est moins alerte que dans le précédent ; l’auteur s’attarde aux généalogies de ses personnages, l’intérêt se fait attendre ; mais une fois l’action engagée, elle est conduite avec un art consommé. […] Dans cette galerie comique de « généraux de Kursaal », de princesses en pique-nique, de slavophiles vantards, de commis voyageurs en révolutions, il y a bien des traits pris sur le vif, mais la physionomie d’ensemble est chargée ; le défaut de mesure est d’autant plus sensible que, dans la pensée de l’auteur, ces personnages ne sont pas des types d’exception, mais bien la représentation fidèle de la haute et basse société russe.
Faguet, ce n’est pas qu’il voie les défauts des poètes qu’il aime, c’est qu’il n’aime point ces défauts. […] Il le conseille dans les termes les plus clairs ; l’obscurité n’est pas son défaut. […] Comme nous avons toutes les vertus des bons moines, nous avons aussi quelques-uns de leurs défauts. […] Ses romans, Les Bourgeois de Molinchart, Les Souffrances du professeur Delteil, sont des mystifications qui n’ont que le défaut de se prolonger un peu trop. […] Tout nous semble excellent dans ce que nous aimons, et cela nous fâche quand on nous montre le défaut de nos idoles.
C’était bien un romantique, pittoresque et coloriste et doué d’un sentiment très vif de ce qu’on appelait alors le moyen âge, à défaut d’une meilleure définition. […] Sans doute tant de fougue et de passion était à craindre, mais la timidité n’était pas le défaut de l’époque. […] Les prétendus défauts se transforment en beautés, et tel s’étonne de pleurer là où il riait et de s’enthousiasmer à l’endroit qu’il sifflait. […] Avec cette intelligence parfaite du coloris, qui ne lui a jamais fait défaut, M. […] Louis Boulanger avait un défaut bien rare, l’admiration portée à l’excès.
Seulement, l’œuvre n’est pas claire ; et je signale ce défaut que je lui trouve. […] Plus exactement, ce défaut est la conséquence d’une autre intention qu’il eut et qu’il préféra, en dépit des inconvénients, pour divers avantages. […] Ce livre de philosophie, qui nous charme par sa beauté sereine, a le défaut de ne pas nous émouvoir. […] Ils ont évité ce défaut. […] Ce roman si alerte, si admirablement bien fait et qui est un chef-d’œuvre du genre, je ne lui trouve qu’un défaut, celui que je disais : la thèse à laquelle l’auteur l’a soumis.
L’homme disparaît, la machine reste ; chacun prend les défauts de son état, et de ces travers combines naît la société humaine. […] 101 Son défaut propre est de se perdre en maximes générales.
Gardons-nous de le supposer ; il n’a point dissimulé les défauts de son modèle. […] Notre défaut à nous c’est de ressembler à tout le monde, son mérite à lui c’est de ne ressembler à personne.
Il n’avait qu’un défaut, trop d’indifférence pour l’action, défaut opposé au mien, le trop d’impatience d’agir.
Absurdes dans leur principe, — celui de la difficulté vaincue, — elles avaient encore le défaut d’être absolument incohérentes dans le détail de leurs prescriptions. […] Mais cette théorie a, d’abord, le défaut suivant : elle est destinée à rendre compte des raisons pour lesquelles tels rythmes plaisent, tels autres déplaisent. […] Il ne faut pas dire : « Le bateau en dérive, c’est l’âme éperdue, et les haleurs sont les guides qui lui firent défaut » — et continuer ainsi l’explication, mot à mot. […] Moréas ne lui veut plus reconnaître d’autre intérêt que d’avoir « préparé, par quelques-unes de ses qualités et par beaucoup de ses défauts, ce renouement de la tradition qui est le but de l’Ecole Romane ». […] Elle repose sur deux principes très justes et qui, chose remarquable, sont en contradiction formelle avec ceux qu’appliquait Griffin dans ses premiers vers ; c’est à croire qu’il s’est rendu compte, à l’usage, des défauts de sa métrique et qu’ensuite, adoptant une métrique nouvelle, il l’a basée sur la négation de ces défauts-là, dont l’un est la pratique de l’enjambement et l’autre le traitement des syllabes muettes comme des syllabes quelconques.
À Baudelaire, grand poète aussi, bien qu’avec quelques fâcheux défauts, et particulièrement cher à la génération symboliste, M. […] Il exagère un peu les défauts, ou du moins il devrait noter qu’on ne les a vus à plein, sans compensation, que chez les hommes de second ordre, et il les attribue à certains du premier, qui en sont exempts, — à Descartes, par exemple. […] Mais, quelques défauts qu’on lui trouve, une de ses qualités est incontestablement la mesure, la modération. […] Un inconvénient moral ou social du réalisme est d’attacher trop d’importance au réel et à ses inévitables défauts, par suite de mener soit aux noirs chagrins, soit aux colères outrées et aux utopies révolutionnaires. […] Il note pourtant quelques défauts : l’imprévoyance, la manie du jeu, la bêtise, mais, corrige-t-il, naturelle.
Et, si elle est sage, il y a fort à parier que sa sagesse sera compensée par d’insupportables défauts : elle sera prude, indiscrète, sotte ou pédante… Mais ce que vous ne rencontrerez qu’une fois en cent ans dans ce misérable monde où nous sommes, c’est une lectrice comme Caroline de Saint-Geneix. […] Bref, il n’y a point d’amour sans vanité ou sans égoïsme, puisqu’il n’y a pas d’amour sans jalousie ou que, si elle fait défaut, c’est que l’occasion a manqué. […] Au reste, et ce léger défaut signalé, la petite étude dialoguée de mon excellent confrère est un modèle de netteté, de bonne grâce, de bon sens et de bon jugement. […] C’est égal, ce n’est pas une œuvre vulgaire qu’une comédie où il y a tant de délicatesse et tant d’imagination bouffonne, tant de fantaisie et de vérité, de sagesse et de folie, de gaîté et, tout au fond, d’amertume, — et dont le seul défaut, enfin, est dans l’excès même de sa richesse. […] Ce dessein n’est certes pas difficile à démêler, mais je ne le trouve point marqué assez constamment ni assez fortement, et ce serait là, à mon avis, l’unique défaut de la pièce.
Gaullieur, dans son introduction, a eu le soin de s’arrêter sur quelques circonstances de la biographie de Mme de Charrière, de développer ou de rectifier plusieurs points où les renseignements antérieurs avaient fait défaut. […] Au reste, je m’accroche aux circonstances pour justifier mes défauts. […] Vous voyez, ma chère grand’mère, tout le mal que votre silence m’a fait : ainsi, si vous vous intéressez à mes progrès, si vous voulez que je devienne aimable, savant, faites-moi écrire quelquefois, et surtout aimez-moi malgré mes défauts ; vous me donnerez du courage et des forces pour m’en corriger, et vous me verrez tel que je veux être, et tel que vous me souhaitez.
. — Un grand esprit a le défaut suprême de ne voir que l’ensemble et de négliger les détails ; un petit esprit a cette grande qualité d’embrasser une quantité d’objets curieux, utiles, bons à étudier, bons à savoir ; l’esprit enjoué, grâce à sa bonne humeur, fait passer bien des choses d’une rude et cruelle digestion. […] Peut-être bien ce défaut-là vient-il justement de cette louange que nous donnions tout à l’heure à la fantaisie ! […] C’est un des privilèges de la jeunesse, ou tout au moins, est-ce un de ses défauts les plus charmants de ne pas savoir le premier mot de sa plus difficile entreprise ; elle ignore surtout le plus difficile de tous les arts, l’art par excellence de s’arrêter à temps, de commander à la rime cette esclave révoltée, le grand art de placer sous l’harmonie sonore d’un vers bien fait, une idée, un sentiment, un peu de bon sens.
Les imitateurs français se sont surtout rattachés à Werther par la fièvre de tête, par les dehors, le costume, le suicide et l’explosion finale, enfin par les défauts. — Je lis dans la Revue des deux mondes du 15 juillet 1855 un article sur Werther, par M.
Pas trop de poètes on de peintres métaphysiques, je t’en conjure ; pas trop de messieurs de l’Empyrée, ni d’abstracteurs de quintessence : deux ou trois, par génération, suffisent ; mets-les à part et en haut lieu pour la rareté et pour la montre, garde-les pour tes grands dimanches ; mais, les jours ouvrables, sois heureuse encore et contente de retrouver de tes favoris et de tes semblables, de ces talents ou de ces génies faciles, qui, de tout temps, t’ont défrayée et charmée, qui te parlent ton langage et t’y entretiennent, qui te font passer tes plus agréables heures, et non pas les moins salutaires, en t’offrant à toi-même en spectacle sous tes mille aspects vivants, avec tes qualités et défauts divers : crânerie, héroïsme, gaieté, sentiment, humeur légère, audace brillante, coup d’œil net et bon sens pratique37.
qui de nous, au lieu de prétendre accuser et prendre en défaut la sincérité de celui qui fit René, n’admirera, ne respectera en lui ce mélange de velléités, d’efforts vers ce qu’on a besoin de croire, et de rentraînements vers ce qui est difficile à quitter ?
Pour couronner le tableau des qualités domestiques chez Mme Roland, il ne faut plus que rappeler le début de cette autre lettre écrite à Bosc, de Villefranche : « Assise au coin du feu, mais à onze heures du matin, après une nuit paisible et les soins divers de la matinée, mon ami à son bureau, ma petite à tricoter, et moi causant avec l’un, veillant l’ouvrage de l’autre, savourant le bonheur d’être bien chaudement au sein de ma petite et chère famille, écrivant à un ami tandis que la neige tombe, etc. » A côté de ces façons d’antique aloi, de ces qualités saines et bonnement bourgeoises, osons noter l’inconvénient ; à défaut du chatouillement aristocratique, la jactance plébéienne et philosophique ne perce-t-elle pas quelquefois ?
» C’est de cette habitude, de cette nécessité de chanter avec toute espèce de voix, d’avoir de la verve à toute heure, que sont nés la plupart des défauts littéraires de notre temps.
A défaut de beaux vers, ce sont là de hauts sentiments, et ils se font écho dans cette correspondance rimée entre le roi et sa sœur.
. — D’une part, avec des sensations et des images agglutinées en blocs suivant des lois que l’on verra plus tard, elle construit en nous des fantômes que nous prenons pour des objets extérieurs, le plus souvent sans nous tromper, car il y a en effet des objets extérieurs qui leur correspondent, parfois en nous trompant, car parfois les objets extérieurs correspondants font défaut : de cette façon, elle produit les perceptions extérieures, qui sont des hallucinations vraies, et les hallucinations proprement dites, qui sont des perceptions extérieures fausses. — D’autre part, en accolant à une hallucination une hallucination contradictoire plus forte, elle altère l’apparence de la première par une négation ou rectification plus ou moins radicale : par cette adjonction, elle construit des hallucinations réprimées qui, selon l’espèce et le degré de leur avortement, constituent tantôt des souvenirs, tantôt des prévisions, tantôt des conceptions et imaginations proprement dites, lesquelles, sitôt que la répression cesse, se transforment, par un développement spontané, en hallucinations complètes. — Faire des hallucinations complètes et des hallucinations réprimées, mais de telle façon que, pendant la veille et à l’état normal, ces fantômes correspondent ordinairement à des choses et à des événements réels, et constituent ainsi des connaissances, tel est le problème.
M. de Chateaubriand doit immensément à M. de Marcellus ; il le réhabilite en étendant son manteau sur ses défauts de cœur et sur l’affectation de style de ce grand écrivain.
C’était, en effet, le défaut du livre.
Le marin qui nous raconte les dangers qu’il a courus dans sa navigation a plutôt en vue de nous faire admirer ses talents et sa prudence, que les faveurs dont il est redevable à sa bonne fortune ; et souvent, il lui arrive d’exagérer ses périls pour augmenter notre admiration : de même les médecins ne manquent guère à présenter la situation de leur malade comme beaucoup plus alarmante qu’elle ne l’est en effet, afin que, s’il vient à mourir, ce malheur soit plutôt attribué à la force de la maladie qu’à leur défaut d’habileté ; et que s’il en réchappe, le mérite de la cure paraisse encore plus grand.
À ces défauts de forme s’ajoutent les insuffisances du fond.
Nous retrouvons là le chef de groupe, grandi dans un cénacle, avec le clou d’une idée fixe enfoncé dans le crâne… Le grand défaut de Justice est d’être une création en l’air, tout comme s’il s’agissait d’un poème… À quoi bon une thèse lorsque la vie suffit ?
De grands défauts l’en écartent aux yeux de quiconque ne sépare pas la supériorité intellectuelle de la supériorité morale, et ne veut pas reconnaître le beau là où il ne se montre pas toujours sous les traits de l’honnête.
À défaut d’une acuité de regard qui n’eût été la cause que d’un suicide stérile, si vivace abonda l’étrange don d’assimilation de ce créateur quand même, que des deux éléments de beauté qui s’excluent ou, tout au moins, l’un l’autre s’ignorent, le drame personnel et la musique idéale, il effectua l’hymen.
Et un exemple des moins bons passages, où se voit le défaut (si fatalement nécessaire, — et si excusable !)
Mais que dire de ce répugnant massacre dont les moindres défauts sont une absolue absence de style — et quelques coupures !
A défaut d’Eschyle, nous avons sur cette mort grandiose un morceau des Phéniciennes d’Euripide, digne d’être enchâssé dans les Sept Chefs devant Thèbes.
On faisait la guerre à M… (c’est lui) sur son goût pour la solitude ; il répondit : « C’est que je suis plus accoutumé à mes défauts qu’à ceux d’autrui. » Mais, en regard de ces pensées, il faudrait, pour ne pas donner de Chamfort une idée fausse, en mettre aussitôt d’énergiques, de sanglantes, d’empoisonnées, et qui, en vérité, nous semblent calomnier également la société et la nature.
Sieyès ne voyait donc souvent, dans les généralités majestueuses de Buffon, qu’une fausse unité, dont le défaut se déguisait sous l’ampleur des mots.
La méconnaissance de soi-même et de ses vrais besoins entraîne ici ses conséquences funestes : la collectivité est menacée de payer de sa ruine le défaut de jugement qui lui fait prendre pour une vérité d’application universelle, ce qui fut une attitude d’utilité pour un groupe déterminé, différent d’elle et d’un degré plus intense de brutalité.
C’est la mèche de cheveux, que se coupe la femme turque, en son travail à la maison, le jour tombant, pour à défaut d’autre marque, arrêter et se remémorer la tâche de sa journée.
Mais le propre du génie poétique et artistique consiste à pouvoir se dépouiller non seulement des circonstances extérieures qui nous enveloppent, mais des circonstances intérieures de l’éducation, des conjonctures de naissance ou de milieu moral, du sexe même, des qualités ou des défauts acquis ; il consiste à se dépersonnaliser, à deviner en soi, sous tous les phénomènes moins essentiels, l’étincelle primitive de vie et de volonté.
Au défaut, je fus longtemps à considérer la porte et me fis conter la manière dont le prisonnier était gardé.
Tel, pendant toute sa vie, avait été l’honneur de sa pensée, et voilà ce qui rachetait à nos yeux les défauts d’un écrivain sur lequel notre sympathie ne nous a jamais fait illusion !
Ne jamais oublier que ces catégories sont factices, c’est déjà en corriger sensiblement le défaut ; et si la pensée s’efforce de combiner toujours ce que le langage analytique est forcé de scinder, si l’on procède (dans une sage mesure) par anticipations et par rappels, on arrive peu à peu à la vision synthétique, à l’intuition de la vie.
Malgré les défauts du poëte, l’art même était trouvé : il ne s’agissait plus que de le rendre durable, et, pour ainsi dire, assuré.
En quoi consiste cette imagination inspirée, que ses amis et ses ennemis lui reconnaissent, et qui est la source de ses qualités et de ses défauts ? […] Non ; par malheur, son talent tient à ses défauts. […] Qu’il dissipe mes ténèbres et tout ce qu’il voudra, puisque je suis préparé à ne rien fuir de tout ce qu’il me prescrira, quel que soit cet homme, pourvu que je devienne meilleur. » Une marque plus sûre d’un caractère vraiment bon, c’est qu’il avoue lui-même son ignorance et ses défauts, sans franchise calculée, sans artifice d’orgueil, comme on fait presque toujours pour tirer gloire de son aveu : « Par les dieux, Socrate, je ne sais moi-même ce que je dis, et il me semble que, sans m’en apercevoir, j’étais depuis longtemps dans le plus honteux état. » Il ne s’irrite pas contre celui qui l’instruit ; au contraire, il remercie Socrate de ses reproches, et, pour le remercier, lui met sa couronne sur la tête. […] Sa faveur et sa disgrâce, son éducation et son naturel, ses qualités et ses défauts l’y avaient porté. […] Il voit aussi distinctement le moral que le physique, et il le peint parce qu’il le distingue. — Tout le monde sait que le défaut de nos poètes classique est de mettre en scène, non des hommes, mais des idées générales ; leurs personnages sont des passions abstraites qui marchent et dissertent.
A défaut de l’unité de composition, ce livre aura du moins celle de l’inspiration qui en a dicté toutes les pages : un grand amour de l’art et une recherche sincère de la vérité. […] Le sens de l’honneur lui faisait défaut. […] Les grands scélérats, qui ont effrayé le monde par la stature et les proportions de leurs crimes, eurent tous plus ou moins leur côté faible, leur défaut de cuirasse, leur quart d’heure d’attendrissement ou de repentir. […] Par ses qualités comme par ses défauts, par son talent comme par sa folie, Benvenuto Cellini est la plus originale personnification de cette Italie artistique du XVIe siècle, qui produisit des êtres à part dans les séries de l’histoire. […] Au Bohême les forêts touffues, les sierras pierreuses, les arches de ponts écroulés, la tente qu’on roule chaque matin autour du bâton de voyage ; la marmite immonde où cuisent, à défaut d’autre proie, le hérisson et la taupe, A lui les licences et les hasards de la vie instinctive qui n’obéit qu’aux aiguillons de la chair et qu’aux influences de la lune.
(Notez qu’il y a très peu de grandes personnes, même lettrées, qui ne fassent pas de contre-sens en lisant « le bonhomme », et que, sans aller plus loin, il ne se passe guère de jour où ce vers : C’est là son moindre défaut, et cet autre : C’est le fonds qui manque le moins, ne soient entendus tout de travers par quelqu’un de nos plus « brillants » chroniqueurs. ) L’autre raison, c’est que la morale de La Fontaine me semblait bien sèche, en vérité ; tandis que ma sensiblerie de bon petit garçon élevé jusqu’à cinq ans avec des petites filles était délicieusement émue par toutes ces tendres florianeries, où il n’est question que d’amour maternel, d’amitié, de désintéressement, et des douceurs de la « bienfaisance », et des droits de l’« infortune » sur les cœurs généreux… — Puis, je trouvais à Florian beaucoup d’esprit. […] Etc., etc… Je vous cite ces points-là en passant pour vous montrer à mon tour le défaut de votre procédé. […] C’est un défaut de cette pièce distinguée, que les comédiens n’y soient pas les seuls à parler en comédiens. […] Mais il a si clairement vu, si profondément senti, si passionnément aimé ce qu’il avait entrepris de faire, que la pensée a, cette fois, emporté la forme et que, même aux endroits où cette forme reste un peu courte et où se trahit le défaut d’invention verbale, une âme intérieure la soutient et communique à ces vers un frisson plus grand qu’eux. […] si j’ai été charmé d’y trouver, au lieu de quelque combinaison de faits plus ou moins nouvelle, un grand effort, souvent heureux et toujours loyal, pour rendre des choses longuement vues et profondément senties, et si, enfin, le sentiment de mélancolique résignation dans lequel se résout cette œuvre imparfaite, mais sincère, m’a pénétré moi-même au point de me rendre presque insensible à ses défauts ?
Ce complément, qui est en même temps une correction, était nécessaire, au défaut de l’étude d’ensemble et définitive que Gaston Paris n’a pu écrire. […] * * * La légende du Tannhäuser a une histoire analogue, bien que l’intermédiaire français y fasse défaut. […] La Bibliothèque nationale a récemment acquis un recueil de petits mystères provençaux du xve siècle, tous plus ou moins groupés autour de la Passion, mais parmi lesquels, chose singulière et ici particulièrement regrettable, la Passion elle-même fait défaut. […] La question est fort obscure, et il faudrait, pour la résoudre, des éléments qui nous font défaut. […] Omont dans le tome II du Catalogue des bibliothèques des départements, page 419, ce traité, malgré ses défauts, devait être inséré dans le tome III des Archives de l’Orient latin.
« La taupe ne fouit plus, le chat reste calme même quand on l’irrite. » Toutes les images font donc défaut ; partant celles qui nous servent de signes et par lesquelles nous avons des idées abstraites périssent aussi. […] S’ils deviennent impropres à tel système d’actions, tel système d’images, et partant tel groupe d’idées ou de connaissances, fait défaut.
Nous sommes trop près des romantiques pour ne pas nous répandre en protestations contre leurs défauts, d’autant plus grands à nos yeux que nous craignons presque d’y tomber encore ; notre esprit est en réaction trop directe avec le leur pour que nous puissions clairement démêler le vrai du factice dans l’art romantique, pas plus d’ailleurs que nous ne saurions apprécier dans une exacte mesure les exagérations de l’art contemporain. […] Les qualités et les défauts de Victor Hugo en sont, selon nous, une démonstration éclatante.
Si ces édifices offraient dans leur construction quelque défaut ou quelque irrégularité, ils étaient embellis par tous les artifices d’un art ingénieux, et plus voisin de l’affectation que de la négligence. […] C’est un mal quand Dieu fait monter un homme à haute puissance, et que le défaut de cœur le fait baisser de prix. […] À son défaut, on s’adresse au duc de Bourgogne, au comte de Bar-le-Duc, enfin au marquis de Montferrat.
Tant de défauts. […] Mais plus affreux sera ce défaut, plus affreuse sera cette rançon, plus précieux sans doute sera le bien dont elle sera la rançon, et ce bien sera justement d’être sorti d’une race, de tremper directement dans une race encore toute plongée dans le secret de ne pas savoir lire, dans le silence et l’ombre de n’avoir jamais porté la main sur une plume. […] Mais les pires détresses, mais les pires bassesses, les turpitudes et les crimes, mais le péché même sont souvent les défauts de l’armure de l’homme, les défauts de la cuirasse par où la grâce peut pénétrer dans la cuirasse de la dureté de l’homme. […] C’est que tout simplement les plus honnêtes gens, ou simplement les honnêtes gens, ou enfin ceux qu’on nomme tels, et qui aiment à se nommer tels, n’ont point de défauts eux-mêmes dans l’armure. […] Une juste guerre, à défaut d’une juste paix, et pour préparer une juste paix.
Pour me résumer, c’est une lecture charmante pour tous, les jeunes et les autres, que celles de Myrrha ; elle repose l’esprit de toutes ces œuvres qui ne sont pétries que des défauts et des vices humains ; car il est bien doux de passer quelques heures de lecture avec d’honnêtes gens ; la rareté de ces moments-là en double le prix. […] Les défauts des contradictions, les bizarreries, un peu de mystérieuses ténèbres, bien loin de leur être préjudiciables, leur rendent un service vraiment vital en excitant sans fin ni terme l’intelligence et l’imagination lancées dans une carrière immense. […] Son plus grand défaut — et son brevet de poète — c’est qu’en regardant le monde il n’y voyait pas la seule vérité, et que ses Chroniques reflètent le monde comme on le voit à vingt ans — plus vif, plus beau, plus laid, plus varié, — moitié réalité et moitié rêve. » Signalons aux curieux une trouvaille littéraire, celle du roman de Froissart, Mélindor, ne contenant pas moins de trente mille six cents vers, retrouvé par miracle et dont M. […] Allez donc entamer une femme qui, toute l’année, vit en cage et ne se montre, de huit heures du matin à six heures du soir, qu’à travers un grillage, carmélite du négoce ; qu’on ne peut approcher de nuit qu’au bras de son mari, dans des endroits très surveillés où les mamans, de vieilles filles et les dames affligées de laideurs professionnelles, exercent une police toujours en éveil, rarement en défaut. […] On fera sentir à l’auteur, — qui le sait mieux que personne, — à quel point la compétence lui fait défaut pour traiter de si hautes questions.
Je ne puis me résoudre à voir, dans ce défaut de conclusions, l’indifférence méditée, l’abandon volontaire de la vérité, je suis tenté d’y reconnaître plutôt votre respect désespéré pour elle ! […] La tradition écrite, et, à son défaut, la tradition parlée, voilà le sol d’où il s’élance. […] Le choix me paraît bien difficile, tant les divers épisodes se tiennent, se renforcent les uns les autres, dans ce livre où le ton ne défaut pas un instant.
Fielding, dans Joseph Andrews, a également son bon curé, et la Paméla de Richardson, au défaut du jeune lord, ne doit-elle pas épouser quelque vicaire ?
Cousin lui-même, bien que plus rapproché du journal par son âge et par ses amis, s’en séparait crûment dans la conversation ; il ne répondait pas de ses disciples, il censurait leur marche, et savait marquer plus d’un défaut avec quelque trait de cette verve incomparable qu’on lui pardonne toujours, et que le Globe ne lui paya jamais qu’en respects.
Du bas en haut de l’échelle, les pouvoirs légaux ou moraux qui devraient représenter la nation ne représentent qu’eux-mêmes, et chacun d’eux s’emploie pour soi au détriment de la nation À défaut du droit de s’assembler et de voter, la noblesse a son influence, et, pour savoir comment elle en use, il suffit de lire les édits de l’almanach.
À défaut du revenu, on taxe le salaire.
VII Un autre ministre, dont le seul défaut était de ne douter jamais de lui-même, conseilla au roi de chercher le prestige de sa maison dans des alliances matrimoniales en Espagne.
Si je mourais avant Sa Sainteté, comme je le désire, mon héritier fiduciaire reste chargé de consacrer la somme fixée à l’érection de ce tombeau, dont l’exécution sera confiée au ciseau du célèbre marquis Canova, et, à son défaut, au célèbre chevalier Thorwaldsen, et, si celui-ci ne pouvait l’exécuter, à un des meilleurs sculpteurs de Rome.
Quand je revins à moi, je me trouvai toujours couchée dans la poussière du chemin, sur le bord du pont ; mais une jolie contadine, en habit de fête, penchait son gracieux visage sur le mien, me donnait de l’air au front avec son éventail de papier vert tout pailleté d’or, et me faisait respirer, à défaut d’eau de senteur, son gros bouquet de fleurs de limons qu’elle tenait à la main comme une fiancée de la campagne ; elle était tellement belle de visage, de robe, de dentelles et de rubans, monsieur, qu’en rouvrant les yeux je crus que c’était un miracle, que la Madone vivante était descendue de sa niche ou de son paradis pour m’assister, et je fis un signe de croix, comme devant le Saint-Sacrement, quand le prêtre l’élève à la messe et le fait adorer aux chrétiens de la montagne au milieu d’un nuage d’encens, à la lueur du soleil du matin, qui reluit sur le calice.
Temps nous soubrit ; uzons de sa largesse, Maiz sans abus : se faizans peult avoir, Sot est, ma foy, qui s’en tient à la gesse ; Ugne vertu par défaut de pouvoir Se pare en vain du beau nom de sagesse.
Taine des défauts contradictoires ; il lui reconnaît ce qu’il lui a dénié ; il reproche à cet épingleur d’insectes son « idéologie » et sa « folie métaphysique ».
Jacques Chaumié serait en défaut.
Le caractère de Montaigne, tel que nous le montrent les Essais, est celui d’un homme nonchalant par humeur, non moins que par la faveur d’une condition qui lui permettait le repos ; irrésolu, tantôt par l’effet des lumières, qui font voir autant de raisons pour s’abstenir que pour agir, tantôt par la fatigue de délibérer, détestant l’embarras des affaires domestiques, et préférant l’inconvénient d’être volé à l’ennui de veiller sur son bien ; ennemi de toute contrainte, jusqu’à regarder comme un gain d’être détaché de certaines personnes par leur ingratitude ; ne donnant prise sur lui à rien ni à personne, ne se mettant au travail qu’alléché par quelque plaisir simple, naïf, vrai avec lui-même et avec les autres ; ayant le droit de parler de sa facilité, de sa foi, de sa conscience, de sa haine pour la dissimulation, dans un temps où toutes ces qualités étaient autant de périls142 ; « ouvert, dit-il, jusqu’à décliner vers l’indiscrétion et l’incivilité » ; délicat à l’observation de ses promesses jusqu’à la superstition, et pour cela prenant soin de les faire en tous sujets incertaines et conditionnelles143 ; franc avec les grands, doux avec les petits ; le même homme que le besoin d’ouverture pouvait rendre incivil ; poussant la civilité jusqu’à être prodigue de bonnetades 144, notamment en été, dit-il, sans doute parce qu’on risque moins en cette saison de s’enrhumer en général, ayant les vertus de l’honnête homme, et sachant, en un cas pressant, en montrer ce qu’il en fallait, mais n’en cherchant pas l’occasion un mélange de naïveté et de finesse, d’ouverture et de prudence, de franchise et de souplesse ; modérant ses vertus comme d’autres modèrent leurs vices ; mettant pour frein à chacune ce grand amour de soi, dont il ne se cache pas et qui formait son état habituel ; enfin, s’il fut vain, ne l’étant guère moins de ses défauts que de ses qualités.
D’autres jugements : « L’analyse psychologique des personnages fait le plus souvent défaut » ou : « Wagner a porté tout l’effort de sa puissance révolutionnaire sur un seul objectif : l’illusion théâtrale … » Rectifions quelques informations erronées : dans Siegfried la scène de Siegfried et du Voyageur est après la traversée du feu ; ce qu’on appelle la scène d’amour de la Walkure est au premier acte ; etc. ; encore : Madame Vogl est de Munich, Mademoiselle Therese Malten de Dresde ; etc.
Je n’oublie pas le très bénin Jupiter de notre bande, le roi constitutionnel de nos jeux, « le père Pourrat », le précepteur de Louis, qui avait l’intelligence de nous montrer parfaitement à jouer et le bon esprit de s’amuser avec nous, autant que nous, — affligé du seul défaut de nous lire sa fameuse tragédie intitulée : Les Celtes.
Cependant cette situation est loin d’être générale et, à défaut du bas peuple, il reste assez de bouches françaises pour que l’envahissement de l’argot ne puisse, de longtemps, être considéré comme un danger.
Dès qu’à la tribune sacrée, De ses vieux défauts épurée, Il monte étincelant de génie et d’ardeur ; Des grands talents soudain la palme ceint sa tête, Et l’art dont il fait sa conquête Luit d’une plus vive splendeur.
Si les seuls points de repère qui sont donnés sont eux-mêmes variables, s’ils sont perpétuellement divers par rapport à eux-mêmes, toute commune mesure fait défaut et nous n’avons aucun moyen de distinguer dans nos impressions ce qui dépend du dehors, et ce qui leur vient de nous.
Cette manie de ramener si souvent des personnages qui ne sont point amusants est, vous en conviendrez, un grand défaut de goût.
Dans ce roman très travaillé, toutes les prétentions, tous les défauts, tous les vices, toutes les manies, et, je dirai plus, tous les tics de l’orde École à laquelle l’auteur appartient, sont poussés, par un homme qui ne manque pas de vigueur, jusqu’au dernier degré de l’aigu, de l’exaspéré, du systématique, de l’opiniâtre et du fou.
Pour l’instant, tout à ce travail de préparation, tout au scrupule d’une formation littéraire sérieuse, tout à la recherche du beau, et par la forme pure qui plaît, et par l’idée de vérité qui touche, je ne me laisserai pas emporter par le tourbillon du siècle, ni tenter par le désordre universel, cet orgueil de vouloir devancer les saisons que la Providence a fixées aux mondes, ce défaut dont vous savez bien que la société souffre, s’énerve et s’anémie.
. — Ils semblent n’avoir pas tenu compte de ce que l’expression mathématique du temps, lui communiquant nécessairement en effet les caractères de l’espace et exigeant que la quatrième dimension, quelles que soient ses qualités propres, ait d’abord celles des trois autres, péchera par défaut et par excès tout à la fois, comme nous venons de le montrer.
En recueillant les particularités des mœurs qui se retrouvent chez les différentes peuplades nègres à l’état naturel et primitif, on a pu dégager ce qui fait la nature propre de cette race, à savoir la prédominance marquée de la sensibilité sur la volonté et l’intelligence : d’où le défaut d’initiative et d’originalité, l’incapacité radicale pour les idées et les spéculations abstraites, pour les arts et les œuvres de grande création qui réclament une puissante volonté, pour les institutions de self-government qui demandent une forte personnalité ; d’où, au contraire, une aptitude marquée pour toute œuvre de passion violente, de sentiment tendre, d’imagination grossière.
J’ai connu un excellent musicien qui avait ce défaut de prononciation ; lorsqu’il se trouvait arrêté, il se mettait à chanter d’une manière fort agréable, et parvenait ainsi à articuler.
Telle qu’elle est, — avec ses qualités supérieures et ses défauts qui du moins restent candides, — la pièce, extrêmement intéressante, ne serait pas sans dureté (car enfin ces maladroits bienfaiteurs ont presque tous de bonnes intentions ; mal donner vaut tout de même mieux que de ne pas donner du tout, et l’on pourrait croire, selon le mot d’Augier, que ce que M. […] Le mot de La Rochefoucauld ne s’applique nulle part mieux qu’ici. « La gravité est un mystère du corps inventé pour cacher les défauts de l’esprit », ou même le défaut d’esprit. […] Le défaut, c’est que les bien portants parlent ici comme les malades. […] Une petite femme, jalouse de son mari jusqu’à la démence, se réfugie en province chez ses dignes parents, qui la guérissent de son vilain défaut par un artifice plein de bonhomie. […] Autre défaut, si je ne m’abuse.
Elle a voulu se montrer dans son Journal telle qu’elle était, avec ses défauts et ses qualités, sa mobilité constante et ses perpétuelles contradictions. […] L’esprit de sacrifice lui fit toujours défaut. […] Zola n’a guère mis dans ce nouveau livre que ses défauts. […] Mais le pire défaut de la Terre, c’est l’obscénité gratuite. […] Bien que ces façons de dire me choquent médiocrement, puisqu’elles étaient dans le goût du temps, je veux bien les condamner avec tous les autres défauts du style de M.
La parole de Jésus ne devait plus s’éteindre et l’on peut affirmer, sans mysticisme, qu’à défaut des prophètes, elle a passé et passe par la bouche harmonieuse de quelques écrivains. […] Que d’orgueil, dans ce court programme, mais comme ici l’orgueil perd toute acception de défaut, devient le grand réservoir d’énergie, le moteur d’un tempérament excessif qui doit se croire un Jupiter, assembler les mots comme les nuées ! […] Est-il bien sans défaut ? […] Quand il s’agit d’esprits de cette envergure, relever des défauts peut sembler ridicule. […] Hervieu a merveilleusement évité ce double défaut.
Si donc l’intelligence devait être retenue, au début, sur une pente dangereuse pour l’individu et la société, ce ne pouvait être que par des constatations apparentes, par des fantômes de faits : à défaut d’expérience réelle, c’est une contrefaçon de l’expérience qu’il fallait susciter. […] A défaut de puissance, nous avons besoin de confiance. […] Il a ses qualités, ses défauts, son caractère.
Dès le commencement de leur liaison, Mme de Staël l’avait agréablement signalé à Degérando pour ce défaut-là. […] Dans la partie de ses Mémoires qui a pour titre Campagne de France, à la dernière page, après avoir parlé des différents essaims d’émigrés qui traversèrent successivement l’Allemagne et qui s’y firent estimer par leur résignation, leur patience, leurs industrieux efforts pour gagner leur vie en travaillant : « Ils ont su, ajoute-t-il, se rendre assez intéressants pour faire oublier les défauts de la plupart de leurs frères et pour changer l’antipathie en une faveur décidée.
Daunou fit paraître, en 1826, le travail le plus complet qu’on ait sur La Harpe, et dans lequel, sans rien taire des défauts, des légèretés et des palinodies, il insista sur les qualités durables. […] Quoique ce défaut, qui tient à l’abus de la méthode dite d’analyse, n’ait pas laissé de restreindre, j’ose le croire, la portée de M.
C’était un imprimeur, fils de menuisier, qui, à l’âge de cinquante ans et pendant ses moments de relâche, écrivait dans son arrière-boutique : homme laborieux qui, à force de travail et de conduite, s’était élevé jusqu’à l’aisance et à l’instruction ; du reste délicat, doux, nerveux, souvent malade, ayant le goût de la société des femmes, habitué à correspondre pour elles et avec elles, d’habitudes réservées et retirées, n’ayant pour défaut qu’une vanité craintive. […] Elle se fait pour elle-même la statistique et la classification des mérites et des défauts de Lovelace, avec divisions et numéros.
Les vertus de la bourgeoisie ne doivent pas être celles de la noblesse ; ce qui fait un parfait gentilhomme serait un défaut chez un bourgeois. […] Car c’est un avantage capital de Taine, et que nul de ses ennemis ne songerait à lui contester, qu’il est net ; il ne masque point ses ambitions ; il ne dissimule point ses prétentions ; brutal et dur, souvent grossier, et mesurant les grandeurs les plus subtiles par des unités qui ne sont point du même ordre, il a au moins les vertus de ses vices, les avantages de ses défauts, les bonnes qualités de ses mauvaises ; et quand il se trompe, il se trompe nettement, comme un honnête homme, sans fourberie, sans fausseté, sans fluidité ; lui-même il permet de mesurer ce que nous nommons ses erreurs, et par ses erreurs les erreurs du monde moderne ; et dans les erreurs qui, étant les erreurs de tout le monde moderne, lui sont communes avec Renan, il nous permet des mesures nettes que Renan ne nous permettait pas ; nous lui devons la formule et le plus éclatant exemple du circuit antérieur ; je ne puis m’empêcher de considérer le circuit antérieur, le voyage du La Fontaine, comme un magnifique exemple, comme un magnifique symbole de toute la méthode historique moderne, un symbole au seul sens que nous puissions donner à ce mot, c’est-à-dire une partie de la réalité, homogène et homothétique à un ensemble de réalité, et représentant soudain, par un agrandissement d’art et de réalité, tout cet immense ensemble de réalité ; je ne puis m’empêcher de considérer ce magnifique circuit du La Fontaine comme un grand exemple, comme un éminent cas particulier, comme un grand symbole honnête, si magnifiquement et si honnêtement composé que si quelqu’un d’autre que Taine avait voulu le faire exprès, pour la commodité de la critique et pour l’émerveillement des historiens, il n’y eût certes pas à beaucoup près aussi bien réussi ; je tiens ce tour de France pour un symbole unique ; oui c’est bien là le voyage antérieur que nous faisons tous, avant toute étude, avant tout travail, nous tous les héritiers, les tenants, la monnaie de la pensée moderne ; tous nous le faisons toujours, ce tour de France-là ; et combien de vies perdues à faire le tour des bibliothèques ; et pareillement nous devons à Taine, en ce même La Fontaine, un exemple éminent de multipartition effectuée à l’intérieur du sujet même ; et nous allons lui devoir un exemple éminent d’accomplissement final ; car ces théories qui empoignent si brutalement les ailes froissées du pauvre génie reviennent, elles aussi, elles enfin, à supposer un épuisement du détail indéfini, infini ; elles reviennent exactement à saisir, ou à la prétention de saisir, dans toute l’indéfinité, dans toute l’infinité de leur détail, toutes les opérations du génie même ; chacune de ces théories, d’apparence doctes, modestes et scolaires, en réalité recouvre une anticipation métaphysique, une usurpation théologique ; la plus humble de ces théories suppose, humble d’apparence, que l’auteur a pénétré le secret du génie, qu’il sait comment ça se fabrique, lui-même qu’il en fabriquerait, qu’il a pénétré le secret de la nature et de l’homme, c’est-à-dire, en définitive, qu’avant épuisé toute l’indéfinité, toute l’infinité du détail antérieur, toute l’indéfinité, toute l’infinité du détail intérieur, en outre il a épuisé toute l’indéfinité, toute l’infinité du détail de la création même ; la plus humble de ces théories n’est rien si elle n’est pas, en prétention, la saisie, par l’historien, par l’auteur, en pleine vie, en pleine élaboration, du génie vivant ; et pour saisir le génie, la saisie de tout un peuple, de toute une race, de tout un pays, de tout un monde.
Nous pensions à cette liberté, à ce charme de brusquerie, à cette parole passionnée, à cette langue colorée d’artiste, à ce sabrement des choses bêtes, à ce mélange de virilité et de petites attentions féminines, à cet ensemble de qualités, de défauts même, marqués au coin de notre temps, et tout nouveaux dans une Altesse, — et qui font de cette femme le type d’une princesse du xixe siècle : une sorte de Marguerite de Navarre dans la peau d’une Napoléon. […] Le seul défaut de Mme Plessy est son instantanéité d’intuition qui ne s’arrête et ne se fixe pas.
Cependant, et tandis qu’il étalait ainsi publiquement, cyniquement, sa religion de la nature, un autre sentiment, qui lui manque, naissait et se développait chez quelques-uns de ses contemporains : c’est ce sentiment de l’Art, que nous avons vu faire cruellement défaut au Moyen Âge, et dont la réapparition dans le monde est si caractéristique de l’esprit de la Renaissance. […] Satires iii et viii]. — Ses défauts : — l’incorrection et la prolixité [Cf.
C’est là le défaut qui se trouve à chaque page, à chaque ligne du livre de M. […] Ou cet homme appartient à l’histoire, et alors il est parfaitement assuré que l’histoire ne fera pas défaut à ses œuvres ; ou bien l’histoire n’est pas faite pour aller jusqu’à cet homme : aussitôt vous comprenez l’ironie et le mépris public qui s’attachent forcément à la tentative malheureuse de ce pauvre hère qui a tenté de pénétrer, de son autorité privée, au milieu du sanctuaire réservé aux personnages historiques. « Ôtez d’ici tous ces magots ! […] Dans cette émeute de l’univers, autour du triomphateur, notre jeune Romain cherche un homme qui ne soit pas un soldat ou un sénateur ; il cherche un des amis de Cicéron : Gallus, Lentulus, Trebatius, Curion, Titius ; et même, à défaut d’un citoyen, il cherche un esclave avec qui il puisse parler du grand homme dont la tête éloquente, attachée à la tribune aux harangues, devait trouver bientôt, à cette place illustre, le seul sépulcre qui ne fût pas indigne de ce martyr des libertés de la parole. […] Redescendre ainsi vers Fouché, l’introduire dans le conseil royal était, pour M. de Talleyrand, une grande méprise, et, cette fois, un défaut d’habileté par défaut de scrupule. […] La presse française, à défaut d’autres victimes, a déversé sur elle-même la bave et l’injure, l’outrage et le sang.
La caricature des Français fut tracée par l’auteur de Corinne, dans le portrait du comte d’Erfeuil, léger, vaniteux, bavard, résumant par les grâces de son aimable personne tous les défauts que nous tenons de notre extrême sociabilité. […] Et il le jugea ainsi : « M. de Choiseul a toutes les qualités et les défauts d’un homme de cour. […] Mais les vaincus ne sont pas absents de ce champ d’honneur, où ils ont trouvé, à défaut du succès, un surcroît de gloire. […] Là, dans une chambre du rez-de-chaussée, le maréchal Bazaine, après avoir réuni les maréchaux Canrobert et Le Bœuf, les généraux Ladmirault, Frossard, Coffinières et Soleille, commandant sous ses ordres, signa une capitulation qui livrait au prince Frédéric-Charles la place de Metz, 173 000 hommes, 1 570 canons, 137 000 chassepots, 123 000 armes diverses, et tous les drapeaux de l’armée, de quoi munir tous les arsenaux et pavoiser tous les palais d’outre-Rhin… Ce généralissime avait oublié, à défaut des injonctions de sa conscience, l’article 209 du Code de justice militaire, ainsi conçu : Peine de mort, avec dégradation militaire, pour tout gouverneur ou commandant qui rend la place qui lui a été confiée. […] Le manque d’un point d’appui, l’absence de directions extérieures, le défaut d’une autorité centrale, désarment les cœurs faibles, aveuglent les esprits médiocres, encouragent les ambitions basses, embrouillent les sournoises intrigues.
En France, parmi les journalistes même les mieux placés, la méprise avait eu lieu ; les critiques, dès le premier moment, n’avaient pas manqué de retrouver dans l’ode en question les qualités, les défauts surtout du grand lyrique d’alors : il fallut décompter.