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1339. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

qu’on est malheureux, d’être comme je suis, d’avoir des nerfs qui me font tout percevoir du dedans des gens qui m’entourent, ainsi qu’un corps souffreteux reçoit inconsciemment l’impression des températures ambiantes, en leurs moindres variations. […] Une première impression un peu cauchemaresque : l’impression d’entrer dans une chambre pleine de portraits fantomatiques aux grandes mains pâles, aux chairs morbides, aux couleurs évanouies sous un rayon de lune. […] Et ce soir, je me suis mis à reregarder des impressions japonaises et des porcelaines de Saxe.

1340. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Un art d’impressions pures n’est pas un art : il n’en est que les éléments. […] La pure impression, naïve et forte, délicate ou profonde, vaut d’ailleurs mille fois mieux que les plus habiles discours de l’école et la géométrie la plus savante. […] Il a changé de dieu, mais il n’a pas changé ; l’impression que l’on emporte, dès qu’on l’entend parler, c’est plutôt que les dieux se sont réconciliés en lui.    . […] Laisser s’éparpiller l’esprit et noter les impressions que reçoit la sensibilité déliée du licol logique n’est point chose vaine.

1341. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

Je me bornerai à extraire ici, d’un cahier où je notais alors mes impressions au jour le jour, quelques traits qui le concernent au lendemain du 24 février 1848.

1342. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Puis, l’adresse de ce littérateur va jusqu’à enfermer en nous l’impression comique obtenue, à l’empêcher de s’évaporer dans le bouillonnement d’une gaîté, à veiller à ce qu’elle ne fuse dans un rire.

1343. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

L’ordre naturel de ce livre, qui n’est autre que l’ordre même des périodes diverses de ma vie, amène une sorte de, contraste entre les récits de Bretagne et ceux du séminaire, ces derniers étant tout entiers remplis par une lutte sombre, pleine de raisonnements et d’âpre scolastique, tandis que les souvenirs de mes premières années ne présentent guère que des impressions de sensibilité enfantine, de candeur, d’innocence et d’amour.

1344. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

C’est par ces heureux ressorts qu’il fera éprouver, dans la postérité, les mêmes impressions qu’il produisit dans son siecle.

1345. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

On se plaint aussi de M. d’Alembert, de son peu de fidélité, de force même dans sa copie, de son projet de ne traduire que des morceaux, du reproche qu’il fait à Tacite de présenter des images ou des idées puériles, d’opposer, par exemple, « la rougeur du visage de Domitien à la pâleur des malheureux qu’on exécutoit en sa présence, & de faire remarquer que cette rougeur, étant naturelle, préservoit le visage du tyran de l’impression de la honte ».

1346. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Il n’a pas ce genre d’imagination, difficile à dompter, qui maîtrise et entraîne un homme vers les spectacles pressentis par l’âme qui les aime et qui doit en recevoir l’impression à pleins bords et avec d’inexprimables frémissements.

1347. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Des soldats du régiment de Flandre et de divers corps avaient été admis à ce spectacle, afin qu’ils pussent en porter à leurs camarades le récit et les impressions.

1348. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

III Franchement, c’était prestigieux d’exécution et curieux d’érudition, de mots recueillis, de citations et d’anecdotes, et il y avait là une vie d’impression, d’imagination et d’âme, très intense, que ne connurent pas, depuis, les romans de MM. de Goncourt.

1349. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Madame de Hanska est entrée dans le génie et dans la gloire de Balzac, comme elle était entrée dans son cœur… C’est elle qui a, sans doute, autorisé l’impression et la publication des lettres du grand homme qui avait mis, avec une si docile tendresse, sa tête de lion sous sa main.

1350. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

D’éducation incorrigible, d’impression première plus forte que lui, Cousin est écossais, cartésien, leibnitzien, éclectique enfin, mais antiscientifique, n’ayant point de science philosophique mais une littérature philosophique, et c’est la raison pour laquelle il a une peur bleue de Hegel dès qu’il cesse de l’aimer, ce bel esprit philosophique à l’imagination infidèle !

1351. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Le mystique Hello, qui y croit, lui, est supérieur, par ce côté surnaturel et frémissant, à l’incrédule américain, et par cela seul il cause naturellement une impression plus profonde.

1352. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Tout cela est si gros de visée, et dans le détail, comme on le verra, si blessant pour les idées acquises, si révoltant au premier abord, pour les éducations et les impressions contemporaines, que la Critique, fût-elle persuadée que la vérité est ici du côté de l’audace, doit, dans l’intérêt même du livre, s’interdire d’abord tout ce qui en dépasserait l’analyse complète et fidèle.

1353. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Ce ne sont pas les grands artistes par la délicatesse et par la beauté pure de l’idéal, bien plus difficile à comprendre… Assurément cet idéal, que Guérin souffrait tant de ne pouvoir saisir comme il le voyait, pour l’emprisonner dans la forme vive et diaphane d’une langue digne de le contenir, cet idéal rayonne, comme un ciel lointain, à travers les paysages qu’il nous a peints ; mais il n’y rayonne que pour ceux qui savent l’y voir ; tandis que pour le plus grand nombre, que la réalité visible attire, ce qui constituera le grand mérite de ces paysages, c’est leur vie, c’est la vérité d’impression  de ces aperçus, transposés de la vision plastique dans la vision littéraire… et qui nous effacent presque du coup les paysagistes les plus vantés : Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, madame Sand, dont la seule qualité qui n’ait pas bougé dans des œuvres déjà passées est d’être une paysagiste !

1354. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Ici l’impression et la couleur sont si justes que l’écrivain n’a pas besoin de peser sur son récit.

1355. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

— ne laissent dans nos souvenirs que l’impression de leurs chefs-d’œuvre et le nom qu’ils ont immortalisé, mais La Fontaine y a laissé son œuvre même.

1356. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

Ces poésies, ces noires poésies de circonstance, appelées des Idylles par le poète avec une atroce ironie, écrites, comme il le rappelle : « au jour le jour du siège, quand les obus prussiens éventraient nos maisons », sont moins des hymnes qui entraînent en avant que des élégies désespérées, poinçonnant dans le cœur qu’elles déchirent des impressions qui ne doivent plus jamais s’en effacer… Memoranda terribles (seront-ils féconds ?)

1357. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Il n’a pas dans ses poèmes posthumes — je le sais aussi bien que ceux qui le crient sur les toits — la plénitude, la fraîcheur et le rayon des poésies de sa jeunesse, mais il s’y trouve une profondeur d’impression, une âpreté poignante dont l’effet me prend souverainement le cœur et me le déchire.

1358. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Son livre d’aujourd’hui n’ira pas plus loin dans l’impression de ses lecteurs qu’un conte d’Hoffmann ou d’Edgar Poë, et même il n’ira pas si loin, car il n’a pas le sens halluciné, visionnaire, dansant entre le jour et l’ombre, des vrais fantastiques.

1359. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Toute la fin respire le charme de l’amitié, et porte l’impression de cette mélancolie douce et tendre, qui quelquefois accompagne le génie, et qu’on retrouve en soi-même avec plaisir, soit dans ces moments, qui ne sont que trop communs, où l’on a à se plaindre de l’injustice des hommes ; soit lorsque blessée dans l’intérêt le plus cher, celui de l’amitié ou de l’amour, l’âme fuit dans la solitude pour aller vivre et converser avec elle-même ; soit quand la maladie et la langueur attaquant des organes faibles et délicats, mettent une espèce de voile entre nous et la nature ; ou lorsqu’après avoir perdu des personnes que l’on aimait, plein de la tendre émotion de sa douleur, on jette un regard languissant sur le monde, qui nous paraît alors désert, parce que, pour l’âme sensible, il n’y a d’êtres vivants que ceux qui lui répondent.

1360. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Les nudités de la sculpture laissent une impression grave, sérieuse et chaste. […] Les bastonnades infiniment trop multipliées de don Quichotte finissent par fatiguer le lecteur et par produire sur lui une réelle impression de monotonie. […] Voilà, décrite aussi exactement qu’il nous est possible, la forme d’imagination de Cervantes et l’impression qu’elle fait sur nous. […] Deux petits incidents vinrent clore ce pèlerinage et compléter les impressions qu’il m’avait données. […] Les impressions nées exclusivement de la lecture portent pour titre le Monde des livres.

1361. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Comme il ne fallait pas laisser perdre une impression si rare, il la nota sur son précieux Journal. […] Il y a, dans ces pages, toutes chaudes d’action et d’impression récentes, cette saveur d’expérience, cette bonne odeur de réalité, qui manque à la rhétorique essoufflée et casanière des réalistes professionnels. […] Paul Bourget nous donnera, sans doute, un jour, les idées et les impressions qu’a éveillées en lui le spectacle très complexe de l’Italie contemporaine. […] Bonvalot et le prince Henri d’Orléans ont exposé les objets qu’ils ont rapportés de l’Asie centrale, on est poursuivi par des impressions très nettes et des visions singulièrement précises. […] C’est justement cette impression, un peu ambiguë, que Mme Judith Gautier, MM. 

1362. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Quelle impression ! […] La lecture finie, fût-ce au bout de plusieurs jours, je résume l’œuvre sur une fiche portant le nom de l’auteur ; j’écris mon impression critique ; j’indique les endroits à citer ou à étudier. […] La lecture doit donner une impression totale, qui se transfuse en vous précisément parce qu’elle est totale. […] Cet heureux talent est dû surtout à une imagination puissante, qui reçoit d’abord une vive impression de l’objet ; puis, en employant un choix convenable de circonstances pour le décrire, transmet cette impression dans toute sa force à l’imagination des autres. » Le maître immortel de la description matérielle, c’est Homère. […] Il faut remonter, pour ainsi dire, jusqu’au point de départ de son impression, et c’est le seul moyen de la communiquer exactement aux autres.

1363. (1929) La société des grands esprits

Et l’on se dit que ces impressions de voyage sont une bonne préparation à la visite du lendemain. […] Il conte ses impressions, à bâtons rompus. […] On lui fait dire ce qu’on veut ; il accorde à ses impressions intimes une valeur objective, aisément et sans contrôle. Les mystiques prétendent que ces impressions constituent une connaissance directe et intuitive. […] Je le répète, toujours description matérielle et jamais impression.

1364. (1930) Le roman français pp. 1-197

Même Stendhal, dont l’œuvre pourtant ne décèle aucune imitation, aucun souvenir de celle de Richardson et de Walter Scott, en plusieurs endroits de sa correspondance, ne cache pas l’impression que lui avait faite ces devanciers de l’autre côté de l’eau. […] Il fallait un sorcier qui crée véritablement les choses, le petit oiseau qui s’envole ou le fantôme qui apparaît : on n’a plus qu’un illusionniste, dont on dit : « Comme il est adroit. » Sentiment funeste à l’impression de crédibilité. […] Les précédents m’ont trop bien montré que l’attitude d’un romancier à l’égard des problèmes de la vie future, et même politique et sociale, n’avait aucune influence sur l’impression que gardait d’eux la postérité. […] Emmanuel Bove, Pierre Bost et d’autres, l’intérêt subsiste, l’écrivain sachant quand même inspirer l’impression du réel. […] Et pourtant, le livre fermé, vous aurez l’impression que jamais encore vous n’avez lu « quelque chose comme ça ».

1365. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

L’impression qu’avoit fait son discours en France passa jusqu’en Espagne. […] Notre cordelier ne se déconcerta point : il répéta les mêmes paroles, & fit impression. […] Tout dépend, pour le commun des hommes, des premières impressions qu’ils ont reçues dans leur jeunesse. […] Le plaidoyer fut également applaudi à l’impression. […] L’impression que fit cette modération du pape sur les dominicains & sur les jésuites fut bien différente, selon certains auteurs.

1366. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Chacun prend de la défiance, & communique aux siens les mêmes impressions. […] Leur haine réciproque s’étend à tout : ils communiquent à leurs élèves les mêmes impressions. […] Enfin, l’impression du premier volume des Mémoires de cette nouvelle compagnie, fut l’époque favorable où il plut au roi de prononcer. […] L’arrêt du parlement est du 23 janvier 1759, & celui du conseil du roi, qui révoque le privilège accordé pour l’impression du livre, est du 8 mars de la même année. […] Il souffrit quelques difficultés pour l’impression : mais l’abbé de la Trappe y ajouta des éclaircissemens : ensuite il donna une explication sur la règle de saint Bénoît.

1367. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Un voyage à Maroc laissa dans son esprit, à ce qu’il semble, une impression profonde ; là il put à loisir étudier l’homme et la femme dans l’indépendance et l’originalité native de leurs mouvements, et comprendre la beauté antique par l’aspect d’une race pure de toute mésalliance et ornée de sa santé et du libre développement de ses muscles. […] Un tableau de Delacroix, Dante et Virgile, par exemple, laisse toujours une impression profonde, dont l’intensité s’accroît par la distance. […] L’impression qu’elle produisait alors sur l’âme du spectateur était si soudaine et si nouvelle, qu’il était difficile de se figurer de qui elle est fille, quel avait été le parrain de ce singulier artiste, et de quel atelier était sorti ce talent solitaire et original. — Certes, dans cent ans, les historiens auront du mal à découvrir le maître de M.  […] Je n’ai jamais rien vu d’aussi poétiquement brutal, même dans les orgies les plus flamandes. — Voici en six points les différentes impressions du passant devant ce tableau : I° vive curiosité ; 2° quelle horreur ! […] En général, leurs portraits ont cela d’excellent qu’ils plaisent surtout par l’aspect, qui est la première impression et la plus importante.

1368. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Thiers ; l’historien pathétique manque, il est vrai ; cependant les scènes de la guerre lui inspirent quelquefois un héroïsme de style et une émotion de pinceau qui rendent merveilleusement les impressions non individuelles, mais collectives, du champ de bataille. […] En écoutant les discours tenus devant lui, il put se convaincre que ces deux journées avaient produit une forte impression, et que quelques-uns de ses lieutenants étaient partisans de la résolution de repasser tout de suite, non seulement le petit bras, afin de se retirer dans l’île de Lobau, mais aussi le grand bras, afin de se réunir le plus tôt possible au reste de l’armée, au risque de perdre tous les canons, tous les chevaux de l’artillerie et de la cavalerie, douze ou quinze mille blessés, enfin l’honneur des armes. […] C’est que, sous ce dénuement apparent de style, il y a mieux que le style lui-même, il y a la chose, il y a le fait, il y a l’objet ; il y a plus encore, il y a l’impression.

1369. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Sans doute vous pourrez étudier l’œuvre à loisir et vos yeux et votre esprit scruteront successivement tous les détails de la composition et de l’exécution, mais vous ne les entendrez bien qu’à la condition de revenir sans cesse au point qui les relie, où s’accumulent les détails et qui leur permet de produire une immédiate impression d’ensemble. […] L’œuvre d’art doit produire une impression d’ensemble : il faut donc que ses dimensions matérielles ne dépassent point les possibilités de la compréhension humaine. […] Il semble pourtant que l’avenir appartienne aux poètes de pensée, que ce trouble siècle où nous sommes leur ait servi d’expérience, qu’en près de cent ans ils aient recensé avec les vieux classiques, puis les romantiques, puis les naturalistes, les divers moyens de traduire l’âme humaine selon ses diverses impressions.

1370. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

qui n’est presque jamais l’intérêt profond, passionné, à impression ineffaçable, que donnent les livres forts et grands ; mais il a cette fleur de l’amusement qu’on respire, — et qu’on jette aussi (rarement pour la reprendre) après l’avoir respirée. […] Jusqu’à l’impression du chemin qu’on a fait et des endroits par où l’on a passé s’efface. […] Ce n’en est pas une, puisqu’on n’a pas marché, que le récit, qui commence le roman à venir et finit le volume actuel, de cette mort d’un père pénétrant des premières impressions chrétiennes l’âme d’un enfant qui les retrouvera un jour dans son âme et qui redeviendra chrétien.

1371. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

— J’habitais Rome lorsque parut ce « rifacimento » ; nous le lûmes un soir, entre amis, et j’eus aussitôt l’impression désagréable de tons heurtés, d’une cacophonie. […] ou n’est-ce chez moi qu’une impression subjective, parce que le Piacere fut ma première lecture de D’Annunzio, donc une surprise, et que tous les autres romans n’en sont que des formes dérivées et exagérées ? […] Le drame est en quelque sorte une avalanche ; si ses phases se succèdent à de larges intervalles, j’ai facilement l’impression qu’il n’était point fatal et qu’une intervention quelconque aurait pu l’arrêter58.

1372. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Il a fallu que j’employasse le prix d’un beau diamant, que je portais au doigt, à payer l’impression et la reliure. […]   Nous avons parlé du peu d’impression que produisit sur le public l’apparition du système de Vico. […] Mais il sentit les inconvénients de cette méthode négative : d’ailleurs un revers de fortune l’avait mis hors d’état de faire des frais d’impression si considérables.

1373. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

… Mais, après ce qu’on a lu, l’impression ne pourrait que s’affaiblir. […] Louise Labé n’est leur type sous aucun point de vue, et Mlle de Lespinasse pas davantage. » Ce que je puis dire seulement, c’est que j’ai parlé d’après quelques exemples à moi connus et d’après l’impression de personnes qui ont elles-mêmes vécu à Lyon ; je suis loin de prétendre que les femmes de la société lyonnaise proprement dite soient ainsi ; j’ai eu en vue celles de toutes les classes, et même au-dessous de la bourgeoisie.

1374. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Delphine est certainement un livre plein de puissance, de passion, de détails éloquents ; mais l’ensemble laisse beaucoup à désirer, et, chemin faisant, l’impression du lecteur est souvent déconcertée et confuse : les livres, au contraire, qui sont exécutés fidèlement selon leur propre pensée, et dont la lecture compose dans l’esprit comme un tableau continu qui s’achève jusqu’au dernier trait, sans que le crayon se brise ou que les couleurs se brouillent, ces livres, quelle que soit leur dimension, ont une valeur d’art supérieur, car ils sont en eux-mêmes complets. […] Le respect pourtant et une sorte d’admiration s’attachaient à elle et corrigeaient l’impression de ses alentours.

1375. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Bref, je me borne à dire, sur les trois portefeuilles, que je ne les ai jamais bien conçus ; qu’aujourd’hui que j’ai vu l’unique, c’est moins que jamais mon impression de croire aux autres, et que j’ai en cela pour garant l’opinion formelle de M.  […] Piscatori une impression singulière de nouveauté et d’éloquence.

1376. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Dubois, qui, placé alors à Besançon, et lui-même atteint de cruelles douleurs et pertes domestiques, y cherchait un allégement dans l’entretien de l’amitié et dans les impressions pacifiantes d’une majestueuse nature. […] A quelques pas en avant, un pâtre debout, les bras croisés et appuyé sur son bâton, semblait aussi absorbé dans la grandeur des choses ; le philosophe en fut vivement frappé, et dit : « Il y a en cette âme que voilà toutes les mêmes impressions que dans les nôtres. » — Les images nombreuses et si belles dans la bouche de M. 

1377. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Mais ce télégraphe électrique de l’oreille qui fixera un jour ces fugitivités de l’inspiration des Liszt ou des Paganini, n’était pas encore inventé ; ces notes ne se fixaient qu’à l’état d’impression dans nos âmes, quand l’artiste improvisait pendant des heures sur le piano du salon, aux clartés de la lune, les fenêtres ouvertes, les rideaux flottants, les bougies éteintes, et que les bouffées des haleines nocturnes des prés emportaient ces mélodies aériennes aux échos étonnés des bois et des eaux. […] Les montagnes du Forez, cette Auvergne du Midi, berceau de son enfance, les scènes de la vie agricole, vrai cadre de toute poésie, les fenaisons, les moissons, les vendanges, les semailles, les mille impressions douces, fortes, tendres, tristes, rêveuses, qui montent au cœur de l’homme agreste dont le goût n’est pas encore blasé par la vie artificielle des cités, tous ces évangiles des saisons qui chantent Dieu par ses œuvres dans le firmament comme dans l’hysope, sont les textes de ces délicieuses compositions.

1378. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

J’engage mes lecteurs à les lire ; on y verra combien j’ai changé d’impression sur ce faux prophète d’une liberté anarchique, d’une liberté sans limites, d’une égalité impraticable. […] Les deux enfants qu’elle avait donnés au trône, loin de la flétrir, ajoutaient à l’impression de sa personne ce caractère de majesté maternelle qui sied si bien à la mère d’une nation.

1379. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

À l’âge où les impressions sont si vives, je n’en ai eu que de pieuses. […] à elle-même ; elle note simplement ses impressions de la journée sans penser qu’un autre œil que le sien sondera jamais ces doux mystères.

1380. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

« Sous l’impression de cette crainte, je ne consultai que mon honneur et la vérité. […] Il entendit pour la première fois à Naples les plus beaux morceaux du jeune Cimarosa ; il en reçut une telle impression qu’elle s’immobilisa dans son cœur.

1381. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Leurs sermons, sur ce sujet, me faisaient une impression profonde qui a suffi à me rendre chaste durant toute ma jeunesse. […] Maintenant, avec ma pauvre âme déveloutée de cinquante ans 3, cette impression dure encore.

1382. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Mais je ne voudrais pas contrister ceux qui leur ont dû quelques vives impressions d’enfance et leur gardent dès lors un souvenir reconnaissant. […] Sans doute c’est à condition que le poète soit poète ; qu’il sache transformer des idées en émotions ; qu’il ne rime pas des formules techniques, mais les sentiments éprouvés par une âme enthousiaste ; qu’il ne se pique pas d’enseigner, mais qu’il travaille à suggérer des impressions  ; qu’il s’appuie sur les données fournies par les savants, mais pour s’élancer jusqu’à des élévations qui les dépassent ; qu’il soit en un mot capable de comprendre et d’appliquer ce précepte d’André Chénier : L’art ne fait que des vers ; le cœur seul est poète ; ou, mieux encore, qu’il se conforme à cette définition de l’art proposée par Tolstoï124 : « C’est un organe vital de l’humanité, qui transporte dans le domaine du sentiment les conceptions de la raison. » Ces conditions marquent une fois de plus la limite que la science ne peut franchir dans son alliance avec la littérature sans lui faire tort.

1383. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Aux concerts de 1860, à Paris, il paraît que l’impression générale fut bonne ; mais Wagner, dont Tannhæuser allait être joué à l’Opéra avait de nombreux acharnés ennemis : en tête Berlioz ; dans son feuilleton du journal des Débats (février), il s’ingénia à trouver des critiques au moins étranges : « Il est singulier, dit-il, parlant du prélude de Tristan, que l’auteur l’ait fait exécuter au même concert que l’introduction de Lohengrin, car il a suivi le même plan dans l’une et dans l’autre. […] Enfin là se trouva également un jeune homme qui devait ensuite devenir l’ami et le commentateur et propagateur illustre du Maître, Edouard Schuré : « C’est l’ineffaçable impression que j’en reçus, dit-il dans son livre du Drame musical, qui m’amena plus tard à une étude approfondie de Richard Wagner. » M. 

1384. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

A en juger d’après l’impression du public, il ne paraît pas que ces transpositions du drame Wagnérien dans une salle de concert soient bien fâcheuses : aux quatre auditions du premier acte de la Walküre, public nombreux, attentif, ému, finalement enthousiaste ; succès sans conteste. […] Les deux œuvres, deux confessions de foi écrite avec le sang du martyre, nous disent donc ce que le Maître a vu ; et la connaissance de sa vie pendant les années de 1845-1882, dans les trente-sept années où sont nés Tristan et Parsifal nous fera comprendre les impressions qui les ont produits.

1385. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

L’émotion est ainsi un état très instable et très rare de l’esprit : elle est un rapide afflux d’images, de notions, un afflux si dense et tumultueux que l’âme n’en peut discerner les éléments, toute à sentir l’impression totale. […] En ceci, le génie du maître est allé si loin que l’auditeur partage les impressions, les délices cruelles et les ineffables amertumes des personnages.

1386. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Des émotions pures et cordiales effacent à propos l’impression choquante de cette scène. […] L’effet d’une pièce dépend de la première impression : les rajustements n’y font rien ; elle reste dans la mémoire ce qu’elle était lorsqu’elle a paru.

1387. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

* * * — Je copie ces quelques lignes dans de vieilles notes d’Edmond : « Quand je commençai à être un jeune homme, je me rappelle qu’allant au printemps dans la campagne, j’avais une impression langoureusement triste de cette terre à la pauvre petite verdure, de ces arbres maigrelets, de toute cette puberté souffrante de la nature, et je me surprenais des larmes dans les yeux, gonflé de désirs, les glandes des seins douloureuses, l’âme, pour ainsi dire, pleine de bourgeons. À cette époque, le désir de la femme, non chaudement sensuel, mais plutôt une aspiration vers elle, grêle, malingre, souffreteusement élancée, une aspiration ayant quelque chose de l’impression donnée par la contemplation d’une statuette de vierge gothique.

1388. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

D’aventures, il est bien entendu que je n’en ai nul besoin ; mais les impressions de petite fille et de toute petite fille, mais des détails sur l’éveil simultané de l’intelligence et de la coquetterie, mais des confidences sur l’être nouveau créé chez l’adolescente par la première communion, mais des aveux sur les perversions de la musique, mais des épanchements sur les sensations d’une jeune fille, les premières fois qu’elle va dans le monde, mais des analyses d’un sentiment dans de l’amour qui s’ignore, mais le dévoilement d’émotions délicates et de pudeurs raffinées, enfin, toute l’inconnue féminilité du tréfonds de la femme, que les maris et même les amants passent leur vie à ignorer… voilà ce que je demande. […] paraissait dans la première huitaine de décembre avec cette note au verso du titre : Ce roman a été livré à l’impression le 5 novembre.

1389. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

En d’autres termes : quelques-unes de nos impressions ou de nos sensations, — telles la couleur de la rose, la saveur de la pèche, — peuvent avoir en nous, dans la constitution intime de notre organisme ou de notre intelligence, les raisons de leur diversité ; mais quelques autres ne les y ont pas, et, par exemple, ce n’est pas seulement en nous que la chaleur se transforme en mouvement. […] Ou bien le monde extérieur existe, et les impressions que nous en recevons sont conformes à leur objet, les phénomènes sont en soi ce qu’ils nous semblent être, ils seraient encore tout ce qu’ils sont si nous n’existions pas nous-mêmes ; — et c’est une seconde solution.

1390. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Pendant qu’on passe en revue une longue file de circonstances, le feu se ralentit nécessairement, et l’impression qu’on veut faire sur l’auditeur languit en même temps. […] Si leurs récits font quelque impression au théâtre, elle est l’ouvrage de l’acteur qui supplée par son art à ce qui leur manque.

1391. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Le premier caractère intéressant de ces lettres, et sur lequel je ne crains pas du tout d’insister, au contraire, c’est que ce sont bien réellement des lettres, des lettres familiales, des lettres domestiques, des lettres amicales d’un mari à sa femme, et que ces lettres ont très peu le caractère d’un livre destiné à l’impression et destiné au public. […] Il semble que ceci est la première impression de grande nature qu’il ait eue.

1392. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Le commencement paraît splendide ; le milieu brille encore des reflets d’une aurore évanouie, de ces reflets qui ne sont plus dans le ciel mais dont on garde longtemps l’impression dans les yeux ; puis vient la fin grise, déteinte, obscure : telle est l’histoire de Villemain. […] En effet, à part les principes qu’il n’a point et en restant dans l’ordre abaissé des impressions personnelles, Villemain ne sait résoudre aucune des questions de critique qui se rencontrent sur son passage, et même sur celles-là qu’une érudition plus forte que la sienne a le plus discutées, l’existence d’Homère, par exemple, la moralité de Sapho, l’authenticité des Orphées, etc., etc., la décision de Villemain ne dépasse pas le doute, et il rappelle à l’esprit le mot de Goethe, que nous ne nous lasserons jamais de citer à ces sceptiques, qui devraient être les trappistes de la pensée, car qui doute n’a pas le droit d’enseigner et même de parler : « J’ai bien assez d’opinions douteuses en moi sans que vous y ajoutiez encore ! 

1393. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Comprendre ainsi la vie, quand on est des privilégiés du sort, accorder le moins possible aux opinions vaines, s’en remettre à l’impression vraie, à la lumière naturelle ; distribuer ce qui vous est donné en surcroît ; remplir sa part d’un rôle auguste, et mener une existence ornée, mais simple ; jouir des arts, des élégances, de la nature aussi et de l’amitié, ce n’est pas seulement avoir un beau lot, ce n’est pas seulement savoir être heureuse, c’est répandre le bonheur et cultiver l’affection autour de soi.

1394. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Mais les œuvres mêmes de Jean-Jacques, la totalité des pièces qui restent en manuscrit et qui sont dignes de l’impression, c’est ce recueil que j’espère toujours, et en voici quelque chose que nous devons à M. 

1395. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

J’en voudrais du moins résumer l’impression, la conclusion si nette : le malheur de la journée de Ligny, son moindre succès fut dans l’inaction et l’inutilité de d’Erlon, pas ailleurs ; le reste était secondaire.

1396. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

En demeurant le plus individuel des poëtes, aussi bien que le plus accompli des artistes, le chansonnier a su devenir le plus populaire, le seul même qui réellement l’ait été en France, depuis des siècles, en ce sens que, durant quinze années, ses œuvres, partout retentissantes, auraient pu, à la lettre, vivre et se transmettre sans l’impression.

1397. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

… L’envahissement du scepticisme dans le cœur du poëte, depuis ces premières et chastes hymnes où il s’était ouvert à nous, cause une lente impression d’effroi, et fait qu’on rattache aux résultats de l’expérience humaine une moralité douloureuse.

1398. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Les éditeurs de ses œuvres avaient toujours jugé à propos d’éliminer un écrit, selon eux, trop familier : « Ce fut pendant ce voyage (d’Auvergne), est-il dit dans le Discours préliminaire de l’édition de 1782, et à l’occasion de tous les événements dont il y fut témoin, qu’il composa la relation des Grands-Jours, ouvrage écrit à la hâte, et qui ne ressemble en rien ni pour la gravité du ton, ni pour l’élégance du style, aux autres productions de sa plume… Aussi Fléchier, parvenu aux honneurs de l’Église et compté déjà parmi les hommes célèbres de son temps, n’a-t-il jamais permis que cette bagatelle devînt publique par l’impression.

1399. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

A défaut de ces choix resserrés et éternels, il peut exister de poëte à poëte une mâle familiarité, à laquelle il est beau d’être admis, et dont l’impression franche dédommage sans peine des petits attroupements concertés.

1400. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Cette œuvre du loisir et du recueillement, où viendront sans doute contraster et se confondre en mille effets charmants ou sublimes la vérité et l’idéal, la raison et la fantaisie, l’observation des hommes et le rêve du poète, arrivée dans le monde réel, exposée aux regards de tous, enchantera les âmes et ravira les suffrages ; les esprits les plus graves, philosophes, érudits, historiens, se délasseront à la contempler, car l’impression d’une belle œuvre n’est jamais une fatigue ; les politiques surtout, en n’y cherchant que du plaisir, y puiseront plus d’une émotion intime, plus d’une révélation lumineuse, qui, transportée ailleurs et transformée à leur insu, ne restera stérile ni pour l’intelligence de l’histoire, ni pour les mouvements de l’éloquence ; la tribune et la scène, en un mot, rivales et non pas ennemies, pourront retentir ensemble et quelquefois se répondre.

1401. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Des scènes vraies, habiles, du comique de situation, des détails fins et de jolis mots en abondance, des endroits mêmes d’un pathétique assez naturel, tout cela monté à merveille et joué avec ensemble, remplit délicieusement deux heures de soirée, et ne laisse pas jour à la critique qui s’endort sur une agréable impression.

1402. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

C’est par elle qu’il peut reproduire devant nous les détails sensibles et menus des événements et des êtres, s’accommoder à la construction de notre esprit qui n’aperçoit les êtres et les événements que par les détails menus et sensibles, et nous faire illusion en nous donnant l’impression précise que nous auraient donnée les objets eux-mêmes.

1403. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Et à ce scrupule de poètes irréprochables se mêlait naturellement un orgueil aristocratique, la fierté et peut-être aussi l’affectation de ne jamais traduire dans la langue des dieux aucune émotion vulgaire, de se confiner dans des impressions exquises, rares, difficiles, inaccessibles à la foule.

1404. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

Et, pour une fois, la musique a su ajouter à la poésie au lieu de l’effacer par des sensations moins définies et plus fortes ; et, comme ces petits vers ne sont qu’un tissu d’images et d’impressions flottantes, les mélodies de Massenet nous ont peut-être encore mieux fait sentir tout ce que recèlent d’enchantement ces vagues et délicieuses romances, que je voudrais appeler des romances panthéistiques.

1405. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

C’est un moyen naïf, d’illettré, mais sûr, de nous communiquer des impressions visuelles.

1406. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Voici l’impression qu’Aurélien Scholl rapportait d’une de ces soirées : « Il faut voir l’exubérante jeunesse s’épanouir en ces agapes fraternelles.

1407. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

La formation toute récente de l’Empire exaltait les imaginations ; la grande ère de paix où l’on entrait et cette impression de sensibilité mélancolique qu’éprouvent les âmes après les longues périodes de révolution, faisaient naître de toute part des espérances illimitées.

1408. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre III : Théorie psychologique de la matière et de l’esprit. »

L’idée de ce quelque chose de fixe qui se distingue de nos impressions flottantes, par ce caractère que Kant appelle la permanence ; c’est là notre croyance à la matière.

1409. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Sa légende, où tous les revirements de l’existence humaine étaient retracés, exaltait encore les impressions naturelles qui se dégageaient de leurs phénomènes.

1410. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

De même qu’il y a de la sympathie dans toute émotion esthétique, il y a aussi de l’antipathie dans cette impression de dissonance et de désharmonie que causent à certains lecteurs certaines œuvres d’art, et qui fait que tel tempérament est impropre à comprendre telle œuvre, même magistrale.

1411. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Ainsi, — pourvu néanmoins qu’on ne cherche pas dans des pays et dans des faits qui appartiennent à l’histoire, ces impressions surnaturelles, ces grossissements chimériques que l’œil des visionnaires prête aux faits purement mythologiques ; en admettant le conte et la légende, mais en conservant le fond de réalité humaine qui manque aux gigantesques machines de la fable antique, — il y a aujourd’hui en Europe un lieu qui, toute proportion gardée, est pour nous, au point de vue poétique, ce qu’était la Thessalie pour Eschyle, c’est-à-dire un champ de bataille mémorable et prodigieux.

1412. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

La haine l’inspira si bien que plusieurs de ses amis, voyant cette nouvelle critique avant l’impression, lui conseillèrent de retrancher des choses qui ne pouvoient tourner qu’à sa honte.

1413. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

On surprit une impression de L’Akakia chez un libraire de Berlin.

1414. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Tels sont les doutes que nous éprouvions en relisant dans une nouvelle édition améliorée cette œuvre sérieuse et forte, qui nous agrée par un endroit, nous refroidit par un autre, où les jugements, toujours solidement motivés, ne répondent pas toujours à nos propres impressions.

1415. (1760) Réflexions sur la poésie

En un mot, aucune des pièces n’a paru propre à faire sur le public assemblé cette impression de plaisir, qu’il est en droit d’attendre d’un ouvrage couronné par le jugement d’une société de gens de lettres.

1416. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Chamfort avait eu une jeunesse très orageuse ; sa pauvreté, ses passions, son goût exclusif pour les lettres, qui l’éloignait de toute occupation lucrative, donnèrent, à son entrée dans le monde un aspect qui put blesser des hommes austères ; et ceux qui l’avaient suivi de moins près depuis cette ancienne époque, pouvaient en avoir conservé de fâcheuses impressions.

1417. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Les lectures oiseuses, qui ont inondé toutes les classes de la société, ont fortifié ces fâcheuses impressions en donnant une fausse direction à la sensibilité, et en créant un monde fantastique qu’on a décoré du nom de monde idéal.

1418. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Elle « formule des compliments ; elle formule des impressions renaissantes ; elle formule dans sa pensée des réquisitoires ».

1419. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

… Ainsi, désappointement, déception, chute sans matelas du haut… de la tour de Porcelaine, telle a été notre désagréable impression en lisant ces deux énormes volumes, ramassés partout, excepté en Chine, excepté là où il eût fallu chercher.

1420. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Aujourd’hui, le feuilleton dépasse de beaucoup sur l’imagination publique les impressions données par les pièces.

1421. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Seul, le sublime écolier d’Harrow, dont la violente fantaisie avait bu l’ennui dans cette coupe correcte, et gardé en sa nature profonde l’impression et le ressentiment de cet ennui, puisé dans cette poésie sans âme, a osé dire le secret de beaucoup d’esprits qui se taisaient, — lâches comme toujours, devant deux mille ans de gloire consacrée et d’idolâtrie, — et sa vérité à lui, sur un poète, au fond, médiocre d’inspiration et de génie, mais adoré et gardé par tous les médiocres de la terre : et les médiocres d’imagination, et les médiocres de passion, et les médiocres de cœur.

1422. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Une pareille éducation, qui commençait même avant que la tête de l’enfant fût ouverte aux premières impressions de l’existence, mais dont il devait plus tard recevoir, en apprenant cela, l’enseignement, n’a peut-être agi qu’à la mort sur l’âme de Montesquieu.

1423. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Hello a choisi ; et si on n’avait que l’impression de ce titre, si on ne connaissait pas déjà l’auteur des Plateaux de la balance, si, à défaut de l’attirance de son titre, on n’avait pas l’attirance de son nom, j’imagine qu’on pourrait bien tourner le dos à cette Justice de papier timbré dont il nous rappelle l’image, et qu’on planterait là l’auteur et sa balance, comme si c’était… un épicier !

1424. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

tout un ordre d’impressions ou d’idées qui n’a point péri avec elle.

1425. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Pour lui, on ne pénètre l’Histoire que par « le sentiment », et comme il va s’agir de l’Antiquité dans son livre, il pose au préalable qu’il est impossible d’interpréter le monde antique autrement que par l’impression personnelle, et il ajoute même, avec la crânerie d’une idée générale qui est le chapeau sur l’oreille de ce fantaisiste : « Écrire l’histoire, c’est donner notre manière de voir sur l’histoire. » Je ne sais pas si, de principe, de Bury est cartésien, mais jamais le moi de Descartes n’a été mieux appliqué à quelque chose qu’il ne l’est, sous sa plume, à l’Histoire.

1426. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Et telle est la première impression qu’on reçoit du livre de M. 

1427. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Le didactisme des livres a toujours manqué à Michelet, qui n’a ni logique dans l’esprit, ni continuité d’impression… C’est un Sibyllin.

1428. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Buffon est bien plus une imagination qui reçoit des impressions et qui en fait jaillir des tableaux vivants qu’un observateur dans la force exacte de ce mot.

1429. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Cousin, avec son ardente sensibilité et l’éclat chaleureux de son esprit, recevait l’impression de la pensée allemande, comme une cire bouillante et splendide reçoit l’empreinte dans laquelle jouera la lumière, tandis que M. de Rémusat la gardait comme une cire pâle et tiède, sans cohésion et sans solidité.

1430. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Ce n’est guères qu’un livre de critique d’impression et de tendance spiritualistes, mais qui a le bonheur que n’ont pas les spiritualistes, — d’être toujours spirituel.

1431. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Elle porte l’odeur d’un autre dans le mystère de sa personne, et sur ses chastes bras, l’impression brûlante encore des bras qui déjà l’ont étreinte… Lamartine a seul, parmi nous, la virginité de la Muse· C’est la seule voix de notre siècle qui ne rappelle pas une autre voix.

1432. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Mais Albéric Second n’a pas craint de jouter dans son livre avec cette difficulté qu’il s’est créée à plaisir et qu’il a vaincue, avec cette terrible première impression qui presque toujours décide de tout en amour.

1433. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Seulement, ce ne fut pas uniquement cette nouveauté d’impression offerte à l’esprit français avec toutes les précautions exigées pour ne pas effaroucher cet esprit qui veut se retrouver partout, ce n’est point uniquement cette sensation qui fit le succès instantané du Diable boiteux, et, plus tard, le succès du Gil Blas, plus grand encore… Ce fut aussi, — et ne vous y trompez pas ! 

1434. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Cabet et Marrast, réfugiés à Londres, empêchèrent l’impression anglaise, en déclarant le manuscrit apocryphe ; aimant mieux sacrifier l’œuvre, qui aurait tant servi à l’union de leurs deux partis, que de s’exposer aux vérités qu’elle renfermait.

1435. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

L’orateur, le philosophe et le poète devaient donc avoir l’âme bien plus exercée à Rome, et être bien plus réveillés par le mouvement et le choc des idées, qu’au fond de la Grèce et de l’Asie, où les impressions arrivaient affaiblies par la distance.

1436. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Plus heureux cependant, ceux qui ont reçu de la nature une âme ouverte à toutes les impressions, qui suivent avec plaisir un enchaînement d’idées vastes ou profondes, et ne s’en livrent pas avec moins de transport à un sentiment impétueux ou tendre.

1437. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

La présence de Petrus Borel produisait une impression indéfinissable dont nous finîmes par découvrir la cause. […] Quel que soit le talent qu’il ait montré, l’impression qui reste de Félicien Mallefille, c’est qu’il était plus grand que son œuvre. […] L’impression que produisit sur nous cette peinture si forte, si drue, d’une fraîcheur si vigoureuse, tout imbibée des sèves de la nature et des souffles de l’atmosphère, on peut facilement le comprendre. […] Mais cette belle et grandiose nature agit fortement sur lui et il en garda une durable impression pittoresque. […] Après les journées de Juillet, Auguste Barbier fit siffler le fouet de ses Iambes et produisit une vive impression par le lyrisme de la satire, la violence du ton et l’emportement du rythme.

1438. (1903) Propos de théâtre. Première série

Sans aller plus loin, vous savez assez la première impression que produit sur le lecteur la première venue — à peu près — des comédies d’Aristophane : « Quel diable de réactionnaire ! […] C’est une impression. […] Cette impression est très forte. […] Vous trouverez partout cette impression de la grandeur, du plus complet, de la vie supérieure, quoique parfaitement naturelle. […] Ces mots n’étaient pas très heureux, et la mauvaise impression qu’ils ont produite plus tard a fait tort à Racine lui-même.

1439. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Songez qu’ils n’ont point d’autres livres, que leur esprit est vierge, que toute impression y fera un sillon, que la monotonie de la vie machinale les livre tout entiers aux émotions neuves, qu’ils ouvrent ce livre non pour se distraire, mais pour y chercher leur sentence de vie et de mort ; enfin que l’imagination sombre et passionnée de la race les exhausse au niveau des grandeurs et des terreurs qui vont passer sous leurs yeux. […] Pour bien parler des impressions surnaturelles, il faut être sujet aux impressions surnaturelles. […] Appauvri d’idées, rempli d’images, livré à une pensée fixe et unique, plongé dans cette pensée par son métier machinal, par sa prison et ses lectures, par sa science et son ignorance, les circonstances, comme la nature, le font visionnaire et artiste, lui fournissent les impressions surnaturelles et les images sensibles, lui enseignent l’histoire de la grâce et les moyens de l’exprimer. […] Le mot est de Stendhal ; c’est son impression d’ensemble. […] I have seen the little purls of a spring sweat through the bottom of a bank, and intenerate the stubborn pavement, till it hath made it fit for the impression of a child’s foot ; and it was despised, like the descending pearls of a misty morning, till it had opened its way and made a stream large enough to carry away the ruins of the undermined strand, and to invade the neighbouring gardens : but then the despised drops were grown into an artificial river, and an intolerable mischief.

1440. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Après mille difficultés surmontées, (car l’ouvrage fait, l’impression est une autre besogne) le Livre paroît. […] Les Comédiens représentent leur Histoire, que les coupables croient ignorée de l’Univers ; la surprise, l’épouvante saisissent le Roi & la Reine ; à chaque trait ils oublient l’intérêt qu’ils ont de dissimuler, ils ne peuvent soutenir l’image de leur forfait, ils troublent le spectacle par leurs cris, & sortent impétueusement pour se dérober à l’affreux tableau dont les impressions les écrâsent. […] Je ne crois pas qu’il puisse jamais subir l’épreuve de l’impression, Il est simple, dira-t-on. […] Par quel mécanisme, des mots tracés sur du papier, & dont l’influence, au premier coup-d’œil, paroîtroit devoir être peu considérable, font-ils des impressions si durables, si profondes ? […] Cette pièce a déja excité plusieurs débats intéressans ; voici l’impression qui m’en est restée.

1441. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Cette impression que j’essaye de rendre se reproduira plus d’une fois en lisant de lui certaines pages politiques et philosophiques ; on aura à s’étonner, à regretter qu’un aussi excellent esprit ait ainsi contracté l’habitude de se restreindre. […] il ne me reste qu’à rassembler un peu au hasard quelques impressions et souvenirs qui achèveront de le montrer tel qu’il fut de près, et là où les éloges réguliers ont pu moins le saisir. […] Sur Horace, sur Virgile, il rattrape toute sa sensibilité, sa finesse morale, sa jeunesse d’impressions, comme aux jours où il en causait sous les allées de Montmorency. […] On me fait remarquer que c’est peut-être une faute d’impression, et que c’est plus probablement diffusion que j’ai voulu dire.

1442. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Nous avons jugé les hommes à la volée, sur l’impression du moment, sur une action détachée, sur un document isolé, et nous les avons affublés de vices ou de vertus, de sottise ou de génie, sans contrôler par la logique ni par la critique les décisions aventureuses où notre précipitation nous avait emportés. […] Nous ne pouvons mieux résumer les mérites de cette prodigieuse masse de papier qu’en disant qu’elle consiste en deux mille pages in-4º environ d’impression serrée, qu’elle occupe en volume quinze cents pouces cubes, et qu’elle pèse soixante livres bien comptées. […] Des brouillards et des orages pèsent sur elle pendant la plus grande partie des beaux étés ; et même dans les jours rares où le soleil est brillant, quand il n’y a aucun nuage dans le ciel, l’impression que laisse le paysage est triste et accablante. […] Mists and storms brood over it through the greater part of the finest summer ; and even on those rare days when the sun is bright, and when there is no cloud in the sky, the impression made by the landscape is sad and awful.

1443. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

— En notre état de maladie, de souffrance, une espèce d’insapidité de tout, et des impressions pâteuses des choses dans l’esprit comme dans la bouche. […] 16 novembre Après les répétitions, dans cette haute salle des Français, on a l’impression de trouver le plafond de son chez soi écrasant, et le sommeil vous ennuie… La nuit vous paraît vide et impatientante, ainsi qu’à un homme qui a quelque chose devant lui qu’il voudrait hâter. […] Je donne sur Carpeaux notre impression première, et telle que je la rencontre sur notre journal, mais j’ai besoin d’ajouter que cette impression a été fort modifiée par les rapports que nous avons eus depuis avec lui, et que nous le considérons comme le plus grand artiste français de la seconde moitié du xixe  siècle.

1444. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Souvent il quitte son paysage pour entrer dans quelque réflexion grave ; la politique, la religion viennent déranger le plaisir de ses yeux ; à propos d’une colline ou d’une forêt, il médite sur l’homme : le dehors le ramène au dedans, et l’impression des sens aux contemplations de l’âme. […] À chaque pas, la clarté croît, l’impression s’approfondit, le vice fait saillie ; le ridicule s’amoncelle, jusqu’à ce que, sous ces sollicitations appropriées et combinées, le rire parte et fasse éclat. […] Dans quelle attitude ferai-je sur son cœur la première impression ? […] Oui, je ferai la première impression sur un sofa. […] In what figure shall I give his heart the first impression ?

1445. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Je crois plutôt que sa prédilection pour l’art antique transformait à son insu les impressions qu’il avait éprouvées. […] L’esprit blessé n’a pas le temps d’analyser l’impression qu’il éprouve, et oublie son déplaisir avant d’en avoir pénétré la cause. […] Cette impression, que je traduis avec une fidélité scrupuleuse, dépend évidemment de la forme poétique adoptée par M.  […] Quant à moi, je l’avoue, je ne songe pas à lui adresser ce reproche, car la lecture de Catherine ne m’a laissé qu’une impression de plaisir. […] Or, cette pensée dominante laisse dans l’âme du lecteur une impression salutaire.

1446. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Les prémieres impressions s’effacent par les secondes ; et ils ne sont point en état de juger du détail des objections, parce que ce jugement dépend de la vûë entiere de nos principes. […] Il s’ensuit delà, que tout poëme doit être disposé pour la prémiere impression. […] Qu’ils lisent donc les discours dont il s’agit ; sans dessein de les trouver ni bons ni mauvais, et en cedant naïvement à l’impression naturelle ; qu’ils voyent ensuite mes critiques et les apologies de Me D pour y chercher ce qui s’accorde le mieux avec ce qu’ils auront senti. […] Il faut donc entendre par le mot de nature, une nature choisie, c’est-à-dire, des caracteres dignes d’attention, et des objets qui puissent faire des impressions agréables ; mais qu’on ne restraigne pas ce mot d’agréable à quelque chose de riant : il y a des agrémens de toute espece, il y en a de curiosité, de tristesse, d’horreur même. […] La force consiste à ne rien employer d’inutile, à choisir entre ce qui convient, ce qui convient le mieux, et à observer même dans son choix, une gradation qui fortifie toûjours l’impression dominante.

1447. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Je sais très bien que cette division de la vie intellectuelle est d’une grande utilité dans tous les travaux d’imagination, je devrais dire dans tous les travaux de la pensée ; mais je crois que la satire lyrique a besoin, plus que l’ode elle-même, plus que l’élégie, de séparer l’impression de l’expression. […] Sue nous devait compte de cette impression, Eh bien, tout se passe dans Latréaumont comme si la France était muette, comme si la nation se réduisait aux conspirateurs qui ont joué leur tête, aux juges qui les condamnent. […] La dissemblance des deux moitiés de ce poème qui commence dans le monde virgilien et s’achève dans le monde du roman, produit sur le lecteur une impression douloureuse, et cette impression, quand la lecture est achevée, se transforme en véritable colère. […] Berryer, lors même qu’il défend la plus mauvaise cause, trouve moyen de produire une impression profonde. […] Les impressions de chaque jour éveillent en lui une sensibilité qui ne se serait jamais manifestée, si elle n’eût pas été sollicitée par la présence d’une œuvre inachevée, dont chaque agrandissement est pour lui un problème d’un égal intérêt, d’une égale nouveauté.

1448. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il reçut fortement l’impression du passé ; il s’éprit davantage encore des nostalgiques rêveries qu’éveille la contemplation des âges persistants. […] Quand on le rencontrait et quand on se mettait à causer avec lui, on avait l’impression qu’il fallait quelque temps avant qu’on l’eût appelé hors de son rêve continuel. […] Jules Renard donne à son lecteur l’impression de l’exacte vérité. […] Saint-Marceaux a fait rendre à la pierre de subtiles et fugitives impressions, de profondes et poignantes idées, et sans la tourmenter, sans lui donner cet air de catastrophe qu’on trouve ailleurs. […] Pour que l’Amérique produise, sur ce vigoureux voyageur, une telle impression quasi révoltante, il faut que l’Amérique soit digne de sa réputation considérable.

1449. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

L’impression est celle d’un tour que l’on fait dans la rue. […] C’est précisément cette impression de médiocrité très variée que vous allez avoir. […] Voilà la marque. — Et surtout, ce qui est art de composition supérieure encore, l’impression générale est d’une grande unité. […] La première impression en est ravissante. […] C’est l’impression laissée en son esprit par le siècle de Louis XIV qui lui a donné cette idée.

1450. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Il veut comme eux changer la religion régnante, il se conduit en fondateur de secte, il recrute et ligue des prosélytes, il écrit des lettres d’exhortation, de prédication et de direction, il fait circuler les mots d’ordre, il donne « aux frères » une devise ; sa passion ressemble au zèle d’un apôtre et d’un prophète  Un pareil esprit n’est pas capable de réserve ; il est par nature militant et emporté ; il apostrophe, il injurie, il improvise, il écrit sous la dictée de son impression, il se permet tous les mots, au besoin les plus crus. […] Mettons-nous à leur place, et nous retrouverons leurs impressions.

1451. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

On faisait de cette raison un être à part, subsistant par lui-même, séparé de la matière, logé par miracle dans un corps, n’ayant nulle puissance sur ce corps, ne lui imprimant des impulsions et ne recevant de lui des impressions que par l’intermédiaire d’un Dieu appelé d’en haut tout exprès pour leur permettre d’agir l’un sur l’autre. […] Un amas de remarques s’assemblent en lui sans qu’il le veuille et forment une impression unique, comme des eaux accourant de toutes parts s’engorgent dans un réservoir d’où elles vont partir pour un autre voyage et par d’autres canaux.

1452. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

J’aime à me retracer encore aujourd’hui la mémoire des sites et des impressions que j’y recevais des lieux, des noms et des chants sacrés. […] Je lus avec des impressions centuplées pour moi par le site et par le voisinage du tombeau ; je continuai à lire jusqu’à ce que le crépuscule, assombri de verset en verset davantage, effaçât une à une sous mes yeux les lettres du Psalmiste ; mais, même quand mes regards ne pouvaient plus lire, je retrouvais encore ces lambeaux d’odes, ou d’hymnes, ou d’élégies, dans ma mémoire, tant j’avais eu de bonne heure l’habitude de les entendre, à la prière du soir, dans la bouche des jeunes filles auxquelles la mère de famille les faisait réciter avant le sommeil.

1453. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Une jeune fille de Genève, que madame Necker avait appelée auprès d’elle pour donner un objet aux premières amitiés de sa fille encore enfant, raconte ainsi les premiers épanchements de son amie : « Elle me parla avec une chaleur et une facilité qui étaient déjà de l’éloquence et qui me firent une grande impression. […] Son attitude (sur le char) était noble et modeste ; on apercevait bien qu’elle était contente d’être admirée, mais un sentiment de timidité se mêlait à sa joie et semblait demander grâce pour son triomphe ; l’expression de sa physionomie, de ses yeux, de son sourire, intéressait pour elle, et le premier regard fit de lord Nelvil son ami, avant même qu’une impression plus vive le subjuguât.

1454. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Plus on va, plus la décomposition s’avance et s’étale aux yeux les moins clairvoyants ; la façade, qui longtemps se maintient, ne cache plus l’effondrement interne ; mais plus aussi l’avenir mêle ses lueurs aux reflets du passé : et cependant rien ne se fonde, et le xve  siècle se clôt, en laissant l’impression d’un monde qui finit, d’un avortement irrémédiable et désastreux95. […] Vivat rex, vivat pax, ces deux textes de deux discours qu’il adressa au roi Charles VI et qui firent une impression profonde, résument toute la pensée politique de Gerson.

1455. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Sincérité de l’impression et du sentiment. […] Il n’est pas jusqu’au grand Commynes sur qui n’agisse le charme de l’Italie : il n’a pas besoin de la subtilité d’outre-monts pour savoir traiter une affaire, mais à voir de quel ton, combien longuement il décrit Venise, lui qui est si peu descriptif de nature, on peut juger de l’impression qu’il en a reçue.

1456. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Mon impression, c’est que, si Marceline se confessa à son mari, comme l’affirme M.  […] C’est une impression que je donne.

1457. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Si l’enjambement parut alors un si grave délit, c’est qu’il rompt cette simultanéité des impressions syntaxique et musicale qu’une habitude de plusieurs siècles avait érigée en charte constitutionnelle de la Poésie. […] Cependant, qu’ils se rattachent à l’alexandrin ou s’en séparent, les vers de M. de Régnier sont d’ordinaire bien appuyés sur les syllabes toniques, leurs inflexions ont de la justesse, et un choix de mots d’une propriété parfaite dont la force n’a d’égale que la noblesse donne à ses poèmes une rectitude de forme, une certitude de trait qui apportent en chaque strophe l’impression de la chose définitive.

1458. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

La pièce fut jouée avec un applaudissement général. » C’est évidemment une faute d’impression de dire : Mademoiselle de Rambouillet y était ; lisez : Madame. […] Ce qui rend la méprise de l’éditeur du Ménagiana très facile à concevoir, c’est qu’il était d’usage dans les impressions du temps de n’écrire qu’en abrégé le mot de madame ou de mademoiselle ; on écrivait Me ou Mlle .

1459. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Transposition superbe qui n’affaiblit pas l’impression. […] C’est un tumulte d’impressions contraires, pareil à ces ouvertures de tragédies lyriques où des changements à vue de sonorité éclairent et assombrissent tour à tour l’orchestre orageux.

1460. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Il ne recevait ses impressions que lentement, mais les retenait opiniâtrement, et il en résultait toujours un plaisir physique des plus prononces. […] Je préfère, dit-il, commencer par la perception d’on effet à produire… Je me dis tout d’abord : des effets ou impressions innombrables, dont le cœur, l’intelligence, ou, en général, l’âme est susceptible, lequel choisirai-je dans l’occasion présente.

1461. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

L’impression se fait. » Mais comment se fait-elle ? […] Belle journée d’automne où la nature est calme, reposée, silencieuse, pacifique, où les êtres jouissent du calme de l’atmosphère et du calme, tel qu’ils doivent l’imaginer, de l’univers tout entier, où les animaux, bien plus, les végétaux causent ensemble, se querellent amicalement, vont jusqu’à une légère dispute, échangent leurs impressions, montrent leur caractère, le chêne avec son orgueil et sa pitié plus ou moins simulée, plus ou moins factice pour le roseau ; le roseau, avec sa sagesse, sa résignation qui sait se soumettre aux chocs et qui s’incline.

1462. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Dans le vide de ce qui lui manquait, il versa, pour le remplir, des impressions qu’il alla demander aux voyages. Il voulut se faire des idées avec des impressions, comme font ceux qui n’ont pas d’idées.

1463. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

La mère Agnès en avait plus gardé l’impression visible que sa sœur.

1464. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

L’impression du public fut si forte contre ces deux ordonnances qu’elles restèrent sans exécution.

1465. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Dans ces pages où il nous décrit l’impression causée en lui par une lecture entière de l’Iliade, La Harpe, sans y songer, répond d’avance, et par les arguments qui demeurent encore les plus victorieux, aux suppositions hardies de Wolf, à ses doutes ingénieux contre l’existence du poëte et contre une certaine unité de l’œuvre.

1466. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

On serait très-aisément disposé ainsi de nos jours ; on irait faire volontiers un pèlerinage dont on parlerait longtemps ensuite, et dont on raconterait au public les moindres circonstances et les impressions ; mais il y a dans l’idée de durée attachée à une telle vie quelque chose qui effraie, qui glace et qui rebute ; or ce quelque chose, on le ressent inévitablement à chaque page des lettres du réformateur de la Trappe.

1467. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Il protestait que ce livre n’avait jamais fait sur lui, en l’écrivant, de mauvaises impressions, et il ne comprenait pas qu’il pût être si fort nuisible aux personnes qui le lisaient. » Je le crois ; il l’avait fait trop naturellement pour y voir du mal.

1468. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Nous apprenons, en envoyant ces feuilles à l’impression, que M. 

1469. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Après ce précédent fourni par Boileau lui-même, comment blâmer Chapelain d’avoir intrigué auprès de Colbert, et fait retirer au « satirique effréné » le privilège qu’il avait « extorqué » pour l’impression de ses Satires ?

1470. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Il y a aussi dans Palissy un observateur sans illusions comme sans amertume, qui, par sa chimie morale, isole les éléments simples des âmes, et ces principes constitutifs qui sont les passions égoïstes : il y a même en lui un poète sensible aux impressions de la nature, aux formes des choses, et qui mêle aimablement dans son amour de la campagne un profond sentiment d’intime moralité et de paix domestique.

1471. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il avait dans le sang, il reçut parmi ses premières impressions d’enfance, quelque chose qui lui permit de comprendre la beauté antique : il la sentait toute voisine de lui et dans une parfaite harmonie avec son intime organisation ; où les autres ne voyaient que des souvenirs de collège ou des décors d’opéra, il saisissait sans effort les réalités concrètes.

1472. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

En fermant votre livre, je suis poursuivi par trois images qui résument mes impressions.

1473. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Le poète a voulu rendre l’impression profonde de cette heure immobile et brûlante sous les climats méridionaux, par exemple, dans la campagne romaine.

1474. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Préface L’année 1848 fit sur moi une impression extrêmement vive.

1475. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Il en garda sans doute une impression favorable, car plus tard il défendit Jésus contre les préventions de ses confrères 622, et, à la mort de Jésus, nous le trouverons entourant de soins pieux le cadavre du maître 623.

1476. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Jean-Jacques ajoute, après avoir conté l’anecdote19 : « Tout ce qu’il me dit à ce sujet, et dont je n’avais pas la moindre idée, me fit une impression qui ne s’effacera jamais.

1477. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

D’où vient que deux hommes ayant eu même éducation, mêmes impressions, même milieu, diffèrent quelquefois du tout au tout ?

1478. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Bientôt aussi le talent de converser devînt le but d’une émulation vive et générale : on en vint plus tard à mettre par écrit les conversations des sociétés particulières, on les livra à l’impression : on envoya ses conversations à ses amis et à ses connaissances13.

1479. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Ceux dont la voix n’est pas l’organe expressif et sensible de ces moindres nuances du dedans ne sont pas faits pour produire, comme orateurs, des impressions pénétrantes.

1480. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

On sait comment il composait ses œuvres, les écrivant tout d’une haleine, les livrant à l’impression, et travaillant seulement sur épreuve, aux ciseaux.

1481. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Au bout d’un certain temps, les impressions produites, toujours répétées, se mécaniseront pour ainsi dire, dans l’esprit de l’auditeur.

1482. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

Or le rouge dont il est à la mode, depuis vingt ans que les hommes même se barbouillent avant que de monter sur le théatre, nous empêche d’appercevoir les changemens de couleur, qui dans la nature font une si grande impression sur nous.

1483. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Alors même que nous avons spontanément collaboré, pour notre part, à l’émotion commune, l’impression que nous avons ressentie est tout autre que celle que nous eussions éprouvée si nous avions été seul.

1484. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Toute œuvre payée à l’écrivain sa valeur suppose des bénéfices réalisables par l’éditeur : or, l’éditeur de province n’aura que des débouchés nécessairement très restreints ; et il faudra un miracle de vogue, rien que pour couvrir les frais d’impression !

1485. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

C’est une imitation de société qui s’essaie encore, c’est un fantôme brillant qui joue la vie, un bas-relief byzantin en cire flexible, mais toujours prêt à recevoir l’impression du doigt de chair ou du cachet de métal.

1486. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

bonté des sens, familiarité, camaraderie, politique, cette peau d’intérêts qu’il avait sous son autre peau, absence de profondeur d’impression et l’amour du rire !

1487. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Seulement, si un conte répété deux fois est assez ennuyeux pour que Shakespeare en ait fait la comparaison de la vie, nous demandons quelle impression doit causer, à vingt ans de distance, une imitation malheureusement trop réussie puisqu’elle ne nous donne ni une idée ni une sensation de plus que le poète dont elle est l’écho.

1488. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Gozlan avait longtemps vécu dans l’intimité de Balzac, comme il était allé je ne sais où en Afrique sur un vaisseau négrier, et il avait gardé ces deux coups de soleil : l’impression de Balzac sur sa pensée, la lumière d’Afrique dans ses yeux ; il s’était doré à ces deux choses.

1489. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Le livre est là… Ces lettres de tant d’âme ont été envoyées à l’impression comme de la copie littéraire, et le cœur a beau me saigner de faire de la critique sur un pareil livre, de disséquer une vivante d’hier, — si ce n’est même pas une vivante d’aujourd’hui, — je suis bien obligé de vous en parler.

1490. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Mais il est sourd-muet d’impression à tout ce qu’il raconte.

1491. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

. — La physique vient d’ailleurs compléter l’œuvre de la psychologie sur ce point : elle montre que si l’on veut prévoir les phénomènes, on doit faire table rase de l’impression qu’ils produisent sur la conscience et traiter les sensations comme des signes de la réalité non comme la réalité même.

1492. (1910) Rousseau contre Molière

… »   Telle est l’impression que Fabre d’Eglantine avait reçue de l’Optimiste de Collin d’Harleville. […] me dira-t-on, pour l’impression que le public peut en remporter ? […] Le public a besoin de ce personnage-là pour le guider et pour le laisser sur une impression nette. […] Cela suffît pour que l’on craigne que le public ne remporte une impression mauvaise, mêlée au moins. […] Il ne faut pas rendre un auteur responsable de l’impression que fera son œuvre sur un public qui se trouvera être gangrené.

1493. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Mais s’il y voyait la douce Eugénie de Guérin, comme il s’enfuirait vite vers le cabaret voisin, laissant la naïve enfant du Cayla nous exprimer, avec une grâce enfantine, avec une simplicité charmante, ses impressions à la vue des paysages qui l’environnent : « Ces Pyrénées sont infiniment plus belles à voir que Paris, qui cependant est bien beau. […] Cette inexprimable architecture de monts et de vallées sans mesure donne une impression bien vive de la puissance divine. […] Il y avait là, rendues en deux strophes, en quatre vers seulement parfois, les impressions toutes personnelles et dès lors toujours vivantes, qui dictèrent tous les romans de la première manière d’André Theuriet. […] Seulement, comme tous les poètes, il est un sensitif qui se plaît à donner une forme artistique à ses impressions : un coin de nature, un tableau entrevu au Salon, un marbre, une page de poète étranger lui sont des sujets de rêve, et son rêve n’est jamais infécond. […] Il s’agit, cette fois, d’un Maître, d’un vrai maître qui, tâtonnant, cherchant, bronchant souvent, allant de l’avant toujours, en dehors des traditions de l’école, mais non pas des traditions du génie, en s’efforçant de voir par lui-même, trouva un sillon à creuser, auquel nul n’avait songé, s’assit en face de la nature, en plein air, et peignit hardiment, d’impression, non sans retouches, — regrettables quelquefois, il se peut, — les objets ou les êtres, tels qu’ils étaient colorés, dessinés pour sa rétine.

1494. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

À Paris, l’impression fut naturellement plus forte encore, et telle était, nous dit M. de Loménie, la légèreté des esprits dans les régions officielles, que Louis XV lui-même s’amusa de cet ouvrage. […] Prenons un exemple qui explique et justifie notre impression. […] Cherchant un mot pour traduire l’impression que laisse cette lecture, je n’en trouve pas de plus juste que celui d’ennui. […] Avant de livrer son volume à l’impression, le poète demande deux mois pour le retoucher, et le succès de ses vers qui donnent tant de « prise à la critique » l’humilie. […] Tout entier à l’impression et à l’inspiration du moment, il n’a aucune suite dans ce qu’il fait, aucune fermeté dans ce qu’il veut.

1495. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

N’excitent-ils qu’un intérêt faible ; la diversion qu’ils causent paraît superflue ou traînante : en produisent-ils un puissant ; ils attirent à eux seuls la plus forte part de l’attention réservée à la totalité de l’ouvrage, et la vive impression que l’esprit en reçoit fait tomber tout le reste en langueur. […] Il importe donc à l’effet total de n’affecter nulle prétention en entrant en matière, et de n’y rien mêler d’étranger, afin que le lecteur ne reçoive aucune impression fausse ou fâcheuse, et de ne faire dévier son esprit par aucun écart de la direction qui le mène où l’on doit le conduire. […] Le chant suivant prolonge l’impression reçue de tant de forfaits expiés par la mort affreuse du roi qui les commanda, et par l’assassinat du féroce et ambitieux Guise. […] Enfin tant d’angoisses et de misères, lui dictent ses nobles complaintes qu’il adresse à sa muse et aux nymphes du Tage que sa fierté veut avoir, dit-il, pour seules protectrices ; complaintes qui mêlent au charme, à l’élévation de sa poésie une tristesse, un pathétique dont l’impression fait couler des larmes. […] Bientôt l’harmonie des consonances leur échappera, cessera d’être accentuée avec justesse ; et, dans les deux cas, fléchira sous les impressions d’un goût arbitraire.

1496. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Les trains de chemin de fer ont produit exactement cette impression en leur nouveauté. […] Il a comme l’impression obscure d’un aiguillon, tout proche, sous les roses enivrantes. […] Mais, d’autre part, une fois le manuscrit livré à l’impression, il s’en détache ; il recommande aux imprimeurs de ne lui envoyer qu’une épreuve. […] Cette page, il est évident qu’elle a existé, et puis qu’elle a été supprimée dans les manuscrits de Chateaubriand destinés décidément à l’impression. […] Mais cette page, qu’il faut supposer copiée par Sainte-Beuve sur un manuscrit avant l’impression et gardée par lui dans ses archives, comment l’a-t-il eue ?

1497. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Comme ses yeux, longtemps fixés sur les livres, étaient frais et novices, il se divertit de tout son cœur à voir l’étrange silhouette de ses contemporains, et pourtant il rapporta de ses excursions à travers Paris des impressions tristes. […] Ce poète, dont les yeux et l’âme étaient si facilement enchantés par la splendeur des choses, et qui a fixé en couleurs si vives quelques-unes des impressions de sa jeunesse voyageuse et charmée, consentit à rentrer dans les bibliothèques et dans les archives, pour amasser des preuves et classer des fiches. […] Il n’est point de satire qui pince mieux notre « rosserie » en la caressant, qui laisse davantage une impression d’amertume et de malice, une piqûre cuisante, un goût de cendre. […] C’est la même impression de terreur, le même mouvement de recul qui éloignèrent Tolstoï et Dostoïevsky des villes où triomphe et resplendit la civilisation, façade de clarté, derrière laquelle grouillent les vices de Sodome. […] Jadis, il écrivait parce qu’il avait des impressions.

1498. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Il avait des beautés brusques et soudaines qui faisaient une forte impression ; mais la composition péchait fort, si l’on ne doit pas dire qu’elle manquait totalement. […] Mounet nous donne l’aspect et l’impression d’un aliéné. […] Il faut bien convenir que l’impression que donne Iphigénie, sans être froide, est un peu incertaine pour les hommes du dix-neuvième siècle ou du vingtième. […] Le spectateur en a parfaitement l’impression. […] Il a fait à son entrée, et du reste pendant tout le cours de son rôle, une impression que personne ne pourra oublier.

1499. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Ici, je crois qu’on nous invite à ressentir cette impression toute à l’honneur de la famille. […] Romain Rolland : et l’impression du désordre devait, à mon avis, résulter, non du désordre de l’image, mais de l’image ordonnée du désordre. […] Or, nous vivons sous l’impression, — je ne veux pas d’un mot moins vague, — sous l’impression de l’exégèse renanienne. […] Une pensée, une impression : cela est de l’homme lui-même. […] Mais l’impression première avait été profonde et rude.

1500. (1903) La pensée et le mouvant

Mais qu’elles viennent, s’assoient et causent comme je m’y attendais, qu’elles disent ce que je pensais bien qu’elles diraient : l’ensemble me donne une impression unique et neuve, comme s’il était maintenant dessiné d’un seul trait original par une main d’artiste. […] Mais j’ai la même impression de nouveauté devant le déroulement de ma vie intérieure. […] Quand nous écoutons une mélodie, nous avons la plus pure impression de succession que nous puissions avoir, — une impression aussi éloignée que possible de celle de la simultanéité, — et pourtant c’est la continuité même de la mélodie et l’impossibilité de la décomposer qui font sur nous cette impression. […] Prenons le cas le plus favorable à la thèse, le cas d’un objet matériel faisant impression sur l’œil et laissant dans l’esprit un souvenir visuel. Que pourra bien être ce souvenir, s’il résulte véritablement de la fixation, dans le cerveau, de l’impression reçue par l’œil ?

1501. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Ce recueil aussi, qu’on lit avidement, laisse une impression de tristesse. […] Il faut vous dire qu’à neuf ans la subjectivité des impressions m’échappait totalement. […] J’en reçus une impression très forte. […] Il n’y a guère que les poètes grecs pour donner une impression de cette nature. […] Elles ne laissent pas de produire une vive impression sur l’esprit du jeune lord.

1502. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

On sentait cette passion sans s’en rendre compte ; on la distingue tout d’un coup au bout de la page ; les témérités du style la rendent visible, et la violence de la phrase atteste la violence de l’impression. […] Le chagrin d’une enfant qui voudrait être aimée de son père et que son père n’aime point, l’amour désespéré et la mort lente d’un pauvre jeune homme à demi imbécile, toutes ces peintures de douleurs secrètes laissent une impression ineffaçable. […] Le ton et les idées font alors contraste ; tout contraste donne des impressions fortes.

1503. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Il est à regretter toutefois que, quand il prend la parole lui-même pour résumer ou pour réfléchir, la pensée soit trop souvent inférieure à l’impression, et que le style, suffisant pour le récit, soit insuffisant pour la majesté de l’histoire ; l’événement y est tout entier, mais le contrecoup de l’événement sur l’âme n’y est pas assez senti ou du moins pas assez sonore. […] Thiers le défaut contraire à celui que nous lui reprochions plus haut, c’est-à-dire de rapetisser les impressions. […] Sa vive intelligence se colore, comme on va le voir, des impressions de l’armée ; mais on va voir aussi qu’il les atténue en jetant sur cet abandon le prétexte complaisant du patriotisme et de la grande ambition.

1504. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

On n’a pas besoin d’attendre le retour d’Allemagne, et l’impression en recueil de ces correspondances avec des impératrices de Russie, des rois de Prusse, des électeurs de Hesse ou de Bade, qui portaient le génie de la France au dix-huitième siècle partout. […] Excusez-moi sur l’exactitude des dates ; je ne tiens pas registre de mes impressions, mais j’en tiens mémoire dans mon cœur. […] Je le dis de souvenir plutôt que par un sentiment actuel et présent ; car à l’heure où j’écris ces lignes, engagé plus que jamais dans la vie critique active, je n’ai plus guère d’impression personnelle bien vive sur ce lointain passé.

1505. (1925) La fin de l’art

Apollinaire risque de longs poèmes dénués de ces petits signes qu’on nous a habitués à croire indispensables et il prouve ainsi leur inutilité, au moins en poésie qui procède moins par analyse intellectuelle que par accumulation d’impressions. […] Rien n’incline mieux au sommeil que la médiocrité soutenue, celle qui ne flanche jamais, celle qui se joue des difficultés, glisse, comme frottée d’huile, à travers la syntaxe, donne enfin l’impression d’un robinet d’où sort éternellement une belle eau claire, toujours la même. […] Tous les jours, en wagon ou en automobile ; tous les jours, un lit nouveau et une table nouvelle ; tous les jours, des impressions différentes qui, n’ayant pas eu le temps de se classer dans la mémoire, y restent superposées dans une extrême confusion.

1506. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Les autres articulations, sous l’impression de la même force expulsive, procurent aux sons des explosions proportionnées aux obstacles qui embarrassent l’émission de la voix : l’articulation gutturale leur donne une explosion proportionnée à l’augmentation même de la force expulsive. […] Si les Latins pratiquoient rigoureusement l’élision d’une voyelle finale devant une voyelle initiale, quoiqu’ils n’agissent pas de même à l’égard de deux voyelles consécutives au milieu d’un mot ; si nous-mêmes, ainsi que bien d’autres peuples, avons en cela imité les Latins, c’est que nous avons tous suivi l’impression de la nature : car il n’y a que ses décisions qui puissent amener les hommes à l’unanimité. […] Les Imprimeurs l’appellent i d’Hollande, parce que les Hollandois l’introduisirent les premiers dans l’impression. […] Dans les premieres années de notre enfance, nous lions certaines idées à certaines impressions ; l’habitude confirme cette liaison. […] On s’abstient encore de cette forme par euphémisme, ou afin d’adoucir par un principe de civilité, l’impression de l’autorité réelle, ou afin d’éviter par un principe d’équité, le ton impérieux qui ne peut convenir à un homme qui prie.

1507. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

En dehors de la coloration, la beauté des épreuves ne se reconnaît pas surtout par ces beaux noirs veloutés des estampes européennes, et que n’a pas l’impression japonaise, où le noir est un noir de lithographie usée ; elle se témoigne à la vue, par la netteté du contour, sa pénétration, pour ainsi dire, dans le papier, où le trait a quelque chose de l’intaille d’une pierre gravée. […] c’est un plaisir de trouver dans ce volume de Flaubert, ces colères, ces indignations qui se disent, qui se crient, qui se gueulent, selon son expression, dans la conversation, mais qui n’arrivent presque jamais au public par l’impression. […] Un dîner un peu rêveur… puis l’impression toute particulière de la descente à pied, et qui a quelque chose d’une tête qu’on piquerait dans l’infini, l’impression de la descente sur ces échelons à jour dans la nuit, avec des semblants de plongeons, çà et là, dans l’espace illimité, et où il vous semble qu’on est une fourmi, descendant le long des cordages d’un vaisseau de ligne, dont les cordages seraient de fer.

1508. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

On l’envoya pour suivre celles de Munster ; Mme de Longueville ne l’y alla rejoindre qu’au bout de deux ans (1646), et lorsque déjà le prince de Marsillac avait fait sur elle une impression qu’il avait également reçue. […] Voilà donc Mme de Longueville partie pour ce grand voyage de l’Éternité d’où l’on ne revient jamais… Des morts de cette nature des personnes qui tiennent un grand rang parmi le monde, et surtout lorsque nous y avons quelque rapport, nous frappent dans le moment ; mais l’impression s’en efface bientôt, et nous ne tâchons pas même d’ordinaire à la retenir.

1509. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Mais, scientifiquement parlant, son point de vue n’était qu’un aperçu heureux, instantané, un ensemble mêlé de lueurs vraies et de jours faux, et d’où il ne pouvait sortir autre chose que la peinture même qu’il en offrait, et l’impression enthousiaste, affectueuse, qu’elle ferait naître. […] Si ce peintre harmonieux manquait, on chercherait vainement ailleurs une impression pareille, soit dans Jean-Jacques, soit dans Chateaubriand.

1510. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Je lis dans une des premières lettres de Schiller, qui devint plus tard l’ami de Goethe, ce mot qui exprime son impression à l’aspect d’un seul fragment de cette œuvre : « Je désire passionnément lire ce qui n’est pas encore publié de Faust, car je vous confesse que ce que j’en ai vu est pour moi le torse d’Hercule. » Schiller n’avait lu encore, selon toute apparence, que les grandes contemplations métaphysiques de Faust et de Méphistophélès dans les montagnes ; s’il avait lu les scènes pastorales, naïves, déchirantes, de la séduction de Marguerite et de ses amours à la fenêtre devant la lune, Schiller aurait ajouté au torse d’Hercule le torse de Vénus. […] Il ne le termina que plus tard, et il ajouta alors les principaux détails pathétiques empruntés à l’émigration française des bords du Rhin ; ces scènes de déroute dont il avait été témoin pendant la retraite des Prussiens devant Dumouriez, en 1792, avaient fait sur son esprit une forte impression de pitié qu’il reproduisit dans son poème.

1511. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Quelle impression ce livre vous a-t-il faite ? […] Cette peinture évangélique de l’âme de l’évêque, âme chrétienne parce qu’elle est populaire, et populaire parce qu’elle est chrétienne, mon ami, est ce qu’on appelle un tableau de genre suspendu dans un vestibule pour prédisposer, par une bonne impression, les yeux, l’esprit, le cœur des lecteurs aux sentiments religieux et doux, qui sont l’édification de ce triste monde.

1512. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

« Si notre âme n’est qu’une matière subtile, mise en mouvement par d’autres éléments plus ou moins grossiers, auprès desquels même elle a le désavantage d’être passive ; si nos impressions et nos souvenirs ne sont que les vibrations prolongées d’un instrument dont le hasard a joué, il n’y a que des fibres dans notre cerveau, que des forces physiques dans le monde, et tout peut s’expliquer d’après les lois qui les régissent. […] Nous retrouvons en ce moment l’impression fugitive de cette apparition, dans une lettre à un de nos amis d’enfance qui nous a été restituée après la mort de cet ami ; nous demandons pardon au lecteur d’en détacher cette page.

1513. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

C’est un vrai poète (il en avait l’âme et l’oreille), un amant de la campagne, qui dans le plus faux des genres, dans la pastorale dramatique, a su jeter quelques impressions profondément sincères, un doux mélancolique qui a pleuré la fuite des choses et le néant de l’homme en strophes lamartiniennes, du milieu desquelles parfois s’enlèvent puissamment de magnifiques images, des périodes nerveuses et fières. […] Il a le tempérament d’un réaliste ; mais il s’obstine à convertir ses impressions de nature en préciosité spirituelle.

1514. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Deux choses alors remplissent le moment présent : la foi sans la science de la religion, sans l’intelligence de ses rapports avec la civilisation ; la critique, qui n’a pas d’idées générales, et n’est guère que l’impression vive d’un malaise actuel. […] La Bruyère, qui l’a bien senti, ajoute à l’excellent portrait qu’il en a tracé : « Corneille élève, étonne, maîtrise. » Quand Descartes définit l’admiration « une subite surprise de l’âme qui fait qu’elle se porte à considérer avec attention les objets qui lui semblent rares et extraordinaires34 », ne semble-t-il pas définir l’impression que nous recevons, soit de la représentation, soit de la lecture des pièces de Corneille ?

1515. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

L’histoire littéraire du temps laisse une lugubre impression de vide. […] Autre est l’impression, si l’on considère les produits ou les producteurs, les machines ou les hommes, les ouvriers de fer ou les ouvriers de chair.

1516. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

. — Cette première distinction faite, cherchons les principaux traits qui constituent l’action des décors sur l’œil et pourquoi sont provoquées les impressions toutes premières et inconscientes. […] Les mouvements du chœur sont surtout remarquables dans le second tableau du premier acte : on peut dire que c’est ce qui a fait le plus d’impression sur les spectateurs de Bayreuth, comme on pouvait s’en assurer par les conversations qui avaient lieu après le théâtre. — Dans une grande salle, dominée par une coupole, qui est encore plongée dans l’obscurité, on voit un cortège de chevaliers s’avancer d’un pas lent et avec un rythme cadencé ; ils se rangent autour d’une table.

1517. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

C’est ce que j’ai fait dans une nouvelle Edition de cet Ouvrage, qui paroîtra dans moins de six semaines, & qui auroit déjà paru, si l’impression n’en avoit été suspendue pour des raisons étrangeres à mon travail. […] Les premieres impressions me tenoient encore dans une sorte de respect.

1518. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Ce sont des vers simples et doux, de délicieux paysages de campagnes, de pénétrantes impressions de pluie sur les champs où de petites maisons grises, avec une sorte de résignation devant les choses. […] Les origines du monde sont ainsi expliquées en cinquante pages… Une impression vraiment profonde naît parfois de l’animation des tableaux évoqués ; mais l’émotion n’y a aucune part.

1519. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Ce que vous devez y tracer, ce n’est pas la nature elle-même, c’est l’impression vive, profonde, originale, poétique en un mot, que cette nature a dû produire en vous. […] Gottlieb Baumgarten qui lui donna ce nom, parce qu’il lui assignait pour origine l’impression produite sur les sens (Ἀσθήσεις) : il la définissait : Scientia cognitionis sensitivæ .

1520. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Quand Les Contemplations ont paru, ce livre dont il a voulu faire son Exegi monumentum, son livre suprême, nous les avons ouvertes avec l’espèce de sentiment qu’on éprouve en ouvrant le testament d’un homme qui lègue à la postérité le dernier mot de son génie ; seulement ce n’est pas notre faute si ce que nous avons trouvé ne méritait ni une impression si solennelle, ni un sentiment de cette hauteur. […] Fait pour chanter la guerre avant toutes choses, — car sa première impression d’enfance fut pour lui, comme pour Astyanax, le panache du casque de son père, — fait pour chanter la guerre, et après la guerre tous les spectacles qui arrivent à l’âme par les yeux, M. 

1521. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

J’ai laissé ce récit dans son admiration un peu naïve, comme étant celui d’un témoin qui s’est peut-être exagéré le péril, mais qui rend du moins une vive impression personnelle.

1522. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

La seconde de ces élégies est de toute beauté, dans la première moitié surtout, où s’exhale une si poignante douleur, où le poète va demander au grand spectacle d’une nature bouleversée, à ce qu’on appelle le pays brûlé de l’île, l’impression muette et morne à laquelle il aspire et qu’il s’indigne de ne point éprouver : Tout se tait, tout est mort.

1523. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Un jour, dans le cabinet de son père, qui venait de temps en temps à Dijon, le jeune Bossuet ouvre une Bible latine ; il en reçoit une impression profonde.

1524. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Renan avait reçu notamment une très vile impression des idées et des vues de Herder ; cette espèce de christianisme ou de fonds religieux supérieur, qui admet toutes les recherches, toutes les conséquences de la critique et de l’examen, et qui, avec cela, laisse subsister le respect, même l’enthousiasme ; qui le conserve et le sauve en le transférant en quelque sorte du dogme à l’histoire, à la production complexe et vivante, le rasséréna et le tranquillisa beaucoup ; il sentait que, s’il eût vécu en Allemagne, il eût pu trouver des stations propices à une étude indépendante et respectueuse, sans devoir rompre absolument avec des choses ou des noms vénérables, et à l’aide d’une sorte de confusion heureuse de la poésie avec la religion du passé.

1525. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Il me prit fantaisie d’éprouver l’impression que j’en ressentirais, et si l’âge aurait affaibli en moi les échos de cette poésie qui m’avait autrefois transporté.

1526. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Le Play de son livre, à rendre ici quelque chose de l’impression plus vive qui m’est restée et à le faire sous une forme moins froide que celle que la statistique exige.

1527. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Ainsi qu’il arrive souvent aux hommes frappés d’un grand et fatal accident qui a brisé à jamais en eux une illusion et toute une existence, il se rejetait et se plongeait dans les impressions de la nature, dans les travaux et même les fatigues des champs.

1528. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

S’ils prétendent décrier mon caractère, je défie la calomnie la plus envenimée de faire impression sur les personnes de bon sens dont j’ai l’honneur d’être connu.

1529. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

En prévision des lacunes toujours inévitables dans une Collection de ce genre, nous nous étions réservé de reporter à la fin des Premiers lundis en guise de Mélanges, tout ce qui aurait pu nous échapper pendant l’impression de ces trois volumes.

1530. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Une très vive impression causée par la contemplation de plantes exotiques et monstrueuses fait éclater la crise.

1531. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

à qui viendrait-il dans l’esprit de s’imposer une contrainte inutile, puisque personne n’en comprendrait le motif et n’en recevrait l’impression ?

1532. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

En concentrant sa vie, on concentre aussi sa douleur, et qui n’existe que pour soi, diminue ses moyens de jouir, en se rendant d’autant plus accessible à l’impression de la souffrance : on voit cependant à l’extérieur de certains hommes, de tels symptômes de contentement et de sécurité, qu’on serait tenté d’ambitionner leur vanité comme la seule jouissance véritable, puisque c’est la plus parfaite des illusions ; mais une réflexion détruit toute l’autorité de ces signes apparents, c’est que de tels hommes, n’ayant pour objet dans la vie que l’effet qu’ils produisent sur les autres, sont capables, pour dérober à tous les regards les tourments secrets que des revers ou des dégoûts leur causent, d’un genre d’effort dont aucun autre motif ne donnerait le pouvoir.

1533. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Comme contre-épreuve de cette série d’observations, on regarde non plus l’œuvre, mais l’auteur, et l’on voit que chez tous les grands artistes, dans ce qu’on appelle inspiration ou génie, se rencontre toujours une impression originale fournie par un caractère de l’objet, « la vive sensation spontanée qui groupe autour de soi le cortège des idées accessoires, les remanie, les façonne, les métamorphose, et s’en sert pour se manifester ».

1534. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

« Les interruptions, les repos, les sections, dit excellemment Buffon, ne devraient être d’usage que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par la multiplicité des obstacles, et contrainte par la nécessité des circonstances : autrement, le grand nombre de divisions, loin de rendre un ouvrage plus solide, en détruit l’assemblage ; le livre paraît plus clair aux yeux, mais le dessein de l’auteur demeure obscur ; il ne peut faire impression sur l’esprit du lecteur, il ne peut même se faire sentir que par la continuité du fil, par la dépendance harmonique des idées, par un développement successif, une gradation soutenue, un mouvement uniforme, que toute interruption détruit et fait languir. » La constitution essentielle du sujet marque à l’écrivain les reposoirs naturels, où il peut reprendre haleine, et son lecteur avec lui ; elle délimite les portions où le regard peut successivement s’arrêter, quand le champ total est trop vaste et ne se laisse pas embrasser d’une seule vue.

1535. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

On voit que le provignement de Ronsard n’est que l’imitation réfléchie de révolution spontanée du langage ; si d’impression sont sortis impressionner, impressionnable, impressionnabilité, n’est-ce pas un provignement opéré par l’instinct naturel du peuple ?

1536. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Il n’ignore rien de ce que tous les esprits originaux de ce siècle ont pensé et senti ; il le repense avec une hardiesse légère, il le ressent avec une vivacité d’impression jamais émoussée.

1537. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Quel plus doux emploi pour une mere que de verser dans les ames neuves & tendres de ses enfans les premieres impressions du beau & du vrai.

1538. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Par le mode d’exposition, la méthode, l’impression générale qu’il produit sur le lecteur, le livre de M. 

1539. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Ce nom, ce serment, les souvenirs de persécution religieuse attachés à ces circonstances avaient tait sur l’âme du jeune Agrippa une de ces impressions qui dans les familles se transmettent de général ton en génération, forment dans l’esprit des enfants qui se succèdent une idée fixe autour de laquelle les premières notions et les premiers sentiments de morale se rangent et s’impriment en caractères ineffaçables75.

1540. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Les premières impressions que le roi avait faites sur madame Scarron, à son entrée dans Paris, étaient peut-être de celles que la beauté et la jeunesse font sur les sens d’une femme jeune et sympathique ; mais l’auréole de gloire qui environnait cette belle tête de Louis XIV, la douce et noble fierté de son attitude soumirent aussitôt les sympathies physiques aux sympathies morales.

1541. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Ajoutez à l’impression que produit cette scène si touchante l’attendrissement du père qui va se battre tout à l’heure, à deux pas de là, et qui ne sait trop s’il reverra son enfant ; puis le désespoir d’André apprenant que le comte se bat à sa place, et la rentrée fêtée du père converti dans sa jeune famille.

1542. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

On se confirme, après étude et réflexion, dans l’idée qu’une première et franche impression nous avait laissée d’elle.

1543. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Il a montré qu’il n’y a pas une seule des émotions ou affections qui ne retentisse dans le cœur, et que les plus fugitives, les plus délicates impressions du cerveau se traduisent en altérations des battements du cœur.

1544. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

C’est ce qui fait dire à Virgile, en parlant du bonheur inestimable d’un heureux loisir que goûte un philosophe solitaire : « Il n’est point dans la nécessité de compatir à la misère d’un vertueux indigent, ou de porter envie au riche coupable. » La crainte et la pitié sont les passions les plus dangereuses, comme elles sont les plus communes : car, si l’une, et par conséquent l’autre, à cause de leur liaison, glace éternellement les hommes, il n’y a plus lieu à la fermeté d’âme nécessaire pour supporter les malheurs inévitables de la vie, et pour survivre à leur impression trop souvent réitérée.

1545. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Parce qu’il rendait compte des pièces de théâtre au tout-puissant Journal des Débats, il semblait faire de la critique aux yeux superficiels, et même, à cause de l’endroit où il écrivait, de très grande critique aux yeux des imbéciles ; mais il n’en faisait que comme tout le monde en fait (sans être un écrivain ad hoc) : avec des impressions personnelles.

1546. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Cette queue impérieuse qui commande à la tête dans tous les partis et qu’il a méprisée l’a, dit-on, accusé d’avoir fait trop belles certaines individualités catholiques, comme si lui, le plus vrai d’impression de tous les historiens, même quand il ne l’est pas d’appréciation raisonnée, ne les avait pas vues telles qu’il les a peintes, absous par cette pureté de vision qui est, hélas !

1547. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Voici trois textes qui ont été écrits presque simultanément, sous l’empire de la même impression pourrait-on dire, et qui semblent révéler de la part de leurs auteurs, une certaine tendance momentanée à l’esprit de comparaison et au sentiment de la réalité.

1548. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Des Mémoires donnent bien l’impression de la vie, mais tout autre que celle d’un roman. […] Un symbole donne au moyen d’images l’impression d’idées. […] Voici une impression que je soumets au jugement des bons lecteurs, et que je retirerai bien volontiers s’ils ne la confirment pas. […] Ne donne-t-il pas une impression de déjà vu, de prévu, de gaufrier prêt pour les mains des parodistes ? […] Dans la vie de campagne je tombais toujours, en arrivant dans un nouveau pays, sur cette impression : tout ce que je voyais, je l’avais déjà vu.

1549. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Cette impression de mystère, Flaubert l’a voulue et l’a cherchée à dessein, — nous le savons par sa correspondance. […] J’aurais voulu relever plus soigneusement tout ce que vous dites de perspicace, par exemple sur l’impression du Temps que donne Flaubert, et surtout vous suivre dans les indications discrètes que vous apportez à la critique sur la manière dont vous vous reliez vous-même à lui et à Gérard de Nerval. […] Je donne ces remarques comme des impressions et des thèmes plutôt que comme des vérités didactiques. […] J’ai voulu donner seulement l’impression de ce qui, dans le travail du style tel que Flaubert le conçoit, relie ce travail aux directions profondes de la langue et à l’œuvre des maîtres. […] La vanité des Classiques est assez connue, ce qui ne veut pas dire que les Romantiques eussent été étrangers à ce défaut… Il était également sous l’impression de la religiosité des Classiques… Voilà pourquoi, au moment du départ, l’archevêque de Vienne “bénit le pieux chevalier”.

1550. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Mais ce ne sont là que des impressions sans conséquence et vite effacées. […] Et, comme l’impression traîne et que Rousseau ne sait pas ce qui se passe, il meurt d’inquiétude. […] Tout de même, cette impression traîne bien ! […] Et l’impression de l’Émile traîne toujours ! […] … La baleine a cédé à la force de l’impression… Empreintes délicieuses, que je vous baise mille fois !

1551. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Taine note dans la première partie de son étude l’impression que produisit le général Bonaparte sur madame de Staël, quand elle le vit pour la première fois. […] L’impression qui se dégage de ce portrait est favorable. Celle que produit le portrait un peu métaphysique de madame de Staël est une impression d’antipathie. […] Il a noté tout simplement ses premières impressions au contact des choses. […] Il a rapporté de ses voyages des poésies éparses et des notes qui témoignent d’une grande délicatesse d’impressions et d’une merveilleuse subtilité d’intelligence.

1552. (1890) Nouvelles questions de critique

Pour cette seule raison de la beauté de l’impression, nous regretterions que M.  […] C’est la même question qui revient : la question des impressions, suppositions et contrefaçons de Hollande. […] Aussi n’est-ce point de la sincérité des orateurs que je doute, non plus que de celle de leur éloquence, mais de la sincérité de mon impression. […] Qu’importent, après cela, quelques divergences, qui sont, dans le jugement de chacun, ce qu’il ne saurait s’empêcher de laisser passer de lui-même dans ses impressions ? […] le journal ou la chronologie de ses impressions, la matière d’abord, et plus tard le prétexte errant de ses effusions, l’occasion de ses cris d’enthousiasme ou d’indignation.

1553. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Et non seulement il a rendu conscientes des impressions inexprimées, mais il a doué de vertus pathétiques l’incohérent langage des amants. […] Le soir, rentrés dans leur chambre, au débotté, nos trois amis se racontèrent leurs impressions, et vous vous figurez quelle fut leur surprise et leur gaieté en apprenant que M.  […] Madeleine découvre un jour certains cahiers où son mari notait ses impressions. […] Et j’ai retrouvé là des descriptions, des impressions qui ne sont pas sans analogie avec celles qui, déjà, nous avaient tant émus dans les Affinités électives, de Goethe.

1554. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Il faut éviter la multiplicité trop grande des incidents, dont la confusion ne servirait qu’à fatiguer l’esprit du spectateur, et ne ferait que des impressions légères sur son cœur. […] La terreur, que la tragédie produit en nous, nous est donc quelquefois étrangère ; et quelquefois elle nous est personnelle : l’une cesse avec le péril du personnage intéressant, ou se dissipe peu après ; l’autre laisse une impression qui survit à l’illusion du spectacle. […] Le drame en musique doit donc faire une impression bien autrement profonde que la tragédie et la comédie ordinaire : il serait inutile d’employer l’instrument le plus puissant, pour ne produire que des effets médiocres. […] N’est-ce pas refroidir l’auditeur, et détruire l’impression du sentiment ?

1555. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Nous avons cette impression quand nous comparons les sociétés d’Abeilles ou de Fourmis, par exemple, aux sociétés humaines. […] L’impression que nous avons n’est pas toujours celle que nous donnerait une complexité croissante obtenue par des éléments ajoutés successivement les uns aux autres, ou une série ascendante de dispositifs rangés, pour ainsi dire, le long d’une échelle. […] On a la même impression devant l’instinct paralyseur de certaines Guêpes. […] La même impression se dégage d’une comparaison entre le cerveau de l’homme et celui des animaux.

1556. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Il demandait que la République achetât pour lui le papier nécessaire à l’impression de ses Harmonies. […] Avant même que d’avoir paru, le livre, si l’on en croit Sainte-Beuve, qui s’était chargé d’en surveiller l’impression, « soulevait et transportait » les ouvriers eux-mêmes de l’imprimerie où on le composait. […] Pas d’impression qui ne puisse, de sa langue originelle, se transposer en une autre, et le tout est d’en trouver l’exacte équivalence. […] Pensée, sentiment, sensation même, tout y manque ; ce ne sont que des formes vides ; et la seule impression qu’on en garde est celle d’un vain cliquetis de mots. […] Paul Bourget, et plus aussi qu’une impression d’art.

1557. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Son teint avait conservé jusque sous l’impression de sa maladie, douce quoique mortelle, la fraîcheur et la blancheur rose de celui d’une vierge. […] Il avait une figure sévère très remarquable, un teint fort cuivré, des cheveux gris argentés, et dont quelques mèches, encore noires comme ses sourcils épais, lui donnaient un air dur au premier aspect ; mais un regard pacifique adoucissait cette première impression. […] Mais je n’en ai pas de remords ; l’impression d’un mot vrai ne dure pas plus que le temps de le dire ; c’est l’affaire d’un moment.

1558. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Vous avez assoupli votre langue aux exigences complexes de la peinture des réalités observées, aux nécessités changeantes des traductions d’une âme, au caprice même des impressions les plus fugitives. […] Mercredi 18 décembre Visite de Bracquemond, en train de se livrer à des impressions artistiques d’étoffes, m’annonçant que la gravure est complètement tuée par la photographie : mort qu’il prédisait dans deux articles, publiés par lui en 1886, mais qu’il croyait être plus tardive, et ne pas le toucher. […] » Vendredi 27 décembre Dans ce volume, le dernier volume imprimé de mon vivant, je ne veux pas finir le Journal des Goncourt, sans faire l’historique de notre collaboration, sans en raconter les origines, en décrire les phases, indiquer dans ce travail commun, année par année, tantôt la prédominance de l’aîné sur le cadet, tantôt la prédominance du cadet sur l’aîné : Tout d’abord, deux tempéraments absolument divers : mon frère, une nature gaie, verveuse, expansive ; moi, une nature mélancolique, songeuse, concentrée — et fait curieux, deux cervelles recevant du contact du monde extérieur, des impressions identiques.

1559. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Cette beauté universelle que l’antiquité répandait solennellement sur tout n’était pas sans monotonie ; la même impression, toujours répétée, peut fatiguer à la longue. […] Grâce à lui, point d’impressions monotones. […] Ne voit-on pas que, vous reposant ainsi d’une impression par une autre, aiguisant tour à tour le tragique sur le comique, le gai sur le terrible, s’associant même au besoin les fascinations de l’opéra, ces représentations, tout en n’offrant qu’une pièce, en vaudraient bien d’autres ?

1560. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Au début, ces deux livres m’inspirèrent une inquiétude voisine de l’effroi ; quand je les eus achevés, je ressentis, non sans surprise, une large, une sereine impression. […] Après les journées de Juillet, Auguste Barbier fit siffler le fouet de ses Iambes et produisit une vive impression par le lyrisme de la satire, la violence du ton et l’emportement du rhythme. […] Le mérite de Pierre Dupont est d’avoir donné cette saine et fraîche impression à un public animé de passions brûlantes. […] Nous transcrivons ici les quelques lignes servant de début à notre feuilleton du 27 mars 1848 ; elles donnent la note juste de l’impression ressentie à cette fiévreuse époque. […] Ce fut presque l’impression de la première soirée.

1561. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

J’ai eu l’impression d’un homme qui assisterait, de sa fenêtre, à une revue dont les soldats, les officiers et les généraux se seraient tous illustrés dans de récentes campagnes. […] Il est vrai que l’un des héros d’Âmes blanches est malade, mourant, mais le spectacle de cette tendresse n’en choque pas moins et laisse l’impression d’une chose malsaine. […] Et cependant, pour l’avoir seulement revu, elle éprouvait la même impression d’abandon que dix ans plus tôt ! […] Malgré l’impression qu’il en ressentit, Chaptal se mit en devoir de le disséquer. […] Une dame de la cour de Vienne nous racontait un jour, ses impressions à l’arrivée de l’empereur Nicolas dans cette dernière capitale.

1562. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Tout a été dit, et nous avons l’impression que tout est à dire. […] Ils ne nous en ont montré que les impressions dépersonnalisées, si l’on peut dire, pratiquant cette discipline de l’effacement qui fut également celle de Pascal : « Le moi est haïssable », disait celui-ci. […] À parcourir leur journal, on demeure étonné de l’absence d’émotion tout au contraire, de l’insignifiance — il faut bien répéter le mot — des impressions enregistrées. […] On nous raconte déjà que l’impression des thèses de médecine devient trop onéreuse pour le plus grand nombre des étudiants. […] Je dis bien : les âmes, et non les esprits, car ce remarquable maître, à qui j’aime à rendre cet hommage ému d’une guerre à l’autre, nous donnait de la vie morale une impression auguste qui réparait le danger inhérent au principe kantien.

1563. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Brunetière, et c’est la tâche seule qu’il mettra en valeur pour obtenir l’impression totale23.Voyez les Goncourt, surtout M.  […] Dujardin, et qu’il l’eut intégralement exécuté (chose que je tiens pour impossible), pensez-vous que son œuvre produirait l’impression de vie qu’il en attend ? […] Jules Lemaître, actif, curieux, infatigable, ouvert à toutes les impressions. » Ses meilleurs romans sont un compromis entre le roman romanesque et le roman d’observation ; — M.  […] Voir aussi les vives et fines impressions de voyage publiées par M.  […] À son grand étonnement, quand il se mit à l’œuvre, il trouva en lui des accents pleins, énergiques et mâles, qu’il avait ignorés jusqu’alors, impression facile d’une âme civilisée par la douleur.

1564. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Il y a là, selon nous, bien du mélange ; mais enfin l’impression des contemporains était telle, et Voltaire, qui avait salué le traducteur des Géorgiques du nom de Virgilius-Delille, avait le temps, avant de mourir, et dans son dernier voyage de Paris, de donner l’accolade à Parny en lui disant : Mon cher Tibulle ! […] L’aimable Isabey, que j’interroge, traduit lui-même et complète d’un mot mon impression en disant du visage et de la physionomie de Parny : C’était un oiseau.

1565. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

IX Je viens de le faire, et je vais me rendre compte à moi-même de mes impressions. […] L’homme, cet être flexible, se pliant dans la société aux pensées et aux impressions des autres, est également capable de connaître sa propre nature lorsqu’on la lui montre, et d’en perdre jusqu’au sentiment lorsqu’on la lui dérobe.

1566. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Il avait souffert plus que personne de l’esprit de dispute ; et quoiqu’il n’en laisse rien voir dans son écrit, où la sévère discipline de Port-Royal n’a pas permis à la personne de se montrer, cette sagacité qui pénètre dans les causes secrètes de nos brouilleries n’est que l’impression personnelle, et encore brûlante, des blessures qu’il en avait reçues. […] L’impression en est si bonne et en pourrait être si efficace !

1567. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Qui pourrait ressaisir ces fugitives impressions ? […] Mais il y a quelque chose de bien plus beau encore, c’est l’impression qui résulte de ces salles, de la pose ordinaire des personnages, du style général des tableaux, du coloris dominant.

1568. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

L’impression que me fit Athènes est de beaucoup la plus forte que j’aie jamais ressentie. […] Le Chant du Départ lui avait fait une vive impression, elle ne récitait jamais le beau vers prononcé par les mères : De nos yeux maternels ne craignez point les larmes… sans que sa voix fût émue.

1569. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Son embarras, quelques mots, nous laissaient voir son impression. […] Hugo ; nous n’avons qu’à répondre ceci : l’impression de notre pièce a précédé la publication de Quatre-Vingt-Treize.

1570. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Titon ayant autant à cœur la gloire des lettres qu’il l’avoit, il n’est pas éronnant qu’il ait publié après l’impression de son Parnasse, ses Essais sur les honneurs accordés aux Savans. […] Mr. de Voltaire excite tour-à-tour ces différentes impressions, mais dans un moindre degré.

1571. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Ce beau sermon est orné, suivant l’usage de ce tems, d’une histoire, ou plûtôt d’une fable qui dut faire une très-grande impression sur l’auditoire. […] Il a encore ce ton aisé, cet air simple & insinuant qui fait bien plus d’impression que tout le travail de l’art ; & la composition sans être négligée, sent peu le cabinet, ce qui n’est pas un petit mérite.

1572. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

À l’arrivée dans l’Hellespont et devant le Bosphore, il a pourtant des accents et quelques traits qui peignent bien l’impression de grandeur et d’éblouissement qu’il reçoit.

1573. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Faisons chez le panégyriste la part des ressouvenirs de Tacite et de Cicéron : on ne saurait rendre plus dignement toutefois l’impression que produit encore sur nous le portrait du président Jeannin, recueilli parmi ceux des grands hommes de Perrault.

1574. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Quand on a lu cette partie des mémoires de Montluc et qu’on a surmonté l’impression d’horreur que causent et ses propres cruautés et celles qu’il prétend punir, on reconnaît mieux comment, en de pareils temps, les édits de L’Hôpital durent manquer leur effet ou en produire un qui, bientôt traduit et dénaturé au gré des passions, ne serait pas resté profitable et conforme à la pure idée de tolérancee.

1575. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

M. de Sémonville, que nous avons connu de tout temps si actif, si empressé à se mêler du jeu des événements publics et de leurs chances, avait enlacé Joubert par le plus sûr des liens ; une jeune personne charmante, sa belle-fille32, avait fait impression sur le cœur du général, et allait devenir sa femme.

1576. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Une autre question qui ne porte plus tant sur l’écrivain que sur la femme elle-même, est celle-ci : Aucun des traits du caractère et de la physionomie de Mme de Sévigné est-il sensiblement modifié par l’impression générale que laisse la nouvelle lecture ?

1577. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Et d’abord, l’impression due à M. 

1578. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Biot, intitulé la Vérité sur le procès, de Galilée ; est singulier à la longue : chaque détail est exact, on l’admet ; chaque réflexion même, amenée chemin faisant, paraît juste, chaque conjecture plausible, et pourtant le tout laisse une impression équivoque.

1579. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Sous ce nom de rhétorique, qui n’implique pas dans ma pensée une défaveur absolue, je suis bien loin de blâmer d’ailleurs et d’exclure les jugements du goût, les impressions immédiates et vives ; je ne renonce pas à Quintilien, je le circonscris8.

1580. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Je pourrais (si c’était le lieu) mettre ici la suite de ses jugements ou de ses impressions sur Hugo et ses divers ouvrages jusqu’à Notre-Dame de Paris inclusivement56, et l’on verrait, sans avoir besoin d’entrer dans aucune discussion du fond, qu’en parlant de la sorte il n’était que conséquent avec lui-même et sincère.

1581. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Elle trouve le temps, au milieu de sa fièvre, de tenir un Journal de ses impressions : ce Journal est bien fait, bien mené ; M. 

1582. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Doré a donc refait un Don Quichotte espagnol : il l’a défrancisé, déflorianisé le plus possible, et, en le rendant si neuf, il ravive en nous les sources de fraîcheur, de joie même et de poésie, qui sortent chaque fois de cette incomparable lecture ; il nous y convie, en renouvelant les impressions que trop d’habitude émousse ; et, pour ne parler que de moi, il me donne envie, en m’aidant de M. 

1583. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Ce qui les forme, ce qui les achève, ce sont des sentiments forts et de nobles impressions qui se répandent dans tous les esprits et passent insensiblement de l’un à l’autre… Durant les bons temps de Rome, l’enfance même était exercée par les travaux ; on n’y entendait parler d’autre chose que de la grandeur du nom romain… Quand on a commencé à prendre ce train, les grands hommes se font les uns les autres ; et si Rome en a porté plus qu’aucune autre ville qui eût été avant elle, ce n’a point été par hasard ; mais c’est que l’État romain constitué de la manière que nous avons vue était, pour ainsi parler, du tempérament qui devait être le plus fécond en héros. » La guerre d’Annibal est très-bien touchée par Bossuet ; et quand il a bien saisi et rendu le génie de la nation, la conduite principale qu’elle tint les jours de crise, et le caractère de sa politique, il ne suit pas l’historique jusqu’au bout, comme l’a fait et l’a dû faire Montesquieu.

1584. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Lemercier qui, après quelque préambule, venait le sommer de supprimer le nom, attendu que Mme Lemercier ne pouvait passer dans cette rue sans que cela lui fît une impression pénible.

1585. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Cette fois le comte de Clermont nous laisse sur l’impression la plus désagréable, et pour ceux qui trouveraient qu’il nous arrête bien longtemps, je ferai observer que c’est moins un homme en lui qu’un régime que nous étudions.

1586. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Je sais que d’autres peuvent avoir une impression différente ; mais pour moi, celle qui résulte d’un pareil épisode que ne relèvent en rien les distinctions de l’esprit est des moins attrayantes et des moins agréables ; je n’y puis voir qu’une des plaies et des laideurs de l’époque.

1587. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Il n’est pas moins vrai que le jeune abbé malgré lui, fier et délicat comme il était, dut ressentir avec amertume l’injustice des siens : quoique d’un rang si distingué, il entrait dans le monde sous l’impression d’un passe-droit cruel dont il eut à dévorer l’affront ; il se dit tout bas qu’il saurait se venger du sort et fixer hautement sa place, armé de cette force qu’il portait en lui-même, et qui déjà devenait à cette heure la première des puissances, — l’esprit si la théologie avait pu être en passant une bonne école de dialectique, il faut convenir encore que cette nécessité où il se vit aussitôt de remplir des fonctions sacrées, sans être plus croyant que l’abbé de Gondi ; que cette longue habitude imposée durant les belles années de la jeunesse d’exercer un ministère révéré et de célébrer les divins mystères avec l’âme la moins ecclésiastique qui fût jamais, était la plus propre à rompre cette âme à l’une ou l’autre de ces deux choses également funestes, l’hypocrisie ou le scandale.

1588. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Il résulte de ces interprétations voulues plutôt que trouvées une impression contestable dans l’esprit du lecteur, ce qu’il ne faut jamais.

1589. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Or, quand la pensée est une fois saisie de l’esprit de parti, ce n’est pas des objets à soi, mais de soi vers les objets que partent les impressions, on ne les attend pas, on les devance, et l’œil donne la forme au lieu de recevoir l’image.

1590. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Ils s’attacheront à rendre leurs affections intimes et leurs impressions de la nature : leur lyrisme sera sentimental et pittoresque.

1591. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Ils auraient tout le temps pour surmonter une première impression, apprécier avec calme, évaluer sans erreur d’optique la place exacte tenue par un auteur dans un mouvement littéraire annuel.

1592. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Imprimé à Paris en novembre 1645. » Dans l’extrait du privilège pour l’impression de ce programme, il est marqué : « qu’il est permis au sieur Jacomo Torelli da Fano de faire imprimer en français l’explication des décorations du théâtre, ensemble les arguments de la Folle supposée, faits en Italie par ledit sieur Torelli. » 33.

1593. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Peut-être l’attitude digne et calme de l’accusé fit-elle sur lui de l’impression.

1594. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Cet amoureux des résultats se désole du néant des résultats : « La dramatique histoire des luttes philosophiques n’est pas sans laisser une impression pénible : on croirait voir des ouvriers battant à coups redoublés une muraille, dont aucune parcelle ne se détache, et qui ne rend que du bruit sous le marteau. » Les pauvres ouvriers, en effet, qui attachent à leurs membres naturellement si lourds l’écrasement du plomb baconien et qui essaient de « penser le monde » suivant des méthodes faites pour saisir de tout petits détails indifférents !

1595. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Havet a constamment visé à maintenir cette impression élevée, et à la débarrasser des questions de secte où la doctrine particulière de Pascal pouvait engager.

1596. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Il n’avait jamais été irréligieux ; dans les dernières années, il se laissa gagner aux impressions et aux croyances chrétiennes, auxquelles l’associait son aimable et respectable épouse.

1597. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

Telle idée qui a fait une profonde impression sur nous, idée pénible, effrayante même, peut s’imposer de plus en plus, monter au premier rang dans notre conscience : cette obsession, cette idée fixe, quoique enveloppant encore en elle-même une certaine appétition corrélative à toute activité, n’est cependant pas vraiment le désir.

1598. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Je dirai volontiers que l’impression qui m’en est restée est plutôt favorable à ceux qui assimilent le cerveau du singe au cerveau de l’homme qu’à ceux qui veillent y voir deux types absolument différents27 ; mais maintenant la difficulté reste aussi grande qu’auparavant.

1599. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

En continuant de comparer la poësie dramatique avec la peinture, nous trouverons encore que la peinture a l’avantage de pouvoir mettre sous nos yeux ceux des incidens de l’action qu’elle traite, qui sont les plus propres à faire une grande impression sur nous.

1600. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Cassiodore après y avoir parlé des tragédies et des comédies qui se représentoient sur ce théatre, ajoute donc : orchestarum… etc. si l’on en croit Martial et quelques autres poëtes, les pantomimes faisoient des impressions prodigieuses sur les spectateurs.

1601. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Tel est, par exemple, à mon avis, ce passage de la vie d’Agricola, où Tacite oppose la rougeur du visage de Domitien à la pâleur des malheureux qu’il faisait exécuter en sa présence, et où il remarque que cette rougeur étant naturelle, préservait le visage du tyran de l’impression de la honte ; circonstance petite et frivole, qui ne me paraît digne ni du génie de l’historien, ni du tableau odieux et touchant que présente le spectacle de tant d’innocentes victimes, et du tyran qui les voit expirer.

1602. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Étranger à toutes les carrières et à toutes les coteries ; privé même, pour le moment, de la ressource de mes livres, je suis réduit à ne consulter que mes propres impressions, à ne prendre mon érudition que dans mes souvenirs.

1603. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Incapable de creuser longtemps dans la nature humaine et de nous faire un livre profond de ce qu’elle y aurait trouvé, Mme Colet a pour ressource de plaquer autour des amours avilissants et avilis, dont elle nous raconte les orages, de longues descriptions de Venise, fourbues à force d’avoir servi, et des citations de Byron toujours inévitables, quand on parle de Venise et qu’on n’a pas en soi d’impression, neuve et sincère.

1604. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

C’est l’enthousiasme d’un disciple, c’est le ravissement d’un esprit délicat sous l’impression de beautés étrangères qu’il est découragé d’atteindre et dont il n’approche que par l’admiration.

1605. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Cependant, une personne à laquelle je faisais part de mes impressions de lecture en lui recommandant l’Histoire de la société française, me répondit : — Bah ! […] J’ai pris l’engagement de revenir sur l’opéra des Vêpres siciliennes, et de corriger, s’il y avait lieu, des impressions toujours fautives par un jugement motivé. […] Théodore Muret s’est souvenu du cruel Golo avec une légitime indignation, lorsqu’il a écrit la phrase suivante « Hugues a fait des menaces à Pia ; le scélérat ne tarde pas à les réaliser. » Ce scélérat, — le cri d’une âme honnête, — me rappelle une impression de théâtre analogue qui remonte à quelques années. […] J’en extrais la phrase suivante, qui a dû produire une impression bien vive, si elle a été jetée au milieu de la population parisienne rangée, samedi dernier, sur le passage de la reine Victoria : L’esprit de notre vie est jaloux des individualités et ne permet à un individu de devenir grand qu’à l’aide de l’universalité des êtres. […] L’accord n’était pas possible entre nous ; je jugeais Flaminio sur des impressions reçues à la représentation de l’ouvrage, et mes confrères, les feuilletonistes du lundi, continuaient à rendre compte de la préface des Vacances de Pandolphe.

1606. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Tous les contemporains sont là pour l’attester, l’impuissance avec prétention, l’ennui avec scandale, telle fut l’impression universelle, décisive, constatée non par les ennemis de Balzac, mais par le vrai public. […] Ce ne sont là, après tout, que des peccadilles, les abus d’un mauvais système ; mais on éprouve une impression plus pénible et plus irritante, lorsque ces femmes, dont l’invention et le monopole appartiennent, Dieu merci ! […] Nous venons, presque sans le vouloir, d’indiquer, dans son ensemble, l’impression que l’on garde de la lecture des Contemplations. […] Au lieu de nous décider d’avance, livrons-nous tout simplement aux impressions que nous laisse cette lecture : les questions délicates sont justement celles où il importe le plus d’être sincère, et où la franchise est la meilleure des habiletés. […] Il me semble que je touche de près au livre de M. de Tocqueville et à la première impression qu’il produira sur bien des lecteurs.

1607. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Tant de circonstances et de sentiments nouveaux, bizarres et contradictoires, ne pouvaient manquer de faire une profonde impression sur l’imagination du jeune Étienne. […] La fermeté de son esprit, sa taciturnité, son application constante au travail et le peu de temps d’ailleurs qu’il passa à l’école de David, portent à croire que les idées singulières des primitifs firent peu d’impression sur lui. […] Ce n’est pas seulement en charmant les yeux que les monuments des arts ont atteint le but, c’est en pénétrant l’âme, c’est en faisant sur l’esprit, une impression profonde, semblable à la réalité. […] Ce spectacle fit une vive impression, et ceux même qui étaient le plus opposés aux violences du gouvernement républicain ne purent voir sans émotion ces quatorze chars de triomphe. […] L’imagination de Girodet était de l’espèce de celles qui s’excitent, s’échauffent et s’enflamment plutôt en triturant une idée qu’elles ont enfantée, qu’en traduisant les impressions que fait naître la nature.

1608. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Mais on voit qu’en général nos penseurs de la seconde moitié du xixe  siècle, plus brillants, pour la plupart, plus pénétrants, plus intéressants que leurs prédécesseurs, ont visé moins haut, ont embrassé l’avenir avec moins de confiance et de hardiesse, ont tenté de moins grandes choses, nous laissent sur une impression plutôt de découragement, de désillusion et de lassitude. […] Il découvrait, ou semblait découvrir la critique littéraire historique, la critique littéraire scientifique, la critique littéraire qui explique et ne juge point ; et dans toute son œuvre, ce sont toujours des impressions personnelles et uniquement des impressions personnelles qu’il nous donne comme jugements, et jamais ce n’est l’histoire de la génération, de l’élaboration historique de l’œuvre d’art qu’il nous fait ; de quoi je ne songe nullement à le blâmer, mais sur quoi je dis que sa théorie n’était qu’une rencontre fortuite, ne l’a ni guidé ni soutenu, partant n’était pas à proprement parler sa théorie, et devient, quand on parle de lui, négligeable. […] L’impression d’un lecteur français de 1900, ou même de 1860, est qu’à la fin de Rouge et Noir tous les personnages perdent la tête. […] III La première impression générale que l’on garde des livres de Proudhon est extrêmement confuse. […] S’il apprécie les écrits des autres sans avoir été créateur lui-même, la technique de l’art littéraire lui est toujours peu connue, et il donne dans le défaut de juger par simple impression, ou dans celui de juger par règles générales, théories, et a priori ; et c’est précisément entre ces deux écueils qu’est sans doute la vraie voie de la bonne critique. — S’il apprécie les écrits des autres après avoir été créateur et l’étant encore, il y a péril qu’il ne songe trop à lui et ne se prenne pour le modèle sur la considération duquel il jugera de tout ouvrage ; et il lui faudra beaucoup de vertu pour avoir assez de clairvoyance.

1609. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Tout enfant, il eut une impression très-vive et qui ne s’effaça jamais : c’était l’époque où l’on supprimait en France l’ordre des jésuites (1764)  ; cet événement faisait grand bruit, et l’enfant, qui en avait entendu parler tout autour de lui, sautait pendant sa récréation en criant : On a chassé les jésuites ! […] Si l’on cherchait à y surprendre les premières impressions, les premières émotions de l’homme public et de l’écrivain, on devrait y reconnaître surtout l’influence de Rousseau. […] Devant rendre compte aux autres de ses impressions successives, M. de Maistre atteignit vite à toute la hauteur de ses pensées. […] Un grand nombre des lettres qu’il écrivait, par le sérieux des questions et le développement qu’il y donne, seraient dignes de l’impression.

1610. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Quand les livres saints et les Pères eurent ôté de ses mains, pour quelques années, les auteurs païens, il continua de les lire dans sa mémoire, entretenant ainsi, parmi ses austères études, des impressions de poésie et d’art qui ne s’effacèrent jamais. […] Ce fut pour le jeune Bossuet une première impression bien forte du contraste des choses humaines, que tant de puissance finissant par la mort, et cette jalousie d’un mourant immolant Cinq-Mars et de Thou aux quelques jours de pouvoir et de vie qui lui restaient encore ! […] Les livres saints étaient sa nourriture journalière ; il les emportait dans ses voyages, et, rentré chez lui, il jetait sur le papier, pour de futurs mouvements d’éloquence, ses impressions et ses pensées. […] Turenne, qui déclarait lui être obligé de son retour à la vraie foi, n’avait cessé d’en demander l’impression.

1611. (1922) Gustave Flaubert

Cette impression, dont nous ne saurions guère nous défendre, ne paraît pas avoir été partagée par les contemporains, qui l’admirèrent, hommes et femmes, et la courtisèrent à l’envi. […] Quand Valmont séduit ses victimes, nous n’avons pas cette impression de mécanisme et de fatalité, nous ne nous sentons pas dans cette atmosphère de sécheresse cruelle. […] Flaubert s’imagine qu’il pourra réagir contre cette tendance d’un genre, produire quelque chose qui donne autant l’impression du réel que les Martyrs donnent celle d’idéal. […] Il nous eût placés en pays de connaissance, en une humanité habituelle, comme la tragédie classique et le roman historique, au lieu de nous produire, comme il le voulait et comme il l’a fait, une impression de dépaysement, de nous jeter violemment dans un morceau de durée insolite. […] En fermant le livre, nous gardons l’impression que du point de vue de Sirius, comme disait Renan, l’existence d’un Flaubert et celle d’une Félicité se confondent à peu près dans la même image composite.

1612. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

  (Je supplie, encore une fois, mes soixante-quatre interlocuteurs ainsi classifiés, de ne considérer ce graphique de mes impressions que comme éminemment arbitraire et provisoire en ce qui les concerne chacun personnellement.) […] Ai-je besoin d’ajouter, puisqu’on en retrouvera le témoignage, que mon Enquête m’a laissé aussi des impressions de sympathie et d’admiration d’autant plus vives qu’elles ont été plus rares. […] C’est également une réaction contre l’absence d’âme, le parti-pris d’impassibilité et de sécheresse des Parnassiens ; je sais bien que le Parnasse a cette croyance que l’impression de beauté doit venir de la pureté et de la noblesse des formes ; mais à côté de la Vénus de Milo, — non, ne parlons plus de la Vénus de Milo ! […] Mais enfin, on a fait un tel abus de mots et de couleurs qu’on arrivera fatalement à une littérature plus sobre, plus synthétique pour ainsi dire, avec des impressions brèves, comment dirai-je, comme piquées (l’extrémité du pouce et de l’index joints, M.  […] M. de Régnier est grand et mince ; il a vingt-sept ans ; les traits fins de sa physionomie, son œil gris-bleu, sa moustache cendrée, sa voix douce et musicale, les gestes aisés de sa main très longue donnent rapidement l’impression d’une délicatesse extrême, d’une réserve, presque d’une timidité maladive.

1613. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Si tout n’est qu’apparence et incertitude si le juste et l’injuste, le beau et le laid, la vertu et le vice sont destinés à flotter sans terme sous le prisme de nos impressions, permis au sceptique de donner à cette situation le nom de liberté ; je n’y saurais trouver, quant à moi, que l’aride et dur labeur de l’esclave. […] En se fiant à ses impressions et se tenant aux grosses apparences, comme Montaigne l’avoue lui-même (« Je me tiens un peu au massif et au vraysemblable »), une grande partie des phénomènes moraux était sujette à lui échapper. […] Mais ce n’est qu’après avoir reçu cette impression qu’en étudiant la cause qui l’a renouvelé, l’homme observe avec admiration l’étonnante beauté du système comme système. […] Plus tard, quand il fut nommé ambassadeur auprès du concile de Trente, quelles ne durent pas être les impressions de cette noble et forte nature en présence de ce qui s’y passa ! […] Ce livre a fait l’impression et il a eu les suites d’une satire, non d’un livre philosophique.

1614. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Nous n’avons qu’une capacité limitée de recevoir des impressions d’un certain ordre. Cette capacité une fois comblée, c’est en nous une impuissance d’admettre des impressions identiques et un irrésistible besoin d’impressions contraires. » Tout cela est vrai ou peut l’être. […] Mais c’est un homme de premier mouvement, en qui toutes les impressions, même les plus fortes, sont fugitives. […] C’est là, sans doute, une impression vague, formée du dehors et du lointain, qui n’est ni tout à fait juste, ni tout à fait fausse. […] De la sorte, ces pages restent inédites après l’impression.

1615. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Ces vérités sont très propres à éblouir les gens du monde, en ce qu’elles jettent un jour dangereux sur les impressions qu’ils vont chercher tous les jours au théâtre. […] Si les divers incidents de cette tragédie ressemblent à ceux que l’histoire nous dévoile, si le langage, au lieu d’être épique et officiel, est simple, vif, brillant de naturel, sans tirades ; ce n’est pas le cas, assurément fort rare, qui aura placé les événements de cette tragédie dans un palais, et dans l’espace de temps indiqué par l’abbé d’Aubignac, qui l’empêchera d’être romantique, c’est-à-dire d’offrir au public les impressions dont il a besoin, et par conséquent d’enlever les suffrages des gens qui pensent par eux-mêmes. […] Je suis obligé de tout expliquer en envoyant mes lettres à l’impression.

1616. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Dans ce pays, un tempérament plus grossier, surchargé d’une nourriture plus lourde et plus forte, a ôté aux impressions leur mobilité rapide, et la pensée, moins facile et moins prompte, a perdu avec sa vivacité sa gaieté. […] Comptez les détails de mœurs, de géographie, de chronologie, de cuisine, la désignation mathématique de chaque objet, de chaque personne et de chaque geste, la lucidité d’imagination, la profusion de vérités locales ; vous comprendrez pourquoi sa moquerie vous frappe d’une impression si originale et si poignante, et vous y retrouverez le même degré d’étude et la même énergie d’attention que dans les ironies et dans les exagérations précédentes : son enjouement est aussi réfléchi et aussi fort que sa haine ; il a changé d’attitude, il n’a point changé de faculté. […] Un auteur de mémoires a le droit de raconter ses impressions d’enfance.

1617. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

La simplicité des mœurs, une dévotion peu éclairée, les objets de notre vénération mis en action sous les yeux, tout concouroit à porter dans l’ame la plus vive impression & le plus grand intérêt. […] C’est par lui qu’ils reçurent une nouvelle vie : ses progrès réparèrent avec rapidité les pertes des siècles précédens, & les bons Auteurs, multipliés par l’impression, trouvèrent bientôt une foule de lecteurs, en état de les entendre & de les lire avec fruit. […] Cette Traduction, qui n’est que manuscrite, pourroit soutenir le grand jour de l’impression, même à côté de l’excellente Traduction de feu M. l’Abbé d’Olivet.

1618. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

L’homme compatit aux maux dont il est le témoin ; il faut l’absence pour en émousser la vive impression ; le cœur en est touché quand l’œil les contemple. […] Les vieux paysans avec qui j’ai causé autrefois dans le pays ont gardé la vive impression de ces vexations et de ces ravages  Dans le Clermontois, ils racontent que les gardes du prince de Condé au printemps prenaient des portées de loups et nourrissaient les jeunes loups dans les fossés du château.

1619. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Matout connaît trop bien son affaire, et qu’il a trop ça dans la main — Indè une impression moins forte. […] Corot peint comme les grands maîtres. — Nous n’en voulons d’autre exemple que son tableau de l’année dernière — dont l’impression était encore plus tendre et mélancolique que d’habitude. — Cette verte campagne où était assise une femme jouant du violon — cette nappe de soleil au second plan, éclairant le gazon et le colorant d’une manière différente que le premier, était certainement une audace et une audace très-réussie

1620. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

À mesure qu’on avancera dans le monde moderne, il deviendra pourtant de plus en plus difficile aux rédacteurs qui seront en exercice alors de se contenir à l’exposé des faits à l’analyse des ouvrages, sans y mêler quelque chose des idées et des impressions qui sortent presque inévitablement : mais jusqu’à présent l’esprit essentiel et primitif de l’œuvre, convenablement entendu et dans une juste extension, a été fidèlement observé.

1621. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Il n’est pas bon, même quand on étudie le passé, de rester sur ces impressions décourageantes, et je veux indiquer l’antidote après le poison, un poème d’honneur et de courage en face de ce tableau d’hypocrisie consommée et de rouerie impudente.

1622. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

La feuille d’impression était payée à Prévost un louis d’or, somme honnête pour le temps.

1623. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Villehardouin, qui nous donne cette impression à travers son récit, ne la démêlait sans doute qu’imparfaitement lui-même : il n’y avait point de contradiction déclarée alors entre ces intérêts du monde et ceux de la religion ; les mêmes hommes qui pourvoyaient aux uns étaient sincèrement préoccupés des autres : toute la différence n’était que dans la proportion et dans la mesure ; mais la part faite au ciel, même quand elle ne venait qu’en seconde ligne, restait encore grande.

1624. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Il y a des chapitres qui, pour la forme, sont dans le goût de Montesquieu : ainsi, le chapitre XV sur la France : « Il est un peuple à qui sa vivacité rend tout sensible à l’excès, à qui sa légèreté ne permet pas d’éprouver d’impressions durables.

1625. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Tous deux s’accordent à reconnaître l’éloquence, l’impression produite.

1626. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Feuillet de Conches le décrit en des termes qui rappelleront à tous l’impression reçue : On est au moment où le soleil à son déclin rase la terre et projette des ombres plus douces.

1627. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Tandis qu’un peintre comme Saint-Simon commande l’opinion du lecteur par ses tableaux et ne laisse pas toujours de liberté au jugement, un narrateur plat, mais véridique et sans projet comme Dangeau, permet à cette impression du lecteur de naître, de se fortifier et de parler quelquefois aussi énergiquement toute seule qu’elle le ferait à la suite d’un plus éloquent.

1628. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Et au lieu de : « Frugibus alternis, non consule, computat annum », sans entrer dans une antithèse difficile, il dira nonchalamment : Il tient par les moissons registre des années… Mais surtout il y met à chaque instant ses impressions vraies, et les associe aux tons primitifs sans qu’on puisse les démêler.

1629. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

On a, en les lisant ou en les écoutant (quand on a eu le plaisir d’en rencontrer quelqu’une de pareille), l’impression qu’on est au bout du monde et que la création est épuisée.

1630. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Enfin, au nombre des ouvrages de toutes sortes qu’il laissait couler chaque année de sa plume facile, il eut la bonne idée, un jour, d’écrire ses mémoires, et s’il les écrivit de ce style médiocre et, pour tout dire, un peu plat, qui était le sien, il y mit tout son naturel aussi, sa naïveté d’impressions, sa curiosité, la variété de ses goûts et de ses humeurs.

1631. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Ceux qui l’ont entendu alors ont gardé la meilleure impression de son esprit, de son goût, de l’élégance et de la vivacité de sa parole : l’éloquence proprement dite serait venue avec un peu plus de chaleur.

1632. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Biot trouve de nobles paroles pour caractériser ce nouvel effort héroïque d’où sortirent l’École polytechnique dans sa première forme plus ouverte et plus libre que depuis, et surtout l’École normale d’alors qui dura peu, mais qui donna, dans cette résurrection des esprits, une impulsion puissante et décisive, — assez pour que sa destinée fût remplie : « On voulut qu’une vaste colonne de lumière sortit tout à coup du milieu de ce pays désolé, et s’élevât si haut, que son éclat immense pût couvrir la France entière et éclairer l’avenir… Ce peuple, qui avait vu et ressenti en peu d’années toutes les secousses de l’histoire, était devenu insensible aux impressions lentes et modérées ; il ne pouvait être reporté aux travaux des sciences que par une main de géant. » Ces géants civilisateurs et pacifiques qui remirent alors en peu de mois l’édifice entier sur ses bases, se nommaient Lagrange, Laplace, Monge, Berthollet… moment immortel !

1633. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Comment se résumerait son sentiment, son impression dernière ?

1634. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Un homme de goût, que les questions archéologiques intéressent, me disait en sortant de cette lecture : « C’est plus fatigant qu’ennuyeux. » Le mot me paraît très-bien résumer l’impression des plus sérieux lecteurs.

1635. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Reinhard de sa visite et de l’impression d’enthousiasme qu’il en avait reçue.

1636. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il a décrit sa première impression rafraîchie et salubre dans cette station intermédiaire, à ce premier degré vers la paix, bien qu’il y apportât encore de son échauffement et de son trouble de la veille, qu’il y traînât bien des restes et comme des lambeaux d’orage.

1637. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quinet dit quelque part dans son livre : « La nature d’elle-même vous renvoie toujours à l’impression des âges les plus lointains de l’histoire.

1638. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

La pénible impression persista longtemps.

1639. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

Comme on l’a montré, cette trame peut être considérée à deux points de vue, soit directement, en elle-même et par la conscience, soit indirectement, par la perception extérieure et d’après les impressions qu’elle produit sur nos sens. — À côté des idées, images et sensations, événements fort composés dont nous avons conscience et que cette particularité distingue des autres événements analogues, sont d’autres événements rudimentaires et élémentaires du même genre, dont nous n’avons pas conscience, et que dénote l’action réflexe : tel est le premier point de vue. — À côté des mouvements moléculaires fort composés qui se passent dans la substance grise des lobes cérébraux et des centres dits sensitifs, sont d’autres mouvements moléculaires analogues et moins composés qui se passent dans la substance grise de la moelle et dans les ganglions du système nerveux sympathique170 ; tel est le second point de vue. — Le premier est le point de vue psychologique ; le second est le point de vue physiologique. — D’après le second, il y a dans l’animal plusieurs centres d’action nerveuse, les ganglions du grand sympathique, les divers segments de la moelle, les divers départements de l’encéphale, plus ou moins subordonnés ou dominateurs, plus ou moins simples ou compliqués, mais tous distincts, mutuellement excitables, et doués des mêmes propriétés fondamentales. — D’après le premier, il y a dans l’animal plusieurs groupes d’événements moraux, idées, images, sensations proprement dites, sensations rudimentaires et élémentaires, tous plus ou moins subordonnés ou dominateurs, plus ou moins simples ou compliqués, mais tous distincts, mutuellement excitables, et plus ou moins voisins de la sensation. — En forçant les termes, on pourrait considérer la moelle comme une file d’encéphales rudimentaires, et les ganglions du système sympathique comme un réseau d’encéphales plus rudimentaires encore171.

1640. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Les Tragiques de D’Aubigné ne verront le jour qu’au XVII° siècle, et nous les retrouverons au temps où le rude partisan se sera fait décidément homme de plume : mais il faut bien noter ici que ce chef-d’œuvre de la satire lyrique est né des guerres civiles, conçu dans le feu des combats, sous l’impression actuelle des vengeances réciproques ; même une partie du poème s’est fait « la botte en jambe », à cheval, ou dans les tranchées ; c’était un soulagement pour cette âme forcenée d’épancher dans ses vers le trop-plein de ses fureurs, qui ne s’épuisaient pas sur l’ennemi.

1641. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Elle affirme que « la littérature romantique est la seule qui soit susceptible encore d’être perfectionnée, parce qu’ayant ses racines dans notre propre sol, elle est la seule qui puisse croître et se vivifier de nouveau : elle exprime notre religion ; elle rappelle notre histoire… ; elle se sert de nos impressions personnelles pour nous émouvoir641 ».

1642. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Actuellement, j’ai l’impression que la lumière et l’ombre s’y font à peu près équilibre.

1643. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Il semble que La Rochefoucauld eût voulu d’abord décharger son cœur, et qu’il eût écrit cette diatribe sous l’impression récente des ravages de l’amour-propre au temps de la Fronde.

1644. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Enfin, que ce soit Horace ou tout autre, quel que soit l’auteur qu’on préfère et qui nous rende nos propres pensées en toute richesse et maturité, on va demander alors à quelqu’un de ces bons et antiques esprits un entretien de tous les instants, une amitié qui ne trompe pas, qui ne saurait nous manquer, et cette impression habituelle de sérénité et d’aménité qui nous réconcilie, nous en avons souvent besoin, avec les hommes et avec nous-même.

1645. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Ce qui la chagrinait surtout, c’était l’impression du libelle (1666) ; Cosnac se chargea de l’arrêter.

1646. (1903) Zola pp. 3-31

Jules Lemaître, « il se dégage de ces vastes ensembles une impression de vie presque uniquement matérielle et bestiale, mais grouillante, profonde, vaste, illimitée ».

1647. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Dans les fables à double révolution, il faut éviter de faire entrer deux principaux personnages de même qualité, car si, de ces deux hommes également bons ou mauvais, ou mêlés de vices et de vertus, l’un devient heureux et l’autre malheureux, l’impression de deux événements opposés se contrarie et se détruit.

1648. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

L’impression générale de ce morceau est forte, et arrête surtout le connaisseur.

1649. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Elle nous les fait bien connaître jusqu’à un certain point, mais seulement comme les sensations nous font connaître la chaleur ou la lumière, le son ou l’électricité ; elle nous en donne des impressions confuses, passagères, subjectives, mais non des notions claires et distinctes, des concepts explicatifs.

1650. (1887) La banqueroute du naturalisme

Zola n’est ni le seul ni le premier qui ait voulu peindre le paysan ; ce qui est encore certain, c’est que le sien est le premier et le seul qui fasse en nous cette impression.

1651. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Au contraire, priez un lecteur ordinaire de lire l’histoire de Mme de Sablé et de Mme de Longueville ; l’expérience est aisée, et je l’ai faite : il n’emportera qu’une impression vague ; il ne pourra dire exactement quel fut l’esprit de cette époque ; il saura seulement que, selon M. 

1652. (1864) Le roman contemporain

Ce temps a laissé dans les esprits une impression si profonde, que le jugement qu’on avait porté sur l’époque précédente en a été profondément modifié. […] Qu’on lise la Dame aux camélias, les récits hardis de la Vie à vingt ans, encore plus cyniques, malgré la précaution oratoire placée à la fin pour faire passer tant de sales histoires, enfin la Dame aux perles, on éprouvera la même impression. […] Il y a certainement une poésie en toute chose, dans la cour de la ferme avec ses mille bruits, dans le sentier qui mène au ruisseau où les moutons vont s’abreuver ; mais c’est la synthèse des impressions qu’on éprouve à la vue de ces spectacles champêtres qui est poétique. […] Je ne puis mieux exprimer l’impression que m’a laissée ce roman réaliste, matérialiste, sensualiste et au fond athée, quoiqu’il y soit parlé quelquefois de Dieu, de religion et même des sacrements de l’Église. […] Au nombre des besoins les plus impérieux de l’esprit humain qui se repose en changeant, il faut placer celui de varier ses impressions.

1653. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Les impressions de Verlaine furent rarement assez fortes pour se fixer en des formes définitives. […] Claude Monet, Raffaëlli, Degas, Whistler, écriraient sur ce ton et avec cette nervosité un peu maladive, si jamais ils essayaient de rendre leurs impressions avec des signes noirs sur du papier blanc. […] Ils clignotent ; ils sont impressionnistes malgré eux… Ils outrent leurs impressions. […] Gaston Paris a indiqué lui-même, dans la dédicace qui précède son Histoire poétique de Charlemagne, quelques-unes des impressions qui ont éveillé d’abord ses sentiments et ses pensées. […] Vous nous racontiez parfois quelqu’une de leurs merveilleuses aventures, et l’impression de grandeur héroïque qu’en recevait notre imagination ne s’est point effacée.

1654. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Jamais la mort ne m’a donné une telle impression de néant. […] Les jeunes gens qui fondèrent l’Ermitage, en se partageant les frais d’impression, étaient de simples étudiants. […] Il sent de toute la force de son être, presque en malade, et il vous dit ses sensations et ses impressions telles qu’elles sont. […] Il s’est expliqué là-dessus et il a même un jour raillé Brunetière, en lui démontrant qu’il aboutissait lui aussi à la même critique d’impression personnelle. […] Cette première impression ne fit que s’accroître, à mesure que je connus mieux celle qui fut notre marraine à tous et qui devait bientôt m’appeler moi-même à Paris.

1655. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

On comprend quelle impression produisit sur les esprits, après 1793, l’étrange et douloureux dénoûment de tant d’efforts et de tant d’espoirs. […] Pour bien comprendre l’impression que produisirent sur les esprits élevés ces nouveautés hardies, il faut se rappeler la prodigieuse débauche d’idées et de faits à laquelle cette génération venait d’assister. […] Le cardinal Maury, qui était en ce moment à Paris, ne fut pas moins touché de cette éloquence, et il a consigné dans un de ses ouvrages l’impression que produisit sur lui M.  […] Dans les premiers temps, les plaies étaient si cuisantes, le souvenir des souffrances si récent, et la pesanteur du joug napoléonien si présente à la pensée de ceux qui venaient de le porter, que cette impression ne se produisit pas immédiatement. […] Ces impressions étaient-elles joie ou tristesse ?

1656. (1901) Figures et caractères

Michelet a dit l’impression qu’il ressentit en pénétrant dans cette crypte, le frisson d’histoire qui lui courut par les os, la fièvre de passé qui le brûla. […] A qui résiste à cette impression populaire, s’informe, observe, étudie, compare et pense, apparaît vite une autre Angleterre. […] L’apparition évanouie dans le silence, on eut l’impression qu’il restait, désormais, sur le tombeau de cette grande mémoire un bloc de marbre pieux. […] Certaines villes de France donnent aussi une impression analogue d’être faites pour qui veut s’y rêver. […] L’impression poétique ne naîtra donc pas chez le lecteur d’une sorte d’obligation mentale ; elle résultera bien plutôt désormais d’une sorte de connivence spirituelle.

1657. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Le « naturel » des Provinciales n’a fait sur les hommes de la génération précédente, tels que le vieux Corneille, aucune impression ; et, après six ou sept ans de bouderie, quand l’auteur du Cid reparaîtra sur la scène, en 1659, ce sera avec son Œdipe, bientôt suivi de son Sertorius ou de son Othon ! […] Lemaître, Impressions de théâtre, 1886-1896. […] Les Élévations et les Méditations, qu’il avait lui-même destinées à l’impression, n’ont paru qu’en 1727 et 1730-1731, par les soins de son neveu, l’évêque de Troyes. […] Lemaître, Impressions de théâtre, 1886-1896. […] Mais d’une manière générale les éditions qui font foi pour le texte de Boileau n’en demeurent pas moins l’édition de 1701 ; — et dans une certaine mesure, l’édition de 1713, qu’il semble bien qu’il ait préparée lui-même pour l’impression.

1658. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Il conserva toujours ces funestes impressions de son enfance. […] « Le malheur chez les Grecs, dit-on dans cette nouvelle poétique, offrait aux peintres de nobles attitudes, aux poètes des images imposantes Mais ce qu’on représente de nos jours, ce n’est plus seulement la douleur offrant un majestueux spectacle, c’est la douleur dans ses impressions solitaires, sans appui comme sans espérance ; c’est la douleur telle que la nature et la société l’ont faite. » Que veut-on dire en assemblant des expressions aussi singulières ? […] et, pour parler le langage de l’auteur, où peignit-on jamais mieux que dans le sujet de Philoctète, la douleur abandonnée à ses impressions solitaires ? […] Mais il me semble que ces discours académiques, dont je reconnais d’ailleurs tout le mérite, ne pouvaient jamais fournir les mêmes ressources à l’orateur et produire d’aussi fortes impressions. […] Mais il faut avouer que le talent de Racine dut aussi quelque chose à toutes les impressions qui l’environnèrent.

1659. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Si je voulais donner idée de l’impression que j’en reçois, je n’aurais qu’à rappeler ce vers de Virgile : Pascitur in magnâ silvâ formosa juvenca ; et cet autre vers de Lucrèce : Per loca pastorum deserta atque otia dia La première partie de cette idylle est donc toute calme et riante : pour mieux décider Thyrsis à chanter les couplets qu’il lui demande, le chevrier lui offre une coupe dont il lui fait une ravissante description, et il y complète par les paroles l’intention des ciselures ; puis il finit par cette réflexion mélancolique, qui sert comme de transition au chant funèbre de la seconde partie : « Allons, chante, ô mon bon ! […] On sait bien peu de la vie de Théocrite ; mais cette pièce en dit beaucoup sur ses impressions et ses sentiments.

1660. (1929) Dialogues critiques

Paul Je n’ai pu éviter une impression pénible en lisant la prosopopée de Colette Baudoche, par M.  […] Nous avions l’impression de soulever l’éteignoir scolaire et d’arriver enfin à l’air libre.

1661. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

La grandeur d’un peuple, c’est de se personnifier tout entier dans quelques colossales mémoires, en sorte que, quand on nomme ce peuple, sur-le-champ le personnage national se présente à la pensée et dit : « C’est moi. » Aussi rendez-vous bien compte de vos impressions quand vous lisez l’histoire universelle ; toute la scène du monde est remplie pour vous par une centaine d’acteurs immortels, héroïques, politiques, poétiques ou littéraires, qui figurent à eux seuls l’humanité. […] L’empereur ne négligeait pas d’en revoir les pages et d’en corriger les moindres fautes d’impression.

1662. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Pourquoi chez nous (et je comprends dans ce mot nous les plus grands poètes métaphysiques français, anglais ou allemands du siècle, Byron, Goethe, Klopstock, Schiller, et leurs émules), pourquoi, dans les œuvres de ces grands écrivains consommés, la sève est-elle moins limpide, le style moins naïf, les images moins primitives, les couleurs moins printanières, les clartés moins sereines, les impressions enfin qu’on reçoit à la lecture de leurs œuvres méditées moins inattendues, moins fraîches, moins originales, moins personnelles, que les impressions qui jaillissent des pages incultes de ces poètes des veillées de la Provence ?

1663. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Mais l’impression dernière des Confessions, c’est que Rousseau, faute de s’être connu lui-même, ne s’y est pas confessé ; c’est qu’il a défiguré, faute de les avoir connus, presque tous ceux qu’il y a peints ; c’est qu’en croyant faire une bonne action, il a donné un mauvais exemple. […] Pour ceux dont le sens moral est à l’épreuve de ses doctrines sur le droit de jouir, de sa politique par la souveraineté de l’individu, de sa morale fondée sur la double chimère de l’innocence naturelle de l’homme et de la corruption irréparable des sociétés : pour ceux-là, ce qui leur reste de cette lecture, c’est, parmi quelques souvenirs charmants, une impression attristante de ce mélange de lumière et d’ombre, de vrai et de faux, de hauteurs et de chutes, dans des ouvrages où les mauvais esprits deviennent pires, où les bons ne deviennent pas meilleurs.

1664. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Il y a ainsi deux degrés de compréhension : la compréhension provenant de la perception, et la compréhension qui s’opère quand l’esprit n’est plus sous l’impression de l’atmosphère acoustique et optique. […] Mais cette impression disparaît et, devant le spectacle de la douleur que lui présente Gurnemanz, il reste ignorant et froid.

1665. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Toujours les mêmes passants, les mêmes allants, les mêmes venants, les mêmes poignées de main, les mêmes politesses et saluts mécaniques, et la même impression d’indifférence, de sécheresse et de détachement dans tous ces salamalecs convenus, souriants et mornes. […] Un moment le montreur de cette magie a fait tenir, sur le rond de mon chapeau gris, toute une chaîne de montagnes qui ressemblait à une impression japonaise sur une feuille de crêpe.

1666. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Il s’arrête à Florence, où les musées ne lui font aucune impression. […] À rencontrer, dans les chemins verts, ces mineuses, ces débardeurs marmiteux, à la figure charbonnée, au chapeau paré de plumes de coq, on a l’impression d’être tombé, en plein mardi gras, dans un carnaval loqueteux, dans une descente de la Courtille, barbouillée de boue et de suie.

1667. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

J’ai jeté, aujourd’hui, dans un coin, La Conquête de Plassans de Zola, souffrant de voir sur ma table, ce joli volume jaune, à la couverture toute neuve, à l’impression toute fraîche, qui semblait me dire : « Toi, tu es donc complètement fini ?  […] Ces impressions, je les éprouve au milieu d’un grand vent d’automne, et des grondements d’une meute, qui digère, colère, les quatre membres d’une pauvre vache, morte d’une péritonite.

1668. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Comme je reprochais à Rosny l’alchimie de ses ciels, lui disant que l’effet produit par un ciel sur un humain, est une impression vague, diffuse, poétiquement immatérielle, si l’on peut dire, et ne pouvant être traduite qu’avec des vocables, sans détermination, bien arrêtée, bien précise, et qu’avec ses qualifications rigoureuses, ses mots techniques, ses épithètes minéralogiques, il solidifiait, matérialisait ses ciels, les dépoétisait de leur poésie éthérée… Rosny m’a répondu, avec l’assurance vaticinatrice d’un prophète, que dans cinquante ans, il n’y aurait plus d’humanités latines, et que toute l’éducation serait scientifique, et que la langue descriptive qu’il employait, serait la langue en usage. […] Et regarder la coupole, semble un moment devoir devenir l’expression, pour peindre l’abstraction d’un académicien, d’une séance de l’Académie, la dissimulation de ses impressions, de ses sensations, quand un antipathique parle.

1669. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

La patrie n’est pas seulement celle où l’on a sucé le lait de sa mère, c’est aussi celle où l’on a reçu de la nature, des monuments, des hommes, des choses, ses premières impressions et ses premières images. […] Une impatience juvénile de vivre, de voir, de sentir, de me plonger dans une mer d’impressions tout à la fois redoutées et attrayantes, était le fond de mon caractère d’alors : du feu qui couvait encore, qui craignait et qui aspirait le vent ; un cœur de jeune fille entre l’âge où l’on rêve et l’âge où l’on aime.

1670. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Quiconque étudie avec attention l’action de la mer sur nos rivages ne peut manquer de recevoir une impression profonde de la lenteur avec laquelle nos côtes rocheuses sont emportées. […] Or, d’après mes impressions générales, je crois que le cas doit être au moins très rare.

1671. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Placé entre la matière qui influe sur lui et la matière sur laquelle il influe, mon corps est un centre d’action, le lieu où les impressions reçues choisissent intelligemment leur voie pour se transformer en mouvements accomplis ; il représente donc bien l’état actuel de mon devenir, ce qui, dans ma durée, est en voie de formation. […] Ils suivent d’habitude l’impression du moment, et comme l’action ne se plie pas chez eux aux indications du souvenir, inversement leurs souvenirs ne se limitent pas aux nécessités de l’action.

1672. (1903) La renaissance classique pp. -

Ils peuvent bien saisir le menu détail pittoresque, l’impression du moment, rendre la vibration nerveuse d’une sensibilité hyperesthésiée ; ils peuvent s’élever en ce genre jusqu’au compliqué, jusqu’à l’étrange et jusqu’au rare, pousser le « modernisme » et le « chic » jusqu’à ses dernières limites, mais qu’on ne leur demande pas autre chose ! […] Nous nous mettrons en garde contre notre impression première, qui nous ferait juger monstrueux ou ridicules des individus que nous n’aurions pas assez pénétrés.

1673. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Quiconque redevient si sensible à l’impression du ridicule et à la raillerie n’est plus bien affligé.

1674. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

on prend avec Saint-Simon une idée, une impression du duc de Bourgogne bien plus grande et plus favorable qu’avec Fénelon.

1675. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Et après cette première citation : Dans un autre endroit, continue Chateaubriand, je peins ainsi les tombeaux de Saint-Denis avant leur destruction : « On frissonne en voyant ces vastes ruines où sont mêlées également la grandeur et la petitesse, les mémoires fameuses et les mémoires ignorées, etc. » Je supprime encore ce second morceau, inséré à la suite du premier, et qui prêterait aux mêmes observations comparatives ; mais je vais donner toute la fin de la lettre avec son détail mélangé, afin que le lecteur en reçoive l’impression entière, telle qu’elle ressort dans son désordre et son abandon : Je n’ai pas besoin de vous dire qu’auprès de ces couleurs sombres on trouve de riantes sépultures, telles que nos cimetières de campagne, les tombeaux chez les sauvages de l’Amérique (où se trouve le tombeau dans l’arbre), etc.

1676. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

. — « Il y a cette différence entre la raison et les sens, que les sens font d’abord leur impression : leur opération est prompte, leur attaque brusque et surprenante. » Surprenante est pris ici au sens propre et physique, et non dans le sens plus réfléchi d’étonner et d’émerveiller.

1677. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Cette fâcheuse fin de son voyage à Rome lui en gâta tout le plaisir s’il en eut, et on ne le voit jamais revenir ensuite sur ses impressions d’Italie ; il semble n’avoir nullement rempli la recommandation de La Fontaine, qui lui écrivait à la fin de sa lettre sur les Fêtes de Vaux : « Adieu, charge ta mémoire de toutes les belles choses que tu verras au lieu où tu es. » Malgré son vœu d’être en repos, Maucroix eut quelques devoirs à remplir pendant certaines années : le chapitre le choisit pour l’un de ses deux sénéchaux, et le chargea de défendre ses intérêts, ses prérogatives.

1678. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

L’unité du livre de d’Aubigné, l’esprit et l’âme de sa composition, si on la cherche, est là, dans cette impression générale qui se marque en avançant.

1679. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Debure, qui avait fait les frais d’impression de cet opuscule, était le libraire de Bailly, dont il avait imprimé les grands ouvrages ; Mérard de Saint-Just, un des plus féconds amateurs de la poésie légère à la fin du xviiie  siècle, avait droit de s’intituler l’ami intime de Bailly dans tous les temps.

1680. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

[NdA] En parlant d’odieux, je rends la première impression que nous fait cette confiscation dont profite un frère ; mais en réalité c’était une moindre injustice de laisser ou de rendre à la famille et aux prochains héritiers les biens dont on dépouillait les membres qui étaient en fuite.

1681. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Et toutefois, malgré l’impression de ce tort final, malgré ce désagréable affront que le temps avait fait à son visage, la belle Corisandre, comme on l’appelle encore ; cette aïeule du chevalier de Grammont, revue à son jour, nous laisse l’idée d’une amie dévouée, vaillante, romanesque ; elle fut bien la maîtresse qu’on se figure au roi de Navarre en Guyenne pendant les luttes de son laborieux apprentissage, l’aidant de son zèle, de ses deniers, de la personne de ses serviteurs ; elle fut à la peine et ne put atteindre jusqu’au jour du triomphe : une autre hérita facilement de son bonheur.

1682. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Cousin s’écria pour la première fois qu’il venait de découvrir la littérature des femmes au xviie  siècle (15 janvier 1844), un critique qui ne pensait alors qu’à se rendre compte à lui-même de son impression particulière écrivit la note suivante : L’article de M. 

1683. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Avant de partir pour ce dernier voyage de Bourgogne, Santeul avait été en visite à la Trappe ; « il avait trouvé du goût pour tout ce qu’il y avait vu » ; mais ce goût avait été passager comme tout ce qui faisait impression sur cette organisation mobile ; et l’abbé de Rancé, en apprenant sa mort, que lui annonçait l’abbé Nicaise, écrivait (3 octobre 1697) : Il est vrai, monsieur, que je n’ai point reçu le paquet que vous me mandez que vous m’avez envoyé, et que ces paroles, Santolius Burgundus, me sont toutes nouvelles.

1684. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

[NdA] C’est ce qu’ont dit les contemporains de Voiture, et je m’en tiens là-dessus à l’impression qu’il nous ont transmise.

1685. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Il est résulté de cette association une biographie complète du poète et même, comme on le dit aujourd’hui, une monographie de sa famille, et une édition qui se compose en partie d’une réimpression d’Œuvres choisies et en partie d’une impression toute nouvelle d’Œuvres posthumes.

1686. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Pendant qu’une commission instituée par décret de l’empereur, sur le rapport du ministre d’État, et composée des hommes les plus autorisés et les plus compétents, travaille sans relâche et avec le sentiment de sa haute mission à recueillir non seulement les lettres, mais les ordres, les annotations, les décisions et pensées de toutes sortes de l’empereur Napoléon Ier, tout ce qui s’offre avec sa marque visible, avec son cachet personnel immédiat, et non seulement les documents relatifs à des matières de gouvernement et aux actes du souverain, mais aussi les écrits qui peuvent éclairer le caractère intime de l’homme ; pendant qu’on met à contribution les dépôts publics et les collections particulières de quelques familles considérables ; qu’à l’heure qu’il est près de vingt mille documents sont rassemblés, et que, la question de classement une fois résolue, on espère, dans un an ou quinze mois, être en mesure de livrer les premières feuilles à l’impression ; pendant ce temps-là, la publication des Œuvres de Frédéric le Grand, commencée depuis plusieurs années par ordre du gouvernement prussien sous la direction de M. 

1687. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

L’impression de la nature champêtre, comme au temps de René ou d’Oberman, vient se mêler par caprices et par bouffées aux ennuis de l’âme et stimuler les vagues désirs : Il arrivait parfois des raffales de vent, brises de la mer, qui, roulant d’un bond sur tout le plateau du pays de Caux, apportaient jusqu’au loin dans les champs une fraîcheur salée.

1688. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Ce n’est pas ma faute si le tableau fidèle de la Cour en ces années du vieux Fleury et du jeune Louis XV laisse une impression si chétive, si flétrissante.

1689. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

On ne peut demander à Mme Elliott des jugements bien mûrs sur les personnes, il ne faut chercher avec elle que des impressions ; et, comme les siennes sont fort sincères, elles ont du prix.

1690. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

En général les fautes d’impression abondent dans ces volumes ; les noms propres y sont particulièrement maltraités : pour Baader, le philosophe mystique ; le docteur Butigny pour Butini, de Genève ; M. 

1691. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

— j’ai pensé souvent à ces deux noms, à ces deux jeunes hommes bien regrettables, si tôt enlevés, un peu trop vantés sans doute, mais qui, en vivant, eussent justifié une bonne partie des louanges ; et ces louanges anticipées ou exagérées s’expliquent naturellement par la mort, par l’impression d’une perte soudaine et sensible, et parce que, tous deux, ils sont tombés entre les bras de leurs amis qui sont tout un parti et tout un corps, — le corps universitaire, le parti religieux.

1692. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

L’impression parfois l’emporte en lui sur l’idée même.

1693. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Nisard, va jusqu’à accorder à la génération de 1660, c’est-à-dire des premières années du règne effectif de Louis XIV, à la génération qui était encore jeune ou déjà mûre alors, qui avait vu la fin de Richelieu et la Fronde, « une supériorité de lumières » sur les générations du xviiie  siècle qui lisait l’Esprit des Lois, les Lettres philosophiques et l’Émile ; admettant cette supériorité comme un fait, il l’explique par la nature même des événements politiques auxquels cette génération avait assisté, par les revirements étranges qui lui avaient découvert toutes les vicissitudes de l’opinion et qui l’avaient éclairée sur le fond de la nature humaine, tandis que les hommes du xviiie  siècle et d’avant 89 avaient perdu le souvenir des révolutions et des impressions qu’elles laissent, et n’avaient assisté qu’à des intrigues ministérielles, à des disputes de jansénisme et de molinisme, de gluckisme et de piccinisme, à de petites choses enfin, tout en en rêvant de grandes et d’immenses.

1694. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Les abjurations ne se faisaient plus une à une ; des Corps et des Communautés entières se convertissaient par délibération et par des résultats de leurs assemblées, tant la crainte avait fait d’impression sur les esprits, ou plutôt, comme l’événement l’a bien fait voir, tant ils comptaient peu tenir ce qu’ils, promettaient avec tant de facilité ! 

1695. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

C’est alors qu’il revint par Athènes, et qu’il y reçut une seconde sensation et impression aussi forte que celle qu’il avait éprouvée en Espagne : l’effet même, tel qu’il en juge aujourd’hui, lui paraît avoir été plus décisif et plus profond.

1696. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Vinet n’a pu vérifier une dernière fois son dire, en vue de l’impression, comme il faut toujours faire.

1697. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Lorsqu’au sortir de cette fournaise intellectuelle de l’École normale il retournait dans ses Ardennes en automne, quelle brusque, profonde et renouvelante impression il en recevait !

1698. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Mais, mes chers amis, faites tout ce qui dépendra de vous pour que les impressions qu’il va recevoir ne lui nuisent point ; travaillez à nourrir sa sensibilité.

1699. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Quelques-uns sont une exception heureuse ; on les distingue, on les compte, la plupart, ni bons ni mauvais, à la merci des impressions, ont un premier mouvement naturel ; mais le temps, les années, les circonstances et les intérêts qui changent et s’éloignent, les changent aussi.

1700. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Le fait même des édits qu’il allègue et qu’il impute à Louis XI (car Louis IX que porte le texte ne peut être qu’une faute d’impression) n’est nullement justifié ni prouvé ; mais, dans sa pétulance et son tranchant, l’érudition rubichonienne n’y regarde pas de si près.

1701. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

J’appris à me taire, à écouter attentivement ce qui valait la peine d’être retenu, m’ennuyer quelquefois sans en avoir l’air, et enfin à dissimuler mes premières impressions qui m’avaient jusque-là dominé.

1702. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Il y a eu étonnement, bouleversement en définitive et ravage dans les impressions résultantes.

1703. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Ceux qui s’attendaient d’abord à trouver dans ses Notes archéologiques une seule trace d’impressions de voyages, ont été bien surpris ; c’est qu’ils le connaissaient peu.

1704. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Quand on s’étudie soi-même, ou reconnaît que l’amour de la vertu précède en nous la faculté de la réflexion, que ce sentiment est intimement lié à notre nature physique, et que ses impressions sont souvent involontaires.

1705. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Pour toutes ces raisons, il ne sera pas descriptif, il ne cueillera point dans la nature des impressions, il ne se fera point avec les choses des états d’âme.

1706. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Mais ces mots, il semble qu’il les cherche et les accumule avec trop de peine à la fois et de satisfaction ; et l’impression directe des choses s’évanouit dans ce labeur de grammairien.

1707. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Dirai-je même que l’impression de cette morale purement naturelle est plus forte ?

1708. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Mais si l’on y réfléchit, on verra que la preuve n’est pas faite ; ce qui est prouvé, c’est que cette émotion est provoquée chez Jean comme chez Pierre par les sensations auxquelles Jean et Pierre donnent le même nom ou par les combinaisons correspondantes de ces sensations ; soit que cette émotion soit associée chez Jean à la sensation A que Jean appelle rouge, tandis que parallèlement elle est associée chez Pierre à la sensation B que Pierre appelle rouge ; soit mieux parce que cette émotion est provoquée, non par les qualités mêmes des sensations, mais par l’harmonieuse combinaison de leurs relations dont nous subissons l’impression inconsciente.

1709. (1886) De la littérature comparée

Car le « Romantisme » est bien un mouvement parallèle à celui de la Renaissance : en s’efforçant de retrouver la nature et la sincérité de l’impression — ce fut là, vous le savez, l’idéal dont tous les écrivains du commencement du siècle se sont réclamés, à quelque distance que beaucoup en soient restés, — il rencontre tout d’abord le Moyen-Âge, c’est-à-dire l’époque où le génie moderne avait pu se développer sans entraves, et il s’en empare avec passion.

1710. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Il n’aurait pas dit qu’elle manquait de goût, car il a laissé échapper ce mot dans les notes qui ne paraissent pas avoir été destinées à l’impression.

1711. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Nous saisissons, dès ce premier écrit de circonstance, la forme et le fond du discours habituel de Portalis, cet enchaînement et cette suite de maximes sages, miséricordieuses, appropriées, où respire comme un souffle du génie de Numa, aphorismes tout de réparation, tout de consolation et de santé, et qui allaient faire la plus salutaire impression sur le corps social si longtemps soumis à ces autres aphorismes de Saint-Just, concentrés et mortels comme le poison.

1712. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Il croit à la réalité suffisante des impressions des sens et à la justesse des notions qui en dérivent.

1713. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

On peut voir, dans la correspondance de Voltaire, l’impression et le reflet de cette lecture chez un esprit supérieur et de la même famille, qui revient de ses préventions : ce qui arriva là à Voltaire en faveur de Beaumarchais dut arriver également à tout le monde : J’ai lu, écrivait-il, à d’Argental, tous les Mémoires de Beaumarchais, et je ne me suis jamais tant amusé.

1714. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Quelques jours avant l’impression du manuscrit, il n’y en avait plus que cent de copiés ; le jour de la publication, le chiffre tomba à cinquante ; enfin, vérification faite, il ne s’en trouva qu’une douzaine au plus.

1715. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

[NdA] Sur Cicéron, par contraste avec l’impression de M. 

1716. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Le président dit un : « Passez au banc », qui fit une certaine impression dans le public.

1717. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Moreau (de Tours) produit, comme un fait acquis à l’histoire, la singulière fantaisie qu’eut, dit-on, Charles-Quint d’assister à ses propres funérailles avant sa mort, cérémonie qui lui aurait fait une telle impression qu’il en mourut pour de bon.

1718. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

En résumé, voici l’impression qui me reste du volume de M. 

1719. (1912) Le vers libre pp. 5-41

S’il m’était permis de désirer qu’une impression, entre autres, vous restât de cette causerie c’est que ce qu’il y a de plus essentiel dans le vers libre c’est sa liberté.

1720. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Si l’auteur ne réussit point à cela, s’il ne touche pas du tout, laissons-le ; mais s’il nous touche un peu, ne résistons-pas, laissons-nous conduire à cet aimable guide, laissons-nous aller à l’impression, laissons-nous toucher, laissons-nous attendrir.

1721. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Et, dans ce cas-là, il y aurait encore la question de la ressemblance et de la vérité à débattre… Mais si cette Rolande, qui est la reine de ce roman et qui doit emporter avec elle l’intérêt humain du livre, au lieu d’être un monstre social n’est plus qu’une exception, un fait particulier de tératologie, enfin un monstre individuel, le chêne n’est pas responsable des champignons vénéneux qui croissent sur ses racines et je n’ai plus rien à dire à des romanciers qui ont — selon ma poétique, à moi — le droit de tout peindre, s’ils sont vraiment des peintres puissants… Seulement, il reste ceci entre nous : ont-ils peint leur monstre individuel avec le sentiment qu’ils auraient dû mettre dans leur peinture pour qu’une telle horreur fût sauvée par la beauté de la peinture et par l’impression, tragiquement morale, qu’elle devrait laisser dans les cœurs ?

1722. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Enfin, ce n’est pas le ravi d’un enfant à barbe grise qui n’avait pas lu Baruch et à qui la naïveté de l’impression fait tout pardonner.

1723. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

VI Louis Ratisbonne, l’ami de cet Alfred de Vigny qui a laissé dans la mémoire des hommes l’impression d’un parfum et d’une harmonie, a publié en volume les pensées et les fragments de mémoires que lui a légués l’auteur d’Éloa ; Alfred de Vigny avait eu, un moment, l’idée d’écrire ses mémoires.

1724. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Notre goût nous paraît être le goût ; notre « impression » nous semble la vérité ; notre relatif nous apparaît comme absolu.

1725. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

En vain mon enfance et ses poétiques impressions, ma jeunesse et ses religieux souvenirs, la majesté, l’antiquité, l’autorité de cette foi qu’on m’avait enseignée, toute ma mémoire, toute mon imagination, toute mon âme s’étaient soulevées et révoltées contre cette invasion d’une incrédulité qui les blessait profondément ; mon cœur n’avait pu défendre ma raison… Je n’oublierai jamais la soirée de décembre où le voile qui me dérobait à moi-même ma propre incrédulité fut déchiré.

1726. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Déjà quelques grandes pensées de Condillac ne semblaient plus comprises ; on ne parlait plus de ses découvertes sur la nature de l’âme, ou sur la perception extérieure, et l’ingénieux professeur, qui essayait de le corriger et de le ranimer, réduisait toute la philosophie à la distinction puérile de l’idée claire et de l’idée vague, de la connaissance attentive et de la connaissance involontaire, de la formule et de l’impression.

1727. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Je leur dois bien des impressions pittoresques, et j’aime à me remémorer tous ces spectacles. […] Cela fait une vive impression. […] Il le loue, pour commencer, d’avoir su marier, par une analogie symbolique, ses propres impressions intimes au siècle lui-même. […] J’attends anxieux le lever du jour, et cette impression n’est pas toute de circonstance : déjà, j’ai senti, plus d’une fois, comme la sombre nuit, que j’ai tant aimée, me pèse à présent. […] Les hauts palmiers d’Hyères, fort beaux, ma foi, laissent après tout une impression pénible et presque de ridicule ; on les prendrait pour des phénomènes exhibés par quelque Barnum.

1728. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Nos livres, notre mode de travail, ont fait, je le sens, une grande impression sur Sainte-Beuve. […] Une physionomie curieuse que celle de la princesse, avec la succession d’impressions de toutes sortes qui la traversent, et avec ces yeux indéfinissables, tout à coup dardés sur vous et vous perçant. […] 5 août Le matin, le frôlement des voitures de foin contre les murs, met dans votre demi-sommeil l’impression et le léger frou frou d’une femme qui, assise au pied de votre lit, ôterait ses bas de soie.

1729. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Cassel, nous a rapporté des impressions grisantes, magiques, ce brave homme me disait : « Jolie ville, quelques maisons à l’européenne. » J’ai fait beaucoup de questions, dans ma vie, je n’ai jamais reçu de réponse aussi bête. […] La narration d’un fait qui vient de se produire repose sur les impressions reçues bien plus que sur l’observation. […] Une lecture attentive confirme ces impressions premières. […] Les hommes que je rencontre me font la même impression que si je voyais les arbres de vos forêts ouïes troupeaux de vos campagnes. » Toute la faiblesse des métaphysiques est expliquée par ces deux phrases dédaigneuses. […] Ne dirait-on pas que ce paragraphe a été écrit sous l’impression des scandaleuses erreurs d’agents des mœurs qui ont si fort indigné Paris en septembre 1909, et des condamnations non moins scandaleuses qui suivirent ?

1730. (1900) Molière pp. -283

D’ailleurs, par l’impression, plus ou moins combattue, qu’on en reçoit et que l’on en garde, elles ont leur utilité à titre de préservatif contre les admirations outrées et routinières, contre les adorations béates, que propage le fanatisme de certains moliéristes, et dont J. […] Il dit dans cette préface : « Si l’on m’avait donné du temps (pour l’impression de ma pièce), j’aurais pu mieux songer à moi, et j’aurais pris toutes les précautions que prennent messieurs les auteurs, à présent mes confrères. » À présent mes confrères ! […] Telle est l’impression que pour ma part j’ai éprouvée ; je viens de relire Molière, plume en main, pour la troisième fois ; et je ne sais pas s’il a écrit les plus bouffonnes des comédies ou les plus lugubres des drames ! […] Molière a donc eu, dans l’histoire de notre société et de nos mœurs, une action considérable ; mais je ne voudrais pas trop me renfermer dans son rôle historique, et vous laisser sur cette impression, que son œuvre est finie : non, et les leçons qu’il donne, nous pouvons y donner suite, en profiter tous et toujours. […] N’éprouvez-vous pas l’impression de malaise que produit d’ordinaire ce qui est discordant et incomplet ?

1731. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Les contemporains de Pascal, qui ont eu le privilège de voir et d’entendre l’« effrayant génie », n’ont très probablement pas reçu de la grandeur de ce génie et de cette âme une impression approchante en force et en vivacité de celle que fait aujourd’hui sur nous l’ouvrage immortel où il a mis le meilleur de lui-même. […] La lecture suivie de Buffon produirait une impression de grandeur et de majesté fort peu semblable à l’idée que nous laissent de lui les morceaux ampoulés et ridicules, rédigés quelquefois par ses collaborateurs, que la tradition des chrestomathies conserve et répète religieusement. […] « L’impression profondément triste que produit l’entrée dans une bibliothèque, écrirait Renan, vient en grande partie de la pensée que les neuf dixièmes des livres qui sont entassés là ont porté à faux, et, soit par la faute de l’auteur, soit par celle des circonstances, n’ont eu et n’auront jamais aucune action sur la marche de l’humanité. » Les seuls hommes et les seuls livres marquants d’une époque, les seuls dont les siècles suivants auront à tenir compte, sont ceux qui l’ont représentée. […] Sur un papier timbré de 0 fr. 60 centimes, qui est de bonne qualité et qui pourra survivre pour attester dans deux mille ans qu’un jour nous fûmes auteurs, notre éditeur signe et nous fait signer un de ces traités piteux où nous assumons avec joie une partie des frais d’impression, très contents des sept sous qui nous sont promis par exemplaire vendu, tant notre secret orgueil fait de fond sur la clause relative à une seconde édition qui ne paraît jamais et que nous espérons naïvement, suivie d’autres en nombre infini, de la justice tardive de la postérité ! […] Je dirai des œuvres de Shakespeare en général que nous ne puisons pas du tout là une pleine impression de lui ; pas même aussi pleine que celle que nous avons de bien des hommes.

1732. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Alphonse Daudet, son ami, qui fut justement frappé de l’intérêt de ces notes brèves et sincères, de ces impressions immédiates. […] Gilbert-Augustin Thierry, j’en ai seulement indiqué la donnée sans faire pressentir suffisamment la solidité avec laquelle elle est construite et l’impression de terreur qu’elle produit. […] Ils se représentent le monde extérieur d’après les impressions qu’ils en reçoivent. […] La fierté semblait d’abord le premier caractère de sa figure, mais les impressions de la pitié y jetaient comme un rayon céleste. […] On voudrait croire qu’un tel exemple fit une impression profonde sur l’esprit de Carrel et que cet homme de cœur détesta dès lors ces conjurations militaires dont l’issue la plus probable est la perte de quelques malheureux.

1733. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Et si les grandes l’altèrent sensiblement, je ne doute point que les petites n’y fassent impression à proportion ». […] Ceux qui croient se bornera traduire l’impression directe qu’ils reçoivent des œuvres ne font pas attention qu’en premier lieu cette impression dépend de l’idée qu’ils se sont faite du genre auquel appartiennent les œuvres, et que cette idée à son tour dépend essentiellement de l’œuvre qu’ils considèrent comme le chef-d’œuvre du genre. […] C’est là où l’on trouve de vraies leçons de morale, et si l’on peut tirer quelque fruit de la lecture, c’est de ces livres-là ; ils me font beaucoup d’impression ; vos auteurs sont excellents dans ce genre et les nôtres ne s’en doutent point. […] Il a consigné pour nous, dans la troisième partie des Mémoires d’un homme de qualité, les impressions qu’il reçut de ce premier séjour. […] Telle est l’impression que produit, selon la juste comparaison de Sainte-Beuve, la Marianne de Marivaux : aussi maigre, aussi sèche, aussi décharnée qu’une figure anatomique, avec tout ce qu’il faut pour vivre, et rien d’absent que la vie.

1734. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

J’ai déjà remarqué cela pour Volney : ceux à qui a manqué cette sollicitude d’une mère, ce premier duvet et cette fleur d’une affection tendre, ce charme confus et pénétrant des impressions naissantes, sont plus aisément que d’autres dénués du sentiment de la religion.

1735. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru, j’ai cherché à me bien rendre compte et de la nature et du détail même de certaines de ses fonctions, soit dans leur partie obéissante et passive, de pure exactitude, soit dans leur portion mobile et indéterminée où l’exécution même demandait un degré d’initiative et des combinaisons qui se renouvelaient sans cesse : je voulais ensuite rendre à mes lecteurs, dans une page générale et pourtant précise, l’impression que j’aurais reçue de cette analyse première.

1736. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Quelle impression le Temps a-t-il produit sur elle dans ce long intervalle ?

1737. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

L’élève s’accoutume par là à raisonner ses impressions, à classer ses remarques, à les préciser.

1738. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Il semblerait donc que le marquis d’Argenson fût suffisamment connu et qu’il n’y eût aujourd’hui qu’à résumer les impressions et jugements que nous laissent ces diverses lectures.

1739. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Voltaire se moque quelque part du bruit qui avait couru qu’on allait ériger sa terre de Ferney en marquisat : « Le marquis Crébillon, le marquis Marmontel, le marquis Voltaire, ne seraient bons qu’à être montrés à la foire avec les singes de Nicolet. » C’est avec son goût qu’il se moque du titre ; mais son esprit, sa nature était aristocratique au fond, et cette fois sa première impression l’a emporté plus loin, il a été brutalement féodal.

1740. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Au reste, qui s’est trompé sur La Fontaine a bien pu se tromper sur Béranger. » J’ai rendu, j’ai reproduit fidèlement l’impression de quelques sincères amis du poëte, et il était juste qu’elle se fît jour pour la première fois dans sa vivacité ; car en tout ce qu’on avait imprimé jusqu’ici sur Béranger, on n’en avait pas tenu compte.

1741. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Malgré ces taches odieuses et les pénibles impressions qu’elles laissent, quiconque aura lu le chapitre que M. 

1742. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Après avoir traversé Munich, la petite caravane arrive aux montagnes et s’enfonce dans les Alpes pour aller par le Tyrol et Inspruck en Italie : « Nous nous engouffrâmes tout à fait dans le ventre des Alpes par un chemin aisé, commode et amusement entretenu. » C’est le secrétaire de Montaigne qui écrit, mais qui visiblement s’inspire de ses impressions et se teint de son langage.

1743. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Pour me rafraîchir et me raviver les impressions à son sujet, je viens de relire sa Correspondance24 si vive, si amusante, à laquelle il ne manque, pour être tout à fait agréable, qu’une clef, l’indication possible et facile à donner (mais qu’on se hâte !)

1744. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Comme il n’y a rien de tel en littérature que de lire, et en art que de regarder et d’observer, je décrirai encore deux de leurs tableaux d’intérieur dont j’ai vu les originaux chez l’auteur du présent livre, et je les rendrai sous l’impression exacte qu’ils m’ont laissée.

1745. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Puis je me suis mis à songer, non sans tristesse, à ce qu’il a fallu d’efforts, de bégayements, pour amener et rendre possible sur notre scène cette reproduction à peu près fidèle ; je repassais dans mon esprit et ces anciens combats et ces discussions si animées, si ferventes, dont rien ne peut rendre l’idée aujourd’hui ; ces-études graduelles qui faisaient l’éducation de la jeunesse lettrée, et par où l’on se flattait de marcher bientôt à une pleine et originale conquête ; je me redisais les noms de ces anciens critiques si méritants, si modestes et presque oubliés, de ces précepteurs du public qui, tandis que les brillants Villemain plaidaient de leur côté dans leur chaire, eux, expliquaient dans leurs articles et serraient de près leur auteur, le commentaient, pied à pied avec détail ; les Desclozeaux, les Magnin nous parlant dans le Globe, dès 1826 ou 1828, de ces pièces admirables dont bientôt nous pûmes juger nous-mêmes sous l’impression du jeu de Kean, de Macready, de miss Smithson, et nous en parlant si bien, dans une note si juste, si précise à la fois et si sentie.

1746. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Pie VII, de douce et bénigne figure, ne compromettait point la cause romaine en paraissant au milieu de nous ; Rome eût gagné à n’être que lui seul, et ce mot du Pontife à un jeune homme qui, dans une rue de Paris, se dérobait par la fuite à sa bénédiction, est le mot de la situation même : « Jeune homme, la bénédiction d’un vieillard ne fait jamais de mal. » C’était l’impression la plus générale de la France à ce moment ; on était dans une période de sentiment, de pitié et de justice, en même temps qu’à une ère recommençante de grande politique, et la politique véritable consistait précisément à respecter et à reconnaître toutes ces dispositions publiques, à se donner faveur et force en y satisfaisant.

1747. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Puis, quel vaste champ s’était ouvert à son observation, et quel trésor d’impressions et d’images il en devait rapporter !

1748. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Tant de luttes et de combats, tant d’inimitiés soulevées depuis, tant de bruits contradictoires, d’injures et de calomnies même, ont pu obscurcir l’idée qu’on se fait de l’homme et en altérer l’impression, que j’ai tenu à dégager nettement ce premier portrait authentique d’Émile.

1749. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Nous sommes trop enclins, je le crois, à nous substituer continuellement à Cervantes, avec nos sentiments et nos impressions d’aujourd’hui ; nous prenons fait et cause en sa faveur plus encore qu’il ne le faisait lui-même, et pour avoir énuméré à la file et mis en ligne de compte toutes ses infortunes, nous oublions trop les interstices et les éclaircies que sa belle humeur et son bon génie savaient s’ouvrir à travers tant de mauvais jours.

1750. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

« Je suis un peu embarrassée », dit Mme Roland lorsqu’elle en vient à cette histoire, « de ce que j’ai à raconter ici ; car je veux que mon écrit soit chaste, puisque ma personne n’a pas cessé de l’être, et pourtant ce que je dois dire ne l’est pas trop. » Et en finissant ce récit, de tout point fort circonstancié, elle ajoute : « L’impression de ce qui s’était passé demeura si forte chez moi que, même dans l’âge des lumières et de la raison, je ne me le rappelais qu’avec peine ; que je n’en ai jamais ouvert la bouche à une intime amie qui eut toute ma confiance ; que je l’ai constamment tu à mon mari, à qui je ne cèle pas grand’chose, et qu’il m’a fallu faire dans ce moment même autant d’efforts pour l’écrire que Rousseau en fit pour consigner l’histoire de son ruban volé, avec laquelle la mienne n’a pourtant pas de comparaison. » Je sais bien d’autres histoires des Confessions avec lesquelles celle-ci a plus de ressemblance qu’avec le ruban volé, et ce sont les plus laides ; il suffit, je ne les indiquerai pas avec plus de précision.

1751. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Quand je dis qu’importe, j’ai tort : la conduite du roi avec la reine, sa manière d’être en public avec elle, dépendait beaucoup des impressions qu’on lui donnait journellement ; rien n’était plus facile que de l’indisposer.

1752. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Il y a à cela des raisons sans nombre et de tous les instants, que sentent les contemporains, qu’on respire dans l’air, dont l’impression se communique dans la tradition immédiate, et que rien ne peut suppléer.

1753. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Il faut avoir vu et, quand on a vu, renoncer à reproduire ses impressions. » De ces dunes, les vraies montagnes, les Ghourd, ne sont de nature à être gravies par aucun homme ni aucun animal ; tout au plus, en s’aidant de ses pieds et de ses mains, peut-on monter la pente de quelque Zemla. — Et qu’on ne se figure pas cette région sablonneuse variant à l’infini et subitement, au gré des vents et des tempêtes ; elle est, jusqu’à un certain point, constante dans sa mobilité même.

1754. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Non, j’ose le dire, quoique incompétent dans le détail à coup sûr, mais après avoir entendu bien des déposants et par une sorte de verdict de sens commun, par une impression d’ensemble et comme une conviction naturelle, — non, il y avait de l’appareil plus que du fonds dans tout le maréchal de Noailles.

1755. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Cette dernière affaire notamment, cette belle occasion manquée en Alsace et la fâcheuse impression qu’on en reçut à Paris, sont bien senties et rendues. — Un contrôle d’un tout autre ordre et qui se rapporte à l’histoire la plus sévère, à la science même, nous est fourni par la Relation de la Guerre de Succession, que le général Jomini a ajoutée à celle de la Guerre de Sept ans, dans la 4e édition de son Traité des grandes Opérations militaires.

1756. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Il avait établi son influence sur elle dans l’âge où les impressions sont le plus durables, et il était aisé de voir qu’il n’avait cherché qu’à se faire aimer de son élève et s’était très-peu occupé du soin de l’instruire.

1757. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

La première grande scène de colère qui éclata contre Talleyrand, et qui avait laissé une si forte impression dans la mémoire des contemporains, eut lieu précisément au retour d’Espagne vers la fin de janvier 1809.

1758. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Je n’y ai rien trouvé que de vrai je dois et je puis, il me semble, oser en toute simplicité vous le dire, monsieur ; mais cette impression ne diminue en rien celle que j’ai reçue de la bienveillance si bien sentie et si visible qui accompagne tout un portrait qui m’a été si doux à lire.

1759. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

., et que, cessant de déclamer, il chante, toutes les larmes coulent ; ceux même qui n’entendent pas le patois partagent l’impression et pleurent.

1760. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

. — Il y faudrait pourtant absolument, pour les noms propres et les dates, une impression plus correcte.

1761. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

La doctrine de Perrault, c’était la conséquence du rationalisme cartésien, non contenu et dirigé par l’étude de l’antiquité : mais celle de Boileau, c’était le même cartésianisme interprétant et classant les principes et les impressions que fournissait la pratique assidue des littératures antiques.

1762. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Mais ce n’est là qu’une impression que je donne pour ce qu’elle vaut.

1763. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Ain-el-Haramié, la dernière étape 200, est un lieu mélancolique et charmant, et peu d’impressions égalent celle qu’on éprouve en s’y établissant pour le campement du soir.

1764. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Beaucoup de choix et de netteté dans les pensées ; des paroles assorties et belles de leur propre harmonie ; enfin la sobriété nécessaire pour que rien ne retardât une impression, forment le caractère de leur bonne littérature.

1765. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

J’ai connu des gens de goût, mais d’un goût restreint et nourri à l’ombre du cabinet, qui, en jugeant Napoléon pour son talent de parole, en étaient restés sur cette première impression : Daunou, par exemple, écrivain d’un style pur, châtié et orné.

1766. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Imaginez une feuille d’impression dont nous ne lirions qu’un côté ; le verso a disparu, il est en blanc, et ce verso qui la compléterait, c’est la disposition du public d’alors, la part de rédaction qu’il y apportait, et qui souvent n’était pas la moins intelligente et la moins active.

1767. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Leur succès s’est fort ranimé depuis les derniers mois, ou du moins l’impression qu’ils ont causée, de quelque nature qu’elle soit, a été vive.

1768. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Je ne sais si je rends bien l’impression des autres, mais c’est là exactement la mienne toutes les fois que je me suis approché plus ou moins de Mme de Maintenon.

1769. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Et sans plus de réponse, je me borne à citer l’aimable anecdote suivante qui nous montre au vrai le caractère sincère et ingénu de Perrault, et je laisse l’impression s’en faire d’elle-même sur le lecteur : Quand le jardin des Tuileries fut achevé de replanter, et mis dans l’état où vous le voyez : « Allons aux Tuileries, me dit M. 

1770. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Le poète a voulu rendre l’impression profonde de cette heure immobile et brûlante sous les climats méridionaux, par exemple dans la Campagne romaine.

1771. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Liottier, elle débuta dans le monde sous le Directoire ; elle a rendu à ravir l’impression de cette époque première dans plusieurs de ses romans, mais nulle part plus naturellement que dans Les Malheurs d’un amant heureux.

1772. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Nous voudrions, par cette impression, effacer celle que laissent d’autres lettres publiques de Beaumarchais, écrites dans le même temps, et où il s’est oublié, par un dernier retour, à d’indignes irrévérences.

1773. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Ses jugements, ses impressions sur Michel-Ange et la chapelle Sixtine, sur Raphaël et les Chambres du Vatican, sont de l’homme de goût que la nature a doué avant tout d’organes délicats, et qui ne mêle à son sentiment direct rien d’étranger ni de littéraire.

1774. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

On ne saurait s’imaginer jusqu’où va chez lui cet abus, cette sorte de crédulité ou de complaisance, mi-partie poétique et scientifique ; et j’aime trop saint François de Sales pour citer des exemples qui compromettraient l’impression agréable sur laquelle il convient de rester avec lui.

1775. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Mais l’impression peu à peu se déroba et s’ensevelit.

1776. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Année 1873 22 janvier 1873 Cette semaine, Thiers a fait prier de Béhaine de venir dîner chez lui, pour avoir ses impressions sur l’Allemagne.

1777. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

» Ce matin, Pouchet m’entraîne dans une allée écartée, et me dit : « Il n’est pas mort d’un coup de sang, il est mort d’une attaque d’épilepsie… Dans sa jeunesse, oui, vous le savez, il avait eu des attaques… Le voyage d’Orient l’avait, pour ainsi dire, guéri… Il a été seize ans, sans plus en avoir… mais les ennuis des affaires de sa nièce, lui en ont redonné… et samedi, il est mort d’une attaque d’épilepsie congestive… oui avec tous les symptômes, avec de l’écume à la bouche… Tenez, sa nièce désirait qu’on moulât sa main… on ne l’a pas pu… elle avait gardé une si terrible contracture… Peut-être, si j’avais été là, en le faisant respirer une demi-heure, j’aurais pu le sauver… » Ça été tout de même une sacrée impression d’entrer dans le cabinet du mort… son mouchoir sur la table, à côté de ses papiers, sa pipette avec sa cendre sur la cheminée, le volume de Corneille, dont il avait lu des passages la veille, mal repoussé sur les rayons de la bibliothèque.

1778. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Mais on ne lit pas que par les yeux ; on lit par les oreilles, on lit avec le souvenir de la parole et surtout les vers auxquels on demande des sensations musicales en même temps que des impressions sentimentales.

1779. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Je ne peux vous livrer que des impressions, ce qui n’est peut-être pas suffisant, étant donnée l’époque documentaire où nous vivons.

1780. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Nous ignorons quelle part la nouveauté de l’art de la peinture peut avoir euë dans l’impression qu’on veut que certains tableaux aïent fait sur les spectateurs.

1781. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Vu tout d’abord et embrassé d’un seul regard, ce spectacle, unique dans l’histoire, unique par le fait, et unique par l’art qui le reproduit et qui l’éternise, eût certainement arraché à la Critique le tribut d’admiration dû aux grandes choses et aux grandes œuvres, mais il n’aurait pas valu cette découverte graduée, qui est de la gloire en deux fois et cette impression sur laquelle on revient pour l’achever — pour l’approfondir ou l’étendre.

1782. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Il a, selon moi, vécu toute sa vie sur les premières impressions que donna Planche de son talent, énormément exagéré.

1783. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

C’est une impression de cet ordre que vous causera ce gros volume de cinq cent cinquante pages, où il y a de la sciure de ces idées qui, depuis, sont devenues des monuments !

1784. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Je n’ai pas grand espace pour citer, mais quand Renan, par exemple, avec la fatuité biographique qui sait le fin du fin de son personnage, nous affirme que la lecture des livres de l’Ancien Testament fit sur Jésus beaucoup d’impression, certainement cela n’a pas grande importance ; mais comment le sait-il ?

1785. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Poussé par Berkeley, puis par Hume, il arriva sur le bord du doute, il vit s’y engloutir l’esprit et la matière ; mais quand il vit sa famille précipitée avec le reste, il n’y tint plus : il cria aux philosophes qu’il voulait la garder ; il ne voulut point admettre qu’elle fût une collection d’impressions ou d’apparences ; plutôt que de la révoquer en doute, il se mit à les réfuter tous.

1786. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

M. de Biran fait cette impression agréable sur tous ceux qui le lisent.

1787. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

En effet, qu’on suppose un orateur doué par la nature de cette magie puissante de la parole, qui a tant d’empire sur les âmes et les remue à son gré ; qu’il paraisse aux yeux de la nation assemblée pour rendre les derniers devoirs à Henri IV ; qu’il ait sous ses yeux le corps de ce malheureux prince ; que peut-être, le poignard, instrument du parricide, soit sur le cercueil et exposé à tous les regards ; que l’orateur alors élève sa voix, pour rappeler aux Français tous les malheurs que depuis cent ans leur ont causés leurs divisions et tous les crimes du fanatisme et de la politique mêlés ensemble ; qu’en commençant par la proscription des Vaudois et les arrêts qui firent consumer dans les flammes vingt-deux villages, et égorger ou brûler des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, il leur rappelle ensuite la conspiration d’Amboise, les batailles de Dreux, de Saint-Denis, de Jarnac, de Montcontour, de Coutras ; la nuit de la Saint-Barthélemi, l’assassinat du prince de Condé, l’assassinat de François de Guise, l’assassinat de Henri de Guise et de son frère, l’assassinat de Henri III ; plus de mille combats ou sièges, où toujours le sang français avait coulé par la main des Français ; le fanatisme et la vengeance faisant périr sur les échafauds ou dans les flammes, ceux qui avaient eu le malheur d’échapper à la guerre ; les meurtres, les empoisonnements, les incendies, les massacres de sang-froid, regardés comme des actions permises ou vertueuses ; les enfants qui n’avaient pas encore vu le jour, arrachés des entrailles palpitantes des mères, pour être écrasés ; qu’il termine enfin cet horrible tableau par l’assassinat de Henri IV, dont le corps sanglant est dans ce moment sous leurs yeux ; qu’alors attestant la religion et l’humanité, il conjure les Français de se réunir, de se regarder comme des concitoyens et des frères ; qu’à la vue de tant de malheurs et de crimes, à la vue de tant de sang versé, il les invite à renoncer à cet esprit de rage, à cette horrible démence qui, pendant un siècle, les a dénaturés, et a fait du peuple le plus doux un peuple de tigres ; que lui-même prononçant un serment à haute voix, il appelle tous les Français pour jurer avec lui sur le corps de Henri IV, sur ses blessures et le reste de son sang, que désormais ils seront unis et oublieront les affreuses querelles qui les divisent ; qu’ensuite, s’adressant à Henri IV même, il fasse, pour ainsi dire, amende honorable à son ombre, au nom de toute la France et de son siècle, et même au nom des siècles suivants, pour cet assassinat, prix si différent de celui que méritaient ses vertus ; qu’il lui annonce les hommages de tous les Français qui naîtront un jour ; qu’en finissant il se prosterne sur sa tombe et la baigne de ses larmes : quelle impression croit-on qu’un pareil discours aurait pu faire sur des milliers d’hommes assemblés, et dans un moment où le spectacle seul du corps de ce prince, sans être aidé de l’éloquence de l’orateur, suffisait pour émouvoir et attendrir ?

1788. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Que cependant l’âme de Lucrèce, que sa vive impression des spectacles de la nature et des souffrances glorieuses de Rome, que son effroi de la vie publique, son amour de la retraite et de la contemplation solitaire lui aient inspiré d’admirables accents, on ne peut le méconnaître.

1789. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Bien peu ont eu les honneurs de l’impression. […] La muse tragique ne parut pas d’abord vouloir traiter aussi bien le poëte normand que la muse de la comédie, et il fut si peu satisfait de l’impression produite sur le public par sa tragédie, qu’il revint dès l’année suivante à son genre favori, et qu’il fit représenter l’Illusion, pièce assez médiocre et que lui-même avoua plus tard être une galanterie extravagante. […] La tragédie de Cinna fit une telle impression sur le grand Condé, qu’on vit couler ses larmes. […] M. de La Feuillade appelait l’impression de cette pièce une requête civile contre l’approbation publique. […] L’impression que cette représentation, ou plutôt ce récit, produisit sur Louis XIV, fut des plus vives, et cela valut à Racine la charge de gentilhomme ordinaire de la chambre.

1790. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Il me dit les soirées qu’il y passe, pour en emporter l’impression morale, sensationnelle. […] Les trois autres corps de bibliothèque renferment des éditions originales de Hugo, de Musset, de Stendhal, mêlées à des éditions originales de contemporains, imprimées sur des papiers de luxe, et contenant une page du manuscrit donné à l’impression. […] L’autre fenêtre a un panneau couvert de trois impressions japonaises.

1791. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

la Poésie est le résultat tout particulier de sensations, d’impressions, de mouvements d’âme, c’est donc du convenu ; est-ce l’élévation des idées qui fait la Poésie ? […] D’ailleurs, la décentralisation ne nuit pas au patriotisme… En résumé, bravo pour Mistral d’autant que, tous, nous le croyions plus inféodé au classicisme. » Et pour terminer, l’aimable poète nous lit quelques strophes inédites, à la gloire du Septentrion ; en voici un des plus curieux et significatifs fragments, qui donne bien l’impression du « faire » habituel de M.  […] Je pense que le chantre de Mireille oubliera près du fleuve superbe les légendes délicates de sa cigale, rissolant au soleil, pour bien laisser les ondes moduler et orchestrer d’elles-mêmes le poème qu’il traduira simplement, et d’autant mieux qu’il aura fait taire ses impressions propres. » Si Mistral n’est pas satisfait de se voir ainsi conseiller, il faut avouer qu’il est bien difficile !

1792. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Les autres, est une faute du comédien qui s’est glissée dans l’impression. […] On prit cet accident pour un effort de la passion, comme en effet il pouvoit l’être, & jamais cette scene admirable n’a fait sur les spectateurs une si violente impression. […] Ce n’est que par les sens qu’ils sont instruits & affectés, & leur langage doit être comme le miroir où ces impressions se retracent. […] Le journaliste n’a donc rien de mieux à faire que de rendre compte de l’impression générale pour la partie du sentiment. […] La gloire fondée sur un merveilleux funeste, fait une impression plus durable ; & à la honte des hommes, il faut un siecle pour l’effacer : telle est la gloire des talens supérieurs, appliqués au malheur du monde.

1793. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Le poète, plus ou moins intéressé lui-même, et plus ou moins profondément ému par quelqu’une des catastrophes de l’histoire ou du roman, faisait de son lecteur le confident de ses impressions, sans jamais négliger les moyens qu’il croyait avoir de s’en faire un admirateur. […] Lorsque Hardy s’avisa, en 1623 seulement, de soumettre son œuvre au jugement des lettrés, il y avait près de trente ans qu’il travaillait sans se soucier de leur opinion, et la preuve, c’est que, quelque idée qu’il se fit de lui-même, il ne trouva que quarante et une de ses cinq ou six cents pièces qui lui parussent dignes de l’impression. […] Mais l’intérêt y ploie et y rompt, pour ainsi dire, sous l’invraisemblance des événements, sous la complication de l’intrigue, sous la surcharge des embellissements que l’auteur y prodigue d’une édition à l’autre ; et il n’en demeure finalement, dans la mémoire et dans l’histoire, que l’impression d’un recul du roman sur le progrès que le genre avait précédemment accompli. […] On n’y est plus ; le fil se perd ; et le lecteur ferme le livre sur une impression, quelle qu’elle soit, qui n’est pas la vraie. […] … » Jacob Vernet, qui surveillait à Genève l’impression du livre de Montesquieu, lui fit sacrifier ce morceau.

1794. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Une pareille imitation des mouvements du corps fut l’origine de la danse : d’où naîtrait le vif plaisir qu’excitent en nous les tableaux fugitifs qu’elle nous expose, sinon que ses figures vives, gracieuses ou nobles, renouvellent les images des impressions qui nous transportent ? […] Nous, qui avons appris, dès nos premières années, à souffrir le joug d’une domination, qui avons été comme enveloppés par les coutumes et les façons de faire de la monarchie, lorsque nous avions encore l’imagination tendre et capable de toutes sortes d’impressions. — Nous, (ajoute-t-il, quelques lignes après), qui n’avons jamais goûté de cette vive et féconde source de l’éloquence, je veux dire de la liberté ; ce qui arrive ordinairement de nous, c’est que nous nous rendons de grands et magnifiques flatteurs. […] Ouvrons plus généreusement nos cœurs aux impressions que cherchent à nous prodiguer les écrivains ; détournons le plus souvent nos yeux de leurs irrégularités, quand leur talent les compense par des côtés louables, et ressouvenons-nous que les ouvrages ne sont pas si répréhensibles par la présence des défauts que par l’absence des beautés. […] Les sons dominants qui se succèdent dans une phrase musicale sont ceux qui portent à l’oreille l’impression distincte de la mélodie que la complication des accords détruirait, si le ton ne s’en détachait pas sur l’harmonie pour faire saisir ses seules modulations. […] Tous les objets qui l’en détournent divisent la force de l’impression excitée, et le caractère du fanatisme et de l’amour n’est si profond et si obstiné, que parce que l’un ou l’autre concentre toutes les affections de notre âme sur la seule image d’un dieu, d’une créature, ou d’une loi.

1795. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Si ces canzones étaient égales au sujet, je sais bien qu’elles ne manqueraient ni de grandiose ni de véhémence… » Elles en sont empreintes en effet : bien que le sujet en semble aujourd’hui un peu usé, roulant sur cette plainte perpétuelle et cette désolation tant renouvelée depuis Dante, et se prenant à cette moderne Italie, à celle même d’Alfieri, de Corinne et de Childe-Harold, et de laquelle Manzoni a dit qu’elle était Pentita sempre e non cangiata mai, « Repentante toujours et jamais convertie ; » malgré cet inconvénient inévitable en telle rencontre, le poëte se sauve ici du lieu-commun par son impression sentie et profonde. […] ) Il ne pardonnait pas à la France la diminution et la confiscation de l’Italie sous l’Empire ; ces impressions d’enfance lui demeurèrent durables et profondes.

1796. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Pascal… Mais je vois que le chevalier savoit que ce grand génie avoit ses inégalités, qui le rendoient quelquefois trop susceptible aux impressions des spiritualistes outrés et qui le dégoûtoient même par intervalles des connoissances solides34… M. de Méré en profitoit pour parler de haut en bas à M.  […] Pourtant cette jouissance du goût laisse après elle une impression inquiétante et soulève dans l’esprit un problème qui lui pèse.

1797. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Celles de ses pièces qui semblent le moins remaniées sont deux satires, et Dodsley dit que dans le manuscrit il n’y avait presque point de vers qui ne fût écrit deux fois. « Je le fis transcrire proprement sur une autre feuille, et quand il me renvoya celle-là pour l’impression, presque chaque vers avait été récrit encore une seconde fois. » — « Jamais, dit Johnson, il ne détachait son attention de la poésie. […] C’est tantôt une image heureuse qui résume une phrase entière ; tantôt une série de vers où vont s’alignant les oppositions symétriques ; ce sont deux mots ordinaires qu’un étrange accouplement met en relief ; c’est un rhythme imitatif qui complète l’impression de l’esprit par l’émotion des sens ; ce sont les comparaisons les plus élégantes, les épithètes les plus pittoresques ; c’est le style le plus serré et le plus orné.

1798. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

II Cette aventure fit, malgré sa simplicité, une vive et douce impression sur le Tasse. […] » Cependant le souvenir de la perte de Léonora d’Este occupait si peu son cœur que, pendant le carnaval de 1587, à Mantoue, la beauté d’une des jeunes femmes de cette cour parut faire une impression puissante sur son esprit.

1799. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Autant que La Fontaine, elle aime la nature et sait en jouir ; mieux que lui peut-être, et par de plus neufs assemblages de mots (« la feuille qui chante »), elle en rend l’impression directe, celle qui suit immédiatement la sensation elle-même. […] Pour lui, juger un livre, ce n’est nullement analyser l’impression plus ou moins voluptueuse qu’il en a reçue ; mais c’est, essentiellement, le « situer » dans une série.

1800. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Je ne rendrai jamais qu’imparfaitement l’impression que firent sur moi les amères beautés de cet ouvrage ; elle n’a pas vieilli, mais elle s’est depuis confondue avec tant d’impressions diverses, qu’il me faut un effort pour la ressaisir avec ses premiers charmes et sa vigueur première.

1801. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Une impression terrible se dégage de ce périple tragique qu’une main gigantesque semble dessiner à tâtons sur l’ombre. […] L’impression est celle d’un colosse tournant sur sa base, dont on admirerait tour à tour le visage froncé, le dos sillonné, le torse orageux, sans lui demander d’autre action que la tension de ses muscles et la colère de ses membres.

1802. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

La conversation va au Japon, aux impressions, aux images obscènes qu’il m’affirme ne plus venir en Europe, parce que, au moment où le pays a été ouvert aux étrangers, ils ont acheté ces images avec des moqueries et des mépris publics pour la salauderie des Japonais, et que le gouvernement a été blessé, a fait rechercher ces images, et les a fait brûler. […] Jeudi 17 avril Sans un constant feuilletage des impressions japonaises, on ne peut vraiment se faire à l’idée, que dans ce pays d’art naturiste, le portrait n’existe pas, et que jamais la ressemblance de la figure n’est reproduite dans sa vérité, et qu’à moins d’être comique ou théâtralement dramatique, la représentation d’un visage d’homme ou de femme est toujours hiératisée, et faite de ces deux petites fentes pour les yeux, de ce trait aquilin pour le nez, de ces deux espèces de pétales de fleurs pour la bouche.

1803. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Ces vers obtenaient en société un très grand succès, qui, plus tard, devait s’évanouir tout à fait à l’impression.

1804. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Choiseul, qui est militaire, aura droit d’avoir un avis sur les opérations de campagne : Vous avez du courage, lui écrit Bernis en le proclamant le meilleur de ses amis et le serviteur qui peut être le plus utile au roi (26 août), et les événements ne vous font pas tant d’impression qu’à moi.

1805. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Le pédantisme déjà suranné de ces recherches et de ces gentillesses d’impression fait bien pendant à ce qu’on raconte du costume de Sully lorsqu’il reparut un jour, avec ses habits à la vieille mode, en pleine cour de Louis XIII.

1806. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

En général, il ne condense pas et ne grave pas de la sorte sa pensée : mais cette fois la vivacité de l’impression, l’effroi des souvenirs, et aussi cette forte idée de Hobbes, lue et méditée auparavant dans la retraite, et se résumant en un style concis, ont servi à l’inspirer.

1807. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Mais elle tenait à son pays, à sa souche allemande, à son Rhin allemand, par d’autres souvenirs que par celui des mets et de la cuisine nationale : elle aimait la nature, la campagne, la vie libre, un peu sauvage ; ses impressions d’enfance lui revenaient avec des bouffées de fraîcheur.

1808. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Parlant de l’impression que cause sur place la vue du Forum contemplé du haut des ruines du Colisée, et se laissant aller un moment à son enthousiasme romain, il craint d’en avoir trop dit et de s’être compromis auprès des lecteurs parisiens : « Je ne parle pas, dit-il, du vulgaire né pour admirer le pathos de Corinne ; les gens un peu délicats ont ce malheur bien grand au xixe  siècle : quand ils aperçoivent de l’exagération, leur âme n’est plus disposée qu’à inventer de l’ironie. » Ainsi, de ce qu’il y a de la déclamation voisine de l’éloquence, Beyle se jettera dans le contraire ; il ira à mépriser Bossuet et ce qu’il appelle ses phrases.

1809. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Daru livra alors à l’impression et sans se nommer (1788).

1810. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Il nous le décrit à la ronde, semant sa course plus libre de mille impressions qui tiennent soit aux accidents agrestes du terrain, soit aux sons qu’il entend et auxquels il est des plus sensibles, soit à la couleur variée des arbres qu’il distingue et spécifie par toutes leurs nuances ; la vie, l’intérêt, une passion tendre et profonde se fait sentir sous toutes ces descriptions desquelles on ne peut pas dire qu’il s’y amuse, mais bien plutôt qu’il en jouit.

1811. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

J’ai pris sur moi de le dissiper le plus qu’il m’a été possible, en me livrant à des occupations de devoir et de nécessité ; mais, mon cher frère, il est bien difficile d’effacer les profondes impressions du cœur.

1812. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

. — Impression de Fénelon. — Journée de Malplaquet. — Langueur et détresse. — Belles paroles de Louis XIV. — Action de Denain. — Retour de fortune.

1813. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

L’impression qu’on reçoit de ces détails à la longue est affligeante, et il en rejaillit quelque chose, quoi qu’on fasse, sur la noble et belle figure ainsi encadrée et présentée.

1814. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Sous l’impression de cette attaque, il jette sur le papier quantité de bonnes raisons qui lui sont familières, de ces réflexions dont il est rempli sur l’ambition et sur les plaisirs ; il les approprie à leur situation à tous deux.

1815. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

On oublie que, par ces concours qu’elle ouvre à l’émulation des jeunes auteurs, l’Académie semble dire : « Jeune homme, avancez, et là, sur ce parquet uni, au son d’une flûte très simple, mais au son d’une flûte, exécutez devant nous un pas harmonieux ; débitez-nous un discours élégant, agréable, justement mesuré, où tout soit en cadence et qui fasse un tout ; où la pensée et l’expression s’accordent, s’enchaînent ; dont les membres aient du liant, de la souplesse, du nombre ; un discours animé d’un seul et même souffle, ayant fraîcheur et légèreté ; qui laisse voir le svelte et le gracieux de votre âge ; dans lequel, s’il se montre quelque embarras, ce soit celui de la pudeur ; quelque chose de vif, de court, de proportionné, de décent, qui fasse naître cette impression heureuse que procure aux vrais amis des lettres la grâce nouvelle de l’esprit et le brillant prélude du talent. » — Ainsi j’entends cet idéal de début académique, dont il ne se rencontre plus guère d’exemple.

1816. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Une des curiosités de Bayle était de savoir si ces lettres étaient bien authentiques ; il en écrivit à son correspondant de Paris, l’avocat Matthieu Marais : on lui répondit que la famille les désavouait ; mais ce désaveu tout verbal ne prouvait qu’une seule chose : c’est que la famille n’entendait pas être responsable ni complice de l’impression.

1817. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il faut toujours se méfier de l’impression que font les vieillards, surtout s’ils sont gens bien élevés et polis.

1818. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Qu’il ait pu y avoir, durant ces derniers temps, en d’autres branches d’étude et de culture, d’autres productions qui fassent honneur à l’époque et qui lui seront comptées un jour, je suis loin de le vouloir contester ; mais, à ne consulter que l’époque elle-même et son impression purement présente, ces deux accidents sont les seuls qui, dans l’ordre de poésie, aient mis les imaginations en émoi et qui aient vivement piqué l’attention publique.

1819. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

. — Vie sociale assez douce. » Or c’est dans ce court intervalle de retraite, de douceur inespérée et de sagesse (sauf un reste de roulette), qu’il écrivait à Fauriel la lettre suivante, où se confirment les mêmes impressions : « Au Hardenberg, près Gottingue, ce 10 septembre 1811.

1820. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Je ne blâme pas ces soins ; bien loin de là, je les honore, et j’en profite ; le moment en était venu sans doute ; mais l’opiniâtreté du labeur, chez ceux qui s’y livrent, remplace trop souvent la vivacité de l’impression littéraire, et tient lieu du goût.

1821. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

L’essentiel, dans le livre, ce sont les impressions des deux Orientaux jetés au travers de notre civilisation.

1822. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Victor Duruy, et qui laisse une telle impression de force, de suite et de sécurité dans son développement qu’elle fait songer à quelque très belle Vie de Plutarque, — côté des Romains.

1823. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Cette impression de l’éducation première ne s’effaça jamais chez M. 

1824. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Donner telle quelle son impression fugitive, changer d’avis suivant la disposition du moment, s’abandonner doucement au caprice de ses préférences personnelles, fuir toute apparence de dogmatisme : voilà ce qu’ont pratiqué et enseigné des critiques ondoyants qui se sont crus modestes.

1825. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Elle reflétait si bien les impressions des autres et recevait si visiblement l’effet de leur esprit, qu’on l’aimait pour le succès qu’on se sentait avoir près d’elle.

1826. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Chaque femme d’esprit et de sensibilité, à son exemple, tenait registre de ses impressions, de ses souvenirs, de ses rêves ; elle écrivait en petit ses Confessions, fussent-elles les plus innocentes du monde.

1827. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

En général, l’impression qui résulte de cette lecture des originaux, quand on la fait avec suite, est beaucoup plus grave, plus naïve et plus simple.

1828. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Je garderais le silence sur cette œuvre de ténèbres, si je n’avais des raisons de croire que cette espèce de manuscrit dût être incessamment livré à l’impression.

1829. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Hume a rendu l’impression que Buffon fit sur lui en disant que pour le port et la démarche, il répondait plutôt à l’idée d’un maréchal de France qu’à celle d’un homme de lettres.

1830. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

L’auteur a depuis expliqué sa pensée, mais il s’agit bien moins ici de l’explication que de l’impression première, et de l’espèce de plaisir qu’il prend à présenter son idée sous une forme rebutante et choquante.

1831. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Le maréchal de Castries, du côté des princes, frères du roi, lui écrivait : « J’ai vu l’impression que vos écrits faisaient sur tous les bons esprits… Il est temps de parler à la nation et de l’éclairer. » Mallet reprit la plume pour parler non à la nation, qui, à cette date, avait peu de liberté d’oreille et d’entendement, mais aux chefs des cabinets et à ceux de l’émigration, pour les éclairer, s’il se pouvait, sur ce qui, selon lui, était raisonnable et nécessaire ; car il ne voyait plus qu’un moyen de mener à bien cette grande « guerre sociale », comme il l’appelait : c’était d’en faire une guerre à la Révolution seule, à la Convention qui résumait en elle l’esprit vital de la Révolution, non à la France.

1832. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Nous l’avons tous rencontré, dans ses dernières années, arrivant de Passy, déjà fatigué et voûté, courant de l’Institut à l’imprimerie Crapelet, corrigeant lui-même ses épreuves, tout au travail et à l’affaire qui l’amenait, l’impression de son Lexique.

1833. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

C’était précisément ce qui déplaisait à Mazarin et ce qui le faisait se plaindre : « Ce reproche, ajoute-t-elle, marquait assez de défiance naturelle, et combien nous étions malheureux de vivre sous la puissance d’un homme qui aimait la friponnerie, et avec qui la probité avait si peu de valeur qu’il en faisait un crime. » À ces reproches du cardinal, qui ne laissaient pas de transpirer, elle tâchait de remédier par quelque bonne parole de la reine, qui en réparât les impressions devant tous ; « car à la Cour, remarque-t-elle, il est aisé d’éblouir les spectateurs, et il ne leur faut jamais donner le plaisir de savoir que nous ne sommes pas si heureux qu’ils se l’imaginent, ou que nous sommes si malheureux qu’ils le souhaitent ».

1834. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Fiévée, après avoir vu Bonaparte, reçut par l’intermédiaire de M. de Lavalette l’invitation de lui écrire dans une série de notes ses impressions et ses vues sur les événements et les choses.

1835. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Quand le pèlerin arrive à Jérusalem, il ne s’exalte point pour trouver des paroles plus grandes que son impression ; il n’a point de cri à la manière des croisés.

1836. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Montesquieu a tellement vécu en idée parmi ces Romains, qu’il a sur eux un avis, une impression directe, personnelle, qui se produit parfois d’une manière assez naïve.

1837. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

C’était une place pour lui très importante en elle-même, et en raison des affaires d’impression qu’elle lui procurait.

1838. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Il est aisé, avec ces mêmes traits, on le sent, de faire de Grimm un homme très laid et une caricature ; ceux qui savent combien la physionomie dispense les hommes de beauté s’en tiendront, sur son compte, à l’impression d’une femme d’esprit et d’un ami délicat.

1839. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Le roi vieilli, et lui-même bien près de sa tombe, lui répond par cette lettre qui, dans sa sobriété, devra paraître bonne et digne encore, mais qui éveille une impression de contraste dans l’esprit du lecteur pour qui les quarante-cinq années d’intervalle n’existent pas, et qui les franchit en un coup d’œil d’une page à l’autre : À mon conseiller de guerre et maître des postes de Suhm, à Dessau.

1840. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

De là la lassitude où ne tarde pas à tomber quiconque regarde la vie en pur dilettante, y cherchant seulement des impressions, des motifs de reproductions esthétiques et pour ainsi dire de croquis.

1841. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Quand on lit Kant, on en retire cette impression, que la raison est trop ambitieuse dans ses théories métaphysiques ; mais si cela est vrai, comment la métaphysique elle-même est-elle possible ?

1842. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Il fait consister l’éloquence uniquement dans le talent de faire sur l’ame des autres, par l’usage de la parole, l’impression de sentiment que nous éprouvons.

1843. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Il fait au cœur et à l’esprit, — plus au cœur qu’à l’esprit encore, — une impression profonde qui y reste et qu’on y retrouvera, quand les livres à tapage seront oubliés.

1844. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Et, en vérité, je vous le dis, qu’elle ait compris ou qu’elle n’ait pas compris, il lui restera de cette impression je ne sais quel malaise, quelque chose qui ressemble à la peur.

1845. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Au contraire, les maladies de la mémoire des mots — ou, comme on dit, les aphasies — correspondent à la lésion de certaines circonvolutions cérébrales : de sorte qu’on a pu considérer la mémoire comme une simple fonction du cerveau et croire que les souvenirs visuels, auditifs, moteurs des mots étaient déposés à l’intérieur de l’écorce — clichés photographiques qui conserveraient des impressions lumineuses, disques phonographiques qui enregistreraient des vibrations sonores.

1846. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

L’apologétique proprement dite, sans théologie, sans philosophie, faite d’émotions, d’impressions, d’allusions, s’en va en lambeaux. […] Comment définirez-vous l’impression d’une nuit obscure, d’une antique forêt, du vent qui gémit à travers des ruines ou sur des tombeaux, de l’océan qui se prolonge au-delà des regards ? […] La Neige et le Cor sont des impressions, celles même qu’évoquent leur titre, leurs premières strophes, et ces impressions s’épanouissent d’un seul mouvement en récits. […] » Telle était bien l’impression commune.

1847. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Pour rendre un paysage il faut, je crois, écrire l’impression qu’on a éprouvée, donner les grandes indications, l’esquisse. […] Pour bien faire comprendre une physionomie, il faut rendre l’impression qu’on a éprouvée en la voyant. […] « Et en éprouvant chaque sensation, la passion de ne pas la perdre, de la fixer, s’empare de la cervelle humaine ; déborder dans l’esprit d’autrui, décrire ce qui se passe en soi, autour de soi, devient un besoin, et comprenez-vous alors un homme qui, dévoré du désir de faire partager ses impressions à un autre se met à lui parler d’une façon vague et incomplète des objets qui les ont fait naître, au lieu de chercher à lui en donner une idée nette par une description aussi précise, aussi complète que possible ? […] Il n’est non plus que ce que le font par hasard les impressions extérieures. […] Le style a des allures inégales, comme chez tout homme qui écrit artistiquementsans sentir : tantôt des pastiches, tantôt du lyrisme, rien de personnel. — Je le répète, toujours descriptionmatérielle et jamais impression.Il me paraît inutile d’entrer dans le point de vue même de l’œuvre, auquel les défauts précédents enlèvent tout intérêt. — Avant que ce roman eût paru, on le croyait meilleur — Trop d’étudene remplace pas la spontanéité qui vient du sentiment.

1848. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Avec les impressions mentales et les lois inhérentes à ces impressions, Hume estime qu’on peut expliquer tout le système de nos connaissances. Les impressions, en s’affaiblissant, deviennent des idées. […] Et ainsi, entre l’impression venue du dehors et l’action visible correspondante, il est naturel d’admettre une continuité de phénomènes physiques.

1849. (1929) Amiel ou la part du rêve

À son retour du Sud il passe trois semaines d’été à Florence, qui lui donne la plus forte impression de son voyage. […] Si je n’ai pas fait grande impression aux hommes, écrira-t-il quelques mois avant sa mort, j’aurai été beaucoup aimé des femmes. […] Son agenda de 1846 marque assez longuement l’impression que lui avaient faite deux de ses romans. […] Le coup de sifflet du train de Zurich, qui emporte Philine vers l’Allemagne, donne à celui qui reste une impression sinistre.

1850. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Le style est donc, soit au propre, soit au figuré, la marque de l’écrivain, l’impression de son naturel dans son écrit. […] Je ne sais comment m’en tirer ; je ne voudrais pas tromper Rousseau, et je ne puis me résoudre à le chagriner. » L’impression de Diderot fut la même. […] Avec une sagacité exquise, il en observait, il en suivait les dégradations, surtout le matin ou vers le déclin du jour. — Rentré dans son atelier, il retraçait librement, de souvenir, ces impressions de la nature qui s’étaient déposées en lui. […] A l’âge où les impressions sont ineffaçables, il respira au foyer paternel l’enthousiasme mystique qui, dans l’école d’Ombrie, était une religion plutôt qu’une simple tradition d’art60. » Mais la nature l’attira et le sauva du mysticisme ; la réalité, bien plus que la foi, lui inspira tant de merveilles.

1851. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

On a cette impression que de chacun de ces caractères un auteur comique du xviie  siècle aurait voulu faire et aurait fait, et peut-être avec succès, une pièce tout entière, au moins en un acte. […] Observons seulement ici que ses « dissertations », comme Molière les appelle lui-même (Préface de L’École des femmes), sont bien de petites pièces de théâtre, très bien composées comme pièces de théâtre, ayant des péripéties, étant « en scène », comme disent les auteurs et les critiques, c’est-à-dire donnant l’impression, non d’une chose écrite, mais d’une chose vécue et qui commence à être vécue du moment même où la toile se lève, sans préméditation et sans calcul. […] Transformer tout en or, faire vivre éternellement, guérir par des paroles, se faire aimer de qui l’on veut, savoir tous les secrets de l’avenir, faire descendre, comme on veut, du ciel sur des métaux des impressions de bonheur, commander aux démons, se faire des armées invisibles et des soldats invulnérables : tout cela est charmant, sans doute ; et il y a des gens qui n’ont aucune peine à en comprendre la possibilité, cela leur est le plus aisé du monde à concevoir. […] L’impression générale que doit tirer de Tartuffe un esprit moyen, sain du reste et raisonnable, me semble celle-ci, sans que j’exagère à rien : « Orgon est un homme sensé et juste ; mais il a été élevé par une mère dévote, il remonte par elle à ce temps passé où l’on avait de la piété ; il a été confié par cette mère à des professeurs de religion qui lui ont fait peur, terriblement, de Tenter ; ainsi instruit et dressé il devient victime du premier hypocrite de religion venu et il devient bête et il devient dur et il fait les pires sottises. […] Il a absolument raison et c’est pour cela que les règles ne sont point pour le génie qui peut faire la faute et la compenser par une beauté, par une perfection qui vient de lui, qui peut par exemple n’avoir pas d’unité d’action dans son poème, ce qui, très certainement, est toujours dangereux, mais qui peut y avoir mis une autre unité (d’intérêt, d’impression, d’idée générale) qui fera que le spectateur ne fera aucune attention à celle qu’il a omise.

1852. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Pour que la deuxième racine soit coupée, il suffît d’une activité sociale déversée tout entière vers le futur, vers l’action immédiate, et d’un art jeté à l’impression momentanée. […] Or, le goût appartient au domaine de l’impression, non au domaine de la création. […] Le goût, disions-nous, implique la culture, la possibilité de rapprochements, entre des impressions d’art variées. […] L’exemple le dira mieux : Ovide, Lucain, Virgile. » Ces lignes viennent de la même main que certaines impressions d’amour sensuel, qu’on n’osera plus après les Essais. […] Voyez Jules Lemaître qui se plaint de « n’être point libre en face de la plupart des œuvres classiques, de ne pouvoir plus les voir telles qu’elles sont ou en recevoir une impression franche et directe, et de douter ainsi de la sincérité de mes plus vieilles et de mes plus orthodoxes admirations : car je ne saurais jamais si je les ai apprises de mes maîtres, ou spontanément senties, si elles m’ont été imposées par la tradition ou si elles ont jailli du fond de mes entrailles ».

1853. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Je voudrais faire lire le commentaire dont il entoure la chronique du moine Jocelyn1412 pour montrer l’impression qu’un fait prouvé produit sur une telle âme, tout ce qu’un vieux mot barbare, un compte de cuisine y soulève d’attention et d’émotion. « Le roi Jean sans-Terre passa chez nous, écrit Jocelyn, laissant en tout treize pence sterling pour la dépense (tredecim sterlingii). » « Il a été là, il y a été, lui, véritablement. […] Car il le façonne et façonne le nôtre à l’image de son propre esprit ; il le définit par les émotions qu’il en tire et le figure par les impressions qu’il en reçoit. […] L’impression qu’elle laisse est extraordinaire.

1854. (1925) Dissociations

Il semble que tout ce qu’on a écrit depuis dix ans sur la fragilité des témoignages n’ait fait aucune impression sur eux, que les philosophes cherchaient pourtant particulièrement à instruire, puisque s’il est un lieu où le témoignage ait une valeur, et parfois une valeur effroyable, c’est l’enceinte même du tribunal. […] Les lacunes du passé nous donnent une sorte d’effroi ; les hommes de l’avenir ressentiront sans doute, à considérer notre époque, une impression pareille. […] La beauté de Paris Si Paris est, comme on l’écrit, et même un peu trop, une belle ville, cela ne tient pas à des beautés particulières et frappantes, car il n’en contient presque pas ; cela ne peut résulter que d’une impression d’ensemble, d’où le caractère des habitants ne doit pas être exclu, mais dont il faut même tenir le plus grand compte.

1855. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Je me bornerai à dire mon impression générale sur la ligne de conduite de Bernis à Rome pendant les premières années, et dans cette fameuse négociation de la suppression des Jésuites, à laquelle il prit beaucoup de part.

1856. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Il commence par un tableau circonstancié des dernières années de Louis XIV : ici, malgré les imitations et les emprunts que nous allons signaler, on sent dans le récit de Duclos une vive impression personnelle, qui y donne le mouvement.

1857. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Les bontés de Sa Majesté, l’honneur de sa confiance me donnent du courage ; mais permettez-moi de vous parler avec liberté : ce qui est arrivé après Kehl, lorsqu’on m’a blâmé d’avoir ramené l’armée en France, a fait une impression sur mon esprit, laquelle se détruira ; mais on est homme, et une certaine activité qui m’a fait agir jusqu’à présent sans trop consulter, une fois désapprouvée, ne se rétablit pas tout d’un coup.

1858. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Le lendemain, lorsqu’elle vit pour la première fois le dauphin, venu avec le roi à sa rencontre entre Nangis et Corbeil, elle avait maîtrisé cette impression : elle fut gaie, naturelle, et Louis XV, dit-on, « s’amusa des agaceries qu’elle fit au dauphin pour l’obliger à desserrer les dents et à ne plus la regarder fixement comme il avait fait d’abord, sans prendre part à la conversation ».

1859. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Ce qu’il eut à souffrir durant cette longue captivité, que rien ne trompait ni ne consolait, et qui dans la suite ne fit que changer de cadre et de barreaux, nul ne le sait : il contenait stoïquement ses impressions.

1860. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Pour arriver à saisir cette vérité, on avait, en 1820, à se dégager de ses impressions partiales, à se mettre au-dessus des passions intéressées et personnelles ; on a aujourd’hui à percer tout un voile de préjugés et de partis pris théoriques : c’est une autre forme d’illusions.

1861. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

On sent quelle impression profonde et amère durent jeter dans l’âme ardente du jeune enfant de l’Empire, et les discours du mécontent, et le supplice de la victime : cela le préparait dès lors à son royalisme de 1814.

1862. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Quand on lit cette suite de lettres, on en reçoit une impression qui dément plutôt l’idée d’un service officiel et régulier par les journaux.

1863. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Derrière ma faiblesse il y a de la force ; la faiblesse est dans l’instrument. » Mais s’il n’écrivait pas de livres, il lisait tous ceux des autres, il causait sans fin de ses jugements, de ses impressions : ce n’était pas un goût simplement délicat et pur que le sien, un goût correctif et négatif de Quintilius et de Patru ; c’était une pensée hardie, provocante, un essor.

1864. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

La dictée continuant, M. de Ségur eut soin d’adresser à plusieurs reprises la parole au jeune homme, comme pour couvrir ce mouvement involontaire ; mais il put deviner, à l’accent un peu ému des réponses, l’impression pénible qu’il avait causée.

1865. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Cela m’avait laissé une mauvaise impression du caractère de M. de Chateaubriand.

1866. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

« Ces lettres, écrivait l’abbé Bossuet à son oncle, feront plus d’impression que vingt démonstrations théologiques. » La démence du religieux ne tarda pas à éclater.

1867. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Lemaître, Impressions de théâtre, t. 1, III et V.

1868. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Nous sommes touchés de ce qu’une personne nous plaît plus qu’elle ne nous a paru d’abord devoir nous plaire ; & nous sommes agréablement surpris de ce qu’elle a sû vaincre des défauts que nos yeux nous montrent, & que le coeur ne croit plus : voilà pourquoi les femmes laides ont très souvent des graces, & qu’il est rare que les belles en ayent ; car une belle personne fait ordinairement le contraire de ce que nous avions attendu ; elle parvient à nous paroître moins aimable ; après nous avoir surpris en bien, elle nous surprend en mal : mais l’impression du bien est ancienne, celle du mal nouvelle ; aussi les belles personnes font elles rarement les grandes passions, presque toûjours reservées à celles qui ont des graces, c’est-à-dire des agrémens que nous n’attendions point, & que nous n’avions pas sujet d’attendre.

1869. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Marguerite ne veut ni se tromper, ni tromper son lecteur ; ses impressions ne sont jamais plus fortes que sa raison.

1870. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

L’impression générale et dernière, après une lecture des œuvres lyriques de J.

1871. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

L’impression poétique ne naîtra donc pas chez le lecteur d’une sorte d’obligation mentale ; elle résultera bien plutôt désormais d’une sorte de connivence spirituelle.

1872. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Et qu’on ne cite pas Jean-Jacques comme une exception ; Jean-Jacques, il faut toujours s’en souvenir, est un protestant qui a été catholique ; un genevois qui, dans la mystique Savoie, à l’âge où l’âme garde, comme une cire molle, toutes les impressions, a pris part aux solennités de l’Eglise romaine ; il a suivi le lent déroulement des processions sous les arceaux des cathédrales ; il a respiré la fumée enivrante de l’encens ; il a rempli ses yeux d’un spectacle doux à la vue et son cœur d’une doctrine plus tendre que forte, plus féminine que virile.

1873. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Un soir, à la tombée du crépuscule, assis dans le salon déjà sombre, devant le jardin, — comme de rares paroles, entre de longs silences, venaient d’être échangées, sans avoir troublé le recueillement où nous nous plaisions, — je demandai, sans vains préambules, à Wagner, si c’était pour ainsi dire, artificiellement — (à force de science et de puissance intellectuelle, en un mot) — qu’il était parvenu à pénétrer son œuvre, Rienzi, Tannhæuser, Lohengrin, le Vaisseau Fantôme, les Maîtres Chanteurs même — et le Parsifal auquel il songeait déjà — de cette si haute impression de mysticité qui en émanait, — bref, si, en dehors de toute croyance personnelle, il s’était trouvé assez libre-penseur, assez indépendant de conscience, pour n’être chrétien qu’autant que les sujets de ses drames-lyriques le nécessitaient ; s’il regardait, enfin, le Christianisme, du même regard que ces mythes scandinaves dont il avait si magnifiquement fait revivre le symbolisme en ses Niebelungen.

1874. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Sachez donc que M. de Sainte-Agathe, qui assistait à la soirée du géographe, a surpris de son œil oblique l’impression produite sur l’héritière par le voyageur, et que, pour écarter ce dangereux rival, il n’a rien trouvé de mieux que de le renvoyer au plus vite au fond du Soudan.

1875. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Moi aussi, j’ai jugé pour mon plaisir M. de Pontmartin comme j’avais jugé autrefois Béranger, et voici la note, depuis longtemps écrite, que je tire du même cahier familier d’où j’ai extrait quelques-unes de mes impressions de fond sur le poète national.

1876. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Quand on vient de lire René pour la première fois, on est saisi d’une impression profonde et sombre.

1877. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

. — « On nous fera responsables, on s’attaquera à nous, nous deviendrons le bouc émissaire de la société ; soit. » Il en prenait hautement son parti, et d’un ton demi-railleur, accentué de dédain, il faisait beau jeu à l’avance aux amis douteux ou aux adversaires : Pendant ce temps, disait-il, les périls s’éloigneront ; avec le péril, le souvenir du péril passera, car nous vivons dans un temps où les esprits sont bien mobiles et les impressions bien passagères.

1878. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Les anecdotes de Mme de Caylus sont de petites scènes qui, à peine marquées, laissent parfois une impression de comique ineffaçable.

1879. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Lucas-Montigny, et, au sortir d’une lecture si pleine d’impressions contraires, dont quelques-unes sont rebutantes et pénibles, je me plais à m’appuyer de ce jugement et à le répéter.

1880. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Mais, à ce dîner, la première impression passée, il fut charmant, séduisant, traitant les plus vastes sujets avec une énergie brillante ; et, sur le chapitre de l’Allemagne en particulier auquel M. de La Marck l’amena, il parla encore mieux qu’il n’en avait écrit.

1881. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Envieux par exemple, et ennuyeux, ce n’est pas là l’impression que de loin il me fait.

1882. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

je viens à vous parce que vous m’avez invoqué. » Je n’en lus pas davantage ; l’impression subite que j’éprouvai est au-dessus de toute expression, et il ne m’est pas plus possible de la rendre que de l’oublier.

1883. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Mais l’impression et la distribution, à ce qu’on assurait, s’étaient faites par ordre secret de Beaumarchais.

1884. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

D’Aguesseau, résumant cette impression si juste, lui écrivait après l’avoir lu : « J’envie presque à ceux qui étudient à présent, un bonheur qui nous a manqué, je veux dire l’avantage d’être conduit dans les belles-lettres par un guide dont le goût est si sûr, si délié (délié est un peu fort), si propre à faire sentir le vrai et le beau dans tous les ouvrages anciens et modernes. » Voltaire lui-même, qui fut sévère et une fois surtout injuste pour Rollin, l’a proclamé « le premier de son corps qui ait écrit en français avec pureté et noblesse. » Il l’a loué dans Le Temple du goût en des termes qui sont le jugement même, et il est allé jusqu’à appeler le Traité des études « un livre à jamais utile », ce qui est même trop dire, puisque ces sortes de livres n’ont qu’un temps, et que les générations qui en profitent les usent.

1885. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Une flamme divine me consumait : j’étais comme ces disciples de Jésus-Christ qui, en se rappelant l’impression de ses discours, se disaient entre eux : Notre cœur brûlait en l’écoutant.

1886. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Pour en finir avec les impressions que fait naître cette affaire, je dirai que peut-être, à certains moments, le président fut un peu strict, et se montra plus juste que généreux.

1887. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Le livre, à la lecture, m’a fait l’impression d’une histoire renfermant trop de jolie rhétorique, trop de morceaux de littérature, trop d’airs de bravoure, placés côte à côte, sans un récit qui les espace et les relie.

1888. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

. — Se consolaient de leur misère présente en songeant aux splendeurs du passé — Effort surhumain — Univers émerveillé — la magnificence de ces souvenirs — vulgarité régnante — chambre servile. etc », C’est l’union parfaite du cliché et du lieu commun, — d’où l’impression inattendue de convenance et de correction.

1889. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Les penchants que les travaux analytiques révèlent en eux, la sensibilité que ces êtres montrent, l’enchaînement divers des mobiles, des actes, des pensées, des impressions causées par les événements, des dispositions maintenues malgré les hasards de la carrière, sont des faits psychologiques vrais, comme sont vrais aussi les détails extérieurs de leurs vie, leur visage, leur teint, leur gesticulation, leurs façons de vivre, de se vêtir, de mourir.

1890. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Heine confesse dans sa correspondance la profonde impression que lui fit la lecture du Wunderhorn d’Arnim (recueil de chansons enfantines et populaires), et, plus tard, d’une anthologie de Schnaderhupfl, petits quatrains à chute ironique, que l’on chante dans les Alpes allemandes, en dansant.

1891. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Elle est pour les bonnes ménagères un avertissement de bien veiller à leur linge. » Puis le même Rhymer veut bien cesser de rire et prendre Shakespeare au sérieux : « … Quelle impression édifiante et utile un auditoire peut-il emporter d’une telle poésie ?

1892. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Cette démonstration, au premier abord, peut paraître superflue ; mais cette impression cessera, si l’on réfléchit qu’il n’est pas évident qu’on puisse agir sur les corps vivants comme sur les corps bruts, c’est-à-dire en séparer les parties, en modifier les rapports, en troubler l’économie.

1893. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Où donc aurait-il pris le droit d’émettre un avis d’une valeur générale, réduit qu’il était à noter des impressions incertaines, changeantes, dépendant de mille causes variables, du caprice de son humeur et de l’air du temps ?

1894. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Albert Flament, chroniqueur d’impressions quotidiennes, s’est instauré l’historien, le moraliste et le juge des fêtes, des livres et des âmes de ce temps.

1895. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

On ne souffre pas l’impression des ouvrages qui traitent de certains dogmes pernicieux, & l’on a raison.

1896. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Sur cette inscription qu’on lit dans le livret, une jeune fille endormie, surprise par son père et par sa mère, on cherche des traces d’un amant qui s’échappe ou qui s’est échappé et l’on n’en trouve point ; on regarde l’impression du père et de la mère pour en tirer quelque indice, et ils n’en révèlent rien.

1897. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Il faut donc revenir à l’impression faite par cette poésie sur l’âme individuelle du critique, mais, je dois le dire, je veux être d’autant plus juste que je suis charmé et que le critique est comme le juge.

1898. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Autre remarque : il n’est souvent que le porte-parole de l’auteur, qu’une thèse vivante en faveur des idées chères à Emile Zola ; d’où peut-être une impression de froideur et d’artifice, parfois éprouvée au cours de ce récit, d’autre part si brûlant, si riche de chaude humanité.‌

1899. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

J’ai Sanlecque à portée de la main, et même Cottin et même Coras  ; s’ils sont médiocres, je ne le dirai que d’après ma libre impression personnelle. […] Mais il s’agit moins de l’art ici que de sa puissance émotionnelle, et il faut alors ranger sous le nom d’art tout ce qui est spectacle ou jeu, tout le divertissement qui se prend en public ou à propos duquel on se communique ses impressions. […] Si complexe que soit l’impression que donne un mot, elle est subie néanmoins en bloc, et il en est des vains vocables comme des vaines femmes, ils plaisent ou déplaisent : le pourquoi ne se trouve qu’au retour à l’état d’indifférence. […] Elles s’en iront vers la mort, douces, souriantes ou en larmes, sans avoir éprouvé, de l’école à la tombe, une seule impression esthétique. […] Mais ce qu’on en a dit doit suffire à donner une impression générale et exacte de ses « aspirations ».

1900. (1881) Le roman expérimental

Ce sont des personnages sympathiques, des conceptions idéales de l’homme et de la femme, destinées à compenser l’impression fâcheuse des personnages vrais, pris sur nature. […] Vous peignez la vie, voyez-la avant tout telle qu’elle est et donnez-en l’exacte impression. […] On chercherait vainement dans leurs œuvres une impression neuve, exprimée en un tour de phrase inventé. […] Voici les impressions de ma lecture, telles que je les ai éprouvées. […] Charles Bigot qu’il a écrit une épaisse feuille d’impression pour ne rien dire du tout ?

1901. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Il y a autre chose dans une littérature, si dogmatique qu’elle ait été, que des principes abstraits, des théories et des dissertations de morale : il y a son esprit général et ses tendances secrètes ; il y a cette puissance mystérieuse, qui est le privilège de l’art sous toutes ses formes, de modifier l’âme humaine en bien ou en mal par les impressions mêmes qu’il lui cause et les émotions qu’il lui procure ; de l’élever ou de la dégrader, selon qu’il lui inspire par ses peintures des pensées nobles ou basses ; de l’améliorer ou de la corrompre, selon qu’il suscite en elle des sentiments généreux ou vils et y développe de bons ou de mauvais instincts. […] « Un ouvrage est moral, dit justement Mme de Staël, si l’impression qu’on en reçoit est favorable au perfectionnement de l’âme La moralité d’un roman consiste dans les sentiments qu’il inspire127. » Dépouillée de la forme dogmatique, la mauvaise littérature n’en est peut-être que plus dangereuse : c’est le poison habilement mêlé à un breuvage agréable, et dont on s’enivre sans défiance. […] Mais la logique pure tient-elle contre les vives impressions de l’imagination ? […] Mais quelle est la conclusion qui sort de ce livre, quelle est surtout l’impression que laissent ses hideuses peintures ? […] Non pas qu’on y trouve une apologie ouverte du suicide : mais demandez à tous ceux qui ont vu ce drame à la scène, quelle impression ils en ont remportée ?

1902. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Mais, d’autre part, une fois le manuscrit livré à l’impression, il s’en détache ; recommande aux imprimeurs de ne lui envoyer qu’une épreuve. […] Elle nous a rendu compte, dans son Histoire de ma vie, de l’impression produite sur elle par Pierre Leroux, en toute candeur, mais, à cause même de sa candeur, avec une malice involontaire qui est à mourir de rire, si l’on me permet une innocente hyperbole. […] Telle est l’impression première, qu’il est assez difficile, en vérité, d’écarter et qui ne disparaît qu’à la longue ; et il faut reconnaître qu’elle a tout le temps, soit de disparaître, soit de s’aggraver. […] Tant y a que les Lettres de Françoise mariée sont sur ma table, que je les ai lues avec soin et que je dois rendre compte de l’impression que j’en ai gardée. […] Il a donné Les Contemporains, les Impressions de théâtre, Myrrha, Serenus, La Révoltée, Le Mariage blanc, Les Bois, L’Aînée, Le Pardon, etc.

1903. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

— Vous en parlerez, répéta l’ombre avec l’inflexibilité d’une ombre qui a un système, et vous ferez remarquer que le même mois qui a commencé par ce grand deuil s’est terminé sous l’impression de la mort du sultan. — Mais tout le monde a dit cela, ai-je objecté. — Et auriez-vous par hasard la prétention, reprit l’ombre avec quelque aigreur., d’avoir plus d’esprit que tout le monde ? […] Madame Elliott ne voit la Révolution que par un côté très étroit, celui du Palais-Royal, et tout l’intérêt historique de son livre consiste dans l’impression très juste qu’elle donne du caractère du duc d’Orléans, — la seule chose qu’elle ait bien comprise dans la Révolution. […] Une impression dominante se dégage toujours nettement. […] Il n’est pas jusqu’à la forme un peu vague de ses récits, dont plusieurs semblent inachevés, qui ne viennent confirmer habilement cette impression chez le lecteur. […] avec leurs impressions de voyage reçues dans les hôtels borgnes du quartier français.

1904. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Cette vogue des Précieuses ridicules fut augmentée et prolongée par l’impression de la pièce. […] Celle du Portrait du peintre dut avoir lieu à l’hôtel de Bourgogne dans la dernière semaine d’octobre, car Molière, de retour seulement le 23, y assista, et le privilège pour l’impression de cette pièce est du 30 ; c’est donc encore entre ces deux dates que se trouve enclavée cette autre représentation incertaine. […] Le Roi, pour détruire cette impression, ordonna qu’on l’ouvrît sur-le-champ, et l’on en vit sortir un jeune enfant, fils de Raisin, qui commençait à se trouver fort mal de la privation d’air et de la longueur du concert. […] Il soumettait tous ses ouvrages à la première, et attachait d’autant plus d’importance à ses avis qu’il la regardait comme la personne sur laquelle le ridicule faisait une plus prompte impression. […] L’on sait qu’il se vante hautement qu’il fera paraître son Tartuffe d’une façon ou d’autre, et que le déplaisir que cette grande reine en a témoigné n’a pu faire impression sur son esprit ni mettre des bornes à son insolence.

1905. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Étant moi-même de ceux qui ont eu à parcourir cette période curieuse de transition, j’ai pris plaisir à le suivre, à revoir ce pays connu, à comparer ses impressions aux miennes, à lui donner raison presque toujours, sauf quelques différences de mesure et de proportion, çà et là, dans les jugements. […] La lettre de Malherbe, animée d’une égale admiration, porte le cachet particulier à une génération différente : on y trouve rendu, dans une grande énergie et vivacité d’impression, le sentiment de ceux qui, ayant joui du bienfait de l’ordre et de la paix intérieure sous le régime de Henri IV, estimaient tout perdu ou au hasard de l’être pendant les quatorze ans d’interrègne réel, et qui virent enfin reparaître en Richelieu un pilote inespéré et un sauveur.

1906. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il veut des mots exacts qui expriment les fines nuances de la pensée, et des mots mesurés qui écartent les impressions choquantes ou extrêmes. […] They put me in mind of those heavenly airs that are played to the departed souls of good men upon their first arrival in paradise, to wear out the impressions of the last agonies, and qualify them for the pleasures of that happy place.

1907. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

XIII Est-il donc étonnant que pensant ainsi et qu’ayant le sentiment, je dirai presque le remords, de quelques erreurs de jugement commises par moi dans l’appréciation des actes et des hommes de la première Révolution française (Histoire des Girondins), est-il étonnant, dis-je, que je relise sévèrement ce livre (qui fut un événement, j’en conviens, et qui vit encore d’une forte vie à l’heure où je parle), et que je présente aujourd’hui le curieux phénomène d’un écrivain critique après avoir été historien, et qui juge à vingt ans de distance, en pleine maturité, le livre écrit par lui-même à une autre époque de son siècle et sous d’autres impressions de son esprit ? […] Nous ne l’avons pas appelé pour assister seulement comme un de nos amis à ce débat, mais surtout pour écouter ses impressions personnelles sur le parti à prendre et pour nous éclairer de son opinion ; nous le supplions donc de nous dire nettement sa pensée.

1908. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Fénelon voulait faire voir au duc de Bourgogne, dans un cadre propre à intéresser son imagination, tout le détail des devoirs qui l’attendaient sur le trône, et le munir de bonnes impressions et de précautions efficaces sur tous les points de la conduite d’un roi. […] L’impression générale que doit recevoir de la lecture du Télémaque tout jeune homme intelligent, est un mélange d’appréhension et de résolution, qui le prépare efficacement aux luttes de la vie.

1909. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Ulbach n’en a pas moins passé pour un écrivain, dans les journaux et dans un certain public. » Dans le numéro du 28 décembre 1878, de la Revue politique et littéraire, nous trouvons sous le titre de Notes et impressions, un article de M.  […] L’impression que j’ai rapportée de ces trois lectures est celle d’un écrivain sans aucune originalité, né disciple, foncièrement élève, rapin de Balzac qu’il parodie, de MM. 

1910. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

L’impression que laisse son Iconoclaste 458 est accablante. […] Si dans cet acte, le plus consommé de son zèle et de sa maturité, nul âge, nulle diligence, nulle preuve antérieure de capacité ne peut l’exempter de soupçon et de défiance, à moins qu’il ne porte toutes ses recherches méditées, toutes ses veilles prolongées, toute sa dépense d’huile et de labeur sous la vue hâtive d’un censeur sans loisir, peut-être de beaucoup plus jeune que lui, peut-être de beaucoup son inférieur en jugement, peut-être n’ayant jamais connu la peine d’écrire un livre, —  en sorte que, s’il n’est pas repoussé ou négligé, il doive paraître à l’impression comme un novice sous son précepteur, avec la main de son censeur sur le dos de son titre, comme preuve et caution qu’il n’est pas un idiot ou un corrupteur, —  ce ne peut être qu’un déshonneur et une dégradation pour l’auteur, pour le livre, pour les priviléges et la dignité de la science464. » Ouvrez donc toutes les portes ; que le jour se fasse, que chacun pense et jette sa pensée à la lumière ! […] We should be wary, therefore, what persecution we raise against the living labours of public men, how we spill that seasoned life of man, preserved and stored up in books ; since we see a kind of homicide may be thus committed, sometimes a kind of martyrdom ; and if it extend to the whole impression, a kind of massacre, whereof the execution ends not in the slaying of an elemental life, but strikes at the ethereal and soft essence, the breath of reason itself, slays an immortality rather than a life.

1911. (1923) Paul Valéry

Il a l’impression de marcher dans un monde sans pesanteur. […] Pointe de fumée, pointe aussi de cyprès qui s’effile, — tout comme dans les Mille et une Nuits, ce qui « gagne le géant de la ténuité » — (j’aurais souhaité presque une faute d’impression et pouvoir lire néant, pour songer, sur la même allitération, à la pointe mallarméenne), Une sonore, vaine et monotone ligne ! […] Ayant quitté Valéry et descendant les Champs-Elysées, mon esprit revint sur ces images, et j’eus l’impression d’avoir vu déjà dans un ouvrage de Valéry quelque chose d’analogue.

1912. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Il eût donc bien fait en ce cas de nous expliquer comment aucun de ses ouvrages, à lui, Diderot, n’a produit la même impression « d’admiration et de terreur universelles » que les deux premiers Discours de Rousseau. […] Les contemporains ne s’y sont pas mépris, et la Convention nationale a bien su ce qu’elle faisait quand le 13 germinal an III [2 avril 1795] elle en a décrété, sur le rapport du « sage » Daunou, l’impression par ordre, et la distribution « dans toute l’étendue de la République ». […] Les premières impressions de Voltaire en Angleterre [Cf.  […] Le Caractère de Jean-Jacques Rousseau. — De l’entière conformité des écrits de Rousseau avec son caractère ; — et que son Émile ou sa Nouvelle Héloïse elle-même sont véritablement des mémoires et des confessions à peine « romancés » ; — origine de Rousseau ; — sa naissance et son éducation ; — sa jeunesse aventureuse ; — son expérience précoce, multiple, et amère de la vie. — Psychologie de Rousseau : — 1º Le Plébéien ; — et comment à ce premier trait de son caractère se rapportent : — la simplicité native de ses goûts ; — son affectation de grossièreté ; — la nature trouble et passionnée de son éloquence ; — la violence de ses haines ; — l’espèce de son orgueil, qui est l’orgueil de l’« autodidacte » ou du self made man ; — son dédain de l’esprit, qu’il considère comme chose aristocratique ; — son optimisme incorrigible ; — et enfin la profondeur de quelques-unes de ses vues. — 2º L’Homme sensible ; — et comment on peut ramener à ce second trait de son caractère : — sa facilité d’être impressionné par le moindre plaisir ou la moindre douleur ; — sa rapidité à passer tout entier dans son impression du moment ; — la vibration perpétuelle de son style ; — son impuissance habituelle à gouverner ses idées ; — les contradictions dont son œuvre fourmille ; — et la faiblesse d’abord, puis l’atrophie de sa volonté. — 3º Le Fou, c’est-à-dire « le neurasthénique et le lypémaniaque » [Cf. 

1913. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

. — Arrivé à la péripétie finale, l’auteur, pour mieux en faire comprendre l’impression dramatique, — tire un pistolet de sa poche et fait feu, — et tombe en se roulant aux pieds des sociétaires en s’écriant : «  Adieu ! […] Aucun d’eux n’avait su se faire écouter : — ni les princes charmants des mille et une nuits parisiennes, dont les cartes de visites ont parfaitement cours dans les exchange office ; — ni les gros sacs de la finance, hydropisies sonores qui veulent bien consentir à adresser l’expression de leur hommage, sous enveloppe, dans une toison du Thibet, — mais qui n’aiment pas à remettre à huitaine, comme Bilboquet, l’achat des carpes qui excitent leur convoitise ; — ni les Tucarets de l’industrie, dégustateurs jurés de toutes les primeurs friandes, qu’elles mûrissent au feu du soleil, ou aux feux de la rampe ; — ni les petits messieurs qui trempent leur chaussure dans le carmin de la Régence ; — ni les vicomtes et barons de fantaisie, dont la vicomté ou la baronnie n’existe que brodée au plumetis dans le coin de leur mouchoir et qui exigeraient volontiers que l’on peignît le rébus de leur blason sur les panneaux des omnibus ; — ni les amoureux saules-pleureurs, qui n’ont que le cœur et pas de chaumière ; — ni les poëtes de première année, qui gravissent la montagne de l’Hélicon— mortelle aux bottes, et se nourrissent exclusivement de radis noirs, afin d’économiser les frais d’impression d’un petit volume jaunâtre, dans l’intérieur duquel ils crachent leurs poumons ; ce qui est aussi malsain pour la santé que pour la littérature. — Ô miracle ! […] Il laisse échapper tout haut ses impressions par des demi-mots, des gestes qui attirent sur lui l’attention des voisins […] Au demeurant, c’est là un personnage inoffensif ; car cette manie n’est qu’un des innocents déguisements que peut prendre la vanité d’un homme désœuvré. — Mais il arrive presque toujours un moment où le monsieur qui s’occupe de littérature désire que la littérature s’occupe de lui. — De passif qu’il était jusque-là, il essaie de devenir actif. — il ne se borne pas à écrire un sonnet acrostiche sur la première page d’un album neuf, comme cela est en usage depuis qu’il y a des albums. — Il se met un jour à faire de la copie, et en poursuit l’impression avec une activité à nulle autre pareille […] Si tu as quelques minutes à perdre ou plutôt à gagner, ouvre les Caprices et Zig-Zags de Théophile Gautier, et tu y trouveras le tableau fidèle de la route de Greenwich à Londres, qui nous apparaît au premier détour de la rivière ; il est certaines formules vulgaires qui, mieux que toutes les recherches du langage académique, excellent à exprimer certaines impressions.

1914. (1903) Le problème de l’avenir latin

Pour se donner à soi-même l’impression juste et vive de ce que représente la civilisation latine dans le monde contemporain, il suffit d’une très simple expérience : sortir du monde latin et l’envisager du dehors. L’impression qu’instinctivement on éprouve alors est révélatrice. D’Angleterre, par exemple, considérez les choses de France, l’ensemble de la civilisation, de la vie, de l’idée françaises, à un point de vue tout à fait général, non de détail : de là, vous ressentirez à peu près la même impression que si de France vous envisagez l’Espagne. Et si, du même point extérieur, vous considérez ensuite l’ensemble du monde latin, vous éprouvez l’impression de quelque chose de très distinct, de très lointain, de très ancien et de très inactuel ; vous sentez l’Orient, vous flairez ce parfum très spécial et qui n’a point de nom — parfois délicieux, parfois nauséabond — qu’exhale le latinisme. […] L’Eglise, c’est un avatar de la Rome lointaine sur les genoux de laquelle nous fûmes bercés, de laquelle nous reçûmes nos premières impressions et nos premières idées ; elle nous retient à l’état de province spirituelle, homme naguère l’Empire nous possédait en qualité de province matérielle.

1915. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Mais, par cela même que j’« éprouverai », pour ainsi dire, l’œuvre de Racine deux cent huit ans après sa mort, et avec une âme de cette année-ci, j’aurai chance d’en recevoir quelques impressions intéressantes et pas encore trop ressassées. […] Cette impression me paraît très juste. […] Je ne serais donc pas étonné que l’impression de Saint-Évremond sur ce qu’il y a de « noir » et d’« horrible » dans Britannicus ait été une des raisons qui ont amené Racine soit à choisir, soit à accepter le sujet de Bérénice, simple histoire d’amour, et non plus atroce ni sanglante, mais héroïque et pure, et, si l’on peut dire, cornélienne avec grâce et tendresse. […] Et, tandis qu’ils s’agitent dans cette ombre funèbre, nous avons l’impression que quelqu’un des esclaves noirs qu’on voit glisser au fond de la scène conclura le drame. […] » C’est cette impression-là qui a épouvanté Racine après coup.

1916. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Exemple : combien d’excellents amiraux et de remarquables généraux ont vu leur prestige amoindri par un passage au ministère de la Marine ou de la Guerre, où leur inhabileté parlementaire donna l’injuste impression d’une inhabileté tout court, où leur manque de caractère politique donna l’injuste impression d’un manque de caractère tout court. […] Balzac prosateur est, avec Mistral poète, le génie français authentique du XIXe siècle, si l’on appelle génie le fait d’embrasser, d’exprimer et de dominer les idées et les impressions majeures de tout un cycle littéraire, artistique et scientifique et de plusieurs générations. […] Chaque homme, touché par les Muses, porte en soi les formes et vêtements, rythmiques et syntaxiques, de ses conceptions ; et ses phrases et mots lui viennent avec ses impressions et ses images. […] Mais l’impression du début subsista, grandit, et il m’arrive encore aujourd’hui, devant la mer, le fleuve, la forêt, ou dans une discussion d’assemblée, ou de conseil, d’entrer en transe métaphysique et de chercher à distinguer les traits de l’Etre, à travers les êtres, dans la lumière de la Raison. […] » La Providence a permis que je le visse de près (car il fréquentait chez mon père et dans notre milieu), à l’âge où les impressions sont vives et souvent justes.

1917. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Mais s’il s’avisait de vouloir déchiffrer le texte, et surtout, après tant d’éditeurs, s’il essayait à son tour de s’orienter parmi ces ruines, de rapprocher, de raccorder, de relier entre eux tous ces lambeaux épars, de les ordonner enfin dans l’ensemble d’un plan où chacun parût occuper sa vraie place et produisît sur l’esprit toute son impression, c’est alors qu’il verrait à plein l’énigme multiple, complexe, insoluble. […] mais je ne sais si le monument de Pascal eût produit sur nous cette forte impression que produit l’ouvrage inachevé. […] J’aime qu’elle y serve d’ornement et non pas de corps, et que les grandes âmes ne la laissent agir qu’autant qu’elle est compatible avec de plus nobles impressions. » Racine a cru précisément le contraire. […] Ou bien encore, par faveur singulière, on le priait de surveiller l’impression de l’Anti-Machiavel, et quand le livre, corrigé, refait, expurgé par ses soins, commençait à se débiter, Frédéric désavouait l’édition publiquement et donnait « pour cet effet un article dans les gazettes203 ». […] On ne saurait vraiment souhaiter à Voltaire un plus maladroit ami que Condorcet : c’est lui qui nous avertit en effet que le Sermon des Cinquante fut composé sous l’impression du succès de la Profession de foi du Vicaire savoyard, et pour reconquérir une popularité qui menaçait de s’égarer sur Jean-Jacques.

1918. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Dumas Gaule et France, les Impressions de voyage, Isabeau de Bavière, la découverte de la Méditerranée, et même les panégyriques inattendus de Victor Hugo, d’Alexandre Duval et de Casimir Delavigne. […] Il faut payer de ses deniers l’impression de l’éloge, mais on est dédommagé. […] Les salons, il faut bien l’avouer, ne s’occupent guère de littérature ; les aventures de bourse et les querelles de tribune dominent à peu près toutes les pensées ; aussi le peuple, qui n’a plus de guide pour l’éclairer, se laisse aller aux plus brutales impressions. […] Aussi, voyez quelle monotonie dans ces spectacles qui voudraient être si variés : à Aix-la-Chapelle, à Ferrare, à Londres, nous retrouvons des impressions pareilles, malgré la diversité des lieux et des costumes. […] Je répugnais à condamner sur une première impression ce cliquetis d’antithèses qui fait bien quelquefois jaillir, comme une lumineuse et passagère étincelle, les mots de peuple, de gouvernement, de lois, de justice, mais où l’œil le plus clairvoyant ne peut rien apercevoir de solide et de sérieux.

1919. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Il me semble que nous connaissons déjà Froissart, cette nature vive, mobile, curieuse, amusée, toute à l’impression du dehors, toute au phénomène.

1920. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Elle l’aida donc à effacer les impressions fâcheuses que sa démission ancienne avait pu laisser dans l’esprit de Louis XIV : Je ne demande au roi pour toute grâce, écrivait Lassay, que de me donner des occasions de le servir ; l’extrême envie que j’aurais de lui plaire me donnera de l’habileté ; quand on a une grande envie de bien faire, il est difficile qu’on fasse bien mal, et personne dans le monde n’a tant de bonne volonté que moi.

1921. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Mais cela dit, et nonobstant ces suppléments d’enquête toujours ouverts, conservons, s’il se peut, la légèreté du goût, son impression délicate et prompte ; en présence des œuvres vives de l’esprit, osons avoir notre jugement net et vif aussi, et bien tranché, bien dégagé, sûr de ce qu’il est, même sans pièces à l’appui.

1922. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Les objections de Bayle sont disséminées ; on est libre avec lui, comme avec Montaigne, de ne pas les ramasser et, selon l’heureuse expression de Marais, de ne pas « mettre en corps cette armée-là. » Bayle fait la part des nécessités de la société, des infirmités des hommes, et de ce qu’il faut accorder aux impressions machinales qu’excitent les passions.

1923. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

nécessairement du pathos, ma chère maman, si j’entreprenais la description du spectacle que nous eûmes alors sous les yeux (la chute du Niagara).. » Il ne laisse pas cependant de bien raconter ce qu’il voit et de s’en tirer fort convenablement avec sa sincérité d’impressions sans enluminure ; mais il reprend plus sûrement sa supériorité dès qu’intervient l’étude morale : l’esprit sain, juste, délicat, élevé, retrouve ses avantages.

1924. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

La Mennais était au plus haut degré sous cette impression, qui était également celle de Joseph de Maistre, et il écrivait de Londres le 12 septembre 1815 : « Selon toutes les vraisemblances humaines, notre pauvre patrie, déjà si malheureuse, est à la veille de plus grandes calamités encore.

1925. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Giraud s’est fort attaché à en fixer la date première, tant celle de la composition que de l’impression.

1926. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Quoi qu’il en soit, ce que M. de Balzac confesse à l’article du souvenir de Lambert est vrai en général de tous les heureux souvenirs dont se nourrit et s’empare son imagination d’aujourd’hui : il lui fallut arriver à plus de trente ans pour découvrir, pour exploiter la mine fertile que son esprit enfermait à son insu, ses impressions d’enfance en Touraine, ses originaux de province, ses chanoines célibataires, son malin teinturier de Vouvray dans Gaudissart ; tout cela dormait je ne sais où auparavant.

1927. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Jay a écrit, dans des Observations sur elle et sur ses œuvres : « Supérieure sous tous les rapports à Mme Des Houlières, mais ne devant peut-être cette supériorité qu’à l’influence des grands spectacles dont elle fut témoin et dont elle reçut les impressions, elle a conquis une palme immortelle… » L’originalité poétique de Mme Dufrénoy (si on lui en trouve) n’est pas dans les chants consacrés à des événements publics, mais dans la simple expression de ses sentiments tendres.

1928. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Les conseils de Bordeu lui firent dans le moment assez d’impression ; mais comme elle était fille dans toute l’acception du terme, et que les filles ne réfléchissent ni ne calculent, et n’ont aucune suite, après avoir un instant pleuré, elle dit qu’elle verrait, et parut peu inquiète de la santé du roi.

1929. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Ce sont là quelques-uns des lais que nous dit Marie de France54, de sa voix grêle, si simplement, si placidement, qu’on peut se demander si elle se doutait de l’originale impression qu’elle nous fait ressentir.

1930. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Entre tous les plaisirs de l’esprit, celui du théâtre est le plus sensible et le plus intense pour un tel public, grossier et homogène, composé par conséquent d’individus en qui vibre plutôt l’âme commune des foules que les impressions uniques d’une âme personnelle.

1931. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Il déploie une activité étonnante : il fait des tragédies, imprime Charles XII, entame le Siècle de Louis XIV, écrit sa lettre à un Premier Commis, publie en anglais ses Lettres philosophiques, où étaient résumées les impressions de ses trois années de séjour en Angleterre.

1932. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Rien d’artistique au reste dans la mise en œuvre, pas de vision poétique : une multitude de menus faits précis et secs, patiemment recueillis et juxtaposés, qui laissent une impression de confusion fatigante et d’enfantine érudition.

1933. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Aujourd’hui, choisissant, à parfaire, une impression de beauté, véritablement la fleur et le résultat ce sont les Fellows.

1934. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Voici maintenant un fragment très court où Pouchkine décrit une scène horrible, sans insister sur ses détails repoussants, et de façon pourtant à laisser l’impression la plus poignante.

1935. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

La strophe arrêtée à des limites assez précises reste presque toujours harmonieuse et ses éléments convergent vers un centre d’impression.

1936. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

La première impression que produisait le christianisme sur les peuples barbares, dominés par des préjugés aristocratiques et grossiers, était la répulsion à cause de ce qu’il y avait dans ses préceptes de spiritualiste et de démocratique.

1937. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Appendice L’impression de ce volume était achevée quand M. l’abbé Cognat a publié, dans le Correspondant (25 janvier 1883), les lettres que je lui écrivis en 1845 et 1846 26).

1938. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Ce n’est qu’une impression, et je ne veux pas la surfaire ; il me semble pourtant que le Théâtre-Français ne comporte point de pareils spectacles.

1939. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

M. de Malesherbes exigeait qu’il en eût un pour la forme, à moins d’un ordre direct de la Cour qui l’en exemptât ; et comme Pompignan, par pure gloriole, persistait à s’en passer, et qu’il avait livré déjà son Mémoire à l’impression, M. de Malesherbes se transporta chez l’imprimeur et fit rompre la planche.

1940. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Je n’ai voulu qu’ajouter quelques impressions de lecture à leur travail exact et suivi, aux développements si complets de l’un, et au, résumé si net de l’autre.

1941. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

À le bien voir, et la première impression passée, derrière ces coutures de petite vérole et cette bouffissure, on distinguait du fin, du noble, du gracieux, les lignes primitives de ses pères.

1942. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

On l’avertira donc, 1°. de ne pas mettre sur le compte de l’auteur qu’il attaque, des fautes de copiste ou d’impression visibles, et dont il y en a même qui ont été corrigées dans les Errata. 2°.

1943. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Le partage des impressions premières leur avait constitué un sensorium commun indestructible.

1944. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

La nouvelle édition que nous présentons au public est également beaucoup plus soignée que la première sous le rapport de l’impression et du papier. […] Sévère immolant sa passion à l’honneur, et demandant la vie de son rival, ne me ferait pas une plus douce impression que Zamore qui poignarde le mari de sa maîtresse, ou Vendôme qui veut assassiner lâchement son frère et son prisonnier, contre toutes les lois de la nature et de la guerre ! […] À soixante-sept ans. qu’il avait lorsqu’il écrivait ceci, il aurait dû savoir que dans la première effervescence des sentiments d’un jeune homme amoureux et fanatique ; son âme est d’abord fermée à l’impression des bienfaits de celui qu’il regarde comme un tyran. […] D’ailleurs, l’hommage que rend Sévère aux vertus des chrétiens, fait beaucoup plus d’impression que ses conjectures politiques et philosophiques. […] L’habitude des émotions fortes rend presque insensible à des impressions plus douces : le vin le plus exquis est insipide pour un palais émoussé par des liqueurs spiritueuses ; le joueur s’ennuie dans la société la plus agréable ; il regrette les secousses que donnent à son âme les chances de la fortune.

1945. (1881) Le naturalisme au théatre

On ne saurait croire l’impression énorme que produit le théâtre sur une intelligence de collégien échappé. […] L’impression que produit Salvini par la simplicité de son jeu est prodigieuse en cette occasion. […] Voilà, en toute sincérité, mes impressions. […] L’impression des premières scènes était assez agréable. […] Certes, notre métier de critique dramatique comporte beaucoup d’indulgence ; on recule souvent devant le résumé exact de son impression.

1946. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Ne craignons donc pas de jeter quelques regards en arrière sur les désastreux effets des événements passés : ceux qui ne se souviennent que des impressions qui les ont tourmentés, il y a vingt-cinq ans, nous permettront, je crois, de leur apprendre celles qui nous ont agités depuis ces trois dernières années. […] Quoique ce procédé excite naturellement l’indignation d’un lecteur judicieux, il ne laisse pas de faire impression sur l’esprit du public, qui ne manque jamais de croire que tout ce qui est tourné en ridicule, avec quelque esprit, est absurde. » Comment n’insisterai-je pas sur les inconvénients d’une trop contagieuse critique, lorsque, appelé à ranimer ici l’amour d’un art divin, je le vois se dégrader chaque jour par l’effet de mille jalouses atteintes ? […] Vous tremblez, vous frémissez, vous soupirez, vous tressaillez d’espoir et de joie avec lui : ses impressions profondes sont celles de tous les esprits, de tous les cœurs, dès l’enfance remplis des menaces et des promesses de la justice divine. […] Les littérateurs qui jugent de ces matières d’après leurs impressions, et non sur les principes, n’ont pas manqué de la mettre au-dessus de tout, par la raison même qui condamne son action. […] Je n’en décide point par mon goût, mais par l’impression que tous les lecteurs éprouvent, et dont j’ai cherché la raison : leur suffrage universel s’accorde sur la beauté des aventures d’Énée, du récit des malheurs de Troie incendiée, de la passion fatale de Didon, et de la descente admirable d’Énée aux enfers : mais leur opinion se partage sur l’effet de la seconde action, et la durée de plusieurs siècles n’a pas réuni les avis.

1947. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Un dernier malheur, c’est que la description trop longue fausse l’impression. […] L’impression est maladive, mais si forte qu’on ne l’oublie plus. […] Comme il suit dans tous les yeux les demi-sentiments, les légères impressions qu’il y fait naître ! […] Telle est l’impression que laissent les héros de Corneille ; Polyeucte est un emporté, le vieil Horace un bourru, le jeune Horace un fanatique ; je les admire, mais de loin ; je ne voudrais vivre avec aucun d’eux. […] Enfin le livre parut après qu’une révélation eut ordonné à un disciple, sous peine de damnation, de vendre fous ses biens pour payer les frais d’impression.

1948. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Il ne grossit pas ses impressions, il n’outre pas ses sentiments, dans l’intention de nous causer un étonnement passager. […] Il ne trouvait pas, en eux, une image assez violente, une métaphore assez forte, qui pût surpasser en chaleur ou en charme la plus fugitive, la plus éphémère de ses impressions.

1949. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Les mots sont des dépôts d’idées, où s’amassent nos impressions et nos jugements. […] Dans VIII, 49, la métaphore est évidente : « Ne te dis jamais rien à toi-même de plus que ce que t’apprennent les impressions de tes sens… ; ne rien y ajouter intérieurement toi-même ; … ou plutôt ajoutes-y quelque chose, mais en homme qui a médité sur les accidents habituels du monde. » 163.

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