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1644. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

La philosophie doit être une énergie ; elle doit avoir pour effort et pour effet d’améliorer l’homme… Faire fraterniser chez les hommes la conscience et la science, les rendre justes par cette confrontation mystérieuse, telle est la fonction de la philosophie réelle. […] Hugo admet en toutes choses ce que les philosophes appellent une finalité immanente, c’est-à-dire un désir, une aspiration interne, dont l’évolution mécanique des choses n’est que le côté extérieur. « Une formation sacrée accomplit ses phases, dit-il155. » « On ne peut pas plus circonscrire la cause que limiter l’effet… Toutes les décompositions de forces aboutissent à l’unité. […] II. — Quand on s’est familiarisé avec les idées philosophiques de Victor Hugo, — ce poète « sans idées », — alors, et alors seulement bien des pièces, dont on ne faisait que sentir vaguement la beauté ou la sublimité, prennent tout leur sens, produisent la plénitude de leur effet esthétique. […] Les œuvres inédites de Victor Hugo contiennent des pages dignes de Montesquieu sur les effets sociaux du luxe et sur le peuple : « Le luxe est un besoin des grands Etats et des grandes civilisations ; cependant il y a des heures où il ne faut pas que le peuple le voie… Quand on montre le luxe au peuple dans des jours de disette et de détresse, son esprit, qui est un esprit d’enfant, franchit tout de suite une foule de degrés ; il ne se dit pas que ce luxe le fait vivre, que ce luxe lui est utile, que ce luxe lui est nécessaire ; il se dit qu’il souffre et que voilà des gens qui jouissent ; il se demande pourquoi tout cela n’est pas à lui, il examine toutes ces choses, non avec sa pauvreté qui a besoin de travail et par conséquent besoin des riches, mais avec son envie.

1645. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Si la route de la pensée vers le perfectionnement des facultés n’était pas impérieusement tracée, il faudrait donc observer sans cesse l’opinion qui domine chaque jour, se consumer dans le calcul qui peut démontrer l’avantage actuel d’une résolution, se consumer aussi dans le regret, si cette résolution n’a point d’effets immédiatement utiles ; quel travail pourrait-on faire alors sur soi-même qui n’avilit et ne dégradât la raison ?

1646. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Dès la première année, on peut voir l’effet de leur association.

1647. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Sa pratique n’est que le reflet et l’effet de sa théorie, où l’ont amené, aux environs de l’an 1600, sa réflexion, le besoin profond de son esprit, et sans doute aussi le contact d’une intelligence telle qu’était celle du président du Vair.

1648. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

Or, dans cette culture attentive de la langue française, l’idée directrice à laquelle obéissent plus ou moins consciemment les précieux, est l’effet d’un rationalisme instinctif : elle consiste à ne pas traiter les mots comme des formes concrètes, valant par soi, et possédant certaines propriétés artistiques, mais comme de simples signes, sans valeur ni caractère indépendamment de leur signification.

1649. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Si, à certains moments, il est triste et découragé jusqu’à songer au suicide (du moins il le dit), c’est par accident et pour des motifs précis : un manque d’argent, un espoir déçu ; mais ce n’est point par l’effet d’une mélancolie générale ; d’une lassitude de lymphatique ou d’une imagination de névropathe.

1650. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

On peut dire que tel chapitre du budget voté en faveur de la science, de l’art ou de la littérature, n’a guère d’effet utile que dans la proportion de cinquante pour cent.

1651. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Si les fautes que ces critiques reprendront sont des fautes contre l’art de la poësie, ils apprendront seulement à connoître la cause d’un effet qu’on sentoit déja.

1652. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

La Critique littéraire a pour fonction de juger les œuvres de l’esprit, combinées pour produire un effet de pathétique et de beauté spéciale.

1653. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

IV Ôtez-lui deux choses, eu effet, ôtez de ce petit volume de Maximes et de Pensées la feuille de vigne de Diderot, que Chamfort retourne et chiffonne sans cesse, et la haine sociale de Jean-Jacques, concentrée en poison, et voyez ce qui vous restera !

1654. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Seulement, effet étrange et pourtant naturel des habitudes de la pensée !

1655. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Les héroïnes-modèles de Michelet, transportées de l’ensemble d’événements auxquels elles appartiennent, et mises à part dans des cadres et des fonds qui repoussent vigoureusement ce que Michelet croit leurs beautés, peuvent produire sur la moralité de celles qui les lisent un effet de jettatura funeste.

1656. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

C’est parfaitement en vue du succès sur place et de l’effet à produire sur l’opinion, tout de suite, qu’Alexandre Weill a choisi pour titre de son ouvrage cette phrase, où s’étale si rondement l’abdomen de ce Je que Pascal ne pouvait pas souffrir.

1657. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Quoiqu’ils y eussent vu pourtant aussi, avec une masse trop forte, et, selon moi, exagérée de vertus et de sentiments individuels, les corruptions, les dépravations et les abominations de ce temps d’une immoralité à côté de laquelle peut-être rien ne peut être mis, sans déchet, dans l’histoire du monde, il n’en résultait pas moins, de l’effet prismatique de leur livre, que, tout compte fait, le xviiie  siècle était une époque qui valait mieux que ce qu’on en croyait et que ce qu’il en fallait croire.

1658. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

— la poésie de l’Allemagne, comme l’éclectisme avait accepté sa philosophie ; et, d’enthousiasme, il prit Gœthe et Schiller sur le pied où l’Allemagne les prenait tous les deux : grands, mais inégaux, Gœthe devant toujours être « l’incomparable Gœthe » même en France, où Schiller, cependant, pour l’emporter sur lui, avait trois qualités d’un effet toujours certain sur l’aimable sensibilité française : il était pulmonique, sentimental et philanthrope.

1659. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Quoiqu’il y ait du pathétique vengeur dans la révolution de Thermidor, l’historien a eu cette froideur et cette force d’esprit de préférer la recherche des causes, grandes ou petites, de cette révolution, au poignant éclat des effets.

1660. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Sous l’influence de cette ambition masquée, le bonapartiste de sentiment qui n’avait pu rester sous-lieutenant, et qui avait saisi sa plume de journaliste comme il avait dit qu’il saisirait l’aune de son père, eut-il, en voyant l’effet qu’il produisait, la risible illusion d’être le second Bonaparte d’une seconde république ?

1661. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

On ne peut se l’imaginer que vieille, dit Sainte-Beuve, prenant trop pour un effet de vieillesse le sérieux de cette femme virile.

1662. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Il n’est que cela, en effet, et même dans ses livres, qu’il travaillait et retouchait beaucoup, comme un homme entêté de perfection et qui croit, sur la destinée du talent, aux grands effets de la culture.

1663. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

… Mais, entre nous, je crois bien que ce n’en était pas… Cette fameuse Madame Récamier, cette Juliette à dix mille Roméos, dont ils ont tous, en Europe, raffolé au temps de leur jeunesse, au fond, ne me fait pas l’effet ici d’être vivante.

1664. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

nous signalons bien moins l’effet esthétique d’un tel dénoûment que la promesse qu’il nous fait implicitement pour l’avenir, — que la révélation ici entr’aperçue, non pas d’un grand romancier de plus dans le pays des Richardson, des Walter Scott et des Fielding, mais d’un grand romancier chrétien dans un pays littérairement hébraïque, et dont les Indiens cités par Michelet disent, avec leur sagacité ignorante et sauvage : « Les Anglais sont les Juifs de Londres qui ont fait crucifier Jésus-Christ lequel était Français. » 32.

1665. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

Byron, cette grande coquette, rechercheur d’effets qu’il semblait le plus mépriser, mit cette poésie du mystère dans sa vie comme dans son poème de Lara, et le mystère a été une mystification.

1666. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Qu’elles appartinssent donc à lui ou à d’autres, les opinions qui donnent la vie à son Étude sur Pascal, et qui n’ont été jusqu’ici dépassées par aucune vue nouvelle, méritaient l’attention d’une Critique, qui a bien le droit de se demander si ce sont là les derniers mots qu’on puisse dire sur Pascal, et s’il y aura même jamais un dernier mot à dire sur cet homme qui fait l’effet d’un infini, à lui seul !

1667. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

J’avais lu quelquefois l’abbé Maynard, et il me faisait l’effet (je lui en demande bien pardon !)

1668. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Assurément, nous sommes trop poli pour donner à Cousin, un professeur d’une telle célébrité, l’épithète que l’Histoire, qui n’est pas toujours très honnête, donne sans cérémonie à ce pauvre diable de Narsès, qui n’en était pas moins un général de talent ; mais, avec ou sans cette épithète, Cousin nous a toujours franchement produit l’effet d’un vrai Narsès… philosophique !

1669. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Ce drame, où, sous l’idolâtrie de l’or, Dieu lui-même est en cause et remplacé dans le cœur de l’homme par du métal, est, d’effet, beau et pathétique comme la Bible, et, d’analyse, — car la Bible n’analyse pas, — jamais livre moderne n’est allé aussi loin.

1670. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

En attendant, nous voyons, dans son Poème humain, qu’il y fait rimer LOIN avec SOUTIEN à la page 195, et qu’il y obtient, à mainte place, des effets de cacophonie aussi étonnants que celui-ci : Il se revêt de chair comme l’arbre d’écorce, Et comme de sa coque l’œuf !

1671. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Théophile Gautier a comparé ce poème, perdu dès son apparition dans le bouquet de la poésie romantique, qui éclatait (dit-il) avec un fracas lumineux, à une bombe à pluie d’argent… et c’est là une image juste et charmante qui donne le coloris du poëme et son effet… Évidemment, c’est là de toutes les poésies de Mme de Girardin, l’œuvre la plus réussie et la plus forte.

1672. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Il n’a pas dans ses poèmes posthumes — je le sais aussi bien que ceux qui le crient sur les toits — la plénitude, la fraîcheur et le rayon des poésies de sa jeunesse, mais il s’y trouve une profondeur d’impression, une âpreté poignante dont l’effet me prend souverainement le cœur et me le déchire.

1673. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

nous signalons bien moins l’effet esthétique d’un tel dénoûment que la promesse qu’il nous fait implicitement pour l’avenir, — que la révélation ici entreperçue, non pas d’un grand romancier de plus dans le pays des Richardson, des Walter Scott et des Fielding, mais d’un grand romancier chrétien dans un pays littérairement hébraïque, et dont les Indiens cités par M. 

1674. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

Mais cette adoption factice, et qui ne sera jamais entière, ne peut avoir l’effet de la réalité.

1675. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Mais si le peintre, le poète ou l’orateur, se fait une habitude de cette manière, la nature disparaît, l’illusion est détruite, et l’on ne voit plus que l’effort de l’art, qui, dans tous les genres, pour produire son effet, a besoin de se cacher.

1676. (1896) Les Jeunes, études et portraits

» : Tels sont les effets du surmenage. […] Cela produit un effet de comique intense et continu. […] Il a pu juger de l’effet de leurs convoitises. […] Il arrive à des effets de comique énorme qui sont amusants. […] Si on prend son livre pour ce qu’il en a voulu faire : un réquisitoire contre les médecins de son temps, on s’aperçoit que l’effet en est manqué.

1677. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

En ce qui me concerne, j’ose dire que soit pour l’apologie, soit pour la critique, je me suis toujours abstenu de ce moyen d’effet, quoiqu’il soit sûr, et malgré la tentation de l’exemple. […] Chez nul autre, l’action ne fut l’effet d’un accord plus harmonieux de qualités extérieures plus éminentes. […] Jamais illusion plus forte ne fut l’effet d’un art plus consommé. […] A l’époque même où commença pour lui l’abandon, tandis que ses écrits, de plus en plus faibles par l’effet de l’âge et par leur faiblesse originelle, n’offraient plus guère que des fleurs fanées, sa conversation, moins étincelante, était plus substantielle. […] Par l’effet de l’attrait je me rapprochais peu à peu de lui, et à peine à mi-chemin, je m’appuyais déjà familièrement sur son bras, lui donnant, pour qui nous eût rencontrés, l’air d’un ami reconduit plutôt que d’un candidat éconduit.

1678. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Il faut, pour comprendre de tels effets, remonter une longue histoire, très bariolée et très diverse. […] Je me demande si nos effroyables malchances sont suffisamment compensées par les jolis effets que les artistes savent en tirer. […] Plus de ces longues descriptions qu’aiment les tapissiers, et qui sont l’effet d’un instinct que M.  […] Par l’effet d’une hérédité lointaine, Halil appelait ainsi le voyageur franc dont il était le serviteur très dévoué. […] Pierre Quillard, qui fît représenter la Fille aux mains coupées, a quitté le « théâtre d’art » et les effets de terreur qu’enseigne M. 

1679. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

L’auteur y mentionnait l’inoculation de Louis XVI comme un fait accompli, comme une opération ayant eu son effet ; or, le roi avait été inoculé le 18 juin. […] Leconte de Lisle rencontre dans Eschyle une vérité morale à exprimer, il abrège et passe vite ; partout où il rencontre un effet pittoresque à rendre, il développe et renchérit sur le texte. […] C’est l’effet naturel du temps qui s’est écoulé depuis la publication du volume. […] L’onction du style, cette qualité proprement chrétienne, se répand naturellement dans tout le récit du grand-père par le seul effet de la présence des sentiments religieux. […] Il songea : « Mais peut-être que les vertus que j’ai peintes comme un sacrifice de notre intérêt propre à l’intérêt public ne sont qu’un pur effet de l’amour de nous-mêmes.

1680. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Mais il est un point pour lequel Mairet fait école, c’est l’habileté de la mise en scène, et l’effet calculé de situations neuves et pleines d’intérêt. […] Ce Dufresne imagina un jour un singulier moyen, ou si l’on veut, une singulière ficelle, pour produire de l’effet sur les spectateurs. […] Cela produisit un effet surprenant et on l’applaudit beaucoup. […] Les personnages de ses tragédies parlent beaucoup en héros de romans ; ils ont sans cesse à la bouche des pointes, des phrases à effet et à sentiment exagéré. […] que vos yeux, ces aimables tyrans, Ont produit sur mon cœur des effets différents !

1681. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Pour cet effet, il donna ses Institutions dialectiques (*), & ses Remarques critiques sur Aristote. […] Après l’avoir persécuté toute sa vie, & l’avoir obligé d’être toujours errant, ou toujours caché, ils mirent le comble à leurs procédés crians, aux effets terribles de leur jalousie, en le faisant périr, l’an 1572, dans le massacre épouvantable de la saint Barthélemie. […] Son imagination ardente & cette fureur de s’élever contre les idées reçues eussent pu, s’il eut vêcu dans des siècles d’ignorance, en faire un homme dangereux ; ce qui, pour le dire en passant, prouve, contre son propre systême, que les connoissances, généralement répandues, loin d’être nuisibles sont très-utiles aux hommes, ne fut ce que pour arrêter les effets contagieux du fanatisme. […] Frénuse, écrivain agréable & facile, réfuta promptement le livre du Parallèle, afin de prévenir les mauvais effets qu’il pouvoit faire dans le public, & le jugement qu’en porteroient les étrangers d’après celui d’un François. […] L’effet, la perspective aërienne, les plans qui y sont attachés, la perspective démonstrative, rendent cet art de la plus grande difficulté.

1682. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Buffon définissait le style : « l’ordre et le mouvement que l’on met dans ses pensées. » C’est pour obéir à cette règle que Balzac a subordonné, de parti pris, les effets de détail aux effets d’ensemble. […] Il ne veut pas non-plus des effets factices, obtenus, par exemple, grâce aux antithèses. […] Écrire à quelqu’un, c’est l’évoquer, et, par suite, se représenter l’effet que lui feront les phrases que vous lui adressez. Votre pensée et votre émotion s’adaptent d’instinct à cet effet. […] Provoquer ces larges discussions d’idées, qui derrière les effets font chercher les causes, c’est par excellence le service de l’écrivain.

1683. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Barbey d’Aurevilly des effets d’optique très-amusants, qu’il est bon ‘de mettre en lumière pour l’édification de plusieurs et l’ébaudissement de quelques-uns. […] Souvent un beau désordre est un effet de l’art, a dit Boileau, que vous citez à ce sujet, et par hasard Boileau a dit une vérité. […] Flaubert m’a fait l’effet de n’avoir plus rien dans le ventre… » Les bras en tombent, n’est-ce pas ? […] Quand à la langue splendide de ce roman picaresque, quant aux merveilleux chapitres intitulés : Le Château de la Misère, Effet de neige, Brigands pour les oiseaux, et tant d’autres, vieilles tapisseries que tout cela, en vérité ! […] Aujourd’hui que tout cela est de l’histoire ancienne, qui paraîtra même un peu démodée à tels et tels de nos contemporains, du moins l’un de ceux qui ont milité dans l’arrière-mêlée s’esquivant, et qui restent encore sur la brèche toujours fumante de l’éternel combat pour le Beau, peut, à des fins qu’il se réserve d’atteindre au juste moment, résumer en quelques pages d’équilibre et de calme raison les causes et les effets d’un des plus importants épisodes d’une histoire illustre, celle de la poésie française en presque trois quarts du siècle, qui agonise si puissamment, quoi qu’on dise de sa décadence.

1684. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Elle fait bien l’effet de ces vases d’airain artistement placés chez les anciens dans leurs amphithéâtres sonores, et qui renvoyaient à temps la voix aux cadences principales. […] Cette tournure décisive que prirent les opinions philosophiques de Leopardi, aussi bien que ces exhortations de réveil patriotique, eurent pour effet d’aliéner de lui son père, qu’on dit homme distingué lui-même, écrivain spirituel, mais qui ne pardonna point à son fils d’embrasser une cause contraire. […] Ç’a été par suite de ce même courage, qu’étant amené par mes recherches à une philosophie désespérante, je n’ai pas hésité à l’embrasser tout entière, tandis que, de l’autre côté, ce n’a été que par effet de la lâcheté des hommes, qui ont besoin d’être persuadés du mérite de l’existence, que l’on a voulu considérer mes opinions philosophiques comme le résultat de mes souffrances particulières, et que l’on s’obstine à attribuer à mes circonstances matérielles ce qu’on ne doit qu’à mon entendement.

1685. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Deux phrases plus loin, la même insinuation revient plus précise. « Quelques-uns, dit Tibère, pourraient représenter sa sévérité publique comme l’effet d’une ambition ; dire que sous prétexte de nous servir, il écarte ce qui lui fait obstacle ; alléguer la puissance qu’il s’est acquise par les soldats prétoriens, par sa faction dans la cour et dans le sénat, par les places qu’il occupe, par celles qu’il confère à d’autres, par le soin qu’il a pris de nous pousser, de nous confiner malgré nous dans notre retraite, par le projet qu’il a conçu de devenir notre gendre. » Les Pères se lèvent : « Cela est étrange132 !  […] Déshéritez votre fils, instituez Volpone héritier, et envoyez-lui votre testament. —  Oui, j’y avais pensé. —  Cela sera d’un effet souverain. […] Ce qu’on découvre au bout de toutes les expériences pratiquées et de toutes les observations accumulées sur l’âme, c’est que la sagesse et la connaissance ne sont en l’homme que des effets et des rencontres.

1686. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Sachez, ajouta-t-il, que cette tête est faite selon la manière antique, qui est la bonne, et que, si elle était mieux placée, elle ferait un plus bel effet. […] Altoviti m’a fait voir son portrait en bronze, et m’a dit qu’il était de vous : il m’a fait le plus grand plaisir ; mais il l’a placé dans un faux jour, ce qui l’empêche de produire le merveilleux effet dont il est susceptible.” […] Bientôt après, les gens de Pierre Strozzi ayant fait une incursion dans le comté de Prato, l’alarme y fut si grande que tous les habitants chargeaient leurs charrettes de leurs effets, et les portaient dans la ville.

1687. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

» Ce discours eut l’effet qu’on devait en attendre ; les Macédoniens ne voulurent point se prêter à la cérémonie de l’adoration, tandis que les Perses s’y soumirent avec d’autant plus de facilité qu’elle était en usage chez eux depuis le règne des Grecs. […] Comment tout homme doué de raisonnement n’a-t-il pas conclu, au premier coup d’œil, qu’il n’y a rien au-dessus de ces deux pouvoirs, inégaux dans leur origine, égaux dans leurs effets, qu’on appelle commandement et obéissance, et que le phénomène qui en résulte, le gouvernement politique, est le chef-d’œuvre de l’humanité ? […] « En général, cette loi de communauté produira nécessairement des effets tout opposés à ceux que des lois bien faites doivent amener, et précisément par le motif qui inspire à Socrate ses théories sur les femmes et les enfants.

1688. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Spencer reconnaît lui-même qu’une certaine durée des impressions est une condition de la conscience : si le tison enflammé qui tourne en occupant des points successifs nous fait l’effet d’un cercle de feu simultané, c’est en raison de la durée qui fait persister la première impression dans la seconde et rend ainsi simultané le successif. […] Il est vrai qu’en ce cas les objets semblent présents ou bien près de l’être ; mais est-ce un effet de l’intensité et de la clarté seules ? […] Or, une représentation qui ne peut être donnée que par un seul objet est une intuition. » Kant veut dire que nous ne généralisons pas des successions diverses et détachées que nous aurions vues ; mais cela tient à ce que nous comblons les vides de notre expérience par un effet d’optique analogue à celui qui nous fait combler les vides de l’espace.

1689. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Les hommes attribuent souvent aux causes morales, des effets qui appartiennent aux causes physiques. […] Peut-on dire qu’on ait vû les effets suivre si promtement l’action des causes morales dans notre patrie, qu’il faille attribuer à ces causes les succès surprenans des grands artisans ? […] que les arts parviennent à leur élevation par un progrès subit, et que les effets des causes morales ne les sçauroient soûtenir sur le point de perfection où ils semblent s’être élevez par leurs propres forces. voilà ma premiere raison pour montrer que les hommes ne naissent pas avec autant de génie dans un païs que dans un autre, et que dans le même païs ils ne naissent pas avec autant de génie dans un temps que dans un autre temps.

1690. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Comme ce siècle corrompu est en même temps éclairé, ces philosophes en concluent que la corruption est l’effet et la suite du progrès des connaissances. […] C’est la même chose dans la carrière de la littérature : la décision des connaisseurs peut seulement avoir un effet plus lent, parce qu’elle se trouve d’ordinaire traversée d’un trop grand nombre de décisions injustes et bruyantes. […] Il en est de même des ouvrages annoncés qu’on attend depuis longtemps ; le public ne vit pas d’espérance ; plus elle a été longue, plus il veut que les effets y répondent, et malheur à qui le vient frustrer de son attente.

1691. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

N’aurait-il pas pour effet possible de lui offrir l’idéal permanent des sentiments de fils, de frère, d’amant, de prêtre évangélique, comme toute belle âme non tourmentée les conçoit encore ? […] Notre critique, si confiante en Jocelyn, a donc pu être jugée à l’effet un peu imprévoyante, presque comme au lendemain des Paroles d’un Croyant : une vraie critique de girondin.

1692. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Il n’a voulu y voir que les plus sombres effets de la pensée du surnaturel dans une société à demi barbare : l’exaltation inhumaine des solitaires17, l’orthodoxie homicide des saints actifs18, l’orgueil des papes foulant les princes19 ; bref, l’idée de l’enfer subie ou exploitée au point de rendre la terre inhabitable, l’autre monde pesant sinistrement sur celui-ci, enlevant aux hommes la bonté et la joie, effarant les justes et les faisant aussi durs que les damnés. […] Pour une fois qu’elle est douce comme dans les dernières strophes des Clairs de lune, délicieuse comme dans la Bernica, sublime comme dans le Sommeil du Condor  l’Effet de lune, et surtout les Hurleurs nous la montrent pleine de désespoirs et d’épouvantements.

1693. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Le prédicateur se gardait de le dire, et accentuait son effet par ces mots mystérieux : Tetigisse periisse, dits d’un ton profond et larmoyant. […] L’effet de la gendarmerie, quand elle arrivait dans un village, avec ses armes luisantes et ses belles buffleteries, était immense.

1694. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

En son intérêt anecdotique de romancero, de moins bon aloi avec ses gros effets de mélodrame à coups d’épée, œuvre de facile succès, mais hardie, vibrante, resplendissante et superbement menée, et débordant de cet entrain prestigieux de sensualité qui était la moitié du génie de Wagner. […] Pinelli, qui est une véritable âme d’artiste, remédiera à cet inconvénient en donnant les prochaines auditions dans la salle même du théâtre Costanzi, dont la vastité permettra d’atteindre sans aucun doute l’effet de la hauteur.

1695. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

L’action de la vie est semblable à celle d’un mécanisme et n’en diffère que par la plus grande complication de ses parties et de ses effets. […] Il y a là non pas deux choses — d’une part, un groupe de conditions (causes), d’autre part, un résultat (effet) — mais une seule et même chose vue différemment.

1696. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Mais il a fait bien pis ; il l’a faussée… Cet Idyllique démesuré et pédantesque, qui barbouille sur un pipeau de carnaval des motifs classiques et grecs et des motifs romantiques, n’est, après tout, qu’un chercheur laborieux d’effets qu’il ne trouve pas, et par-dessus tout un Parisien pur-sang ou impur-sang (comme on voudra !) […] Raisonnement aussi bête que celui-là qui exigerait que l’enfant devenu homme rentrât dans le ventre de sa mère… et pourtant raisonnement toujours d’un effet certain sur les bourgeois, et même sur des bourgeois qui se croient chrétiens !

1697. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Ainsi, dans l’ordre des scènes et des effets, l’enlèvement odieux de Catherine, odieux des deux côtés, et pour l’homme qui l’enlève et pour elle, l’enlèvement une fois consenti, il est certainement le morceau le plus pathétique du roman. […] Sainte-Beuve a cité comme une invention piquante et réussie, outre que ce sermon est trop long et fait trop attendre l’effet qu’il amène et que l’on soupçonne, — la déclaration de Clara à Catherine, dans l’église même, que le dominicain qui tonne là-haut contre les vices est son père, — ce sermon, plus littéraire que sacerdotal, n’est pas une invention qui appartienne en propre à M. 

1698. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Ce qui plaît toujours quand on rouvre Voltaire et ce qui fait qu’on s’intéresse, c’est (avec cette jolie manière de dire) qu’il met de l’action à tout ; les moindres choses, ou celles même qui chez d’autres feraient l’effet de la raison et de la sagesse, prennent avec lui un air d’entrain et de diablerie.

1699. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

Odieuses calomnies, interprétations mensongères dont l’effet certain était d’exposer le poème de Lucrèce à la réprobation générale et à un prochain oubli !

1700. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Lors même que la critique, douée de l’enthousiasme vigilant, n’aurait d’autre effet que d’adoucir, de parer quelques-unes de ces cruelles blessures que porte au génie encore méconnu l’envie malicieuse ou la gauche pédanterie ; lorsqu’elle ne ferait qu’opposer son antidote au venin des Zoïles, ou détourner sur elle une portion de la lourde artillerie des respectables reviewers, c’en serait assez pour qu’elle n’eût pas perdu sa peine, et qu’elle eût hâté efficacement, selon son rôle auxiliaire, l’enfantement et la production de l’œuvre.

1701. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Cette double action du récit fait d’abord un peu l’effet de la fameuse lettre de madame de Sévigné, lorsqu’elle badine sur les émeutes et les exécutions en Bretagne : Nous ne sommes plus si roués… On se demande si ce n’est pas montrer quelque légèreté que de prendre ainsi le côté sombre et sanglant de la justice comme matière ou contraste à divertissement.

1702. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Au milieu de cette admiration haletante et morcelée, l’idée de l’ensemble, le mouvement du fond, l’effet général de l’œuvre, ne saurait trouver place ; rien de largement naïf ni de plein ne se réfléchit dans ce miroir grossissant, taillé à mille facettes.

1703. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

Des troubles assez graves qui survinrent dans le Massachussets achevèrent de mettre en évidence l’insuffisance de la première forme adoptée, et une Convention générale fut convoquée à Philadelphie, le 25 mai 1787, à l’effet d’établir une constitution plus forte et plus efficace.

1704. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Mais la lenteur du préambule, le grand nombre de personnages trop mollement dessinés, et une teinte romanesque à la Montolieu répandue sur l’ensemble, empêchent l’effet d’être vif et réel, bien que la facilité, la grâce et une certaine onction ne manquent pas.

1705. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Mais vous êtes donc bien assuré des effets de votre éloquence, ô voix d’Orphée, pour croire qu’on peut ainsi soulever et enflammer les courroux, dire à ces vingt-trois poignards leurs motifs d’agir, et tout d’un coup dans une seconde partie oratoire ou philosophique, les arrêter, les suspendre, les faire rentrer tous dans la gaîne comme par enchantement !

1706. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

La langue anglaise, quoiqu’elle ne soit pas aussi harmonieuse à l’oreille que les langues du Midi, a, par l’énergie de sa prononciation, de très grands avantages pour la poésie : tous les mots fortement accentués ont de l’effet sur l’âme, parce qu’ils semblent partir d’une impression vive ; la langue française exclut en poésie une foule de termes simples, qu’on doit trouver nobles en anglais par la manière dont ils sont articulés.

1707. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

La tyrannie d’un seul ne produirait pas aussi sûrement un tel effet.

1708. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Avec ses inégalités et ses petits effets de rimes, cette complainte est un assez beau morceau de satire lyrique83.

1709. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Le drame anglais585, à qui La Chaussée ne doit pas grand’chose, exerce une sensible influence sur Diderot, Saurin et d’autres : il donne l’idée et le goût d’effets plus intenses, plus brutaux, d’un pathétique plus nerveux et plus matériel, d’une action plus familière, liant l’impression sentimentale à la minutieuse reproduction des détails de la vie domestique.

1710. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Car si la justice se réalise un jour, elle n’aura pas d’effet rétroactif ; le futur ne rachètera pas le passé et le contraste de la perfection de l’état futur avec l’imperfection ancienne ne fera que rendre plus sensibles les injustices passées et irréparables. — Spiritualisme, Messianisme, ce sont deux « stades de l’illusion » dont parle M. de Hartmann.

1711. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Peut-être sans s’embarrasser d’autres causes, faut-il n’y voir qu’un effet de l’opportunité.

1712. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

Chacun porte une lampe ; les lumières qui vont et viennent font un effet fort agréable.

1713. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Par l’énergie même du travail dont il se trouve ainsi chargé, le cerveau produit un effet inhibiteur sur les autres centres nerveux, c’est-à-dire qu’il les empêche de manifester ouvertement tout ce dont ils seraient capables.

1714. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

celui d’avoir entre les mains un écrit, qui n’étoit pas un contrat, mais un pur effet de la volonté du roi de Prusse, ne tirant à aucune conséquence a, & un livre de poësies de ce même prince, qui, après en avoir fait tirer quelques exemplaires & les avoir distribués à différentes personnes, du nombre desquelles étoit M. de Voltaire, avoit ordonné qu’on brisât la planche.

1715. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Si vous ne l’aimez pas, garder cet effet, & vous n’entendrez jamais parler de celui qui vous l’envoie.

1716. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Janin, avec son interminable et vide phraséologie, me fait l’effet d’un individu qui, ayant une personne à dîner, demanderait pour lui et son invité un salon de deux cents couverts.

1717. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Et en effet, Messieurs, transportons-nous par la pensée dans l’avenir le plus lointain : supposons que de nombreuses générations se sont succédé, et que, par l’effet de ces grandes catastrophes qui bouleversent les empires, tout ce qui a été écrit sur les deux derniers siècles a disparu.

1718. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

On ne manqua pas de crier à l’ingratitude ; et pourtant ce n’était que l’effet de cette humeur ombrageuse, pour qui le poids de la reconnaissance était même un trop pesant fardeau.

1719. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Enfin il y a cette dernière génération, si nombreuse, si brillante, si cultivée par de fortes études, cette génération qui donne à la France actuelle de si justes espérances par un grand développement de facultés, en qui l’éducation religieuse a jeté de si heureux germes par l’effet de la force des mœurs contre les tendances exagérées de l’opinion : cette génération doit être l’objet de nos vives sollicitudes ; car, il faut le dire, en entrant dans le monde elle trouvera d’autres enseignements, elle sera soumise à d’autres directions, elle sentira la société assise sur d’autres bases que celles de l’éducation.

1720. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

… Toutes auprès d’elles paraîtraient si inférieures et si minces, que c’est là peut-être la meilleure raison à donner de l’effet qu’elle produit d’être un homme, quand elle ne l’est pas !

1721. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Je ne sais point l’âge de Mme Blocqueville, mais elle me fait l’effet d’avoir une bien longue lecture, et peut-être a-t-elle tué sous cette longue lecture quelque petite fleur d’originalité qui voulait naître.

1722. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

L’analyse la plus attentive et la plus patiente se perdrait dans cet enchevêtrement d’incidents que rien n’explique, si ce n’est le train des choses, — ce hasard des circonstances, qui peuvent très bien exister — c’est vrai, — aussi bêtes ou aussi étranges que cela, dans la vie, mais qui, dans une œuvre littéraire, n’ont pas le droit de se montrer dans leur bêtise ou leur étrangeté natives, comme dans la vie, puisque l’art, c’est la vie arrangée, sublimée par l’intelligence, en vue d’obtenir un effet quelconque de puissance, de pathétique et de beauté !

1723. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Elle me produit l’effet d’une fille de trente-cinq ans, plus mûre que savoureuse.

1724. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Sans doute, quand il en est aux premières pages de son histoire, ou plus tard, quand il touche à cette phase historique où le génie, désintéressé de tout ce qui n’est pas l’effet esthétique, apparaît dans sa plus pure splendeur, sous Élisabeth, par exemple, — car le despotisme des rois n’a jamais empêché le génie de croître et il l’a quelquefois fait fleurir, — Odysse Barot ne peut point ne pas signaler les beautés des œuvres qu’il rencontre, surtout quand ces œuvres sont celles d’hommes comme Chaucer, Marlowe, Shakespeare, Et il les signale, et je crois même qu’il les sent avec énergie ; mais l’intérêt supérieur pour lui n’est pas là.

1725. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Avant de légiférer pour son propre compte et en son privé nom, il nous a donné, en abrégé, l’histoire du duel en France, et cette histoire démontre, à toute page, l’inanité des législations quand il s’agit de changer et de modifier des mœurs toujours victorieuses d’elles… L’esprit moderne, dont la manie est de croire aux constitutions, qui sont les créations de son orgueil et que le vent de cette girouette a bientôt emporté, l’esprit moderne, qui méprise si outrageusement et si sottement le passé, apprend ici, une fois de plus, que tout dans l’histoire ne se fait pas de main d’homme, et que les coutumes ne s’arrachent pas du fond des peuples comme une touffe de gazon du sol… Saint-Thomas, dont le bon sens (heureusement pour lui) ne me fait point l’effet d’être dévoré par l’esprit moderne, semble l’avoir compris.

1726. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Poétiquement, Horace me fait l’effet d’une espèce de Ronsard romain, mais avec beaucoup plus de goût, de mesure, de tact que le Ronsard français, et avec une bien autre langue, une langue dans laquelle Virgile avait chanté !

1727. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Et leur successeur à distance, par l’inspiration et par l’enthousiasme ; cet Ernest Hello qui me fait l’effet d’un Saint Siméon Stylite au xixe  siècle, par l’isolement et par la hauteur, a beau le savoir, il ne prend pas, lui, si haut qu’il soit, son parti de cette accablante destinée.

1728. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

La force parvenant à produire l’harmonie et les effets de la beauté, tel est le caractère de la Grèce antique dans les individus et dans les peuples.

1729. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Et nous constatons cet effet, qui fut un succès et qui méritait d’être une gloire, nous le constatons d’autant plus volontiers que, pour nous, le livre de Champagny a quelques faiblesses qu’il est important de signaler.

1730. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Elle ne s’arrêtait point à un des effets du mal quand il s’agissait de remonter à toutes les causes, et en inspirant la résignation aux classes dénuées et opprimées, en appuyant à de sublimes espérances la moralité défaillant sous toutes les croix de ses épreuves, elle avait plus fait pour diminuer l’oppression et la misère, et, disons davantage, doubler la richesse sociale, par la modération ou les renoncements de la vertu, que l’Économie politique qui reprend à son tour le problème résolu par l’Église depuis tant de siècles, et qui prétend le résoudre aujourd’hui, avec toutes les convoitises excitées de la nature humaine, aussi aisément et plus complètement que l’Église avec toutes ses abnégations.

1731. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

… Dans ce livre, il ne s’agit pas seulement du mûrissement complet d’un talent qui a toujours fait l’effet d’être mûr, tant il avait de saveur et de goût.

1732. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Dans cet essai de son début, il avait replacé la misère humaine, trop souvent oubliée, dans le fond éblouissant de plus d’une grandeur, et justement risqué sur Voltaire une de ces anecdotes cruelles qui firent peut-être sur son propre esprit, altéré de vérité, l’effet des premières gouttes de sang sur la soif du tigre, qu’elles rendent bientôt inextinguible.

1733. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Ce livre du comte de Gobineau, quand il le publia, a fait moins d’effet sur le pauvre public qu’on patine avec des journaux, que Le Bouton de rose, par exemple, de l’odoriférant M. 

1734. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Elles font bien l’effet de se tolérer toutes les deux.

1735. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Buffon, moins spirituel que Voltaire, dont l’esprit me fait, d’ailleurs, toujours l’effet d’un bruit de grelots, mis en vibration par les mouvements pétulants d’un singe, moins même que Montesquieu, qui a le sien finissant en pointe, sans être pour cela un obélisque (car un obélisque, c’est un colosse !)

1736. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

voilà qui produit un rude effet sur l’ignorant et qui l’agenouille, tandis qu’au contraire la facilité de comprendre le système, très peu compliqué de M. 

1737. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Est-ce la chose en soi qui l’a révolté, ou l’effet actuel de cette chose sur le monde, qui lui a paru compromettant ?

1738. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Puis, pénétrant plus avant, il arrive aux effets de la doctrine catholique sur l’esprit, sur l’âme et sur la société, ce qui implique toute une philosophie, toute une morale, toute une politique ; et alors, se repliant devant toutes ces choses, développées et dévoilées avec un détail qui n’omet rien, il se demande ce qu’a dû être le fondateur d’une religion qui a pris ainsi dans ses bras la création toute entière, et la vie de N.

1739. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

Seulement, cela dit, nous n’entendons ne parler que d’effets d’art et de résultats littéraires quand nous reprochons à Dargaud de n’être pas, dans la réflexion de son esprit, le catholique qu’il est dans la spontanéité de ses sentiments.

1740. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

La langue de Racine a presque disparu, et fait l’effet maintenant de ce spectre charmant de Francesca, dans un des poèmes de Byron, à travers la main pâle de laquelle passe un clair rayon de la lune… Et ce n’est pas dire pour cela que la langue de Racine dût être l’idéal — éternel et immobile — de la langue poétique.

1741. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Mais on n’a pas trouvé que ce fût assez, et on nous a raconté sa vie, et on nous a donné le dessous de cartes de ses travaux, l’envers et le déshabillé de son œuvre, — ce qui va nuire à son effet et en diminuer la magie.

1742. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Ces Tragiques n’avaient même été révélés au public auparavant que par des vers pris çà et là dans ces vigoureuses satires, et l’effet n’en remonte guères plus haut qu’à ce fameux portrait de Henri III, maintenant cité partout, et que M. 

1743. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Entraperçue un soir, elle me lit l’effet d’une matrone simple et grave, mais nullement d’une poète, même quand elle dit ses vers.

1744. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Albéric Second, qui me fait l’effet d’être un très habile constructeur de romans, quant aux faits qu’il ramène très bien à ses fins, Albéric Second, qui a peut-être dans l’esprit, sans qu’il en ait conscience, ses Trois Mousquetaires, s’amuse et s’attarde, au lieu d’attaquer quelque long sujet de récit, à un roman de chronique, fait avec des événements de chronique, et il est si naturellement et si habituellement chroniqueur qu’il n’écrit même pas en italique, dans son roman, une foule de locutions qu’on ne comprendra peut-être que dans dix ans, à cent cinquante lieues de Paris.

1745. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Anatole France, qui est peut-être, plus qu’il ne croit, un démocrate littéraire de ce temps maudit, nous parle avec plaisir de l’effet que produisit Le Diable boiteux sur « le petit laquais de Boileau ».

1746. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

L’effet qu’il produit n’a pas changé.

1747. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Le scepticisme universel commençait à faire sur cet esprit d’aigle, qui avait soif des splendeurs de soleil de la Certitude, l’effet ténébreux et horrible que Byron a peint avec la grandeur d’un maître dans Darkness.

1748. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

On y trouvera, dans la vaste et fructueuse spécialité d’art qu’il ouvre aujourd’hui, des compositions de l’ordre de Maître Pierre : des romans qu’il prépare, assure-t-on, sur l’air comprimé, sur les tunnels sous-mer et les aqueducs suspendus, l’aérostat et ses effets, la photographie de chez Giroux, les silos pour les conserves de céréales, les campagnes contre les charançons, le Guide des omnibus, l’itinéraire des halles et marchés et les coulisses de la Bourse.

1749. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

La fougue qui enlève un si vaste ensemble ne nuit pas aux effets poignants des détails et n’en altère, pas la lumière.

1750. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Si on veut faire beaucoup d’effet, il ne faut pas trop se prodiguer.

1751. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Cette idée, répandue dans le discours d’un bout à l’autre, y jette une terreur religieuse qui en augmente encore l’effet, et en rend le pathétique plus sublime et plus sombre.

1752. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

L’antiquité ne nous dit rien de plus sur l’effet de cette pénitence.

1753. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

ni les uns ni les autres n’ont trouvé la parole magique, le vrai nom de la cause d’où pend à l’infini l’enchaînement des effets. […] Aussi bien n’est-ce là qu’un naturel effet de l’étendue et de la diversité de sa sympathie. […] Il suit encore que, tout en nous séduisant par « l’imitation de choses dont nous n’admirons pas les originaux », la peinture et la poésie, sans méconnaître leurs conditions, peuvent se proposer de produire en nous des effets plus ou moins analogues à ceux de la musique ou de l’architecture. […] Est-ce un effet d’une révélation, d’une illumination soudaine ? […] Oui, sans doute, si la part de la convention et de l’artifice en est d’autant réduite ; si l’abandon de ces procédés a pour effet d’approcher l’art d’une imitation plus fidèle de la vie.

1754. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

De quelque nom que notre haute philosophie se plaise à les désigner, quelles que soient les jouissances plus exquises auxquelles nous pensons qu’elle nous admet, c’est là que le peuple a arrêté ses volontés, c’est là qu’il a fixé ses affections ; il nous suffit, et tous nos systèmes doivent s’abaisser devant sa volonté souveraine. » Tout en s’exprimant en philosophe, on le voit, mais en philosophe politique qui cherche à donner un fondement profond à la moralité, et qui ne dédaigne pas de lui trouver la sanction la plus intime, il essayait d’attendrir pour la première fois la législation, et, en la laissant égale pour tous les cultes, de lui infuser une pensée de sollicitude et d’intérêt supérieur pour chacun d’eux : « Que la liberté que vous accordez à tous les cultes ne soit donc point en vous l’effet d’une égale indifférence, encore moins d’un égal mépris, comme cette tolérance dont se parèrent longtemps de dangereux sophistes ; mais qu’elle soit le fruit d’une sincère affection. […] Je désire savoir les divers effets de l’ouvrage. » « P. […] Mais ce n’est pas à cause de cela que j’insiste pour que vous commenciez par une chose de vous et une chose qui est décidément plus intéressante pour les Français que les odes de Klopstock et plus belle même, car la poésie fait tant aux odes qu’aucune traduction ne peut en rendre l’effet. — De plus, il y aura un parti contre ce qui vient de l’allemand au moment où mon ouvrage paraîtra, et la disposition est à vous admirer sur le sujet que vous avez traité. — Travaillez-y, venez me le lire dans deux mois et donnez-le à l’impression à Paris. […] Camille Jordan a lu des fragments d’un discours fort étendu sur cette question : Quelle a été l’influence de la Révolution sur les progrès de l’art oratoire en France, et quels ont été les effets de l’éloquence sur la Révolution ?

1755. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Ainsi parle Swift, sans développement, sans coups de logique, sans effets de style, mais avec une force et un succès extraordinaires, par des sentences dont les contemporains sentaient intérieurement la justesse et qu’ils acceptaient à l’instant même, parce qu’elles ne faisaient que leur dire nettement et tout haut ce qu’ils balbutiaient obscurément et tout bas. […] Tel est le mérite des raisonnements de Swift ; ce sont de bons outils, tranchants et maniables, ni élégants ni brillants, mais qui prouvent leur valeur par leur effet. […] Dans son commerce avec les hommes, sa règle générale est de tâcher de leur en imposer, n’ayant d’autre recette pour cet effet qu’un composé de serments et de mensonges. […] Son art consiste à prendre une supposition absurde et à déduire sérieusement les effets qu’elle amène.

1756. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Il les dit comme ils lui viennent, sans arrangement ni style, en manière de conversation, sans songer à faire un effet ou à combiner une phrase, avec les mots de métier et les tournures vulgaires, revenant au besoin sur ses pas, répétant deux et trois fois la même chose, n’ayant pas l’air de soupçonner qu’il y a des moyens d’amuser, de toucher, d’entraîner ou de plaire, n’ayant d’autre envie que de décharger sur le papier le trop-plein des renseignements dont il s’est muni. […] Ici comme ailleurs, de Foe, ainsi que Swift, est un homme d’action ; l’effet le touche et non le bruit ; il compose Robinson pour avertir les impies, comme Swift écrivait la vie du dernier pendu pour faire peur aux voleurs. « Cette histoire, dit la préface, est racontée pour instruire les autres par un exemple, et aussi pour justifier et honorer la sagesse de la Providence. » Dans ce monde positif et religieux, parmi ces bourgeois politiques et puritains, la pratique est de telle importance qu’elle réduit l’art à n’être que son instrument. […] Leurs successeurs font de même, et toutes les diversités des tempéraments et des talents n’empêchent pas leurs œuvres de reconnaître une source unique et de concourir à un seul effet. […] Savez-vous l’effet de ces affiches édifiantes que vous collez au commencement et à la fin de vos livres ?

1757. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Cette invitation eut l’heureux effet de prolonger le crédit de notre voyageur. […] Ces effets de l’automne faisaient une impression d’autant plus profonde sur l’âme de M. de Saint-Pierre, qu’elle était déjà plus vivement ébranlée. […] Son entrevue avec sa mère et madame de la Tour, que j’avais d’abord redoutée, produisit un meilleur effet que tous les soins que j’avais pris jusqu’alors. […] On arrive au dialogue du vieillard ; M. de Saint-Pierre propose de passer outre, et raconte l’effet qu’il a produit sur madame Necker.

1758. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Il cause de l’absence du mouvement intellectuel de la province française, comparativement à toutes les associations lettrées des comtés anglais et des villes allemandes ; il cause de la pléthore de ce Paris, qui absorbe tout, attire tout, fabrique tout, de l’avenir enfin de la France, qui dans ces conditions doit finir par une congestion cérébrale : « Paris, dans ces derniers temps, s’écrie-t-il, me fait l’effet de la vallée d’Alexandrie… Au bas d’Alexandrie pendillait bien la vallée du Nil, mais c’était une vallée morte !  […] Elles ont une tenue pareille, la même toilette, des enfants qu’elles promènent en ayant l’air de les aimer — et à la fin de la saison, elles arrivent à se faire à elles-mêmes l’effet d’être mariées. […] Toutes me font l’effet de simples prostituées. […] Voilà trois jours que nos amis s’abstiennent rigoureusement de nous en parler, et que nous n’avons nulle nouvelle de l’effet produit auprès de l’allant et du venant, que nous rencontrons.

1759. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Les écrivains de cette époque affolée de destruction et de changements font le sinistre effet d’aveugles qui balaient la place où vont s’élever tout à l’heure les échafauds qu’ils ne prévoyaient pas, — car le récit de la prédiction de Cazotte est un conte inventé par La Harpe, et M. Taine, qui l’a cité à la fin de son volume de l’Ancien régime, s’est permis un effet de fantasmagorie indigne de son érudition. […] L’Encyclopédie est, dans l’ordre de la pensée et de l’érudition philosophiques, ce que furent, dans l’ordre de l’art, les cathédrales du moyen âge, — mais avec cette formidable différence que le sentiment qui animait les grands artistes du moyen âge a eu beau perdre de son énergie, de sa profondeur et de sa beauté dans le cœur des nations modernes, les magnifiques chefs-d’œuvre qu’on leur doit n’en existent pas moins à l’état de chefs-d’œuvre, enlevant d’admiration ceux qui les contemplent, tandis que l’Encyclopédie, dont on croyait faire quelque chose comme une cathédrale de Cologne ou de Strasbourg de l’impiété, ne fait plus guères l’effet que d’une masse informe, incohérente, sans grandeur réelle, dont se détournent également à cette heure l’imagination et la raison des hommes. […] Dans ses livres nous avons vu Diderot, l’apôtre du matérialisme, enseignant la philosophie la plus abjecte du haut de ses ambitieuses théories et des grands mots sur lesquels il exhausse sa pensée, et dans la Correspondance nous le voyons de plain-pied, sans cothurne, — car ce païen en portait un dans ses écrits, — au coin du feu, en souliers plats ou en pantoufles, rabâchant, remâchant les idées de ses livres, sans leur plaquer le masque de ces grandes images qui ressemblaient au masque du comédien antique, lequel doublait l’effet qu’il produisait par sa figure agrandie.

1760. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

J’imagine qu’ils ont produit sur lui (avec moins d’horreur peut-être et plus d’ennui) le même effet que les acteurs annamites ont produit sur moi l’autre jour. […] Car, pour nous aussi, cette accumulation, sous nos yeux, d’êtres et de choses exotiques aura des effets excellents. […] ou sur un air de même qualité, et vous pourrez vous rendre compte de l’effet.) […] Et peut-être aussi ces transformations que j’ai notées ou que je prévois sont-elles le triste effet des années autant que des déménagements…   Paris, 18 octobre. […] (Plus cela durera, plus l’effet sera grand.)

1761. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Un véritable effet d’apothéose, avec ces jeux de lumière, cette transfiguration lumineuse des choses, cette gloire du couchant, ce ciel d’or, tout craquant d’artifices. […] » Un second ambulancier parle d’un blessé qu’on a retourné, et ouvert par derrière, comme une armoire, à l’effet d’étudier le curieux trajet d’une balle de chassepot. […] Au fond, cette attaque à la propriété, la plus significative qui soit, fait un excellent mauvais effet. […] Allons, c’est un effet de mon imagination. […] Là-dessus, quelqu’un raconte, que se trouvant au ministère de l’Intérieur, le jour où devaient être signées les conditions de la capitulation de Paris, il attendait avec un ou deux confrères, à l’effet d’avoir des renseignements pour son journal.

1762. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Il les marie sans scrupules, et l’effet, insolite, souvent, souvent aussi insolent — de la bonne insolence — est charmant. […] Ces effets de lointain sont très charmants et ils sont loin d’être faits pour me déplaire, moi qui innovai un peu, de mon temps, dans à peu près ce sens. […] Le lendemain, j’empaquetai mes effets, et je partis de la gare de King’s Cross pour Sibsey, la station la plus proche de Stickney, où le domestique et le cabriolet du directeur devaient m’attendre. […] À cet effet, il me proposa un échange de leçons, s’offrant de me perfectionner en anglais, alors que je l’aiderais dans l’étude du grec et du latin. […] Mais Racine savait voiler et atténuer ces sacrifices nécessaires sous son style harmonieux, le plus harmonieux de la langue française, sans jamais en affaiblir les effets.

1763. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

de vouloir que la rougeur du sang dont est teint le poignard d’un homme qui vient de s’en tuer lui-même soit un effet de la honte qu’a ce poignard de l’avoir tué !  […] j’en tombe en extase : Ces belles fleurs qui dans ce vase Parent le haut de ce buffet Feraient-elles bien cet effet ? […] ÆTEOCLE L’effet le montrera. POLYNICE L’effet le montrera. […] la nécessité des vertus et des vices, D’un astre impérieux doit suivre les caprices, Et Delphes, malgré nous, conduit nos actions Au plus bizarre effet de ses prédictions ?

1764. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Cette invasion, à main armée… de billets de banque, a eu des conséquences sociales dont l’effet, par un travail inconscient et rapide, se fait cruellement sentir aujourd’hui. […] Il nous montre de façon non moins captivante les effets destructifs du fusil Lebel ou des torpilles. […] Moi, cela me fait l’effet de ces métiers burlesques que nous révèlent les chansons des cafés-concerts. […] On savait bien qu’ils faisaient des enfants, mais c’était, sans doute, un effet du hasard et non un résultat de l’amour. […] Eh bien, les salons des peintres me produisent un effet analogue… Il y a de tout aussi, des tableaux, des statues, des gravures, de l’architecture, de tout, excepté de l’art.

1765. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Elle est d’une émotion pénétrante, et serait d’un effet irrésistible au théâtre. […] Ce n’est pas de la mère, puisque l’œuf est séparé d’elle par une coque dure, et que la simple chaleur d’un four à éclosion produit le même effet qu’une couveuse. […]   Voilà, en bloc, le résumé de ce livre d’un analyste impitoyable et qui puise ses plus grands effets dans les tourments enfiévrés de cerveaux maladifs. […] Ta mère m’a fait le même effet la première fois. […] On devine l’effet produit par cette lecture inattendue.

1766. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Tout cela t’explique assez que je vis en pleurs, ma bonne amie, sans avoir le droit de me plaindre que Dieu ne m’ait pas choisie pour répandre ses consolations sur les miens, lui qui m’a faite si tendre pour eux… « Pour mettre un peu de baume sur les tristesses que je te cause, je finis en parlant des consolations divines que nous devons à mon cher Hippolyte. » Il lui restait, on vient de le voir, une dernière sœur, l’aînée, Cécile, qui habitait aussi Rouen ; elle paraît avoir été d’un esprit plus simple et aussi d’un cœur moins expansif que les autres membres de la famille, ou peut-être n’était-ce qu’un effet de l’âge et des malheurs : du moins la correspondance avec elle est plus rare et ne roule guère que sur d’humbles envois ; mais il est touchant de voir comme Mme Valmore s’efforce de réveiller son sentiment, d’intéresser sa vieillesse, de l’attendrir par l’aveu des misères communes ou par l’appel à de chers souvenirs59 : « (9 novembre 1854)… La dame qui m’aide souvent à trouver l’argent d’emprunt pour passer mon mois, à la condition de le rendre à la fin de ce mois même, n’a pu venir encore à mon secours, à travers la pluie et toutes les difficultés de sa propre vie. […] Je ne puis te peindre l’effet que cela m’a fait ; je me suis retracé dans un instant la rue Notre-Dame, le cimetière, qui était nos galeries ; toute notre enfance s’est déroulée devant moi comme si c’était hier.

1767. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

La Bible de Luther et ses puissants effets en Allemagne sont connus, mais débordent notre sujet ; il suffit de se rappeler le Plutarque d’Amyot en France. […] Et quoi de plus propre à cet effet non-seulement que la reproduction fidèle des modèles grecs, mais aussi que la multitude d’efforts, de souplesses de tour et de grâces de langue qu’il faudrait retrouver ou acquérir en les rendant !

1768. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

VI Avant d’avoir participé moi-même, non aux conspirations, mais aux événements d’une révolution, il m’était impossible de croire que des événements aussi capitaux que les massacres de septembre pussent rester dans une complète obscurité devant l’histoire, soit qu’ils fussent des effets sans cause, des crimes d’emportement non prémédités, et dont personne n’a la responsabilité que l’élément populaire, soulevé par un hasard ; soit que les conspirateurs de ces émotions artificielles du peuple eussent si bien caché leur nom et leur main qu’on ne pût jamais les prendre en flagrant délit de préméditation. […] Une seule phrase m’y blesse : c’est la dernière, concession menteuse à cette école historique de la Révolution qui attribue un bon effet à une détestable cause, et qui prétend que la Terreur a sauvé la patrie.

1769. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Nous avons éprouvé bien souvent nous-même, aux différentes heures de la journée qui diversifient l’effet de l’ombre ou de la lumière sur ces marbres, la magie du ciseau de Michel-Ange autour de ces tombeaux. […] « L’effet donc l’emporte ici-bas sur la cause et la nature est vaincue par l’art !

1770. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Les faits ne sont rien pour lui par leurs formes extérieures et sensibles : ils lui apparaissent abstraitement, causes, effets, éléments de prévision, et pièces de raisonnement. […] Les dernières années du xve  siècle, les premières du xvie , voient paraître au moins quatre grands Arts de rhétorique 141, où sont méticuleusement exposés tous les mystères et tous les effets des rimes batelées, brisées, enchaînées, équivoquées, à double queue, des rondeaux simples, jumeaux, doubles, virelais simples et doubles, fatras simples et doubles, des ballades communes, balladantes, fratrisées, et autres telles épiceries, comme dit Du Bellay.

1771. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Et il va sans dire aussi que je ne puis tenir compte des effets particuliers produits par Eliot et Sand sur des sensibilités particulières. […] Sous cette forme neutre, cette espèce de cote mal taillée qu’est une traduction, sous ces mots français recouvrant un génie qui ne l’est pas, de vieilles vérités ou des observations connues me font l’effet de nouveautés singulières.

1772. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

À la vérité, je trouve que les loustics professionnels, les Vivier, les Sapeck, les Lemice-Terrieux, se sont souvent donné beaucoup de mal pour un fort petit effet. […] Je ne vois que ceci : il a voulu tromper pour tromper, d’une façon toute désintéressée, sans même l’idée d’un effet comique à produire, et sur un point qui n’importe à personne.

1773. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Et pourtant… Écoutez cette odelette d’Horace que je ne choisis point parmi les plus connues : « Si jamais un seul de tes parjures avait eu pour effet de déformer un de tes ongles ou de noircir une de tes dents, « Je croirais à tes serments, ma chère. […] Cet orgueil a chez lui les mêmes effets que la charité.

1774. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Garnier me faisait presque l’effet d’un laïque. […] Le calcul des probabilités appliqué à toutes ces petites banqueroutes de détail est pour un esprit sans parti pris d’un effet, accablant.

1775. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

N’y aurait-il pas eu effet de l’absurdité à choisir deux provinciales, pour attirer la risée sur deux femmes de la cour ; deux bourgeoises pour représenter le ridicule de femmes de haute naissance ; deux vieilles folles de petite condition, dont la vanité est de se faire une cour d’hommes de qualité, pour ridiculiser des femmes du premier rang, dont les hommes de la plus haute condition sont la société nécessaire, habituelle, sont les amis la famille ? […] Quelle précaution pouvait plus sûrement empêcher l’application de la pièce à la maison de Rambouillet, que la pièce elle-même, et avoir un autre effet que celui de la blesser ?

1776. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Aujourd’hui, elle porte une robe rose, et sa longue et gracieuse personne fait un effet charmant dans la verdure foncée des chênes de la forêt en son marcher lent, en ses accroupissements légers, pour cueillir une fleur… Et la femme est, pour ainsi dire, toute vêtue de chasteté. […] Il me fait l’effet d’une ville libre, hantée et habitée par tous les galoupiats de l’Europe.

1777. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Ses effets tragiques ressemblent à des voies de fait sur les spectateurs. […] Le dédain imbécile peut avoir les mêmes effets que l’adoration imbécile.

1778. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

La Fontaine a été poussé du côté de la carrière littéraire, et par son père, et par sa femme, pendant le temps qu’elle a pu avoir de l’influence sur lui, et surtout, évidemment, par sa vocation, par une de ces vocations (assez rares) qui sont lentes à sortir tout leur effet, et lentes à pousser l’homme du côté où il doit aller, mais enfin par une vocation évidente. […] Il s’y refusa absolument, « Messieurs, cela ne serait pas juste, je suis arrivé en retard, il faut que j’en subisse l’effet. » Je serai très rapide, (je n’en suis pas fâché), sur la vieillesse de La Fontaine.

1779. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

D’abord, parce que l’effet de ce style, qui nous saute aux yeux, est connu, et que Flaubert ne peut plus bénéficier de la nouveauté de sa manière. […] … Il a toujours le froid d’un homme qui calcule ses effets.

1780. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

D’Aubigné nous dit que Henri IV, dans le temps où il lui avait conseillé d’écrire cette Histoire, avait promis une somme raisonnable pour les voyages, pour la reconnaissance des lieux et des villes où s’étaient livrés les combats ; mais, les promesses étant demeurées sans effet, et après la mort de ce roi, ce fut à l’historien même à se pourvoir, à s’enquérir de toutes manières.

1781. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

L’esprit public est choqué, à tout instant, par des mesures dont ceux même qui les ont prises n’ont point calculé ni soupçonné l’effet.

1782. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Félix Gaudin, auteur de Poésies chrétiennes 35, âme honnête, éprouvée, reconnaissante, que l’injustice a atteinte, que la foi a relevée et consolée, humble acolyte en poésie, et qui, dans le pieux cortège, me fait l’effet de psalmodier ses rimes à mi-voix, en tenant à la main le livre de l’Imitation d’où la joie et la paix lui sont revenues.

1783. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

L’auteur en commençant, et n’étant pas encore sûr de son effet, a voulu faire, on le sent, un déploiement inaccoutumé ; plus tard, à mesure qu’il avançait, sentant que les vraies beautés ne lui manquaient pas, il a osé être simple.

1784. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

A certains jours sombres de l’hiver, ces montagnes de neige striées de noir font l’effet, à l’œil fidèle qui s’y attache avec lenteur, de la plus austère et de la plus délicate gravure.

1785. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Lisez les indications si précises, si détaillées des drames de Diderot et de Beaumarchais : il y a là des effets tout extérieurs qu’on n’a pas dépassés.

1786. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Au reste, l’éloquence du barreau échappe de plus en plus à la littérature : elle se place ou bien hors de l’art, par la controverse juridique, ou au-dessous de l’art, par les gros effets.

1787. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Mais dans les grands articles de Revue, dans les conférences de l’Odéon, dans les leçons de cours, une chose me frappe : c’est combien ce brillant causeur, d’esprit si amusant, de verve si inépuisable, toujours débordant d’anecdotes qu’il contait à merveille, se bridait, se défendait de paraître, s’interdisait les excursions, les effets, les fantaisies.

1788. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

On voit que sur le théâtre des Gelosi et dans les comédies même, l’élément comique ne prévalait pas exclusivement ; le sentiment, la passion et le drame y tenaient une bonne place ; la bouffonnerie n’y était souvent qu’accessoire et épisodique, et ainsi mesurée elle n’en produisait sans doute qu’un plus grand effet.

1789. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Disons que nous ignorons s’ils suscitent ou s’ils détruisent du bonheur : leur effet ne nous concerne point : pour nous seuls nous les créons, ils nous tonifient seuls.

1790. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Je voyais bien que tout se fait dans l’humanité et dans la nature, que la création n’a pas de place dans la série des effets et des causes.

1791. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Cela est malheureusement vrai ; il faut toutefois observer que, si ces systèmes devaient avoir réellement pour effet d’améliorer la position matérielle d’une portion notable de l’humanité, ce ne serait pas là un véritable reproche.

1792. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Jésus se perdait dans la foule, et ses pauvres Galiléens groupés autour de lui faisaient peu d’effet.

1793. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

Elle déclare non que telle chose arrivera toujours, mais que l’effet d’une cause donnée sera tel, tant que cette cause opérera sans être contrariée, par exemple : c’est une proposition scientifique, que la force musculaire tend à rendre les hommes courageux, mais non qu’elle les rend toujours tels ; que l’expérience tend à donner la sagesse, mais non qu’elle la donne toujours.

1794. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

L’antécédent invariable est appelé cause ; le conséquent invariable, effet.

1795. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

La classification des sciences, le perfectionnement de la race, la mise en ordre du système et l’anéantissement des hiérarchies, voilà quel doivent être les effets de nos travaux.

1796. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin, qui en fut toujours exempt, en a saisi les effets désastreux et les ridicules ; il n’a rien épargné pour en dégoûter la jeunesse, il y a réussi.

1797. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Eh bien, je me demande si un livre, indépendamment de ce qu’il dit, ne peut pas produire le même effet ?

1798. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

De toutes parts les épaisseurs des effets et des causes, amoncelées les unes derrière les autres, vous enveloppent de brume.

1799. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

On propose tant, à celui qui se rendra à Moscou ou à Pétersbourg avec une connaissance suffisante de la langue russe pour montrer la géométrie ; tant, à celui qui, pourvu de la même langue, sera en état de professer ou la médecine, ou la jurisprudence, ou les beaux-arts ; et tenez pour certain que si ces invitations sont constamment réitérées et ces promesses fidèlement tenues, elles produiront leur effet.

1800. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Les hommes dont la curiosité s’étend bien plus loin que les lumieres, veulent toujours sçavoir à quoi s’en tenir sur la cause de plusieurs effets naturels, et cependant ils ne sont point capables la plûpart d’examiner ni de connoître par eux-mêmes la verité dans ces matieres, en supposant même que cette verité se rencontrât à portée de leur vûë.

1801. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Parmi les différentes forces qui pouvaient avoir cet effet, il a rencontré la religion, comme il a rencontré l’aristocratie militaire, comme il a rencontré la magistrature.

1802. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

On a beaucoup trop calomnié jusqu’à présent la nature humaine : les intérêts doivent être considérés comme effets ou comme signes, et non point comme causes.

1803. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Elle a cru qu’elle allait changer le Byron de l’opinion faite et en nous l’affirmant sans preuves et sans notions nouvelles à l’appui de son affirmation, nous faire son Byron, — à elle, — son Byron purifié et rectifié ; car le sens du livre qu’elle publie, c’est, ne vous y trompez pas, je vous prie, une délicate purification de Byron…… J’ai parlé plus haut de petites chapelles, élevées discrètement et chastement, tout le long du livre, à la mémoire de Byron ; j’ai dit même que je comprenais très bien qu’elles y fussent élevées… Mais je les crois trop en albâtre… Il y en a à la religion, à l’humanité, à la bienveillance, à la modestie, à toutes les vertus de l’âme de Byron (textuellement), à son amour de la vérité, mais c’est aussi par trop de chapelles… Les vertus de Byron font un drôle d’effet… Sont-ce les cardinales ?

1804. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Vous rappelez-vous l’effet de lumière et de bruit que fit, il y a quelques années, en Europe, le livre du marquis de Custine sur la Russie ?

1805. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Il n’a pas les enfantillages à effet de l’esprit faux et pointu de Victor Jacquemont, qui trouvait joli de nier les Indes aux Indes, et de nous faire croire qu’il n’y en avait pas.

1806. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

tous les sentiments de l’âme humaine, épanouis ou concentrés dans sa personne… Il chanta et pleura, et il fit de l’Élégie — car les classificateurs l’auraient appelé un élégiaque — quelque chose de si splendide et de si grandiose, qu’un poète épique, impossible, dit-on, en France, y aurait paru et s’y serait emparé subitement de l’imagination française, qu’il n’aurait pas produit d’effet plus grand !

1807. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Il me fait l’effet d’être bien éclectique pour haïr.

1808. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

L’effet qu’il produisit quand il parut tint beaucoup aux abominables, malsaines et interminables déclamations de l’Héloïse de Rousseau, qui avaient fourbu tous les esprits.

1809. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Caro, nous développant la doctrine de Saint-Martin, cette mystérieuse et nuageuse doctrine qui partit de Boëhm pour aboutir misérablement à une Mme de Krudner, nous produit bien moins l’effet d’un philosophe que d’un antiquaire, qui nous désenveloppe une momie et nous fait compter ses bandelettes.

1810. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

M. l’abbé Mitraud, avec ses tendances générales et son manque provisoire de théorie carrée et résolue, nous fait l’effet d’une espèce d’abbé de Saint-Pierre, mais renouvelé, rajeuni, rajusté par les formes et le langage de la discussion au dix-neuvième siècle.

1811. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Aimable d’ailleurs, et même gentil, à sa manière, tout le temps que durent la sybarite et l’amazone, qu’il aime toutes les deux, ce pauvre cul-de-plomb de bibliophile, peut-être par l’effet du contraste, il ne se sent plus, hélas !

1812. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Charles Asselineau, dans une introduction aux Odelettes, où un esprit très fin cherche à justifier ses préférences, dit que, malgré quinze ans d’étude, Théodore de Banville produit toujours sur le public l’effet d’un jeune homme qui promet.

1813. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

… Si ces lettres d’amour n’étaient qu’un roman, un roman d’un effet calculé dans le mystère dont on l’entoure et qui ne serait qu’une ruse de plus pour percer dans la publicité ?

1814. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Si vous soutenez que l’on peut attendre de l’architecture métallique des effets de beauté au moins égaux à ceux dont le marbre et la pierre ont jusqu’ici fourni la preuve, vous passerez pour un vulgaire « philistin ».

1815. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Ce paysan d’Arpinum, qui parvint sept fois à la première place du monde, n’était pas sans doute un modèle de vertus pour Cicéron ; mais un Romain devait louer en lui les talents et les victoires, et un républicain pouvait louer ce caractère altier qui osa braver tous les grands de Rome, qui leur reprochait avec audace leur corruption et leur mollesse, qui se vantait de son obscurité, comme les grands se vantaient de leurs aïeux ; qui, dans un siècle poli, consentait à passer pour ignorant, et avouait qu’il n’avait appris qu’à combattre et à vaincre ; qui opposait ses triomphes en Afrique, et les quatre cent mille Teutons ou Cimbres qu’il avait exterminés en Italie ou dans les Gaules, aux tables, aux cuisiniers et au faste des patriciens dans Rome ; il faut observer d’ailleurs que cet éloge fut composé avant les guerres civiles de Marius, et Cicéron était alors dans l’âge où l’énergie du caractère est ce qui frappe le plus, et où l’on mesure les hommes plus par les grands effets, que par les grands motifs.

1816. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Son langage courant et pittoresque, tout pareil à son écriture, leur fit l’effet « d’un ruisseau sur des herbes et sur des cailloux ». […] Est-ce l’effet d’une mélancolie précoce ? […] Mais il eut aussitôt le regret de voir que tout son effet était manqué. […] Le contraste entre la gêne qui le retient et le désir qu’il a d’être compris, aboutit à des effets de haut comique qui, d’ailleurs, ne sont pas involontaires. […] Je crois que cette scène, représentée aux yeux, sur un théâtre, produirait, comme on dit, un grand effet.

1817. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

La correction un peu froide et la sobriété de son style, dont il affectait, quand il écrivait pour la scène, de retrancher les moindres ornements, y font-elles peut être l’effet de la sécheresse ? […] De telle sorte que, dans le roman comme dans la tragédie, la qualité des personnages a cet effet singulier, mais certain de modifier à la fois la qualité de la psychologie, celle du drame, et, conséquemment, celle de l’émotion. […] Car, je dois en convenir, il n’aimait pas beaucoup qu’on les citât, et de voir son nom les ramener comme invinciblement sur les lèvres, cela lui faisait un peu le même effet qu’à. […] L’analyse n’est pas un dissolvant ou un poison de la volonté ; et l’étude attentive de la vie peut bien avoir pour effet d’en rendre la complexité plus difficile à reproduire, elle n’en fait pas évanouir la réalité. […] Ceux qui savent l’hébreu lui refuseront donc, s’il y a lieu, telle ou telle de ses conclusions, et, — puisque c’est une plaisanterie qui ne manque jamais son effet en France, — ils prétendront que c’est lui qui ne le sait pas.

1818. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Ce n’est point une histoire de ces temps que j’écris ici ; j’en évoque ce qu’ils ont pu avoir, ce qu’ils ont eu d’effet sur l’inspiration poétique de France. […] Mais c’est surtout dans le principal personnage, dans Léonora Galigaï, que sont sensibles ces différences de personnalité en vue de l’effet immédiat. […] Leur prétention d’évoquer Corneille et Racine n’eut d’autre effet que de ressusciter Campistron et de continuer Luce de Lancival. […] En admettant qu’ils soient voulus sincèrement et artistement, qu’ils ne soient point l’effet du hasard ou de la paresse, les pourrons-nous percevoir, ces rythmes indécis, raccourcis, prolongés, revêtement vague d’une pensée elle-même non exprimée ? […] Son vers, à la rime riche et qui veut être rare, son vers rude, cassant, cassé, cacophonique, (chaque strophe faisant l’effet d’un panier plein de tessons de bouteilles), très souvent bouscule le rythme strict, mais n’a rien qui l’outrepasse ou le rompe.

1819. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

C’est la peinture des premiers effets de la muse sur un jeune barde de la montagne, qui ignore encore le génie dont il est tourmenté. […] Que de douleurs dans ce seul regard jeté sur la face des mers, et que le flentes qui en est l’effet, est triste ! […] La cause générale, ou Dieu, a produit un effet également général dans le monde : c’est l’homme. […] Ce terme moyen nécessaire doit se proportionner à la perfection de la cause et à l’imperfection de l’effet. […] Le hasard lia ces effets locaux à quelques circonstances heureuses ou malheureuses de ses chasses.

1820. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

C’est une lumière brillante, mais égale ; toutes les parties s’éclairent, s’embellissent et se soutiennent, et la perfection générale nuit seule aux effets particuliers. […] Peut-être aussi les grands effets d’un art mêlé de barbarie sont-ils, à tout prendre, plus accessibles et plus communs que la perfection du génie. […] Marlowe, dans ses derniers ouvrages, avait fait de ce vers l’emploi le plus heureux pour l’effet de la scène et la vérité du dialogue. […] Le théâtre espagnol a souvent l’air d’un rêve fantastique, dont le désordre détruit l’effet, et dont la confusion ne laisse aucune trace. […] Quant aux irrégularités de Shakspeare, dans la forme même du style, elles ont aussi leur avantage et leur effet.

1821. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

L’unité d’impression est la grande préoccupation du poète : de peur de l’affaiblir ou de la troubler, il évite soigneusement tout ce qui pourrait distraire les spectateurs en les égayant hors de propos ; il n’admet les saillies de la verve comique, que dans la mesure où elles concourent à l’effet principal. […] Ce trait, du genre d’Aristophane, bien rendu par l’acteur, est d’un grand effet, et nous pouvons juger par là de la force comique du poète grec89. […] Le comique arbitraire, ou celui des rôles de fantaisie, produit souvent un grand effet, quoique les critiques affectent de la rabaisser.

1822. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Le fameux vase alhambresque, je l’avoue à ma honte, me fait l’effet d’un vase en carton peint, pour un drame littéraire et assyrien de l’Odéon. […] Dimanche 7 novembre Une dame de ma connaissance m’interrogeait sur ce que j’avais fait, ces jours-ci, dans l’Oise, je lui disais que j’avais été voir la prison de Clermont, et qu’une chose m’avait fait un singulier effet. C’est dans la Réserve, où sont empaquetés les effets des condamnées, un paquet portant sous le numéro d’écrou : Entrée 7 septembre 1872. — Sortie le 5 septembre 1887.

1823. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Elle l’altère en vue d’un effet total à produire, qui sera la supériorité de tel principe sur tel autre. » Seulement, M.  […] Considérées à distance, elles font un certain effet. […] Son effet sur George Eliot fut bien différent, quoique encore très authentiquement féminin : la littérature fut sa maternité. Une maternité morale dont l’effet ressemble à celui d’une saine maternité physique. […] Pour effet, non pour but.

1824. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Il est bien rare, ajoute-t-il, que le meurtrier ne finisse pas misérablement : « Pour moi, c’est le concert de malédictions qui s’est élevé après le 2 décembre, qui a son effet aujourd’hui !  […] Jusqu’au pont, des deux côtés, les effets militaires séchant aux portes, aux fenêtres, font comme un immense Temple du haillon, et l’on marche, tout le temps, dans le bruit sec des batteries de fusil, que les soldats nettoient. […] Au-dessus de Meudon, un haut de ciel, auréolé de grands rayons blancs, semblable à ces effets de lumière électrique, avec lesquels Gudin aime à éclairer l’orage de ses mers. […] Et avec l’heure tardive, avec le ciel pluvieux, dans lequel s’éparpillent, comme des feuilles sèches, des nuées de sansonnets, avec le crépuscule qui fait plus blafardes les figures, ces milliers de pâles soldats traversant les grandes ombres de la tribune, où leurs visages apparaissent comme voilés de crêpe, font un peu l’effet de la revue fantastique d’une armée de fantômes, sortie d’une lithographie de minuit de Raffet. […] La pluie a cessé, un jour net, clair, cristallin, nettoyé de toute vapeur, dessine d’une manière presque aiguë les petites villas étagées sur les collines, et la masse rectiligne du Mont-Valérien, derrière lequel se couche le soleil dans un admirable effet.

1825. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Je chante et ma voix produit son effet habituel. […] Les effets de lumière dans les tableaux de Gherardo delle Notti me plaisent énormément. […] La seconde, ce fut le comte de L… mais pas aux courses ; aux courses, il ne m’avait fait l’effet que d’un beau garçon. […] rien qu’en vous racontant l’effet produit par votre ruse pour connaître ma nature. […] Si je rendais bien l’effet de sève de printemps, de soleil, ce serait beau.

1826. (1914) Une année de critique

Alfred Capus au moins autant que ses comédies, je ne crois pas que ce soit seulement par un effet de ma préférence naturelle pour le livre au détriment du théâtre. […] Une critique adroite, une satire cruelle au fond, mais enveloppée dans un sourire, auront peut-être plus d’effet que le pamphlet le plus violent. […] Mais le goût de la vie rustique a fini d’avoir son effet favorable. […] Se peut-il, je vous le demande, qu’on l’interprète à faux, qu’on y veuille voir l’effet de l’inexpérience ou de la sottise ? […] Jadis, la transformation de l’être en idée semblait un danger, l’effet d’une maladie dont se plaignaient ceux qui en étaient atteints.

1827. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Pour Balzac, les effets ne sont que le développement significatif des causes. […] Il était encore moins un acteur, je veux dire un calculateur, instinctif ou rusé, de l’effet à produire. […] Il avait un trait commun avec Grasset : la totale insouciance de l’effet à produire. […] Il en a tous les caractères, le perpétuel étalage, le goût inné de la mise en scène, le souci constant de l’effet à produire. […] Le péril est tel qu’un premier effet se produit, dont M. 

1828. (1911) Études pp. 9-261

 » Ce n’est pas que nous pensions pouvoir désormais assigner à chaque effet sa cause, ni que nous ayons conquis la raison mathématique de la nature ; mais c’est une conscience, une certitude, une pénétration de tout en profondeur : « La paix en nous peu à peu succédé à la pensée. […] Mais nous nous placerons devant l’ensemble des créatures, comme un critique devant le produit d’un poète, goûtant pleinement la chose, examinant par quels moyens il a obtenu ses effets, comme un peintre clignant des yeux devant l’œuvre d’un peintre, comme un ingénieur devant le travail d’un castor59 ». Nous voyons le volume de la réalité se dérouler continûment, nous constatons « une relation constante entre certains motifs, comme d’une fleur à sa tige, du bras avec la main60 Cela nous fait croire que tout s’enchaîne nécessairement, qu’« il n’y pas d’effet sans cause », qu’à chaque effet est assignée une cause véritablement productrice et créatrice, que le monde est soumis à des lois qui en déterminent ? […] Il est l’effet d’une intolérance, l’impossibilité de rester à la même place, d’être là, de subsister… L’origine du mouvement est dans ce frémissement qui saisit la matière au contact d’une réalité différente : l’Esprit. […] Jamais d’effet par l’inattendu.

1829. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Et il en sera toujours ainsi ; toujours il en arrivera de même à tout nouvel assaut de l’intolérance : elle a pour effet immanquable de créer et d’accroître des popularités qui deviennent des puissances. […] elle n’eut pour effet que de classer fort haut Hippolyte Royer-Collard dans l’estime de ses juges et de ses condisciples.

1830. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Pour les éloigner de moi, j’ai dû y répondre par des brusqueries ; mais elles ont produit l’effet que j’en attendais, et je ne les ai point vus. […] Est-ce l’effet de l’honneur mieux compris, ou d’une civilisation trop arriérée ?

1831. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

C’est là l’effet du talent de l’écrivain, mon ami. […] On se dit : « Allons toujours, je réfléchirai après. » Les peuples à grande imagination sont tous habitués à cet effet du grand style sur leur esprit.

1832. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Cependant la douce intervention de Léonora et de sa sœur Lucrézia paraît avoir suspendu ou tempéré l’effet du mécontentement de leur frère. […] On convint de dire aux autres que l’étranger était un cousin venu de Bergame à Naples pour quelques affaires, et qui avait voulu profiter du voisinage pour visiter pendant quelques semaines ses parents de Sorrente. » L’aspect des lieux où il avait respiré la première fleur de la vie, la tendresse de cette sœur dont le cœur concentrait pour lui toute la famille éteinte ou dispersée, celle de ses deux neveux à qui la mère avait inculqué l’affection et l’enthousiasme pour cet oncle si grand et si malheureux ; cette hospitalité si sûre et si chaude, reçue dans ces beaux lieux et pour ainsi dire dans l’âme même de cette sœur, avaient produit, comme par enchantement, sur le Tasse tout l’effet qu’il avait rêvé.

1833. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Si chacun de nous veut examiner attentivement la trame de sa propre vie, il y verra deux tissus parfaitement distincts : l’un, qui semble en entier soumis aux causes et aux effets surnaturels ; l’autre, dont la tendance tout à fait mystérieuse, ne se comprend qu’avec le temps. C’est comme les tapisseries de haute lice, dont on travaille les peintures à l’envers, jusqu’à ce que, mises en place, on en puisse juger l’effet.

1834. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Le jansénisme est un effet parmi les autres, et non la cause, de cette reprise vigoureuse de vitalité par laquelle la religion, si menacée naguère, va ressaisir la domination du siècle. […] Son instruction littéraire paraît avoir été fort courte ; de ce côté Pascal est un « ignorant » de génie : c’est l’effet qu’il produira plus tard à tout le monde.

1835. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

— C’est l’effet du péché, c’est le principe du péché… — Si cela est, pourquoi ne tombez-vous pas à toute heure dans le péché ? […] La Révolution n’eut aucun effet sur Saint-Sulpice.

1836. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Aussi faut-il voir de quels bravos enthousiastes on salue, entre autres points lumineux, le magnifique couronnement du premier acte, cette conclusion rayonnante à laquelle on tend, vers laquelle on se sent entraîné par la force supérieure du génie, amassée et décuplée au courant d’un acte entier : il y a là un effet inouï d’accumulation d’électricité musicale et tel qu’il faut, pour se le représenter, en avoir subi le choc. […] L’anticipation — une « préminiscence » comme dans Euryanthe 85 — du thème de la Marche du Sacre du Prophète : « Le voilà le Roi Prophète » du quatrième acte dans le récit du Songe, est d’un effet des plus ingénieux, de même que le retour, dans les violoncelles, de la Pastorale du second acte dans la scène de la tente, devant Munster : « Je veux revoir ma mère chérie », L’emploi du Psaume latin rappelle, comme motif caractéristique des trois Anabaptistes, celui du choral de Luther dans le rôle de Marcel.

1837. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Ce sombre Cloîtré de l’Escurial, qui fait l’effet d’on ne sait quel terrible moine enfroqué dans un manteau de roi, avait tout du moine, excepté la chasteté. […] Et, de fait, cela a suffi pour le livre et l’effet du livre.

1838. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Proudhon lui fit l’effet de Goethe, et il en parle, dans une description qu’il a publiée, comme d’un Phidias aveuglé, — car Proudhon était laid et louche. […] Il met dans ses livres le même masque grossissant que l’acteur comique de l’Antiquité plaquait sur son visage pour faire plus d’effet au public… Proudhon ne met pas le masque de l’hyperbole.

1839. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Nous avions espéré de voir le roi à l’armée de l’Andalousie ; cela aurait produit un bon effet.

1840. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Ce style n’est point inférieur en ressources à celui de Chateaubriand, et il tend moins au pur effet littéraire.

1841. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

À son arrivée dans ce monde sulpicien, il lui semblait, au contraire, se retrouver de nouveau dans son milieu de Bretagne ; entouré d’hommes graves, paisibles, de maîtres instruits (l’abbé Gosselin), quelques-uns profonds et très originaux (l’abbé Pinault, par exemple), il commença à développer lui-même sa propre originalité : « L’éducation ecclésiastique, a-t-il dit, qui a de graves inconvénients quand il s’agit de former le citoyen et l’homme pratique, a d’excellents effets pour réveiller et développer l’originalité de l’esprit.

1842. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

les thèmes à effet et à variations brillantes !

1843. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Il a remarqué aussi que, pour l’agriculture, ce qui a été considéré politiquement comme une des conquêtes de 1789, l’extrême division des propriétés, due à la loi des successions et au partage égal entre les enfants, a eu en certaines contrées des effets funestes pour la meilleure exploitation des terres, et peut-être pour la condition des petits propriétaires eux-mêmes.

1844. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Quoique persécuté pendant la Terreur, loin de donner dans la réaction, il a tellement concouru avec ses collègues à en arrêter les effets, qu’elle n’a presque été connue que de nom dans le département de la Côte-d’Or.

1845. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

L’habitude, la nécessité, l’accommodation volontaire ou forcée font leur effet ; à la fin, seigneurs, vilains, serfs et bourgeois, adaptés à leur condition, reliés par un intérêt commun, font ensemble une société, un véritable corps.

1846. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Vous nierez que la sympathie, l’admiration dont on ne peut se défendre pour Alceste aillent contre le but de l’auteur, et vous reconnaîtrez au contraire que c’est un des plus merveilleux effets du génie de Molière, d’avoir su unir dans un même caractère la sympathie et le ridicule, comme il a su associer dans don Juan la souveraine grâce et l’odieux.

1847. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Tout ce qui est utile à l’humanité est bien ; tout qui est nuisible à l’humanité est mal ; ce qui ne fait ni bien ni mal à personne est indifférent ; que je mente, que je me grise, ou pis, qu’importe, si ces actes sont sans effets, sans prolongements funestes au dehors ?

1848. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

La physiologie conseille et veut en quelque façon la monogamie. « La fécondation s’étend bien au-delà du présent immédiat ; l’acte générateur ne donne pas un résultat unique, mais il a des effets multiples, durables, et souvent continués longtemps dans l’avenir. » Les enfants de l’amant ressemblent au mari.

1849. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Il y a du mouvement, de la variété, des coups de théâtre qui, pour être facilement prévus, n’en font pas moins de plaisir, des fins d’actes qui sont toutes « à effet », des scènes tumultueuses à personnages nombreux et qui sont très bien réglées.

1850. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Et enfin, et surtout, ce que l’on reconnaît, c’est que d’autres poètes ont eu peut-être d’autres qualités, plus d’art et de métier, par exemple, ou plus de passion ; ils ont encore été, ceux-ci, des inventeurs plus originaux ou plus puissants, et ceux-là, des âmes plus singulières ; mais nul, assurément, n’a été plus poète, si, dans la mesure on ce mot de poésie exprime ce qu’il y a de pins élevé dans l’idéal de l’humanité, nul ne l’a réalisé plus pleinement, ou n’en a plus approché, sans effort et sans application, naturellement, naïvement, par le seul effet de son instinct ou de la loi de son être, comme un grand fleuve coule scion sa pente.

1851. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Est-ce l’effet d’un préjugé aveugle, où plutôt notre jalousie secrette prévoit-elle que nous serions bientôt surpassés ?

1852. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

On sent mieux, et, par conséquent, on dit mieux ce que l’on produit que ce que l’on emprunte des autres par le secours de la mémoire… Le geste et l’inflexion de voix se marient toujours avec le propos au théâtre, tandis que, dans la comédie apprise, le mot que répète l’acteur est rarement celui qu’il trouverait s’il était livré à lui-même. » L’effet produit par la commedia dell’arte était donc plus grand que celui produit par la comédie soutenue, et cela précisément à cause de la spontanéité de l’expression.

1853. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Cette différence n’est pas l’effet de la vie sociale et, de même, elle résiste à l’expérience de la vie sociale.

1854. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Chacun a éprouvé l’effet humiliant et désagréable que produit toute consigne prohibitive, lors même qu’on la sait générale : c’est une limite.

1855. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Cette scène, par suite de l’art instinctif qui a présidé à la rédaction des synoptiques, et qui leur fait souvent obéir dans l’agencement du récit à des raisons de convenance ou d’effet, a été placée à la dernière nuit de Jésus, et au moment de son arrestation.

1856. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Elle ne peut être l’effet d’une ambition vulgaire, ni d’aucun des secrets qui sont à son usage, de l’hypocrisie, de l’intrigue, de la coquetterie, il faut en chercher la noble cause ailleurs.

1857. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Même quand cette pensée est sérieuse, même quand la sensibilité est au fond, elle a de ces mots qui la déjouent et qui font l’effet d’une gaieté.

1858. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Et il dit : Voici l’effet !

1859. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

On a beaucoup insisté, et avec raison, sur la personnalité divine ; mais on s’est trop borné à prouver cette vérité par la psychologie, on a trop cru que tout était démontré lorsqu’on avait dit que tout ce qui est dans l’effet doit se retrouver dans la cause, que, l’homme étant un être intelligent et libre, Dieu doit être aussi, mais infiniment, intelligent et libre.

1860. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Il est aisé de voir qu’elle n’est que l’effet d’une communauté d’idées facile à constater.

1861. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Lisez en effet tous ces récits de la sœur Emmerich, et entre tous, ce splendide et angoissant récit de la Passion, suivie d’heure en heure, de minute en minute, sans rien oublier ; et voyez si la sublimité de l’Évangile a éteint les couleurs de ce récit et diminué son effet déchirant et profond !

1862. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

La beauté et la laideur morale tiennent une telle place dans les hommes, même les plus éclatants par le génie et par la gloire, que toutes ces figures qui passent rayonnantes, ténébreuses ou indécises, dans cette étendue du xvie  siècle, lequel semble plus grand par l’effet de tout ce qu’il contient dans sa longueur encombrée, paraissent, sous la main de ce grand connaisseur en beauté morale, avoir des lumières ou des ombres de plus !

1863. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Ainsi que l’atteste la Correspondance, l’imagination de cet amoureux de la Passion et de la Force remontait vers la Féodalité expirante pour y chercher des types, des émotions et des effets, et se détournait avec mépris de cette société à âme de soixante-dix ans dont il avait écrit encore cette autre phrase : « À Paris, quand l’amour se jette par la fenêtre, c’est toujours d’un cinquième étage », pour en marquer la décrépitude ; car la vieillesse, comme l’immoralité, comme l’athéisme, comme les révolutions, descend dans les peuples au lieu d’y monter, et c’est ordinairement par la cime que les sociétés commencent à mourir.

1864. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Eh bien, je m’en vais vous le dire, pourquoi, car, pour être ennuyé, il ne faut pas être dupe : c’est que ces choses-là font à l’éditeur l’effet d’être très intéressantes, très importantes, absolument comme les détails que Garat nous donnait sur Suard, et que personne ne lit plus, paraissaient très importants au pauvre Garat !

1865. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Ainsi que l’atteste la Correspondance, l’imagination de cette amoureux de la Passion et de la Force remontait vers la Féodalité expirante, pour y chercher des types, des émotions et des effets, et se détournait avec mépris de cette société, à âme de soixante-dix ans, dont il avait écrit encore cette autre phrase : « A Paris, quand l’amour se jette par la fenêtre, c’est toujours d’un cinquième étage », pour en marquer la décrépitude ; car la vieillesse, comme l’Immoralité, comme l’Athéisme, comme les Révolutions, descend dans les peuples au lieu d’y monter, et c’est ordinairement par la cime que les sociétés commencent de mourir.

1866. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Un auditeur qui se croit touché, l’est donc véritablement : or, on ne donne point ce qu’on n’a point ; on ne peut donc vivement toucher les autres sans être touché vivement soi-même, soit par le sentiment, soit au moins par l’imagination, qui produit en ce moment le même effet. […] L’éloquence ne consiste proprement que dans des traits vifs et rapides ; son effet est d’émouvoir vivement, et toute émotion s’affaiblit par la durée. […] Quel effet n’eût point produit la péroraison pro Milone, prononcée par ce grand orateur ! […] La réunion de la justesse et de l’harmonie, portées l’une et l’autre au suprême degré, était peut-être le talent supérieur de Démosthène : ce sont vraisemblablement ces deux qualités qui, dans les ouvrages de ce grand orateur, ont produit tant d’effet sur les Grecs, et même sur les Romains, tant que le grec a été une langue vivante et cultivée ; mais aujourd’hui, quelque satisfaction que ses harangues nous procurent encore par le fond des choses, il faut avouer, si on est de bonne foi, que la réputation de Démosthène est encore au-dessus du plaisir que nous fait sa lecture.

1867. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Et n’est-ce pas railler que de prétendre, avec de subtils syllogismes déduits dans une préface, contrebalancer l’effet des tableaux désespérants qu’offre le roman ? […] La loi qui rattache les événements aux doctrines, comme l’effet à la cause, n’est-elle pas une de celles qui ressortent le plus clairement de l’étude des révolutions humaines ? […] Nous voulons donc étudier ici, dans leurs symptômes et leurs effets généraux, les maladies morales que la littérature a inoculées aux générations contemporaines, ou dont elle a développé en elles le germe. […] Ne dirait-on pas, à l’entendre, que ces deux choses sont inséparables et liées entre elles comme la cause à l’effet ? […] Non sans doute que nous soyons par là devenus capables des crimes auxquels nous nous intéressions : mais ce n’est jamais en vain que le sens moral s’éteint à un tel point dans une société, et de semblables dépravations de l’esprit ont infailliblement pour effet d’y surexciter les instincts grossiers et tous les appétits sensuels.

1868. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Loti est justement la proportion ; il n’exagère rien, et ses « effets » ne sont produits que par l’absolue relation des parties entre elles. […] C’étaient les morues qui exécutaient leurs évolutions d’ensemble, toutes en long dans le même sens, bien parallèles, faisant un effet de hachures grises, et sans cesse agitées d’un tremblement rapide, qui donnait un air de fluidité à cet amas de vies silencieuses. […] ……………………………………………………… Le bonheur fait l’effet, ne l’éprouves-tu pas, Qu’on est chaque matin remariés tout bas ? […] Mario Uchard a eu cette chance singulière, à l’encontre des romanciers qui deviennent dramaturges, de commencer par apprendre le théâtre, d’y débuter brillamment et d’apporter dans ses livres le sentiment de « l’effet », de l’ordre, du classement, qui en rendent la lecture si attrayante. […] L’effet de toute la séance n’a été qu’un long triomphe pour le grand poète et ses interprètes.

1869. (1923) Au service de la déesse

Or, les faits, si nombreux et enchevêtrés, on n’aura jamais fini de les ranger en lignes de causes et d’effets, en lignes rigoureusement conséquentes. […] Cette hypocrisie ou cette pudeur a pour effet de rapetisser l’amour. […] C’est par les mots abstraits qu’il obtient des effets qui l’ont sans doute le mieux enorgueilli. […] Il est l’effet d’une intolérance, l’impossibilité de rester à la même place, d’être là, de subsister. […] Drieu La Rochelle tire, de son vers extrêmement libre ou de sa prose un peu contrainte, des effets remarquables.

1870. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

On peut même assurer que s’il recherche les lieux sombres, c’est parce que le lustre qu’il y suspend fera là, plus qu’ailleurs, son effet d’éblouissement. […] Dédaigneux d’arriver à un effet d’ensemble, il ne dirige pas les diverses parties de son œuvre vers une situation centrale, qui soudainement les éclairera toutes et fera voir d’un coup le roman. […] Moi, je vous assure que le nez doit rester au milieu du visage et que votre innovation est d’un fort mauvais effet. […] Janin, avec son interminable et vide phraséologie, me fait l’effet d’un individu qui, ayant une personne à dîner, demanderait pour lui et son invité un salon de deux cents couverts. […] Au bout de quelques mois d’exercices, le moindre fabuliste de province disloquera son vers très convenablement, je le lui garantis, et fera des effets de césure ou de rejet — comme on fait des effets de muscles — à ravir toute une galerie de gobe-mouches littéraires.

1871. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Nous n’avons pas le droit d’en appeler des décisions de Rome en matière de foi, ni celui de rouvrir la querelle, ni celui de prétendre qu’à défaut du jansénisme une autre cause n’en eût pas opéré les effets ; mais nous avons le droit de lui rapporter ces effets, s’ils sont siens ; et d’affirmer que, dans l’histoire de notre littérature, la victoire de l’idée janséniste a été le triomphe de l’idée chrétienne. […] Et enfin, sans presque y tâcher, je veux dire par le seul effet de l’exemple et de l’autorité, si Louis XIV, en les mêlant aux « gens de cour », a obligé les « gens de lettres » à dépouiller insensiblement je ne sais quelle morgue bourgeoise ou quelle rouille pédantesque dont ils étaient encore comme encrassés ; s’il les a mis ainsi du nombre des « honnêtes gens » ; s’ils ont acquis, au contact et dans la fréquentation des hommes d’État, des « gens du monde », et des femmes, quelques qualités qui ne germent point d’ordinaire dans l’arrière-boutique d’un « maître tapissier » ou dans le ménage d’un greffier du Palais, méconnaîtrons-nous aujourd’hui la grandeur du service ainsi rendu à la littérature française ? C’est en effet à ce moment, sous l’influence et par un effet du concours de toutes ces causes, que la littérature devient vraiment humaine, dans le sens le plus large du mot, en même temps que vraiment naturaliste ou naturelle. […] Mais il resterait à montrer comment ou pourquoi la France s’est trouvée investie de cette « prérogative » ; et, sans entreprendre ici cette recherche un peu longue, n’est-il pas permis de penser que le caractère de notre littérature, celui de la civilisation française du temps de Louis XIV, et l’influence enfin de Louis XIV lui-même ne sont pas tant à ce point de vue même des effets que des causes ? […] On ne tarde pas à voir l’effet de ces idées nouvelles, ou, pour mieux dire, de cette nouvelle orientation de la curiosité, jusque chez les partisans eux-mêmes de l’antiquité, dans les Caractères de La Bruyère, par exemple, ou dans le Télémaque de Fénelon, qui datent respectivement, la dernière édition des Caractères, de 1696, et le Télémaque de 1699.

1872. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Les dégoûts, les froissements et les résistances de la société humaine le jettent dans des abattements profonds, dans de noires indignations, dans des désolations insurmontables, parce qu’il comprend tout trop complètement et trop profondément, et parce que son œil va droit aux causes qu’il déplore ou dédaigne, quand d’autres yeux s’arrêtent à l’effet qu’ils combattent. […] Le deuxième acte est simple et naïf, d’un effet immense et cependant sans événement. […] — Qu’on juge de l’effet. — Le sentiment avait noyé le sophisme ; il n’y a pas de critique devant une larme.

1873. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Charrière s’est volontairement attirées, j’ai prié l’auteur de revoir attentivement mon travail, et il s’est prêté à ma demande avec beaucoup d’obligeance ; il a même consenti à rétablir quelques passages qu’il avait cru devoir prudemment supprimer dans l’œuvre originale et qui, par un cachet particulier de vérité, ajoutent encore à l’effet qu’elle produit dans son ensemble. […] Il possédait vingt-deux roubles et demi qui, ainsi que tous ses effets, seront envoyés par mes soins aux personnes de sa famille qui ont droit à cet héritage. […] Pour ma part, j’avais rarement entendu une voix plus touchante ; elle était, il est vrai, un peu fêlée, et je lui trouvai même une langueur maladive, mais elle exprimait en même temps la passion, l’insouciance de la jeunesse et une vigueur mêlée de tendresse dont l’effet était irrésistible.

1874. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Turgan, que nous voyons là, pour la première fois, cherche laborieusement des effets. […] On causait ce soir des puissances et des effets de la transmission du sang. […] Et la description de ces femmes est remplacée, je ne sais par quelle transition, dans la bouche de Penguilly, par les effets du canon.

1875. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Alors sa parole retourne à Rome, avouant que pendant qu’il était là-bas, sa pensée appelait tout le temps la mort du pape, appelait le spectacle d’un conclave, qu’il est en train de mettre en scène, avec une documentation très à effet, très dramatique. […] Un effet vraiment original. […] L’effet de cet homme au scaphandre, avec cet appareil sur la figure, ressemblant à un masque antique : ç’a été comme une apparition dans une vision, dans le rêve d’un buveur d’opium… et cet homme vous parlant la tête au-dessus de l’eau, de ce bateau au fond de l’eau, grand comme un navire de ligne, avec un revêtement entier d’émail à l’extérieur, et à l’intérieur de plaques de marbre vert, de marbre rouge… J’ai vu, une fois, le plongeur rapporter une tête de lion avec un anneau dans la gueule — l’attache des barques qui s’accotaient au navire… mais la merveille, jusqu’à ce jour retrouvée, est une tête de Méduse. » Jeudi 14 novembre Ce soir, chez Daudet, Larroumet cause curieusement du Maroc, qui est comme le dernier asile du vieil islamisme, et où les supplices auraient une qualité de férocité, dégotant ceux de la Chine.

1876. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

On pourrait montrer quels puissants effets les modernes ont tirés de ce type fécond sur lequel une critique étroite s’acharne encore de nos jours. […] Nous concevons qu’on pourrait dire : — Il y a dans des changements trop fréquents de décoration quelque chose qui embrouille et fatigue le spectateur, et qui produit sur son attention l’effet de l’éblouissement ; il peut aussi se faire que des translations multipliées d’un lieu à un autre lieu, d’un temps à un autre temps, exigent des contre-expositions qui le refroidissent ; il faut craindre encore de laisser dans le milieu d’une action des lacunes qui empêchent les parties du drame d’adhérer étroitement entre elles, et qui en outre déconcertent le spectateur parce qu’il ne se rend pas compte de ce qu’il peut y avoir dans ces vides… — Mais ce sont là précisément les difficultés de l’art. […] Cette touche heurtée, qui me choque de près, complète l’effet et donne la saillie à l’ensemble.

1877. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Ses études littéraires, d’ailleurs documentées, précises et savantes, me font l’effet d’une sorte de manuel héroïque. […] « Je souffrirai peut-être encore, mais si dure puisse-t-elle être, je me dirai que ma souffrance n’est qu’un effet transitoire accidentel, que, cependant, les essences de la joie continuent à planer dans les espaces, plein de pitié pour leur contraste nécessaire : je suis entré dans l’Éternel. […] Un grand poète peut en tirer des effets d’harmonie merveilleux, mais les « fumistes », je l’avoue, en obtiennent des cacophonies épouvantables, car une telle forme ne supporte pas aussi facilement la médiocrité qu’une strophe rigide.

1878. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Que si l’on nous reproche la franchise absolue de notre opinion et surtout, la clarté des formules à l’aide lesquelles nous l’exprimons, nous renverrions les mécontents au second volume de l’Essai sur la littérature anglaise, au chapitre intitulé : Effet de la critique sur les langues ; critique en France ; nos vanités ; mort des langues. […] Car s’il est vrai que Hume et Berkeley, en partant de la doctrine de Locke, sont arrivés, l’un à douter des relations légitimes de cause et d’effet, l’autre à nier l’existence de la matière, il est également vrai que la philosophie française du xviiie  siècle n’a souscrit ni au doute de Hume, ni à la négation de Berkeley. […] La plus belle page de Tacite, mise en scène, pourrait très bien ne produire qu’un effet assez médiocre. […] La machine qui vous paraissait complète eût été impuissante à produire les effets résolus par l’auteur. […] Je serai franc dans tout ce que je dirai, je n’inventerai rien, je n’essayerai pas de grossir ce que j’ai vu, d’exagérer les confidences que j’ai reçues ; je ne chercherai pas l’effet aux dépens de la fidélité ; j’accomplirai religieusement les devoirs de l’historien, mais je ne serai jamais personnel.

1879. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Fromentin reproche à la Leçon d’Anatomie de dissimuler la mort, le cadavre, pour les remplacer par un effet de lumière, et à la Ronde de Nuit d’avoir tout sacrifié à une lumière artificielle, à un effet de vision. […] Jamais on n’avait rien dit sur la Descente de Croix de plus délicat, de pensé plus pittoresquement et avec plus de religion à la fois, que ceci : « Vous n’avez pas oublié l’effet de ce grand corps un peu déhanché, dont la petite tête maigre et fine est tombée de côté, si livide et si parfaitement limpide en sa pâleur, ni crispé, ni grimaçant, d’où toute douleur a disparu et qui descend avec tant de béatitude, pour s’y reposer un moment, dans les étranges beautés de la mort des justes. […] Il est évident que le tableau est violemment rompu en deux scènes antithétiques, mais cette antithèse voulue est de celles dont un auteur tire son plus foudroyant effet d’unité. […] Il fait ressortir dans ce tableau lui-même miraculeux la simplicité des moyens et la puissance de l’effet. […] Mais il nous suffit qu’il s’agisse de femmes « fortes et volontaires », de qui le cœur est sans doute riche de despotisme brûlant, et qui, ayant repéré en Amiel un faible à dominer, ont marqué, par l’effet d’un sûr instinct, sur sa nature fuyante la place par où tenter la prise la plus solide.

1880. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Quasimodo et Claude Frollo sont d’un bon effet sous les voûtes de l’église, sur la galerie qui unit les deux tours, sur la dentelle qui les couronne ; il les dessinera donc pour compléter le tableau. Mais ne lui dites pas de placer plus près de vous ces points qu’il a baptisés du nom d’homme ; car, en les rapprochant, il diminuerait l’effet pittoresque de son église ; la pierre et l’étoffe reprendraient le rang qui leur appartient, et le plaisir des yeux, le seul qu’il ait en vue, ne serait plus tel qu’il l’a voulu, exclusif, souverain. […] Sans doute il est permis de reprocher à l’impertinence de Célestin Herbeau une verve surabondante qui ne sait pas toujours s’arrêter à temps ; mais cette tache légère ne détruit pas l’effet général de la composition. […] Il n’y a pas jusqu’à la vieille Marthe qui n’intéresse et n’ajoute à l’effet du tableau. […] Cette première entrevue du légat et du roi devait produire un effet imposant.

1881. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

La couleur locale, que Parny n’avait pas eu l’idée d’employer en 1778, lui souriait peut-être davantage depuis qu’il en avait vu les brillants effets et le triomphe180. […] Dans tous les cas, l’effet littéraire fut à merveille.

1882. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Ainsi se forme en lui le modèle idéal qui, obscur ou distinct, achevé ou ébauché, va dorénavant flotter devant ses yeux, rallier toutes ses aspirations, tous ses efforts et toutes ses forces, et l’employer à un seul effet pendant des siècles, jusqu’à ce qu’enfin renouvelé par l’impuissance ou la réussite, il conçoive un nouveau but, et reprenne un nouvel élan. […] Le cottage est propre ; il y a là des habitudes d’ordre ; les assiettes à dessins bleuâtres, régulièrement rangées, font un bon effet au-dessus du buffet brillant ; les carreaux rouges ont été balayés, il n’y a pas de vitres cassées, ni salies ; point de portes disjointes, de volets dépendus, de mares stagnantes, de fumiers épars, comme chez nos villageois ; le petit jardin est purgé de toutes les mauvaises herbes ; souvent des rosiers, des chèvrefeuilles encadrent la porte, et, le dimanche, on voit le père, la mère assis près d’une table bien essuyée, avec du thé et du beurre, jouir de leur home, et de l’ordre qu’ils y ont mis.

1883. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

J’étais revenu le matin, à midi, le soir, étudier les différents effets des heures du jour sur cette statue du Génie de la Mort. […] C’est le plus sublime effet de ruines que les hommes ont jamais pu produire, parce que c’est la ruine de ce qu’ils firent jamais de plus beau !

1884. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Tel fut l’effet produit sur les êtres sensibles quand le Lépreux de la cité d’Aoste parut, — l’évangile de la douleur. — Il lui manquait une page que Job lui-même n’avait pas écrite : la suprême douleur de l’isolement dans le martyre. […] Mais celui qui, comme une harpe éolienne, s’abandonne au vent et ne sait pas d’avance l’effet qu’il veut produire, voilà l’homme qui ne manque jamais son coup, voilà ton oncle, voilà mon écrivain !

1885. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ce que Pascal imagine pour rendre sa matière agréable, pour être enjoué en restant sérieux, savant sans fatiguer de sa science ; ce qu’il déploie d’invention pour faire sortir la vérité d’où on l’attend le moins, et pour en rendre l’effet plus sûr, rappelle toutes les grâces des Dialogues de Platon, auxquels on a judicieusement comparé les Provinciales. […] Je ne le vois pas, sans regret, quitter la scène à la fin de la dixième Provinciale, alors que Pascal, passant tout à coup de la raillerie déguisée à l’attaque ouverte, et prenant le père à partie sur la maxime qui dispense d’aimer Dieu, l’exhorte à ouvrir les yeux et à se retirer des égarements de sa Société, ajoutant ainsi à l’effet moral de cette petite pièce par le sérieux du dénoûment.

1886. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Son évangile est celui dont la lecture a le plus de charme ; car à l’incomparable beauté du fond commun, il ajoute une part d’artifice et de composition qui augmente singulièrement l’effet du portrait, sans nuire gravement à sa vérité. […] Remarquer surtout l’effet étrange que font des passages comme Jean, XIX, 35 ; XX, 31 ; XXI, 20-23, 24-25, quand on se rappelle l’absence de toute réflexion qui distingue les synoptiques.

1887. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Nous avons raconté le drame sans l’interrompre d’aucune réflexion, afin de laisser sa valeur à chaque effet. […] À ne voir que la surface de notre société, c’est le matérialisme qui prédomine dans les hautes sphères de la pensée ; et comme l’effet suit la cause, c’est le réalisme à courte vue qui règne, en littérature.

1888. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Basée sur la Genèse qui nous apprend que l’homme a été créé à l’image de Dieu, que la terre immobile voit tourner autour d’elle le soleil et la lime chargés de l’éclairer le jour et la nuit, qu’un seul déluge a couvert le monde en punition des péchés des hommes ; fortifiée par les paroles que le Seigneur dit à Moïse dans le Deutéronome2, en lui enseignant que les lièvres sont des animaux ruminants, la science religieuse officielle a dû combattre de toutes ses forces, de tous ses anathèmes, de toutes ses inquisitions contre ces hommes trois fois saints qui recherchaient les effets et les causes, et les trouvaient infailliblement en dehors des dogmes imposés. […] Eh bien, donnez ce livre à un poëte, à un homme familiarisé avec les ressources du langage, avec la valeur des mots, avec la science des effets, et il vous fera trois volumes plus amusants que tous les romans, plus intéressants que toutes les chroniques, plus instructifs que toutes les encyclopédies.

1889. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Ainsi, peu avant la bataille d’Ivry (mars 1590), le président, qui est à l’affût d’un changement dans les dispositions du duc, s’empresse d’écrire à Villeroi, également jaloux d’attacher une négociation pour la paix publique, qu’il croit le moment propice, et le duc plus enclin à y prêter l’oreille que jamais : « Cette lettre me réjouit, dit Villeroi, étant dudit président qui était à la suite dudit duc, auquel il se confiait grandement, et qui était homme de bien et clairvoyant. » Mais la défaite d’Ivry, survenue dans l’intervalle, produit sur Mayenne un effet tout opposé à celui qu’on aurait pu croire : elle fait évanouir ses dispositions pacifiques ; il n’est plus question que de prendre une revanche.

1890. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Lieutaud, cela est tout simple, ne publia point sa réfutation : « Tous les deux firent alors ce qu’ils se devaient, nous dit Vicq d’Azyr, et ils en retirèrent les avantages qui sont l’effet nécessaire d’une justice réciproque.

1891. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Il imagine un cosmos plus clair et plus à la française que celui de M. de Humboldt : « Donnez ce livre à un poète, dit-il, à un homme familiarisé avec les ressources du langage, avec la valeur des mots, avec la science des effets, et il vous fera trois volumes plus amusants que tous les romans, plus intéressants que toutes les chroniques, plus instructifs que toutes les encyclopédies. » Cet agréable idéal que M. du Camp réclame, je crois voir qu’un de nos savants des plus lettrés, M. 

1892. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Voilà l’effet que produisait à première vue Fénelon sur celui qui admirait le plus Bossuet, et qui sortait de passer vingt années auprès de lui.

1893. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Je ne lis jamais de poète, ni d’ouvrage d’éloquence, qui ne laisse quelques traces dans mon cerveau ; elles se rouvrent dans les occasions, et je les couds à ma pensée sans le savoir ni le soupçonner ; mais lorsqu’elles ont passé sur le papier, que ma tête est dégagée, et que tout est sous mes yeux, je ris de l’effet singulier que fait cette bigarrure, et malheur à qui ça tombe !

1894. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Feydeau, à quelqu’un de ses amis romanciers ou dramaturges qui insistait sur la disparité des genres, aura dit : « Et pourquoi n’appliquerais-je pas la même faculté d’analyse et de plastique à l’étude, à la reconstitution d’un sentiment unique, d’une situation simple, et n’en tirerais-je pas des effets d’art ? 

1895. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Le Directoire faisait l’effet d’un arbre à moitié déraciné et déchaussé de toutes parts ; il ne s’agissait plus que de savoir de quel côté il tomberait, — à droite ou à gauche ?

1896. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Ne parlons point de cette passion ; je la déteste : quoiqu’elle vienne d’un fonds adorable, les effets en sont trop cruels et trop haïssables.

1897. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Très souvent un auteur, en écrivant, se jette dans l’excès ou dans l’affectation opposée à son vice, à son penchant secret, pour le dissimuler et le couvrir ; mais c’en est encore là un effet sensible et reconnaissable, quoique indirect et masqué.

1898. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Ils sont les premiers à reconnaître ; « Que l’imagination des auteurs, quand ils traitaient des sujets religieux dont les points fondamentaux étaient fixés par l’Ancien ou le Nouveau Testament, ne pouvait se donner carrière que dans quelques scènes épisodiques et dans le dialogue naïf, familier, souvent trivial, des personnages secondaires, tels que les bergers, les soldats, les démons ; que l’exactitude des tableaux, le langage plus ou moins vrai qu’on prêtait aux personnages, l’effet comique qui résultait des facéties de quelques-uns, constituaient le principal mérite de l’ouvrage aux yeux du public, et en faisaient tout le succès ; que toute espèce d’idée d’unité était absente de ces compositions et étrangère à la pensée des auteurs ; qu’on ne songeait nullement alors à disposer les faits de façon à les faire valoir par le contraste, à concentrer l’intérêt sur certaines scènes, à tenir en suspens l’esprit du spectateur et à l’amener de surprise en surprise, de péripétie en péripétie, jusqu’au dénouement.

1899. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Heureusement pour la postérité et pour ce pauvre Don Quichotte, si souvent en péril de ne pas naître, la demande de Cervantes resta sans effet.

1900. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

que cette timidité de bon goût et un peu excessive chez Mlle de Guérin est bien l’opposé de la manière osée, hardie, attaquante, de Mme de Gasparin qui, elle, ne trouve rien de trop franc à son gré, qui cherche, bien loin de les fuir, les notes aiguës, vibrantes, stridentes même, si elles rendent leur effet !

1901. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Ainsi l’on y vit l’effet des prières de la bonne mère abbesse de Port-Royal, grande tante de l’épouse, et de l’excellent ami que vous allez reconnaître, monsieur, à son style ordinaire auquel vous êtes fait102.

1902. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Combien, si l’on n’y prend pas garde, combien, à voir toutes ces bonnes intentions imparfaites, ces velléités d’avant 89 déjouées et non suivies d’effet, on est tenté par moments, et en désespoir de cause, de donner raison aux Chamfort !

1903. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Le joujou fit son effet ; une peur chassa l’autre, et les deux coopérateurs furent à leur poste.

1904. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Il y a de ces mots que je n’aime pas à la fin des vers, gloutons, béant, infâme, mots trop crus, trop bruyants et claquants, pour ainsi dire, qui sont faits pour déplaire, à moins qu’il n’y ait nécessité expresse dans le sens de la pensée, et qu’on ne veuille à toute force insister dessus : mais, quand on ne les emploie qu’à titre d’épithète passagère et courante, ou d’utilité de rime, ils me font l’effet d’un cahotement, d’une détonation.

1905. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

On en a tant vu, qu’un peu de langueur même repose, rafraîchit et fait l’effet plutôt de ranimer.

1906. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Il y a là un autre M. de Léonard qui n’est pas le nôtre, mais une espèce d’ingénieur du Prince, et qu’il s’agit de capter en tout honneur : une boîte d’or avec portrait de Sa Majesté paraît produire un effet merveilleux.

1907. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Don libre et gratuit, irréductible comme tel à la forme d’un devoir, l’amour est le bien souverain, principe, effet et signe de toute noblesse et de toute valeur.

1908. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Je vous assure que ces simples lignes, à leur place, sont d’un très grand effet.

1909. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Les producteurs manquent de recul pour juger ce qu’ils font et l’effet que leur volonté produira sur l’époque.

1910. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Les uns et les autres se distinguent en l’essence et en l’effet, point en l’exécution.

1911. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

« Que la société par exemple s’oriente dans un sens individualiste et loue les procédés d’éducation qui peuvent avoir pour effet de faire violence à l’individu, de méconnaître sa spontanéité interne, apparaîtront comme intolérables et seront réprouvés.

1912. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Nos jeunes compositeurs, encore qu’ils s’en défendent comme de beaux diables, ont pris à Berlioz un constant amour des effets pittoresques ; ils eu mettent à tout propos dans leur musique, là même où le glorieux auteur de la Damnation dì Faust se serait gardé d’en introduire.

1913. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Vous entendez lire un passage, vous avez entendu Bachelou Macready, et l’on dit : « Imaginez Macready ou Rachel prononçant ce passage. » Vous voulez remanier le plan de votre jardin, c’est par une association constructive que vous pouvez imaginer l’effet qu’il produira, quand le nouveau plan sera réalisé.

1914. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

On dit qu’elle n’est plus si fort l’admiration de tout le monde, et que le proverbe a fait son effet en elle ; mon amie de Lyon (madame de Coulanges) m’en paraît moins coiffée.

1915. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Je n’insisterai pas sur les grandes scènes du roman, pas même sur celle du suicide, qui est encadrée magnifiquement, comme toujours, mais qui, telle qu’elle nous est racontée, manque son effet, et qui finit d’ailleurs assez ridiculement.

1916. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

La bienveillance, mais une bienveillance sentie et nuancée, je ne sais quoi de particulier qui s’adressait à chacun, mettait aussitôt à l’aise, et tempérait le premier effet de l’initiation dans ce qui semblait tant soit peu un sanctuaire.

1917. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Mais le temps marche si vite de nos jours, qu’on peut, dès à présent, apercevoir ses effets divers sur des œuvres qui, à leur naissance, paraissaient également vivantes.

1918. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Au moment où Mme Campan la revit après le retour de Varennes, la reine ôta son bonnet, et lui dit de voir l’effet que la douleur avait produit sur ses cheveux : « en une seule nuit ils étaient devenus blancs comme ceux d’une femme de soixante-dix ans ».

1919. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Leur premier chapitre est de prouver la Divinité par les ouvrages de la nature. » Et continuant de développer sa pensée, il prétend que ces discours, qui tendent à démontrer Dieu dans ses œuvres naturelles, n’ont véritablement leur effet que sur les fidèles et ceux qui adorent déjà.

1920. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Moi, spectateur, je passe mon temps à me figurer pour les autres des rôles que je dessine à plaisir, et qui me font l’effet d’être admirables, si on daignait seulement les réaliser.

1921. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Par une vision particulière pareille en son effet, à ces fusils photographiques, qui décomposent le vol d’une chauve-souris et le saut d’un gymnaste, M. de Goncourt arrête le portrait de la sœur de la Faustin, au sortir d’une, crise hystérique, dans sa promenade nerveuse par une salle de fin de dîner  décrit Chérie montant un escalier et, « balançant sous vos yeux l’ondulante et molle ascension de son souple, torse ».

1922. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Le contraste de l’air & des paroles faisoit un effet très-comique.

1923. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Cette loi extraordinaire, qui suppose une diminution cérébrale de 20 à 30 ans, doit être l’effet d’une illusion de l’opérateur on s’expliquer par quelque circonstance particulière20.

1924. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

On confond peut-être ici la cause avec l’effet.

1925. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Le succès de la prédication de saint Paul devoit produire un pareil effet sur un juif obstiné.

1926. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Mais quel doit être l’effet de ces difficultés ?

1927. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

C’était un gros tempérament comme elle était une grosse beauté… Avec l’exorbitance de son orgueil, et de sa chevelure aux longs tire-bouchons effarés autour de son visage, elle devait se faire à elle-même l’effet de quelque Mirabeau, femme et poëte ; — mais pour tout le monde elle resta toujours une plébéienne de son port, une espèce de poissonnière ou d’écaillère superbe, qu’on se représente les poings aux hanches, l’œil allumé, la bouche ouverte à l’invective ; vomitoire jaillissant dont le malheureux d’Arpentigny avait senti l’éclaboussure !

1928. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

C’est la décrépitude et presque l’agonie : il semble que les plus énergiques efforts pour restaurer cette ruine doivent demeurer sans effet.

1929. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Le spectre de Banquo, la statue du Commandeur, me font l’effet d’apparitions moins effrayantes que cet homme, gardien taciturne de l’honneur conjugal menacé, implacable incarnation de la loi sociale. […] Pour clore sa brochure, c’est à ses confrères qu’il distribue des coups de boutoir ; et la littérature actuelle, prise en masse, ressent les derniers effets de cette éducation — ébauchée au contact des moins nobles échantillons du règne animal. […] Il s’en exhale çà et là comme un parfum de cruauté, une sorte de saveur haineuse et d’implacabilité préconçue, qui produisent sur l’imagination du lecteur l’effet du miroitement d’une hache. […] Madame Plessy, — et j’aurais dû commencer par elle me fait l’effet, — d’une grande dame qui aurait eu pour institutrice une chatte. […] La plantureuse actrice cherche dans les éclats de voix les effets ratés par son jeu, et il faut bien avouer que, si elle parvient un moment à émouvoir son public, elle réussit presque toujours à l’assourdir.

1930. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Oui, en ses années de vie entière et puissante, instinctivement et par l’effet d’une sympathie, d’une curiosité impétueuse, elle aspirait, on peut le dire avec éloge, elle aspirait à une vaste cour, à un empire croissant d’intelligence et d’affection, où rien d’important ou de gracieux ne fût omis, où toutes les distinctions de talent, de naissance, de patriotisme, de beauté, eussent leur trône sous ses regards : comme une impératrice de la pensée, elle aimait à enserrer dans ses libres domaines tous les apanages. […] L’effet de sa parole est toujours sociable, conciliant, allant à l’amour de nos semblables. […] Si le livre de la Littérature avait produit un tel effet, le roman de Delphine, publié à la fin de 1802, n’en produisit pas un moindre. […] Mme de Staël, sensible à ces effets, et atteinte déjà d’un mal croissant, se réfugiait ou dans la famille, ou, plus haut, dans la fidélité à Celui qui ne peut nous être infidèle.

1931. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Effets du caractère concentré et solitaire. —  Son austérité. —  Son inexpérience. —  Son mariage. —  Ses enfants. —  Ses chagrins domestiques. […] Son mari, voyant cet effet, ajoute en casuiste accrédité : « Ne sois pas triste ; le mal peut entrer et passer dans l’esprit de Dieu et de l’homme sans leur aveu, et sans laisser aucune tache ou faute derrière lui. » On reconnaît l’époux protestant confesseur de sa femme. […] Il s’agit d’une loi qui a de mauvais effets, et sur laquelle il veut justifier son gouvernement. […] Tel est l’effet de sa peinture de la Création.

1932. (1842) Discours sur l’esprit positif

Qu’il s’agisse des moindres ou des plus sublimes effets, de choc et de pesanteur comme de pensée et de moralité, nous n’y pouvons vraiment connaître que les diverses liaisons mutuelles propres à leur accomplissement, sans jamais pénétrer le mystère de, leur production. […] On ne peut d’abord méconnaître l’aptitude spontanée d’une telle philosophie à constituer directement la conciliation fondamentale, encore si vainement cherchée, entre les exigences simultanées de l’ordre et du progrès ; puisqu’il lui suffit, à cet effet, d’étendre jusqu’aux phénomènes sociaux une tendance pleinement conforme à sa nature, et qu’elle a maintenant rendue très familière dans tous les autres cas essentiels. […] Lorsque, par exemple, la théologie protestante tendait à altérer gravement l’institution du mariage par la consécration formelle du divorce, la raison publique en neutralisait beaucoup les funestes effets, en imposant presque toujours le respect des mœurs antérieures, seules conformes au vrai caractère de la sociabilité moderne. […] Cette heureuse condensation résulte d’une irrécusable appréciation, puisqu’il existe, en, effet, une plus grande affinité naturelle, soit scientifique, soit logique, entre les deux éléments de chaque couple qu’entre les couples consécutifs eux-mêmes ; comme le confirme souvent la difficulté qu’on éprouve à séparer nettement la mathématique de l’astronomie, et la physique de la chimie, par suite des habitudes vagues qui dominent encore envers toutes les pensées d’ensemble ; la biologie et la sociologie surtout continuent à se confondre presque chez la plupart des penseurs actuels.

1933. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Je ne médirai point de Lamartine, mais ses larmes m’ont toujours fait un peu l’effet de pierreries. […] Il voit les avenues des effets ou des causes avec une sûreté de regard parfaite. […] Point d’effets cherchés, point de hâte, rien d’extrême. […] Les bosses du sol, des animaux, des arbres et des bossus proéminent par l’effet du rire. […] L’artiste qui recherche les effets de terreur devient un anxiomane.

1934. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Elle en est le terme, car, suivant que le corps social est sain ou malade, cette cellule familiale est elle-même saine ou malade, en sorte qu’elle est tout ensemble, cause et effet. […] L’expérience se rencontre sur ce point avec la métaphysique qui ramène tous les rapports possibles entre les êtres à ces trois expressions : cause, moyen, effet.‌ […] Et passant de cet effet à cette cause, M.  […] Pour corriger l’effet de cette pression quotidienne, à quel moment a-t-on suscité chez lui le sens de la responsabilité individuelle ? […] La nouvelle, ainsi comprise, fait songer à certains effets, voisins, semble-t-il, du tour de force, où se complurent pourtant de célèbres artistes de la Renaissance, entre autres Mantegna.

1935. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

. — J’ai reçu l’effet… que vous m’avez adressé. […] — Boulogne, le.. venddr, l’an 3me de la République française, une et indivisible. — Citoyen, en exécution de l’article dix du titre sept de la loi du 21 pluviôse, relative aux secours, je te préviens que tu as été cotisé à une somme de 50 fr pour être employée au payement d’avance du trimestre de venddr au pre nivôse des secours dus aux familles des défenseurs de la République. — Je te requiers en conséquence, sous les peines portées en l’article 13 du titre 7 de la loi ci-dessus, de payer sous huit jours, entre les mains du citoyen Marsan, nommé à cet effet par les commissaires distributeurs, le montant de ta cotisation ; cette somme te sera remboursée aussitôt l’arrivée des fonds destinés à cet objet. — Salut et Fraternité.

1936. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ce qu’il y avait d’inouï et de particulièrement merveilleux dans ces retours de royales destinées et dans ces péripéties qui, pour peu qu’on n’y opposât pas de prévention très-contraire, semblaient aisément une indication de la Providence, ce qu’il en sortait de dramatiques et irrésistibles effets ajoutait encore à l’explosion des sentiments et leur donnait un caractère d’enthousiasme. […] Témoin de l’effet produit par cette lecture sur quelques-uns des plus vigoureux esprits de l’école, je puis affirmer combien cela fut direct et prompt.

1937. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Et pourtant (et c’est ce qu’il faut redire encore en finissant) qui fut jamais meilleur, à la fois plus dévoué sans réserve à la science, et plus sincèrement croyant aux bons effets de la science pour les hommes ? […] On aperçoit des relations entre les premiers par la comparaison, entre les seconds par l’observation des effets que produisent les causes.

1938. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Nouvelle preuve du travail sourd qui se passe au plus profond de notre être, hors des prises de notre conscience, et nouvel exemple des combinaisons latentes, compliquées, innombrables dont nous n’apercevons que les totaux ou les effets. […] Seulement nous savons que ces systèmes sont tous des ondes, et nous mesurons la vitesse de chaque onde et sa longueur ; à cause de cela, nous pouvons définir exactement le déplacement élémentaire dont la répétition forme chaque système, montrer que, d’un système à l’autre, les déplacements élémentaires ne diffèrent que par la quantité, les ramener tous à un type unique, désigner l’action élémentaire correspondante du nerf optique et du cerveau, conclure à l’existence d’une sensation optique élémentaire dont les répétitions prodigieusement rapides et multipliées constituent les sensations totales de couleur que nous remarquons en nous. — Par malheur, la chimie n’est pas aussi avancée que l’optique ; elle ne fait que constater ses systèmes de déplacements, tandis que l’autre définit et mesure les siens ; il faut attendre qu’elle puisse, comme sa rivale, figurer les événements prodigieusement petits dont elle ne sait que l’effet final. — Mais, visiblement, dans les deux cas le problème et la solution sont semblables.

1939. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

« Enfin, si je manque à la parole que j’avais donnée à mes amis, ils doivent me le pardonner : c’est l’effet de cette variation attachée à l’esprit humain, dont personne n’est exempt, excepté ces hommes parfaits qui ne perdent pas de vue le souverain bien. […] Matière délicate, vous le savez, sur laquelle souvent un faux bruit fait autant d’effet que la vérité même.

1940. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Ce que tu me dis de Chambéry m’a serré le cœur ; je suis cependant bien aise que tu aies vu par toi-même l’effet inévitable d’un système dont nous avons eu le bonheur de te séparer entièrement. […] Il vise à l’effet autant qu’à la vérité ; il délecte trop dans l’esprit cette grimace amusante, mais subalterne, du génie.

1941. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Thiers ici ne peint pas d’un mot, comme Tacite, mais il produit par un autre procédé le même effet que l’historien romain : il décompose si bien les différents mobiles de toutes ces abjections de caractère et de toutes ces apostasies de principes, dans les républicains assouplis de la Convention, qu’il rassasie son lecteur d’indignation, de dégoût et de mépris, ce supplice de l’histoire. Qu’importe le procédé, pourvu que l’effet soit produit ?

1942. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

XXIII La Nouvelle Héloïse, roman d’idée autant et plus que roman de cœur, eut un succès de style et un effet d’éloquence qui passionna toutes les imaginations pour l’écrivain. […] C’est que ce livre était de la nature des sophismes : il fut prestigieux, il ne fut pas naturel ; la nature seule a dans les livres des effets immortels.

1943. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Je prie ceux qui par hasard parcourront ces lignes de regarder ce que je dis à ce sujet comme un effet de ma reconnaissance pour le maître auquel je rapporte le peu que je sais, et non comme une louange de ma propre personne. […] Le jour suivant, il se rendit dans sa cellule à cet effet, ainsi que c’est l’usage parmi les cardinaux dans les conclaves.

1944. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Des merveilleux effets de l’amour divin   Le fils. […] Cet amour tendre et doux que vous éprouvez quelquefois est l’effet de la présence de la grâce, et une sorte d’avant-goût de la patrie céleste ; il n’y faut pas chercher trop d’appui, parce qu’il passe comme il est venu.

1945. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

La masse des lecteurs ne s’inquiète pas de l’effort, mais de l’effet ; la foule veut sentir, et non s’étonner : de là le discrédit croissant du vers et de la rime, qui ne nous semblent plus que des jeux de plume ou d’oreille. […] Parce qu’il est celui de tous ces genres de poésie qui se suffit le moins à lui-même, qui vit le moins de sa propre substance, et qui emprunte le plus de secours matériels aux autres arts pour produire son effet sur les hommes.

1946. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Le résultat le plus certain de toutes les observations qui déjà ont été faites, c’est que l’homme du Midi, tout en étant au fond le même que l’homme du Nord, est cependant plus expansif, et que l’homme du Nord, au contraire, par l’effet même des impressions que les circonstances extérieures produisent sur lui, est plus facilement reporté vers lui-même et vit d’une vie plus intime.  […] Au milieu de ce grand mouvement, un homme né à Kœnisberg, et qui, comme Socrate, ne sortit guère des murs de sa ville natale, publia un ouvrage de philosophie qui, d’abord peu lu et presque inaperçu, puis, pénétrant peu à peu dans quelques esprits d’élite, produisit, au bout de huit ou dix ans, un grand effet en Allemagne, et finit par renouveler la philosophie, comme la Messiade avait renouvelé la poésie.

1947. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

On a applaudi, et l’orateur, ainsi que les chefs de file qui étaient à sa gauche, ont obtenu l’effet voulu.

1948. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Après avoir décrit en une page d’une large et précise magnificence la physionomie générale du Cervin, par opposition à l’effet de Chamonix, il en vient à s’interroger sur les sources de son émotion : D’où vient donc, se demande-t-il en présence de cette effroyable pyramide du Cervin, d’où vient l’intérêt, le charme puissant avec lequel ceci se contemple ?

1949. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Le doge s’entendait à ménager ses effets, et à mettre en jeu ce qui restait du fonds démocratique dans le gouvernement vénitien de cette date : Quand la messe fut dite, le duc manda les députés, et leur dit, pour l’amour de Dieu, qu’ils priassent le commun peuple d’octroyer ce qui était convenu.

1950. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Je ne saurais mieux comparer l’effet continu de ces lettres ainsi réduites qu’à un festin dans lequel, sous prétexte de retrancher des aliments et des mets toute portion inutile ou grossière, on n’aurait servi que des gelées, des consommés, des sirops et des élixirs : on en est tout aussitôt rassasié.

1951. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Cette multitude d’aperçus et de premiers jets ressemble à la conversation d’un homme de beaucoup d’esprit, qui se lance dans tous les sens, brille, se répand et improvise sur des matières qui lui sont familières, sans but déterminé : « C’est que rien, disait M. de Meilhan parlant de lui-même, n’a jamais fait effet sur moi comme vrai, mais seulement comme bien trouvé. » La seule idée fixe est de combattre et de contredire M. 

1952. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Ailleurs, c’est plutôt dans l’emploi de certains mots rudement concis, et dans le tour presque latin, qu’on sent le contemporain de Pascal : Car enfin ne vous persuadez pas que Dieu vous laisse rebeller contre lui des siècles entiers : sa miséricorde est infinie, mais ses effets ont leurs limites prescrites par sa sagesse : elle qui a compté les étoiles, qui a borné cet univers dans une rondeur finie, qui a prescrit des bornes aux flots de la mer, a marqué la hauteur jusqu’où elle a résolu de laisser monter tes iniquités.

1953. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Revenant ailleurs sur cette idée d’une transformation qu’éprouvent à de certaines hauteurs les organes du corps et les facultés de l’esprit, il fait appel à tous ceux qui en ont, un jour ou l’autre, ressenti les effets dans l’ascension vers les hauts lieux : Quelque merveilleux que soit ce que j’avance, je ne manquerai point de garants, et je ne trouverai d’incrédules que dans le nombre de ceux qui ne se sont jamais élevés au-dessus de la plaine.

1954. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Michelet s’amuse ; lui aussi, on peut dire qu’il a une manie, celle de briller, de produire de l’effet, et il y réussit.

1955. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Thiers craint avant tout de pousser au tableau, à la couleur, au relief, à tout ce qui se détache et qui vise à un effet littéraire ou dramatique.

1956. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Mme de Staël dit que c’est par paresse que j’étudie tout cela ; elle voudrait me voir travailler pour produire un effet instantané, et c’est la chose pour laquelle j’ai le moins de goût.

1957. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

» Bonstetten est un des exemples les plus évidents des bons effets de cette gymnastique constante, variée, et diligemment pratiquée jusqu’au dernier jour.

1958. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Guizot ne se soit pas rendu compte de l’effet singulier que produirait ce morceau de diplomatie rétrospective, par comparaison surtout et après la guerre de Crimée.

1959. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Et toutes ces opinions ainsi énumérées et passées en revue, je ne puis m’empêcher d’ajouter encore : Une des plus grandes vanités de la gloire, même de la gloire littéraire, qui de toutes semble pourtant la plus authentique, c’est qu’un de ses premiers effets consiste, si elle vous saisit une fois, à vous changer plus ou moins et à vous défigurer.

1960. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Armand Lefebvre avait une forme d’esprit essentiellement tournée à la considération des causes et des effets, à la suite et à l’enchaînement des questions.

1961. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

L’effet, de sa part, suivit presque incontinent la menace : une épigramme sortit et courut aussitôt.

1962. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Une réaction tardive s’opérait en haut lieu : avec l’effet naturel du temps, il n’est pas défendu d’y deviner (me trompé-je ?)

1963. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

C’est ainsi que le lyrique même, grâce aux détails naïfs qui le retiennent et le fixent dans la réalité, ne fait pas hors-d’œuvre, et concourt directement à l’effet dramatique.

1964. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Quand la famille royale part pour Varennes, les retards accumulés qui la perdent sont un effet de l’étiquette.

1965. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

Les forces prennent la matière, la conforment et s’annoncent en se peignant à sa surface par leurs effets, se signifient et s’interprètent par les qualités qu’elles imposent à la matière… La véritable cause qui meut le cœur, l’estomac, les organes, est extérieure et supérieure à ces organes. » (Jouffroy, Esthétique, 132,145 ; Nouveaux mélanges, 233 à 273.)

1966. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Diderot s’entêtait : il forçait au bout de huit ans les résistances de l’autorité (1765), remettait l’édition en bon train avec une permission tacite, intéressait à l’entreprise Mme de Pompadour, Richelieu, Bernis, Choiseul, Malesherbes, Turgot, atténuait l’effet fâcheux de la désertion de son collaborateur, abattait à lui seul une effrayante besogne, écrivait, commandait, arrachait les articles nécessaires, et finissait par vaincre.

1967. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Car enfin on ne voit guère qu’un effet ordinaire de la dévotion soit de détourner les bourgeois opulents du souci de marier richement leurs enfants. » J’oubliais (volontairement ?

1968. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Tels vous font l’effet de ne manger pas ; parce qu’ils songent aux menus entre les repas ; pure illusion. — C’est au contraire le dilettante de sensibilité qui s’attarde à la sensation et à la fabrication artificielle et socialement inutile de la sensation.

1969. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Il en est d’autres, sorties parfaites de notre esprit, que nous restituons pour ainsi dire, dans leur intégrité, au genre humain, comme si nous ne les avions reçues qu’à titre de prêt ; lumières qui nous sont révélées, non pour en éblouir les autres, mais pour nous conduire nous-mêmes ; cause et non effet du peu que nous avons de sagesse.

1970. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Or, on ne peut nier que ces maximes empruntées par Jésus à ses devanciers ne fassent dans l’Évangile un tout autre effet que dans l’ancienne Loi, dans le Pirké Aboth ou dans le Talmud.

1971. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

À cet effet, elle attend, elle dissimule, elle prend sur elle pour la première fois de sa vie et contient ses mouvements.

1972. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Je suis bien aise de voir l’État respirer un moment, et je souhaite que le remplacement de nos ministres fasse un bon effet dans les affaires, que ceux qui leur succéderont soient meilleurs et ne deviennent pas pires.

1973. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

On pourrait citer des morceaux très travaillés et d’un gracieux effet, tels que celui qu’on lit dans son introduction sur l’antique mythologie : « Tous les matins ; une jeune déesse, etc… » ; et aussi la peinture célèbre du printemps de Délos : « Dans l’heureux climat que j’habite, le printemps est comme l’aurore d’un beau jour… » (Chap. 

1974. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Voilà ce qui explique pourquoi, dans les livres saints, l’idolâtrie est caractérisée par tous les détails, même les plus repoussants, de la prostitution, et pourquoi le culte du vrai Dieu est caractérisé à son tour par tous les effets et tous les charmes de l’amour.

1975. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Le romancier aura le droit de peindre toute la vie, telle qu’elle est, à l’exception des bas-fonds d’obscénité, qui ne sont pas du domaine de l’art ; il pourra étudier toutes les passions, leurs développements, leurs effets, tous les troubles mauvais de l’âme, et tous les crimes, aussi bien que les repentirs et que les autres actes de beauté morale.

1976. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

S’il se porte à des figures plus hardies, elles sont suivies, raisonnables, tirées d’objets ordinaires, préparées de loin, sans rien qui puisse étonner ou choquer, simples effets d’une éloquence passionnée, simples moyens oratoires, au même titre que les raisonnements et les faits : « La religion de Pascal, dit-il, n’est pas le christianisme des Arnaud et des Malebranche, des Fénelon et des Bossuet ; fruit solide et doux de l’alliance de la raison et du cœur dans une âme bien faite et sagement cultivée ; c’est un fruit amer, éclos dans la région désolée du doute, sous le souffle aride du désespoir. » Telle est l’imagination de l’orateur, bien différente de celle de l’artiste, qui est brusque, excessive, aventureuse, qui se plaît aux images nouvelles, qui frappe et éblouit le lecteur, qui se hasarde parmi les figures les plus rudes et les plus familières, qui ne se soucie pas d’élever, par des transitions ménagées, les esprits jusqu’à elle, et dont la folie et la violence mettraient en fuite l’auditoire que l’orateur doit se concilier incessamment pour le retenir jusqu’au bout.

1977. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Un dernier effet de l’inégalité est la haine de la loi.

1978. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Cette éloquence est la preuve et l’effet du zèle érudit de M. 

1979. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Entre une charmille de Versailles, une tragédie de Racine, la monarchie de Louis XIV et le reste, il existe des affinités certaines, qui ne sont pas le simple effet du hasard, mais résultent de conditions que doit démêler l’historien. […] Comment, dans ses rencontres étonnantes, démêler ce qui est l’effet de l’art et ce qui vient de la fortune ?  […] Là son talent faiblit un peu, non point par l’effet de l’âge — il resta jusqu’à la fin robuste comme un chêne — mais par cette inaptitude relative à l’abstraction qui déparait déjà certains chapitres de la Guerre et la Paix. […] J’aurais trouvé très drôle la fameuse plaisanterie du Jardin de Bérénice 18 si elle n’avait été suivie d’effet. […] D’ici peu, le manuel contemporain fera l’effet d’un cimetière.

1980. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

L’arrivée de la comtesse sa femme, du prêtre, sont absolument émouvants de détails, sans recherche d’effet, de mélodrame. […] C’est qu’impressions, anecdotes, sont écrites, racontées sans effort, en belle et bonne langue française, sans contorsions, sans impropriété voulue de termes, sans recherche de l’effet quand même. […] L’autre jour, après déjeuner, on apporte au maître un habit neuf d’académicien, nous l’avons essayé ensemble ; je dis nous, car il a voulu voir sur moi l’effet des palmes. […] — Oui, dit Lucile, les costumes me gênent et me font l’effet de gens indiscrets que je ne connais pas. […] C’était déjà la préoccupation de l’effet qu’il produisait, celle du « moi », à quelque prix que ce fût.

1981. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

» et ce qu’il disait lui faisait l’effet d’être dit à côté de lui. […] Les médecins n’ont plus leurs grandes perruques du temps de Molière, mais ils revêtent toujours la même gravité de prêtres d’Isis, d’astrologues, hérissés de formules cabalistiques avec des hochements de tête auxquels il ne manque, pour l’effet comique, que le bonnet pointu d’autrefois. […] Je pris à peine le temps de retourner chez moi, d’y faire prendre quelques effets de voyage et une lettre de crédit, puis je retournai au Palais-Royal. […] À ce tapage a succédé un assez long silence, et je crois que chacun se demandait quel serait l’effet produit par l’annonce de sa propre mort dans l’illustre assemblée. […] On m’en a rapporté des effets merveilleux, et je compte pousser l’expérience jusqu’au bout.

1982. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Ce fut d’un effet si fantastique et si surprenant que je me dressai pour écouter. […] Celui-ci devine l’indiscrétion et une scène du plus grand effet, très délicate de sentiment, éclate entre le père et la fille. […] Préparé, le dénouement n’avait aucune raison d’être, puisque l’effet voulu était la surprise. […] Je ne saurais vous dire par quel étrange et surnaturel effet ma mémoire était fraîche comme une aube d’avril, tout me revenait à la fois ; les moindres détails de cette époque heureuse m’apparaissaient nets, lumineux, éclairés comme par le soleil levant. […] Tout comme les concerts Lamoureux dont l’effet n’a été, jusqu’à présent, que de nuire aux compositions dramatiques au profit de la symphonie, les tendances à l’analyse, les études à la loupe, les efforts de naturalisme n’ont produit aucune œuvre théâtrale.

1983. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Dorneval et Fuzelier aidaient Lesage, et ces tourneurs de bel esprit en pointes, en épigrammes, en refrains, drus comme grêle, ils arrivaient à des effets qui ne peuvent être compris que par des peuples délivrés de la liberté de la Presse ! […] Séparé du drame dans lequel il est placé, ce fameux capitaine Paroles perd beaucoup de son effet. […] À chaque instant il faut se retenir pour ne pas tomber dans ce piège, à savoir le grand effet dramatique ! — En vain le drame se montre et se fait sentir à l’esprit de cette fillette sans expérience, et docile à toutes les impressions, ah la malheureuse, si elle cède à cette invitation, aux grands cris, aux grands effets, aux grands gestes… elle est perdue ! […] La grande déclamation de Gnaton, le parasite, est un de ces morceaux à effet qui plaisaient aux oreilles romaines, presque autant qu’aux oreilles des Grecs.

1984. (1886) Le naturalisme

Et je dis à gros coups de pinceau, parce que personne n’ignore que, pour Victor Hugo, les touches d’effet sont plus faciles que les coups de pinceau discrets et suaves ; aussi son réalisme est-il d’un effet puissant, mais pas si habile qu’on n’en voie la filandre. […] Même la valeur euphonique des mots et surtout leur vigueur, comme touches de lumière ou taches d’ombre, sont combinées chez Zola pour produire de l’effet, de même que la manière d’employer les temps des verbes. […] C’était un Alphonse Karr, un violoniste capricieux qui exécutait des variations sur un thème quelconque et le brodait d’arabesques délicates et d’un bel effet. […] Peut-être le public est-il indifférent à la littérature ; surtout à la littérature imprimée ; celle qui se représente lui produit plus d’effet.

1985. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Un jour que Margency la pressait sans succès et qu’elle le refusait avec la plus grande fermeté, il eut recours à ce dépit simulé dont on ne craint les effets que lorsqu’il n’est pas fondé. — « J’entends, madame, lui dit-il, vous ne m’aimez pas. » — Elle se mit à rire de ce propos comme d’une absurdité. […] Je prends presque au hasard, dans la suite complète des lettres de Rousseau à Mme de Verdelin, quantité de mots touchants et émus qui sont en parfaite contradiction avec le ton à demi ironique et aigre-doux qui règne dans la page des Confessions où il est parlé d’elle ; par exemple : « Votre éloignement me fait bien sentir ce que j’ai perdu ; vos bontés ne m’ont fait d’effet que quand elles m’ont été ôtées, et je puis vous dire d’un cœur vraiment pénétré qu’elles vous ont acquis un serviteur fidèle, qui le sera jusqu’à son dernier soupir.

1986. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Indépendamment de toutes ces impressions spontanées que la nature, sans l’assistance d’aucun art, produit sur l’âme, les arts, c’est-à-dire cette multiplication des effets de la nature sur les sens (car un art n’est que cela), les arts, disons-nous, multiplient à l’infini ces impressions de l’âme. […] Elle prend une toile chez le tisserand, elle prend une conception dans sa pensée, elle broie des couleurs sur une palette, elle trempe un pinceau dans les mille teintes de cette palette, et elle transporte, sur sa toile d’abord, le dessin des contours extérieurs des objets, hommes ou paysages, qu’elle a d’abord délinéés dans sa propre imagination ; puis elle colorie, en imitant les artifices et les effets d’optique qu’elle a étudiés dans la nature, les objets qu’elle veut produire ou reproduire aux yeux.

1987. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Racontons ce qu’on sait de ce mystère ; cela nous aidera à comprendre le prodigieux effet des peintures de ce jeune homme, dès qu’elles parurent aux regards du public. […] Telle inspiration, tel effet ; voilà le secret de l’impression qu’on produit dans tous les arts, soit avec la parole écrite, soit avec les notes, soit avec le pinceau ; car l’art, au fond, ne vous y trompez pas, ce n’est que la nature.

1988. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

XIV Une allusion transparente à l’effet produit sur ses yeux par la beauté de madame Dodwell et par sa ressemblance avec Juliette dans sa jeunesse interrompt une de ces lettres. […] Il était la fidélité bruyante ; il y parut, il y parla, et revint sans avoir produit autre chose qu’un effet poétique, des cheveux blancs sur une scène du passé.

1989. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

II Moi-même, n’ayant à cette époque d’autre littérature et d’autre opinion que l’opinion et la littérature banales, j’achetai à Paris, chez le grand Didot, la fameuse édition en douze volumes des déclamations classiques, appelées tragédies, une édition aussi de la vie amoureuse d’Alfieri, et je m’obstinai à m’en nourrir pendant trois ou quatre ans comme d’un évangile tragique, malgré le mortel ennui que je prenais candidement alors pour un effet du génie. […] Ayant pris terre sur cette côte et me lassant d’attendre que le vent redevînt favorable pour reprendre la route de Lerici, je laissai la felouque avec mes effets, et, prenant avec moi quelques chemises, mes écrits dont je ne me séparais plus et un seul de mes gens, j’enfourchai un bidet de poste, et, à travers les précipices de l’Apennin dépouillé, je me rendis à Sarzana, où je trouvai mes chevaux, et où il me fallut attendre la felouque plus de huit jours.

1990. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Si je ne me fusse pas trouvé auprès de mon amie en recevant ce coup si rapide et si inattendu, les effets de ma juste douleur auraient été bien plus terribles ; mais, quand on a quelqu’un pour pleurer avec soi, les pleurs sont moins amers. […] « Voilà donc plus d’une année que je regarde en silence et que j’observe le progrès des lamentables effets de la docte ignorance de ce peuple, qui a le don de savoir babiller sur toutes choses, mais qui ne peut en mener aucune à bonne fin, parce qu’il n’entend rien à la pratique des affaires et au maniement des hommes, ainsi que déjà l’avait finement remarqué et dit notre prophète politique, Machiavel. » — Les intérêts de mon amie, ajoute-t-il, me retiennent seuls à Paris. — Quels pouvaient être ces intérêts, si ce n’est de faire ratifier par M. 

1991. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

« Ma mère se consacra exclusivement à notre éducation et se crut obligée d’user de sévérité envers nous pour neutraliser les effets de l’indulgence de notre père et de notre aïeule. […] Le drame historique exige de grands effets de scène que je ne connais pas et qu’on ne trouve peut-être que sur place, avec des acteurs intelligents.

1992. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Lorsqu’il se fait entendre, ainsi qu’il arrive souvent, dans la sombre profondeur de quelque funeste marécage, l’âme se laisse aller à son charme puissant, et, par l’effet même du contraste, en éprouve d’autant plus de ravissement et de surprise. […] Ma condescendance et l’habitude de la soumission qu’avait ce malheureux produisirent leur effet : « Maître, dit-il, je suis un fugitif ; je pourrais peut-être vous tuer !

1993. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

L’Orient ne nous a pas donné la splendeur de l’imagination de ses poëtes, mais cette abondance prolixe que j’ai marquée plus haut, et la monotonie qui en est l’effet. […] D’autres passages du même caractère ; quelques pièces plus connues, dont la plus goûtée, Les fourriers d’esté sont venus est une description du printemps, où la grâce n’est pas sans recherche ; dans tout le recueil, une certaine délicatesse de pensées, qui trop souvent tourne à la subtilité ; des expressions plus claires que fortes ; des images abondantes, mais communes une pureté prématurée à une époque où la langue avait plus besoin de s’enrichir que de s’épurer ; bon nombre de vers agréables qui prouvent plus de culture que d’invention, et où l’on reconnaît l’effet de l’éducation maternelle plutôt que le génie national : ces titres, que je suis bien loin de dédaigner, ne valent pas qu’on dépossède Villon de son rang, au. profit d’un poëte, le dernier qui ait imité le Roman de la Rose, le premier, qui ait imité la poésie italienne.

1994. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Wagner choisit les mots les plus simples, les racines de la langue, et il ne craint pas à cet effet de reprendre dans leur forme primitive les mots tombés en désuétude ou bien décolorés par une littérature molle. […] Au dernier acte, des pièces d’artifice malencontreusement tirées pendant l’Incantation du feu ont nui à l’effet eu merveilleux final et les spectateurs se sont levés précipitamment.

1995. (1926) L’esprit contre la raison

On sent en effet dans ce texte toute la colère qui anime René Crevel ; l’écriture, déconcertante par ses métaphores filées jusqu’à la déraison, produit un effet d’accélération et de vertige. […] Alors se lèvent de hautains fantômes que ne tentent ni le romantisme du geste, ni les draperies, ni les effets de costume ou d’attitude.

1996. (1903) La renaissance classique pp. -

Mais en revanche, il est toujours permis de reprendre une tradition dont on a éprouvé les effets salutaires ; et lorsque cette tradition est si intimement liée non pas seulement aux habitudes intellectuelles d’une race, mais à l’existence même d’un pays, que cela devienne pour celui-ci une question de vie ou de mort, alors c’est une nécessité pressante, c’est un devoir d’y revenir. […] Les lignes gracieuses de l’antique édifice s’harmoniseront pour un effet d’ensemble.

1997. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Selon lui, et contrairement à Montesquieu, c’est la terreur seule qui fait la république : « Dieu veuille qu’elle ait de la vertu pendant six mois, elle sera détruite. » Il estime de bonne heure que le résultat le plus net de la Révolution de France et de ce qui s’y est passé en 93, sera de fortifier partout le principe monarchique ; ce régime de 93 aura fait l’effet de l’Ilote ivre et aura dégoûté de l’imitation : On verra plutôt, dit-il, des républiques devenir des royaumes que des royaumes devenir républiques.

1998. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

. — Quand tout s’est dit de part et d’autre, la raison fait insensiblement son effet ; le goût se perfectionne, et il s’affermit alors, parce qu’il est fondé en principe. — Il faut que les disputes des gens de lettres ressemblent à ces conversations animées, où, après des avis différents et soutenus de part et d’autre avec toute la vivacité qui en fait le charme, on se sépare en s’embrassant, et souvent plus amis que si l’on avait été froidement d’accord.

1999. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Enfin, Buffon a rendu à son pays le service le plus grand peut-être qu’il pût lui rendre, celui d’avoir popularisé la science par ses écrits, d’y avoir intéressé les grands, les princes, qui dès lors les protégèrent, et d’avoir ainsi produit des effets qui se perpétuent de notre temps et qui sont incalculables pour l’avenir.

2000. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Ce genre d’attaque, employé pour détruire l’effet d’un ouvrage religieux, est fort connu : il est donc probable que je n’y échapperai pas, moi surtout à qui l’on peut reprocher des erreurs.

2001. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Lorsqu’il eut quitté Metz pour s’établir à Paris, Bossuet en marqua aussitôt l’effet dans son éloquence, et, à le lire dans ses productions d’alors, on éprouve comme le passage d’un climat à un autre.

2002. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

De même dans l’ordre purement physique et en présence de la nature des montagnes, il va jusqu’au bout, il ne recule pas devant les sites bouleversés et désolés : mais il est surtout heureux si là où l’on s’y attendrait le moins, et en sortant des horreurs convulsives qui marquent les déchirements du globe, il retrouve tout d’un coup dans le spectacle de l’ensemble, et sous l’effet du soleil, de l’ombre et de la lumière, cette harmonie suprême qui fait le beau grandiose et le sublime.

2003. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

On remarquera même que dans ces discours qu’il prononce en différentes occasions, soit dans le conseil du prince comme en ce moment, soit dans les conseils des villes où il commande, soit pour exhorter ses soldats et compagnons, discours qu’il enregistre et recompose avec un soin évident, il nous rend au naturel quelques effets des historiens anciens, notamment de Tite-Live.

2004. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Elles font l’effet du son du cor ou du clairon, réveil du chasseur ou du guerrier.

2005. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Mes prédécesseurs vous ont donné des paroles avec beaucoup d’apparat, et moi, avec jaquette grise, je vous donnerai les effets.

2006. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Or, dans la littérature sacrée, il arriva que ce goût général et dominant produisit ses effets.

2007. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Il y a une suspension qui est imitative et d’un effet pittoresque : Il verse parmi l’air un peu de poudre… La plupart des critiques que l’on a adressées à la première manière ardue et rocailleuse de Ronsard trouveraient peu leur application, à considérer cette portion plus rassise de ses œuvres ; je lui reprocherais plutôt d’y être trop détendu et de se relâcher dans le prosaïque, bien que de temps en temps il y ait des retours de verves et que le cheval de race y retrouve des élans.

2008. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Enfin, avec des qualités d’un ordre supérieur qu’il aura eu sans cesse à exercer et à combiner, à tenir en échec les unes par les autres, il ne trouvera jamais cette occasion pleine et entière qu’il avait une fois espérée, l’une de ces journées de gloire éclatante et incontestable qui consacrent un nom ; et même après ses plus belles campagnes, par quelque accident final qui en rompt l’effet, il aura toujours besoin d’éclaircissement et d’apologie.

2009. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

On en retrouvera les effets par intermittences.

2010. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Celles que j’ai prises devraient réussir ; je ne sais cependant quel effet elles produiront, étant bien difficile de demander des résolutions d’un prince tel qu’est celui-là.

2011. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Neuf ans après, à Genève, un habitant de ces pauvres vallées vint le remercier de l'effet qu’avait produit sa predica, son prône.

2012. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

« Et ce qui ajoute à la beauté et au prix des ouvrages, l’art qui a présidé à tout ne se découvre nulle part. » Tout est soigné dans La Bruyère : il a de grands morceaux à effet ; ce sont les plus connus, les plus réputés classiques, tels que celui-ci : « Ni les troubles, Zénobie, qui agitent votre empire, etc.

2013. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Jules Lacroix est un poète sérieux et de mérite : je l’estime moins encore pour son Juvénal, traduit en vers, que pour son Œdipe-Roi, traduit, modelé et comme moulé avec conscience, avec talent, y compris les chœurs, et qui, représenté au Théâtre-Français, produit un effet de terreur et de pitié dans tous les rangs du public, et, vers la fin, arrache irrésistiblement des larmes.

2014. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Il était d’une parfaite ignorance, d’un tempérament mélancolique, maladif, parlant peu, pensant encore moins, un de ces individus exemplaires marqués d’un signe, et au front desquels il est manifestement écrit : Comment les races royales finissent, tellement soumis à son confesseur, qu’il n’y avait pas moyen de lui faire prendre une détermination quelconque, sans que le confesseur en décidât : aussi ceux qui avaient intérêt à agir sur lui usaient-ils de ce secret ressort, qui ne manquait jamais son effet ; quand on voulait lui faire changer d’idée, on lui changeait son confesseur, et il en eut jusqu’à sept en cinq ans.

2015. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Lerambert, et je crains de manquer mon effet auprès du public habitué à plus de ton, à plus de couleur, à un relief plus saisissant.

2016. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Si ces deux biens nous manquaient, ce serait par l’effet de nos agitations intérieures, et seuls nous en souffririons : mais les nations étrangères seraient tranquilles et dans la prospérité.

2017. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Le premier effet moral, au lendemain, était encore moins l’expérience raisonnée que la réaction.

2018. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

C’est d’un effet singulier à première vue, et ces messieurs ne se doutent pas de l’impression que cela produit sur le spectateur honnête.

2019. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Demain, le fatal demain, est déjà venu… Mais que l’on juge pourtant de l’effet instantané d’une telle parole de l’Empereur, d’un tel coup d’éperon sur une jeune imagination ardente et enthousiaste.

2020. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Les cartons de Raphaël à Hampton-Court, les fresques du même grand peintre dans les galeries du Vatican, les fameuses statues du Laocoon et de l’Apollon du Belvédère, et l’église de Saint-Pierre à Rome, le plus magnifique édifice qui soit peut-être au monde, produisent également cet effet le plus ordinaire de désappointer le spectateur à première vue.

2021. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Au total, l’effet de cette journée, pourtant, fut des plus glorieux, et elle eut ses résultats.

2022. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Toute ma constance m’abandonne à ce souvenir… » Elle semble avoir eu vent de la note désapprobative, et des effets qu’elle a produits, lorsqu’elle écrit le 6 avril : « Je vous suis tendrement obligée de l’intérêt que vous prenez à ma situation.

2023. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Varnhagen d’Ense, le mari de la célèbre Rahel, avait entre les mains une lettre de M. de Metternich où se trouvait le récit détaillé du premier effet causé à Vienne par le retour de l’île d’Elbe en 1815.

2024. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Charles Nodier, par inimitié contre Voltaire d’abord, par l’effet d’un retour ultra-romantique vers le passé, par plusieurs raisons ou fantaisies rétrospectives, continua de maintenir et de pratiquer l’o.

2025. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

L’effet général chez lui est trop poli, trop doux.

2026. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

On a eu raison de louer le Cantique sur la mort de madame de Broglie ; j’y remarque pourtant des longueurs qui nuisent à l’effet, quelques mots discordants, et surtout un manque de décision dans le sentiment religieux avec lequel il eût fallu aborder cette admirable personne, d’une foi si précise, et dont l’âme présente doit, ce semble, moins que jamais souffrir rien d’évasif à ce  sujet.

2027. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Sans doute, j’ai outré un peu les choses, mais comme je ne visais qu’à la ressemblance, qu’à l’effet dramatique, cela me suffisait. » [sic]78 Cela suffisait donc à M. 

2028. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Rabelais varie ses procédés d’art à l’infini : non pas seulement selon le modèle que lui fournit la nature, mais selon son intention d’artiste, et l’effet à obtenir.

2029. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

J’aime, pour ma part, ces exubérances, cet orgueil, ces effets de muscles, cette outrance, cette manie de révolte.

2030. (1890) L’avenir de la science « V »

Mais ce ne peut être que par l’effet d’une vue incomplète des résultats de la science.

2031. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Voyons l’effet que ce changement de la société produisit sur les trois poêles qui survécurent à Molière : Boileau, Racine et La Fontaine.

2032. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

À chaque chapitre, il dresse de pénibles échafaudages psychologiques pour laisser tomber au milieu, en guise de monument neuf, quelque grain de sable mille fois roulé par la banalité de la vague, telle cette pensée si difficile à conquérir : Quand un passant se retourne pour regarder une femme, « elle est toujours flattée de cet effet, le passant fût-il bossu, bancroche ou manchot, et quand bien même elle porterait comme Madame de Candale, un des grands noms historiques de France ! 

2033. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

On ne peut s’empêcher de conclure qu’il a été bien funeste à ce délicat esprit d’appeler, au secours d’une indolence chez lui si naturelle, la paresse raisonnée de Chaulieu, et d’insister sur une doctrine qui a pour effet immédiat d’amollir les courages et de supprimer le ressort des âmes.

2034. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Il est bien question de la modestie en un ou deux endroits de cette lettre ; mais c’est de l’air modeste et du bon effet qu’il produit, et de la grâce qui en dépend.

2035. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Il expose, dans sa remontrance et dans l’examen qui suivit, l’ancienne doctrine française parlementaire, l’utilité des vérifications d’édits par les cours souveraines, le bienfait même de certaines lenteurs, profitables au bon conseil et à la prudence, de telle sorte qu’une volonté du monarque, annoncée comme loi, n’ait pas son brusque effet immédiat aussi infailliblement qu’« une boule jetée contre une autre doit avoir le sien ».

2036. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

L’orateur, en terminant, montre les articles organiques du Concordat ayant pour effet d’apaiser tous les troubles, de rallier tous les cœurs, « de subjuguer les consciences mêmes, en réconciliant pour ainsi dire la Révolution avec le ciel ».

2037. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Une brochure de lui publiée en 1833 (Extrait du dossier d’un prévenu, etc.) nous le montre, dans un travail pénible et embarrassé, essayant de maintenir une sorte d’union et de transaction entre les violents et les modérés du parti, de couvrir les dissidences profondes de doctrines, et, à cet effet, on le voit épuiser un art infini autour de cet odieux Robespierre, que les fanatiques mettaient toujours en avant.

2038. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Guizot, qu’on juge de l’effet, de l’intérêt du spectacle mêlé à la satisfaction de l’esprit ; qu’on y répande cette émotion générale et communicative qui régnait aisément pendant toute cette fin de la Restauration, et qui faisait croire à l’unité d’une opinion publique à la fois juste et puissante, et l’on comprendra ce qu’ont été ces fêtes de l’intelligence, dont les livres mêmes qui en sont sortis ne donnent qu’une idée froide et décolorée.

2039. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Cette solennité pathétique fait un peu sourire, quand on songe que tout cela n’avait pour effet que d’associer Beaumarchais à des gains d’affaires, à des intérêts dans les vivres, et de le rendre riche à millions.

2040. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Voici quelques vers (car, sans y prétendre, l’abbé Gerbet est poète) qui rendent déjà le premier effet et qui marquent le ton de l’âme ; la pièce est intitulée Le Chant des Catacombes, et elle est destinée, en effet, à être chantée51 : Hier j’ai visité les grandes Catacombes                    Des temps anciens ; J’ai touché de mon front les immortelles tombes                    Des vieux chrétiens : Et ni l’astre du jour, ni les célestes sphères,                    Lettres de feu, Ne m’avaient mieux fait lire en profonds caractères                    Le nom de Dieu.

2041. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Tout jeunet, en revenant de la ville où il avait vu des images, crayonnait et dessinait, et tourmentait son père à l’effet d’avoir des sous pour acheter des crayons.

2042. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

En revanche, leur poésie nous fait le même effet.

2043. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Sainte-Beuve, laid et d’un museau futé, me faisait l’effet d’un rat qui rongeait toujours son bout de dentelle, et Chasles, lui, d’un chat qui saute, et se roule et s’escrime !

2044. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Mais encore pourrait-on se demander : l’effet voulu ne serait-il pas beaucoup plus considérable si la forme était adéquate à l’esprit ?

2045. (1900) La culture des idées

Cependant, son but conscient, en retournant ses idées à haute voix, était de chercher à deviner l’effet qu’elles produisaient sur un auditeur ; mais, peu à peu, ce but s’obscurcissait : c’était le subconscient qui parlait pour lui. […] Un tableau statistique de la natalité européenne montrera aux raisonneurs les plus entêtés qu’il y a un lien très strict, un lien de cause à effet, entre l’intellectualité des peuples et leur fécondité. […] Le mariage, même civil, a-t-il sur les maladies vénériennes l’effet de l’étole de saint Hubert ? […] Ceci est absurde pour la raison, qui serait forcée d’y contempler un effet identique à la cause qui la produit et aussi puissant ; elle ne doit pas intervenir. […] Ce système est utile quand il s’agit d’une pièce de théâtre qui souvent ne repose que sur un mot ou une situation qui feront tout aussi bon effet avec n’importe quel dialogue.

2046. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Elles sont capitales, surtout pour l’avenir, car cette civilisation elle-même n’en a tiré que des effets rudimentaires. […] C’est peu de dire que les effets et les causes sont liés comme les anneaux d’une chaîne. Les effets et les causes, je les vois plutôt comme un tissu extrêmement compliqué, dont toutes les mailles dépendraient les unes des autres. […] Certains poèmes de Victor Hugo, tels que Pleine Mer, Plein Ciel, ne font-ils pas un effet analogue ? […] De même, dans un autre ordre, une fatigue agréable a-t-elle les mêmes effets qu’une fatigue ennuyeuse ?

2047. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Non, le seul effet qu’il veuille produire, il le demande à l’exacte et simple vérité. […] La soudaine réunion de tant de contrariétés a pour effet de déconcerter nos esprits latins ; ils ne savent plus ce qu’on leur veut. […] Mais, par un procédé ou l’autre, il recherche le même effet ; et, son modèle, c’est la nature, doucement éclairée de lumière diffuse, qu’un ciel pâle et blanc tamise. […] Elle veut qu’on l’admire et, orgueilleuse, elle exagère ses effets. […] C’est un art austère et rigoureux, qui répudie les agréments adventices et qui produit, par sa maîtrise et de lui-même, tout son effet.

2048. (1904) Zangwill pp. 7-90

Un sommeil d’un milliard de siècles ou un sommeil d’une heure, c’est la même chose, et, si la récompense que je rêve nous est accordée, elle nous fera l’effet de succéder instantanément à l’heure de la mort. […] « La sensation cesse avec l’organe qui la produit, l’effet disparaît avec la cause. […] Car vraiment si l’historien est si parfaitement, si complètement, si totalement renseigné sur les conditions mêmes qui forment et qui fabriquent le génie, et premièrement si nous accordons que ce soient des conditions extérieures saisissables, connaissables, connues, qui forment tout le génie, et non seulement le génie, mais à plus forte raison le talent, et les peuples, et les cultures, et les humanités, si vraiment on ne peut rien leur cacher, à ces historiens, qui ne voit qu’ils ont découvert, obtenu, qu’ils tiennent le secret du génie même, et de tout le reste, que dès lors ils peuvent en régler la production, la fabrication, qu’en définitive donc ils peuvent produire, fabriquer, ou tout au moins que sous leur gouvernement on peut produire, fabriquer le génie même, et tout le reste ; car dans l’ordre des sciences concrètes qui ne sont pas les sciences de l’histoire, dans les sciences physiques, chimiques, naturelles, connaître exactement, entièrement les conditions antérieures et extérieures, ambiantes, qui déterminent les phénomènes, c’est littéralement avoir en mains la production même des phénomènes ; pareillement en histoire, si nous connaissons exactement, entièrement les conditions physiques, chimiques, naturelles, sociales qui déterminent les peuples, les cultures, les talents, les génies, toutes les créations humaines, et les humanités mêmes, et si vraiment d’abord ces conditions extérieures, antérieures et ambiantes, déterminent rigoureusement les conditions humaines, et les créations humaines, si de telles causes déterminent rigoureusement de tels effets par une liaison causale rigoureusement déterminante, nous tenons vraiment le secret du génie même, du talent, des peuples et des cultures, le secret de toute humanité ; on me pardonnera de parler enfin un langage théologique ; la fréquentation de Renan, sinon de Taine, m’y conduit ; Renan, plus averti, plus philosophe, plus artiste, plus homme du monde, — et par conséquent plus respectueux de la divinité, — plus hellénique et ainsi plus averti que les dieux sont jaloux de leurs attributions, Renan plus renseigné n’avait guère usurpé que sur les attributions du Dieu tout connaissant ; Taine, plus rentré, plus têtu, plus docte, plus enfoncé, plus enfant aussi, étant plus professeur, surtout plus entier, usurpe aujourd’hui sur la création même ; il entreprend sur Dieu créateur.

2049. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Elle est un don de la raison et de la morale, comme la crudité est un effet de la nature et de la passion. […] Les mots qui frappent nos oreilles ne sont pas la millième partie de ceux que nous écoutons intérieurement ; ils sont comme des étincelles qui s’échappent de distance en distance ; les yeux voient de rares traits de flamme ; l’esprit seul aperçoit le vaste embrasement dont ils sont l’indice et l’effet. […] Lorsque Othello évanoui palpite dans les convulsions, il se réjouit de ce bel effet. « Travaille, ma drogue, travaille ! […] De là cette psychologie involontaire et cette pénétration terrible qui, apercevant en un instant tous les effets d’une situation et tous les détails d’un caractère, les concentre dans chaque réplique du personnage, et donne à sa figure un relief et une couleur qui font illusion.

2050. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Sur ce thème de la vie campagnarde, les trois Allemands Hebeld, Auerbach et Gotthelf ont écrit à eux trois, depuis quinze ans, une quarantaine de volumes, qui, avec des moyens littéraires beaucoup plus simples, arrivent à des effets de vérité dont nous n’avons pas idée, par la bonne raison que ces trois hommes, ayant passé leur enfance à patauger, les pieds nus, dans les boues de leur village, tiraient leurs œuvres de leur propre fond. […] Ne pressentez-vous pas quelles fusées d’idées nouvelles ce système nouveau peut vous renvoyer par simple effet de répercussion ? […] Que tout effet ayant sa cause quelque part, on pourrait se dispenser d’évoquer si souvent le hasard ou la Providence, en se donnant la peine de mettre un peu mieux ses lunettes. […] C’est à prendre ou à laisser, mais dès qu’en bien ou en mal vous avez été impressionné, l’effet d’idéalisme est obtenu ; il n’y a plus à s’entendre que sur la qualité.

2051. (1932) Le clavecin de Diderot

Maîtres de soi qu’ils disent, maîtres de soi, comme de l’univers, se plairont-ils à déclarer en langage cornélien, maîtres à peine, en vérité, d’un de ces détails, dont Engels constatait que, pour les connaître, nous sommes obligés de les détacher de leur enchaînement naturel ou historique, de les analyser individuellement, les uns après les autres, dans leurs qualités, dans leurs causes et effets particuliers y. […] Il se pourrait que la circoncision ne fût qu’un effet du complexe de castration et, peut-être même, à son endroit, une thérapeutique10. […] La famille, d’ailleurs, n’allait point se démentir par la suite, et tout ce qu’elle me contraignit à respirer de sournoiseries pas même puantes, de sales petites intentions m’apparut de plus en plus, de mieux en mieux comparable, au moins quant à ses effets, à ce haschisch, dont, un professeur, complaisant au jeu des étymologies, aimait à nous rappeler, comment le Vieux de la montagne n’avait qu’à le faire fumer à ses disciples pour les métamorphoser en assassins. […] Quant aux chemins de fer et à leurs secousses, on connaît leurs effets sur les pénis adolescents et adultes.

2052. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Le procédé y est toujours visible, l’effet toujours outré, la philosophie toujours puérile. […] Malheureusement, ils sont, pour la plupart, bien durs et bien tendus ; ils visent trop à l’effet et veulent trop montrer leur force. […] Mais il ne fait pas plus d’effet sur le lecteur éveillé que les flacons vides du docteur Luys. […] Elles sont d’une couleur vive, d’un goût hardi, d’un bel effet et d’un grand sens. […] De vrais acteurs n’eussent point produit cet effet.

2053. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Il voulait, en tout, l’effet en même temps que l’apparence.

2054. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

On avait conseillé au roi de rester en sa nef jusqu’à ce qu’il eût vu l’effet de cette première opération ; mais il n’y voulut point entendre : il se mit dans une barque avec le légat, qui portait devant lui une croix toute découverte, et devant eux marchait une autre barque où flottait la bannière de saint Denis appelée l’oriflamme.

2055. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Tandis que celui-ci, gai, riant, plein de verve et sous ses airs d’Anacréon, semble avoir rempli sa destinée naturelle, La Fare fait plutôt l’effet d’avoir manqué la sienne ; on voit dans son exemple de riches facultés qui se perdent, et des talents distingués qui s’altèrent et s’abîment faute d’emploi ; on est involontairement attristé.

2056. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Cette doctrine sévère, qui règle le bon emploi de la retraite, et qui peut étonner au premier abord, produira ensuite, dans le détail, des effets d’une fraîcheur et d’une sensibilité incomparables.

2057. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Mais le tissu habituel de ses lettres est plus uni et ne roule que sur de minces détails touchés avec complaisance et qui perdraient à être détachés ; une partie du charme est dans la suite même et dans l’effet de l’ensemble.

2058. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

S’il hésite pourtant à dire qu’il a plus souvent qu’on ne le croit la plume à la main, il se montre bien au naturel et avec la dignité qui lui sied, dans la plénitude de ses pensées et de son rêve : Je ne vous cacherai point que je n’ai ni la santé, ni le génie, ni le goût qu’il faut avoir pour écrire ; que le public n’a point besoin de savoir ce que je pense, et que, si je le disais, ce serait ou sans effet, ou sans aucun avantage.

2059. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Quelle illusion dans cette gloire qu’on prétend éterniser, dans ce bâtiment de quarante mille écus élevé à l’une des extrémités de la pièce d’eau, vraie pagode où se lisaient gravés sur le marbre tous les noms des visiteurs en ces quatre années, avec cette inscription de la façon de l’abbé Barthélemy : « Étienne-François, duc de Choiseul, pénétré des témoignages d’amitié, de bonté, d’attention dont il fut honoré pendant son exil par un grand nombre de personnes empressées à se rendre en ces lieux, a fait élever ce monument pour éterniser sa reconnaissance. » Que cet obélisque ministériel, inauguré dix ans avant la Révolution française, à quelques pas du volcan qui va engloutir la monarchie, est petit, vu de loin, et qu’il manque son effet dans la perspective !

2060. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Ce journal lui fait beaucoup d’honneur en ce que, sans que l’auteur vise à aucun effet ou songe à aucun lecteur futur, on y voit clairement, naïvement, l’état perplexe de sa croyance et la force de conscience qu’il lui fallut, modéré et timide comme il était, pour résister à des assauts aussi répétés que ceux qu’on lui livrait.

2061. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

C’est l’effet d’une langue qui marche et qui s’use en marchant.

2062. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Les eaux de Bade paraissent à Montaigne plus actives que les autres, dont il avait essayé jusque-là ; il en boit avec grand effet et rend du sable.

2063. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Toute cette fin de vie de Charles-Quint me fait l’effet d’une oraison funèbre en action.

2064. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Malgré ce léger défaut d’action et de composition qui ne s’aperçoit qu’en y repensant et à l’analyse, l’effet de lumière est si vrai, si large, si bien rendu, si pleinement harmonieux ; la bonté, l’intelligence et les vertus domestiques peintes sur toutes ces figures sont si parfaites et si parlantes, que l’œuvre attache, réjouit l’œil, tranquillise le cœur et fait rêver l’esprit.

2065. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Horace trouve partout des sujets pour ses pinceaux, et il peint tour à tour une chasse, des chevaux, des batailles, des marines, des caricatures pleines d’esprit, d’effet et de vérité.

2066. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Ce n’est pas l’effet d’un calcul ni d’une préméditation de l’auteur sans doute, c’est un résultat de la situation même ; il est plus comique que le spectateur ne voie rien et que tout se passe en récit, puisque c’est l’amoureux en personne qui vient faire ce récit en confidence au jaloux qu’il ne sait pas être son rival et à qui il se dénonce.

2067. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Y eut-il, au jour dit, un billet moqueur apporté par un petit commissionnaire au quai d’Orsay, lieu indiqué pour le rendez-vous, un billet mignon qui sentait l’iris, dont le cachet avait des armes, — couronne de duchesse ou de comtesse, — et contenant ces seuls mots à l’adresse de Michel : « Un des plus doux plaisirs d’une femme est de faire un regret » ; et ne fut-ce que plus tard, par l’effet d’un hasard nouveau, que Michel retrouva la belle inconnue et reconquit l’occasion ?

2068. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Après avoir disposé de tous ses effets pour acquitter ses dettes, le testateur ajoutait : « Mais comme il pourrait se trouver quelques créanciers qui ne seraient pas payés quand même on aura réparti le tout, dans ce cas, ma dernière volonté est qu’on vende mon corps aux chirurgiens le plus avantageusement qu’il sera possible, et que le produit en soit appliqué à la liquidation des dettes dont je suis comptable à la société ; de sorte que, si je n’ai pu me rendre utile pendant ma vie, je le sois au moins après ma mort. » Il faut entendre probablement par là que Vaugelas, depuis longtemps malade d’une tumeur vers la rate ou l’estomac, autorisa l’autopsie après sa mort.

2069. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Je note dans Émile quantités de pensées délicates et pures sur les femmes : « La femme qui vous aime n’est qu’une femme ; celle que nous aimons est un être céleste dont tous les défauts se cachent sous le prisme à travers lequel il vous apparaît. » Ou encore : « Une femme dont on est aimé est une vanité ; une femme que l’on aime est une religion : vous serez tout pour moi, existence, vanité, religion, bonheur, tout. » « Les femmes, qui sont si habiles en dissimulation, feignent plus adroitement que nous un sentiment qu’elles n’éprouvent pas ; mais elles cachent moins bien que les hommes une affection sincère et passionnée, parce qu’elles s’y adonnent davantage. » Sur le bienfait, qui produit des effets si différents selon la terre qui le reçoit, selon les cœurs sur lesquels il tombe : « Toutes les fois que le bienfait ne pénètre et ne touche pas le cœur, il blesse et irrite la vanité. » Sur le désabusement qui vient si tôt, qui devance les saisons, et qui n’est pas même en rapport avec la durée naturelle de la vie : « Il y a un certain âge dans la vie où l’exaltation n’est plus possible ; la sensibilité peut être assez profonde pour assister au spectacle de tant de maux et de tant de douleurs sans être entièrement usée, mais l’exaltation n’a jamais résisté à l’expérience du cœur humain.

2070. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Que ce soit agréable ou non à lire, ce n’est pas la question ; que l’effet de ces nouveaux passages doive être très favorable et ajouter en bien à l’idée qu’on a pu se faire de Mme Roland, surtout pour l’agrément, pour la grâce, je n’en réponds pas du tout ; mais c’est très remarquable et infiniment curieux.

2071. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

A cet effet il combina son plan d’une façon particulière, et, profitant de notre situation en Algérie, il entreprit d’attaquer la difficulté par un point qui était à notre portée et qui cependant pouvait donner accès, moyennant détour, sur les endroits les moins connus et jusqu’au cœur même du continent africain.

2072. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Louis XV lui-même le savait ; il donne implicitement raison à ce jugement de Mme de Tencin dans les lettres qu’il écrit au maréchal de Noailles, et comme ce dernier avait allégué à l’appui de son opinion celle du comte de Saxe, lequel, tout attaché qu’il était au maréchal de Broglie, disait ne rien comprendre à sa conduite, le roi répond : « Il n’est pas étonnant que le comte de Saxe n’ait pu se persuader ce qui est ; tous ceux qui n’ont pas vu le dessous des cartes sont dans le même cas, et effectivement cela est incroyable ; pourtant l’on dit déjà qu’il (le maréchal de Broglie) a sauvé l’armée par cette belle retraite ; mais j’en dirais trop et en ferais trop, si je me laissais gagner à ma mauvaise humeur ; mais vous savez que je n’aime pas les grandes punitions, et que souvent, en punissant peu et en récompensant de peu, nous en faisons plus qu’avec les plus grandes rigueurs et les plus lucratives récompenses. » Louis XV couvre ici sa faiblesse d’une belle maxime qui n’a pas son application ; pour produire tant d’effet avec un simple remuement de sourcils, il n’avait pas encore assez fait ses preuves de roi.

2073. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Le profond moraliste se retrouve dans un dernier trait : « Le nom qu’un infatigable bonheur lui a acquis pour des temps à venir m’a souvent, dit-il, dégoûté de l’histoire, et j’ai trouvé une infinité de gens dans cette réflexion. » Combien de guerriers, de héros d’un jour, se survivant à l’état de paix et n’ayant gardé à la fin que l’ostentation et le fracas de leurs vices, ont produit ce même effet sur des esprits honnêtes et sages, qui ont pu se dire comme Saint-Simon : « C’est à dégoûter de l’histoire ! 

2074. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

L’auteur, s’il n’était qu’artiste, s’il n’avait traité que poétiquement son sujet, et même, dans tous les cas, sans fausser le vrai, aurait pu indiquer plus brièvement ce rôle de maître Conrad, et l’effet céleste du visage et de l’attitude de la sainte, devant nos yeux mortels, y aurait gagné.

2075. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Il faut dire de plus que Jasmin lit à merveille ; que sa figure d’artiste, son brun sourcil, son geste expressif, sa voix naturelle d’acteur passionné, prêtent singulièrement à l’effet.

2076. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

S’il n’est ni si impétueux, ni si entraîné qu’on voudrait d’abord, laissez-le faire, laissez-le rêver à loisir, seul, ne l’interrompez ni ne l’excitez : il arrive aussi à ses effets, à ses nobles et douces fins.

2077. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Nous ne dirons rien des autres écrits de Mme de Souza, de Mademoiselle de Tournon, de la Duchesse de Guise, non qu’ils manquent aucunement de grâce et de finesse, mais parce que l’observation morale s’y complique de la question historique, laquelle se place entre nous, lecteur, et le livre, et nous en gâte l’effet.

2078. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Il arrive parfois à tel brave homme d’artiste, de savant ou d’écrivain, un peu gauche et taciturne, de s’émerveiller de la rapidité de conception et d’esprit de tel homme du monde et de se faire à lui-même l’effet d’un sot quand il voit cet agrément, cette finesse, cette abondance de conversation.

2079. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Il n’est pas non plus difficile de reconnaître que l’histoire du fils se rattache à celle du père par un effet de contraste.

2080. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Joubert, c’était un Athénien touché de la grâce socratique : « Il me semble, disait-il, beaucoup plus difficile d’être un moderne que d’être un ancien. » Il était surtout un ancien en ce qu’il avait le sentiment calme, modéré ; il ne voulait pas qu’on forçât les effets, qu’on appuyât outre mesure.

2081. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Notez qu’il ne l’a pas seulement par accidents et pour l’effet ; il en a en lui le foyer.

2082. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Les édifices que l’on bâtit tombent en ruine par l’effet de la pluie et de l’ardeur du soleil ; mais j’ai élevé, dans mon poème, un édifice immense auquel la pluie et le vent ne peuvent nuire.

2083. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Tout en soutenant ses expressions, ou du moins en les justifiant moyennant des autorités respectables, il termine chaque paragraphe en disant, en répétant sous toutes les formes : « Un prophète (ou un saint) avait déjà dit avant moi quelque chose d’équivalent ou de plus fort, je ne fais que redire la même chose, et plutôt moins fortement ; mais cependant je me soumets. » Ce refrain de soumission, revenant perpétuellement à la suite d’une justification qu’il semble donner comme victorieuse, produit à la longue un singulier effet, et finit véritablement par impatienter ceux même qui sont le moins théologiens.

2084. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Son ennui, son indifférence ont de la grandeur ; son génie se montre encore tout entier dans cet ennui ; il m’a fait l’effet des aigles que je voyais le matin au Jardin des plantes, les yeux fixés sur le soleil, et battant de grandes ailes que leur cage ne peut contenir.

2085. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Voltaire a fait des vers galants qui réparent un peu le mauvais effet de leur conduite inusitée.

2086. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

L’agrément et la bonté, qui y sont aussi, ne paraissent à des yeux pénétrants que l’effet d’un extrême désir de plaire, et ces expressions séduisantes laissent trop apercevoir le dessein même de séduire.

2087. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

La Renaissance avait produit son effet ; elle avait inondé et pénétré toutes les branches de l’esprit ; elle les avait même encombrées.

2088. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Ainsi la mort de Mme de Montespan, par un singulier effet, et comme si l’on eût voulu réparer le passé, devient pour d’Antin le signal inespéré de la faveur.

2089. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Léonie le sentait aussi et en souffrait à sa manière, mais plus profondément : « On est si humilié, remarque-t-elle, de découvrir une preuve de médiocrité dans l’objet qu’on aime, qu’il y a plus de honte que de regret dans le chagrin qu’on en éprouve. » Un certain Edmond de Clarencey, voisin de campagne, se trouve là d’abord comme par un simple effet du voisinage ; il cause peu avec Léonie et semble ne lui accorder qu’une médiocre attention ; il accompagne Alfred dans ses courses et lui tient tête en bon camarade.

2090. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Il adressait aux Comédiens-Français de très judicieuses et très prudentes observations à ce sujet (9 novembre 1789) : La pièce de Charles IX, disait-il, a certainement du mérite ; elle est dans quelques scènes d’un effet terrible et déchirant, quoiqu’elle languisse dans d’autres et n’ait que peu d’action… Mais, en me recherchant sur sa moralité31, je l’ai trouvée plus que douteuse.

2091. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Il résolut, à cet effet, de consulter et de collationner tous les manuscrits existants de cet historien latin, de réunir à son sujet tous les renseignements et les accompagnements désirables, en géographie, en médailles, en portraits des hommes célèbres dont il avait parlé.

2092. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Mais aujourd’hui je ne puis insister que sur le grand succès littéraire et moral par lequel il se rattache à la langue française de son temps, je veux parler de son Introduction à la vie dévote, qui parut d’abord en 1608, et dont l’effet fut soudain et universel.

2093. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Jordan, que sa famille avait engagé malgré son inclination dans le ministère et dans la profession théologique, avait un bon esprit, de la sagesse, du jugement : au loin, cela faisait l’effet d’être du goût.

2094. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Puis affalé sur moi, et avec des coups de doigt sur ma poitrine, me faisant l’effet de coups de bouton de fleuret, il a cherché à me prouver, que personne, personne au monde n’avait été amoureux, comme il l’avait été une fois.

2095. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Alors Lafontaine a eu l’idée de montrer à Chelles, comment elle devait être jouée, cette déclaration marchée, — et rien qu’avec une hésitation, un faux départ de la marche, et pour ainsi dire, des balbutiements de pieds, accompagnant le balbutiement amoureux des paroles, cette déclaration a pris tout à coup un très grand effet.

2096. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Elle a sans doute été plus longtemps exclusivement fidèle à la musique, mais en séparant, pour ne les rejoindre que dans l’effet produit, deux arts déjà trop perfectionnés pour se confondre.

2097. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Les intelligences superficielles, aisément esprits pédants, prennent pour renaissance ou décadence des effets de juxtaposition, des mirages d’optique, des événements de langues, des flux et reflux d’idées, tout le vaste mouvement de création et de pensée d’où résulte l’art universel.

2098. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Ne vous arrêtez pas aux effets ; remontez aux causes, et vous conclurez que le sens artistique a tout envahi, a pris toute la place.

2099. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Mais cette entente cordiale, cet enthousiasme n’était qu’un effet des verres de champagne et ne devait pas durer plus longtemps que la fumée de la délectable boisson.

2100. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

«  Le lecteur ne trouvera ici, dit-elle, ni le parti pris chagrin de La Rochefoucauld, et moins encore la verve caustique de La Bruyère. » Est-ce bien sûr que la misanthropie de La Rochefoucauld fût un parti pris ; et l’optimisme des Jocrisses de la philanthropie moderne n’en serait-il pas beaucoup plus un chez Mme Stern, qui ne paraît pas avoir d’entrailles si aisément émues, qui n’a ni charité ni véhémence, mais qui fait l’effet de la poupée de l’abstraction montée sur un ressort d’acier, remplie du son du panthéisme allemand et pour la sévérité, peinte en Gœthe ?

2101. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

L’auteur de l’Histoire de la Comédie a souvent de ces expressions, dont il tire un très grand effet.

2102. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Fragments d’abord, publiés en 1818, il donnèrent assez de jouissances inattendues à l’imagination contemporaine pour qu’elle ressentit soudainement l’amour d’un livre qui faisait si largement immerger la vie dans l’histoire, et pour qu’elle désirât ardemment connaître l’ensemble et l’effet intégral de cette vaste fresque, comme l’a dit si heureusement M. 

2103. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Il méprise, et avec quelles formes concentrées et sombres, bien autrement terribles d’effet dans leur concentration et leur sobriété que tous les tonitruments de la colère !

2104. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

L’introduction d’aujourd’hui devait — croyait-on — raviver l’intérêt expirant d’un livre qui peut bien continuer son effet désastreux sur les classes ignorantes, mais qui l’a épuisé sur les classes éclairées, et qui ne compte plus que comme un roman déjà lu… Les procédés critiques de Renan sont à présent connus, et dans cette introduction il n’ajoute rien à ces procédés, qui même ne lui appartiennent pas.

2105. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Ces interventions, très puissantes sur les troupes recrutées dans les régions de foi vive, ne produisent pourtant leur effet qu’autant que l’orateur, son sermon terminé, s’associe aux risques qu’il a prêché de mépriser.

2106. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

La première n’étudie que les modifications, les effets, les phénomènes ; la seconde étudie la substance et l’être qui sont l’âme et le moi, Il laisse la première et s’attache tout entier à la seconde.

2107. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Peut-être l’effet de ce discours ne se serait-il pas borné à une émotion passagère, peut-être par la suite aurait-il pu prévenir de nouvelles divisions et de nouveaux crimes.

2108. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Bulwer n’a su y mettre que de la puérilité, de l’emphase et des effets de mélodrame. […] Bulwer dans sa seconde pièce, est d’un effet malheureux, et nous croyons que l’exemple de Shakespeare ne saurait justifier ce mélange. […] Michelet a sacrifié la justice à l’effet oratoire. […] Quand il raconte, et il raconte rarement, il cherche, il obtient des effets qui n’appartiennent pas au genre historique. […] Ce premier acte serait excellent, si l’auteur n’en eût troublé l’effet comme à plaisir, en atténuant la malédiction de Remy par le dialogue de Claudie et de Ronciat, qui nous révèle la faute du personnage principal.

2109. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Je ne chicanerais pas la vraisemblance du moyen, si le poète atteignait à ce grand effet ; mais comme il n’en est rien, j’ai le droit de me plaindre. […] Delavigne a prêtée au frère de Philippe Il est d’un effet médiocre et ne peut intéresser pendant cinq heures. […] Le défaut capital de mademoiselle Anaïs, c’est de ne jamais modérer son ambition, et de chercher à tous propos les grands effets. […] Les effets sont trop heurtés ; l’émotion est violente. […] Mais Gontier, si admiré dans le cadre étroit qu’il avait choisi, n’aurait produit, j’en suis sûr, qu’un effet très médiocre dans la haute comédie.

2110. (1888) Impressions de théâtre. Première série

L’effet total devrait être déconcertant. […] Mais enfin elle doit bien se douter de l’effet qu’elle produit sur lui, et il est naturel qu’elle en profite pour sauver son enfant. […] Mais il y avait aussi là des fillettes de douze à quinze ans, des fillettes précoces et curieuses comme il en pousse entre les pavés de Paris ; et qui dira l’effet qu’ont pu produire sur elles ces scènes ardentes d’amour exalté ? […] Que ne donnerais-je pas pour te voir à nu, avec des yeux vierges, et tel que tu es sorti des mains de ce Shakespeare qui est assurément un des plus grands poètes de tous les siècles, mais qui, si nous étions francs, nous ferait encore bien souvent, comme à Voltaire, l’effet d’un « sauvage ivre ». […] L’effet comique est alors produit par le contraste entre la solennité du style et la vulgarité du sujet, ou inversement.

2111. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

C’est le style d’une conversation élégante et polie ; rarement celui d’un récit fait avec la prétention de produire un effet donné. […] Mais juger comme une esquisse un ensemble de traits dont pas un n’est tracé sans viser à l’effet, ce serait une coupable indulgence. […] C’est une série d’aventures bien dites, mais ordonnées presque au hasard, sans enchaînement nécessaire ; disposées comme les figures d’une toile italienne, de façon à produire un effet individuel, mais sans subordination. […] L’aveu de Louise à Valentine est terrible et d’un bel effet. […] Souvent même dans le tête-à-tête il préfère l’effet à la vérité ; à plus forte raison dans un livre.

2112. (1898) Essai sur Goethe

Bien que leurs noms, eu effet, aient signé deux œuvres de tendances similaires, Werther et René, ils différaient l’un de l’autre autant que deux hommes le peuvent. […] Tout son effet repose sur la force spirituelle qui en jaillit. […] Les flèches de l’amour ont des effets divers : quelques-unes nous effleurent, et de leur poison pénétrant le cœur souffre pour des années ; mais les autres, puissamment empennées, à la pointe acérée, entrent dans la moelle, enflamment le sang. […] Vous pouvez penser, s’il survenait un malheur, seule comme je suis, ce qu’il en adviendrait de moi. » Voilà qui pourrait donner raison à Koerner : peut-être ce sage moraliste s’est-il trompé sur les causes, mais non sur les effets ; et le spectacle de ce ménage de grand homme ne laisse pas d’être assez affligeant. […] Nous ne savons pas quels effets produisirent ces sonnets — et l’orgueil de les avoir inspirés — sur l’imagination de Minna Herzlieb.

2113. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

C’est le secret des artistes populaires de produire cet effet. […] C’est un effet de la grâce et on la demande pour vous. […] Une balle fait l’effet d’un coup de fouet : un boulet vous emporte une jambe sans que vous le sentiez : un tigre broie la cuisse d’un homme sans lui faire le moindre mal, etc. […] Le féminisme avant six mois ferait l’effet d’une crinoline. » Il y a bien un peu de vrai ; mais retenez ceci : quand une mode, par hasard, est mêlée d’une idée, la mode passe et l’idée reste. […] L’effet fut curieux sur la particule.

2114. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Cet énorme contresens a pour effet de tourner la science à la caricature d’elle-même et d’en faire une idole extraordinaire. […] Le roi de France eut pour amis ces barons, ces prélats, ces républiques bourgeoises dont les ambitions diverses avaient pour effet d’entretenir l’anarchie d’outre-Rhin. […] C’est que, par un effet de l’habitude, les objets tout proches, vous ne les voyez plus. […] Alors, nous raisonnons vite ; nous cherchons la cause, nous la tenons dans notre main : nous hasardons le rêve de l’écraser, pour supprimer l’effet. […] la cause était elle-même un effet ; et il faudrait, de proche en proche, fouiller jusqu’aux origines qui nous échappent pour y saisir le germe : le premier germe ?

2115. (1899) Arabesques pp. 1-223

— Loin de là ; plusieurs en ont tiré des effets charmants, en ont usé pour traduire des émotions très fines : M.  […] 3º De la part de tous, c’était préparer le terrain électoral, et à cet effet, renchérir les uns sur les autres, faire parade d’austérité, jeter aux yeux du peuple la poudre de perlimpinpin de la patrioterie et du dévouement. […] Ernest Contou dénonce les mauvais effets de l’internat. […] Le temps étant infini et le nombre des forces, si considérable qu’on le suppose, étant limité, Nietzsche prétend qu’en vertu du déterminisme universel la série totale des combinaisons de forces doit produire, sans cesse, les mêmes causes et les mêmes effets. […] La hiérarchie, basée sur l’inégalité, qu’ils prétendraient établir, serait tout aussi néfaste, dans ses effets, que la soi-disant égalité dont usent les Bourgeois pour endormir leurs esclaves.

2116. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Son public, ses amitiés, ses actions, ses luttes aboutissent au même effet. […] Particulièrement, l’action est si bien une qu’elle est la seule de son espèce sans épisode ni intrigue subsidiaire, chaque scène conduisant à l’effet principal et chaque acte se terminant par un grand changement de situation. » Il a fait davantage ; il a quitté l’attirail français, il est rentré dans la tradition nationale : « Dans mon style, j’ai essayé, de parti pris, d’imiter le divin Shakspeare, et pour le faire plus librement, je me suis débarrassé de la rime. […] Que d’efforts pour un effet médiocre !

2117. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Appréhendant que Cyprien ne vînt, il commanda à Mélanie de lui servir le dîner de meilleure heure, et il s’habilla avant, se nettoyant à fond, mettant ses effets les plus propres. […] Monsieur le Ministre, dit Molina, enchanté de ses effets de cicérone. […] — Vois-tu, Moumoute, reprit la mère, avec l’effet de lumière électrique sur l’empoisonnée au quatrième acte, les cent représentations, c’est comme si nous les tenions. […] Je ne puis m’empêcher de détacher ces quelques pages de ce livre émouvant, sans recherche de ce qu’on appelle l’effet. […] Le succès constaté, qu’il nous soit permis de regretter qu’un écrivain de sa taille montre dans son œuvre de regrettables inégalités, et surtout une sorte de recherche de l’effet quand même, par de gros moyens, parfois indignes de son talent.

2118. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Il ne s’exagère point d’ailleurs, autant qu’on le pourrait croire, l’effet des préceptes : « Eh ! […] Pour se rendre compte de la grande réputation du personnage, et, en général, pour s’expliquer ces hommes qui laissent après eux des témoignages d’eux-mêmes si inférieurs à la vogue dont ils ont joui, il faut se dire que les contemporains, surtout, dans la société, s’attachent bien plus à la personne qu’aux œuvres du talent ; là où ils voient une source vive, volontiers ils l’adorent, tandis que la postérité, qui ne juge que par les effets, veut absolument, pour en faire cas, que la source soit devenue un grand fleuve.

2119. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

IV Nous ne dirons rien de l’effet de la musique sur l’âme : la parole en a de plus précis ; mais, selon nous, la parole n’en a pas de si puissant. […] Tous les auditeurs furent ravis, et il y eut un immense applaudissement ; mais comme je savais en l’écrivant quel effet produirait ce passage, je l’avais fait reparaître à la fin, puis répéter encore ; les mains partirent, et les bravos s’unirent au chœur des instruments.

2120. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« Je sentis quelque chose qui me fit de l’effet. […] Il ne s’inquiétait pas de l’effet qu’avait pu faire sur moi son récit.

2121. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Je crus que celui-ci en mourrait de honte et de jalousie ; et quoiqu’il lui revînt le tiers de cet argent, comme maître de la boutique, cette dernière passion fit plus d’effet sur lui que l’avarice. […] Je fis donc porter mes effets dans la barque ; j’y fis entrer Tribolo, et je lui recommandai de ne point partir que je ne fusse revenu de l’auberge où j’avais oublié mes pantoufles.

2122. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Le musicien en écoutant un orchestre entend chaque instrument, chaque note isolément ; celui qui n’est pas connaisseur est comme rendu sourd par l’effet général de l’ensemble. […] Il y aurait bien à critiquer en elle, mais laissons-la aller et ne l’inquiétons pas sur la route que son talent lui montrera. » Nous parlâmes alors des femmes poètes en général, et le conseiller aulique Rehbein dit que le talent poétique des femmes lui faisait souvent l’effet d’un besoin intellectuel de reproduction.

2123. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

On apporta à la cour à Worms tous les effets nécessaires. […] Ils se consultèrent à cet effet.

2124. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Il fait constamment l’effet d’un réfractaire qui se retient, qui en pense plus qu’il n’en dit. (« Un homme né chrétien et Français se trouve contraint dans la satire ; les grands sujets lui sont défendus… ») Il semble d’ailleurs avoir aménagé sa vie et composé son attitude pour pouvoir, penser, à part soi, le plus librement possible. […] Plus loin, je vois que l’esprit, qui tout à l’heure était une atmosphère et une flamme, est un champ, puis un métal ; qu’il peut être creux et sonore, ou bien que sa solidité peut être plane, si bien que la pensée y produit l’effet d’un coup de marteau ; puis, qu’il ressemble à un miroir concave, ou convexe ; qu’il y fait froid, qu’il y fait chaud ; que la pudeur est un réseau, un velours, un cocon, etc., etc.

2125. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Weber restitue à l’opéra sa forme populaire originelle ; avec Meyerbeer naît l’opéra à effet, historique et mélodramatique. […] À ce jugement un seul peut être rapproché, pris dans la même feuille (8 février) : L’ouverture des Maîtres Chanteurs ne ressemble guère à une ouverture d’opéra-comique : c’est une grosse machine, lourdement orchestrée, brutale d’effets, d’une harmonie touffue, dépourvue de délicatesse et d’élégance… (Signé, H.

2126. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

En somme, Héphestos dans l’Olympe fait un peu l’effet d’un prolétaire parmi des seigneurs. « L’illustre Ouvrier », c’est ainsi que l’appelle Homère. […] Au-dessus, un ciel muet, mais sombrement attentif, entrouvert sur les tourments de son contempteur, comme le guichet secret des Chambres de torture, par où le juge épiait sur l’accusé l’effet de ses gênes.

2127. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Il est aussi un effet terrible pour les assistants, c’est que le petit jour levé dehors, n’éclaire point encore l’intérieur de la prison, et quand on marche dans ces demi-ténèbres derrière le condamné, et qu’au moment, où s’il avait les mains libres, il pourrait toucher la porte, les battants s’ouvrent dans un coup de théâtre, et vous laissent voir soudainement, dans la clarté froide du matin, les deux montants de la guillotine, et les yeux grands ouverts de toutes ces têtes de regardeurs, le spectacle a quelque chose d’inexprimable. […] Dimanche 21 décembre Duret contait aujourd’hui au Grenier, qu’il avait assisté au Japon à une représentation des Fidèles Ronins, où les quarante-cinq ronins, tout couverts de sang, traversaient la salle dans toute sa longueur, sur un petit praticable établi au-dessus des Japonais assis à terre, et que le passage à travers la salle de ces guerriers ensanglantés, était d’un effet terrible.

2128. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Tout est conçu lentement dans son esprit, porté longtemps dans sa méditation, aiguisé à loisir par sa sagacité, poli jusqu’au scrupule par son goût, combiné pour l’effet qu’il veut produire, adapté à l’air populaire le plus propre à faire danser les paroles, rire le refrain, vibrer les couplets ; puis tout est lancé par le poète à son adresse avec la sûreté du coup d’œil et du doigt de la brodeuse de dentelle qui lance le fil aminci sur les lèvres dans l’œil de l’aiguille. […] On a écrit que le tyran de Syracuse avait construit un édifice où tous les entretiens et tous les murmures secrets du peuple venaient, par un effet d’acoustique, se répercuter et se grossir dans un centre sonore qu’on appelait l’Oreille de Denys : l’oreille vivante de Denys, c’était véritablement, de nos jours, le cœur de Béranger.

2129. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

LE but de la Poésie chez tous les peuples a été de plaire & de plaire en remuant les passions ; ainsi c’est tantôt le langage des Dieux & tantôt celui des Démons, suivant les effets qu’elle produit. […] Le soin qu’il prit d’habiller à la françoise le Poëte Romain, fait quelquefois un effet assez singulier.

2130. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Enfin, la comédie elle-même, dont le métier est d’être gaie, mais qui ne sait plus son métier, fait des dénouements avec des coups de pistolet et incruste, dans des dialogues sans chaleur et sans verve, des mots cherchés et travaillés pendant trois mois… Aussi, lorsque l’on en est là, il faut bien convenir que c’est un événement heureux que l’arrivée d’un livre gai, d’un éclat de frais et bon rire, d’une manière frisque, pétulante et légère, qui fait l’effet d’un flacon de sels anglais au cerveau, et, dans le néant littéraire où tout tombe, nous ragaillardit et nous ravigote l’esprit et le cœur ! […] Quand il parut, l’effet en fut si grand qu’on s’en tut.

2131. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Avec cela, il continua d’y mêler sa chimère, laquelle consistait à rester dans le Conseil après avoir résigné son portefeuille à M. de Choiseul, à chercher à compléter le nouveau ministre et à se laisser compléter par lui : « Il peut se concerter avec moi, j’ai des choses qu’il n’a pas, il en a qui me manquent : tout cela ensemble ne peut produire qu’un bon effet. » Louis XV mécontent ne répondit pas sur cet article : il consentit à la démission de Bernis en faveur de M. de Choiseul par une lettre datée de Versailles (9 octobre 1758), qui commence ainsi : « Je suis fâché, monsieur l’abbé-comte, que les affaires dont je vous charge affectent votre santé au point de ne pouvoir plus soutenir le poids du travail… » Il y marquait nettement son système personnel en ces mots : « Je consens à regret que vous remettiez les Affaires étrangères entre les mains du duc de Choiseul, que je pense être le seul en ce moment qui y soit propre, ne voulant absolument pas changer le système que j’ai adopté, ni même qu’on m’en parle. » Choiseul n’avait plus qu’à arriver de Vienne.

2132. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

J’en comparerai l’effet à celui que produisent certaines élégies rurales de Tibulle plus encore qu’à celui de l’ode d’Horace.

2133. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Je crois, ajoute mon exact informateur, que ce livre a été un essai de conciliation : mais comme il penchait plutôt du côté des réformés suisses, il n’a pas produit l’effet voulu ; bref il a été réputé calviniste, quoique n’étant pas dans l’extrême de cette doctrine.

2134. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Il n’en fut point ainsi de Tiney ; sur lui les plus doux traitements n’eurent pas le moindre effet.

2135. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Viens lui parler de devoir, de convenance, lui dire combien la vérité morale est aimable, combien le sens moral infaillible… Ne t’épargne pas sur ce sujet… Déploie toutes tes facultés de déclamation et d’emphase à la louange de la vertu… Pousse ta prose éloquente jusqu’à surpasser l’éclat de la poésie… Il y manque toujours une toute petite parole à voix basse, que Celui-là seul peut prononcer de qui le verbe atteint d’un coup son plein effet, et qui dit aux choses qui ne sont pas d’être, et elles sont à l’instant.

2136. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Il eut l’harmonie, la mesure ; sa prose marcha régulière et presque cadencée ; dans les membres bien proportionnés de sa phrase il disposa symétriquement les plus belles paroles, il fit jouer les figures, et simula des effets d’éloquence.

2137. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Cet armement, si hardiment combiné, auquel l’Angleterre contribua par ses seuls vaisseaux, et la Hollande par ses vaisseaux à la fois et par ses hommes, eut tout le succès et l’effet qu’il prétendait en tirer.

2138. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Je trouve que l’opinion générale de tous ceux qui se croient le mieux informés est qu’une résolution sera prise en votre faveur, et que cette résolution probablement aura son effet.

2139. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Il faut citer ce passage, afin de le réduire à sa valeur : « J’ai connu Mme d’Albany à Florence ; l’âge avait apparemment produit chez elle un effet opposé à celui qu’il produit ordinairement : le temps ennoblit le visage, et, quand il est de race antique, il imprime quelque chose de sa race sur le front qu’il a marqué : la comtesse d’Albany, d’une taille épaisse, d’un visage sans expression, avait l’air commun.

2140. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Cette bonne contenance, que chacun tint d’après son conseil, eut son effet, et le péril fut conjuré.

2141. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Ajoutons que si, au point de vue militaire et immédiat, la victoire de La Marsaille ne parut guère rien changer à l’état général des affaires, l’effet moral fut produit.

2142. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Le besoin de faire effet, d’être dramatique et de poser, pouvait mener aux plus funestes résultats, et l’enseignement de la rhétorique était au fond de tout cela.

2143. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

On nous épluche trop pour ne pas être toujours sur ses gardes. (2 juin 1775.) » A propos de parure, il y a une histoire de bracelets qui préoccupe avec raison la très-sage souveraine : « Toutes les nouvelles de Paris annoncent que vous avez fait un achat de bracelets de 250 mille livres ; que, pour cet effet, vous avez dérangé vos finances et vous êtes chargée de dettes, et que vous avez, pour y remédier, donné de vos diamants à très-bas prix ; on suppose après que vous entraînez le roi à tant de profusions inutiles, qui depuis quelque temps augmentent de nouveau et mettent l’État dans la détresse où il se trouve.

2144. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

L’espèce de jeu de scène et de surprise qu’on ménagea et sur laquelle on comptait en cette circonstance ne pouvait qu’ajouter au mauvais effet.

2145. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

En la débarquant à Dunkerque, il retint à l’orpheline l’indigente petite malle qui contenait son peu d’effets, sous prétexte de se payer des menus frais de la traversée que la pauvre enfant ne pouvait acquitter.

2146. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

On vous accréditera auprès de lui à cet effet ; vous n’aurez point d’autre ordre. » L’arrivée de Ney dispensa de cette combinaison, et Napoléon n’eut qu’à rester.

2147. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Nous qui avons succédé à ce goût, qui en avons d’abord senti les défauts et avons réagi contre, nous commençons à discerner les nôtres ; à force de prétention au vrai et au réel, un certain factice aussi nous a gagnés ; quel effet produiront bientôt nos couleurs, nos rimes, nos images, nos étoffes habituelles ?

2148. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

» Comment la vue seule de Paris et de ce monde qu’il avait une fois connu ne fit-elle point à Gresset cet effet-là ?

2149. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Quant à l’effet hautement poétique et religieux des monuments d’alentour sur une jeune vie commencée entre Notre-Dame et la Sainte-Chapelle, comment y penser en ce temps-là ?

2150. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

L’effet est aussi malheureux quand les vers sont petits.

2151. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

D’où ces deux effets, qu’il y a encore des œuvres littéraires dont les sujets ne sont pas mondains, et des écrivains provinciaux, qui vivent loin de la cour et de Paris.

2152. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Leconte de Lisle et Taine m’ont permis de montrer quelques exemplaires des effets produits par la science sur des imaginations et des sensibilités diverses.

2153. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Le sacrement hospitalier n’avait son effet qu’accompli d’après certaines règles aussi strictes que celles des initiations.

2154. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Cependant M. de Ryons observe, étudie, commente, analyse son amie nouvelle ; il pratique sur son cœur chastement fermé une première tentative d’effraction non suivie d’effet ; il se fait, de force ou de gré, inviter à dîner chez elle, le soir même.

2155. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Dans le style, l’écrivain n’a nulle part flatté le goût du temps pour les effets et pour la couleur, et on pourrait même trouver qu’il en a tenu trop peu de compte quelquefois ; mais c’est une satisfaction bien rare pour les esprits sérieux et judicieux que celle de lire une suite de volumes si aisés et si pleins, sortis tout entiers du sein du sujet et nous le livrant avec abondance, d’une simplicité de ton presque familière, ou jamais ne se rencontre une difficulté dans la pensée, un choc dans l’expression, et où l’on assiste si commodément au spectacle des plus grandes choses.

2156. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Elle y trouva le petit bossu, qui lui dit en substance qu’une dame de la Cour dont il faisait la miniature lui avait proposé de s’introduire chez Mlle Le Couvreur comme peintre, et de lui donner un philtre qui éloignerait d’elle le comte de Saxe ; que, là-dessus, deux personnes masquées, à qui il avait eu affaire pour le détail de l’exécution, lui avaient déclaré qu’il ne s’agissait pas d’un philtre, mais bien d’un poison ; qu’à cet effet on déposerait, à un certain jour, dans un if des Tuileries, des pastilles empoisonnées ; que l’abbé les irait prendre, et que, s’il les donnait à Mlle Le Couvreur, on lui assurait 600 livres de pension et une somme de 6 000 livres.

2157. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Et après une petite dissertation sur les vapeurs et leur effet : Venons, dit-elle, à la cause des vôtres.

2158. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Faites sur chaque individu la découverte de cette passion gouvernante ; fouillez dans les replis de son cœur, et observez les divers effets de la même passion dans différentes personnes.

2159. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

L’auteur, comme toujours, pousse à l’effet, il force les couleurs, il fait grimacer les personnages qui interviennent, il badine hors de propos ; il se fait gai, vif, fringant et pimpant contre nature ; il dramatise, il symbolise.

2160. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Il est vrai que, par un reste de fidélité à ses épigrammes, il n’a jamais cédé aux suggestions amicales qui lui furent faites plus d’une fois de se mettre sur les rangs pour un fauteuil, bien qu’il réunît certainement à cet effet toutes les qualités à la fois solides, sérieuses, distinguées et même mitigées, qu’on préfère ou qu’on exige.

2161. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

, dans un éloge en latin de Fraguier, nous le représente au moment où il voulut écrire en français et se former au bon goût de notre langue : À cet effet, dit d’Olivet que je traduis, il s’en remit de son éducation à deux muses ; l’une était cette célèbre La Vergne (Mme de La Fayette), tant de fois chantée dans les vers des poètes, et l’autre qu’on a surnommée la moderne Leontium (Ninon).

2162. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Ce qui fait que la poésie de Jasmin produit tant d’effet, c’est que tout en lui est d’accord, tout coule de source : on sent que l’homme et le poète ne sont qu’un ; et, comme l’homme est à la hauteur du poète, on s’abandonne bien vite, en l’écoutant, à la sincérité de l’impression qu’il partage.

2163. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Comment ose-t-on se flatter de dévoiler ces mystères sans autre guide que son imagination, et comment fait-on pour oublier que l’effet est le seul moyen de connaître la cause ?

2164. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Les généraux le distinguèrent ; il eut son premier combat à Maison-Méane ; il y entendit pour la première fois le sifflement des balles et des boulets, qui lui parut des plus agréables : « J’avais une impétuosité et une ardeur extrêmes, dont l’effet me portait à vouloir toujours avancer. » Envoyé au siège de Toulon, il y retrouve Bonaparte, qui l’emploie et le garde avec lui.

2165. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Est-ce l’effet que doit faire la fidèle traduction d’un ancien ?

2166. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

mettez-en quatre pour qu’elle fasse plus de bruit et plus d’effet.

2167. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Il éluda cette défense en passant le journal sous le nom de son frère, le jeune Benjamin, auquel il remit à cet effet, et pour la forme, son brevet d’apprentissage avec libération ; il fut convenu toutefois, par un nouvel engagement destiné à rester secret, que Benjamin continuerait de le servir comme apprenti jusqu’au terme primitivement convenu.

2168. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

C’est par la même raison, par l’effet d’un tact peu français, que M. 

2169. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Son livre est rempli de vues élevées ou fines, mais sous forme un peu compacte ; il est fait pour être lu et médité par des hommes de pensée et de réflexion plutôt que par l’ordinaire du public ; il n’a rien qui se détache ni qui frappe ; l’auteur continue d’être abstrait, tout en sentant que l’abstrait ne prend point et n’est pas le plus court chemin pour arriver à l’effet qu’il désire.

2170. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

L’éclectisme est tout autre chose, mais il est encore un effet bienfaisant de l’histoire de la philosophie.

2171. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Edouard Drumont le sait bien, et il me fait l’effet d’être un peu embarrassé dans son Introduction ; car la chose est obscure et difficile.

2172. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Il n’était pas, comme eux, un calculateur d’effets et de mots préparés comme des coups de théâtre.

2173. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Pour peu qu’on eût le sens de voir et le courage de sa raison, qui fait conclure d’après ce que l’on a vu, quelque blessure que ce doive être pour ses convictions ou ses espérances, on conviendrait qu’on n’a pas le droit d’apporter, comme preuve de la vérité reconnue d’une doctrine, des circonstances sans gravité, accidentelles, éphémères, et qui n’ont avec cette doctrine aucun rapport de cause à effet.

2174. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Aussi passa-t-il quatre-vingts ans à se droguer, vivant de café, de médecines et de clystères, dont il parlait souvent, comme Scarron, et dont il tirait des effets d’une bonhomie ou d’une hypocrisie comique… Mais ces maux qui ne tuèrent pas Voltaire, tandis que Henri Heine est mort des siens, sont aussi différents des maux de Heine que sa pâle poésie est différente de la poésie du grand poète allemand, lequel reste supérieur à Voltaire autant par la beauté de son génie poétique que par la sincérité tragique de ses douleurs.

2175. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Quant au genre d’effet qu’il produit, c’est directement le contraire de celui qu’il avait en vue.

2176. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Lasserre doit trouver la splendeur physique de Moïse, puisque nous sommes dans les prophètes, faisait l’effet, lui, de ne pas s’en tirer du tout.

2177. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Elle m’aura élargi la vue (toute ma vie intérieure est devenue plus facile, plus large — large comme une avenue où j’aimerais voir aller et venir beaucoup de passants) — surtout en me montrant les effets que peuvent avoir sur les autres un visage égal, souriant, accueillant à n’importe quelle heure, et quelques bonnes paroles.‌

2178. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Mais, si on pense que ce Darius invoqué par les Perses, que ce protecteur cherché dans le tombeau n’avait pu lui-même entamer la Grèce, qu’il avait vu l’élite de ses soldats dispersée à Marathon, qu’il n’avait enfin sur son insensé successeur que l’avantage d’un moindre désastre, quel devait être pour l’orgueil tout récent des vainqueurs de Salamine et de Mycale l’effet magique de cette conjuration dernière proférée par le désespoir de leurs ennemis vaincus !

2179. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Malheureusement ils perdent beaucoup de leur valeur par l’effet des contradictions humaines ; et ces doctorats, ces licences, que M.  […] Un des effets de cet état chrétien, si je puis dire, dans lequel se trouvait la pensée de Baudelaire, est l’association constante chez lui de l’amour et de la mort. […] Ces robes furent achetées par nos Parisiennes, qui en portèrent la jupe, habilement drapée, dans les bals, dans les soirées et aux dîners, où l’effet fut éclatant. […] On lui manda de se présenter, pour cet effet, devant le comité qui s’assemblait aux Tuileries à deux heures du matin. […] C’était l’effet de l’amour de Béatrice.

2180. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il croit à une statique et à une dynamique sociales, à une anatomie, à une physiologie et même à une pathologie de l’histoire ; il pense que les hommes comme les actions des hommes sont des produits nécessaires, et il voit toute l’histoire comme une chaîne infinie de causes et d’effets. […] Il ne pourra plus dire, comme autrefois, qu’il a fait deux parts de lui-même, et que l’homme qui écrit ne s’inquiète pas si l’on peut tirer de la vérité des effets utiles, ignore s’il est célibataire ou marié, s’il existe des Français ou non. […] Ce don n’était point l’effet d’un artifice de courtoisie et de condescendance, mais tenait au fond même de sa nature et de ses sentiments. […] Il a voulu être conduit à son dernier repos avec la simplicité qu’il portait en toutes choses, sans discours académiques, sans pompe militaire, sans rien aussi qui pût prêter aux disputes passionnées des hommes et ajouter à cette anarchie morale dont il avait cherché à combattre les effets en en démêlant les causes. […] Taine a au plus haut degré le don de rendre visibles tout le décor et tout le costume des civilisations et des sociétés les plus diverses, de produire un effet d’ensemble par une accumulation de traits de détail et par le choix habile des traits les plus caractéristiques.

2181. (1897) Aspects pp. -215

Au lieu de décrire les choses, comme le voulait Goethee, nous décrivons trop leurs effets. […] Il me fait l’effet d’une vieille femme qui pousse des cris perçants en quête de l’immortalité et essaie d’en abattre quelques fragments avec un balai. […] Rebell nous fait l’effet : parfois d’un Malbrouck qui s’en va-t’en guerre de bonne foi contre les idées qui lui déplaisent, parfois, en sa qualité de protagoniste des rhapsodies romanes, d’un rhéteur d’Alexandrie dévoyé dans notre siècle. […] Mallarmé d’obtenir des effets musicaux l’a conduit, malgré tout ce qu’on pourra dire, à se créer une syntaxe personnelle, contraire au génie même de la langue. […] C’est d’un extrême sensitif que les facéties sexuelles troublèrent profondément et qui décrivit leurs effets sur son intellect alors peut-être qu’il n’avait pas cessé d’en souffrir.

2182. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

 » Aussi, quand pour la première fois Luther aperçut Rome, il se prosterna disant : « Je te salue, sainte Rome, … baignée du sang de tant de martyrs. » Imaginez, si vous le pouvez, l’effet que fit sur un pareil esprit si loyal, si chrétien, le paganisme effronté de la Renaissance italienne. […] Faire de l’homme un être fort muni de génie, d’audace, de présence d’esprit, de fine politique, de dissimulation, de patience, et tourner toute cette puissance à la recherche de tous les plaisirs, plaisirs du corps, du luxe, des arts, des lettres, de l’autorité, c’est-à-dire former et déchaîner un animal admirable et redoutable, bien affamé et bien armé, voilà son objet, et l’effet au bout de cent ans est visible. […] Seul à seul, quand il est sûr de son voisin, il lui en parle, et quand un paysan parle de cette sorte à un paysan, un ouvrier à un ouvrier, vous savez quel est l’effet. « C’est par les fils des yeomen surtout, dit Latimer, que la foi du Christ s’est maintenue en Angleterre341 », et ce sera plus tard avec des fils de yeomen, que Cromwell gagnera ses victoires puritaines. […] Voilà les effets de la prière publique rendue au peuple ; car celle-ci a été retirée du latin, reportée dans la langue vulgaire, et dans ce seul mot il y a une révolution.

2183. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Et qu’ont-ils ajouté eux-mêmes d’essentiel à ce jugement synthétique de Sainte-Beuve, qui dit tout : « Lamartine, en peignant la nature à grands traits et par masses, en s’attachant aux vastes bruits, aux grandes herbes, aux larges feuillages, et en jetant au milieu de cette scène indéfinie et sous ces horizons immenses tout ce qu’il y a de plus vrai, de plus tendre et de plus religieux dans la mélancolie humaine, a obtenu du premier coup des effets d’une simplicité sublime et a fait une fois pour toutes ce qui n’était qu’une fois possible. » J’ai dit qu’en feuilletant Fontanes et Chênedollé, on rencontrait des vers si harmonieux et si purs qu’il était assez difficile de dire en quoi ils différaient des vers de Lamartine. […] Il y a longtemps, un de mes amis définissait l’amour platonique, au moins par un de ses effets, dans ces vers grêles et secs, pas du tout lamartiniens, mais qui disent ce qu’ils veulent dire :     Je ne sais pas (car tout le jour Ses yeux clairs me hantent sans trêve) Si c’est elle ou si c’est mon rêve Que j’aime d’un si grand amour. […] Le reste du temps, la surabondance de la forme n’est visiblement que l’effet du trop-plein de l’inspiration. […] Dans ces moments-là, on est à ce point envahi de sensations puissantes et suaves qu’on serait fort incapable de faire nettement le départ des effets et de la cause et d’abstraire Dieu de tout ce « divin » où l’on est plongé, et qu’on ne discerne plus bien si Dieu est dans la nature, ou si la nature est Dieu.

2184. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Le pays a enduré l’invasion des Anglais ; il a terriblement souffert : et ces crises nationales ont pour effet de démoraliser les gens. […] Si on les regarde, on admire la réussite de l’ouvrage, l’effet d’un mot, d’une voyelle qui, placée là, sonne à ravir et vous alarme. […] Ce vers de dix syllabes, coupé en hémistiches de cinq pieds, a par lui-même une rapidité qui, ailleurs, donne des effets de légère allégresse et qui, en ce poème, sonne comme un glas. […] Qu’on cherche l’enchaînement des effets et des causes : parmi les causes et à l’origine des causes, l’on trouve Savignan. […] Quand il se confie à Lafcadio, naïvement, c’est un effet dramatique et c’est une péripétie de leur histoire.

2185. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Je me fais assez l’effet d’un moine philosophe. […] La suggestion imposée par le vieux Volkine eut son effet, sous les yeux de M.  […] Il lui arriva d’emprunter au poème du Freyschütz un de ses effets oratoires les plus heureux. […] Il produit deux effets : il fait peur et donne à réfléchir. […] Le plus singulier est l’effet de cet œil de mouche, de cet œil à facettes qui lui fait voir les objets multipliés comme à travers une topaze taillée.

2186. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Comme la bière fait son effet, il y a une grande cuve adossée au parterre, réceptacle singulier qui sert à chacun. […] Il commence à préparer les sentiments, à annoncer les événements, à combiner des effets, et l’on voit paraître le théâtre le plus complet et le plus vivant, et aussi le plus étrange qui fut jamais. […] Lorsqu’on rencontre une structure d’âme si neuve et capable d’aussi grands effets, il faut regarder le corps.

2187. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Il faut que le lecteur soit bien judicieux pour redresser ce que de tels renseignements impriment dans l’esprit d’excessif et de disproportionné à l’effet que le narrateur même voulait produire.

2188. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Il ajouta peu après : « Quand on attaque les conseils, c’est pour renverser celui qui les écoute : quand on veut abattre un arbre, on le déchausse. » Roederer savait ces choses ; il ne les appréciait pas seulement dans leur effet sur le caractère du premier consul, il les jugeait en tenant compte du caractère général des Français.

2189. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

C’était vraiment une âme pleine et qui montrait un beau visage à tous sens, une âme à la vieille marque, et qui eût produit de grands effets si sa fortune l’eût voulu… ».

2190. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Le genre d’observations qui est propre à Duclos est sensé, rapide, mais d’une nature très sobre : J’ai cru devoir donner, dit-il, une idée de l’état de la France et de la cour de Charles VII, pour faire mieux entendre ce qui regarde son successeur : on verra que Louis XI, né et élevé au milieu de ces désordres, en sentit les funestes effets.

2191. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Je disais que la politesse ayant fait des progrès, les effets des vices étaient peu de chose en comparaison du temps de la barbarie… Ce qui est aujourd’hui tracasserie était anthropophagie du temps des druides… Mais j’observe une chose terrible de notre âge : l’amour s’éteint, on n’aime plus par le cœur ; peu de cœurs sensibles ; adieu la tendresse !

2192. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Mais les langues, toujours par l’effet d’un système, n’y tiennent pas assez de place.

2193. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Qu’on s’imagine sur la tête d’un homme l’effet de cinq années d’un exil aggravé par la misère et suivi d’une longue et dure prison.

2194. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

sa présence enivrait, et chacune de ses paroles semblait élargir le cœur48. » C’est bien là l’effet que produisent en général la lecture et le commerce de Gœthe : étendre les vues ; élargir l’intelligence ; — Eckermann, qui l’a aimé, ajoute : élargir le cœur.

2195. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

La Chambre, selon son habitude, s’était emparée d’une simple loi de finances qui lui était proposée à l’effet d’améliorer le traitement des ecclésiastiques, et elle en avait tiré tout un projet complet de Constitution rétrograde qui aurait rendu à ce grand corps du Clergé catholique une richesse propre et un pouvoir sans contre-poids.

2196. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Le cadre qu’elle a choisi prête à l’effet ; nous l’eussions aimé peut-être moins emprunté et plus naturel.

2197. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

c’est qu’en France la poésie toute seule, dans sa simplicité et son charme nu, ne nous touche que médiocrement ; c’est que le vœu tout pastoral de l’ancien berger fait moins d’effet que si on le met dans la bouche d’une bergère, d’une Estelle, d’une Nina quelconque, d’une infortunée.

2198. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

La troisième écrite peu de jours après (et toutes les quatre l’ont été dans l’intervalle de quinze jours, du 22 juin au 7 juillet) roule en partie sur un projet d’évasion qu’on lui avait proposé déjà et que Buzot renouvelait : Mme Roland s’y refuse, et elle affecte, à cet effet, plus de sécurité qu’elle n’en avait certainement sur l’issue de sa détention.

2199. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Il écrivait de là à son frère, le 13 septembre : « Je crois toujours de plus en plus que nos ennemis seront hors des États du roi dans la fin de ce mois et que le mal qu’ils nous auront fait aura plus de réputation que d’effet.

2200. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Villemain a publiés l’année dernière (les volumes contenant le Tableau du XVIIIe siècle) ; il les dévora, et cette lecture fit sur lui un effet extraordinaire.

2201. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Je ne puis te peindre l’effet que cela m’a fait ; je me suis retracé dans un instant la rue Notre-Dame, le cimetière, qui était nos galeries ; toute notre enfance s’est déroulée devant moi comme si c’était hier.

2202. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Il fallait pourtant les expliquer, en donner les motifs ou les prétextes, et à cet effet il dépêcha le 15 janvier M. de Fezensac au quartier général de l’Empereur à Varsovie.

2203. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Celles-ci tombaient d’elles-mêmes lorsque ces armées étaient battues, et elles n’avaient par conséquent d’autre effet que de les affaiblir par la nécessité des garnisons.

2204. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Voici le sens des vers de Dorât, qui sont, du reste, ingénieux, et qui me font l’effet d’un bon centon.

2205. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Il a peu d’idées, des systèmes importuns, une modestie fausse, une prétention à l’ignorance, qui revient toujours et impatiente un peu ; mais il sent la nature, il l’adore, il l’embrasse sous ses aspects magiques, par masses confuses, au sein des clairs de lune où elle est baignée ; il a des mots d’un effet musical et qu’il place dans son style comme des harpes éoliennes, pour nous ravir en rêverie.

2206. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Et puis la dissolution de la coterie arriva assez vite par l’effet d’un contre-coup politique.

2207. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Il me fit surtout l’effet, quand je le connus, de l’homme sensible (the man of feeling), égaré dans les voies romanesques, pratiquant l’élégie et en ayant tous les accents : Du besoin du passé notre âme est poursuivie, Et sur les pas du temps l’homme aime à revenir.

2208. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Labinsky, lequel, à distance et dans la liberté, me fait l’effet d’un correspondant correct de Lamartine.

2209. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Ce docte et original esprit, dont les idées historiques et littéraires, sans guère franchir encore le cercle de l’intimité, eurent tant d’effet autour de lui dès 1820, peut ici revendiquer un droit que s’est toujours empressé à proclamer, dans sa reconnaissance, le disciple émancipé, devenu maître à son tour.

2210. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Je ne saurais rendre l’effet désagréable que produit sur moi, par instants, ce style bizarre, baroque, bariolé de métaphores et de termes abstraits, à phrases courtes, à paragraphes secs, décharnés, qui sentent encore le résumé du contentieux, et qui poussent par soubresauts l’éloquence du factum jusqu’à une sorte d’élancement lyrique.

2211. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Niebuhr, dans sa défaite sur le mont Aventin, me fait un peu l’effet d’être battu comme La Fayette en 1830, non sans avoir obtenu bien des choses.

2212. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Mme de Pontivy était plus charmante ce soir-là que de coutume ; la mode des paniers, qu’elle adoptait pour la première fois, faisait ressortir la finesse d’une taille qui n’en avait pas besoin ; une langueur plus douce semblait attendrir sa figure, soit que ce fût l’effet de la poudre légère répandue sur ses boucles de cheveux jusque-là si bruns, soit que ce fût déjà un peu d’amour.

2213. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

« Elle ne se le chante pas toujours avec des vers ou des paroles mesurées, mais avec des expressions et des images où il y a un certain sens, un certain sentiment, une certaine forme et une certaine couleur qui ont une certaine harmonie l’une avec l’autre et chacune en soi. » Par l’attitude de sa pensée, il me fait l’effet d’une colonne antique, solitaire, jetée dans le moderne, et qui n’a jamais eu son temple.

2214. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Et n’est-ce pas en grande partie à l’effet moral de ce livre dans le peuple de Paris que nous devons d’avoir trouvé, deux ans après, le peuple de Paris si bien préparé à recevoir les conseils de la modération et de la justice et à le détourner si facilement des voies de sang où la Convention l’avait précipité pour le perdre ?

2215. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Tout jeune que j’étais, cela me fit l’effet d’un beau thème de rhétorique.

2216. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Mais il dit aussi certains petits effets de grandes vertus, des excès et des défauts, marques d’humanité, qui rapprochent de nous le saint, et l’animent sans l’amoindrir : nous voyons le roi, vêtu de grossier camelin, « tremper son vin avec mesure », et manger ce que son cuisinier lui prépare, sans condescendre jamais à commander le menu de son repas ; nous le voyons, modeste en sa parole comme pur en ses actes, n’ayant onques nommé le diable en ses propos, toujours timide et petit enfant devant sa mère, froid à l’excès et comme indifférent à l’égard de sa femme et de ses enfants, l’humeur vive avec son angélique bonté, assez jaloux de son autorité, rabrouant prélats ou Templiers, quand ils semblent entreprendre dessus, et, pour tout dire, un peu colère : Joinville ne fait-il pas un pacte avec lui, pour que ni l’un ni l’autre à l’avenir ne se fâchent, le roi de ses demandes, et lui des refus du roi ?

2217. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Même François Ier voulait témoigner par des effets plus solides l’intérêt que, selon son idée du prince accompli, il estimait devoir prendre aux études : il rêva des établissements fastueux, dont le malheur du temps priva la France.

2218. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Il a fait, sans se douter qu’il en faisait, des transpositions d’art étonnantes pour le temps : il a rendu par des mots, dans des vers, des effets qu’on demande d’ordinaire au burin ou au pinceau.

2219. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

De là, en maintes occasions, des effets d’un comique délicat et savoureux par le contraste inattendu que font avec certaines idées et certains objets la gravité, la prudhomie, l’exactitude scientifique et, d’autres fois, la beauté antique du langage de M. 

2220. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Je sais bien que cela même double l’effet de plusieurs passages du livre.

2221. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Il voudrait que Tebaldo s’entremît à cet effet.

2222. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Les mouvements que nous imprimons à nos membres ont pour effet de faire varier les impressions produites sur nos sens par les objets extérieurs ; d’autres causes peuvent également les faire varier ; mais nous sommes amenés à distinguer les changements produits par nos propres mouvements et nous les discernons facilement pour deux raisons : 1° parce qu’ils sont volontaires ; 2° parce qu’ils sont accompagnés de sensations musculaires.

2223. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

L’effet de cette bénédiction fut probablement qu’ils trouvèrent à quelques pas de là une brebis ou un chevreau égaré, qu’ils mangèrent.

2224. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

L’ode se transforme en un effort de lyrisme factice, où l’émotion vraie est remplacée par « un beau désordre » qui n’est le plus souvent qu’« un effet de l’art ».

2225. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Histoire croyable, si l’on tient compte des premiers effets du drame sur la race la plus sensible qui ait jamais existé. « Les Rhapsodes, disait Platon, avaient bien de la peine à réciter Homère sans tomber dans des convulsions », — Une autre fois, Eschyle eut un théâtre tué sous lui.

2226. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

[NdA] Sa surdité presque complète ne l’avait nullement empêché, durant des années, de suivre la représentation de ses pièces : il n’en perdait presque rien, et disait même qu’il n’avait jamais mieux jugé du jeu et de l’effet que depuis qu’il n’entendait plus les acteurs.

2227. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

On voit trop l’esprit sérieux qui s’est appliqué tout entier à la chose même, et qui n’écrit qu’en présence de son sujet, sans s’inquiéter assez de l’effet sur ses lecteurs.

2228. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Il ne s’en tient pas là, il demande ce qui serait arrivé si, au sortir de l’Assemblée, les membres qui avaient voté pour le décret avaient été assaillis par le peuple, qui leur aurait dit : « Vous venez de nous retrancher de la société, parce que vous étiez les plus forts dans la salle ; nous vous retranchons à notre tour du nombre des vivants, parce que nous sommes les plus forts dans la rue ; vous nous avez tués civilement, nous vous tuons physiquement. » Il est vrai que Camille ajoute que si le peuple avait voulu passer de la menace à l’effet, « si le peuple avait ramassé des pierres, il se serait opposé de toutes ses forces à la lapidation ».

2229. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

L’actrice était belle et dans son rôle ; il y avait des scènes à effet, bien théâtrales, des tirades éblouissantes, un vernis tout frais et tout nouveau, quelques mouvements qui accusaient la force et l’impétuosité de la muse, un peu de Sapho, pas mal de Phèdre.

2230. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

L’écriture, l’orthographe, la danse, à dessiner, à peindre, à travailler de l’aiguille, elle apprit tout, nous dit Conrart, et elle devinait d’elle-même ce qu’on ne lui enseignait pas : Comme elle avait dès lors une imagination prodigieuse, une mémoire excellente, un jugement exquis, une humeur vive et naturellement portée à savoir tout ce qu’elle voyait faire de curieux et tout ce qu’elle entendait dire de louable, elle apprit d’elle-même les choses qui dépendent de l’agriculture, du jardinage, du ménage, de la campagne, de la cuisine ; les causes et les effets des maladies, la composition d’une infinité de remèdes, de parfums, d’eaux de senteur, et de distillations utiles ou galantes pour la nécessité ou pour le plaisir.

2231. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

C’est vers le temps de ce séjour à Lausanne, que M. de Maistre publia, sans y mettre son nom, ses Considérations sur la France (1797), ouvrage étonnant où la Révolution est jugée, non seulement dans ses causes prochaines et dans ses effets immédiats, mais dans ses principes et ses sources, dans toute sa portée et dans son développement, dans ses phases même les plus éloignées, où la Restauration future est prédite et presque décrite dans ses voies et moyens.

2232. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Lorsqu’en germinal an V (avril 1797) Marmontel, retiré à son hameau d’Abloville, fut nommé membre du Conseil des Anciens par le département de l’Eure, il fut expressément chargé par ses commettants de défendre dans l’Assemblée nationale la cause de la religion catholique, alors proscrite et persécutée, et il composa à cet effet un discours qu’on peut lire, sur le libre exercice des cultes.

2233. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

En attendant, l’effet était produit, et ç’avait été pendant quelques jours, dans le grand monde, une nouvelle réclame en faveur de ce Figaro qui en avait si peu besoin.

2234. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Il faut, en un mot, des vues et un langage que je ne me charge pas de trouver, que quelques-uns sont en voie de découvrir peut-être, mais qui auraient pour effet ce qu’il y a de plus difficile au monde : créer de nouveau un besoin élevé, réveiller un désir !

2235. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Tels clichés, abstraits pour celui qui écrit, gardent pour celui qui lit une valeur d’image ; si donc plusieurs métaphores de ce genre se rencontrent liées ensemble par un rapport maladroit, il en résulte un effet de comique assez amusant.

2236. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Par une décadence de ce genre, il est probable qu’en Henri Heine, le spéculatif, mort en 1856, était tout pareil au judaïsant de 1823, tandis que le poète, par un effet inverse du même principe de psychologie, conservait intact et vivace son génie, jusqu’aux portes du tombeau.

2237. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Est-ce que par hasard le chêne vous ferait l’effet d’un byzantin et d’un raffiné ?

2238. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Tels sont les effets de la tombe sur les grands esprits.

2239. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

On sçait que le ridicule utile que son Dictionnaire néologique a jetté sur certains ouvrages modernes, remplis d’expressions vicieuses & de phrases vuides & alambiquées, a produit en partie le même effet sur le Parnasse, que la comédie des Précieuses ridicules produisit autrefois à la Cour.

2240. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Ils me font revenir en mémoire cette parole d’un ami : « Dieu nous a donné la nature pour nous consoler des petits jeunes gens. » Et, les montrant d’une main, mon ami m’indiquait de l’autre la Maladetta avec ses effets de neige étincelants, ses arêtes aiguës qui prennent sous le soleil des teintes ardoisées, — et ses précipices aussi pittoresques et aussi dangereux que peut les souhaiter un Anglais atteint d’un spleen à son dernier période.

2241. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Ecoutons d’ailleurs les professions de foi expressionnistes des poètes les plus qualifiés à cet effet !

2242. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Le poète transmet l’impression sans peindre l’objet par des effets puisés dans les moyens techniques de l’art.

2243. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

. — Puis il aimait l’effet comme une vieille actrice elle-même !

2244. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Moderne, délicat, il ne trempa que l’extrémité de son pinceau dans le cuvier de couleur barbare ou de couleur mystique et légendaire qui aurait pu lui servir de palette, s’il avait été le peintre géant qu’il fallait, et par cela seul qu’il ne voulut pas être barbare, comme n’aurait pas manqué de l’être tout grand artiste qui aurait eu à peindre un sujet barbare comme le sien, il resta de fait au-dessous, comme effet d’impression, de tous ces moines qui avaient moins de goût que lui, mais qui avaient plus d’énergie, et dont son histoire, pour ceux qui savent les lire, ne remplacera pas les chroniques et le mauvais latin, si sublime dans son incorrecte grandeur !

2245. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

qu’il faut savoir quand on est professeur, en présence de ces faits très peu dramatiques, et qui ne prêtent guères aux déclamations et aux effets de plume, je conçois qu’un ennemi de l’Église fût légèrement contrarié.

2246. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Je suis bien certain que mon livre aura un effet extraordinaire, et qu’immense sera la révolution morale et sociale qui en résultera ».‌

2247. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

La rapidité de déroulement de certains rêves me paraît être un autre effet de la même cause.

2248. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Cet emprunt à la matière qu’affecte ici le poëte, pour nous éblouir des effets éclatants de son art, peut en être un symbole visible, mais n’en exprime pas toute la grandeur et la grâce parfois naïve.

2249. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Il se jette dans la Loire, on veut l’en retirer, il déclare à voix haute qu’il donne tous ses effets à ceux, qui, sans lui prêter aucuns secours, se contenteront de le regarder. […] vous ne verriez par-tout, me répondit-on, que des effets de l’astuce, qui modifiée de mille façons différentes, a pris toutes sortes de formes. […] Peut-être même que ces petits insectes rougeâtres qui habitent volontiers les choux, & qui sont si prodigieusement multipliés, produiroient un effet approchant celui de la cochenille. […] Du moins cela produisit-il cet effet chez des religieuses, où l’on s’étoit avisé d’en apporter un exemplaire. […] D’ailleurs, ajouta-t-elle, considérez toutes les conditions, suivez les deux sexes, & par-tout vous trouverez des ridicules ; ici plus compassés, là, moins prémédités ; c’est-à dire, que les uns sont l’effet d’un caractere bizarre, les autres d’un esprit étourdi.

2250. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il y avait une erreur dans ma manière d’interpréter ce que j’admirais : je cherchais un effet, je tournais autour des choses jusqu’à ce qu’elles parussent le fournir. […] Lorsque, vers la fin de la représentation, cette ombre translucide envahit la piste, ses effets sur les couleurs et les plis des vêtements furent aussi miraculeux. […] C’est celle où il y a un hymne à Artémis, qui produisit tant d’effet sur le théâtre, et qui ne se trouve point dans Euripide. […] Cette rue, fort resserrée, est déjà d’un aspect saisissant ; les murs se dressent blafards et grenus, des toits s’avancent, des portes l’ouvrent sur des couloirs ténébreux, avec une échappée de verdure en plein jour au fond, qui ne laisse pas de produire un singulier effet de contraste. […] Ils sont d’un bien joli effet sous le soleil, entassés sur des charrettes, pêle-mêle avec quelques aulx.

2251. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Huysmans décrit l’effet produit sur un être doux et nerveux par la découverte d’un amant chez sa femme. […] C’est donc chez elle imitation pure ; mais l’acte est favorisé par le souvenir du but déjà atteint aux premiers essais, et il y a là un exemple très curieux et très obscur d’un effet déterminant sa cause dans l’inconscience physiologique. […] Ce serait empiéter sur les droits de messieurs les médecins. » Il déconseille le jeûne, les mortifications, les longues veillées de prières. « L’estomac vide, dit-il prestement, cause dans les scrupuleux le même effet que la bourse vide cause dans les autres. […] — D’ordinaire le malheur est un effet de la folie : et il n’y a point de contagion plus dangereuse que celle des malheureux. […] — Aristote, Quintilien, Cicéron ne sont rien pour ces libres génies ; les vieilles règles tant préconisées sont des hochets passés de mode : en un mot, tout est sacrifié à l’effet.

2252. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Il exerce des effets funestes sur le développement du cerveau. […] Comme on voit, toutes ses idées convergeaient vers une nécessité de changer les causes pour changer les effets. […] Certes, il serait injuste d’établir un lien de cause à effet entre des doctrines philosophiques et les conséquences que leurs adeptes en tirent. […] La cherté de la vie est aussi un principe de désordre, d’autant plus puissant qu’elle est un effet à la fois et une cause. […] Il nous enseigne la voie où nous engager pour retrouver avec des causes analogues des effets analogues.

2253. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Mais il ne paraît pas que le pronostic ait eu son effet : Mme de Ferriol comprit vite que son crédit dans le monde et sa considération étaient attachés à cette liaison avec le maréchal-ministre, et elle s’y tint. […] Mme du Deffand, malgré le beau rôle de confidente qu’elle partage avec Mme de Parabère et les louanges reconnaissantes de la fin, est jugée sévèrement dans cette correspondance d’Aïssé ; rien ne peut compenser l’effet de la lettre XVI, où se trouve racontée cette étrange histoire du raccommodement de la dame avec son mari, cette reprise de six semaines, puis le dégoût, l’ennui, le départ forcé du pauvre homme, et l’inconséquente délaissée qui demeure à la fois sans mari et sans amant.

2254. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Quand il a voyagé en Italie, ç’a été à la manière anglaise, notant les différences des mœurs, les particularités du sol, les bons et mauvais effets des divers gouvernements, s’approvisionnant de mémoires précis, de documents circonstanciés sur les impôts, les bâtiments, les minéraux, l’atmosphère, les ports, l’administration, et je ne sais combien d’autres sujets902. […] « Constance, sachant que la nouvelle de son mariage pouvait seule avoir poussé son amant à de telles extrémités, ne voulait pas recevoir de consolations ; elle s’accusait elle-même à présent d’avoir si docilement prêté l’oreille à une proposition de mariage, et regardait son nouveau prétendant comme le meurtrier de Théodose ; bref, elle se résolut à souffrir les derniers effets de la colère de son père plutôt que de se soumettre à un mariage qui lui paraissait si plein de crime et d’horreur931. » Est-ce ainsi qu’on peint l’horreur et le crime ?

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