Que Boileau reste à jamais dans la liste des grands écrivains et des grands poètes ; mais qu’on estime dans l’autre, de la philosophie, des connaissances et des vertus.
Le savant écrivain a ici le tort de devancer l’histoire. […] Et l’on reconnaît à quel point il est vrai de dire que ce sont nos grands écrivains qui ont fait la langue française. […] Car les formes anciennes suffisent presque toujours aux grands écrivains, et s’ils les modifient, c’est sans trop s’en apercevoir. […] On voit bien tout de suite qu’il y a, dans la littérature française, des écrivains du Nord et des écrivains du Midi, des Provençaux, des Gascons, des Auvergnats, des Belges, des Hellènes et des coloniaux. […] Je ne dis point que le grand écrivain soit accessible à des tentatives de corruption aussi enfantines.
Et quel est « le grand écrivain qui vit dans l’intimité des petits prophètes » ? […] À vrai dire, « petits prophètes » ne répond à rien, et est mis là, j’en ai peur, uniquement pour faire avec « grand écrivain » une élégante antithèse. […] Mais ceux même qui comprennent (en gros) ce que c’est que la profession d’écrivain en font peu de cas et mettent n’importe quelle fonction publique fort au-dessus. […] Car j’occuperais alors dans la pensée de quelques milliers de paysans une place infiniment plus honorable que celle du plus illustre écrivain. […] Il est, selon toute apparence, l’homme du monde qui possède la plus belle et la plus riche collection de manuscrits autographes des grands écrivains contemporains.
La plupart des écrivains, prosateurs ou poètes, qui célèbrent le dévouement, consultent les livres au lieu de consulter leurs souvenirs personnels. […] Le public s’habitue à n’estimer la pensée que d’après ses dimensions géométriques, et les écrivains qui font profession de l’émouvoir ou de l’amuser encouragent volontiers cette habitude. […] L’écrivain est devenu plus habile, mais le poète s’est éloigné de plus en plus de la vérité humaine, sans laquelle il n’y a pas de poésie possible. […] Sandeau a trouvé, pour peindre cette révolte invisible de chaque jour, des traits pleins de finesse et que ne désavoueraient pas des écrivains consommés. […] Ponsard un habile écrivain, ils n’ont pas consenti à le placer au premier rang.
Je trouve seulement que l’on fait sonner trop haut les noms des écrivains de l’antiquité. […] Pourquoi du moins ne s’en pas tenir aux critiques honnêtes avec nos écrivains ? […] Cela me fait sentir combien il est utile qu’en matiere d’ouvrages d’esprit, quelques écrivains ayent la hardiesse de dire ce qu’ils pensent. […] C’est même parce que l’academie doit être le rempart des lettres et du bon goût que ces écrivains ont cru de leur devoir d’éxaminer un ouvrage qu’on donnoit indistinctement pour régle, et d’y faire sentir ce qui devoit être excepté de l’estime et de l’imitation. […] Voyons si cette opinion est équitable ou injuste ; et sous prétexte de rendre une justice éxacte à nos écrivains, n’éxagerons pas nous-mêmes nôtre défaite.
C’est dans la foule chrétienne que naissent les écrivains les plus originaux. […] On ne fait pas au peuple sa part : quand il eut reconquis ses droits à l’attention des écrivains, il demanda sa revanche. […] C’est ainsi que s’établit un parallélisme entre les démarches des savants et celles des écrivains. […] Mais, tant pis pour l’écrivain, car les organismes sains n’ont pas d’histoire. […] Elle est si générale, le croirait-on, qu’il a fallu la collaboration de presque tous les artistes et écrivains réalistes pour en constater les funestes effets.
Dryden écrivain. — Espèce, portée, limites de son esprit. — Sa maladresse dans la flatterie et les gravelures. — Sa pesanteur dans la dissertation et la discussion […] De telles circonstances annonçaient et préparaient non un artiste, mais un écrivain. […] Dryden l’ouvre par ses autres œuvres, et les écrivains qui paraîtront sous la reine Anne lui donneront son achèvement, son autorité et son éclat. […] Un autre écrivain, mistress Afra Behn, allumait sous le nez d’Éléonor Gwynn des lampions bien plus infects ; les nerfs alors étaient robustes, l’on respirait agréablement là où d’autres suffoqueraient. […] Dans cette stérilité, l’art se réduit bientôt à revêtir des pensées étrangères, et l’écrivain se fait antiquaire ou traducteur.
Nous nous disposions à écrire ici quelques lignes de chaleureuse sympathie pour le Maître-Poète Catulle Mendès, lorsque — mieux avisé — le ministre de l’instruction publique nous devança en piquant à la boutonnière de l’écrivain le rouge coquelicot d’honneur. […] Le Comte va recevoir plusieurs « professional beauties », nos principaux amateurs et quelques écrivains : MM. de Goncourt, Gustave Kahn, Octave Mirbeau, Tybalt, Bauër, Ponchon, E. […] Tels sont, en résumé, les principes de l’École Romane, et les écrivains qui la composent les ont déjà affirmés par l’exemple ; ainsi les dernières œuvres de MM. […] Morice s’est passionné pour quelques puissants écrivains étrangers et c’est ainsi qu’il a traduit (non en traître, selon la banale et fausse expression courante, mais avec grand talent) des poésies de Nekrassovj et des romans de Dostoïevsky. […] Bien plus, des écrivains éminents, possédant au suprême degré le sens du rythme de la prose, ont avoué que, par une infirmité singulière, ils ne pouvaient savoir si un alexandrin était juste ou non, à moins de compter sur leurs doigts.
Presque tous les grands écrivains qui ont oublié de mourir jeunes ont connu cela plus ou moins. […] Car c’est ainsi qu’ils font tous, les écrivains de là-bas. […] Mais la gloire des écrivains célèbres qu’on ne lit pas (et c’est le plus grand nombre) ? […] La chose, comme vous voyez, n’avait rien de désobligeant pour le doux écrivain. […] Quant aux cabots artistes et écrivains, M.
Ces sortes de remarques se font dans les classes, lorsque le professeur explique un écrivain à des élèves novices ou bornés. […] Et quel écrivain plus que La Bruyère a besoin d’être commenté par l’histoire ? […] Il n’est pas un écrivain du grand siècle qui ne puisse être renouvelé aux yeux du public par ce genre de critique ; c’est celle dont M. […] Encore un effort ; qu’il en coûte d’aborder les grands écrivains modernes ! […] Les plus grands écrivains sont réduits à s’autoriser d’Aristote et des Grecs.
On trouve assez d’exemples de la tmèse dans Horace, & dans les meilleurs écrivains du bon siecle. […] Les bons écrivains évitent autant qu’ils peuvent l’usage de cette figure, parce qu’elle peut répandre quelque obscurité sur le sens qu’elle interrompt ; & Quintilien n’approuvoit pas l’usage fréquent que les Orateurs & les Historiens en faisoient de son tems avant lui, à moins que le sens détaché mis en parenthèse ne fût très-court. […] La forme impérative ajoute à la signification principale du verbe, l’idée accessoire de la volonté de celui qui parle ; & de quelque cause que puisse dépendre l’effet qui en est l’objet, il peut le desirer & exprimer ce desir : il n’est pas nécessaire à l’exactitude grammaticale, que les pensées que l’on se propose d’exprimer aient l’exactitude morale ; on en a trop de preuves dans une foule de livres très-bien écrits, & en même tems très-éloignés de cette exactitude morale que des écrivains sages ne perdent jamais de vûe. […] Au reste cette dénomination pourroit avoir été adoptée bien légèrement, & il ne paroît pas que dans l’usage de la langue latine, les bons écrivains aient supposé dans cette sorte de verbe, l’idée accessoire d’inchoation ou de commencement, que leur nom y semble indiquer. […] Consultons les meilleurs écrivains.
Définir jusqu’à quel point et de quelle manière l’écrivain a partie liée avec l’histoire et avec le mouvement de la société ; imposer, au fond, une idée de la littérature, de sa fonction, et des devoirs de l’écrivain. […] que toute recherche trop acharnée d’une forme nouvelle enlève au service de l’Idée les forces les plus précieuses de l’écrivain etc… Mais ceux qui craignent pour le sort de l’Idée trouveront-ils donc M. […] Non certes, nous ne manquerons pas cette extraordinaire occasion d’atteindre enfin, sans l’aide d’aucun truchement, et pour ainsi dire en prise directe, l’art d’un écrivain étranger. […] Et cela, comment l’admettre en un siècle où chaque écrivain, ou prêche, ou moralise, ou, pour le moins, conclut ? […] Quant à Alfred Masson-Forestier (1852-1912), écrivain qui collaborait notamment à La Revue des deux mondes et au Temps, il vient alors de publier Autour d’un Racine ignoré, au Mercure de France (1911).
Au bout d’une des salles de la Mazarine un buste de lui existe en marbre, et fait pendant à celui de Racine ; j’ai souvent admiré le contraste, et je ne sais si c’est ce que l’ordonnateur a voulu marquer : ce sont bien certainement les deux esprits qui se ressemblent le moins, les deux écrivains qui se produisent le plus contrairement ; l’un encore tout farci de gaulois, cousu de grec et de latin, et d’une diction véritablement polyglotte, l’autre le plus élégant et le plus poli ; celui-ci le plus noble de visage et si beau, celui-là si fin. […] Quelques écrivains, médiocrement penseurs, doués seulement d’une vive sagacité littéraire, ouvrirent dès l’abord une ère nouvelle pour l’expression ; le goût, qui implique le choix et l’exclusion, les poussa à se procurer l’élégance à tout prix et à rompre avec les richesses mêmes d’un passé dont ils n’auraient su se rendre maîtres. […] Lui, le moins promoteur en apparence et le moins en avant, pour les façons, des écrivains de sa date, il eut sa fonction sociale aussi. […] Prenez garde : voilà qu’à la fin, citant Pétrone sur les déclamateurs, il montre que ces façons pompeuses d’exercice littéraire ne servent au fond de rien, que les vrais grands écrivains sont de date antérieure, que les bons esprits vont à ces nouvelles Académies comme les belles femmes au bal, c’est-à-dire sans en chercher autre profit que d’y passer le temps agréablement et de s’y faire voir et admirer. — Sur quoi Saint-Ange, un peu surpris du revers, dit à Muscurat : « Tu fais justement comme ces vaches qui attendent que le pot au lait soit plein pour le renverser250… » Voilà, en bon français, la méthode de Gabriel Naudé et des grands sceptiques.
L’abbé Prevost est peut-être le dernier écrivain qui, dans ses romans, ait employé le mot honnête homme précisément dans le beau sens où l’employaient, au xviie siècle, M. de La Rochefoucauld et le chevalier de Méré. […] Je ne me flatte pas d’avoir rompu toute l’enveloppe, et je n’y ai pas visé le moins du monde ; j’ai lu, j’ai glissé, et il m’a suffi de cet à-peu-près facile pour apprécier du moins, au milieu de tout ce qui m’échappait, la façon de dire vite et bien, la touche légère, l’élégante familiarité, cette nouveauté qui n’est pas tirée de trop loin et qui rencontre aisément ce qu’elle cherche (curiosa felicitas, comme Pétrone lui-même a dit d’Horace), en un mot, ce cachet qui a caractérisé de tout temps les écrivains maîtres en l’art de plaire. […] Le chevalier est tout à fait un écrivain. […] Il me semble aussi que ceux qui ont l’esprit fait entendent tout ce qu’on dit, et qu’il ne leur faut plus après cela que de bons avertisseurs. » Quand le Dictionnaire de l’Académie, continué par nos petits-neveux, en sera au mot incompatible, quel meilleur exemple aura-t-on à citer, pour le sens absolu du mot, que ce trait du chevalier contre les raffinés qui ne savent causer, dit-il, qu’avec ceux de leur cabale, et qui voudraient toujours être en particulier, comme s’ils avaient à dire quelque mystère : « Je trouve d’ailleurs que d’être comme incompatible, et de ne pouvoir souffrir que des gens qui nous reviennent, c’est une heureuse invention pour se rendre insupportable à la plupart des dames, parce que, d’ordinaire, elles sont bien aises d’avoir à choisir. » Je pourrais continuer ainsi et varier les détails sur ce mérite d’écrivain et presque de grammairien du chevalier, qui s’en piquait tant soit peu ; mais il ne faut pas abuser.
Mais il n’est guère possible d’accorder les écrivains entre eux sur plusieurs détails relatifs à cet événement. […] Arrien, toujours disposé à se laisser entraîner par leur autorité, ne dissimule pas qu’un grand nombre d’écrivains s’étaient contentés de remarquer que la familiarité de Callisthène avec Hermolaüs avait fait naître des soupçons que la haine de ses ennemis érigea en preuves. Le même historien ajoute que quelques autres écrivains prétendaient qu’Hermolaüs, dans son discours, avait reproché à Alexandre la mort injuste de Philotas, celle plus injuste encore de Parménion et de ses amis, le meurtre de Clitus, le changement de costume et l’habillement à la manière des Mèdes, la tentative de se faire adorer à laquelle il n’avait pas renoncé, enfin ses veilles passées dans la débauche. Les mêmes choses se lisent dans le discours que Quinte-Curce fait prononcer à Hermolaüs ; ce qui est très digne de remarque, puisqu’il en résulte que cet historien n’imaginait pas toujours les harangues dont il a rempli son ouvrage, et qu’il ne les composait pour l’ordinaire qu’après en avoir trouvé le sujet, soit dans Plutarque, soit dans d’autres écrivains qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous.
Il semble que la Vénus du musicien soit la descendante de la Luxuria du poète, de la blanche Belluaire, macérée de parfums, qui écrase ses victimes sous le coup d’énervantes fleurs ; il semble que la Vénus wagnérienne attire et capte comme la plus dangereuse des déités de Prudence, celle dont cet écrivain religieux n’écrit qu’en tremblant le nom : Sodomita Libido. […] Aussi, faut-il conseiller à tous les écrivains qui méditent des drames lyriques, aussi bien qu’à tous les musiciens, de ne pas hésiter à venir en ce moment à Bruxelles, Les Maîtres Chanteurs sont, assurément, une œuvre éblouissante et, par-dessus tout, de puissante suggestion. […] Le mérite de l’auteur n’est pas moindre dans la suite, au long de l’œuvre, et sa version française, d’une précision si animée et d’une si exacte élégance, devrait servir de modèle à tous ceux qui entreprennent de traduire les ouvrages des écrivains étrangers. […] Ce grand wagnérien marqua profondément les deux jeunes écrivains.
. — Ce xixe siècle, aujourd’hui si fier de sa fortune, de sa naissance et de ses victoires, il vivra parce qu’il a été fécondé, agrandi, fortifié par quelques grands écrivains, l’honneur de la prose et de la poésie, et ces écrivains déjà dans l’ombre, ils seront tout étonnés de se voir au réveil, devenus les égaux (pour le moins) de la gloire même la plus haute et la moins contestée ! […] Honneur à la durée en toutes choses ; elle est venue en aide à bien des rois tout-puissants ; elle a manifesté plus d’un grand écrivain qui serait mort oublié, s’il n’avait pas combattu, durant quarante ans, sur la même brèche. […] Les comédiens, les chanteurs, les belles personnes, race passagère et périssable, meurent deux fois Ainsi meurent les grands orateurs et les plus habiles écrivains de la presse (Armand Carrel !
. — Mystère, oui ; mais le métier de l’écrivain philosophe est précisément de sonder par sa sagacité ce qui paraît mystère à la foule, et de mettre à nu ce cœur du peuple, pour lui dire : Tiens ! […] L’atticisme, cette qualité indéfinissable des choses grecques, est le don par excellence de cet écrivain français. […] Cette intimité confidentielle dans laquelle ils vivent avec les écrivains, les orateurs, les poètes, les savants, initient forcément ces ouvriers de la pensée à la science, à la politique, aux lettres. […] C’est la profession la plus rapprochée de celle de l’écrivain, si toutefois penser, sentir et écrire est une profession.
Peut-on penser, par exemple, qu’Auguste, quand il auroit été servi par deux mecenes, auroit pû, s’il eut regné aux temps où regna Constantin, changer par ses libéralitez les écrivains du quatriéme siecle en des Tite-Lives et en des Cicerons ? […] Quoique les sçavans paroissent incertains du temps où Quinte-Curce écrivoit son histoire d’Alexandre et que quelques-uns l’aïent crû un écrivain posterieur à Tacite ; il me paroît décisif par un passage de son livre, que cet auteur la composa sous l’empire de Claudius et par consequent qu’il écrivoit environ quatre-vingt ans avant que Tacite écrivit. […] Pour parler des lettres, avoient-ils enlevé de la Grece tous les exemplaires d’Homere, de Sophocle et des autres écrivains du bon temps ? […] C’est un grand préjugé en faveur de ces poëtes qu’un écrivain aussi judicieux qu’Horace les mette dans la même classe que Virgile.
Il eût été honteux à Sully de l’accepter, aussi le refusa-t-il. » Sur quoi un écrivain de notre temps, bien fait pour juger de Sully avec toute sorte de compétence, M. […] Richelieu, plume en main, est un historien, un écrivain, et y vise : Sully tient avant tout à ce que l’on ne cesse de voir son grand état de maison, même dans l’office et les charges de l’histoire.
L’homme et l’écrivain chez Voltaire sont parfaitement définis et connus, ou du moins peuvent l’être : le combattant et le chef de parti Voltaire continue toujours. […] écrivait-il à Thieriot en 1739 ; j’en suis très mortifié : il est dur d’être toujours un homme public. » Ce fut toute sa vie sa prétention d’avoir l’existence d’un écrivain gentilhomme, qui vit de son bien, s’amuse, joue la tragédie en société, s’égaie avec ses amis et se moque du monde : « Je suis bien fâché, écrivait-il de Ferney à d’Argental (1764), qu’on ait imprimé Ce qui plaît aux dames et L’Éducation des filles ; c’est faner de petites fleurs qui ne sont agréables que quand on ne les vend pas au marché. » Je me suis amusé moi-même à recueillir dans la correspondance nouvellement publiée bon nombre de préceptes de vie qui se rapportent à ce régime de gaieté, auquel il dérogea souvent, mais sur lequel aussi il revient trop habituellement pour que ce ne soit pas celui qu’il préfère : Ce monde est une guerre ; celui qui rit aux dépens des autres est victorieux.
Les lettres de nos plus grands écrivains (y compris Mme de Sévigné) n’ont pas été exemptes de ces retouches indiscrètes dont la prétention était d’effacer les négligences. […] Michel Nicolas ne vienne pas nous dire : « Ses ouvrages, même ceux de sa jeunesse, annoncent un observateur judicieux, souvent un penseur profond, toujours un écrivain guidé par le seul amour de la vérité. » Il est impossible, quand on arrange la vérité d’autrui de la sorte et qu’elle se fausse, pour ainsi dire, d’elle-même sous la plume, qu’on en ait grand souci dans aucun de ses propres ouvrages.
Nous pouvons aujourd’hui, à la faveur de la publication nouvelle, et en nous aidant aussi de celle de Genève, parler à notre tour, et en toute familiarité, de ce personnage excellent, de cet écrivain savant et utile, d’un ami de la France et de l’humanité. […] C’est un bon esprit plus qu’un esprit supérieur, un écrivain laborieux autant qu’éclairé, d’une vaste lecture, d’une sincérité parfaite, sans un recoin obscur ni une arrière-pensée ; c’est surtout une riche nature morale, sympathique, communicative, qui se teint des milieux où elle vit, qui emprunte et qui rend aussitôt.
Et quelquefois, à la fin de juin, par un jour brûlant, dans la robuste épaisseur d’un arbre en pleines feuilles, je voyais un petit oiseau muet et de couleur douteuse, peureux, dépaysé, qui errait tout seul et prenait son vol : c’était l’oiseau du printemps qui nous quittait. » Augustin, le précepteur de Dominique, est un très jeune homme, d’une nature tout opposée à celle de son élève : c’est un homme de livres, de logique, de science, un cerveau ; après bien des labeurs, après des âpretés et des difficultés sans nombre de carrière et de destinée, il arrivera un jour à se faire un nom parmi les écrivains sérieux de son pays, à se faire une haute situation même ; ce sera un politique, un économiste, un conseiller d’État, un ministre, que sais-je ? […] Dominique a du mélange en lui : ni tout à fait amant, ni tout à fait poète ou écrivain, il aura des ressources dans ces demi-partis mêmes.
Ce n’est point moi (bien entendu) qui parle en ce moment, je ne suis que l’écho des écrivains militaires les plus instruits et les plus capables. […] Je sais que, toutes les fois qu’on parle de Catinat, il est de mode de dire beaucoup de mal de Feuquières ; Catinat n’eut pas à se louer de lui en deux circonstances, et il est plus que possible que Feuquières, en effet, par son caractère, et dans la pratique, ait eu quelques-uns des inconvénients qu’on lui a reprochés ; il faut bien croire, puisque tous l’ont dit, qu’il avait des vices de cœur : il n’en est pas moins vrai que, comme écrivain militaire, Feuquières est un esprit supérieur, et que la lecture de ses Mémoires ne soit un des livres qui donnent le plus à réfléchir.
Il s’ensevelit sous la religion du silence, à l’exemple des gymnosophistes et de Pythagore ; il médita dans le mystère, et s’attacha par principes à demeurer inconnu, comme avait fait l’excellent Saint-Martin. « Les prétentions des moralistes, comme celles des théosophes, dit-il en tête des Libres Méditations, ont quelque chose de silencieux ; c’est une réserve conforme peut-être à la dignité du sujet. » Désabusé des succès bruyants, réfugié en une région inaltérable dont l’atmosphère tranquillise, il s’est convaincu que cette gloire qu’il n’avait pas eue ne le satisferait pas s’il la possédait, et s’il n’avait travaillé qu’en vue de l’obtenir : « Car, remarque-t-il, la gloire obtenue passe en quelque sorte derrière nous, et n’a plus d’éclat ; nous en aimions surtout ce qu’elle offrait dans l’avenir, ce que nous ne pouvions connaître que sous un point de vue favorable aux illusions. » Il n’est pas étonnant qu’avec cette manière de penser, le nom de M. de Sénancour soit resté à l’écart dans cette cohue journalière de candidatures à la gloire, et que, n’ayant pas revendiqué son indemnité d’écrivain, personne n’ait songé à la lui faire compter. […] Chaque écrivain a son mot de prédilection, qui revient fréquemment dans le discours et qui trahit par mégarde, chez celui qui l’emploie, un vœu secret ou un faible.
Un écrivain a fleuri et brillé en son temps ; il est mort ; le goût public a changé ; sa renommée a vieilli et a pâli ; on le cite encore à la rencontre, on a de lui une ou deux pièces qui seules survivent au reste des œuvres oubliées ; il semble que tout soit dit sur son compte : et voilà subitement qu’un homme arrive, littérateur ou non de métier, mais ayant au cœur je ne sais quelle étincelle littéraire, et cet homme un matin se consacre à cette mémoire défunte, la réchauffe, la restaure, s’applique de tout point à la rehausser. […] Gresset, dans son séjour d’Amiens, s’était extrêmement préoccupé, comme font volontiers les écrivains retirés en province, du néologisme qui s’introduisait en quelques branches du langage : « Il avait été frappé justement, mais beaucoup trop, dit Garat dans sa Vie de Suard, du ridicule d’une vingtaine de mots qui avaient pris leurs origines et leurs étymologies dans les boutiques des marchandes de modes, même dans les boutiques des selliers. » Il en forma comme le tissu de son discours ; toutes ces locutions exagérées dont il s’était gaiement raillé vingt-cinq ans auparavant dans le rôle du jeune Valère : Je suis comblé, ravi, je suis au désespoir, Paris est ravissant, délicieux, il les remit là en cause, il fit d’une façon maussade comme la petite pièce en prose à la suite du Méchant ; et tandis que Suard plaidait avec tact pour la raison, alors dans sa fleur, et pour la philosophie, Gresset souligna pesamment des syllabes, anticipant l’office que nous avons vu depuis tant de fois remplir à feu M.
Elle a beaucoup parlé dans ses Mémoires de La Blancherie, manière d’écrivain et de philosophe qui tomba assez vite dans la fadaise et même dans le courtage philanthropique ; elle le juge de haut, et, après quelque digression avoisinante, elle ajoute lestement en revenant à lui : Coulons à fond ce personnage. […] Le temps seul fait les parts nettes et sûres : il les fait au sein même de l’écrivain original, mais qui a trop obéi au goût de ses disciples, et qui s’est laissé aller aux excès applaudis.
Beaucoup d’écrivains de notre temps se sont épris des arts plastiques ; plusieurs se sont fait des yeux de peintres et par là ils ont mieux joui de l’immense Cybèle. […] Si M. de Glouvet n’est peut-être pas partout un écrivain accompli, il s’est montré, comme j’ai dit, poète en plus d’un endroit, et, une fois, poète puissant dans le Berger.
« C’est une étrange entreprise que de faire rire les honnêtes gens. » « Faire rire » (on dédoubla, pour le tragique) « faire pleurer les spectateurs », voilà l’idéal soufflé chaque jour aux écrivains de théâtre. […] L’écrivain qui ne souhaite que les applaudissements et leurs conséquences, toujours est incertain de sa réussite.
« C’est une étrange entreprise que de faire rire les honnêtes gens. » « Faire rire » (on dédoubla pour le tragique) « faire pleurer les spectateurs », voilà l’idéal soufflé chaque jour aux écrivains de théâtre. […] L’écrivain qui ne souhaite que les applaudissements et leurs conséquences, toujours est incertain de sa réussite.
Un écrivain et un confrère que j’honore infiniment pour son esprit sérieux et élevé comme son caractère, M. de Noailles, dans son Histoire de Mme de Maintenon (t. […] Si Saint-Simon n’a pu faire rendre si tard à la noblesse française une influence politique et aristocratique qui n’était point sans doute dans les conditions de notre génie national et dans nos destinées, il a fait pour elle tout ce qu’il y a de mieux après l’action, il lui a donné, en sa propre personne, le plus grand écrivain qu’elle ait jamais porté, la plume la plus fière, la plus libre, la plus honnête, la plus vigoureusement trempée et la plus éblouissante, et ce duc et pair dont on souriait alors se trouve être aujourd’hui, entre Molière et Bossuet (un peu au-dessous, je le sais, mais entre les deux certainement), une des premières gloires de la France27.
Mais, comme correctif et comme adoucissement à ces (regrets mal étouffés de l’écrivain et de l’artiste, le philosophe en lui et l’homme moral répondait : « On ne me vole point ma vie, je la donne ; et qu’ai-je de mieux à faire que d’en accorder une portion à celui qui m’estime assez pour solliciter ce présent ? […] Il est le premier grand écrivain en date qui appartienne décidément à la moderne société démocratique.
On commence à sentir en quoi, malgré ses légèretés et ses minauderies d’agrément, malgré cette familiarité affectée d’expressions qui semble par moments une chicane concertée contre la majesté des choses, Fontenelle se différencie profondément des écrivains frivoles qui traitent des sujets graves et qui ne prennent point la vérité en elle-même. […] On a dit de Fontenelle, écrivain, qu’il allait à l’amble, là où d’autres couraient et se déployaient avec force ou gravité.
Théodore Leclercq a eu ce singulier bonheur pour un écrivain moraliste et dramatique, d’avoir rattaché son observation et sa fine moquerie à une époque distincte et à un moment de l’histoire : tellement que, pour faire bien comprendre ce que l’historien ne dit qu’en courant et ce qu’il ne peut que noter sans le peindre, il n’y a rien de mieux que de renvoyer à quelques-uns de ses jolis proverbes comme pièces à l’appui. […] Mitis est un laïque, un écrivain qui a de certains emplois secrets peu honorables, et qui finissent par tourner contre lui-même : « Il y a dans ce moment-ci, dit-il à un ancien ami qu’il veut séduire, deux partis très distincts dans le gouvernement, le parti religieux qui mène, et le parti politique qui se lasse d’être mené.
Les souvenirs en ce lieu lui reviennent en foule : Je vois la prairie où je sautillais ; je vois la petite île ou je broussaillais, où j’ai pleuré…, où j’ai ri… Je vois plus loin le bois feuillu, où, près de la fontaine, je me faisais songeur, depuis que l’on m’avait dit qu’un fameux écrivain avait doré le front d’Agen, en faisant retentir ses vers au bruit de cette onde d’argent. Cet écrivain fameux, qui troublait l’enfance de Jasmin, le croirait-on ?
Un autre jour encore, un écrivain distingué venait de lui lire une tragédie […] Raynouard, si bon et si ingénieux grammairien, n’était rien moins qu’un habile écrivain ; il ne fut jamais un maître dans l’art d’écrire.
Mais, dans ses Mémoires, Retz, évincé de l’action et de la pratique, n’est de plus en plus qu’un écrivain, un peintre, un grand artiste ; il lui est impossible désormais d’être autre chose, et l’on s’arme aisément contre lui-même, contre ce qu’il aurait pu être et devenir autrefois, de cette qualité dernière qui fait à jamais sa gloire. […] L’homme qui sous Louis XIV, vers 1672, âgé de cinquante-huit ans, écrivait ces choses dans la solitude, dans l’intimité, en les adressant par manière de passe-temps à une femme de ses amies, avait certes dans l’esprit et dans l’imagination la sérieuse idée de l’essence des sociétés et la grandeur de la conception politique ; il l’avait trop souvent altérée et ternie dans la pratique ; mais plume en main, comme il arrive aux écrivains de génie, il la ressaisissait avec éclat, netteté et plénitude.
Je suis assez content de cela. » Voilà bien l’écrivain dans l’homme politique, le littérateur que son soin curieux n’abandonne jamais. […] Courier, quelle que soit l’idée qu’on se fasse de sa personne morale et de ses qualités sociales, restera dans la littérature française comme un type d’écrivain unique et rare.
Bien que les écrivains distingués (et quelques-uns d’un ordre élevé) qui ont eu à parler de M. […] Cette Histoire pour lui, c’était son devoir, son titre à l’estime, cet ouvrage solide que tout écrivain qui se respecte doit faire une fois dans sa vie ; le journal, c’était son plaisir, son second vin de Champagne, sa malice et sa gaieté.
Il les a distribuées par ordre chronologique ; il y a joint les notes et éclaircissements qu’on peut désirer, une introduction historique où il envisage le caractère et le rôle du personnage, et une préface où il rend compte du procédé matériel de l’écrivain. […] Dans ce que j’ai cité pourtant aujourd’hui de ce commencement de carrière et de cette jeunesse de Richelieu, il me semble qu’on le voit déjà se dessiner hardiment comme homme et bien largement aussi comme écrivain.
“Il peint, dit l’Ecrivain déjà cité, agréablement ses pensées ; son style est vif & élégant ; mais il y a peu d’ordre dans son traité ; ses fréquentes contradictions sont de la peine à des lecteurs attentifs ; elles se dérobent à la plûpart des lecteurs entraînés par les agrémens du style. […] C’est un écrit systématique, où, avec de fort bonnes idées, on en trouve beaucoup plus de singulieres, comme dans la plus grande partie des opuscules de cet Ecrivain.
Renan entra aisément, et pour cette raison même, au Journal des débats, et il y est encore, je crois, les jours de grande fête ; de là, il cingla vers l’Institut, et le voilà, non pas sans travaux, puisqu’il chiffonne dans l’érudition allemande, et c’est une terrible besogne, mais rapidement et sans luttes, le voilà regardé comme un critique, un érudit et un écrivain formidable, même par ses ennemis. […] Renan, pour quelques pages agréablement tournées sur les matières où les écrivains sont très rares, ne nous impose pas.
Une autre considération qui nous a déterminé aussi à ne rien omettre de ce qui portait la marque infaillible de l’écrivain jusque dans de simples notices bibliographiques, c’est que nous avons obtenu la certitude que nous allions rendre service à des travailleurs spéciaux : cette conviction nous est venue, à mesure que nous retrouvions quelques-unes de ces pages oubliées, en les signalant à des savants pour lesquels elles devaient être un motif d’intérêt.
Sainte-Beuve, qui ne parle ordinairement que des œuvres importantes, n’a pas souvent occasion de blesser personnellement les écrivains qui l’attaquent aujourd’hui, le public en sera réduit à se demander si la sympathie acquise à notre collaborateur ne serait pas, pour ceux qui ne se servent du feuilleton que dans l’intérêt de leurs passions, une critique permanente dont ils ont besoin de se venger. »
Il me semble qu’il faut du courage à l’écrivain presque autant qu’au guerrier ; l’un ne doit pas plus songer aux journalistes que l’autre à l’hôpital.
Mais, pour faire goûter son œuvre sévère et impartiale, Buffon eut besoin d’un talent d’écrivain de premier ordre.
Mais ces sentiments divers sont tous comprimés et dominés chez lui par un autre sentiment, plus général, ou mieux par une manière d’être qui, jointe, à la qualité particulière de son style ; achève de donner sa marque à ce rare écrivain : car elle nous révèle, après la distinction incomparable de l’artiste, la suprême distinction de l’homme.
Après le glorieux règne des écrivains généreux et croyants, optimistes, idéalistes, épris de rêve, il s’est produit un mouvement de littérature réaliste, très brutale et très morose.
Si les écrivains se mettent comme cela à changer leur manière, il n’y a plus de sécurité pour le lecteur.
Gustave Kahn créa en 1897, avec Catulle Mendès, à l’Odéon, ensuite au théâtre Antoine et au théâtre Sarah-Bernhardt, des matinées de poètes où il tenta de faire connaître les écrivains de la génération ascendante ?
Écrivain savant, il eût pu, par des histoires sur le cœur des femmes adultères, se saisir de la faveur publique, de l’argent, de la renommée.
On chante ; le doux patois aux syllabes rondes fait vibrer le sol, les maïs pliés se redressent au vent léger, et le cher pays souffle son haleine reposée. » C’est dans une revue de jeunes que je cueille ces bluettes gracieuses, mais, comme on la félicite, Mlle Moréno se défend d’être écrivain. — Un bas-bleu !
Quant aux sectes d’Hémérobaptistes, de Baptistes, d’Elchasaïtes (Sabiens, Mogtasila des écrivains arabes 583, qui remplissent au second siècle la Syrie, la Palestine, la Babylonie, et dont les restes subsistent encore de nos jours chez les Mendaïtes, dits « chrétiens de Saint-Jean », elles ont la même origine que le mouvement de Jean-Baptiste, plutôt qu’elles ne sont la descendance authentique de Jean.
Pour tout dire en deux mots, qu’on compare les fruits qu’a produits dans tous les Etats une Philosophie raisonneuse, turbulente & destructive, principe de leur altération, de leur dépérissement, & de leur chute, avec les avantages qu’ils doivent à la Religion, qui les a tirés du chaos, les a rendus florissans, les maintient ; & l’on saura que penser des déclamations de tant d’Ecrivains, qui n’ont pas rougi de dissimuler ses bienfaits, de lui imputer des crimes qu’elle condamne, & de lui reprocher des désordres, dont elle a bien pu être le prétexte, mais qui ont cessé aussi-tôt qu’on en est revenu à son esprit & à ses vrais sentimens.
Un nommé le Gras, avocat sans occupation & qui se croyoit un écrivain du premier ordre, pour avoir donné au public une mauvaise rhétorique Françoise, déclama contre la réforme projettée.
L’écrivain le plus austere, celui qui fait la profession la plus serieuse de ne mettre en oeuvre pour nous persuader que la raison toute nuë, sent bientôt que pour nous convaincre il nous faut émouvoir, et qu’il faut pour nous émouvoir mettre sous nos yeux par des peintures les objets dont il nous parle.
Il s’est donné pour but de déshonorer le fondateur de l’éclectisme comme philosophe en l’honorant comme écrivain, comme orateur, comme… — il faut bien dire la chose puisqu’elle est, — comme le plus prestigieux comédien intellectuel qui se soit joué des comédies à soi-même, et, pour le déshonorer mieux, il l’honore trop.
Je vois bien là, au compte de cette année, le volume d’histoire de Michelet qu’il a intitulé Régence, et qui flamboie des qualités inextinguibles de cet écrivain de jeunesse éternelle ; mais, hélas !
Après les remarques diverses que nous avons faites dans ce chapitre sur tant d’expressions élégantes de l’ancienne jurisprudence romaine, au moyen desquelles les feudistes corrigent la barbarie de la langue féodale, Oldendorp et tous les autres écrivains de son opinion doivent voir si le droit féodal est sorti, comme ils le disent, des étincelles de l’incendie dans lequel les barbares détruisirent le droit romain.
Chacun (et, ne vous en déplaise, ce sont les plus illustres entre les écrivains de notre temps) a mis son honneur à s’embarquer avec quelqu’une ou avec quelques-unes. […] l’éloquent écrivain ne l’eût peut-être pas écrite si accentuée et si vive avant toutes ces levées galantes de boucliers. […] Elle est la décente amie de M. de Nivernais ; car en ce pays aucune intimité n’est permise que sous le voile de l’amitié. » Le duc a son mérite ; comme écrivain, il est « au sommet du médiocre », et Horace Walpole cite à ce propos le mot de Mme Geoffrin, qu’il corrige légèrement, puis il ajoute : Il serait disposé à penser avec liberté, s’il n’avait l’ambition de devenir gouverneur du dauphin (Louis XVI), et de plus il craint sa femme et sa fille qui sont des fagots d’Église.
. — Visiblement, dans ce monde, le premier rôle est aux écrivains ; on ne s’entretient que de leurs faits et gestes ; on ne se lasse pas de leur rendre hommage. « Ici, écrit Hume à Robertson500, je ne me nourris que d’ambroisie, ne bois que du nectar, ne respire que de l’encens et ne marche que sur des fleurs. […] Ceci nous indique la pente du siècle ; on demandait alors aux écrivains non seulement des pensées, mais encore des pensées d’opposition. […] Sans approfondir celle des écrivains plus graves, nous l’admirions comme empreinte de courage et de résistance au pouvoir arbitraire… La liberté, quel que fût son langage, nous plaisait par son courage ; l’égalité, par sa commodité.
Quant à ces salons où la royale comtesse était si impatiente d’avoir sa cour et que la sauvagerie d’Alfieri tenait si obstinément fermés, ils vont enfin s’ouvrir : grands seigneurs et grandes dames, hommes de guerre et hommes d’État, écrivains et artistes, y affluent bientôt de toutes parts ; c’est le foyer littéraire de l’Italie du nord, c’est un des rendez-vous de la haute société européenne. […] Les souvenirs que consigne ici le célèbre écrivain se rapportent à l’année 1812 ; il est probable cependant que dès l’année 1803 la veuve du dernier Stuart, la vieille amie de l’ardent poète piémontais, avait déjà cette physionomie sans jeunesse, ces allures sans légèreté, que Chateaubriand nous signale. […] On craignait que cette consécration poétique, cette transfiguration merveilleuse de la réalité ne souffrît quelque atteinte dans l’esprit du brillant écrivain, s’il prêtait l’oreille à des confidences indiscrètes.
« Les écrivains sans enthousiasme ne connaissent, de la carrière littéraire, que les critiques, les jalousies, tout ce qui doit menacer la tranquillité, quand on se mêle aux passions des hommes ; ces attaques et ces injustices font quelquefois du mal ; mais la vraie, l’intime jouissance du talent, peut-elle en être altérée ? […] Une femme peut être un grand philosophe, un grand poëte, un grand écrivain, nous venons de le voir. […] L’état de son âme est trop fidèlement et trop admirablement retracé par un écrivain de génie, M.
… Un écrivain acaule. […] Un écrivain net, nerveux et cursif. […] Son œuvre propre est enfin connue, et un clan d’écrivains campe sur cette terre novale.
Il n’y a qu’un écrivain catholique qui puisse parler avec autorité et compétence de Philippe II, et non pas seulement pour l’excuser et l’innocenter de ses fautes, — comme les ennemis du Catholicisme se l’imaginent, — mais même pour les lui reprocher ! […] C’est, en effet, pour cette Cause sacrée que le xvie siècle combattit… malheureusement, avec toutes armes ; mais c’est précisément le fanatisme de cette Cause, à qui tant d’écrivains ont imputé toutes les horreurs du temps, c’est ce fanatisme religieux, dont l’indifférence d’un esprit moderne sans croyance et froidi par l’étude des faits s’est tranquillement détourné, c’est ce fanatisme, qui, lui seul, a pourtant arraché le xvie siècle à l’outrage mérité du genre humain et qui l’a sauvé du mépris absolu de l’Histoire. […] Henri IV n’a pas le fanatisme religieux qui fut la plus honorable passion du xvie siècle, et pour cette raison, qui n’est pas la seule, du reste, mais qui est la plus puissante, il est peut-être la seule figure de son histoire qui soit entièrement sympathique à Forneron, l’écrivain politique de ce temps, qui, au temps de Henri IV, se serait certainement rangé dans le parti des politiques qui mirent fin à la guerre civile, et tirèrent de la vieille Constitution de la monarchie catholique, qui avait été la monarchie française, une monarchie d’un autre ordre, — la monarchie des temps modernes.
Les Allemands et les Anglais ont beau jeu à découvrir des écrivains dramatiques sous les neiges du pôle, n’en ayant point chez eux. […] … En Russie pourtant s’est rencontré un écrivain qui a abandonné ces errements et relégué l’amour au magasin des accessoires. […] L’auteur a connu de près la plupart des grands écrivains de l’époque romantique. […] A personne en particulier ; à douze ou quinze jeunes écrivains à qui je fais, je le reconnais, un procès de tendances. […] Cela est plus vrai de Shakespeare que d’aucun autre écrivain.
J’en sais qui sont de vrais moralistes et de vrais écrivains, — qui sont seulement des écrivains et des moralistes un peu pressée. […] Là, plus que partout ailleurs, il faut que l’écrivain devine, suppose, choisisse et combine. […] Il en extrayait de ces choses qu’on n’a coutume délivrer au public que quelques années après la mort des grands écrivains. […] On nous rebat les oreilles des romans russes et de leur réalisme compatissant ; on a l’air de croire que les écrivains de là-bas ont inventé la pitié. […] Dire que les écrivains s’imposent le rude devoir de décrire littérairement nos turpitudes à seule fin de nous en dégoûter, c’est une bonne plaisanterie.
Ne nous prêche-t-on pas d’être grands penseurs, grands écrivains, hommes excellents ? […] « Jean-Jacques fut le plus éloquent de nos écrivains. » Je préférerais un petit volume qui contiendrait l’Éloge de Descartes, celui de Marc-Aurèle 121, et quelques pages à choix de l’Histoire naturelle, à tous les ouvrages de Rousseau. […] J’estimais l’écrivain, mais je n’estimais pas l’homme ; et le mépris est un sentiment froid qui ne pousse à aucun procédé violent. […] On trouvera au milieu de cet ouvrage ce que les écrivains ont coutume de mettre à la tête des leurs ; ce ne sera qu’une légère bizarrerie de plus. […] On trouve dans Sénèque un grand nombre de traits sublimes : c’est cependant un auteur de beaucoup, mais de beaucoup d’esprit, plutôt qu’un écrivain de grand goût.
Émile Deschanel : « … Il finira malheureusement par se faire improvisateur dans la seconde moitié de sa vie d’écrivain ; mais son talent n’a pas été du tout improvisé. […] Aujourd’hui encore, « le monde » ou ce qui en reste peut beaucoup pour le succès d’un écrivain : jugez de ce qu’il pouvait à cette époque. Cette haute société royaliste et spiritualiste depuis la Révolution avait son grand écrivain, Chateaubriand, et son philosophe, Bonald. […] Je sens que je glisserais tout de suite aux notules admiratives, aux exclamations dont les professeurs d’autrefois garnissaient le bas des pages de leurs éditions d’écrivains classiques. […] C’est sans doute que Lamartine, écrivain, est chaste invinciblement.
Il s’accuse lui-même, il prend soin d’étaler son vice, et sous sa voix on entend la voix de l’écrivain qui le juge, qui le démasque et qui le punit. […] III Nul écrivain ne fut mieux doué que Thackeray pour ce genre de satire ; c’est que nulle faculté n’est plus propre à ce genre de satire que la réflexion. […] Regardez de tous côtés dans toute l’assemblée des écrivains anglais, et je vous défie d’y montrer un seul exemple de vulgarité, ou d’envie, ou de présomption. — Hommes et femmes, tous, autant que j’en connais, sont modestes dans leur maintien, élégants dans leurs manières, irréprochables dans leur vie, et honorables dans leur conduite soit entre eux, soit à l’égard du monde. — Il n’est pas impossible peut-être que (par hasard) vous entendiez un littérateur dire du mal de son frère ; mais pourquoi ? […] Quelque constitution qu’il choisisse, un peuple est toujours à demi malheureux ; quelque génie qu’il ait, un écrivain est toujours à demi impuissant. […] D’autre part, les longues réflexions, qui semblaient banales et déplacées sous la plume de l’écrivain, deviennent naturelles et attachantes dans la bouche du personnage.
Le mot logos avec sa double acception de discours et de pensée ou raison, permettait aux écrivains grecs des antithèses que notre langue ne saurait reproduire sans en défigurer le sens. […] Mais, de même qu’aucun écrivain chrétien, avant Bossuet, ne paraît s’être intéressé en psychologue au problème de l’extase, aucun nominaliste n’a, que nous sachions, dégagé de la théorie le phénomène psychologique sans l’existence duquel elle eût été un paradoxe insoutenable16. […] Notons la restriction : ou presque jamais ; elle va être expliquée par la suite du passage : « On met en question s’il peut y avoir, en cette vie, un pur acte d’intelligence dégagé de toute image sensible ; et il n’est pas incroyable que cela puisse être durant de certains moments, dans les esprits élevés à une haute contemplation, et exercés par un long temps à tenir leurs sens dans la règle ; mais cet état est fort rare. » L’allusion à certaines prétentions du mysticisme religieux est évidente, et il paraît certain que l’attention de Bossuet avait été attirée sur la parole intérieure et sur sa nécessité dans l’état normal de l’âme par l’étude des écrivains mystiques et non par la lecture des philosophes. […] 41 » Il repousse cette conséquence, pourtant inévitable, de son système, que l’esprit serait l’esclave de la mémoire verbale ; celle-ci « offre ses expressions », mais « l’esprit les demande, les cherche, la raison les examine… ; l’esprit fait plus : il les crée lorsque la mémoire… ne lui en présente que d’insuffisantes… ; la mémoire n’est qu’un dictionnaire à l’usage de l’esprit…, un dépôt d’expressions où chaque esprit choisit celles qui peuvent le mieux rendre sa pensée » ; c’est pourquoi « chaque écrivain a son style, expression de son esprit »42. […] Observateur consciencieux et pénétrant, logicien timide et médiocre, écrivain d’une clarté persuasive quand il décrit les faits, flottant et peu rigoureux quand il aborde les lois générales, il a fait, dans le second volume de son ouvrage68, une étude approfondie de la parole et de récriture au point de vue psychologique, dans laquelle il a, le premier, assigné à la parole intérieure sa place légitime, non seulement dans la théorie du langage, mais aussi dans la psychologie générale ; on peut dire qu’il a fait entrer dans la science ce qui, parmi les idées de Bonald, méritait de durer ; malheureusement son ouvrage n’est jamais sorti d’une quasi-obscurité d’où les deux cents pages consacrées à la théorie du langage auraient dû suffire à le tirer.
À son retour du midi de la France, Poquelin se livra à l’étude du droit ; c’est du moins ce qu’attestent plusieurs écrivains. […] » Ce portrait, si nous le comparons à ceux que les peintres et les écrivains contemporains nous ont laissés de Molière, offre plus d’un trait de ressemblance. […] D’autres écrivains ont dit qu’il ne s’était permis cet emprunt que pour ne pas avoir l’air de lutter avec celui que Corneille appelait son maître, et de refaire ce qui était alors réputé inimitable. […] Quelques écrivains, pour disculper Racine, ont prétendu qu’il ne s’était déterminé à prendre ce parti qu’après avoir vu les comédiens de Molière jouer de la manière la plus désespérante sa tragédie d’Alexandre. […] Pour admettre ce conte, il faut supposer que De Visé lui laissa ignorer entièrement le projet qu’il avait formé de faire l’apologie de son ouvrage, et que le libraire se permit d’imprimer à la tête du Misanthrope, sans le consentement de son auteur, un éloge emprunté à la plume d’un écrivain qui l’avait poursuivi de tant d’injustes critiques.
Un écrivain que pratique M. […] J’en voudrais tirer quelques lignes pour l’édification des jeunes écrivains encore inconnus. […] Il voulait convier trois générations d’écrivains au banquet de la sagesse. […] Il craint jusqu’au prestige d’un beau style, et c’est malgré lui qu’il est un grand écrivain. […] Il trouvait aux lettres pures trop d’artifice, et c’est sans rhétorique qu’il fut un grand écrivain.
LXXXIII Ampère, comme érudit, manque de rigueur, et comme écrivain, de couleur. […] Et voilà pourtant ce qu’on appelle un écrivain classique ! […] Je ne m’étais jamais figuré Génin, homme d’esprit et de mérite d’ailleurs, comme un écrivain attique. […] Rien de plus rare que ce vrai goût dans l’expression chez quelques-uns des écrivains même qui se sont posés récemment en amis et en défenseurs du goût classique et de l’ancienne simplicité. […] Il est quelques points, cependant, que je tiendrais à bien établir, en ce qui touche surtout l’origine de mes relations avec les écrivains célèbres de ce temps.
Cependant le jacobinisme anglais était pris à la gorge, et tenu à terre1184 ; « l’habeas corpus était suspendu à plusieurs reprises ; les écrivains qui avançaient des doctrines contraires à la monarchie et à l’aristocratie étaient proscrits et punis sans merci. […] Enfin le voilà, le précieux paquet ; on l’ouvre, on veut entendre la multitude de voix bruyantes qu’il apporte de Londres et de l’univers. « Maintenant ranimez le feu, fermez bien les volets, laissez tomber les rideaux, roulez le sofa, et, pendant que l’urne bouillante et sifflante élève sa colonne de vapeur, souhaitons la bienvenue au soir pacifique qui entre1193. » Et le voilà qui conte son journal, politique, nouvelles, tout jusqu’aux annonces, non pas en simple réaliste, comme tant d’écrivains aujourd’hui, mais en poëte, c’est-à-dire en homme qui découvre une beauté et une harmonie dans les charbons d’un feu qui pétille ou dans le va-et-vient des doigts qui courent sur une tapisserie ; car c’est là l’étrange distinction du poëte : les objets non-seulement rejaillissent de son esprit plus puissants et plus précis qu’ils n’étaient en eux-mêmes et avant d’y entrer, mais encore, une fois conçus par lui, ils s’épurent, ils s’ennoblissent, ils se colorent, comme les vapeurs grossières qui, transfigurées par la distance et la lumière, se changent en nuages satinés, frangés de pourpre et d’or. […] On sentit enfin que c’est dans les écrivains du passé qu’il faut chercher le portrait du passé, qu’il n’y a de tragédies grecques que les tragédies grecques, que le roman arrangé doit faire place aux mémoires authentiques, comme la ballade fabriquée aux ballades spontanées ; bref, que la littérature historique doit s’évanouir et se transformer en critique et en histoire, c’est-à-dire en exposition et en commentaire des documents. […] Laissons là les mots nobles, les épithètes d’école et de cour, et tout cet attirail de splendeur factice que les écrivains classiques se croient en devoir de revêtir et en droit d’imposer. […] Aujourd’hui déjà elle a gagné la littérature ; depuis cinquante ans, tous les grands écrivains y plongent : Sidney Smith, par ses sarcasmes contre l’engourdissement du clergé et l’oppression des catholiques ; Arnold, par ses réclamations contre le monopole religieux du clergé et contre le monopole ecclésiastique des anglicans ; Macaulay, par son histoire et son panégyrique de la révolution libérale ; Thackeray, en attaquant la classe noble au profit de la classe moyenne ; Dickens, en attaquant les dignitaires et les riches au profit des petits et des pauvres ; Currer Bell et mistress Browning, en défendant l’initiative et l’indépendance des femmes ; Stanley et Jowet, en introduisant l’exégèse d’outre-Rhin et en précisant la critique biblique ; Carlyle, en important sous forme anglaise la métaphysique allemande ; Stuart Mill, en important sous forme anglaise le positivisme français ; Tennyson lui-même, en étendant sur les beautés de tous les pays et de tous les siècles la protection de son dilettantisme aimable et de ses sympathies poétiques ; chacun, selon sa taille et son endroit, enfoncé à des profondeurs différentes, tous retenus à portée du rivage par leurs préoccupations pratiques, tous affermis contre les glissades par leurs préoccupations morales, tous occupés, les uns avec plus d’ardeur, les autres avec plus de défiance, à recevoir ou à faire entrer le flot croissant de la démocratie et de la philosophie modernes dans leur constitution et dans leur Église, sans dégât et avec mesure, de façon à ne rien détruire et de façon à tout féconder.
L’impossible aussi pour ceux qui de nos jours posent en principe qu’on ne sait pas écrire en français, et surtout de ces choses de morale et de société, depuis Louis XIV, ce serait de leur faire reconnaître que Senac de Meilhan est un moraliste et un écrivain des plus distingués, qui a de très grandes qualités, de belles parties, et plus que de la finesse, je veux dire de la largeur, de l’élévation, de l’essor. […] Selon lui, elle n’était nullement nécessaire avant d’éclater, elle était évitable ; elle a été purement accidentelle, en ce sens que « le caractère de ceux qui ont eu part à l’ancien gouvernement (à commencer par le caractère du roi, ennemi de toute résistance) a été le seul principe de la totale subversion de ce gouvernement » ; mais ce caractère de quelques personnes étant donné, et la faiblesse de l’opposition qu’elle rencontrera étant admise au point de départ, M. de Meilhan est bien d’avis que la Révolution en devenait un effet presque nécessaire : « Sa marche, dit-il, a été déterminée et hâtée par cette faiblesse ; le défaut de résistance a rendu tout possible, et, semblable à un torrent qui ne trouve aucune digue, elle a tout dévasté. » Il ne croit donc pas que la Révolution soit directement sortie des écrits de Rousseau ni de ceux des encyclopédistes, comme on le répète souvent, ni qu’elle découle de causes aussi générales : Si l’on suit attentivement la marche de la Révolution, il sera facile de voir que les écrivains appelés philosophes ont pu la fortifier, mais ne l’ont pas déterminée ; parce qu’une maison a été bâtie avec les pierres d’une carrière voisine, serait-on fondé à dire qu’elle n’a été construite qu’en raison de ce voisinage ?
Un grand écrivain, observe à ce propos Eckermann, peut nous servir de deux manières : en nous révélant les mystères de nos propres âmes, ou en nous rendant sensibles les merveilles du monde extérieur. […] Après une longue étude de ce poëte et bien des essais pour reproduire en poésie ce que j’avais gagné à le méditer, je me tournai vers quelques-uns des meilleurs écrivains des autres temps et des autres pays, et je lus non seulement Shakspeare, mais Sophocle et Homère dans les meilleures traductions… » Eckermann, en un mot, travaille à se rendre digne d’approcher Gœthe quelque jour.
En ce qui est de l’historien même, M. de Viel-Castel, pour le compte rendu des faits, est un bon guide : on lui voudrait, quand on le lit, plus de parti pris et plus de décision d’écrivain. […] C’est la seule chose gaie qui soit échappée à ce triste écrivain, à ce triste et sec esprit ; c’est le seul souvenir littéraire qu’il mérite de laisser.
Et ici encore une courte digression n’est pas inutile ; et, bien qu’il ne s’agisse que d’une anecdote, cette anecdote a pris de telles proportions sous la plume des écrivains de nos jours, qu’il devient presque impossible de la passer sous silence, dès qu’on s’entretient un peu longuement du héros saxon. […] Un des plus consciencieux écrivains du maréchal, dans son estimable travail, s’en est trop remis de confiance à l’auteur de cette Notice, Dumolard, écho de la famille, et qui a fait de Mme Favart un modèle de vertu des plus touchants, dont le maréchal n’aurait eu raison qu’après des années.
C’est ce côté intraduisible des poètes et des grands écrivains, historiens ou orateurs, que Du Bellay voudrait conférer comme marque et cachet d’originalité à notre propre idiome, à notre propre poésie. […] Il présage et prédit, dans un avenir qu’il souhaite prochain et qu’il espère, un écrivain d’une hardiesse heureuse, qui réunira le fruit et la fleur.
Rien surtout ne saurait donner du poème une idée plus favorable que le morceau qui se trouve, du reste très illogiquement, l’ouvrir : le Jugement de Renart est vraiment un chef-d’œuvre, à quelques grossièretés près, et telle de ses parties, comme l’arrivée de dame Pinte demandant justice de Renart pour la mort de Copée, donne la sensation de quelque chose d’achevé, d’absolu, d’une œuvre où la puissance, l’idée de l’écrivain se sont réalisées en perfection. […] Il faut se souvenir de ces fabliaux et du nom de Gautier le Long : ces deux contes nous représentent l’introduction de la psychologie dans notre littérature, et l’éveil chez nos écrivains d’un sens qui fera la moitié de leurs chefs-d’œuvre.
Il a la culture étroite, l’intelligence exclusive, le préjugé tenace de l’écrivain artiste, pour qui rien n’existe hors de la littérature. […] Mais, au contraire, l’accord était parfait entre Boileau et le groupe des grands écrivains qui ont illustré la fin du siècle : l’art naturaliste qu’il s’est appliqué à définir nous donne la formule même des chefs-d’œuvre.
Si je dis qu’il consiste, chez l’écrivain, dans l’invention et dans la peinture habituelles de personnages si beaux et si accomplis, de passions si fortes, de sentiments si nobles et si héroïques qu’on n’en trouve presque point de semblables dans la réalité, on me fera remarquer que le romanesque se confond avec la poésie et que, par exemple, tout le théâtre de Corneille est donc un théâtre romanesque. […] Par suite, l’esprit romanesque, considéré non plus chez l’écrivain, mais chez les lecteurs et chez le commun des hommes, est une tendance à accepter comme vraies ces imaginations d’un monde meilleur et plus beau.
Ceci ne se sent pas seulement dans de certains ouvrages de Sculpture & de Peinture, mais aussi dans le style de quelques écrivains, qui dans chaque phrase mettent toûjours le commencement en contraste avec la fin par des antitheses continuelles, tels que S. […] L’esprit consiste à savoir frapper plusieurs organes à-la-fois ; & si l’on examine les divers écrivains, on verra peut-être que les meilleurs & ceux qui ont plû davantage, sont ceux qui ont excité dans l’ame plus de sensations en même tems.
Le grand novateur vivait très retiré, ne recevant guère qu’un couple d’aimables écrivains français (mes compagnons de voyage) et moi. […] Quant au couple d’aimables écrivains français auquel il fait allusion, il s’agit de Judith Gautier et de son mari d’alors, Catulle Mendès.
Bartholmèss est un écrivain non seulement très instruit, mais élégant, facile, spirituel, qui traite des matières et des personnages philosophiques sans effort, sans ennui, et qui sait même y répandre de l’intérêt, un certain coloris animé et comme affectueux. […] Un écrivain, qui était assez de l’école de Huet en philosophie, a dit : La vie humaine réduite à elle-même et à son dernier mot serait trop simple et trop nue ; il a fallu que la pensée civilisée se mît en quatre pour en déguiser et pour en décorer le fond.
Moins âgé de vingt-quatre ans que La Bruyère et de dix-sept ans que Fénelon, de six ans plus âgé que Saint-Simon, il appartient à cette génération d’écrivains qui étaient faits pour honorer l’époque suivante, et dont les débuts consolèrent le grand règne au déclin. […] Du fond de cette province énergique et rude, d’où nous sont venus de grands écrivains, des novateurs plus ou moins révolutionnaires, les Lamennais, les Broussais, et un autre René, Alain-René Lesage nous arriva, mûr, fin, enjoué, guéri de tout à l’avance, et le moins opiniâtre des esprits : on ne trouverait quelque chose du coin breton en lui que dans sa fierté d’âme et son indépendance de caractère.
Victor, duc de Broglie, celui dont nous parlons, né en novembre 1785, petit-fils du maréchal de Broglie, descend d’une race toute guerrière, dans laquelle on distinguait des gens d’esprit, dont quelques-uns ont eu un nom dans la diplomatie ou dans l’Église ; mais il ne s’y trouverait aucun philosophe ni écrivain proprement dit. […] L’écrivain ne se donne que comme amateur et comme l’un du parterre, et il est maître.
Il serait facile de trouver de plus grands exemples que Mme de Caylus, qui n’a écrit qu’à peine et par rencontre ; mais ces exemples prouveraient autre chose, quelque chose de plus que ce que j’ai en vue, et la délicatesse dont je voudrais donner l’idée s’y compliquerait en quelque sorte du talent même de l’écrivain. […] Le grand d’Aubigné du xvie siècle, l’écrivain guerrier, le calviniste frondeur, ce compagnon hardi et caustique de Henri IV, avait eu un fils et deux filles : Mme de Maintenonétait la fille du fils ; Mme de Caylus était la petite-fille d’une des filles.
Arago d’un écrivain qui, ayant à parler du géomètre Fontaine, l’appellerait chaque fois, par mégarde, La Fontaine ? […] Son vrai talent d’écrivain doit encore se chercher en arrière, dans ses éloges académiques ; depuis lors il n’a jamais eu qu’un style de plus en plus gris.
On avait fait à cet écrivain une réputation toute particulière d’absolutisme ; on le jugeait sur une page mal lue d’un de ses écrits, et on ne l’appelait que le panégyriste du bourreau, parce qu’il avait soutenu que les sociétés qui veulent se maintenir fortes ne peuvent le faire qu’au moyen de lois fortes. […] Albert Blanc, docteur en droit de l’université de Turin, a donné, depuis lors, la Correspondance diplomatique de M. de Maistre (1858), et a tiré le plus qu’il a pu le noble écrivain du côté de la cause nationale du Piémont, en le montrant tout à fait opposé et antipathique à l’Autriche.
Il me semble pourtant que, généralement, on ne se fait pas de l’abbé Maury, comme écrivain et comme littérateur, une idée très nette, et que son caractère politique également laisse dans l’esprit quelque chose de louche. […] On loua quelques parties de son discours de réception ; mais ce qui parut à tout le monde un néologisme intolérable et une énormité du plus mauvais goût, ce fut d’avoir osé dire, en résumant les principaux écrits et les événements de la vie de son prédécesseur : « Tel est, messieurs, le tableau que présente la vie de l’écrivain justement célèbre qui entre aujourd’hui dans la postérité !
Philarète Chasles, cet écrivain à l’imagination humouristique, à la verve mousseuse et pétillante, à la grâce italienne, aurait mis, comme Beaumarchais, de la gaieté dans sa vengeance, — ce qui fait, en France, la vengeance meilleure. […] La gloire de l’écrivain est de l’éviter.
La première est qu’il remplissait trois fonctions à la fois, comme Jules César : comédien, écrivain, caricaturiste. […] Comédien, il était exact et froid ; écrivain, vétilleux ; artiste, il avait trouvé le moyen de faire du chic d’après nature.
Qu’il nous suffise de constater que deux écrivains, très différents de tempérament et de nom, viennent récemment de nous retracer l’émouvant spectacle de cette montée spirituelle au sommet de laquelle l’homme triomphe du prêtre. […] On n’envisage pas d’ordinaire, avec une suffisante attention, le fait d’humanité dont ces deux écrivains se sont faits les spectateurs attendris, et dont l’importance se précise de jour en jour.
Nicole était un écrivain lent, mais un moraliste très fin. […] Mais alors on pouvait encore compter les écrivains. […] Et de tous les grands écrivains de son temps sans exception, Racine est celui qui a reçu et s’est donné la plus forte culture grecque. […] César est surtout un politique ; c’est aussi un écrivain ; et c’est même un dilettante. […] On y voit des montagnes et des côtes pelées, plus anciennes assurément que les plus anciens écrivains.
Soumet, sur le ton solennel d’un prône ou d’un ordre du jour : « Les lettres sont aujourd’hui comme la politique et la religion ; elles ont leur profession de foi, et c’est en ne méconnaissant plus l’obligation qui leur est imposée que nos écrivains pourront se réunir, comme les prêtres d’un même culte, autour des autels de la vérité ; ils auront aussi leur sainte alliance ; ils n’useront pas à s’attaquer mutuellement des forces destinées à un plus noble usage ; ils voudront que leurs ouvrages soient jugés comme des actions, avant de l’être comme des écrits ; ils ne reculeront jamais devant les conséquences, devant les dangers d’une parole courageuse, et ils se rappelleront que le dieu qui rendait les oracles du temple de Delphes, avait été représenté sortant d’un combat. » Une fois qu’on en venait à un combat dans les formes avec les idées dominantes, on était certain de ne pas vaincre.
Un hymne de M. de La Mennais à la Pologne termine ce volume avec la douceur et l’harmonie d’une virginale prière ; car ce grand écrivain, assez connu par l’énergie brûlante de sa plume, une fois hors de la polémique, retrouve une onction tendre et une délicieuse fraîcheur d’âme.
Gerfaut, le héros du roman, est aussi un des héros du jour, un écrivain à la mode, un dramaturge applaudi, un romancier qu’on s’arrache ; à trente ans, après bien des efforts et de longues sueurs, il a gagné, lui aussi, son bâton de maréchal ; il est aujourd’hui, comme dit spirituellement l’auteur, un de ces jeunes maréchaux de la littérature française dont Chateaubriand semble le connétable.
La Fontaine, le plus abandonné des écrivains, travaillait durement ses vers charmants.
Paul Bourget vient de publier deux volumes d’Etudes et portraits, avec ces sous-titres : Portraits d’écrivains, Notes d’esthétique, Etudes anglaises, Fantaisies.
Aussi, jamais chez aucun écrivain les rapports entre la nature et l’art n’ont-ils paru si harmoniques et fonciers.
Les écrivains du xviie siècle réformèrent, la fausse conception que l’on s’était faite de nos nécessités verbales sous l’empire d’un enthousiasme aveugle ; les mots mal venus et qui n’étaient point en harmonie avec nos formes sonores furent en partie chassés du langage.
Nous n’avons voulu mentionner ici que les ouvrages et les écrivains qui se sont placés au double point de vue de la physiologie et de la psychologie, et qui n’ont point séparé l’étude des organes de celle de la pensée.
M. l’Abbé de Condillac est encore un écrivain distingué dans le même genre.
La discussion seroit encore aussi sujette à erreur, qu’elle seroit fatiguante pour l’écrivain et dégoutante pour le lecteur.
Il est bien évident que la sympathie presque amoureuse de cet écrivain pour les deux célèbres maîtresses de Louis XV n’avait pas été la fascination de la qualité de maîtresse en titre de roi sur un royaliste à fond de train, mais un goût personnel, très vif, tenant à son idiosyncrasie à lui, Capefigue, mais la séduction momentanée de deux charmantes créatures entre toutes, sans aucune conséquence pour plus tard !
Seulement, dans une société où le sophisme et la lâcheté ont appris à tant de personnes cet art des nuances qui change tout sans faire rien crier, dans une société où la netteté de l’expression passe pour une indécence ou pour une tyrannie, appeler les choses par leur nom est une hardiesse qui doit honorer un écrivain.
… Écrit d’une plume souple et souvent agréable, le livre d’About, ce livre qui sent son écrivain, malgré quelques opinions d’épicier superbe qui y font tache et qu’on n’y voudrait pas, sera cependant oublié… plus facilement qu’il n’a été fait.
Levallois, qui est un écrivain, a jeté le voile d’un style apaisé, réfléchi, doucement coloré, sur ces erreurs.
Il y a des écrivains très raffinés, très subtils et tellement dans la langue, dans les fils les plus déliés de la langue, qu’en voulant les faire passer dans une autre on ne sait plus ce qu’ils deviennent… Mais les grands poètes, non !
En vain nous chante-t-il Endymion et Phœbé, comme un Grec réveillé tout à coup du sommeil d’Épiménide, et nous traduit-il Sannazar une parenté en génie ; puis, las de tordre et d’assouplir cette ferme langue française qui reste toujours de l’acier, même quand on en fait de la dentelle, se met-il à écrire le sonnet dans sa langue maternelle, la langue italienne, qu’il manie avec une morbidesse fleurie qui eût charmé Pétrarque et qui convient si bien à la nature ingénieuse et raffinée de sa pensée, Gramont est plus qu’un écrivain qui se joue dans les difficultés de deux langues, un archaïste d’une exécution supérieure.
Au lieu de l’étrange visionnaire à la sensibilité renversée qui fait le fond d’Edgar Poe ou d’Hoffmann, il y a un écrivain sensible à notre manière, à nous tous, pour tous les phénomènes normaux de la vie, et un observateur du cœur, quand le cœur est rythmé par les sentiments de l’humanité saine et pure.
Mais, dans le même siècle, il y eut un écrivain qui publia des éloges d’un genre tout différent, et qui par là mérite d’être distingué ; c’est Paul Jove : il était Italien et Milanais.
Arrivé à trente-cinq ans, et songeant à se recueillir enfin dans une œuvre, Fontanes se disait sans doute un peu pour lui-même ce qu’il écrivait à l’abbé Barthélémy : Tandis que le troupeau des écrivains vulgaires Se fatigue à chercher des succès éphémères, Et, dans sa folle ambition, Prête une oreille avide à tous les vents contraires De l’inconstante opinion, Le grand homme, puisant aux sources étrangères, Trente ans médite en paix ses travaux solitaires ; Au pied du monument qu’il fut lent à finir Il se repose enfin, sans voir ses adversaires, Et l’œil fixé sur l’avenir. […] Fontanes, comme Racine, comme beaucoup d’écrivains d’un talent doux, affectueux, tendre, avait tout à côté l’épigramme facile, acérée. […] « Brave général, « Tout a changé et tout doit changer encore, a dit un écrivain politique de ce siècle, à la tête d’un ouvrage fameux. […] La loi du 22 fructidor m’a indirectement compris dans la liste des écrivains déportés en masse et sans jugement. […] Il le dut surtout à la proposition et à l’instance généreuse de Marie-Joseph Chénier, qui, dans un camp politique opposé, sut toujours être juste pour un écrivain qui honorait la même école littéraire.
. — Les hommes sont le premier livre que l’écrivain doive étudier pour réussir, après quoi il étudiera les grands modèles ! […] Au contraire, il me semble que plus vous serez simple et uni comme bonjour, jasant avec moi des événements, des accidents et des opinions de la veille, et plus je trouverai que vous êtes un écrivain à ma portée, un narrateur bonhomme, un critique attaché au fait principal. […] à prouver que vous êtes un écrivain ? […] On a dit d’Homère que, dans son poème, « il faisait autant de dieux des hommes qui étaient au siège de Troie15, et qu’en revanche il faisait à peine des hommes, de tous les dieux d’un Olympe créé par lui ». — Ces écrivains dont je parle, ils faisaient de nos plus grands hommes une proie ; ils faisaient de nos dieux une ironie ; ils bouleversaient toutes choses, du haut de cette tribune éclatante, élevée à leur génie. […] Le public qui sait lire et qui aime les choses bien faites, s’inquiète assez peu de l’opinion que professe un journal, il s’inquiète, avant tout, du talent qu’on y déploie ; il prend son plaisir aux saines paroles, aux passages éloquents, aux gaietés, aux colères, à l’accent de l’écrivain ; ainsi le journal est bien plus, chez nous, le besoin des esprits que l’intermédiaire obligé de toutes sortes d’affaires dont Paris s’inquiète assez peu, et dont la province ne s’inquiète pas le moins du monde.
Il me souviendra toujours d’une histoire assez plaisante, concernant cet écrivain célebre. […] En suivant cette méthode, on n’est jamais qu’un petit écrivain. […] Mon pédant s’en alla, & je me trouvai seul chargé de faire les honneurs de l’écrivain arrivant, & de son livre. […] D’ailleurs, comme dit un écrivain moderne, l’Anglais a toujours la fievre, ainsi que le lion ; au lieu que le Français ne se fâche que pour un moment. […] Point d’écrivain qui ne paie un tribut à l’erreur, & qui n’ait quelques torts à se reprocher.
« Il n’est pas d’apprenti, ni de domestique — ici nous citons textuellement l’écrivain autrichien — qui ne sache par cœur des vers ou des phrases extraites des œuvres de Molière et passées en proverbes. […] Un écrivain, dont on fera bien de consulter le travail, que nous venons de relire avec profit, M. […] Cependant la recette du mercredi ne fut pas considérable ; les gens du bel air n’y vinrent point ; il s’agissait d’élever une statue à un homme de théâtre, à un écrivain que l’Académie française avait admis seulement en effigie et après sa mort. […] (Voir le fac simile autographié de l’acte découvert par Beffara, dans l’édition des Grands écrivains français de M. […] Eugène Despois, la prépare depuis plusieurs années pour la magnifique Collection des grands écrivains, entreprise par la librairie Hachette.
Ce n’est pas assez de dire que l’Allemagne a perdu un grand écrivain qui savait adapter toutes les nuances du plus noble style aux sentiments les plus délicats ; qu’est-ce que la forme à côté de tant de pénétration, d’esprit, de noblesse d’âme, de sagesse et d’expérience ! […] Alexandre de Humboldt ; Un Allemand, un Prussien, un homme d’une prodigieuse instruction, un voyageur en Amérique et en Europe, un écrivain, non pas de premier ordre, car sans âme il n’y a pas d’écrivain, mais un homme d’un talent froid et suffisant à se faire lire ; un homme, de plus, qui, par son industrieuse habileté dans le monde, par ses amitiés intéressées avec tous les savants étrangers, et par l’art de les flatter tous, est parvenu à les coïntéresser à sa gloire par la leur, et à se faire ainsi une immense réputation sur parole : réputation scientifique, spéciale, occulte, mathématique, sur des sujets inconnus du vulgaire ; réputation que tout le monde aime mieux croire qu’examiner ; gloire en chiffres, qui se compose d’une innombrable quantité de mesures géométriques, barométriques, thermométriques, astronomiques, de hauteurs, de niveau, d’équations, de faits, qui font la charpente de la science, et dont on se débarrasse comme de cintres importuns quand on a construit ses ponts sur le vide d’une étoile à l’autre ; espèce de voyageur gratuit, non pour le commerce, mais pour la science, au profit des savants pauvres et sédentaires à qui il ne demandait pour tout salaire que de le citer.
Une réflexion puissante vient-elle à jaillir de la profondeur de la contemplation ou de la force de la situation ; le poète a-t-il à réduire en sentences énergiques une morale élevée ; se livre-t-il à une imagination aussi exubérante que le ciel, le sol et le climat de l’Inde ; s’élance-t-il jusqu’à la plus grande hauteur de l’expression poétique pour rendre la délicatesse de la passion, le charme de la sensibilité, le pathétique de la pensée, la fureur de la colère, l’extase de l’amour ; en un mot, tout ce que l’âme humaine a d’émotions terribles et profondes : alors la prose de l’écrivain devient de plus en plus cadencée, et, par des modulations qui suivent les ondulations et les transports de la passion, elle s’élève peu à peu jusqu’à une diversité infinie de rythmes, tantôt simples, tantôt compliqués, brefs ou majestueux, lents ou rapides, harmonieux ou véhéments ; et cette diversité même rend souvent le théâtre indien tout aussi difficile à étudier que celui d’Eschyle et de Sophocle, également riche, également fécond en jouissances et en difficultés que les langues modernes ne connaissent pas. […] Ainsi, par une analogie aussi morale que physique entre les impressions de l’œil et les impressions de l’esprit, analogie tout à fait conforme à l’harmonie que la nature a établie entre nos différents sens, et entre ces différents sens et notre âme, il y a dans cette littérature une gamme de style, comme une gamme de couleurs, et comme une gamme de sons ; en sorte que les genres de style adoptés par tel ou tel écrivain peuvent se caractériser d’un mot, en style bleu, style rouge, style rose, style jaune, style gris, comme nous caractérisons nous-mêmes, par une analogie d’une autre espèce, nos genres de style, en style élevé, style bas, style brûlant, style tempéré, tant l’esprit humain a besoin d’images pour se faire comprendre. […] L’Inde admet également, dans la classification de ses genres de style, l’analogie empruntée aux saveurs qui flattent ou blessent le palais : ainsi, dans les écrivains indiens de cette époque, le sucre est le symbole de la douceur ; l’amertume du sel est celui de la colère.
Dans sa jeunesse d’enthousiasme et son intégrité de convictions, il eut un instant l’idée de tout quitter, de renoncer à ce beau voyage d’Italie et de Grèce, et, au risque de briser sa carrière, de raccourir en France pour y remplir les devoirs civiques d’électeur et peut-être aussi d’écrivain, de soldat volontaire de la presse. […] Rentré en France, il soutint ses thèses en 1854, fut nommé l’année suivante professeur suppléant de littérature ancienne à la Faculté de Grenoble, n’y resta qu’un semestre marqué par un fort bon discours d’ouverture sur Athènes, son génie et ses destinées ; nommé presque aussitôt à la Faculté de Caen professeur de littérature étrangère, il y fit quatre cours complets, de 1856 à 1860, et y traita successivement de Goethe, de Dante, de Pétrarque, de Shakespeare et de ses imitateurs, de Schiller, de Goethe encore, de Machiavel et des grands Italiens, écrivains ou artistes de la Renaissance. […] Aussi l’auteur en lui, l’écrivain, pour peu qu’il soit écrivain, souffre-t-il tout bas de ce qui fait la vogue même et l’applaudissement public du professeur.
Mme Récamier, M. de Chateaubriand, vos deux amis du passé, étant morts, vous ne deviez rien à personne ; il nous fallait un grand critique, plus qu’un critique, un moraliste littéraire qui ne se bornât pas à la langue, mais qui étudiât l’homme et l’humanité dans l’écrivain, un La Harpe d’après, mais très supérieur à La Harpe d’avant, homme de collège, qui n’apprit que les mots, quand Sainte-Beuve apprécie les choses. […] La richesse est souvent un embarras pour l’écrivain, une énigme pour le lecteur ; on s’y retrouvait, mais il fallait chercher son chemin. […] Voltaire, — Mirabeau — Danton ; le premier des Bonaparte, comme homme de guerre ; Louis XVIII, quoique détestable écrivain ; Rossini, quoique exclusivement dieu de la musique ; Thiers, quoique plus orateur et historien qu’homme d’État ; le second des Bonaparte, quoiqu’il soit l’homme où l’esprit de parti aveugle ait eu la main heureuse en le choisissant pour dictateur ; — ces hommes, nés d’eux-mêmes, et vraiment remarquables, rapetissent tout ce qui est faussement grand autour d’eux. […] Je l’admirais comme écrivain d’imagination, comme homme je l’honorais moins.
Cette faiblesse est commune aux plus grands écrivains, surtout dans un art où la mode, comme le dit Corneille, a tant d’empire. […] 8… Quelques passages écrits de ce ton, dans des pièces sans invention et sans force, mais non sans facilité ; du naturel dans l’expression des sentiments de l’amour ; un langage ordinairement clair, non de cette clarté dans la profondeur, qui n’est donnée qu’aux écrivains de génie, mais de celle qui rend les lectures aisées ; plus de modération dans les passions des personnages ; une grandeur plus accessible ; de la faiblesse qui fait l’illusion de la douceur : voilà ce qui découragea le grand Corneille et le dégoûta quelque temps de la tragédie. […] C’est même la partie solide de la gloire des écrivains à la mode, d’avoir contenté le goût raisonnable, avant de se mettre au service de l’excès. […] L’esprit de comparaison, qui nous aide à porter des jugements exacts sur les écrivains, deviendrait un travers si nous voulions donner des rangs à ceux qui sont hors de rang, et distinguer des degrés dans la perfection.
Je suis seulement parvenu, ayant vécu une partie de ma vie avec une cantatrice, à discerner la bonne et la mauvaise musique, mais ça m’est absolument égal… « C’est tout de même curieux que tous les écrivains de ce temps-ci soient comme cela. […] 23 mars C’est une grande force morale chez l’écrivain que celle qui lui fait porter sa pensée au-dessus de la vie courante, pour la faire travailler libre et dégagée et envolée. […] Montégut, l’écrivain de la Revue des Deux Mondes. […] C’est dire, que dans cette négation absolue de la musique, prendre cette grosse blague injurieuse, pour le vrai jugement de l’illustre écrivain sur le talent de M.
S’il insiste, à la fin, sur le caractère extérieur de la voix qu’il vient d’interpréter, c’est en des termes où la métaphore n’est pas douteuse : « Sache, mon ami, que je crois entendre ces choses, comme les Corybantes croient entendre les flûtes ; le son de ces discours retentit en moi […] et m’empêche d’en entendre aucun autre ; ainsi…, tout ce que tu me diras contre, tu le diras en vain. » Socrate symbolise par une feinte hallucination l’inébranlable conviction qui l’anime ; ce qu’il fait entendre à Criton par ce détour se dirait ainsi en langage exact : « Toutes ces raisons, je les conçois si fortement que je ne puis même arrêter mon esprit sur les objections que tu voudrais m’opposer. » La parole intérieure morale, avec son apparente extériorité, est un fait psychique naturel, fréquent surtout aux époques primitives ; la voix d’un dieu apparent ou caché en est l’imitation consacrée dans les ouvrages d’imagination (drame, épopée, roman) ; la prosopopée remplit le même office dans les ouvrages où l’écrivain parle en son nom propre ; le fait ne contenant qu’un précepte catégorique, sans motifs à l’appui, l’art de l’écrivain ajoute ces motifs et les développe en conservant au discours sa forme extérieure. La prosopopée est donc une parole intérieure morale fictive, à laquelle, par une nouvelle fiction, l’orateur ou l’écrivain refuse l’intériorité, pour l’attribuer à une personnalité étrangère, soit humaine, soit divine, soit abstraite, soit indéterminée, dans laquelle enfin l’impératif moral est complété par une démonstration tantôt concise, tantôt développée selon les règles de l’art. […] Ce mot n’est pas autre chose dans un grand nombre d’expressions usuelles ou de passages des écrivains classiques ; il ne contient qu’une simple allusion à la parole intérieure passionnée, dramatique ou morale ; souvent même, il est employé sans allusion comme synonyme de motif intérieurement conçu ou même de motif légitime qu’on peut concevoir 217.
Nous tous qui écrivons, Halévy, qui commençons à être un peu versés dans cet art difficile, nous qui tâchons, qui nous proposons d’être des écrivains propres, des écrivains probes, vous le savez, Halévy, nous ne faisons pas les malins. […] — Un mot n’est pas le même dans un écrivain et dans un autre. […] Je serais (alors) un écrivain impropre. Je sais que je puis être, et souvent que je veux être un écrivain qui déplaît. Je sais que je ne suis point un écrivain impropre.
Tel est l’usage ; et c’est ainsi qu’à propos de l’École normale dans sa première nouveauté, j’ai été conduit à parler de la « ferveur de la création. » Enfin (et c’est là le seul côté sérieux de la discussion présente) ce docteur, grammairien improvisé, prend pour des fautes de langue ce qui n’est, à vrai dire, que le caractère et la marque d’an style ; il impute à la grammaire ce qui tient à la manière d’un écrivain.
Assez de qualités rapides de penseur et d’écrivain rachèteront toujours cette passion qui sommeille et se ralentit avec l’âge dans le bonheur et la sécurité.
Plusieurs écrivains se sont servis des raisonnements les plus intellectuels pour prouver le matérialisme ; mais l’instinct moral est contre cet effort, et celui qui attaque avec toutes les ressources de la pensée la spiritualité de l’âme, rencontre toujours quelques instants où ses succès même le font douter de ce qu’il affirme.
Les adversaires des anciens, Perrault, Fontenelle, sont des cartésiens : ils appliquent à la littérature l’idée cartésienne du progrès, et, au nom de cette idée, ne voyant dans toute la poésie et dans toute l’éloquence que des œuvres de la raison essentiellement et nécessairement perfectible, ils déclarent les écrivains modernes supérieurs aux anciens.
C’est comme une convention allégeante et salutaire que l’écrivain nous demande d’admettre un instant. « Il n’y a rien… absolument rien… La douleur même est un pur néant quand elle est passée… L’univers n’existe que pour nous permettre de le railler par des assemblages singuliers de mots et d’images… » Voilà ce que nous admettons implicitement lorsque nous lisons une page de Grosclaude ; et de là cette impression de déliement, de détachement heureux, que nous font souvent éprouver ses facéties les plus macabres.
C’est en cela qu’il est un grand poète, ce qui ne veut pas dire seulement, quant à lui, un grand écrivain de vers.
Il s’en empara à son tour, après d’autres écrivains français ; et l’on sait avec quelle puissance et quelle hardiesse il transforma un sujet devenu banal.
Cette cassure se retrouve chez tous les écrivains d’alors.
Toutefois, ce serait être injuste et aussi frivole que ces écrivains, dont l’observation n’a pas été plus loin que le ridicule des précieuses, de ne pas remarquer qu’elles eurent leur côté estimable, et ne servirent pas médiocrement au progrès de la socialité.
Les écrivains de nos jours, qu’on a le plus accusés d’audace, n’ont pas poussé la hardiesse aussi loin.
Strabon et d’autres écrivains de l’antiquité nous apprennent même que Cadmus, Pherecides et Hecateus, les premiers qui écrivirent en prose, ne retrancherent de leur stile que la mesure des vers.
Un mensonge superficiel et inanimé que n’a pu vivifier et réchauffer cette prétention à la couleur locale qui est une des ambitions du xixe siècle, et que l’écrivain a manquée comme tout le reste, précisément dans le sujet d’histoire qui semblait l’admettre le plus !
Comme tous les écrivains qui ne sont que des volontaires, Dumas fils manque de naturel et de vérité.
Ce n’est plus l’Histoire de la Littérature anglaise, qui, nul dans l’idée générale sur laquelle il repose, n’en est pas moins un livre très intéressant dans sa partie littéraire, et d’un écrivain qui martèle son style, mais qui, à force de le marteler, le rend brillant et solide.
Huysmans, l’auteur des Sœurs Vatard, semblait devoir rester parmi les photographes sans âme et sans idées qui font école, à cette heure ; mais il paraît qu’il avait de l’âme pour son compte plus qu’on n’en a dans le groupe d’écrivains dont il fait partie, et c’est par là qu’il se sépare d’eux.
Quel est l’esclave étalé dans un marché pour être vendu, qui inspire autant de mépris et de pitié qu’un tel écrivain, qui cependant, à la honte de son siècle et de Rome, eut de la réputation ?
Il y a un tel appareil de détails circonstanciés et légalisés, un tel cortége de témoins cités, désignés, contrôlés, confrontés, une si complète apparence de bonne foi bourgeoise et de gros bon sens vulgaire, qu’on prendrait l’auteur pour un brave bonnetier retiré, trop borné pour inventer un conte ; nul écrivain soigneux de sa réputation n’eût composé cette fadaise d’almanach. En effet, ce n’est point de sa réputation que de Foe est soigneux ; il a d’autres vues en tête ; nous ne les devinons pas, nous autres écrivains : c’est que nous ne sommes qu’écrivains. […] Vous transcrivez toutes les lettres, vous minutez toutes les conversations, vous dites tout, vous n’élaguez rien, vos romans ont huit volumes ; de grâce, prenez des ciseaux ; soyez écrivain, et non pas greffier archiviste. […] Son public est au niveau de son énergie et de sa rudesse, et, pour remuer de tels nerfs, un écrivain ne peut pas frapper trop fort.
Béranger n’a étudié ni les langues anciennes, ni les langues de l’Europe moderne ; il ne connaît que la langue dont il se sert, et cette condition, assez rare parmi les écrivains de tous les temps, en limitant nécessairement le nombre de ses lectures, en les renfermant dans un cercle particulier, a donné à son esprit une direction originale. […] La Fontaine est un écrivain d’une science consommée ; pour le nier, pour en douter un instant, il faut n’avoir jamais cherché pour l’expression de ses sentiments une forme fidèle et précise. […] Le vieux proverbe si populaire dans nos écoles : « on les pèse, on ne les compte pas », applicable à tous les travaux, semble aujourd’hui oublié de la plupart des écrivains. […] Si Bossuet et Pascal ne sont pas des écrivains populaires, il me semble que Molière et La Fontaine peuvent prendre place à côté, de Shakespeare. […] C’est plutôt une rencontre heureuse qu’une obéissance préconçue aux principes posés par ces deux écrivains illustres.
Toute mon âme s’employait, sérieuse, à apprendre et à savoir pour travailler par là au bien commun ; je me croyais né pour cette fin, pour être le promoteur de toute vérité et de toute droiture. » En effet, à l’école, puis à Cambridge, puis chez son père, il se munissait et se préparait de toute sa force, « libre de tout reproche, et approuvé par tous les hommes de bien », parcourant l’immense champ des littératures grecque et latine, non-seulement les grands écrivains, mais tous les écrivains, et jusqu’au milieu du moyen âge ; en même temps l’hébreu ancien, le syriaque et l’hébreu des rabbins, le français et l’espagnol, l’ancienne littérature anglaise, toute la littérature italienne, avec tant de profit et de zèle, qu’il écrivait en vers et en prose italienne et latine comme un Italien et un Latin ; par-dessus tout cela, la musique, les mathématiques, la théologie, et d’autres choses encore. […] Chez un écrivain sincère, les doctrines annoncent le style. […] Le sectaire et l’écrivain sont un seul homme, et on va retrouver les facultés du sectaire dans le talent de l’écrivain. […] Je doute pourtant que la perçante phrase de Voltaire soit plus mortelle que le tranchant de cette masse de fer. « Si, dans des arts moins nobles et presque mécaniques, celui-là n’est pas estimé digne du nom d’architecte accompli ou d’excellent peintre qui ne porte une âme généreuse au-dessus du souci servile468 des gages et du salaire, à bien plus forte raison devons-nous traiter d’imparfait et indigne prêtre celui qui est si loin d’être un contempteur du lucre ignoble, que toute sa théologie est façonnée et nourrie par l’espérance mendiante et bestiale d’un évêché ou d’une prébende grasse469. » Si les prophètes de Michel-Ange parlaient, ce serait de ce style, et vingt fois en lisant l’écrivain on aperçoit le sculpteur.
Les écrivains religieux et monarchiques sont de la même famille que les écrivains impies et révolutionnaires ; Boileau conduit à Rousseau, et Racine à Robespierre. […] Ici les quakers, les indépendants, les baptistes, subsistent, sérieux, honorés, reconnus par l’État, illustrés par des écrivains habiles, par des savants profonds, par des hommes vertueux, par des fondateurs de nations819. […] Qu’il y a de la sagesse à être religieux 824 : c’est là son premier sermon, fort célèbre de son temps et qui commença sa fortune. « Cette phrase, dit-il, comprend deux termes qui ne sont point différents de sens, tellement qu’ils ne diffèrent que comme la cause et l’effet, lesquels, par une métonymie employée par tous les genres d’auteurs, sont souvent mis l’un pour l’autre825. » Ce début inquiète ; est-ce que par hasard ce grand écrivain serait un grammairien d’école ? […] Les chefs de la philosophie expérimentale840, les plus doctes et les plus accrédités entre les érudits du siècle841, les écrivains les plus spirituels, les plus aimés et les plus habiles842, toute l’autorité de la science et du génie s’emploie à les abattre. […] Au lieu d’un orateur, homme public, prenez un écrivain, simple particulier ; voyez ces lettres de Junius861 qui, au milieu de l’irritation et des inquiétudes nationales, tombèrent une à une comme des gouttes de feu sur les membres fiévreux du corps politique.
Quand j’eus fini, je cherchai à me procurer tout ce que les traductions pouvaient me permettre de savourer du même écrivain. […] On ne peut dire quel est le plus pathétique des deux écrivains, dans la description et dans la mort de ce pauvre chien, seul ami et seul consolateur de l’homme. […] Son seul malheur est de n’avoir pas encore trouvé ou inventé, comme Balzac ou madame Sand, un de ces vastes sujets humains où l’écrivain, réunissant à un centre commun tous les fils de son imagination, compose un tableau qui saisit tout l’homme, au lieu de faire des portraits à bordures trop étroites. […] Un poète peut condenser un immense génie en quelques vers, un écrivain en prose ne peut donner une idée de lui que par grands fragments. […] — Marlinski est certainement un écrivain de mérite, répliqua Boris.
C’est encore ainsi que le comprenaient les premiers écrivains chrétiens qui le croyaient élève de Moïse. […] De Singapour, la ville étrange dont un jeune écrivain, M. […] Cette pathologie paradoxale s’affirme si l’on examine la vie de certains grands écrivains. […] C’est ce qu’a constaté presque seul entre les anciens écrivains, Bossuet : « La douleur, dit-il, abat à la fin et rend l’âme paresseuse. » Rien de plus exact. […] Deux jeunes écrivains toulousains, MM.
Ballanche avait lu, dès cette époque, les Considérations sur la Révolution française, par de Maistre, et, tout en ignorant le nom de l’écrivain, il citait des passages de cet opuscule étonnant. […] Ballanche aurait infusé tous les passages des Écritures qui se trouvaient traduits par Bossuet et autres grands écrivains sacrés : « Car, ainsi qu’il l’a remarqué depuis dans les Institutions sociales, Bossuet, ce dernier Père de l’Église, a une merveilleuse facilité à s’approprier les textes sacrés et à les fondre tout à fait dans son discours qui n’en éprouve aucune espèce de trouble, tant il paraît dominé par la même inspiration. » Ce projet n’eut pas de suite, quoique M. de Chateaubriand ait commencé quelque chose des discours ; mais il se forma du moins à ce sujet, entre le grand poëte et M. […] Je ne voudrais pourtant pas que cette Étude sur Ballanche finît sur un incident tout personnel, et pour laisser de l’éminent écrivain une idée plus précise encore et plus réelle que je ne pouvais la donner de son vivant, je crois ne pouvoir mieux faire que de traduire de l’anglais une ou deux pages qui le concernent dans un Essai intitulé Madame Récamier, dû à la plume spirituelle et juste de Mme Mohl.
163 IV Puisque le premier mérite du poëte est l’exactitude minutieuse, le premier mérite des discours sera d’être directs, car les personnages effectifs parlent eux-mêmes ; si l’écrivain se fait leur interprète, il ôte à leur langage une partie de son mouvement et de sa vérité. […] Presque tous les grands écrivains suivaient alors le précepte que Buffon donna plus tard. […] S’il avait la verve facile d’un poëte, il avait le travail assidu d’un écrivain ; il corrigeait, épurait, ajoutait, choisissait, et ses compositions, sous une apparente négligence, étaient aussi bien liées que celles des plus fameux raisonneurs.
Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) I Audubon est le Buffon de l’Amérique, mais infiniment plus naïf, plus coloré et plus écrivain que Buffon lui-même. […] Audubon, c’est l’écrivain dont il s’agit, aurait été partout ailleurs un grand philosophe, un grand orateur, un grand poète, un grand homme d’État, un J. […] Un écrivain d’une grande érudition littéraire, méconnu, un de ces hommes presque universels, qui sont poursuivis pendant toute leur vie par je ne sais quelle malignité de la fortune et de la renommée, M.
Il n’a réservé à la profonde humilité de son écrivain d’autre récompense que l’inconnu. […] IV Deux autres écrivains, Gerson et Gersen, ont eu l’honneur de ce livre de l’Imitation. […] Évidemment ce n’est pas dans un jeune homme : l’absence de toute passion ne s’y ferait pas remarquer ; le ressentiment, la rancune contre tant d’injustice, y éclaterait en dépit de l’écrivain ; l’Évangile lui-même se permet l’injure contre les Pharisiens, les sépulcres blanchis ; l’injure sacrée elle-même s’élève jusqu’à la colère et s’arme du fouet de la satire contre les marchands profanateurs du Temple, chassés violemment du sanctuaire.
Si le génie dramatique s’y entrevoit à peine, le grand écrivain en vers s’y révèle déjà tout entier. […] Il y a un écrivain de génie dans l’Étourdi, le Dépit amoureux, les Précieuses ridicules, Sganarelle ; il y a une comédie parfaite en son genre ; il y a un théâtre. […] C’est dans cette langue que s’exprime tout homme touché de quelque intérêt sérieux ; c’est ainsi que la parlent, an moment où ils ne sont que des hommes, les écrivains mêmes qui la violent dans leurs livres.
Il oublie qu’il m’a entendu, bien des fois, proclamer mon admiration pour des épithètes, comme la nudité intrépide des pêcheuses de Boulogne, de Michelet, comme gambades rêveuses de Hugo, dans La Fête à Thérèse, — et c’est curieux, ce reproche de sa plume s’adressant à moi, qui ai écrit dans Idées et sensations — un livre qui lui est dédié par parenthèse, — qui ai écrit, que c’était avant tout à l’épithète, et à l’épithète du caractère de celle qu’il cite, que se reconnaît le grand écrivain. […] Elle nous donne sur le grand, le très grand écrivain, ce détail relatif à la singulière maladresse de ses mains, et au côté pleurard d’enfant rageur, qu’il conserva toute sa vie. […] Il n’y a donc pour un grand écrivain, même quand il est mort, jamais de consécration, de consécration forçant les respects et écartant les blasphèmes.
Sous ce point de vue, de tous les écrivains qu’a produits le sol anti-littéraire de l’Amérique, Poe est un de ceux qui méritent le plus d’être étudiés. […] Quelques grands noms, contestables d’ailleurs, ne constituent pas cet ensemble d’inventions, de traditions et de parentés intellectuelles qu’on appelle une littérature, et encore, parmi ces grands noms (si on excepte Fenimore Cooper, qui a cueilli la virginité de la Nature américaine), tous les écrivains de ce pays vivent sur le fond commun des littératures de l’Europe. […] Edgar Poe est arrivé, en quelques années, à cette renommée posthume qui venge de la vie… Cet écrivain, d’une originalité si sombrement étrange et si cruelle, a mordu avec une telle force sur l’imagination contemporaine, blasée de tout et devenue impuissante, qu’elle en est actuellement timbrée dans les deux sens du mot, et qu’on retrouve sur elle, plus ou moins appuyée, l’empreinte de ce cachet de Poe, sinistre et funèbre.
Arnauld, et en général tous les écrivains de Port-Royal, non par communion de sentiments ou de doctrine, mais par une sorte de complicité d’esprit et de sympathie morale. Surtout il prise singulièrement Pascal, l’auteur alors anonyme des dix-huit petites Lettres, et il dit sans hésiter : « L’auteur de ces Lettres est un admirable écrivain. » Vers la fin, il nomme une fois Molière.
Lassay, je l’ai dit, n’est pas un écrivain ; son style est sans cachet, mais il parle en perfection cette langue pure, polie, incolore, exempte du moins de tout mélange, et parfaitement naturelle, que continuent de parler et d’écrire les personnes de goût de l’époque qui succède, le président Hénault, Mme de Tencin. […] Quand la langue est restée pure, elle permet de ces acceptions heureuses et justes, trouvées en passant et sans qu’on appuie trop. — Il y a bien des années, un jeune écrivain, depuis célèbre, M.
Sa sœur Frédérique Brun, femme d’un riche banquier, était elle-même un écrivain distingué, sentimental ; c’était Matthisson qui l’avait liée avec Bonstetten, dans un voyage de cette dame en Suisse. […] Ce parti et les écrivains qui s’y rattachent en Suisse lui en ont gardé une dent.
M. de Fénélon est infiniment supérieur au Ministre Protestant, dans son Traité sur l'existence de Dieu, sans parler de plusieurs autres Ecrivains qui lui sont préférables & préférés. […] L'Auteur, qui s'y propose de combattre cette classe d'Ecrivains, qui, ayant secoué le joug de la Religion, se croient Philosophes pour avoir déclamé contre elle, y fait continuellement l'éloge de ces mêmes Philosophes ; il y vante leurs lumieres, leurs connoissances physiques & morales, leurs talens & leurs découvertes : il y expose avec prolixité, leurs principes, leurs dogmes, leurs systêmes les plus dangereux, & ne les réfute jamais d'une maniere satisfaisante ; c'est toujours avec une timidité, avec une nonchalance qui dépite & indigne les Lecteurs les moins zélés pour la cause dont il a entrepris la défense.
Walckenaer, dans ses abondants et excellents Mémoires sur Mme de Sévigné, a remis tellement sur le tapis Bussy-Rabutin, qu’on le connaît comme on ferait un de nos contemporains mêmes, qu’on vit avec lui, qu’on est dans le secret de ses amours, de ses vanités, de ses faiblesses ; et comme Bussy, tout gentilhomme et grand seigneur qu’il se piquait d’être avant toute chose, est un bon écrivain, un de ceux qui ont aidé en leur temps à polir la langue, et que La Bruyère l’a placé en cette qualité à côté de Bouhours, nous en parlerons à ce titre aujourd’hui. […] On a, vers ce même temps, appliqué le mot et l’éloge d’urbanité à trois écrivains qu’on rapprochait volontiers, Bussy, Pellisson et Bouhours.
Oui, le journaliste républicain met sur le même pied les vulgarisateurs et les créateurs, et préfère les écrivains utiles à ceux qui ne sont que des écrivains.
Il a son bagage de lieux communs encore très neufs pour la province, ses élégances d’élocution, ses recherches, ses raffinements d’écrivain. […] Un écrivain plein d’âme et de talent l’a dit avant nous : C’est une horrible chose de conserver le bourreau après avoir ôté le confesseur !
L’écrivain chez lequel était en ce moment Jérôme Bonaparte, avait rapporté d’une promenade aux Alpes, faite quelques années auparavant en compagnie de Charles Nodier, un morceau de serpentine stéatiteuse sculpté et creusé en encrier, acheté aux chasseurs de chamois de la Mer de Glace. […] demanda-t-il. — C’est mon encrier, dit l’écrivain.
qui voudra le faire taire doit lui remplir la bouche 7 » ; lorsque Richelieu, ennemi des grands, mais né parmi eux, écrivait de son côté : « Si les peuples étaient trop à leur aise, il serait impossible de les contenir dans les règles de leur devoir… il faut les comparer aux mulets, qui, étant accoutumés à la charge, se gâtent par un long repos plus que par le travail », lorsque ces écrivains laissaient échapper ces outrageantes paroles, ne trahissaient-ils pas par là les sentiments secrets de leur caste ? […] Albert de Broglie la question suivante, qui, de la part d’un écrivain, un peu suspect de libre pensée, ne laisserait pas que de passer pour indiscrète : « Pourquoi la religion chrétienne, qui, sous tant de rapports, a amélioré l’individu et perfectionné l’espèce humaine, a-t-elle exercé, surtout à sa naissance, si peu d’influence sur la marche de la société ?
Parmi cette foule de courtisans qui se livraient au torrent de chaque jour, et qui songeaient à profiter de ce qu’ils observaient sans le dire, il se rencontrait parfois des écrivains et des peintres, des moralistes et des hommes.
Alors pourtant le Globe eut son unité, et cette unité pleine d’accidents, de saillies, de sentiments probes, de pensées utiles, fut, non plus une idée générale un peu vague et confuse dans sa réalité lointaine, mais un homme ; un homme de premier mouvement et d’action, d’une intelligence ouverte, d’une parole incisive, écrivain loyal, âpre et intrépide, tous les jours sur la brèche, à l’aise et en plein sur le terrain mouvant de la liberté ; répandant sur l’ensemble parfois discordant du journal l’unité passionnée, et sans cesse renaissante, de sa physionomie ; liant, non par des liens, mais par des étincelles électriques, en quelque sorte, les portions les plus excentriques du cercle ; nature impressive et rapide, embrassant par son impartialité la nuance doctrinaire, et par sa verdeur la nuance républicaine : c’est assez désigner M.
Chez les Grecs, chez les Romains, chez les classiques français du dix-septième et du dix-huitième siècle, chez la plupart des écrivains, des causeurs qui, dans nos journaux, dans nos salons, portent sur les œuvres de l’art et de la poésie des jugements d’éloge ou de blâme, la critique littéraire n’a jamais douté d’elle-même.
Quand Jules Favre, plaidant pour un critique sévère par lequel un peintre de portraits se prétendait diffamé, disait : « Voici un écrivain assis sur le banc des criminels pour avoir trouvé que le bras de Medina-Cœli n’était pas assez accusé, et que sa robe était trop belle », l’accusation ainsi énoncée était plus qu’à demi réfutée, et il enlevait à l’adversaire l’usage de tous ces lieux communs sur le respect dû aux personnes et sur les empiétements de la critique, qui pouvaient faire impression sur le tribunal.
Et, en effet, nul écrivain ne justifie mieux que Maupassant cette distinction.
France est, depuis Renan, et avec Barrès, l’écrivain qui nous donne le plus complètement, avant même le livre ouvert, la conviction (toujours justifiée) qu’on va lire de suave prose française.
C’est encore l’instant où les attaques des écrivains, jusque-là dirigées contre l’Eglise, vont se tourner contre l’Etat, où la préoccupation des affaires publiques va primer toutes les autres, où les théories politiques, réalistes et modérément réformistes avec Montesquieu, vont devenir dualistes et révolutionnaires avec l’auteur du Discours sur l’origine de l’inégalité.
Les grands écrivains eurent alors leur style propre ; de grandes et d’heureuses variétés de style charmèrent les esprits polis, surtout par leur appropriement aux choses, aux temps, aux personnes.
Car Abel Hermant a appris au bon endroit ce métier de pasticheur que la rue d’Ulm prend pour l’art de l’écrivain.
C’est cet inventaire que j’entreprends de parcourir avec vous, non par ordre de date, ce qui serait trop fastidieux, mais par catégorie de chefs-d’œuvre, ce qui nous permettra de passer d’un peuple à l’autre, et de l’antiquité à nos jours, avec une diversité de temps, de sujets et d’écrivains, qui soutiendra l’intérêt dans cette étude.
À ce signal s’arrête et lit sur un cercueil, L’épitaphe à demi par les ans effacée Qu’un gothique écrivain dans la pierre a tracée.
Les écrivains obscurs Il y a une catégorie d’auteurs qu’au point de vue de l’art de lire il faut considérer très attentivement : ce sont, comme on les a appelés, « les auteurs difficiles », c’est-à-dire ceux qu’on ne comprend pas du premier regard, ni même du second, les Lycophron, les Maurice Scève, les Mallarmé.
… La Revue des Deux Mondes, la plus ancienne en date, qui a été pendant vingt-cinq ans la porte cochère de tous les genres d’écrivains, depuis madame Sand jusqu’à Cousin, et depuis Cousin jusqu’à Veuillot, la Revue des Deux Mondes, ce tourne-bride du monde tout entier, dans lequel il s’est trouvé des gens de talent, mais avec d’autres, a vécu dans les grasses et tranquilles conditions d’un établissement d’hospitalité littéraire et de philosophique impartialité.
Ce qui nous a suffi pour l’heure, c’est d’avoir prouvé par ce Journal que Louis XVI n’était pas uniquement de la pâte à victime, comme les écrivains de la Révolution l’avaient fait et voulaient le garder ; c’est d’avoir établi qu’il n’était pas l’espèce de mollusque royal qu’ils disaient, qu’il y avait en lui quelque chose d’intense qu’on ne soupçonnait pas, et qu’il s’est plus perdu par l’excès d’une passion que par l’ignavie qu’on lui a toujours reprochée.
Eh bien, nous qui n’avons pas les préjugés anglais de sir Walter Scott sur un écrivain encore tout à l’heure réputé grand dans son pays, nous ne craignons pas d’avancer qu’on ne lira pas Gulliver davantage, par la raison que c’est un livre dont il rie restera absolument rien quand la clef des allusions sur lesquelles il est bâti sera perdue.
Mézières est un écrivain d’expression professorale, commune et correcte, un de ces pauvres d’idées qui, n’ayant pas de chemise, boutonnent strictement leur habit.
Correct et grave, mais surtout très grave, ayant même l’avantage d’être lourd parfois, ce qui ajoute encore à la gravité, cette fortune des écrivains actuels !
De nature, il est bien plus solennel qu’autre chose, monté haut sur pattes, échassier, sinon d’expression, au moins de port et de démarche, il a peine à se rabaisser, sans disgrâce, jusqu’à l’expression familière que l’écrivain doit prendre, comme l’oiseau prend le grain sur l’aire, pour l’élever, en l’emportant !
On peut dire que Socrate ne peut avoir un panégyriste plus célèbre, ni plus digne de lui ; on a souvent attaqué Platon comme philosophe, on l’a toujours admiré comme écrivain.
Gratien, qui eut de la faiblesse et du zèle, qui posséda peut-être le courage militaire, mais à qui le courage d’esprit et les talents manquèrent, que les écrivains d’un parti ont comparé aux meilleurs princes, que ceux du parti contraire ont comparé à Néron ; Gratien, dont le plus grand mérite peut-être est d’avoir, élevé Théodose à l’empire, et qui, après un règne de huit ans, mourut à vingt-quatre, vaincu à Paris et assassiné à Lyon, eut aussi ses panégyristes.
Nous fûmes tous fiers d’être arrivés au même avis que cet écrivain éminent, quant à la question littéraire en général et au livre en particulier. […] Qu’exigerez-vous donc de plus d’un écrivain ? […] C’est que Goethe (je veux le répéter) n’était pas seulement un grand écrivain, c’était un beau caractère, une noble nature, un cœur droit, désintéressé. […] Nous ne saurions donner de ce grand écrivain une biographie plus exacte que celles qui ont paru déjà. […] Il serait fort puéril de le donner pour un écrivain sans défaut.
Multatuli est, paraît-il (excusez mon ignorance), un « grand écrivain hollandais », et ce que M. […] Claude Lorris et à croire que c’est un romancier distingué et un écrivain délicat qui se lève à l’horizon. […] Un de ses dangers est de noyer, en quelque sorte, les œuvres dans la biographie et l’écrivain dans sa vie non intellectuelle, ou autre qu’intellectuelle. […] Il était fait pour être un écrivain précis et merveilleusement exact dans la description, un peu pompeux et déclamateur dans les réflexions. […] Il a dû être inspiré à Daudet par le commerce qu’il entretenait avec un écrivain célèbre, que, du reste, il aimait de tout son cœur.
Bien des écrivains, bien des artistes ont été accusés de folie par leurs contemporains, et cependant, dit M. […] » Répondons à cet écrivain pieux et inquiet qu’il a parfaitement raison. […] Des écrivains sages, des esprits plutôt timorés, dès qu’il s’agit du moteur mécanique, entrent en folie. […] Les écrivains étaient hostiles pour des raisons d’art. […] Les écrivains, en majorité, sont plus ou moins frondeurs.
Cependant, à travers tant de tentatives infructueuses, dans la longue impuissance de la littérature normande qui se contentait de copier et de la littérature saxonne qui ne pouvait aboutir, la langue définitive s’était faite, et il y avait place pour un grand écrivain. […] Comme les écrivains de la décadence latine, ces gens ne songent qu’à transcrire, à compiler, à abréger, à mettre en manuels, en mémentos rimés, l’encyclopédie de leur temps. […] Gower, un des plus savants hommes de son temps225, suppose « que le latin fut inventé par la vieille prophétesse Carmens ; que les grammairiens Aristarchus, Donatus et Didymus réglèrent sa syntaxe, sa prononciation et sa prosodie ; qu’il fut orné des fleurs de l’éloquence et de la rhétorique par Cicéron ; puis enrichi de traductions d’après l’arabe, le chaldéen, et le grec, et qu’enfin, après beaucoup de travaux d’écrivains célèbres, il atteignit la perfection finale dans Ovide, poëte des amants. » Ailleurs, il découvre qu’Ulysse apprit la rhétorique de Cicéron, la magie de Zoroastre, l’astronomie de Ptolémée et la philosophie de Platon. […] Les écrivains calquent et recalquent.
Tomber du Théâtre-Français à Montparnasse, à ces voix cassées par les petits verres, à ces habits d’écrivain public au dos de vos jeunes premiers, à ces inintelligences du dire… en fin à la caricature de la merveilleuse mise en scène qui a été. […] * * * — L’épithète rare, voilà la marque de l’écrivain. […] Il proclame l’histoire une suite d’accidents, à l’encontre de Renan et de Berthelot, qui soutiennent qu’il y a des lois des faits… À propos de la confiscation des biens des d’Orléans, Renan s’avance à dire que les idées de propriété sont trop absolues en ce temps-ci, une théorie que j’avais déjà rencontrée chez Sainte-Beuve… 15 septembre Je prends, dans une rue du quartier Latin, la description de la boutique d’un des derniers écrivains publics. […] Au-dessus de la porte : ÉCRIVAIN PUBLIC ICI, et sous une main à la sanguine : Plans, décalques et autographes.
. — J’aurais autant aimé, de plus, qu’en accordant à Raymon de Ramière de grands talents et un rôle politique remarquable, on insistât moins sur son génie et sur l’influence de ses brochures : car, en vérité, comme les hommes de génie ou de talent qui écrivent des brochures en France, qui en écrivaient vers le temps du ministère Martignac ou peu auparavant, dans le cercle sacré de la monarchie selon la Charte, ne sont pas innombrables, je n’en puis voir qu’un seul à qui cette partie du signalement de Raymon convienne à merveille ; le nom de l’honorable écrivain connu vient donc inévitablement à l’esprit, et cette confrontation passagère, qui lui fait injure, ne fait pas moins tort à Raymon : il ne faut jamais supposer aux simples personnages de roman une part d’existence trop publique qui prête flanc à la notoriété et qu’il soit aisé de contrôler au grand jour et de démentir.
Rossignol ; la fureur de ces jeux d’esprit redoublera, entretenue par la superstition et le faux goût ; et l’écrivain sur qui ce zèle extravagant s’exercera de prédilection, c’est Virgile. » Le critique suit dans tout son cours la nouvelle destinée que fit au poëte l’illusion superstitieuse.
Chez eux, il y a du bon partout ; le général s’y mêle toujours au particulier, il faut savoir l’en tirer et le laisser venir ; il y a depuis un certain temps assez d’écrivains politiques qui ne procèdent que par axiomes généraux, par considérations abstraites, pour que le défaut contraire ait son prix et constitue une espèce d’originalité.
… On peut avoir fait un mauvais drame, et non seulement n’être pas un sot, mais encore, par d’autres dons que ceux qui font le bon dramaturge et le bon écrivain, par un autre tour d’imagination, par l’activité, l’énergie, la bonté, par toute sa complexion et sa façon de vivre, être un individu plus intéressant et de plus de mérite que tel littérateur accompli. » Non, je ne raille point.
C’est dire que cet écrivain, préoccupé d’une philosophie élevée et grave, comme préoccupé constamment de la recherche des plus hautes raisons des choses et comme alourdi du legs glorieux d’aïeux féodaux, ne dédaigne point les beautés calmes de la nature, ni la simplicité touchante des prairies.
Les valets balourds et poltrons en arrivent de bonne heure à se ressembler sur les deux scènes comiques : ainsi le Zucca de L’Interesse (l’Intérêt ou la Cupidité), comédie régulière de Nicolo Secchi, Zucca qui est devenu le Mascarille du Dépit amoureux, était un véritable Arlequin poltron et balourd dont Molière n’a pas complètement effacé les traits, tandis que le Mascarille de L’Étourdi n’était autre, comme on le verra plus loin, que le rusé Scappino, le Scapin-modèle emprunté à Beltrame, l’un des plus fameux artistes et écrivains de la commedia dell’arte.
J’y déplorai la mort d’un familier, d’un probe écrivain qui n’a pas eu le temps de donner sa mesure pleine, mais que j’aimais : Léon Dequillebec, ancien secrétaire de rédaction de la Plume, et mon éminent ami Laurent Tailhade avait dû subir une cruelle épreuve, l’ablation de l’œil droit.
» Incident piquant si l’on songe que le Symbolisme est déjà en route pour s’installer triomphalement au foyer de Heredia et plus piquant encore s’il était permis de supposer que la belle ennemie éphémère des symbolistes ne fût autre que la future Madame Henri de Régnier, elle-même écrivain de grand talent et qui s’est fait une place enviée dans les lettres sous le nom de Gérard d’Houville.
Fausses clefs, ajoute l’auteur, aussi inutiles au lecteur qu’injurieuses aux personnes dont les noms sont déchiffrés, et à l’écrivain.
Ces deux Ouvrages, écrits avec autant de noblesse que de naturel & de solidité, suffiroient, auprès des Connoisseurs, pour assurer à tout autre Ecrivain une réputation préférable à celle dont jouissent plusieurs de nos Littérateurs modernes les plus renommés.
Ils ont commencé tous deux à décider la caractère des écrivains de la nation.
Il est aux bons peintres du siècle passé comme nos bons littérateurs aux écrivains du même siècle.
Mais lui, lui aussi, comme les de Goncourt, comme Capefigue, comme presque tous les écrivains actuels, il a été piqué de l’insecte du xviiie siècle, de la tarentule de cette poussière !
Lenient, qui n’est, lui, qu’un de ses professeurs moyens, — utiles à leur place, mais sans supériorité accusée, — se révélera-t-il un jour à l’étonnement de tout le monde comme un écrivain ayant un style à lui, des idées à lui et une valeur propre et déterminée ?
L’exactitude la plus exacte consiste alors à être écrivain.
Le tort des écrivains qui, comme Debay, respectent et admirent les courtisanes, et se persuadent bonnement que les ronds de jambe de ces danseuses-là importent à la postérité, c’est de croire qu’elles subjuguent et entraînent les hommes en vertu d’une habileté quelconque, d’un don de l’esprit ou de l’âme uni à cette beauté du corps qui rend le triomphe si facile.
Il a beaucoup écrit, sans être un écrivain, sans avoir aucune des qualités éclatantes ou des prétentions plus ou moins justifiées de ceux dont la vocation est d’écrire.
II Léopold Ranke est un des écrivains les plus comptés de l’Allemagne actuelle.
Mais c’est, surtout, quand il s’agit de l’homme redoutable envers lequel il était si facile à un écrivain comme Prescott d’être injuste, que ses paroles deviennent, à force d’impartialité, d’un grand poids : « Nous frémissons, — (je ne crois pas qu’il frémisse beaucoup, cet homme de race anglo-saxonne, fils de boucanier et de flibustier, mais passons-lui ce petit sacrifice à la rhétorique), — nous frémissons en regardant un tel caractère, — (il s’agit du monstrueux duc d’Albe), — mais, nous devons l’avouer, il y a quelque chose qui provoque notre admiration dans cette rigueur, dans cette inflexibilité, dans ce mépris de toute crainte et de toute faveur avec lesquels cette nature indomptable exécute ses plans !!!
… pour imposer quelque respect à un écrivain de la confiance la plus exaltée, et inspirer quelque honnête petite peur à un homme modeste.
, ces œuvres d’un prix si réduit et d’un format si commode, contiennent l’écrit intitulé : La France libre, Le Discours de la Lanterne aux Parisiens, des Lettres de Camille à son père et à sa femme, et, enfin, ce qui a fixé la gloire d’écrivain de l’auteur, son Vieux Cordelier.
Armand Hayem45 I Dans un temps où les mandarins des instituts s’imaginent diriger et gouverner l’Esprit humain, voici un livre qui aurait dû avoir leurs bonnes grâces et qui a perdu ses coquetteries à leur en faire… L’auteur de ce livre, Armand Hayem, est, je crois bien, parmi les jeunes écrivains de la génération qui s’élève quand le siècle finit, un des mieux faits pour avoir des succès d’institut.
Avec son volume d’aujourd’hui, il a prouvé que la notion des livres bien faits existait encore dans certains esprits, malgré le train et l’effacé du siècle, et que l’éditeur, après l’écrivain, après le poète, pouvait être un habile artiste à son tour.
Mürger d’écrivain original, parce qu’il écrivait en manches de chemise, comme on joue au billard.
Le critique rompu à la Critique l’a emporté ici sur le poète, dans un écrivain qui est, je le sais, poète à ses heures.
Charles Didier, l’ancien écrivain de la Revue indépendante, comme ils auraient pu l’être par un feuilletoniste de l’école de M.
C’était trop demander à l’écrivain philosophe. […] J’aurais aimé à trouver dans son Introduction d’Hippocrate quelque page vivante, animée, se détachant aisément, flottante et immortelle, une page décidément de grand écrivain et à la Buffon, comme il était certes capable de l’écrire, où fut restauré, sans un trait faux, mais éclairé de toutes les lumières probables, ce personnage d’Hippocrate, du vieillard divin, dans sa ligne idéale, tenant en main le sceptre de son art, ce sceptre enroulé du mystérieux serpent d’Épidaure ; un Hippocrate environné de disciples, au lit du malade, le front grave, au tact divinateur, au pronostic sûr et presque infaillible ; juge unique de l’ensemble des phénomènes, en saisissant le lien, embrassant d’un coup d’œil la marche du mal, l’équilibre instable de la vie, prédisant les crises ; maître dans tous les dehors de l’observation médicale, qu’il possédait comme pas un ne l’a fait depuis. […] L’idée d’étudier le vieux français, de remonter au-delà d’Amyot, de Montaigne et de Rabelais, ne vint que tard ; le grand siècle se suffisait à lui-même ; les grands écrivains des règnes de Louis XIV et de Louis XV se trouvaient trop bien chez eux, surtout en fait de langage, pour sentir le besoin d’en sortir.
Il en est de même de tous les écrivains, voyageurs ou poètes, qui datent leurs pensées de cette terre ; il semble que ce nom de Rome répété sans cesse par eux donne à leurs fugitives personnalités quelque chose de grand et d’éternel comme Rome, et flatte en eux jusqu’à la vanité du tombeau. […] Thiers et son école, multipliaient l’écho de la prose et des vers de ces grands écrivains. […] morte avant la première ride sur son beau visage et sur son esprit ; la duchesse de Maillé, âme sérieuse, qui faisait penser en l’écoutant ; son amie inséparable la duchesse de La Rochefoucauld, d’une trempe aussi forte, mais plus souple de conversation ; la princesse de Belgiojoso, belle et tragique comme la Cinci du Guide, éloquente et patricienne comme une héroïne du moyen âge de Rome ou de Milan ; mademoiselle Rachel, ressuscitant Corneille devant Hugo et Racine devant Chateaubriand ; Liszt, ce Beethoven du clavier, jetant sa poésie à gerbes de notes dans l’oreille et dans l’imagination d’un auditoire ivre de sons ; Vigny, rêveur comme son génie trop haut entre ciel et terre ; Sainte-Beuve, caprice flottant et charmant que tout le monde se flattait d’avoir fixé et qui ne se fixait pour personne ; Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie ; M. de Fresnes, modeste comme le silence, mais roulant déjà à des hauteurs où l’art et la politique se confondent dans son jeune front de la politique et de l’art ; Ballanche, le dieu Terme de ce salon ; Aimé Martin, son compatriote de Lyon et son ami, qui y conduisait sa femme, veuve de Bernardin de Saint-Pierre et modèle de l’immortelle Virginie : il était là le plus cher de mes amis, un de ces amis qui vous comprennent tout entier et dont le souvenir est une providence que vous invoquez après leur disparition d’ici-bas dans le ciel ; Ampère, dont nous avons essayé d’esquisser le portrait multiple à coté de Ballanche, dans le même cadre ; Brifaut, esprit gâté par des succès précoces et par des femmes de cour, qui était devenu morose et grondeur contre le siècle, mais dont les épigrammes émoussées amusaient et ne blessaient pas ; M. de Latouche, esprit républicain qui exhumait André Chénier, esprit grec en France, et qui jouait, dans sa retraite de la Vallée-aux-Loups, tantôt avec Anacréon, tantôt avec Harmodius, tantôt avec Béranger, tantôt avec Chateaubriand, insoucieux de tout, hormis de renommée, mais incapable de dompter le monstre, c’est-à-dire la gloire ; enfin, une ou deux fois, le prince Louis-Napoléon, entre deux fortunes, esprit qui ne se révélait qu’en énigmes et qui offrait avec bon goût l’hommage d’un neveu de Napoléon à Chateaubriand, l’antinapoléonien converti par popularité : L’oppresseur, l’opprimé n’ont pas que même asile ; moi-même enfin, de temps en temps, quand le hasard me ramenait à Paris.
Voyez le plus beau des livres chrétiens, l’Imitation : on n’a pas su encore le nom de l’écrivain, on ne le saura jamais ; c’est l’homme sans nom causant avec lui-même et avec ce personnage divin qu’il appelle la Grâce. […] Le bonheur a voulu que, par une série de heureux hasards et de fidèle affection (celle de M. d’Aurevilly, un écrivain qui ne peut être caractérisé que par lui-même, parce qu’il ne ressemble à personne), le hasard et le bonheur ont voulu que ce journal et ces lettres n’aient pas péri dans les cendres du Cayla ; mais que des mains pieuses les aient recueillies le lendemain de sa mort pour édifier tout un siècle, et, après M. de Sainte-Beuve, moi, qui vais essayer d’inspirer à mes lecteurs la passion de les lire comme une Imitation de Jésus-Christ en action, le plus beau des livres modernes dans la plus tendre des âmes et dans le plus confidentiel des styles. […] et combien est pâle la tristesse artificielle des écrivains de profession à côté de ce reflet touchant de l’âme souffrante qui se replie en gémissant sur elle-même, qui se voit vivre inutile, et qui se sent mourir sans avoir aimé !
… Là, j’écris posément comme un écrivain public… Je ne vais pas vite, — il m’a vu écrire, lui, — mais je vais toujours, parce que, voyez-vous, je ne cherche pas le mieux. […] Ludovic Halévy : « Monsieur, Prévost-Paradol écrivain, vous appartient ; mais je n’ai pu lire, sans étonnement et sans tristesse, ces lignes signées de vous sur la longueur de son torse et sur son nez de comique. […] Prévost-Paradol, est plus générale qu’il ne le croit, et il n’a, pour s’en convaincre, qu’à prendre connaissance du terrible article, publié sur l’écrivain des Débats, par M.
, la classification des écrivains en écrivains de droite et écrivains de gauche est courante depuis l’affaire Dreyfus. […] Ce n’est pas un hasard si le mouvement-type de la Réaction française (qui a laissé pour courir plus vite son préfixe au vestiaire) est un mouvement d’écrivains, s’il n’y a eu de littérature politique originale, vivante, pittoresque qu’à droite et même à l’extrême droite. […] La première fois par Veuillot, le principal responsable : d’abord du grand refus de Chambord en 1873 ; ensuite de ce bellicisme contre l’Italie unifiée, qui fit passer auprès du pays pour un danger de guerre l’Assemblée conservatrice élue pour la paix ; enfin de ce recours quotidien au miracle, de ce mysticisme d’écrivain irresponsable et irréaliste qui transpose en facilité des choses la facilité de sa plume. […] Ces idées sont celles des écrivains du xviiie siècle, condensées dans les principes de 1789. […] N’oublions pas que les deux seules grandes nations libérales de l’Ancien Continent, la France et l’Angleterre, et les plus importantes des petites nations libérales, la Belgique et la Hollande, sont aussi les principales, et même (avec l’Italie) les seules nations coloniales, que leur libéralisme ne s’étend guère à leurs sujets coloniaux et que ce sont justement un écrivain français et un écrivain anglais qui ont créé Tartuffe et Pecksniff.
Diderot J’ai toujours aimé les correspondances, les conversations, les pensées, tous les détails du caractère, des mœurs, de la biographie, en un mot, des grands écrivains ; surtout quand cette biographie comparée n’existe pas déjà rédigée par un autre, et qu’on a pour son propre compte à la construire, à la composer. […] Nous leur rappellerons en même temps, comme dédommagement et comme excuse, un article sur la prose du grand écrivain, inséré autrefois dans ce recueil par un des hommes93 qui ont le mieux soutenu et perpétué de nos jours la tradition de Diderot, pour la verve chaude et féconde, le génie facile, abondant, passionné, le charme sans fin des causeries et la bonté prodigue du caractère.
La première place dans la conversation et même dans la considération publique est pour Voltaire, fils d’un notaire, pour Diderot, fils d’un coutelier, pour Rousseau, fils d’un horloger, pour d’Alembert, enfant-trouvé recueilli par un vitrier ; et quand, après la mort des grands hommes, il n’y a plus que des écrivains de second ordre, les premières duchesses sont encore contentes d’avoir à leur table Chamfort, autre enfant-trouvé, Beaumarchais, autre fils d’horloger, Laharpe, nourri et élevé par charité, Marmontel, fils d’un tailleur de village, quantité d’autres moins notables, bref tous les parvenus de l’esprit. […] Pour des gens qui veulent contrôler le pouvoir et abolir les privilèges, quel maître plus sympathique que l’écrivain de génie, le logicien puissant, l’orateur passionné qui établit le droit naturel, qui nie le droit historique, qui proclame l’égalité des hommes, qui revendique la souveraineté du peuple, qui dénonce à chaque page l’usurpation, les vices, l’inutilité, la malfaisance des grands et des rois Et j’omets les traits par lesquels il agrée aux fils d’une bourgeoisie laborieuse et sévère, aux hommes nouveaux qui travaillent et s’élèvent, son sérieux continu, son ton âpre et amer, son éloge des mœurs simples, des vertus domestiques, du mérite personnel, de l’énergie virile ; c’est un plébéien qui parle à des plébéiens Rien d’étonnant s’ils le prennent pour guide, et s’ils acceptent ses doctrines avec cette ferveur de croyance qui est l’enthousiasme et qui toujours accompagne la première idée comme le premier amour.
Et d’autre part, si nous sommes habitués de nos jours à voir nos écrivains nous présenter l’humanité antique dans ce qu’elle a d’irréductible aux formes actuelles de nos âmes, il faut consentir à ce que Racine nous la montre dans ce qu’elle a d’identique ; l’un n’est pas plus vrai en soi que l’autre. […] Mesnard, coll. des Grands Écrivains, Hachette, 1865-1873, 8 vol. in-8 et deux albums. — À consulter : Dolivet, Rem. de grammaire sur Racine, 1738, in-12.
C’était un homme de cœur, un écrivain assez habile, mais le fond était nul. […] Il induit l’écrivain à des fautes pour lesquelles il se montre ensuite sévère, comme la bourgeoisie réglée d’autrefois applaudissait le comédien et en même temps l’excluait de l’Église. « Damne-toi, pourvu que tu m’amuses !
un écrivain justement célèbre, qui serait mort de douleur s’il avait connu ses disciples, un philosophe aussi parfait de sentiment que faible de vues, n’a-t-il pas, dans ses pages éloquentes, riches en détails accessoires, pauvres au fond, confondu lui-même les principes de l’art social avec les commencements de la société humaine ? Tout ce qu’imprime un écrivain grave a de la valeur, mais ce qu’il écrit pour lui à l’état de simple note en a plus encore, en ce que j’y saisis sa pensée sans aucune forme de précaution ou de politesse.
Sainte-Beuve ensuite, déclarant « qu’il ne peut juger une œuvre indépendamment de l’homme même qui l’a écrite », fit des recherches biographiques sur l’enfance de l’écrivain, son éducation, les groupes littéraires dont il avait fait partie. « Chaque ouvrage d’un auteur, vu, examiné de la sorte, à son point, après qu’on l’a replacé dans son cadre et entouré de toutes les circonstances qui l’ont vu naître, acquiert tout son sens, son sens historique, son sens littéraire. […] Hennequin n’ignore point qu’à part les artistes et les écrivains, la plupart des hommes n’aiment pas, aux moments de loisir, à se plonger dans des préoccupations analogues à celles qui constituent le fond de leur activité habituelle.
Toute cette partie du travail de Sainte-Beuve est empreinte d’une grandeur morale qu’on est moins accoutumé à rencontrer en cet écrivain que ses qualités d’un autre ordre, précieuses aussi, mais moins relevées, et elles prouvent merveilleusement à quel point cette organisation, qu’on ne croyait que fine, pourrait devenir large et forte quand elle touche à des sujets grands. […] Ce jour-là, il fut poète comme Lamennais fut un jour aussi écrivain de génie.
Mais on ne peut douter qu’après lui, quand un souvenir naïf de mœurs étrangères, quand une passion vraie ne montait pas au cœur de l’écrivain, l’érudition et la recherche, la science du style poussée jusqu’au raffinement, la prétention de l’art, devenue comme une manie superstitieuse, ne jetassent le talent même dans le bizarre et le ténébreux. […] Dans Alexandrie cependant, le passage et le marché du monde, au bord de cette Égypte dont les monuments projetaient leur ombre mystérieuse sur les arts transplantés de la Grèce, parmi ces influences du monde oriental aboutissant de toutes parts à la ville nouvelle, entre ces ferments de culte divers qui s’amassaient dans cette cité cosmopolite, il semble que plus d’une inspiration devait s’offrir à la pensée de l’écrivain et du poëte.
Ne semble-t-il pas étrange que, tout près de ce grand écrivain, Ronsard ait passé pour un si grand poëte, et que Montaigne lui-même l’ait cru et nous dise « que les Français de son temps avaient monté la poésie au plus haut degré, où elle sera jamais, et que Ronsard et du Bellay ne sont guère éloignés de la perfection antique ». […] Ce n’est pas assez de dire avec Boileau : Par ce sage écrivain la langue réparée N’offrit plus rien de rude à l’oreille épurée.
Comme conseil de style, on n’a qu’à renvoyer à l’auteur ses propres paroles : « Un écrivain qui a quelque souci de la postérité, dit-il dans sa remarquable préface, cherchera sans cesse à purifier sa diction, sans effacer toutefois le caractère particulier par lequel son expression révèle l’originalité de son esprit ; le néologisme n’est d’ailleurs qu’une triste ressource pour l’impuissance.
Rousseau nous semble un admirable et savant écrivain, un vigoureux philosophe, plutôt qu’un grand poète ; Voltaire, comme artiste, ne triomphe plus que dans la moquerie, c’est-à-dire dans un genre de poésie qui est antipoétique par excellence.
C’est un avertissement que je crois devoir à ces jeunes écrivains simples avec tant de recherche, naturels avec tant de manière, éloquents avec si peu d’idées.
Il n’est pas écrivain, pas artiste au moindre degré.
L’expression [Greek : ê patrios phônê], dans les écrivains de ce temps, désigne toujours le dialecte sémitique qu’on parlait en Palestine (II Macch., VII, 21, 27 ; XII, 37 ; Actes, XXI, 37, 40 ; XXII, 2 ; XXVI, 14 ; Josèphe, Ant., XVIII, VI, 10 ; XX, sub fin. ; B.
Trois longues lettres de cet écrivain qui lui sont adressées, comme suite des conversations ou entretiens qui ont eu lieu entre elle et lui, la font mieux connaître que tout ce qui aurait pu être écrit sur son compte.
Quelques écrivains du temps l’ont qualifiée de marquise ; c’est sans raison.
Rien ne forme autant le goût que la comparaison entre deux grands écrivains dont la manière est différente.
Seulement ce qu’il y a et ce qui plaît, du reste, c’est qu’on sent que l’auteur n’a rien voulu de tout cela et que la prétention du bas-bleu qui se tend pour se donner des muscles, comme un homme, n’a pas fait tort à son naturel de femme et d’écrivain.
Et ce ne fut pas tout : après Mallet-Dupan, longtemps après Mallet-Dupan, tué par le royalisme et qui n’était, après tout, qu’un écrivain resté sur les hauteurs de la pensée, le royalisme tua, mais sur le terrain de l’action, des hommes de gouvernement comme le duc de Richelieu, de Serres, Villèle et Martignac, ministres parlementaires, renversés par d’indignes coalitions de Parlement, qui en même temps, du coup, tuèrent la monarchie que ces ministres essayaient de fonder.
Mais qu’à deux siècles de distance un homme qui n’a pas le génie absolu qui devine, là où les autres sont obligés de chercher, puisse nous donner le dessous de cartes d’une négociation qu’il ne connaît que par une correspondance officielle, franchement, je ne crois pas à un tel homme… et, dans tous les cas, ce ne serait pas Valfrey, écrivain exsangue, tête sans aperçu, et qui ne conçoit l’histoire de la diplomatie que comme le vil dépouillement d’un carton… IV Elle est autre chose, cependant.
Ce ne serait plus qu’un écrivain modeste et domestique, portant, comme Flipotte derrière madame Pernelle, son petit falot à la suite du président de Montesquieu, lequel disait, lui, que tout le monde avait plus d’esprit que Voltaire, probablement parce que Voltaire en avait un peu plus que le président de Montesquieu.
III Ainsi, de la critique bien faite, de la critique qui se préoccupe avant tout de la moralité, — je ne dis pas de l’écrivain qu’elle examine, lequel n’en avait pas (il faut bien en convenir), mais de la moralité de son inspiration, plus importante que celle de sa vie, car un homme meurt et son scandale avec lui, mais son livre reste, scandale et danger éternels !
Elle ressemble à ces escaliers de l’Enfer, qu’on ne monte ni ne remonte jamais… Un écrivain de forte intelligence, qui se moque de tout, excepté des faits, Taine, que j’ai loué et que je suis prêt à louer encore, a écrit l’histoire de la Révolution, mais en la prenant par en bas, — dans la boue sanglante où elle s’est vautrée et où elle doit rester dans la mémoire des hommes, et cela fît, si l’on s’en souvient, un assez glorieux scandale… Les scélératesses et les canailleries révolutionnaires sont entassées dans le livre de Taine, à l’état compact, pour entrer, d’un seul coup, dans l’horreur des cœurs bien placés et des esprits bien faits.
et ni le grand écrivain ni le grand penseur ne nous consolent du grand homme d’État que nous n’avons pas.
Parmi les journalistes de ce temps, où (malheureusement) la forme du journal s’impose à tous les écrivains, Grenier est, pour moi, sans conteste, un des premiers.
Rien de l’art d’écrire, rien du sentiment de l’écrivain n’est dans cette adorable chose pour laquelle on cherche un nom, difficile à trouver… Quoi qu’il en soit, un tel recueil n’en est pas moins bon à opposer aux livres actuels.
Il pourrait nous dire mieux qu’un autre les qualités ou les défauts du styliste, du versificateur, de l’écrivain.
et ni le grand écrivain, ni le grand penseur ne nous consolent du grand homme d’État que nous n’avons pas !
Il manque même de haine philosophique, quoique de Rémusat doive avoir, tapies quelque part, les haines de sa philosophie, et quoique le scepticisme du temps et la glace de son tempérament aient bien diminué cette rage contre l’Église qu’ont tous, au fond du cœur, les philosophes, et que Cousin, lâche, mais indiscret, révélait en la couvrant de ce mot, dit justement à propos d’Abélard : « Il avait déposé dans les esprits de son temps le doute salutaire et provisoire, qui préparait l’esprit à des solutions meilleures que celles de la foi. » Charles de Rémusat n’a jamais eu de ces imprudentes et impudentes paroles d’un homme dont l’espérance trahit l’hypocrisie, mais à quelque coin, dans cet esprit moyen, dans cette âme de sagesse bourgeoise, il y a toujours, prête à se glisser au dehors, l’hostilité contre toutes les grandes choses que nous croyons… Comme Abélard, le héros de toute sa vie, comme Bacon, qu’il a aussi commenté, de Rémusat s’est toujours plus ou moins vanté d’être un écrivain de libre examen et de libre pensée, un philosophe contre la théologie, un adversaire de l’autorité sur tous les terrains, en religion comme en politique, — et comme l’Église est l’autorité constituée de Dieu sur la terre et qu’elle a le privilège divin « que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre Elle », de Rémusat, qui est une de ces portes-là, — non pas une porte cochère, aux cuivres insolemment luisants et aux gonds tournant à grand bruit, mais une petite porte, discrète et presque cachée à l’angle et sous les lierres prudents de son mur, — de Rémusat entend bien prévaloir contre l’Église et lui prouver que son privilège divin n’est qu’une prétention !
Léon Aubineau, dans sa Vie de Benoît-Joseph Labre, ne soit pas un écrivain selon mon cœur, mais un glaçon du xviie siècle, assez incorrectement taillé, je luisais gré pourtant d’avoir eu la hardiesse d’aborder ce sujet, qui aurait fait peur à un catholique moins convaincu que lui.
C’est que, littérairement, quand on est un écrivain acéré, souple, vibrant, élégant, presque aristocratique, il ne fait pas bon de se jeter aux idées révolutionnaires !
L’abbé Brispot accompagne le texte concordé des Évangiles de commentaires, explications et notes, tirés des écrivains les plus illustres de l’Église dans l’ordre de la sainteté ou de la science, et c’est dans le choix de ces annotations, qui viennent ajouter leur lumière à celle du texte souvent d’une trop divine pureté pour tomber dans des yeux charnels sans les offenser, que l’abbé Brispot a montré les richesses d’une forte érudition religieuse et le tact supérieur qui sait s’en servir.
chercha toujours dans le xviie siècle, en digne philosophe, ce qui n’y était pas, a écrit, en style oraculaire, cette phrase, qui, comme tous les oracles, ne signifie pas grand’chose : « Alceste est resté le secret du génie de Molière », et cette phrase, lancée par ce vaste et gesticulant étourdi de Cousin, et dont Gérard du Boulan a fait l’épigraphe de son livre, a probablement donné à cet écrivain, que je ne crois pas très connu encore, l’envie de deviner le secret — qui n’existe pas !
Comme la plupart des écrivains de ce temps, qui parlent d’individualité d’autant qu’il n’y en a aucune, Cantel a fait du syncrétisme, qui n’est pas, croyez-le !
Ils ne sont écrivains que pour le seul plaisir d’écrire et de décrire : pour la seule volupté de mettre une phrase qui brille, n’importe sur quoi… Eh bien !
sans peur) de la femme la mieux placée pour les connaître, je dis qu’il est temps d’en finir avec ce monde écœurant de drôlesses, qui a pris tant d’importance dans les préoccupations des écrivains du dix-neuvième siècle, qu’on dirait qu’en dehors des filles, il n’y a plus en France de mœurs à peindre et de sentiments à étudier.
Eugène Sue, l’écrivain des Mystères du Peuple, plus bas de ton que les Mystères de Paris, Eugène Sue, qui, au début de sa vie littéraire, se vantait d’être anti-canaille, et qui a fini par effacer l’anti dans ce mot, a travaillé, en badigeon grossier, pour cette littérature.
Bossuet a créé une langue ; Fléchier a embelli celle qu’on parlait avant lui ; La Rue, dans son style négligé, tantôt familier et tantôt noble, sera plutôt cité comme orateur que comme grand écrivain.
Le lecteur prendra par exemple quelque artiste, savant ou écrivain notable, tel poète, tel romancier, et lira ses œuvres, la plume à la main. […] Il n’y a qu’un seul écrivain dans M. […] Sur le devant du théâtre, Bossuet, Boileau, Racine, tout le chœur des grands écrivains, jouaient la pièce officielle et majestueuse. […] Il l’était autant par nature que par fortune ; son tour d’esprit, comme sa position le fit écrivain. […] Il n’était point homme d’Académie, discoureur régulier, ayant son renom de docte écrivain à défendre.
Héritiers des bardes bretons et des scaldes scandinaves, avec qui les confondent sans cesse les écrivains anglais du moyen âge, les ménestrels de la vieille Angleterre conservèrent assez longtemps une portion de l’autorité de leurs devanciers. […] Les anciens écrivains leur donnent aussi les noms de mimi, joculatores, histriones. […] Un grand écrivain obtient rarement, de la génération qui le suit, les hommages que lui prodiguera la postérité. […] Cependant les écrivains distingués n’avaient pas tout à fait cessé d’accorder à Shakespeare une part dans la gloire littéraire de leur pays ; mais c’était timidement et par degrés qu’ils soulevaient le joug des préventions de leur temps. […] Écrivain qui vivait environ cinquante ans après Shakespeare, et qui a recueilli des souvenirs et des traditions de son temps.
Samedi 9 janvier Maupassant est un très remarquable novelliere, un très charmant conteur de nouvelles, mais un styliste, un grand écrivain, non, non ! […] Stevens s’étonne de l’absence complète du sentiment de l’art chez la plupart des grands écrivains, affirmant qu’il n’en est pas ainsi à l’égard de la littérature chez les peintres de talent, même chez ceux qui n’ont pas fait d’humanités, déclarant qu’on ne les trouverait jamais à lire un livre d’auteur médiocre. […] » Lundi 25 juillet Nous parlons avec Daudet, du mensonge, du mensonge cynique du journalisme contemporain, où les journaux font aujourd’hui de Cladel, un écrivain de la taille de Flaubert, quand aucun de ces journaux vantards de son talent, ne voulait hier de sa copie. […] Vendredi 29 juillet Je lis les Conversations de Goethe, par Eckermann, et je trouve que l’écrivain allemand divisait l’humanité en deux classes : les poupées, jouant un rôle appris, et les natures, le petit groupe d’êtres, tels que Dieu les a créés.
Oui, il y eut et il dut y avoir de ces commencements de querelle — et chez les Grecs au moment de leur maturité déjà déclinante et la plus fleurie, au lendemain d’Alexandre, lorsque, regardant en arrière, ils se jugeaient à la fois riches par héritage et pouvant encore ajouter à la gloire des ancêtres — ; et chez les Romains surtout, à cette époque dominante de l’empire, au sein de cette unité puissante qui avait engendré des esprits universels comme elle-même, au temps des Sénèque, des Pline, et je dirais des Tacite si ce dernier n’était si pessimiste et morose : mais les plus belles paroles qui aient été prononcées sur cette question des anciens et des modernes, c’est peut-être encore ce grand et si ingénieux écrivain Sénèque qui les a dites, et on ne peut rien faire de mieux aujourd’hui que de les répéter : J’honore donc, disait-il à son jeune ami Lucilius, j’honore les découvertes de la sagesse et leurs auteurs ; j’aime à y entrer comme dans un héritage laissé à tous.
Quelle que soit l’abondance de saillies de l’écrivain humouriste, son ironie prolongée, dans l’absence de toute passion, ne saurait défrayer un volume et n’y sauve pas la froideur, en même temp que l’excessif ragoût du style engendre vite le dégoût.
Richepin est d’abord un très grand rhétoricien, un surprenant écrivain en vers, tout nourri de la moelle des classiques, qui sait suivre et développer une idée, et qui sait écrire, quand il le veut, dans la langue de Villon, de Régnier et de Regnard, et dans d’autres langues encore.
C’est Voltaire qui, lisant Athalie, s’exclamait : « On a honte de faire des vers quand on en lit de pareils. » Pareillement, et malgré l’autorité de notre aimable Marcel Prévost, qui, tout en continuant avec un dévouement dont on lui sait gré ce qu’il appelle la tradition des gentils conteurs, adresse à sa clientèle spéciale des consultations pour les maladies morales secrètes, et enseigne aux nobles lectrices du Temps, pour moitié protestantes et pour moitié israélites, les principes de la galanterie nationale et honnête, en un style troublant qui fleure le pot-au-feu au patchouli, malgré l’exemple du jeune et courageux écrivain, n’osons-nous plus tenter ces petits divertissements psychologiques pour peu que nous venions de relire ou Stendhal ou Balzac ou Tolstoï.
Les maris que la marquise de Rambouillet donnait à ses filles, prouvent mieux son bon goût que le contraire n’est prouvé par la fréquentation de quelques écrivains ridicules dans sa maison qui était ouverte à tout le monde.
[Olivier Saylor] L’ancien officier de marine qui signe Olivier Saylor n’a pas plus de talent naturel que les frères Margueritte et il sait moins son métier d’écrivain.
Je pense que Molière, indépendamment de ses autres qualités inestimables dont il est inutile de parler, en a une dont on ne parle pas assez, et dont on ne lui tient pas assez de compte ; c’est d’être celui de nos écrivains où l’on trouve le plus la vraie langue française, les tours et la manière qui lui sont propres ; que les ouvrages de Despréaux sont le code du bon goût ; que La Fontaine a donné à la langue un tour naïf et original ; et qu’enfin Quinault, méprisé par Despréaux si injustement, est non seulement le plus naturel et le plus tendre de nos poètes, mais le plus pur et le plus correct de tous, mérite dont on ne lui sait pas assez de gré, et qu’on n’a peut-être pas assez remarqué en lui.
Les grands hommes qui donnèrent à la langue de Louis XIV, je ne dis pas son caractère définitif, — car une langue ne finit jamais que quand on ne la parle plus, — mais les chefs-d’œuvre qui l’assirent et la posèrent dans sa majesté, sont sortis des grands écrivains du xvie siècle, qui en a de si grands, et non pas des précieuses, ces bréhaignes, qui ont tué des poètes, mais qui n’en ont jamais fait un.
Sous Louis XIV, les questions politiques étaient encore doublées de questions religieuses, et les écrivains d’un temps sans religion comme l’est le nôtre l’oublient trop.
En vertu d’un de ces despotismes grotesques de la bêtise qui sait s’imposer, le mépris mérité par des écrivains aussi inférieurs et aussi plats que les Anquetil et les Dulaure, par exemple, n’empêche nullement leur influence de s’exercer, même sur des esprits moins bas qu’eux ; et c’est ainsi que nous ignorons, tous ou presque tous, notre propre histoire.
Blaze de Bury, écrivain de la Revue des Deux Mondes (cela pèse un professeur), y publiait un article sur Goethe qui serait sans excuse si M.
Mais, en dévorant le littérateur, il a fait de ce qui en restait quelque chose de bien plus compté par les sots que l’écrivain, dont la fonction noble et désintéressée est de mettre de la beauté dans ce qu’il dit et de la vérité dans ce qu’il pense.
Seulement, après cette aspiration prophétique de son immortalité, il ajoute, car c’est à Madame de Hanska qu’il écrit : « Mais il y aura en moi un être bien plus grand que l’écrivain et plus heureux que lui, c’est votre esclave.
Benjamin Constant, l’inconsistant et le vaniteux homme d’esprit à qui on ne croyait guères que de l’esprit, y gagne une âme, et l’exquise Juliette Récamier y perd quelque peu, si ce n’est tout, de la sienne, laquelle semblait divine et qui, véritablement, l’était trop pour nous… Benjamin Constant, qui a écrit ces lettres, y abdique comme écrivain dans les mains de l’homme, et l’homme y abdique à son tour dans les mains de l’amoureux.
Quoi que Champfleury veuille nous persuader ou se persuader à lui-même, son admiration et sa sympathie pour Hoffmann ne lui sont pas inspirées par les qualités plus ou moins distinguées du conteur fantastique, mais par la manière de l’écrivain.
Et cependant, malgré cet ennui inconnu en Allemagne, mais partout ailleurs insupportable, d’une logique qui déchiquète l’abstraction plus que toutes les autres logiques qui aient jamais été publiées par les anatomistes du raisonnement, malgré l’effrayante spécialité de son langage et tout ce qui nous empêche, de peser sur le texte même d’Hegel, nous ne pourrons pas ne point l’atteindre, puisque nous voulons vous parler des travaux d’un écrivain qui en a fait le fond et le but de ses œuvres.
Ce bonheur-là, je l’ai eu un jour, si on se le rappelle, quand je signalai l’un des premiers, si ce n’est le premier, le livre d’un inconnu (Revelière), intitulé magnifiquement : Les Ruines de la Monarchie française, sous lesquelles, par parenthèse, il pourrait bien rester enseveli… Eh bien, je vais avoir ce bonheur encore en parlant d’un autre livre, non moins substantiel, non moins fort d’observation et de raison que celui de Revelière, et aussi non moins ignoré… Ce livre s’appelle : Les Philosophes et la Philosophie, et il est d’un écrivain à peu près aussi inconnu que Revelière, c’est M.
La thèse orthodoxe de l’auteur des Esprits est trop savante, trop étoffée, trop imposante ; l’auteur est trop au courant des sciences naturelles et médicales de son époque ; il a même, ici et là, trop de cette puissance de plaisanterie qui ne manque jamais en France aux écrivains supérieurs, et qui circule au sein des graves discussions auxquelles il se livre comme l’Esprit dormait sur les eaux, pour que la risée qui peut accueillir sa thèse soit bien forte.
L’Arbre devenu vieux, le chef-d’œuvre du volume, réunit ces deux qualités qui semblent s’exclure, — et qui s’excluent dans des écrivains moins doués.
Si, par exemple, au lieu d’être un écrivain de talent, mais d’un talent qui n’a pas encore toute sa portée, M.
C’est un écrivain d’imitation plus ou moins souple, plus ou moins délié, plus ou moins habile, imprégné plus ou moins des influences européennes, mais manquant, pour toutes ces raisons, du caractère de tout ce qui est supérieur en littérature : — la sincérité !
Attaqué, depuis son début, dans sa moralité d’écrivain, ce qui, au fond, lui est bien égal, il n’en a pas moins relevé le gant pour le compte de la moralité de son œuvre, afin de n’avoir point à le relever pour le compte de son talent contesté, et il a écrit une longue préface qu’il a plaquée à la tête de ces trois volumes, précisément, dit-il en capitales, « pour qu’on la passe !
Le premier devoir d’un écrivain est de devancer l’imagination de ses lecteurs, qui marche toujours.
Alors s’élevèrent deux écrivains d’un ordre distingué, mais nés tous deux avec cette justesse qui analyse et qui raisonne, bien plus qu’avec la chaleur qui fait les orateurs et les poètes.
Sauf peut-être cette dernière), qu’on trouve un peu chez Constant et chez Madame de Staël, aucune de ces religiosités ne s’est nettement dessinée dans les écrivains philosophes dont les noms suivent. […] Il n’était point mondain, point amateur de sciences, point petit écrivain satirique. […] Un heurt survint, comme il en survient presque toujours un dans la vie des grands écrivains, sans lequel ils n’eussent probablement pas écrit. […] D’ordinaire, c’est une circonstance, un hasard impérieux qui a forcé les grands écrivains à le devenir, quand ils étaient loin d’y songer. […] Elle lui a permis d’être un grand écrivain politique, tout en étant un grand politicien, chose rare et désormais impossible, mais déjà peu commune au temps dont il était.
Corneille opérait ici dans le sens de son génie, étant de ces écrivains dont la fécondité d’invention verbale est peut-être le don caractéristique entre tous. Il y a des écrivains qui peinent à chercher leurs mots, qui sont en quelque sorte obligés, pour traduire à peu près leur pensée, d’avoir là, sous la main, toute une bibliothèque ou un arsenal de dictionnaires : dictionnaire de l’usage, dictionnaire des synonymes, dictionnaire des étymologies, que sais-je encore ? […] Avez-vous fait attention, Mesdames et Messieurs, qu’il y avait comme un air de famille entre tous ceux de nos poètes ou de nos écrivains qui ont bien su le grec et qui l’ont beaucoup aimé : Ronsard, Racine, Fénelon, Chénier plus tard ? […] Elle n’a pas non plus empêché les conditions sociales de changer de rapports, la noblesse de s’appauvrir, le tiers-état de s’enrichir, l’homme d’argent ou l’écrivain de devenir des personnages. […] Si le gain ne répare ni ne compense tout à fait la perte, il la rend moins sensible ; et c’est pourquoi, — c’est peut-être aussi parce que ce genre de comédie est plus facile à traiter, — les écrivains contemporains s’y empressent à l’exemple et sur les traces de Dancourt88.
Ces héros citoyens de l’antiquité qui auraient supporté la mort plutôt que l’esclavage, étaient capables d’une soumission religieuse envers la puissance du Ciel, tandis que des écrivains modernes qui prétendent que le christianisme affaiblit l’âme pourraient bien, malgré leur force apparente, se plier sous la tyrannie avec plus de souplesse qu’un vieillard débile mais chrétien. […] Écrivain célèbre, il aimait ces occupations intellectuelles qui remplissent toutes les heures d’un intérêt toujours croissant. […] Le goût des écrivains allemands pour l’esprit de système se retrouve dans presque tous les rapports de la vie ; ils ne peuvent se résoudre à vouer toutes les forces de leur âme aux simples vérités déjà reconnues ; on dirait qu’ils veulent innover en fait de sentiment et de conduite comme dans une œuvre littéraire.
Comment discerne-t-on le style et l’âme d’un musicien d’un autre musicien, dans ces compositions chantées ou exécutées, aussi infailliblement qu’on discerne le style d’un grand écrivain ou d’un grand poète du style d’un écrivain ou d’un poète médiocre ? […] L’écrivain de sentiment et de science qui a su donner tant d’attraits à cette étude scientifique, M.
Puis tout en célébrant les qualités de l’écrivain, il lui reprochait de manquer de grandeur. […] Et il me semble qu’un jour, en ce cimetière aux portes de la ville, où notre ami repose, quelque lecteur, encore sous l’hallucination attendrie et pieuse de sa lecture, cherchera distraitement aux alentours de la tombe de l’illustre écrivain, la pierre de Madame Bovary. […] Mais c’est un dîner amusant par le vagabondage de la conversation, qui va de l’envahissement futur du monde par la race chinoise, à la guérison de la phtisie par le docteur Koch ; qui va du voyageur Bonvalot, au vidangeur de la pièce pornographique de Maupassant : Feuille de rose, jouée dans l’atelier Becker ; qui va de l’étouffement des canards, à l’écriture des asthmatiques, reconnaissable aux petits points dont elle est semée, et faits par les tombées de la plume, pendant les étouffements de l’écrivain : causerie à bâtons rompus, dont les causeurs verveux sont, le jeune rédacteur du Nouvelliste, l’auteur d’Un ménage d’artiste, joué au Théâtre-Libre, et le notaire penseur, l’auteur du Testament d’un moderne.
La Grâce, quand son rayon tombe dans un homme, va jusqu’à l’écrivain. […] nous révèle un écrivain catholique qui ne croit pas faire un péché mortel en étant spirituel comme les plus mondains d’entre vous, et qui même a raison de se croire un mérite quand il daube joyeusement les ennemis de Dieu et de ses serviteurs. […] Je le serais pour mon plaisir… Son sujet seul m’entre dans le cœur sans avoir besoin de la main puissante de l’écrivain qui l’y pousse… C’est, en effet, pour moi, le normand jusqu’aux ongles, une des plus belles histoires dont puisse être fier mon pays !
Jouffroy111 ; c’est l’homme seulement que nous voulons de lui, l’écrivain, le penseur, une des figures intéressantes et assez mystérieuses qui nous reviennent inévitablement dans le cercle de notre époque, un personnage qui a beaucoup occupé notre jeune inquiétude contemplative, une parole qui pénètre, et un front qui fait rêver. […] Philosophe et démonstrateur éloquent encore plus qu’écrivain, la forme, qui a tant d’attrait pour l’artiste, convie peu M.
Hugo soit un puissant écrivain, mais il ne me plaît pas toujours. […] XVII Mais il y a dans l’âme de Mlle de Guérin un principe de vie et d’immortalité qui n’existe pas dans les héroïnes de Walter Scott : c’est le mysticisme catholique exalté, qui donne la vie, la sainteté, l’émotion sacrée du martyre à la jeune châtelaine du Cayla, et la poésie profonde du cœur, qui élève ses confidences à la hauteur des écrivains ascétiques les plus éloquents ; c’est l’huile onctueuse de cette lampe que le dieu du passé s’est allumée à lui-même dans les ruines de son sanctuaire démoli.
Nous n’en sommes plus, grâce à Dieu, aux basses plaisanteries d’autrefois et voici que, peu à peu, les préjugés se dissipent ; il est bon qu’un recueil spécial, rédigé par des écrivains de bonne foi et de compétence, achève d’éclairer la question. […] Écrivain et musicographe, fille de Théophile Gautier (lui-même défenseur de Wagner) et de la grande cantatrice Ernesta Grisi.
Oper und Drama avait fait scandale en Allemagne et il ne manquait pas de Fétis, de l’autre côté du Rhin, pour jeter la pierre à l’écrivain présomptueux, à l’iconoclaste ! […] Un autre écrivain belge d’esprit et de talent, M.
Elles étaient vraiment frappantes : les conclusions qu’il en tira furent annoncées dans ce style systématique, tranchant, absolu, qui caractérise les écrivains français » ; de là, leur popularité européenne, malgré les réserves de Müller et de Cuvier. […] Cette doctrine, qui s’accorde avec celle des écrivains français les plus autorisés, conduit M.
Les écrivains auxquels je demande l’indispensable réconfort sont bien différents les uns des autres. […] Elle est, inconnue comme il convient et réservée à la joie des rares qui sont dignes de la beauté originale, le plus admirable des écrivains féminins d’aujourd’hui.
Aujourd’hui, c’est toujours la même somme d’injures à placer… elle ne peut être répartie que sur deux ou trois écrivains comme moi. » Lundi 26 mars Notre Histoire de la société française pendant le Directoire a paru samedi. […] * * * — Dans notre Rêve d’une dictature nous demandions une dotation de cent mille francs pour les grands inventeurs, les grands écrivains, les grands artistes.
Hugo est essentiellement l’écrivain de la redite, de la répétition, de la variation. […] L’opinion commune sur les gens à parole facile, les improvisateurs, les avocats, les bavards, les écrivains de premier jet, démontre en quelque façon que chez les discoureurs abondants on a remarqué une activité intellectuelle moins intense et moins vive relativement.
Je n’imiterai point tous ces prétendus écrivains de nos jours qui, s’armant en votre faveur, nous poursuivaient et nous poursuivent encore, nous autres vieillards, des épithètes les plus injurieuses et les plus grossières. […] Cependant, quand j’ai vu qu’après de vains efforts vos apôtres n’avaient pu faire chanceler sur leurs bases les statues de nos grands hommes, quand j’ai vu que des étrangers vraiment patriotes venaient nous demander si les écrivains qui avilissaient des noms immortels, qui reniaient les gloires de leur pays étaient Français…8, je me suis rassuré sur les attaques répétées de ces mauvais citoyens, et j’ai commencé à douter de leur succès à venir.
Des écrivains connus s’étaient chargés de faire les biographies qui devaient accompagner chaque portrait.
[NdA] Un élégant écrivain qui passe pour un de nos premiers critiques, mais qui n’a jamais été un bon critique dès qu’il s’agissait de se prononcer sur les contemporains et les vivants, M.
Prevost-Paradol a entretenu avec intérêt les lecteurs du Journal des débats (13 août 1858), annonçaient que le patient investigateur était dès lors arrivé à des résultats neufs qui ajoutaient à la connaissance intime de la vie et de l’âme du grand écrivain.
Eh bien, à la longue, elle n’a pas échappé au vice littéraire le plus commun et le plus triste : l’envie, vers la fin, s’y était nichée, et, un jour, mon cher directeur, ma probité même et ma conscience d’écrivain y ont été incriminées… Pourquoi ?
Écrivain exquis et consommé, il s’est mêlé aux instincts, aux ironies, à la malice et aux émotions de tous, et, s’emparant de cette faculté chantante qui avait longtemps détonné, il en a tiré un parti plein d’à-propos, de finesse et de grandeur.
Et, d’autre part, comme ces admirateurs plus tardifs, honteux tout bas de s’être fait tant prier, et n’en voulant pas convenir, acceptent le grand écrivain dans ses dernières œuvres au détriment des premières qu’ils ont peu lues et mal jugées, comme ils sont fort empressés de le féliciter d’avoir fait un pas vers eux, public, tandis que c’est le public qui, sans y songer, a fait deux ou trois grands pas vers lui, il est du ressort d’une critique équitable de contredire ces points de vue inconsidérés et de ne pas laisser s’accréditer de faux jugements.
En effet, au second volume du Conservateur littéraire, journal que le jeune écrivain, aidé de ses frères et de quelques amis, rédigeait dès 1819, on trouve, comme faisant partie d’un ouvrage inédit intitulé les Contes sous la Tente, la première édition de cette nouvelle que l’auteur ne publia qu’en 1825, remaniée et récrite presque en entier.
Il a semblé à l’éminent écrivain que tout un côté de la question était à remettre en lumière et à traiter avec cette sévérité d’analyse et cette autorité de raison qui lui appartiennent, et dont il a donné tant de preuves en ses autres écrits.
Le hasard a voulu que ce soit vous, Parisiens, qui soyez chargés de faire les réputations littéraires en Europe ; et une femme d’esprit, connue par son enthousiasme pour les beautés de la nature, s’est écrié, pour plaire aux Parisiens : « Le plus beau ruisseau du monde, c’est le ruisseau de la rue du Bac. » Tous les écrivains de bonne compagnie, non seulement de la France, mais de toute l’Europe, vous ont flattés pour obtenir de vous en échange un peu de renom littéraire ; et ce que vous appelez sentiment intérieur, évidence morale, n’est autre chose que l’évidence morale d’un enfant gâté, en d’autres termes, l’habitude de la flatterie.
Il joignait à l’ivresse des sons et des couleurs le goût d’une forme dont la brièveté, l’exactitude et la plénitude rappelassent en quelque façon nos écrivains classiques.
D’ailleurs bon nombre d’écrivains présenteraient un cas analogue au sien.
Tous deux ne s’occupèrent plus de leur art qu’en qualité d’écrivains.
Eh bien, pour poursuivre la comparaison, les écrivains qui embellissent une langue, qui la traitent comme un objet d’art, en font en même temps un instrument plus souple, plus apte à rendre les nuances de la pensée.
— Quand Gavarni avait été à Bourg avec Balzac pour tâcher de sauver Peytel, il était obligé de lui répéter à tout moment : « Voyons, il s’agit d’une chose grave, Balzac, il faut être convenable pendant les quelques jours que nous sommes ici », et il lâchait le grand écrivain le moins possible.
D’Alembert aurait aujourd’hui le sort de Varignon et de Duhamel, dont les noms encore respectés de l’École n’existent plus pour le monde que dans les éloges académiques, s’il n’eût mêlé la réputation de l’écrivain à celle du savant.
Il est vrai que Mercier est un écrivain de l’école du bon sens.
Elle ne se contente pas de peindre la campagne, elle la cultive et la fume… On est étonné dans ses œuvres de l’amour de la nature qui se voit, à côté de la nature qui rapporte… On est étonné de ces descriptions, romantiques et mièvres, sous la plume d’un écrivain si sérieux, quand tout à coup au milieu d’elles, dans le plus brillant de leurs draperies et de leurs déroulements de paysages, il se fait un trou ; et la tête de l’institutrice passe par ce trou et nous lâche des phrases de cette institution : « l’âme échappant aux lois dont elle fait partie, habite le monde absolu des idées où la durée s’absorbe dans l’éternité de l’être ».
Après les grands travaux du Père Du Halde, du Père Grosier, du Père Amyot, du Père Gaubil, et de tant d’autres Pères jésuites, qui firent, pendant un moment, de la Chine une province de leur ordre ; après les livres des voyageurs anglais sur cette Chine logogriphique, aussi difficile à déchiffrer que son écriture ; en présence surtout de ces Pères de la foi, notre Compagnie des Indes de la rue du Bac (comme les appelait un grand écrivain), et dont les observations sont le meilleur de l’érudition contemporaine sur les institutions et les mœurs de la Chine, si deux sinologues, ayant passé toute leur vie dans une Chine intellectuelle qu’ils ont redoublée autour d’eux comme les feuilles d’un paravent, se mettaient à écrire de leur côté une histoire du pays qu’ils n’ont pas cessé d’habiter par l’étude et par la pensée, il y avait lieu de croire, n’est-il pas vrai ?
Le mot « aux étoiles » n’est donc pas l’hyperbole d’un écrivain isolé ; il est dans le style ordinaire de la critique et l’expression exacte d’une situation.
l’histoire de tout ce qui fut écrit depuis le viie siècle et saint Colomban, le premier écrivain de l’Angleterre, jusqu’aux journaux The Circle et The Hour, qui, quand Barot écrivait, n’avait, lui, encore qu’une année d’existence dans le xixe siècle.
Mais rien peut-il étonner de l’écrivain qui, plus tard, n’a pas craint d’insulter Marie-Antoinette, l’archange majestueux de la royauté et de l’échafaud ?
Le critique est quelquefois comme ce terrible juge qui ne demandait que dix lignes d’un homme pour l’envoyer au supplice, mais souvent, plus heureux et plus doux, pour sauver un écrivain fourvoyé et prévoir son avenir, le critique n’en demande pas davantage.
Est-ce un écrivain qui doive, dans un temps éloigné ou prochain, faire autorité en histoire ?
Enfin, elle est si bien parmi nous toute la philosophie, que dans le langage habituel, dans ce langage qui dit mieux la pensée d’un peuple que les livres de ses écrivains, les intérêts de la conscience et de l’esprit, lesquels sont, en définitive, nos intérêts les plus légitimes, sont traités de choses moins positives que les plus grossières matérialités.
Sans avoir deux manières, l’habile et souple écrivain est de taille et d’aisance avec les deux peintures que la vie de madame de Montmorency lui a permis d’exécuter, et on voudrait que la dernière durât plus longtemps.
Louis Nicolardot, saisissant Voltaire bien plus dans tous les jours de la vie que dans les choses de la pensée et dans ses contemplations d’écrivain, nous oblige à le regarder dans ce qui convenait le mieux à sa nature positive et enflammée, les relations, les influences et les intérêts.
de la putréfaction universelle de ce temps, qui n’était pas uniquement la putréfaction des hautes classes, comme l’a tant dit la basse classe des écrivains, si insolemment et si faussement moralisateurs.
On est prié de ne pas confondre ces deux espèces d’écrivains.
L’homme, comme en Beaumarchais, faisait en lui équation avec l’écrivain.
c’est l’écrivain, bien plus que le savant, qui fait la valeur du Kosmos, et à cet égard celui qui l’écrivit pense comme ceux qui le lisent, le docte comme les ignorants !
Boufflers était un écrivain.
C’est un écrivain d’imitation plus ou moins souple, plus ou moins délié, plus ou moins habile, imprégné plus ou moins des influences européennes, mais manquant, pour toutes ces raisons, du caractère de tout ce qui est supérieur en littérature : — la sincérité.
La forme de son exposition se recommande aux esprits modérés par je ne sais quelle fausse bonhomie, et jusqu’à son talent d’écrivain, trop empâté pour être mordant, — trop mollusque pour être serpent, — rien n’avertit, et tout l’assure, quand il se dit chrétien, comme la plupart des hérétiques, du reste, qui n’ont jamais manqué de se dire chrétiens pour mieux atteindre le christianisme en plein cœur !
Flourens, mais la description naturelle, — l’art de peindre avec des mots, — et qui, dans l’ordre hiérarchique de cet art nouveau précéda immédiatement Chateaubriand, lequel commença sa carrière d’écrivain par être aussi naturaliste.
Ce sont ceux-là en effet qui sont dangereux ; ce sont ceux-là qui pourraient faire croire, si on les laissait faire, au génie d’un écrivain qui n’en avait pas, même mêlé à de la folie, et par conséquent pourraient donner à ses idées un ascendant que l’idée de génie donne toujours, dans ce pays-ci, aux opinions d’un homme.
c’est l’écrivain, bien plus que le savant, qui fait la valeur du Kosmos, et à cet égard celui qui l’écrivit pense comme ceux qui le lisent, le docte comme les ignorants !
Des grammairiens de morale, des économistes de conscience, des écrivains de civilités puériles et honnêtes, ne sont point des moralistes.
Lorsque, depuis plus de six mois, nous tournons, comme des hannetons, ivres, autour d’un livre unique : la Vie de Jésus, par Renan, et lorsque d’autres écrivains d’une initiative attardée se mettent à pondre à leur tour leurs Vies de Jésus, il est bien évident que l’homme d’esprit qui, en s’y prenant comme il voudra, fera cesser cette vieille et fatigante querelle dont la France intellectuelle est presque fourbue, aura rendu à tout le monde un fameux service !
Il a de Lamartine l’abondance fluide, la sinuosité, les contours noyés, la facilité dans le rhythme et l’absence de toute matérialité dans la peinture, la couleur puisée seulement et prise dans le sentiment, — ce qui est absolument le contraire du procédé le plus en honneur parmi les poètes et les écrivains d’aujourd’hui.
Mais il est nonobstant certain que ces grandes articulations d’écrivains se meuvaient dans le milieu d’une langue contre laquelle ils avaient plus à faire pour montrer du génie que leurs descendants, fils d’une langue plus achevée et d’un milieu plus lumineux.
Son roman, qu’il aurait pu écrire peut-être comme l’auteur de Miréio écrivit son poëme, dans le dialecte de sa terre natale, écrit en français exquis, n’a pas cependant que son titre de patois, et roule dans son flot de délicieux provincialismes que M. de La Madelène a trop de tact d’écrivain pour laisser mourir.
Mérimée n’était pas plus original et plus profond qu’il n’était abondant et coloré comme écrivain.
Tout le monde connaît les anciennes et singulières productions de Brueghel le Drôle, qu’il ne faut pas confondre, ainsi que l’ont fait plusieurs écrivains, avec Brueghel d’Enfer.
Une seule beauté de ces grands écrivains fait pardonner vingt défauts.
L’anniversaire de sa naissance resta longtemps célébré dans toute la Grèce, comme celui de la naissance d’Homère ; et la critique souvent réunit ces deux noms : c’est que le génie des écrivains, et non le genre des ouvrages, prévaut dans la postérité.
C’est le plus consciencieux des écrivains. […] Comme écrivain, c’est un parfait snob. […] la parfaite politesse d’un écrivain. […] On ne prend pas assez garde qu’un écrivain, fût-il très original, emprunte plus qu’il n’invente. […] C’est pourquoi je la tiens pour un écrivain des plus moraux.
» Tous les théâtres, tous les journaux, ont été ouverts en tout temps à ce pur et charmant écrivain, qui à l’esprit le plus ingénieux, au caprice le plus tendre, joignait une forme sobre, délicate et parfaite. […] Mais arrivé là, déjà l’écrivain n’a plus besoin d’aide. […] Plus d’un écrivain, dans la salle, a pu reconnaître là le tableau, exagéré sans doute, mais foncièrement vrai, de ses lassitudes, de ses luttes intérieures et de ses abattements. […] Peu d’écrivains ont réalisé comme Alfred de Vigny l’idéal qu’on se forme du poète. […] Berlioz n’était pas seulement un compositeur de premier ordre, c’était un écrivain plein de sens, d’esprit et d’humour.
En face des premiers paraît le savant et excellent Hooker, un des plus doux et des plus conciliants des hommes, un des plus solides et des plus persuasifs entre les logiciens, esprit compréhensif, qui en toute question remonte aux principes364, fait entrer dans la controverse les conceptions générales et la connaissance de la nature humaine365 ; outre cela, écrivain méthodique, correct et toujours ample, digne d’être regardé non-seulement comme un des pères de l’Église anglaise, mais comme un des fondateurs de la prose anglaise. […] Au milieu d’eux s’élève un écrivain de génie, poëte en prose, doué d’imagination comme Spenser et comme Shakspeare, Jeremy Taylor, qui, par la pente de son esprit comme par les événements de sa vie, était destiné à présenter aux yeux l’alliance de la Renaissance et de la Réforme, et à transporter dans la chaire le style orné de la cour. […] Comme tous ces écrivains, comme Montaigne, il est imbu de l’antiquité classique ; il cite en chaire des anecdotes grecques et latines, des passages de Sénèque, des vers de Lucrèce et d’Euripide, et cela à côté des textes de la Bible, de l’Évangile et des Pères. […] Car c’est le trait marquant des hommes de cet âge et de cette école, de n’avoir point l’esprit nettoyé, aplani, cadastré, muni d’allées rectilignes, comme les écrivains de notre dix-septième siècle et comme les jardins de Versailles, mais plein et comblé de faits circonstanciés, de scènes complètes et dramatiques, de petits tableaux colorés, tous pêle-mêle et mal époussetés, en sorte que, perdu dans l’encombrement et la poussière, le spectateur moderne crie à la pédanterie et à la grossièreté. […] Les mémoires, même ceux de Ludlow, de mistress Hutchinson, sont longs, ennuyeux, véritables factums dépourvus d’accent personnel, vides d’effusion et d’agrément ; tous, « ils semblent s’oublier et ne s’occupent que des destinées générales de leur cause410. » De bons ouvrages de piété, des sermons solides et convaincants, des livres sincères, édifiants, exacts, méthodiques, comme ceux de Baxter, de Barclay, de Calamy, de John Owen, des récits personnels comme celui de Baxter, comme le journal de Fox, comme la vie de Bunyan, une grande provision consciencieusement rangée de documents et de raisonnements, voilà tout ce qu’ils offrent ; le puritain détruit l’artiste, roidit l’homme, entrave l’écrivain, et ne laisse subsister de l’artiste, de l’homme, de l’écrivain, qu’une sorte d’être abstrait, serviteur d’une consigne.
On aura bien d’autres raisons de trouver des motifs d’harmonie entre Amiel et cette Genève où, seul, avec Töpffer, des grands écrivains locaux, il est né, a vécu, est mort. […] Peu d’écrivains de langue française — pas un sans doute — ne se sont passés de Paris avec plus de facilité, et même de nécessité : il est vrai que Paris le lui a rendu. […] Voyez-les, l’été de cette même année 1853, en visite chez Amiel, qui est à Lancy : « Marc Monnier et Victor Cherbuliez, avec qui nous avons discouru de l’Allemagne, de Molière, de Shakespeare, du style des écrivains français, et joué beaucoup de parties de boules. […] Entre l’écorce d’un écrivain et son arbre familial, ou généalogique, il faut se garder de mettre maladroitement le doigt. […] Professeur ennuyeux, écrivain infinitésimal réduit à quêter sans l’obtenir des journaux une note d’une bienveillance distante, Amiel occupait dans la hiérarchie genevoise, alors intacte, une place visiblement inférieure à ses deux beaux-frères, le pasteur et le médecin.
On peut voir dans les écrivains anciens combien l’homme était tourmenté par la craintequ’après sa mort les rites ne fussent pas observés à son égard. […] Ces vieilles croyances ont persisté longtemps, et l’expression s’en retrouve encore chez les grands écrivains de la Grèce. […] Cette vérité admise, tout ce que les écrivains anciens nous disent de lagens devient clair. […] Plus tard sont venus les écrivains, les conteurs comme Hérodote, les penseurs comme Thucydide. […] Ce caractère sacerdotal de la royauté primitive est clairement indiqué par les écrivains anciens.
Mais comment voulez-vous que le public se mît en rapport avec les écrivains nouveaux, si la critique ne les lui indiquait pas ? […] Il était bien obligé de s’en rapporter à l’opinion de ceux qui avaient assumé la responsabilité d’être ses guides II y a, entre le public et les écrivains, le journal, comme il y a, entre le public et les auteurs dramatiques, le directeur de théâtre. […] Car c’était notre avis que l’œuvre d’un écrivain tel qu’Émile Zola, quel qu’en fût le ton et quelles qu’en fussent les tendances, valait la peine qu’on s’exposât pour elle à des reproches certains ou même à des dangers possibles. […] Quel écrivain, — poète, romancier ou auteur dramatique, — n’a pas hasardé la prétention — sincère ou hypocrite, — de dire la vérité entière, de montrer, comme dans un miroir fidèle, les passions, les caractères, les vertus et les vices ? […] Un seul écrivain a failli peindre la vie telle qu’elle est, dans ses petitesses, il est vrai : Henri Monnier, qui observait et ne pensait pas, — n’importe quel passant aux yeux grands ouverts.
Voilà un écrivain en qui le lecteur peut avoir confiance ! […] André Chevrillon une si belle place parmi nos jeunes écrivains. […] L’Exposition universelle a achevé de remettre à la mode la prose des écrivains qui ont l’humeur aventureuse et le pied léger. […] Mais je suis sûr qu’un de nos grands écrivains découvrira l’âme d’une race inconnue et d’une patrie inexplorée. […] Les écrivains seuls ont le pouvoir de déterminer un mouvement et de « lancer » une mode.
Un écrivain qui accroît chaque jour sa place dans notre littérature par des études consciencieuses, savantes, et qui cherche à réhabiliter l’homme de lettres dans l’antique acception du mot, M. […] La spirituelle préface qu’il a ajoutée à sa pièce a nettement défini la catégorie des poëtes, à part et en dehors des écrivains plus ou moins philosophes ou gens de lettres, qui sont deux classes différentes et inférieures.
Tous les auteurs qui se rattachent à l’esprit du règne de Charles V, soit pour le célébrer, soit pour le regretter, sont des écrivains de sagesse et de restauration, des écrivains conservateurs.
Le luxe de sa cour éclipsait même celui des Médicis ; l’écrivain français Montaigne, à l’occasion de sa visite à Ferrare, s’extasie, dans ses notes de voyages, sur la prodigieuse splendeur de cette cour, sur le nombre des courtisans, et sur la magnificence des fêtes et des costumes. […] Une lettre inédite du poète semble indiquer clairement que ce fut le motif de sa disgrâce : « Peut-être, dit-il dans cette lettre, ai-je dû le refroidissement du cardinal au trop grand zèle que j’ai montré pour le parti catholique en France, ou par ressentiment de ce que je manifestais pour la religion plus de sollicitude que cela ne convenait à la politique de certains ministres de la cour de Ferrare. » L’écrivain français Balzac assure que la négligence du cardinal envers son poète fut poussée jusqu’à lui retirer son traitement et à lui refuser tout moyen de renouveler ses vêtements, usés par un an de séjour en France.
Les écrivains florentins décrivent ce carton de Michel-Ange comme un poëme national, prélude du poëme universel de son Jugement dernier, et nullement inférieur à ce prodige du crayon et du pinceau : « Pendant que les soldats sortaient en hâte des ondes ruisselantes sur leurs membres, on voyait parmi eux, dit Vasari, par la main divine de Michel-Ange, la figure d’un vétéran qui, pour s’ombrager du soleil pendant le bain, s’était coiffé la tête d’une guirlande de lierre, lequel s’étant accroupi sur le sable pour remettre sa chaussure que l’humidité de ses jambes empêchait de glisser sur sa peau, et entendant en même temps les cris de ses compagnons et le roulement du tambour appelant aux armes, se hâtait pour faire entrer de force son pied dans sa chaussure mouillée ; en outre, ajoute Vasari, que tous les muscles et tous les nerfs du vétéran se dessinaient en saillie dans l’effort, toute sa physionomie exprimait son angoisse, depuis la bouche jusqu’à l’extrémité de ses pieds. […] Un écrivain qui s’est trompé de date en naissant, et qui aurait dû naître dans le siècle de Léon X, dont il a le zèle et la studieuse curiosité pour les lettres et pour les arts, le comte de Circourt, a découvert sur les lieux l’objet jusque-là inconnu des premiers vers de Michel-Ange.
La mort, idée centrale du dogme chrétien, se détache de plus en plus de toutes les croyances qui lui donnent sa haute moralité et sa vertu consolante, pour devenir une horreur matérialiste de la fin fatalement assignée aux voluptés égoïstes : terreur des grands, des riches, de tous ceux qui ont et qui jouissent, revanche des petits, des meurt-de-faim, de ceux qui manquent et qui souffrent,, dont elle adoucit le désespoir par la satisfaction qu’elle donne à leur férocité égalitaire, la mort inexorable, universelle est un thème que tous les écrivains représentent à leur tour : lieu commun, sans doute, mais lieu commun non banal, où déborde la pensée intime, obsédante de chaque âme. […] De temps à autre, la pensée emporte un trait vigoureux, une formule saisissante ; c’est une bonne fortune d’éloquence ou d’ironie, comme en ont les hommes remarquables qui ne sont point écrivains.
On place devant nous des assiettes, au fond desquelles, imprimés en triste bistre, figurent les grands écrivains de Louis XIV, ayant au dos la date de leur mort. […] Vendredi 13 septembre Ce matin, j’ai reçu la visite d’une Russe très distinguée, d’une comtesse Tolstoï, d’une cousine de l’écrivain, qui avait fait demander le bonheur de voir l’auteur de Renée Mauperin.
Un de nos amis et confrères à l’Académie, un de nos bons et très bons écrivains en prose, M. de Sacy, venant prendre séance à la place de M.
Les lettres à Mlle Pascal, la sœur du grand écrivain et qui se fit religieuse à Port-Royal, ont plus d’intérêt.
Il comparait spontanément les écrivains des diverses nations, il les rapprochait d’une manière inattendue et avec une sorte de recherche ingénieuse qui chez lui était naïve ; ce qui aurait pu sembler de la subtilité n’était que la fleur suprême du goût.
Ces trois endroits, d’une effrayante vigueur, accusent dans l’écrivain de vingt-cinq ans75 une observation désespérément profonde ; malgré la crudité de l’exposition, les aveux y sont si réels et si sérieux que je n’y blâmerai pas le cynisme, comme en d’autres passages où l’auteur ne l’a pas évité.
Cet illustre écrivain le présente à Fontenelle, âgé alors de quatre-vingt-treize ans, et comme Casanova dit au philosophe qu’il arrive d’Italie tout exprès pour le voir : « Convenez, monsieur, répliqua le malin vieillard, que vous vous êtes fait attendre bien longtemps. » Casanova connut aussi dès son arrivée dans la capitale, M.
Dans le portrait de Montesquieu, je ne crois pas qu’il soit exact de faire du grand écrivain un causeur aussi insignifiant et aussi dénué de saillies que nous le montre M.
L’écrivain I Il est amusant de voir combien l’esprit gaulois chez La Fontaine a eu de peine à se dégager du courant public qui l’emmenait ailleurs.
Une élégance un peu douceâtre et convenue, une noblesse un peu creuse et de décadence se remarquent très aisément dans les conceptions poétiques ou dramatiques des écrivains de la fin du siècle.
Jamais les difficultés, cherchées et multipliées à plaisir d’artiste, de la prosodie et du rythme n’ont été mieux déguisées par la simplicité mélodique du sentiment ; et jamais la banalité du sentiment éternel n’a été mieux relevée par la recherche, la complication adroite de l’art… Aujourd’hui, M. de Banville, après avoir publié deux livres de poésies remarquables, et répandu dans les journaux, dans les revues, de nombreuses pages d’une prose savante, correcte, pleine de nombre et de mouvement, est encore considéré par bien des gens comme un jeune écrivain dont le talent promet.
Aux écrivains que nous avons cités, il aurait fallu ajouter leurs disciples et même leurs critiques ; mais surtout ces savants — physiciens ou naturalistes — qui ont traité avec une grande compétence plusieurs points de psychologie.
* * * Une des accusations le plus volontiers répétées par la critique, au sujet des écrivains de la jeune génération, c’est que ceux-ci ne s’occupent pas de leur patrie, qu’ils n’exécutent pas de travaux utiles et qu’ils ne pensent pas avec une force vraie1.
Un spirituel écrivain, qui entendait très bien la matière, M.
Comme écrivain, M. de Montalembert a publié, en 1836, l’Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie, une touchante et poétique légende dont il s’était épris durant un séjour en Allemagne.
Montrer à l’homme le but humain, améliorer l’intelligence d’abord, l’animal ensuite, dédaigner la chair tant qu’on méprisera la pensée, et donner sur sa propre chair l’exemple, tel est le devoir actuel, immédiat, urgent, des écrivains.
Nous mentionnons hâtivement les tentatives du Théâtre de l’Œuvre qui révèlent surtout des écrivains de la génération précédente, et celle du Nouveau-Théâtre qui joua le Rembrandt de MM.
Je ne veux pas citer les éloges que les écrivains grecs ont fait du goût et de l’esprit des atheniens.
Beaucoup d’écrivains catholiques ont trouvé de zélés admirateurs dans des critiques philosophes ; les exemples de réciprocité ne sont peut-être pas aussi fréquents.
Et il doit se connaître mieux que personne aux tressaillements profonds et menaçants qui l’annoncent… Louis Teste — comme tout le monde le sait — est un des écrivains les plus en vue du Paris-Journal.
John Lemoinne n’est pas un écrivain dans le sens compact, imposant, livresque du mot.
Que les êtres irréfléchis confondent ces deux ordres de sensibilité, cela leur est permis ; mais les écrivains qui se piquent de doubler l’analyse des œuvres par l’analyse de l’homme doivent soigneusement les distinguer.
Il y avait débuté comme écrivain, et ce concentrateur y était promptement devenu le roi de l’entrefilet formidable, le serpent chatoyant, à langue aiguë, de la phrase courte, l’étrangleur avec un bracelet !
Gobineau est un écrivain de belles pages.
Presque tous les écrivains d’un pays et d’un siècle, poètes, orateurs, philosophes même, sont entraînés et formés par ce qui les entoure.
Et vous, jeunes vélites, çà et là tressaillant sous vos boucliers, combattez, lancez de forts cailloux ; et, dardant vos flèches légères, restez près du bataillon de vos hommes d’armes. » Vraie poésie lyrique du patriotisme et du courage, qu’un grand écrivain de nos jours compare à la Marseillaise !
Il haïssait les faquins, les beaux parleurs et les écrivains compassés : « Écris, écris, disait-il de M. […] Que de poètes, que d’écrivains, et combien de philosophes ont invoqué la science et la piété du docteur Blanche ! […] race oisive et terrible des penseurs de profession, des écrivains par métier, des amoureux et des amoureuses condamnés aux travaux forcés de la poésie et du drame ! […] Regnard a été, de son temps, une nouveauté incroyable ; il a été à la fois un écrivain et un homme riche […] À force de montrer leur âme à nu, les écrivains de ce temps-là ont fini par habiller leur corps presque aussi peu que leur âme.
Froude était un écrivain très bien doué, mais sujet à ne rien affirmer qui ne fût entaché d’erreur ; on a dit de lui qu’il était consitutionnally inaccurate. […] Or la tendance naturelle est de croire plus volontiers les écrivains de talent et d’admettre plus facilement une affirmation présentée dans une belle forme. […] De là cette conséquence absurde que l’histoire est plus affirmative et semble mieux constituée dans les périodes inconnues dont il ne reste qu’un seul écrivain que pour les faits connus par des milliers de documents contradictoires. […] Les écrivains de la Renaissance ont directement imité les anciens. […] Fustel de Coulanges fut un écrivain, quoiqu’il ait, toute sa vie, recommandé et pratiqué la chasse aux métaphores.
S’il est de la sagesse des gouvernements d’oublier les choses, il est du devoir des écrivains de les constater pour la leçon de nos neveux. […] Dites-moi si j’aurais pu, d’après un tel homme, établir ces démonstrations, par lesquelles je vous prouvai que l’esprit et le génie étaient, chez les grands écrivains, proportionnels à la droiture et à la vertu si constamment inspiratrice du bon et du beau ? […] La muse d’un de mes confrères s’est emparée de ce beau fait, et le public a lieu d’en concevoir d’heureuses espérances en apprenant qu’il est traité par un écrivain, l’élève et l’ami du célèbre Delille. […] La prose harmonieuse de Fénelon, seul écrivain qui ait su se maintenir justement entre la limite des deux langages, sa prose, dis-je, participe tellement de la poésie qu’on doute, en l’écoutant, s’il parle ou s’il chante. […] Je saisis jusqu’aux moindres occasions d’en prouver la nécessité aux écrivains, et surtout aux poètes qui répugnent à croire que les éléments fins de leur art aient des bases fixes et positives.
Guillaume Huszar, écrivain hongrois, mais qui écrit très honnêtement en français, sur le même sujet : M. […] Que prouve ton livre, écrivain humoristique, railleur, sévère et profond ? […] Les écrivains du vingtième siècle sont supérieurs à tous les écrivains passés, tout simplement parce qu’ils viennent après tous les écrivains passés. […] Il devrait nous dire où ; car ce serait très intéressant : « J’ai démontré ailleurs à quel point le plus médiocre écrivain contemporain est supérieur aux demi-dieux de la Grèce et de Rome. […] Et si le plus modeste écrivain du vingtième siècle est supérieur (et « à quel point !
Et tout d’abord, quand on présente un tableau des progrès de la langue dans la première moitié du xviie siècle, on rencontre au seuil l’écrivain qui a fait école et qui a marqué un temps décisif de réforme dans l’ordre de la langue et du goût : c’est un poète, c’est Malherbe, l’inévitable. […] Un écrivain normand qui, bien que d’une très moderne école, sait rendre à Malherbe ce qu’on lui doit, a très bien dit de lui : « Malherbe fut d’un génie qui sentait vraiment cette noblesse dont il tirait vanité si grande. […] Sapey, mais de la thèse, devenue un livre à son tour, d’un écrivain d’ailleurs fort instruit et fort estimable, M.
Si j’avais été susceptible d’ivresse d’amour-propre d’écrivain, je me serais cru plus qu’un homme ; mais dès cette époque je connaissais l’engouement, et je ne me fiais pas à ma popularité d’historien. […] XIII Est-il donc étonnant que pensant ainsi et qu’ayant le sentiment, je dirai presque le remords, de quelques erreurs de jugement commises par moi dans l’appréciation des actes et des hommes de la première Révolution française (Histoire des Girondins), est-il étonnant, dis-je, que je relise sévèrement ce livre (qui fut un événement, j’en conviens, et qui vit encore d’une forte vie à l’heure où je parle), et que je présente aujourd’hui le curieux phénomène d’un écrivain critique après avoir été historien, et qui juge à vingt ans de distance, en pleine maturité, le livre écrit par lui-même à une autre époque de son siècle et sous d’autres impressions de son esprit ? […] Le second mobile qui me sollicitait intérieurement à écrire cette histoire à la fois dramatique et critique de la Révolution française, était, je l’avoue, un mobile humain, une ambition d’artiste, une soif de gloire d’écrivain toute semblable à la pensée d’un peintre qui entreprend une page historique ou un portrait, et qui n’a pas pour objet seulement de faire ressemblant, mais de faire beau, afin que dans le tableau ou dans le portrait on ne voie pas uniquement l’intérêt du sujet, mais qu’on voie aussi le génie du pinceau et la gloire du peintre.
L’écrivain, pas plus que le peintre, ne tentera aujourd’hui de nous représenter des êtres qui seraient hors des lois et des classes où nous savons qu’ils sont rangés. […] D’ailleurs, le personnage extraordinaire et tout d’une pièce n’est souvent, comme nous l’avons montré déjà, qu’un artifice, un aveu d’impuissance à tout embrasser et à tout comprendre de la part de l’écrivain. […] La destinée des romanciers, et de tous les écrivains, est de prendre beaucoup les uns aux autres ; quelquefois ils s’en aperçoivent et, de la meilleure foi du monde, s’écrient avec Rossini : « Vous croyez que cette phrase n’est pas de moi ?
Il peut n’être pas musicien, mais il est généralement écrivain ; et l’analyse de son propre état d’âme, quand il compose, l’aidera à comprendre comment l’amour où les mystiques voient l’essence même de la divinité peut être, en même temps qu’une personne, une puissance de création. […] L’écrivain tentera pourtant de réaliser l’irréalisable. […] Encore le succès ne sera-t-il jamais assuré ; l’écrivain se demande à chaque instant s’il lui sera bien donné d’aller jusqu’au bout ; de chaque réussite partielle il rend grâce au hasard, comme un faiseur de calembours pourrait remercier des mots placés sur sa route de s’être prêtés à son jeu.
C’est pourquoi, conscient de son rôle d’écrivain, le poète symboliste, en psychologue averti, s’est imposé la rude mais glorieuse tâche de recréer toutes ses images et de nettoyer ses métaphores au point que toute sa personne y resplendisse. […] La plupart des lecteurs et même des écrivains ne leur demandent qu’un sens. […] Des hommes instruits, intelligents, écrivains même, s’étonnent aussi quand on leur parle de ce mystère qu’ils ignorent ; et ils sourient en haussant les épaules : Qu’importe !
C’est très supérieur le silence hautain, dont on me fait compliment, mais je trouverais encore plus triomphante la réplique à la critique, et telle qu’aucun écrivain de l’heure présente, n’ose la faire, la réplique sans merci ni miséricorde. […] Quant au mariage avec l’écrivain, auquel tout d’abord la grande dame russe n’était pas disposée, ce mariage avait été commandé par une grossesse de Mme Hanska, qui aurait fait à trois mois une fausse couche, et à la suite de cette fausse couche, il y eut chez la femme de nouvelles hésitations, que Balzac avait eu toutes les peines du monde à surmonter. […] Malheureusement, je crois déjà l’avoir dit, je ne peux pas formuler quelque chose, sans que mon écriture soit une façon de dessin, d’où sort mon talent d’écrivain. […] Il s’étonne un moment avec moi du snobisme de quelques-uns de nos écrivains très célèbres.
C’est par un emploi judicieux de ces deux sortes d’associations que les bons écrivains arrivent à la parfaite clarté de l’expression : chaque idée serait imparfaitement déterminée par le contexte seul ou par le mot qui doit servir à l’exprimer ; mais elle est rigoureusement déterminée par l’action combinée du mot et du contexte ; un contexte trop pauvre, chez les écrivains trop concis, ou trop abondant, chez les écrivains diffus, engendre facilement des équivoques : les significations éveillées par chaque mot sont indécises ou contradictoires. […] Selon quelques auteurs, les langues trop riches, trop analytiques, auraient le même défaut ; un langage synthétique et concis, aidant moins la pensée, l’excite davantage, car alors l’assimilation n’a pas lieu sans un véritable effort d’invention ; on cite à l’appui les écrivains bibliques et surtout la langue chinoise.
En effet, en 1935 a eu lieu le « Congrès international des écrivains pour la défense de la culture » dans lequel Crevel s’était beaucoup investi. […] L’écrivain fait sa métaphore, mais sa métaphore dévoile, ici éclaire, son écrivain. […] Non qu’il s’agisse d’ailleurs de se féliciter, à la manière des critiques en mal de conclusion : On cherche un écrivain et on trouve un homme. […] Ce ne fut donc point par les voies de la pure intellectualité, quoi qu’ils en aient pu prétendre, qu’aboutirent au dilettantisme anarchisant, les écrivains de la fin du XIXe et du début du XXe, et, avec eux, leurs plus chères créatures.
Dans les âmes incultes qui ne sont point arrivées jusqu’à la réflexion, la croyance ne s’attache qu’au symbole corporel et l’obéissance ne se produit que par la contrainte physique ; il n’y a de religion que par le curé et d’État que par le gendarme Un seul écrivain, Montesquieu, le mieux instruit, le plus sagace et le plus équilibré de tous les esprits du siècle, démêlait ces vérités, parce qu’il était à la fois érudit, observateur, historien et jurisconsulte. […] Ainsi contre lui le cœur et l’esprit sont d’accord Les textes dans la main, Voltaire le poursuit d’un bout à l’autre de son histoire, depuis les premiers récits bibliques jusqu’aux dernières bulles, avec une animosité et une verve implacables, en critique, en historien, en géographe, en logicien, en moraliste, contrôlant les sources, opposant les témoignages, enfonçant le ridicule, comme un pic, dans tous endroits faibles où l’instinct révolté heurte sa prison mystique, et dans tous les endroits douteux où des placages ultérieurs ont défiguré l’édifice primitif Mais il en respecte la première assise, et en cela les plus grands écrivains du siècle feront comme lui.
C’est ainsi que nous fûmes frappé non-seulement au cœur, nous-même, ami, collègue et voisin de campagne, presque contemporain d’années de M. de Marcellus, il y a quelques mois, en recevant le billet de faire-part qui nous convoquait inopinément à ses obsèques, mais frappé à l’esprit ; c’est ainsi qu’en nous interrogeant quelque temps après avec plus de sang-froid sur ce que la France venait de perdre en lui, nous nous répondions : « La France vient de perdre non un orateur, non un poète, non un écrivain de profession, non un savant de métier, mais plus qu’un orateur, plus qu’un poète, plus qu’un écrivain, plus qu’un érudit ; elle vient de perdre un homme de goût !
L’écrivain, l’orateur, chez lui, étaient de second ordre ; l’éducateur était tout à fait sans égal. […] On eût dit que ces deux cents élèves étaient destinés à être tous poètes, écrivains, orateurs.
— Un morceau écrit, paraît-il bien, il y a des gens qui soutiennent que cela tient à ce que l’écrivain a trouvé, le jour où il a jeté ce morceau, la formule unique et absolue qui lui convenait. […] Devant tous les embêtements qui n’ont pas tué son énergie, qui n’ont point arrêté la fabrication spirituelle de l’entêté écrivain, je me dis : « Allons, il faut être aussi vaillant que lui !
Pierre Louÿs : — un grand poète, un écrivain dont chaque ligne émeut, à la fois parce qu’elle est belle et parce qu’elle est profondément vraie, sincère et douée de vie… Les Ballades françaises, ajoute-t-il, sont de petits poèmes en vers polymorphes ou en alexandrins familiers, mais qui se plient à la forme normale de la prose, et qui exigent (ceci n’est point négligeable) non pas la diction du vers, mais celle de la prose rythmée. […] — Cette poésie humaine, caractéristique des tendances de la jeunesse, de l’écrivain qui le premier avait voulu concilier les rythmes nouveaux avec l’expression de la vie, M.
Je laisserai donc ce poème tout à fait en dehors de mon appréciation présente, et il ne sera question ici que du Parny élégiaque, de celui dont Chateaubriand disait : « Je n’ai point connu d’écrivain qui fût plus semblable à ses ouvrages : poète et créole, il ne lui fallait que le ciel de l’Inde, une fontaine, un palmier et une femme. » Né à l’île Bourbon, le 6 février 1753, envoyé à neuf ans en France, et placé au collège de Rennes, où il fit ses études, Évariste-Désiré de Forges (et non pas Desforges) de Parny entra à dix-huit ans dans un régiment, vint à Versailles, à Paris, s’y lia avec son compatriote Bertin, militaire et poète comme lui, Ils étaient là, de 1770 à 1773, une petite coterie d’aimables jeunes gens, dont le plus âgé n’avait pas vingt-cinq ans, qui soupaient, aimaient, faisaient des vers, et ne prenaient la vie à son début que comme une légère et riante orgie.
Le jeune écrivain n’avait rien d’un débutant ; dans la pensée ni dans l’expression, rien n’était laissé au hasard.
oui, vous avez des plumes, et sans vouloir faire tort à quelques-uns des écrivains modérés, sages et honnêtes, qui vous défendent (ce n’était point à ceux-là, d’ailleurs, que vous songiez), oui, vous avez des plumes, et celles dont vous vous vantez, nous les connaissons !
Pour l’opium, Baudelaire avait un guide plutôt que de personnels souvenirs : Thomas de Quincey, helléniste distingué, écrivain supérieur, homme d’une respectabilité complète56, qui osa jeter à la face pudibonde de l’Angleterre l’aveu de sa passion pour la « Noire idole », « décrire cette passion, en représenter les phases, les intermittences, les rechutes, les combats, les enthousiasmes, les abattements, les extases et les fantasmagories suivies d’inexprimables angoisses. » 57 ⁂ De telles expériences ne valent que par les résultats artistiques qui peuvent en découler.
La vanité des hommes supérieurs les fait prétendre aux succès auxquels ils ont le moins de droit ; cette petitesse des grands génies se retrouve sans cesse dans l’histoire ; on voit des écrivains célèbres ne mettre de prix qu’à leurs faibles succès dans les affaires publiques ; des guerriers, des ministres courageux et fermes, être avant tous flattés de la louange accordée à leurs médiocres écrits ; des hommes, qui ont de grandes qualités, ambitionner de petits avantages : enfin, comme il faut que l’imagination allume toutes les passions, la vanité est bien plus active sur les succès dont on doute, sur les facultés dont on ne se croit pas sûr ; l’émulation excite nos qualités véritables ; la vanité se place en avant de tout ce qui nous manque ; la vanité souvent ne détruit pas la fierté ; et comme rien n’est si esclave que la vanité, et si indépendant, au contraire, que la véritable fierté, il n’est pas de supplice plus cruel, que la réunion de ces deux sentiments dans le même caractère.
Il n’y a pas de raisonnement sans axiomes, et je ne sais si l’on pourrait trouver une phrase d’un seul écrivain qui n’exige l’appui de quelque principe indémontrable.
Soulary est plutôt celui d’un écrivain très laborieux et très inégalement heureux dans ses rencontres ; il ne cisèle pas, il complique et entortille, ce qui est bien différent.
Presque tous ceux de nos écrivains qui ont « professé » sur l’amour ont tenu principalement à montrer qu’ils n’étaient pas dupes de la femme et qu’ils étaient munis de la plus féroce expérience ; qu’ils étaient capables des plus subtiles et défiantes analyses, et qu’ils n’étaient pas incapables eux-mêmes de perversité.
Charles Baudelaire Gautier, c’est l’amour exclusif du Beau, avec toutes ses subdivisions, exprimé dans le langage le mieux approprié… Or, par son amour du Beau, amour immense, fécond, sans cesse rajeuni (mettez, par exemple, en parallèle les derniers feuilletons sur Pétersbourg et la Néva avec Italia ou Tra les montes), Théophile Gautier est un écrivain d’un mérite à la fois nouveau et unique.
Que ne puis-je placer ici les noms de ces Ecrivains non moins distingués par leurs vertus que par leurs talens ?
Le capitaine Spavente, envoyant son valet Trappola à l’ambassadeur du grand-sophi, avait soin de faire les recommandations suivantes : « Tu diras ainsi : Salamalecchi benum sultanum, et lui te répondra : Alecchi mesalem safa ghieldy. » Francesco Andreini, artiste lettré, et écrivain assez distingué, était membre de la société des Spensierati (Sans-soucis) de Florence.
L’artiste classique croit, selon la pensée de Goethe, que « se subordonner », pour l’écrivain, ce n’est pas seulement servir la société, c’est se servir lui-même.
Essai sur Adolphe Si Benjamin Constant n’avait pas marqué sa place au premier rang parmi les orateurs et les publicistes de la France, si ses travaux ingénieux sur le développement des religions ne le classaient pas glorieusement parmi les écrivains les plus diserts et les plus purs de notre langue ; s’il n’avait pas su donner à l’érudition allemande une forme élégante et populaire, s’il n’avait pas mis au service de la philosophie son élocution limpide et colorée, son nom serait encore sûr de ne pas périr : car il a écrit Adolphe.
Le secret de la prodigieuse fortune à laquelle s’éleva madame de Maintenon n’a pas été pénétré par tous ceux qui se sont ingérés de nous l’apprendre ; ce secret n’a pas été, comme tant d’écrivains l’ont supposé, une excessive ambition de richesses, de vains honneurs, de grandeur et de pouvoir, aidée par une dévotion hypocrite, par une intrigue savante et quelques charmes, dont une coquetterie raffinée augmenta l’influence.
Voilà un court récit, très simple, très intéressant, qui n’a nullement la prétention d’être une histoire de l’expédition de Russie, de cette expédition éloquemment présentée par M. de Ségur, sévèrement discutée par M. de Chambray, et que d’autres écrivains embrasseront encore dans son ensemble.
Sans citer tant d’exemples présents à tous les esprits, voici un écrivain qui a débuté dans la carrière des lettres il n’y a pas loin de soixante ans, qui a reçu les encouragements de Mme de Staël, qui déjà joua un rôle politique important sous la première restauration, qui pendant les quinze années du gouvernement des Bourbons fut à la fois un publiciste populaire et un professeur de premier ordre, déployant avec une égale énergie son activité dans les luttes de la politique et dans les recherches ardues de la science, qui plus tard, après 1830, passant de l’opposition au pouvoir, se révélait comme le plus grand orateur politique de son temps, dépensait chaque jour pendant une lutte de dix-huit ans toutes les forces réunies de l’éloquence et du caractère contre le flot toujours montant de la révolution, et qui enfin un jour était emporté par elle !
On a dit que le propre de l’esprit français est d’éclaircir, de développer, de publier les vérités générales ; que les faits découverts en Angleterre et les théories inventées en Allemagne ont besoin de passer par nos livres pour recevoir en Europe le droit de cité ; que nos écrivains seuls savent réduire la science en notions populaires, conduire les esprits pas à pas et sans qu’ils s’en doutent vers un but lointain, aplanir le chemin, supprimer l’ennui et l’effort, et changer le laborieux voyage en une promenade de plaisir.
Les productions des arts, comme celles de la littérature, se ressentent toujours des événements auxquels l’artiste ou l’écrivain s’est trouvé mêlé, des erreurs, des préjugés de l’époque qu’il a traversée. […] La plupart des écrivains qui nous ont transmis des détails sur la vie des peintres et sur l’histoire de leurs écoles ont omis de faire connaître certaines petites circonstances, qui aident mieux que quoi que ce soit à jeter du jour sur les mœurs des artistes et sur les différents modes d’enseignement de la peinture. […] En 1796, il étudiait encore à l’atelier avec Gautherot, vieux républicain incorrigible, un peu moins bavard que son condisciple, peintre médiocre, écrivain de pamphlets politiques, et particulièrement recommandable par le goût et le talent réel qu’il avait pour composer des complaintes sérieusement bouffonnes sur les assassins célèbres que leurs crimes conduisaient à l’échafaud. […] S’il faut s’en fier aux récits un peu tardifs (1833) de cet écrivain sur la secte dont Maurice a été le chef ostensible de 1797 à 1803, il ne s’agissait de rien moins que d’une réforme de la société sur un plan, non pas précisément semblable à celui des saint-simoniens, mais du même genre, et qui devait commencer par un Changement de costume. […] Milizia, ardent amateur des arts et écrivain érudit, se faisait connaître à la même époque, comme l’un de ceux qui devaient, par leurs écrits, servir et accroître la science nouvelle.
Par ces six écrivains l’esprit des derniers siècles de l’ère ancienne a revécu à nouveau. […] Ce sont là des défauts dont ces deux écrivains souffrent le moins parmi les penseurs allemands, et ils en souffrent trop encore ! […] L’écrivain le plus souple, c’est le plus libre. […] Qu’il s’arrange ici de l’honneur d’être appelé l’écrivain le plus libre de tous les temps. […] … Malheureusement, l’homme Sterne semble avoir été trop parent de l’écrivain Sterne : son âme d’écureuil bondissait de branche en branche avec une vivacité effrénée ; il n’ignorait rien de ce qui existait entre le sublime et la canaille ; il s’était perché partout, faisant toujours des yeux effrontés et voilés de larmes et prenant toujours son air sensible.
Je réponds qu’à la prochaine mort il y aura dix visions pour une, et que déjà les poëtes et les écrivains du voisinage s’arrangent pour installer le futur défunt au plus haut du ciel. […] Les écrivains peignent chaque siècle ce concours, parce que chaque siècle il recommence. […] Plus l’écrivain approche de ces conceptions, plus sa place est haute.
Il convenait que l’originalité de cette poésie fut en rapport avec l’originalité de l’écrivain. […] Il peut être Homme de lettres, ou mieux encore ; si la philosophie vient à son aide, et s’il peut se dompter, il deviendra utile et grand écrivain ; mais à la longue, le jugement aura tué l’imagination, et avec elle, hélas ! […] Il y avait à Londres, peu d’années avant la révolution, un jeune homme d’une méchante nature, d’une profonde immoralité, et d’une immoralité naturelle qui s’appelle ingratitude ; il annonçait de plus un certain talent d’écrivain et de poète.
On ne connaît pas la lettre, mais on peut s’en rapporter en fait de nuance à la dignité fière et fine de Béranger, un des plus habiles écrivains qui aient jamais aiguisé sur une page la pointe d’une plume de diplomate. […] Accoutumé aux alternatives presque régulières de gloriole et de revers qui marquent la carrière des poètes, des écrivains, des politiques, je doutais encore du succès de l’Histoire des Girondins. […] XX Cette amitié devint plus étroite et ces visites plus fréquentes à mesure que les circonstances politiques devinrent plus menaçantes pour le gouvernement de Louis-Philippe, et que les crises, dont ce gouvernement et la France étaient agités par l’ambition des orateurs et des écrivains dont ce gouvernement était l’ouvrage, se rapprochèrent davantage d’un tragique et inévitable dénouement.
Et il est écrit ailleurs : « Je vous le dis encore une fois, il est plus facile qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille qu’un riche entre au royaume des cieux. » Mais si la lettre de ces paroles n’est pas développée par l’esprit de la tradition, quel effet ne produiront-elles pas sur un humble lecteur — infimæ sortis, pauperculæ domus — puisqu’elles ont fourvoyé dans ce dédale d’erreurs le plus grand écrivain de la Russie contemporaine ! […] pour un seul article, d’un écrivain si « pâteux », dans un recueil d’ailleurs si peu lu ! […] Je l’aime mieux, comme homme, dans ce rôle, où il a le mérite au moins d’être plus franc, et je le préfère, comme écrivain, dans l’autre.
Théoriquement, un pareil heurt de voyelles doit être évité ; dans la pratique les meilleurs écrivains s’en accommodent, selon l’occurrence. […] Chateaubriand, dont nous venons de surprendre les secrets, conseillait de tacher à connaître ceux des bons écrivains du grand siècle. […] Stendhal avait des manies ridicules, mais il n’est pas seulement psychologue, c’est un écrivain. […] J’ai connu des causeurs charmants, qui n’étaient pas pour cela moins bons écrivains. […] C’est un nœud impossible à démêler ; il faut le trancher avec le glaive du poète et de l’écrivain.
Un maître écrivain tel que Tolstoï ne pouvait produire une chose absolument banale. […] Le comte Tolstoï et l’esthétique. — Nombreuses contradictions de l’écrivain russe. — De l’esthétique musicale. — Des facultés artistiques. — L’Art, une activité vitale. […] Le noble écrivain, bien certainement, n’a pas lu un seul des ouvrages théoriques de Wagner ; il en parle avec la désinvolture d’un amateur sûr de lui en raison de son inconscience même. […] Le respect dû à la sincérité du célèbre écrivain russe ne doit pas nous aveugler sur l’insuffisance de sa thèse et sur l’incohérence de ses idées. […] Nous n’y voulons, nous n’y pouvons pas croire, encore que le désenchantement de Nietzsche ait récemment inspiré des craintes analogues à la critique neurasthénique de quelques jeunes écrivains.
M. de Chateaubriand, qui visita Parny vers 1789, a dit du chantre d’Éléonore, dans une simple image qui reste l’expression idéale de ce genre de nature et d’élégie : « Parny ne sentait point son auteur ; je n’ai point connu d’écrivain qui fût plus semblable à ses ouvrages : poëte et créole, il ne lui fallait que le ciel de l’Inde, une fontaine, un palmier et une femme169. » Tel était Parny, ou du moins tel il aurait dû être, s’il n’avait suivi que ses premiers penchants et si l’air du siècle ne l’avait pas trop pénétré. […] Ainsi d’honnêtes esprits, de recommandables écrivains ont leurs impulsions acquises, des directions presque irrésistibles, et se laissent emporter sans scrupule au courant d’une opinion, sous prétexte qu’elle est la leur182.
XVI Citons d’abord ici une magnifique exposition des origines logiques de l’architecture et de la sculpture chez les grands peuples artistes de l’univers, par M. de Ronchaud ; on y aura tout de suite un exemple de ce style substantiel sans être lourd, savant sans être pédagogique, brillant sans être verni, qui forme le caractère du jeune écrivain. […] LVI Le sort de l’orateur, comme Démosthène ou Mirabeau, les deux plus dignes de ce nom, est plus séduisant que le sort du philosophe ou du poète ; l’orateur participe à la fois de la gloire de l’écrivain et de la puissance des masses sur lesquelles et par lesquelles il agit : c’est le philosophe roi, s’il est philosophe ; mais son arme terrible, le peuple, se brise entre ses mains, le blesse et le tue lui-même ; et puis ce qu’il fait, ce qu’il dit, ce qu’il remue dans l’humanité, passions, principes, intérêts passagers, tout cela n’est pas durable, n’est pas éternel de sa nature.
Si Von remarque de plus que, dans ces deux derniers pays, la psychologie est cultivée comme science indépendante et expurgée de toute métaphysique, par des écrivains qui non-seulement n’ont fait aucune profession explicite de positivisme, mais sont même en désaccord complet avec cette doctrine sur plusieurs points, on accordera, je pense, que cette autonomie est plus qu’une simple tendance, qu’elle est à beaucoup d’égards un fait accompli8. […] « Quelques écrivains ont remarqué la prédominance énorme des recherches psychologiques depuis Spinosa jusqu’à Fichte, mais la raison de celle direction philosophique n’a pas été reconnue, que je sache.
Je me trouvais, il y a quelques années, dans le salon d’un grand écrivain ; autour de lui des auteurs de livres connus, des esprits distingués et bêtement idéaux, gémissaient, sur un mode élevé, du remplacement au théâtre des mots spirituels par des gorges, du remplacement des phrases bien faites par des cuisses, et à défaut de chair toute crue, et toute nue, du remplacement d’à peu près tout par des robes de Worth. […] La mort du héros, un écrivain qui mourrait des attaques de la presse, on la rejetait « comme la mort d’une sensitive ».
Et à Duclos lui-même Voltaire, quelque temps après, écrivait : « Il est triste que les gens de lettres soient désunis ; c’est diviser des rayons de lumière pour qu’ils aient moins de force. » Mais Duclos n’était pas homme à obéir à un mot d’ordre : voilà son honneur et son coin de probité comme écrivain et homme public.
Lui qui n’a point lu les livres ni étudié, il a de belles et grandes paroles que lui envierait un Chateaubriand et tout écrivain d’éclat, et comme les trouvent parfois, sans tant de façons, ceux qui, avec une pensée vive et une âme forte, écrivent ou dictent en tenant l’épée.
Montluc ne se donne pas pour un historien, c’est un écrivain spécial de guerre ; il semble qu’il tienne à justifier ce mot de Henri IV lisant ses Commentaires, que c’est la Bible du soldat : « Je m’écris à moi-même, et veux instruire ceux qui viendront après moi : car n’être né que pour soi, c’est à dire en bon français être né une bête. » Il commence par établir une bonne police dans la ville ; il la divise en huit parties, dont chacune est sous la surveillance et les ordres d’un des huit magistrats nommés les « huit de la guerre » : dans chacune de ces sections, il fait faire un recensement exact des hommes jusqu’à soixante ans, des femmes jusqu’à cinquante, et des enfants depuis douze, afin qu’on voie quels sont ceux qui peuvent travailler aux choses de siège et à quoi ils sont propres ; dans le travail commun, les moindres ont leurs fonctions ; chaque art et métier, dans chaque quartier, nomme son capitaine, à qui tous ceux du même métier obéissent au premier ordre.
On ne dit pas mieux en moins de mots : Pour remettre mon esprit en équilibre, écrivait-il à M. de Corcelles (un esprit à la fois libéral et religieux, et à qui il savait que cela ferait plaisir), je lis toujours, de temps en temps, du Bourbaloue ; mais je crains bien que le bon Dieu ne m’en sache pas beaucoup de gré, parce que je suis trop frappé du talent de l’écrivain et trouve trop de plaisir à la forme de sa pensée.
Un écrivain de beaucoup d’esprit, un jeune maître en ironie, a pris en main la défense de cette faculté déliée, de cette arme qui est la sienne, en rendant compte du livre de M. de Laprade3 ; il a très-bien montré qu’avoir au plus haut degré le sentiment du ridicule et de la sottise, ce n’était point nécessairement n’être sensible qu’au mal.
Il n’y aura pas de jaloux ; nous y serons tous, écrivains, journalistes, ex-députés et pairs.
Cet écrivain si distingué, le premier des critiques de guerre proprement dits, qui avait produit son ouvrage de génie à vingt-six ans, et que la nature fit naître par une singulière rencontre dans le temps où elle venait d’enfanter le plus merveilleux des guerriers (comme si elle avait voulu cette fois qu’Aristarque fût le contemporain et le témoin de l’Iliade), Jomini a éclairé, en fait de guerre, tout ce qu’il a traité ; mais il n’en est pas moins vrai que la narration précise, détaillée, de ces trois campagnes pyrénéennes, l’histoire et la description de chacune des opérations qui les composent, écrite d’après les pièces et documents originaux, et vérifiée point par point sur les lieux, restait à faire, et M.
Un écrivain de talent, mais d’un talent moindre, venu après M.
» Plus de quarante ans après, lorsque Cervantes eut fait la première partie de Don Quichotte et qu’un intrus s’avisa de la continuer en voulant lui ravir sa gloire, ce continuateur pseudonyme eut la malheureuse pensée d’insulter non-seulement à la vieillesse du noble et original écrivain, mais encore à son infirmité, à sa blessure, et de dire, en parlant au singulier de sa main et avec intention, « qu’il avait plus de langue que de mains. » Sur quoi Cervantes, dans la préface de la seconde partie de Don Quichotte, répliqua : « Ce que je n’ai pu m’empêcher de ressentir, c’est qu’il m’appelle injurieusement vieux et manchot, comme s’il avait été en mon pouvoir de retenir le temps, de faire qu’il ne passât point pour moi, ou comme si ma main eût été brisée dans quelque taverne, et non dans la plus éclatante rencontre qu’aient vue les siècles passés et présents, et qu’espèrent voir les siècles à venir.
Il a par lui-même une valeur d’écrivain et du mérite littéraire.
Mais auparavant, puisqu’il est question de Racine, je ne puis manquer de recommander la nouvelle édition de ses Œuvres qui se publie dans la collection des Grands Écrivains de la France, chez MM.
Le rôle de M. de Talleyrand à l’Assemblée Constituante est parfaitement étudié et présenté par l’écrivain anglais, et je dirai même que c’est la partie la plus complète et la plus satisfaisante de son livre : le résultat de cet exposé fait beaucoup d’honneur à M. de Talleyrand.
tous ces écrivains, ces grands hommes, ces conquérants s’efforcent d’obtenir une seule des émotions que l’amour jette comme par torrent dans la vie.
Nous ne sommes pas des écrivains qu’on étudie pour leur façon de dire et leur touche classique ; nous sommes des penseurs, et notre pensée est un acte scientifique.
Il faut choisir, et dans Raphaël l’écrivain ne choisit plus : il prétend confondre et identifier l’une et l’autre ; c’est là son rêve.
Mais bientôt les amis, ou les examinateurs et approbateurs du livre, s’alarmèrent de voir cette façon exclusive de procéder, et qui se trouvait ici en contradiction avec les Livres saints ; ils firent faire un carton avant la mise en vente ; ils adoucirent la phrase, et présentèrent l’idée de Pascal d’un air de précaution que le vigoureux écrivain ne prend jamais, même à l’égard de ses amis et de ses auxiliaires.
Ces qualités de persévérance, d’attention, de curiosité, et presque d’attachement pour son sujet, qui mènent un habitant de la campagne à passer les journées et une partie des nuits en sentinelle pour observer, sans les effaroucher, ces petits insectes, ne diffèrent pas essentiellement de celles qui dirigent le biographe attentif dans les bibliothèques et à travers les livres, à la piste des moindres faits qui peuvent éclairer l’âme et la vie d’un écrivain préféré.
Ses autres goûts et ses distractions de journaliste politique, puis de conseiller ministériel, de ministre, d’homme parlementaire, de libre écrivain littéraire et dramatique, l’avaient retenu à l’état de spectateur et de juge : ce n’est que dans ses dernières années qu’il a franchi le pas et qu’il a pris ses lettres de maîtrise46.
Ajoutez encore à ces anomalies individuelles d’organisation cérébrale, les caractères généraux de toute âme d’artiste et d’écrivain, la vive sensibilité, le don plastique du mot expressif, le don dramatique de la coordination des incidents, l’infinie ténacité de la mémoire pour les perceptions de l’œil, toutes les multiples conditions qui permettent de réaliser cette chose en apparence si simple, un beau livre.
Il n’y a donc pas une barrière infranchissable entre la prose et la poésie ; et même à certaines époques de notre littérature, c’est dans la prose de quelques grands écrivains que le rythme poétique se réfugie : J. […] Lorsqu’elle se saisit d’un philosophe ou d’un écrivain, elle le recrée, selon son sentiment, le taille à sa mesure, élague les branches trop riches, ou en ajoute d’artificielles ; il devient ce qu’elle veut, et toujours autre chose que ce qu’il est. Les écrivains les plus aimés du public le furent par ce qu’ils avaient de plus mauvais en eux, par ce qu’ils détestaient le plus en eux. […] Mais comment discuter sérieusement ; les écrivains et les critiques honnêtes ne se placent pour juger une œuvre qu’au point de vue de la famille.
Il y avait, suivant lui, dans chaque écrivain une faculté dominante, qui par toute sorte de transformations expliquait l’homme tout entier, sa personne, son talent et ses œuvres. […] Tous ces faits étant décrits et rassemblés, il faut le dire, avec une vigueur de pinceau peu commune, et systématisés avec une extrême habileté, le talent d’un écrivain en est la résultante. […] C’est dans la philosophie appliquée que l’un et l’autre écrivains ont déployé tout leur talent, l’un dans la critique littéraire, dont il essaie de faire une science, l’autre dans l’histoire religieuse. […] Il est cependant facile de voir, en lisant ces écrivains, même les plus sages, qu’ils n’ont que les idées les plus confuses et les plus imparfaites sur la science qu’ils prétendent abolir et remplacer.
Léon Daudet nous présente aujourd’hui ne vérifie pas absolument, à la vérité, cette « loi de progrès » que j’appliquais tout à l’heure à notre écrivain. […] Daudet soit un très bon écrivain, il ne faut pas lui emprunter le mot « s’activer ». « S’activer » n’est pas français. […] Tout écrivain doit souhaiter, comme comble du succès, et même comme le seul succès digne de désir, d’être mis successivement en majorité et en minorité après sa mort. […] Ce n’est pas une chose très rare, et notre fécond écrivain lasse un peu la critique à le suivre. […] C’est un grand écrivain artiste.
Les plus féconds des grands écrivains de cette littérature en sont aussi les plus littérateurs et rimeurs dans l’âme, Ovide et Cicéron. […] La Fontaine en a dit, dans un éloge de ces fêtes, les dernières du malheureux Oronte : C’est une pièce de Molière : Cet écrivain par sa manière Charme à présent toute la cour. […] Il le comprenait et l’admirait dans les parties les plus étrangères à lui-même ; il se plaisait à être son complice dans le latin macaronique de ses plus folles comédies ; il lui fournissait les malignes étymologies grecques de l’Amour médecin ; il mesurait dans son entier cette faculté multipliée, immense ; et le jour où Louis XIV lui demanda quel était le plus rare des grands écrivains qui auraient honoré la France durant son règne, le juge rigoureux n’hésita pas et répondit : « Sire, c’est Molière. » — « Je ne le croyais pas, répliqua Louis XIV ; mais vous vous y connaissez mieux que moi. » On a loué Molière de tant de façons, comme peintre des mœurs et de la vie humaine, que je veux indiquer surtout un côté qu’on a trop peu mis en lumière, ou plutôt qu’on a méconnu.
Il s’est trouvé écrivain sans le savoir et sans y viser. […] On le lira toujours avec plaisir, même après les grands écrivains militaires, les César, les Montluc, les Villars ; n’ayant pas écrit des mémoires, mais des lettres, il est même le premier des épistolaires de bivouac.
La première lui plaisoit par sa bonté et par une certaine ingénuité à conter tout ce qu’elle avoit dans le cœur, qui ressentoit la simplicité des premiers siècles ; l’autre lui avoit été agréable par son bonheur ; car, bien qu’on lui trouvât du mérite, c’étoit une sorte de mérite si sérieux en apparence, qu’il ne sembloit pas qu’il dût plaire à une princesse aussi jeune que Madame. » A l’âge d’environ trente ans, Mme de La Fayette se trouvait donc au centre de cette politesse et de cette galanterie des plus florissantes années de Louis XIV ; elle était de toutes les parties de Madame à Fontainebleau ou à Saint-Cloud ; spectatrice plutôt qu’agissante ; n’ayant aucune part, comme elle nous dit, à sa confidence sur de certaines affaires, mais, quand elles étaient passées et un peu ébruitées, les entendant de sa bouche, les écrivant pour lui complaire : « Vous écrivez bien, lui disait Madame ; écrivez, je vous fournirai de bons mémoires. » — « C’était un ouvrage assez difficile, avoue Mme de La Fayette, que de tourner la vérité en de certains endroits d’une manière qui la fit connaître et qui ne fût pas néanmoins offensante ni désagréable à la princesse. » Un de ces endroits, entre autres, qui aiguisaient toute la délicatesse de Mme de La Fayette et qui excitaient le badinage de Madame pour la peine que l’aimable écrivain s’y donnait, devait être, j’imagine, celui-ci : « Elle (Madame) se lia avec la comtesse de Soissons… et ne pensa plus qu’à plaire au roi comme belle-sœur ; je crois qu’elle lui plut d’une autre manière, je crois aussi qu’elle pensa qu’il ne lui plaisoit que comme un beau-frère, quoiqu’il lui plût peut-être davantage ; mais enfin, comme ils étoient tous deux infiniment aimables, et tous deux nés avec des dispositions galantes, qu’ils se voyoient tous les jours au milieu des plaisirs et des divertissements, il parut aux yeux de tout le monde qu’ils avoient l’un pour l’autre cet agrément qui précède d’ordinaire les grandes passions. » Madame mourut dans les bras de Mme de La Fayette, qui ne la quitta pas à ses derniers moments. […] M. de La Rochefoucauld, qui les goûtait l’un et l’autre comme écrivains, ne leur trouvait qu’une seule sorte d’esprit et les jugeait pauvres d’entretien hors de leurs vers.
Le génie riche, léger et naturellement éloquent d’Horace, est en effet ce qu’il y a de plus attique dans les écrivains romains : l’eau pure de la source se reconnaît jusque dans l’égout. […] L’amabilité peut se définir le don d’aimer et d’être aimé ; ce don se révèle dans les œuvres d’un écrivain comme dans son caractère ; il n’est pas le génie, mais il est le charme, cette qualité indéfinissable qui est le génie de l’agrément ; le don de plaire, ce don de plaire qu’on n’a jamais pu définir parce qu’il est divin, est bien rarement compatible avec l’austérité de l’esprit, du caractère et des œuvres d’un homme.
Le colonel Pepe était un des officiers les plus distingués de l’armée ; il avait suivi Napoléon en Russie ; il était, de plus, écrivain de talent. […] Ajoutons que ce cinquième chant était même destiné à paraître sous le nom de lord Byron, et comme la traduction d’un fragment posthume de cet illustre écrivain.
Mais plus active fut, sans doute, aux écrivains, l’influence de Richard Wagner, pour éclairer en eux, dernièrement, ce pessimisme congénital. […] Combien connaissent un drame entier du Maître : où est l’écrivain qui a lu Ses écrits théoriques ?
Le meilleur de nos poètes philosophes, Sully-Prudhomme nous dit : « Le vers est la forme la plus apte à consacrer ce que l’écrivain lui confie, et l’on peut, je crois, lui confier, outre tous les sentiments, presque toutes les idées. » A une condition, toutefois, c’est que le vers ne soit jamais un vêtement ajouté après coup à des idées conçues d’abord d’une manière abstraite. […] Le réalisme pessimiste d’aujourd’hui, chez beaucoup d’écrivains, n’est ni plus vrai en soi, ni plus sincère chez ses apôtres que le pseudo-idéalisme de certains romantiques.
XIV Parmi les grands écrivains poètes, les uns par impuissance, les autres par dédain, se sont dispensés avec bonheur de la forme des vers ; ils n’en ont pas moins inondé l’âme de poésie. […] Les genres se confondent à chaque instant dans le même ouvrage et sous la plume du même écrivain.
Voilà le côté politique et prudent ; mais l’autre côté généreux et grandiose, je ne le dissimulerai pas, comme l’ont trop fait dans leurs divers récits des écrivains raisonnablement philosophes : la grandeur du courage et l’héroïsme, ce sont là aussi des parties réelles qui, même après des siècles, tombent sous l’œil de l’observation humaine.
Écrivain consciencieux, accoutumé aux travaux historiques, à ceux qui touchent à l’histoire de la religion en particulier, M.
Saint-Simon, qu’on le sache bien, c’est un grand écrivain et un merveilleux moraliste, mais qui a une difformité.
Je ne veux pas dire que d’autres écrivains ayant les mêmes pièces sous les yeux n’en tireraient pas d’autres idées, une autre conclusion ; mais, dans l’Histoire de M.
Par Saint-Amant, ce guide de joyeuse humeur, il se mit à entamer la lecture des autres poètes et écrivains de l’époque de Louis XIII, et depuis quelques années il n’a cessé de s’en occuper et de travailler à les faire connaître.
Les écrivains sont de métier, de profession ; ils sont doctes, les uns novateurs, les autres académiques ; ils ont des systèmes et des recettes d’art, ils ont des curiosités ou des emphases ; ils font quelquefois avancer la langue, mais aussi ils la tourmentent ils la déplacent.
Guizot l’idée qu’on doit se faire du ministre lui-même, de l’homme d’État, de l’orateur et de l’écrivain.
On croit trop, en lisant cet estimable écrivain à la Louis XVI, que le duc de Bourgogne n’était sujet qu’à des accès de colère comme en ont tant d’autres enfants : il a fallu, pour nous en faire distinguer l’accent tout féroce et en déterminer le caractère néronien, que parût au jour le moraliste de génie et le peintre incomparable.
Elle l’ennoblit, mais l’exalta, et fit de l’enfant une trop fidèle image de Fénelon, mêlée du prêtre et du sophiste, de l’écrivain surtout.
Je n’ai pas à caractériser ici le dessein général et la pensée politique qui peut inspirer cet écrivain patriote, je ne cherche que le côté historique ; et quand il n’y aurait que les Mémoires authentiques où l’Impératrice Catherine a raconté les premières années de sa jeunesse et de sa vie si contrainte et si intriguée avant d’atteindre à l’empire, qui donc parmi les lecteurs sérieux et les observateurs de la nature humaine pourrait y rester indifférent ?
Cependant quelques morceaux lus dans les séances publiques des cinq Académies et fort goûtés du public avaient révélé en lui ce que tous ses amis savaient bien qu’il était, un esprit riche, orné, facile, un écrivain élégant, un orateur aisé, agréable ; aussi quand Raoul-Rochette manqua, l’Académie des Beaux-Arts, après avoir pensé d’abord à M.
Le poëte raconte que le cherchant à son arrivée à Paris, lors d’un premier voyage en juin 1832, et étant allé l’attendre au seuil de sa maison pour le voir au passage, il avait appris que l’illustre écrivain venait d’être condamné, mis en prison ; de là tout un éclat à la Némésis.
De ce côté et presque du premier jour, sa plume fut celle d’un excellent esprit et d’un bon écrivain : comme ceux qui sont destinés à mourir jeunes et en qui les saisons intérieures anticipent sur l’âge, il eut la maturité précoce.
Un homme d’esprit, dont on citait dernièrement de rares pensées, a dit : « Ce ne serait peut-être pas un conseil peu important à donner aux écrivains que celui-ci : N’écrivez jamais rien qui ne vous fasse un grand plaisir. » Au théâtre, et pour des sujets de comédie, le précepte peut surtout sembler de circonstance.
Si, des écrivains, des artistes proprement dits, nous passons aux professionnels du théâtre, nous accorderons dix-huit mois de service hospitalier à l’un de nos meilleurs « metteurs en scène » actuels, M.
Ce sont des écrivains français qui travaillent pour elle : nous avons déjà cité Fatouville, Regnard et Dufresny ; citons encore Palaprat, Lenoble, Boisfranc, Mongin, Delosme de Montchesnay, etc.
Mais je m’oublie à parler de l’écrivain, et le roman est là qui me rappelle.
Dargaud, un écrivain de talent, et dont le livre a été beaucoup loué et beaucoup lu.
Il y a pour nous, à la distance où nous sommes déjà de lui, deux hommes et comme deux écrivains en Ducis.
Lorsque Bonaparte se saisit du gouvernement consulaire, tous les écrivains travaillèrent à la restauration de l’édifice social avec une ardeur au-dessus de tout éloge, avec une sorte d’unanimité qui donnait les plus justes espérances.
« Il semble que la naissance de cet enfant porta bonheur à ses parents. » « Condé se couvrit de gloire. » Mlle de Bourbon « portait en elle toutes les semences d’un avenir orageux. » — « Arborer l’étendard de la révolte31. » Est-ce là cet écrivain si ferme, dont le style sain sauvait les faiblesses ?
On sait que Gray, déjà classiquement érudit, et plein du spectacle et des souvenirs littéraires de la France et de l’Italie, avait passé six années dans la lecture assidue des écrivains grecs, projetant une édition critique de Platon, puis de Strabon, philologue, métaphysicien, historien, géographe, et alliant la patience continue des recherches aux rares saillies de l’enthousiasme.
Son zèle et son dévouement demeurèrent longtemps ignorés et sans récompense, tandis que les fonds secrets allaient enrichir des écrivains d’un rang inférieur dont le nom même est aujourd’hui perdu. […] Il a emporté son secret avec lui ; et le seul de tous les écrivains anglais qui lui ressemble, Tobias Smollett, est bien loin de son modèle. […] Maturin n’est guère connu en France comme un écrivain littéraire. […] La première plume venue trouve sa route au milieu des ambages d’une prose redondante ; mais le plus habile écrivain s’égare sans honte dans Julia de Roubigné aussi bien que dans Lara. […] La plume et la pensée, plus sûres d’elles-mêmes, s’abandonnent plus rarement aux inutiles effusions qui ralentissent le récit, et qui, loin de servir de halte et de point d’orgue, trahissent la jeunesse de l’écrivain.
Veuillot, il a ce que peu d’écrivains possèdent ! […] Là-dessus, quelqu’un compare Jules Simon à Cousin, et c’est l’occasion pour Renan de faire l’éloge du ministre — très bien, — du philosophe — je m’abstiens pour cause, — mais encore du littérateur et de le proclamer le premier écrivain du siècle. — Nom de Dieu ! […] Moi je lui jette : « Tout très grand écrivain de tous les temps ne se reconnaît absolument qu’à cela, c’est qu’il a une langue personnelle, une langue dont chaque page, chaque ligne est signée, pour le lecteur lettré, comme si son nom était au bas de cette page, de cette ligne, et avec votre théorie vous condamnez le xixe siècle, et les siècles qui vont suivre, à n’avoir plus de grands écrivains. » Renan se dérobe, ainsi qu’il en a l’habitude dans les discussions, se rejette sur l’éloge de l’Université, qui a refait le style, qui, selon son expression, a opéré le castoiement de la langue, gâtée par la Restauration, déclarant que Chateaubriand écrit mal. Des cris, des vociférations enterrent cette phrase bourgeoise du critique, qui trouve un bon écrivain dans le père Mainbourg, et déclare détestable la prose des Mémoires d’outre-tombe.
Ce n’est pas à vous qu’on envoie des bêtises copiées par un écrivain public. […] Où est l’écrivain de génie qui ait présenté à la masse cette œuvre étonnante ? […] Cette lettre s’adresse à un grand écrivain, à un artiste, à un savant, elle est donc toute naturelle à mon avis. […] J’ai voulu nouer des relations par lettres avec un jeune écrivain de talent afin de lui léguer mon journal par testament (à ce moment-là on croyait que je ne vivrais pas longtemps) ; j’aime mieux vous le donner à vous et de mon vivant. […] Supposez un écrivain qui a exprimé des sentiments républicains et qui se permet le lendemain de rendre justice à… au prince Napoléon, par exemple, de trouver qu’il a de l’esprit ou du talent.
Je n’étais certes pas en ce moment dans cette disposition de l’âme qui fait rechercher ou savourer un plaisir théâtral ; mais cette représentation n’était pas un plaisir pour moi : c’était un devoir de situation, une étude d’écrivain ; ayant à parler ce jour-là du musicien de Salzbourg, il fallait, puisqu’une occasion si inespérée s’offrait à moi, me retremper dans cette musique dont j’avais à analyser le charme, et, pour ainsi dire, la divinité pour mes lecteurs. […] Scudo dans son commentaire ; mais on n’analyse des sons que par des notes, et les notes dont l’écrivain est obligé de se servir n’ont pas de sonorité ni de mélodie pour l’oreille.
II Jamais l’œuvre et l’écrivain ne sont plus indissolublement unis que dans les vers de Pétrarque, en sorte qu’il est impossible d’admirer la poésie sans raconter le poète : cela est naturel, car le sujet de Pétrarque c’est lui-même ; ce qu’il chante c’est ce qu’il sent. […] XVII Sa renommée comme poète, comme amant et comme écrivain consommé dans toutes les œuvres de style s’était tellement répandue hors de sa retraite de Vaucluse, que Rome et Paris, ces deux capitales des lettres, lui offrirent de le couronner roi de la poésie et de la science.
Les écrivains politiques en état de frénésie ou de cécité qui se sont faits les organes de cette théorie de la liberté illimitée, et qui ont été assez malheureux pour se faire des adeptes, n’ont pas réfléchi que tout jusqu’à la plume avec laquelle ils niaient la nécessité de la loi était en eux un don, un bienfait, une garantie de la loi ; que l’homme social tout entier n’était qu’un être légal depuis les pieds jusqu’à la tête ; qu’ils n’étaient eux-mêmes les fils de leurs pères que par la loi ; qu’ils ne portaient un nom que par la loi qui leur garantissait cette dénomination de leur être, et qui interdisait aux autres de l’usurper ; qu’ils n’étaient pères de leurs fils que par la loi qui leur imposait l’amour et qui leur assurait l’autorité ; qu’ils n’étaient époux que par la loi qui changeait pour eux un attrait fugitif en une union sacrée qui doublait leur être ; qu’ils ne possédaient la place où reposait leur tête et la place foulée par leurs pieds que par la loi, distributrice gardienne et vengeresse de la propriété de toutes choses ; qu’ils n’avaient de patrie et de concitoyens que par la loi qui les faisait membres solidaires d’une famille humaine immortelle et forte comme une nation ; que chacune de ces lois innombrables qui constituaient l’homme, le père, l’époux, le fils, le frère, le citoyen, le possesseur inviolable de sa part des dons de la vie et de la société, faisaient, à leur insu, partie de leur être, et qu’en démolissant tantôt l’une tantôt l’autre de ces lois, on démolissait pièce à pièce l’homme lui-même dont il ne resterait plus à la fin de ce dépouillement légal qu’un pauvre être nu, sans famille, sans toit et sans pain sur une terre banale et stérile ; que chacune de ces lois faites au profit de l’homme pour lui consacrer un droit moral ou une propriété matérielle était nécessairement limitée par un autre droit moral et matériel constitué au profit d’un autre ou de tous ; que la justice et la raison humaine ne consistaient précisément que dans l’appréciation et dans la détermination de ces limites que le salut de tous imposait à la liberté de chacun ; que la liberté illimitée ne serait que l’empiétement sans limite et sans redressement des égoïsmes et des violences du plus fort ou du plus pervers contre les droits ou les facultés du plus doux ou du plus faible ; que la société ne serait que pillage, oppression, meurtre réciproque ; qu’en un mot la liberté illimitée, cette soi-disant solution radicale des questions de gouvernement tranchait en effet la question, mais comme la mort tranche les problèmes de la vie en la supprimant d’un revers de plume ou d’un coup de poing sur leur table de sophistes. […] Si l’idolâtrie a été ridiculisée tant de fois par nos gens de lettres, si elle n’a jamais pu devenir la religion du gouvernement, quoiqu’elle fût celle des empereurs (depuis les conquêtes des Tartares et l’introduction des superstitions des Indous), nous le devons à ces livres… « Comme ils font aussi toute notre histoire, ajoute l’écrivain chinois, il est clair qu’on y doit trouver des détails uniques pour la connaissance des mœurs dans cette longue suite de siècles, détails d’autant plus intéressants que les poésies qu’on y voit sont plus variées et embrassent toute la nation depuis le sceptre jusqu’à la houlette.
Pourquoi chez nous (et je comprends dans ce mot nous les plus grands poètes métaphysiques français, anglais ou allemands du siècle, Byron, Goethe, Klopstock, Schiller, et leurs émules), pourquoi, dans les œuvres de ces grands écrivains consommés, la sève est-elle moins limpide, le style moins naïf, les images moins primitives, les couleurs moins printanières, les clartés moins sereines, les impressions enfin qu’on reçoit à la lecture de leurs œuvres méditées moins inattendues, moins fraîches, moins originales, moins personnelles, que les impressions qui jaillissent des pages incultes de ces poètes des veillées de la Provence ? […] Meissonnier, poète, écrivain et philosophe retiré sous sa treille et sous son figuier dans la petite maison de Massillon, un des prophètes de Louis XIV, me fit faire le tour de la ville.
Aussi tous ces ouvrages et tous ces poèmes, où l’écrivain ou le poète se moquent un peu d’eux-mêmes et de leurs lecteurs, ne peuvent être lus avec agrément qu’à deux époques de la vie : ou quand on est très jeune et qu’on n’a pas encore pleuré ; ou quand on est très mûr et qu’on ne pleure plus. […] Contempteur né de la poésie moderne, et partisan fanatique des écrivains et des poètes du seizième siècle en Italie, Dante était sa divinité, Arioste était sa monomanie.
On n’y regrette que deux choses : la première, c’est qu’elle ait été tronquée par le temps ; la seconde, c’est qu’un écrivain aussi consommé n’ait pas suffisamment insisté dans sa description des animaux sur la partie intellectuelle de leurs mœurs. […] Je n’ai jamais feuilleté sans mépris et sans regret les écrivains qui, en décrivant les corps, ne voient dans la machine animale que le mécanisme, et proclament l’athéisme, non de Dieu, mais des sentiments et des idées ; j’ai toujours fait des vœux ardents pour que la Providence fit naître enfin un génie contemplateur, un prophète du monde animé qui nous révélât l’harmonie divine dans l’âme comme dans les organes des animaux.
Et, pour nous enfermer seulement dans les écrivains et les poètes, examinez-les l’un après l’autre. […] Peut-être, et quelques signes l’annoncent, le verra-t-on bientôt surgir du jeune groupe des écrivains allemands contemporains.
Point de salut sans intérêt pour l’écrivain, point d’instruction pour le lecteur. […] C’étaient quelques noms de la haute aristocratie de Rome, de Naples, de Florence, de Venise, de Bologne, qui m’étaient familiers par l’histoire, et quelques autres noms de poètes, de professeurs, d’écrivains, encore nouveaux et énigmatiques pour moi.
Beaucoup de commentateurs des dogmes chrétiens ont cherché par des définitions et par des distinctions atténuantes à réduire les enfers à une privation douloureuse de la présence et de la lumière de Dieu dans des climats éternels toujours chargés de nuages ; beaucoup d’autres écrivains ou prédicateurs religieux ont déclaré ne comprendre le mot éternel appliqué à ce supplice que comme expression d’une longue durée ; mais ils n’ont pas interdit au rayon de la miséricorde infinie de traverser une fois ces cachots des mondes surnaturels, et d’apporter aux crimes expiés le pardon divin. […] Nous le démontrerons bientôt en traitant de l’Arioste, de Machiavel, du Tasse, de Pétrarque et des grands écrivains italiens de notre siècle, et en cela nous croirons faire une œuvre de piété filiale envers cette Italie que nous reconnaissons comme la mère du génie moderne européen.
Le siècle militaire incarné dans Bonaparte allait s’incarner littérairement dans cet écrivain ; tout était réaction en France depuis la caserne jusqu’aux académies. […] Les jésuites, très favorisés alors par l’empire et par le cardinal Fesch, oncle de Napoléon, saluèrent le Génie du Christianisme avec moins d’enthousiasme que le parti de l’empire et que le parti royaliste ne l’avaient salué ; ils ne se dissimulèrent pas que le secours apporté en apparence par ce livre à la religion était un secours dangereux, plus poétique que chrétien, et que les sensualités d’images et de cœur par lesquelles l’écrivain alléchait, pour ainsi dire, les âmes, étaient au fond très opposées à l’orthodoxie littérale et à la sévérité morale de dogme et de l’esprit chrétien.
Il aura, en se perfectionnant, de ces rapidités de récit qui sont même d’un grand écrivain ; parlant, dans l’Abrégé chronologique, des premiers succès de Conradin en Toscane : « Ces beaux commencements, dit-il, trahirent le jeune Conradin et le flattèrent pour le mener à la mort. » Il ne faut point faire, toutefois, comme Perrault, et aller jusqu’à comparer Mézeray à Thucydide ; les discours qu’il place dans la bouche de certains de ses personnages ont de la pensée sans doute, mais on a très bien remarqué que Mézeray écrit d’abondance et n’a point de phrase, c’est-à-dire de forme à lui ; il suffit que sa diction soit naturelle, sincère, expressive, sa narration pleine et bien démêlée.
Mais ce qui n’était d’abord qu’une simple plaisanterie, qu’une conjecture maligne, va devenir bientôt une affaire sérieuse, un décri formel et public, le sujet de tous les entretiens : C’est un scandale qui vous survivra, s’écrie Massillon ; les histoires scandaleuses des cours ne meurent jamais avec leurs héros : des écrivains lascifs ont fait passer jusqu’à nous les satires, les dérèglements des cours qui nous ont précédés ; et il se trouvera parmi nous des auteurs licencieux qui instruiront les âges à venir des bruits publics, des événements scandaleux et des vices de la nôtre.
Les grands écrivains du siècle de Louis XIV étaient tous morts, il ne restait plus que Fénelon : pourtant leur autorité régnait toujours ; c’était le même régime qui se continuait en apparence.
Causeur excellent et plein de traits dans un salon, écrivain élégant et, on l’a vu, éloquent, il n’était pourtant pas essentiellement orateur, ni surtout improvisateur : « C’est une des nombreuses infirmités de ma nature, disait-il, de ne pouvoir dominer qu’à force de temps ces vérités que de meilleurs esprits dominent à force de supériorité. » Cette sorte de lenteur qui tient au besoin d’approfondir, jointe à de la vivacité d’humeur et d’impression, lui fit faire quelques fautes de tribune.
Le jour où Charron a ainsi emprunté à Montaigne, et en propres termes, cette délicieuse et inoubliable image pour la mettre couramment au beau milieu de son texte, il a été bien modeste, et il a donné pour jamais, devant le monde et devant la postérité, sa mesure comme écrivain, sa démission comme auteur original.
Comme les écrivains très convaincus et qu’une croyance impérieuse anime, M.
Scribe, que l’embarras du choix parmi les auteurs dramatiques, sans aller y mêler des écrivains purement critiques ; l’Académie regorge déjà de critiques.
Ce n’est pas l’histoire politique de l’Espagne, c’est sa chronique intime, le journal de sa décadence, qu’il a voulu raconter ; et, en portant la splendeur habituelle de son expression sur ces rapetissements et ces misères, l’écrivain de talent les a éclairés et fixés dans la mémoire en traits ineffaçables.
Un écrivain spirituel et à la plume acérée, qui a trouvé moyen d’être préfet sous l’Empire, correspondant du souverain maître pendant toute cette période, puis ultra en 1815 et dans les années suivantes, puis opposant à la Restauration et collaborateur du National après 1830, et qui a eu l’art, moyennant je ne sais quel fil de logique subtile, de ne point paraître trop inconséquent à travers toutes ces variations de conduite et de costume, M.
Il connut Rousseau avant ses éclats d’humeur et quand le grand écrivain, dans l’enfantement de la Nouvelle Héloïse, n’était encore que l’hôte un peu farouche, l’ours de Mme d’Epinay, et habitant l’Ermitage.
Assez d’écrivains, pressés de donner, comme les récits de la vérité, les rêveries de leur esprit ou les préventions de leur cœur, ont publié des ouvrages, prétendus historiques, de cette grande crise politique.
Malouet, s’il n’est pas un peintre, est assurément un écrivain.
Les écrivains du dix-huitième siècle renversent ce procédé : c’est de l’homme qu’ils partent, de l’homme observable et de ses alentours à leurs yeux, les conclusions sur l’âme, sur son origine, sur sa destinée, ne doivent venir qu’ensuite, et dépendent tout entières, non de ce que la révélation, mais de ce que l’observation aura fourni.
Il oublie que la littérature finit où la pathologie commence, que l’analyse d’un caractère ne doit pas empiéter sur la dissection, qu’il est des types et des choses dont l’écrivain doit se garder, comme l’israélite du pourceau et comme le brame du paria : parce que ces choses et ces types ne sont ni de sa compétence ni de son ressort, qu’ils résistent à toutes les purifications de l’art et du style, et qu’il faut les renvoyer au lazaret dont ils dépendent, à la clinique qui les réclame et dont ils sont sujets exclusifs.
Chaulieu ne quitta presque pas un jour, dans ses dernières années, le prince qu’il appelait son bienfaiteur et son ami, et avec qui il vivait depuis quarante ans dans le sein de la confiance et de l’intimité : « Ces sortes de mariages de bienséance, sans être un sacrement, disait-il, ont la même force que les autres, et se peuvent quasi aussi peu dissoudre. » Dans l’assertion grave de Saint-Simon, il faut faire la part de l’aversion bien connue du noble écrivain pour les gens de peu, redoublée de celle qu’il avait pour les poètes et rimeurs.
Il avait cette finesse de réflexion de laquelle dépend l’élégance et le goût, et il communique à ses lecteurs une certaine liberté d’esprit, une hardiesse de pensée qui est le germe de la philosophie… Le jugement de Buffon est extrêmement favorable à Pline ; il semble que le grand écrivain ait eu pour lui de la reconnaissance, qu’il ait deviné qu’on lui reprocherait un jour à lui-même quelques-uns des défauts qu’on peut imputer à l’auteur romain, et qu’il se soit plu d’avance à saluer en lui quelques-unes de ses propres qualités, quelques-uns des traits généraux de sa manière.
On peut distinguer en Mme de Genlis écrivain quatre époques, car elle vécut quatre-vingt-quatre ans, et ne mourut qu’à la fin d’octobre 1830, assez tard pour avoir vu son élève Louis-Philippe devenu roi.
Il y avait deux hommes dans Patru, celui des jours solennels, des plaidoyers et des harangues, à qui l’on s’adressait quand on avait besoin d’une belle épître dédicatoire, d’une belle préface, d’une belle inscription laudative, d’un placet à la reine ; on allait alors à Patru comme on irait à un écrivain public, à un calligraphe qui a une belle main : il avait une belle langue.
C’était un petit homme, jaune de poil, à l’œil saillant du jettatore, un des seuls écrivains échappés au coup de filet dans lequel le gouvernement avait ramassé les journalistes, le 2 Décembre.
Voilà ce que j’appelle s’abandonner, ce qui est nécessaire absolument quand c’est à un écrivain de sentiment que l’on a affaire.
Un très-spirituel écrivain, M. […] Mais ce qu’on écrit, ce qu’on dit de plus judicieux, de plus fin, dans les intervalles de l’action, ne prouve pas toujours ; on ne saurait conclure de toutes les qualités de l’écrivain historien, de l’homme sorti de la scène et qui la juge, à celles de ce même homme en action et en scène. Il y a là une différence essentielle ; et c’est ce qui nous doit rendre fort humbles, fort circonspects, nous autres simples écrivains, quand nous jugeons ainsi à notre aise des personnages d’action.
12 janvier Je pense que la meilleure éducation littéraire d’un écrivain, serait, depuis sa sortie du collège jusqu’à 25 ou 30 ans, la rédaction sans convention de ce qu’il verrait, de ce qu’il sentirait… rédaction dans laquelle il s’efforcerait d’oublier le plus possible ses lectures. […] * * * — Il y a des écrivains dont tout le talent ne fait jamais rêver au-delà de ce qu’ils écrivent. […] L’autre jour à sa table, dit l’écrivain, étaient réunis vingt individus, parlant quarante langues différentes, vingt individus avec lesquels on aurait pu faire, sans interprètes, le tour du monde.
Tout doucement, sans fracas, âgé de trente-sept ans, ayant déjà à son actif d’écrivain huit volumes de vers ou de prose rythmée, chacun d’une originalité renouvelée, Paul Fort continue son œuvre de clarté et de joyeux rêve. […] Nous aimons synthétiser l’œuvre d’un écrivain dans une définition susceptible de l’exprimer en entier. […] Robert de Souza eut à se plaindre de cette façon simpliste de juger un écrivain. […] Pour accorder définitivement son instrument suivant le rythme de son cœur, Souza écrit Fumerolles à cet âge de demi-jeunesse où l’écrivain se sent déjà maître du glorieux équilibre de ses facultés. […] Les écrivains méditerranéens insultent les Occidentaux au nom de je ne sais quel classicisme statique.
Et quant aux personnages symboliques de l’écrivain norvégien, ils ne nous deviennent tels, dans ses meilleures pièces, que lentement et par réflexion. […] Dumas, et que les écrivains commencent d’ordinaire par l’observation et finissent par l’abstraction, et qu’ils n’ont pas le droit d’échapper à cette règle) : et j’ai vu que Nourvady et Lionnette vivaient avec intensité […] Cet écrivain, trop malin ailleurs, a comme cela, parfois, des mouvements par où son âme sera sauvée, — sinon ses pièces. […] Il est un des très rares écrivains de ce temps qui aient la notion du péché et qui sachent faire avec certitude la distinction du bien et du mal. […] le public aime cela ; il le montre assez tous les jours ; et l’évidence de ce goût du public excuse peut-être les écrivains qui ont la faiblesse de s’y plier.
Comme tous les hommes qui ont manié les grandes affaires et pris part à une belle et mémorable époque, il la proclamait incomparable ; il était indigné quand il voyait des écrivains inexacts, légers, mercenaires, parler inconsidérément de ces choses et de ces hommes au gré des intérêts divers et nouveaux.
Ce pesant Chapelain, qui avait du jugement dans les matières de prose, a dit de Mézeray en notant quelques-uns de ses défauts : « C’est néanmoins le meilleur de nos compilateurs français. » L’éloge est juste, si l’on entend le mot de compilateur sans aucune idée défavorable et en se contentant de le prendre par opposition aux écrivains de mémoires et de première main.
Ces aperçus et bien d’autres du prince, qui sont juste de la date du poème des Jardins de Delille, me paraissent aujourd’hui représenter, mieux que ne le feraient quelques vers du charmant abbé, l’esprit de transition véritable qui, profitant des idées et des inspirations des grands écrivains pittoresques novateurs, les voulait concilier avec les traditions de notre goût et avec les inclinations de notre nature.
Et dans le même ouvrage, à un autre endroit, parlant des gens à la mode et montrant l’inconvénient de cette prétention pour les diverses conditions du magistrat, du militaire, il ajoutait : « L’homme de lettres, qui, par des ouvrages travaillés, aurait pu instruire son siècle et faire passer son nom à la postérité, néglige ses talents et les perd, faute de les cultiver : il aurait été compté parmi les hommes illustres, il reste un homme d’esprit de société. » Ces deux passages rapprochés renferment toute la destinée de Duclos comme homme d’esprit et comme écrivain.
Il ne porte rien de l’auteur ni de l’écrivain dans aucun de ses emplois : il ne songe à d’autre effet qu’à celui du bien.
Le seul défaut que j’y relèverai, c’est que le sage rapporteur n’y marque pas assez ce qui fut le charme et l’enchantement dans la manière du nouvel écrivain, ce par quoi il a fait avènement à son heure, et qu’il ne nous dit pas assez nettement ce qu’il faut toujours dire et proclamer à la vue des génies, même incomplets et mélangés : « La veille, il y avait un être de moins au monde ; le lendemain, il y a une création de plus. » De tout ce qu’on vient de lire il résulte, ce me semble, que si l’on veut considérer la littérature dite de l’Empire dans ses productions les plus saines, les plus honorables, on ne court aucun risque de s’attacher à M.
Il travaillait ces amusements de son loisir avec un soin particulier, et il n’était content que lorsqu’il les avait amenés à perfection : « Toucher et retoucher, dit-il quelque part, bien qu’il y ait des écrivains qui se targuent de négligence, et d’autres qui rougiraient de montrer leurs brouillons, est le secret de presque tous bons écrits, particulièrement en vers. » — « Tout ce qui est court, dit-il encore, doit être nerveux, mâle et concis.
L’ayant ainsi habilement dépouillé des grandeurs mêmes dont il vient de l’envelopper et de le draper à plaisir, il va prendre le prélat, sinon comme un écrivain, du moins comme un orateur, comme un des maîtres de la parole ; et c’est ici qu’il entre dans le vif, que le persiflage s’aiguise et s’enhardit, et que l’exécution commence.
Oui, cher maître, il en est ainsi de nous autres écrivains.
Apulée cependant, ne le surfaisons pas, est surtout un écrivain de style et à qui il n’est pas indifférent de faire montre de son talent.
En premier lieu, les écrivains du couvent, les moines hiéronymites, voyant le grand empereur honorer à jamais leur maison par une adoption sans exemple, assister à leurs exercices, s’agenouiller à leurs offices, vénérer les mêmes reliques, dîner une fois à leur réfectoire avec toute la communauté, obliger son confesseur, simple moine, de rester assis devant lui, faire dire messes sur messes pour le repos de l’âme des siens et pour le salut de la sienne, en ont fait un saint, un homme détaché du siècle, ne pensant qu’à Dieu, à l’autre vie, à la fin dernière.
Au sortir de là et sa démission obtenue, le roi avait nommé M. de Marca, un savant homme, un ancien magistrat devenu homme d’Église, et qui mourut brusquement dans le temps même où il recevait ses bulles : on se rabattit alors à messire Hardouin de Péréfixe, ancien précepteur du roi, écrivain assez agréable dans sa Vie de Henri le Grand, assez instruit, assez bonhomme, mais sans caractère, sans élévation d’âme ni aucune dignité extérieure : il ne fut jamais au niveau de sa haute position, et il encourut en plus d’un cas le ridicule.
si je déchire leur cœur, ce ne sera qu’en leur prodiguant les témoignages d’un attachement et d’un respect…, etc. » Toute cette partie d’Émile est bien d’un jeune écrivain qui a en lui du sang de cette famille chez qui Jean-Jacques trouva un asile et un tombeau.
As-tu oublié ma honte et ma douleur premières à ces fatals soupers où tu réunissais, au milieu des bacchantes, artistes, écrivains, compositeurs, poëtes, où chacun excellait en quelque chose, les uns types modernes de la beauté an’ique, les autres étincelants de saillies, servant aux convives leur esprit toujours présent, celui-ci sa verve satirique, celui-là son intarissable gaîté de sublime bohème ; saturnales du génie, vrai paradis du vice !
Un principe bien simple me dirige dans ces reprises d’études déjà faites tant de fois par des écrivains de talent, et qu’il peut sembler inutile de recommencer.
Et tout cela (voilà le point essentiel) s’est passé avant Solon, avant Pisistrate, avant l’ère des écrivains, de temps immémorial, à cette époque légendaire, créatrice et spontanée, où la Muse dictait les chants à ses favoris, devant un auditoire ému, crédule, passionné, naïf, sans critique aucune, sans autre critérium à lui que sa curiosité et son plaisir.
Son fils aîné, le duc d’Ayen, s’est montré lui-même, en quelques essais, un écrivain politique éclairé et mûr sur les questions le plus à l’ordre du jour en notre temps69.
Chéruel maintient donc au noble écrivain sa réputation méritée d’intégrité et d’honneur : c’est bien le moins.
Il reste pourtant à regretter qu’avec de si heureuses qualités et un art véritable d’écrivain, Jasmin n’ait pu cacher, sous ce titre d’homme du peuple, un bon grain d’érudition et de vieille langue, comme Béranger et Paul-Louis de ce côté-ci de la Loire.
Son histoire n’est pas si obscure qu’on le prétend ; tous les écrivains de ces lieux et de ces temps s’accordent parfaitement sur les principales circonstances de cette vie.
Il a été un charpenteur plutôt qu’un écrivain de drames ; mais il a eu le très juste instinct de ce que le théâtre français devait être : des situations faisant saillir des caractères.
Seulement la métaphore chez lui n’est pas un procédé d’écrivain laborieux, c’est, comme je l’ai dit, l’allure spontanée de la pensée.
Il n’y a pas d’exemple qu’un écrivain se soit chargé de plus de chaînes et enfermé dans une prison plus étroite que ce superbe romancier.
Érasme, si élégant écrivain qu’il fût, n’était pas du tout un académicien dans le sens où l’entend l’orateur ; il était de ceux qui aiment les lettres, mais non la phrase.
Florentin Ducos, homme instruit, écrivain de mérite, et qui, avant de l’aborder, s’est rendu compte de toutes les objections contre le genre, et en a pesé les difficultés.
Dès que cet esprit aura parlé par la voix de quelques écrivains, par le chant, de quelques poètes, vous avez une génération de femmes toutes différentes.
Comme poète et comme écrivain, son originalité est peu de chose, ou, pour parler plus nettement, elle n’en a aucune : son intelligence, au contraire, est grande, active, avide, généreuse.
Il essaie sa plume à des descriptions où l’on retrouve l’écrivain de talent.
Mardi 27 mai J’ai eu un succès au dîner de Brébant, avec ce mot : « La France finira par des pronunciamento d’académiciens. » 2 juin Je ne puis surmonter mon dégoût, quand je lis à la quatrième page d’un journal, dans les réclames payées : Il vient de paraître la seconde édition : De la situation des ouvriers en Angleterre… « travail où M. le comte de Paris a fait œuvre de penseur et de citoyen… » Les prétendants qui se font écrivains socialistes… Pouah !
Pascal savant est dépassé ; Pascal écrivain ne l’est pas.
Pour parler des écrivains moins éloignez, Commines, Machiavel, Mariana, Fra-Paolo, Monsieur De Thou, d’Avila et Guichardin, qui sont venus quand la logique n’étoit pas plus parfaite qu’elle l’étoit du temps des anciens, n’ont-ils pas écrit l’histoire aussi méthodiquement et aussi sensément que tous les historiens qui ont mis la main à la plume depuis soixante ans ?
on a tout simplement à reconnaître la supériorité de l’écrivain qui a écrit ces pages… ou à s’en taire.
À présent, nous avons cette Vie de Jésus, accueillie avec une curiosité d’une part si confiante, et de l’autre presque épouvantée, et nous savons qu’il n’y a là-dedans ni monstre ni prodige, ni Renan nouveau avec des facultés nouvelles, mais tout bêtement le Renan, déjà fripé, de notre connaissance, l’expulsé de séminaire qui a de l’évêque rentré dans le ventre, le Grippe-Soleil du docteur Strauss, toujours à la suite de monseigneur, et l’écrivain du Journal des Débats à son dimanche… Ô gens de cervelle enflammée, comment trouvez-vous un pareil Antéchrist ?
Contenu par Condillac, de Tracy, amateurs de faits et écrivains précis, il a commencé par l’étude des faits et le style précis.
Par la vérité, la raison fine, la justesse élégante et parfois la délicatesse morale, Térence avait devancé les écrivains de cette époque.
C’est que Victor Hugo : 1º a adoré le lieu commun moral et moralisant ; 2º est le plus optimiste de tous les écrivains optimistes, qui aient illustré la littérature optimiste. […] Il y a, à cet égard, trois classes d’écrivains. […] J’ai lu il y a une vingtaine d’années un assez joli éloge de la pluie, d’autant plus intéressant que l’écrivain avait montré par cet article qu’on pouvait aimer la pluie et par tous les autres qu’on pouvait la préférer. […] Pour une fois qu’il m’arrive d’approuver un écrivain disant du bien de lui, je n’y résiste point et suis de l’avis de l’auteur, peut-être plus — car je le sais sceptique sur lui-même — qu’il ne l’est au fond. […] À cet égard, il faudra lire avec attention d’abord un portrait de Michelet où Mme Quinet se montre, une fois de plus, excellent écrivain.
Walter Scott écrit de prime saut après avoir lu Childe Harold : « Poëme de grand mérite, mais qui ne donne pas une bonne opinion du cœur ni de la morale de l’écrivain. […] Comptez là-dessus, les autres sont des barbares… Vous pouvez appeler Shakspeare et Milton des pyramides, je préfère le temple de Thésée ou le Parthénon à des montagnes de briques brûlées1262. » Et aussitôt il écrit deux lettres avec une verve et un esprit incomparables pour défendre Pope contre les mépris des écrivains modernes. Ce sont ces écrivains, à son avis, qui ont gâté le goût public.
Les noms de ces écrivains ne doivent jamais être cités par un auteur, qui se respecte ! […] Jeune fille, je me pris de passion pour un écrivain infiniment fier et rare, Edmond de Goncourt. […] Il nous peint le côté amoureux de travestissement chez l’écrivain, dont la vie est un perpétuel carnaval, avec sa chambre bretonne, où il s’habille en Breton, avec sa chambre turque, où il s’habille en Turc, avec sa chambre japonaise, où il s’habille en Japonais.
On parle bien de la faculté qu’ont les grands écrivains d’évoquer d’une phrase tout un tableau ; il serait plus exact de dire qu’ils nous fournissent le titre du tableau à faire, un simple programme que nous devons remplir à nos frais. […] Ce sont des métaphores naturelles qui sont venues d’elles-mêmes sous la plume de l’écrivain, que nous comprenons sans trop de peine, et qui, par conséquent, reposent sur une réelle correspondance de sensations. […] L’aisance avec laquelle l’écrivain traduit les sons en équivalents colorés risquerait de nous tromper. […] Dès lors l’écrivain pourra se permettre toutes les audaces symboliques, nous verrons clair dans ses métaphores. […] L’écrivain qui a fait ses classes connaît sa langue ; il a dans l’esprit un riche répertoire d’expressions, et des figures de style d’un effet infaillible, des tournures, des mouvements de phrase, des cadres tout préparés.
Si le zèle religieux des écrivains espagnols ignore la charité, leur passion ignore la tendresse. […] Comment donc le dessinateur, qui ne peut que nous faire voir don Quichotte et Sancho, échapperait-il au défaut que n’a pu éviter l’écrivain, qui a cependant la ressource non seulement de nous les faire voir, mais de nous les faire entendre ? […] C’est qu’on est tenté de faire au dessinateur exactement le même reproche qu’on fait à l’écrivain, et de lui demander si c’est l’histoire du chevalier de la Manche qu’il illustre, ou un recueil de nouvelles amoureuses et romanesques. […] Évidemment il ne prend pas ses sentiments à une source banale, l’écrivain qui a pu confondre deux tels hommes dans un même respectueux amour ; il ne met pas ses jugements au pas de ceux du vulgaire, l’écrivain qui, dédaignant les objections frivoles qui naissent de la diversité des formes et de la diversité des doctrines, a su découvrir l’identité de nature, de désir, de tendance et de but qui assigne aux deux poètes la même place dans le monde des génies. […] Sans doute, disaient-ils, il y a dans ses œuvres quelques pensées profondes et quelques pages remarquables, mais comme il peut et comme il doit naturellement s’en rencontrer dans les œuvres d’un écrivain qui parle sans jamais s’arrêter et bavarde à bouche-que-veux-tu.
J’aurais donc la plus grande reconnaissance pour l’écrivain qui occuperait agréablement ma sensibilité et mes pensées, ne fût-ce qu’un jour ou deux. — Mon Dieu ! madame, reprit l’abbé après un moment de silence, si je pouvais… — Vous pourriez, interrompit la baronne. — Mais non, je ne pourrais pas, dit l’abbé ; mon style vous paraîtrait si fade au prix de celui de tous les écrivains du jour !
Là où nous avons vu hier Hamlet, nous voyons aujourd’hui Staberle 20, et là où demain doit nous ravir la Flûte enchantée, il faudra, après-demain, écouter les farces du plaisant à la mode. » IV Voici comment, en homme supérieur, il se jugeait lui-même : « Le style d’un écrivain est la contre-épreuve de son caractère ; si quelqu’un veut écrire clairement, il faut d’abord qu’il fasse clair dans son esprit, et si quelqu’un veut avoir un style grandiose, il faut d’abord qu’il ait une grande âme. » Goethe a parlé ensuite de ses adversaires, disant que cette race est immortelle. […] La comparaison entre les deux écrivains n’a donc, à cette époque, rien que de naturel. » 27.
. — « C’est vrai, pensais-je, un écrivain comme lui, un esprit d’une pareille élévation, une nature d’une étendue aussi infinie, comment deviendraient-ils populaires ? […] Et ce passage d’une existence qui nous est connue dans une autre dont nous ne savons absolument rien est quelque chose de si violent, que ceux qui restent ne peuvent s’empêcher de ressentir malgré eux le plus profond ébranlement. » XII Nous approchions de la révolution de 1830 ; les amis français de Goethe, les écrivains du Globe, allaient triompher.
Le Tourneur n’était, lui, ni un écrivain comme Diderot, ni un linguiste, ni un poète, mais il avait lu Shakespeare ; il le connaissait ; et il y avait en lui je ne sais quel instinct qui ne manquait ni de grandeur ni de force. […] Il est évident que l’écrivain qui a pour la famille une adoration si éloquente est plus sain et plus fort que beaucoup d’esprits de son temps.
Vico n’a point laissé d’école ; aucun philosophe italien n’a saisi son esprit dans tout le siècle dernier ; mais un assez grand nombre d’écrivains ont développé quelques-unes de ses idées. […] Chez tous les écrivains que nous venons d’énumérer, les idées de Vico sont plus ou moins modifiées par l’esprit français du dernier siècle.
On voit que Maynard prêterait un peu au ridicule et qu’il offrirait au besoin un type de l’écrivain atteint du mal de province et qui a la peur d’être devenu suranné avant l’âge.
Rousseau est certainement l’écrivain qui, en France, au xviiie siècle, a le premier senti et propagé avec passion cet amour de la campagne et de la nature que Cowper, de son côté, a si tendrement partagé : à cet égard, nous aurions peu à envier à nos voisins.
lui qui croit sentir mieux que Mirabeau ce que c’est que l’ambition et la grande, ce que c’est qu’être acteur tout de bon dans ce monde ; qui ne ferait pas fi de cette scène de la Cour s’il y était ; qui ne verrait dans ce Versailles même qu’un vaste champ ouvert à ses talents de toute sorte, y compris l’insinuation et le manège (l’honnête manège, comme il l’entend et dont il se pique avec un reste d’ingénuité), il éclate et tire le rideau de devant son cœur, par une admirable lettre, qui sera suivie de plusieurs autres pareilles ; de sorte que Mirabeau, arrivé en cela à ses fins, a raison de s’écrier : « Ne vous lassez pas de m’en écrire… Je vous aurai par morceaux, mon cher Vauvenargues, et quelque jour je vous montrerai tout entier à vous-même. » Ces lettres, en effet, qui sont mieux que des pages d’écrivain, manifestent l’âme même de l’homme, l’âme virile dans sa richesse première et à l’heure de son entrée en maturité.
Il ne se vit jamais écrivain plus étranger à Vaugelas et au bon usage.
Un écrivain moderne a dit de lui, d’un ton un peu plus leste et plus familier : « C’était le mieux loti et le mieux pourvu des princes.
Mais, au milieu de tout cela, son amitié pour le pauvre grand écrivain infirme et troublé veille de loin sans cesse et cherche à se produire par des effets.
Le triomphe si bien ménagé de M. de Harlay en cette circonstance achève de nous le montrer dans tout son beau, j’allais dire dans tout son plein ; et, après tant de témoignages déjà produits, je ne saurais mieux le définir encore qu’avec les excellentes paroles de d’Olivet, qui cette fois (chose unique dans sa vie de grammairien et d’écrivain correct) a eu un ou deux traits de pinceau : « Personne ne reçut de la nature un plus merveilleux talent pour l’éloquence.
Nous y verrons un à un tous les fils dont se compose la trame la plus solide de l’histoire, le dessous et l’envers de la tapisserie ; nous apprendrons à y connaître au naturel quelques figures de diplomates guerriers, d’hommes d’État, gens d’esprit ou même écrivains originaux, que les récits du dehors et le spectacle de l’avant-scène laissaient à peine soupçonner43.
Mais je ne puis, malgré tout, m’empêcher tristement de sourire quand je vois de jeunes écrivains venir aujourd’hui se faire forts de la vertu entière de la femme en Marie-Antoinette et y mettre comme la main au feu avec une confiance intrépide ; car tous ces chevaliers, dont Burke a parlé dans un éloquent passage, ces jaloux défenseurs qu’avait à son service la reine de France en ses beaux jours et qui lui ont manqué à l’heure du danger, elle les retrouve aujourd’hui un peu tard et après coup.
Ce serait de la part de M. le maréchal ministre de la guerre un bienfait non moins littéraire qu’historique que de vouloir bien l’y autoriser ; ce serait vraiment donner en la personne de Tessé un épistolaire de plus et un écrivain de qualité à notre littérature.
Coulmann, et l’on voit déjà qu’on n’a pas affaire en lui à un écrivain.
Un écrivain allemand, M.
Jomini put lire dans le Manuscrit de 1812 du baron Fain (t. 1er, p. 266) le passage qui le concernait45, et il y a répondu avec un accent de poignante amertume dans une note d’un de ses écrits46 : « Le Manuscrit de Fain, a-t-il dit, serait un vrai chef-d’œuvre s’il n’était pas entaché d’une partialité inconcevable, … si cet habile écrivain avait préféré le rôle d’historien à celui de panégyriste.
Nous regrettons qu’une contradiction aussi directe, et partie d’un écrivain qui s’appuie à des autorités imposantes, nous oblige à pousser plus avant encore et à développer quelques-uns de nos motifs ; car, quoi que le critique ait pu dire, nous n’avions aucun parti pris à l’avance contre un esprit aussi charmant que celui de Benjamin Constant.
Boileau, selon nous, est un esprit sensé et fin, poli et mordant, peu fécond ; d’une agréable brusquerie ; religieux observateur du vrai goût ; bon écrivain en vers ; d’une correction savante, d’un enjouement ingénieux ; l’oracle de la cour et des lettrés d’alors ; tel qu’il fallait pour plaire à la fois à Patru et à M. de Bussy, à M.
C’est un peintre de mœurs charmant, délicat, ingénieux ; c’est un maître écrivain, qui excelle à mettre en scène, comiquement, un travers, un préjugé : mais son observation a la portée du Français à Londres de Boissy, et du Cercle de Poinsinet.
Comme écrivain, là où elle ne songe pas à l’être, c’est-à-dire dans sa correspondance, sa plume est nette, ferme, excellente, sauf quelques mots tels que ceux de sensible et de vertueux, qui reviennent trop souvent, et qui attestent l’influence de Jean-Jacques.
Comme écrivain, c’est un des critiques les plus distingués, les plus fermes à la fois et les plus fins qu’ait produits la littérature française.
Un de ceux qui l’accompagnaient et qui fut de ses secrétaires, un des écrivains les plus estimables de ce temps, Alain Chartier, a exprimé énergiquement cet état de détresse, pendant lequel il n’y avait plus pour un homme de bien et d’étude un seul lieu de paix ni de refuge dans tout le pays, hors derrière les murailles de quelques cités ; car « des champs, on n’en pouvait entendre parler sans effroi », et toute la campagne semblait devenue comme une mer où il ne règne d’autre droit que celui du fait, et « où chacun n’a de seigneurie qu’à proportion qu’il a de force ».
Quant au style, quant à l’écrivain et à l’homme, M.
Il avait de bonne heure, et par une sorte d’instinct qui l’honore, choisi cet illustre écrivain pour son grand homme de prédilection et pour l’objet de son culte.
C’est ici seulement qu’il est inférieur comme écrivain à Bossuet, en ce qu’il a une manière, une préméditation constante.
a remarqué un des écrivains de l’école de Franklin24, une des passions que l’homme a le moins et qu’il est le plus difficile de développer en lui, c’est la passion de son bien-être. » Franklin fit tout pour l’inoculer à ses compatriotes, pour leur faire prendre goût à ces premiers arts utiles et pour améliorer la vie.
Dans une discussion très judicieuse et très honorable, il cherche à saisir le point où l’écrivain éloquent et outré fait fausse route, et où sa doctrine devient excessive ; il s’applique à réfuter et à rectifier l’idée.
Écrivain, il se recommande encore aujourd’hui par de véritables mérites : ses quatre volumes de Souvenirs sont d’une très agréable et instructive lecture ; ses tragédies, pour être appréciées, ont besoin de se revoir en idée et de se replacer à leur moment ; mais ses fables, ses apologues, plaisent et parlent toujours ; un matin, dans un instant d’émotion vraie et sous un rayon rapide, il a trouvé quelques-uns de ces vers légers, immortels, qui se sont mis à voler par le monde comme l’abeille d’Horace et qui ne mourront plus : c’est assez pour que, nous qui aimons à rechercher dans le passé tout ce qui a un cachet distinct et ce qui porte la marque d’une époque, nous revenions un instant sur lui et sur sa mémoire.
On sait combien il est difficile, même pour un tireur, de couvrir une balle, de suivre une seconde fois le chemin frayé une première ; c’est le même tour de force que doit exécuter sans cesse l’écrivain, devinant dans chaque cœur les blessures plus ou moins profondes faites par la vie même, les chemins par où a passé une première fois l’émotion et par où elle peut passer une seconde fois, visant dans le sens précis où la nature a tiré au hasard.
Couat est un écrivain, un très bon et très distingué écrivain. […] Elle sert, le plus souvent, à tirer de l’oubli plus ou moins profond un écrivain français, estimé de second ou de troisième ordre. […] Gustave Lanson nous a donné dans la Collection des grands écrivains français une étude sur Corneille qui est pleine d’idées, et d’idées vraiment nouvelles. […] Il paraît avoir été heureux surtout de trouver là l’occasion d’un trait mordant (et trop dur) contre Molière : « Je me sais quelque gré d’avoir réjoui le public sans qu’il m’en ait coûté une seule de ces sales équivoques et de ces malhonnêtes plaisanteries qui coûtent maintenant si peu à la plupart de nos écrivains. » On ne voit guère, du moins au théâtre, que Molière à qui cette violente épigramme pût s’appliquer.
Jamais sujet ne fut traité plus à propos ; la manie du bel esprit régnait en France ; les femmes, devenues les protectrices ou les rivales, et surtout les juges des écrivains, donnaient le ton aux nouveautés. […] Malgré tous ses défauts, la pièce, généralement bien écrite22, présentant toujours un caractère soutenu et gradué avec art, ne méritait pas sa chute, mais la gloire de Molière blessait déjà tant d’écrivains obscurs, qu’ils saisirent avec empressement l’occasion de le mortifier comme auteur et comme acteur. […] Devisé, maladroit comme tous les écrivains envieux, inséra dans ses Nouvelles nouvelles une critique de L’École des Femmes, et y prouva… à quel point la gloire d’autrui le tourmentait. […] nous aurons à te louer bien davantage, lorsque tu auras réduit au silence le Héros des ruelles, le dispensateur des petites réputations, l’ennemi de tous les écrivains illustres de son siècle, M. […] Il me paraît, jusque dans sa prose, ne parler point assez simplement pour exprimer toutes les passions… Je répondis à mon collègue, que le meilleur écrivain pouvait se laisser entraîner trop loin, lorsqu’il voulait en rabaisser un autre ; et je continuai.
Ce malheureux est écrivain de son métier. […] Richepin est d’abord un très grand rhétoricien, un surprenant écrivain en vers, tout nourri de la moelle des classiques, qui sait suivre et développer une idée, et qui sait écrire, quand il le veut, dans la langue de Villon, de Regnier et de Regnard, et dans d’autres langues encore. […] M.Jean Richepin est un de ces rares écrivains qu’on écoute et qu’on lit toujours avec un sentiment d’entière sécurité ; on est bien certain du moins qu’il ne péchera point contre la grammaire, ni contre la syntaxe, ni contre le génie de la langue ; et, au temps où nous vivons, cela est beaucoup, — même sans parler du reste. […] Aussi, remarquez-le, l’écrivain démagogue, si pur que soit son fanatisme, ne manquera jamais, soit de prêter quelques vertus aux femmes des ennemis du peuple, soit de glisser un traître parmi ses amis. […] Quel adolescent, principalement dans le monde des lettres, n’a été tourmenté de la passion de voir de près les grands écrivains et les grands artistes, de leur parler, d’exister pour eux une minute ?
Je vous confesse, disait-on au nom de la Faculté, que vos gazettes vous font reconnaître pour un Gazetier, c’est-à-dire un écrivain de narrations autant fausses que vraies.
Lorsqu’on lit les réflexions et fragments de cet autre généreux écrivain enlevé comme lui dès le début, de Vauvenargues, et qu’on en pénètre l’esprit, l’inspiration secrète, on voit certes un homme de pensée, mais on reconnaît encore plus un homme de caractère et d’action qui a manqué sa destinée et qui en souffre.
Pour moi, qui ne cherche que l’homme moral en lui et l’écrivain philosophe, je me bornerai à remarquer qu’il échoua dans cette carrière active.
L’éminent critique crut devoir défendre de tout point l’aperçu de Boileau et l’appuya par des raisons réfléchies : il voyait dans Villon un novateur, mais utile et salutaire, un de ces écrivains qui rompent en visière aux écoles artificielles, et qui parlent avec génie le français du peuple ; contrairement à l’opinion qui lui préférait l’élégant et poli Charles d’Orléans, il rattachait à l’écolier de Paris le progrès le plus sensible qu’eût fait la poésie française depuis le Roman de la rose.
Un jeune écrivain français, de ceux qui s’occupent d’études sérieuses, M. de Mouy, venait de publier sur ce même épisode un volume très consciencieux, très estimable, puisé en partie aux mêmes sources et arrivant à très peu près aux mêmes résultats.
Je n’ai pas présents tous les noms de la vraie Bohême, et il en est sorti, je le crois volontiers, plus d’un artiste et d’un écrivain qui a sa valeur.
Pour moi, et là où je suis plus à même d’en juger, c’est avant tout un esprit bien fait, net, délié, philosophique, au courant de toute science et de toute branche d’étude ; un écrivain facile, alerte, spirituel.
La Bruyère, qui ne prend de Théophraste que le nom et qui serre de si près les mœurs de son temps, est en cela déjà un écrivain du xviiie siècle.
Un écrivain érudit, qui a fort étudié ces âges poétiques intermédiaires, M.
Il y avait les grands auteurs d’alors, les écrivains qui cultivaient les parties nobles de l’art dramatique : M.
Ces époques, en elles-mêmes si ingrates et si obscures, sont devenues désormais comme un champ-clos brillant où non-seulement les érudits, mais des écrivains éloquents, arborent leurs couleurs et brisent des lances.
Le comte de Ségur Les écrivains polygraphes sont quelquefois difficiles à classer ; s’ils se sont répandus sur une infinité de genres et de sujets, sur l’histoire, la politique du jour, la poésie légère, les essais de critique et les jeux du théâtre, on cherche leur centre, un point de vue dominant d’où l’on puisse les saisir d’un coup d’œil et les embrasser.
Il avait beaucoup connu autrefois en Russie le maréchal de Münnich, dont elle était la petite-fille ; mais surtout il résumait en soi, comme écrivain, les qualités et les défauts, la forme de sentimentalité naturelle dont elle était alors idolâtre.
Cette page, écrite dans un de ces moments d’enthousiasme plus poétique qu’historique où l’on s’élève si haut dans l’espace qu’on cesse de voir les sinistres détails d’un événement pour n’en considérer que l’ensemble (et l’homme à faible vue n’a pas le droit de s’élever ainsi jusqu’à ce point où l’on ne distingue plus que les résultats dans un désintéressement soi-disant sublime, mais en réalité coupable, du crime ou de la vertu), cette page, dis-je, est une des deux grandes fautes involontaires que j’aie à me reprocher dans ma carrière d’écrivain.
Tout le monde envie Bossuet comme écrivain ; qui voudrait lui ressembler comme homme ?
Très exactement informé, religieusement attaché à la vérité et aux documents qui la montrent, bon écrivain dont le style a de la solidité et du relief, ce clerc errant, de vie assez libre, est intraitable sur les privilèges et la mission du clergé ; c’est un de ces enfants perdus, de ces polémistes que rien n’effraie, qui, de leur autorité privée, se font défenseurs et régents de l’Église, aussi prompts à en invectiver la corruption qu’à réclamer pour elle toute la puissance : l’Eglise, de tout temps, a eu de ces serviteurs zélés, brutaux, indociles, qui la gênent, la compromettent autant qu’ils la servent, et, somme toute, lui font payer cher leurs services.
L’écrivain était mort, l’œuvre restait.
Ce penseur n’est pas seulement un philosophe et un écrivain du plus grand mérite, mais il a acquis une connaissance approfondie des sciences exactes et des sciences physiques, et même il a fait preuve de précieuses facultés d’invention mathématique.