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2681. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Aux décors quotidiens, ils préférèrent la mythologie païenne et la théogonie des Védas, qu’avaient remises en faveur le prestigieux talent de Leconte de Lisle. […] Voici le temps des Apparus dans mes chemins et le talent du poète va subir une totale et logique métamorphose.

2682. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

. — Tous les hommes ne sont pas maîtres au même degré de leur parole intérieure : il y en a qui sont obligés, pour lire ou pour écrire, de parler tout haut ; d’autres se laissent vite distraire de leur méditation ; d’autres ne savent rien se dire par eux-mêmes ; il y en a, au contraire, qui, « doués d’une puissance de réflexion extraordinaire, passent des heures entières à se rendre compte de leurs idées », et chez qui cette éloquence silencieuse rivalise avec le talent de la parole extérieure : chez d’autres enfin, la parole intérieure est plus facile et plus abondante que la parole prononcée87. […] Voici la suite des idées : la meilleure manière de conserver le talent d’improviser est de l’exercer tous les jours devant plusieurs auditeurs ; mais il vaut mieux parler sans témoin que ne pas parler du tout ; « on peut aussi s’exercer à traiter des sujets dans toute leur étendue, même en silence, pourvu que l’on prononce intérieurement une sorte de discours » (silentio, dum tamen quasi dicat intra seipsum) ; ce genre d’exercice a l’avantage de pouvoir se faire en tout lieu et à tout moment quand nous n’avons pas d’autre occupation, et il est plus favorable que les deux autres à une composition soignée ; mais ceux-ci excitent davantage la verve oratoire. — Dans le livre XI, chapitre 2, autre allusion, plus timide encore : il vaut mieux apprendre par cœur en lisant ou en se répétant à voix basse (vox modica, et magis murmur) que silencieusement (tacite).

2683. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

— sur les moralités qui ressortent des tableaux de Greuze : « Cela est excellent, et pour le talent et pour les mœurs ; cela prêche la population88 !  […] Depuis Du Bellay et Ronsard jusqu’à Victor Hugo, depuis Le Brun, Testelin, Nocret et tous ces artistes qui dans les conférences de l’Académie des beaux-arts s’essayèrent, bien avant Diderot, à la critique artistique, jusqu’à Delacroix, Courbet et Fromentin ; depuis Gluck jusqu’à Berlioz et à Wagner, les poètes, les peintres, les musiciens, ont fait, comme on dit, « la théorie de leur propre talent » ; ce qui n’a point empêché les critiques de profession de se multiplier à l’infini. […] Tandis que les disciples des classiques font cas avant tout des recettes littéraires et artistiques, des ornements convenus, des procédés mécaniques dont l’abus réduit le génie à n’être qu’un degré supérieur du talent, les novateurs opposent au talent le génie naturel et préfèrent l’instinct à la pratique. […]   Avec une résolution sûre d’elle-même, avec un de ces partis pris auxquels la spontanéité géniale d’un Hugo ne peut jamais se résoudre irrévocablement, mais dont s’accommode le talent, si haut, si original, si parfait qu’il soit, M.  […] Flaubert l’a avoué dans sa correspondance, si curieuse par les révélations qu’elle nous donne sur un talent laborieux, si navrante par les découragements qu’elle accuse, si irritante aussi par les grossièretés de verbe et de pensée qui déconsidèrent aux yeux de bien des gens la maturité de Flaubert et la vieillesse de George Sand : « Peindre des bourgeois, dit l’auteur de Madame Bovary, me pue au nez étrangement193. » Chapitre II.

2684. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Je suis bien certain que tous les petits et les grands enfants qui vont au cinéma seraient reconnaissants à Pie X d’accorder jusqu’au bout son appui au talent cinématographique de M.  […] Mais le théâtre, le roman, l’histoire, la peinture, la sculpture, la musique (tout en somme sauf la poésie), vivent quotidiennement, normalement, sainement, de talents moyens, ou, simplement, de talents. […] Quand vint la guerre de 1914, le goût littéraire de la majorité du public réclamait pareillement un roman de la destinée, la chronique d’une escouade, ballottée pittoresquement, tristement, au hasard, et, le talent de M.  […] Il y laissa d’ailleurs tout talent, et le romancier finit enlisé dans le gribouillage illisible des Quatre Évangiles. […] Un livre qui implique un appel à la sensualité, pour peu qu’il révèle quelque talent, trouve des lecteurs par milliers.

2685. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Mais peut-on raisonnablement soutenir que lorsque l’imagination du peintre ou du sculpteur est émue, son talent fléchit ? […] Avec les procédés d’art dont nous disposons, pour reproduire avec une suffisante exactitude une figure humaine, un paysage, il faut beaucoup de talent. Mais on peut le remarquer : déjà ce talent devient de moins en moins rare. […] Chaque année, quand s’ouvrent nos Salons de peinture, écoutez nos critiques d’art ; tous commencent par se lamenter : nous sommes débordés, s’écrient-ils, la médiocrité nous envahit, tout le monde a du talent ! […] Le talent de l’expression, poussé à un degré extraordinaire, donnera l’impression du grand art, parce qu’il exige en effet une faculté d’invention surprenante.

2686. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Il refuse d’examiner les dessins de Dagmar, craignant d’y trouver du talent. […] Par une évolution un peu rapide et, je crois, insuffisamment préparée, Jœger, qui tout à l’heure semblait se vanter d’avoir su obéir quand il était au régiment, nous révèle un insurgé que nous n’attendions pas ; soit que l’affreuse misère des siens, qu’il avait peut-être oubliée, lui retourne subitement le cœur ; soit qu’il voie dans la révolte une heureuse occasion d’essayer son prestige et d’employer ses talents de beau parleur. […] L’aventure a été connue, et la réputation de Valentine compromise… Or, la voilà maintenant qui tombe amoureuse d’un jeune sculpteur pauvre, mais de grand talent, Pierre Cardevent… Pierre, de son côté, l’ayant rencontrée au vernissage, a reçu le coup de foudre. […] Un jeune peintre dit à peu près : « Quand je travaillais et quand j’essayais d’avoir du talent, personne ne faisait attention à moi..Alors je me suis mis à barbouiller des peintures sans nom, j’ai fondé le Salon des « à-partistes », et tout aussitôt j’ai été injurié, c’est-à-dire connu ». […] « Ô prestige du talent !

2687. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Cela est si vrai, et c’était tellement le mouvement et la pente d’alors de solliciter un tel poète, que, vers 1780 et dans les années qui suivent, nous trouvons trois talents occupés du même sujet et visant chacun à la gloire difficile d’un poëme sur la nature des choses.

2688. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Aussi les habitants des campagnes, qui dépendent de la ville et sont compris dans ses rôles, sont traités avec une rigueur dont il serait difficile de se former une idée… Le crédit des villes repousse sans cesse sur eux le fardeau dont elles cherchent à se soulager, et les citoyens les plus riches de la cité payent moins de taille que le colon le plus malheureux706. » C’est pourquoi « l’effroi de la taille dépeuple les campagnes, concentre dans les villes tous les talents et tous les capitaux707 ».

2689. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Recherché pour son double talent de musicien et de poète, il fréquentait familièrement la maison du baron de Dietrich, noble Alsacien du parti constitutionnel, ami de Lafayette et maire de Strasbourg.

2690. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

C’est une diplomatie qui réussit quelquefois aux grand Frédéric, aux Napoléon Ier, aux colosses d’ambition et de talent, mais qui ne va qu’à eux.

2691. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Tout y est de cette vie et tout y est de la vie future ; deux mondes entiers, le monde naturel et le monde surnaturel s’y déroulent par pages, notes, lettres, effusions secrètes, dans ce style qui n’est pas du talent, mais qui est la nature !

2692. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

« Oui, il mourut après tous les autres, mon cher et unique frère André, lui qui m’aimait plus que lui-même, et qui m’en avait prodigué de si nombreuses et de si incontestables preuves ; lui, un miroir de toutes les vertus ; lui, religieux, humble, modeste, désintéressé, bienfaisant, courtois et aimable ; lui, plein de talents, de savoir, et dont l’esprit était cultivé plus qu’aucun autre ; lui, tout mon soutien, toute ma consolation et mon bonheur ; lui, enfin, dont je ne pourrai jamais faire assez l’éloge pour égaler les mérites.

2693. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Sa beauté et ses talents poétiques y brillèrent du plus doux éclat.

2694. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Goethe, néanmoins, aurait grand tort de dédaigner l’admirable talent qui se manifeste dans Werther.

2695. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Ainsi, la Renaissance toute seule forma l’esprit et le talent d’Amyot.

2696. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Son talent seul, qui était médiocre, sa pensée qui était celle d’un enfant — sa correspondance le prouve bien — n’eussent point suffi à l’imposer, mais la foule, comme cela a lieu dans ces tristes temps de démocratie, donna son opinion la première et y soumit les artistes.

2697. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

On verrait, par exemple, comment les théories microbiennes d’un Pasteur, ses recherches sur les infiniment petits des corps ont pour pendant les fines études des romanciers analystes, les subtiles anatomies morales d’un Bourget coupant, comme on l’a dit, un cheveu en quatre, ses tentatives pour pousser ses délicates dissections jusqu’au plus menu détail, son talent à saisir et à rendre visibles les infiniment petits du cœur humain ; on verrait comment cette prédominance de l’esprit d’analyse se marque, dans l’érudition du temps, par des discussions acharnées sur un point ou une virgule, par une foule de travaux minutieux dont les auteurs fouillent à la loupe avec une patience infatigable quelque coin exigu du passé.

2698. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Mais si les aptitudes des parents sont différentes, si le père a du talent pour la musique, et que la mère n’en ait pas, et si deux enfants naissent de ce mariage, il se peut que l’un soit musicien comme son père, l’autre insensible comme sa mère, ou que tous deux soient musiciens, ou qu’aucun ne le soit.

2699. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Le talent de M. 

2700. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

Dans les premières sociétés d’hyménoptères, toutes les femelles devaient être à la fois pondeuses, nourrices et ouvrières ; les reines ont construit jadis des cellules comme les autres, et elles renferment en germe tous les talents qu’elles transmettent à leurs larves157.

2701. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

la croyance ingénue à l’amélioration morale des populations, et la croyance au talent des économistes.

2702. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Elles montrent que l’organisation intellectuelle de ce poète n’est pas absolument dénuée des propriétés qui constituent le talent d’artistes d’une autre école.

2703. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Au reste, on a discuté ce beau morceau, avec la dernière rigueur, dans la dernière édition de Despréaux, à cause de l’excellence de l’auteur ; mais les critiques qu’on en a faites, toutes bonnes qu’elles puissent être, ne tournent qu’à la gloire des talents admirables d’un illustre écrivain, qui, dès l’instant qu’il commença de donner ses tragédies au public, fit voir que Corneille, le grand Corneille, n’était plus le seul poète tragique en France.

2704. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Les bohémiens, les voici, et ceci est fort intéressant au point de vue du talent pittoresque de La Fontaine.

2705. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

On commence à connaître assez les peuples de race jaune, Chinois, Japonais, Tartares, pour se faire une idée des aptitudes et des incapacités naturelles de cette race, de son goût et son talent pour les sciences pratiques et les arts mécaniques, de son éloignement pour les sciences transcendantes et pour la métaphysique, de sa rare finesse, de son étonnante subtilité d’esprit, non-seulement dans les choses de négoce, mois encore dans les plus difficiles exercices d’attention et de raisonnement.

2706. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Il croit pareillement que tout critique qui « attaque le talent » d’une comédienne n’a d’autre pensée que de la contraindre, par cette sorte de chantage, à devenir sa maîtresse. Ce qui ne l’empêche pas d’ajouter, un instant après : « Mon talent appartient à la critique… Elle le foule sous ses pieds, elle le déchire avec ses griffes, elle le mord avec ses dents… C’est son droit, et elle en use. » Il est délicieux. […] Combiner de longues séries de petits faits susceptibles de deux interprétations, l’une tragique et funeste, l’autre comique et inoffensive, et faire triompher, au bon moment, l’interprétation qui venge ou délivre les personnages auxquels nous nous intéressons, c’est là le talent propre de M.  […] ), qu’elle évitât de prononcer certains mots devant elle, qu’elle lui conseillât les utiles manœuvres qui peuvent la débarrasser, comme on conseillerait un remède pour un rhume ou pour une foulure, et qu’elle la poussât à toutes les abominations le plus décemment du monde… Mais Mme Lepape est pareille, d’un bout à l’autre de la pièce, à une furie déchaînée et à une matrone coutumière de la cour d’assises… Il se fait temps, j’imagine, de reconnaître qu’avec tout cela il y a du talent dans cette brutale comédie. […] Alors Lazzaro :                               Femme au rire moqueur, Je n’ai pas son talent, mais il n’a pas mon cœur.

2707. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Émile Deschanel : « … Il finira malheureusement par se faire improvisateur dans la seconde moitié de sa vie d’écrivain ; mais son talent n’a pas été du tout improvisé. […] Vous savez le jugement de Musset sur Jocelyn (dans la première version de Il ne faut jurer de rien) : « Il y a du génie, du talent et de la facilité ». […] Ce ravissement, d’ailleurs, nous ne saurions le traduire (à supposer que nous en eussions le talent) qu’en le faisant cesser par la même.

2708. (1929) Amiel ou la part du rêve

Sa distinction naturelle, l’élégance de sa personne et de ses manières, sa politesse exquise, son empressement respectueux pour les femmes âgées, sa réserve avec les jeunes, son amabilité avec toutes, l’enjouement de sa conversation, son talent de lecteur déjà remarquable, son habileté à rompre les silences généraux qui s’établissent parfois dans les réunions comme si quelque maligne fée avait enchaîné la langue de chacun, son ingéniosité à imaginer ces petits jeux qui remplissent les vides de la conversation, tant d’agréments joints à tant de qualités sérieuses, qui ouvrirent tous les salons. […] Il portait dans son enseignement un talent de classification et non de création, un don de disposition des matières, non l’élan primesautier qui engendre une force. […] Quant à Cherbuliez, la forme française de son talent lui dictait sa vocation et sa place.

2709. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Il était déjà charmé de sa conversation ; mais il voulut le juger sur ses œuvres, et lui ayant remis des couleurs, du papier, des pinceaux, il l’invita à revenir bientôt avec un échantillon de son talent. […] » Ces éloges, qui faisaient entendre d’avance à M. de Saint-Pierre le jugement de la postérité, le pénétrèrent de joie, et lui rendirent cette confiance qu’un excès de modestie fait perdre quelquefois au talent, et qu’une conscience secrète lui rend toujours presque malgré lui.

2710. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

L’antiquité est mieux étudiée de nos jours en France, au sein des écoles, qu’elle ne l’était et vers la fin du xviiie  siècle et à aucun moment depuis ; le nombre fet grand des jeunes esprits qui à un talent suffisant d’écrire unissent beaucoup de savoir et d’érudition ; les thèses seules soutenues à la Faculté des lettres eraient foi de ce progrès continu, et attesteraient à les deugré le niveau monte.

2711. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Le gros du monde, même des gens d’esprit, est dupe des genres : il admire à outrance, dans un genre noble et d’avance autorisé, des qualités d’art et de talent infiniment moindres que celles qu’il laissera passer inaperçues dans de moyens genres non titrés.

2712. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Le tact, la convenance qu’on retrouve sous sa plume, n’est pas toujours pour le talent une compensation suffisante.

2713. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

La preuve en est que, si cette double condition manque, l’homme ne peut plus acquérir le langage ni les talents distinctifs dont on a parlé.

2714. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Ces peintures de La Fontaine, si courtes, valent les plus grands tableaux ; car tout le talent de l’artiste consiste à saisir le trait exact, qui montre dans un objet le caractère intime.

2715. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Il se faisait un devoir de soutenir le vrai talent.

2716. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Il veut fuir l’ingrate Ausonie ; Des talents il maudit le don, Quand touché des pleurs du génie, Devant le chantre d’Herminie Paraît le chantre de Didon : « Eh quoi !

2717. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Je sais que, parmi les poètes connus sous le nom de décadents, il y en a qui se laissent lire et qui ont du talent Mais ceux-là ne sont, en somme, que des disciples plus ou moins habiles de Baudelaire, et j’ai pensé qu’il n’était point utile de parler d’eux.

2718. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Enfin, ayant déjà mis sur le théâtre plusieurs ouvrages où le langage et les actions étaient aussi libres que dans la société dont le théâtre est l’image, il avait pu se croire personnellement intéressé à faire tomber des usages nouveaux qui étaient sa condamnation, et pouvaient ruiner son théâtre et la considération acquise par son talent.

2719. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Après avoir vu un chacun, porteur du pamphlet, et apercevant, au moment du départ pour la chasse, un officier de vénerie, en montant à cheval, fourrer dans la poche de son habit la brochurette, Flaubert, un peu agacé, demanda à Feuillet : « Est-ce que vraiment vous trouvez du talent à Rochefort ? 

2720. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

On rattache à l’idée dominante les idées subordonnées, aux idées subordonnées les mots dominateurs et représentatifs, à ces mots enfin les mots intermédiaires qui les relient comme en une chaîne. « Le talent du mnémoniste consiste à saisir dans un morceau de prose ces idées saillantes, ces courtes phrases, ces simples mots qui entraînent avec eux des pages entières 68. » Ainsi s’exprime un traité.

2721. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Le talent de M.  […] Ce qu’il faut à un Sainte-Beuve, ce sont des talents à mi-côte, comme il disait. […] Son agréable talent mérite beaucoup moins. […] Il y faut du talent, de la vocation, il les a et y ajoute par un effort continuel. […] Hermant sur Platon : ne forçons point notre talent.

2722. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Le fils de Sigelint était là, digne d’amour, comme s’il eût été peint sur le parchemin par le talent d’un bon maître. […] La belle reine appela hors de leurs appartements trente jeunes filles parmi ses suivantes qui avaient un talent merveilleux pour de semblables ouvrages.

2723. (1940) Quatre études pp. -154

Les poètes animés de l’esprit nouveau devaient chanter l’Allemagne, comme avait fait, dès 1841, Hoffmann von Fallersleben : Deutschland, Deutschland über alles, Über alles in der Welt… Georg Herwegh, ami du peuple, ennemi des rois, reprochait à Freiligrath d’employer son talent à imiter Byron, romantique démodé ; à imiter Victor Hugo et son orientalisme de pacotille. […] Il estime qu’il y a quelque analogie entre le talent de Coleridge et celui de Bürger : encore le poète anglais lui semble-t-il le plus allemand des deux. […] Soit qu’on cite avec orgueil ses illustres sectateurs, Chapelle, Molière, Bernier, l’abbé de Chaulieu, M. le grand prieur de Vendôme, le marquis de la Fare, le Chevalier de Bouillon, le maréchal de Catinat, et plusieurs autres hommes extraordinaires, qui, par un contraste de qualités agréables et sublimes, réunissaient en eux l’héroïsme avec la mollesse, le goût de la vertu avec celui du plaisir, les qualités politiques avec les talents littéraires ; soit qu’on rappelle, après eux, l’école de Sceaux, qui rassembla ce qui restait de ces sectateurs du luxe, de l’élégance, de la politesse, de la philosophie, des vertus, des lettres, et de la volupté, et qui compta parmi ses membres Hamilton, Saint-Aulaire, l’abbé Genest, Malésieu, La Motte, M. de Fontenelle, M. de Voltaire, plusieurs académiciens et quelques femmes illustres45 ; soit qu’au contraire, on juge bon de mettre en garde les chrétiens contre une doctrine soi-disant puisée dans les vraies sources de la nature, contre un philosophe qui a mis le souverain bien dans les sens et dans la volupté : toujours on pense à cette influence prolongée46 ; toujours on constate l’action de la « secte épicurienne », qui prépare la vie à la passion, par le plaisir et par la liberté.

2724. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Coleridge soit un jeune auteur de grand talent, et très cultivé, on ne saurait en douter, et véritablement, en dépit de l’erreur que nous avons signalée, Démétrius reste un des romans les plus attrayants, les plus agréables, qui aient paru cette saison. […] Mais si l’on préfère le point de vue historique, — et en somme c’est le seul où nous devions nous placer pour apprécier avec justice une œuvre qui n’est pas absolument de premier ordre, — nous ne pouvons éviter de remarquer que bon nombre des poétesses anglaises, qui ont précédé Mistress Browning, furent des femmes d’un talent peu ordinaire, et que si la plupart d’entre elles regardèrent la poésie comme un simple compartiment des belles-lettres, il en fut de même pour leurs contemporains dans le plus grand nombre des cas. […] Sladen qu’à son talent de critique et de poète. […] Stephen Phillips, qui a récemment joué le rôle du Fantôme dans Hamlet au Théâtre du Globe, avec une dignité et un talent de diction si admirables ; et M. 

2725. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Les verves de ce merveilleux talent, on le sait, de quelque côté qu’elles se portent, ne sont ni rapides ni éloquentes à demi.

2726. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Cousin, doctrine spécieuse, œuvre d’éloquence et de talent, mais en grande partie artificielle, abstraite, étrangère à toute recherche scientifique exacte.

2727. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

D’autant plus qu’on lui a prouvé que toute barrière est nuisible, inventée par des pâtres rusés et malfaisants pour mieux traire et tondre le troupeau. « L’état de société est un état de guerre du souverain contre tous, et de chacun des membres contre les autres407… Nous ne voyons sur la face du globe que des souverains injustes, incapables, amollis par le luxe, corrompus par la flatterie, dépravés par la licence et l’impunité, dépourvus de talents, de mœurs et de vertus… L’homme est méchant, non parce qu’il est méchant, mais parce qu’on la rendu tel. » — « Voulez-vous408 savoir l’histoire abrégée de presque toute notre misère ?

2728. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Rousseau, dans son Contrat social et dans ses Plans de constitution pour la Pologne ; L’abbé de Saint-Pierre, dans sa Paix universelle ; Robespierre et Saint-Just, dans leur système d’égalité et de nivellement démocratique à tout prix, qui auraient décapité la société jusqu’à la dernière unité vivante, pour que l’un ne dépassât pas l’autre d’une faculté, d’une obole ou d’un cheveu ; Babeuf, dans sa communauté des biens ; Saint-Simon, de nos jours, dans sa proportion algébrique entre les aptitudes et les fonctions ; Fourrier, dans son cauchemar d’industrie, réduisant toute la société physique et morale à une association en commandite dont Dieu est le commanditaire, et promettant à l’homme jusqu’à des organes naturels de plus, pour jouir de félicites plus matérielles ; Cabet, dans son Icarie indéfinissable, chaos d’une tête vague, qui ne savait pas même rêver beau ; Tel autre, dans son égalité des salaires, charité idéale inspirée de l’Évangile sans doute, mais qui deviendrait la souveraine injustice envers le travail et le talent, et la prime réservée à l’oisiveté et aux vices, système des frelons qui pillent la ruche ; Tel autre, enfin, dans ses sentences de philosophie suicide, expropriant la famille, cette unité triple, qui enfante, nourrit, moralise et perpétue seule l’humanité, pour assouvir l’individu qui la tue : maximes folles, mais comminatoires, qui firent écrouler d’effroi toute démocratie progressive devant la démagogie des idées ; sophiste néfaste, mille fois plus funeste à la République que tous les poètes chassés de la République par Platon : Voilà ce qu’on entend par utopiste : ce sont les sophistes de la politique.

2729. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Le jeune duc d’Urbin avait indignement congédié sa femme Lucrézia, qu’il trouvait trop âgée pour lui, malgré ses talents et ses charmes.

2730. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Si elle est jugée par ses charmes, par ses talents, par les séductions magiques qu’elle exerça jusqu’à sa mort sur tous les hommes qui l’approchèrent, c’est la Sapho du seizième siècle.

2731. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Le parti se résolut alors à en appeler au sens commun, à l’équité naturelle du public, et Arnauld, ne se sentant pas le talent qu’il fallait pour cette entreprise, engagea Pascal à la tenter : du 23 janvier 1656 au 24 mars 1657, dix-huit lettres parurent, anonymes, imprimées clandestinement, bravant toutes les fureurs de l’ennemi qu’elles écrasaient.

2732. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Il n’y a pas bien longtemps, des auteurs de talents divers et d’une estimable conscience littéraire, trouvèrent, à nous les vanter, la réputation ou la célébrité.

2733. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Camille Benoît, livre très actuel, de haute compétence et de rare talent.

2734. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

il leur importe peu de me faire honneur du talent que cette Version suppose (car on la dit très-exacte), pourvu qu'elles réussissent à me nuire auprès des personnes dont l'estime m'est précieuse.

2735. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Nous avons été sévère, car vis-à-vis d’un homme du talent de M. 

2736. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

La défiance peut avoir, de temps en temps, des avantages dans le commerce de la vie ; elle a parfois du talent, mais elle en a trop ; en allant au but, souvent elle le dépasse. […] Il se voua à la carrière du barreau, et bientôt ses talents firent sensation, même à la cour. […] Le talent de tenir ses vices bien alignés, de sorte qu’aucun ne dépasse l’autre et que le rang ne soit pas rompu. […] Mais ce qui échappe souvent l’œil du simple observateur est précisément ce qui se révèle au talent du poète. […] En revanche, La Bruyère possède ce que nous avons vainement cherché auprès de La Rochefoucauld, le talent de saisir le côté dramatique des caractères.

2737. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

C’est la réunion de ces deux talents qui le met au-dessus de tous ceux qui ont osé marcher sur ses traces dans la carrière qu’il s’était ouverte. […] Ainsi, ceux qui ont appelé le chant le plus fabuleux de tous les langages, et qui se sont moqués d’un spectacle où les héros meurent en chantant, n’ont pas eu autant de raison qu’on le croirait d’abord ; mais comme ils n’aperçoivent, dans la musique, que tout au plus un bruit harmonieux et agréable, une suite d’accords et de cadences, ils doivent le regarder comme une langue qui leur est étrangère : ce n’est point à eux d’apprécier le talent du compositeur, il faut une oreille attique pour juger de l’éloquence de Démosthène.

2738. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Peut-être ici la mort enchaîne en son empire De rustiques Newtons de la terre ignorés, D’illustres inconnus dont les talents sacrés Eussent charmé les dieux sur le luth qui respire... […] Il avait un très réel talent de logicien et, quoique partant de principes absurdes, quoique enlisé, comme ses adversaires, dans les plus tristes marécages de la théologie, jamais il ne dit vraiment de bêtises. […] Guillaume, bien supérieur à son frère en intelligence et en talent, se laissa rarement attendrir. […] Hugues Rebell, un écrivain de grand talent, mort récemment, ne pouvait travailler chez lui ; il louait une chambre dans un hôtel et n’en sortait que son livre achevé.

2739. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Le parlement fut convoqué ; ce parlement, composé en majorité d’hommes de sens et de talent, montra dans ses délibérations combien le royaume de Naples était à la hauteur des institutions libres ; des orateurs aussi éclairés qu’éloquents, tels que le comte Ricciardi dei Camaldoli, le baron Poerio et ses émules, égalèrent les Cazalès et les Mirabeau de notre Assemblée constituante.

2740. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Le talent de Quinault est plus comique que tragique.

2741. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Lorsque tout le monde sera assis, les acteurs entreront, chanteront certains airs : la principale danseuse soulèvera le rideau et se montrera ; puis, après avoir semé des fleurs dans l’assemblée, elle déploiera son talent et les grâces de son art. » XI Ces représentations étaient rares, car les deux plus grands poètes dramatiques de l’Inde, Kalidasa et Bavahbouti, n’ont composé chacun que trois drames.

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