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2362. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Dans Mademoiselle Jaufre, dont on se rappelle le succès dans le Figaro, dans Cousine Laura, Chonchette, le Scorpion, on avait déjà pu constater de grandes qualités de vie, de charme et de style, mais elles étaient, pour ainsi dire, éparses, et on les trouve aujourd’hui réunies dans la Confession d’un amant, un des livres les plus impressionnants que l’école des analystes nous ait donnés. […] Robert de Bonnières, Dans ce petit volume pur de sentiment, clair de style, si bien châtié dans toutes ses parties, la note dominante est évidemment l’amour et la recherché de la perfection ; l’auteur — qui comme tout poète est un rêveur — a voulu, chose rare aujourd’hui, raconter ses rêves d’une façon intelligible en langue française, choisissant le mot qui, rendant exactement la pensée, eût toujours l’harmonieuse sonorité qu’il voulait à son vers ; M. de Bonnières ne regarde pas au temps quand il écrit ces petits poèmes auxquels il donne volontairement l’aspect de bluettes, et c’est une raison pour que le temps lui en tienne compte. […] Suivent des pièces d’un style plus familier ; ce sont deux anciens amants, sorte de Philémon et Baucis qui, à leur automne, veulent revoir un ruisseau qui les a reflétés à leur printemps ; Philémon souriant à Baucis qui y constate ses cheveux blancs, lui dit pour la consoler : Ce sont des fils d’argent tombés de sa quenouille, Que la vierge a laissés tantôt sur tes cheveux. […] Le lundi matin, mon portier m’a réveillé avec une dépêche m’annonçant cela en style de télégraphe. […] Quant à son style, quant à sa façon d’entendre le théâtre, c’est à qui les trouvera démodés aujourd’hui.

2363. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Voyons un peu : Le goût et la connaissance du Théâtre-Français d’abord ; — il l’aimait, le suivait, il était même sur le point de s’essayer à l’Odéon par une bluette dans le genre d’Andrieux, une petite comédie anecdotique (Racine ou la troisième représentation des Plaideurs, 1826) ; La connaissance exacte et précise de la littérature classique moderne qu’il allait combattre dans ses derniers sectateurs, et dont il eût pu continuer presque indifféremment d’accepter les traditions, sauf de légères variantes, sous un régime plus régulier et mieux établi ; Un tour d’esprit et de style judicieux et ferme, une disposition à s’assimiler toutes les idées nouvelles en matière littéraire, et une habileté à les rendre avec autant de vivacité que si de tout temps elles avaient été siennes.

2364. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Ici l’on a peu à regretter qu’André n’ait pas mené plus loin ses projets ; il n’aurait en rien échappé, malgré toute sa nouveauté de style, au lieu commun d’alentour, et il aurait reproduit, sans trop de variante, le fond de d’Holbach ou de l’Essai sur les Préjugés : « Tout accident naturel dont la cause était inconnue, un ouragan, une inondation, une éruption de volcan, étaient regardés comme une vengeance céleste… « L’homme égaré de la voie, effrayé de quelques phénomènes terribles, se jeta dans toutes les superstitions, le feu, les démons… Ainsi le voyageur, dans les terreurs de la nuit, regarde et voit dans les nuages des centaures, des lions, des dragons, et mille autres formes fantastiques.

2365. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Pour exprimer toute notre pensée, ces vers de Farcy nous semblent une haute preuve de talent, comme étant le produit d’une puissante et riche faculté très-fatiguée, et en quelque sorte épuisée avant la production : on y trouve peu d’éclat et de fraîcheur ; son harmonie ne s’exhale pas, son style ne rayonne pas ; mais le sentiment qui l’inspire est profond, continu, élevé ; la faculté philosophique s’y manifeste avec largeur et mouvement.

2366. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Mais on en extraira à foison des pages aussi achevées de pensée et de style que des pages de Virgile dans ses Églogues.

2367. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Les indigènes l’appellent, en style oriental, maï das saübas, mère des fourmis.

2368. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

J’ai vu régner Dorat et Parny préféré à Tibulle, et puis je les ai vu reléguer sans souvenir au nombre des poëtes à fantaisies, jouets d’un peuple sans mémoire ; j’ai vu couronner Chateaubriand vêtu de la pourpre de son style : j’ai vu mourir Béranger dans sa gloire aux sons de ses grelots bachiques et politiques ; j’ai vu, et pour peu que je vive, j’en verrai bien d’autres encore : ne nous faisons pas nos dieux éternels, car ce sont les dieux du temps qui souvent n’a pas de lendemain ; jouissons de tout ce qui nous charme dans les différents chefs-d’œuvre dont nos contemporains nous charment ; mais ne répondons ni d’eux ni de nous devant la postérité.

2369. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Plank et Scheidemantel notamment étaient devenus excellents, le premier dans les rôles de Kurwenal et de Klingsor, le second dans celui d’Amfortas ; tous deux ont chanté avec une exactitude et une sûreté de style admirables, donnant la note expressive sans exagération et avec une absolue fidélité.

2370. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Dans l’intervalle, Bruxelles voyait se fonder une institution destinée à modifier insensiblement le goût du public et à le porter de préférence vers un ordre de compositions musicales de style élevé.

2371. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Elles étaient vraiment frappantes : les conclusions qu’il en tira furent annoncées dans ce style systématique, tranchant, absolu, qui caractérise les écrivains français » ; de là, leur popularité européenne, malgré les réserves de Müller et de Cuvier.

2372. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Son style est d’une beauté poétiquement féminine, à la fois large et précise.

2373. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

On y parle en style de papier timbré, on y dresse des actes de vente et des contrats de mariage, à dérouter un vieux praticien.

2374. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Jamais son esprit n’a été plus vif, sa plaisanterie plus mordante : jamais il n’a mieux parlé ce dialecte de la vie parisienne auquel il sait donner la valeur du style.

2375. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Cette république conservera une paix constante, et se soutiendra sans armée… Ils affectent tous une sainte horreur pour la guerre… S’ils haïssent les armées et les généraux qui se rendent célèbres, cela ne les empêche pas de se battre à coups de plume, et de se dire souvent des grossièretés dignes des halles ; et, s’ils avaient des troupes, ils les feraient marcher les unes contre les autres… En leur style, ces beaux propos s’appellent des libertés philosophiques ; il faut penser tout haut, toute vérité est bonne à dire ; et comme, selon leur sens, ils sont seuls les dépositaires des vérités, ils croient pouvoir débiter toutes les extravagances qui leur viennent dans l’esprit, sûrs d’être applaudis.

2376. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Conséquemment, ces symboles durent être des métaphores, des images, des similitudes ou comparaisons qui, ayant passé depuis dans la langue articulée, font toute la richesse du style poétique.

2377. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Ampère n’était pas assez artiste pour prendre dès l’abord un parti franc et décisif dans la réforme poétique qui se tentait d’un certain côté : son bon sens hésitait devant quelques excès apparents ; la tradition et la nouveauté se livraient bataille en lui ; il était trop sage et trop avisé pour se faire par système un style, et il n’était pas de ces natures souveraines qui en trouvent un naturellement. […] Le style aussi l’aurait démangé sans cesse ; pour être artiste, il faut être un peu ouvrier : cela consume des heures, et l’expression après laquelle on a couru vainement vous poursuit ensuite jusque dans le monde ou vient couper vos méditations solitaires.

2378. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

. —  Je vous abandonne leur style. —  Alors que gardez-vous ? […] Notre affaire est de tempérer, de corriger, de compléter les deux esprits l’un par l’autre, de les fondre en un seul, de les exprimer dans un style que tout le monde entende, et d’en faire ainsi l’esprit universel.

2379. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

L’homme de lettres Bernardin de Saint-Pierre I Il y a eu avant la Révolution, en France, une classe d’hommes à part, dont le principal métier était le style, dont la seule ambition était la gloire, regardant tout le reste comme indigne d’eux. […] Ce style était évangélique aussi ; le pauvre comme le riche, le vieillard comme l’enfant avait entendu ce langage.

2380. (1904) Zangwill pp. 7-90

Avons-nous à étudier, nous proposons-nous d’étudier La Fontaine ; au lieu de commencer par la première fable venue, nous commencerons par l’esprit gaulois ; le ciel ; le sol ; le climat ; les aliments ; la race ; la littérature primitive ; puis l’homme ; ses mœurs ; ses goûts ; sa dépendance ; son indépendance ; sa bonté ; ses enfances ; son génie ; puis l’écrivain ; ses tâtonnements classiques ; ses escapades gauloises ; son épopée ; sa morale ; puis l’écrivain, suite ; opposition en France de la culture et de la nature ; conciliation en La Fontaine de la culture et de la nature ; comment la faculté poétique sert d’intermédiaire ; tout cela pour faire la première partie, l’artiste ; pour faire la deuxième partie, les personnages, que nous ne confondons point avec la première, d’abord les hommes ; la société française au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; le roi ; la cour ; la noblesse ; le clergé ; la bourgeoisie ; l’artisan ; le paysan ; des caractères poétiques ; puis les bêtes ; le sentiment de la nature au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; du procédé poétique ; puis les dieux ; le sentiment religieux au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; de la faculté poétique ; enfin troisième partie, l’art, qui ne se confond ni avec les deux premières ensemble, ni avec chacune des deux premières séparément ; l’action ; les détails ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope et Phèdre ; le système ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope, Rabelais, Pilpay, Cassandre ; l’expression ; du style pittoresque ; les mots propres ; les mots familiers ; les mots risqués ; les mots négligés ; le mètre cassé ; le mètre varié ; le mètre imitatif ; du style lié ; l’unité logique ; l’unité grammaticale ; l’unité musicale ; enfin théorie de la fable poétique ; nature de la poésie ; opposition de la fable philosophique à la fable poétique ; opposition de la fable primitive à la fable poétique ; c’est tout ; je me demande avec effroi où résidera dans tout cela la fable elle-même ; où se cachera, dans tout ce magnifique palais géométrique, la petite fable, où je la trouverai, la fable de La Fontaine ; elle n’y trouvera point asile, car l’auteur, dans tout cet appareil, n’y reconnaîtrait pas ses enfants.

2381. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

La couleur du style est aussi absente dans cette histoire que dans les romans de Le Sage. […] Cet homme, qui bavardait ses livres bien plus qu’il ne les écrivait, cet esprit exubérant, qui lâchait toujours tout, en style de ballon, — et, au fait, ses livres gonflés et tendus étaient des ballons, crevés à présent presque tous, — ne se lisait pas lui-même.

2382. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

. — Je vous abandonne leur style. […] Notre affaire est de tempérer, de corriger, de compléter les deux esprits l’un par l’autre, de les fondre en un seul, de les exprimer dans un style que tout le monde entende, et d’en faire ainsi l’esprit universel.

2383. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

C’était une sorte de corbeille en bois, posée sur quatre roues, et garnie de petits balustres, dans le style de mon berceau, que le père avait peut-être fait aussi, seulement au lieu d’être jaune acajou, elle était verte, et je la trouvai ravissante. […] On avait réuni là les meilleurs restes de l’ancienne aisance : de gros meubles de style Empire, tous de l’acajou le plus foncé, des rideaux de lampas, d’un rouge presque noir, des coussins à bandes de tapisserie, la précieuse garniture de cheminée, lapis et or, et toutes les épaves où s’attachaient des souvenirs. […] La teneur et le style de ces beaux discours m’échappent tout à fait, mais j’ai le souvenir très net des effets qu’ils produisaient. […] Mais, quelque chose me désolait, moi, outre la vaine dépense d’un style, sans doute admirable, c’était le contraste de l’écriture déplorable, dont je disposais alors, ponctuée de pâtés et d’éclaboussures, avec la fraîcheur tendre du papier.

2384. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Elle me convainquit qu’on peut tout dire dans le style simple et correct des bons auteurs et que les expressions nouvelles, les images violentes viennent toujours ou d’une prétention déplacée, ou de l’ignorance de nos richesses réelles. » N’est-ce pas là une pièce importante au dossier de la défense de notre belle langue française ? […] La fin du premier tiers de ce siècle m’ayant fait son contemporain, à quelques jours près, il m’a été facile de vérifier par mes souvenirs la fidélité des siens, et c’est chose extraordinaire que la fantaisie de son style, son incroyable esprit des mots n’aient jamais en rien altéré la vérité des faits. […] Henri Havard, sous l’impression de toutes les étrangetés produites par ceux croient qu’on peut devenir un artiste original par un effet de la volonté, et inventer un style, répond que la transformation d’un objet mobilier ne dépend pas de l’imagination du créateur de cet objet, mais doit d’abord répondre aux transformations qui se produisent dans nos besoins. […] Ceux qui, pour créer un style nouveau, tout en protestant contre le classique, c’est-à-dire le grec, le romain, la renaissance, croient devoir remonter aux sources du moyen âge, font également fausse route. […] Ce n’est ni un style, ni un art que précise ce « Flamenco » : c’est ce qui fait son pittoresque et sa couleur, c’est l’amour du panache, de l’emphase et du clinquant ; les fandangos, les tambourins, les castagnettes, les courses de taureaux, les airs bravaches des hommes, la beauté bestiale et provocante des femmes, mais aussi le superbe entrain à mourir, l’héroïsme de grande allure.

2385. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

plus d’un rapprochement m’a frappé pour le style, pour le goût.

2386. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Il verra comment, sous des querelles de couvent et des résistances de nonnes, on peut retrouver une grande province de psychologie humaine, comment cinquante caractères enfouis sous l’uniformité d’une narration décente, reparaissent au jour chacun avec sa saillie propre et ses diversités innombrables ; comment, sous des dissertations théologiques et des sermons monotones, on démêle les palpitations de cœurs toujours vivants, les accès et les affaissements de la vie religieuse, les retours imprévus et le pêle-mêle ondoyant de la nature, les infiltrations du monde environnant, les conquêtes intermittentes de la grâce, avec une telle variété de nuances, que la plus abondante description et le style le plus flexible parviennent à peine à recueillir la moisson inépuisable que la critique a fait germer dans ce champ abandonné.

2387. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» On chercherait en vain dans toute la poésie antique ou moderne de telles prostrations de l’âme exprimées par de telles figures de style et de tels redressements de l’espérance rendus par de tels enthousiasmes de la piété.

2388. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Cependant, ajoute Manso, il ne parlait pas en public, devant les princes ou devant les académies avec autant de force, d’assurance et de grâce dans l’accent, qu’il y avait de perfection dans le style et dans les pensées, peut-être parce que son esprit, trop recueilli dans ses pensées, portait toutes ses forces au cerveau, et n’en laissait pas assez pour animer le reste de son corps ; néanmoins, dans toutes ses actions, quelque chose qu’il eût à dire ou à faire, il découvrait à l’observateur le moins attentif une grâce virile et une mâle beauté, principalement dans sa contenance, qui resplendissait d’une si naturelle majesté qu’elle imposait, même à ceux qui ne savaient pas son nom et son génie, l’admiration, l’étonnement et le respect. » Manso dit que Torquato avait la vue courte et faible par la continuelle lecture à laquelle il se livrait sans repos, et même par celle de sa propre écriture prodigieusement fine et souvent illisible.

2389. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Cela sortait de sa bouche sans chaleur, sans exclamation, sans style, sobrement, simplement, sans bruit, sans couleur, comme la lumière sort de la lampe quand on l’allume.

2390. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Jamais, depuis Jean-Jacques Rousseau, le style indépendant du sujet n’avait produit une ivresse si universelle.

2391. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

* *   * Pour M. de Régnier le vers ne va point sans une plastique modelée en sûrs contours : il développe avec style l’équilibre des proportions dans l’espace.

2392. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

. — Cadence terminant les couplets de Sachs au deuxième acte, et quelques autres phrases de style un peu déclamé.

2393. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

On la voit, dans un bas-relief, debout devant un jeune sculpteur qui taille, en beau style dorique, le chapiteau d’une colonne : par-dessus sa tête, elle conseille encore des mécaniciens ajustant les pièces d’une roue hydraulique.

2394. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Le caprice parisien jette ses maîtresses dans l’oubli, comme le sultan jetait autrefois ses odalisques au Bosphore. « Elle dansa deux jours et elle plut », dit, dans son style de marbre froid, l’épitaphe d’une danseuse antique, tracée de ce pouce romain qui ordonnait au gladiateur de mourir.

2395. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Il aime cette langue de Tyr et de Sidon, et parfois il lui emprunte les étranges lueurs de son style ; la métaphore « Xerxès aux yeux de dragon » semble une inspiration du dialecte ninivite où le mot draka voulait dire à la fois le dragon et le clairvoyant.

2396. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Rien n’est beau, rien n’a du style, rien n’est sculptural, rien n’est pictural comme ces éreintés d’une bataille. […] Cette opinion nous insurge, Saint-Victor et moi, et cela amène une discussion et la remise sur le tapis de la thèse favorite de Renan, qu’on n’écrit plus, que la langue doit se renfermer dans le vocabulaire du xviie  siècle, que lorsqu’on a le bonheur d’avoir une langue classique, il faut s’y tenir, que justement dans l’instant présent, il faut se rattacher à la langue qui a fait la conquête de l’Europe, — qu’il faut là, et seulement là, chercher le prototype de notre style. […] Moi je lui jette : « Tout très grand écrivain de tous les temps ne se reconnaît absolument qu’à cela, c’est qu’il a une langue personnelle, une langue dont chaque page, chaque ligne est signée, pour le lecteur lettré, comme si son nom était au bas de cette page, de cette ligne, et avec votre théorie vous condamnez le xixe  siècle, et les siècles qui vont suivre, à n’avoir plus de grands écrivains. » Renan se dérobe, ainsi qu’il en a l’habitude dans les discussions, se rejette sur l’éloge de l’Université, qui a refait le style, qui, selon son expression, a opéré le castoiement de la langue, gâtée par la Restauration, déclarant que Chateaubriand écrit mal.

2397. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

M. de Nivernais n’a ni la simplicité d’Ésope, ni la naïveté de La Fontaine : mais son style est plein de raison et d’élégance ; on y retrouve le vieillard et l’homme de bonne compagnie 6. » C’est sur cet éloge que nous finirons.

2398. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

C’est là que j’ai entendu Roux et Darcet exposer leur théorie de la terre, Marmontel les excellents principes qu’il a rassemblés dans les Éléments de la Littérature, Raynal nous dire à livres, sous et deniers, le commerce des Espagnols à la Vera-Cruz et de l’Angleterre dans ses colonies », Diderot improviser sur les arts, la morale, la métaphysique, avec cette fougue incomparable, cette surabondance d’expression, ce débordement d’images et de logique, ces trouvailles de style, cette mimique qui n’appartenaient qu’à lui, et dont trois ou quatre seulement de ses écrits nous ont conservé l’image affaiblie.

2399. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Rousseau, ce Platon de Genève, dans l’Émile, le plus beau des styles, la plus contradictoire des utopies ?

2400. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Le style en est classiquement beau et fort, mais d’une beauté morte et d’une force enragée qui ne se détend jamais.

2401. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Transportée au château de Bolton, maison des ducs de Norfolk, elle écrit d’un style bien différent à la reine d’Espagne, femme de Philippe II : « Si j’avais de vous et des rois, vos parents, espérance de secours, lui dit-elle, je mettrais la religion ici subs (c’est-à-dire je ferais triompher le catholicisme) ou je mourrais à la peine.

2402. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il se jette à chaque instant hors de la raison générale, qu’il n’a pas d’ailleurs reconnue ; et bon nombre de ces délicatesses de pensée et d’expression, de ces nuances dont son style est chargé, ne peuvent passer de son esprit dans l’esprit de ses lecteurs.

2403. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Ton style n’aura peut-être pas autant gagné : mais cela n’importe guère.

2404. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

— Style.

2405. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Il a tout dit sans restriction, et son livre, d’un style svelte et rapide, n’a pesé sur rien.

2406. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Il en est de même de la croyance à l’astrologie judiciaire, alors généralement répandue, et sur laquelle on rencontre dans la République, un passage assez curieux : « Tous les astrologues demeurent d’accord que les sages ne sont point subjects aux astres, mais que ceux-là qui laschent la bride aux appétits desreiglez ne peuvent eschapper les effects des corps celestes126. » Le mérite du livre de Bodin n’est ni dans la méthode, ni dans le style, passablement embarrassé ; il consiste d’abord dans le vaste savoir dont il fait preuve, et par-dessus tout dans l’admirable modération qui s’y manifeste. […] Elles sont à peine indiquées : point de grâce, peu de vivacité ni de véhémence, pas de netteté dans le style, pas de disposition savante des idées, point de proportion. […] On a de l’Hôpital un recueil entier de poésies latines, écrites d’un style mâle et ferme.

2407. (1893) Alfred de Musset

. — Dans le même article, sur Mardoche : « D’un bout à l’autre, c’est une énigme dépourvue d’intérêt, pauvre de style et platement bouffonne ». […] Le Musset première manière avait subi le joug de la mode pour le rythme, le style, le décor, le choix des sujets. […] Il s’est attaché à ennoblir le style, qu’il jugeait trop négligé.

2408. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Parce que cette histoire, avec ses situations bizarres et ses tiroirs plus longs que le bras, ne serait pas relevée par ce qui relève tout : la magie unique du style, la verve adolescente de l’écrivain, l’incroyable souplesse de ce génie infatigable qui va, de trapèze en trapèze, tantôt à cent pieds au-dessus de notre tête, tantôt à cent pieds au-dessous du pavé, sans donner un moment signe de lassitude, et nous entraînant toujours où il veut, même dans l’incroyable.

2409. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Ce n’est pas assez de dire que l’Allemagne a perdu un grand écrivain qui savait adapter toutes les nuances du plus noble style aux sentiments les plus délicats ; qu’est-ce que la forme à côté de tant de pénétration, d’esprit, de noblesse d’âme, de sagesse et d’expérience !

2410. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Une fois séparé de sa patrie par les steppes de la Moscovie, il revit en paix ce qu’il avait vu en Savoie, et il écrivit, dans le style de l’Imitation de J.

2411. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

On reconnaît bien ici le style empreint de bonhomie de celui qu’on surnommait « l’oncle ».

2412. (1914) Boulevard et coulisses

La jeunesse et les salons se passionnaient non point parce que tel roman, Germinal ou le Nabab, se tirait à cent cinquante mille exemplaires, mais parce qu’il apportait une forme, un style que l’on ne connaissait point encore, une observation personnelle, une expression neuve des sentiments et des caractères.

2413. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Qu’on relise le troisième acte : on verra qu’Armande, Philaminte et Bélise s’expriment régulièrement dans ce style.

2414. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Ce qui en fait l’immortelle beauté, ce n’est pas seulement la langue, le style, l’art de la composition ; c’est la pensée, l’esprit dans lequel elle est écrite.

2415. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Celles-ci peu nombreuses, mais de grand style ! […] Jousse sur le style oral (archives de philosophie, Beauchesne, 1925), spiritualité et discipline expérimentale s’y rejoignent ou tendent à s’y joindre en l’intimité la plus étroite.

2416. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Moréas n’en dépend pas davantage, dira précisément Edouard Dujardin  mais lui, non point parce que d’autres prédominants caractères l’en séparent puissamment, mais parce que, d’avatars en avatars dénonçant un manque primordial de volonté et de vues directrices, il n’a été qu’un imitateur de tous nos styles. »… Dans un Ensemble tel que se présentait et allait sous peu se développer la méthode dite de « Poésie scientifique » (substratum constitué de données orientées par l’idée Evolutionniste pour, de rapports en rapports, pouvoir des vérités de sens universel et en dégager une émotion de vertu impersonnelle et cosmique, en Synthèse), ce n’est point la pensée génératrice, intangible de par sa propre origine Science, qui à travers les intelligences et les sensitivités diverses des tempéraments créateurs doive varier et se dissocier. […] Moréas aggravait simplement l’incohérence de son Manifeste du « Figaro »  « Je poursuis, dans les idées et les sentiments, comme dans la prosodie et le style, la communion du Moyen-Age Français et de la Renaissance Française, fondus et transfigurés en le principe de l’Ame moderne » ! […] Et il la retrempera aux sources « romanes », reprendra les archaïsmes, les vieux tours de langue, usera de mots composés ainsi que Ronsard et Du Bartas : c’est tout ce qu’il a vu en le poète de la Création en effet… Je n’aurai point la sévérité d’Edouard Dujardin  disant « qu’il suffisait d’ouïr à la Brasserie comment Moréas prononçait notre langue, pour comprendre à quel point cet imitateur de tous nos styles est resté parmi nous, avec son indéniable talent, un étranger. » Je retiendrai un « indéniable talent », un tempérament poétique requis par l’extériorité de prétextes divers à user de ses dons de sonorités verbales et de Jeux de syntaxe  et nierai, avec le poète d’Antonia et de Mari magno, que Moréas ait été Symboliste… Or, c’est pourtant à l’occasion de la parution du Pèlerin passionné qui, dès lors, annonçait le nouvel avatar « roman », que le 3 février se réunissaient en un Banquet d’allégresse et de triomphe autour de son auteur, les grands noms du « Symbolisme »  mais aussi d’autres qu’on ne s’attendrait point à voir là ! […] Dès 1891, en « l’Eclair », Georges Montorgueil, indice d’un premier revirement d’opinion, avait écrit : « Les « Ecrits pour l’Art », revue de haut style, par des artistes de lettres et pour des artistes.

2417. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Dans l’Essai sur les Institutions et dans les écrits qui suivirent, dans le Vieillard et le Jeune Homme, publié en 181910, dans l’Homme sans nom, publié en 1820, dans l’Élégie, les formes, les locutions du style monarchique et bourbonien abondent ; mais elle ont toujours un sens particulier à l’auteur.

2418. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Un critique que nous aimons à citer a dit : « Il est très-remarquable de voir combien, sous Louis XIV, la langue française dans toute sa pureté, et telle que l’écrivaient Mmes de La Fayette, de Sévigné, M. de La Rochefoucauld, se composait d’un petit nombre de mots qui revenaient sans cesse avec une sorte de charme dans le discours ; et quelle était la généralité des expressions qu’en employait… On peut dire particulièrement du style de Mme de La Fayette qu’il est la pureté et la transparence même ; c’est le liquida vox d’Horace. » 119.

2419. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

» Voilà ce que pensait d’Horace l’homme qui, dans ses derniers jours, lui ressemblait le plus, et qui, après avoir détendu son âme, sa vie et son style, écrivait à Ferney des familiarités d’esprit dignes de Tibur.

2420. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Puis, quand ils voient que chaque philosophe a les siennes, que tout cela ne coïncide pas, ils entrent dans une grande affliction d’esprit, et dans de merveilleuses impatiences : « C’est la tour de Babel, disent-ils ; chacun y parle sa langue ; adressons-nous à des gens qui aient des propositions mieux dressées et un symbole fait une fois pour toutes. » Quand je veux initier de jeunes esprits à la philosophie, je commence par n’importe quel sujet, je parle dans un certain sens et sur un certain ton, je m’occupe peu qu’ils retiennent les données positives que je leur expose, je ne cherche même pas à les prouver ; mais j’insinue un esprit, une manière, un tour ; puis, quand je leur ai inoculé ce sens nouveau, je les laisse chercher à leur guise et se bâtir leur temple suivant leur propre style.

2421. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Talazac sera un remarquable Lohengrin ; les petits rôles et les choristes sont convenables ; l’orchestre va bien ; le style sera suffisant, car on y travaillera.

2422. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Et La Bruyère qui dit : « L’art d’écrire est l’art de définir et de peindre. » Là-dessus, Flaubert nous avoue ses trois bréviaires de style : La Bruyère, quelques pages de Montesquieu, quelques chapitres de Chateaubriand.

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