Cousin aux personnages du même temps, peints par M. […] Cette angélique figure resta gravée dans sa mémoire, dans son cœur peut-être, et le souvenir de la charmante et touchante princesse, épuré par la vue de sa piété parfaite et de sa pénitence héroïque, lui servit plus tard, lorsque du haut de la chaire il peignait la beauté et la pureté des anges, et emportait avec lui ses auditeurs attendris dans le ciel.
Huet en a profité d’avance ; dans sa manière d’envisager et de peindre la nature, il serait tombé tout à fait d’accord avec Hoffmann et avec le petit Maltais ; voici le passage : « Saisir la nature dans l’expression la plus profonde, dans le sens le plus intime, dans cette pensée qui élève tous les êtres vers une vie plus sublime, c’est la sainte mission de tous les arts.
On a dit de l’honnête Durand-Maillane qu’il eut peur à la Convention, et ce mot peint l’homme.
Or, Margiste a sa fille Aliste, suivante de Berte, Aliste qui ressemble à Berte mieux qu’un peintre ne saurait la peindre, et d’ailleurs Pépin n’y regarde pas de si près.
Puis un paquet, qui doit être une femme, la face peinte en rouge, un rouge indéfinissable, un rouge faux, un rouge cruel, au milieu duquel la bouche livide, aux dents gâtées, s’ouvre comme une fente d’ulcère.
On continuera à louer en lui ces images vives et brillantes que sa muse a répandues ; toutefois on ne le considérera plus comme notre seul et premier peintre poétique ; on n’oubliera pas que La Fontaine, Racine, Fénelon, et même Boileau, avaient ouvert, bien avant lui, la pure et vraie source des comparaisons et des images, sans jamais tomber dans la prodigalité ; on n’oubliera pas non plus que Chénier vécut dans un siècle descriptif et que ce don de peindre ou même de colorier les objets, qu’il a perfectionné sans doute, a pourtant été celui de plusieurs de ses contemporains.
Mme Sand raconte, décrit et peint ; elle fait le drame.
Il est néanmoins certain, et il sera prouvé que la guerre de Molière et de ses amis contre ce qu’ils appelaient les précieuses, a été fort malentendue dans le siècle dernier, qu’elle l’est toujours plus mal, à mesure que nous avançons ; il est de fait que l’unique intention de Molière a été d’attaquer les affectations et l’hypocrisie des Peckes (ou Pécores) provinciales et bourgeoises ; qu’il respectait, non pas l’hôtel de Rambouillet qui ne subsistait plus de son temps, mais les personnages qui en restaient, notamment le gendre de la marquise, ce duc de Montausier, dont il emprunta plusieurs traits pour peindre l’austérité de principes et de goût, et pour en orner le liant caractère de son Misanthrope.
Athalie, sous le portique du temple de Jérusalem, raconte son rêve à Abner et à Mathan : C’étoit pendant l’horreur d’une profonde nuit ; Ma mère Jésabel devant moi s’est montrée, Comme au jour de sa mort pompeusement parée ; Ses malheurs n’avoient point abattu sa fierté : Même elle avoit encor cet éclat emprunté Dont elle eut soin de peindre et d’orner son visage, Pour réparer des ans l’irréparable outrage.
Homme du siècle pourtant, observateur des mœurs qu’il peint ressemblantes à nous faire tour à tour peur ou pitié, littérairement il n’en est pas.
Chateaubriand, Bernardin de Saint-Pierre, avaient peint des coins de savanes, des bords de fleuves, des marines, derrière les personnages qui exprimaient avant tout, pour eux romanciers, les idées et les sentiments qu’il leur importait de creuser.
En un mot, il peint les hommes tels qu’ils devraient être et non tels qu’ils sont. […] Rien ne peut peindre, à ceux qui ne l’ont pas subie, l’orgueilleuse stérilité de cette époque. […] Il fallait peindre des caractères primitifs, et découvrir cependant dans ces âmes étroites des sentiments tendres et élevés, des ruses naïves et touchantes, ou des vices de cœur sans corruption. […] Le réalisme d’ailleurs peut s’appliquer à tous les sujets, comme à toutes les classes de la société qu’un auteur s’est proposé de peindre. […] Moins le poète raisonne, plus il sent, plus il peint, plus il est plastique et essentiel.
Les autres meubles, les cheminées, tout se trouve peint dans les fonds. […] Cela est un art tout particulier, qui regarde le peindre décorateur et le machiniste. […] On écrit, on peint, on sculpte, uniquement parce que la main vous démange. […] Il n’exclut rien, il accepte tout, il peint tout. […] Il s’agit de peindre des hommes et non de faire mouvoir des pantins.
Toutefois, en France, romanciers ou poètes ne peignirent que par accident ; en Belgique, ils peignent par nécessité. […] Comme les autres romanciers, Virrès se préoccupe fort de la plastique, il peint, il peint même des scènes violentes de débauche ou de sang, mais jamais il ne s’y complaît, et je ne m’étonnerais point qu’il y vît un moyen de rendre plus édifiante la partie mystique de son œuvre. […] Les poètes belges symbolistes ne cessent pas de peindre, mais ils contemplent avec leur cœur autant qu’ils regardent avec leurs yeux. […] Ma Chanson d’Ève est peinte autant que chantée. […] Van Dyck aurait pu les peindre.
Je sais quelqu’un qui a écrit : « Ce qu’était l’abîme qu’on disait que Pascal voyait toujours près de lui, l’ennui l’était à Mme du Deffand ; la crainte de l’ennui était son abîme à elle, que son imagination voyait constamment et contre lequel elle cherchait des préservatifs et, comme elle disait, des parapets dans la présence des personnes qui la pouvaient désennuyer. » Jamais on n’a mieux compris cet effrayant empire de l’ennui sur un esprit bien fait, que le jour où, malgré les plus belles résolutions du monde, l’ennui que lui cause son mari se peint si en plein sur sa figure, — où, sans le brusquer, sans lui faire querelle, elle a un air si naturellement triste et désespéré, que l’ennuyeux lui-même n’y tient pas et prend le parti de déguerpir. […] Vous verrez les traits de son visage ; que ne peut-on de même peindre les qualités de son âme ! […] Après cela, messieurs, comment ajouter foi à des Lettres où l’on voit Mlle Aïssé évidemment ingrate et méchante, et où l’on peint Mme de Ferriol, que tout le monde estimait, comme une femme capable de donner à sa fille d’adoption des conseils pernicieux, et de la sacrifier à sa vanité ou à son ambition ? […] Vous verrez les traits de son visage ; que ne peut-on de même peindre les qualités de son âme ! […] Voir, dans le premier des deux volumes déjà indiqués (Correspondance de Mme du Deffand, 1809), pages 334 et 347, des passages de lettres du comte Desalleurs, ambassadeur à Constantinople ; en envoyant ses amitiés au chevalier, il le peint très-bien et nous le rend en quelques traits dans sa seconde forme non romanesque, qui ne laisse pas d’être piquante et de rester très-aimable. — Il ne faudrait pas d’ailleurs prendre tout à fait au mot le chevalier (on nous en avertit) sur cette vie de Mayac et sur le bon marché qu’il a l’air d’en faire.
L’auteur nous peint là un Cléon qu’il a l’air de copier d’après nature. […] En montrant le parti aristocratique dont était Cicéron, il songe évidemment au côté droit arrivant aux affaires, et il peint l’un dans l’autre, trait pour trait218. […] Dans le portrait qu’il a tracé de ces derniers219, il s’est peint lui-même avec une grande vérité, sauf un point seulement : quand il dit de la troisième classe de combattants, qu’ils étaient moins populaires que les uns , que les jeunes historiens de la Révolution française, il a raison ; mais quand il ajoute qu’ils étaient moins originaux que les autres , c’est-à-dire que l’élite universitaire, il fait trop bon marché de ce qu’il possède. […] Je coupe court et je me résume en répétant que si l’Abélard qu’on a (la vie imprimée) est plus parfait comme ouvrage, l’Abélard-drame, qu’on aura un jour, paraîtra une plus vraie et plus entière expression du talent que nous nous sommes ici efforcé de peindre. […] C’est de même qu’à la page 202, sous figure collective, il a peint expressément M.
IV Le poète profite de cette suspension du drame pour peindre, en vers techniques qui ont toute la poésie de la mer et du navire, les manœuvres d’une barque qui jette l’ancre dans une rade. […] Homère, en véritable poète, ne se contente pas de raconter ; il décrit tous ces apprêts et présente à l’imagination tous ces détails pittoresques du sacrifice, du feu, du repas, détails qui sont la vie des tableaux ; puis, quand les matelots se rembarquent avec Ulysse, il peint cette autre scène de mer des mêmes couleurs que la scène du débarquement. […] La descente de Minerve sur la terre est peinte d’un coup de pinceau qui fend le ciel de la nuit. […] Leur conférence nocturne est peinte en traits aussi pénétrants que naturels. […] vous avez toute la nature, tous les hommes et tous les dieux de l’Olympe, le monde matériel complété par le monde immatériel ; l’univers, enfin, entendu dans la plus large acception du mot ; l’univers, exposé, non raconté, non décrit, non analysé seulement par la froide main de la science, mais l’univers senti, peint et chanté par la voix la plus mélodieuse et dans la plus musicale des langues prosodiées qui enchantèrent jamais l’oreille humaine.
On a tout dit quand on a dit : « C’est réussi », ou « ce n’est pas réussi », un mot de cabotin qui peint à merveille la grossièreté des jeunes esprits. […] Les fous, malheureusement, sont insaisissables et impossibles à peindre. […] Baudelaire peint un tableau, puis en fait lui-même la copie. […] Il se poudre, affirment ses familiers, et même il se peint. […] En avoir peint une seule, c’est les avoir toutes représentées.
Le roman est un genre vague, mal aisément défini ; il touche à tout, il s’applique à l’histoire elle-même, il s’élève jusqu’à l’épopée ; il tombe aussi, il se rabaisse, et, à vouloir tout peindre, il s’égare.
Un seul exemple la peindra jusqu’au bout.
Pour peindre cet objet de regret, son imagination retrouve toute la fraîcheur de l’espérance.
Pour peindre le génie de l’éloquence improvisée, indélibérée, il l’a heureusement comparé au cavalier numide qui monte à cru son cheval fidèle.
Le réaliste absolu peint les choses pour elles-mêmes, Goncourt les mentionne pour leur signification.
Il peignit l’homme d’après l’homme même.
On ne peut guère supposer que des hommes aussi sensibles que les anciens eussent manqué d’yeux pour voir la nature, et de talent pour la peindre, si quelque cause puissante ne les avait aveuglés.
La tête en est belle ; mais on se rappelle le même sujet peint dans un des tableaux placés autour de la nef de Notre-Dame ; et l’on sent tout à coup que le peintre de ce dernier a mieux entendu l’effet des ténèbres sur la lumière artificielle.
C’est un tableau à moitié peint sur lequel on a passé un glacis.
D’ailleurs, la profession du poëte dramatique, est de peindre les passions telles qu’elles sont réellement sans exagerer les chagrins qui les accompagnent, et les malheurs qui les suivent.
Seulement M. de Balzac avait tout juste les qualités nécessaires pour exceller à ne pas les peindre. […] Aussi quel désastre, lorsqu’au lieu de peindre la nature il s’avise de la plaisanter ! […] » Il est impossible de mieux dire et de mieux peindre. […] Il nous peint cette unité chrétienne se conservant, dès le principe, par sa seule force, malgré l’absence de textes écrits et la diversité des génies qui concourent à la propager. […] Le seul danger, lorsqu’on a à peindre la vertu et la perfection, est d’être froid : M.
Il est assez piquant de remarquer que M. de Talleyrand a été peint deux fois, et pas en beau, par les deux femmes supérieures de ce siècle : Mme Sand a fait de lui un portrait affreux, d’un parfait idéal de laideur. Mme de Staël déjà l’avait peint sous un déguisement, en coiffe et en jupon, dans le personnage de Mme de Vernon du roman de Delphine. […] Sainte-Beuve affectionnait ce genre de traits anecdotiques, qui peint l’homme au vif : il en a recueilli toutes les fois qu’il en a trouvé l’occasion et sur des hommes en vue, au nom populaire, qui y avaient considérablement prêté.
L’oiseau qui passe, la voile qui blanchit, la mouche heureuse qui scintille dans le soleil, se peignent plus distincts que jamais dans ce lac de l’âme, uni à la surface, et dont les grandes douleurs ont creusé et abîmé le fond. […] Le prologue et l’épilogue font une bordure qui découpe l’épisode dans le tout, et nous l’offre en tableau complet ; c’est comme tel que nous le jugerons. — Jocelyn est un enfant des champs et du hameau ; malgré ce nom breton de rare et fine race, je ne le crois pas né en Bretagne ; il serait plutôt de Touraine, de quelqu’un de ces jolis hameaux voisins de la Loire, dans lesquels Goldsmith nous dit qu’il a fait danser bien des fois l’innocente jeunesse au son de sa flûte, et qui ont dû lui fournir plusieurs traits dont il a peint son délicieux Auburn. […] Goldsmith, dans son délicieux poëme du Village abandonné, a peint l’idéal de tous ces curés modestes, de ces vicaires bienfaisants, dont il a reproduit ensuite le portrait avec plus de réalité, mais non moins de charme, dans son Vicaire de Wakefield.
L’assaut donné à Rome et le combat de rues des deux partis sont peints par Tacite en traits de plume qui découvrent l’abîme de corruption d’un peuple vieilli remué dans sa fange. […] Souvenez-vous qu’après la chute d’un méchant prince, le jour le plus heureux, c’est le premier. » XXXI Ici Tacite peint la tribune comme il peint le champ de bataille.
Un nom seul ne me peint rien, ce n’est qu’une abstraction composée de quelques syllabes. […] On la peignait dans d’odieux pamphlets sous les traits d’une Messaline ; les bruits les plus infâmes circulaient ; les anecdotes les plus controuvées furent répandues. […] Voyez comment ce singe et ce tigre de la Terreur y sont peints ; et cependant, si l’opinion publique a eu quelque faiblesse, même parmi les écrivains royalistes de ce temps, c’est pour Camille Desmoulins, cet enfant gâté de la faveur publique.
Pourquoi M. de Ruder, cet émule mystique du mystique Scheffer, n’avait-il pas alors conçu, dessiné et peint cette ardente et touchante image du Christ priant sa dernière prière pour les hommes dans le bois des Oliviers ? […] Il y a bien longtemps que je n’avais dormi là ; depuis, je crois que j’emportai de la tapisserie la main de l’homme qui allait défaire un nid qui s’y trouve peint. […] C’est de Montels que je t’écris, dans une chambre écartée où j’ai, par bonheur, trouvé de l’encre ; j’avais oublié d’en prendre, et c’était grande privation de ne pouvoir rien tracer de tout ce qui se peint en moi dans cette demeure de mon goût.
Quant à moi, j’en pense ce que les pieux cénobites du quatorzième siècle pensèrent de l’Imitation, c’est qu’il y a des secrets dont Dieu est le confident ; j’en pense ce que les femmes du dix-septième siècle pensèrent de la correspondance de Mme de Sévigné, ce livre des cours, je veux dire que ce volume du Journal de Mlle de Guérin m’a paru une des plus touchantes révélations de l’âme humaine dans nos deux siècles : le dix-huitième, avec ses existences calmes, puissantes, recueillies dans la solitude de leurs châteaux, moitié rurales, moitié aristocratiques, au fond de leurs provinces ; le dix-neuvième, avec ses orages, ses renversements, ses dépouillements, ses honorables et glorieuses misères, demandant aux lettres ce que la féodalité ne lui donnait plus : le gentilhomme sans épée et sans éperons enseignant les petits enfants pour un morceau de pain dans les mansardes d’un collège de la capitale, et mourant jeune de misère après avoir coûté au dévouement d’une sœur accomplie sa dot, son mariage, son bonheur ; et cette sœur, à la fois souffrante et heureuse de ce sacrifice, vivant isolée dans les ruines du château paternel, développant son génie natal et confidentiel dans des soliloques avec elle-même ou avec son Dieu, et mourant de tristesse quand son frère et son père lui manquent : Walter Scott seul aurait pu peindre une existence aussi romanesque dans quelque masure d’Écosse, quand les fidèles adorateurs des Stuarts sont vaincus, mais non ralliés à la révolution triomphante. […] Saint Augustin, ce bel esprit du christianisme, excepté dans les passages qui peignent sa conversion, ce drame intérieur de sa vie, vise plus à briller qu’à convaincre ; il veut éblouir plus qu’émouvoir ; d’ailleurs son livre est écrit pour le public. […] Nous avons vu souvent de grands peintres faire leur propre portrait en se contemplant devant une glace : mais la peinture ne peut rendre l’image du peintre que dans une seule expression, une seule attitude, tandis que la plume peint la nature morale dans toute sa mobilité, dans les mille émotions secrètes que la vie donne à ceux qui pensent, qui sentent, qui jouissent, qui souffrent, qui pleurent ou qui prient.
Je cherche des noms pour te nommer, des formes pour t’incarner, des limites pour te contenir, des couleurs pour te peindre, et, n’en trouvant point que tu ne dépasses, je me tais, je me confonds, je reste ébloui et muet de ton incorporéité ! […] Le véritable télescope de l’homme n’est pas ce tube de bois peint, multiplicateur de la lumière et abréviateur des distances, placé au sommet d’un observatoire ; le véritable télescope, c’est le bon sens pieux de l’homme ignorant ou savant, peu importe, au travers duquel il ne voit pas, mais il conclut Dieu, le régulateur des univers qu’il lui a plu de créer, et de créer pour leur faire part de son éternité ! […] Ces simples paroles sont éloquentes et peignent l’impression que cause l’aspect monotone de ces régions solitaires. » Il y a plus, et la philosophie de Humboldt ne donne point le dernier mot de l’énigme.
Constant et Mme de Staël ; et s’il a eu la délicatesse de ne pas faire d’Ellénore un portrait cruellement applicable, il n’a pas essayé de peindre un autre que lui-même dans Adolphe. […] Elle est aussi un des rares écrivains qui aient su peindre le grand monde : elle en était, elle en avait la tradition par sa grand’mère Mme Dupin. […] Ceux qui l’y ont vue la peignent hospitalière mais peu démonstrative, point bavarde, nonchalante, écoutant et comme ruminant ce qu’on dit, jardinant avec plaisir, et dirigeant avec passion son théâtre de marionnettes.
Taine peint les hommes en philosophe plus qu’en historien ou en romancier. […] Nul n’a peint de couleurs plus brillantes le déroulement immoral de l’histoire et voilà qu’il souffre, comme une femme compatissante et naïve, de cette immoralité ! […] Dès lors, le poète ne pouvait faire que ce qu’il a fait ; il n’avait d’autre ressource que de nous peindre les plaisirs des sens, et, parmi ces plaisirs, ceux qui sont le plus universellement connus et recherchés.
Il a peint admirablement ce caprice de son esprit et cette indifférence pour toute méthode : « Je n’ai point d’aultre sergent de bande à ranger mes pieces que la fortune à mesme que mes resveries se présentent, je les entasse ; tantdst eues se pressent en foule, tantost elles se traisnent à la file. […] Je prends de la fortune le premier argument ; ils me sont esgalement bons154. » Comme il a le mieux peint son humeur, Montaigne a le mieux défini son style « Le parler que j’ayme, dit-il, c’est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu’à la bouche ; un parler succulent et nerveux, court et serré, non tant deslicat et peigné que véhément et brusque, Haec demum sapiet dictio, qUse feriet plutôst difficile qu’ennuyeux, esloigné d’affectation, desreglé, descousu et hardy, chaque loppin y face son corps ; non pedantesque, non fratesque, non plaideresque. » C’est là, en effet, le style de Montaigne. […] Les ignorants, les esprits dont l’appréhension est molle et lâche, pour parler comme lui, et qui ne reçoivent rien dans leur raison que par l’imagination, sont éblouis de ces vives couleurs qui peignent les idées, et qui intéressent, pour ainsi dire, les sens aux perceptions de l’intelligence.
Ses auteurs, en effet, ont, préférablement à tout, cherché à peindre, avec le moins d’imagination possible, la jeune fille moderne, telle que l’éducation artistique et garçonnière des trente dernières années l’ont faite. […] Mais cette jeune fille était à peindre par Balzac, aux temps de la Restauration ou du règne de Louis-Philippe, — et plus en ces années, où le monde légitimiste n’appartient presque pas, on peut le dire, à la vie vivante du siècle. […] Non, le romancier, qui a le désir de se survivre, continuera à s’efforcer de mettre dans sa prose de la poésie, continuera à vouloir un rythme et une cadence pour ses périodes, continuera à rechercher l’image peinte, continuera à courir après l’épithète rare, continuera, selon la rédaction d’un délicat styliste de ce siècle, à combiner dans une expression le trop et l’assez, continuera à ne pas se refuser un tour pouvant faire de la peine aux ombres de MM.
Mais ce même vers seroit beau dans une ode, parce-que c’est le poëte qui y parle, qu’il y fait profession de peindre, qu’on ne lui suppose point de passion violente qui partage son attention, et qu’on sent bien enfin, quand il se sert d’une expression outrée, qu’il le fait à dessein, pour suppléer par l’exagération de l’image, à l’absence de la chose même. […] Du caractére dont Anacréon se peint dans ses odes, on ne devoit pas attendre de lui d’autres ouvrages que ceux qu’il nous a laissés. […] Je n’ai rien dit de Sapho ni d’Alcée, parce que leur caractére est déja assez peint dans une des odes que j’ai traduites d’Horace.
certes, il faut que nous soyons de bien bons enfants en littérature, si nous sommes en politique de mauvais garçons ; il faut que nos besoins d’originalité ne soient pas bien grands, à nous autres éreintés de l’époque actuelle, pour que nous soyons si aisément satisfaits de la répétition des mêmes idées, des mêmes sentiments, du même langage et presque des mêmes mots, des mêmes tableaux et de la même manière de peindre, et que nous en jouissions avec autant de pâmoison de plaisir et de furie d’enthousiasme que si tout cela était inconnu, inattendu, virginal, et tombé, pour la première fois, du ciel ou du génie d’un homme. […] Du moins, s’il y avait pensé, la main qui aurait touché aux Templiers, n’eût-elle peint que leurs vices, aurait été de proportion avec eux. […] … L’auteur des Petites Épopées, — ces préludes magnifiques d’un concert plus magnifique que j’espérais, — le poète de La Légende des Siècles, qui nous a peint si bien Charlemagne et Roland, pouvait mieux que personne mettre debout ces figures colossales et faire tourner alentour le cycle Carlovingien.
C’est que nous ne pouvons exposer au-dehors les choses intellectuelles contenues dans notre entendement, sans être secondés par l’imagination, qui nous aide à les expliquer et à les peindre sous une image humaine. […] Elle naquit de l’indigence du langage, et de la nécessité de s’exprimer ; ce qui se démontre par les ornements même dont se pare la poésie, je veux dire les images, les hypotyposes, les comparaisons, les métaphores, les périphrases, les tours qui expriment les choses par leurs propriétés naturelles, les descriptions qui les peignent par les détails ou par les effets les plus frappants, ou enfin par des accessoires emphatiques et même oiseux. […] La poésie héroïque ne peint que les passions les plus violentes.
Une femme de Titien, blonde et grasse, est admirable en Flore, on la retrouve au Palais Pitti, peinte, toujours par Titien, en Cléopâtre se faisant mordre par un aspic, elle représente une absurdité. […] Je dois peindre. […] Abstraction faite de ma maladie, il y a trois ans que je peins. […] Souvenez-vous de Carolus peint par Sargent. […] Peindre des marins au bord de la mer en plein air où la lumière est difficile, ou des gamins au coin d’une rue à l’endroit même où on les voit, est-ce suivre un système ?
Il semble que Fontenelle voudrait peindre simplement des hommes oisifs et voluptueux. […] Il peint les coquins sans complicité, certes, mais sans horreur, et, pour cela, les peint très juste. […] C’est que Marivaux est un génie féminin, et s’entend a peindre surtout les femmes et les personnages qui leur ressemblent. […] Mais l’esprit de sa génération, il le montre surtout dans la manière dont il observe les hommes, et dont il les peint. […] Ce qui achève de peindre le bourgeois, c’est qu’il est éminemment pratique.
Il faisait des vers comme il peignait ou rabotait, pour s’occuper, pour se déprendre de lui-même. […] Après tout, il n’y a guère ici que des décors et de la mise en scène ; les sentiments sont factices ; ce sont des sentiments d’opéra ; les auteurs ne sont que d’habiles gens, manufacturiers de livrets et de toiles peintes ; ils ont du talent et point de génie ; ils tirent leurs idées, non de leur cœur, mais de leur tête. […] Miss Austen, miss Brontë, mistress Gaskell, mistress Eliot, Bulwer, Thackeray, Dickens et tant d’autres peignent surtout ou peignent uniquement, comme lui, la vie contemporaine, telle qu’elle est, sans embellissements, à tous les étages, souvent dans le peuple, plus souvent encore dans la classe moyenne. […] Ils peignent avec un détail infini les costumes et les lieux sans y rien changer. […] Quelqu’un a-t-il peint aussi magnifiquement le nuage qui veille la nuit dans le ciel, enveloppant dans son filet l’essaim d’abeilles dorées, qui sont les étoiles, et « le matin rouge avec ses yeux de météore et ses flamboyantes ailes étendues qui saute, comme un aigle, sur la croupe de la nue voguante1234 ?
Il faut entendre à ce sujet les héros de l’époque, leur ton leste, dégagé, est inimitable, et les peint aussi bien que leurs actions. « J’étais, dit le duc de Lauzun, d’une manière fort honnête et même recherchée avec Mme de Lauzun ; j’avais très publiquement Mme de Cambis, dont je me souciais fort peu ; j’entretenais la petite Eugénie, que j’aimais beaucoup ; je jouais gros jeu, je faisais ma cour au roi, et je chassais très exactement avec lui251. » Du reste, il avait pour autrui l’indulgence dont il avait besoin lui-même. « On lui demandait ce qu’il répondrait à sa femme (qu’il n’avait pas vue depuis dix ans), si elle lui écrivait : Je viens de découvrir que je suis grosse. […] Vers ce temps-là on prend soin d’elle, mais d’une façon qui peint bien l’époque. […] Mais elles aiment mieux l’appartement que le grand air ; en ce temps-là le vrai soleil, c’est la clarté des bougies, et le plus beau ciel est un plafond peint ; y en a-t-il un moins sujet aux intempéries, plus commode pour causer, badiner On cause donc et l’on badine, en paroles avec les amis présents, par lettres avec les amis absents. […] Lauwrence, Qu’en dit l’abbé Watteau, le premier en date et en talent, transpose ces mœurs, et les peint d’autant mieux qu’il les rend plus poétiques. — Relire entre autres : Marianne, par Marivaux ; la Vérité dans le vin, par Collé ; le Coin du feu, la Nuit et le Moment, par Crébillon fils, et, dans la Correspondance inédite de Mme du Deffand, deux lettres charmantes, l’une de l’abbé Barthélemy, l’autre du chevalier de Boufflers (I, 258, 341).
Les mœurs étranges de Venise sont peintes, dans ce récit de d’Aponte, en traits de Molière et de Pétrone. […] « Voilà pourquoi, quand les habitants de Prague qui venaient de sentir les premières, les puissantes délices de son talent dans un drame purement comique, les Noces de Figaro, lui demandèrent un drame à la fois comique et tragique, il s’associe le poète d’Aponte pour lui écrire presque sous sa dictée le poème de Don Juan. » Je veux peindre les passions violentes, écrivait-il à son père ; mais les passions violentes ne doivent jamais être exprimées ni en poésie ni en musique jusqu’à provoquer le dégoût même dans les situations horribles ; la musique, selon moi, ne doit jamais blesser les oreilles ni cesser d’être la musique, c’est-à-dire la beauté de l’expression chantée. […] Il m’avait demandé mille et mille fois des particularités sur elle ; je lui avais répondu toujours par des généralités, sans lui laisser ni soupçonner ni espérer que ma Nancy était celle que j’avais épousée ; comment imaginer et surtout comment peindre sa surprise, en la reconnaissant sous le voile qui venait de l’autre ? […] Cette surprise fut le premier et le plus grand plaisir que j’éprouvai à Trévise. » Son retour à Cénéda avec sa Nancy, sa Faustine et son frère, et la séparation définitive de cette aimable famille pour retourner à Londres, sont peints avec la même vivacité et la même candeur d’âme et de style.
III Le lendemain, au soleil couchant, je vis entrer Adolphe Dumas, suivi d’un beau et modeste jeune homme, vêtu avec une sobre élégance, comme l’amant de Laure, quand il brossait sa tunique noire et qu’il peignait sa lisse chevelure dans les rues d’Avignon. […] C’est ce pays qui a fait le poème : on peint mal ce qu’on imagine, on ne chante bien que ce que l’on respire. […] Pourtant les mille cavales sauvages qu’il possède sont peintes par le poète avec des couleurs de Salvator Rosa. […] Abandonné dans le désert des champs avec les étoiles pour compagnes, là le pauvre adolescent avait passé la nuit, et l’aube humide et claire, en frappant sur ses paupières, lui avait rouvert les yeux et ranimé la vie dans ses veines froides. » Ici le poète, pour peindre le déchirement de cœur de Mireille à l’aspect de son amoureux baigné de sang, invoque toute la pléiade fraternelle des Provençaux vivants, « Roumanille le premier, Aubanel, Anselme, et toi, Tavan, qui confonds ton humble chanson avec celle des grillons bruns qui examinent ton hoyau quand il fend la glèbe ; et toi aussi, Adolphe Dumas, qui trempes ta noble lyre dans l’écume de notre Durance débordée !
Vers le temps ou Paris applaudissait les pièces de Marivaux, un homme doué de cet esprit du monde qui est plutôt le tact que le sentiment du ridicule et le talent de le peindre, Destouches, d’abord diplomate, puis auteur par passe-temps, crut avoir trouvé, dans les loisirs de sa jolie maison de campagne près de Melun, un genre de comédie nouveau. Resté diplomate, même dans le témoignage qu’il se rend comme auteur, « il n’entendait, dit-il modestement, qu’essayer, par quelque changement dans les mœurs et le ton des personnages, à se rendre supportable après Molière. » Regnard et Dancourt avaient prodigué les saillies d’esprit, les équivoques, les jeux de scène, Lesage, dans Turcaret, n’avait peint que des fripons. […] Ce qu’il a dit des pièces perdues de Ménandre, il le pensait du théâtre de Molière : Chacun, peint avec art dans ce nouveau miroir, S’y vit avec plaisir ou crut ne s’y point voir. […] Collin a toujours en vue la peinture d’un caractère, et c’est à sa louange ; mais l’objet à peindre lui échappe.
Il se souvient des choses, il ne les voit pas au moment où il parle ; ou, s’il les voit, il semble qu’avant de les peindre, il les éteigne. […] Par la peur d’imiter, qui est un piège comme l’imitation elle-même, il n’a pas voulu, dit-il, peindre les ridicules, « mais des mœurs plus fortes, des passions, des vices, des caractères véhéments, des portraits historiques. » Comme s’il n’y avait rien de tout cela dans ses devanciers ! D’ailleurs, en fait de portraits, on ne fait pas ce qu’on veut ; on peint ce qui existe. […] Dans les caractères de Vauvenargues, comme dans sa morale, le meilleur c’est ce qui le peint lui-même, ce sont les traces de sa vie douloureuse, c’est sa propre physionomie.
Et regarder la coupole, semble un moment devoir devenir l’expression, pour peindre l’abstraction d’un académicien, d’une séance de l’Académie, la dissimulation de ses impressions, de ses sensations, quand un antipathique parle. […] En effet, il n’y a pas dans son œuvre la rudesse primitive de son pays, la rudesse moscovite, la rudesse cosaque, et ses compatriotes dans ses livres, m’ont l’air de Russes, peints par un Russe qui aurait passé la fin de sa vie, à la cour de Louis XIV. […] J’ai cherché à vous peindre, avec le mélange de grandeur et de féminilité qui est en vous, et même avec un peu de votre langue à la Napoléon ; enfin j’ai cherché à vous peindre en historien, qui aime votre personne et votre mémoire, dans les siècles à venir.
Baudelaire, empruntant à Job son expression fameuse, nous peint ainsi la grande peur qui le hante : — Hélas ! […] Et les hommes, ceux que Loti a voulu peindre, les marins, se réjouissent : « A ce pardon, la joie était lourde et un peu sauvage, sous un ciel triste. […] Dante Gabriel Bossetti, par exemple, nous peindra ainsi la reine Blanchelys : Ses yeux ressemblaient à l’intérieur de la vague ; Il ne pesait pas plus qu’un roseau, Son doux corps, délicatement mince ; Et semblable au bruissement de l’eau, Sa voix plaintive322. […] En effet, peindre que bonnes ou des mauvaises pour que l’hérédité soit visible, il faut une exagération des descendants.
La route ensuite se poursuit à travers le Bugey montagneux, pays très aride et très pittoresque, qui rappelle les paysages de Calabre peints par Salvator Rosa. […] J’en retrouve les traces dans ce passage des Confidences qui peint vaguement ces premières sensations de l’infini dans un cœur d’enfant. […] J’ai peint dans Jocelyn, sous le nom d’un personnage imaginaire, ce que j’ai éprouvé moi-même de chaleur d’âme contenue, d’enthousiasme saint répandu en élancements de pensées, en épanchements et en larmes d’adoration devant Dieu, pendant ces brûlantes années d’adolescence, dans une maison religieuse. […] Dans la classe des petits oiseaux, les œufs sont ordinairement peints de la couleur dominante du mâle.
On n’a peut-être pas assez rendu justice à son bon sens, à ses vues, à ses recherches ; sa vieille couleur du moins a parlé de loin et a souri ; il a été respecté de ceux qui savent peindre, de M. […] La touche un peu rude et parfois cornélienne de Mézeray s’est adoucie pour peindre cette princesse d’une influence à la fois si chaste et si pénétrante.
C’est en y songeant le moins qu’il nous la peint le mieux, et qu’il nous fait voir d’un même trait sa bonté et sa grâce : Elle s’occupait si peu de sa toilette, dit-il en un endroit, qu’elle se laissa, pendant plusieurs années, coiffer on ne peut pas plus mal, par un nommé Larceneur qui l’était venu chercher à Vienne, pour ne pas lui faire de la peine. […] M. de La Garde nous l’a peint durant cette dernière année avec un sentiment d’entière admiration.
Il plaira à ceux qui n’ont point les impatiences d’un goût trop superbe ou trop délicat, ni les promptes fièvres des admirations ardentes ; qui n’ont point surtout la soif de la surprise ni de la découverte, qui aiment à naviguer sur des fleuves unis, qui préfèrent au Rhône impétueux, à l’Éridan tel que l’a peint le poète, ou même au Rhin dans ses âpres majestés, le cours tranquille du fleuve français, de la royale Seine baignant les rives de plus en plus élargies d’une Normandie florissante. […] Il a pourtant d’agréables et justes passages, comme celui-ci par exemple, qui peint Louis XIV dans son caractère de familiarité grave et de haute affabilité : De ce fonds de sagesse sortait la majesté répandue sur sa personne : la vie la plus privée ne le vit jamais un moment oublier la gravité et les bienséances de la dignité royale ; jamais roi ne sut mieux soutenir que lui le caractère majestueux de la souveraineté.
Ces courtes entrevues si observées, et que chacun dévorait du regard, ont été peintes par Saint-Simon avec ce feu de curiosité et de mystère qu’il met à tout ce qu’il touche : il en a même un peu exagéré le dramatique, car, dans l’un des cas, il fait de Saumery, qui était à côté du prince, une sorte d’espion et d’Argus farouche, tandis que ce n’était qu’un ami et un homme très sûr. […] Je trouve dans une lettre de lui à Mme de Montberon, alors qu’il approchait de la cinquantaine (1700), une peinture bien fine et bien circonstanciée de cet état insipide, aride, désabusé, où il se trouve : « Pour moi, je suis dans une paix sèche, obscure et languissante, sans ennui, sans plaisir, sans pensée d’en avoir jamais aucun ; sans aucune vue d’avenir en ce monde ; avec un présent insipide et souvent épineux… » Ces instants d’aridité et de dégoût, chez Fénelon, se peignent avec des traits qui font encore que son ennui ne ressemble pas à un ennui vulgaire.
Il y a de ces remarques qui concernent Parny, Le Brun, Ginguené, Fontanes ; elles ont cela de précieux de n’être point faites à distance et de souvenir falsifié comme les notes de 1826, ni en vue d’aucun public, mais de peindre les choses et les gens à nu, tels qu’on les voit pour soi et qu’on les note à l’instant sur son carnet. […] Et après cette première citation : Dans un autre endroit, continue Chateaubriand, je peins ainsi les tombeaux de Saint-Denis avant leur destruction : « On frissonne en voyant ces vastes ruines où sont mêlées également la grandeur et la petitesse, les mémoires fameuses et les mémoires ignorées, etc. » Je supprime encore ce second morceau, inséré à la suite du premier, et qui prêterait aux mêmes observations comparatives ; mais je vais donner toute la fin de la lettre avec son détail mélangé, afin que le lecteur en reçoive l’impression entière, telle qu’elle ressort dans son désordre et son abandon : Je n’ai pas besoin de vous dire qu’auprès de ces couleurs sombres on trouve de riantes sépultures, telles que nos cimetières de campagne, les tombeaux chez les sauvages de l’Amérique (où se trouve le tombeau dans l’arbre), etc.
Il n’avait que vingt-sept ans (4625), Il s’est peint à nous petit, « la taille de deux ou trois doigts au-dessous de la médiocre, la tête assez belle, (ses portraits nous la montrent même très belle), les yeux doux, mais un peu égarés, et le visage assez niais ». […] Mlle de Scudéry nous le peint capable, en matière galante, de petites noirceurs et de fourberies : par exemple, faisant un mystère affecté de lettres qu’il recevait de la princesse pour qu’on crut qu’elles disaient plus qu’il n’y en avait ; faisant de grands apprêts de voyage pour donner à croire qu’il allait passer chez la princesse, à la campagne, un temps d’amoureuse retraite, tandis qu’il se cachait à 205 quelque distance de là chez un de ses amis.
s’écriait-elle à ce sujet, quand je les vis, ces princes, en Angleterre, ils écoutaient la vérité ; je leur peignais l’état de la France, ce qu’elle demandait, ce qu’il était si facile de lui donner. […] my dear sir, que je voudrais être près de vous pour quelques heures, et vous bien peindre l’état de la France !