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920. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Et moi je demande comment il est possible de savoir si bien ce qui se passa sur le visage de Haller regardant son ami avec complaisance, dans une scène qui n’eut pas de témoin, puisque Gessner d’abord n’y figurait qu’endormi ; et Haller était sans doute trop occupé de son ami pour songer à sa propre attitude. […] Ce qui caractérisait dès lors l’homme excellent et aimable qui nous occupe, c’était beaucoup d’expansion, un cœur qui débordait autour de lui, une imagination vive qui se répandait aussi, plutôt que de s’employer et de se fixer dans quelque sujet fécond.

921. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

J’ai là sur mon bureau des livres qui sont fort dignes qu’on s’en occupe et qu’on les recommande aux lecteurs studieux : et, par exemple, un Essai sur l’histoire de la critique chez les Grecs, dans lequel M.  […] Pour y rendre attentifs les hommes de notre temps, si occupés à bon droit de leurs affaires, de leurs craintes, et qui, dans leurs courtes distractions, ne veulent pas du moins d’effort, je ne sais si tout l’art même suffirait.

922. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Dans cet Essai sur l’art oratoire, il est disciple de Blair : dans les autres discours de cette date, il semble être en philosophie disciple de Condillac, de Garat, des maîtres du jour ; mais, à je ne sais quoi d’affectueux et de pur, à ce que les Anglais appellent feeling, on sent que, pour peu qu’il se développe, il aura bien plus de rapports d’affinité avec ces compatriotes de Blair, les Stewart, les Fergusson, les Beattie, avec cette école morale, économique, tour à tour occupée de l’utile et du beau, à la fois philosophique et religieuse. […] Le fait est que, grâce à ce concours d’écrivains occupés à répandre de saines idées économiques et morales, des idées pacifiques, l’action des écrivains hostiles est tenue en échec ; le niveau de la morale publique se maintient.

923. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Entre tant d’objets qui occupaient l’attention, deux particularités remarquables ont été souvent citées et sont restées dans la mémoire : les armes et la devise de Fouquet qu’on voyait partout, un écureuil grimpant avec cette devise : Quo non ascendet ? […] Quelque temps après son arrivée à Pignerol, le tonnerre tomba en plein midi dans la chambre qu’il occupait, et, au milieu de beaucoup de ruines, le laissa sain et sauf : « d’où quelques-uns prirent occasion de dire que bien souvent ceux qui paraissent criminels devant les hommes ne le sont pas devant Dieu ».

924. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

D’autre part, je n’ai pas voulu me mêler des changements et des réformes projetées par les premiers révolutionnaires, parce que je me suis aperçu qu’on voulait former un nouveau ciel et une nouvelle terre, et qu’on avait l’ambition de faire un peuple de philosophes, lorsqu’on n’eut dû s’occuper qu’à faire un peuple d’heureux. […] En attendant, et durant les vingt-trois années qui s’écoulèrent depuis son entrée au barreau (1765) jusqu’en 1788 à la chute des parlements, il mena la vie d’un avocat occupé et consulté sur toutes les matières importantes.

925. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Tout a été détruit, tout est dissous : En cet état, il ne s’agit pas uniquement de rétablir, il faut régénérer ; il faut s’occuper des hommes encore plus que des choses, et créer, pour ainsi dire, un nouveau peuple. — Un libérateur, dit-il encore, doit donner des lois raisonnables, et non des lois de passion ou de colère. […] Occupé chaque fois d’une idée dominante, il offrait par places des entêtements invincibles et aussi durs que ses rochers d’Auvergne ou que les pierres de ses volcans ; il assemblait en lui les contraires et les faisait bruyamment s’entre-heurter, tandis que Portalis, son opposé naturel, est lucide, enchaîné, suivi, développé, accueillant et conciliant.

926. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Étienne au Théâtre-Français avait été la grande nouvelle littéraire depuis plus d’un an ; sa réception facile et précoce à l’Académie avait fort occupé tous les curieux et tous les amateurs littéraires, dont le nombre était grand à cette époque la plus oisive de l’Empire. […] [NdA] « Je me souviens, dit Montesquieu en ses Pensées, que j’eus autrefois la curiosité de compter combien de fois j’entendrais faire une petite histoire qui ne méritait certainement pas d’être dite ni retenue : pendant trois semaines qu’elle occupa le monde poli, je l’entendis faire deux cent vingt-cinq fois, dont je fus très content. » 59.

927. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Les gens occupés et ambitieux n’ont pas le temps d’être gais, et ils ont des fils qui leur ressemblent : on a tant d’examens à passer avant l’âge de vingt ans, que cela coupe la veine. […] Il paraît bien que, dans les premiers temps, son patron algérien l’employa tout simplement à ramer ; mais bientôta, ayant su que Regnard qui, dès cette époque sentimentale, avait déjà des dispositions pour la gastronomie, faisait très bien les ragoûts, il l’occupa dans sa cuisine.

928. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Si je regarde attentivement dans la rue, je n’entends pas quelqu’un qui m’appelle à côté de moi ; si je suis occupé à quelque travail, je n’entends pas la pendule sonner. […] Le fou est absolument incapable d’attention, il est subjugué par les idées qui l’occupent et par son imagination ; il ne peut changer les rapports de ces idées entre elles ; il ne peut suivre la trace d’une vérité qui apparaît ; il ne peut lier les faits et les causes, les conséquences et les principes-.

929. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Une grande distance entre les stations occupées par deux formes douteuses dispose beaucoup de naturalistes à les ranger l’une et l’autre comme espèces distinctes. […] Les plantes d’eau douce et d’eau salée ont généralement une grande extension géographique et sont très répandues en chacune des contrées qu’elles habitent ; mais cela semble résulter de la nature des stations qu’elles occupent et n’a que peu ou point de rapport à la grandeur des genres auxquels ces espèces appartiennent.

930. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Il y a des chances, je crois, pour qu’on en trouve, non pas beaucoup plus, mais un peu plus, dans les générations de demain et d’après-demain, parce que les professeurs actuels de l’enseignement secondaire n’enseignent plus du tout les auteurs classiques ; ils ne s’occupent que de sociologie et de littérature contemporaine — C’en est donc fait de l’humanisme ! […] Je dis indifférent au temps où il vit et non pas hostile ; car, s’il y était hostile, il s’en occuperait continuellement pour s’indigner contre lui et pour le maudire ; je dis indifférent, étranger et qui ne le connaît pas et ne se soucie aucunement de le connaître.

931. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Pour les gens qui vivent en eux-mêmes, le scepticisme est insupportable ; n’ayant rien d’extérieur où ils puissent se prendre, uniquement soutenus, occupés et animés par leurs croyances, ils sont contraints de croire ou de mourir. […] On se dissipe, on s’occupe, on oublie, on rit : bonheur léger et passager qu’il faut prendre ou perdre, sans beaucoup le regretter ni l’attendre, et sur lequel il ne faut pas réfléchir.

932. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Les philosophes, occupés à satisfaire le besoin du siècle, vérifiaient les idées en les ramenant à leur origine, exilant toutes les notions obscures ou douteuses, reliant les connaissances claires et certaines par une filiation si simple et des notations si exactes, que la philosophie parut une extension de l’algèbre, et que Condillac crut avoir chiffré les opérations de l’esprit. […] Nos sciences ressemblent à ces villes : des générations meurent occupées à graver sur nos livres l’innombrable catalogue des faits ; et ce terrible labeur n’est rien.

933. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

À ce moment, il ne rencontre pas d’images ; il n’est occupé qu’à discipliner et à lancer sur l’adversaire la meute acharnée de ses démonstrations. […] Dans les recherches ultérieures, je n’aurai plus à m’occuper que du fait sommaire et générateur.

934. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Reconnaissez si le village est occupé. […] Benoît, tout le long du chemin, s’occupe de son escouade et la dirige prudemment. […] Afin d’occuper les heures vides et afin d’occuper aussi les portions les plus chimériques d’une âme, fût-elle ordinaire entre toutes les âmes, il faut un rêve, honnête ou non. […] Cela lui occupe l’imagination ; mais, plus il a l’esprit en éveil, plus il tolère mal d’être inactif. […] Le merveilleux progrès de toutes les sciences, dû en majeure partie à de bonnes méthodes, fit envie à quiconque était occupé de pensée.

935. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

Dans un siècle où tout marche si vite, où tous sont appelés indistinctement et souvent à l’improviste, où l’on a à peine le temps de la réflexion à travers l’action, où il nous faut faire après coup ce par où il eût été plus simple de commencer, on ne saurait trop introduire dans l’esprit de notions exactes, n’importe comment, ni par quel bout, à bâtons rompus, aux moments perdus, par les moindres interstices d’une journée occupée ou distraite : en fin de compte tout se retrouve.

936. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

Renée, dans un intéressant chapitre, a tracé avec une parfaite justesse le portrait de ce roi qu’il ne s’agit pas d’idéaliser, à cause de son suprême malheur ; c’est assez que le respect contienne la plume lorsque l’historien est obligé de noter en lui, à côté des vertus et de l’honnêteté profonde, l’absence totale de caractère et de relever les défauts habituels de forme, de dignité extérieure et de convenance qui, par malheur, n’étaient pas secondaires dans ce premier rang qu’il occupait.

937. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Sa nouvelle comédie, La Tutrice, doit prendre place parmi ces agréables croquis toujours bien reçus du public, pour lequel ils semblent écrits expressément, et qui occupent dans le répertoire si varié de l’auteur une place bien distincte à côté de ses productions plus sérieuses, Bertrand et Raton, l’Ambitieux et la Camaraderie.

938. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

Il est décidément regrettable que l’Europe du XVe siècle ait été trop distraite ou trop occupée pour barrer la route à des conquérants dont l’âme diffère à ce point de la nôtre.

939. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Casuistique. » pp. 184-190

Délivrer la femme, avec son consentement et par des moyens qui, dans ce premier moment, ne présentent aucun danger pour elle, c’est supprimer un je ne sais quoi de pas encore vivant ou qui, dans l’échelle de la vie, occupe le plus bas degré, est tout proche de la vie purement végétative ; et c’est, d’autre part, conjurer une terrifiante possibilité d’angoisse et de souffrance, épargner à la mère et au père putatif de ce je ne sais quoi des années de géhenne, et de ces douleurs sans recours, qui rendent injuste et méchant.

940. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

Il prétendoit que l’Homme raisonnable ne doit s’occuper que du vrai, considéré en lui-même ; que ce vrai peur seul perfectionner notre intelligence ; que l’étude de l’Homme est préférable à toute autre étude ; qu’il n’appartient enfin qu’à la Philosophie de nous le montrer, tel qu’il est, dans les idées primitives, dont l’Histoire ne nous présente, selon lui, que des copies imparfaites, ou des portraits défigurés.

941. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Platon, et Aristote. » pp. 33-41

Il leva promptement une école, & ne fut occupé qu’à la rendre la plus fameuse de la Grèce.

942. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Il se peut faire qu’une femme soit surprise par les douleurs de l’enfantement en pleine campagne, il se peut faire qu’elle y trouve une crèche, il est possible que cette crèche soit appuyée contre les ruines d’un ancien monument ; mais la rencontre possible de cet ancien monument est à sa rencontre réelle comme l’espace entier où il peut y avoir des crèches est à la partie de cet espace qui est occupée par d’anciens monuments.

943. (1767) Salon de 1767 « Peintures — [autres peintres] » pp. 317-320

Pigalle est riche et de grands monumens l’occupent.

944. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

. — Sartyi, répondit la vieille, je veux bien te la donner comme épouse mais que jamais elle ne sorte au « soleil ou ne s’approche du feu, car elle fondrait « aussitôt comme de la graisse. » Le sartyi promit à la vieille que jamais Takisé ne sortirait aux heures de soleil et que jamais non plus elle ne s’occuperait de cuisine.

945. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Toutes les perceptions un peu rémunératrices de France sont occupées par des individus qui les ont méritées en fulminant au café, sous l’Empire, contre les articles 291 et suivants.

946. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Du même fonds, la politique l’a occupé. […] La génération de 1820 est la dernière génération de la monarchie traditionnelle, elle occupera exactement les trente années de paix solide, constructive, florissante, qui ont coïncidé avec le règne des deux branches de la maison de Bourbon. […] On dirait que les lettres vont prendre pour la génération de 1820 la place qu’occupaient, pour la génération de 1661, la théologie et la religion, et ce sont les auditoires de Bourdaloue que rappellent à la Sorbonne ceux de Villemain et de Cousin. […] Il occupe des positions héritées. […] Dans cette solitude des îles, où sa famille et Juliette Drouet l’avaient accompagné, où la production régulière, six heures de travail chaque matin, était devenue la vraie substance de sa vie, où la méditation de la mer et de Dieu, de la vie et de la mort, l’occupaient puissamment, il atteignit une force surhumaine d’expression et de création.

947. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Entourés des œuvres si intéressantes d’Aristophane, de Shakespeare, de Molière, et ne trouvant à reproduire sur leur compte que de vieilles banalités, à peine rajeunies dans la forme ; occupés à compter et à mesurer des grains de poussière sur l’aile des grands poètes, les petits maîtres de l’école du goût ressemblent à des enfants ou à des dames s’amusant à manier dans un salon, en l’absence du naturaliste, un magnifique instrument d’observation dont leur frivolité avilirait l’usage, dont leur ignorance ne soupçonnerait pas la portée. […] Ces choses incontestables, ces vérités qui semblent si bien établies, le sont beaucoup moins qu’on ne pense, et c’est là un second et plus grave motif pour lequel la science ne doit pas s’en occuper. […] Ici nos gens se campèrent ; Et l’espace que voilà, Nos ennemis l’occupèrent. […] À dîner, il ne fut point question des problèmes qui nous avaient occupés, mais bien de la température délicieuse, des chances probables d’une belle moisson, d’une belle vendange, d’une belle chasse, du plaisir de manger des fraises. […] « Que chacun de nous s’efforce d’atteindre à la place qu’il peut occuper dans le cours des choses ; c’est là ce qu’il doit être, et il n’en peut être autrement. » Herder, Philosophie de l’histoire de l’Humanité, livre VIII, chap. 

948. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

J’ai trop vu disparaître Dans quelques vains plaisirs aussitôt échappés Des jours que le travail aurait mieux occupés. […] En 1811, dans cet intervalle de paix, il s’occupa beaucoup d’Université. […] A diverses reprises, avant ses grandeurs, il avait songé à recueillir et à publier ses œuvres éparses ; il s’en était occupé en 89, en 96, et de nouveau en 1800. […] En 1805, président du Corps législatif, il ne s’occupe en voyage que du poëme des Pyrénées et des Stances à l’ancien manoir de ses pères. […] Il s’occupait de tout à l’île d’Elbe, et n’avait pas perdu de vue M. de Fontanes.

949. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Les premieres sont comme l’air qui occupe un espace immense lorsqu’il est libre de s’étendre, & qui n’acquiert de la consistance qu’à mesure qu’il est pressé. […] Racine s’est bien gardé d’occuper par des paroles le premier moment de cette situation. […] c’est ainsi que les bergers doivent développer tout leur coeur & tout leur esprit sur la passion qui les occupe davantage. […] A foudroyer les monts sa main va s’occuper, Et laisse à Cassius cette tête à frapper. […] ) les grands : on nomme ainsi en général ceux qui occupent les premieres places de l’état, soit dans le gouvernement, soit auprès du prince.

950. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Il lui semblait transfiguré, comme si les pensées qui l’occupaient et le soutenaient en ces jours suprêmes l’eussent enveloppé de quelque rayonnement supérieur. […] On s’est beaucoup occupé du peintre qui est une de nos gloires et on n’a pas assez constaté que l’écrivain, le poète étaient à la hauteur de l’artiste. […] En tournant ces feuillets, je vois passer ce nom : « Je désire, dit le prince, qu’on prévienne Cambis que je m’occupe ici à former une ménagerie ». […] Pendant le repas, mon hôte dit en patois à cet homme, occupé de nous servir : « Eh bien ! […] Chacun se casera non pas selon ce qu’on aura dit de lui, mais selon ce qu’il aura fait, et, moins on se sera occupé des œuvres des autres, plus on aura de chances d’être en bon lieu, ayant eu plus de temps pour s’occuper de son œuvre à soi.

951. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Les Soirées de Médan occupent, comme de juste, une place d’honneur dans l’ouvrage du professeur Koschwitz. […] Ils s’occupèrent à rassembler la petite troupe qui devait, en peu de temps, devenir l’ordre puissant de la Visitation. […] Plus que jamais, l’occasion semble favorable à ceux qui désireraient l’occuper. […] Les jours des princes et des seigneurs féodaux sont passés ; les monarques occupent leurs trônes pour exécuter la volonté des peuples. […] Regardez-les passer dans la rue, ils vont « à leurs affaires », uniquement occupés de leurs intérêts personnels, insoucieux d’autrui.

952. (1887) Essais sur l’école romantique

C’est une question qui intéresse à un haut degré tous ceux qui ont le courage de s’occuper de poésie, malgré les préoccupations de la politique. […] Question grave que je propose à ceux qui s’occupent sérieusement de la destinée des genres, et qui se chagrinent de les voir s’affranchir des lois qui les régissent, et changer d’allure. […] Qui peut penser, en effet, à occuper le public de l’histoire de sa vie passée, quand il est incessamment tourmenté de son avenir ? […] Ce qui est vrai de chaque nouveau livre est vrai de ceux qui les font : quand la province s’en occupe, ils sont morts à Paris, ou ils vont mourir. […] L’intelligence et les sens partagent également ce masque, d’ailleurs remarquable : l’intelligence en a pris le haut, les sens en occupent le bas.

953. (1925) Proses datées

A ce titre, Leconte de Lisle occupait un appartement au second étage. […] Je me souviens des chambres d’étudiant qu’il occupa à cette époque, l’une rue Gay-Lussac, l’autre dans cet hôtel de la rue de Beaune où avait logé Chateaubriand. […] Mais cela nous entraînerait trop loin et hors du sujet qui nous occupe et auquel nous a conduit l’article de M.  […] A peine sera-t-il mort qu’on sera étonné de la place qu’il aura occupée. […] La postérité est volontiers sévère pour ceux dont elle s’occupe.

954. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Juvénal est plus proche de Théocrite qu’il ne semble ; s’ils occupent deux branches différentes, ils sont bien portés par le même arbre, celui de la grande ville méditerranéenne. […] C’est alors qu’il pense à se tourner vers la littérature, à y occuper une place dont puisse bénéficier sa peinture, et il se met à rédiger ses notes et ses souvenirs d’Algérie. […] Fonction si exceptionnelle que la chaire qu’il occupait à l’École des Beaux-Arts, et où les artistes l’entouraient de tant de considération n’a pu être remplie après lui. […] L’amour sans objet qui l’enveloppe et l’occupe tout entier cristallise fatalement sur Madeleine, qu’il voit le dimanche suivant et regarde profondément pour la première fois. […] Il voyait dans le Journal « une paresse occupée et un fantôme d’activité intellectuelle.

955. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — P.-S. » pp. 38-40

Si le père Massillon, du temps qu’il était à Saint-Honoré (ou à Saint-Magloire), avait paru bien humble et occupé uniquement de l’éternité, l’évêque vieillissant semblait avoir légèrement oublié son sermon Sur le petit nombre des élus.

956. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Nous autres grands auteurs sommes trop riches pour craindre de rien perdre de nos productions… » Notons bien tout ceci : Mme de Sablé dévote, qui, depuis des années, a pris un logement au faubourg Saint-Jacques, rue de la Bourbe, dans les bâtiments de Port-Roval de Paris ; Mme de Sablé, tout occupée, en ce temps-là même, des persécutions qu’on fait subir à ses amis les religieuses et les solitaires, n’est pas moins très présente aux soins du monde, aux affaires du bel esprit ; ces Maximes, qu’elle a connues d’avance, qu’elle a fait copier, qu’elle a prêtées sous main à une quantité de personnes et avec toutes sortes de mystères, sur lesquelles elle a ramassé pour l’auteur les divers jugements de la société, elle va les aider dans un journal devant le public, et elle en travaille le succès.

957. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Andrieux »

Je crois bien qu’on s’occupe d’idées plus larges, de théories plus radicales et plus absolues ; mais il en est peut-être à ce sujet des littératures qui se décomposent, comme des corps organiques en dissolution, lesquels donnent alors accès en eux par tous les pores aux éléments généraux, l’air, la lumière, la chaleur : ces corps humains et vivants étaient mieux portants, à coup sûr, quand ils avaient assez de loisir et de discernement pour songer surtout à la décence de la démarche, aux parfums des cheveux, aux nuances du teint et à la beauté des ongles.

958. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VII. De la propriété des termes. — Répétition des mots. — Synonymes. — Du langage noble »

Un certain nombre de mots, réservés à l’usage familier, avaient des équivalents nobles : ainsi se forma la catégorie de synonymes dont je m’occupe.

959. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 3. Causes générales de diversité littéraire. »

L’importance du premier dans la vie nationale est mal représentée par la place qu’il occupe dans la littérature française, quoiqu’il lui ait fourni plusieurs de ses chefs-d’œuvre les plus considérables, et certains genres même, qui n’ont pas d’analogie dans les littératures anciennes, comme l’éloquence religieuse.

960. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

La vérité, c’est que les nations civilisées se demandent comment elles exploiteront, pour l’accroissement de leur propre richesse et de leur propre bien-être, les régions du globe occupées par les races inférieures, et qu’elles se disputent déjà cette exploitation.

961. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Le marquis d’Urfé devait en grande partie sa célébrité à sa longue et merveilleuse passion pour Diane de Châteaumorand, personne d’une admirable beauté, d’une grande fortune, toute occupée de ses charmes, et pénétrée du respect pour elle-même, au point d’avoir refusé à un neveu de s’arrêter une nuit dans un château qu’il avait sur une route où elle passait, parce qu’on y avait remplacé des vitres de cristal par du verre.

962. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

On peut mesurer par ces citations la hauteur et la profondeur du rang que les Érynnies occupaient dans la religion hellénique.

963. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

L’esthétique du mot, telle que j’essaierai de la formuler pour la première fois, aura d’abord ce point de contact avec la phonétique qu’elle ne s’occupera que par surcroît du sens verbal, tout à fait insignifiant dans une question de beauté physique : la signification d’un mot ni l’intelligence d’une femme n’ajoutent rien ni n’enlèvent rien à la pureté de leur forme.

964. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

Il s’appuye de celle de Henri IV, qui reçut la discipline sur les épaules, des cardinaux d’Ossat & du Perron ; formalité bien vaine, mais raison plus étrange encore pour vouloir qu’on admettre un usage quelquefois criminel & suggéré par la débauche ; un usage qui peut être remplacé par tant d’autres plus dignes d’un vrai pénitent ; un usage qui peut être remplacé par tant d’autre plus dignes d’un vrai pénitent ; un usage enfin que la religion ne prescrit pas, & qui rappelle ces prêtres de Baal, qui se déchiroient à coups de lancettes, ou ces insensés Brammins qui passent la plus grande partie de leur vie, nuds dans leurs cellules, occupés à s’enfoncer des clous dans les bras & dans les cuisses, en l’honneur de leur dieu Brama.

965. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

Sans cesse occupé du tombeau, et comme penché sur les gouffres d’une autre vie, Bossuet aime à laisser tomber de sa bouche ces grands mots de temps et de mort, qui retentissent dans les abîmes silencieux de l’éternité.

966. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — S’il est plus aisé, de faire une belle action, qu’une belle page. » pp. 539-539

J’aime mieux me renfermer dans la bibliothèque de Sa Majesté Impériale et m’occuper de la tâche qu’elle m’a prescrite que de m’exposer aux éclaboussures d’une chaudière qui bout toujours et où il ne cuit rien.

967. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

La France a toujours occupé dans l’Église une place privilégiée et les papes ont souvent proclamé à quel rang notre patrie a droit.

968. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

. — Cette vérité semble admise par les docteurs du droit moderne, lorsqu’ils disent : universitates sub rege habentur loco privatorum  ; c’est qu’en effet la plus grande partie des citoyens ne s’occupe plus du bien public.

969. (1876) Romanciers contemporains

Nous savons bien que Ferry, mort depuis longtemps, n’occupe pas, tant s’en faut, la place qui lui est due dans notre littérature. […] Flaubert occuperait une des deux ou trois premières places de notre littérature. […] Mais il est temps de nous occuper de l’œuvre la plus étendue de M.  […] Nous savons que nous allons heurter bien des idées reçues en mettant Gaboriau à un rang plus élevé que celui qu’il occupe. […] Chavette occupe une place à part, grâce aux procédés employés.

970. (1898) La cité antique

Comme le foyer, elle occupera toujours cette place. […] Chez les Grecs on partageait en deux le carré que formait cette enceinte : la première partie était la cour ; la maison occupait la seconde partie. […] Il était occupé toute sa vie à les apaiser, paces deorum quærere, dit le poète. […] Elle ne rapportait aussi que les événements dans lesquels la cité s’était trouvée engagée, et elle ne s’occupait pas du reste de la terre. […] Homère et Virgile nous montrent les rois occupés sans cesse de cérémonies sacrées.

971. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Il ne s’occupe guère non plus de littérature, et je le regrette, à cause du plaisir que j’aurais à observer ses avatars. […] si Tolstoï s’occupe des hommes de cette catégorie, ce n’est qu’avec l’idée de les arracher à la duperie de leur bien-être. […] M. de Vogüé occupe donc une place à part : il ne la doit pas seulement à la tournure naturelle de son talent, mais à sa vie, qui l’a conduit à la littérature et au journalisme sans ressembler ni à celle d’un littérateur ni à celle d’un journaliste. […] Il n’est plus un mandarin, délicieusement occupé à peindre des mots oiseux dans quelque tour de porcelaine, il est « un gardien à qui tout un peuple a confié son âme pour un moment ». […] C’est bien là, je crois, au point de vue qui nous occupe, l’impression que laisse la lecture de nos principaux écrivains ; c’est aussi, si nous avons été clair, celle qu’ont du dégager les précédentes études.

972. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Weiss s’est toujours occupé des lettres allemandes. […] À l’époque qui nous occupe, ces résultats futurs n’inquiétaient personne. […] Goethe, qui le peignit en termes si éloquents, s’occupa aussi de bonne heure d’y chercher un remède. […] Pourtant le souvenir de Charlotte occupe à peine deux pages de ses Mémoires. […] Bientôt le soleil apparut joyeux, puis hostile et taquin, dans le coin de fenêtre occupé par M. 

973. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

J’entens par vanité, l’envie d’occuper les hommes de soi et de ses talens, et la préférence de cette opinion étrangere à la réalité même du mérite. […] C’est, si je ne me trompe, à savoir dès le commencement d’une piéce, indiquer à l’esprit et au coeur, l’objet principal dont on veut occuper l’un et émouvoir l’autre. […] On suit un objet avec d’autant plus de plaisir, qu’on l’embrasse avec moins de peine, et le coeur entre plus aisément dans la passion, quand l’esprit n’est pas occupé à démêler les circonstances qui la fondent. […] Il n’auroit pû faire ce détail, en parlant à la reine, trop impatiente du secret qui la regarde, pour s’occuper des affaires particulieres d’un berger. […] Si l’intérêt ne tombe que sur un personnage, il est difficile qu’il soit continu dans le sens où je prens ici ce terme : car ce personnage ne peut pas occuper toûjours le théatre ; et il y aura nécessairement bien des scenes foibles, en comparaison de celles où il paroîtra.

974. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Le plus grand capitaine du temps, le duc de Marlborough, est un des plus bas coquins de l’histoire, entretenu par ses maîtresses, économe administrateur de la paye qu’il reçoit d’elles, occupé à voler ses soldats, trafiquant des secrets d’État, traître envers Jacques, envers Guillaume, envers l’Angleterre, capable de risquer sa vie pour épargner une paire de bottes mouillées, et de faire tomber dans une embuscade française une expédition de soldats anglais. […] En France, jansénistes et jésuites semblent des pantins de l’autre siècle occupés à se battre pour le divertissement de celui-ci. […] Leur piété fait leurs disputes ; c’est parce qu’ils veulent croire qu’ils diffèrent de croyance ; les seuls hommes sans religion sont ceux qui ne s’occupent pas de religion. […] Rien de plus frappant que les confessions de ses prédicateurs, la plupart gens du peuple et laïques : Georges Story a le spleen, rêve et réfléchit tristement, s’occupe à se dénigrer et à dénigrer les occupations humaines. […] Allez jusqu’au plus illustre, au savant Clarke, mathématicien, philosophe, érudit, théologien : il s’occupe à refaire l’arianisme.

975. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Le sens commun, qui ne s’occupe que d’objets détachés, comme d’ailleurs la science, qui n’envisage que des systèmes isolés, se place aux extrémités des intervalles et non pas le long des intervalles mêmes. […] Nos raisonnements sur les systèmes isolés ont beau impliquer que l’histoire passée, présente et future de chacun d’eux serait dépliable tout d’un coup, en éventail ; cette histoire ne s’en déroule pas moins au fur et à mesure, comme si elle occupait une durée analogue à la nôtre. […] Le métaphysicien que nous portons inconsciemment en nous, et dont la présence s’explique, comme on le verra plus loin, par la place même que l’homme occupe dans l’ensemble des êtres vivants, a ses exigences arrêtées, ses explications faites, ses thèses irréductibles : toutes se ramènent à la négation de la durée concrète. […] Concurrence vitale et sélection naturelle ne peuvent nous être d’aucun secours pour résoudre cette partie du problème, car nous ne nous occupons pas ici de ce qui a disparu, nous regardons simplement ce qui s’est conservé. […] Ainsi, dans le cas qui nous occupe, il est incontestable que le premier rudiment de l’œil se trouve dans la tache pigmentaire des organismes inférieurs : cette tache a fort bien pu être produite physiquement par l’action même de la lumière, et l’on observe une foule d’intermédiaires entre la simple tache de pigment et un œil compliqué comme celui des Vertébrés. — Mais, de ce qu’on passe par degrés d’une chose à une autre, il ne suit pas que les deux choses soient de même nature.

976. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Cette espèce de brute nue qui gît tout le long du jour auprès de son feu, inerte et sale, occupée à manger et à dormir38, dont les organes rouillés ne peuvent suivre les linéaments nets et fins des heureuses formes poétiques, entrevoit le sublime dans ses rêves troubles. […] Cette année Cynegills succéda à la royauté dans le Wessex et l’occupa trente et un hivers. […] Sans compter les baies, golfes et canaux, la seizième partie du pays est occupée par les eaux. […] « Une fois mariées, ce sont exactement des couveuses occupées à faire des enfants, et en adoration perpétuelle devant le faiseur. » Stendhal, de l’Amour en Allemagne. […] Turner remarque que la même idée exprimée par le roi Alfred, en prose, puis en vers, occupe dans le premier cas seize mots, et dans le second sept.

977. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Partons d’un fait : la même nature de civilisation, ou, pour employer une expression plus précise, quoique plus étendue, la même société n’a pas toujours occupé la terre. […] Il est temps de faire justice des critiques entassées par le mauvais goût du dernier siècle sur ce style admirable, et de dire hautement que Molière occupe la sommité de notre drame, non seulement comme poëte, mais encore comme écrivain. […] Quoi qu’il advienne, il croit devoir avertir d’avance le petit nombre de personnes qu’un pareil spectacle tenterait, qu’une pièce extraite de Cromwell n’occuperait toujours pas moins de la durée d’une représentation. […] Certes, si l’on veut autre chose que ces tragédies dans lesquelles un ou deux personnages, types abstraits d’une idée purement métaphysique, se promènent solennellement sur un fond sans profondeur, à peine occupé par quelques têtes de confidents, pâles contre-calques des héros, chargés de remplir les vides d’une action simple, uniforme et monocorde ; si l’on s’ennuie de cela, ce n’est pas trop d’une soirée entière pour dérouler un peu largement tout un homme d’élite, toute une époque de crise ; l’un avec son caractère, son génie qui s’accouple à son caractère, ses croyances qui les dominent tous deux, ses passions qui viennent déranger ses croyances, son caractère et son génie, ses goûts qui déteignent sur ses passions, ses habitudes qui disciplinent ses goûts, musclent ses passions, et ce cortège innombrable d’hommes de tout échantillon que ces divers agents font tourbillonner autour de lui ; l’autre, avec ses mœurs, ses lois, ses modes, son esprit, ses lumières, ses superstitions, ses événements, et son peuple que toutes ces causes premières pétrissent tour à tour comme une cire molle. […] Mais si, par aventure, toutes nues et tout amoindries qu’elles sont, elles pouvaient contribuer à mettre sur la route du vrai ce public dont l’éducation est déjà si avancée, et que tant de remarquables écrits, de critique ou d’application, livres ou journaux, ont déjà mûri pour l’art, qu’il suive cette impulsion sans s’occuper si elle lui vient d’un homme ignoré, d’une voix sans autorité, d’un ouvrage de peu de valeur.

978. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Lorsqu’on admet le principe de concurrence vitale et celui de sélection naturelle, il faut admettre aussi que chaque espèce vivante s’efforce constamment de se multiplier, et que si une espèce quelconque varie, si peu que ce soit, dans ses habitudes ou dans son organisation, et acquiert ainsi quelque avantage sur d’autres habitants de la contrée, cette espèce modifiée s’emparera de la place occupée dans l’économie naturelle par quelques-uns d’entre eux, lors même que cette situation serait très différente de celle qu’elle occupe habituellement. […] Pourquoi toutes les parties de l’organisation chez tant d’êtres indépendants, et supposés créés chacun séparément pour occuper sa place particulière dans la nature, seraient-elles si communément reliées les unes aux autres par des transitions graduelles ? […] Plus encore ; il résulte des expériences de Matteucci que les phénomènes électriques manifestés par la fibre musculaire diminuent d’intensité à mesure que l’animal sur lequel on expérimente occupe une place plus élevée dans l’échelle ; des êtres. […] Si, dans le cas dont nous nous occupons, la chaleur qui devrait accompagner la combustion manque, il est facile de s’en rendre compte.

979. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Nous n’avons plus dans l’esprit de forme précise dont nous souhaitions l’accomplissement, ou dont nous redoutions la gêne ; nous nous laissons vivre ; nous nous trouvons à l’aise ; nous sommes comme au bord d’un fleuve, occupés à suivre les petits flots qui se dressent et luisent, contents de suivre leurs teintes verdâtres, de voir l’eau transparente regorger et s’étaler sur la grève où elle aboutit. […] II Il l’a frayée du premier coup, toute grande, sans efforts ni recherches ; il y entrait naturellement, parce qu’il était rêveur, et il y avançait parce qu’il s’y trouvait bien. « Il était touché des fleurs, des doux sons, des beaux jours. » « Le monde entier pour lui était plein de délices. » Un ruisseau suffisait pour l’occuper et l’enchanter. « Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie !  […] Quand par hasard tout est occupé, il a ses joues et ses mâchoires qu’il fait grincer, et ses vilains yeux spirituels qu’il tourne en un instant de cent côtés.

980. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Mais, s’il s’agit de la résoudre d’une manière relative et au point de vue de la société et de la famille, où la femme occupe une place si distincte de celle que la nature, la société, la famille, assignent à l’homme, la question prend un autre aspect, et nous présenterons à notre tour quelques considérations préliminaires à ceux qui cherchent à cet égard la convenance ou la vérité. […] Elle revint à Paris occuper, dans le parti des républicains d’ordre, la place que madame Rolland égorgée par Robespierre avait occupée dans le parti des Girondins.

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