si tout meurt avec nous, les soins du nom et de la postérité sont donc frivoles ; l’honneur qu’on rend à la mémoire des hommes illustres, une erreur puérile, puisqu’il est ridicule d’honorer ce qui n’est plus ; la religion des tombeaux, une illusion vulgaire ; les cendres de nos pères et de nos amis, une vile poussière qu’il faut jeter au vent, et qui n’appartient à personne ; les dernières intentions des mourants, si sacrées parmi les peuples les plus barbares, le dernier son d’une machine qui se dissout ; et, pour tout dire en un mot, si tout meurt avec nous, les lois sont donc une servitude insensée ; les rois et les souverains, des fantômes que la faiblesse des peuples a élevés ; la justice, une usurpation sur la liberté des hommes ; la loi des mariages, un vain scrupule ; la pudeur, un préjugé ; l’honneur et la probité, des chimères ; les incestes, les parricides, les perfidies noires, des jeux de la nature, et des noms que la politique des législateurs a inventés.
Je ne sais, mon ami, si vous aurez remarqué que les peintres n’ont pas la même liberté que les poètes, dans l’usage des flèches de l’Amour.
De tels crimes repugnent tellement aux coeurs qui ne sont pas entierement dépravez, qu’il ne suffit point d’avoir perdu quelque chose de la liberté de son esprit pour les commettre, sans devenir un scelerat odieux.
Pour les esprits qui ne passent pas leur vie à couper en quatre des fils de la Vierge avec de microscopiques instruments, il n’y a que trois femmes en nature humaine et en histoire : La femme de l’Antiquité grecque (car la matrone romaine, qui tranche tant sur les mœurs antiques, n’est qu’une préfiguration de la femme chrétienne), la femme de l’Évangile, et la femme de la Renaissance, — pire, selon nous, que la femme de l’Antiquité, pire de toute la liberté chrétienne dont la malheureuse a si indignement abusé.
Ce philosophe a très bien senti l’insuffisance, le verbalisme où aboutissent certains efforts sociaux, tant d’enthousiasmes dépensés et tant de sang versé ; mais si le but qu’on déclarait viser, — à savoir la justice sociale — n’a pas été atteint (et cette sévérité pour l’œuvre de la Révolution, fort explicable dans la bouche d’un socialiste, ne vous étonne-t-elle pas un peu chez un admirateur des libertés anglo-saxonnes ?)
L’un venait en habits de deuil, et disait : « Il a fait périr ma femme et mes enfants ; j’apporte ici les dernières plaintes qu’ils prononcèrent en mourant : ô juges, vengez-nous. » Un autre : « Il m’a ravi ma liberté et j’étais innocent ; voilà mes chaînes, elles déposent contre lui, et je viens les secouer sur sa tombe. » Des malheureux, en lambeaux, disaient : « Nous avons été arrachés de nos maisons pour bâtir ces pyramides et ces palais : sur chacune de ces pierres que vous voyez, a coulé quelqu’une de nos larmes » ; et souvent des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, étendant leurs bras à la fois, s’écriaient tous ensemble : « Il a causé la mort de nos pères, de nos frères, de nos époux, qui ont tous péri dans une guerre injuste ; ô juges !
Et, quant à la liberté de l’artiste, ainsi que toute autre liberté, où prend-elle son énergie utile, sinon dans la connaissance et l’acceptation des authentiques servitudes ? […] … « À quoi servirait-il que Henri recouvrît un jour sa liberté ? […] Les preuves manquent : on lui rend sa liberté. […] L’ancien usage s’était égayé d’une liberté, d’une audace nouvelles ; mais l’ancien usage réglait encore l’audace inopinée et la récente liberté. […] Elle a ses attaches solides, sa dépendance ; et elle a sa liberté.
Dès son enfance il a préféré la liberté à tout. Comme Amiel ou Secrétan, il a compris la liberté dans sa profondeur et son essence. […] Sa passion et ses problèmes de la liberté intérieure lui communiquaient la passion et lui apportaient les problèmes de la liberté politique. […] Liberté d’examen à Genève, liberté de l’Église gallicane en Bugey ou en Dauphiné, liberté de la République française, liberté des philosophes, et même, dans le passé, Athènes comme civilisation de liberté, il a épuisé son encre à batailler contre tout cela. […] La Restauration rend ses libertés à la République des Lettres.
Le monde entier lui répondra que ce fut celle qui exprima le mieux ce qu’il y a de meilleur, la liberté, intérêt recommandable et précieux à tous les peuples de la terre. […] Les monuments des lettres sont les archives respectables où la vérité, la raison, et le courage, ont déposé les registres des anciens honneurs de la liberté publique. […] C’est le plus étrange monument que nous ayons de son excessive liberté. […] « Laissons à ce genre, ai-je écrit, toute son aisance, le sa vérité, sa liberté, si nous voulons être égayés comme nos pères. […] La majesté de cette fiction jette une lugubre tristesse sur le récit du malheur des nations vaincues par la liberté grecque.
La France, quels que soient son goût et ses vœux pour la liberté, est un pays où l’autorité, quand elle a pour elle l’ancienneté et la forme, ne déplaît pas. […] Les termes généraux du testament laissaient à cet égard toute liberté à l’Académie, et elle en a usé dignement. […] … J’y ai beaucoup pensé, disait-il ; je n’ai jamais pu en saisir le sens avec certitude. » Montesquieu garda un moment le silence et répondit : « Pour faire de grands ouvrages, deux choses sont nécessaires, un père et une mère, le génie et la liberté… Mon ouvrage a manqué de cette dernière. » Noble et fière réponse !
Necker : « On n’a su ni donner ni retenir. » Le fait est que, sans accuser personne, et à n’en juger que par les apparences et les résultats, jamais une pensée généreuse et spontanée, émanée du souverain, n’a paru servie plus à contre-cœur, — et chacun n’y allant qu’à son corps défendant ; — jamais liberté proclamée proprio motu n’a paru ensuite plus contrôlée, chicanée, retardée, ballottée à n’en plus finir. […] Mais les arguments allégués ne paraissent point concluants à quelques-uns des hommes les plus versés dans ces matières contentieuses, et de ceux même qui ne sont point partisans, d’ailleurs, de la liberté absolue de la presse. […] Une des choses qui m’ont le plus affligé pendant la discussion de cette loi, c’est de voir combien elle plaçait la France dans un état d’infériorité vis-à-vis d’autres nations ; car toute nation qui ne jouit pas de la pleine liberté de la presse est inférieure virtuellement et censée mineure à cet égard, par comparaison à celles qu'en jouissent.
Donnez aux provinces leurs libertés entières, faites-en des états fédérés dans l’État, et vous verrez aussitôt surgir une France nouvelle débarrassée à tout jamais des parasites qui la rongent, une France consciente d’elle-même, de sa valeur propre, des différentes faces de son génie, dans laquelle tous les éléments qui la composent auront la même fierté, et non ce lâche désir, cette attitude de chien battu qu’ils prennent en face de Paris, en face de la centralisation la plus monstrueuse que l’on ait jamais vue. […] Steeg lui-même, nourri de bonnes lettres anciennes, comme le fondateur de son église, Jean Calvin, l’auteur de l’Institutio christianæ religionis… Non, en conscience, en toute liberté d’esprit, je ne crois à l’influence du latin sur la politique. […] Serieyx), La Liberté (Paul Gaulot), L’Écho de Paris (Franc-Nohain), Paris-Journal (Charles Morice), le Journal des débats (Flying Jib), Le Gil-Blas (Nozière), ont également disserté sur la question et nous avons lu leurs remarques et leurs observations avec beaucoup d’intérêt.
Zola a tort de l’oublier, — que nous sommes surtout redevables de cette pleine liberté dont il profite avec beaucoup d’autres. […] Ce n’est pas le moment d’examiner la grande question philosophique de l’esprit et de la matière ni celle de la liberté et de la responsabilité humaines ; redoutables problèmes qui ne sont pas faits pour être tranchés en quelques lignes. […] Que l’homme ait une âme ou non, qu’il soit libre ou non, il a en tout cas l’illusion de l’âme et l’illusion de la liberté.
À travers ses souffrances, l’Italie, de toute part enrichie par le commerce, s’embellissait, s’éclairait, retrouvait çà et là quelque liberté, mais non l’unité ni l’indépendance. […] L’immense et contradictoire incident qui nous a montré naguère l’empire turc protégé par une croisade partielle de l’Occident, le langage que l’orthodoxie même a pris quelquefois dans cette cause, par défiance d’un schisme bien moins éloigné d’elle que la barbarie du Coran, tout cela n’est qu’un retard et point un obstacle à l’œuvre inévitable du temps, à la dette sacrée de la Providence, à l’épuration des frontières orientales de l’Europe, au défrichement nouveau des rivages de l’Asie-Mineure, de cette banlieue de l’Europe si fertile jadis sous la liberté grecque et même sous l’empire romain. […] L’admiration même nuisait à la liberté du génie ; et l’instinct poétique, au lieu de s’animer par la passion présente, chancelait confondu sous l’amas des souvenirs.
En vain Madame de Sévigné essayait quelquefois de le modérer dans son zèle de bons offices et de correspondance : « Vous jugez bien, écrit-elle à sa fille, que puisque le régime que je lui avais ordonné ne lui plaît pas, je lâche la bride à toutes ses bontés et lui laisse la liberté de son écritoire. […] La liberté de l’homme, je l’éprouvais intimement alors, consiste surtout dans le pouvoir qu’il a de se mettre ou de ne se mettre pas sous la prise des objets et à portée de leur tourbillon, suivant qu’il y est trop ou trop peu sensible. […] Ainsi les fables orientales nous représentent un jeune prince plein de vie et de sentiment, mais dont les extrémités inférieures, converties en marbre, lui défendent de faire un seul pas, et le font captif au sein de la liberté. […] Entre les hommes de l’autorité et ceux de la liberté, il y a un fossé que la plus grande spiritualité des deux parts a peine à combler ; le mysticisme l’a pu quelquefois ; mais dans le mysticisme, arrivé à un certain degré, il n’y a plus de place pour ces distinctions, ni même pour l’idée d’Église. […] Admettons qu’elle se puisse payer d’un autre prix que nous-mêmes, et que le moyen de notre absolution ne nous ôte pas le moyen d’en profiter, admettons que nous ne soyons pas nous-mêmes l’holocauste de notre péché, qu’importe que, par un moyen quelconque, en nous ou hors de nous, la réparation se consomme, si cette réparation, purement négative, effaçant le mal, ne crée pas le bien, si elle ne rétablit pas en nous la loi qu’elle venge hors de nous, si elle ne lie pas notre vie à la loi par le consentement de notre cœur, si elle ne fait pas triompher en nous l’obéissance dans la liberté, et la liberté dans l’obéissance, sous les auspices et la médiation de l’amour ?
Le poète n’a besoin que de solitude et de liberté. […] Il a la frénésie de la liberté. […] Il est comme saturé du sel vivifiant de la liberté. […] Il a le culte de la liberté et le respect du droit. […] C’est le Trianon de la Liberté.
Je crois qu’il serait injuste d’imputer le scepticisme réel aux principaux éclectiques de l’école : ils ont sur deux ou trois points des convictions, des principes ; ils ont foi intellectuellement à la liberté humaine et au spiritualisme de l’âme ; mais, à part ces quelques points, le reste est court et le symbole intérieur pourrait sembler bien flottant.
Née dans des climats brillants où la terre est pétrie d’une meilleure argile, développée d’abord et grandie en liberté, un peu sauvage, comme elle dit, ayant puisé ses premières idées sur l’hiver dans les romans, nous la voyons, dans le cours de ces volumes, fidèle à ce culte de l’été de la vie, de la jeunesse, de la beauté dont elle aime à couronner en toute occasion ses louanges.
Racine fait dire à Burrhus : Je parlerai, madame, avec la liberté D’un soldat qui sait mal farder la vérité.
La Littérature est une espece d’arene, où les combattans sont soumis au jugement de chaque Spectateur, qui a droit d’aller y combattre à son tour ; & personne ne doit s’y engager, s’il refuse de s’assujettir aux loix établies, dont la premiere est la liberté.
Qu’on pense ce qu’on voudra de ses Farces, il seroit à souhaiter néanmoins que notre Théatre aujourd’hui si languissant & si stérile, imitât la gaieté d’un aussi bon Modele, en retranchant les libertés qu’il s’est permises trop souvent.
nous répondrons qu’il doit encore ce talent, ou du moins le développement de ce talent, au christianisme ; car cette religion, chassant de petites divinités des bois et des eaux, a seule rendu au poète la liberté de représenter les déserts dans leur majesté primitive.
En appréciant le mérite des Ecrivains que la mort nous a enlevés, je me suis permis un peu plus de liberté que dans le compte que j’ai rendu des productions des Auteurs vivans.
L’auteur s’y montre un homme dégagé des préjugés de parti ou de corps ; il rend justice aux Protestans comme aux Catholiques, aux Jansénistes comme aux Molinistes, & dit la vérité avec une liberté judicieuse.
Aussi tranquilles donc sur leur subsistance que le religieux d’une riche abbaïe, ils avoient la liberté d’esprit necessaire pour se livrer aux goûts que la douceur du climat dans les contrées qu’ils habitoient faisoit naître en eux.
Le sot livre impose, étant très souvent goûté par une multitude de gens dont le nombre fait impression sur vous, et l’on ne sait pas le discuter avec la pleine liberté d’esprit que suppose Montaigne, ce qui est la seule condition à laquelle il deviendrait de profit.
Il semble que nous ayons le droit de juger Robespierre avec la même liberté que Bossuet jugeait Charles IX. […] Elle put jouir enfin et de la liberté et d’un crédit inattendu. […] C’est pour l’Église qu’il voulait la liberté, mais il la voulait toute. […] Les pèlerins de Dieu et de la liberté, comme ils s’appelaient eux-mêmes, furent congédiés sans une réponse précise à leur demande. […] C’est un homme capable de vous charmer, sous la rose, par la liberté décente de ses propos.
Défenseur de la liberté pour laquelle il a livré toutes ses batailles, il ne la voyait cependant qu’à travers une dictature : la dictature d’abord, pour assurer la liberté ensuite. […] Il combat pour la liberté et pour le bon droit, cela lui paraît une force suffisante : « L’Autriche est puissante, ses armées sont nombreuses. […] Les montagnes ne sont-elles pas l’auberge, le sanctuaire de la liberté des peuples ! […] La liberté ne manque pas “à ceux qui la veulent”. […] lui aurait-il à peu près répondu, faut-il penser à tant de choses, quand il s’agit de la liberté d’un peuple qui la réclame ?
Il a voulu rendre à la musique sa liberté, comme tant d’autres ont tâché, par leurs écrits, d’assurer celle du commerce, des mariages, de la presse & des toiles peintes. […] Elle a pitié d’un malheureux, sollicite sa liberté auprès de Clément VII son parent, & l’obtient à force d’instances. […] Il leur ôte la liberté de tout exercice de classe, jusqu’à ce qu’ils aient constaté leur droit d’enseigner. […] Il écrivit pour les libertés de l’église de France, & contre les prétentions des papes. […] Ils voulurent aussi se faire un nom, dogmatiser d’après Baïus, assigner un fil dans le labyrinthe épouvantable de la toute-puissance divine & de la liberté.
Il y a cinq manières principales d’exprimer sa pensée pour la communiquer aux hommes : La chaire sacrée qui parle aux hommes, dans les temples, de leurs premiers intérêts : la Divinité et la morale ; La tribune aux harangues qui parle aux hommes, dans les assemblées publiques, de leurs intérêts temporels de patrie, de liberté, de lois, de formes de gouvernement, d’aristocratie ou de démocratie, de monarchie ou de république, et qui remue leurs idées ou leurs passions par l’éloquence de discussion, l’éloquence parlementaire ; La place publique, où, dans les temps de tempête, de révolution, de sédition, le magistrat, le tribun, le citoyen monte sur la borne ou sur les marches du premier édifice qu’il rencontre, parle face à face et directement au peuple soulevé, le gourmande, l’attendrit, le persuade, le modère et fait tomber de ses mains les armes du crime pour lui faire reprendre les armes du patriotisme et des lois. […] La liberté a autre chose à donner un jour aux peuples, mais on peut défier l’Église et la monarchie de donner plus qu’elles n’avaient donné au siècle de Louis XIV, le génie discipliné par le despotisme. […] Le crime de liberté de pensée n’était plus seulement un crime contre le ciel, c’était un crime contre l’État. […] D’ailleurs, excepté l’éloquence de la chaire qui éblouissait alors les temples dans la parole et dans la personne de Bossuet, l’éloquence civique et littéraire n’était pas née alors en France ; elle ne devait naître qu’avec la liberté.
La liberté parlementaire, qui ennoblit l’obéissance, les industries, qui honorent et multiplient le travail, la légalité, les arts, les lettres, la religion, toutes ces puissances morales étaient leur seul moyen de gouvernement. […] Convaincu que la restauration de sa dynastie ne pouvait se naturaliser que par la liberté des discussions parlementaires et par le concours électif de la nation elle-même à son gouvernement, il s’en rapportait à la Constitution qu’il avait donnée de la solidité de son trône. […] Ici c’est l’esprit de vérité et de liberté qui soulève le poète et qui lui fait braver le despotisme d’un prince égoïste et impérieux. […] Les plus beaux chants n’étaient, aux yeux du roi, que des séductions à l’erreur ou à la liberté d’esprit.
Les uns l’ont traité brutalement de despote, faisant du despotisme pour l’apaisement de son âme orgueilleuse, et les autres le lui ont pardonné, parce que, clairvoyant ou aveugle, ce despotisme préparait, de longue main, les affaires de la liberté. […] Nous en avions de fatalistes, et ce sont même les plus communes, dans lesquelles l’innocentation des crimes et des criminels était admise en vertu de l’irrésistible force des choses et d’une négation, en hypocrite sourdine, de la liberté morale et de la divine Providence. […] elle a, dans sa robe blanche, quelque chose de la prosaïque propreté de l’habit bleu de Robespierre, et, s’il est un nom qui lui convienne et qu’on ne lui a pas donné encore, c’est la bourgeoise de la liberté ! […] Pour les esprits qui ne passent pas leur vie à couper en quatre des fils de la Vierge avec de microscopiques instruments, il n’y a que trois femmes en nature humaine et en histoire : La femme de l’Antiquité grecque, — car la matrone romaine, qui tranche tant sur les mœurs antiques, n’est qu’une préfiguration de la femme chrétienne, — la femme de l’Évangile et la femme de la Renaissance, pire, selon nous, que la femme de l’Antiquité, pire de toute la liberté chrétienne dont la malheureuse a si indignement abusé.
Dorat leur avait rendu le même service qu’au drame et avait pris avec elles les mêmes libertés ; il avait corrigé, arrangé le tout au goût de Paris et du beau sexe ; et dès la première pièce ou dédicace en prose, là où on lisait dans l’original : « Sophie, c’est loin de vous, c’est dans un autre climat que tristement assis à l’ombre des mélèzes, je me rappelle tant de vœux rejetés, tant d’espérances déçues » ; Dorât avait substitué les platanes aux mélèzes. […] En parlant de la célèbre abbaye de Notre-Dame-des-Ermites ou d’Einsielden, dans le canton de Schwitz, William Coxe, ministre et chapelain anglican, s’était permis bien des ironies sur les pèlerins et leur dévotion qu’il appelait superstitieuse : ici Ramond prend à son tour la liberté d’abréger, dans sa traduction, ces sarcasmes trop faciles, et il exprime pour son compte un tout autre sentiment : Je l’avoue, dit-il, l’aspect de ce monastère m’a ému ; sa situation au milieu d’une vallée sauvage a quelque chose de frappant ; son architecture est belle, et son plan est exécuté sur de grandes proportions ; rien de plus majestueux que les degrés qui s’élèvent à la plate-forme de l’édifice et qui la préparent de loin par une montée insensible… Il est impossible d’entrer dans cette chapelle dont le pavé est jonché de pécheurs prosternés, méditant dans un respectueux silence et pénétrés du bonheur d’être enfin parvenus à ce terme de leurs désirs, à ce but de leur voyage, sans éprouver un sentiment de respect et de terreur.
Tite-Live usa de cette faveur avec mesure, avec décence ; il garda une honnête liberté de jugement dans les parties les plus récentes et presque contemporaines de son histoire. […] Cicéron convient qu’un tel travail est ce qu’on lui demande et ce que tout le monde attend de lui ; mais il faudrait pour cela un complet loisir et une liberté d’esprit qui lui est refusée.
Il trouva moyen d’y conserver sa liberté d’études, sa spontanéité d’éducation. « Le peu de leçons qu’on me donnait, dit-il, n’avaient pas d’attrait pour moi ; mais, comme on me voyait sans cesse occupé et que ma conduite était irréprochable, on me laissait faire ». […] Bonnet essaya peu à peu de le ramener à la réalité, et il y réussit en partie ; il essaya de le convaincre que la liberté n’est pas une pure sensation, une exaltation vague ; qu’elle est une véritable science, et que le citoyen qui veut s’en rendre digne a tout autant de devoirs que de droits.
On y sent se dessiner les formes d’esprit de l’auteur lui-même, confiance, espérance, certitude ; on y saisit ses origines intellectuelles et morales, son tour et son degré de libéralisme, ses limites distinctes et précises : « Je suis de ceux, dit-il, que l’élan de 1789 a élevés et qui ne consentiront point à descendre… Né bourgeois et protestant, je suis profondément dévoué à la liberté de conscience, à l’égalité devant la loi, à toutes les grandes conquêtes de notre ordre social. […] J’ai aimé et j’aime surtout la politique juste et la liberté sous la loi… On m’a quelquefois reproché de ne pas m’associer assez vivement aux impressions publiques.
C’est là qu’en 1777 le comte Victor Alfieri, âgé de vingt-huit ans et dans toute l’énergie d’une nature âpre et sauvage, rencontra celle dont le doux regard le dompta, et auprès de laquelle il trouva enfin, dit-il, « dans des chaînes d’or dont il se lia volontairement lui-même », cette liberté littéraire sans laquelle il n’aurait jamais rien fait qui pût illustrer son nom. […] On me reproche l’obscurité ; mais vienne la liberté, et je serai clair. » C’est un forgeron de poésie qu’Alfieri ; mais il y a des forgerons divins, et il en est un.
Elle avait une liberté de langage qui n’était pas toujours tournée contre la France et contre son glorieux chef ; elle disait un jour à notre ambassadeur, à la date d’avril 1803 : « Assurément, il me serait pardonnable de ne pas aimer Bonaparte ; eh bien ! […] Quand vous lui écrirez, dites-lui que je ne me lasse pas d’admirer l’adresse avec laquelle il a su profiter d’un temps où, Frédéric et Catherine ayant disparu du théâtre des affaires du monde, il n’y a plus sur tous les trônes de l’Europe que des imbéciles. » Mais la veille ou le lendemain le vent tourne, le langage change, le naturel reparaît ; et vers ce même temps, apprenant le meurtre du duc d’Enghien, elle disait avec la même liberté de propos : « Ce pauvre diable était le seul des princes français qui eût de l’élévation et du courage.
Mais auprès de ce cours sur les affections pulmonaires, que de scènes facétieuses, entrechats, ripailles, calembours, marches aux lampions, déguisements, pizzicati, ronflements burlesques de bassons, facéties du cor anglais, libertés prises par le triangle, chansons rythmées sur des bouteilles, etc. ! […] Car cette région de liberté, et même de licence, est une prison comme toutes les catégories sociales : et il est très difficile d’en sortir, parce qu’on y prend de funestes manies morales.
Le véritable initiateur du vers libre et de la technique symboliste, c’est un Péruvien de Lima, le lieutenant d’artillerie della Rocca de Vergalo qui a introduit, en prosodie, la “strophe nicarine” et toutes les libertés dont se prévalent, les poètes nouveaux. […] Afin de secouer le joug odieux, nos modernes anarchistes rêvent de bouleverser le monde et de s’ouvrir le chemin de la liberté à coups de bombes.
Il était de ceux à qui le plaisir de penser et d’écrire en liberté tient lieu de tout, et un moment il songea à se livrer sans réserve à cette passion dans un pays libre et en renonçant au sien. […] Et là-dessus, au sujet de cette distribution des conditions dans la société, et en faveur d’une certaine inégalité nécessaire, qu’il oppose à je ne sais quelle égalité idéale et chimérique, Turgot dit des choses qui sembleraient en vérité s’adresser bien moins à Mme de Graffigny qu’à nos écrivains socialistes du jour : « Liberté !
Le sérieux et l’élévation de ses goûts, la liberté naturelle et généreuse de ses inclinations, le rendirent bientôt un objet déplacé dans un couvent de cet ordre, en cet âge de décadence. […] La prose française fait là aussi sa gymnastique, et le style s’y montre prodigieux pour l’abondance, la liberté, la souplesse, la propriété à la fois et la verve.
Lisez Le Siècle de Louis XIV par Voltaire, La Grandeur et la Décadence des Romains de Montesquieu, les Époques de la nature de Buffon, Le Vicaire savoyard et les belles pages de rêverie et de description de nature par Jean-Jacques, et dites si le xviiie siècle n’a pas su, dans ces parties mémorables, concilier la tradition avec la liberté du développement et l’indépendance. […] Il en résulte que nous avons, moins que tout autre peuple, trouvé dans nos ancêtres-auteurs de quoi réclamer hautement à certains jours nos libertés littéraires et nos franchises, et qu’il nous a été plus difficile de rester classiques encore en nous affranchissant.
Nourrie à une politique toute de cour et toute personnelle, on lui fit signer à Fontainebleau, lors de son mariage (1558), une donation secrète de l’Écosse aux rois de France, vers le même temps où elle adhérait publiquement aux conditions que les commissaires arrivés d’Écosse mettaient à ce mariage, et où elle leur promettait de conserver l’intégrité, les lois et les libertés de son royaume natal. […] Plus aimable qu’habile, très ardente et nullement circonspecte, elle y revenait avec une grâce déplacée, une beauté dangereuse, une intelligence vive mais mobile, une âme généreuse mais emportée, le goût des arts, l’amour des aventures, toutes les passions d’une femme, jointes à l’extrême liberté d’une veuve.
Le romantisme est un appel à la liberté du rêve et une insurrection contre le réel, la « soumission à l’objet » secouée violemment et écartée avec colère. […] Enfin ce goût de quelques romantiques, au nom de la liberté de l’art, pour le mot cru, la peinture brutale, était devenu chez Zola une véritable passion pour l’indécence et pour l’indécence froide et, si je puis dire, de sens rassis.
A la politique la société a pris le principe de la division des pouvoirs ; à l’économie politique celui de la liberté du commerce, la philosophie celui de l’égalité des droits, tout comme l’industrie empruntait aux sciences physiques et chimiques le principe de l’élasticité de la vapeur, le principe de la communication de l’électricité dans un courant magnétique, ou enfin le principe de l’action chimique de la lumière. […] Le doute, en un mot, n’est autre chose que la liberté de l’esprit.
J’exige du chanteur tant d’aisance et de liberté : je veux que le symphoniste promène ses doigts sur les cordes si facilement, si légèrement que je ne me doute pas de la difficulté de la chose. […] La peinture en portrait et l’art du buste doivent être honorés chez un peuple républicain où il convient d’attacher sans cesse les regards des citoyens sur les défenseurs de leurs droits et de leur liberté.
Liberté entière. […] J’ai préféré ma liberté de la presse.
Voilà ce que signifie pour nous ce verger plein d’ombelles, ce pluriel qui étend, élargit, amplifie la pensée du poète, en évoquant, non pas seulement une simple fleurette, une simple ombellifère, ce qu’eut réalisé ombelle au singulier, mais bien l’ensemble d’une flore agreste, éclose en même temps, d’une flore s’enchevêtrant, s’enlaçant, croissant en liberté sous les arbres à fruits du lieu que les latins qualifiaient joliment de viridarium, cet enclos charmant, si insuffisamment dénommé : verger. […] Tels ces vers : Plus belle que Vénus, tu marches : Ton front est beau, tes yeux sont beaux, Qui flambent sous deux noires arches, Comme deux célestes flambeaux, D’où le brandon fut allumé, Qui tout le cœur m’a consumé, Ce fut ton œil, douce mignonne, Qui d’un regard traistre escarté Les miens encores emprisonne Peu soucieux de liberté, Et qui me desroba, le cœur.
Cet habit de moine qui, au moyen âge, donnait de la liberté, en ôte aujourd’hui ; Lacordaire s’est gêné en s’encapuchonnant.
Espérons qu’il sera bientôt en état de le poursuivre, et qu’échappé à une maladie qui menaçait de le ravir aux lettres et aux libertés publiques, il trouvera encore de longs jours pour se souvenir et pour raconter, Il est du petit nombre de ces hommes qu’on aime toujours à entendre sur les personnages et sur les choses d’autrefois ; et, pour lui appliquer à lui-même ce qu’il a dit de M. de Malesherbes, quand il cause avec son lecteur, personne n’est tenté de mettre le signet.
Mais le jour viendra où la séparation portera ses fruits, où le domaine des choses de l’esprit cessera de s’appeler un « pouvoir » pour s’appeler une « liberté. » Sorti de la conscience d’un homme du peuple, éclos devant le peuple, aimé et admiré d’abord du peuple, le christianisme fut empreint d’un caractère originel qui ne s’effacera jamais.
. — La liberté de l’orthographe.
l’homme tout entier, être, réflexion, liberté, n’existe que sur le piédestal de la grâce, de même (littérairement), il ne vit que par elle, dans un autre sens.
… Si jeune dans les lettres, du moins par le nombre de ses ouvrages, Champfleury serait-il déjà ossifié dans le système qu’il a collé sur sa pensée, au lieu de la laisser indépendante dans la liberté de ses instincts ?
Aucune nation n’a cru à l’existence d’un Dieu tout matériel, ni d’un Dieu tout intelligence sans liberté.
Avant d’introduire les écrivains russes comme partie principale dans ce procès, je voudrais résumer le débat en toute liberté et sincérité. […] On comprend la fascination de cet Éden ; il offrait aux jeunes Russes ce qui leur manquait le plus : des montagnes, du soleil, de la liberté. […] Enfin, les ligues cosaques lui ont fait une âme républicaine ; de cette époque datent les traditions les plus chères au Petit-Russien, le fonds de liberté et de hardiesse qui décèle son origine. […] Le mot « liberté » fut rayé partout et dans toutes ses acceptions, comme le mot « Roi » sous la Terreur ; puérilités identiques du despotisme, qu’il vienne d’en haut ou d’en bas. […] Ce fut là que Ivan Serguiévitch naquit, en 1818, et qu’il grandit en toute liberté et solitude.
Bourget non pas précisément une vérité, mais une liberté la liberté de penser. Un dogmatique, quel que soit son dogme, peut ne pas tenir absolument à cette liberté, s’il espère la confisquer à son profit. […] Il défendait même la pudeur et les bienséances, avec lesquelles il devait prendre, par la suite, quelques libertés. […] Il a besoin de liberté, de soleil, d’espace et de carnage. […] Paul Claudel et ne s’affirme pas seulement dans la liberté et la fantaisie ailée de son dialogue si fréquemment shakespearien.
Vous portiez un talent grandi par la liberté et qui grandissait encore. Dès votre retour de Belgique, quelque temps après, vous allâtes achever de grandir en Suisse, dans cette ville de Lausanne que Voltaire avait choisie pour en faire la colonie de la liberté entre la persécution et les cours. […] Pour le moment, son importante affaire était de recouvrer sa liberté. […] « Pétrarque, ce grand maître dans la science du cœur et dans le mystère de l’amour, a dit au commencement de son Traité sur la Vie solitaire : « Je crois qu’une belle âme n’a de repos ici-bas à espérer qu’en Dieu, qui est notre fin dernière ; qu’en elle-même et en son travail intérieur ; et qu’en une âme amie, qui soit sa sœur par la ressemblance. » C’est aussi la pensée et le résumé du petit livre que voici : « Lorsque, par un effet des circonstances dures où elle est placée, ou par le développement d’un germe fatal déposé en elle, une âme jeune, ardente, tournée à la rêverie et à la tendresse, subit une de ces profondes maladies morales qui décident de sa destinée ; si elle y survit et en triomphe ; si, la crise passée, la liberté humaine reprend le dessus et recueille ses forces éparses, alors le premier sentiment est celui d’un bien-être intime, délicieux, vivifiant, comme après une angoisse ou une défaillance. […] Les symptômes sont alarmants ; vos paisibles amis de Paris, qui font de la politique avec leur encre et leur papier dans la liberté des théories, verront à quels éléments réels ils vont avoir affaire.
Il respecte votre liberté et vous excite même à en user : il développe en vous l’initiative, l’effort individuel, tout comme si vous étiez des Anglo-Saxons. […] Il y vit « sept étalons de l’Ukraine » présentés en liberté. […] Il interroge deux royalistes accusés de préparer l’évasion du petit roi, et les fait mettre en liberté : car il a son idée. — Puis, c’est la visite des merveilleuses au petit prisonnier. — Puis, c’est l’atelier de menuiserie où les conspirateurs, déguisés en ouvriers, ont creusé un souterrain qui aboutit à la cour de la prison. […] Cette Suzanne est une brave créature ; n’étant plus aimée du père de son enfant, elle lui a rendu sa liberté ; et, quand M. […] quelle liberté d’esprit !
En fait, ç’a été dans le canton de Vaud le triomphe brutal de la force et des cupidités grossières mises en lieu et place de l’esprit, du droit et de la liberté.