Le roman maritime l’ayant mené à étudier l’histoire de la marine française, cette histoire elle-même l’a conduit bientôt à se former, sur le règne et le personnage de Louis XIV, certaines vues particulières. […] Le Pilote et le Corsaire rouge de Cooper avaient mis le public français en goût de cette vie de périls et d’aventures ; on admirait à chaque salon Gudin. […] A celui-ci du moins l’honneur d’avoir le premier risqué le roman français en plein océan, d’avoir le premier comme découvert notre Méditerranée en littérature ! […] Cet inconvénient perce surtout dans l’introduction historique, et s’y trahit par de certains anachronismes d’expression, comme lorsque, par exemple, l’auteur nous dit qu’à cette époque le clergé français, sauf quelques exceptions, était profondément déconsidéré. […] Je me rappelle avoir lu dans le Journal des Savants (décembre 1835), à l’article Nouvelles littéraires qui termine, une simple petite note indiquant la publication de l’Histoire de la Marine française, par M.
Le vocabulaire se montre relativement restreint ce qui n’est pas toujours, en soi, un défaut à mes yeux ; n’y a-t-il même pas pour un poète un mérite nouveau à exprimer avec un petit nombre de moyens autant et plus que d’autres, qui remuèrent toute la langue française ? […] En France on n’écrit pas selon les croyances et les légendes françaises ; la Tradition Française est d’écrire selon les traditions des autres. […] On a parlé des héros grecs avec le langage de la France, c’était une âme française qui se pliait à imaginer Thésée, Brutus ou Cinna. […] M. de Régnier vient aussi de Bretagne, me dit-on, — au moins cela est-il vrai pour un lointain passé ; mais voici longtemps que la Champagne du Nord et l’Ardenne française l’ont vu vivre et il a mêlé heureusement les souvenirs anciens aux plus récentes visions.
. — Éloges des membres de l’Académie française. — Discours préliminaire de l’Encyclopédie. — § III. […] Nouvelles voies ouvertes à la littérature française. […] Selon que l’idée du progrès par la destruction, ou l’idée de la conservation par l’amendement pacifique des choses, prévaudra dans l’esprit de l’historien, l’Encyclopédie sera un grand effort de la raison française, ou la plus dangereuse des témérités de l’imagination du temps ; un progrès ou une cause de ruine, une lumière qui continue à éclairer les hommes, ou une torche qui s’est étouffée elle-même dans l’incendie qu’elle a allumé. […] Cette incertitude se trahit à chaque instant dans un ouvrage de d’Alembert, que rendent d’ailleurs agréable la diversité des sujets et le mélange de la biographie et de la critique, les Éloges des membres de l’Académie française. […] Les mêmes livres qui restituaient à l’esprit français ses vrais guides ouvraient devant lui des horizons nouveaux.
Le peuple français n’y va pas de main morte. » Ces paroles me firent trembler, ajoute la bonne Mme Du Hausset qui nous transmet le récit, et je m’empressai de sortir. […] Les Français sont les premiers hommes du monde pour tout ; il est tout simple qu’ils le soient pour l’inconséquence. […] Mme de Pompadour avait une belle bibliothèque, très riche surtout en matière de théâtre, une bibliothèque en grande partie composée de livres français, c’est-à-dire de livres qu’elle lisait, la plupart reliés à ses armes (trois tours), et quelquefois avec de larges dentelles qui ornent les plats. […] Tous les maîtres de l’école française d’alors tirent le portrait de Mme de Pompadour : on a celui de Boucher, celui de Drouais que Grimm préférait à tous ; mais le plus admirable est certainement le pastel de La Tour, que possède le Musée. […] Cette gracieuse femme rajeunit la Cour, en y apportant la vivacité de ses goûts bien français, de ses goûts parisiens.
Une femme ayant un beau c… et des jambes pas trop cagneuses, et qui sauve le drapeau français : on conçoit que c’est irrésistible. […] Il y a aussi un garde française au pastel tout pâle, une petite fille qui a un serin jaune perché sur un bras, une vieille femme noire, austère, janséniste, la mère inconsolable du garde française tué en duel à vingt ans. […] Et chose invraisemblable, ce maître de Chardin, bien certainement inconnu de notre maître français, dans un tableau d’une tout autre manière : une rue de Delft aux maisons de brique, — semble le précurseur de Decamps. […] Au fond, dans ce recueil de pensées, les pensées n’ont pas la netteté française.
* * * — Toute la valeur du romantisme, ça été d’avoir infusé du sang, de la couleur dans la langue française, en train de mourir d’anémie, — quant à l’humanité qu’elle a créée, c’est une humanité de dessus de pendule. […] En ce moment la porte s’ouvre, un gros homme entre, et butant, tombe en plein sur l’armée française, qu’il écrase et démolit presque entièrement. […] Hésitation du mandarin, persistance du Français, menaçant de se plaindre au gouvernement chinois. Là-dessus, envoi par le mandarin d’une lettre de son plus beau pinceau sur papier rouge, et le lendemain, le Français était introduit dans une petite maison, meublée de jolies choses, et toute remplie de fleurs. […] Il y avait déjà plusieurs jours de festoieries de la sorte, quand le Français demandait au mandarin de le faire arriver à une conclusion.
Demandez à tout bon Français qui lit tous les jours son journal dans son estaminet ce qu’il entend par progrès, il répondra que c’est la vapeur, l’électricité et l’éclairage au gaz, miracles inconnus aux Romains, et que ces découvertes témoignent pleinement de notre supériorité sur les anciens ; tant il s’est fait de ténèbres dans ce malheureux cerveau et tant les choses de l’ordre matériel et de l’ordre spirituel s’y sont si bizarrement confondues ! […] Je commence donc par une tâche plus facile : je vais étudier rapidement les principaux maîtres de l’école française, et analyser les éléments de progrès ou les ferments de ruine qu’elle contient en elle. […] Ingres Cette Exposition française est à la fois si vaste et généralement composée de morceaux si connus, déjà suffisamment déflorés par la curiosité parisienne, que la critique doit chercher plutôt à pénétrer intimement le tempérament de chaque artiste et les mobiles qui le font agir qu’à analyser, à raconter chaque œuvre minutieusement. […] Mais ces maîtres, trop célébrés jadis, trop méprisés aujourd’hui, eurent le grand mérite, si l’on ne veut pas trop se préoccuper de leurs procédés et de leurs systèmes bizarres, de ramener le caractère français vers le goût de l’héroïsme. […] Sans donner notre acquiescement à cet amour commun et puéril de l’antithèse, il nous faut commencer par l’examen de ces deux maîtres français, puisque autour d’eux, au-dessous d’eux, se sont groupées et échelonnées presque toutes les individualités qui composent notre personnel artistique.
L’autre, un Français, historien et philosophe : mort il y a près de vingt-cinq ans : Michelet. […] Ils nous ont dit maintes choses, cet Anglais, ce Français, cet Américain, et nous ne retiendrons ici que les plus saisissantes. […] De Shelley à Michelet, de l’Anglais au Français, il y a loin. […] Deux Américains, un Anglais, un Belge, un Français se sont donc rencontrés au-dessus de toutes les frontières, dans le même souci de l’avenir, dans la même communion de sentiments et de pensées. […] Le chauvinisme, cette plaie, que j’oserais appeler française, si elle n’existait aussi néfaste chez presque tous les peuples, ne s’obstine à vivre que dans les cerveaux laissés en chemin par l’évolution.
L’Académie française, dans le désir d’exciter les fortes études de lettres et la hardiesse sévère du goût, avait proposé, il y a quelques années, un prix extraordinaire pour la meilleure traduction en prose ou en vers de Pindare. […] Nous donne-t-il, par exemple, comme échantillon pindarique, la douzième olympique, l’ode à la Fortune, cette hymne courte et sublime, chantée à l’occasion de la victoire, qu’est venu chercher dans les fêtes des grandes cités de la Grèce un Crétois, chassé par une faction de Gnosse, sa patrie, où il avait langui longtemps dans les querelles obscures d’une petite démocratie, il se garde bien d’être simple et uni comme le poëte grec : il ne nomme pas ce coq guerroyant au logis, auquel Pindare compare son jeune héros, avant qu’il eut été délivré par l’exil et jeté par ce coup du sort en Sicile, pour y devenir citoyen paisible de la ville opulente d’Himère, et de là, vainqueur à Olympie : « Je n’ai osé, dit-il, me servir de ce mot de coq3, qui produirait un mauvais effet en français, et qui suffirait pour gâter la plus belle ode du monde. […] Dans tous les cas, et sans empiéter sur les droits et usurper la langue du poëte français, banni maintenant comme l’exilé de Crète, il nous semble qu’en prose du moins, l’essai le plus naturel serait de traduire à peu près ainsi, pour donner quelque faible idée de l’élévation et des contrastes du lyrique thébain : À Ergotèle, vainqueur a la double course. […] Elle frappe dans l’ensemble, dans les détails, malgré tout ce qui sépare le majestueux évêque français, fils de magistrat, magistrat lui-même, reçu dans la cour et le conseil d’État d’un grand roi, le théologien profond, l’orateur incomparable, dont la voix illustrait les grandes funérailles, et l’harmonieux Trouvère de la Grèce idolâtre, le fils d’un musicien de Béotie, habitant une petite maison de Thèbes, poëte et chanteur, et, à ce titre, hôte bien voulu dans les cités de la Grèce, dans les palais des rois de Syracuse, d’Agrigente, d’Etna, de Cyrène, et souvent aussi, dans la maison et à la table de riches citoyens, dont il célébrait, pour des présents ou par amitié, les triomphes dans les jeux sacrés de la Grèce. […] malgré toutes ces oppositions de fortune et de pensée, un trait dominant, le style, cette physionomie de l’âme, rapproche tellement ces deux hommes qu’une page de l’évêque de Meaux est le plus fidèle crayon du poëte olympique, et que la prose française de Bossuet, quand il est sublime, est ce qui ressemble le plus à la poésie grecque de Pindare.
On comprend pourquoi les Anglais accusent les Français d’être légers et les Allemands d’être chimériques. […] À Charlemont, à grand’peine, comme marque de grande faveur, on procura un sac de gruau à l’ambassade française. […] Elle a la vie, la clarté, l’unité, qualités qui semblaient toutes françaises. […] Ils le trouvent brillant, rapide, hardi ; c’est, disent-ils, un esprit français. […] Pour aller chez ses voisins, un Français doit faire deux voyages.
Zangwill Le cahier que l’on va lire nous a été apporté tel que par le traducteur, mademoiselle Mathilde Salomon, directrice du Collège Sévigné, 10, rue de Condé, Paris sixième ; le nom du traducteur et sa qualité recommandaient amplement le cahier ; le nom de l’auteur n’est point connu encore du public français ; il m’était totalement inconnu. […] Il semble que de tous côtés les sensations et les idées affluent pour vous expliquer ce que c’est que le Français. […] Il ne faut pas trop se hasarder en conjectures, mais enfin c’est parce qu’il y a une France, ce me semble, qu’il y a eu un La Fontaine et des Français. » Mon Dieu oui ; seulement il y a une France pour tout le monde, la France luit pour tout le monde, et tous les Français, s’ils seront toujours français, ne sont pas La Fontaine ; je n’insiste pas sur toutes ces difficultés, sur toutes ces contrariétés ; je m’en tiens pour aujourd’hui à la forme même du connaissement ; la méthode ne se révèle pas dans toutes les œuvres modernes partout avec une aussi haute audace ; elle ne fait pas dans toutes les œuvres modernes partout l’objet d’une aussi manifeste déclaration que dans cet éminent La Fontaine ; elle est ailleurs plus ou moins dissimulée, plus ou moins implicite ; mais c’est essentiellement, éminemment, la méthode historique moderne, obtenue par le transport, par le transfert direct, en bloc, des méthodes scientifiques modernes dans le domaine de l’histoire ; l’auteur, en bon compagnon, commence par faire son tour de France ; il ferait son tour du monde, s’il était meilleur compagnon ; et quand il a fini son tour du pays, il commence l’autre tour, afin de ne point tomber par mégarde au cœur de son sujet, il commence le tour le plus cher à tout historien bien né, le tour des livres et des bibliothèques ; avec ce tour commencera le paragraphe deux. […] Quel historien contemporain, quel petit-fils, quel petit-neveu du vieil homme ne reculera de saisissement devant de telles affirmations, devant de telles présomptions, devant cet admirable et tranquille orgueil, devant ces certitudes et ces limitations ; une humanité Dieu, si parfaitement emplie de sa mémoire totale qu’elle n’a plus rien à connaître désormais ; une humanité Dieu, arrêtée comme un Dieu dans la contemplation de sa totale connaissance, ayant si complètement, si parfaitement épuisé le détail du réel qu’elle est arrivée au bout, et qu’elle s’y tient ; qui au besoin, parmi les historiens du temps présent, ne désavouera les ambitions de l’aïeul et qui ne les traitera de chimères et d’imaginations feintes ; qui ne les reniera, car nous n’avons pas toujours le courage d’avouer nos aïeux, de déclarer nos origines, et de qui nous sommes nés, et d’où nous descendons ; les jeunes gens d’aujourd’hui ne reconnaissent pas toujours les grands ancêtres ; ce ne sont point les pères qui ne reconnaissent pas leurs fils, mais les fils qui ne reconnaissent pas leurs pères ; et comme nos politiciens bourgeois ne reconnaissent pas volontiers leurs grands ancêtres de la révolution française, ainsi nos modestes historiens ne reconnaissent pas toujours leurs grands ancêtres de la révolution mentale moderne, les innovateurs des méthodes historiques, les créateurs du monde intellectuel moderne ; et puis, depuis le temps des grands vieux, nous avons reçu de rudes avertissements ; pour deux raisons, l’une recouvrant l’autre, nul aujourd’hui n’avancerait que toute l’histoire du monde est sur le point d’aboutir, nul aujourd’hui, de tous les historiens, ne souscrirait aux anticipations aventurées, aux grandes ambitions pleines de Renan. Premièrement pour des raisons d’histoire même ; il est arrivé en très grand, pour l’histoire, ce qui arrive généralement des constructions navales françaises ; on n’en voit pas la fin ; quand on mit l’histoire en chantier, armé, ou, pour dire le mot, outillé des méthodes modernes, les innovateurs en firent le devis ; mais à mesure qu’on avançait, et que justement parti des temps antiques on se mouvait au-devant des temps modernes, les mécomptes se multipliaient ; ils se sont si bien multipliés qu’aujourd’hui nul n’oserait en pronostiquer la fin, ni annoncer la fin du travail ; le seul historien de la révolution française que je connaisse personnellement qui soit exactement sérieux nous dira tant que nous le voudrons que pour mener à bien la seule histoire de la révolution française il faudrait des milliers de vies de véritables historiens ; or on ne voit pas qu’il en naisse des milliers ; et nous sommes fort loin de compte.
Il se passera encore du temps, avant que le public français ait de la considération pour l’histoire qui intéresse. […] » Et j’entends à propos de l’éloge de l’Angleterre, repris par Taine, Sainte-Beuve lui confier son dégoût d’être Français : « Je sais bien qu’on vous dit : être Parisien ce n’est pas être Français, c’est être Parisien ; mais on est toujours Français, c’est-à-dire qu’on n’est rien, compté pour rien… un pays où il y a des sergents de ville partout… Je voudrais être Anglais, un Anglais c’est au moins quelqu’un… Du reste, j’ai un peu de ce sang. […] la femme française… n’est-ce pas, il n’y a rien de plus charmant… Une, deux, trois, quatre, cinq femmes : c’est délicieux… Est-ce que notre amie est revenue ? […] Il nous parle avec une haute estime de notre étude sur Watteau, et passe à l’histoire si intéressante qui manque, à l’histoire du mobilier français. […] Jamais pronostication ne fut plus erronée, car en aucun temps le livre français, le roman, n’eut en Europe une vente pareille à celle qu’il obtint, quelques années après.
Becq de Fouquières, Traité général de versification française (Charpentier) ; M. […] Voir M. de Banville, Petit traité de poésie française (Charpentier). […] Traité de versification française (Charpentier). […] Vergalo dans la voie où il veut, d’accord avec M. de Banville, entraîner la poésie française ! […] Becq de Fouquières sur la versification française.
Mais, par son éducation intellectuelle, par son sentiment de l’art, il est tout Français. […] Pierre Lebrun, de l’Académie française. […] Charles Louandre, dans ses Conteurs français. […] On peut croire qu’il lisait l’espagnol comme la plupart des écrivains français de son temps. […] Charles Louandre l’a insérée, dans ses vieux conteurs français.
L’abbé Sieyès, devenu depuis l’apôtre un peu ténébreux de la révolution française, roulait déjà dans sa pensée les vérités et les nuages d’où devaient sortir les éclairs et les foudres de l’Assemblée constituante. […] « Le prince Auguste retrouvait son pays occupé par l’armée française ; son père, le prince Ferdinand, vieux et malade, plus accablé encore par la douleur que lui causaient la perte de son fils Louis et la situation de la Prusse que par le poids des années. Le jeune prince lui-même, tout pénétré qu’il fût du sentiment des malheurs publics, n’en était point distrait de sa passion pour Juliette ; une correspondance suivie, fréquente, venait rappeler à la belle Française ses serments, et lui peignait dans un langage touchant par sa parfaite sincérité un amour ardent que les obstacles ne faisaient qu’irriter. […] Les Françaises les plus rieuses contractent la mélancolie de ces sépulcres en les fréquentant un peu longtemps. […] “Vous êtes Français, Sire, lui répondit-elle, c’est à la France qu’il faut être fidèle.”
Perfection de la langue française dans les écrits de Pascal. […] L’exemple en eût-il été meilleur pour l’esprit humain et pour les lettres françaises ? […] Les Provinciales. — Perfection de la langue française dans les écrits de Pascal. […] Descartes avait laissé quelque chose à faire à Pascal ; après Pascal, l’œuvre de la langue française, dans la prose, est consommée. […] Cette lettre est citée par Cousin dans son Rapport à l’Académie française.
La première se rencontre chez les Italiens, les Français, les Slaves, les Russes ; la seconde chez les Anglais, les Allemands, les Scandinaves, les Espagnols. […] « L’aperception, dit-il, est la source psychologique des émotions ou mouvements de l’Âme. » (Psychologie physiologique, traduction française.) […] Warner s’était trouvé en wagon avec un Français, un Italien, un Irlandais, un Ecossais et un Espagnol. […] » — « La mimique du Français, ajoute Mantegazza, est excentrique au sens physiologique, c’est-à-dire expansive, rapide et gaie. » Déjà Lavater avait dit que « la physionomie du Français est ouverte, qu’elle annonce tout de suite mille choses agréables. » — « Le Français ne sait pas se taire, ajoute Lavater, et quand sa bouche se ferme, ses yeux et les muscles de son visage continuent de parler. […] Le Français exprime tout ce qu’il sent par sa physionomie et ses gestes ; aussi se reconnaît-il au premier coup d’œil et ne peut-il rien cacher. » — « La mimique de l’Anglais, selon Mantegazza, est fière et dure, celle de l’Allemand lourde, bienveillante et toujours disgracieuse.
Il est un de vos ardents admirateurs, il a dit du bien de vos livres dans les papiers imprimés, et dans ce moment-ci même, ayant à monter une pièce dont l’action se passe sous le Directoire, il consulte et relit sans relâche votre Histoire de la société française sous le Directoire. […] Nous allions le voir, nous lui exposions très nettement l’inutilité, pour lui, de lire notre pièce, une pièce qui ne rentrait pas dans le cadre ordinaire du répertoire des Français. […] Nous ne pouvons croire que ce qui s’appelle la jeunesse française, en 1865, ait les ciseaux de la censure dans son drapeau. […] Nous faisons personnellement des excuses à Mme Plessy, pour lui avoir fait subir des insultes, qu’un public français n’avait jamais encore fait subir, du moins là, à une actrice de génie qui a marqué, dans cette soirée du 5 décembre, sa place entre Mme Dorval et Mlle Rachel. […] » Et en revenant de chez lui, en chemin, l’idée naissait chez nous de faire pour les Français une revue de l’année, dans une conversation, au coin d’une cheminée, entre un homme et une femme, pendant la dernière heure du vieil an, un petit proverbe qui devait s’appeler : La Nuit de la Saint-Sylvestre 30.
Exemple : l’art français au xviie siècle. — Poésie française : Corneille. […] Lesueur est un génie tout français. […] Il a consacré son talent à la France, il y a vécu, il y est mort, et, ce qui est décisif, sa manière est toute française. […] Voilà bien toutes les qualités de l’art français : simplicité et grandeur dans la composition, avec une expression profonde. […] Depuis, qu’est devenue l’architecture française ?
La chose qu’ils désignent, — chose toute moderne, toute française et qui porte dans son nom sa propre condamnation, — est absolument l’œuvre de Louis Veuillot. […] Il faudrait assassiner la langue française comme le fait M. […] Alexandre Dumas père arrive de Nigritie au moment précis où la société française, ayant fait peau neuve, renouvelle sa littérature. […] Il court au plus pressé, qui est de s’informer de toutes choses et de travailler au salut politique de la nation française. […] Trois raisons fortes pour que les Français du dix-neuvième siècle le mettent dans leur paradis de statues.
Letronne, pour toute réponse au livre qu’il avait reçu de lui, quelques vers français dont on cite les deux premiers : On a donc retrouvé dans la Sainte-Chapelle Le magnanime cœur du perruquier l’Amour… Schlegel sait son Lutrin. […] On ne saurait rendre l’effet que produisent en français ces plaisanteries parfois plus que rabelaisiennes et si chères aux premiers disciples du grand réformateur : — Luther, O' Connell, — propos de table, propos de meeting, bouffonnerie, grossièreté, nationalité, religion, éloquence !
Cette sélection fut, par principe, réduite à peu de chose chez les naturalistes français ; à moins encore chez les écrivains allemands et russes14. […] « Cet analyste minutieux, dit le vicomte de Vogüe (Le roman russe, 1888, p. 93), ignore ou dédaigne la première opération de l’analyse, si naturelle au génie français ; nous voulons que le romancier choisisse, qu’il sépare un personnage, un fait, du chaos des êtres et des choses, afin d’étudier isolément l’objet de son choix.
« Il y a dans la langue française, dit très bien Joubert, de petits mots dont presque personne ne sait rien faire. » C’est tantôt une conjonction, tantôt un pronom démonstratif, tantôt un adverbe, tantôt une locution composée, une courte proposition. […] Le préjugé est établi, qu’en français on ne lie pas les phrases, et l’on trouve aujourd’hui bien peu de gens qui sachent bien user de ces petits mots en parlant et en écrivant : le plus grand nombre en use mal ou n’en use pas.
[Les Poètes français, recueil publié par Eug. […] Eugène Lintilhac Le Paria (1829), dont les chœurs sont fort beaux et annoncent la poésie des Poèmes antiques d’Alfred de Vigny ; Marino Faliero (30 mai 1829), dont les audaces sont antérieures à celles d’Hernani, et en sont toutes voisines, puisque le poète s’y affranchit de l’unité de lieu et admet le mélange du comique dans le dialogue… ; Louis XI, d’un effet si sûr à la scène ; les Enfants d’Édouard, si adroitement découpés dans Shakespeare… [Précis historique et critique de la littérature française (1895).]
On nous objectera que la forêt vierge cache dans ses magnifiques solitudes mille animaux dangereux, et que les bassins marécageux du jardin français recèlent tout au plus quelques bêtes insipides. […] Une cathédrale gothique présente un ordre admirable dans sa naïve irrégularité ; nos édifices français modernes, auxquels on a si gauchement appliqué l’architecture grecque ou romaine, n’offrent qu’un désordre régulier.
Nous n’avons vu cette expression à personne ; le croire Français, né dans ce siècle, eût été difficile. […] mon cher Jules Vabre, pour traduire Shakespeare, il ne te reste plus maintenant qu’à apprendre le français. […] Cela l’ennuyait de voir les Anglais apprendre le français dans Télémaque et les Français l’anglais dans le Vicaire de Wakefield. […] Seulement, notez-le bien, la veine française ne s’interrompt jamais à travers ces divagations germaniques. […] Les Français lui reprochent trop de rudesse sauvage, mais ici elle est parfaitement à sa place.
Où mène-t-on la claire langue française, ce cristal des esprits lucides ? […] La langue française est admirable, pour esquiver tout précipice légal, aux mains de qui sait la manier. […] Il s’agit, bien entendu, du pamphlet à la française. […] Votre étonnement augmente encore si vous le parcourez en français : rien ne perd à la traduction. […] Je crois cet ouvrage unique dans l’histoire de la littérature française.
Le vers libre sera-t-il le chemin futur de la poésie française ? […] Né à une époque où la poésie française se transforme, Vicaire ne put prendre parti, conformément à sa nature. […] Le romantisme allemand va vers l’intimité, le romantisme français emprunte davantage à la rhétorique et à l’éloquence. […] Le romantisme français et le romantisme allemand sont rapprochés par la présence à Paris et les amitiés de ce grand poète. […] Le romantisme français et celui d’Allemagne furent, à ce moment, frères en quelque idées généreuses.
Le 4, l’envoyé de la Compagnie française eut une conférence avec le premier ministre. […] Les Français, que veulent-ils nous donner pour avoir les mêmes exemptions qu’eux ? […] L’envoyé de la Compagnie française suivait, conduit par un aide des cérémonies. […] Pendant que l’ambassadeur se retirait, l’envoyé de la Compagnie française avança au même endroit, et fit une pareille révérence. […] L’envoyé de la Compagnie française fut le seul qu’on expédia sans réponse.
C’était le temps où Parny, qu’on appelait le Tibulle français, était commis dans les bureaux de M. […] Un de ces couplets fait une allusion approbative au mot de Charles X : « Il n’y a qu’un Français de plus. » Un autre couplet fait une allusion reconnaissante aux secours que Louis XVIII avait distribués aux prisonniers français en Angleterre. […] Sous une ligue ennemie Les Français sont abattus. […] Vadé était un poissard, ce n’était pas un Français. […] … Béranger, pour ces ouvriers, pour ces soldats, pour cette bourgeoisie française, n’était réellement plus un homme ; c’était un ménétrier national dont chaque coup d’archet avait pour cordes les cœurs de trente millions d’hommes exaltés ou attendris.
Il a — et c’est ici le point important à noter — opposé, en matière d’élégance et de high life, dans le sens que l’Angleterre donne à ce mot, le génie français au génie anglais, une littérature à une autre, et par la précision, la netteté, la vérité inattendue de sa théorie, il a, d’un seul effort et d’un seul coup, dépassé tout ce qu’avec sa littérature fashionable, classée et presque organisée, l’île aux dandys avait produit. […] La Fontaine, Molière, Voltaire, Beaumarchais, ne sont pas, comme on a l’air de le croire, les seuls descendants de cette espèce de Magna parens de l’esprit français et de sa littérature. […] La plaisanterie, l’ironie et le rire, ces trois rayons dont est formée la foudre joyeuse de ce Jupiter de l’orgie, sont toujours près de partir d’une phrase française. « Les grands esprits, — a dit le grave de Maistre, ce français du Piémont ; — les grands esprits qui n’ont pas le petit mot pour rire, ne sont pas vraiment de grands esprits. » Et le mot, parfaitement vrai en France, serait faux ailleurs. Balzac, qui est devenu si sérieux, qui s’est épuré en montant, qui est devenu le calme et l’impartial observateur de La Comédie humaine et cette grande tête d’ordre et d’autorité que les désordonnés d’esprit nient encore comme ils nient l’ordre dans la nature, Balzac avait dans le sang, et plus que personne puisqu’il était un génie français, cette goutte de lait maternel, cette propension au rire, à la comédie, à la gaîté qui touche aux larmes, tant sa force épuise vite la nature humaine !
Enfin, dans la collection des mémoires relatifs à la Révolution française, M. […] Vers 1725, il s’était formé à Paris, chez l’abbé Alary, de l’Académie française, une conférence politique qui se tenait tous les samedis ; et comme l’abbé demeurait à un entresol, place Vendôme, dans la maison du président Hénault, la société avait pris nom l’Entresol C’était à la fois un essai de club à l’anglaise et un berceau d’Académie des sciences morales et politiques. […] Il était là dans son centre, avec le degré de sérieux et de laisser-aller qui lui convenait ; et s’il n’y avait eu que des politiques comme lui, rassis et prudents, et plus à la hollandaise qu’à la française, la société aurait pu durer longtemps sans porter ombrage. […] Parlant quelque part d’un homme d’un esprit étroit et faux qui mettait son orgueil à déplaire, et qui méprisait par principe la bonté et la douceur des gens véritablement grands : « Il n’admire du fer, dit-il, que la rouille. » Parlant du caractère des Français qu’il a si bien connus, qui sont portés à entreprendre et à se décourager, à passer de l’extrême désir et du trop d’entrainement au dégoût, il dit : « La lassitude du soir se ressent de l’ardeur du matin. » Enfin, voulant appeler et fixer l’attention sur les misères du peuple des campagnes dont on est touché quand on vit dans les provinces, et qu’on oublie trop à Paris et à Versailles, il a dit cette parole admirable et qui mériterait d’être écrite en lettres d’or : « Il nous faut des âmes fermes et des cœurs tendres pour persévérer dans une pitié dont l’objet est absent. » Si ce n’est pas un écrivain, ce n’est donc pas non plus le contraire que d’Argenson : sa parole, livrée à elle-même et allant au courant de la plume, a des hasards naturels et des richesses de sens qui valent la peine qu’on s’y arrête et qu’on les recueille.
qui oserait soutenir que d’avoir donné à la France une suite de frontières où Douai, Lille, Cambrai, Valenciennes, Saint-Omer, n’étaient plus à l’ennemi, où Besançon et la Franche-Comté nous étaient acquis, où Strasbourg nous couvrait vers le Rhin, où la Lorraine dans un avenir prochain nous était assurée, qui oserait dire que d’avoir obtenu ce résultat, d’avoir extirpé du sein du royaume toutes ces enclaves étrangères, ces bras de polypes qui essayaient en vingt endroits d’y pénétrer, d’avoir fait, selon l’expression de Vauban, son pré carré , et d’avoir pu désormais tenir son quartier de terre des deux mains, ce ne soit pas avoir compris les conditions essentielles du salut et de l’intégrité de la noble patrie française ? […] Homme antique, qui au génie d’un Français nouveau unit toutes les qualités des vieux Gaulois, ou mieux peut-être des Romains de vieille roche. Il voudrait faire mentir ceux qui disent « que les Français commencent tout et n’achèvent jamais rien. » Il voudrait les désabuser de ce faux point d’honneur qui, dans les sièges, quand il est tout préoccupé, par ses inventions savantes, de ménager la vie des hommes, leur fait prodiguer la leur, sans utilité, sans aucune raison et par pure bravade ; « Mais ceci, disait-il, est un péché originel dont les Français ne se corrigeront jamais, si Dieu, qui est tout-puissant, n’en réforme toute l’espèce. » Hormis ce pur et irréprochable Vauban, tous ceux qui figurent dans cette histoire, y paraissent avec leurs qualités et leurs défauts ou avec leurs vices : Condé, avec ses réveils d’ardeur, ses lumières d’esprit, mais aussi avec des lenteurs imprévues, des indécisions de volonté (premier signe d’affaiblissement), et avec ses obséquiosités de courtisan envers le maître et même envers les ministres ; Turenne, avec son expérience, sa prudence moins accrue qu’enhardie en vieillissant, et son habileté consommée, mais avec ses sécheresses d’humeur et ses obscurités de discours ; Luxembourg, avec ses talents, ses ardeurs à la Condé, sa verve railleuse, mais avec sa corruption flagrante et son absence de tout scrupule ; Louvois, avec sa dureté et sa hauteur qui font comme partie de son génie et qui sont des instruments de sa capacité même, avec plus de modération toutefois et d’empire sur ses passions qu’on ne s’attendait à lui en trouver.
Non content, dans ses ouvrages, de reproduire et de décrire les objets et les scènes qui étaient à sa portée, il s’est attaché d’une égale ardeur à rechercher curieusement dans le passé les maîtres desquels il pouvait relever, et qui, en suivant la même route, avaient laissé des traces remarquables dans les divers arts ; et c’est ainsi qu’en remontant dans l’École française de peinture, après avoir traversé les brillantes séries du xviiie siècle, où la nature elle-même, la plus simple, la plus inanimée ou la plus bourgeoise, a son éclat et sa vivacité de couleur dans les toiles de Chardin, il est allé s’arrêter de préférence devant des artistes bien moins en vue et moins agréables, devant les frères Le Nain, appartenant à la première moitié du xviie siècle, qui lui ont paru chez nous les premiers peintres en date de ce qu’il appelle la réalité. […] Je sais bien que l’emphase espagnole régnait au théâtre et parmi tout un monde de beaux esprits ; mais la veine française directe se maintenait distincte. […] Le plus grand peintre français de cette époque intermédiaire, et qui lui-même nous était venu de Bruxelles, Philippe de Champaigne, associait la solidité et la fermeté du ton à la prud’homie et à la moralité chrétienne de la pensée. […] Si l’histoire de la Révolution française était perdue, on la retrouverait en partie rien que par les assiettes, par ce qui s’y voit peint et figuré.
Géruzez), l’a cité deux fois à ce sujet dans son Histoire de la Littérature française. […] faut-il remarquer que de lointaine, parenté n’est pas français ; qu’il faudrait mettre absolument, pour l’exactitude grammaticale, ou bien « quelque lointaine parenté », ou bien « une lointaine parenté ! […] S’étonner et s’émerveiller qu’ils sussent si bien le français avant la publication des Provinciales, c’est vraiment y mettre trop de naïveté. […] Ainsi la question est autre part que dans une date matérielle, et Pascal, par les Provinciales, demeure hautement en possession : il continue d’être le premier écrivain qui ait mis en circulation ces qualités si françaises.
En général, littérature ou peinture, Théophile Gautier est un Français légèrement révolté, un réfractaire. […] Il y a une sorte de gris (c’est son mot) dans l’art français, qu’il peut estimer, mais qui ne l’enflamme guère. […] Le mot indicible n’est plus français, depuis que ce nouveau maître en fait de vocabulaire a su tout dire. […] Un jour que Mlle J… du Théâtre Français récitait la pièce dans une soirée, l’auteur présent, celui-ci surpris lui-même et gagné au sentiment que sa poésie recélait se mit tout d’un coup à éclater en sanglots.
La conquête de l’Angleterre par les Normands (1066) est la dernière en date des grandes invasions territoriales qui ont précédé partout le Moyen-Age, et le Moyen-Age était déjà commencé partout ailleurs quand elle eut lieu ; la langue, et partant la littérature anglaise qui en devait sortir, se trouva ainsi en retard sur les autres littératures du continent, particulièrement sur la française : elle s’inspira, elle s’imprégna d’abord de celle-ci, et elle n’acquit qu’avec le temps son juste tempérament, sa saveur propre. […] Comparant les ballades de Robin Hood à nos fabliaux et les opposant à ce qui est d’origine française, M. […] Son caractère sombre, triste ou grossièrement gai, la teinte de fanatique et de visionnaire dont il s’est revêtu et qui recouvre le noyau solide, qui dissimule à des yeux superficiels le bon sens le plus sain et le mieux équilibré, tout le sépare des figures héroïques qui sont de nature à séduire le génie français : il n’en est que plus foncièrement d’accord avec le génie de sa race ; il en est comme l’incarnation énergique. […] Ses premiers maîtres furent insignifiants ; ce fut lui qui s’éleva lui-même ; à douze ans il apprenait le latin et le grec, concurremment, et presque sans maître ; à quinze, il résolut d’aller à Londres, d’y apprendre le français et l’italien, de manière à lire les auteurs.
En mettant en vers les idées de Bolingbroke, en les combinant avec celles de Leibniz, il n’allait pas au-delà d’un déisme bienveillant et intelligent : l’Essai sur l’Homme, tel qu’il est sorti de sa pensée et de sa main, dans sa mesure honorable et incomplète, dans sa gravité ornée, est acquis depuis longtemps à la littérature française et nous est présent par la traduction de Fontanes et par la belle préface qu’il y a mise. […] » Je n’ai fait en tout ceci que paraphraser l’Épître de Pope à la française, et la rendre pour nous plus parlante25. […] Le critique philosophe, ayant porté toutes ses forces sur les parties difficiles et comme sur les hauts plateaux, descend un peu vite ces pentes agréables, si riches toutefois en accidents heureux et en replis ; il dédaigne de s’y arrêter, oubliant trop que c’eût été pour nous, lecteurs français, la partie la plus accessible et une suite d’étapes des plus intéressantes par le rapprochement continuel avec nos propres points de vue. […] Ce livre, il est bon de le rappeler, soumis à une Commission et lu par chacun des membres qui la composaient, avait paru d’abord, et à l’unanimité, digne d’un de ces prix que l’Académie française a pour charge spéciale de décerner.
Elle avait dû à l’habitude de la langue italienne le talent de donner à la langue française un rythme, une cadence véritablement neuve. […] Dans un admirable article sur les difficultés qu’il y aurait, pour plus d’un demi-siècle encore, à composer une véritable histoire de la Révolution française, parlant des Mémoires nombreux qui commençaient à paraître et dans lesquels chacun plaidait pour son parti et pour son saint et ne présentait que « la portion de vérité qui pouvait servir le mieux à noircir l’adversaire », l’éminent publiciste indiquait, à l’appui de sa pensée, les deux exemples le plus en vue : « Beaucoup de gens, disait-il, écrivent leurs Mémoires pour faire l’histoire personnelle de leurs talents, de leur mérite et de leur conduite. […] Mais le mieux est de chercher le morceau entier dans la Revue française du mois d’octobre 1838. […] Histoire de la Révolution française, tome VI, page 150.
Un savant français des plus érudits, mais de plus de savoir encore que de discernement, d’Ansse de Villoison, avait découvert en 1781, dans la Bibliothèque de Saint-Marc à Venise, et il avait publié en 1788 un texte de l’Iliade avec un immense cortège de scolies grammaticales qui initiaient les doctes lecteurs à tout le travail intérieur et, pour ainsi dire, à la cuisine des critiques d’Alexandrie ; on assistait à leurs dissidences, à leurs doutes touchant l’authenticité de tel ou tel vers ; on était introduit dans le cabinet même et le laboratoire d’Aristarque. […] L’opinion contraire est un véritable outrage à la mémoire d’Homère qui se trouve par là plus maltraité que le corps d’Hector ne le fut dans les champs de Troie. » Ce fut notre Credo français. […] Le juge Graham ici, et même tout Français que vous avez pu entendre, est lent en comparaison de lui, et ce qui est remarquable, c’est que, malgré cette précipitation, il parle fort distinctement. […] Ils viennent d’être le sujet d’une savante étude et d’un examen vraiment critique de la part d’un des jeunes représentants de l’école française.
Il y a aussi un drame pascal des Trois Maries, où la part du français est plus large : mais il est peut-être plus récent. […] Le Jeu de Robin et de Marion, qui fut représenté en 1283, à Naples, environ dix-huit mois après les Vêpres Siciliennes, devant la cour française de Charles d’Anjou, est un poème gracieux, parfois spirituel ou charmant, parfois d’une grossièreté voulue. […] Michel et Monmerqué, Théâtre français au moyen âge, Paris, 1839 (Vierges folles ; Prophètes du Christ (latin) ; la Résurrection du xiie siècle ; le Jeu de saint Nicolas, de Jean Bodel, etc.). […] Michel et Monmerqué, Théâtre français au moyen âge.
Elle représente, dans la poésie dramatique, l’art français du xviiie siècle. […] Diderot a l’idée d’un jeu plus vrai que n’était le jeu des comédiens français en son temps ; et c’est ce qu’il a traduit par sa théorie des tableaux. […] C’est sur ces scènes de la Foire, et précisément en raison de leur humilité qui les soustrait aux lois de la littérature, que paraissent les premiers indices d’un goût nouveau, les premiers essais d’une représentation plus exacte des « milieux », des formes extérieures et des instruments matériels de la vie : dans cette voie, la Comédie Française alla à la remorque de l’opéra-comique et des Italiens. […] Il fut ruiné par le système de Law, et tenta de publier des journaux d’observation morale, le Spectateur français, 1700-23 ; l’Indigent philosophe, 1728 ; le Cabinet du philosophe, 1734.
Voltaire, en faisant l’histoire de la civilisation, avait donné une esquisse de l’histoire de France : en dehors de ses ouvrages, les Français ne pouvaient rien lire de passable sur l’histoire de leur nation. […] Depuis l’invasion barbare jusqu’à la révolution française, il nous donne moins l’histoire objective, impersonnelle, scientifique de la France, que les émotions de Jules Michelet lisant les documents originaux qui peuvent servira écrire cette histoire : on entend ses cris de joie, de douleur, d’amour, de haine, d’espérance, de dégoût, tandis que les pièces qu’il dépouille font passer sous ses yeux les passions, les désirs, les actes de nos ancêtres. […] Éditions : Hist. de la conquête de l’Angleterre par les Normands, 18-25, 3 vol. in-8. dern. éd. préparée par l’auteur, 1858 ; Lettres sur l’Histoire de France (10 publiées en 1820 dans le Courrier Français), 1827, in-8 ; Dix Ans d’études historiques (presque tout a paru dans le Censeur Européen, le Courier Français et ailleurs, de 1817 à 1827), 1831, in-8 ; Récits des Temps mérovingiens, 9 vol. in-8, 1840 ; Essai sur l’Histoire de la formation et des progrès du Tiers État, 1853, in-8. […] Importance donnée à la santé de François Ier, de Louis XIV, pour l’explication de la politique française ; interprétation du sens historique des œuvres littéraires du xviie siècle (l’Amphitryon par exemple), etc.
Et où trouvera-t-on, si ce n’est chez lui, l’expression littéraire de l’âme confuse et généreuse de la démocratie française dans la seconde moitié du xixe siècle ? […] Leconte de Lisle, après ses deux admirables recueils, fut le maître incontesté de la poésie française ; autour de lui se groupèrent un certain nombre de jeunes poètes, qui prirent le nom de Parnassiens, lorsque l’éditeur Lemerre publia leurs vers dans le recueil du Parnasse contemporain Chacun y apporta son tempérament original, sa force de sentiment ou de pensée : le trait commun de l’école fut le respect de l’art, l’amour des formes pleines, expressives, belles. […] français), in-16, 1893. […] Théodore de Banville (1823-91), Cariatides (1842) ; Stalactites (1846) ; Odelettes (1857) ; Odes funambulesques (1857) ; Gringoire (en prose. 1866), Socrate et sa femme (1885), comédies ; Traité de poésie française (1872). — Éditions : Lemerre, pet. in-12, 8 vol.
Je me suis demandé quelquefois ce que pourrait être une rhétorique française, sensée, juste, naturelle, et il m’est même arrivé, une fois dans ma vie, d’avoir à en conférer en quelques séances devant des jeunes gens. […] J’ai passé ensuite à Fénelon pour ses Dialogues sur l’éloquence et pour sa Lettre à l’Académie française ; je lisais en parcourant, en choisissant les points et en commentant toujours moyennant quelques exemples, et sans me retrancher au besoin les vivants. […] Et ma rhétorique française s’est trouvée finie. […] [NdA] Le 6 décembre, il y avait eu, à l’Académie française, grande séance de réception pour M. de Noailles, qui venait remplacer et célébrer M. de Chateaubriand ; M.
J’aimerais à voir la jeunesse s’apprivoiser et s’adoucir petit à petit à ce style plus simple, à ces manières de dire vives et faciles, qui étaient réputées autrefois les seules françaises. […] Mme du Châtelet publia des Institutions de physique, où elle s’est plu à exposer les idées particulières de Leibniz ; mais son grand titre est d’avoir traduit en français le livre immortel des Principes de Newton ; elle y a joint un Commentaire algébrique, auquel Clairaut a mis la main. […] Je ne crois pas qu’il existe en français de page plus sanglante, plus amèrement et plus cruellement satirique, que le portrait de Mme du Châtelet, de la divine Émilie, tracé par Mme Du Deffand (une amie intime), et qui commence par ces mots : « Représentez-vous une femme grande et sèche, sans etc., etc. » C’est chez Grimm qu’il faut lire ce portrait, qui a été mutilé et adouci ailleurs ; on n’ose en rien transcrire, de peur de brûler le papier. […] Il s’était avisé de se faire donner une mission secrète de la part du ministère français auprès du roi de Prusse.
Je choisirai d’habitude et de préférence quelques sujets dans la littérature française des deux derniers siècles (sans toutefois m’y enfermer, et sans exclure absolument les contemporains), et je parlerai aujourd’hui de l’auteur du Voyage d’Anacharsis, de l’abbé Barthélemy. […] Barthélemy avait songé d’abord à faire voyager un étranger, un Français, en Italie, vers le temps de Léon X, et à peindre par ce moyen la pleine et riche Renaissance ; mais, à la réflexion, il se trouva moins propre à un tel sujet, qui le tirait de son domaine favori et le jetait dans un monde d’art, de poésie moderne et de peinture, dans tout un ordre de sujets qui lui étaient médiocrement familiers, et il transporta alors cette idée en Grèce, en supposant un Scythe qui la visiterait vers le temps de Philippe. […] Outre un grand savoir, il a infiniment d’esprit et de polissonnerie (le mot est ainsi en français et souligné dans Walpole), et c’est une des meilleures espèces d’hommes qui soient au monde. Évidemment, Walpole ne se rendait pas bien compte de ce que signifiait le mot qu’il donnait en français ; il est probable qu’il entendait parler de ce badinage enjoué et vif que l’abbé Barthélemy avait dans un salon.
Un pur homme de lettres, fils d’un réfugié français. […] Sous son français un peu lourd et déjà dépaysé, Jordan a un coin de la philosophie d’Horace : Ma bibliothèque, écrivait-il au roi, fait mes délices, parce que, en la feuilletant, je me persuade de plus en plus que tout est frivole dans le monde littéraire. […] À peine revenu à Potsdam, Frédéric écrit à Jordan : « Tu me trouveras bien bavard à mon retour ; mais souviens-toi que j’ai vu deux choses qui m’ont toujours beaucoup tenu à cœur, savoir : Voltaire et des troupes françaises. » Voilà, en effet, les deux passions de Frédéric, et qui se disputeront toute la première moitié de sa carrière de roi : la guerre et l’esprit ; être un grand poète, devenir un grand capitaine ! […] De quatorze ans plus âgé que Frédéric, Fouqué était, comme Jordan, fils d’un réfugié français ; il avait de bonne heure témoigné au prince royal beaucoup d’affection et de dévouement, avait obtenu la permission de l’aller visiter pendant sa détention au fort de Custrin, avait été de la société intime de Remusberg, et était devenu l’un des plus habiles lieutenants de Frédéric dans ses guerres de Silésie et dans celle de Sept Ans.
Puis au bout de cela, le médecin demanda aux Japonais s’ils trouvaient nos Françaises jolies. « Oui, oui, lui fut-il répondu, mais elles sont trop grandes ! […] Aujourd’hui, j’ai reçu un diplôme de Bethléem, qui me nomme membre de la Société, je sais par le timbre qui porte New-York, que c’est en Amérique, et voilà tout… N’y a-t-il pas des Sociétés en Australie, ayant déjà publié sur l’histoire naturelle, des travaux de la plus grande importance… Un jour il sera impossible de connaître seulement les localités scientifiques… Et la mémoire pourra-t-elle suffire… Pensez-vous qu’à l’heure présente, pour ma partie, il y a, par an, huit cents mémoires dans les trois langues, anglaise, allemande, française ! […] » Vendredi 12 décembre De Béhaine, en attendant le dîner, et Stoffel qui est en retard, me parle de l’espèce de susceptibilité maladive de Bismarck, de ses fureurs à la moindre attaque d’un journal français, de sa gallophobie, de la chance, qu’a la France de trouver dans le comte d’Arnim — tout prussien qu’il est — un sentiment aristocratique, qui le rend hostile au radicalisme français et non à la France.
Préface I Il a paru opportun à plusieurs personnes qu’en tête de ces Palais Nomades, qui furent, il y a dix ans, le livre d’origine du vers libre, l’auteur inscrivît à nouveau, sinon avec plus de détails, au moins avec plus d’ensemble, ce qu’il eut à dire sur la formule nouvelle de la poésie française ; et l’auteur admet que cela peut avoir quelque utilité, non seulement (il ne le cèle point) parce qu’il éprouve quelque fierté d’avoir donné le signal et l’orientation de ce mouvement poétique, mais aussi parce qu’il tient à assumer de cette tentative, bonne ou mauvaise, vis-à-vis des adversaires, toute sa part de responsabilité. […] En ce temps de centralisation, quand les derniers rameaux de pouvoir féodal qui gênaient les belles allées du pouvoir royal furent ébranchés, en ce temps de Le Nôtre, il fallut, pour toutes choses, un jardinier aux plans rectilignes ; on ne s’occupa nullement, pour donner l’apparat et la noblesse au vers français (cette noblesse, chape de plomb, manteau lourd et sans forme aux épaules de la Muse) que la règle fût juste ; on la rechercha suffisante mais surtout uniforme et majestueuse ; il y eut une flexion sur un jarret pendant un pas majestueux : l’hémistiche ; et cette règle de Boileau est antipoétique, parce qu’elle ne naît pas des besoins du poème, qu’elle découle, fausse, d’une visée sociale. […] Nous avons bien en français un accent tonique ; mais il est faible et cela tient à l’amalgame que fit Paris des prononciations excessives et différentes des provinces, les usant pour en constituer une langue modérée, calme, juste-milieu, quant au retentissement des consonnes et au chant des voyelles, neutre de préférence à bariolée. […] Les objections contre le vers libre La première consiste à dire : « Le vers libre n’est pas une nouveauté dans la poésie française ; on s’étonne des étonnements accueillant une chose si ancienne ; ce fut le vers de La Fontaine, et Molière l’utilisa à merveille. » Il serait doux de pouvoir se réclamer de si glorieux patrons, mais malheureusement la chose est de tous points inexacte ; les poètes le savent trop, pour qu’on le leur développe, ils l’ont toujours pressenti d’instinct.
Les Poètes français M. Charles Morice, impuissant à arrêter la débâcle symboliste, essaya lui aussi de fonder un nouveau groupe ayant pour raison sociale : Les Poètes français. […] Charles Morice reste donc, malgré lui, notre seul « Poète français ». […] Mazel, George Bonnamour, Nathanson, Pierre Louÿs, Bernard Lazare, Romain Coolus, Petrus Ivanoff (de Kiev), Georges Vanor, Mme Jeanne Loiseau, Mlle Hélène Vacaresco, lauréate de l’Académie française, Fernand Clerget, Gustave Canqueteau, Jacques Ferny (du Chat noir), Mme Marie Krysinska, l’inventeur du vers libre sans rythme ni rime.
J’avais la bonne fortune récemment d’annoncer la traduction du plus beau livre de Thomas Carlyle, publiée depuis plusieurs mois à Paris absolument comme dans le fond d’un gouffre… Aujourd’hui, voici une bonne fortune, meilleure encore, car le livre que je vais signaler est français. […] Édelestand du Méril, l’auteur très connu en Allemagne, à peu près inconnu en France, de la Poésie scandinave, des Essais philosophiques sur les formes et sur le principe de la versification en Europe et sur la formation de la langue française, et d’une foule d’ouvrages philologiques d’une érudition très vaste et très sûre, est un des plus acharnés travailleurs de ce siècle, qui se vante de ses travailleurs ! […] En France, pays de l’action, où les idées sont toujours des hommes, qui n’est pas personnel n’est pas Français. […] … Ces nerfs titillés ne sont pas, en fait de critique, de cette terribilité que Sainte-Beuve pourrait craindre… Plus Français qu’Édelestand du Méril n’est Allemand, Sainte-Beuve et Taine se soucient assez peu, allez !
Et ni la Révolution française, qu’il n’aimait certes pas ! […] Ce n’est pas Calvin qui eût écrit cette phrase : « Il n’y a pas d’homme qu’on ne puisse gagner avec des opinions mesurées. » Et encore : « Les vertus poussées à l’excès deviennent des défauts. » Et encore — (si Calvin avait eu le triste avantage de vivre après la Révolution française) : « De quoi pourriez-vous vous plaindre ? […] Mais les abus valent infiniment mieux que les révolutions ; et ce second point s’adresse aux peuples. » Enfin, Calvin n’eût pas écrit : « J’ai toujours observé qu’on peut tout dire aux Français ; la manière fait tout. » Les esprits absolus et cruels se soucient bien de la manière ! […] Ses Discours sur Tite-Live, à lui, furent les Considérations sur la France, et cette méditation éternelle de la Révolution française à laquelle il retombait toujours, de toutes les pentes de la métaphysique, qu’il aimait à monter appuyé sur l’Histoire.
Lui ayant demandé d’où venaient les compagnons, il me répondit ainsi en mauvais français : « Nous venons de la bataille de M. de Montbrun. […] Sa passion ne l’empêche pas de rendre justice aux ennemis et adversaires quand ils tombent ; et celui qui s’est montré pamphlétaire envenimé dans la Confession de Sancy, implacable insulteur dans Les Tragiques, parle de Charles IX et de Henri III dans son Histoire en des termes qui ne sont que modérés : Voilà la fin de Henri troisième, dit-il après l’assassinat de Saint-Cloud, prince d’agréable conversation avec les siens, amateur des lettres, libéral par-delà tous les rois, courageux en jeunesse, et lors désiré de tous ; en vieillesse, aimé de peu ; qui avait de grandes parties de roi, souhaité pour l’être avant qu’il le fût, et digne du royaume s’il n’eût point régné : c’est ce qu’en peut dire un bon Français. […] Mais que tout cela est vivement, rapidement présenté dans le récit de d’Aubigné, et tout à fait à la française !
Cousin, en effet, était tout à la française, et le fond de sa philosophie, tel qu’il était dès lors et qu’il se dégagea de plus en plus avec les années, consistait dans des doctrines de déisme, de spiritualité de l’âme, de liberté morale, etc., qui se tiennent à plus grande distance encore du panthéisme proprement dit que du christianisme. […] Il en fit le sujet d’un mémoire, d’une véritable dénonciation (1843) adressée à l’Académie française ; il mit le feu à la matière par le zèle et le souffle qu’il y déploya. […] Il y a joint depuis la plus belle collection littéraire d’éditions originales françaises qui se puissent voir, et des autographes aussi, et des portraits gravés, des épreuves de choix, tout ce qu’une curiosité éclairée peut rassembler de trésors utiles ; car en ce genre il accordait peu à la fantaisie, mais aussi il ne refusait rien à la passion : c’était sa seule et unique munificence.
Dans la IVe , Chapelain, avec Ménage ; Chapelain encore, dans le Discours au Roi, en compagnie de Charpentier et de Pelletier ; Chapelain dans le dialogue des Héros de romans, suivi de Mlle de Scudéry, de La Calprenède, Quinault et l’abbé de Pure ; Chapelain toujours dans la Satire III, et Quinault, et Pelletier, et Mlle de Scudéry, et Le Pays, et La Serre : mais voici, de plus, l’inventeur de l’énigme française, prédicateur chrétien et poète galant, l’abbé Kautain, ou Cotin, Trissotin en propre personne. […] Sur les douze ou treize poètes et romanciers qui représentaient proprement la littérature à l’Académie française, l’imprudente satire respectait Corneille, parce que c’était Corneille, Racan, disciple de Malherbe, Gombauld, un maître artisan du sonnet ; elle faisait grâce à Godeau, évêque, à Bois-Robert, mourant, à Gomberville, qui faisait pénitence à Port-Royal de ses romans. […] Il y avait plus d’un siècle que se préparait la forme littéraire dont il devait fixer le caractère, et sa doctrine était le terme où l’on devait nécessairement aboutir, lorsque les belles œuvres de l’antiquité païenne eurent éveillé le goût français, et lorsqu’en même temps leur sagesse toute naturelle et toute humaine eut inspiré à la raison moderne la hardiesse de marcher en liberté selon ses lois intimes.
Quel dommage pour le renom des lettres françaises que l’œuvre de ce poète soit en majeure partie perdue ! […] En 1904, un autre manuscrit de Germain Nouveau : Savoir aimer fut publié, à son insu, sous les auspices de la Société des poètes français. […] On espérait obtenir de l’Académie française un prix en argent que le dénuement de l’auteur nécessitait et qu’on lui eût fait parvenir d’une façon détournée.
Le rapprochement encore nouveau des esprits divisés pendant quarante années par les guerres civiles, semblait solliciter l’épanchement d’affections longtemps contenues ; le progrès des richesses que les discordes intestines n’avaient point empêché10, le progrès des lumières, les changements des esprits, des imaginations, des âmes tout entières, changements inséparables de toute révolution, donnaient une vive curiosité de se considérer sous de nouveaux aspects, inspiraient le pressentiment d’un nouveau genre de communications, de nouveaux points de contact, d’un développement inconnu de cet instinct social qui semble appartenir au Français plus qu’à toute autre nation. […] La conversation française, commune aux deux moitiés de la société, excitée, modérée, mesurée par les femmes, est seule une conversation nationale, sociale ; c’est, si on peut le dire, la conversation humaine, puisque tout y entre et que tout le monde y prend part. […] XXXI, p. 259 que Ravaillac avait été vu, peu de temps avant l’assassinat, à Bruxelles ; circonstance qui ne se trouve dans aucun livre français.
Elle y tend par des moyens dont ne dispose pas la prose, et qui sont, en français, la numération des syllabes, le jeu des césures, et la rime. […] La numération des syllabes, en français, apparaît simple. […] « Si nous désirons, en effet, sortir du chaos où se débat actuellement la poésie française, écrivait récemment dans cette Revue M.
À ces qualités que je suppose réunies dans mon critique, j’en ajouterais volontiers quelques autres, quoiqu’elles semblent moins indispensables, par exemple d’être discret et de parler français. […] La langue française est sans contredit une des plus obscures, si j’en juge par certains ouvrages que je comprends peu. […] Il y a des critiques dont l’esprit et la science gagneraient beaucoup à s’exprimer dans un langage sinon français, du moins humain.
Il a beaucoup vécu en Italie, et son esprit a dû s’y italianiser, sans rien perdre de toutes ses qualités françaises… C’est un latin, — comme la France fut une nation latine. […] Il n’est pas besoin de dire que ce Français italianisé est, avant tout, un catholique, plus haut que ses deux patries, l’une de naissance et l’autre d’adoption, comme le catholicisme lui-même, qui est la patrie de toutes les patries, — la patrie supérieure du genre humain, qui peut les contenir toutes, et chacune dans son intégrité et son indépendance ! […] C’est, du reste, la supériorité du prêtre italien sur le prêtre français.