Mais les corps collectifs sont toujours poussés à prendre dans leurs antécédents les règles de leur avenir, M. de Lamennais fut nommé membre de la commission de Constitution: il se mit à l’ouvrage et chercha par la logique brutale du nombre à fonder sa société comme une troupe de sauvages sortis des bois ; il fonda les communes, puis il réunit toutes ces communes, et de leur réunion il fonda l’État, en sorte que l’État social matérialiste et se comptant par chiffre, et non par capacité ni par droits héréditaires et acquis, était l’expression seule du nombre et de l’impôt, abstraction faite de tout le reste, c’est-à-dire de la société tout entière.
Il conserve à la tragédie les caractères qui la définissaient chez Corneille : l’action enfermée dans les trois unités, l’intérêt placé dans l’expression des caractères, l’allure du drame fortement noué, et débarrassé de toutes les manifestations inutiles.
Pasquier, le plus agréable à lire peut-être, est ingénieux et sensé dans ses Recherches, piquant dans ses lettres, imitées de cet art de Pline le Jeune, qui fait valoir des riens par le soin de l’expression ; mais il ne s’y élève jamais à cet ordre d’idées où la langue est faite de génie.
Balzac avait à peine vingt ans3 quand le cardinal Duperron, sur quelques pages que Coeffeteau lui fit voir de ce jeune homme, étonné comme l’avait été Desportes des premiers vers de Malherbe, « Si le progrès de son style, dit-il, répond à si grands commencements, il sera bientôt le maître des maîtres. » Duperron et Coeffeteau admiraient dans ce jeune homme ce qui manquait à leurs écrits, de l’imagination et un certain feu d’expression dans cette sage conduite du discours, qu’il avait pu apprendre à leur école.
Elle suppose, comme tout mensonge, une contradiction entre l’expression et une partie au moins de la pensée.
Des narines un peu ouvertes donnaient à sa physionomie l’expression de la sensibilité et de l’énergie.
… « Entrer dans la peau du bonhomme » est une expression à la mode dans laquelle les hommes trouvent charmant d’empailler leur pensée ; mais je demande dans la peau de quel bonhomme Sainte-Beuve, qui n’en était pas un, est entré pour en sortir et rentrer dans la peau d’un autre ?
Cousin, et, malgré les adorations d’expression qui ne prouvent que l’état inflammatoire de la tête d’un homme, on ne les trouve pas.
Mais Michelet, lui, n’y rabâche pas Michelet ; car se rabâcher, c’est encore en quelque degré se produire, et Michelet, le même, malheureusement, d’idées, n’y est plus le même par l’expression et ne reproduit plus la sienne.
En effet, depuis quelque temps, les livres, les journaux, toutes les expressions de la pensée publique étaient entrés plus ou moins dans la lutte religieuse entre l’organisation anglicane et les idées anglo-catholiques, développées, creusées par le Dr Pusey et ses amis.
Mais l’expression avait partout une parenté émouvante, et c’était la jeunesse, une joie enfantine, facile et pleine, qui déborde comme les fontaines en attendant qu’on y puise, et c’était une limpidité de regard qui disait la parfaite virginité des âmes.
Cela concorde parfaitement avec les expressions d’Einhard : « Comme l’armée s’avançait en longue file, ainsi que l’exigeait la nature du lieu et des étroits passages, les Basques, ayant disposé une embuscade sur le sommet de la montagne (car cet endroit s’y prête à merveille à cause de l’épaisseur des forêts dont il est couvert), se jetèrent d’en haut sur la dernière division de l’armée, chargée de garder les bagages et de protéger ceux qui marchaient en avant, la refoulèrent dans la vallée située au-dessous, l’y attaquèrent et tuèrent tous les hommes jusqu’au dernier ; puis, ayant pillé les bagages, à la faveur de la nuit qui tombait, ils se dispersèrent dans tous les sens avec une extrême célérité. […] Répandue à Venise, à Naples, en Sicile, la légende de Malc a donné lieu à des expressions proverbiales qui en attestent la popularité : on dit en Sicile, d’une personne laide et mal plaisante : Havi’na faccia di lu judeu Marcu 82. […] Quant au troisième : … Ce que tu tiens en tes mains Ne giete pas jus a tes piés, il est, comme nous l’avons fait remarquer, tout à fait différent du troisième de la seconde traduction française de Pierre Alphonse ; il ressemble plus au premier du texte latin, mais il en diffère par l’expression. […] Ainsi dans le charmant poème appelé Fablel du dieu d’amour, le rossignol convoque tous les oiseaux pour leur demander s’ils ne trouvent pas que l’empire d’Amour est en décadence ; dans Florence et Blancheflor, les oiseaux sont les barons qui forment la cour d’Amour, et un combat judiciaire entre le rossignol et le papegaut donne gain de cause à la demoiselle qui préfère comme amant le clerc au chevalier ; partout dans la poésie consacrée au « fin amour » nous retrouvons cette conception, qui reçoit son expression dernière dans le Parlement des Oiseaux de Chaucer. […] Il avait un heureux génie, et, s’il n’a pas toujours eu le courage d’éviter les écueils que ne redoutaient pas assez les rimeurs du moyen âge, la prolixité inutile, l’emploi des formules banales, les rimes de pur remplissage, il a su en général revêtir sa pensée d’expressions précises et gracieuses.
En ce cas, un événement singulier se produit : tout de suite elle se transforme en impulsion, en action, en expression, par suite en contraction musculaire. — Par exemple, lorsqu’une pensée arrive en notre esprit au premier plan, comme elle est une parole mentale, nous sommes tentés de l’énoncer tout haut ; le mot nous vient, aux lèvres ; même nous sommes obligés de nous retenir pour éviter de le prononcer ; parfois, si l’idée est très vive et très nette, nous prononçons le mot malgré nous. […] Spontanément, chez lui, l’impression aboutit à l’expression, et il a bien de la peine à ne pas glisser de l’une dans l’autre.
Elle n’est effectivement plus commode que parce qu’elle est l’expression naturelle du mode de génération ou d’extinction des grandeurs, qui croissent ou décroissent par éléments plus petits que toute grandeur finie. […] Si, en répétant une expérience, on trouve des résultats discordants ou même contradictoires, on ne devra jamais admettre des exceptions ou des contradictions réelles, ce qui serait antiscientifique ; on conclura uniquement et nécessairement à des différences de conditions dans les phénomènes, qu’on puisse ou qu’on ne puisse pas les expliquer actuellement… Dès que les lois sont connues, il ne saurait y avoir d’exception… On doit forcément admettre comme axiome que, dans les conditions identiques, tout phénomène est identique, et qu’aussitôt que les conditions ne sont plus les mêmes, le phénomène cesse d’être identique. » On voit qu’ici les mots nécessairement, forcément, axiome sont prononcés. — Helmholtz emploie des expressions équivalentes125.
Elle s’évanouit en apprenant que son fils a une maîtresse : c’est une action « odieuse, abominable, horrible » ; elle voudrait que « son enfant fût mort avant d’avoir commis ce crime. » Toutes les fois qu’on lui parle de la petite Fanny, « son visage prend une expression cruelle et inexorable. » Rencontrant Fanny au chevet du jeune homme malade, elle la chasse comme une prostituée et comme une servante. […] Their usual english expression of intense gloom, and subdued agony.
» Ce délicieux passage est l’expression de l’amour le plus tendre, et nous en verrons tous les traits se développer successivement dans le cœur du Misanthrope. […] Molière oppose ici d’une manière admirable la mysticité des expressions à la hideur des sentiments, et les pratiques de la piété aux désirs effrontés d’un libertin.
Treize ans après, il lui était donné de rendre compte des Burgraves dans la Revue, et il n’hésitait pas à déclarer que cette dernière œuvre lui paraissait ce que le poète avait tenté jusqu’alors sur la scène de plus grave et de plus élevé ; il y voyait également « progrès dans l’inspiration et progrès dans l’expression. » Très-peu romantique de sa nature propre, M.
Mais la difliculté d’une double langue en ce pays, et aussi la sévérité des habitudes catholiques, dans lesquelles l’amour humain chez le prêtre n’a point d’expression permise, n’ont pas laissé naître et grandir jusqu’à l’état de littérature ces instincts poétiques étouffés des pauvres clercs.
Je trouve, dans des notes qu’il écrivait alors, l’expression exagérée, mais bien vive, du sentiment de fierté qui l’ulcérait : « Que me parlez-vous de joie ?
Dans des observations qui suivent, on répond fort bien à ce gentilhomme flamand, un peu puriste, que, s’il est bon de bannir de la conversation et des écrits ces mots aventuriers dont parle La Bruyère, qui font fortune quelque temps, il ne faut pas exclure les expressions que le besoin introduit ; et à propos de distingué tout court qui choquait alors beaucoup de gens et que beaucoup d’autres se permettaient, on le justifie par d’assez bonnes raisons : « On parle d’un peintre et on dit que c’est un homme distingué : on sait bien que ce doit être par ses tableaux ; pourquoi sera-t-on obligé de l’ajouter ?
Or l’expression du génie, dans des yeux de femme, savez-vous ce que c’est ?
On verra que je n’apostasie rien que l’erreur dans laquelle je suis une ou deux fois tombé, et quelques expressions mal sonnantes ou mal interprétées par mes nombreux lecteurs ; que j’ai mûri mes idées sur les conditions naturelles du pouvoir ; que j’ai profité de l’expérience et des temps, mais que je suis après ce que j’étais avant, l’homme qui se corrige des moyens sans se détourner du but : la liberté par l’honnêteté, le gouvernement spiritualiste.
Pourvu que ce gouvernement du suffrage universel émane de tous les citoyens capables, et ne laisse à aucune classe l’oppression des castes sur les âmes, pourvu que ce gouvernement soit l’expression de la justice, qu’importe sa forme, si cette forme est opportune et si elle répond aux besoins de conservation ou de progrès dans la nation ?
L’âpre bon sens aiguisé d’esprit et rendu tranchant comme l’acier par l’expression originale, était le caractère de style de cet oncle, ami des Christins de Ferney.
Tu n’y viens que tard ; ce n’est pas lorsque l’hiver a fauché toute la beauté de la nature (suivant l’expression de notre ami, saint François de Sales) qu’on peut se mettre à botaniser : plus de fleurs alors, et ce sont les fleurs qui m’intéressent parce qu’elles sont si jolies sur ces tapis verts.
La vivacité pathétique de ses expressions laisse voir l’ardeur de ses sentiments pour cette jeune et charmante princesse.
Puisque l’homme, en traversant des latitudes différentes, voit changer en même temps la terre et les astres, suivant la belle expression du poète élégiaque Garcilaso de la Vega, les voyageurs devaient, en pénétrant vers l’équateur, le long des deux côtes de l’Afrique et jusque par-delà la pointe méridionale du Nouveau Monde, contempler avec admiration le magnifique spectacle des constellations méridionales.
M. de Surville était, nous disait M. de Davayé, un très-bel homme, jeune encore, d’une taille haute et imposante, d’une physionomie profonde, d’une expression de figure réservée et douce ; on ne lui parlait qu’avec déférence comme à quelqu’un qui porte le respect devant lui.
« Souvenez-vous de tout ce que je vous ai dit sur le manuscrit. » LXIV De Paris à Lyon, de Lyon à Turin, les mêmes billets suivent madame Récamier sur la route de Rome, comme des adieux que la distance affaiblit et qui perdent de leur expression à mesure que la distance augmente.
C’est qu’il offre à ses dévots des œuvres parfaites, où les gens du métier trouvent un plaisir sans mélange : presque jamais un sentiment personnel au poète n’y éclate dont la sincérité, l’originalité ou l’expression puisse être contestée, qui semble, suivant les jours, insuffisant ou démesuré, ni qui détourne l’attention des mystères savants de la forme.
Quand quelqu’un souhaite lire, il bande, avec une grande quantité de toutes sortes de petits nerfs, cette machine ; puis il tourne l’aiguille sur le chapitre qu’il veut écouter, et en même temps, il en sort, comme de la bouche d’un homme ou d’un instrument de musique, tous les sons distincts et différents qui servent, entre les grands lunaires, à l’expression du langage. » On pourrait dire de même que de nos jours tel roman de Jules Verne, telle fantaisie d’un poète, de Victor Hugo, par exemple, dans Plein ciel, présagent l’invention des bateaux sous-marins ou des nacelles ailées qui opéreront la traversée effrayante d’un astre à un autre.
Il vise à une force d’expression supérieure.
C’est un chef-d’œuvre au sens absolu du mot, car la beauté de l’idée poétique s’unit à une perfection déformes et à une simplicité mélodique inusitées dans l’œuvre de Wagner. » Cet ouvrage, en résumé, est curieux comme l’expression, très fine et très sûre, de la façon dont l’œuvre de Wagner apparaît à l’élite de notre public musical français contemporain.
Un jour, Gavarni y rencontra une petite femme grassement commune et, selon son expression, « puant la petite bourgeoisie ».
Quant au Lovelace de cette Clarisse de kermesse, ce n’est plus ce Satan anglais, plus infernal que celui de Milton, ce grand et fascinant scélérat, qui est presque une excuse pour cette navrante chute de Clarisse, qui fit pleurer tous les cœurs purs de l’Angleterre, mais c’est la dernière expression de Lovelace, comme la dernière ligne du profil de l’homme aplati fait, dit-on, celui du crapaud.
Comme l’a fort bien montré un philosophe d’une tout autre école, Théodore Jouffroy, ce n’est pas la sensation elle-même qui est le principe moteur de la vie morale, c’est l’instinct ou plutôt le penchant, selon sa propre expression.
Le style aussi l’aurait démangé sans cesse ; pour être artiste, il faut être un peu ouvrier : cela consume des heures, et l’expression après laquelle on a couru vainement vous poursuit ensuite jusque dans le monde ou vient couper vos méditations solitaires. […] » — Il comparait Fauriel, qui craignait toujours d’être trop vif dans l’expression et d’outre-passer la vérité, à un homme qui fait un dessin à la mine de plomb : « Et quand il a fini, il craint que ce ne soit encore trop vif, et pour plus de précaution, il passe sa manche dessus. » Ceci me rappelle à moi-même un mot que m’écrivait M. de Rémusat après la lecture de mes articles sur Fauriel : « Il est original, me disait-il, par son défaut absolu d’effet et de saillie.
Il y a deux grandes catégories de romanciers : les romanciers-nés, dont la grande affaire est de raconter une histoire, laquelle peut être significative par surcroît, mais peut aussi ne vouloir rien dire, et n’amuser que par le jeu des péripéties ; puis ceux qui se proposent avant tout de dire quelque chose et se servent du récit comme d’un moyen d’expression. […] Il va de soi que cette expression ne vise pas les maîtres de l’enseignement primaire, qui peuvent avoir l’esprit pénétrant et bien cultivé : car il faut être supérieur à sa tâche pour la bien faire.
Assis sur un fauteuil, les pieds au feu, on voit peu à peu, en tournant les feuillets, une physionomie animée et pensante se dessiner comme sur la toile obscure ; ce visage prend de l’expression et du relief ; ses divers traits s’expliquent et s’éclairent les uns les autres ; bientôt l’auteur revit pour nous et devant nous ; nous sentons les causes et la génération de toutes ses pensées, nous prévoyons ce qu’il va dire ; ses façons d’être et de parler nous sont aussi familières que celles d’un homme que nous voyons tous les jours ; ses opinions corrigent et ébranlent les nôtres ; il entre pour sa part dans notre pensée et dans notre vie ; il est à deux cents lieues de nous, et son livre imprime en nous son image, comme la lumière réfléchie va peindre au bout de l’horizon l’objet d’où elle est partie. […] Ces antithèses d’idées soutenues par des antithèses de mots, ces phrases symétriques, ces expressions répétées à dessein pour attirer l’attention, cet épuisement de la preuve mettent sous nos yeux le talent d’avocat et d’orateur que nous rencontrions tout à l’heure dans l’art de plaider toutes les causes, de posséder un nombre infini de moyens, de les posséder tous et toujours à chaque incident du procès.
Now, whether we fix our contemplation upon this imaginary picture, or call to aid the generalizations we have had occasion to make from former ocular observation, we learn by the evidence of experience, that a line which, after diverging from another straight line, begins to approach to it, produces the impression on our senses which we describe by the expression “a bent line”, not by the expression, “a straight line”.
Elle énumère les actrices facilement dérangées par les émotions de la scène, les actrices breneuses, foireuses, diarrhéeuses, les comédiennes perdant leurs légumes, selon son expression, citant comme les modèles du genre Mlle Georges, Mlle Rachel, Mme ***. […] — Bricoler des casse-tête, expression des paysans pour se donner du mal.
Now, whether we fix our contemplation upon this imaginary picture, or call to mind the generalizations we have had occasion to make from former ocular observation, we learn by the evidence of experience, that a line which, after diverging from another straight line, begins to approach to it, produces the impression on our senses which we describe by the expression “a bent line”, not by the expression, “a straight line”.
Le profil est d’une rectitude étonnante ; c’est le type grec à sa plus haute expression. […] Je rêvais devant cette figure d’une expression chaste et triste ; elle me révélait une nouvelle Hélène, non moins belle et plus touchante que celle de la tradition vulgaire ; une Hélène victime, souffrante, obsédée, résistant à Vénus, entraînée par elle, vouée aux excès de l’amour, comme une esclave à de durs labeurs. […] Leur hymne exalta l’auditoire ; un enthousiasme frénétique saisit les Barbares, des cris s’échappèrent de leurs poitrines, des larmes jaillirent de leurs yeux ; les visages prirent l’expression furieuse de l’attaque et de la défense ; la salle ressembla à un camp qui prendrait les armes. […] La tête usée et rusée a l’expression ambiguë d’un masque : l’œil est oblique, le sourcil arqué ; un faux sourire pince ses lèvres minces. […] En esquissant la physionomie de l’Espagne au XVIIe siècle, il faut insister sur le délire érotique qui en est peut-être la plus saillante expression.
Mais la danse la plus originale, c’est la Danse du mauvais esprit, une danse diabolique avec des mouvements d’un disloquage anti-humain, et des expressions de têtes méphistophéliques, un moment sous des masques carrés aux caractères mystérieux, désignant les génies du mal, danse qui a 67 figures. […] Ce ne fut qu’à la tombée de la nuit que l’exécution complète du Darma fut terminée et qu’on put soulever, au moyen des poulies, la grande machine peinte, et il y eut encore une partie du papier traînant au milieu de la foule qui, selon l’expression japonaise, semblait une armée de fourmis autour d’un morceau de gâteau. […] Et ce mode de dessin, adopté par Hokousaï, vient à la suite d’une discussion avec un ami du peintre, qui soutenait que la physionomie d’un être humain ne pouvait être reproduite qu’avec le dessin de ses yeux et de sa bouche : discussion dans laquelle Hokousaï se fit fort de rendre l’expression, la vie d’un visage, en ne les y dessinant pas23. […] Et des études de jambes et de pieds en marche qui donnent l’illusion de leur avancement sur le papier, et des physionomies faites de rien, — comme dessin des yeux, du nez, de la bouche, — et ayant, je ne sais comment, l’expression de la passion humaine, ou gaie, ou triste, ou colère.
124 Le coq a le regard dur et sans expression.
Ces paroles qui arrivent à votre oreille, ces gestes, ces airs de tête, ces vêtements, ces actions et ces œuvres sensibles de tout genre, ne sont pour vous que des expressions ; quelque chose s’y exprime, une âme.
« Ce principe, je n’en connais pas la nature essentielle, je ne cherche pas ici comment il s’est constitué ; le nom qu’on lui donne m’importe peu ; ce qui m’importe, c’est l’irrécusabilité de son être et sa souveraineté incontestable sur le monde de mes sentiments, de mes pensées, de mes volontés, de mes expressions diverses, qu’il gouverne par sa logique. » Voilà pour la vie.
monsieur, ce fut pourtant le premier air que je me sentis inspirée de jouer devant la Madone du pont ; jamais les sons de la zampogne ne m’avaient paru avoir une telle expression sous les doigts de mon père, de mon oncle, d’Hyeronimo, de moi-même, ni de personne ; il me semblait que ce n’était pas moi qui jouais, mais qu’un esprit du ciel, caché dans l’outre, soufflait les notes et remuait les doigts sur le roseau à sept trous du chalumeau.
Il faudrait savoir d’abord si la première de ces sensibilités ne suppose pas la seconde, et à un degré éminent, et n’en est pas la forme supérieure et l’expression souveraine.
Sainte-Beuve écrit encore à Marceline : « … Ici, du moins, il y a tout ce qui peut adoucir, élever et consoler le souvenir : cette pureté d’ange dont vous parlez, cette perfection morale dès l’âge le plus tendre, cette poésie discrète dont elle vous devait le parfum et dont elle animait modestement toute une vie de règle et de devoir, cette gravité à la fois enfantine et céleste par laquelle elle avertissait tout ce qui l’entourait du but sérieux et supérieur de la vie… » Je suis tenté de croire, — car le même sentiment s’y retrouve, et presque les mêmes expressions, — que l’admirable pièce des Consolations : Toujours je la connus pensive et sérieuse… fut inspirée à Sainte-Beuve par le souvenir de cette charmante Ondine Valmore.
Et c’est pourquoi le vocabulaire et le style de Durtal ont pu rester aussi concrets, aussi brutaux dans l’expression des phénomènes de la vie mystique que jadis dans la peinture de la vie immonde.
Il y a même lieu d’admirer l’industrie avec laquelle le poète diversifie par les jeux de scène l’expression d’un sentiment qu’il n’a pas su varier en l’approfondissant.
Je suis tombé de surprise quand je me suis trouvé en présence de cette langue si simple, sans construction, presque sans syntaxe, expression nue de l’idée pure, une vraie langue d’enfant.
De Pure diffère à cet égard de Somaise : « L’objet principal de leurs soins, c’est, dit-il, la recherche des bons mots et des expressions extraordinaires, pour conserver dans l’empire de la conversation, un juste tempérament entre le style rampant elle pompeux. » Mais ce but n’était pas condamnable.
Et encore des lavages, des séchages, des reprises, des relavages, au bout desquels le lumineux et moelleux dessin était parachevé, tirant de tout ce travail dans l’humide, quelque chose du joli flottement des contours d’une aquarelle qui baigne dans l’eau de la cuvette d’un graveur, — et sans que, selon l’expression d’un peintre, dans cette chose soufflée, se sentît la moindre fatigue.
L’expression que nous ne disons pas ici est dans les Plaideurs (acte III, scène III).
Mais on peut affirmer que tout ce qui, dans leurs écrits, ne consiste pas, suivant la judicieuse expression d’un illustre philosophe positif (M.
Mais, d’un autre côté, si l’on cherchait les définitions du réalisme, si l’on énumérait, comme je le faisais tout à l’heure pour le romantisme, toutes ses définitions, on trouverait que La Fontaine, par sa soumission à l’objet, par sa fidélité absolue à l’observation de la nature telle quelle est, par les soins infinis qu’il prend pour être toujours, pardonnez-moi l’expression, adéquat, et pour mieux parler, ajusté à son objet, c’est-à-dire à la nature qu’il considère ; si l’on fait toutes ces considérations, on trouve qu’il n’y a pas de réaliste plus réaliste que La Fontaine dans tout le dix septième siècle, et peut-être dans toute la littérature française.
Il n’est point aujourd’hui, comme le dit la vieille expression proverbiale, le borgne du royaume des aveugles.
Pas une expression trouvée (sauf « collines pluvieuses »), pas un trait qui enfonce. […] Mais ces deux ouvrages singuliers nous présentent l’expression directe et l’histoire totale des deux plus puissantes et dévorantes sensibilités (peut-être) qui aient paru dans les lettres françaises. […] Mais cette expression impropre présente une image vague et magnifique. […] Dans l’expression de son orgueil ou de sa vanité, Hugo reste plus « vieille France » que Chateaubriand. […] Peut-être y a-t-il, dans la partie qui a été la dernière écrite et qui est celle du milieu, plus d’audace et plus de raccourci dans l’expression et, si vous le voulez, plus de mauvais goût, mais un mauvais goût plus éclatant.
Il dit aux hommes de l’Assemblée de 1848 qui, naturellement, l’écoutent comme feraient les députés de 1904, que, de ce principe que la souveraineté réside dans l’universalité des citoyens, on peut faire sortir une constitution ultra-monarchique ; que c’est au nom de ce principe qu’on bâillonne la presse et qu’on légitime la guillotine ; que, comme le gouvernement n’est que l’expression de la volonté générale, la majorité s’attribue un pouvoir sans limite sur la minorité ; que le droit du grand nombre, substitué au droit du plus fort, n’est encore que le droit du plus fort et que ce droit ne justifie rien. […] Collectivisme intellectuel ; collectivisme scolaire : « Supposons que les idées si chères aux théoriciens de la Révolution française se réalisent ; que l’Institut devienne ce que Condorcet voulait qu’il devînt : un grand collège philosophique, et qu’au sein de la France un véritable pouvoir éducateur prenne place à côté du pouvoir exécutif (souvenir de Saint-Simon) et du pouvoir judiciaire, ayant, comme eux, sa sanction et sa source dans le pouvoir législatif, expression directe de la démocratie. […] C’est Stuart Mill qui, en novembre 1851, écrivait à Leroux : « S’il vous arrivait, Monsieur, de passer en Angleterre et que vous voulussiez bien me faire, à ma femme et à moi, l’honneur d’une visite fraternelle, nous serions charmés de vous renouveler personnellement l’expression de notre sympathie. » L’occasion, grâce au coup d’État, ne tarda pas. […] Il y a là une expression impropre. […] Cependant, le plus souvent, Dieu merci, le malade ne sait pas, et au moment même où il vous dit qu’il a désespéré il espère encore, le crois bien que certains, assez nombreux, se sont vus mourir, comme on dit énergiquement, et cette expression populaire est d’une rare beauté tragique.