J’aime vos livres, je vous lis et je vous relis ; je vous relis, parce que le bon sens et l’esprit coulent tout ensemble de votre plume, et que votre scepticisme est traversé et comme amolli — par moments — des tristesses du sentiment vrai. […] Un barbarisme contemporain qui veut dire… Si vous voulez des renseignements précis, allons ensemble à Cette échoppe aux vitres poussiéreuses qui se dresse là-bas avec de faux airs de temple.
Fragments d’abord, publiés en 1818, il donnèrent assez de jouissances inattendues à l’imagination contemporaine pour qu’elle ressentit soudainement l’amour d’un livre qui faisait si largement immerger la vie dans l’histoire, et pour qu’elle désirât ardemment connaître l’ensemble et l’effet intégral de cette vaste fresque, comme l’a dit si heureusement M. […] Louis XIV, pas plus que Napoléon, pas plus que tous les hommes nés pour le commandement, ne se souciait de ces originalités qui rompent un ensemble et contrecarrent des décisions.
La sagacité d’Aubryet, qui est si grande quand il s’agit d’idées générales et d’appréciations littéraires, se brise comme une pointe de cristal quand il l’applique aux hommes pour savoir ce qu’ils valent en bloc, pris dans l’ensemble de leurs œuvres. […] Le mot dit tout ensemble le défaut et la qualité.
Vous rappelez-vous cette lourdeur et tout ensemble cette superficialité ? […] Mais il est de la nature des esprits très étendus de ne pouvoir conclure, empêchés par le nombre de choses qu’ils voient ; et tel est le seul défaut qu’en cherchant bien on peut trouver à la cuirasse de Macaulay, lequel n’en demeurera pas moins à la tête des critiques de cet âge, qui, tous, sceptiques en plus ou en moins, n’ont pas l’ensemble de ces fortes, saines et brillantes facultés que nous montrent, parce qu’ils nous les montrent presque sans alliage, les Essais littéraires.
Les dissertations qui forment l’ensemble de ce volume n’ont pas, il est vrai, le même mérite et la même importance, mais toutes ont l’empreinte de la robuste main qui a équarri et taillé leurs quelques blocs. […] Voilà, indépendamment de leur mérite de détail et d’ensemble, l’avantage de cette publication des Quatre chapitres sur la Russie.
Avant toute critique de détail que l’on peut faire de sa poésie, voilà le reproche qu’on a droit d’adresser au poète, qu’il atteint et enveloppe dans l’intensité de son inspiration et l’ensemble de son talent. […] Les compositions, ces ensembles qui ne tenaient pas et qu’il nous a donnés comme des poèmes sous les noms de Marie et de La Fleur d’or, ne sont, après tout, que des poésies diverses où les plus courtes sont, sans épigramme, les meilleures.
L’orateur raconte qu’un des Hébreux captifs aux bords de l’Euphrate, voulant adoucir l’ennui de ses malheurs, fait préparer un repas dans sa cabane, et envoie son fils inviter quelques-uns de leurs frères pour se réunir et se consoler ensemble. […] En effet, qu’on suppose un orateur doué par la nature de cette magie puissante de la parole, qui a tant d’empire sur les âmes et les remue à son gré ; qu’il paraisse aux yeux de la nation assemblée pour rendre les derniers devoirs à Henri IV ; qu’il ait sous ses yeux le corps de ce malheureux prince ; que peut-être, le poignard, instrument du parricide, soit sur le cercueil et exposé à tous les regards ; que l’orateur alors élève sa voix, pour rappeler aux Français tous les malheurs que depuis cent ans leur ont causés leurs divisions et tous les crimes du fanatisme et de la politique mêlés ensemble ; qu’en commençant par la proscription des Vaudois et les arrêts qui firent consumer dans les flammes vingt-deux villages, et égorger ou brûler des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, il leur rappelle ensuite la conspiration d’Amboise, les batailles de Dreux, de Saint-Denis, de Jarnac, de Montcontour, de Coutras ; la nuit de la Saint-Barthélemi, l’assassinat du prince de Condé, l’assassinat de François de Guise, l’assassinat de Henri de Guise et de son frère, l’assassinat de Henri III ; plus de mille combats ou sièges, où toujours le sang français avait coulé par la main des Français ; le fanatisme et la vengeance faisant périr sur les échafauds ou dans les flammes, ceux qui avaient eu le malheur d’échapper à la guerre ; les meurtres, les empoisonnements, les incendies, les massacres de sang-froid, regardés comme des actions permises ou vertueuses ; les enfants qui n’avaient pas encore vu le jour, arrachés des entrailles palpitantes des mères, pour être écrasés ; qu’il termine enfin cet horrible tableau par l’assassinat de Henri IV, dont le corps sanglant est dans ce moment sous leurs yeux ; qu’alors attestant la religion et l’humanité, il conjure les Français de se réunir, de se regarder comme des concitoyens et des frères ; qu’à la vue de tant de malheurs et de crimes, à la vue de tant de sang versé, il les invite à renoncer à cet esprit de rage, à cette horrible démence qui, pendant un siècle, les a dénaturés, et a fait du peuple le plus doux un peuple de tigres ; que lui-même prononçant un serment à haute voix, il appelle tous les Français pour jurer avec lui sur le corps de Henri IV, sur ses blessures et le reste de son sang, que désormais ils seront unis et oublieront les affreuses querelles qui les divisent ; qu’ensuite, s’adressant à Henri IV même, il fasse, pour ainsi dire, amende honorable à son ombre, au nom de toute la France et de son siècle, et même au nom des siècles suivants, pour cet assassinat, prix si différent de celui que méritaient ses vertus ; qu’il lui annonce les hommages de tous les Français qui naîtront un jour ; qu’en finissant il se prosterne sur sa tombe et la baigne de ses larmes : quelle impression croit-on qu’un pareil discours aurait pu faire sur des milliers d’hommes assemblés, et dans un moment où le spectacle seul du corps de ce prince, sans être aidé de l’éloquence de l’orateur, suffisait pour émouvoir et attendrir ?
Un jour que nous dînions ensemble chez M. […] Encore moins ce lied que des Allemands chantaient dans le bois de Meudon et que nous avons répété ensemble ! […] Nous échangeâmes une rapide poignée de main, deux paroles amicales, et ce regard profond et compréhensif de gens qui ont vu ensemble les choses d’autrefois. […] Cinq ans plus tard, nous fîmes ensemble le voyage d’Italie. […] L’ensemble des visages était donc vermeil et souriant, avec un air de santé et de bonne humeur.
Lafargue, auquel la cour d’assises de Pau vient de sauver la vie, a plus dame à lui seul que tous nos poètes pris ensemble, et plus d’esprit que la plupart de ces messieurs. » Ailleurs : « Il est sans doute parmi nous quelques âmes nobles et tendres, comme Mme Roland, Mlle de Lespinasse, Napoléon, le condamné Lafargue. […] Il appelle au hasard romantique tout ce qui est littérature nouvelle, tout ce qui, en 1810, n’est pas de l’Académie française, et il va de l’avant, en mettant pêle-mêle ensemble des hommes qui n’ont aucune espèce de parenté littéraire. […] Cette partie flatteuse de la peinture de la démocratie par Tocqueville n’en est pas moins très intéressante, et dans son ensemble assez vraie. […] C’est un pays pauvre, dépensant peu, et un pays riche dépensant trop ; c’est la vie nationale dispensée inégalement, — elle l’est toujours, — disons dispensée avec de trop grandes inégalités, et par conséquent souffrante et languissante en son ensemble. […] Je n’ai pas besoin de dire que cette organisation n’a aucune chance d’être essayée chez un peuple qui trouve corps trop aristocratiques et détonnant dans l’ensemble des institutions démocratiques l’Institut et l’Ordre des avocats.
La Bruyère et La Rochefoucauld ont eu leur métaphysique, au fond et au-dessus de leur morale ; cette métaphysique seulement, ils ne l’ont pas dite ; ils ont jugé plus prudent de la sous-entendre, ou de ne la laisser voir, comme La Bruyère, que sous un jour qui n’est peut-être pas le plus en accord avec l’ensemble de leur observation pratique.
. — Quant au talent lui-même, il y en a certes, mais moins que ne croient les bonnes gens qui ont oublié Raynal, et qui ne savent pas qu’il n’est pas très-difficile avec une certaine énergie de plume de faire de ces peintures qui sont partout, en leur rendant quelque puissance d’ensemble.
Au fait, et à prendre les choses par l’ensemble, rien de plus inévitable.
Mais le brave professeur vient de mourir, laissant une respectable veuve de soixante-quatre ans, et une petite nièce de quatorze, et lorsque Eugène se met, dès le matin qui suit l’enterrement, à contempler comme à l’ordinaire le galanthus nivalis et l’amaryllis reginæ, il est interrompu par la bonne veuve, qui l’avertit en rougissant qu’il faudra bien, pour éviter les malins caquets, ne plus continuer de loger ensemble sous le même toit.
La vie de Walter Scott est fort simple dans son ensemble ; des Mémoires abondants qu’il a laissés en dérouleront bientôt les anecdotes, les accidents variés et toutes les richesses.
Le célèbre auteur écossais, dans cet écrit qui présente l’ensemble complet de ses observations et de sa doctrine philosophique morale, développe ce qu’il n’avait fait qu’indiquer sommairement pour ses élèves dans ses Esquisses de philosophie morale, que M.
Mais il ne s’agit pas de savoir si Dampré et la duchesse, et chacun des personnages pris un à un, et trait pour trait, peuvent être plus ou moins des copies d’un certain monde réel ; il s’agit de savoir si tout cet ensemble est comique, intéressant, saisissant.
Voilà, me disais-je en parcourant le recueil local où l’on a réuni les touchants témoignages rendus à M. de Persigny dans ses visites à Saint-Étienne et à Montbrison, et qui sortent tout à fait du ton officiel, voilà une province qui vit, qui échappe au reproche qu’on a souvent adressé à notre centralisation administrative ; d’ailleurs si utile, de n’être qu’un mécanisme, un ensemble de rouages, et de laisser en dehors le cœur et l’âme des populations.
La monarchie, et surtout un monarque qui comptait l’admiration parmi les actes d’obéissance, l’intolérance religieuse et les superstitions encore dominantes, bornaient l’horizon de la pensée ; l’on ne pouvait concevoir aucun ensemble, ni se permettre aucune analyse dans un certain ordre d’opinions ; l’on ne pouvait suivre une idée dans tous ses développements.
L’amour de la patrie l’emportait tellement chez les Romains sur toute autre passion, que les ennemis servaient ensemble, et d’un commun accord, les intérêts de la république.
D’avance et à son insu, chaque génération porte en elle-même son avenir et son histoire ; à celle-ci, bien avant l’issue, on eût pu annoncer ses destinées, et, si les détails tombaient sous nos prévisions aussi bien que l’ensemble, on pourrait croire à la fiction suivante que Laharpe converti inventa à la fin du Directoire, en arrangeant ses souvenirs.
Elles font, sur la sœur Saint-Jérôme et sur son confesseur dom Rigoley, qui avaient tous deux la peau fort noire, cette plaisanterie que « si on les mariait ensemble, il en viendrait des taupes et des négrillons ».
L’atmosphère est fausse, craintive. » Au fond, ils se réunissent pour s’ennuyer ensemble.
Dans Science et Hypothèse, j’ai déjà montré combien leur valeur est relative ; ce n’est pas la nature qui nous les impose, c’est nous qui les imposons à la nature parce que nous les trouvons commodes, mais je n’ai guère parlé que de l’espace, et surtout de l’espace quantitatif, pour ainsi dire, c’est-à-dire des relations mathématiques dont l’ensemble constitue la géométrie.
La Gaule, l’Espagne, l’Italie, avant leur absorption dans l’Empire romain, étaient des ensembles de peuplades, souvent liguées entre elles, mais sans institutions centrales, sans dynasties.
Deux ou plusieurs objets, physiques ou intellectuels, sont en rapport l’un avec l’autre, en vertu de quelque état de conscience complexe où ils entrent tous deux, quand même cet état de conscience complexe se réduirait simplement à les penser ensemble.
Il me semble donc clair que, en 1673, la jalousie de madame de Montespan était en pleine irritation, et la jalousie de madame de Montespan est tout ensemble l’accusation et la preuve du trop d’amitié du roi pour cette glorieuse de Scarron.
Il seroit même à souhaiter que le résultat de cet Ouvrage fût un peu plus décidé ; qu’il y eût moins d’ambiguité dans l’ensemble, & que la maniere de procéder de l’Apologiste ne rappelât pas si souvent ce vers de Virgile, Et fugit ad salices, & se cupit ante videri.
Ce sont ces traits qui separez des choses indifferentes que tous les hommes disent et font à peu près les uns comme les autres, qui, rapprochez, et réunis ensemble, forment un caractere, et lui donnent, pour ainsi dire, sa rondeur théatrale.
Le fracas du canon et de la mousqueterie empêche souvent qu’on entende même les signaux que donnent plusieurs tambours ou plusieurs trompettes qui battent ou qui sonnent ensemble.
Cet ensemble de règles paraîtra peut-être inutilement compliqué, si on le compare aux procédés qui sont couramment mis en usage.
Extrait du tome XVI de l’Encyclopédie moderne, dont Didot est l’âme et la main et dont nous parlerons un jour quand il s’agira de la juger dans son ensemble, cet Essai sur la Typographie, qui forme un volume de près de quatre cents pages sur deux colonnes, est un livre spécial qui embrasse sous toutes ses faces l’art dont il traite.
Il y aurait donc, de la part du protestantisme, parricide et infanticide tout ensemble à vouloir frapper le socialisme.
Un roman comme Daphnis et Chloé n’est qu’une bucolique dont un génie chrétien peut faire, au bout de quinze cents ans, une autre bucolique, intitulée Paul et Virginie ; mais ce n’est pas assurément une telle composition, — pas plus que ces récits naïfs du Moyen-Age rajeunis par le pauvre marquis de Tressan, qui peuvent rappeler en quoi que ce puisse être, ces créations de l’Imagination et de l’Observation tout ensemble, qui commencent à La Princesse de Clèves et qui finissent aux Parents pauvres et aux Paysans.
Ainsi un jour nous nous trouvions ensemble chez Ferdinand Fabre. […] Si, au contraire, vous vous sentez de taille à publier de vastes œuvres, à embrasser tout un ensemble d’observations humaines, n’hésitez pas non plus, écrivez, créez, amassez. […] On dit que Daudet et Arène travaillaient ensemble et pouvaient échanger leurs signatures sans que le public s’en aperçût. […] Il y faut encore autre chose : il faut tâcher de donner une idée d’ensemble de la phrase écrite. […] Un ensemble de conseils sur le métier de journaliste demanderait un volume.
Le vieillard seul me fit un grave salut, tout en souriant sous ses blanches moustaches. « Gens peu civilisés, dit le marchand en me jetant un regard de côté, ce n’est pas pour eux, certes, qu’est mon pain d’épices. » Et achevant d’atteler sa rosse, il descendit vers la rivière où se voyait une espèce de bac en troncs d’arbres liés ensemble. […] Les voilà donc qui causent ensemble, se tenant aux aguets ; et Ephrem, qui avait tout observé, ne s’avise-t-il pas d’emplir de paille les jambes de son pantalon, bien attachées par le bout, et de se les mettre sur la tête ! […] Mais Lise ne ressemble pas à l’autre ; ce n’est pas elle qui m’aurait préparé une vie d’humiliations ; elle ne m’aurait pas détourné de mes occupations ; elle m’aurait inspiré elle-même une activité honnête et sérieuse, et nous aurions cheminé ensemble vers un noble but. […] « Allez-y, lui dit-elle avant qu’il eût le temps de répondre ; nous prierons ensemble pour le repos de son âme. » Elle ajouta qu’elle ne savait que faire, qu’elle ne savait pas si elle avait le droit de faire attendre Panchine. […] — Levez-vous, levez-vous, Théodore Ivanowitch, s’écria la jeune fille ; que faisons-nous ensemble ?
Il y a comme une résolution de l’ensemble dans ses éléments, comme une distribution du gâteau public en des millions de petites parts. […] Le milieu, qu’il soit constitué par le climat ou par un état social, est, lui aussi, un ensemble d’impressions individuelles. […] Et d’abord, cette méthode est, entre toutes, celle qui permet le plus à l’histoire de produire des effets d’ensemble. […] Cette méthode n’est pas uniquement féconde en effets d’ensemble. […] Le nombre des oisifs est si petit qu’il disparaît dans le grand ensemble.
Le gouvernement et le public, marchant alors sans crainte et sans scrupule, chacun dans sa carrière, vivent ensemble sans s’observer avec méfiance, ne se rencontrant même que rarement. […] Les hommes libres des campagnes et des villes ne cessèrent jamais de faire eux-mêmes et de traiter ensemble leurs affaires. […] Quand l’art voulait les porter sur la scène, il les acceptait dans leur ensemble, avec les mélanges et les contrastes qui s’y rencontraient, et sans que le goût public fût tenté de s’en plaindre. […] Et ainsi c’est le monde entier, c’est l’ensemble des réalités humaines que Shakespeare reproduit dans la tragédie, théâtre universel, à ses yeux, de la vie et de la vérité. […] Quand Claudius et Laërtes sont convenus ensemble de l’assaut d’armes où doit périr Hamlet, entre ce moment et celui de l’événement on ne s’inquiète guère de savoir si deux heures ou une semaine se sont écoulées.
Sous ce portique circulaire, tous les seigneurs qui ont l’entrée de la chambre pourront assister ensemble au jeu d’un nouveau jet d’eau. […] Les dieux eux-mêmes sont de leur monde Enfoncée par l’effort de toute une société et de tout un siècle, l’empreinte de la cour est si forte, qu’elle s’est gravée dans le détail comme dans l’ensemble et dans les choses de la matière comme dans les choses de l’esprit. […] À Vienne, en 1772, l’ambassadeur prince de Rohan avait deux carrosses coûtant ensemble 40 000 livres, 40 chevaux, 7 pages nobles, 6 gentilshommes, 5 secrétaires, 10 musiciens, 12 valets de pied, 4 coureurs dont les habits chamarrés avaient coûté chacun 4 000 livres, et le reste à proportion201. […] Dans le palais presque royal que les Rohan, évêques héréditaires de Strasbourg et cardinaux d’oncle en neveu, se sont bâti à Saverne216, il y a 700 lits, 180 chevaux, 14 maîtres d’hôtel, 25 valets de chambre. « Toute la province s’y rassemble » ; le cardinal a logé à la fois jusqu’à deux cents invités, sans les valets ; en tout temps on trouve chez lui « de vingt à trente femmes des plus aimables de la province, et souvent ce nombre est augmenté par celles de la cour et de Paris » « Le soir à neuf heures tout le monde soupait ensemble, ce qui avait toujours l’air d’une fête », et le cardinal lui-même en était le plus bel ornement.
L’esprit recule d’étonnement et d’admiration devant la puissance d’organisation et devant l’immensité des détails que comporte ce nom d’armée : recrutement des soldats, habillement, armement, logement, nourriture de ces masses d’hommes ; solde, instruction, chevaux, canons, distribution de ces soldats dans les cadres, nomination et hiérarchie des sous-officiers et des officiers, génie du général, héroïsme collectif de ses bataillons, où chaque combattant est souvent désintéressé de la cause et où tous meurent au besoin pour la victoire ; c’est là un de ces phénomènes tellement compliqués de la civilisation antique ou moderne qu’un historien militaire doit commencer par l’approfondir dans ses plus minutieux détails avant d’en présenter l’ensemble sur les champs de bataille à l’esprit de la postérité. […] Il fallait pour ce travail surhumain le génie administratif, le coup d’œil du géographe ; l’amour du chiffre, cet élément constructif de toute chose numérique ; la passion de la vérité matérielle ; l’intelligence des détails, sans lesquels il n’existe pas d’ensemble ; l’habitude des négociations, qui fait comprendre la pensée voilée sous les dépêches ; l’instinct militaire, qui fait manœuvrer à tort ou à droit les masses ; le goût de l’héroïsme, qui anime l’historien du feu de la gloire ; l’ordre dans l’esprit, qui fait qu’on ne s’égare jamais et qu’on n’égare pas un soldat dans cette déperdition de millions d’hommes ; enfin le mouvement de l’esprit, qui se plonge lui-même avec vertige dans le tourbillon des événements, des campagnes, des batailles, des victoires ou des défaites qu’on retrace en courant à la postérité. […] Le gouvernement est la force des intérêts généraux de la société reliés ensemble pour le salut des sociétés contre la révolte et l’anarchie des intérêts particuliers qui cherchent sans cesse à prévaloir contre la communauté ; en d’autres termes, le gouvernement, c’est tous ; les factions, c’est l’individualité. […] L’administration, c’est la méthode du gouvernement, c’est cette syntaxe des lois, c’est ce mécanisme admirable des rouages intérieurs à l’aide desquels la volonté et l’action du pouvoir se transmettent avec régularité de la tête aux membres, pour imprimer à chaque chose éparse ou à chaque individu isolé l’unité et la force de l’ensemble.
Elle est poétique dans tous les détails de ce rôle qu’elle caresse avec amour, et dans son ensemble qu’elle paraît avoir composé avec prédilection, montrant enfin sur la scène française le talent le plus accompli dont le théâtre se puisse enorgueillir. […] « J’avais désiré et j’ai obtenu que cet ensemble offrît l’aspect sévère et simple d’un tableau flamand, et j’ai pu ainsi faire sortir quelques vérités morales du sein d’une famille grave et honnête ; agiter une question sociale, et en faire découler les idées de ces lèvres qui doivent les trouver sans effort, les faisant naître du sentiment profond de leur position dans la vie. […] Les pays les plus libres subiront toujours la dictature de leur situation géographique ; de là, la nécessité d’être un, pour prendre les armes à propos et vite, et pour agir et réagir, soit pour la guerre offensive, soit pour la guerre défensive, avec l’ensemble et la vigueur d’un seul homme. […] Aussi remarquez avec quel ensemble et quelle promptitude l’armée et ses généraux se sont ralliés comme un seul homme à la république qui leur répugnait, et aux hommes de ce gouvernement qu’ils ne connaissaient pas, même de nom.
Puis, critique de l’opéra et de la musique modernes : tous ces genres reposent uniquement sur l’Air, qui est, à l’origine, la chanson populaire et devient la mélodie, puis le duo ou l’ensemble. […] Cependant deux ans plus tard, dans un rapport au roi Louis II de Bavière sur une ecole de musique allemande a Munich (Munich, 1863), Wagner aborde encore la question du théâtre idéal ; mais cette œuvre donne comme une vue d’ensemble sur tous ses travaux antérieurs, et les observations générales sur l’histoire et l’essence de l’art s’y trouvent, nombreuses. […] On reconnaît là tout ensemble le zèle, le talent et l’autorité du chef d’orchestre, qui a présidé aux répétitions de l’œuvre : j’ai nommé M. […] L’ensemble de la création wagnérienne semble être tendue vers le caractère sublime et religieux de l’art dont la réalisation suprême est Parsifal.
On y voit apparaître le rhythme extraordinaire qui, dans le morceau d’ensemble suivant, alors que les assistants, frappés de cette sublime intervention, n’osent résister à une aussi céleste manifestation de l’amour, semble être formé par le contre coup du battement irrégulier de ces cœurs saisis, exaltés, et accablés à la fois. […] Puis les romanciers russes Tolstoï et Gonicharov, tentèrent une création totale de la vie, ensemble rationnelle et sensible : leurs héros voient, agissent, et raisonnent. […] Ainsi une littérature nouvelle s’est — par les lois même des formes artistiques — constituée avec les procédés de la littérature notionnelle et comme une couleur, aujourd’hui, peut, diversement, évoquer une sensation ou une émotion, les syllabes denos mots sont, ensemble, les signes de notions et d’émotions. […] Il vit l’univers comme un ensemble de sensations : mais il reconnut impossible une recréation artistique de sensations non ordinairement perçues dans la vie réelle.
Avec cela, il continua d’y mêler sa chimère, laquelle consistait à rester dans le Conseil après avoir résigné son portefeuille à M. de Choiseul, à chercher à compléter le nouveau ministre et à se laisser compléter par lui : « Il peut se concerter avec moi, j’ai des choses qu’il n’a pas, il en a qui me manquent : tout cela ensemble ne peut produire qu’un bon effet. » Louis XV mécontent ne répondit pas sur cet article : il consentit à la démission de Bernis en faveur de M. de Choiseul par une lettre datée de Versailles (9 octobre 1758), qui commence ainsi : « Je suis fâché, monsieur l’abbé-comte, que les affaires dont je vous charge affectent votre santé au point de ne pouvoir plus soutenir le poids du travail… » Il y marquait nettement son système personnel en ces mots : « Je consens à regret que vous remettiez les Affaires étrangères entre les mains du duc de Choiseul, que je pense être le seul en ce moment qui y soit propre, ne voulant absolument pas changer le système que j’ai adopté, ni même qu’on m’en parle. » Choiseul n’avait plus qu’à arriver de Vienne. […] L’ensemble de cette correspondance, dont je n’ai pu offrir qu’une idée rapide, ne grandit point certainement Bernis ; elle donne et fixe sa mesure comme principal ministre, et répond à une question que je m’étais adressée précédemment, à son sujet : il n’avait pas la trempe de l’homme d’État, et, après l’entrain des premiers succès, son organisation, mise à une trop forte épreuve, a manifestement fléchi.
Bouflers commandait l’aile droite, Villars s’était réservé la gauche avec la direction de l’ensemble. […] Je compterais aller à Péronne ou à Saint-Quentin y ramasser tout ce que j’aurais de troupes, faire un dernier effort avec vous, et périr ensemble ou sauver l’État ; car je ne consentirai jamais à laisser approcher l’ennemi de ma capitale.
Je me promenais seul, quelques moments avant le coucher du soleil ; le temps était très beau ; la fraîcheur des objets, le charme qu’offre leur ensemble dans cette brillante époque du printemps qui se fait si bien sentir à l’âme, mais qu’on affaiblit toujours en cherchant à la décrire ; tout ce qui frappait mes sens portait à mon cœur je ne sais quoi de doux et de triste ; les larmes étaient au bord de mes paupières. […] — De même qu’en musique le sentiment dominant du musicien choisit dans la variété des sons ceux qui lui conviennent et donnent à tout l’ensemble un motif unique, de même il doit y avoir dans l’être intelligent et moral un sentiment ou une idée dominante qui soit le centre ou le motif principal ou unique de tous les sentiments ou actes de la vie.
On se lisait les uns aux autres les ouvrages qu’on avait composés ; on se critiquait, on s’encourageait. « Les conférences étaient suivies tantôt d’une promenade, tantôt d’une collation en commun. » Pendant trois ou quatre ans, on continua de la sorte avec une entière obscurité et liberté : « Quand ils parlent encore aujourd’hui de ce temps-là et de ce premier âge de l’Académie, nous dit Pellisson, ils en parlent comme d’un âge d’or, durant lequel avec toute l’innocence et toute la liberté des premiers siècles, sans bruit et sans pompe, et sans autres lois que celles de l’amitié, ils goûtaient ensemble tout ce que la société des esprits et la vie raisonnable ont de plus doux et de plus charmant. » Il y avait secret promis et gardé : Qui sapit in tacito gaudeat ille sinu. […] Paul Mesnard, dans une Histoire de l’Académie 44 qui n’a que le défaut d’être un peu abrégée, a fort bien touché ces époques et ces divisions d’ensemble.
Ce fut alors que Law lui dit, dans une conversation assez longue qu’ils eurent ensemble : « Monsieur, jamais je n’aurais cru ce que j’ai vu pendant que j’ai administré les finances. […] Je dissimulerais mon impression si je ne disais que, tel qu’il se dessine dans ce premier volume de son Journal, d’Argenson paraît plus ambitieux qu’on ne le jugerait d’après l’ensemble de sa carrière, et qu’il s’y montre aussi moins bonhomme, plus brutal et plus désagréable de nature qu’on ne se le figurait d’après ses écrits jusqu’ici publiés et tous plus ou moins arrangés ou morcelés à dessein.
Cousin et qu’ils aient chanté ensemble en choeur un Sursum corda ! […] Ma conclusion bien sincère sur l’ensemble du talent de M. de Pontmartin, et malgré toutes ces critiques auxquelles je me suis vu forcé, ayant à combattre avec lui pied à pied et me trouvant réduit à la défensive, est qu’il y a de la distinction, de l’élégance, que c’est un homme d’esprit et d’un esprit délicat, auquel il n’a manqué qu’une meilleure école, et plus de fermeté dans le jugement et dans le caractère, pour sortir de la morale de convention et pour atteindre à la vraie mesure humaine, sans laquelle il n’est pas de grand goût, de goût véritable.
Imaginez-vous que, depuis dix ans, je ne l’avais plus quitté, que nous passions nos journées ensemble : j’étais à côté de lui quand il travaillait, je l’exhortais à ne pas tant se fatiguer, mais c’était en vain : son ardeur pour l’étude et le travail augmentait tous les jours, et il cherchait à oublier les circonstances des temps en s’occupant continuellement. […] Vous jugez ce que c’est qu’une habitude de vingt-six ans, et de la manière dont nous vivions ensemble !
Fromentin applique, en effet, aux figures le même mode d’expression qu’il a porté dans ses tableaux naturels ; au lieu de s’en tenir à la description pure des traits, du teint, des cheveux et de chaque partie de la personne, à ces signalements minutieux et saillants, qui, à force de tout montrer, nous empêchent parfois de voir et de nous faire une juste idée de l’ensemble, M. […] C’est à la tombée de la nuit : « le bois sombre de quelques meubles anciens se distingue à peine, l’or des marqueteries ne luit que faiblement ; des étoffes de couleur sobre, des mousselines flottantes, tout un ensemble de choses pâles et douces y répand une sorte de léger crépuscule et de blancheur, de l’effet le plus tranquille et le plus recueilli ; l’air tiède y vient du dehors avec les exhalaisons du jardin en fleur ; mais surtout une odeur subtile, plus émouvante à respirer que toutes les autres, l’habite comme un souvenir opiniâtre de Madeleine ».
Quoi qu’il en soit des défauts que je n’ai point dissimulés, l’impression de l’ensemble domine ; il s’y sent un souffle d’un bout à l’autre. […] Fauriel, qui excellait à ces sortes de comparaisons et qui, tout impartial qu’il était, n’inclinait que rarement par goût en faveur de notre littérature, comparant ensemble les deux Cids, se plaisait à remarquer comme différence l’abrégé fréquent, perpétuel, que Corneille avait fait des scènes plus développées de l’original, les suppressions, les simplifications de tout genre : « Chez Corneille, ajoutait-il avec un ricanement doucement ironique, on dirait que tous les personnages travaillent à l’heure, tant ils sont pressés de faire le plus de choses dans le moins de temps !
Il remporta deux victoires en bataille rangée, celle de Staffarde (18 août 1690), et celle de La Marsaille (4 octobre 1693), eut quantité de beaux sièges, notamment celui de Nice et de Montmélian, n’éprouva que des échecs sans grande conséquence, ne compromit jamais rien, suffit à tout et maintint les affaires en tel point que le duc de Savoie revenu à résipiscence put lui dire en toute bonne grâce « qu’il avait reçu de lui des leçons et corrections dont il espérait profiter à l’avenir pour le service du roi. » Lorsque l’on considère l’ensemble de cette guerre après la conclusion, il semble qu’elle fasse un tout qui aurait perdu à être conduit autrement et qui est bien en harmonie avec les personnages en présence et avec les résultats obtenus. […] J’ai dit l’effet que produit de loin et historiquement l’ensemble de cette guerre ; mais, si on l’examine en détail et au point de vue stratégique, les observations et les critiques s’élèvent en foule.
Je ne sais quel est son projet dans ce moment : nous vivions fort bien ensemble, et même, depuis quelque temps, on me faisait compliment de mes attentions pour lui et sa femme ; il a imaginé de chercher l’intimité, et, pour s’y introduire, il a écrit (c’est son expédient ordinaire dans les grandes affaires, quoique jusqu’ici il y ait assez mal réussi) ; sa lettre est adressée à un homme de sa maison, mais en même temps il lui a indiqué un homme en qui j’ai confiance, pour me la montrer. […] Je vous dirai qu’il est bon, et pour cela vous devez de vous-même être plus circonspecte et lier vos amusements ensemble.
A conjecturer pourtant, comme il est permis, d’après l’ensemble et le terrain courant des générations survenantes, l’imagination pourrait sembler dorénavant avoir moins de chances pour les grandes œuvres, que l’érudition et la critique pour les travaux historiques dans tous les sens, et que l’esprit pour les charmants gaspillages de tous genres. […] Le fait est que l’ensemble, la composition, a manqué à d’admirables éléments ; le chef de l’orchestre a surtout fait défaut, et par le tort des circonstances, n’a jamais pu se rencontrer.
On sait, dans l’antique églogue, le joli tableau de cet enfant qui est tout occupé à cueillir des brins de jonc et à les tresser ensemble, pour en façonner une cage à mettre des cigales. […] Ce n’est point ici qu’on respire la mousse des chênes et les bourgeons du peuplier, ce n’est point ici que les brises et les eaux murmurent d’amour ensemble.
De sorte que voilà un nouvel ensemble différent de l’autre par les dimensions, mais pareil en nature, partant soumis aux mêmes règles, poétique au même titre, et atteignant la beauté par les mêmes lois. […] C’est d’ailleurs le propre de la poésie de faire des ensembles.
Il s’agit ici, en effet, de ces questions sur lesquelles la providence (j’entends par ces mots l’ensemble des conditions fondamentales de la marche de l’univers) a voulu qu’il planât un absolu mystère. […] La politique et la philosophie n’ont plus grand-chose à faire ensemble.
Et dès lors, avec les Romains et les Grecs ressuscités, Allemands, Italiens, Espagnols, Anglais, ensemble ou isolément, tantôt en lutte et tantôt agissant dans le même sens, tour à tour en hausse Ou en baisse, mêlent quelque chose d’eux-mêmes à notre originalité nationale et la prédominance des uns ou des autres donne une teinte particulière à chaque époque de notre littérature. […] Ce n’est pas en vain que le drapeau tricolore a flotté au Kremlin comme à Lisbonne ; que Hambourg a été comme Rome une préfecture française ; que les proscrits de la République, de l’Empire et de la royauté restaurée ont promené en tous pays leur fidélité aux Bourbons, aux Bonapartes ou à la liberté ; que les nations coalisées ont rendu toutes ensemble à la France la visite armée que chacune d’elles en avait reçue.
Ils avaient joué ensemble au petit mari et à la petite femme ; la récréation est finie : l’enfant verse une larme et va se consoler avec son bouvreuil. […] Mais l’ensemble reste sain et pur.
Il ne paraît pas que, hors de la scène, elle eût des beautés bien frappantes et bien extraordinaires ; mais elle en avait l’ajustement naturel, l’ensemble et l’harmonie. […] Mlle Duclos n’était qu’un représentant de l’école déclamatoire ; et si Mlle Desmares et la Champmeslé avaient eu de grandes et belles parties, elles n’avaient certainement pas atteint à la perfection d’ensemble d’Adrienne Le Couvreur.
Ce qui reste, c’est l’ensemble des mœurs, c’est le fond du tableau, et rien ne paraît plus vrai ni plus vivant. […] Ce tuteur est la machine du roman, machine trop évidente et trop peu adroitement dissimulée pour compromettre la réalité de l’ensemble.