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2064. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

« … Votre ancienne amitié vous fait désirer de savoir quelque chose de ma santé : je vous dirai qu’elle est aussi bonne que le comporte le nombre de mes années, que je vis dans une retraite charmante, que j’y vis avec ce que j’ai de plus cher au monde, et que mon unique occupation est d’y goûter, dans toute sa plénitude, les douceurs du farniente : Lorsque de tout on a tâté, Tout fait ou du moins tout tenté, Il est bien doux de ne rien faire… « Vous ne connaissez pas Rochecotte, sans quoi vous ne diriez pas : Pourquoi Rochecotte ?

2065. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Aussi doux qu’habile, ce ministre cacha une volonté virile sous des séductions féminines.

2066. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

« Selon moi, le voici. » XI Alors, usant largement de l’attention passionnée qu’ils accordaient à ma personne et à mes paroles, je leur démontrai, avec une énergique sincérité, que personne n’avait le secret de l’organisation du travail, ni d’une organisation de fond en comble, d’une organisation parfaite de la société, dite socialisme, où il n’y aurait plus ni inégalité, ni injustice, ni luxe, ni misère ; qu’une telle société ne serait plus la terre, mais le paradis ; que tout le monde s’y reposerait dans un repos si parfait et si doux que le mouvement même y cesserait à l’instant, car personne n’aurait le désir de respirer seulement un peu plus d’air que son voisin ; que ce ne serait plus la vie, mais la mort ; que l’égalité des biens était un rêve tellement absurde dans notre condition humaine que, lors même qu’on viendrait à partager à parts égales le matin, il faudrait recommencer le partage le soir, car les conditions auraient changé dans la journée par la vertu ou le vice, la maladie ou la santé, le nombre des vieillards ou des enfants survenus dans la famille, le talent ou l’ignorance, la diligence ou la paresse de chaque partageur dans la communauté, à moins qu’on n’adoptât l’égalité des salaires pour tous les salariés, laborieux ou paresseux, méritant ou ne méritant pas leur pain ; que le repos et la débauche vivraient aux dépens du travail et de la vertu, formule révoltante, quoique évangélique, de M. 

2067. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Il compare leur doux éclat à celui de la Voie lactée.

2068. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Sully-Prudhomme n’a pas su transporter dans son Eden les meilleurs et les plus doux des sentiments humains.

2069. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Lisez par exemple la mort d’Emma Bovary : « Sur la fosse, entre les sapins, un enfant pleurait agenouillé, et sa poitrine, brisée par les sanglots, haletait dans l’ombre, sous la pression d’un regret immense, plus doux que la lune et plus insondable que la nuit. » Comme toutes ces scènes d’amour, de douleur et de mort, écrites dans le même style glacé, précis, méticuleux, symétrique, sont fatigantes !

2070. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Nanteuil, un grand, un long garçon, aux traits énergiques, à la douce physionomie, au sourire caressant, féminin.

2071. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Il y a je ne sais quelle répugnante promiscuité de salut dans cette adjonction : c’est la fosse commune de la prière… Derrière moi, à la chapelle, pleure la nièce de Rose, la petite qu’elle a eue un moment chez nous, et qui est maintenant une jeune fille de dix-neuf ans, élevée chez les sœurs de Saint-Laurent : pauvre petite fillette étiolée, pâlotte, rachitique, nouée de misère, la tête trop grosse pour le corps, le torse déjeté, l’air d’une Mayeux, triste reste de toute cette famille poitrinaire attendue par la Mort et dès maintenant touchée par elle, — avec, en ses doux yeux, déjà une lueur d’outre-vie.

2072. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Au contraire, un enthousiasme réglé est comme ces douces vapeurs, qui ne portent qu’assez d’esprits au cerveau pour rendre l’imagination féconde, et qui laissent toujours le jugement en état de faire, de ses saillies, un choix judicieux et agréable.

2073. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Ou plutôt il l’a très bien vu, et là même est l’explication du mépris doux et transcendant avec lequel, — dans son Avenir de la science et ailleurs, — il a toujours parlé d’Auguste Comte.

2074. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

ô feux jadis si doux !

2075. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Tout ce qui naît de doux en l’amoureux empire, Quand d’une égale ardeur l’un pour l’autre on soupire, Et que, de la contrainte ayant banni les lois, On se peut assurer au silence des bois, Jours devenus moments, moments filés de soie, Agréables soupirs, pleurs enfants de la joie, Vœux, serments et regards, transports, ravissements, Mélange dont se fait le bonheur des amants, Tout par ce couple heureux fut lors mis en usage.

2076. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

— que Villemain est un grand improvisateur ; mais c’est là encore un de ces doux mensonges de l’opinion sur le compte de son ancien et bien-aimé baby, une de ces assertions qui ne supportent pas le regard.

2077. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Dans ces temps de batailles italiennes qui fermèrent le Moyen Âge, « au milieu des perpétuelles révolutions qui emportaient une multitude d’États sans diètes, de villes sans lien, de citoyens sans lois, d’hommes sans patrie », — c’est-à-dire bien avant que sa douce Éminence le cardinal de La Casa fût son parrain horripilé, la Raison d’État existait, monstre encore en bas âge, mais très bien venant et déjà fort en Italie, ce pays des poisons et des tragiques aventures, et beaucoup d’écrivains berçaient dans leurs livres cet affreux poupon dont ils faisaient leur Dieu.

2078. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Il devait montrer que le libertinage est au mariage ce que la métempsychose est à l’immortalité, et conclure bravement que, dans ce monde, qui n’a pas été bâti pour le bonheur, ainsi que le croient des moralistes pusillanimes, enfer pour enfer, l’enfer du devoir est encore le plus doux !

2079. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

J’ai appris à aimer cette terre française, ces pays magnifiques, qui sont nôtres ; depuis la guerre, en les parcourant, j’ai appris la poésie des grandes plaines sous le chaud soleil, ou la beauté d’un couchant sur les bois lorrains, et il m’est doux de penser qu’au moins pour une fois dans ma vie, j’aurai servi à quelque chose.

2080. (1927) André Gide pp. 8-126

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies… Pour l’auteur des Fleurs du Mal, il semble bien que les hautbois soient verts et leur fraîcheur un peu acide se distingue en effet du velouté bleuâtre des flûtes plus claires et des clarinettes plus sombres. […] (Je l’ai connu plus tard et beaucoup moins : il m’avait paru très doux, mais peut-être ne se déboutonnait-il qu’entre intimes.)

2081. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Il nous serait plus doux d’avoir à louer les œuvres dramatiques de notre temps ; mais pour les louer, il faudrait nous résoudre à parler contre notre pensée, et ce mensonge ne servirait personne. […] Il dépouille l’orgueil impérieux qui l’avait emporté si loin de la réalité, se fait simple et indulgent pour les objections, accepte comme des conseils les arguments les plus vifs, les plus hostiles, se trouve dans cet échange familier de sentiments et d’idées la plus douce et la plus vraie des consolations. […] Il trouve en lui-même ou dans le spectacle des conversions qu’il a produites sa récompense la plus douce. […] Il baptise de noms étranges et hautains l’intime familiarité à laquelle il a dû ses plus douces journées.

2082. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Qui passant devant les Invalides reprendra brusquement le même par le milieu, car c’est encore le même : Au souffle de l’enfant, dôme des Invalides, Les drapeaux prisonniers sous tes voûtes splendides Frémirent, comme au vent frémissent les épis ; Et son cri, ce doux cri qu’une nourrice apaise, Fit, nous l’avons tous vu, bondir et hurler d’aise Les canons monstrueux à ta porte accroupis ! […] De votre douce haleine Éventez cette plaine, Éventez ce séjour, Cependant que j’ahane À mon blé que je vanne À la chaleur du jour ou bien prendre une graphie ancienne sur une édition ancienne ou sur une édition savante. […] Fille d’Agamemnon, c’est moi qui la première, Seigneur, vous appelai de ce doux nom de père ; C’est moi qui si longtemps le plaisir de vos yeux, Vous ai fait de ce nom remercier les Dieux, (Quels vers ; une douceur unique ; et il n’en reste qu’un arrière-goût de cruauté filiale pour ainsi dire ; un goût, une sorte de cruauté filiale de jeune Atride, d’on ne sait quelle jeune Atride, avec tous les raffinements, comme en germe, en filial, en jeunesse, en jeune bourgeon. […] Ce n’est point ce soudard innocent qui offense, mais c’est l’innocente, c’est la douce, c’est la tendre Iphigénie qui sait offenser, c’est la fine et malheureuse Bérénice elle-même :    Hé bien, il est donc vrai que Titus m’abandonne ? […] il est si secrètement sûr que c’est plus qu’une prière et plus qu’un vœu, (je ne dis pas seulement plus qu’un propos et plus qu’un rêve), (ce qui est hors de cause, car ce serait si grossier et si mince et si impie), que c’est un engagement, que c’est une promesse, que c’est déjà fait ; que c’est une réalité ; la saisie de la main d’une réalité éternelle ; que son martyre est déjà une chose entendue ; qu’il a un crédit ouvert, un crédit mystique ; (à peine) anticipé ; que son sang est disponible ; qu’il va commencer d’en user ; Tout votre sang est peu pour un bonheur si doux !

2083. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Elle n’est pas devant nous, disent-ils, la terre promise ; il faut revenir sur nos pas : et ils font de cette Égypte, laissée depuis longtemps derrière nous, un séjour enchanteur, baigné d’une douce lumière, rafraîchi par une perpétuelle verdure, égayé par le chant des oiseaux et le murmure des eaux courantes. […] On a vu qu’elle ne persuadait pas absolument, parce qu’elle dissimulait le vrai motif, qui était la douce habitude de l’émargement. […] Oui, cela est vrai parfois : on sent çà et là que l’émotion de l’auteur a été plus vibrante que ne l’est sa strophe, que l’harmonie qu’il a entendue a été plus douce que celle qu’il nous fait entendre. […] Le zéphire, doux et modéré de sa nature, bon petit vent tiède et printanier, caresse mollement d’un souffle léger ; mais, s’il devient immense, il cesse d’être zéphire. […] Jules Lemaître est Tourangeau, comme le vigneron Paul-Louis ; et, dans l’Orient, il regrettait la douce et molle Touraine.

2084. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

douce mère, vous me baisâtes hier En moi avez très-mauvais héritier, Je ne vous puis secourir ni aider, etc.

2085. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Le ciel m’est témoin que dans mon jugement d’historien sur le duc d’Orléans (Égalité), jugement que quelques âmes inflexibles ont trouvé trop doux, je ne fus influencé en rien par le désir de complaire au roi Louis-Philippe, qui régnait alors sur la France, et dont j’aurais pu ou briguer la faveur ou redouter la vengeance.

2086. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Mais la mort de Bègue est un récit d’un grand effet dans sa couleur grise, avec cette accumulation rapide de petits détails pressés d’une si exacte et précise notation : la vie paisible de Bègue dans son château de Belin, entre sa femme et ses enfants, l’ennui qui prend à la fin ce grand batailleur, sourde inquiétude, désir de voir son frère Garin qu’il n’a pas vu depuis longtemps, et son neveu Girbert qu’il n’a jamais vu, désir aussi de chasser un fort sanglier, fameux dans la contrée du Nord ; la tristesse et la soumission douce de la femme ; le départ, le voyage, la chasse si réelle avec toutes ses circonstances, l’aboi des chiens, le son des cors, la fuite de la bête, l’éparpillement des chasseurs, qui renoncent ; Bègue seul âpre à la poursuite, dévorant les lieues, traversant plaines et forêts et marais, prenant ses chiens par moments sur ses bras pour les reposer, jusqu’à ce qu’il se trouve seul, à côté de la bête morte, ses chiens éventrés, en une forêt inconnue, sous la pluie froide de la nuit tombante : il s’abrite sous un tremble, allume un grand feu, prend son cor et en sonne trois fois, pour appeler les siens.

2087. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Ce dur logicien était un très bon homme, doux, aimable, le plus respectable et le plus tendre des pères, qui écrivait à ses enfants des lettres charmantes, pleines de fine raison et de sensibilité délicate.

2088. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Si la mode est à la violence et à la brutalité, les entrepreneurs de spectacles commandent à leurs fournisseurs des pièces violentes et brutales ; si la mode est aux doux sentiments et à l’optimisme, les mêmes entrepreneurs exigent des pièces tendres et fades.

2089. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

L’éducation musicale commence à se faire parmi nous, le goût de la peinture est déjà fort répandu ; et cependant combien de gens d’esprit, sans compter ceux qui n’en ont pas, préfèrent encore un nocturne bien doux, ou l’ancien plein-chant de notre opéra, aux plus délicieuses modulations ou aux plus riches harmonies ; et un intérieur de cuisine, ou un effet de neige avec un peu de feu, aux plus sublimes têtes et aux compositions les plus inspirées et les plus étudiées.

2090. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

J’ai vu beaucoup d’hymens ; aucuns d’eux ne me tentent : Cependant des humains presque les quatre parts S’exposent hardiment au plus grand des hasards ; Les quatre parts aussi des humains se repentent… Ce ne sont pas des souvenirs qui semblent très doux, ce ne sont pas des souvenirs très attendris.

2091. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

La fable que j’appelle naturiste encadre, en quelque sorte ici, plus qu’elle n’entrelace, comme je le disais tout à l’heure, une anecdote de la petite vie animale, un peu douce, timorée, ou prudente ou imprudente.

2092. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Les amis de Flaubert, qui ne sont pas des sauvages, mais des apprivoisés très aimables et très doux, pratiquent un peu le même système… Pour délivrer leur ami de sa grossesse intellectuelle, ils font du bruit, autour du livre qu’il porte, tout le temps de sa laborieuse gestation, croyant par là l’exciter et lui donner la force de le pousser et finalement de le pondre : Ce sera superbe, disent-ils, ce nouveau livre de Flaubert, mais il y met le temps, car de pareilles œuvres ne sortent pas aisément d’un homme.

2093. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Le caractère des peuples est d’abord cruel, ensuite sévère, puis doux et bienveillant, puis ami de la recherche, enfin dissolu.

2094. (1929) La société des grands esprits

En tous cas, Ruskin a célébré presque dans les mêmes termes « celle société qui nous est continuellement ouverte… si nombreuse et si douce… vaste comme le monde, la puissante, la choisie, de tous les lieux et de tous les temps ». […] Ce paysage rocheux, violent et farouche, oppose un démenti tout net à quiconque se représente la Grèce comme un jardin de gaieté douce et d’agrément tempéré. […] Pour nous en convaincre, il esquisse de délicieux paysages de Seine et de Loire, où il retrouve toute la douce majesté des cathédrales. […] Il n’est pas jusqu’à la douce et tutélaire Béatrice qui ne fasse sa partie dans ce concert tonnant. […] On connaît le sonnet de Sully Prudhomme : C’était un homme doux, Baruch de Spinoza.

2095. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Il essaya vainement les eaux de Bath, et enfin les médecins lui conseillèrent de chercher un climat plus doux. […] C’est rarement, comme on pourrait s’y attendre, les images douces et modestes qui pourraient convenir à l’élégie. […] Il y a dans la lecture de cette lettre un bonheur pénétrant, une sérénité plus douce que la résignation, qui rafraîchit l’âme et la détache des passions vulgaires. […] c’est un malheur sans doute, mais un malheur avéré que les âmes les plus douces se plaisent au spectacle des luttes sanglantes.

2096. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Il l’écoute qui parle à celle qui fut le plus doux rêve de sa vie, à cette sœur Thérèse qui dut aller cacher on ne sait où la honte qu’elle tenait de lui et de son coupable amour. […] Et il écrivait sur elles des choses si douces, si caressantes et si délicates, que tous ceux qui le lisaient en étaient charmés et troublés jusqu’au fond de leur cœur. […] Et ce sentiment amer et doux de la destinée où l’on est embarqué, servait en somme de fond continu, tantôt apparent et tantôt recouvert, à presque toute la vie militaire. […] Il glisse insensiblement à l’amour, avec le doux consentement qui l’attache au progrès d’une bonne œuvre. […] Mais elle reste heureuse, de ce bonheur intéméré, continu et doux qui est propre aux aveugles et qui, dans une certaine mesure, appartient aussi à cet autre aveugle qu’est le pasteur.

2097. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Mme de Motteville va plus loin : elle nous décrit, même après cet accident, cette beauté qui consistait plus dans certaines nuances incomparables du teint160 que dans la perfection des traits, ces yeux moins grands que doux et brillants, d’un bleu admirable, pareil à celui des turquoises ; et les cheveux blonds argentés, qui accompagnaient à profusion ces merveilles, semblaient d’un ange.

2098. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Il lui est aussi impossible d’aimer le bien pour le bien que d’aimer le mal pour le mal404. » — « Les principes de la loi naturelle405, disent les disciples, se réduisent à un principe fondamental et unique, la conservation de soi-même. » « Se conserver, obtenir le bonheur », voilà l’instinct, le droit et le devoir. « Ô vous406, dit la nature, qui, par l’impulsion que je vous donne, tendez vers le bonheur à chaque instant de votre durée, ne résistez pas à ma loi souveraine, travaillez à votre félicité, jouissez sans crainte, soyez heureux. » Mais, pour être heureux, contribuez au bonheur des autres ; si vous voulez qu’ils vous soient utiles, soyez-leur utile ; votre intérêt bien entendu vous commande de les servir. « Depuis la naissance jusqu’à la mort, tout homme a besoin des hommes. » — « Vivez donc pour eux, afin qu’ils vivent pour vous. » — « Soyez bons, parce que la bonté enchaîne tous les cœurs ; soyez doux, parce que la douceur attire l’affection ; soyez modestes, parce que l’orgueil révolte des êtres remplis d’eux-mêmes… Soyez citoyens, parce que la patrie est nécessaire à votre sûreté et à votre bien-être.

2099. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

La mère et le père vieillis et infirmes par l’usure du temps, devenus incapables de se nourrir et de se protéger eux-mêmes, que deviendraient-ils si les enfants, dénués, comme ceux que suppose Rousseau, de tout spiritualisme, de toute reconnaissance, de toute piété filiale, cessaient de former avec les auteurs de leurs jours la sublime et douce société de la famille ?

2100. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Nous défions les utopistes d’inventer un plus beau et plus doux poème que celui-là !

2101. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

C’est un vrai poète (il en avait l’âme et l’oreille), un amant de la campagne, qui dans le plus faux des genres, dans la pastorale dramatique, a su jeter quelques impressions profondément sincères, un doux mélancolique qui a pleuré la fuite des choses et le néant de l’homme en strophes lamartiniennes, du milieu desquelles parfois s’enlèvent puissamment de magnifiques images, des périodes nerveuses et fières.

2102. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Quant au deuxième acte, qui s’ouvre par une scène charmante entre Iseult et la douce Brangœne, où les voix se détachent si bien sur les fanfares de la chasse et les infinis bruissements de la forêt pendant la nuit ; ce deuxième acte, qui finit d’une façon si grandiose sur les paternels reproches du roi Marke à Tristan, renferme aussi ce long duo d’amour — mieux qu’un duo, tout un poème et tout un drame — qui est certainement la conception musicale et dramatique la plus extraordinaire.

2103. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

En revanche, il s’est complu au poétique nocturne que murmure Elsa à la fenêtre, au duo des deux femmes, au pittoresque lever de soleil, à la douce splendeur de la marche religieuse.

2104. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

La différence de la lumière et des ténèbres n’est pas seulement un mélange des deux sensations de lumière et de ténèbres, car alors toute différence apparaîtrait comme lumineuse ; elle est l’impression même de différence, qui peut se retrouver également entre le doux et l’amer, entre le mou et le résistant, entre le silence et le bruit, etc.

2105. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Doux, rapide, abondant, magnifique, nerveux, Creusant dans les détours de ces âmes profondes, S’y teindre, s’y tremper de leurs couleurs fécondes ?

2106. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

« J’en réclame la paternité, la regardant, cette expression, comme la formule définissant le mieux et le plus significativement le mode nouveau de travail de l’école qui a succédé au Romantisme. » Or, ce nom de baptême du document humain, donné après coup au Naturalisme, n’est, en somme et en effet, que le nom du Naturalisme en deux mots, et, en supposant qu’il soit autre chose qu’une Lapalissade que des niais veulent faire prendre pour une idée à des niais plus sots qu’eux, — attendu que tous les romanciers qu’il y ait jamais eu dans le monde se sont nécessairement occupés du document humain, puisqu’ils avaient à peindre l’âme de l’homme en action dans ses vices et dans ses vertus, sans avoir besoin d’employer pour cela une formule si ridiculement pédantesque, — en réclamer la paternité, comme le fait M. de Goncourt, c’est se poser, en termes doux et furtifs, le chef de cette École qui a succédé au Romantisme, et noyer du coup l’auteur de Pot-Bouille dans le bouillon qu’il a inventé, et qu’il est, présentement, en train de boire… Et ce document humain, dont il est fier comme d’une découverte de génie, M. de Goncourt lui sacrifie jusqu’à la fierté de son attitude et de sa pensée ; car, le croirait-on si on n’avait pas sous les yeux l’étonnante préface de son livre ?

2107. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Courbé, aplati, stupéfié sous l’ascendant de ces calomnies, le clergé, il faut bien le dire, a laissé imbécillement établir aux ennemis de l’Église — car ils l’ont établi — qu’Alexandre VI était la Trinité de l’inceste, de la fornication et de l’empoisonnement sur le trône pontifical de saint Pierre, et, chose inouïe et particulièrement lamentable ‘ il a fallu attendre jusqu’à ces derniers temps pour qu’un protestant — Roscoe — eût un doute sur ces monstruosités fabuleuses, pour que le doux Audin, qui n’était pas un prêtre, mais un laïque, s’inscrivît hardiment en faux contre elles, et pour que Rohrbacher, qui n’y croyait pas et qui les discuta en passant, avec une force de bon sens herculéenne, dans sa grande Histoire de l’Église, écrivît ce mot, qui sent la vieille épouvante, incorrigible, du prêtre : « Il faudrait, pour bien faire, qu’un protestant honnête homme allât jusqu’au fond de cette question d’Alexandre VI », — comme si ce n’était pas plutôt à un prêtre catholique que l’honneur d’un pareil sujet incombait !

2108. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Qui sait même si nous ne devenons pas, à partir d’un certain âge, imperméables à la joie fraîche et neuve, et si les plus douces satisfactions de l’homme mûr peuvent être autre chose que des sentiments d’enfance revivifiés, brise parfumée que nous envoie par bouffées de plus en plus rares un passé de plus en plus lointain ?

2109. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Moins d’un mois suffit à la pénétration de ces humains commissaires chargés de rendre leur compte de ce doux projet au Cyclope qui les en avait chargés.

2110. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Aussi différents que possible, l’un, M. de Climal, homme du monde, « assez bien fait, d’un visage doux et sérieux, où l’on voyait un air de mortification qui empêchait qu’on ne remarquât tout son embonpoint » ; l’autre, M. de Sercour, gentilhomme de campagne, « infirme, presque toujours malade, asthmatique, à la mine maigre, pâle, sérieuse et austère », ce que Marivaux a démêlé supérieurement en eux, et admirablement rendu, c’est cette habitude de se composer qui finit insensiblement par faire de l’hypocrite lui-même sa première dupe et sa plus sûre victime. […] Il ne peut être que l’ouvrage d’une délicate, d’une amoureuse et d’une dévote complaisance qu’on a pour le bien et l’aise du corps ; il est non seulement un témoignage qu’on aime la vie saine, mais qu’on l’aime douce, oisive et friande, et qu’en jouissant du plaisir de se porter bien, on s’accorde encore aillant de douceurs et de privilèges que si l’un était toujours convalescente. » Autre exemple : celle-ci est exactement le contraire d’une religieuse. […] Une lettre de lui, datée du 10  septembre 1735, nous apprend qu’il y fit joyeusement pénitence « en belle et bonne compagnie de l’un et l’autre sexe », et trouvant, comme il dit, « la voiture fort douce, qui le menait dans le chemin du ciel ». […] « Je n’aime point assez la vie pour craindre beaucoup la mort, mais vous pouvez me la rendre aimable, et je viens vous demander si vous voulez me la rendre aussi douce qu’elle peut l’être avec votre tendresse… » Lecteur, à qui l’on a dit sans doute, comme à moi, que Prévost écrivait mal, ou qu’il n’écrivait pas, reprenez seulement ces phrases l’une après l’autre, modulez-les-vous à vous-même à voix haute, et quand vous vous serez empli l’oreille de leur musique, dites si vous ne reconnaissez pas dans ce romancier quelque chose d’autre ou de plus qu’un écrivain, et vraiment un poète ! […] Dans la résistance affectueuse et douce, mais obstinée, que sa captive lui oppose, au nom des principes d’honneur et de respect de soi qu’il lui a lui-même inspirés, il y a quelque chose de fier à la fois et de tendre, comme aussi de subtil et en même temps de naïf.

2111. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Enfin, les eaux douces cèdent et fondent sous les baisers puissants des eaux amères : la boule berce l’accomplissement des noces. […] En rêvant sous le ciel de l’Attique, par une douce nuit étoilée, sa pensée se reportait aux temps où le rêve qui montait vers ces mêmes, étoiles était celui d’un Platon, d’un Aristote, d’un Epicure. […] Oui, assurément, car si chacun les suivait, la vie se ferait plus simple, plus douce, plus humaine. […] Son dernier mot est d’une grâce qui m’enchante : « Et si parfois on est triste, on se console en respirant les roses. » Douces et sages sensations païennes !

2112. (1925) Comment on devient écrivain

Le doux Lamartine lui-même répondait aux amis qui lui reprochaient d’utiliser la réclame : « Dieu lui-même a besoin qu’on le sonne. » Quant à Victor Hugo, il s’entendait comme pas un à se mettre en valeur. […] Il s’agit du redoublement inutile de la même idée ou des mêmes expressions synonymes, comme dans ce passage d’un traducteur de Plutarque, Jehan Lodé : « Après la couple et lien nuptial par lequel le prestre et le ministre de la noble déesse Cérès vous a accouplés et conjoincts par mariage, selon la teneur et autorité de la loi du païs, mon jugement et réputation est que le doux parler et amoureux langage, entre vous deux commun et mutuel, vous est moult profitable et nécessaire aussi, pareillement à vostre loy très convenable et correspondant. »‌ Remarquons qu’aucun de ces termes n’est répété dans le texte grec. […] Mme de Staël faisait également de la mauvaise critique quand elle écrivait : « Fénelon accorde ensemble les sentiments doux et purs avec les images qui doivent leur appartenir ; Bossuet les pensées philosophiques avec les tableaux imposants qui leur conviennent ; Rousseau les passions du cœur avec les effets de la nature qui les rappellent ; Montesquieu est bien près, surtout dans le dialogue d’Eucrate et de Sylla, de réunir toutes les qualités du style, L’enchaînement des idées, la profondeur des sentiments et la force des images. […] Je souligne tout ce qu’il ajoute au texte : « Nous lisions un jour dans un doux loisir comment l’amour vainquit Lancelot.

2113. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Non seulement les affections rendent la vie plus douce, mais il n’y a pas de poésie possible pour l’homme qui vit sans amis. […] Les mutuelles confidences de Henri et de Marianna remplissent l’âme d’une émotion douce et font presque oublier la cruelle prophétie prononcée par George Bussy. […] En cherchant l’expression de la pudeur et de la fierté, en s’efforçant de reproduire dans un visage austère et doux le type de la reine et de la sainte, il a modelé involontairement le visage angélique de Madeleine.

2114. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Cette privation soit dit en passant a été certainement pour lui extrêmement cruelle, et l’origine d’une nostalgie si violente que par pudeur il ne l’a jamais exprimée, sauf une fois dans la Prisonnière où il joue la comédie à Françoise pour lui faire croire qu’Albertine est très gentille pour lui et où il s’écrie : Il m’était si doux d’avoir l’air d’être aimé 70. […] Aussitôt il se mit à diriger de doux et compliqués reproches vers Céleste, qui aurait dû le prévenir, qui savait pourtant bien que l’escalier était repeint, etc. […] Le grand malade, le grand désarmé qu’était Proust, du fond de son lit, grâce à ce doux et inflexible entêtement que je vous décrivais, a fini par remporter la plus difficile des victoires : il s’est imposé tout entier à la mort, et elle reflue intimidée devant sa forme morale intégralement conservée.

2115. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Le ciel, par tant de morts, demande Chryséide, d’un partage si doux veux-tu priver Atride ? […] Nestor se leva, il étoit roi de Pilos, et le plus éloquent de son siecle ; toutes les paroles qui sortoient de sa bouche étoient plus douces que le miel. […] Voyons si ce miel qui coule de sa bouche est aussi doux et aussi fort qu’on le prétend ; car la douceur du miel, dit là-dessus Me D est une douceur fortifiante, et comme elle le remarque sur le témoignage exprès d’Hypocrate, le miel est plus fort que le vin même.

2116. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

« Ce n’est pas le marbre qui rappelle sa mémoire ; mais partout où les lumières, l’amour de la nature, l’intelligence du monde et de notre propre espèce, comme membres de la création, réjouissent notre âme, là nous sommes en présence de son monument, là nous nous sentons pénétrés d’un doux sentiment de reconnaissance pour lui, là nous rendons hommage au nom de Alexandre de Humboldt ! 

2117. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Le ciel est d’autant plus doux que la terre est plus triste.

2118. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Une espèce d’éclat à la fois doux et terrible, une force divine, si j’ose le dire, souligne ces paroles, les détache du contexte et les rend pour le critique facilement reconnaissables.

2119. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Mais la voix de Kundry, douce et tentatrice, sort d’un bosquet et appelle Parsifal par son nom.

2120. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Wundt a montré avec raison ce qu’il y a d’exact dans les images de la langue vulgaire : une dure nécessité, une douce tendresse, des peines amères, de noirs soucis, une sombre destinée60.

2121. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Stendhal admire le mélange de passion et de réalisme des anciennes chroniques italiennes, la douce volupté de la musique de Cimarosa ; il n’aime point le style oratoire des romantiques qu’il défend cependant pour la sincérité de leur lyrisme ; Mérimée dénigre Victor Hugo, admire Stendhal et parfois Byron ; Musset ne cachait pas sa préférence pour Byron ; Lamartine aimait Ossian ; Théophile Gautier et les parnassiens admirent Victor Hugo, dans lequel cependant ils préfèrent le versificateur et le styliste au penseur ; Baudelaire affectionne Poe, Gautier et Delacroix ; Flaubert admire à la fois Balzac, Hugo et certains livres de science, certaines cadences de phrase ; les Goncourt vont à Balzac, à Heine, aux peintres du joli et du mouvement, les Japonais et ceux du XVIIIe siècle ; M. 

2122. (1914) Boulevard et coulisses

C’est comme si, d’une douce insistance, vous l’aviez forcé à boire un verre de la vieille liqueur d’illusion ; et il en arrive presque à oublier que ce ne sont point les compagnons de sa jeunesse qu’il a devant lui, mais déjà leurs fils.

2123. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Il est si doux, si facile, si commode de marcher sans peine sur des routes frayées, de vivre dans des idées toutes faites, de recevoir sa croyance avec l’héritage de son père, et de repousser indifféremment toute chose nouvelle dans la crainte d’avoir un effort à faire.

2124. (1881) Le roman expérimental

Renan est-il devenu le doux M.  […] Se mettre à la science, entrer dans le laboratoire austère du savant, quitter les rêves si doux pour de terribles vérités, cela fait trembler les collégiens échappés de la veille. […] Le génie, tel que nous l’entendons de nos jours, avec sa puissance déréglée, se serait trouvé là fort mal à l’aise ; mais le simple talent s’y épanouissait, dans une chaleur de serre très douce. […] Il dérangeait mes idées préconçues sur les inventeurs, que je considérais, je ne sais pourquoi, comme des maniaques doux et inoffensifs. […] Ce qui me préoccupe, moi, c’est de savoir quels effets vont sortir de son amour furieux, quels ravages cet amour exercera sur sa conscience, et si l’innocent Hippolyte périra… L’artiste n’est pas un savant qui cherche les causes ; sa tâche à lui est de peindre les effets, de faire jaillir de son œuvre l’émotion, douce ou terrible… » Alors, monsieur, tenons-nous en aux romans de Ponson du Terrail.

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