Son beau corps par degrés se rapproche du bain, Et déjà sa poitrine effleure presque l’onde. […] Parfois tous ces beaux corps par les bras reliés De suaves rondeurs font une chaîne rose, Où sur chaque poitrine une tête repose ; L’eau trahit par un flot l’essor caché des pieds.
L’idée philosophique de Condorcet, le rêve ardent du progrès, cessait d’être une aspiration vague et presque chimérique : elle prenait corps, elle allait trouver son moyen d’exécution et son organe. […] Je ne sais si je fais injure à mes semblables, mais il me semble que les premiers progrès des hommes en société se sont opérés et accomplis de la sorte : je me figure des peuplades, des réunions d’hommes arrêtés à un degré de civilisation dont ils s’accommodaient par paresse, par ignorance, et dont ils ne voulaient pas sortir, et il fallait que l’esprit supérieur et clairvoyant, le civilisateur, les secouât, les tirât à lui, les élevât d’un degré malgré eux, absolument comme dans le Déluge de Poussin, celui qui est sur une terrasse supérieure tire à lui le submergé de la terrasse inférieure : seulement dans le tableau de Poussin, le submergé se prête à être sauvé et tend la main, et, souvent, au contraire, il a fallu, en ces âges d’origine et d’enfance, que le génie, le grand homme, le héros élevât les autres d’un degré de société malgré eux et à leur corps défendant, en les tirant presque par les cheveux : tel et non pas moindre je me figure qu’a dû être son effort.
Il a remarqué à propos du peintre d’Orient, Marilhat, que l’âme a sa patrie comme le corps, et que souvent ces patries sont différentes. […] Plus d’une m’a remis la clef d’or de son âme ; Plus d’une m’a nommé son maître et son vainqueur ; J’aime, et parfois un ange avec un corps de femme, Le soir, descend du ciel pour dormir sur mon cœur.
» — « Le bon sens ou les habitudes d’un peuple d’agriculteurs sont bien plus près des plus hautes et des plus saines notions de la politique que tout l’esprit des oisifs de nos cités, quelles que soient leurs connaissances dans les arts et les sciences physiques. » — « Les grandes propriétés sont les véritables greniers d’abondance des nations civilisées, comme les grandes richesses des Corps en sont le trésor. » Il ne cesse d’insister sur les inconvénients du partage égal et forcé entre les enfants, établi par la Révolution et consacré par le Code civil : « Partout, dit-il, où le droit de primogéniture, respecté dans les temps les plus anciens et des peuples les plus sages, a été aboli, il a fallu y revenir d’une manière ou d’une autre, parce qu’il n’y a pas de famille propriétaire de terres qui puisse subsister avec l’égalité absolue de partage à chaque génération, égalité de partage qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, détruit tout établissement agricole et ne produit à la fin qu’une égalité de misère. » Il trace un idéal d’ancienne famille stable et puissante, qui rappelle un âge d’or disparu : « S’il y avait, dit-il, dans les campagnes et dans chaque village une famille à qui une fortune considérable, relativement à celle de ses voisins, assurât une existence indépendante de spéculations et de salaires, et cette sorte de considération dont l’ancienneté et l’étendue de propriétés territoriales jouissent toujours auprès des habitants des campagnes ; une famille qui eût à la fois de la dignité dans son extérieur, et dans la vie privée beaucoup de modestie et de simplicité ; qui, soumise aux lois sévères de l’honneur, donna l’exemple de toutes les vertus ou de toutes les décences ; qui joignît aux dépenses nécessaires de son état et à une consommation indispensable, qui est déjà un avantage pour le peuple, cette bienfaisance journalière, qui, dans les campagnes, est une nécessité, si elle n’est pas une vertu ; une famille enfin qui fût uniquement occupée des devoirs de la vie publique ou exclusivement disponible pour le service de l’État, pense-t-on qu’il ne résultât pas de grands avantages, pour la morale et le bien-être des peuples, de cette institution, qui, sous une forme ou sous une autre, a longtemps existé en Europe, maintenue par les mœurs, et à qui il n’a manqué que d’être réglée par des lois ? […] Le Play, de purger le corps social de ces restes de levain irritant.
Je conçois cela pour le mémoire sur les médailles italiotes qui forme appendice ; il y a là matière toute spéciale et demi-grimoire ; mais pour le récit, pour le corps même du volume, dussé-je parler par anticipation d’une seconde édition, je persiste à en juger d’après l’effet éprouvé, c’est à tout le public que l’excellent Essai s’adresse, c’est à travers tout ce public qu’il ira çà et là découvrir son juge entre cent lecteurs203. […] » Et il se passe l’épée à travers le corps. — Un autre chef, Judacilius, s’étant jeté dans Asculum aux abois, voit d’abord qu’il ne peut s’y défendre, et que les habitants sont à bout.
D’autres plongeaient leur corps délabré, tombant en loques, dans une eau du pays qui jouissait, disait-on, de vertus merveilleuses. […] Jusque dans ces dernières années, le petit pays dont je vous parle était, en grande partie, peuplé par de pauvres hères au teint blafard, à l’aspect souffreteux, au corps émacié, au visage d’une pâleur caractéristique et dont les téguments étaient empâtés d’une bouffissure spéciale ; on les aurait reconnus entre mille ; il suffisait de les avoir vus une fois… » « Pour les questions qui se rattachent à l’histoire pathologique de la lèpre, la contagion encore si controversée… l’impuissance presque absolue des moyens thérapeutiques contre cette bizarre maladie, etc., toutes ces notions ont été puisées, vous devez le penser, aux bonnes sources.
Disséquer le corps humain, c’est détruire sa beauté ; et, pourtant, par cette dissection, la science arrive à y reconnaître une beauté d’un ordre bien supérieur et que la vue superficielle n’aurait pas soupçonnée. […] En effet, le terme du progrès universel étant un état où il n’y aura plus au monde qu’un seul être, un état où toute la matière existante engendrera une résultante unique, qui sera Dieu ; où Dieu sera l’âme de l’univers, et l’univers le corps de Dieu, et où, la période d’individualité étant traversée, l’unité, qui n’est pas l’exclusion de l’individualité, mais l’harmonie et la conspiration des individualités, régnera seule ; on conçoit, dis-je, que dans un pareil état, qui sera le résultat des efforts aveugles de tout ce qui a vécu, où chaque individualité, jusqu’à celle du dernier insecte, aura eu sa part, toute individualité se retrouve comme dans le son lointain d’un immense concert.
Il avait pour principe qu’il ne faut donner dans le sublime qu’à la dernière extrémité et à son corps défendant. […] Il n’assista qu’à deux ouvertures de corps : Jamais, dit-il, l’impression que fit sur moi la vue des deux cadavres ne s’effacera de mon esprit.
À celle-ci, une enfant de dix ans, elle voudra un jour apprendre la harpe ; mais la harpe est trop lourde, et, au bout de six mois, la maîtresse s’aperçoit que l’enfant devient bossue ; ce que voyant, elle lui redresse la taille moyennant un corps baleiné et une plaque de plomb qu’on fait venir de Paris. […] Elle les mit sans tarder aux langues vivantes, aux connaissances usuelles, aux choses du corps et de l’esprit, menant le tout concurremment.
Le grand corps social, qui s’est senti si près d’une destruction entière, aspire donc en toute hâte à une guérison, mais à une guérison quelconque, à une guérison plâtrée : qu’on la lui offre, et il s’en contentera. […] Il brûlait de venir prendre part à ce combat d’opinions, où se distinguaient alors l’abbé Morellet et tant de journalistes courageux tels que Lacretelle, d’anciens constitutionnels, des hommes de 89 ralliés aux royalistes et faisant corps contre la Convention.
Tous les corps de l’État lui vinrent offrir leurs compliments, et l’Académie française, à laquelle, peu avant son abdication, elle avait envoyé son portrait, lui adressa une magnifique harangue par l’organe de Patru. […] Je m’en suis ouvert au Rapin et au Bouhours, qui s’y jettent à corps perdu.
C’est à lui que pensait Louis XIV quand il écrivait dans son État de la France en 1661 : Les finances, qui donnent le mouvement et l’action à tout ce grand corps de la monarchie, étaient entièrement épuisées, et à tel point qu’à peine y voyait-on de ressource ; plusieurs des dépenses les plus nécessaires et les plus privilégiées de ma maison et de ma propre personne étaient ou retardées contre toute bienséance, ou soutenues par le seul crédit, dont les suites étaient à charge. […] Ce coup d’épée qu’il se donna au travers du corps à Chantilly le dit assez.
Paris le décréta de prise de corps, Genève le chassa, Neufchâtel le rejeta, Môtiers-Travers le damna, Bienne le lapida, Berne lui donna le choix entre la prison et l’expulsion, Londres, hospitalière, le bafoua. […] Ne nous étonnons donc pas des plaintes faites, des réclamations incessantes, des colères et des prudences, des cataplasmes apposés par une certaine critique, des ophthalmies habituelles aux académies et aux corps enseignants, des précautions recommandées au lecteur, et de tous les rideaux tirés et de tous les abat-jour usités contre le génie.
Deux choses indispensables : 1° S’entendre avec soi-même sur le sens du mot génie, que le vulgaire emploie d’une manière confuse et indéterminée, comme tous les mots complexes ; analyser cette idée, afin de bien savoir de quoi l’on parle ; 2° ouvrir le corps d’un très grand nombre d’hommes de génie, disséquer leur cerveau, et montrer à nos sens une certaine modification particulière, qui, se rencontrant à la fois chez les idiots et chez les hommes de génie, et ne se rencontrant que chez eux, fasse défaut à tous les hommes médiocres et doués de raison. […] D’un autre côté, il est également certain que les conditions normales et saines de l’organisme, que la structure des organes, les linéaments du corps, les traits de la figure peuvent aussi se transmettre par l’hérédité.
Ils conserveraient volontiers les mœurs domestiques de la démocratie, pourvu qu’ils pussent rejeter son état social et ses lois ; mais ces choses se tiennent, et l’on ne peut jouir des unes sans souffrir les autres. » Un autre effet de la démocratie, c’est de répandre dans le corps social une grande activité, un mouvement extrême. […] Lorsque tous les pouvoirs intermédiaires ont été détruits, il ne reste plus que des individus dispersés et un corps immense.
C’était là notre espoir, et voilà qu’aujourd’hui, Roulé par l’ouragan, le flot roule avec lui Nos pauvres corps sans sépulture. […] Hugo, toute une série d’œuvres puissantes, hardies, paradoxales, neuves par la pensée et par la forme, qui élèveraient la passion jusqu’au lyrisme ou la feraient lutter corps à corps contre les lois de la vie sociale. […] Frivolités de costume et d’extérieur qui sont aux phénomènes de l’âme ce que l’habit est au corps ! […] Ses amis, ses émules, ceux qui, moins prudents que lui, s’étaient pris corps à corps avec la pratique des affaires et le gouvernement des hommes, sentant tout à coup manquer sous leurs pas le terrain qu’ils croyaient affermi, voyant se briser entre leurs mains l’arme qu’ils croyaient invincible, se sont demandé, avec de salutaires angoisses, s’ils ne s’étaient pas trompés, s’il n’y avait pas, en dehors du calcul des sages et de l’accommodement des habiles, de grandes lois providentielles qui défendent aux crimes politiques, non seulement de rien conquérir, mais même de rien léguer. […] Pendant l’année toute militante qui suit la Révolution de Février, nous le voyons marcher au plus pressé, se prendre corps à corps avec les utopies popularisées par cette absurde victoire, discuter tantôt l’œuvre des Constituants, tantôt l’inaliénable droit de propriété et d’héritage, tantôt cette question capitale de l’enseignement public, sur laquelle, après tant de récriminations et de querelles, les torches de Février avaient répandu leur brusque lueur.
Leurs pauvres corps rachitiques se perdent dans ces belles étoffes dont la disposition superbe ne s’accorde pas du tout avec un si malingre contenu. […] J’ai comparé la forme parnassienne à ces somptueux, amples et raides vêtements qui ne se modèlent pas sur le corps humain, mais le dissimulent. […] Pour cela, au lieu de ne considérer dans le vers que la finale rimée, il s’intéresse à tout le corps du vers et il l’organise en vertu d’un rythme particulier qui en est « l’accent d’impulsion ». […] Elle tend les fleurs au bien-aimé, elle lui tend ses lèvres, humides d’avoir baisé les fleurs, elle lui tend ses seins qui palpitent et tout son doux corps délicieux, tiède en l’attente des voluptés. […] Les Tisserandes coiffent les cheveux épars et les disposent, vêtent d’étoffe lourde le corps charmant d’ingénue volupté, chaussent de sandales les pieds qui naguère couraient nus sur le sable et la mousse.
Il est vrai que les pensées du Chancelier d’Angleterre deviennent méconnoissables par la maniere étrange dont elles sont travesties : c’est un corps robuste duquel on n’a fait qu’un squelette, sans y laisser la moindre apparence de nerfs & de muscles ; tout y est en germe, tout y est si recondit & si obscur, qu’on peut regarder cette Interprétation comme beaucoup plus inintelligible que le texte.
Il donne, pour ainsi dire, un corps aux choses les plus spirituelles, afin de les rendre universellement sensibles.
Indépendamment de ces examens publics, lorsqu’il s’agit de passer d’une classe dans une autre, il serait encore à propos que celui qui a rempli son cours de droit et qui sollicite une place dans un tribunal subît de nouveaux examens devant les membres du corps auquel il désire d’être agrégé.
Le corps du saint est à terre ; l’exécuteur tient le couteau avec lequel il a séparé la tête ; il montre cette tête séparée à Herodiade.
Celui qui sera tué par le premier coup de fusil ne sera pas ce poisson-là ; ce sera le deuxième seulement et dans son corps se trouvera la bague ».
Le temps qui m’avait épargné avait suffi à dissoudre le corps charmant auquel je m’étais tant de fois éperdument enlacé ! […] » À cette homélie stupéfiante succéda le défilé devant le corps, à l’infirmerie. […] Et, n’ayant que son corps, en barra le chemin. […] Marbot se jette à la nage au milieu des éclats de la débâcle qui lui mâchurent le corps, et le sauve. […] Aucun corps d’une telle perfection de formes n’a jamais existé.
Car, sans cesser d’être orthodoxe, et de demeurer uni fermement au corps de l’Église, il y a plus d’une manière d’être chrétien. […] Même le dogme de la chute, il a fallu, pour pouvoir le prendre corps à corps, et le combattre à son tour, qu’on eût ruiné celui de la Providence. […] Les présidents à mortier font des observations sur « l’usage des glandes rénales », à moins qu’ils ne dissertent sur « les causes de la transparence des corps ». […] Mais si la constitution intime de notre corps n’était plus demain ce qu’elle est aujourd’hui, que signifierait, en physiologie, par exemple, ou en médecine, le mot même de progrès ? […] Aujourd’hui on s’assure d’un fait, demain d’un autre, qui n’y a nul rapport… Mais le temps viendra peut-être qu’on joindra en un corps régulier ces membres épars, et s’ils sont tels que l’on le souhaite, ils s’assembleront en quelque sorte, eux-mêmes.
La première, la pseudo-anesthésie du corps médical, nous semble bien artificielle.
Si une passion est contrariée, mille idées, regrets du passé, espérances et craintes de l’avenir, délibérations et projets, viennent le soutenir et comme donner un corps au sentiment vague et flottant de sa nature.
Les mots heurtent le front comme l’eau le récif : Ils fourmillent, ouvrant dans votre esprit pensif Des griffes ou des mains, et quelques-uns des ailes ; Comme en un âtre noir errent des étincelles, Rêveurs, tristes, joyeux, amers, sinistres, doux, Sombre peuple, les mots vont et viennent en nous : Les mots sont les passants mystérieux de l’âme… Et de même que l’homme est l’animal où vit L’âme, clarté d’en haut par le corps possédée, C’est que Dieu fait du mot la bête de l’idée.
Avant qu’il eût rendu vie pour vie, leur patient passait par toute une série de supplices : obsessions et flagellations, angoisses de l’âme et tourments du corps, fuites éperdues à travers des foules hostiles et des solitudes désolées, nuits livrées aux épouvantes des visions spectrales.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Virgile avait une difficulté de prononciation29 ; il était faible de corps, rustique d’apparence.
C’est qu’il a trouvé dans la religion une solitude ; c’est que son corps était dans le monde, et son esprit au désert ; c’est qu’il avait mis son cœur à l’abri dans les tabernacles sacrés du Seigneur ; c’est comme il a dit lui-même de Marie-Thérèse d’Autriche, « qu’on le voyait courir aux autels pour y goûter avec David un humble repos, et s’enfoncer dans son oratoire, où, malgré le tumulte de la Cour, il trouvait le Carmel d’Élie, le désert de Jean, et la montagne si souvent témoin des gémissements de Jésus. » Les Oraisons funèbres de Bossuet ne sont pas d’un égal mérite, mais toutes sont sublimes par quelque côté.
Si l’on rencontrait au coin d’une forêt le corps d’un homme assassiné, on plantait une croix dans ce lieu, en signe de miséricorde.
Pourquoi, si elle a pu loger dans un corps, ne demeurerait-elle pas dans un livre ? […] Si l’art est à sa manière une religion, comme la science, il faut qu’il soit capable, lui aussi, d’esprit de corps et de dévouement. […] Gœthe et Victor Hugo, la sainte qui fut ma mère, se sentaient immortels : est-ce que c’est une raison pour que le gros X… soit en péril sérieux de survivre à son existence ignoble et à son corps souillé ? […] Ce serait abandonner pour une chance fort incertaine le réel, le solide, et, pour l’ombre, lâcher le corps. […] et, si « les petits corps » qui d’Ernest Renan ont formé « l’assemblage » s’étaient rapprochés sous saint Louis, quel étrange avorton ils nous auraient donné !
Et il y a au corps de la ville environ cent vingt églises, etc. […] Le 8 juin, dans la nuit, au moment où Rousseau, selon sa coutume, lisait la Bible avant de s’endormir, il est averti qu’il est décrété de prise de corps. […] On l’amènera (car il ne s’agit pas de l’y contraindre) à vivre beaucoup en plein air, à exercer beaucoup son corps. […] En attendant, il travaille, à quelques lieues de Paris, chez un menuisier, pour fatiguer son corps et épuiser sa peine. […] Ces deux classes : les « citoyens » et les « bourgeois », formaient ensemble le corps électoral : environ quinze cents votants (on n’était électeur qu’à vingt-cinq ans).
Deux rois, après leur dîner, vont se divertir en se passant leur épée à travers le corps, comme firent Yngve et Alf. […] Amants violents et hardis, ils portent la main sur elle, s’enivrent de sa lumière, se roulent dans ses fleurs et se relèvent le corps imprégné de ses parfums. […] L’intelligence de l’Anglais est mal à l’aise dans les théories et ne conçoit bien une idée que lorsqu’elle est revêtue d’un corps. […] Or qui ne sait que l’allégorie a été inventée pour donner un corps aux conceptions abstraites qui n’en pourraient trouver dans le monde concret ? […] À son tour, Juliette s’est soulevée de son cercueil, et, regardant du haut de ce balcon funèbre, elle a vu le corps inanimé de Roméo.
De même que Arnauld d’Andilly avait du penchant à sauver les âmes qui étaient dans un beau corps, M. […] Elle professait le dogme de l’immortalité des âmes et des corps. […] Ils défilaient en jouant un hymne devant le corps de cavaliers qui fermait la marche. […] Mais c’est mon corps seul, c’est le reflet de mon corps qui est étendu ici. […] En poussant les portes des gynécées, on heurtait les pieds encore frémissants d’un corps blanc, suspendu aux poutres.
La première mère qui enterra dans une fosse ou brûla sur un bûcher le corps périssable de son enfant, crut à l’immortalité de l’âme. […] Il s’est donné, corps et âme, à sa tâche. […] Elle peut accroître ou diminuer, par son progrès ou son dépérissement, la substance même du corps social. […] Le souffle de Platon et le corps d’Aphrodite Sont partis à jamais pour les beaux cieux d’Hellas ! […] Il ne s’appartient pas, et suscite des colères s’il essaie de recouvrer sa liberté, s’il ne se donne pas corps et âme à chacun de ses contemporains.
Le sénat, en corps, l’attendit aux portes de la ville, et son entrée fut un triomphe. […] Le corps de Tibère fut apporté à Rome par des soldats, et brûlé publiquement. […] Maintenant, ô mon corps, disparais dans l’air, ou le démon va t’emporter dans le fond de l’enfer ! […] Par le défaut de sommeil et de nourriture, mon esprit est troublé, mon corps engourdi ; et je ne sens plus mes membres. […] Gertrude, jetant des fleurs sur le corps d’Ophélie, excite l’attendrissement malgré son crime.
Les cérémonies du culte conduiraient ce corps à son lit d’attente, comme elles le conduisent au lit définitif de la tombe. […] Je me souviens d’avoir vu, au cimetière Montmartre, la forme d’un corps humain comme tracé en relief sur la terre humide. […] C’est bien là le sein que Marguerite m’abandonna ; c’est bien le corps si doux que je possédai ! […] Loin d’ici au corps de boue ; esprit, je revêtirai des ailes ! […] Mon âme est incarnée dans ma patrie ; j’ai englouti dans mon corps toute l’âme de ma patrie !
C’est là qu’on voit le plus nettement l’union de l’âme et du corps. […] Débile et toujours souffrant, l’esprit chez lui soutenait le corps. […] S’il raconte un naufrage, il nous montre le navire « assommé, éreinté », gisant sur la grève « comme un corps mort ». Le flux et le reflux de la marée, c’est « le pouls de l’Océan », dont les eaux répandent la vie sur le globe comme le sang dans le corps humain. […] Michelet insiste beaucoup sur l’éducation physique, sur les exercices du corps, sur la nécessité de laisser les forces de l’enfant se développer en toute liberté.
Il fait partie de ces traditions de l’Eglise, dont le corps entier était accepté et défendu par Bossuet. […] Depuis Balzac, qui en avait adoré en Louis XIII, caché derrière Richelieu, la première image, jusqu’à Bossuet, qui la voyait dans toute sa grandeur, et qui mourut avant ses dernières fautes, personne de marque ne s’était avisé d’avoir, sur ce point, un autre sentiment que la France, réunie enfin et serrée autour d’un roi digne d’être la tête de ce grand corps. […] Les quiétistes, pour ne parler que des spéculatifs, ruinaient à la fois l’activité humaine par de vaines recherches de perfection, la morale par une doctrine qui rend la volonté innocente des brutalités du corps. […] On vit des dévots abandonner tout commandement sur leur corps, et faire hommage à Dieu des désordres de leur vie, comme de la plus absolue résignation à ses décrets. […] La grâce du dedans passant jusqu’au dehors, Du bassin de l’esprit regorge dans le corps.
Souday, n’est pas qu’une métaphore, puisque enfin tous nos sens, toutes les fibres de notre corps participent aux émotions de la poésie-si j’ai comparé au courant électrique la force mystérieuse qui donne aux mots de tout le monde ce caractère indéfinissable que nous appelons poétique, les esprits les moins éveillés auront compris d’abord qu’une telle force ne vibrait pas dans le vide. […] Souday ne dit rien que d’évident lorsqu’il affirme que l’intelligence n’est pas exclue du banquet poétique ; mais lorsqu’il me reproche de l’en exclure, il est, corps et âme, dans le faux. […] « le chant doit produire de l’enchantement. » il faut pour qu’un spectacle soit beau, qu’on croie imaginer ce qu’on y entend, ce qu’on y voit, et que tout nous y semble un beau songe. les arts ont pour mérite unique, et tous doivent avoir pour but, de faire imaginer des âmes par le moyen des corps. […] Non pas à la Chenavard, cette grande victime du « sujet », du sujet externe ; sa philosophie, toute intérieure, n’est que l’âme de son art, elle fait corps avec lui. […] Dans le chapitre où il traite des domaines de l’intelligence et de l’imagination, il cite particulièrement ces passages de ma lecture : " il semble toutefois certain que, dans cette " collaboration paradoxale (celle de l’âme et du " corps), les mots n’agissent pas seulement et " d’abord en vertu de leur beauté propre, pittoresque " ou musicale.
Mais loin de le donner, cet aveu, il s’opposa aux démarches de l’archevêque d’Aix, qui jouissait alors d’une puissante influence. « Je ne veux, disait-il, ni qu’on puisse soupçonner ma plume d’être vénale, ni la mettre à la solde d’aucun corps. » Ainsi, chaque calomnie dont on a tenté de flétrir ce grand écrivain nous fera découvrir une action honorable. […] Peu de temps après, la classe de morale fut supprimée, et l’Institut put aspirer à la gloire de redevenir le premier corps littéraire de l’Europe. […] La solitude rétablit aussi bien les harmonies du corps que celles de l’âme. […] Je le tenais sans cesse en action, marchant avec lui au soleil et à la pluie, de jour et de nuit, l’égarant exprès dans les bois, les défrichés, les champs, afin de distraire son esprit par la fatigue de son corps, et de donner le change à ses réflexions par l’ignorance du lieu où nous étions et du chemin que nous avions perdu. […] L’extrémité de cette longue pointe de terre que vous apercevez à trois lieues d’ici, à demi couverte des flots de la mer, que le Saint-Géran ne put doubler, la veille de l’ouragan, pour entrer dans le port, s’appelle le Cap malheureux ; et voici devant nous, au bout de ce vallon, la Baie du Tombeau, où Virginie fut trouvée ensevelie dans le sable: comme si la mer eût voulu rapporter son corps à sa famille, et rendre les derniers devoirs à sa pudeur sur les mêmes rivages qu’elle avait honorés de son innocence.
. — Des qualités de corps et d’esprit de ce prince, et comment on reconnaît son image dans les écrits contemporains. — Des rapports de Louis XIV avec les écrivains. — § III. […] Il avait les plus rares qualités du corps, de l’esprit et du caractère. […] Ajoutez à cet avantage « incomparable et unique » de toute sa figure191, que l’abbé de Choisy, qui va trop loin, appelle un visage solaire, une adresse merveilleuse à tous les exercices du corps, danse, mail, paume, cheval, chasse, voiture ; du courage à la guerre dès sa plus grande jeunesse, lorsqu’aux sièges de Belle-Garde et d’Etampes « on tirait, dit la Porte, force coups de canon sur lui, sans que cela lui donnât de la crainte192 », et plus tard, dans la guerre de Flandre, quand personne ne souhaitait la bataille de meilleur cœur, et ne voulait être plus résolument que lui au premier rang193. […] Né un an seulement avant le roi, doué comme lui des plus rares qualités du corps et de l’esprit, ayant aussi ce grand air et cette majesté naturelle dont parle Saint-Simon, une sorte de fraternité rapproche le poète et le roi. […] Ce fut Bossuet qui lui parla le premier, « avec le respect d’un sujet, mais aussi avec la liberté d’un prédicateur. » A ce jeune prince si porté à la tendresse, si bien fait, si magnifique, « dont les belles qualités, dit Mme de Motteville, causaient toutes les inquiétudes des dames », il peignit la violence des désirs de la jeunesse, « ces cœurs enivrés du vin de leurs passions et de leurs délices criminelles, l’habitude qui succède à la première ardeur des passions, et qui est quelquefois plus tyrannique247. » Il lui découvrit les pièges de l’impudicité, « laquelle va tête levée, et semble digne des héros, si peu qu’elle s’étudie à se couvrir de belles couleurs de fidélité, de discrétion, de douceur, de persévérance 248. » Il lui représenta le « plaisir sublime que goûtent ceux qui sont nés pour commander, quand ils conservent à la raison cet air de commandement avec lequel elle est née ; cette majesté intérieure qui modère les passions ; qui tient les sens dans le devoir, qui calme par son aspect tous les mouvements séditieux, qui rend l’homme maître en lui-même249. » A ce roi si absolu, si maître de tout, si obéi, il montra le cœur d’un Nabuchodonosor ou d’un Balthasar, dans l’histoire sainte, d’un Néron, d’un Domitien dans les histoires profanes, « pour qu’il vît avec horreur et tremblement ce que fait dans les grandes places l’oubli de Dieu, et cette terrible pensée de n’avoir rien sur sa tête250. » Le premier, devant ce roi si plein de vie, et qui paraissait si loin de la mort, devant cette cour si attachée aux choses du monde, il ne craignit pas de soulever la pierre d’un tombeau, et d’y faire voir « cette chair qui va changer de nature, ce corps qui va prendre un autre nom, ce je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue, tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes251. » A ce roi entouré de tant de faveur, d’une si grande complaisance des jugements humains, il révéla les secrets de la justice « de ce Dieu qui tient un journal de notre vie, et qui nous en demandera compte dans ces grandes assises, dans cette solennelle convocation, dans cette assemblée générale du genre humain252. » Ce qui sied le mieux à l’âge où l’imagination et la passion dominent, ce sont de fortes peintures.
Je ne pus croire que ce corps inanimé était en moi l’auteur de la pensée ; je sentis qu’elle me devait venir d’une autre source ; et, dans une sainte douleur qui approchait de la joie, j’espérai me rejoindre un jour à l’esprit de mon père. […] Une langueur secrète s’emparait de mon corps. […] Amélie avait reçu de la nature quelque chose de divin ; son âme avait les mêmes grâces innocentes que son corps ; la douceur de ses sentiments était infinie ; il n’y avait rien que de suave et d’un peu rêveur dans son esprit ; on eût dit que son cœur, sa pensée et sa voix soupiraient comme de concert ; elle tenait de la femme la timidité et l’amour, et de l’ange la pureté et la mélodie.
Que l’imagination populaire ait été puissamment excitée par les événements dont les Carolingiens furent les acteurs plus 0u moins glorieux, qu’elle ait transformé leur histoire à sa mode en un vaste corps de traditions poétiques, ce qu’on sait communément des chansons de geste le prouve assez. […] L’embuscade dressée aux nouveaux mariés, le combat dans la lande tandis qu’il y a fête au château, Bègue laissé pour mort, sa jeune femme couchée sur son corps et se lamentant, la triste arrivée du cortège où le maître est porté sur une civière, le conseil des médecins, dont le plus vieux commande d’abord qu’on éloigne la jeune femme qui troublerait le malade : ce sont des scènes qui ont vie et mouvement. […] C’est là que les forestiers de Fromont le tuent, six contre un ; encore ne viendraient-ils pas à bout du grand baron, debout adossé à son arbre, sans un archer qui de loin lâchement le frappe : et le corps dépouillé reste là, les trois chiens hurlant auprès de lui dans la nuit.
Une fois, quelques mois avant sa mort, il s’en plaint : « Si j’ai gardé le silence après votre dernière lettre, c’est qu’il y a un si cruel contraste entre mes souffrances de l’âme et du corps et la légèreté cavalière de vos lettres, que je ne pouvais me décider à vous empêcher de jouir en paix de votre vie évaporée. […] L’abus de leur corps avait totalement aboli en elles le désir : apaisées, endormies, amorties, angélisées, la seule approche de l’ancien péché les eût fait s’évanouir d’épouvante. […] Elle a consolé et guéri de pauvres âmes et des corps souffrants ; elle a fait connaître à de bonnes personnes des minutes ineffables, de ces minutes où l’on vaut davantage, où l’on vit hors de soi, où l’on communie dans un même sentiment avec des milliers d’autres êtres.
Tandis qu’Artaxerxès croit qu’elle le prend à son service comme un bon esclave, Parysatis appelle les bourreaux qui l’écorchent vif, fait crucifier son corps, et tendre sa peau sur des pieux. […] La mer se couvre d’épaves et de corps morts, les côtes et les écueils regorgent de cadavres. […] Il n’a plus autour de son corps que les lambeaux des habits aux riches couleurs qu’il portait, les ayant déchirés dans l’emportement de sa douleur.
Rien ni personne ne saurait appréhender la pensée au corps. Elle n’a plus de corps. Le manuscrit était le corps du chef-d’œuvre.
Suivre par la pensée leurs masses diverses dans tous ces mouvements compliqués que leur imprime le génie du chef ; calculer à chaque moment leur nombre sur chaque point ; distribuer avec précision le matériel dont on dispose, apprécier celui que peut fournir le pays ; tenir compte des distances, de l’état des routes, y proportionner ses moyens de transport, pour qu’à jour nommé chaque corps, la plus petite troupe, reçoive exactement ce qui lui est nécessaire : voilà une faible idée des devoirs de l’administrateur militaire. […] Roger, qui, à la recommandation de ses puissants amis, venait d’être nommé membre du Corps législatif, était de ceux qui tenaient M.
Jeune, il eut pourtant ses ardeurs de se distinguer et sa saison de chevalerie ; il fut le premier, en 1664, à demander au roi la permission de faire partie, comme volontaire, du corps de six mille hommes qu’on envoyait au secours de l’empereur, sous le commandement de M. de Coligny. […] Vers la fin de l’année, ayant rejoint avec son corps M. de Turenne, il eut part aux bontés et à l’amitié de ce grand homme, qui se plaisait à le faire parler sur les choses de guerre et à lui donner jour dans ses desseins.
C’est que son corps était aux champs et que son âme était à la ville… — « Mais, me direz-vous, M. de Saint-Lambert est instruit ? […] Si l’on ajoute aux huit vers cités par Mme Du Deffand et qui sont du chant de L’Automne, quelques vers assez beaux peignant les jours caniculaires de L’Été et cet accablement qui pèse alors sur tous les corps mortels : Tout est morne, brûlant, tranquille, et la lumière Est seule en mouvement dans la nature entière, on aura présent à l’esprit à peu près tout ce qu’il y a d’un peu remarquable pour nous dans ce poème si fort vanté à sa naissance et aujourd’hui tout entier passé.
disait-il, le sublime génie qui anime et soutient cet illustre corps m’a seul inspiré le glorieux dessein d’en être membre ; et comme, étant supérieur à tout, il n’a que de grandes vues, j’en reçois heureusement celles que je n’aurais osé prendre de mon chef, et que vous avez bien voulu rendre effectives. […] Il y apprécie le procédé de l’abbé de Caumartin avec la même sévérité et du même point de vue qu’avait fait Louis XIV : Nous nous croyons obligé de dire (ce sont les paroles de d’Alembert) que, si le directeur eut dessein en cette occasion d’immoler bénignement le récipiendaire à la risée publique, il eut un tort très grave, et à l’égard de son confrère et à l’égard de son corps.
Il est vrai que vous mériteriez de trouver toujours des cœurs semblables au vôtre ; mais ils sont rares, ma chère sœur… À partir de ce moment, toute trace des premiers dissentiments entre eux a disparu ; leur amitié renaît de ses cendres plus brillante et plus vive ; elle reprend ses liens, plus étroite que jamais, et désormais indissoluble : frère et sœur ne cesseront plus « de faire une âme en deux corps ». […] Et toute cette familiarité du « vieux frère » (comme il s’appelle) se relève d’une constante admiration pour cette sœur qu’il estime évidemment supérieure à lui par les talents et la beauté de l’intelligence, par le génie, il articule le mot : « S’il y a un être créé digne d’avoir une âme immortelle, c’est vous, sans contredit ; s’il y a un argument capable de me faire pencher vers cette opinion, c’est votre génie64. » Il est prodigue envers elle d’attentions, de petits présents ; il entre dans ses peines, il tremble pour sa vie ; il nous la fait voir avec « un je ne sais quoi de gracieux, un air de dignité tempérée par l’affabilité », que les mémoires de la margrave ne nous indiqueraient pas ; il nous intéresse, en un mot, par l’affection respectueuse qu’elle lui inspire, à cette frêle créature d’élite, à « ce corps si faible et cette santé délicate à laquelle est jointe une si belle âme ».
Il avait les parlements en haine, et il estimait que c’était beaucoup de s’être débarrassé de ces corps arriérés et désormais gênants, qui feraient un perpétuel obstacle à toute amélioration et réforme émanant du pouvoir royal. […] Il s’était trouvé présent à Ferney le jour que M. de Voltaire reçut les Lettres de la montagne, et qu’il y lut l’apostrophe qui le regarde ; et voilà son regard qui s’enflamme, ses yeux qui étincellent de fureur, tout son corps qui frémit, et lui qui s’écrie avec une voix terrible : « Ah !
Ainsi les impressions incessantes du corps et de l’âme finissent par modeler le corps et l’âme ; la race façonne l’individu, le pays façonne la race.
Paris s’en aperçut peu ; mais ce qui se vit alors dans quelques provinces n’est pas encore oublié : le corps universitaire souffrit et fut découragé dans la personne de plus d’un de ses jeunes membres. […] Certains corps religieux ont eu, de tout temps, l’art d’élever et de captiver les jeunes esprits : ils ne négligent rien pour cela, ni les méthodes nouvelles, ni les études variées, ni même l’agrément et les grâces : tout est bon pour prendre les enfants du siècle.
Son nom, dans tous les actes, précède toujours celui de ses associés ; en même temps qu’il est le plus brave au jeu, à ce que nous appellerions le feu de la rampe et devant le public, il prend vis-à-vis des siens, dans l’affaire commune, la grosse part de la responsabilité ; il souscrit pour tous des obligations, il s’engage, et finalement, les recettes étant insuffisantes, les fournisseurs n’étant pas payés, les obligations n’étant pas remboursées au terme préfix, Molière se voit un jour appréhendé au corps et mis en prison au Grand-Châtelet. […] Un usurier prêteur, appelé Pommier, survient aussi pour sa part dans cet emprisonnement, et un linger nommé Dubourg obtient à son tour son arrêt de prise de corps contre le pauvre et illustre garçon, qui ne resta pourtant que peu de jours sous les verrous (août 1645).
Ses traductions qui font corps avec son texte sont le suc même des originaux, la chair et le sang de leurs drames. […] L’histoire naturelle de Pope est bien simple : les délicats, a-t-on dit, sont malheureux, et lui il était deux fois délicat, délicat d’esprit, délicat et infirme de corps ; il était deux fois irritable.
La filiation des Touareg, certaine en gros et pour le corps de la nation, est d’ailleurs fort obscure et fort mêlée dans le détail ; ne les interrogez pas de trop près sur leur généalogie : un d’Hozier leur manque, et de l’aveu même des plus instruits d’entre eux : « Si tu nous demandes, disent-ils, de mieux caractériser les origines de chaque tribu et de distinguer les nobles des serfs, nous te répondrons que notre ensemble est mélangé et entrelacé comme le tissu d’une tente dans lequel entre le poil du chameau avec la laine du mouton : il faut être habile pour établir une distinction entre le poil et la laine. » Les Touâreg forment une confédération aristocratique. […] Voici une Marseillaise qu’ils chantent en les allant combattre : « Que Dieu maudisse ta mère, Matalla (nom d’un chef arabe), car le diable est en ton corps !
des corps célestes, ni tout à fait au dernier. […] Pour lui, il n’hésite pas à le proclamer, « l’ordre préside au cosmos des intelligences et au cosmos des corps ; le monde intellectuel et le monde physique forment une unité absolue ; l’ensemble des humanités sidérales forme une série progressive d’êtres pensants, depuis les intelligences d’en bas, à peine sorties des langes de la matière, jusqu’aux divines puissances qui peuvent contempler Dieu dans sa gloire et comprendre ses œuvres les plus sublimes. » C’est ainsi que tout s’explique en s’harmonisant.