Les dernières études qu’on a faites sur Diderot ont cela de commun qu’elles tendent à le mettre à sa place avec justice, sans colère et sans trop de zèle. […] Mme Necker écrivait à Diderot : « Je continue à m’amuser infiniment de la lecture de votre Salon : je n’aime la peinture qu’en poésie ; et c’est ainsi que vous avez su nous traduire tous les ouvrages, même les plus communs, de nos peintres modernes. » Voilà bien l’éloge, et qui, selon quelques gens de goût, est la plus grande critique.
On y voit à nu cette nature purement spirituelle, qui était comme dépourvue de la plupart des sens et des impressions ordinaires au commun des hommes, et qui de bonne heure, se gouverna dans la vie en vertu du principe de la moindre action. […] Dans les extraits, il s’attache, avant tout, à éclaircir et à démêler ce qu’il expose : il avait pour principe que, dans les sciences, la certitude elle-même des résultats ne dispense point de la clarté, et que la raison commune a droit à tout instant d’intervenir et de demander compte, autant qu’il est possible, de ce que les méthodes particulières lui dérobent.
En tête du tome XIIme de son Histoire naturelle, il confesse avec une sorte d’ingénuité cet impérieux besoin de sa nature, qui le sollicite à introduire dans son Histoire quelques discours généraux où il puisse se développer, traiter de la nature en grand et se consoler de l’ennui des détails : « Nous retournerons ensuite à nos détails avec plus de courage, dit-il, car j’avoue qu’il en faut pour s’occuper continuellement de petits objets dont l’examen exige la plus froide patience et ne permet rien au génie. » Quand il a dit que le génie n’était qu’une plus grande aptitude à l’application et une plus grande patience, on voit que Buffon n’entendait point cette patience froide qui n’a rien de commun avec le feu sacré. […] Un esprit riche de tant de connaissances et de tant d’idées ne pouvait être commun que par oubli50.
Une grande dame, Mme de Senneterre, après avoir, dans le temps de son opulence, doté une jeune paysanne orpheline, et s’être hâtée de la marier à un homme du commun, pour empêcher son fils, qui en était amoureux, de l’épouser, est ruinée par la Révolution et réduite elle-même à servir. […] Il est permis sans injure de lui supposer une telle ambition ; il avait contre la centralisation administrative et sur le gouvernement des Communes par elles-mêmes une doctrine qui allait naturellement à cette armée de gentilshommes de province.
Louis XIV, religieux comme il est, croit qu’il est des lumières qui se proportionnent aux situations, et particulièrement à celle de roi : « Dieu qui vous a fait roi vous donnera les lumières qui vous sont nécessaires, tant que vous aurez de bonnes intentions. » Il croit qu’un souverain voit naturellement les objets qui se présentent, d’une manière plus parfaite que le commun des hommes. […] Tout s’y déroule avec calme et suite dans une netteté parfaite, et qui répond tout à fait à ce que les contemporains (Mme de Caylus, Mme de Motteville, Saint-Simon) nous ont dit de cette propriété unique et de cette noblesse aisée des paroles du roi : « ses discours les plus communs n’étaient jamais dépourvus d’une naturelle et sensible majesté 57 ».
Cependant Newton sera toujours Newton, c’est-à-dire le successeur de Descartes, et l’autre un homme commun, un vil artiste qui a vu une fois et n’a peut-être jamais pensé. […] » Montesquieu, par droiture de cœur et par direction d’intelligence, était naturellement citoyen, de cette race des Vauban, des Catinat, des Turenne, des L’Hôpital, de ceux qui veulent sincèrement le bien et l’honneur de la patrie et du genre humain : « J’ai toujours senti une joie secrète, lorsqu’on a fait quelque règlement qui allait au bien commun. » Les Lettres persanes l’avaient rangé, bon gré mal gré, parmi les littérateursb ; il en ressentait les avantages pour sa réputation, et les inconvénients pour sa carrière.
Necker intervient dans la guerre ouverte entre les incrédules et les intolérants de tout genre dont il était environné, comme un médiateur honnête, sensé, sincère, éloquent même à la longue, si l’on consent à l’écouter ; il dira de toutes les manières à ceux qu’il s’efforce de ramener : Un homme sage ne se permet jamais de semer la tristesse et le découragement, pour la ridicule vanité de se montrer un peu élevé au-dessus des opinions communes, ou pour le plaisir de faire des distinctions plus ou moins ingénieuses sur quelques parties de la religion établie. […] Pour mettre sa sensibilité plus à son aise, par un singulier et subtil accommodement il supposait que c’était d’un autre que lui qu’il parlait : C’est d’un moi que je parle, et non pas de moi ; car, loin des hommes, au pied des hautes montagnes, au bruit d’une onde monotone qui ne présente d’autre idée que la marche égale du temps, et sans autre aspect qu’une longue solitude, une retraite silencieuse que bordent déjà les ombres d’une éternelle nuit, je n’ai plus de rapport avec ce ministre naguère emporté par les événements, agité par les passions du monde, et sans cesse aux prises avec l’injustice ; je n’ai plus de rapport avec lui que par les émotions d’une âme sensible… Il revient à chaque instant, avec des cris de David ou de Job, sur cette calamité, qui véritablement n’était pas si grande qu’il le supposait : Quelquefois seulement, au pied de ces montagnes où l’ingratitude particulière des représentants des Communes m’a relégué, et dans les moments où j’entends les vents furieux s’efforcer d’ébranler mon asile, et renverser les arbres dont il est environné, il m’arrive alors peut-être de dire comme le roi Lear : « Blow, winds, … Soufflez, vents impétueux !
Cette modestie chez Frédéric est sincère ; on sent qu’il rougit, en effet, d’être si loué, si admiré par son ami ; il se rabat toujours, en lui parlant, à n’être qu’un individu marqué au coin de la plus commune humanité, digne de lui pourtant par le cœur, et capable d’apprécier un ami « qui fait revivre les temps sacrés d’Oreste et de Pylade, du bon Pirithoüs, du tendre Nisus… » À la manière et à l’accent dont tout cela est dit, on ne peut supposer que ce soient des lieux communs. […] Voilà qui est formel ; hors de là, il ne veut et ne voit rien de commun entre eux et lui ; à l’entendre, il n’aspire qu’à la bonté, à la douceur, à toutes ces qualités qui font le bon citoyen plutôt que le grand homme : Je n’ai pas le vain orgueil de prétendre à ce titre, et je vous assure que j’y préférerai constamment ceux de fidèle ami, d’homme compatissant aux misères des hommes, et enfin d’homme qui ne croit être homme que pour faire du bien aux autres hommes, en quelque situation qu’il se trouve.
Il existe sans doute, au fond de tout individu comme de toute époque, un noyau de sensations vives et de sentiments spontanés qui lui est commun avec tous les autres individus et toutes les autres époques ; c’est le fonds de toute existence ; c’est le lieu et le moment où, en étant le plus soi-même, on se sent devenir autrui, où l’on saisit dans son propre cœur la pulsation profonde et immortelle de la vie. […] Par sa puissance à briser les associations banales et communes, qui pour les autres hommes enserrent les phénomènes dans une quantité de moules tout faits, il ressemble à l’enfant qui commence la vie et qui éprouve la stupéfaction vague de l’existence fraîche éclose.
Malebranche n’a de commun avec Platon qu’une certaine beauté d’imagination et l’enthousiasme du monde idéal : autrement, il est sec comme un géomètre et étroit comme un moine. […] De ce défaut fondamental, commun à presque tous les philosophes modernes, naît une sécheresse et une sorte de pauvreté relative, lorsqu’on compare leurs œuvres à celles des anciens.
Mais ces traits déliés ne sont que trop communs dans notre siécle, & loin de nous donner le moyen de faire un amas de fleurs, sous lesquelles le goût se perd, il faudroit plûtôt nous apprendre l’art d’être simple. […] On embrasse ici ces deux objets, parce que le Poëte & l’Orateur, (ainsi qu’on l’observe) n’ayant tous deux que le même but, celui de plaire, de toucher, d’instruire, ils ne différent que dans la maniere d’employer les moyens qui leur sont communs : mais la poétique n’est pas longue, parce qu’on se propose moins de former des Poëtes que des lecteurs éclairés.
C'est, comme tout ce que fait l’auteur, assez vif, entraînant, amusant à moitié, mais gâté par l’incomplet, par le négligé, par le commun.
Sachons gré pourtant à M. de Vigny, même de ce dont nous l’accusons ; plus d’une fois il a été véritablement poète, quoique peut-être hors de propos, et ce défaut-là n’est pas si commun aujourd’hui qu’il faille tant s’en irriter.
Mais ce qui est commun à toutes deux, et ce qu’on retrouve également chez mesdames de Sévigné et de La Fayette, c’est cette franchise et cette naïveté d’un langage toujours pur, malgré ses négligences et ses familiarités.
L’école dont nous parlons (si on peut appeler du nom école la réunion assez nombreuse et peu homogène qui se groupa autour de quelques principes communs), réussit plus vite qu’on ne l’aurait osé croire d’abord, à se fonder une influence grave, salutaire, incontestable.
Or la disposition commune à la plupart des Anglais, n’excite point leurs écrivains à la gaieté.
En 1808, tous ses grands traits sont arrêtés et définitifs : départements, arrondissements, cantons et communes, rien n’a changé depuis dans ses divisions et sutures extérieures : Concordat, Code, Tribunaux, Université, Institut, Préfets, Conseil d’État, impôts, percepteurs, Cour des Comptes, administration uniforme et centralisée, ses principaux organes sont encore les mêmes ; noblesse, bourgeoisie, ouvriers, paysans, chaque classe a dès lors la situation, les intérêts, les sentiments, les traditions que nous lui voyons aujourd’hui.
. — Rien de plus commun qu’une pareille opération ; tous les calculs pratiques se font de même.
Comme dans les diverses régions de l’empire romain le latin se corrompit diversement sous d’insaisissables influences de climat et de race, selon d’occultes différences de structure des organes physiques de la voix, et comme il se ramifia en tout un groupe de langues de plus en plus divergentes, en France aussi ce ne fut pas une langue qui sortit du latin : mais des Pyrénées à l’Escaut et des Alpes à l’Océan s’échelonna une incroyable variété de dialectes, qui s’entretenaient et se dégradaient insensiblement, chacun d’eux ayant, quelques particularités communes avec ses voisins et les reliant.
Remarquez que les positivistes même et les athées peuvent s’entendre sans trop de peine, pour la grande œuvre commune, non seulement avec les spiritualistes, mais avec les fidèles les plus fervents des religions confessionnelles.
Je me hâte d’ajouter que Dubois-Desaulle était un honnête garçon qui ne s’était rendu coupable d’aucun délit de droit commun et que ses opinions libertaires seules (l’épidémie à la mode) avaient conduit aux compagnies de discipline.
Comment ont-ils espéré de trouver des Disciples, pour peu qu’il reste encore dans les Esprits quelques traces de la raison la plus commune ?
Rien de plus froissant que l’admiration en laquelle nous tiennent des gens du commun, car quand ceux-ci forment l’entreprise de composer des tragédies, de pathétiques romans ou des églogues naïves, leur vulgarité dépasse tout.
L’auteur, à la fin de l’ouvrage, exhortoit, par une satyre de cinq cent vers, tous les sçavans à prendre les armes, à se réunir contre un ennemi commun.
L’un & l’autre n’ont souvent rien de commun avec les idées que les mots représentent littéralement.
On a cru devoir les prendre pour modèles dans cette partie : on ne songeoit point que le génie de leur barreau n’avoit rien de commun avec celui du nôtre.
Nous savons que le siècle appelle cela le fanatisme ; nous pourrions lui répondre par ces paroles de Rousseau : « Le fanatisme, quoique sanguinaire et cruel 49, est pourtant une passion grande et forte, qui élève le cœur de l’homme et qui lui fait mépriser la mort ; qui lui donne un ressort prodigieux, et qu’il ne faut que mieux diriger pour en tirer les plus sublimes vertus ; au lieu que l’irréligion, et en général l’esprit raisonneur et philosophique, attache à la vie, effémine, avilit les âmes, concentre toutes les passions dans la bassesse de l’intérêt particulier, dans l’abjection du moi humain, et sape ainsi à petit bruit les vrais fondements de toute société : car ce que les intérêts particuliers ont de commun est si peu de chose, qu’il ne balancera jamais ce qu’ils ont d’opposé50. » Mais ce n’est pas encore là la question : il ne s’agit à présent que d’effets dramatiques.
Plus les tours qu’un voltigeur temeraire fait sur la corde sont perilleux, plus le commun des spectateurs s’y rend attentif.
Il faut sçavoir quelle forme le caractere d’esprit particulier à certains hommes, donne aux sentimens communs à tous les hommes.
Pour qu’il tombe de plus haut et qu’il se brise mieux, il l’élève ; puis, quand il l’a mis au plus haut de ses facultés exagérées, il le précipite dans cette conclusion (page 129) : « Il est le modèle achevé, pour ainsi dire idéal, de ces riches et pauvres natures, communes à toutes les époques, mais qu’il était donné à notre xixe siècle de mettre en pleine lumière… qui sont à la fois sincères et fausses, aptes et inaptes à tout, font le bien avec ardeur, le mal avec passion, aiment l’idée pour l’idée, l’art pour l’art, et, sublimes égoïstes, se prêtent toujours pour ne se donner jamais.
En supposant que la grâce pût être commune et rester la grâce, je dirais qu’Octave Feuillet en a souvent.
Car, si elles réussissaient dans leur entreprise commune, elles nous feraient assister à la formation de l’intelligence et, par là, à la genèse de cette matière dont notre intelligence dessine la configuration générale.
Le droit romain au contraire est né de la féodalité ; je parle de cette féodalité primitive que nous avons observée particulièrement dans la barbarie antique du Latium, et qui a été la base commune de toutes les sociétés humaines.
Quant au commun des habitants dont le logis est étroit, mais passable, ils craignent les déménagements, ils tiennent à leurs habitudes. […] En 1729, Montesquieu écrivait sur son carnet de voyage : « Point de religion en Angleterre ; quatre ou cinq de la Chambre des Communes vont à la messe ou au sermon de la Chambre… Si quelqu’un parle de religion, tout le monde se met à rire. […] La noblesse de Mantes et Meulan affirme que « les principes de la politique sont aussi absolus que ceux de la morale, puisque les uns et les autres ont pour base commune la raison ».
Cette littérature puissante et rude comme le climat et comme le temps, n’a rien de commun avec la littérature grecque ou latine, encore moins avec les molles et perverses imitations de la Grèce ou de Rome par l’Italie moderne, par l’Espagne ou par la France jusqu’à Corneille. […] Cet attachement, décent aux yeux du monde et autorisé par les mœurs du temps, était alors dans toute sa force : travail, plaisirs, sciences, amusement, société, maison même, tout était commun entre l’amie et l’ami. […] Il les flattait dans leurs systèmes et dans leurs vices d’esprit pour les captiver dans son parti philosophique ; il avait le respect humain de sa haute raison avec les correspondants athées ; il leur livrait l’immortalité de l’âme et la providence divine pour les enrôler par cette tactique détestable dans une coalition commune contre les superstitions humaines.
L’autorité civile, se souvenant du siècle précédent, craignit que la secte religieuse ne contînt le germe d’un parti politique, et crut de son intérêt de faire cause commune avec les jésuites, servant ainsi ceux qui devaient la combattre et persécutant ceux qui devaient la défendre dans ses rapports avec Rome. […] Celles qui sont essentiellement chrétiennes, lui sont communes avec les grands docteurs de l’Église ; Bossuet les exprimera, sans avoir besoin de s’inspirer de Pascal. […] Toutes les remarques portent, et il n’y en a point qui ne donnent à penser longuement, quand il explique le mécanisme de l’amour-propre, ou qu’il montre l’imagination et les nerfs plus maîtres de nous que notre raison, quand il nous promène à travers le monde cherchant une morale fixe, des lois communes, quand il sonde l’institution sociale, le principe monarchique, pour ne trouver au fond, à l’origine, que la force, et qu’il autorise si superbement le respect traditionnel des lois, de la hiérarchie, de l’hérédité dynastique.
L’enseignement restait ainsi national et commun. […] ce beau parc mystique d’Issy, je crois que la guerre et la Commune l’ont ravagé. […] Il manquait à la première règle de la compagnie qui est d’abdiquer tout ce qui peut s’appeler talent, originalité, pour se plier à la discipline d’une commune médiocrité.
Notes sur la peinture wagnériennex et le salon de 1886 Je croirai longtemps que le Wagnérisme véritable n’est pas seulement à admirer les œuvres musicales de Richard Wagner ; que ces œuvres nous doivent émouvoir surtout comme les exemples d’une théorie-artistique ; et que cette théorie — sans cesse éclairée par le Maître, en ses livres — appelle la fusion de toutes les formes de l’art, dans une intention commune. […] Tous trois sont en réalité formés d’un élément simple et commun : la Sensation. […] Aussi ce final est-il un de ceux qui saisissent le public irrésistiblement, et que la salle entière applaudit dans un commun accord d’admiration !
Cinquante ans d’apaisement, de rénovations, d’alliances et de vie commune ont passé sur elles : les rancunes des Montaigus et des Capulets ne sont pas plus éteintes et plus refroidies. […] Entre lui et le reste des hommes, rien de commun que l’air du ciel. […] Mais, du reste, tout est fini : entre son mari et elle, il n’y a plus rien de commun.
Jeudi 17 février Je dîne aujourd’hui chez Burty, avec deux Japonais : le prince Sayounsi et un Japonais du commun. […] Ce soir, à la reprise des dîners du Temps (c’est ainsi que s’appelle l’ancien dîner Magny), Liouville faisait remarquer le nombre d’incomplets, d’estropiés, de gens avec un lobe cérébral trop développé et un membre atrophié, qui avaient joué un rôle dans la Commune. […] Ils auraient mis en commun leur colonne vertébrale, et chercheraient, toute leur vie, un tour impossible, qui serait pour eux, la trouvaille d’un problème de la science.
Il la suit quand elle traduit heureusement leur commun modèle ; souvent il l’abandonne pour la surpasser18. […] On évite aisément l’absurdité en parlant comme parle la gloire ; et, si l’on se trompe avec tout le monde, cette erreur commune compte pour une vérité. […] Je suis loin de croire que cette qualité soit moins commune chez les critiques que chez les autres gens de lettres.
Il y a, d’ailleurs, bien plus intéressant pour le commun des esprits que la Philosophie dans ce memorandum d’hypocondriaque politique, écrit régulièrement au jour le jour, comme on va.., où vous savez, dirait Molière, — et c’est tout ce qui n’est pas la Philosophie. […] Mais après Proudhon, qui n’a pas eu son heure entière, mais qui l’aura peut-être un jour, demandez-vous ce qu’il y al Il n’y a rien ni personne : ni gouvernements, ni organisations, ni Révolutions, ni Communes. […] Proudhon est sur la route des Communes futures et il y conduit.
Il a cela de commun avec les Essais de Montaigne qu’il est une épigramme perpétuelle, selon la définition de Sainte-Beuve. […] Le désir est individuel, la croyance est commune et créatrice de communion et de communauté. […] Le pouvoir est une volonté commune à un groupe social assez nombreux pour avoir de l’action sur la foule. […] Toute volonté commune à un groupe énergique à vouloir la même chose est un petit pouvoir. Toute volonté commune à un groupe nombreux et qui reste énergique à vouloir la même chose est un grand pouvoir.
L’obscure intuition de l’âme universelle, dont les visibles formes et les invisibles sentiments sont le commun effet, leur révélait, sans qu’ils s’en rendissent compte, une mystérieuse analogie et comme une correspondance divine entre la face particulière de ce coin de nature et l’essence indéfinie de leur tendresse. […] Englobé dans l’arrêt commun qui frappa ses complices, il fut jeté à la citadelle, condamné à mort, gracié sur l’échafaud, conduit en Sibérie, il y purgea quatre ans de fer dans la « section réservée », celle des criminels d’État. […] Il était nécessaire de préciser ces points, pour qu’on ne fit pas confusion d’époques ; il n’y eut rien de commun entre le proscrit de 1848 et les redoutables ennemis contre lesquels le gouvernement russe sévit aujourd’hui de la même façon, mais à juste titre. […] La Commune, les premiers travaux de réorganisation de l’armée ne permirent à Maurice de Frémeuse de retourner auprès de sa mère, voisine de Mme de la Pave, que plusieurs mois plus tard. […] Il est vrai que, pour ceux-là, la libre pensée est devenue une carrière et qu’elle n’a rien de commun avec celle qui, chez Littré, était l’expression sincère de ses convictions.
Le gain très certain que l’humanité, depuis qu’elle se connaît, a réalisé dans les sciences et dans les arts industriels, dans tout ce qui touche à la pratique de la vie commune, l’a-t-elle également réalisé dans l’art et dans la littérature ? […] Seulement, dans la science, l’œuvre du génie se détache de lui pour se confondre dans le patrimoine commun d^ l’humanité, tandis que, dans l’histoire de l’art, elle demeure avant tout et par-dessus tout l’expression de son individualité. […] Si d’ailleurs la peinture et la poésie sont toutes deux ce que l’on appelle des arts d’imitation, il semble encore, qu’ayant un objet analogue dans une certaine mesure, elles doivent, dans cette mesure même, avoir aussi des principes communs. […] Chaque art, en effet, a ce qu’on appelle son beau spécifique ; et, quand on y songe, on serait presque tenté de dire, que le beau poétique, le beau pittoresque, le beau musical n’ont pas entre eux de commune mesure. […] Renan, c’est l’auteur des travaux que je vous rappelais à l’instant même qui a fait passer dans l’usage commun de la critique générale, si je puis ainsi dire, les-acquisitions réalisées par un Eugène Burnouf, l’un encore de ses maîtres, et l’un des vraiment grands esprits de ce siècle.
C’est simplement une suite d’études reliées par un thème commun et dominées par une idée commune. […] Il y a quelque chose de dévié, de faussé, d’estropié, d’à rebours dans notre commun entendement. […] Tous les édifices consacrés au culte, avec leurs annexes, passeraient entre les mains de l’Etat ou de la commune. […] Il y aurait l’avantage d’un édifice souvent beau, situé au centre de la commune, rendu vénérable et familier par la tradition des âges. […] Avec nous elles n’ont presque rien de commun.
Voici, selon le Manuscrit de ma mère, l’emploi de la journée : « La messe tous les jours à sept heures ; lecture de la Bible ; leçon de grammaire ; lecture de l’histoire de France ou de l’histoire ancienne ; le soir, après dîner, quelques vers des fables de La Fontaine ; puis la prière en commun accompagnée d’une petite méditation improvisée à haute voix. » — À dix ans, on le met dans une petite pension, à Lyon. […] Mais Lamartine n’a rien de commun, ou pas grand’chose, avec Adolphe Garnier ou Damiron. […] Les formes y sont ordonnées par groupes, sous le ciel libre, comme pour un chœur, pour un hymne en commun. […] Mon nom brûlant de se répandre Dans le nom commun se perdra. […] Mais rien, dans les Harmonies même, ne dépasse le Cantique sur la mort de la duchesse de Broglie, Utopie, la Cloche du village, la Femme, la Marseillaise de la paix, la Réponse à Némésis, le Désert, la Vigne et la Maison, les vers À M. de Virieu après la mort d’un ami commun.
Mais, comme il y a toujours des obstacles au bien, il faut, après l’ouvrage de la vertu, l’ouvrage encore du tems, parce que lui seul rend la vertu commune & familiere. […] Rien de plus commun parmi nos Auteurs modernes, que le défaut de tracer ainsi des caractères dramatiques, d’après une idée abstraite, & de croire que des idées personnifiées sont des personnages vraiment agissans. […] Asyle de la liberté, les âmes fortes & généreuses y croîtront ou s’y rendront, & ce grand exemple donné à l’Univers, prouvera ce que peut l’homme, quand il met en dépot commun son courage & ses lumieres. […] Qui ôsera le premier s’écarter de la route commune, & qui l’ôsera ? […] Il y a plus d’hommes que de pensées ; & l’on a vu des siécles passer, sans rendre au dépôt commun une seule idée juste ou utile.
Pas de plan intermédiaire, pas de plan commun et heureux entre ces deux foyers : en bas le feu sexuel, en haut le feu de Vesta, le feu des idées. […] Une société où l’on rit haut, que peut-elle avoir de commun avec l’idée de changer un pays ? […] Sur l’Amiel de vingt ans retour d’Italie, il faut laisser parler une femme, Berthe Vadier, qui ne le connut que bien plus tard, mais à qui tant d’amis et d’amies communs, sans compter Amiel, fournissaient des souvenirs. […] Il sait donc mieux à quelles conditions on s’allie et l’on vit en commun, sans trop se fouler les uns les autres. […] Mais il y a un dessous qui est commun à Teste et à Amiel.
Toutes sont situées dans les centres sensitifs de l’encéphale ; toutes paraissent situées ailleurs, et une loi commune assigne à chacune d’elles sa situation apparente. […] Non seulement elles ont une commune condition organique, la modification de l’œil ouvert, mais encore elles ont chacune une condition extérieure spéciale, la présence en tel point du dehors d’un corps éclairé, condition à laquelle correspond chez elles tel caractère précis et notable, selon que le corps est ici où là. Après avoir constaté, par les tâtonnements de notre main ou la fermeture de nos paupières, leur commune condition organique, nous constatons, par d’autres tâtonnements et par la marche, leurs différentes conditions extérieures. […] Les mots d’odeur, de froid, de chaud, restent ambigus et désignent, dans le langage commun, tantôt l’un, tantôt l’autre ; c’est la seconde localisation qui commence et qui avorte. […] Ils ont donc une autre carte qui fait le même office, et comme, avec la vue qu’ils n’ont pas, nous avons toutes les sensations qu’ils ont, il faut bien que, outre la carte visuelle qui nous est propre, nous en possédions une seconde toute différente qui nous est commune avec eux. — Celle-ci a pour éléments les sensations musculaires et tactiles.
J’aime la vie tranquille, et la mienne est agitée par une infinité de détails communs et turbulents, sur lesquels je n’avais pas compté dans les commencements, et auxquels il faut absolument que je me donne tout entier malgré moi. […] L’éclat de rire qu’on arrache au peuple par les moyens souvent ignobles est la grimace du ridicule, le sublime du commun ; mais le vrai génie s’abaisse comme il s’élève, et quand il daigne y descendre, il le trouve et le rend impérissable. […] Il devait, du moins, frapper ceux qui jugent avec équité par les connaissances les plus communes ; et Molière avait bien raison d’être mortifié de l’avoir travaillé avec tant de soin, pour être payé de sa peine par un mépris assommant ; et si j’ose me prévaloir d’une occasion si peu considérable par rapport au roi, on ne peut trop admirer son heureux discernement, qui n’a jamais manqué de justesse dans les petites occasions comme dans les grands événements. […] Cette grande roideur des vertus des vieux âges Heurte trop notre siècle et les communs usages ; Elle veut aux mortels trop de perfection : Il faut fléchir au temps sans obstination ; Et c’est une folie à nulle autre seconde, De vouloir se mêler de corriger le monde. […] Là, votre pruderie et vos éclats de zèle Ne furent pas cités comme un fort bon modèle ; Cette affectation d’un grave extérieur, Vos discours éternels de sagesse et d’honneur, Vos mines et vos cris aux ombres d’indécence Que d’un mot ambigu peut avoir l’innocence, Cette hauteur d’estime où vous êtes de vous, Et ces yeux de pitié que vous jetez sur tous, Vos fréquentes leçons et vos aigres censures Sur des choses qui sont innocentes et pures ; Tout cela, si je puis vous parler franchement, Madame, fut blâmé d’un commun sentiment.
Mais il falloit des hommes retirés du monde, consacrés à la retraite par choix, à l’étude par goût, au travail par devoir, animés du même esprit & du même zèle, vivant en commun sous un même régime, qui voulussent employer les loisirs de leur solitude à la fastidieuse occupation de transcrire sans cesse. […] On employoit, pour exprimer les choses les plus communes, des termes ampoulés, on prodiguoit les métaphores & les comparaisons les plus outrées ; &, comme l’oreille étoit flattée, on ne s’appercevoit pas de ces défauts ; on faisoit plus, on les admiroit. […] Il eut pourtant la foiblesse de le desirer, & c’est de lui que nous vient cet usage, si commun & si nécessaire aujourd’hui, de s’assurer du suffrage d’un grand nombre de spectateurs complaisans pour applaudir(*). […] Malgré l’évidence de ces défauts, qui deviennent de jour en jour plus communs, il semble qu’on se ligue aujourd’hui, pour ôter à la jeunesse le goût de la seule étude qui lui convienne, en ne l’occupant qu’à des exercices, sans doute utiles, mais qui pourroient si facilement s’allier avec ceux qui donnent à l’ame de la force & de l’élévation, au génie du ressort & de l’étendue, à l’esprit de la justesse & de la solidité. […] où il suffit seulement d’avoir l’imagination fantasque & l’esprit Romanesque, où il ne faut qu’étudier quelques effets singuliers, & les dessiner, compasser le jeu des Interlocuteurs, pour en composer une pantomime, & se guindant sur les échasses d’une morale commune, étaler d’un ton emphatique des tirades, des maximes, & des sentimens préparés de loin & cousus après coup au Roman : genre où le style est ce qu’on soigne le moins, dont la lecture, dénuée de l’illusion & de l’appareil du Théâtre, n’est pas supportable ; monstre, en un mot, qu’Horace, dans son Art Poëtique, auroit eu peine à décrire, pour en donner l’idée.
Ses réfléxions sont pensées, mais communes ; & il paroît infiniment mieux instruit des affaires militaires, où un homme de son état se trompe presque toujours, que de celles du cabinet. […] Simon Pelouttier, in-12. 1740. : ouvrage plein de recherches profondes, & un des meilleurs qu’on puisse lire sur une matiere qui demandoit une érudition peu commune. […] Paris 1574. bonne édition d’un livre estimé & peu commun. […] in-12., Paris 1666. : ouvrage peu commun. […] Ses réfléxions sont judicieuses, mais communes, & ses héros y sont peints foiblement.
Identifiée à la passion de dominer, c’est elle, poison commun des peuples et des rois, ensanglante depuis toujours la terre, repaire des hommes. […] Ces dons extraordinaires, cette vigueur de saisissement intellectuel peuvent amener des excès ; ceux-ci, en tous cas, n’ont rien de commun avec la caricature et la bouffonnerie, simples grossissements des apparences ; il n’est pas d’outrance d’expression, chez Max Jacob, qui ne s’accompagne d’un poignant débordement intérieur, avide, sinueux, insinuant. […] Elles avaient, il est vrai, l’agrément de la vie et du travail en commun dans leurs casemates oppressantes, éclairées, lors des veillées, par la lueur des chandelles. […] Dans les temples érigés par elle comme une prière faite d’espérance, elle venait, retrouver une richesse commune qui, en propre, n’appartenait à personne. […] Il a fallu l’apport d’une peu commune discipline morale, d’une loi qui permet à l’homme de renoncer absolument à tout ce qui le fait lui-même.
Plus j’étudie l’époque qui entoure l’an 1000, et plus j’y sens un souffle d’exaltation superbe, un renouveau ; ce qui nous semble, à nous, du désordre, était pour les gens d’alors un commencement de stabilité ; l’équilibre féodal s’ébauchait ; des intérêts communs groupaient des provinces, les unissaient contre le Sarrasin, esquissaient des nations ; quand nous estimons misérable la condition des vilains, nous oublions la relativité du bonheur ; surtout, nous méconnaissons la puissance de la foi nouvelle, qui n’est plus la nôtre, mais qui fut en son temps une lumière bienfaisante et miraculeuse ; elle nous semble déprimante ; en réalité elle fut une délivrance, et, grâce à elle, le monde se parait « d’une blanche robe d’églises neuves ». […] L’unité s’impose partout, d’un commun consentement, par une même tendance des esprits, et se légitime par la raison universelle. […] Résignons-nous à avoir toujours, dans notre équation, au moins une inconnue ; et, au lieu de races, parlons de nations ; ici nous avons des éléments matériels qu’il est plus aisé d’évaluer à peu près : les dates du groupement, ses vicissitudes, ses intérêts communs, sa situation géographique, ses conditions d’existence, le climat et les esprits directeurs qui sont d’abord un effet, ensuite une cause, de sorte que tout s’enchaîne et que le passé est la force vive de l’avenir. — Le caractère distinctif d’une nation n’est pas, comme plusieurs semblent le croire, dans telle vertu particulière dont cette nation aurait le monopole ; il est dans l’ensemble, dans un certain dosage des qualités et des défauts que possède chaque nation, mais chacune avec une combinaison différente, avec une orientation particulière. […] Il en est de même des nations comparées les unes aux autres ; l’analyse établit leurs qualités communes ; la synthèse affirme leur individualité. […] Ce sont là des faits intellectuels que rien ne saurait hâter ; la science y est impuissante ; il y faut des siècles de travail en commun, et des légions d’ouvriers petits et grands.
Sainte-Beuve, disait-il, a de l’intimité ; il connaît le fort et le faible de la vie, et la poésie des choses communes ; il pourrait moduler des chants pour les âmes simples, mais il n’a pas pris encore assez de leçons de l’Ami des simples. […] Sainte-Beuve vécut près d’un an à Lausanne dans une parfaite intimité intellectuelle avec Vinet ; je veux dire dans une commune curiosité et dans un commun respect des choses de la pensée. […] J’espérais que l’ouvrage dont vous aviez rendu un compte si magnifique, vous avait révélé mon âme et que vous ne pouviez me supposer atteint des misérables vanités si communes aujourd’hui dans notre littérature. […] Il faut que cette poésie, si elle n’est que poésie, catégorise enfin, qu’elle dise ce qu’elle est, ce qu’elle veut ; qu’elle tombe par conséquent, puisqu’elle ne fleurit que grâce à l’erreur commune, et ne vit que de notre crédulité. […] Le christianisme, milieu commun où se meuvent ces deux esprits, et où ils se sont rencontrés, devrait être plus fort, et, en dépit de tout, les unir et les mêler ; cela se voit aussi ; mais moins souvent que nous ne le voudrions.
C’est encore par ce côté que Victor Hugo est un homme de l’humanité commune et moyenne. […] C’est un défaut commun à notre siècle. […] Le défaut le plus grave où l’entraîne l’habitude du Heu commun, est une certaine monotonie. […] C’est nous, hommes du commun, qui n’en sortons pas. […] Ces résidus, le commun des hommes s’en sert comme de signes de convention, sans chercher à en raviver le sens.
Mais il y aurait de l’outrecuidance à trop nous attarder dans le voisinage de ces noms fameux, et l’on nous demanderait ce qu’il y a de commun entre eux et nous. […] S’il prend parti pour le désordre contre le devoir, on sait où il mène ; si, par scrupule ou par caprice, il défend la thèse opposée, s’il s’amuse à poétiser le mariage, le foyer domestique, les travaux de la vie commune, s’il nous y invite au nom d’un intérêt purement humain, d’un bonheur purement romanesque, cette volte-face même ne l’assure pas toujours contre les inconvénients et les dangers inséparables de ses attributions et de sa nature. […] Enfin, lorsque M. de Balzac admet dans ses récits l’élément religieux, et, pour tout dire, catholique, les hommages qu’il lui adresse sont cent fois pires que des insultes, car on sent que le véritable esprit chrétien n’a rien de commun avec ses respects dérisoires. […] La première condition de succès, c’est que l’âme du poëte vibre dans celle de ses auditeurs ; c’est que tous ces esprits si divers, réunis pourtant par des sentiments communs et des idées générales, reconnaissent dans le drame quelque chose d’eux-mêmes, et qu’ils l’acceptent comme l’interprète éloquent, passionné, pathétique, de cette vérité dont chacun possède à son insu la notion et la germe. […] Celle-là, nous le savons, se passe très bien de la liberté, et n’a rien de commun avec elle.
La vie des Diderot, des d’Alembert, des Duclos est la vie commune aux gens de lettres de ce temps-là. […] Et l’on doit remarquer aussi que le nom de Rousseau est et était fort commun. — C’est égal : la date, le nom de famille, les prénoms de la déposante, cela fait trois, concordances singulières. […] — N’ayant d’ailleurs entre eux aucune sorte de relations morales ni de devoirs communs, ils ne pouvaient être ni bons ni méchants et n’avaient ni vices ni vertus. […] Le théâtre est un plaisir qu’on prend en public et en commun. […] Dans l’article : Économie politique écrit pour l’Encyclopédie (en 1745, je crois), Rousseau pensait que l’objet de l’éducation est de former des citoyens, et il réclamait l’éducation en commun, et l’éducation par l’État.
Qu’un ami à qui cet amant parle, convienne qu’en effet cette personne n’a pas beaucoup de beauté ; que, par exemple, elle a les yeux trop petits ; que, sur cela, l’amant dise que ce ne sont pas ses yeux qu’il faut blâmer, et qu’elle les a très agréables ; que l’ami attaque ensuite la bouche, et que l’amant en prenne la défense ; le même jeu sur le teint, sur la taille : voilà un effet de passion peu commun, fin, délicat et très agréable à considérer. […] Dans la scène avec Arbate même, en soupçonnant Xipharès d’être son rival, il lui fait un mérite de sa haine contre les Romains : Je sais que de tout temps, à mes ordres soumis, Il hait autant que moi nos communs ennemis. […] Le style d’images est ce qui fait la différence de la poésie et de la prose ; il sert à exprimer les plus communes, d’une manière non commune ; il donne de la noblesse, de la grâce à tout. […] Le style faible, non seulement en tragédie, mais en toute poésie, consiste à laisser tomber ses vers deux à deux, sans entremêler de longues périodes et de courtes, et sans varier la mesure ; à rimer trop en épithètes, à prodiguer des expressions trop communes, à répéter souvent les mêmes mots, à ne pas se servir à propos des conjonctions qui paraissent inutiles aux esprits peu instruits, et qui contribuent cependant beaucoup à l’élégance du discours. […] Ainsi, le style froid vient, tantôt de la stérilité, tantôt de l’intempérance des idées, souvent d’une diction trop commune, quelquefois d’une diction trop recherchée.
Et semble que ce moyen de nous entravertir apporterait non légère commodité au commerce public ; car à tout coup il y a des conditions qui s’entrecherchent, et, pour ne s’entr’entendre, laissent les hommes en extrême nécessité. » Renaudot, qui savait sort Montaigne et qui s’en autorise, résolut d’établir ce centre commun d’annonces, d’adresses et de renseignements ; il eut l’idée de plus, soit par un sentiment d’humanité, soit pour mieux achalander son entreprise, de donner des consultations gratuites, et de se faire le commissaire officieux, mais qualifié et breveté, des pauvres et des malades, de ceux qui ne voulaient pas entrer dans les hôpitaux, et qui désiraient être traités à domicile : il se chargeait de leur procurer gratis médecins et médicaments. […] En combinant cette idée avec tous les autres moyens d’information centrale et de publicité dont a hérité toute la presse, il demeure pour tous un ancêtre commun.