Avant le terme convenu, elle s’exécuta sur le tout, se piquant d’être, en cela, plus exacte même que Marc-Aurèle, empereur et philosophe, mais qui ne payait point d’avance ses créanciers : Cela hausse un peu le courage, répondait-elle à Saint-Évremond ; et, quand vous y aurez bien pensé, vous verrez qu’il ne faut pas railler avec un banquier sans reproche… Je vous ai mandé que mes agréments étaient changés en qualités solides et sérieuses, et vous savez qu’il n’est pas permis de badiner avec un personnage. […] Jamais on n’a porté si loin le bonheur de votre sexe : il y a peu de princesses dans le monde à qui vous ne fassiez sentir la dureté de leur condition par jalousie de la vôtre ; il n’y a point de saintes dans les couvents qui n’eussent voulu changer la tranquillité de leur esprit contre les troubles agréables de votre âme.
M. de Bonald avait pris pour épigraphe cette phrase de Rousseau dans le Contrat social : « Si le Législateur, se trompant dans son objet, établit un principe différent de celui qui naît de la nature des choses, l’État ne cessera d’être agité jusqu’à ce que ce principe soit détruit ou changé, et que l’invincible nature ait repris son empire. » — M. de Bonald se réservait de prouver qu’ici la nature n’était autre chose que la société même la plus étroitement liée et la plus forte, la religion et la monarchie. […] « Depuis l’Évangile jusqu’au Contrat social, dit-il et répétera-t-il depuis en maint endroit, ce sont les livres qui ont fait les révolutions. » Les révolutions, qui ont changé en bien ou en mal l’état de la société, n’ont eu d’autre cause que la manifestation des vérités ou la propagation des erreurs.
Cette fâcheuse disposition de Le Brun sera son perpétuel échec, et elle finira par donner le change à son ambition, tellement que celui qui aspirait au rôle d’un Pindare et d’un chantre auguste des grandes pensées publiques ne sera, en définitive, qu’un épigrammatiste excellent. […] Il avait de la galanterie plus que du sentiment, mais souvent une galanterie fort ingénieuse et délicate (lire de lui, au premier livre des Épigrammes, La Méprise, ou les Flambeaux changés).
Voulant dire, par exemple, que les rois ne voient jamais le mal et le danger qu’à la dernière extrémité, et qu’on le leur déguise au travers de mille nuages : « La Vérité, dit-elle, que les poètes et les peintres représentent toute nue, est-toujours devant eux habillée de mille façons ; et jamais mondaine n’a si souvent changé de mode que celle-là en change quand elle va dans les palais des rois. » À propos du chapeau de cardinal qu’on avait promis depuis des années à l’abbé de La Rivière, favori de Monsieur, et que réclamait tout à coup le prince de Condé pour son frère le prince de Conti, elle dira que « la Discorde vint jeter une pomme vermeille dans le cabinet ».
9º comment les habillements, les mœurs, les usages ont-ils changé ? […] On ne peut supposer que Frédéric, en parlant ainsi, dissimule, ni qu’il veuille donner le change à son ami, et il en faut conclure qu’à cette date M. de Suhm lisait plus nettement en lui que lui-même.
La végétation indigène de la portion de la lande qui avait été plantée offrait un contraste remarquable, et plus frappant qu’on ne l’observe généralement en passant d’un sol à un autre sol tout à fait différent ; non seulement le nombre proportionnel des pieds de Bruyère était complétement changé, mais douze espèces de plantes, sans compter les Graminées et les Carex, florissaient dans la plantation et ne se trouvaient pas dans la lande. […] On peut déduire de là que, si une plante ou un animal est placé dans une nouvelle contrée parmi de nouveaux compétiteurs, lors même que le climat serait parfaitement identique, les conditions d’existence de l’espèce n’en sont pas moins généralement changées d’une manière essentielle.
Or, cette critique qu’on varie, mais qu’on ne change pas, a-t-elle réellement entamé ce qu’elle a cru si aisément détruire ? […] Nous craignons bien qu’il ne puisse jamais changer.
Mais aussi le comique change de nature. […] Ce personnage un change de temps en temps de personnalité, et, sous le nom de Giglio Fava, il se déclare l’ennemi du prince assyrien Cornelio Chiapperi ; et quand il est prince assyrien, il déverse le plus profond et le plus royal mépris sur son rival auprès de la princesse, sur un misérable histrion qui s’appelle, à ce qu’on dit, Giglio Fava.
Le génie, sorti par élans de quelques sources qui ne changent pas, a d’infinis détours et des variétés sans fin. […] Vois ; il dédaigne les instruments humains : il ne veut d’autre rame ni d’autres voiles que ses ailes, à travers de si lointains rivages ; vois comme il les tient droites vers le ciel, battant l’air de ses plumes immortelles, qui ne changent pas, comme les chevelures des hommes.
Le roi Louis-Philippe, dont les idées particulières sont celles du xviiie siècle, mais dont la politique vise bien plutôt à la paix du présent qu’à l’avenir et aux longues pensées, n’est pas fâché de cette grande querelle qui en ajourne de plus périlleuses et qui prouve que les temps ont changé.
… Le fou ne s’aperçoit pas qu’il en change.
Shéridan a composé en anglais quelques comédies où l’esprit le plus brillant et le plus original se montre presque à chaque scène ; mais outre qu’une exception ne changerait rien aux considérations générales, il faut encore distinguer la gaieté de l’esprit, du talent dont Molière est le modèle.
Le cœur tend à l’égalité, et quand la reconnaissance se change en véritable tendresse, elle perd son caractère de soumission et de déférence : celui qui aime, ne croit plus rien devoir ; il place au-dessus des bienfaits leur inépuisable source, le sentiment, et si l’on veut toujours maintenir les différences, les supériorités, le cœur se blesse et se retire ; les parents cependant ne savent, ou ne veulent presque jamais adopter ce nouveau système, et la différence d’âge est, peut-être, cause qu’ils ne se rapprochent jamais de vous que par des sacrifices ; or il n’y a que l’égoïsme qui sache s’arranger du bonheur avec ce mot là.
En 1808, tous ses grands traits sont arrêtés et définitifs : départements, arrondissements, cantons et communes, rien n’a changé depuis dans ses divisions et sutures extérieures : Concordat, Code, Tribunaux, Université, Institut, Préfets, Conseil d’État, impôts, percepteurs, Cour des Comptes, administration uniforme et centralisée, ses principaux organes sont encore les mêmes ; noblesse, bourgeoisie, ouvriers, paysans, chaque classe a dès lors la situation, les intérêts, les sentiments, les traditions que nous lui voyons aujourd’hui.
Nous continuons à être divisés parce que nos pères le furent jadis ; et cela, quand tout est changé, quand les causes historiques de ces divisions ont disparu.
Ils changeaient de place leur douleur, à la recherche d’un soulagement qui ne voulait pas venir.
Le remède, en un mot, n’est pas d’exciter chez tous un appétit que tous ne pourront satisfaire, mais de détruire cet appétit ou d’en changer l’objet, puisque aussi bien cet objet ne tient pas à l’essence de la nature humaine, qu’au contraire il en entrave le beau développement.
Ce n’est pas le moment de changer.
Les breuvages qu’ils ont présentés n’ont paru propres, comme ceux de Circé, qu’à changer en brutes les imprudens qui ne craindroient pas d’en approcher les levres.
Si l’on descend au xixe siècle, la figure des mots étrangers, même les plus usuels, change et se barbarise.
Il faut reconnaître sans doute que, lorsque l’on fait porter un débat sur une question purement expérimentale, on s’engage par là même à changer d’avis, si l’expérience vient à nous donner tort.
Les lois fondamentales changent, le droit a ses époques ; plaisante justice qu’une rivière ou une montagne borne ; vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » Certes, le penseur le plus hardi de ce siècle, l’écrivain le plus déterminé à généraliser les idées pour bouleverser le monde, n’a rien dit d’aussi fort contre la justice des gouvernements et les préjugés des nations.
L’art d’un gouverneur et les leçons d’un précepteur, changent un enfant en un jeune homme : elles lui donnent plus d’esprit qu’on n’en peut avoir naturellement à cet âge.
… Le goût peut varier, en effet, et l’on peut changer d’opinion sur les beautés ou les défauts d’un ouvrage ; mais, quels que soient ces beautés ou ces défauts, le goût consiste et consistera toujours dans la faculté de les sentir.
Gautier et du Camp l’obligèrent à renoncer a sa première Tentation de saint Antoine, et on le força de changer son style pour écrire Madame Bovary.
Il y change souvent de chevaux, mais ces chevaux sont toujours les deux mêmes.
Ces deux dernières formes, convenant également aux gouvernements des âges civilisés, peuvent sans peine se changer l’une pour l’autre.
C’est aussi pourquoi l’on m’a définie comme si j’eusse été deux personnes d’humeur même opposée, ce qui a fait dire quelquefois que j’étois fourbe, quelquefois que j’étois changée d’humeur, ce qui n’étoit ni l’un ni l’autre, mais ce qui venoit des différentes situations où on me trouvoit. […] Elle se reproche, en se condamnant elle-même, de désirer out bas de voir ses condamnations condamnées, et de vouloir découvrir, par cette sorte de provocation détournée, si on n’a pas d’elle quelque peu de bonne opinion : « Je me défigure en partie, dit-elle, pour m’attirer le plaisir de connoître qu’on croit plus de bien de moi, et c’est même un artifice de mon amour-propre et de ma curiosité de me pousser à me dépeindre défectueuse, pour savoir au vrai ce que l’on croit de moi, et satisfaire par même voie mon orgueil et ma curiosité. » Toujours la méthode d’esprit de l’hôtel Rambouillet ; c’est l’application seule qui a changé. […] aurait-il changé de jugement sur elle ?
» — Autre mot non moins significatif, celui d’énergie qui, jadis ridicule, devient à la mode et se place à tout propos528 — Avec le langage, les sentiments sont changés, et les plus grandes dames passent à l’opposition. […] « Le pouvoir absolu, dit l’une d’elles, est une maladie mortelle qui, en corrompant insensiblement les qualités morales, finit par détruire les États… Les actions des souverains sont soumises à la censure de leurs propres sujets comme à celle de l’univers… La France est détruite, si l’administration présente subsiste530. » — Lorsque, sous Louis XVI, une nouvelle administration avance et retire des velléités de réformes, leur critique demeure aussi ferme. « Enfance, faiblesse, inconséquence continuelle « écrit une autre531, nous changeons sans cesse et pour être plus mal que nous n’étions d’abord. […] Une aristocratie imbue de maximes humanitaires et radicales, des courtisans hostiles à la cour, des privilégiés qui contribuent à saper les privilèges, il faut voir dans les témoignages du temps cet étrange spectacle. « Il est de principe, dit un contemporain, que tout doit être changé et bouleversé535 ».
Ajoutez que, s’il est rencontré dans son âge de faiblesse par un autre homme isolé plus fort que lui, il devient à l’instant sa victime ou son esclave ; en sorte que le premier phénomène que présente la première société, c’est un maître et un esclave, un bourreau et une victime, jusqu’à ce que par les années la force du plus âgé devienne faiblesse, et la faiblesse du plus jeune devienne force et oppression, que les rôles changent, et que l’esclavage alternatif passe de l’un à l’autre avec la force brutale. […] XXIII Mais à considérer la chose, même philosophiquement, cette égalité des partages change d’aspect, selon qu’on se place à l’un de ces trois points de vue très différents : L’individu, La famille, L’État. […] XXIV Si l’on considère au contraire les lois relatives au partage de l’héritage du point de vue de la famille, au lieu de le considérer du point de l’individu, la question change de face, et la concentration de la plus grande partie des biens dans la main des premiers nés, ainsi que la permanence d’une partie des biens dans la même famille sous le nom de majorat, qui n’est qu’un second droit d’aînesse, deviennent le droit commun dans tous les pays où la monarchie se perpétue et s’affermit elle-même par des institutions plus ou moins aristocratiques.
. — Je jugeai dès lors qu’il avait raison de parler de la sorte, et le temps ne m’a pas fait changer de sentiment. […] Elle saura bien changer son gouvernement comme un vêtement à sa taille, retirer à soi le pouvoir quand il lui paraîtra la conduire hors de sa voie ; redevenir république quand il lui faudra la force unanime et irrésistible du peuple pour opérer ces grands changements devant lesquels la monarchie, conservatrice de sa nature, faiblit ou recule ; reprendre la monarchie quand elle redoutera le radicalisme, qui compromet tout en exagérant tout ; le gouvernement représentatif quand il faudra délibérer et transiger ; la dictature quand il faudra pacifier ; le gouvernement militaire quand il faudra combattre. Sa puissance indestructible, aux yeux d’un vrai philosophe, est précisément de savoir se changer.
Le cygne y est mis en opposition avec l’aigle, l’un comme l’emblème de l’existence contemplative, l’autre comme l’image de l’existence active : le rhythme du vers change quand le cygne parle et quand l’aigle lui répond, et les chants de tous les deux sont pourtant renfermés dans la même stance que la rime réunit : les véritables beautés de l’harmonie se trouvent aussi dans cette pièce, non l’harmonie mais la musique intérieure de l’âme. […] « Enfin, quand elle arrive, la grande lutte, quand il faut à son tour se présenter au combat de la mort, sans doute l’affaiblissement de nos facultés, la perte de nos espérances, cette vie si forte qui s’obscurcit, cette foule de sentiments et d’idées qui habitaient dans notre sein, et que les ténèbres de la tombe enveloppent, ces intérêts, ces affections, cette existence qui se change en fantôme avant de s’évanouir, tout cela fait mal, et l’homme vulgaire paraît, quand il expire, avoir moins à mourir ! […] Madame de*** m’a bien dit : Allez-y si vous voulez, je comprends qu’un jeune homme de votre âge et qui fait des vers se prive avec peine de l’occasion de voir cette femme de génie ; mais je ne puis vous y conduire moi-même, on croirait ici et à Genève que je change de religion.
« Quelques lettres polies, quelques articles complaisants, ne doivent pas vous donner le change. […] Il faut faire tout son possible pour les changer en qualités : ce qui est bien différent. […] L’imagination continuant son travail, au bout de trois jours le succès se change en triomphe. […] Quand on éprouvera le besoin de changer de galimatias, le passé offrira des modèles qui auront le piquant du neuf. […] Le style arrange l’histoire à son gré, consacre la légende, change en vérités tous les mensonges. « Bien fou qui croit à l’histoire !
Il y mêle par acquit de conscience un intérêt quelconque, un fil d’intrigue qui ne change pas. […] La forme est ce qui change et passe le plus vite. […] La présence de l’enfant changerait, par exemple, de fond en comble la Denise, de M. […] Après la scène du suicide, la vie de Lucile et de son frère est changée. […] Les diverses façons dont on entend l’inspiration ne changent donc pas les résultats.
L’amant n’a guère changé. […] ne changeons rien aux lieux que tu aimes, Jacques ! […] Les événements se développent ; mais déjà peu à peu quelques-uns des caractères d’abord indiqués changent et se déforment. […] Elle ne sait pas composer une œuvre ; elle ne sait y conserver ni l’unité du sujet, qui change souvent, ni l’unité de ton dans les caractères qui s’altèrent sans cesse. […] Mais tout changeait quand elle avait la plume à la main.
J’exerçai une compression sur les troncs de ces nerfs ; à l’instant même, il survint un état d’engourdissement que le sujet disait éprouver dans tout le bras jusqu’aux doigts… Un autre, qui avait eu le bras droit écrasé par un boulet de canon et ensuite amputé, éprouvait encore vingt années après des douleurs rhumatismales bien prononcées dans le membre toutes les fois que le temps changeait. […] Ce sont celles des muscles de l’œil ; car sa forme et sa position sont capables de changements, et ces changements sont l’œuvre de ses appendices musculaires. — D’abord nous l’accommodons à la distance de l’objet, en le disposant de telle sorte que l’image lumineuse vienne tomber exactement sur la rétine, et non plus avant ou moins avant ; sinon la vision n’est pas distincte ; pour cela, nous changeons la courbure du cristallin, probablement en contractant le muscle ciliaire et les fibres musculaires de l’iris. — En outre, quand nous regardons le même objet avec nos deux yeux, ces deux yeux convergent plus ou moins, selon que l’objet est plus ou moins proche. […] Si l’ébranlement nerveux qui provoque la douleur change effectivement de place, la douleur semble changer de place ; les différences d’emplacement que le jugement ordinaire suppose à tort entre deux sensations sont précisément les différences d’emplacement que l’expérience physiologique établit avec raison entre les points de départ des deux ébranlements nerveux correspondants. — Ainsi notre esprit touche juste en visant mal, et ce que nous disons par erreur de nos sensations s’applique avec une exactitude presque absolue et presque constante à l’ébranlement nerveux qui leur est lié. […] Grâce à l’image associée des sensations musculaires qui conduiraient le toucher explorateur jusqu’au livre et tout le long du livre, la sensation de couleur, qui est nôtre, cesse de nous sembler nôtre et nous paraît une tache étendue située à trois pieds de notre œil. — Grâce à l’image associée des sensations de contact et de résistance qu’éprouverait alors le toucher explorateur, la tache nous semble une étendue solide. — Grâce à l’image associée des sensations qu’éprouverait en tout temps tout être semblable à nous, qui recommencerait la même expérience, il nous semble qu’il y a à cet endroit un quelque chose permanent, indépendant, capable de provoquer des sensations, et que nous appelons matière. — Ainsi naît le simulacre interne, composé d’une sensation aliénée et située à faux, d’images associées, et, en outre, chez l’homme réfléchi, d’une interprétation et d’un nom qui isolent et posent à part un caractère permanent inclus dans le groupe. — Ce simulacre change à chaque instant avec les sensations qui lui servent de support.
Les nombres proportionnels des représentants de chacune des espèces qui l’habitent changeraient presque immédiatement : quelques-unes de ces espèces prendraient une plus grande extension, tandis que d’autres pourraient s’éteindre. […] Mais si leurs conditions de vie viennent à changer et qu’ils subissent en conséquence quelques modifications, leur postérité ne peut arriver à l’uniformité typique qu’en vertu de la sélection naturelle agissant de manière à ne conserver dans la même localité que les sujets modifiés de la même manière. […] Le continent renouvelé a changé encore d’aspect général, tandis que la sélection naturelle s’emparait de ce nouveau champ d’action pour faire faire de nouveaux progrès à ses habitants et former de nouvelles espèces. […] Si ces diverses formes vivantes n’ont aucun avantage à progresser, elles ne feront donc aucun progrès ou progresseront seulement sous de légers rapports, par suite de l’action sélective qui tend seulement à les adapter de mieux en mieux à leurs conditions d’existence, mais nullement à changer à ces conditions. […] De ce qu’aucun des animaux ou des plantes de l’Égypte dont nous savons quelque chose n’a changé pendant ces derniers trois mille ans, on a voulu inférer qu’aucune autre espèce ne s’était modifiée en d’autres parties du monde.
La hiérarchie, selon lui, ne change pas, mais s’affaiblit par le réveil des démocraties, qui réduit les êtres supérieurs à la sécession. […] Au surplus, les idées et les sentiments évoluent ; le fond du tempérament ne change guère. […] Car non seulement il avait, comme tout le monde, le droit de changer, mais il n’a pas changé tant que cela et l’on aurait tort de trop regarder aux apparences. […] En son absence elle administre ses biens et change tout en or. […] Pierre Loti avait le plaisir de changer de milieu, sans devenir absolument un étranger et sans tomber radicalement dans l’inconnu.
Pour le parti vainqueur, intimider, terroriser, ruiner, montrer à chaque individu du parti adverse qu’il est perdu s’il y reste ; pour le parti vaincu, haïr, railler, calomnier, menacer, se ronger de « haine impuissante » jusqu’à ce qu’on change de rôle avec le parti vainqueur ; pour l’homme qui ne veut être d’aucun parti, être traité en adversaire parle parti vainqueur et par le parti vaincu également irrités de compter en vous un dissident et une voix de moins : voilà la vie sociale. […] Pour que Julien eût l’occasion de donner un coup de pistolet ou un prétexte à le donner, Stendhal a changé brusquement les caractères de Mme de Rénal, et de Mathilde et de M. de La Môle et de Julien. […] C’est bien là le caractère même et le rôle d’une aristocratie, pouvoir intermédiaire, et au fond pouvoir réel, qui permet que le général change sans que les cadres de l’armée soient ébranlés et sans que l’armée, par conséquent, se désagrège. […] Sa valeur est fixée jusqu’à ce que de nouveaux perfectionnements permettent de le faire en un moindre nombre d’heures, auquel cas sa valeur baisse ; mais l’unité de valeur ne change pas ; l’unité de valeur c’est toujours l’heure de travail. […] Il n’a pas songé un moment à changer la nature humaine, ce que tous les socialistes précédents, plus ou moins consciemment, ont voulu faire, ou ce que leurs systèmes les obligeaient préalablement à faire pour pouvoir être appliqués.
Mais ne changeons pas le sens des mots, ni surtout n’embrouillons les vrais noms des choses, et convenons franchement que si jamais héros de théâtre a suivi les mouvements de sa passion à l’encontre des injonctions de son devoir, c’est le mari de Pauline. […] Ainsi, la fin qu’ils poursuivent leur donne à eux-mêmes le change sur la nature des moyens qu’ils emploient, et ils ne les nomment point par leur nom, ces moyens, parce qu’ils ne les connaissent qu’à peine sous leur véritable aspect. […] Voyez couler ces flots dans cette vaste plaine, C’est le même penchant qui toujours les entraîne, Leur cours ne change point, et vous avez changé… N’est-il pas vrai que ces vers ne nous paraîtraient point si déplacés dans la bouche d’Hippolyte ou dans celle d’Aricie ? […] Elle n’a pas non plus empêché les conditions sociales de changer de rapports, la noblesse de s’appauvrir, le tiers-état de s’enrichir, l’homme d’argent ou l’écrivain de devenir des personnages. […] On peut bien les prendre pour ce qu’ils ne sont pas, mais non point pour un autre, et leur caractère peut bien changer d’aspect, mais ils ne répondent en tout temps qu’à leur nom.
L’intrigue change, grâce à l’inépuisable fécondité des auteurs, mais le fond demeure immuable. » C’est Mérimée qui s’exprime ainsi, et M. […] La bataille aura changé de face, la fortune aura changé de camp. […] D’époux indulgent d’une jeune femme, le voilà devenu mari indifférent et quinteux ; le père fendre s’est changé en un tyran domestique ; l’homme d’honneur est devenu un dépositaire infidèle. […] Mais c’est Molière qui l’a emporté ; son Tartufe a changé le sort du combat ; et ni la piété, ni l’éloquence., ni le génie même n’en ont pu rétablir la face et la fortune. […] « Il est quelquefois nécessaire, a-t-il dit, de changer certaines lois.
Ils croient imperturbablement au « cœur d’or » des fils de famille qui font des lettres de change à leur père. […] Et, comme cela les changeait un peu trop, quelques-uns l’ont prise pour une pensionnaire grondée par un vieux monsieur très imposant. […] Il y a quelques comédiens, — très peu, — qui semblent changer d’âmes en changeant de rôle. […] Les termes de la question posée changent subitement entre le deuxième et le troisième actes, sans que les sentiments du personnage à qui elle se pose en soient le moins du monde modifiés. […] Il lui dit : « D’un mot je puis changer ton amour en haine et me délivrer de ta reconnaissance qui est mon plus grand châtiment.
Les mots changent de sens comme les peuples changent de caractère et comme les hommes changent d’aspect extérieur. […] … C’est alors qu’elle change de nom, s’il vous plaît, et qu’elle devient quelque chose de plus que le talent. […] Ont-ils changé depuis ? […] Il faut bien qu’on change un peu. […] Il prouve que cet état social est arrivé à sa décomposition et qu’il faudra le changer très radicalement.
Alors tout change dans les bois et dans les vallées. […] Tout cela change absolument l’état de la question, et sert même, en dernière analyse, à confirmer le raisonnement de l’auteur. […] Les affections du cœur se changèrent bientôt en divinités d’autant plus dangereuses, qu’elles étaient plus aimables. […] Tandis que tout change dans le monde, il est beau que des âmes royales gardent incorruptible le dépôt sacré de la vérité et de la vertu. […] Changeons de langage, et venons au fait.
Elle veut changer de lit ; on lui en fait un petit dans sa ruelle. […] Il changea néanmoins le cours des événements, et il introduisit dans l’action de nouvelles figures. […] Il faut donc changer les richesses en aumônes et mériter les fruits toujours renaissants du Paradis. […] Sa haine contre Pépin s’apaisa et fut bientôt changée en bienveillance. […] Mais Sainte-Beuve ne manquait pas de changer le ton et de railler.
Mais, en faisant une exception pour elle, il pensait aux femmes de Paris quand il écrivait cette pensée qu’on vient de lire ; il avait en vue celles dont il a dit encore : J’ai comparé quelquefois les dames tenant cercle et recevant les flagorneries des hommes à un Grand Turc, et ces hommes frivoles et oisifs aux sultanes de son sérail lui faisant la cour et encensant tous ses caprices… ; tant le pouvoir rongeur de la société a changé les rapports et la nature des choses ! […] [NdA] Saint-Martin était si incapable de tout ce qui est affaires et du positif de la vie, qu’il a pu dire au vrai, et cette fois avec sourire : « J’ai un tel éloignement des affaires d’intérêt et des discussions avec les gens de finances et de commerce, que quand j’ai seulement une lettre de change à faire payer et qu’il faut la présenter, donner mon acquit et toucher ma somme, j’appelle cela un procès. » 51.
D’heureux combats partiels ne faisaient que retarder l’instant extrême, sans changer la situation. […] Il écouta son arrêt en souriant, traversa la ville de Nîmes avec le même air, priant le prêtre de ne pas le tourmenter ; et les coups qu’on lui donna ne changèrent point cet air, et ne lui arrachèrent pas un cri.
Les républicains n’ont pas pris le change : si quelques droits précieux ont été passagèrement suspendus, si quelques formes ont été violées, si quelques parties de la liberté ont été froissées, nous en accusons le royalisme ; c’est lui qui nous a poussés dans ces défilés où le danger semblait motiver l’oubli momentané de la loi. […] Généraux d’armée ou chefs de parti, tous les Antoines qui changent de manœuvre au milieu de l’action pour suivre la galère d’une Cléopâtre se font mépriser.
Dans le temps où Rousseau aigri accusait tout bas Mme de Luxembourg d’avoir changé à son égard, elle recevait de Voltaire, offensé de la protection qu’elle continuait d’accorder à son rival, une lettre jalouse. […] Réellement, elle est changée en bien, à ne la pas reconnaître.
Avoir le cœur séparé de soi-même, être maintenant en paix, ores en guerre, ores en trêves ; couvrir et cacher sa douleur ; changer visage mille fois le jour ; sentir le sang qui lui rougit la face, y montant, puis soudain s’enfuit, la laissant pâle, ainsi que honte, espérance ou peur nous gouvernent ; chercher ce qui nous tourmente, feignant de le fuir, et néanmoins avoir crainte de le trouver ; n’avoir qu’un petit ris entre mille soupirs ; se tromper soi-même ; brûler de loin, geler de près ; un parler interrompu ; un silence venant tout à coup : ne sont-ce tous signes d’un homme aliéné de son bon entendement ? […] Y aurait-il eu un jour, une heure où, regardant au fond de ce cœur trop confiant en sa flamme, elle l’eut trouvé changé, refroidi, presque méconnaissable, et aurait-elle jamais consenti, condescendu par degrés au sentiment doucement attristé qui inspira à de plus humbles et à de plus résignées des vers comme ceux-ci : Serait-ce un autre cœur que la Nature donne A ceux qu’elle préfère et destine à vieillir ?
(Rouen), bien près de toi, comme tu vois, chez de vieilles amies et parfaitement ignoré, bien doucement, bien choyé, tel qu’il faut qu’il soit pour que je n’aie point à m’inquiéter, mais dans un état moral si triste, si accablant, que je ne puis sortir d’ici que pour me rendre à ses côtés. » C’est en ce sens qu’elle entend les fers qu’il lui faudrait reprendre et dont elle ne ferait que changer, — les chaînes du devoir ! […] si l’on pouvait faufiler un peu de surnaturel et un aperçu de révélation dans cette mort si fière et si claire, comme bien des gens seraient disposés à s’adoucir envers la noble femme et à changer de langage !
On crut qu’en me faisant changer de climat et d’habitudes, mon génie se changerait.
Pauline, n’être que poëte, n’être qu’artiste au milieu de toutes les faims dévorantes des ours et des loups qui courent les rues… J’ai l’âme triste comme la tienne, et je crois que c’est tout dire… » Dans les trois ou quatre dernières années de sa vie, Brizeux avait notablement changé ; après chaque disparition, il revenait autre et presque pas reconnaissable, plus saccadé, plus brusque, plus négligé : ces longues solitudes ne lui étaient pas bonnes. […] Et puis, à partir d’Alfred de Musset, se tranchait plus nettement la ligne de démarcation profonde qui allait séparer les générations nouvelles de leurs aînées ; les sources et le courant de l’inspiration changeaient, et des anciens aux jeunes on ne s’entendait plus à demi-mot.
Chaque époque a sa folie et son ridicule ; en littérature nous avons déjà assisté (et trop aidé peut-être) à bien des manies ; le démon de l’élégie, du désespoir, a eu son temps ; l’art pur a eu son culte, sa mysticité ; mais voici que le masque change ; l’industrie pénètre dans le rêve et le fait à son image, tout en se faisant fantastique comme lui ; le démon de la propriété littéraire monte les têtes, et paraît constituer chez quelques-uns une vraie maladie pindarique, une danse de saint Guy curieuse à décrire. […] Quant au fond de la requête, il est le même chez nous ; mais que le ton a changé !
Juvénal, flétrissant d’indignes sénateurs, Exhalait en beaux vers ses chagrines humeurs ; Je le sais ; mais tout change, et, de nos jours, pour cause, L’ultrà Sauromatas se serait dit en prose137 ; Sinon tu pourrais bien voir au Palais-Royal Un pamphlet rouge ou blanc éclipser Juvénal. […] Je porte dans mon sein le poison qui me tue ; Changerais-je de sort en changeant de soleils ?
Il n’avait pas changé son culte, il l’avait agrandi. […] Je disais tout à l’heure que, pour la question littéraire, la révolution de 1830 avait coupé court et changé les conditions de succès ; je ne me suis pas assez expliqué peut-être.
La souffrance de Mme de Pontivy se changea par degrés en une délicieuse rêverie qui elle-même, à la fin, disparut dans une joie charmante. […] Les assiduités de M. de Murçay, même lorsqu’elles devinrent continuelles, changèrent peu de chose à la situation extérieure de Mme de Pontivy.
Il ne croit pas pouvoir changer l’homme, il ne se pique même pas de le sonder trop à fond ; mais il le sent tel qu’il est, et il tâche d’en tirer parti. […] S’il est vrai, comme on l’a dit, que plus tard, les circonstances européennes étant changées, Catherine, pour mieux déjouer la mission de M. de Ségur à Berlin, ait envoyé au roi de Prusse les billets confidentiels dans lesquels l’ambassadeur de France avait autrefois raillé les amours de ce neveu du grand Frédéric, elle ne fit en cela sans doute que suivre les pratiques constantes d’une politique peu scrupuleuse ; mais elle put bien y mêler aussi tout bas le plaisir de se venger d’un ancien dédain.
Mais la tactique change, les attaques deviennent plus dirèctes et plus hardies. […] Sauf la religion qu’il combat à outrance, parce qu’il ne voit pas de compromis possible entre l’Église et la raison, il ne prétend pas changer les bases actuelles de la société.
La manœuvre seule a changé. […] Mais les jeunes gens sont prompts et exigeants et leur désir d’admiration, s’il est déçu, se change vite en rancune.
Henri IV, le Béarnais sceptique et narquois, l’adroit politique qui changeait de religion comme on change d’habits, l’homme qui appelait cela « faire le saut périlleux » et calculait que « Paris vaut bien une messe », a été par Voltaire transfiguré, je dirais presque défiguré, en héros dont la gravité ne se dément pas une minute.