Mallarmé, quand elle est belle, le demeure incomparablement. […] Maurice Le Blond Quant à la forme poétique dont il usa pour parfaire de beaux poèmes comme Apparition, les Fleurs ou ce fragment d’Hérodiade que jamais il n’eut l’audace et la foi d’achever, ce serait une grossière erreur de croire qu’elle lui appartient en propre. […] Professeur, il enseigna, afin de conserver sa belle indépendance, l’anglais aux enfants d’un collège. […] Il l’était de par sa nature élégante et hautaine, qui donnait tant de grâce fière au moindre de ses gestes, tant de finesse à son sourire, tant d’autorité à son beau regard lumineux. […] Joachim Gasquet Le monde est fait pour aboutir à un beau livre, a dit Stéphane Mallarmé.
Il convenoit d’embellir ce monument de belles inscriptions ; mais l’embarras fut extrême, parmi les sçavans, pour décider quelle langue, de la Françoise ou de la Latine, étoit la plus propre à remplir cet objet important. […] Cependant la harangue faisoit beaucoup de bruit, même parmi les gens du monde, de qui les plus beaux discours de collège sont presque toujours ignorés. […] On se fondoit, pour être de cet avis, sur ce que le François est le plus beau langage de l’univers. […] On a comparé les talens de nos bons écrivains à celui de nos femmes, qui, sans être plus belles que les autres femmes de l’Europe, le paroissent davantage ; parce qu’elles se mettent mieux, qu’elles ont porté plus loin l’art de la parure & saisi plus surement les graces nobles, simples & naturelles. […] Ménage fit courir ces vers : La pauvre langue Latiale Alloit être troussée en mâle, Si le bel avocat Bélot, Du barreau le plus grand falot, N’en eût pris en main la défense, Et protégé son innocence ; En quoi, certes, & sa bonté, Et son zèle, & sa charité, Se firent d’autant plus paroître, Qu’il n’a l’honneur de la connoître.
Après avoir cité des passages des Pensées pleins de belles antithèses, nous concluons formellement par ces mots : « On voit le profit qu’on peut tirer de ce magnifique style. » Voilà comment nous déconseillons la lecture de Pascal « comme du temps perdu ». […] Belle raison ! […] Beaux principes à proposer aux débutants et aux élèves, dont on veut former l’esprit littéraire. […] N’en déplaise à tous nos beaux sceptiques, je suis convaincu que le goût existe. […] Ainsi, nous sommes tous à peu près d’accord sur les beautés de Corneille, Molière, Homère, Racine, Cervantès, Tacite, Virgile, Montaigne, Pascal, Bossuet, Chateaubriand et tant d’autres, et M. de Gourmont aura beau nier La Fontaine et se demander si c’est de la poésie, la beauté de La Fontaine reste fixe, et même éternelle, malgré M. de Gourmont.
Cet homme de haute taille, d’une belle et noble physionomie, à l’air martial et intelligent, portait boucles d’oreilles. […] il a beau nourrir de nobles désirs et des ambitions généreuses, il ne sera plus que le vétéran des élégances, le dernier des chevaliers d’autrefois37. […] On pleurera le meilleur des hommes dans Louis XVI, la plus belle et la plus parfaite des reines, des milliers de victimes, on servira Dieu mieux qu’auparavant, et on respectera plus son souverain. […] Un jour, le prince de Ligne s’aperçut que deux belles Juives, chez qui il allait souvent, demeuraient bien haut ; il leur écrivit un petit billet le plus dégagé possible, par lequel il prenait congé d’elles à l’avenir, leur disant : « Adieu ! […] On se trouve si loin, si loin de ces beaux moments qui ont passé si vite, et qu’une chanson qu’on a entendue alors, un arbre au pied duquel on a été assis, rappellent en faisant fondre en larmes !
Un ciel pur et un soleil méridional leur donnent une gaieté et un attrait pour la vie, qui est peu concevable pour nous qui apportons toujours dans les plus beaux lieux un principe de mort. […] On ne peut pas cependant leur ôter une belle dose d’imagination et d’idées particulières. […] Aux environs de Florence, les paysannes, « qui sont, à la vérité, très propres et très gracieuses, disait-il », ne lui semblaient pas avoir le type du beau italien. […] Il a là-dessus des pages d’une belle et sincère théorie, qui est à méditer. […] Je suis heureux de voir la nature aussi belle et noble.
Je ne sais si l’on a assez noté que ce roi, réputé le plus beau de sa Cour et de son temps, était assez fort gravé de la petite vérole. […] Il a l’air et le port d’un monarque, les cheveux presque noirs, taché de petite vérole, les yeux brillants et doux, la bouche rouge ; et avec tout cela, il est parfaitement beau. […] On a beau être roi, on est homme, on est jeune homme et sujet à tous les maux et à toutes les disgrâces des jeunes fils d’Adam. […] La petite vérole l’a sinon grêlé, du moins sensiblement gravé dans son beau visage. […] Il discerne d’abord et rétablit, dans une page médicalement fort belle, la qualité du tempérament du roi que d’Aquin avait méconnue ; il change son régime.
Il avait une sœur naturelle, légitimée, fille d’Auguste II et d’une danseuse, la princesse de Holstein ; séparée de son mari, elle avait longtemps vécu à Venise, et c’était lui qui, en un jour de belle humeur et de bienveillance, l’avait fait venir à Paris, il l’avait même installée à sa terre des Pipes (ou Piples), il avait fait donner un régiment à son fils. […] Les plus beaux lauriers sont souvent les plus tardifs. […] Le maréchal de Saxe, en se consumant trop tôt, en se tuant (car il a été le bourreau de lui-même), a manqué sa plus belle lutte, sa plus décisive épreuve, celle où, quelques années plus tard, il aurait eu le grand Frédéric pour vis-à-vis et pour digne antagoniste. […] Elle a toujours été mon inclination, et il y a longtemps que je lui destine la couronne de France, qui est un morceau assez beau ; et le prince qui la portera un jour est beau aussi (??). […] L’ancien régime ou, pour mieux parler, la vieille France, lui a dû ses derniers beaux jours de guerre heureuse, ses derniers rayons de gloire à la veille de la décadence extrême, déjà commencée.
Il fait un petit tableau qui devait être très beau à citer dans les écoles du temps, comme nous ferions d’une belle page descriptive de Bernardin de Saint-Pierre ou de Chateaubriand. […] Toutes les anecdotes de Pline ne sont sans doute pas aussi délicates et aussi belles, et il y en a pour les goûts les plus divers. […] Ses lettres, que chacun peut lire dans l’agréable traduction de Sacy, nous offrent tous les détails de la vie publique, de la vie domestique et littéraire d’un Romain éclairé et honnête homme, sous Trajan, à la belle époque finissante de l’Empire. Jamais le sentiment littéraire proprement dit, la passion des belles études et de l’honneur qu’elles procurent, jamais l’amour de l’honnête louange, le culte de la gloire et de la postérité, n’a été poussé plus loin et plus heureusement cultivé que chez Pline le Jeune. […] Il est peu de sujets de la vie, et surtout de ceux qui tiennent à l’habitude des choses de l’esprit, sur lesquels il ne nous offre quelque pensée ingénieuse, brillante et polie, une de ces expressions qui reluisent comme une pierre gravée antique, ou comme les blancs cailloux qu’il se plaît à nous montrer en nous décrivant les belles eaux de ses fontaines.
Si jamais l’âme de l’homme a pu être comparée à un courant d’eau changeant et rapide, c’est assurément de nos jours : les grands poètes de notre âge, en particulier, sont de grands fleuves, et M. de Lamartine est le plus large et le plus beau de tous. […] Mais enfin il a beau faire et se vouloir métamorphoser, les tons dominants et primitifs chez lui sont encore des tons d’éclat, d’harmonie et de lumière. […] Tout le portrait de Louis XVIIl est ainsi traité avec cette exagération et cette charge dans un autre sens, cette charge en beau. […] M. de Lamartine, dès son premier livre, a de beaux portraits : il rencontre M. […] Ce sont là de belles et justes pensées, admirablement exprimées.
Grand, bien fait et d’une belle taille s’il s’était mieux tenu, avec une figure à longs traits expressifs et fortement marqués, laquelle exprimait la bonhomie, et qui aux clairvoyants eût permis, par éclairs, de deviner de la force ou de la grandeur, il se laissa aller, durant cette première partie de sa vie en province, au hasard des compagnies et des camaraderies qu’il rencontrait. […] Il avait, certes, ses distractions, ses ravissements intérieurs, son doux enthousiasme qui l’enlevait souvent loin des humains ; le jour où il faisait parler dame Belette et où il suivait Jeannot Lapin dans la rosée, ils lui semblaient plus intéressants tous deux à écouter qu’un cercle de beau monde ou même de brillants esprits. Mais quand La Fontaine n’était pas dans sa veine de composition, quand il était arrêté sous le charme auprès de quelqu’une de ces femmes spirituelles et belles qu’il a célébrées et qui savaient l’agacer avec grâce, quand il voulait plaire enfin, tenez pour assuré qu’il avait tout ce qu’il faut pour y réussir, au moins en causant. […] Sortira-t-il de la lutte amoindri et tant soit peu diminué en définitive, et cette belle poésie première de Lamartine, qui a excité tant d’émotions, fera-t-elle baisser d’un cran la sienne, si naturelle, si précise et si parlante ? […] Le Lac, si admirable d’inspiration et de souffle, n’est pas lui-même si bien dessiné que Les Deux Pigeons ; et, quand j’entends réciter aujourd’hui, à quelques années de distance, quelqu’une de ces belles pièces lyriques qui sont de Lamartine ou de son école, j’ai besoin, moi-même qui ai été malade en mon temps de ce mal-là, d’y appliquer toute mon attention pour la saisir, tandis que La Fontaine me parle et me rit dès l’abord dans ses peintures : Du palais d’un jeune Lapin Dame Belette, un beau matin, S’empara ; c’est une rusée.
J’ai promis que je vous montrerais en cette belle prose les plumes tombées de l’aile d’Éloa, la muse évanouie, mais ressouvenue, mais ressentie toujours. […] J’arrive ainsi au livre le plus beau d’Alfred de Vigny prosateur, et peut-être au livre le plus beau du siècle, si la beauté suprême c’est la bonté, comme je le crois. […] Il a montré le soldat dans son obscurité, dans sa patience, dans son abnégation, dans son héroïsme d’humilité, plus beau et plus difficile que l’héroïsme de la vaillance. […] aussi inutile qu’elle est belle ? […] A ce point de vue, pour les esprits, pour les rares esprits qui y comprendront quelque chose, rien de si beau et de si navrant que ce livre… depuis Pascal !
Ballanche, l’évolution de ce beau et difficile génie est tellement spontanée dans sa lenteur, que c’est un charme infini de le suivre à travers les essais et les préparations, tandis qu’il s’ignorait encore lui-même. […] Ballanche, elle trouva donc toutes ces belles formes éparses, ces antiques images déjà préparées ; quand le Dieu parut, il y avait des marbres et des statues pour un temple. […] Si vous voulez examiner ce beau jugement et le confronter au mien, vous y verrez la preuve évidente de ce caractère hybride que je vous reprochais tout à l’heure. […] … » Tout ce morceau est d’une haute vigueur de pensée et d’une belle effusion de cœur : je me figure le geste clément de Fénelon s’il avait béni le cercueil de Bossuet et proféré son oraison funèbre. […] Ce mal est si beau dans de tendres jeunesses, il tient de si près au dévouement et à l’amour des hommes, il est, pour ainsi dire, si sacré, qu’on est tenté de l’envier pour soi, bien loin d’essayer chez d’autres de le guérir.
Pas une goutte de sang, pas un crime contre la propriété, pas une ruine dans nos colonies n’attrista cette belle action de la patrie. […] L’Ohio, le roi des fleuves, reflétait dans ses eaux paisibles ces belles teintes automnales qui dorent et bronzent les feuillages, à l’approche de l’hiver. […] J’avais là tous les objets de mes affections, et cette belle nature nous souriait. […] Je me trouvais entre Shawancy et la crique du Canot ; le temps était beau ; l’air était doux ; je chevauchais lentement. […] Je vais vous apporter cela… Mais que votre montre est belle et brillante !
Ses livres, tels qu’on les possédait, avaient beau être mutilés, altérés ; en vain sa pensée arrivait-elle trouble et incertaine à travers la traduction latine d’une traduction arabe. […] Elle n’a plus la même raison d’être qu’autrefois dans une époque où le bon usage a cessé d’être « le bel usage », où le dédain du populaire est un sentiment suranné, où la liberté en tout domaine a été revendiquée avec passion. […] Aidé de Molière, qui avait donné le premier coup de balai, de Racine, de Furetière, qui mordaient à belles dents, il chassait gaillardement hors de son chemin les illustres de l’époque précédente. […] Ils sont convaincus qu’ils ont enfin trouvé le beau suprême, le beau absolu. […] Ce fut un des plus beaux naufrages poétiques que l’histoire de la littérature ait enregistrés.
À propos de la question d’ailleurs subsidiaire de savoir si Rimbaud était beau ou laid, M. […] Évidemment il se « vieillissait » pour mieux plaire à quelque belle… de, très probablement, son imagination. […] L’admiration, le charme et… quelle belle et bonne (c’est ici le cas) horrification ! […] Quelle belle chose aussi que ce drame, en dehors de toute préoccupation d’école et de tradition ! […] Huysmans un paragraphe d’approbation qui vaut des volumes de la part de ce très compétent mais si sévère ami du Beau intelligent.
Beau, très beau. […] Deux groupes de femmes en plâtre, pour des chandeliers ; belles figures, d’un caractère simple, noble et antique.
de l’unité d’action. l’unité d’action fait sans doute un fort bel effet dans un poëme. […] Voilà une belle idée de la justice divine. […] Ce n’est pas assez pour lui que les choses soient belles, il faut encore qu’elles soient en place. […] Racine ne sçeussent exprimer en beaux vers un sens raisonnable ? […] à la reine ma femme. et pourquoi cette belle préférence ?
Mais on peut prendre plaisir aussi à dessiner de belles notes, avec de belles clefs, de belles accolades, de belles croches, de beaux dièzes… Le jeune Marseillais Eymar s’émerveillera, en 1774, sur la perfection des copies musicales de Rousseau. […] il a beau évoquer tous ses souvenirs d’amour. […] avoir enfin un bel amour ! […] La discussion est très serrée et fort belle. […] que ses belles amies l’agacent par ressouvenir !
Le bel art de l’Eloquence ne fit que dégénerer depuis Pline. […] Ne prétendez pas réussir en nous flattant l’oreille par un bel étalage de fins mots. […] “Quel beau génie, dit Mr. l’Abbé Trublet ! […] C’est qu’en effet les beaux Arts élévent l’ame ; la culture de l’esprit en tout genre anoblit le cœur. […] Son pere lui répondit avec autant de finesse que de goût : Le défaut de votre ouvrage est d’être trop beau ; il seroit moins beau si vous le retouchiez encore.
Cette perle d’une belle eau à propos de maçon et de puits a fait sourire. […] Il eut là de beaux jours, de brillantes et merveilleuses soirées. […] Belle louange pour un historien ! […] Chaque génération de jeunes gens qui survient dit : Mes vers sont les plus beaux, comme ils disent : Ma maîtresse est la plus belle. […] Sainte-Beuve a eu des peurs bleues, je veux dire rouges, car telle est de nos jours la couleur des belles peurs.
Déjà renommé à Paris pour sa traduction des Lettres de Coxe, accueilli par le meilleur monde, devenu le guide de toute cette belle société qui se prenait d’amour pour la nature de Suisse et pour les glaciers, il attira nécessairement l’attention du cardinal prince de Rohan, évêque de Strasbourg, qui fut flatté de trouver dans un jeune Alsacien de si grands talents, et qui se fit un honneur de l’attacher à sa personne. Le cardinal de Rohan, beau, brillant, de la plus noble libéralité et de la plus gracieuse prévenance, spirituel même si on ne s’arrêtait qu’à l’air et au-dehors, était un très grand seigneur des plus sujets à être séduit. […] Ainsi, en montant le pic du Midi, le voyageur arrivé à une certaine élévation se trouve avoir atteint à un beau réservoir d’eau appelé le lac d’Oncet, et où la nature commence à prendre un grand caractère ; il en fait voir en peu de mots l’encadrement, et en quoi ce nouveau genre de beauté consiste : C’est un beau désert que ce lieu : les montagnes s’enchaînent bien, les rochers sont d’une grande forme ; les contours sont fiers, les sommets hérissés, les précipices profonds ; et quiconque n’a pas la force de chercher dans le centre des montagnes une nature plus sublime et des solitudes plus étranges prendra ici, à peu de frais, une idée suffisante des aspects que présentent les monts du premier ordre. […] Tel est le premier des beaux et grands paysages de Ramond, par lesquels il exprime dans ses différences avec les Alpes la nature pyrénéenne. Il y mêlera des personnages, des figures selon la rencontre, le berger basque, plus tard le contrebandier aragonais : En ce moment (au moment de la descente), deux jeunes montagnards nous abordèrent ; beaux et bien faits, ils marchaient pieds nus avec cette grâce et cette légèreté qui distinguent éminemment les habitants des Pyrénées.
La petite exhortation que, dans ses mémoires, Montluc adresse ensuite, selon son usage, aux gouverneurs et capitaines qui le liront, est piquante de verve et brillante de belle humeur ; il ne veut point qu’ils cherchent des prétextes autour d’eux, qu’ils se déchargent de leur reddition sur les bourgeois qui les y ont forcés, ou sur leurs soldats qui étaient à bout de combattre : Ce ne sont qu’excuses, ce ne sont qu’excuses, croyez-moi : ce qui vous force, c’est votre peu d’expérience. […] Au commencement de la belle résolution que ce peuple fit de défendre sa liberté, toutes les dames de la ville de Sienne se départirent en trois bandes : la première était conduite par la signora Forteguerra, qui était vêtue de violet, et toutes celles qui la suivaient aussi, ayant son accoutrement en façon d’une nymphe, court et montrant le brodequin ; la seconde était la signora Piccolomini, vêtue de satin incarnadin, et sa troupe de même livrée ; la troisième était la signora Livia Fausta, vêtue toute de blanc, comme aussi était sa suite, avec son enseigne blanche. Dans leurs enseignes elles avaient de belles devises : je voudrais avoir donné beaucoup et m’en ressouvenir. […] M. de Termes, qui m’en a souvent fait le conte (car je n’étais encore arrivé), m’a assuré n’avoir jamais vu de sa vie chose si belle que celle-là ; je vis leurs enseignes depuis. […] Pendant qu’il le soutient, et indépendamment des assauts du dehors, Montluc a au-dedans à se tirer de deux circonstances difficiles : dans la première, il lui faut renvoyer les troupes allemandes qui s’accommodent peu du jeûne et qui vont affamer trop tôt la place : il les fait sortir de nuit avec adresse, et sans rien communiquer au Sénat ; et il raccommode ensuite cette dissimulation par de belles paroles, si bien que le courage des habitants n’est point ébranlé, mais bien plutôt accru par cette diminution de défenseurs.
Chacun s’empresse d’en être ; nous avons la composition de cette brillante armée, dont la tête est formée de princes et des plus beaux noms de noblesse et de guerre. […] Eh bien même à travers cette guerre immense et laborieuse, les années 1691, 1692, 1693, sont encore fort belles, et continuent de donner une bien haute idée de Louis XIV. […] C’est encore un beau siège classique, régulier, modéré, courtois. […] Cette année 1692 nous offre aussi le très beau combat de Steinkerque, livré le 3 août par le maréchal de Luxembourg. […] Racine se figure que le soleil n’a jamais éclairé un égal rassemblement de troupes ni un pareil ordre de bataille ; mais, en fait de revues, écoutez ceux qui en reviennent, la dernière est toujours la plus belle.
L’ancienne tradition s’étant rompue, la nouvelle n’ayant pris ni le temps ni le soin de s’établir, il en résulte une grande incertitude dans les jugements : une très belle œuvre, neuve et émouvante, saisirait sans doute et réunirait les esprits, mais de simples vers où il y a du talent n’ont plus ce pouvoir. […] Il y en a qui sont allés jusqu’aux Orientales et pas au-delà ; il y en a qui sont allés jusqu’aux Feuilles d’automne et qui croient encore que ç’a été là sa plus pleine et sa plus belle saison. […] …, d’envoyer des missionnaires à la recherche de toutes les belles choses encore inconnues dans le monde (mais c’est là encore une direction bien incertaine !) […] La critique a beau gourmander, frapper comme ici du pied et du poing, le dieu souffle où il lui plaît. […] Il y a de beaux vers, surtout des poussées éloquentes.
Ballanche aussi tient une grande place et a un beau rôle dans cette correspondance. […] Mais il le lui conseillait en des termes d’un bien beau choix, et avec une poésie digne de son objet : Comment voulez-vous, en effet, lui disait-il, que j’aie quelque confiance en moi, si vous n’en avez pas en vous, vous que je regarde comme si éminemment douée ! […] À quoi servent les souvenirs, si ce n’est pour perpétuer ce qui est beau et bon ? […] Je commence cette lettre le mercredi saint au soir, au sortir de la Chapelle Sixtine, après avoir assisté à Ténèbres et entendu chanter le Miserere, Je me souvenais que vous m’aviez parlé de cette belle cérémonie, et j’en étais, à cause de cela, cent fois plus touché. […] C’est une belle chose que Rome pour tout oublier, pour mépriser tout et pour mourir.
L’imagination a beau jeu, on le conçoit, pour grouper à sa fantaisie les nuages et les assembler en toutes sortes de figures monstrueuses ou grandioses à ces horizons les plus lointains de l’histoire. […] Ici de belles pages plus générales viennent consoler, cependant, de cette histoire allégorique et mystique si prolongée, et qui nous paraît, malgré tout, un peu dure : c’est un coup d’œil jeté sur l’état du monde avant la venue du Messie, sur la préparation graduelle des esprits à le recevoir. […] Quelle plus belle définition, quelle plus noble intelligence de ce qu’on appelle esprit public que dans ce passage de Bossuet ! […] Ainsi ce Mithridate qui fournit matière à un si beau chapitre chez Montesquieu, n’est pas même nommé chez Bossuet. — A propos du Droit romain, des lois romaines qui ont paru si sages et si saintes que leur majesté a survécu à la ruine même de l’Empire, Bossuet a ce beau mot, souvent cité : « C’est que le bon sens qui est le maître de la vie humaine « y règne partout. » La fin de cette troisième partie peut paraître brusquée. […] De loin, il s’élèvera et paraîtra de plus en plus, aux regards d’une postérité qui aura, je le suppose, bien d’autres visées, comme une colonne, ou mieux une double ou triple pyramide un peu singulière d’aspect ; mais en approchant, en le considérant de près, que de belles et grandes choses on y retrouvera, dites pour la première fois et de cette manière durable et superbe qui ne saurait s’imiter !
Aalis tôt se leva — Bonjour ait qui mon cœur a — Beau se vêtit et para, Dessous l’autnoie. […] C’étaient des romances aussi qui consolaient les femmes assises à filer dans l’écrasant ennui des jours monotones : belle Eglantine « devant sa mère cousait une chemise » ; belle Amelot « seule en chambre filait ». Belle Amelot en chantant nomme son ami, et sa mère l’entend : belle Eglantine ne nomme pas le sien ; mais à voir son « gent corps », sa mère ne peut douter qu’elle en ait un. Après plus ou moins de paroles, belle Eglantine a son Henri, et belle Amelot son Garin. Belle Erembour à sa fenêtre voit passer le comte Renaud, qui l’a abandonnée.
En tous les lieux où il allait, sa belle et douce figure, sa physionomie vénérable et tendre, et comme doucement rayonnante, le faisaient aimer : des disciples chéris s’attachaient à lui et ne le quittaient plus. […] Il serait fastidieux de donner ici un abrégé de querelles qui n’ont d’intérêt que par leur développement même, et dont M. de Rémusat a su faire de beaux et instructifs chapitres de l’histoire au Moyen Âge. […] Il y a un beau mot de l’abbé Sieyès qui dit que « nos langues sont plus savantes que nos idées », c’est-à-dire qu’elles font croire par quantité d’expressions à des idées qu’on n’a pas, et sur lesquelles s’épuisent ensuite de grands et profonds raisonneurs. […] Mais je ne veux pas quitter son livre (toute philosophie à part) sans le louer encore d’un travail historiquement si impartial, si sérieusement intéressant, et qui fait pénétrer si bien dans une des plus belles et des plus paisibles intelligences du Moyen Âge. […] Royer-Collard, on peut le croire, était injuste, car il parlait d’un régime où, à défaut d’élévation, il se faisait encore de belles applications de talent et où il se poursuivait bien des études honorables.
Avec le dix-septième siècle nous reprenons l’avantage que nous avions eu sans conteste au douzième et au treizième ; à la fin du dix-huitième siècle, au commencement du dix-neuvième, l’Allemagne l’emporte, mais depuis 1820 la France a repris et conservé victorieusement cette souveraineté des beaux vers. […] Si bien que chez nos voisins la langue nationale a beau prendre son essor, la tradition de nos paladins s’impose à ses poètes et à ses conteurs et de récits en récits vient aboutir à Pulci et à Boiardo. […] Et si les étrangers parurent désapprendre leur génie national, ils ne firent en réalité que le retremper à la meilleure des disciplines, à la seule école où se fût accomplie depuis l’antiquité la grande harmonie du Vrai et du Beau ! Le culte du Beau parut décliner au dix-huitième siècle : ce fut au Vrai que se consacra surtout l’effort des intelligences qui firent ce siècle si grand. […] Consulter à ce sujet la belle leçon d’ouverture du cours de M.
la belle et périlleuse tentative ! […] La belle leçon de « dessin » ! […] le bel art mouvant ! […] Que cela eût été beau, si cela eût été vrai ! […] Quelqu’un réunira peut-être les beaux vers de M.
Un tel caractère est digne des plus beaux jours de l’antiquité. […] On dit même que les eaux du Paraguay rendent la voix plus belle. […] Une telle allégorie est belle, sans doute ; mais le reste cache des vérités plus sublimes encore. […] Le caractère de Sully était plus beau que les trois premiers. […] Lucain n’a rien de plus beau dans les endroits où les gens de goût peuvent l’admirer.
On se dit que la Henriade est une belle chose, transparente, rafraîchissante et lumineuse. […] C’est une belle théorie ! […] Ce sera une simple exposition de vers littérairement criminels, car le beau a ses lois inviolables. […] Seulement, sur cette vieille erreur de la métempsychose, il pouvait trouver de beaux vers. […] Aujourd’hui, dans cette traversée des siècles, pendant laquelle il a brûlé les plus beaux endroits en ne s’y arrêtant pas, M.
— parce qu’ils sont fort beaux. […] de cette pauvre rime, comme on dit chez nous : vous m’en apprenez de belles sur son compte ! […] Il aura, par exemple, beau dire et beau faire : je ne me le représenterai jamais renonçant à la rime, sous le prétexte qu’elle lui commande l’image ou la pensée. […] José Maria de Heredia, vision de calme, belle et impeccable statue, funéraire, mime froidement l’enthousiasme. […] Tennyson en anglais, Leopardi en italien ont fait des vers blancs métriques qui sont très beaux.
L’avenir s’annonçait très beau pour lui. […] C’est plus beau ; elle, c’est un holocauste. […] La belle raison ! […] les beaux peupliers ! […] Elles sont belles.
bel et bon enterrement ! […] « Une belle forme est une belle idée, dit-il ; nous ne comprenons pas l’artiste qui ne cherche pas le beau. […] Les diamants sans les belles ne sont plus que des cailloux. […] Suis-je un naïf qui se laisse prendre à de belles paroles ? […] Voilà-t-il pas une belle suite dans les idées !
C’est la faute des acteurs : ce qui est bon à jouer n’est souvent pas bon à lire ; mais une tragédie belle à la lecture est nécessairement belle à la représentation, quand les acteurs sont capables de la jouer, et les spectateurs capables de la juger. […] S’il en était ainsi, que les belles seraient sincères ! […] Les pièces de Corneille me paraissent de belles églises gothiques. […] Aurait-il pu, en conscience, appeler belle une copie aussi difforme, aussi monstrueuse ? […] Quel beau privilège pour Calderon d’avoir été imité lui-même sans imiter personne !
En tout cas, c’était beau, et j’en ai gardé un éblouissement. […] Mes cris amusaient ces deux stupides filles, qui continuaient de plus belle. […] — De quel pays es-tu, pour être si belle ? […] On avait permis à Catherine, pour qui c’était doublement fête, de revêtir ce jour-là son beau costume national, cramoisi et or, qui la faisait si belle. […] On avait beau s’attendre au malheur, c’était dur tout de même, quand il arrivait.
Les camarades ne voyaient alors en lui qu’un poète futur ou qu’un preux chevalier, je dirais presque un jeune et beau Danois, pour me servir du langage de l’époque. […] Il s’indignait même à la seule pensée de la résistance de Paris et faisait les plus belles phrases de rhétorique du monde sur le boulet qui viendrait éclater au milieu du musée et détruire les plus beaux chefs-d’œuvre de l’art, etc., etc. […] une belle illusion de sa poétique imagination.
Le chemin ombragé, c’est toi, mon bel enfant, Toi plus doux à mon cœur que le soupir du vent, Ou le bruit des mers refluées. […] J’ai la vieille Bretagne avec ses bruits si beaux, Ses maisons du Seigneur, au milieu des tombeaux, Comme des mères de familles Assises au milieu de leurs enfants aimés, Au soir d’un de ces jours où les cieux allumés Ont chauffé le fer des faucilles. J’ai les amis venant en automne au manoir ; J’ai, devant le foyer, les lectures du soir, Et l’étude des saintes choses ; J’ai, quand le vent gémit dans le long corridor, La prière dans l’ombre et de beaux songes d’or Sur la couche où tu te reposes. […] En France, on n’arrive au beau qu’avec des lignes terminées.
Au-dessus de la gaze qu’elle aurait tenue suspendue de ses doigts délicats, se serait montrée la tête divine de la déesse, sa gorge d’albâtre, ses beaux bras, et le reste de son corps mollement balancé dans les airs. […] Son fleuve est beau. Ses nymphes sont belles. La tête de son Apollon est d’un beau caractère.
Après ce vide la première figure qu’on aperçoit sur la gauche, vers un des angles du tombeau d’Hector, est belle, très belle. […] Toute cette partie de la scène composée avec chaleur, se passe au-devant du tombeau qui forme une belle et grande masse. […] Je l’ai déjà dit, le peintre a voulu faire une Andromaque qui fût belle d’action, de caractère, de draperie et d’attitude, et il y a réussi.
De ce que vous ne saisissez pas l’utilité immédiate d’un acte, il n’empêche que, du moment qu’il a nécessité pour sa production les qualités les plus viriles, par exemple le mépris de la mort, il est beau, utile. « Le soir de Wagram, a le droit de dire un Bonaparte, j’étais si fatigué que je suis tombé de sommeil, que j’ai dormi couché tout de mon long dans un sillon : j’étais la semence d’une admirable moisson de dévouements, de belles volontés, d’un lyrisme jusqu’alors inconnu… » En vérité, la vie morale embrasse plus de choses que cet homme savant et vénérable n’en reproduisait en lui. […] S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, Taine en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale… Mais à peine ai-je écrit ces lignes et ces mots « servilité, servage » que, sans pouvoir rien en effacer, je proclame combien je suis injuste envers un homme qui, le seul, avec Fustel de Coulanges, et mieux que Fustel de Coulanges, m’a fait toucher des réalités dans l’histoire de mon pays. […] Comme il est agréable de songer que le cerveau humain peut être l’instrument, l’outil d’un si bel assemblage de considérations !
Nous avons le même plaisir que devant un beau tableau ou un beau livre ; au plus fort des passions qu’il nous présente, nous savons que les personnages sont des fantômes, et que ce n’est point un sang véritable que nous voyons couler. […] Ce sont là de beaux habits qui lui siéront bien dans une antichambre. […] Par exemple, Esope se tait sur le rossignol, et donne le beau rôle à l’oiseau de proie. […] Mes petits sont mignons, Beaux, bien faits et jolis sur tous leurs compagnons. […] Ces deux vers de style si correct et si bien tournés ne conviennent qu’à une dame du temps, à une héroïne du beau monde.
Cependant il faut être juste, les bûcherons semblaient attendris en voyant cette belle jeune fille, inondée de larmes jusqu’au bout des mèches de ses cheveux épars sur son sein d’enfant. […] Hyeronimo alla puiser de l’eau dans le creux de ses deux mains pour laver et démêler ses beaux cheveux blonds, humides de sang et poudrés de terre. […] À la faible lueur de jour naissant qui me reste dans les yeux, j’étendis la main du côté où je l’entendais remuer, pour démêler, comme à l’ordinaire, ses beaux cheveux avec mes doigts, et pour approcher de son front ma bouche. […] La jeune fille fut longtemps sans répondre ni à moi ni à sa tante ; elle tenait sa tête entre ses mains et se cachait les yeux avec les belles tresses coupées de ses cheveux d’or, qui dégouttaient de ses larmes. […] Regardez ce bel enfant de trois mois qui dort, tout rose, sur sa coupe blanche et toujours pleine ; c’est pourtant un fruit d’une veille de mort.
Nous retrouverons bientôt Guizot, qui fournissait au maréchal de Gouvion Saint-Cyr le beau discours sur la loi militaire de 1818. […] L’éloquence parlementaire eut de beaux jours sous la monarchie de Juillet. […] Dans la Chambre la politique étroite, apeurée, matérialiste du gouvernement lui donnait beau jeu pour faire retentir les grands principes et les beaux sentiments : il y avait du reste bien de l’habileté et de la finesse sous les éclats de sa parole. […] C’est un beau prédicateur, grave, pressant, solidement instruit, et qui a l’intelligence de son temps. […] Discours à propos de la loi sur la presse (janvier 1820) : c’est, je crois, la plus belle composition de Royer-Collard.
il était beau, sincèrement épris, ingénument troubadour. […] Il s’avisa, un beau jour, d’en éprouver d’affreux remords et de s’en ouvrir à sa femme. […] Hippolyte Valmore ; et « c’est un beau trait de caractère, qui achève d’ennoblir une belle figure. » Soit ; mais, si Valmore savait tout, j’ai beaucoup de peine à m’expliquer les faux-fuyants par lesquels Marceline répondait à ses accès de jalousie. […] Elle m’a donné un beau livre pour Inès et brûle de voir Line… » — « … J’ai vu M. […] C’est bien, c’est beau ; mais l’autre a écrit avec du sang d’empereur, et d’empereur du monde lâchement assassiné.
Molière, poète de la cour de Conti, avait donc beau jeu pour mettre sur le théâtre de Béziers sa comédie des Précieuses ridicules. […] Les premiers beaux jours que la paix nous a donnés, ont fait cette heureuse production. […] Ce titre se donne, dit de Pure dans La Précieuse, page 26, aux personnes du beau sexe qui ont su se tirer du prix commun des autres. […] Elles jugent des beaux discours et des beaux ouvrages ; elles eu font elles-mêmes. » Voici quelques exemples fournis par de Pure, de leurs conversations et de leurs discours. […] Nous verrons que la Place-Royale fut vraiment un des quartiers où se tenaient les belles ruelles.
ce sera beau, cela ! […] Ce sera bien beau ! […] Ces fleurs, c’est plus beau que tout, plus beau que tous les poèmes, plus beau que tous les arts ! […] est-ce beau ! […] comme c’est beau !
En revanche, l’ascétisme radical est l’ennemi de l’art et du beau. […] Jamais, disait-elle, un bel homme ne me fera tourner la tête ». […] Il nous dit bien de quelques jeunes gens qu’ils sont beaux, et apparemment cela lui suffit. […] Elles ne lui fournissent ni une belle page, ni un renseignement inédit. […] Les plus beaux ouvrages de M.
Pourtant un inconvénient est à craindre dans ces productions lyriques trop fréquentes, surtout quand on tient à les rattacher, ainsi que fait l’auteur, à des cadres distincts et composés : c’est qu’au lieu de réfléchir fidèlement dans les vers les nuances vraies qui se succèdent dans l’âme, on ne crée, on ne force un peu, on n’achève exprès des nuances qui ne sont qu’ébauchées encore ; c’est que, pour compléter sa corbeille de fruits, on n’en ajoute, aux naturels et aux plus beaux, d’autres plus énormes d’apparence, mais artificiels et nés à la hâte dans la serre échauffée de l’imagination. […] Hugo, dans une très-belle pièce, et même la plus belle du volume, compare l’âme du poëte à une cloche en son beffroi ; la cloche retentissante, et qui sonne pour chaque fête ou pour chaque deuil, a de la ressemblance encore avec cette faculté de l’ode ; tanquam æs tinniens ; je ne sais quoi de puissant et de magnifique, de creux et de sonore. […] La plus belle pièce du recueil, après celle-là, est incontestablement la Cloche, adressée à M. […] Qu’on me démontre, tant qu’on le voudra, l’exactitude de la comparaison, et l’harmonie coulant le long des tuyaux, comme ferait l’eau d’une éponge dans un lavage général de l’orgue, l’impression que j’en éprouve est déplaisante, désobligeante ; et, loin de l’augmenter, elle amoindrit tout l’effet des beaux vers précédents, effet déjà compromis par ce doigt qui se crispe et s’allonge. […] Littérairement, ces pièces finales, prises en elles-mêmes, sont belles, harmonieuses, pleines de détails qui peuvent sembler touchants.
Le siècle présent n’apparaît jamais qu’à travers un nuage de poussière soulevé par le tumulte de la vie réelle ; on a peine à distinguer dans ce tourbillon les formes belles et pures de l’idéal. […] Le sceptique et l’esprit frivole hausseront à loisir les épaules sur la folie de ces belles âmes ; que leur importe ? […] Croyez-vous que ce fanatique qui va poser avec joie sa tête sous les roues du char de Jagatnata n’est pas plus heureux et plus beau que vous, insipides marchands ? […] La même application irrationnelle, mais énergique et belle, d’un principe de la nature humaine se remarque dans les idées des religions sur l’expiation. […] La seule pénitence raisonnable, c’est le repentir et le retour avec plus d’amour à la vie sérieuse et belle.
En regard de tant d’autres talents qui se dissipent ou qui s’égarent, on est heureux d’en rencontrer un qui grandit et s’élève en raison des difficultés et des obstacles, qui mûrit visiblement chaque jour, qui remplit ou qui même dépasse les plus belles espérances. […] Il est trop aisé et trop simple de n’obéir qu’à un seul souffle direct, impétueux ; le beau de la force humaine est de se contenir, de se diriger entre des impulsions diverses et d’assembler sous une même loi les contraires. […] C’était un beau rôle à l’âge de trente-trois ans, et il sut le remplir dans toute sa hauteur et son étendue. […] Depuis lors, son beau talent, avec la fermeté, la souplesse et la vigueur qui le distinguent, avec cet art de présenter la pensée sous des aspects toujours larges et nets, avec l’éclat et la magnificence du langage qui ne se séparent point chez lui de la chaleur du cœur, s’est mis tout entier au service non seulement des belles causes, des causes généreuses, mais aussi des choses praticables et possibles. […] M. de Montalembert a donc encore à gagner dans l’avenir, surtout s’il est vrai, comme l’a remarqué l’antique Solon dans de beaux vers qu’on a de lui, que l’accord parfait de la pensée et de l’éloquence ne se rencontre avec plénitude que de quarante-deux à cinquante-six ans.
… Mais, s’il perd encore la partie, il faut au moins que la Critique, qui aime le talent partout où il est et qui doit le montrer aux autres, sous peine de n’être qu’une grande sotte à vue basse, il faut que la Critique dise bien haut que la carte était belle et qu’il n’y avait ni obstination, ni infatuation, ni même présomption à la jouer. […] Il les a, elles le surmontent, elles le trahissent et le dominent malgré lui, malgré ses sympathies, malgré les notions qu’il se fait du beau littéraire, du beau politique et du beau moral ! Comme Iffland, le célèbre acteur allemand, qui, dans le Comte d’Essex, plumait son panache, l’ex-capitaine d’Arpentigny devenu un philosophe a beau plumer le sien, il repousse, et le voilà, ce chapeau rond de la démocratie pacifique, qui se retrouve chevaleresque comme au temps où la noble aigrette l’ombrageait ! […] Il montait un bel étalon noir plein de force et de grâce, calme, ruisselant d’or, inondé de longs crins luisants. […] Il eût voulu mugir comme la tempête ; mais une voix intérieure, l’éclair bleu des beaux regards, je ne sais quels appels vers les lambrequins blasonnés de la zone héraldique, lui commandaient des chants de sotto voce.
» répondit-il, et c’est là un mot beau et vrai, car c’est là qu’avec sa nature de poète il devait siéger. […] … Ce qu’il y a de plus beau, je ne dis pas dans la langue des hommes, mais dans toutes les langues des hommes, quelles qu’elles soient, car ni peinture, ni musique, ni statue, ni monument en pierre ou en prose, ne valent cette chose surhumainement adorable : de beaux vers ! […] Le xviiie siècle l’avait tuée sous les flèches impies d’un esprit impie… On disait alors, des vers, quand on les trouvait beaux : « beaux comme de la prose ! […] La France monarchique et catholique à la vie dure vivait toujours, malgré tout ce qu’on avait fait pour la tuer… Les causes du succès du Génie du Christianisme, qui fut un triomphe et qu’on pouvait appeler : le 18 brumaire de la pensée, car ce jour-là Chateaubriand avait jeté les idées de la Révolution par la fenêtre, comme Bonaparte y avait jeté les représentants, — les causes de ce beau succès n’étaient pas toutes dans le talent, nouveau comme le Nouveau Monde, d’où il venait, et qui se révélait tout à coup avec tant d’éclat… Mais le succès de Lamartine, beaucoup plus personnel, venait, lui, uniquement de son genre de génie. […] Après ces premières Méditations, qui ravirent le monde charmé et qui apprirent à la distraction hautaine de lord Byron l’orthographe d’un nom qui allait devenir aussi éclatant que le sien, Lamartine donna les Secondes Méditations, aussi belles que les Premières, quoi qu’on en ait dit, — car l’admiration fatigue vite l’âme faible et basse des hommes.
Le passé s’en va, l’arbre ancien est mort et l’on aura beau l’empanacher des branches du jeune arbre qui pousse, on ne lui redonnera plus la sève tarie. […] L’arioso n’a pas de sens ; les vocalises sont hors de saison… la belle affaire ! […] C’est là qu’il voit la belle Iseult, aux blonds cheveux, qui le guérit, et il fait d’elle à son retour un portrait si flatteur à son oncle, que le roi veut l’épouser. […] Nous en citerons quelques extraits : « Dans la forêt de Morais, il y avait une belle fontaine bordée de mousse épaisse et ombragée par un vieux chêne. […] Elle lui donna des habits de fille et Tristan s’en vêtit et il sembla une belle damoiselle.
Cette lettre avec sa belle finale, « Heureux les jeunes ! […] Ils ont reçu la France, leur trésor familial, et veulent laisser une France plus belle et une famille plus riche en mérites. […] … Toutes ces belles morts que vous m’annoncez forment la réserve du bon Dieu, et c’est celle-là qui nous donnera la victoire ». […] Il est beau que des morts de vingt ans n’aient eu le temps que de songer à la patrie ! […] C’est une bien belle soirée pour moi, car demain sera peut-être Austerlitz.
Séverine, un ovale court, ramassé, dans lequel il y a de tendres yeux, une grande bouche aux belles dents, et de la bonté. […] Et les deux hommes causaient dans la belle nuit, et M. […] les beaux, oh ! […] Il aurait trouvé beaucoup de belles choses à Saint-Pétersbourg, où il a été ambassadeur pendant de longues années, avant d’être envoyé en France. […] Un intelligent haut de tête, des yeux clairs et voluptueux, un petit nez droit, un grain de beauté jeté au beau milieu d’une joue rose.
Philippe Gille De beaux vers, bien francs, bien sonnants, pleins de belles idées, voilà ce qu’on trouve dans les Voix de la glèbe, le nouveau livre de M. […] La muse du poète n’a pas fixé son séjour dans le seul pays des rêveries ; bien qu’elle nous en rapporte de hautes inspirations, elle se plaît surtout aux choses, aux belles choses de la nature et ne dédaigne pas l’humour.
Sous le beau soleil, une désolation mortelle. […] Puis Alexandre de Macédoine recueille le bel héritage. […] Son œuvre témoigne d’une inquiétude assez belle. […] Adieu, vieille boîte à beaux jours, adieu ! […] dit-on ; bel orgueil.
Les beaux vers de Charles IX à Ronsard qui sont partout (L’art de faire des vers, dût-on s’en indigner…), où se trouvent-ils cités pour la première fois ? […] Il nous rend en vers gracieux les nuances et les parfums d’un beau jour naissant : L’aube duquel avoit couleur vermeille Et vous estoit aux roses tant pareille Qu’eussiez doublé si la belle prenoit Des fleurs le tainet, ou si elle donnoit Le sien aux fleurs, plus beau que nulles choses : Un mesme tainat avoient l’aube et les roses. […] Là veis semblablement Un beau laurier accoustré noblement Par art subtil, non vulgaire ou commun, Et le rosier de maistre Jean de Meun. […] A défaut de beaux vers, ce sont là de hauts sentiments, et ils se font écho dans cette correspondance rimée entre le roi et sa sœur. […] Tout examen un peu approfondi tourne en l’honneur de la bonne et belle nature de cette princesse.
Il trouva un beau sujet : la lutte du christianisme naissant et du paganisme mourant ; l’un persécuteur par habitude, l’autre conquérant par le martyre, au confluent des deux doctrines. […] Lamartine, dans cette belle pièce de l’Homme où il faisait la leçon morale à lord Byron, a dit : Hélas ! […] Il y a de la sérénité chez Lamartine, même dans ses moins beaux jours, jamais chez René. […] Je remarquerai seulement qu’ici René obtient un peu ce qu’il désire : il voulait un beau malheur, en voilà un. […] Ce n’est pas parce qu’ils disent plus de choses que la poésie en prose, ils en disent moins, les belles pages de Chateaubriand contiennent autant et plus de sens que les plus belles pages de vers ; ils n’en disent pas plus, mais ils le disent mieux.