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1043. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Le travail publié dans cette Revue 85 sur la jeunesse de Benjamin Constant et ses relations avec madame de Charrière a produit son effet, l’effet que permettaient d’en attendre la quantité et la qualité des documents intimes versés pour la première fois dans le public. […] J’ai donc attendu d’être fixé pour quelque temps.

1044. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

En 1789, les bandes sont prêtes ; car, sous le peuple qui pâtit, il est un autre peuple qui pâtit encore davantage, dont l’insurrection est permanente, et qui, réprimé, poursuivi, obscur, n’attend qu’une occasion pour sortir de ses cachettes et se déchaîner au grand jour. […] À Lyon, en 1787, « 30 000 ouvriers attendent leur subsistance de la charité publique » ; à Rennes, en 1788, après une inondation, « les deux tiers des habitants sont dans la misère770 » ; à Paris, sur 650 000 habitants, le recensement de 1791 comptera 118 784 indigents771  Vienne une gelée et une grêle comme en 1788, que la récolte manque, que le pain soit à quatre sous la livre, et qu’aux ateliers de charité l’ouvrier ne gagne que douze sous par jour772 ; croyez-vous que ces gens-là se résigneront à mourir de faim ?

1045. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Quand on croit la tenir, elle vous échappe ; elle se livre quand on sait l’attendre. […] Je ne vois qu’une différence, c’est que le principal représentant du positivisme a confessé son erreur, tandis que nous attendons encore l’aveu de ceux qui n’ont pas été plus infaillibles que lui.

1046. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Seulement, comme on peut s’y attendre, les idées et les sentiments qui la constituent varient singulièrement d’un juge à l’autre. […] Pour que cette théorie pût embrasser toutes les variétés du beau, il faudrait, nous l’avons dit, que l’évolution de l’art et par conséquent de l’humanité fût achevée ; ce serait un peu long d’attendre jusque-là.

1047. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

dès que tu es sevré du lait de la nourrice ; dès qu’on t’a arraché de la mamelle de la femme, attends tribulation sur tribulation, attends aussi espérance sur espérance. » IV. — Prométhée créateur des hommes. — Son supplice et sa délivrance. — Caractère craintif et clandestin de son culte.

1048. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Jeannine promet de l’attendre, et la toile tombe sur ce singulier rendez-vous. […] Restée seule avec une vieille mère, qui attendait d’elle le bien-être, elle s’est trouvée connaître le fils du propriétaire de la maison dont elles occupaient une mansarde.

1049. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Fillars, méchante gazette de l’endroit, homme envieux, « qui va tout doucement, et qui n’a pas de plus grand plaisir que quand il voit tomber ceux qui voulaient courir plus vite que lui » ; qui est au courant de tout ce qui fait le mal d’autrui, et qui, s’il rencontre des gens heureux, se dit : Je les attends, ce caractère est parfaitement dessiné et mis en jeu. […] Homme heureux, après tout, qui a trouvé son moment sans l’attendre ni le chercher, qui a joui de son esprit et développé son talent en ne recueillant que son plaisir.

1050. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Il n’avait, au lieu de cela, qu’à dire, ce qui est très vrai, que le grand maître avait eu la faiblesse de faire des aveux, soit par crainte, soit par l’espoir de sauver son ordre, et nous le représenter ensuite rendu au sentiment de l’honneur, par un retour heureux de courage et de vertu, et rétractant ses premiers aveux à l’aspect même du bûcher qui l’attend. […] Dès 1814, il était entré tout entier dans les voies de l’érudition, où l’attendait sa vraie gloire.

1051. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Mais elle négligea ces vues d’intérêt, et, comme tous les exilés de la Cour, elle n’était occupée en ce moment qu’à espérer la fin prochaine du cardinal de Richelieu, d’où elle attendait le retour de la faveur. […] Dans de très belles pages sur le caractère, les artifices et les talents du cardinal Mazarin, elle le représente, pendant un séjour qu’il fait à Paris (mai 1647), s’enfermant pour le travail et faisant attendre les plus grands du royaume dans son antichambre, sans qu’ils puissent pénétrer jusqu’à lui.

1052. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Louis XIV a lui-même exposé la première idée qu’il se fit des choses, et cette première éducation intérieure qui s’opéra graduellement dans son esprit, ses premiers doutes en vue des difficultés, ses raisons d’attendre et de différer ; car « préférant, comme il faisait, à toutes choses et à la vie même une haute réputation, s’il pouvait l’acquérir », il comprenait en même temps « que ses premières démarches ou en jetteraient les fondements, ou lui en feraient perdre pour jamais jusqu’à l’espérance » ; de sorte que le seul et même désir de la gloire, qui le poussait, le retenait presque également : Je ne laissais pas cependant de m’exercer et de m’éprouver en secret et sans confident, dit-il, raisonnant seul et en moi-même sur tous les événements qui se présentaient ; plein d’espérance et de joie quand je découvrais quelquefois que mes premières pensées étaient les mêmes où s’arrêtaient à la fin les gens habiles et consommés, persuadé au fond que je n’avais point été mis et conservé sur le trône avec une aussi grande passion de bien faire sans en devoir trouver les moyensm. […] Ainsi La Fontaine, dans une épître à Mme de Thianges, a dit : Chacun attend sa gloire ainsi que sa fortune        Du suffrage de Saint-Germain.

1053. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Il est en toutes choses ce que les Quinola sont à la petite prime ; et, quand j’aurai besoin de canon, je vous demanderai encore Gourville… Le tout signé : « Armand de Bourbon. » Et on lit au post-scriptum : Nous marchons après demain pour aller attaquer une place en Cerdagne, appelée Puycerda : j’attends Gourville pour en faire la capitulation. […] Très favorable à ce dernier, et nous le montrant par tous ses beaux et grands côtés, il ajoute ingénument : Il m’a paru qu’il était bien aise de s’entretenir avec un petit nombre de gens sur les affaires présentes ; et je ne me présentais jamais à la porte de son cabinet, soit à Versailles, soit à Paris, qu’il ne me fît entrer ou ne me fît dire d’attendre un peu de temps pour finir l’affaire qui l’occupait.

1054. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

On ne s’intéresse à ses semblables qu’à raison de l’intérêt qu’on prend à soi-même et qu’on ose attendre de leur part. » Et il cite à ce propos un mot de Rousseau, qui venait un jour de s’épancher auprès d’un ami, et qui remarquait que cet ami (peut-être Grimm lui-même) recevait son épanchement sans lui rendre du sien : « Ne m’aimeriez-vous pas ? […] J’ai eu souvent occasion de remarquer que, dans tout ce qu’on lui contait ou disait, il attendait toujours l’épigramme.

1055. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

N’attendez pas des despotes énormément d’affranchissement. […] Mais quand c’est un poëte qui parle, un poëte en pleine liberté, riche, heureux, prospère jusqu’à être inviolable, on s’attend à un enseignement net, franc, salubre ; on ne peut croire qu’il puisse venir d’un tel homme quoi que ce soit qui ressemble à une désertion de la conscience ; et c’est avec la rougeur au front qu’on lit ceci : « Ici-bas, en temps de paix, que chacun balaye devant sa porte. « En guerre, si l’on est vaincu, que l’on s’accommode avec la troupe. » — … — « Que l’on mette en croix chaque enthousiaste à sa trentième année.

1056. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

attendrais-je des scènes d’horreur, des images effrayantes, si ce n’est dans une bataille, une famine, une peste, une épidémie ? […] L’artiste s’y montre un homme et un homme qu’on n’attendait pas ; c’est sans contredit la meilleure de ses productions.

1057. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

D’ailleurs, dans ce livre : De l’Allemagne, comme dans la tête de l’auteur, il résulte du mélange de poésie très vraie et de philosophie très fausse qui s’y combinent, je ne sais quoi d’hermaphrodite et de bâtard qui n’est ni la poésie qu’on pouvait espérer, ni la philosophie qu’on devait attendre. […] Il est de la race du grand poète, impie au stoïcisme, qui disait : « Je les attends, les plus enragés stoïques, à leur première chute de cheval. » Ce n’est qu’un épicurien, sentant trop la douleur pour la nier, — mais un épicurien de la Pensée, un voluptueux de l’Idéal et de la Forme, ayant la sensibilité nerveuse de la femme et l’imagination des poètes qui s’ajoute à cette sensibilité terrible… Et, dans les livres où il parle de ses souffrances avec une expression tout à la fois délicieuse et cruelle, il ne songe pas une minute à se poser comme un résistant de force morale et de volonté héroïque… En ces livres, parfumés de douleur, il n’est que ce qu’il a été toute sa vie, dans ses livres de bonheur et de jeunesse, — c’est-à-dire bien moins une créature morale qu’une charmante créature intellectuelle, intellectuelle jusqu’au dernier soupir.

1058. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

De son vivant, il eut trop l’impatience de la gloire ; il ne savait pas s’attendre. […] Malgré tout ce que je reconnais de supérieur et d’étonnant dans son livre, j’attendais plus encore de cet intuitif de regard et de cet artiste de main que des physionomies.

1059. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Et puis l’habitude de ne contempler que des spectacles de la plus grande poésie m’agrandit l’âme… Cette campagne aura été pour moi, comme je m’y attendais, une excellente épreuve. […] Âgé de quarante ans, affecté au service des étapes, il demande à passer dans l’active. « J’attends impatiemment de faire mon devoir comme je le désire et le comprends ; comme Français et Juif, je dois le faire doublement.

1060. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Un point est en tout cas incontestable, c’est que, si la télépathie est réelle, elle est naturelle, et que, le jour où nous en connaîtrions les conditions, il ne nous serait pas plus nécessaire, pour avoir un effet télépathique, d’attendre un « fantôme de vivant », que nous n’avons besoin aujourd’hui, pour voir l’étincelle électrique, d’attendre comme autrefois le bon vouloir du ciel et le spectacle d’une scène d’orage.

1061. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

Il dit encore en parlant de madame de Longueville : « Il ne faut pas s’attendre ici à une piété de théâtre, grandement et délicatement représentée.

1062. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Mais ce sera un parti considérable, formidable même, qu’on aura longtemps en présence et avec lequel il faut s’attendre avoir à compter ou à lutter, selon les moments et selon le courage.

1063. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Alexandre, pour aviser aux moyens d’exécution ; les effets de cette mission ne se feront sans doute pas attendre.

1064. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Quant au mérite littéraire de sa correspondance et de celle de madame des Ursins, il est tel qu’on peut l’attendre de deux femmes de cet esprit, nourries au milieu des délicatesses d’un si beau siècle.

1065. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Mais, si toutes les conséquences de l’art nouveau ne sont pas tirées, s’il reste encore des applications possibles au gré des génies inventeurs, si, parmi les idées en jeu dans la société, il en est quelqu’une, noble et féconde, qui attende encore son organe éclatant et son expression éternelle, rien ne s’arrête ; la révolution que les uns ont entamée se consomme par d’autres, et le siècle accomplit jusqu’au bout sa destinée de gloire.

1066. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

Mais comme ce qu’on s’attend le moins à trouver dans un objet, c’est ce qui en paraît exclu par la définition, il arrivera que les plus frappantes alliances de mots assembleront des termes contradictoires : Dans une longue enfance ils l’auraient fait vieillir.

1067. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

Il n’a pas attendu, pour signaler les vers du noble poète Henri de Régnier, qu’il fût devenu académicien.

1068. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

La fine fleur de la société, en quête de distractions distinguées, imite les grands ducs en tournée, découvre les tsiganes, les lutteurs de chez Marseille, la Goulue, le Pétomane et se donne patience, en accréditant le Moulin Rouge et la foire de Neuilly, d’attendre la Foire des foires, en construction, l’exposition universelle de 1900 qui sera surtout prétexte à villages nègres et à danses du ventre.

1069. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 312-324

Un Homme de ce caractere devoit-il jamais s’attendre qu’après sa mort, son nom paroîtroit à la tête d’une Production aussi extravagante qu’odieuse ?

1070. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Mais il faut là aussi, attendre.

1071. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1851 » pp. 1-9

tenez, j’ai, dans ma pièce, un quart d’heure de sortie… Je vous lirai pendant ce temps-là… Attendez-moi dans la salle. » La pièce dans laquelle il jouait finie, nous repinçons Brindeau qui veut bien du rôle.

1072. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — La vision d’où est sorti ce livre (1857) »

Ce n’était plus, parmi les brouillards où l’œil plonge, Que le débris difforme et chancelant d’un songe, Ayant le vague aspect d’un pont intermittent Qui tombe arche par arche et que le gouffre attend, Et de toute une flotte en détresse qui sombre ; Ressemblant à la phrase interrompue et sombre Que l’ouragan, ce bègue errant sur les sommets, Recommence toujours sans l’achever jamais.

1073. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

Pouvoit-on attendre autre chose d’un écrivain ennuyeux & boursouflé, petit pour vouloir être toujours grand, & qui n’étoit pas plus fait pour le genre comique, que Scarron pour le genre sérieux.

1074. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Cela fut discuté, en France, avec cette chaleur qu’on peut attendre d’une nation passionnée pour sa langue, & glorieuse de la voir se perfectionner chaque jour par la plume de tant d’écrivains originaux.

1075. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Une tente, une table frugale, des serviteurs rustiques, voilà tout ce qui attend les enfants de Jacob chez leur père.

1076. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

Au reste, mon ami, peut-être n’ai-je rien fait de ce que vous attendiez de moi.

1077. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Celui qui devance son siècle, celui qui s’élève au-dessus du plan général des mœurs communes doit s’attendre à peu de suffrages, il doit se féliciter de l’oubli qui le dérobe à la persécution.

1078. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 33, de la poësie du stile dans laquelle les mots sont regardez en tant que les signes de nos idées, que c’est la poësie du stile qui fait la destinée des poëmes » pp. 275-287

Mais qu’on ne s’attende point à voir dans son discours une précision seche qui écarte toutes les figures capables de nous émouvoir et de nous séduire, ni qui se borne aux raisons concluantes.

1079. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

Enfin, pour résumer ce qu’il faut attendre de ces écrivains sans rhétorique, voici ce que nous disions de Voltaire, qui représente ce genre de style : « Ma conviction profonde est que même ce style-là est assimilable par le travail et qu’un esprit littéraire ne peut sortir d’une longue lecture de Voltaire sans en retenir le ton.

1080. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Alaux. La Religion progressive » pp. 391-400

on s’attendait à une plus forte cuisine !

1081. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

qui est descendu plus avant dans les profondeurs de la politique ; a mieux tiré de grands résultats des plus petits événements ; a mieux fait à chaque ligne, dans l’histoire d’un homme, l’histoire de l’esprit humain et de tous les siècles ; a mieux surpris la bassesse qui se cache et s’enveloppe ; a mieux démêlé tous les genres de crainte, tous les genres de courage, tous les secrets des passions, tous les motifs des discours, tous les contrastes entre les sentiments et les actions, tous les mouvements que l’âme se dissimule ; a mieux tracé le mélange bizarre des vertus et des vices, l’assemblage des qualités différentes et quelquefois contraires ; la férocité froide et sombre dans Tibère, la férocité ardente dans Caligula, la férocité imbécile dans Claude, la férocité sans frein comme sans honte dans Néron, la férocité hypocrite et timide dans Domitien, les crimes de la domination et ceux de l’esclavage, la fierté qui sert d’un côté pour commander de l’autre, la corruption tranquille et lente, et la corruption impétueuse et hardie, le caractère et l’esprit des révolutions, les vues opposées des chefs, l’instinct féroce et avide du soldat, l’instinct tumultueux et faible de la multitude, et dans Rome la stupidité d’un grand peuple à qui le vaincu, le vainqueur, sont également indifférents, et qui sans choix, sans regret, sans désir, assis aux spectacles, attend froidement qu’on lui annonce son maître ; prêt à battre des mains au hasard à celui qui viendra, et qu’il aurait foulé aux pieds si un autre eût vaincu ?

1082. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

On n’attendait que la mort de cette princesse pour commencer le blocus final où le célèbre monastère devait succomber. […] Supplément au Nécrologe de Port-Royal, in-4°, pag. 137 et suiv. — On peut remarquer dans cet Examen de la duchesse de Longueville, et en général dans toutes ses lettres manuscrites dont j’ai vu une quantité, un style suranné, et bien moins élégant qu’on ne l’attendrait ; beaucoup moins vif et précis, par exemple, que celui des divines lettres et réflexions de Mme de La Vallière, publiées en un volume par Mme de Genlis. […] On peut excéder en la louant, et il est si naturel de se chercher soi-même quand on loue les autres, parce qu’il est aisé que nous nous regardions là dedans, que le meilleur est de peu louer, et d’attendre ce grand jour auquel Dieu ne rend pas seulement à chacun selon ses œuvres, mais où il louera lui-même ses saints. » Cette lettre de M. de Pontchâteau, dans sa naïveté et sa discrétion, est la plus digne oraison funèbre.

1083. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Pense qu’un meurtre commis par ta main sur ce brave soldat, son frère, est encore là tout présent à l’esprit de la ville où son cadavre est tombé sous tes coups, et, au-dessus de la place où son sang a coulé, plane la vengeance publique qui attend son assassin ! […] Oui, voilà bien la rue où je te vis pour la première fois, et le jardin charmant où Marthe et moi nous t’attendions. […] Mais laissez-moi aller seul, et ne m’attendez pas.

1084. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

J’attendis que les quelques jours de liberté que tout homme trop affairé se donne en automne me renfermassent dans le solitaire manoir de Saint-Point, déshabité maintenant en attendant qu’on m’en dépouille, et me rapprochassent de ce château d’Audour, ouvert il y a moins d’un an à l’hospitalité littéraire, et maintenant fermé par le deuil d’une veuve muette de douleur, qui n’accepte que les consolations de l’amitié. […] Je vous serais bien obligée de lui faire savoir que, si la visite qu’il désire me faire est dictée par un motif de curiosité ou de simple politesse, je le prie de m’en dispenser, attendu que je suis tout à fait reléguée, et que je ne vois personne. […] Pour les éloigner de moi, j’ai dû y répondre par des brusqueries ; mais elles ont produit l’effet que j’en attendais, et je ne les ai point vus.

1085. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

À présent que je suis de sang-froid, Monsieur, me répondit Baptistin, le forçat de l’amour, que sa cousine attendait à la geôle de sa maison de détention pour le récompenser de tant de malheur souffert pour elle, et qui achevait entre l’espérance et l’amour ses dernières semaines de captivité ; à présent que je suis de sang-froid, il me semble que le héros de M.  […] J’attendais ce mot-là. […] On s’attend, sinon à une réclamation modeste, au moins à une réserve de conscience de l’évêque ; pas du tout.

1086. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Un nouveau trône l’attendait à Édimbourg, elle se prépara à ce départ. […] C’était dans la nuit du 9 au 10 mars 1566 ; Darnley, le comte de Lenox, son père, lord Ruthven, George Douglas, Lindsay, André Kev et quelques autres lords du parti protestant attendaient l’heure dans la chambre du roi. […] Ils se récrient, comme elle devait s’y attendre, et font entendre contre Darnley des menaces significatives de mort : « Nous vous délivrerons de ce compétiteur, lui disent-ils ; Murray ici présent, mais protestant comme nous, ne participera pas à nos mesures ; mais il nous laissera faire et regardera entre ses doigts !

1087. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Mais il a peint des amants respectueux, des hommes du monde qui attendent patiemment la volonté des dames, incapables de brutalité, tout attachés à mériter par la constance de leur sentiment et l’ingéniosité de ses expressions : ils donnaient à nos gentilshommes des leçons de galanterie mondaine et de savoir-vivre. […] Les Voiture, les Malleville, les Sarrazin, les Godeau, les Saint-Amant, les Scudéry, les Scarron même lui opposent leur fantaisie : en eux se perpétue le lyrisme du siècle précédent, mais un lyrisme desséché, plus intellectuel que sensible on imaginatif ; leur art, très contraint dans son apparente liberté, n’est qu’un jeu d’esprit compliqué, dont la règle est de calculer toujours l’effet le moins attendu ou le moins nécessaire, pour le produire. […] Dans le composé, espérer a son sens commun, dans le simple il signifie attendre.

1088. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Il n’attendait pas d’ailleurs qu’on s’ennuyât d’une pièce pour la remplacer par une autre. […] Mais si l’on entend par caractère un naturel toujours le même, qui marque toutes les actions d’un homme, une habitude de l’âme ancienne et profonde, indépendante des circonstances extérieures de condition, de temps et de lieu, j’attends encore qu’on m’en montre un exemple dans le théâtre espagnol. […] Pompée, qui aime sa femme, mais qui craint Sylla, résiste ; il la supplie d’attendre l’abdication ou la mort du dictateur.

1089. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

§ 11 Comme il faut s’y attendre, ces déviations abstraites symbolisent bien des déviations de fait. […] Si l’individu essaye de se façonner un honneur à son goût, et s’il y arrive, il doit s’attendre à des luttes. […] Une morale nouvelle ne peut s’organiser que lentement et lorsqu’elle apparaît sacrée à son tour, c’est alors qu’elle commence à ne plus répondre à ce qu’on doit attendre d’elle.

1090. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Son avènement fut tardif ; Bacchus est le dernier venu dans la grande famille de l’Olympe, Il y arrive en retard comme un prince aviné qui se fait attendre au banquet royal où il est convié. […] Mais Zeus retire à temps le fruit inachevé de la mère en flammes ; il l’enferme dans sa cuisse, où Bacchus attend le temps de sa gestation. « Cousu dans la cuisse », Ειραφιώτης, ce sera là un de ses surnoms répétés. […] Son morne prédécesseur attendait patiemment les âmes qu’Hermès lui amenait, dirigées par sa verge d’or ; lui, il les chasse et il les rabat vers sa nécropole, il est le « grand veneur des morts », — Ο μέγας άγρευων. — Moins effrayant pourtant que le lugubre Pluton ; la mort donnée par lui semble presque aussi douce que celle de l’ivresse.

1091. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Si je le remarque, s’il suffit à me distraire, si je l’attends au passage et s’il arrive quand je l’attends, involontairement je rirai. […] Le côté cérémonieux de la vie sociale devra donc renfermer un comique latent, lequel n’attendra qu’une occasion pour éclater au grand jour.

1092. (1883) Le roman naturaliste

Le lecteur, involontairement, cherchera ce verbe qui manque, il l’attendra du moins, mais, tandis qu’il l’attendra, tous les traits, un à un, que le peintre a rassemblés, se graveront dans l’esprit pour y former l’impression que le peintre a voulu susciter, et la vision en durera jusqu’à ce qu’elle soit chassée par une autre. […] Nous savons comment et pourquoi le roman proprement dit s’achève au moment même qu’on s’attendait à le voir commencer. […] C’est à l’expression des idées générales que l’on attend et que l’on juge l’écrivain. […] » Balzac est une nature extraordinairement puissante, mais grossière, le Jordaens d’une école qui attend toujours son Van Dyck. […] Et, puisqu’aussi bien M. de Goncourt mettait une comédienne en scène, on s’attendait qu’il l’étudiât.

1093. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Peut-être s’attendait-il à recevoir dans l’Inconnaissable la récompense due à son amour constant du beau et à ses souffrances ? […] Denon regardait, attendait. […] Pour moi, j’attends que Dieu m’instruise. […] Je crains que ces voyages ne donnent pas tout l’agrément qu’il en attend. […] Est-ce vivre que d’attendre la mort ?

1094. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

On ne l’attendrait pas, il n’y a pas lieu du tout à conclure une énumération, puisque ce sont là des détails dispersés et qui se renouvellent indéfiniment d’eux-mêmes. […] autant qu’aux cent ans qu’il aura vécu, songeons aux cent médecins qui l’auront condamné, aux croque-morts toujours déçus qui l’attendent derrière la porte. […] Non seulement il voulait qu’ils ne fussent publiés qu’après sa mort, mais encore il exigea qu’on attendît celle des contemporains dont il parlait. […] On attend le mouvement d’art nouveau, l’inévitable mouvement d’après-guerre, le 1830 de ce 1815, on retient son strapontin pour une bataille d’Hernani. […] en juin 1919, Jacques Rivière déclarait que l’opinion attendait de notre organe des explications sur Marcel Proust, le cubisme et Julien Benda.

1095. (1898) Essai sur Goethe

Le quatrième (livres XVI à XX) ne fut achevé qu’en 1811 : il fallait attendre la mort de Lili pour pouvoir parler d’elle. […] Le Boileau entier, c’est un homme qui peut former notre goût, ce qu’on ne pourra jamais attendre d’un Tasse. […] Attendez. […] Il est sûr qu’il y va de bonnes intentions ; cependant trop de jeunesse et peu d’expérience, mais attendons la fin. […] Il en attendait « quelque chose » — quelque chose de vague et d’indéterminé, mais quelque chose.

1096. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

On n’a pas même attendu le nouvel an pour les lui donner. […] On n’eût rien perdu pour attendre, et cela eût été plus régulier. […] Je ne m’en sens pas le courage, et j’aime mieux attendre quelque symptôme plus certain. […] quel désappointement m’attendait ! […] Attendez !

1097. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Ces derniers, pour se venger de lui, furent l’attendre sur la route, un jour de quête. […] Ils n’avaient aucun accompagnement, attendu que la musique instrumentale n’était pas encore en usage à la comédie. […] — Attendez, dit-il à Baron, Corneillevient souper chez moi ce soir, soyez des nôtres, vous lui demanderez l’explication. […] En vain Baron attend le brouhaha ; Point n’oserait en faire la cabale ; Un chacun bâille, et s’endort ou s’en va. […] On n’avait pas attendu sa mort pour faire des épigrammes sur lui.

1098. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Le règne de l’étrange et du cru est fini… On attend autre chose. […] On n’a même pas attendu Flaubert pour avoir la preuve de cette vitalité et de cette ressource. […] Sainte-Beuve déclare qu’il attend « des œuvres plus douces, plus saines, plus calmes ». […] On n’a pas attendu notre époque pour lui reprocher ce manque de principes critiques. […] Oui, certes, on attend quelque chose, une œuvre, un maître, un mot d’ordre.

1099. (1901) Figures et caractères

Toute la famille attendait au seuil de la maison. […] Baudelaire attendit et attend ; mais son œuvre, embaumée aux parfums précieux dont il l’imprégna, défie le temps et sommeille, odorante et intacte. […] J’attendais pourtant beaucoup du centenaire de Balzac. […] Elle en attend l’heure et l’occasion. […] Il semble que, par instinct, il attende.

1100. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Poe m’avait habitué à attendre de lui quelque chose de plus littéraire que la simple impression physique de l’horreur. […] Enfin il décida d’attendre, pour abandonner le monde, qu’il eût vengé le meurtre de son frère. […] jusqu’au bout hautain et dédaigneux, tranquille dans la certitude du néant qui l’attendait. […] Non pas que j’aie pour aucun d’eux une vive sympathie, ni que j’attende aucun profit de leur connaissance. […] Ugo Ojetti, n’a pas eu la patience d’attendre si longtemps.

1101. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Il connoissoit d’ailleurs l’antiquité en homme de goût ; mais que pouvoit-on attendre d’un homme qui écrivoit vîte à l’âge de 80. ans ? […] Enfin nous y avons trouvé tout l’intérêt, toute la chaleur qu’on pouvoit attendre & du sujet & de l’écrivain. […] “Le morceau tant annoncé des arts & des sciences, n’est point ce que j’attendois, dit M. […] Mariana est moins superstitieux qu’on ne le devoit attendre du siécle où il vivoit, & du pays où il écrivoit.” […] Il faut espérer que l’auteur ne frustera pas le public de la suite d’une histoire qu’il attend avec tant d’impatience.

1102. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Je restai plus d’une heure assis sur les marches de l’escalier avec mes deux cornacs, les priant d’attendre que je fusse un peu remis. […] Le César, qui s’attendait à des titres de romans, sourit et passa. […] J’ai meublé la maison pour un ami qu’on attend. —. […] Pendant quelques jours, il sauva la France et lui donna le temps d’attendre des destins meilleurs ; et comme rien n’est ingrat comme la peur quand le péril est passé, il perdit sa popularité. […] L’exécution, excellente chez tous deux, l’emporte en finesse chez le peintre enlevé si jeune à sa gloire et au long avenir qui semblait devoir l’attendre.

1103. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Puis, sans attendre ma réponse, elle ajouta : Allez chez moi m’attendre ; dites qu’on vous donne à déjeuner ; après la messe, j’irai causer avec vous. […] Et je ne vous dirai pas si cela est touchant ou comique — attendu que je n’en sais rien. […] Et il attend que, sous l’influence de ce mauvais chien de Grimm, madame d’Épinay, qui est déjà à Genève, lui signifie son congé. […] Julie, incertaine encore, attendra. […] Vous ne partirez point d’ici sans y laisser un ami. — Post-scriptum de Julie : — Venez, mon ami, nous vous attendons avec empressement.

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